JA 1211 GENÈVE 8 Prière de réexpédier sans annoncer la nouvelle adresse
LUNDI 13 JUILLET 2020
L’ E S S E N T I E L , A U T R E M E N T. WWW.LECOURRIER.CH
N°132 | 153e année | CHF 3.00
CRISE
5
Le Liban sombre dans la pauvreté
VAUD
Un rouge-vert éjecte la droite de l’exécutif veveysan
Yvan Luccarini a été élu hier à la municipalité de Vevey. KEYSTONE
2-5 Manifestation contre la politique économique du gouvernement, le 2 juillet à Beyrouth. KEYSTONE
9
La crise financière est devenue crise sociale au Liban, où un habitant sur deux a glissé sous le seuil de pauvreté. Le refus des banques de restructurer la dette publique rend illusoire une sortie de crise, d’autant que Washington tente d’en tirer profit pour marginaliser le Hezbollah.
9HRLEME*beacja+[A\L
A l’initiative de La Liberté, les élus romands dévoilent leurs liens d’intérêts.
7
GENÈVE
12
ÉGALITÉ
10 PATRIMOINE
Erdogan islamise SainteSophie et trahit la Turquie universelle et plurielle
PARLEMENT FÉDÉRAL
Un hôtel de luxe accusé de licencier ses travailleurs sans ménagement.
Le sociologue JeanClaude Kaufmann explore le lit conjugal, bastion de l’inégalité.
Rédaction Genève : 022 809 55 66 redaction@lecourrier.ch | Rédaction Vaud : 021 683 08 85 vaud@lecourrier.ch | Publicité : 022 809 52 32 pub@lecourrier.ch | mortuaires@lecourrier.ch | lecteurs@lecourrier.ch Le quotidien Le Courrier paraît 5 fois par semaine. Il est édité à Genève par la Nouvelle Association du Courrier (NAC), association sans but lucratif | Direction, administration et rédaction à Genève : 3, rue de la Truite, CP 112, 1211 Genève 8 | Dons : CCP 12-1254-9 Abonnements : 022 809 55 55 – abo@lecourrier.ch – www.lecourrier.ch/abo | Tarifs: AboPapier - 12 mois, promo 1re année: 359 frs; AboCombi - 12 mois, promo 1re année: 269 frs; AboWeb - 12 mois, promo 1re année: 209 frs; Essai papier 2 mois: 39 frs.
2
FOCUS
LE COURRIER LA LIBERTÉ | LUNDI 13 JUILLET 2020
SUISSE
Près de 80% des parlementaires romands siégeant sous la Coupole ont accepté de nous divulguer les
LES ÉLUS JOUENT LA PHILIPPE BOEGLIN ET PHILIPPE CASTELLA
Enquête X Qui l’eût cru? Sur les 64 parlementaires issus des six cantons romands, 51 élus ont accepté de faire toute la lumière sur les revenus de leurs mandats extraparlementaires. Cela représente un taux de 80%! Rien n’obligeait pourtant les élus à nous divulguer des montants. La législation ne les y contraint pas. C’est donc sur une base volontaire qu’ils ont donné suite à notre enquête. Nous l’avons lancée en poursuivant un objectif: mieux cerner l’impact des liens d’intérêts sur l’indépendance des élus. Les résultats, inédits pour beaucoup, posent un jalon dans un débat politique très sensible, celui sur la transparence des revenus extraparlementaires. Les liens d’intérêts sont une composante fondamentale du système de milice, aussi vieux et complexe que notre démocratie. Il y a de tout dans ces mandats: cela va de l’Association des amis de l’Hospice du Grand-Saint-Bernard à la très puissante Economiesuisse, en passant par Pro Familia.
Entre 13 000 et 25 000 fr. Cette enquête ne vise pas à connaître la taille exacte du portefeuille de chaque parlementaire. Nous avons laissé de côté les revenus professionnels de ces miliciens, de même que ceux qu’ils touchent de leurs activités politiques pour nous concentrer sur les plus sensibles: ceux issus des lobbys et autres liens d’intérêts. L’objectif de notre démarche n’est pas non plus d’établir un palmarès des «Pöstchenjäger», les chasseurs de mandats selon l’expression alémanique, mais bien plutôt de percevoir l’ampleur du phénomène. A ce titre, les résultats en étonneront plus d’un. Ce que touchent les élus romands de leurs liens d’intérêts se situe en moyenne entre 13 000 et 25 000 francs par an, suivant comme on considère les cas particuliers que sont les édiles com-
munaux et les professionnels du lobbyisme, à l’image de Sophie Michaud Gigon (verts, VD), secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Ces moyennes sont bien sûr à prendre avec des réserves. D’abord, parce que les 13 élus qui ont refusé de dévoiler les revenus de leurs liens d’intérêts pourraient contribuer à relever cette moyenne. Ensuite, parce que nous sommes en début de législature, avec nombre de nouveaux élus qui ont encore très peu de mandats. Résultat, ils tirent des revenus modestes de leurs liens d’intérêts (entre 7500 et 18 000 fr.). Il faut mentionner enfin la possibilité qu’ont certains élus de passer des mandats sous le radar via une étude d’avocats ou une société de conseil. Si on se penche sur les résultats individuels, on observe que rares sont les élus dont les mandats rapportent plus de 50 000 francs et aucun de ceux qui ont fait la lumière ne perçoit plus de 100 000 francs, si l’on excepte certains édiles communaux qui exercent à titre professionnel, à l’image de Laurent Wehrli, qui touche environ 150 000 francs en tant que syndic de Montreux.
Le premier à 92 000 fr. Hormis ces cas, s’il fallait établir un palmarès, c’est de façon surprenante à gauche qu’il faudrait chercher un vainqueur, avec le socialiste PierreYves Maillard et ses 92 000 francs de revenus de mandats. Le Vaudois est à la présidence de la très influente Union syndicale suisse (pour 52 000 fr. par an) et au conseil d’administration des retraites populaires (40 000 fr.). Mais, soulignet-il, «ces revenus remplacent ma rente d’ancien conseiller d’Etat, ce qui signifie que si je ne les recevais pas, je ne gagnerais pas moins, mais bénéficierait d’une rente payée par le contribuable.» De manière générale, à quelques exc e pt ion s c om me l’US S, on constate que les liens d’intérêts les plus rémunérateurs sont les sièges dans un conseil d’administration. Mais la plupart des élus romands
qui occupent un tel siège le font dans une société familiale, l’entreprise pour laquelle ils travaillent, ou des entreprises parapubliques (transports, banques cantonales, fournisseurs d’électricité, hôpitaux, etc.). Aucun par exemple ne siège au conseil d’administration d’une multinationale ou même d’une grande entreprise nationale.
Les Vaudois en tête Quelles différences observe-t-on par canton et par parti? Par canton, les différences ne sont guère probantes. Tout au plus peut-on souligner que ce sont les Jurassiens qu i sont le plus t ra nspa rents (100%) et les Vaudois les mieux rémunérés (35 000 fr.), suivis par les Fribourgeois (31 000 fr.). Par parti, c’est un peu plus intéressant. Les mieux rémunérés pour leurs mandats se situent au PLR (34 000 fr.), suivis par l’UDC (31 000 fr.), le PS (26 000 fr.), puis le PDC (25 000 fr.). Et loin derrière les Verts (12 000 fr.), mais ceux-ci comptent beaucoup de nouveaux élus. Quant aux femmes, tout comme dans la vie professionnelle, leurs mandats sont moins rémunérés: de moitié même (16 000 fr. contre fr. pour les hom mes)! Ma is là aussi, leu r moyenne est sans doute plombée par le fait qu’il y a beaucoup de nouvelles élues.
La gauche transparente Quant aux plus transparents, ils se situent à gauche avec un taux de 100% pour le PS et les Verts. Mais à droite, les transparents sont aussi majoritaires: 90% au PDC, 62% au PLR et 50% à l’UDC. Et surprise, les moins transparents sont les vert’libéraux (0%), mais sur un échantillon limité de trois élus. On peut se demander enfin si les résultats seraient sensiblement différents en Suisse alémanique. Un indice dans notre enquête nous fait penser que non. Sur les cinq élus issus des parties alémaniques du Valais et de Fribourg, les cinq ont joué le jeu de la transparence, soit un taux de 100%. I
Un travail à plein temps ou presque Un parlementaire fédéral gagne en moyenne 92 000 francs par an, avec des frais à déduire de cette somme. Les élus fédérau x gagnent en moyenne 92 000 francs par an pour leur travail de parlementaire, pour un taux d’activité qui varie entre 70% et 90%. Issus d’une enquête menée il y a trois ans sous la direction du politologue genevois Pascal Sciarini, ces chiffres mettent à mal le mythe d’un parlement de milice. C’est aussi un point de repère essentiel pour évaluer les résultats de notre enquête sur les revenus des mandats extraparlementaires, avec une moyenne qui se situe entre 13 000 et 25 000 francs, suivant les critères retenus. Ces montants ne tiennent toutefois pas compte des revenus des activités professionnelles pour les élus qui en conservent une, fût-ce à temps partiel. Ces 92 000 francs correspondent à une moyenne. Chaque élu fédéral
touche un montant fixe de 26 000 fr. pour la préparation des dossiers, ainsi que des indemnités journalières de 440 fr. par séance de conseil, de commission ou de groupe. Est prévue aussi une contribution à la prévoyance professionnelle de 13 652 fr., dont un quart à la charge des élus. S’y ajoutent encore des allocations familiales et quelques avantages en nature, principalement un abonnement général des transports publics, ainsi que des défraiements pour repas (115 fr. par jour) et pour nuitée (180 fr.). Mais surtout, cette moyenne comprend une contribution de 33 000 fr. dédiée à l’engagement d’assistants parlementaires et au frais de personnel. La moitié environ des élus a engagé un ou plusieurs assistants, à des taux très variables, selon l’enquête du prof. Sciarini. Ceux-ci gagnent en général sensiblement moins que 92 000 francs. Les autres parlementaires conservent cet argent pour eux, en toute légalité,
contrairement à ce qui est le cas en France, et qui vient de valoir à l’ancien premier ministre François Fillon une condamnation de prison. Les élus ont d’autres coûts liés à leur fonction, principalement une rétrocession à leur parti, ventilée entre les différentes sections (locale, cantonale, nationale). Là, les montants varient d’un parti à l’autre et d’un canton à l’autre. Mais il s’agit de bien quelques milliers de francs: entre 6000 et 8000 fr. par an au PLR, 6000 à 12 0000 fr. au PDC et 10 000 à 12 000 fr. à l’UDC, d’après les informations fournies par certains élus. A gauche, les sommes sont plus importantes: entre 10 000 et 20 000 fr. au PS, jusqu’à 26 000 fr. chez les Verts,et le popiste Denis de la Reussille rétrocède 30 000 fr. à son parti. On peut y ajouter encore les montants que les élus mettent de côté pour financer leurs campagnes personnelles en vue de leur réélection tous les quatre ans. PBO/PHC
La législation ne contraint pas les élus fédéraux à divulguer leurs mandats ni les rémunérations qui les accompagnent. KEYSTONE
FOCUS
LE COURRIER LA LIBERTÉ | LUNDI 13 JUILLET 2020
3
SUISSE
revenus de tous leurs liens d’intérêts. Une opération réalisée par La Liberté pour le compte du Courrier
TRANSPARENCE SUR UNE BASE VOLONTAIRE L’ensemble des données nous a été fournie par les élues eux-mêmes sur une base volontaire. «Rémunéré» ou «bénévole». Cette simple distinction suffit lorsque les élus fédéraux doivent annoncer leurs liens d’intérêts. La législation ne leur impose rien de plus. C’est par conséquent sur une base volontaire que cette enquête s’est effectuée, avec les réserves que cela implique. L’ensemble des données récoltées se base sur les déclarations des parlementaires. Nous n’avons pas pu contrôler si les montants étaient corrects et si chacun nous avait signalé l’ensemble de ses liens d’intérêts. Le registre public accessible sur internet ne nous a pas été d’un grand secours : ses données ne sont pas contrôlées et sont souvent incomplètes, pas à jour, avec des critères flottants. De même, nous n’avons pas recherché activement les rémunérations que les élus ne nous communiquaient pas, mais qui sont disponibles sur internet – c’est le cas pour des entreprises parapubliques ou cotées en bourse. Cela n’aurait pas correspondu au principe «volontaire » de la participation à cette enquête. Nous avons contacté par écrit les 64 conseillers nationaux et conseillers aux Etats des six cantons romands (Vaud, Genève, Valais, Fribourg, Neuchâtel et Jura), leur demandant de nous communiquer les rémunérations annuelles de leurs liens d’intérêts. Les élus ont été rendus attentifs au fait que la réponse de chacun serait publiée, par souci de clarté et d’égalité de traitement.
