le Mag’ fr@ncophone
Automne 2019
Numéro 12
LANGUE l ART & CULTURE l PROFESSIONNEL
PUBLICATION MADE IN FRANCE
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l’Édito Automne
2019. Douzième numéro du Mag’ fr@ncophone. Fil rouge : le sport ! Le sport est aujourd’hui au cœur de nos sociétés. À la fois un lieu d’apprentissage et une école de vie, le sport offre une opportunité à chacun de vivre des moments exceptionnels de partage et de convivialité, devenant ainsi un élément à part entière de notre culture. C’est évidemment depuis un angle francophone que nous avons abordé ce thème du sport, le déclinant dans chacune des trois rubriques de ce magazine : Art et Culture, Professionnel et Langue. Vous ne voulez rien manquer de notre actualité ? Abonnez-vous à nos publications sur notre site, www.madeinfrance-usa.org, afin d’être toujours informé. Nous vous souhaitons une excellente lecture. Vive le sport ! Sylvie Joseph-Julien Co-fondatrice et Directrice Made in France
Crédit photos couverture, pages 2-3 : Sylvie Joseph-Julien 4
Nouvelle mascotte bleu-blanc-rouge de Made in France ! EIFFEL, ainsi baptisée par les jeunes de la French Culture Academy, était en balade à Paris cet été, ici au Louvre et au Palais Royal (en couverture). Elle suivra désormais l’actualité de l’association. Reine des selfies, elle apparaitra dorénavant sur toutes nos photos, ou presque...
Nouveaux lieux ! Les activités de Made in France se multiplient, ainsi que les lieux où elles s’organisent. Aux États-Unis, retrouvez-nous à FISW et Sambica à Bellevue, Pacific Cascade Middle School à Issaquah et la Parisienne à Seattle. Et en France, nous sommes sur Paris, Noisy le Grand ou Gournay-sur-Marne. Merci de vérifier le lieu où sont organisés nos événements avant de vous y rendre...
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Contributeurs Madeleine
CossonFlanagan, spécialiste en interculturalité et Français Langue Etrangère (FLE), est docteure en ethnologie et sociologie comparative, ingénieure pédagogique et formatrice labellisée TV5 Monde. Sa carrière continue à se dérouler à l’international. Après l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est, elle habite désormais entre les États-Unis et la France, soutenant et participant avec enthousiasme à divers projets liés à la francophonie, et notamment au Mag’ fr@ncophone.
Caroline
Perrier. Du Mont Blanc au Mont Rainier il n’y a qu’un pas (ou presque !) qu’elle a franchi en septembre 2018 avec son mari et sa troisième fille, Flore Devernay, en 4ème à la French American School of Puget Sound. Quitter ses deux filles aînées, la belle région de Grenoble et la salle de classe où elle enseignait l’Histoire-Géographie depuis de nombreuses années était un pari ! Pari réussi ! La découverte du Pacific Northwest a été une belle surprise. Surprenante aussi la vitalité culturelle de la communauté française de la région qui, à l’image de Made in France et du Mag’ fr@ncophone, œuvre pour le rayonnement de la langue et de la culture française loin de notre hexagone natal.
Sylvie Joseph-Julien est co-fondatrice et directrice de Made in France. Après une carrière d’une douzaine d’années en ressources humaines à Paris, Sylvie a combiné sa passion pour les arts et la culture avec son esprit d'entrepreneur et a créé la structure Atelier d'Ichère (aujourd’hui Made in France) — lieu de promotion de la langue française et de la culture francophone, d'abord en France, puis aux ÉtatsUnis. Conteuse au sein de monuments français de renommée mondiale, comme le musée du Louvre, la Tour Eiffel, ou au palais Garnier, Sylvie est également une artiste accomplie et une « femme de la Renaissance » moderne, construisant des ponts éducatifs et inspirants à la fois entre les cultures, les langues et les générations.
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Annie Joly. Après 12
années passées à Paris au sein d’une compagnie d’assurance exclusivement dédiée à l’aérien et au spatial, Annie a décidé de réaliser un rêve qui lui avait toujours tenu à cœur : vivre aux ÉtatsUnis où elle est arrivée il y a bientôt 6 ans. Annie a d’abord été enseignante remplaçante tous niveaux à la French Immersion School of Washington pendant 18 mois. Depuis 2015 elle travaille au King Country Library System (KCLS) en tant que chargée de projets pour les travaux à réaliser dans les 50 bibliothèques du comté. Elle propose également des tutorats de français car elle aime partager son amour de la langue française.
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Julie Luc Di Salvo a rejoint l'équipe de
Ève de Crémiers est
arrivée à Seattle en 2016, après avoir décidé de laisser un temps de côté sa carrière marketing dans la grande consommation pour suivre son mari et tenter l'aventure américaine en famille. Passionnée de voyages et de rencontres, elle aime partir à la recherche de profils professionnels atypiques pour le Mag' fr@ncophone et mettre en lumière les choix audacieux de ceux qui conjugent le multiculturalisme au quotidien.
Made in France à son arrivée à Seattle en 2017 afin de mettre à profit son expérience dans le domaine de la communication, dans un contexte artistique et culturel qui la passionne. Elle a débuté sa carrière à Paris, au sein de diverses agences de communication spécialisées en relations publiques. Elle a ensuite rejoint le groupe d'audit et de conseil Mazars, en tant que responsable des relations presse tout d'abord, puis des projets de mécénat culturel. Julie a poursuivi sa carrière à Bruxelles, dans l'événementiel, au sein de la société GLM (du nom de Guendalina Litta Modignani, décoratrice italienne réputée, spécialisée dans l'organisation d'évènements de prestige à travers l'Europe), puis au poste de responsable de la communication du Cercle Royal Gaulois, l'un des plus anciens clubs privés de Belgique ayant pour vocation de constituer un lieu de rencontres intellectuel, artistique et littéraire.
Pénélope Smith a rejoint le comité directeur de Made
in France en juin 2017, d’abord en qualité de viceprésidente. Elle en est aujourd’hui la présidente. Née aux États-Unis de parents français, Pénélope a grandi en France et aux États-Unis (citoyenne des deux pays). Elle apporte à l’association une perspective biculturelle et bilingue unique, indispensable au bon développement de la mission même de Made in France : la promotion de la culture francophone. Au delà de la culture française, Pénélope est passionnée de voyages, d'art, d'histoire, de cinéma et de politique, qu’elle se réjouit de partager avec un large public à travers les événements de Made in France. Pénélope a travaillé, entre autres, à CNN et l’Agence France Presse. Elle est aujourd’hui rédactrice et correctrice indépendante, avec un portefeuille complet, allant des voyages à l'éducation en passant par la médecine.
Frédéric Joseph est membre du comité directeur de Made in France et
en quelque sorte à l’initiative du nom de l’Atelier d’Ichère, étant originaire du Béarn. En parallèle de sa carrière dans de grandes entreprises de l’IT, Frédéric a participé à de nombreuses aventures associatives culturelles, sportives et philosophiques. Passionné de politique, Frédéric a été élu en tant que maire adjoint en région parisienne pendant 15 ans avant de « migrer » aux États-Unis. Se déplaçant souvent en deux roues (uniquement en Ducati), il aime les sports, parfois extrêmes, comme le ski hors piste, le rugby, les sorties en montagne et les courses Spartans. Enfin, l’écriture en français est un de ses passe-temps favoris. Auteur de plusieurs essais, il raconte, avec son épouse, depuis 8 ans les « News de Bellevue » qu’il envoie toutes les trois semaines aux amis et à la famille en France. 7
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Art & Culture • • • •
Rugby, École de la Vie CinéClub Francophone Ruée vers l’Or Jeux de la Francophonie
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Rugby, École de la vie Il y a quelques années, pour la coupe du monde en France de 2007, la Fédération Française de Rugby (FFR) affirmait : « Le rugby, c’est l’école de la vie : que tu sois grand, petit, costaud ou fin, il y a une place pour toi dans l’équipe… » Le rugby est aussi une formidable école d’intégration. Lorsque notre famille s’est envolée pour le Pacific Northwest en 2011, notre arrivée a coïncidé avec le coup d’envoi de la coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Tout naturellement, je me suis rapproché des collègues et amis partageant la même passion que moi pour ce sport. La coupe du monde ayant lieu de l’autre côté de la planète, les matchs se déroulaient entre 22 heures et 2 heures du matin et malgré l’heure tardive, nous avions toujours des amis pour regarder les matchs en direct. Le summum fut pour la finale à 1 heure du matin : une vingtaine d’amis étaient présents pour assister à la défaite de la France. La victoire lui échappa à