Sur les 64 élus romands, deux tiers environ ont rapidement fait acte de transparence. Au final, nous avons pu établir un contact avec chaque élu, malgré l’épidémie de Covid qui a mis l’enquête «en quarantaine» durant des mois. Qu’est-ce qui a été considéré comme un «mandat»? D’abord, les «liens d’intérêts» annoncés par les élus sur le site du Parlement, soit un conseil d’administration d’entreprise, un syndicat patronal ou ouvrier, un groupe de pression économique ou écologique, une œuvre caritative, une association locale ou régionale, etc. Dans quelques cas, la profession a été incluse, lorsqu’elle entraîne une activité de lobbyiste, comme pour Christian Dandrès (ps, GE) qui défend les locataires, ou pour Olivier Feller (plr, VD) qui soutient les propriétaires. Enfin, les fonctions dans les exécutifs communaux ont été prises en compte: elles aussi amènent à défendre des intérêts lors de l’élaboration de lois au Parlement à Berne, et conduisent les édiles communaux à occuper des fonctions dans des entités parapubliques (transports, eau, électricité, etc.). Tracer ces limites n’a pas été facile, et nos choix peuvent prêter à discussion. Il y a de nombreux vases communicants entre vie politique et professionnelle, dont nous n’avons pas tenu compte. Enfin, des zones grises subsistent, comme la différence parfois ténue entre «défraiement» et «rémunération» pour un mandat PBO/PHC
LES 13 RÉFRACTAIRES ET LEURS MOTIFS VARIÉS Les treize élus qui ont refusé de faire la lumière sur les revenus de leurs mandats extraparlementaires se situent tous à droite de l’échiquier politique, puisqu’il y a là les 3 vert’libéraux, 4 UDC, 5 PLR et 1 PDC. Les motifs qu’ils invoquent diffèrent passablement. Seule Jacqueline de Quattro (plr, VD) n’a pas motivé son refus. Quelques élus ont offert un refus de principe, comme Pierre-André Page (udc, FR), ou Yves Nidegger (udc, GE), qui dit vouloir s’en tenir aux obligations légales. De même pour Jean-Luc Addor (udc, VS), «l’indication des différents mandats et de leur caractère rémunéré ou non sont des informations suffisantes pour apprécier l’indépendance des uns et des autres». François Pointet (pvl, VD), lui, invoque une situation particulière. Son seul mandat rémunéré est son siège d’administrateur au sein de l’entreprise informatique qui l’emploie: «Les chiffres des rémunérations relèvent de la confidentialité personnelle et de l’entreprise», justifie-t-il. Un motif que l’on retrouve chez d’autres élus occupant des sièges d’administrateurs: Isabelle Cheval-
ley (pvl, VD), Céline Amaudruz (udc, GE) et Vincent Maitre (pdc, GE). Pour l’avocat Philippe Bauer (plr, NE), vies politique et professionnelle s’entrecroisent avec des mandats qu’il assume pour son étude, d’où son refus de faire la lumière sur ses revenus. Situation similaire pour Frédéric Borloz (plr, VD), à la tête d’une fiduciaire, syndic d’Aigle et conseiller national. Le cas d’Olivier Feller (plr, VD) est très particulier, puisque ses trois mandats rémunérés sont liés à son activité professionnelle de lobbyiste des milieux de l’immobilier et qu’il ne souhaite pas divulguer son salaire. Michel Matter (pvl, GE) invoque l’argument de la temporalité: «Mes mandats sont anciens et liés à mon activité de médecin. Je ne perçois pas un franc de plus depuis que j’ai été élu au parlement l’automne dernier.» Enfin, la palme du motif de refus le plus original revient à Isabelle Moret (plr, VD). La présidente de l’Assemblée fédérale nous a fait savoir par SMS que, «pendant mon année présidentielle, j’ai un devoir de réserve. Je ne m’exprime donc cette année sur aucune question politique ni sur mes mandats hors parlement». PHC
4
LE COURRIER
RÉGION
LUNDI 13 JUILLET 2020
Le principe de la transparence a encore du chemin à faire à Genève
Gauche semi-pro, droite pudique PHILIPPE BACH/À PARTIR DES DONNÉES RÉCOLTÉES PAR LA LIBERTÉ
lère nationale est active dans les céréales, dans le groupe Minoteries et les sociétés Steiner Mühle et Bruggmühle Goldach. Le magazine Bilan lui avait prêté une fortune de 10 millions de francs en 2017, ce qui en faisant l’élue romande la plus riche. L’avocat Yves Nidegger fait état de trois liens d’intérêts tous rémunérés pour une somme qui reste secrète. Il siège à la Commission du barreau à Genève (membre du comité), au Groupement suisse des conseils en gestion indépendants (consultant spécialisé) et à l’Aéroport international de Genève (membre du conseil d’administration).
Genève X Au bout du lac, la question des liens d’intérêt revient à chaque élection. Et l’affaire Pierre Maudet – le conseiller d’Etat est soupçonné d’avoir bénéficié d’avantages, ce qui lui a valu d’être éjecté de son parti – est là pour nous le rappeler. Les données telles que récoltées par notre partenaire La Liberté mettent en évidence que les députés de gauche exercent souvent des mandats pour le compte de leur parti ou pour la fonction exécutive pour laquelle ils ont été élus. Une partie de ces jetons de présence sont souvent reversés dans la caisse de leur formation politique. On voit en revanche à droite des députés exercer des fonctions classiques d’administrateur donnant droit à un salaire. Qu’ils se refusent souvent à dévoiler. Et cela ne dit rien du patrimoine mobilier de ces élus, à l’instar de l’udéciste Céline Amaudruz qui avait été classée il y a trois ans comme la députée romande la plus riche du parlement fédéral.
PLR La nouvelle parlementaire Simone de Montmollin ne fait état que d’un lien d’intérêts. Ingénieure œnologue de profession, la députée assume un mandat bénévole de présidente de l’Union suisse des œnologues. Son collègue Christian Lüscher, vieux routier de la politique genevoise et fédérale, avance cinq liens d’intérêts. Dont un est rémunéré à hauteur de 2500 francs par an. Explication: l’avocat de profession cite la présidence du conseil d’administration de Solfor SA, «petit bureau d’ingénieurs», qui lui rapporte 2500 francs par année. Ses quatre autres liens d’intérêts énumérés sur le site du parlement sont «gratuits», affirme-t-il.
Les Verts La nouvelle conseillère aux Etats Lisa Mazzone annonce 11 liens et deux fonctions rémunérées pour un total de 3760 francs par an. Ceci en tant que vice-présidente de l’Association transports et environnement (ATE) et présidente de sa section genevoise. Elle perçoit des jetons de présence qui se sont montés à 2760 francs pour la première et à 1000 francs pour la seconde. Jusqu’au mois dernier, elle était également vice-présidente des Verts suisses, fonction pour laquelle elle recevait un montant de 5000 francs par an. Sa collègue Isabel le Pas quier-Eichenberger n’annonce que deux liens d’intérêts, bénévoles. Elle vient d’être élue à la vice-présidence des Verts suisses, ce qui lui donnera droit à un salaire annuel de 4000 francs. Delphine Klopfenstein Broggini fait aussi partie des jeunes pousses des Verts. Ses deux liens dûment annoncés ne donnent pas droit à une rémunération. Elle est notamment membre du comité de Pro Natura Genève et de F-Info, une association de conseils juridiques pour femmes et familles, deux mandats bénévoles. Membre sortant de l’exécutif carougeois, Nicolas Walder déclare six liens d’intérêts dont deux donnent droit à
PDC
Uni-Mail, à Genève, lors des élections fédérales du 20 octobre 2019. KEYSTONE
une rémunération pour un montant de quelque 10 000 francs par an. Des mandats souvent liés à son ancienne fonction. Il vient par ailleurs d’être nommé à la vice-présidence des Verts suisses, pou r un montant de 4000 francs annuel.
PS Carlo Sommaruga a lui aussi fait son entrée dans la Chambre haute lors des dernières élections fédérales. Il annonce six liens d’intérêts et deux fonctions donnant droit à une rémunérat i o n p o u r u n t o t a l a n nu e l d e 27 000 francs. Explications: en tant que président de Solidar Suisse, il perçoit un montant brut de 15 000 francs par an, auquel s’ajoute 12 000 francs
brut pour la présidence de l’Association suisse des locataires (Asloca). Son collègue nouvellement élu au National Christian Dandrès fait état de trois liens d’intérêts, dont un rémunéré. Il officie comme avocat à l’Asloca (le lobby des locataires) et touche à ce titre un salaire de 74 191 francs bruts par an. Lorsqu’il siège au comité de l’Asloca suisse, il est défrayé 200 francs la séance. Vétérane de la politique tant cantonale que fédérale, Laurence Fehlmann-Rielle signale neuf liens d’intérêts dont deux sont rémunérés à hauteur de 2000 francs par an. En tant que membre de la Commission cantonale genevoise d’aide au sport, elle perçoit environ 2000 francs par an. Au sein de
la fondation SGIPA (intégration de personnes avec déficiences intellectuelles), elle reçoit des jetons de présence «assez modestes que je reverse à un fonds pour les vacances de pensionnaires qui ont peu de moyens», précise-t-elle.
Ensemble à gauche La professeure d’histoire Stefanie Prezioso Batou n’a inscrit qu’un lien d’intérêts au registre du parlement fédéral. Elle siège au Conseil de fondation du Théâtre Saint-Gervais.
UDC La conseillère nationale Cél ine Amaudruz annonce six liens d’intérêts mais refuse de divulguer le montant de ses rémunérations. La conseil-
L’avocat et président sortant du PDC genevois, Vincent Maitre, fait état de quatre liens d’intérêts dont deux donnent droit à un salaire qu’il ne souhaite pas divulguer. Il ne souhaite pas indiquer ce qu’il perçoit en tant que président du conseil d’administration de Swiss Ambulance Rescue Genève. En tant que membre du conseil de fondation du Salon international de l’automobile, il précise ne pas percevoir de rémunération, mais un défraiement va r iable compr is ent re 1800 et 3000 francs par an.
Vert’libéraux Presque inexistant au niveau cantonal, les Vert’libéraux ont placé le médecin Michel Matter au National. Celui-ci annonce six liens d’intérêts donnant tous droit à une rémunération dont le montant n’est pas divulgué. Explications: «Mes mandats sont anciens et liés à mon activité de médecin. Je ne perçois pas un franc de plus depuis que j’ai été élu au parlement», indique-t-il. I
Grand écart au PLR, peu de mandats rémunérés à gauche Neuchâtel X Les dernières élections fédérales ont passablement fait évoluer la représentation des partis dans la députation neuchâteloise et les intérêts défendus sous la Coupole. Les Verts se sont emparés de deux sièges au dépend des socialistes et de l’UDC.
PLR Parmi les six élus que compte la délégation neuchâteloise, le conseiller aux Etats PLR Philippe Bauer compte le plus de liens d’intérêts. Nos confrères de La Liberté en ont recensé 16, dont 10 sont rémunérés. Cela surprend peu de la part de ce membre de l’Union patronale suisse qui a ses entrées dans les secteurs de la construction, de l’horlogerie, des transports individuels, des fonds de pension, de l’immobilier, de la restaura-
tion et des banques. Peu avant les élections d’octobre dernier, il confiait au quotidien Arcinfo que la défense des petites et moyennes entreprises était l’un de ses chevaux de bataille afin d’«éviter une surtaxation et une emprise permanente de l’Etat». Le conseiller aux Etats n’a pas souhaité divulguer ses rémunérations. On peut être du même parti sans baigner dans les mêmes milieux. Son collègue libéral-radical Damien Cottier qui a accédé au Conseil national en 2019, est membre du comité consultatif du Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDH) et d’AsyLex, un service d’aide en ligne en matière de droit d’asile. Cet ancien conseiller de Didier Burkhalter exerce ces deux fonctions à titre bénévole. En tant que membre
de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe depuis janvier, il est tenu de publier tous ses revenus sur le site de l’institution.
PS Désormais seul représentant du PS neuchâtelois sous la Coupole, Baptiste Hurni a six liens d’intérêts, dont trois sont rémunérés. En tant que membre du conseil de fondation de l’ombudsman de l’assurance privée et de la SU VA, i l p e r ç oit 4100 francs par an. L’avocat neuchâtelois est également membre du comité central de l’Asloca suisse, l’association de défense des locataires. Mandat pour lequel il touche 1000 francs par an. Il reçoit aussi 3000 francs comme vice-président de la Croix-Rouge neuchâteloise. Ce nouvel élu à Berne est également
conseiller général en Ville de Neuchâtel depuis 2016, fonction p ou r laquel le, i l a p e r ç u 800 francs d’indemnités l’an passé, dont la moitié est à reverser à son parti. Baptiste Hurni est également le président de la section romande de la Fédération suisse des patients.
Les Verts Propulsée conseillère aux Etats, sans passer par le National, la verte Céline Vara a fait sensation l’automne dernier. Sur son site internet, elle joue la carte de la transparence en publiant ouvertement ses revenus et ses liens d’intérêts. L’écologiste a récemment pris la présidence de Dettes conseil Suisse, fonction pou r laquel le el le reçoit 5000 francs par an. L’avocate est membre du comité de la section neuchâteloise de l’Asloca à
titre bénévole. Elle déclare également sur son site internet avoir des parts dans Cressier Solar SA, une entreprise de panneaux photovoltaïques installés sur le toit du collège du village. Elle détient également une part de la Maison de la tourbière, un projet de sauvegarde du patrimoine autours du marécage des Ponts-de-Martel. Elle a assuré conjointement la vice-présidence des Verts suisse avec Lisa Mazzone de 2018 à juin 2020. Son collègue de parti, le biologiste Fabien Fivaz, qui siège à la Chambre basse, est vice-président de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique. Il est également le président du Conseil de fondation chaux-de-fonnière Ton sur ton, une organisation qui promeut les métiers des arts de la scène. Deux activités bénévoles. Le conseiller
national travaille pour le Centre suisse de cartographie de la faune, active dans la conservation de la biodiversité.
POP Enfin, le popiste Denis de la Reussille, réélu en octobre pour une seconde législature au Conseil national, observe des liens d’intérêts relatifs à sa fonction de maire de la Ville du Locle. Une mission pour laquelle il est rémunéré 91 000 francs par an. En lien avec ce rôle, il siège au conseil d’administration d’un téléski, de l’usine de traitement des déchets Vadec SA et de la société anonyme qui gère l’aéropor t des Eplat u res à La Chaux-de-Fonds. Il déclare que ces mandats ne sont pas rémunérés. JULIE JEANNET/À PARTIR DES DONNÉES RÉCOLTÉES PAR LA LIBERTÉ
LE COURRIER
VAUD
LUNDI 13 JUILLET 2020
5
PLR peu transparent, records de rémunération au PS Vaud X Les vingt et un parlementaires vaudois présentent une situation très contrastée, avec une tendance à l’accumulation de mandats au PLR, des rémunérations élevées au PS et très peu de liens d’intérêts à l’UDC.
PLR La députation PLR vaudoise est discrète sur la rémunération de ses mandats. Seul le conseiller aux Etats Olivier Français divulgue un montant de 55 783 francs, pour deux mandats liés au tunnel routier du Grand-SaintBernard. Membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, il est obligé d’y déclarer ses revenus. Les élus PLR sont ceux qui cumulent le plus de mandats. Jusqu’à 24 liens d’intérêts pour le syndic d’Aigle, Frédéric Borloz, et même 30, dont 11 rémunérés, pour Laurent Wehrli, syndic de Montreux. Une partie de ces liens sont liés à leur fonction à la tête de leur commune. Présidente de l’Assemblée fédérale, Isabelle Moret compte des man-
dats importants, dont la présidence de H+ Les Hôpitaux de Suisse et de la Fédération des industries alimentaires suisses. Elle est aussi membre du comité directeur d’Economiesuisse. L’ancienne conseillère d’Etat Jacqueline de Quattro siège au comité de l’Association des énergies renouvelables, à la Fédération suisse du tourisme et entrera au conseil d’administration de Securitas en 2021. Enfin, directeur de la Chambre vaudoise immobilière, Olivier Français est un professionnel du lobbyisme. Ses 8 liens d’intérêts déclarés sont liés à sa fonction.