cause d’un arbitre pas très regardant sur les nombreux hors-jeux de McCaw, le capitaine légendaire des All Blacks… Dans la foulée, nos enfants ont joué au rugby pour les Eastside Lions et Serevi, qui proposaient des programmes de loisir : merveilleuse opportunité pour nos enfants de se faire des amis et d’apprendre l’anglais. Tout comme pour moi. Quand un collègue anglais est venu à la maison suivre le France-Angleterre du Tournoi des six nations, bien sûr autour d’un plateau de fromages avec du pain frais et du vin. Il est devenu un ami très proche. Le rugby a donc été un outil d’intégration pour notre famille, parents comme enfants. Faisons un bond dans le temps pour arriver en 2019 et la Coupe du monde qui se déroule au Japon. La France est loin des favoris et fait face à un grand défi. Les mauvais résultats de ces dernières années, ainsi que le psychodrame de la valse des entraîneurs, ne laisse guère d’espoir… Quoique... Avec la France on se sait jamais, les Coupes du monde de 2011, et pire, de 2015, ne nous plaçaient pas parmi les favoris non plus et pourtant nous avons joué la finale et la demi-finale. En tout cas, l’équipe de France s’est bien préparée. Pour se préparer à l’environnement humide et chaud du Japon, les Français ont fait un stage intensif à Oliva Playa en Espagne, dans les pires conditions possibles. D’ailleurs, les matchs de préparation ont montré une certaine fatigue des joueurs avec une défaite face à la petite équipe écossaise. Mais l’essentiel était d’être prêt pour la Coupe du monde ! Cette Coupe du monde est un succès pour le rugby et le Japon ; l’engouement du peuple japonais est sans limite. Les stades sont pleins et les Japonais ont appris les hymnes des grandes nations pour mettre l’ambiance. Ainsi, la France s’est entraînée au son de la Marseillaise !
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Les résultats de leur équipe ajoutent à cette folie. Leur victoire sur l’Irlande leur a garanti un respect dans le monde du rugby. Mais en réalité, ce n‘est pas le fruit du hasard. Depuis 10 ans, la fédération japonaise s’est structurée et le championnat est monté en niveau en raison de l’afflux d’argent, de joueurs néo-zélandais et d’entraîneurs européens. Alors que le nombre d’adhérents augmente au Japon, celui de la FFR chute. Les spécialistes avancent 3 raisons : les résultats de l’équipe nationale, le syndrome « show biz » à la tête de la fédération et l’accroissement des accidents aussi bien chez les jeunes que chez les pros. Il est vrai que la préparation physique est telle que l’on voit s’affronter 30 joueurs bodybuildés courant le 100 mètres en 10 secondes… Les chocs sont de plus en plus violents, l’image du sport en pâtit et les parents hésitent à mettre leurs enfants dans les écoles de rugby. Moi-même, je n’ai pas insisté lorsqu’au retour d’un tournoi au Canada notre aîné décida d’arrêter le rugby et de revenir au foot. Il jouait avec la sélection de l’État de Washington. Il avait 14 ans et s’était fait marcher dessus par des enfants élevés aux céréales transgéniques et lait sur-vitaminé : On aurait dit des adultes ! Il avait en plus pris un carton rouge après avoir piétiné dans un ruck un joueur adverse qui venait de lui faire mal sur un plaquage à retardement. Les États-Unis ne souffrent pas de ce problème. C’est le sport qui croît le plus vite en nombre d’adhérents. Un championnat professionnel a vu le jour il y a deux ans et les Seawolves de Seattle sont champions en titre. Ce succès est dû à l’afflux de jeunes joueurs venant du football américain, trouvant le rugby plus dynamique et surtout moins dangereux que le foot américain. Un vrai paradoxe ! Frédéric Joseph Membre du Comité Directeur Made in France
Crédit photo : Panthers Youth Rugby Club www.panthersyouthrugby.com
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Jeux de la Francophonie * Si les Jeux olympiques sont bien connus, c’est beaucoup moins le cas des Jeux (olympiques) de la Francophonie. Pourtant, cet événement international a déjà̀ 30 ans !
mettre en valeur des sportifs, des milliers de jeunes athlètes qui n’ont pas toujours eu la chance ni les fonds nécessaires pour développer leur talent. Ils resteraient inconnus, noyés dans la gloire sportive et commerciale des grosses équipes et des délégations nationales bien connues au niveau mondial, dont les champions raflent la majeure partie des titres aux Jeux olympiques.
Si comme son grand frère, les compétitions sportives sont au cœur de l’événement, des compétitions culturelles et des activités artistiques diverses en font son originalité́ . Et l’on y décerne des médailles dans des domaines aussi étonnants que la peinture, le chant ou encore les marionnettes.
Ces jeunes sportifs, qui portent et mettent en pratique les valeurs de la francophonie comme l’esprit des Jeux olympiques, trouvent dans cet événement un lieu d’expression et de reconnaissance. Ils illustrent aussi la diversité du monde francophone.
Tous les 4 ans depuis 1989, durant l’année postolympique la jeunesse francophone des 88 États et gouvernements membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) se retrouvent pour concourir dans un des pays de l’OIF.
On
peut
découvrir
sur
internet
(https://
des portraits de sportifs et d’artistes exceptionnels, et également les témoignages de lauréats des Jeux de la Francophonie. www.jeux.francophonie.org/laureats/portraits)
Les jeux sont organisés en alternance dans un pays du Sud et un pays du Nord. Ainsi, après Rabat et Casablanca au Maroc en 1989, il y a eu Paris (France, 1994), Antananarivo (Madagascar, 1997), Ottawa et Hull (Canada, Canada-Québec, 2001), Niamey (Niger, 2005), Beyrouth (Liban, 2009), Nice (France, 2013) et enfin Abidjan (Côte d’Ivoire, 2017), en 2021, les Jeux auront lieu à Kinshasa en République démocratique du Congo.
Ces portraits, ces textes, ces phrases personnelles mettent en valeur des émotions, des partages, des moments intenses. Ainsi se façonnent des diamants uniques, nés de la rencontre d’hommes et de femmes au cœur d’un événement unique où se rencontrent sport, culture, jeunesse et langue française.
L’objectif de ces rencontres est, à travers une langue commune que tous ces pays ont en partage, de créer des liens culturels et de favoriser le dialogue entre tous les participants, les sportifs comme le public. Cette plateforme internationale, unique en son genre, permet aussi de faire connaitre et de
Madeleine Cosson-Flanagan Correspondante Culture * https://www.jeux.francophonie.org/jeux
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Le Village « habité » par les familles et les élèves français d’un autre temps. (Crédit photo : Janet Peters)
La ruée vers l’or commence en Californie en 1849. De nombreux Francophones font le voyage espérant devenir riches à tel point que les Français représentaient la plus grande communauté à San Francisco jusqu'à l’arrivée du chemin de fer et des travailleurs chinois. San Francisco a même été surnommée un temps Paris of the Pacific. Cependant, la plupart des Français qui sont devenus riches ne le sont pas devenus grâce à la découverte des fameuses pépites, mais, la plupart du temps, en fournissant les outils nécessaires aux mineurs ou en achetant des concessions. Sandrine Tournier Education Française de Sacramento 14
Le samedi 14 septembre dernier, à l’occasion du Festival French Connection au parc historique Malakoff Diggins en Californie, l’association EFSAC (Éducation Française de Sacramento) a recrée, « le Village », un espace historique en plein air avec des activités destinées aux jeunes, comme une chasse au trésor en français et en anglais, encourageant ainsi l'exploration des bâtiments historiques et du cimetière des pionniers francophones.