PS Les élus socialistes ont tous déclaré les montants de leurs mandats, particulièrement élevés pour les hommes de la députation. Pierre-Yves Maillard reçoit 92 000 francs, dont 52 000 comme président de l’USS et 40 000 au conseil d’administration des Retraites populaires. Il affirme que ces revenus remplacent sa rente d’ancien
conseiller d’Etat. Roger Nordmann le suit avec 60 000 francs, dont 40 000 comme membre du conseil d’administration du Groupe E (électricité). Ses autres mandats concernent la formation et l’environnement. Samuel Bendahan a neuf liens d’intérêts dont trois rémunérés, pour un total de 49 000 francs, dont 40 000 au conseil d’administration de la Banque cantonale neuchâteloise. Il a d’autres liens dans la formation, la création d’entreprise et l’environnement. Enfin, Brigitte Crottaz et Ada Marra ont chacune deux liens d’intérêts, non rémunérés. Médecin, la première a des mandats dans la santé, et la deuxième dans la défense des sans-papiers et la précarité.
Les Verts Les Verts ont également tous déclaré leurs rémunérations liées à leur mandat. Le lobbyisme est l’activité principale de Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la Fédération ro-
mande des consommateurs. Son emploi lui rapporte 90 000 francs par an. La consei l lère au x Etats Adèle Thorens Goumaz cumule dix liens d’intérêts, principalement dans l’environnement, dont deux rémunérés, pour un total de 15 000 francs, dont une majorité provient de sa fonction de présidente de Suisse Rando. Léonore Porchet cumule neuf liens d’intérêts, dont 2 rémunérés pour un total de 1500 francs. Elle est active dans des associations liées à la santé et contre le harcèlement. Sa probable élection à la vice-présidence de Travail.Suisse lui rapportera davantage. Daniel Brélaz, membre bénévole du conseil d’administration de La Télé Vaud-Fribourg, n’a plus de mandat rémunéré mais perçoit une rente d’ancien syndic de Lausanne. Valentine Python n’a quant à elle aucun mandat.
UDC
leurs mandats, peu élevés. Jacques Nicolet annonce trois liens d’intérêts pour 5400 francs, dont la vice-présidence de l’Association suisse pour un secteur agro-alimentaire fort et la présidence d’une association d’un abattoir. Il reçoit 9000 francs comme municipal de Lignerolles. JeanPierre Grin a un seul mandat, dans u n cent re de cou rs de conduite (2200 francs) et Michaël Buffat déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
Vert’libéraux Les deux élus ne divulguent pas la rémunération de leurs mandats. Isabelle Chevalley est notamment membre du conseil d’administration de Cremo, présidente de Suisse Eole et de StopOGM. François Pointet a quatre liens d’intérêts, dont un rémunéré comme membre du conseil d’administration d’une société informatique. SOPHIE DUPONT/ À PARTIR DES DONNÉES RÉCOLTÉES PAR LA LIBERTÉ
Les parlementaires UDC ont également tous divulgué les montants de
Le candidat du camp bourgeois, Valentin Groslimond, a été battu par Yvan Luccarini
La droite éjectée de l’exécutif
Réseau PubliBike vandalisé Mobilité X Le réseau de vélos en libre-service PubliBike de Lausanne-Morges a été suspendu cette semaine après avoir été vandalisé à large échelle. Les 39 stations et 360 vélos sont hors service pour une durée indéterminée. Le montant des dégâts s’élève à plusieurs dizaines de milliers de francs. «Sur les 360 vélos du réseau, seuls cinq ont été épargnés et sont encore en état de rouler», a indiqué vendredi un porte-parole de PubliBike, confirmant une information de la RTS. Le réseau a donc été mis hors service mardi dernier, précise-t-il. «On a de la peine à comprendre les raisons» de cette vague de déprédation qui «a commencé il y a quelques semaines», dit-il. Selon le porte-parole, c’est la première fois que PubliBike doit faire face à un tel niveau de vandalisme sur plusieurs stations en même temps. Les auteurs de ces déprédations n’ont pas encore pu être identifiés. La société a déposé plusieurs plaintes contre inconnu. Plus de 300 vélos sont depuis en réparation dans un atelier de Lonay (VD). PubliBike n’était pas en mesure d’annoncer une reprise du service de son réseau de vélos. Il faudra compter sur plusieurs jours, voire semaines, pour un retour à la normale. ATS
Vevey X L a d r o it e p e r d l’unique siège qu’elle détenait à la municipalité de Vevey (VD). Au second tour de l’élection communale complémentaire hier, le candidat du camp bourgeois, Valentin Groslimond, s’est fait devancer par le candidat de la gauche unie. Yvan Luccarini de Décroissance Alternatives a en effet obtenu 1994 voi x (46,4%) c o n t r e 1891 (4 4%) p o u r M. Groslimond (Entente veveysanne). Le troisième candidat en lice, Oliver Ghorayeb (En Avant Vevey), arrive largement derrière avec 353 voix (8,2%) seulement, a indiqué la Ville de Vevey dans un communiqué. La participation à ce scrutin complémentaire organisé uniquement par courrier s’est élevée à 33,07%. Elle avait été de 30,56% au premier tour le 21 juin. La population veveysanne votait pour renouveler un siège à son exécutif, après la démission en début d’année du PLR Etienne Rivier. Ce scrutin s’est déroulé après deux ans de crise à la municipalité et à moins de neuf mois des élections communales dans tout le canton.
Victoire «historique» «C’est une victoire historique. A ma connaissance, il n’y a pas d’autres communes [dans le canton] où la droite n’est pas du tout représentée», a réagi le vainqueur. M. Luccarini s’est dit «très content d’avoir fait barrage à la droite et que la population ait voté pour un programme radical, une autre option, une autre direction». Du côté des vaincus, la déception était de mise, non sans ironie. «Je suis surtout déçu pour le candidat et les plus de 40% de la population veveysanne qui ne seront plus représentés à l’exécutif», a dit le président du PLR, Vevey Philippe Herminjard. «On se réjouit de la chienlit à venir dans les huit prochains mois», a-t-il ajouté. La bataille s’annonçait serrée entre les deux favoris,
PARC ÉOLIEN La syndique de Vevey, Elina Leimgruber, et le nouvel élu, Yvan Luccarini, qui était soutenu par l’ensemble de la gauche. KEYSTONE
MM. Groslimond et Luccarini. Après celui des Verts et du POP, le candidat de Décroissance Alternatives avait aussi reçu le soutien du Parti socialiste (PS) veveysan. Avec cette gauche unie derrière lui, il a donc eu les bonnes cartes en main pour priver la droite de son seul siège à la municipalité. M. Groslimond était arrivé en tête au premier tour avec 41,68% de voix. Il avait devanc é d e s e u l e m e nt 38 vo i x M. Luccarini. M. Ghorayeb et un quatrième candidat qui ne s’est pas représenté hier, Daniel Beaux (Mouvement citoyen ve-
veysan), étaient arrivés largement derrière.
Bientôt à sept membres
«On se réjouit de la chienlit à venir dans les huit prochains mois» Philippe Herminjard
Le PLR Etienne Rivier avait annoncé sa démission pour le 31 juillet, à la fin du mois de janvier. Ce médecin retraité de 75 ans a dit s’en aller pour raisons personnelles. Outre le PLR en partance, la Mu n i c i p a l it é ve ve y s a n ne compte actuellement une verte, la syndique Elina Leimgruber, et deux municipaux de Vevey libre, Jérôme Christen et Michel Agnant. Poursuivi pour soupçon de gestion déloyale des
biens publics, leur collègue socialiste Lionel Girardin est suspendu depuis juin 2018. L’exécutif a connu d’autres difficultés depuis 2017, dues notamment à de nombreuses tensions internes mais aussi à la suspension puis à la réintégration des deux élus de Vevey libre. Dès le 1er juillet 2021 et sa prochaine législature, la municipalité passera de cinq à sept membres. Le Conseil communal a en effet accepté tout début février une proposition de l’Entente veveysanne (PLR, UDC, PDC) à une très large majorité. ATS
LE TF TRANCHERA C’est finalement le Tribunal fédéral (TF) qui devra trancher dans le dossier du parc éolien du Mollendruz (VD). Après avoir vu leurs recours rejetés par le Tribunal cantonal en juin, les opposants ont décidé de recourir devant la plus haute cour helvétique. Le parc éolien du Mollendruz, développé par les services industriels de la ville de Zurich (ewz), prévoit l’installation de douze éoliennes de plus de 200 mètres de hauteur sur la crête du Jura vaudois située entre le Col du Mollendruz et Chalet Dernier. ATS
6
LE COURRIER
CONTRECHAMP
LUNDI 13 JUILLET 2020
INVITÉE
Repenser la mondialisation au plus vite Economie X Avec le «confinement», les appels à la relocalisation des activités productives se multiplient. Si des changements sont indispensables, il faut une approche réfléchie pour que le remède, pour les pays en développement, ne soit pas pire que le mal, selon Isolda Agazzi, de la coalition d’ONG suisses de développement Alliance Sud. ISOLDA AGAZZI*
En quelques mois, un virus venu de Chine a mis le monde à genoux. Surnommé à juste titre le virus de la mondialisation, il s’est répandu comme une traînée de poudre aux quatre coins de la planète, essentiellement à la faveur des voyages en avion et en bateau. D’aucuns avancent même que certains pays, comme la Grèce, ont été relativement épargnés non seulement en raison de leur bonne gestion de la crise, mais aussi parce qu’ils sont peu intégrés dans les chaînes mondiales de valeur; tandis que d’autres, comme l’Italie, ont payé un tribut très lourd car fortement globalisés (et liés économiquement à Pékin). Quoi qu’il en soit, le «grand confinement» de la moitié de l’humanité va avoir des conséquences incalculables sur l’économie mondiale, comparables à la grande dépression de 1929. Sans surprise, cela a des conséquences très problématiques pour les pays en développement et les pays émergents. Pour donner un exemple, l’économiste tunisien Sami Saya1, s’appuyant sur le FMI, prévoit que la Tunisie va essuyer la pire crise économique depuis l’indépendance de 1956. Dans ce pays très ouvert sur l’extérieur, le tourisme va être l’un des secteurs les plus touchés. Le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), Khaled Fakhfakh, déclarait le 21 avril que si l’espace aérien restait fermé après le déconfinement, la saison touristique 2020 serait fortement compromise – alors même que le tourisme pèse, selon les estimations, entre 8% et 14% du PIB, qu’il emploie près d’un actif sur dix et fait vivre 400 000 familles. Les touristes européens ne viendraient pas et les touristes locaux ne pourraient pas combler les pertes, d’autant plus qu’ils sont eux-mêmes plombés par la crise.
Au lieu du tourisme, du moins volatile De l’autre côté de la Méditerranée, toujours plus de citoyens désireux de sauver la planète voient dans la crise du Covid-19 une opportunité sans précédent de protéger le climat. En commençant par ne pas remettre le pied dans un avion et passer les vacances au pays. L’intention est louable, nécessaire même dans le cadre du changement de paradigme de l’Agenda 2030 pour le développement durable, mais elle risque d’enfoncer encore davantage l’économie des pays (en développement) qui dépendent des touristes étrangers. On objectera que ces pays ont été mal conseillés, qu’ils
En Tunisie, où le tourisme emploie près d’un actif sur dix, des vacanciers flânent devant les boutiques de souvenirs du village de Sidi Bou Saïd, près de Tunis; juillet 2019. KEYSTONE
ont choisi un modèle de développement non durable et misé sur un secteur volatile par excellence, qui pâtit du moindre attentat, crise sanitaire ou prise de conscience écologique des Européens. Bien avant la crise actuelle, le gouver nement t u n isien l’avait parfaitement compris. La FIPA (Agence de promotion des investissements extérieurs)2 invite les investisseurs étrangers à investir dans des secteurs qu’elle juge «porteurs», à haute valeur ajoutée: composants automobiles, aéronautique, mécanique, électrique et électronique, services (comme les centres d’appel), plasturgie. Et dans des secteurs plus traditionnels, à forte intensité de main d’œuvre, comme le textile et l’habillement, l’agro-alimentaire, le cuir et les chaussures. Comme on le voit, le tourisme ne figure nulle part, mais cette transition va prendre du temps. Le problème est que miser sur les investissements étrangers dans l’industrie d’exportation, ce n’est durable ni d’un point de vue environnemental, ni d’un point de vue économique, car c’est très sensible aux crises provoquées par des facteurs extérieurs. Lors de la crise économique mondiale qui a suivi la crise financière de 2008, les pays en développement et émergents ont été gravement touchés. Les pays qui – souvent sous la pression de la Banque mondiale et du FMI – ont poursuivi un modèle économique axé sur les exportations et se sont rendus forte-
ment dépendants des investissements directs étrangers, ont été particulièrement affectés.
Usines fermées, ouvrières au chômage Certes avec les appels à la dé-mondialisation et à la relocalisation de la production en Europe et dans les pays limitrophes, le textile et l’habillement dans les pays du Maghreb ont encore plus de potentiel qu’aujourd’hui. Mais ces secteurs sont fragiles car ils dépendent de la demande internationale. La preuve: si, dans les pays développés, beaucoup se sont réjouis du retour à la frugalité et de l’arrêt (temporaire) du consumérisme dus au grand confinement, la fermeture des magasins d’habillement a entraîné celle des usines textiles dans les pays de production, comme le Cambodge et le Bangladesh. Des millions d’ouvrières se sont retrouvées au chômage, la plupart du temps sans aucune couverture sociale. Elles sont passées d’un salaire de misère, qui oscille entre 150 et 200 dollars par mois – largement insuffisant pour couvrir les besoins essentiels, pour lesquels il faudrait au moins 500 dollars mensuels – à plus de salaire du tout, ce qui est encore pire. Le cabinet britannique de conseil en gestion des risques Verisk Maplecroft a déclaré dans la NZZ am Sonntag3 que
les quelques améliorations des conditions de travail de l’industrie textile pour lesquelles les travailleurs se sont battus ces dernières années risquent d’être réduites à néant. Là de nouveau, on peut reprocher à ces gouvernements d’avoir misé sur un modèle de développement axé sur les exportations – au Bangladesh, un pays fréquemment loué pour sa lutte contre la pauvreté et la crise climatique, 80% des devises proviennent de l’industrie textile. Et de s’être fait les complices de consommateurs, ma rques et sous-t ra ita nts avides, qui ne sont pas prêts à payer un peu plus pour un jeans et une paire de baskets, ce qui engendre une course vers le bas sur le dos des ouvrières. Le coronavirus a montré la dépendance extrême de beaucoup de pays vis-à-vis de la Chine: 80% des principes actifs des médicaments vendus en Europe sont fabriqués dans l’Empire du Milieu, un pourcentage qui tombe à 27% pour la Suisse. L’arrêt brutal de la production et/ou la menace de relocalisation de certaines activités productives devrait pousser les gouvernements des pays en développement à se tourner vers un modèle économique plus endogène, axé sur le renforcement des capacités locales de production et le marché intérieur – mais c’est plus facile à dire qu’à faire et cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Enfin et surtout, un marché «intérieur» nécessite également une demande intérieure
correspondante, c’est-à-dire une redistribution des revenus en faveur de la masse des personnes défavorisées qui, à l’heure actuelle, ne peuvent souvent se permettre ni les produits étrangers ni les produits nationaux.