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15 Les employés du parc, James et Kyle, enseignant aux jeunes chercheurs d’or comment utiliser le matériel pour découvrir les fameuses pépites. (Crédit photo : John Field)
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Professionnel •
Brandon A. Lee
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Janet Adkisson
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Brandon A. Lee
Consul général du Canada aux États-Unis - Seattle Brandon
A. Lee a été nommé consul général du Canada à Seattle en 2017, avec accréditation pour les états de Washington, d’Oregon, d’Idaho et d’Alaska. Brandon a d’abord œuvré dans le secteur privé et a été un pionnier des opérations bancaires en ligne en Amérique du Nord. Il a aussi travaillé pour de grandes entreprises d’expertsconseils en télécommunications et en gestion des technologies de l’information. Puis en 2004, Brandon entre au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD). Son expertise touche la gestion et l’innovation, et il a occupé plusieurs postes de direction et de gestion au sein du ministère. De 2007 à 2011, il a supervisé les activités de réforme visant à renforcer la présence internationale du Canada, et a été le premier à occuper le poste de directeur de l’innovation au ministère. De 2012 à 2014, Brandon a occupé des postes de haut niveau à l’Organisation mondiale du commerce et au Comité international de la CroixRouge (tous deux à Genève), et a piloté d’importantes initiatives de réforme internationale et organisationnelle. De 2015 à 2017, Brandon a été consul général du Canada à San Francisco, avec accréditation pour la Californie du Nord et Hawaï. 18
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Conversation avec le Consul général du Cana-
da à Seattle, Brandon A. Lee, qui répond au questionnaire de Proust allégé du Mag’ fr@ncophone. Sylvie Joseph-Julien : Merci Brandon d’avoir accepté de répondre à nos questions afin de mieux faire connaissance. En guise d’échauffement, voici une simple question : Quelle est votre couleur préférée ? Brandon A. Lee : Il s’agit d’une question simple. Pourtant, il m’est difficile d’y répondre et de ne choisir qu’une seule couleur car j’aime toutes les couleurs. Comme j’ai accepté de me soumettre aux règles de ce jeu de questionsréponses, je vais donc choisir le bleu électrique. Il s’agit d’une couleur qui porte l'énergie en elle et qui vous saute aux yeux ! Sylvie : Poursuivons. Après les couleurs, pouvez-vous dire à nos lecteurs quel(le) est votre peintre préféré(e). Et pourquoi ? Brandon : Après ma mère — elle expose ses œuvres, acryliques et aquarelles, quasiment professionnellement en Corée où elle vit, mais également en Europe et aux États-Unis — Monet est mon peintre préféré. Pourquoi ? Pour sa technique, sa maitrise des couleurs, son goût de l’harmonie qui transpirent de ses toiles. Pour ses paysages, pour Giverny, pour ses jardins et ses ponts ! Il est le père de l’Impressionnisme. Sylvie : Restons dans les arts : pouvez-vous nous indiquer maintenant si vous avez un musicien préféré ? Lequel et pourquoi ? Brandon : Je suis moi-même musicien. Je joue de plusieurs instruments à cordes, notamment de la guitare. Je jouais dans un groupe lorsque j’étais au lycée et à l’université. Mon registre est assez large : j’apprécie le jazz, le blues, le folk, le rock, etc. Je suis un musicien autodidacte. J’ai beaucoup de chance car j’ai l’oreille musicale. Pour apprendre et progresser, j’ai aussi bien rejoué des morceaux de Led Zeppelin que de Jimi Hendrix. Mon musicien préféré est incontestablement Nick Drake. Auteur, compositeur et interprète anglais de la fin des années 60, début des années 70, Drake est pour moi un virtuose et un réel génie. Aujourd’hui reconnu pour son talent et connu pour ses chansons à base de guitare acoustique, il était incompris à son époque. Drake n’a été réellement révélé au grand public qu’à titre posthume, notamment grâce à des spots publicitaires réutilisant son morceau Pink Moon*. Il n’a malheureusement pas réussi à trouver une réelle audience de son vivant et a plongé dans la dépression. Nick Drake s’est finalement suicidé en 1974.
Sylvie : Pour conclure cette interview, vous avez choisi de répondre à cette dernière question : quel(e) est votre héros ou héroïne dans la vie ? Brandon : Cette fois-ci, je ne vais pas réduire ma réponse à un seul nom et je vais en profiter pour rendre hommage à plusieurs personnes. Mes parents sont les premières personnes auxquelles je pense ; ce sont mes héros, mes modèles essentiellement pour les valeurs personnelles et éthiques qu’ils portent et qu’ils m’ont transmises. Ensuite, je choisirais mon professeur de méditation, Jigme Khyentse Rinpoche. Sans la méditation, je suis conscient que je n’aurais jamais pu occuper le poste que j’occupe aujourd'hui. Dans la diplomatie, il est essentiel d’avoir la capacité de rester calme et serein quelle que soit la situation, et notamment en situation de crise. Par ailleurs, si vous voulez attirer les talents dans votre équipe, il est capital de respecter vos collègues et collaborateurs, d’avoir un comportement sage et pondéré. C’est au début des années 2000 que j’ai fait la connaissance de Jigme Khyentse Rinpoche, grâce à une amie. Je travaillais alors dans le secteur privé. J’avais déjà fondé plusieurs entreprises et mon cerveau était en perpétuelle ébullition. J’arrivais presque à saturation. Comme illustration, je dirais que je ne pouvais traiter à l’époque que 2 ou 3 dossiers importants simultanément. Aujourd’hui grâce au chemin suivi avec Jigme Khyentse Rinpoche et à la méditation, je suis en mesure de gérer plus de 30 dossiers majeurs en même temps. Il faut évidemment s’imposer une certaine discipline, ne faire qu’une seule chose à la fois, ne pas se disperser. Un petit exemple concret : je n’ouvre jamais un email plusieurs fois. Je l’ouvre, je le lis, je le traite. Avec Jigme Khyentse Rinpoche, j’ai toujours gardé des contacts réguliers et chaque année je le rejoins en Dordogne, en France, pour trois semaines de retraite ce qui me permet de me ressourcer et d’être d’autant plus efficace au quotidien. Interview menée par Sylvie Joseph-Julien, Directrice Made in France * notamment la campagne publicitaire « Milky Way » de la marque Volkswagen, www.youtube.com/watch?v=QPBrN3qJGqs
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Entretien avec Janet Adkisson, étonnante octogénaire dynamique, qui fut une championne de tennis internationale dans les années 1950-60 et qui disputa le tournoi de Roland-Garros en 1959 Comment et pourquoi avez-vous commencé le tennis? Votre famille était-elle sportive ? J’étais un garçon manqué et j’aimais le sport. C’était à la fin de la Seconde Guerre mondiale et une amie me dit un jour qu’il était possible d’aller apprendre à jouer au tennis dans un club pour 1 dollar. Ma grande sœur me prêta sa raquette et ce jour-là j’ai battu tous les enfants qui étaient présents. Dans ma famille, mon grand-père paternel faisait de la boxe amateur et une de mes tantes faisait de la compétition en natation. Que s’est-il passé ensuite ? Quel a été votre parcours ? Nous habitions Sacramento, en Californie, et j’ai remporté mon premier tournoi de tennis : j’avais 12 ans. Trois ans plus tard j’étais championne de Californie en simple et en double. En 1952, j’étais une des meilleures joueuses junior au niveau national. J’aimais la compétition avant tout. Ma grande chance est d’avoir déménagé sur Seattle en 1953. En effet, pour réussir il faut être sponsorisé et en Californie ; il n’y avait pas de possibilité d’être sponsorisée parce que j’étais trop jeune. Mais dans l’État de Washington, c’était possible. J’ai suivi des cours d’histoire à l’université de Seattle en vue d’obtenir un master et dans le même temps je jouais dans l’équipe de tennis de l’université. A cette époque, il n’y avait aucune femme. Je jouais donc contre des hommes et je gagnais contre eux la plupart du temps. En 1954, parce que j’ai battu le numéro un de l’Oregon, les hommes ont décidé de jouer contre moi, parce qu’ils se sont mis à me considérer comme une des leurs après cette victoire. En 1958, j’ai participé au circuit d’Amérique du Sud qui réunissait 16 hommes et 16 femmes, dont je faisais partie.
En quelle année êtes-vous allée à RolandGarros ? C’était en 1959 et j’étais dixième au rang mondial. J’ai d’abord joué à Londres, en Italie, en Suisse et enfin à Paris. Lorsqu’on était classé au niveau mondial, on était invité à participer aux compétitions internationales. J’ai plein de souvenirs liés à ce séjour parisien. Tout d’abord, dans le train qui m’amenait de Suisse à Paris une famille française, avec qui je sympathisais, pensait que j’étais anglaise car je n’étais pas le stéréotype de l’Américaine de l’époque et cela m’avait amusée. Arrivée à Paris et logeant à l’hôtel Miami (ça ne s’invente pas !), le chauffeur ne comprenait pas le nom de l’hôtel et qu’il connaissait pourtant, du fait de ma prononciation. J’ai profité d’être à Paris pour aller au Louvre et, alors que je visitais les salles dédiées à l’Égypte, dans la partie basse du musée, je n’ai pas entendu la sonnerie indiquant que c’était l’heure de la fermeture.