Avions au sol, chute du prix du pétrole Autre secteur dont beaucoup ont salué l’arrêt: l’aviation. Avec quasiment tous les avions cloués au sol et les voitures et les camions au garage, la demande en pétrole a chuté à un niveau inégalé et le cours du baril américain (WTI) est même devenu négatif. C’est une excellente nouvelle pour le climat. Mais le problème est que de nombreux pays en développement dépendent entièrement de l’exportation d’hydrocarbures: le Sud-Soudan, le Nigéria (où le pétrole représente 60% des recettes de l’Etat), l’Angola, l’Equateur (où c’est la principale source de revenu), l’Irak (qui pensait couvrir 95% de son budget par la rente pétrolière) l’Algérie, pour ne donner que quelques exemples, n’ont pas diversifié leurs économies ou n’ont rien d’autre à vendre. En Algérie, le pétrole et le gaz représentent la presque totalité des exportations et les trois-quarts des recettes publiques. Assis sur leur oreiller de paresse, les dirigeants n’ont même pas eu besoin de développer le tourisme,
comme la Tunisie voisine dont la chance, diront certains, est d’être presque totalement dépourvue de matières premières. Mais à l’aune de la révolution démocratique en cours (peutêtre), l’Algérie s’est réveillée et a décidé de diversifier son approvisionnement énergétique et d’utiliser la rente pétrolière pour industrialiser le pays. Le gouvernement est sur le point de signer un accord avec l’Allemagne pour participer à Desertec, un gigantesque projet de production d’énergie solaire dans les déserts d’Afrique du Nord, qui a vu le jour en 2003 sous l’égide du Club de Rome, mais qui était au point mort. L’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement algérien en 2020 a relancé le projet. La crise du Covid19 a mis en lumière, de manière encore plus abrupte que la crise climatique, la vulnérabilité de notre monde globalisé. Un ajustement est nécessaire, une réorientation s’impose. Mais la transition doit être graduelle et gérée de façon démocratique pour que le remède, pour les pays en développement, ne soit pas pire que le mal. I * Responsable du bureau romand d’Alliance Sud. Article paru dans la revue Global, n°76, Eté 2020, www.alliancesud.ch/fr 1 Cf. Sami Saya, tribune, «Impacts et opportunités de la crise pour l’économie tunisienne», webmanagercenter. com, 25 avril 2020, accès: https://bit. ly/3i8xsBP 2 http://www.investintunisia.tn/Fr/opportunites-deinvestissement_128_245 3 Ulrike Putz, «Die Macht der Mode», NZZ am Sonntag, 10 mai 2020.
LE COURRIER
GENÈVE
LUNDI 13 JUILLET 2020
Recours contre le projet immobilier Les Vernets X Des associations et des voisins font recours contre le projet immobilier aux Vernets. Ils contestent essentiellement l’abattage de 113 arbres et des écarts par rapport au plan localisé de quartier (PLQ). Le recours est déposé par les associations Patrimoine vivant, Sauvons nos arbres et des habitants des Acacias notamment, a indiqué leur avocat, Pierre Bayenet, par ailleurs député suppléant d’Ensemble à gauche. Il a été adressé vendredi au Tribunal administratif de première instance. Les recourants demandent l’annulation des autorisations de construire délivrées le 12 juin. Le projet immobilier s’inscrit dans le cadre du développement du secteur Praille-Acacias-Vernets, sur l’emplacement de la caserne. Il prévoit 1500 logements, dont 300 pour des étudiants, dans deux îlots de
30 mètres de haut et une tour de 86 mètres. S’y ajoute un bâtiment d’activités avec un hôtel. Tous les appartements seront en location, les premiers sont attendus pour 2023. Le terrain est en mains publiques. Les recourants demandent qu’une analyse d’impact sur l’environnement complète soit réalisée. Le projet implique l’abattage de 113 arbres, dont une majorité de tilleuls et des peupliers de plus de 20 mètres de haut, même en bordure des constructions. En outre, il empiète sur le continuum aquatique et corridor biologique de l’Arve. Les recourants constatent encore de nombreux écarts entre le PLQ et les autorisations définitives au niveau architectural. Par exemple, les cheminements pour les piétons et les cyclistes dans les deux cours intérieures ne seront plus di-
rects, contrairement à ce qui était prévu. Plusieurs normes de construction sont aussi violées afin de construire plus de logements et au détriment de la qualité de vie des habitants, selon les recourants. La hauteur de plafond est abaissée à 2,5 mètres, tandis que la surface des chambres est réduite au minimum, voire en dessous. Les recourants craignent un manque de luminosité dans les logements. Ils critiquent encore le fait qu’une partie des loyers est déplafonnée, alors qu’un chantier de cette taille permet des économies d’échelle. Ils demandent à l’Etat de fournir des explications détaillées sur ces dérogations et sur les plans financiers présentés. Des vices de forme dans la procédure menant à la délivrance des autorisations sont aussi mis en avant. ATS
«LA FEUILLE DE TRÈFLE»
7
A la découverte de Carouge Visite guidées X La Ville de Carouge (GE), en
NOUVELLE FORMULE La Feuille de Trèfle, le journal vendu par des sans-abri dans la rue à Genève, adopte une nouvelle formule. La publication est désormais plus étoffée et repensée, a fait savoir vendredi la Fondation Carrefour Rue & Coulou qui l’édite. La Feuille de Trèfle permet à une quinzaine de personnes en situation de grande précarité de se procurer un petit revenu et de rendre attentif la population aux situations très difficiles dans lesquelles se trouvent certains de leurs concitoyens. Le journal des sans-abri a été lancé en 1993 par l’association Carrefour-Rue. ATS
FONDATION BODMER LA RELIURE À L’HONNEUR La Fondation Bodmer, à Cologny (GE), propose une exposition consacrée aux reliures de prestige. Elle est à découvrir jusqu’au 6 septembre. Plaques, armoiries ou encore mosaïques: l’exposition temporaire «En habits de lumière? Reliures de prestige» met à l’honneur les reliures à grand décor, conservées dans les collections de la fondation. ATS www.fondationbodmer.ch
collaboration avec l’agence Illico Travel, organise des visites thématiques tous les samedis, du mois de juillet au mois d’octobre. Ces visites se déclinent en plusieurs thèmes. «Carouge en zigzag» permet de découvrir l’histoire de la cité sarde à travers des rues chargées d’histoire, des places et des lieux de culte qui se montrent sous un jour original, annonce la commune. Les visites «Carouge, histoire d’eau» parcourent les murmures des fontaines. Les jardins secrets de Carouge se dévoilent, eux, à travers une autre visite guidée, durant laquelle des privés laissent découvrir les arrière-cours de leurs habitations. Une autre facette de Carouge se dévoile en octobre. Une visite spécifique s’intéresse à l’engagement en faveur du développement durable de la commune: les questions de recyclage, d’énergie, de biodiversité ou encore de mobilité douce seront abordées au cours de la promenade. Les visites guidées durent 1h15. Le tarif s’élève à 10 francs par adulte et à 5 francs pour les enfants et pour les personnes au bénéfice d’un tarif réduit. Il est aussi possible de suivre un parcours en autonomie, audioguidé à travers les lieux emblématiques de la ville. ATS Départ des visites: mairie de Carouge, place du Marché 14, à 11h. www.carouge.ch/visites-guidees
Le syndicat SIT dénonce que l’hôtel de luxe, qui fermera ses portes fin août, refuse de négocier un plan social pour ses 130 employés qui vont être licenciés
«Les employés sont méprisés» GUSTAVO KUHN
cette somme représente un café pour lui.» «Monsieur Ananda Krishnan possède 5,3 milliards de dollars, selon le magazine Forbes, assure Pierre. Et il est connu pour être philanthrope. Nous lui demandons de faire un geste pour nous, employés du Richemond, et nos familles.» «Ce n’est pas la première déconvenue pour Le Richemond, rappelle de son côté Jean-Marc*. En 1989, en 1991 puis en 2004, le SIT a déjà dû intervenir. Et chaque fois un plan social a pu être obtenu.» De son côté, le directeur du Richemond, André Cheminade, affirme que l’hôtel «applique scrupuleusement la législation en vigueur» et a «respecté la procédure de consultation des employés en lien avec le licenciement collectif envisagé, telle que prescrite par le Code des obligations».
Richemond X «La direction du Richemond fait preuve d’un mépris légendaire envers ses employés», lance Davide De Filippo, cosecrétaire général du SIT. A ses côtés, vendredi au siège du syndicat genevois, une demi-douzaine de membres du personnel de l’hôtel cinq étoiles de la rive droite témoignent de leur désarroi face au licenciement collectif des 130 salariés du palace. Durement frappé par la crise sanitaire, l’établissement a en effet annoncé mercredi sa fermeture pour la fin du mois d’août. Et le licenciement de tout le personnel. «L’assemblée au cours de laquelle on nous a informés de la situation a duré seulement trois minutes vingt-cinq secondes, affirme Pierre*, travailleur au Richemond. Et nous n’avons pas eu la possibilité de poser la moindre question.» «Avant de quitter la salle, le président s’est permis de nous dire qu’il y avait pire dans la vie», s’insurge Paul*. Et l’employé de l’hôtel de dénoncer l’engagement d’une entreprise de sécurité privée dont les agents ont été postés devant les portes de cette même assemblée. «Comme si nous étions des voyous!» s’indigne Christophe*. Des agents qui, depuis ce jour, contrôlent tous les membres du personnel qui entrent et sortent de l’établissement, racontent les salariés de l’hôtel. «Sans que rien ne nous ait été communiqué, s’insurge Martine*. Tout ça, ça ne représente pas vraiment la classe légendaire du Richemond!»
Refus de négocier Davide De Filippo explique que le SIT a dû saisir la Chambre des relations collectives de travail, car la direction de l’établissement refusait dans un premier temps de reconnaître le syndicat comme un interlocuteur. «Face
«Favoriser le dialogue social»
Durement frappé par la crise sanitaire, l’Hôtel Richemond a annoncé mercredi sa fermeture pour la fin du mois d’août. JPDS
à la décision de l’hôtel de procéder à un licenciement collectif plutôt que de poursuivre le recours au mécanisme de préservation de l’emploi qu’est le chômage partiel, soit les RHT, nos demandes concernent trois axes, affirme-t-il. Nous voulons d’abord un engagement ferme de réengagement prioritaire du personnel licencié lors d’une réouverture de l’hôtel. Nous réclamons une compensation de la perte de revenus liée à la mise au chômage, ainsi que des mesures de financement de préretraites pour les employés les plus âgés
et de formation professionnelle pour les autres. Mais la direction du Richemond balaie tout cela d’un revers de la main.» Et le syndicaliste de rappeler qu’hôtellerie de luxe ne rime pas avec salaires mirobolants. «En moyenne, les employés du Richemond gagnent 4500 francs par mois. Mais nombre d’entre eux touchent le minimum de la bra nche.» «Moi je s u i s à 3470 francs par mois, lance ainsi Christophe. Et on est plus d’une vingtaine dans ce cas.» La perte de revenus due au chômage est d’autant plus angois-
«Tout ça, ça ne représente pas vraiment la classe légendaire du Richemond!» Martine
sante pour les employés du Richemond qu’une bonne partie d’entre eux vit en France voisine. Or, les frontaliers ne touchent comme indemnités que 57% de leur salaire, contre 70 à 80% pour les personnes domiciliées en Suisse.
Mauro Poggia sollicité Davide De Filippo estime que le coût du plan social réclamé s’élève au maximum à 5 millions de francs. «Dit comme ça, cela peut paraître beaucoup. Mais au vu de la fortune colossale de l’actionnaire principal,
Face au refus de la direction de l’hôtel de négocier un plan social avec le syndicat, ce dernier a demandé vendredi au conseiller d’Etat chargé de l’Emploi, Mauro Poggia, d’intervenir. Le magistrat a reçu la requête. «Avant de déterminer quel pourrait être le rôle que l’on voudrait me voir jouer, je souhaite rencontrer les partenaires, d’abord séparément, puis ensemble, nous explique-til. Il est évident que mon devoir est de favoriser le dialogue social, mais je ne peux devenir progressivement un médiateur régulier en présence d’un licenciement collectif, ce d’autant que ces situations risquent de se multiplier», déclare le ministre, déjà appelé à favoriser les négociations entre XPO et les employés licenciés par cette entreprise de logistique. «Je prendrai donc une décision après dialogue avec les parties», conclut M. Poggia. I *Prénoms fictifs.
8
LE COURRIER
SUISSE
LA LIBERTÉ | LUNDI 13 JUILLET 2020
Tout le monde admet la nécessité de réviser la loi sur les épidémies entrée en vigueur en 2016
La pandémie a révélé les failles de la loi VALÉRIE FAVEZ
dois. Cette nouvelle loi, elle aussi limitée à 2021 ou 2022, pourrait servir de base à une révision de la loi sur les épidémies. «Il est clair que pour une pandémie on attend que les mesures soient les plus cohérentes possible à l’échelle nationale», ajoute Pierre-Yves Maillard. Mais il n’est pas non plus mauvais que certains cantons prennent de s me s u r e s plu s a mbit ieu s e s, propres à motiver d’autres cantons, voire à faire évoluer la Confédération, notamment dans le domaine social ou économique.
Santé X La loi sur les épidémies, entrée en vigueur en 2016, a montré des lacunes durant la crise du coronavirus. Tout le monde admet la nécessité de réviser le texte. La question du fédéralisme sera inévitable. Une ét ude de l’Un iver sit é de Genève, publiée récemment, a conclu que la loi était insuffisante pour une situation de pandémie. La Confédération a imposé des mesures contraignantes aux personnes comme la quarantaine, l’isolement, le dépistage ou le traitement sans régler la question de la prise en charge des coûts. Il en a résulté des interprétations différentes dans les cantons, entraînant des inégalités de traitement. Par exemple, certains cantons ont choisi de financer les séjours hospitaliers Covid-19 via des prestations d’intérêt général. Dans ce cas, la personne assurée n’a rien eu à payer de sa poche. Dans d’autres, les frais ont été couverts par l’assurance-maladie, impliquant une participation du patient au travers de sa franchise, la quote-part et la participation journalière.
Pas touche au fédéralisme? Pour Philippe Nantermod (plr, VS), il faudra surtout corriger le tir en matière d’approvisionnement du pays. Mais il refuse de toucher à la souveraineté des cantons en matière de santé, comme le suggère l’étude de l’UNIGE. «Si des cantons veulent offrir des prestations supplémentaires à leurs citoyens, c’est leur liberté.» Son parti, le PLR, a prévu de présenter prochainement un papier sur la révision de la loi et sur le plan de pandémie. Reste que pour le conseiller aux Etats Erich Ettlin (pdc, OW), vice-président de la commission parlementaire de la santé, on ne pourra pas faire l’économie d’une analyse approfondie sur l’interaction entre la Confédération et les cantons. Notamment en matière de financement des prestations comme les tests ou les lits mis à disposition par les hôpitaux.
Réflexions en cours Interpellé, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) indique que la loi sur les épidémies est en cours d’examen au vu de la crise en Suisse et dans le monde. Mais les conclusions de ces travaux ne sont pas attendues dans l’immédiat. Le parlement a adopté en mai plusieurs interventions demandant au gouvernement de faire le point sur l’état de préparation à une deuxième vague ou à une nouvelle épidémie. Du côté des partis, la réflexion a déjà commencé. Albert Rösti, président de l’UDC, estime qu’une analyse des bases légales s’impose. «Mais il est encore trop tôt pour entrer dans les détails.»
Clarifier les règles «On a trouvé des solutions ad hoc ou tenté de résoudre le problème, mais ce serait bien d’avoir des règles plus claires et contraignantes», estime-til. Lors de cette crise, la Confédération et le Parlement n’ont pas voulu
Thomas Greminger pas réélu OSCE X Thomas Greminger n’est pas reconduit à son poste de secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les ambassadeurs de l’organisation ne sont pas parvenus à un consensus dans les nominations, ont annoncé hier les titres de CH Media. La réunion de l’OSCE vendredi avait pour but de prolonger les mandats de M. Greminger, de la directrice du Bureau des institutions démocratiques et des droits humains Ingibjörg, Solrun Gisladottir, du haut commissaire aux minorités, Lamberto Zannier, et du représentant pour la liberté des médias, le socialiste français Harlem Désir. Tous étaient sur les rangs pour une réélection. Selon CH Media, la prolongation du mandat de M. Désir a été refusée par l’Azerbaïdjan. En réaction à ce blocage, la France, le Canada, la Norvège et l’Islande se seraient opposés à une prolongation du mandat de M. Greminger. ATS
«Si des cantons veulent offrir des prestations supplémentaires à leurs citoyens, c’est leur liberté» Philippe Nantermod
Le Parti socialiste estime, lui, «inconcevable» que la prise en charge des coûts débouche sur des «discriminations géographiques». Le principe d’égalité doit primer, en particulier lorsque c’est la Confédération qui émet des mesures. Le PS estime aussi qu’il faut maintenant attendre les bilans de la Confédération. ATS
85 NOUVEAUX CAS ET UNE APPLI À PLAT
Une première étape «La loi sur les épidémies s’est révélée efficace du point de vue sanitaire, mais largement imparfaite concernant les aspects sociaux», estime pour sa part le conseiller national Pierre-Yves Maillard (ps, VD). «La loi Covid-19 qui doit prendre le relais des ordonnances du Conseil fédéral limitées à six mois pourrait être un début de réponse», selon le Vau-
trop empiéter sur l’autonomie des cantons, selon lui. «II est clair que dans une situation extraordinaire, quand le Conseil fédéral doit prendre des mesures d’urgence, le fédéralisme est forcément mis à mal», ajoute le sénateur qui se dit pourtant fédéraliste convaincu. «Les cantons se sont d’ailleurs défendus.» Pour l’Obwaldien, il faut encore attendre la fin de la crise pour tirer les conséquences des lessons learnt.
La Suisse a enregistré 85 cas supplémentaires de coronavirus en 24 heures, a annoncé hier l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Il n’y a pas eu de nouveau décès. Au total, 564 cas ont été annoncés ces sept derniers jours, soit environ 81 par jour. Quant à l’app SwissCovid, disponible depuis le 25 juin, 959 815 personnes
l’avaient activée samedi sur leur téléphone portable, soit près de 27 609 de moins que la veille, selon les données publiées samedi par l’Office fédéral de la statistique (OFS). L’application ne cesse de perdre des utilisateurs depuis mercredi. Plus de 51 000 utilisateurs lui ont tourné le dos depuis les deux derniers décomptes quotidiens de l’OFS. ATS
Il n’aura pas fallu attendre longtemps avant que la nouvelle loi sur les épidémies subisse l’épreuve du feu, avec la pandémie de Covid-19. KEYSTONE
Les partisans de la 5G se font également entendre Télécoms X Les soutiens à la technologie 5G regroupent leurs forces au sein de la plateforme CHANCE5G. Lancé hier matin, le site souhaite engager un «dialogue technique et scientifique» avec la population, basé sur les faits en particulier en ce qui concerne les préoccupations sur la santé. Quarante-cinq personnalités issues de la société, de la science, de l’économie et de la politique, ainsi que 19 associations, soutiennent CHANCE5G. La plateforme a été initiée et sera financée par l’Association suisse des télécommunications et ses membr e s, en pa r t ic u l ier Su n r i s e et Swisscom, Cellnex ainsi qu’Ericsson et Huawei. Tous doivent affronter les réticences d’une partie de la population face à cette nouvelle norme de téléphonie mobile u l t r a r a p i d e , no t a m m e nt e n S u i s s e romande.
Selon la plateforme, le développement de la 5G est freiné, politiquement et au niveau sociétal, en raison de conclusions erronées et d’une méconnaissance de cette technologie. Elle compte remédier à cette situation par le dialogue et montrer, grâce à des exemples d’applications, les avantages de la 5G. «Techniquement et dans ses effets, la 5G n’est pas très différente de la 4G», a déclaré Rolf Vogt, chargé de cours en électrotechnique et en informatique à la Haute Ecole spécialisée bernoise. La résistance est donc «quelque peu incompréhensible», a-t-il ajouté au cours de la vidéoconférence marquant le lancement de la plateforme. La 5G a connu un départ fulgurant en Suisse. Mais parallèlement, la résistance à cette nouvelle technologie a grandi. ATS
AVS LE POIDS DU CORONAVIRUS Les Fonds de compensation AVS/AI/APG (compenswiss) ont enregistré des pertes entre 500 et 750 millions de francs depuis le début de la crise due au coronavirus. L’impact de ces pertes sur les 35 milliards de francs dont sont dotés les Fonds reste faible. ATS
PRÉSIDENCE UDC ROLAND BÜCHEL RENONCE Le conseiller national Roland Rino Büchel (SG) n’est pas candidat à la succession d’Albert Rösti à la tête de l’UDC. Il était considéré comme un papable mais renonce pour des raisons de santé. «Bien que cela me tente beaucoup, ce n’est pas possible», a indiqué l’élu dans le SonntagsBlick. ATS
La loi sur l’énergie devra évoluer Consultation X La révision de la loi sur l’énergie a du plomb dans l’aile. Si une majorité s’accorde pour réclamer davantage de soutien pour les énergies renouvelables, les avis divergent sur la manière d’atteindre ce but. Augmenter la production d’énergies renouvelables indigène est, tel que proposé dans la révision de la loi sur l’énergie, globalement accepté. Plusieurs partis insistent dans leurs réponses à la procédure de consultation qui s’achève dimanche sur la nécessité d’un auto-approvisionnement adéquat, surtout en hiver et en particulier après le démantèlement des centrales nucléaires. En 2017, la population suisse avait décidé de développer les énergies renouvelables en adoptant la stratégie énergétique pour 2050. ATS
LE COURRIER
INTERNATIONAL
LUNDI 13 JUILLET 2020
Candidats au coude à coude Pologne X Le chef de l’Etat conservateur polonais, Andrzej Duda, et le maire libéral de Varsovie étaient au coude à coude hier soir à l’issue du second tour de la présidentielle, selon un sondage à la sortie des urnes. Les premiers résultats officiels sont attendus pour aujourd’hui. M. Duda recueillait 50,4% des voix devant Rafal Trzaskowski (49,6%), selon un sondage Ipsos, lors d’une élection au taux de participation très élevé de 68,9%. L’issue de ce second tour va être décisif pour l’avenir du gouvernement du parti conservateur et nationaliste Droit et Justice (PiS), que ses détracteurs accusent de faire re-
culer les libertés démocratiques acquises il y a trois décennies à la chute du communisme. Le vote devait avoir lieu en mai mais il a dû être reporté en raison de la pandémie. Au premier tour, le 28 juin, M. Duda était arrivé premier avec 43,5% des voix et M. Trzaskowski deuxième avec 30,4%. «Ces élections sont une confrontation de deux visions de la Pologne, entre le blanc-etrouge et l’arc-en-ciel», avait résumé vendredi le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro, faisant référence au drapeau national polonais et au symbole utilisé par la communauté LGBT.
Dialogue «sur les rails»
MALI GRAVES TROUBLES L’imam à la tête de la coalition qui réclame un changement de pouvoir au Mali a appelé hier ses partisans au calme. Depuis deux jours, la capitale, Bamako, connaît ses troubles civils les plus graves depuis des années. ATS
SOUDAN LOI CONTRE L’EXCISION Le Conseil souverain, la plus haute instance du pouvoir au Soudan, a approuvé hier une loi pénalisant l’excision. Les contrevenants sont passibles de peines allant jusqu’à trois ans de prison. ATS
ATS/AFP
Kosovo-Serbie X Interrompu depuis près de dix-huit mois, le dialogue entre la Serbie et le Kosovo est «de nouveau sur les rails», a estimé hier le représentant spécial de l’UE pour les Balkans occidentaux. Les dirigeants serbe et kosovar ont repris les discussions par visioconférence. Au cours de cette réunion, le président serbe, Aleksandar Vucic, et le premier ministre kosovar, Avdullah Hoti, se sont mis d’accord sur l’ordre du jour de leur rencontre de jeudi à Bruxelles où ils doivent être présents cette fois physiquement, a précisé Miroslav Lajcak dans un communiqué.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait appelé hier matin les deux responsables serbe et kosovar à faire preuve de «courage politique». Cette deuxième réunion virtuelle s’inscrit dans le cadre de la reprise de leur dialogue visant à normaliser les relations entre leurs pays. Depuis la proclamation de son indépendance en 2008, le Kosovo est reconnu par plus de 100 pays membres des Nations Unies et 22 Etats sur 27 au sein de l’UE mais la Serbie refuse de reconnaître cette indépendance, proclamée unilatéralement à l’issue d’une guerre sanglante en 1998-99. ATS/AFP
9
Donald Trump gracie un ami Etats-Unis X Donald Trump n’avait pas caché sa volonté d’épargner la prison à son ami Roger Stone. Condamné à quarante mois de prison dans le cadre de l’enquête sur l’ingérence russe pendant la campagne présidentielle de 2016, ce dernier a vu sa peine commuée par le président américain. Le sénateur républicain Mitt Romney a dénoncé samedi cette décision comme un acte de «corruption». Mitt Romney est le premier membre influent du parti présidentiel à s’élever publiquement contre cette décision, déjà largement décriée par les démocrates. ATS/AFP
De nombreux Libanais peinent désormais à se nourrir. Ils accusent la classe politique de corruption
Le Liban s’enfonce dans la misère HALA KODMANI ET PHILIPPINE DE CLERMONT-TONNERRE, BEYROUTH
frais, Anna scrute anxieusement les étiquettes des boîtes de labné, un fromage local. «Je compare les prix», assure, dépitée, cette blonde élancée en tenue de sport. «On ne s’autorise plus rien», soupire, quelques mètres plus loin, Nisrine, une mère de famille. Son panier vide sous le bras, elle énumère les multiples produits qu’elle a été contrainte d’éliminer de ses courses. «Le chocolat, les biscuits, le beurre, l’alcool», liste cette ingénieure agronome, qui a vu fondre comme neige au soleil son salaire mensuel. «Mon salaire de 2000 dollars n’en vaut plus que 200 à cause de la dévaluation, se lamente cette quadragénaire. On était aisés, on est devenus pauvres.» Les banques et la classe politique corrompue et incompétente sont maudites à longueur de malheurs par les Libanais qui ne voient pas d’horizon au blocage actuel, ni de fond au gouffre dans lequel ils ont été entraînés par cette hydre politico-financière. D’autant que les pays qui soutenaient économiquement le Liban auparavant ne sont plus en mesure de le faire ou n’en ont plus la volonté.
Proche-Orien X Une galette de pain libanais fourrée de sucre ou enduite d’huile d’olive. C’est souvent le seul repas que Fatima peut offrir à ses enfants ces jours-ci. «Même les légumes sont devenus inabordables. Le prix du kilo de tomates a été multiplié par quatre», raconte au téléphone la mère de famille de Tripoli, capita le du L iban-Nord et deuxième ville du pays. «J’ai six enfants en tout, mais j’ai donné les deux aînées en mariage, très jeunes, pour avoir moins de bouches à nourrir. Les quatre enfants qui restent à la maison ont entre 8 et 18 ans.» Il y a moins d’un an encore, la famille vivait décemment avec les revenus du père carreleur que Fatima complétait en faisant des ménages dans les maisons plus aisées. Mais après un accident de travail, le mari n’a pu retrouver «les chantiers qui se sont tous arrêtés, tandis que mes employeurs n’avaient plus les moyens de payer pour des ménages», raconte-t-elle. «Les choses se sont dégradées brutalement, depuis que la révolution a éclaté en octobre et que le dollar a commencé à monter. D’ailleurs, ne vous y trompez pas, c’était dès le départ une révolution de la faim dirigée contre la classe politique pourrie», commente Fatima. Entre l’automne 2019 et le printemps 2020, une série de manifestations ont agité le pays qui commençait alors à sombrer dans la crise économique.
Déconnexion totale Pendant ce temps, le premier ministre libanais, Hassan Diab, réclame un million de dollars à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) dont il était le vice-président avant d’être nommé chef du gouvernement en décembre. La somme exigée dans un recours déposé par Diab auprès du juge des référés représenterait son fonds de retraite et une indemnité de licenciement, alors qu’il a quitté son poste pour prendre sa nouvelle responsabilité. L’information révélée par la presse n’est qu’un exemple de plus pour les Liba-
Puissances étrangères
Manifestation contre les conditions de vie et l’incurie du gouvernement, le 2 juillet à Beyrouth. KEYSTONE
nais de la déconnexion totale entre la population et ses dirigeants. Elle tombe au moment où le gouvernement de Hassan Diab est chargé de sauver le pays d’une crise économicofinancière qui le précipite vers les abîmes. Le gouvernement de technocrates formé en janvier s’était engagé à mener une série de réformes dans un «délai de cent jours». Or, rien de sérieux n’a été mis en œuvre. Le plan de sauvetage élaboré depuis mai par le gouvernement avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide a été bloqué s ou s l a p r e s s ion d e s banques. Celles-ci refusent catégoriquement la restructuration pourtant indispensable préconisée par le plan qui permettrait d’éponger les dettes du pays en puisant dans leurs fonds
«Aujourd’hui, on ne peut plus parler de crise socioéconomique, mais c’est une véritable crise humanitaire» Bujar Hoxha
propres. Elles sont soutenues par des députés et des hommes politiques influents ayant plus intérêt à sauver les banques qu’une population à bout de souffle. «Aujourd’hui, on ne peut plus parler de crise socio-économique, mais c’est une véritable crise humanitaire qui s’est développée au Liban», estime Bujar Hoxha, directeur de Care International au Liban. «Plus de 50% de la population ne peut plus faire face aux besoins essentiels pour se nourrir et n’a plus accès à la santé ni à l’éducation», souligne le responsable de l’ONG. Alors que celle-ci intervenait en priorité auprès des réfugiés syriens et des travailleurs migrants, elle se retrouve «submergée» par l’aide aux Libanais. «Nous distribuons des dizaines de milliers de paniers
alimentaires sans pouvoir répondre aux besoins, car les popu lat ion s v u l né rable s ne cessent d’augmenter», indique Bujar Hoxha. «On a connu plusieurs incidents violents lors de la distribution alimentaire. Nos employés étaient attaqués par des gens qui voulaient s’emparer des denrées», raconte-t-il. La pauvreté provoque une augmentation des vols et de la délinquance, mais aussi du désespoir.
50% dans la pauvreté Les Libanais qui peinent à se nourrir sont bien plus nombreux que les 50% qui vivent sous le seuil de pauvreté. Dans u n s up e r ma r ché de F u r n el-Chebbak, quartier populaire de Beyrouth, l’augmentation incontrôlée des prix crée le désarroi. Debout devant le rayon
Une double pression est exercée sur les dirigeants libanais par les puissances internationales et régionales qui pourraient lui venir en aide. D’abord la mise en œuvre de véritables réformes d’un système corrompu. L’autre exigence, notamment des EtatsUnis et des pays arabes du Golfe, est de réduire l’influence du Hezbollah dans le gouvernement et dans le pays. Une demande à visée géopolitique encore plus irréalisable alors que le mouvement chiite pro-iranien domine le système politique. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a résumé la position de son pays qui «soutenait le Liban tant qu’il mène les bonnes réformes et qu’il n’est pas sous la coupe de l’Iran». Mais «rien ne bouge», s’est alarmé cette semaine le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian en annonçant une prochaine visite à Beyrouth. «Aidez-nous à vous aider, bon sang!» a-t-il imploré en s’adressant aux responsables libanais. © LIBÉRATION
10
LE COURRIER
INTERNATIONAL
LA LIBERTÉ | LUNDI 13 JUILLET 2020
Un tribunal turc a annulé le statut actuel de musée de l’ex-basilique. Le président Erdogan crie victoire
Feu vert à une mosquée à Sainte-Sophie VERONIKA DORMAN
Patrimoine mondial X L’ancienne basilique Sainte-Sophie, à Istanbul, classée au patrimoine mondial par l’Unesco, va redevenir un lieu de culte musulman à la suite de la décision prise par le Conseil d’Etat turc. Pour l’historien Nicolas Kazarian, chercheur associé à l’Iris, spécialiste de géopolitique des religions, en convertissant Sainte-Sophie en mosquée, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, cherche à séduire son électorat tout en défiant l’Occident. Du point de vue du patrimoine de l’humanité, faut-il s’inquiéter de l’avenir de Sainte-Sophie?
Nicolas Kazarian: Le plus inquiétant, c’est le message que ce changement envoie aux minorités religieuses qui vivent en Turquie. Sainte-Sophie, sans attribution religieuse, symbolisait aussi le pluralisme religieux. Si elle redevient une mosquée, qu’est-ce que cela veut dire pour les autres communautés qui vivent aujourd’hui dans le pays, déjà malmenées par le pouvoir en place? Le régime dit aux minorités: «Attention, nous avons la force de vous transformer, de vous convertir.» C’est du reste la leçon des dix dernières années, quand de nombreuses églises orthodoxes ont été transformées en mosquées, comme Sainte-Sophie de Trébizonde (dans le nord-est du pays, ndlr) et d’autres lieux de culte chrétiens.
Quel est le message envoyé par Erdogan quand il décide de transformer un musée inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en mosquée?
Il y a une double problématique. Pour Erdogan, il s’agit d’abord d’une mission de reconquête, à un moment où il se portraitu re com me un sultan tout-puissant, mais il est fragilisé par la crise sanitaire du Covid-19, venue s’ajouter à la crise économique. C’est une manière de reconquérir sa base politique, en mobilisant à travers les symboles identitaires que sont l’islam, la grande histoire de l’Empire ottoman. Ensuite, il y a le rapport de force à l’international. En particulier avec l’Occident, qu’Erdogan provoque et défie avec ce geste. Erdogan dit au monde qu’il fait cavalier seul, les alliances d’hier ne déterminent pas sa politique intérieure, il veut se montrer l’homme fort de la région, au-delà des alliances bilatérales ou multilatérales. Il veut faire preuve d’indépendance. Qu’a symbolisé Sainte-Sophie, Ayasofia de son nom turc, à travers les siècles?
C’est le génie architectural de l’humanité. Edifié au IVe siècle par l’empereur Constantin, qui vient de se convertir, le temple de la «sagesse divine» devient le plus grand lieu de culte du monde pendant plusieurs siècles, un lieu de rencontre, de passage, lié à l’identité de Constantinople en tant que carrefour. C’était le point de départ de l’évangélisation du monde slave.
Une cinquantaine de partisans d’Erdogan se sont rassemblés vendredi devant l’exbasilique pour saluer la décision d’en refaire une mosquée. KEYSTONE
Le fait que ce lieu est privatisé par l’islam aujourd’hui rétrécit sa vocation universelle, bien au-delà du christian i s m e d’a i l l e u r s . L a b a s i l i q ue Sainte-Sophie a été une église jusqu’en 1453, quand les Ottomans ont pris Constantinople, puis une mosquée jusqu’au XXe siècle. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de perdurer à travers l’histoire, échappant au sort de la plupart des édifices chrétiens qui ont été pillés et saccagés à la même époque. Puis elle devient un musée. C’est cet
itinéraire à travers les âges qui lui donne une identité plurielle et en fait un lieu de mémoire pour l’humanité tout entière, au-delà des appartenances religieuses. C’est Atatürk qui transforme la mosquée en musée. Le fait qu’Erdogan rende l’édifice au culte musulman, qu’est-ce que cela dit de l’articulation entre Erdogan et la Turquie du XXe siècle?
C’est la difficulté d’Erdogan de se repenser par rapport à une Turquie
laïque, qui ne l’a jamais vraiment été au sens français du terme. Mustafa Kemal Atatürk a soumis différemment la religion au pouvoir politique. Erdogan, ne se fondant plus sur le paradigme républicain de Kemal, essaie de relire l’histoire de l’Empire ottoman et de sa dimension impériale, d’acteur central de la région. Il s’agit d’une réappropriation d’attributs impériaux, pour poser la Turquie comme une force régionale. © LIBÉRATION
TÉLÉVISION
RTS 1
RTS 2
TF1
FRANCE 2
FRANCE 3
ARTE
M6
6.05 RTS Kids Jeunesse. 9.25 Columbo 8 Série. Ombres et lumières. 11.00 Quel temps fait-il ? 8 Magazine. 11.05 Les feux de l’amour Feuilleton. 11.45 Demain nous appartient 12.15 Plus belle la vie 12.45 Le 12h45 8 13.10 Le jardin des coups de foudre Film TV. Drame. 14.30 Dossiers criminels 15.25 Arabesque 8 16.30 Friends 8 17.20 Inspecteur Barnaby 8 19.00 Couleurs d’été 8 19.30 Le 19h30 8 20.05 Les nouveaux vétérinaires 8
9.00 Forum 9.25 RTS info 8 10.05 Pardonnez-moi 10.30 RTS info 8 11.05 Sport dimanche 8 11.45 RTS info 8 12.45 Couleurs d’été 8 13.05 Le 12h45 8 13.20 RTS info 8 14.10 Mise au point 8 14.45 RTS info 8 15.05 Faló 15.35 RTS info 8 16.05 On a marché sur la Terre 8 17.00 RTS info 8 18.00 Forum 8 19.00 RTS info 19.30 Le 19h30 signé 8 20.00 Résultats du Magic 3, Magic 4 et Banco 20.05 La première année des bébés animaux
6.30 Tfou 8 8.30 Téléshopping 9.20 Petits secrets en famille 8 10.25 Demain nous appartient 8 Feuilleton. 11.00 Les feux de l’amour 8 Feuilleton. 12.00 Les 12 coups de midi 8 13.00 Le 13h 8 13.55 Effroyable belle-mère 8 Film TV. Comédie dramatique. 15.35 Séducteur et… tueur 8 Film TV. Drame. 17.15 Familles nombreuses : la vie en XXL 8 Téléréalité. 18.10 Les plus belles vacances 8 19.10 Demain nous appartient 20.00 Le 20h 8 20.55 Nos chers voisins
9.35 Amour, gloire et beauté 8 9.55 Les cahiers de vacances Lumni 8 10.50 Tout le monde a son mot à dire 8 11.20 Les z’amours 8 11.55 Tout le monde veut prendre sa place 8 13.00 13 heures 13.45 La p’tite librairie 8 Magazine. 13.50 Ça commence aujourd’hui 8 15.10 Je t’aime, etc. 8 Magazine. 16.15 Affaire conclue 8 18.00 Tout le monde a son mot à dire 8 18.35 N’oubliez pas les paroles ! 8 20.00 20 heures 20.45 Un si grand soleil 8
6.00 Okoo 8 Jeunesse. 8.30 Vacances Okoo 8 10.35 Les carnets de Julie 8 11.35 L’info outre-mer 8 11.50 12/13 8 12.55 Météo à la carte 8 Magazine. 13.45 Rex 8 16.10 Des chiffres et des lettres 8 16.40 Personne n’y avait pensé ! 8 17.20 Slam 8 18.00 Questions pour un champion 8 18.40 La p’tite librairie 8 18.50 19/20 8 19.55 Tour de France 8 20.00 Vu 8 20.20 Plus belle la vie 8 20.45 Jouons à la maison 8
10.20 Madagascar, le trafic des tortues angonoka 11.30 Pêcheurs d’aujourd’hui : Nouvelle-Calédonie 12.15 Pêcheurs d’aujourd’hui : Thaïlande 12.50 Arte journal 13.00 Le ventre de Florence 13.35 Le comte de MonteCristo : La trahison Film. Aventures. 15.15 Le comte de MonteCristo : La vengeance Film. Aventures. 16.40 Invitation au voyage 8 17.40 Jardins d’ici et d’ailleurs 8 18.10 Les îles de Sa Majesté Série doc. Skye. - Anglesey. 19.45 Arte journal 20.05 28 minutes Magazine. 20.50 La minute vieille 8
6.00 M6 Music 6.05 Totally Frank 7.05 Reign : le destin d’une reine 8.45 M6 boutique 10.00 Once Upon a Time Série. 3 épisodes. 12.45 Le 12.45 13.30 En famille 13.45 En route vers le mariage : le retour de mon ex Film TV. 15.45 Incroyables transformations 16.30 Les reines du shopping Jeu. Chic avec de la transparence. -Spéciale mèrefille : élégante pour un cocktail en plein air. 18.40 Chasseurs d’appart’ 19.45 Le 19.45 20.25 En famille
21.00 FILM
21.05 SÉRIE
21.05 SÉRIE
21.05 FILM
20.55 FILM
21.05 FILM
IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION
20.45 FILM
À FOND
L’EFFRONTÉE
CAMPING PARADIS
MALLORCA
LE PROFESSIONNEL
Film. Comédie. Fra. 2016. Réa lisation : N. Benamou. 1h31. Avec José Garcia. Sur la route, une famille fait face au dérèglement du régulateur de vitesse de la voiture.
Film. Comédie dramatique. Fra. 1985. Réalisation : Claude Miller. 1h40. Avec Charlotte Gainsbourg. La vie d’une adolescente de treize ans mal dans sa peau.
Série. Comédie. Fra. 2018. Saison 10. Avec L. Ournac. Réunions de familles (1 et 2/2). Deux frères, très proches dans l’enfance, appréhendent de se retrouver au camping.
Série. Policière. GB. 2019. Saison 1. Avec Elen Rhys. 2 épisodes. Inédits. des preuves indiquent qu’un homme recherché pour meurtre est revenu sur l’île.
Film. Policier. Fra. 1981. Réalisation : Georges Lautner. 1h45. Avec Jean-Paul Belmondo. Lâché par ses supérieurs, un agent secret revient en France pour se venger.
Film. Western. Ital. 1972. VM. Réalisation : Sergio Leone. 2h32. Avec James Coburn, Rod Steiger, Romolo Valli, Rick Battaglia.
22.15 Passengers 8 Film. Science-fiction. EU. 2016. VM. Réalisation : Morten Tyldum. 1h56. Avec Jennifer Lawrence, Chris Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne. Jim et Aurora se retrouvent condamnés à vivre le reste de leur existence à bord d’un vaisseau spatial. 0.10 The Americans 1.50 Couleurs d’été 8
22.25 Zap RTS sport 22.40 La piscine Film. Drame. Fra-Ital. 1969. Réalisation : Jacques Deray. 2h00. Avec Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet. Jean-Paul et Marianne se prélassent dans leur villa tropézienne quand survient l’ex-amant de Marianne. 0.40 Couleurs d’été 8 0.55 Le 19h30 signé 8
23.05 Camping Paradis Série. Comédie. Fra. 2019. Saison 11. Avec Laurent Ournac, Patrick Guérineau. Ma vie est belle (1 et 2/2). Le jour de son anniversaire, Tom, déprimé après avoir fait le bilan de sa vie, est piqué par une guêpe. 0.50 New York, unité spéciale 8 Série. 2 épisodes.
22.40 Meurtres au paradis 8 Série. Policière. GB. 2016. Saison 5. Avec Kris Marshall, Danny John-Jules, Tobi Bakare. Message d’outre-tombe. Dwayne assiste aux funérailles de son mentor, décédé de mort naturelle selon le médecin légiste. 23.40 Meurtres au paradis 8 Série. Jeux d’énigmes. Un meurtre au menu.
22.30 Il était une fois en Amérique 8 Film. Drame. EU. 1983. Réalisation : Sergio Leone. 3h40. Avec Robert De Niro, James Woods, Treat Williams. Un vieux gangster rentre à New York des années après avoir dénoncé des amis qui préparaient un hold-up. 2.35 L’inconnue du Magreb 8 Documentaire.
23.25 Good Night and Good Luck Film. Drame. EU. 2006. VM. NB. Réalisation : George Clooney. 1h35. Avec David Strathairin, George Clooney. Comment, dans les années 50, deux hommes contribuèrent à la chute du sénateur Joseph McCarthy. 0.55 Ma voix t’accompagnera 2.20 Côté cœur 8
DADDY COOL Film. Comédie. Fra. 2017. Réal. : M. Govare. 1h37. Avec V. Elbaz. Un homme immature et sans emploi se lance dans la crèche à domicile, au grand désarroi de sa compagne. 22.50 En famille Série. Comédie. Fra. 2019. Avec Yves Pignot, Marie Vincent, Jeanne Savary. Vacances en Bretagne (1/2). Cela faisait quelques années que les Le Kervelec n’étaient pas partis tous ensemble en Bretagne. 23.45 En famille Série. Vacances en Bretagne (2/2). - La zizanie.
LE COURRIER
CONVOIS FUNÈBRES Lundi 13 juillet GENÈVE
Mia Bureau, cérémonie au centre funéraire de Saint-Georges à 15h45.
Mardi 14 juillet GENÈVE
en l’église Saint-Pie X à Balexert, à 14h30.
Samedi 18 juillet NEUCHÂTEL
Maxime Chappuis, cérémonie en PUBLICITÉ
ÉVÈNEMENTS GENÈVE «THÉIÈRES EN GOGUETTE». Exposition temporaire. Jusqu’au 13 sept. Naissance et évolution d’un art de vivre. Cf. http://institutions.ville-geneve. ch/fr/ariana/ «MEISSEN - FOLIES DE PORCELAINE». Du 7 fév. au 6 sept. Trésors dévoilés de collections suisses. TOTEM ANIMAL. Jusqu’à fin août. Musée Ariana, avenue de la Paix, Genève
LES «BARBUS MÜLLER». Leur énigmatique sculpteur enfin démasqué. Du 4 mars au 27 sept. Ouvert 365 jours par an de 11h à 17h. Musée Barbier-Mueller, rue Calvin
Administration et rédaction à Genève: 3, rue de la Truite, Case postale 112, 1211 Genève 8 Réd. 022 809 55 66 fax: 022 329 42 74 Adm. 022 809 55 55 Bureau vaudois: 1, place Grand Saint-Jean, CP 6772, 1002 Lausanne Réd. 021 683 08 85 fax: 021 683 08 86 www.lecourrier.ch Abonnements: abo@lecourrier.ch Rédaction: redaction@lecourrier.ch Courrier lecteurs: lecteurs@lecourrier.ch Corédacteurs en chef ad interim: Philippe Bach, Benito Perez. Directrice administrative: Eva Fernandez. Genève: Rachad Armanios (responsable), Christiane Pasteur, Mohamed Musadak, Maude Jaquet, Gustavo Kuhn. Vaud: Selver Kabacalman, Sophie Dupont, Raphaël Besson. Neuchâtel: Julie Jeannet. Solidarité: Benito Perez (responsable), Sergio Ferrari, Christophe Koessler. Suisse: Philippe Bach, Laura Drompt. Religions, Egalité: Dominique Hartmann. Culture: Samuel Schellenberg (responsable), Anne Pitteloud, Roderic Mounir, Mathieu Loewer, Cécile Dalla Torre. Contrechamp et Regards: Corinne Aublanc. Photographe: Jean-Patrick Di Silvestro Edition, images: Jean-Luc Planté (responsable), Laurent Héritier, Jérôme Rivollet, Jérôme Massard, Alexandre Smirnov. Montage, graphisme: Franklin Wicht
MOTS CROISÉS
AGENDA CULTURE
l’église Chaindon, à 13h.
Gilda Panetti née Mafera, décédée à 97 ans, cérémonie en l’Eglise Sainte-Thérèse à 10h. Louis Emmenegger, messe de sépulture
11
MÉMENTO
LUNDI 13 JUILLET 2020
(responsable), Jérôme Massard, Mélanie Zufferey. Secrétaire de la rédaction: Marc-Olivier Parlatano. Lecteurs: Marilisa Copetti. Editeur: Nouvelle Association du Courrier (NAC), Genève. Président ad interim: Marco Gregori. Collaboration rédactionnelle avec La Liberté, Le Monde diplomatique, Reporterre et WochenZeitung. Collaboration avec La Liberté Rédacteur en chef: Serge Gumy. Abonnements: Papier: 409.- / Abo Combi: 299.- / Web: 229.- / Week-end: 159.- / Essai Papier 2 mois: 39.Dons: CCP 12-1254-9 Publicité: pub@lecourrier.ch 022 809.52.32 Délai de remise des annonces: Edition du lundi: jeudi à 9h. 3 jours ouvrables avant parution. Avis mortuaires: mortuaires@lecourrier.ch Avis de naissances: naissances@lecourrier. ch Avant 12h pour parution le lendemain LE COURRIER-publicité en semaine: pub@lecourrier.ch fax: 022 809 55 67 week-end: poly@lecourrier.ch fax: 022 329 42 74 Imprimeur: Imprimerie Atar Roto Presse, Genève. Tirage contrôlé REMP 2018: 7014. Le Courrier compte près de 20 000 lecteurs et paraît le vendredi à environ 10 000 exemplaires.
Faites découvrir le journal qui vous va bien ! Offrez un essai web à l’un de vos proches Maintenant, penser «le jour d’après» avec Le Courrier. Rendez-vous sur www.lecourrier.ch/boutique et commandez un parrainage essai web en n’oubliant pas de mettre le nom, le prénom, l’email et le numéro de téléphone de votre filleul·e dans la case des infos complémentaires. Nous nous chargerons de créer son accès web et de l’avertir.
OLIVIER MOSSET. Jusqu’au 6 déc. FRANZ MON, «TRACES D’ARTICULATIONS». Jusqu’au 30 août. Musée réouvert depuis le 16 mai. Le MAMCO adapte temporairement son offre. Les horaires seront évolutifs au fil des mois. Possibilité de visites matinales les jeudis de 10 à 12h destinées aux personnes vulnérables. Sur réservation, des visites guidées avec audiophones sont disponibles en français ou en anglais. KRISTIN OPPENHEIM. Jusqu’au 20 déc. «L’APPARTEMENT». Expo permanente. MAMCO, Musée d’art moderne et contemporain, 10, rue des Vieux-Grenadiers, www.mamco.ch
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE. Le MAH réouvert depuis le 21 mai, à l’exception de la salle d’archéologie régionale et de la salle 2-15 qui restent fermées en raison de travaux et de montages. «Gilbert Albert. Joaillier de la nature», dès le 9 juillet au Musée d’art et d’histoire «Fred Boissonnas. Une odyssée photographique» dès le 25 sept. au Musée Rath. «L’eau-forte est à la mode» 1840-1910, dès le 13 sept, au Cabinet d’arts graphiques du MAH. La Bibliothèque d’art et d’archéologie réouverte depuis le 25 mai 2020. Le restaurant Le Barocco réouvert depuis le 26 mai. La Maison Tavel ouvre le 16 juin, après finalisation des travaux d’électricité. Cf. http://institutions.ville-geneve.ch/fr/ mah/mah-geneve/infos-pratiques/ bonretourcheznous/ MAH Musée d’art et d’histoire de Genève, rue Charles-Galland
MUSÉE D’ETHNOGRAPHIE. Réouverture depuis le 21 mai, selon les prescriptions https://www.ville-ge.ch/ meg/expo01_securite.php. Exposition temporaire «Jean Dubuffet - un barbare en Europe» repoussée au mois de septembre. Les visites commentées ainsi que les rendez-vous publics sont suspendus jusqu’à nouvel avis. L’offre de médiation publique et privée actualisée sera annoncée sur ce site. Bibliothèque Marie Madeleine Lancoux La bibliothèque du MEG rouvre le vendredi 22 mai selon les horaires habituels : mardi-vendredi, 11h-18h. Le Café du MEG. Réouvert depuis 11/5. Dès le 21 mai (réouverture du MEG), retour aux horaires normaux, soit du mardi au dimanche de 9h30 à 18h MEG - Musée d’ethnographie de la Ville de Genève, boulevard Carl-Vogt, https://www. ville-ge.ch/meg
MUSÉE INTERNATIONAL DE LA RÉFORME, Le MIR est ouvert depuis le 12 mai. Horaires: du ma au di 10h-17h. «Découvrir la Réforme de 1517 à nos jours». «SILENCE, ON PRÊCHE !», Exposition temporaire. Cinq robes pastorales créées par Albertine. Huit figures de pasteurs au cinéma. Jusqu’au 30 août. MIR, Musée international de la Réforme, 4, rue du Cloître, Genève, 022 310 24 31
VAUD MUSÉE DE L’ELYSÉE. Du ma au di 11h-18h. Entrée libre. Le musée reste ouvert aux heures habituelles, le Café Elise et la librairie sont fermés. Visites guidées et événements annulés jusqu’à nouvel ordre. Evénement de clôture du 25 au 27 sept. Lausanne, Musée de l’Elysée, 18, avenue de l’Elysée, www.elysee.ch
NEUCHÂTEL MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Musée à nouveau ouvert. - Horaire: Du ma au di 10h-17h. Entrée libre di de 10h à 12h. «KIKI KOGELNIK. LES CYBORGS NE SONT PAS RESPECTUEUSES», Exposition temporaire. Prolongation jusqu’au 20 sept. «MATHIAS PFUND. LAUGHING STOCK», Exposition temporaire. Carte blanche à Mathias Pfund. Prolongation jusqu’au 20 sept Biennale d’art contemporain reportée à juin 2021. La Chaux-de-Fonds, Musée des beaux-arts, https://www.chaux-de-fonds.ch/musees/mba
MEN - MUSÉE D’ETHNOGRAPHIE DE NEUCHÂTEL, Réouvert depuis 12 mai. «LE MAL DU VOYAGE - PRATIQUES ET IMAGINAIRES TOURISTIQUES». Exposition temporaire. Jusqu’au 29 nov. Ouvert du ma au di de 10h à 17h y compris durant les jours fériés. Fermé le lundi. Entrée libre le mercredi. Neuchâtel, MEN Musée d’ethnographie, rue Saint-Nicolas, https://www.men.ch/fr/ infos-pratiques/horaires/
«CELTES - UN MILLÉNAIRE D’IMAGES». Exposition temporaire depuis le 29 mars. «HIER - ENTRE MÉDITERRANÉE ET MER DU NORD». Exposition permanente. De 10h à 17h du ma au di. Fermé lundi. Parc archéologique en accès libre. Laténium, Hauterive, https://latenium.ch/, espace Paul Vouga, Hauterive, 032 889 69 17
JURA, BIENNE, JURA (BE) JEAN-RENÉ MOESCHLER, PEINTURE, Exposition prolongée jusqu’au 29 août. Le Musée ne peut accueillir simultanément que 21 personnes max. Les différents événements (visites guidées, ateliers, performances, etc.) sont ajournés jusqu’à nouvel avis. ENTRE FEMMES, Exposition temporaire, jusqu’au 15 nov. Horaire me: 16h-20h. Je-di : 14h-18h. Moutier, Musée jurassien des Arts, rue Centrale, https://www.musee-moutier.ch/
«LIONEL O’RADIGUET, UN DRUIDE BRETON À SAINT-URSANNE», Exposition temporaire, jusqu’au 10 janvier 2021. Le programme des activités est suspendu jusqu’aux prochaines décisions du Conseil fédéral. Du ma au ve: 14h-17h. Sa et di 11h-18h. Pour écoles et groupes, accueil possible en dehors des heures d’ouverture, sur demande. Fêtes de fin d’année: fermeture les 24, 25 et 31 déc. & 1er janvier. Delémont, rue du 23-Juin, 52, www.mjah.ch
1
2
3
N° 4410 4
5
6
7
8
9
10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 HORIZONTALEMENT 1. Française en finale à Roland-Garros. 2. L’einsteinium. Manquas d’adhérence. 3. Relatif aux ânes. Affaires régionales. 4. Progresse à la force du poignet. Châtaigne d’eau. 5. Glisses en frottant. Ascendant taureau. 6. Vaste volcan japonais en activité. Courant en littérature. 7. Ecriraient leurs appréciations. 8. Moyens de communication branchés. Dessert la banlieue parisienne. 9. Ville de Sicile. Personnel. A voir non loin de La Rochelle. 10. Pas encore convaincues. VERTICALEMENT 1. Rectifier la position. 2. Relevé par le chef. 3. En mauvais état de marche. 4. Technique demandant de la retenue. Placé en soutien. 5. Un autre nom pour le capucin. Sporange. 6. Virage en haut lieu. Piège en eaux troubles. 7. Economiste et président italien. Avant la date. 8. Numéro sans précédent. Inventer de toutes pièces. 9. Fumé, salé et séché pour une bonne conservation. Essence africaine de bonne qualité. 10. Se balance au-dessus de l’étal. Lieux de rencontre chaleureux.
VALAIS
SOLUTIONS DU N° 4409
«REGARDER LE PAYSAGE À TRAVERS LA COLLECTION DU MUSÉE», Exposition permanente. BADEL/SARBACH «LITTLE SUN BACK HERE» - PRIX MANOR 2019, Exposition temporaire. Jusqu’au 8 nov. Prix Manor 2019. Octobre à mai: ma-di 11h-17h et de juin à sept.: ma-di 11h-18h.
HORIZONTALEMENT X 1. Répétition. 2. Evadés. Cie. 3. Finir. Banc. 4. Etêtera. Té. 5. Ré. Osera. 6. Ere. Aar. SS. 7. Nais. Lésai. 8. Digérer. Ut. 9. Utérus. Eve. 10. Réserver. VERTICALEMENT X 1. Référendum. 2. Eviterait. 3. Pané. Eiger. 4. Edito. Séré. 5. Teresa. Rus. 6. Is. Réalèse. 7. Barrer. 8. Ica. EV. 9. Oint. Sauvé. 10. Nécessiter.
Sion, place de la Majorie, https://www. musees-valais.ch/musee-dart/expositions.html
«CHEFS-D’OEUVRE SUISSES». Exposition temporaire. Prolongation jusqu’au 22 nov. (9h-19h). - Un panorama des chefs-d’œuvre de la peinture suisse, Alexandre Calame, Giovanni Segantini, Robert Zünd, Félix Vallotton, Giovanni Giacometti, Ernest Biéler, Adolf Dietrich, Cuno Amiet etc. - Prochaines visites commentées annulées jusqu’à nouvel avis. Martigny, rue du Forum 59, Fondation Gianadda, https://www.gianadda.ch, (0)27 722 39 78
«LES GOS - UNE MONTAGNE EN HÉRITAGE». Exposition. Du 26 juin au 16 janvier 2021. Lu-sa 13h-18h, je 10h-18h. Médiathèque Valais Martigny, 15 avenue de la Gare, www.mediatheque.ch
MUSIQUES GENÈVE FESTIVAL INTERNATIONAL, ORGUE. Jusqu’au 26 sept. Programme détaillé www.concerts-cathedrale.com. Nbre de places limité (raisons sanitaires). Fermeture des portes au début du concert. Entrée libre, collecte. Autres concerts: Festival Louis Vierne du 4 au 11 oct., concert de l’Avent di 20 nov. 17h, Oratorio de Noël di 20 déc. 17h. Les samedis à 17h, carillon. 11, 18 et 25 juillet, 1er août, 8, 15, 22 et 29 août. Les samedis à 18h, orgue. Sa 20, 27 juin, 11 juillet, 18 et 25 juillet, 1er août, 8, 15, 22 et 29 août, 5 sept., 12 et 19 sept. Mercredi 23 sept. examens publics de master d’orgue HEM à 14h, 15h et 16h. Cathédrale Saint-Pierre, Genève
«MUSICOBUS» DE L’ENSEMBLE ÉOLE. Du 1er juillet au 21 août. Du 1er au 12 juillet: les Matinées Musicales du MusicoBus au parc La Grange à 10h30, côté route de quintette à vent. 8.7.: «Sous les tropiques», musique latino-américaine. 9.7.: déambulations musicales. 10.7.: «La Flûte enchantée» à découvrir ou à redécouvrir. 12.7.: en piste, musique et roue Cyr. www.ensemble-eole.com
JURA, BIENNE, JURA BERNOIS CONCERTS DU DIMANCHE. Trois dimanches consécutifs à 16h, di 28 juin, 5 et 12 juillet. Di 12 juillet, Crazy Pony, Léa Rovero et Frank Powlesland, mélodies de banjo. Saignelégier, Café du Soleil
MÉTÉO Suisse romande et le Valais Situation générale La situation reste encore anticyclonique aujourd’hui, puis l’atmosphère se déstabilisera à l’avant d’une perturbation attendue pour vendredi soir. Dès samedi, les pressions seront à nouveau à la hausse, dans une ambiance rafraîchie. Lundi En général ensoleillé. Quelques cumulus l’après-midi dans les Alpes. Maximum 27°. Mardi En général ensoleillé. Quelques cumulus l’après-midi dans les Alpes. Maximum 29°. Indice de confiance modéré, 4 sur 10. Mercredi En général ensoleillé et chaud. En fin de journée, faible tendance orageuse dans les Alpes. Jeudi En général ensoleillé et chaud. En fin de journée, faible tendance orageuse dans les Alpes.
Suisse alémanique, le Nord et Centre des Grisons Lundi En général ensoleillé. Quelques cumulus l’après-midi en montagne. Maximum 26°. Mardi Assez ensoleillé. L’après-midi, développement de cumulus en montagne et quelques averses ou orages pas exclus. Maximum 27°. Indice de confiance modéré, 4 sur 10. Mercredi Probablement assez ensoleillé et chaud. En seconde partie de journée, quelques averses ou orages possibles, notamment en montagne. Jeudi Probablement assez ensoleillé et très chaud.
Sud des Alpes et Engadine Lundi Assez ensoleillé. Maximum 28°. Mardi Assez ensoleillé. Maximum, 29°. Indice de confiance modéré, 4 sur 10. Mercredi Assez ensoleillé. Orages possibles en soirée. Jeudi Assez ensoleillé. Orages possibles en soirée. météosuisse
APPELS D’URGENCE Service du feu Police secours Urgences sanitaires, ambulances La Main tendue (24h24) sos enfants
118 117 144 143 147
GENÈVE Pharmacie Pharma24, 38 boulevard de la Cluse, HUG , 022 808 00 18 Médecine: 022 372 33 11 ou 022 382 33 11. Hôpital cantonal, Rue Micheli-du-Crest 24, 24h24 SOS Médecins à domicile: 022 748 49 50. 24h24, SOS Infirmières: 022 420 24 64. 24h24
Maternité: 022 382 42 36, (Obstétrique/accouchements) 022 382 68 16 (Gynécologie) Bd de la Cluse 32. 24h24
Pédiatrie: 022 382 45 55 , Hôpital des enfants, rue Willi-Donzé 6 24h24 Lu-ve de 18h à 24h, week-end et jours fériés de 08h à 24h (téléphone obligatoire): 022 305 04 58 ,Clinique des Grangettes, ch. des Grangettes 7, Chêne-Bougeries 022 719 61 00, Hôpital de la Tour, av. J.-D. Maillard 3, Meyrin
12
LE COURRIER
ÉGALITÉ
LA LIBERTÉ | LUNDI 13 JUILLET 2020
L’enquête de Jean-Claude Kaufmann débusque chez les femmes beaucoup de relations non consenties
Sexualité conjugale: l’envers du décor VÉRONIQUE CHÂTEL
Comme vous l’écrivez, si les hommes étaient attentifs au langage non verbal de leur partenaire, ils pourraient comprendre quand leur corps dit «non».
Sociologie X Si l’on en juge par les articles «sexo» régulièrement publiés dans la presse magazine, en particulier féminine, c’est la routine qui serait l’ennemi de l’intimité conjugale. Pour vivre une sexualité harmonieuse au long cours, il suffirait d’élargir son répertoire de positions et de s’équiper d’accessoires coquins. Et si c’était plus compliqué que cela? Le sociologue JeanClaude Kaufmann, observateur du couple depuis quelques décennies (en témoignent les titres de ses enquêtes passées Premier matin: comment naît une histoire d’amour, Agacements. Petites guerres du couple, Un lit pour deux, etc.), s’est lancé dans l’exploration de cette zone grise du couple: son intimité sexuelle. Ses conclusions pointent un non- dit difficilement imaginable dans notre société où les couples convolent généralement après avoir testé leur compatibilité sexuelle: une inégalité dans le désir et beaucoup de relations non consenties du côté des femmes.
Le problème est justement que les hommes ne le sont pas toujours, attentifs. J’ai bien dû me rendre à l’évidence que certains initient des relations sexuelles avec leur compagne non pas par désir d’elle mais pour assouvir une pulsion sexuelle. Alors ils se servent du corps de leur partenaire comme d’un contenant masturbatoire. Il y a aussi des hom me s qu i i nt er prèt ent mal le langage non verbal. Il ne faut pas oublier que nous sommes encore, femmes et hommes du XXIe siècle, empêtrés dans des codes amoureux ancestraux où la tactique de l’homme est de forcer les défenses de la femme et celle de la femme de résister ou de faire semblant de résister. Résultat: beaucoup de femmes se plaignent de petites attaques nocturnes. Autrement dit, de la main baladeuse de leur conjoint qui se pose sur leur corps durant leur sommeil et qui insiste sur leurs parties génitales alors même que leur corps signifie, par un mouvement de rotation par exemple, qu’il ne se trouve pas dans les mêmes dispositions.
Pourquoi avez-vous l’impression d’avoir levé un tabou?
Jean-Claude Kaufmann: J’ai recueilli la plupart des témoignages qui ont nourri mon enquête via mon blog et par échange de courrier électronique. Pour autant, de nombreuses personnes n’ont pas souhaité que je publie leur témoignage: elles avaient honte de raconter une sex ualité conjugale qui ne ressemble pas à celle qui transparaît dans les médias en général. La parole sur la sexualité s’est libérée dans la société, mais elle porte sur la technique, la fréquence. Jamais sur les inégalités face au désir et les violences que cela produit.
Si les femmes associent la main baladeuse de leur conjoint sur le corps à une petite attaque nocturne, n’est-ce pas parce que cette main ne promet rien d’agréable? N’y a-t-il pas derrière le non-désir un manque de jouissance dans la sexualité féminine?
Oui, bien sûr. Pour beaucoup d’hommes, sexualité égale pénétration, ce qui n’est pas le plus sûr moyen de faire jouir une femme. Une récente enquête a cependant montré que les hommes étaient plus favorables aux préliminaires que les femmes. Ayant recueilli plusieurs témoignages de femmes déclarant simuler le plaisir pour que l’acte sexuel se termine rapidement, j’ai interprété ce résultat comme la preuve que beaucoup de femmes préféraient se passer des préliminaires pour se débarrasser au plus vite de ce qu’elles considèrent comme une corvée.
Pourquoi cette parole ne s’exprime-t-elle pas?
Avoir moins envie de faire l’amour que leur conjoint relève souvent pour les femmes d’une faillite personnelle. Seraient-elles frigides? Anorma le s? Pa s aussi l ibéré e s sexuellement qu’elles l’imaginent? Alors elles se forcent à accepter des relations sexuelles dont elles n’ont pas envie et quand cela se répète, elles s’enferment dans une sexualité sans désir ni plaisir. Pourquoi la notion de consentement n’est-elle pas entrée dans la chambre à coucher conjugale?
Je me suis aperçu au cours de cette enquête que beaucoup de femmes font l’amour avec leur compagnon parce qu’elles l’aiment. Elles lui offrent leur corps pour lui faire plaisir. Elles ne lui disent pas «non pas ce soir» par souci de ne pas le blesser ou le frustrer et par peur qu’il aille voir ailleurs. Et puis, la plupart des femmes associent la contrainte sexuelle et le viol à une agression dans un parking par un inconnu, pas à une relation sexuelle avec leur conjoint dans le lit conjugal.
L’expression du non-consentement des femmes à une relation sexuelle est donc capitale non seulement pour se prémunir contre les violences sexuelles
Curieusement, selon Jean-Claude Kaufmann, il est plus facile pour les femmes d’exprimer un refus à un homme étranger qu’à leur partenaire au long cours. NEONBRAND/UNSPLASH
LA SEXUALITÉ CONJUGALE À L’ÉPREUVE DU CONFINEMENT Cela a été l’une des craintes du confinement: une recrudescence de la violence conjugale. Des dispositions ont d’ailleurs été prises pour la prévenir: numéros d’appel gratuits, messages de prévention, etc. A l’heure du déconfinement, il semble que les dépôts de plainte pour violences conjugales, comprendre coups et blessures, aient moins augmenté que les procédures de divorce. Combien de cas de violence sexuelle dans ces envies de divorcer? Mystère… Enfin pas tout
à fait. Une étude de 2002, Intimités piégées. La violence conjugale en Suisse*, montrait que seules trois Suissesses sur trente interrogées reconnaissaient ne pas rencontrer de problèmes ou de violences sexuelles avec leur mari ou leur compagnon. Les autres, en revanche, déclaraient avoir subi soit un viol, soit avoir dû entretenir des rapports sexuels ou des actes de nature sexuelle alors qu’elles n’en avaient pas envie, soit encore avoir subi des pressions ou des attitudes de rejet. Sa-
chant que depuis cette étude, il y a eu la vague #Me Too et une prise de conscience féministe, il n’est pas absurde d’imaginer qu’après un mois et demi de confinement à la maison, les femmes victimes de violence sexuelle au sein de leur couple aient eu envie de balancer…leur alliance. VC * Jacqueline de Puy, Lucienne Gillioz, Véronique Ducret, Intimités piégées. La violence conjugale en Suisse, Ed. Les Nouvelles Questions féministes 2002/1 (Vol. 21).
mais aussi pour éviter de se piéger dans une forme de frigidité. C’est ce que vous dites?
Exactement. Il est essentiel que la question du consentement soit présente dans un couple. Prendre l’habitude de se forcer et de simuler un orgasme pour faire plaisir à son conjoint aimé, c’est s’enfermer dans une sexualité faussée. Comment expliquer à son partenaire rétroactivement qu’il a été trompé? Que tel mouvement du corps ne signifiait pas un consentement ou que tel gémissement ne traduisait pas du plaisir?
«Si les corvées domestiques étaient davantage partagées dans le couple, le désir le serait aussi!» Jean-Claude Kaufmann
Comment parler de cela dans le couple établi?
Curieusement, il est plus facile pour les femmes d’exprimer un refus à un homme étranger qu’à leur partenaire au long cours. Les femmes doivent sortir de leur silence. Pourquoi ne pas s’appuyer sur la vague #Me Too pour évoquer ce qu’elles aussi vivent au sein de leur couple? Quant aux hommes, ils doivent être plus attentifs au corps de leur compagne et réaliser en quoi leur désir peut être vécu comme harcelant et agressif. Je pense que les couples devraient développer des espaces de partage où le désir peut s’épanouir: une discussion autour d’un apéritif, une danse… J’aimerais faire remarquer aussi qu’il y a un lien entre non-désir sexuel et charge mentale. Quand vous avez la tête pleine, vous avez la migraine et pas envie ce soir! Bref, si les corvées domestiques étaient davantage partagées dans le couple, le désir le serait aussi! I