20 Janet en 1957, lors du championnat de Californie
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Un guide m’a trouvée par hasard et m’a fait sortir alors que les portes étaient déjà closes, sinon j’aurais passé ma nuit au Louvre. Nous étions plusieurs joueurs à résider à l’hôtel Miami, et alors que nous nous rendions en taxi à Roland-Garros, le chauffeur, au niveau de la Place de l’Étoile, a manqué l’avenue qui mène au bois de Boulogne et a fait plusieurs fois le tour de l’Arc de Triomphe. Mes collègues masculins commençaient à être très énervés car ils devaient jouer peu de temps après. Un de mes meilleurs souvenirs reste peut-être un minuscule restaurant à Montmartre où trois journalistes anglais m’ont emmenée et où j’ai mangé des crêpes délicieuses. Il n’y avait que trois ou quatre tables. A l’une d’elles un vieux monsieur fumait une pipe et on pouvait voir le chef faire la cuisine. Je revois encore ces images 60 ans après. Je suis restée dix jours à Paris et j’ai perdu en quart de finale. Jouer à Roland-Garros, c’était jouer sur un court en terre battue, alors qu’aux États-Unis les courts sont en terre battue. Donc la balle ne rebondissait pas de la même façon et les jeux duraient plus longtemps. L’année suivante, en 1960, je n’ai joué qu’à Wimbledon car je commençais à avoir des problèmes avec mon genou. J’étais tout de même numéro un en double aux États-Unis mais mon genou me faisait souffrir car je me suis blessée à Chicago. J’ai cependant gagné le tournoi en salle à Boston.
En 1970 j’ai ouvert une société de tennis et j’organisais des stages dans des complexes touristiques du Pacific NorthWest. Aujourd’hui je fais partie de l’USPTA, l’association des professeurs professionnels du tennis. Je suis invitée à tous les tournois mondiaux, je suis dans 5 halls of fame, dont le « Sports Hall of Fame » de l’État de Washington et le « ITA Women’s Collegiate Tennis Hall of Fame » à Williamsburg dans l’État de Virginie. Ce sont de très belles reconnaissances. Je suis toujours en contact avec certains de mes anciens élèves. J’ai vécu une vie très riche où l’effort était maître mot. Je me considère un peu comme une guerrière, et d’après un test ADN, j’ai des origines de pays nordiques. Je suis sans doute une descendante des Vikings. Quels sont vos joueurs préférés aujourd’hui ? Si je m’attache à la façon dont ils jouent, alors j’aime assez Federer et Bianca Andreescu qui vient de gagner l’US Open. Annie Joly Correspondante Culture
Questionnaire de Proust Votre principal défaut ? Je parle beaucoup trop !
Votre peintre préféré?
Quelles sont les différences entre le tennis des années 1950/1960 et aujourd’hui ? On ne peut pas vraiment comparer. Par exemple le poids des raquettes: la mienne pesait 400 grammes, maintenant elles pèsent 225 grammes. Les chaussures ont changé, les vêtements aussi. Autrefois, on jouait pour être le ou la meilleure, aujourd’hui la plupart veulent gagner pour l’argent. À mon époque, il y avait une forte pression pour rester dans la compétition : on jouait pour manger, pour avoir un lit. On ne s’arrêtait pas de jouer parce qu’il pleuvait. Mais aujourd’hui, on s’arrête de jouer plus facilement à cause des contrats d’assurance.
J’en ai deux : Degas et Michel-Ange
Votre occupation préférée ?
J’en ai plusieurs mais disons que mon occupation actuelle est de faire une couette pour mon dixième petit enfant à venir. Les neuf autres ayant chacun eu la leur.
Un livre que vous avez aimé ? The Little Paris Bookshop, un voyage qui nous mène jusqu’en Provence, que j’adore
Ce que vous aimeriez être ? Enseignante, avec mon diplôme en histoire.
Qu’avez-vous fait quand vous avez dû vous arrêter de jouer au niveau mondial ? J’ai eu 7 enfants et en 1968 je suis devenue joueuse professionnelle, entraîneuse de tennis et j’ai donné des cours.
Une époque que vous aimez ? Celle de la Seconde Guerre mondiale parce que c’est l’époque de mon enfance
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French Culture Academy
Classes de français, histoire et histoire de l’art La French Culture Academy permet aux élèves de collège (middle school) de consolider leurs connaissances et leur utilisation de la langue française et de la culture, grâce à des classes de langue, d’histoire et d’histoire de l’art.
French Culture Academy Classes de français, histoire et histoire de l’art 60 classes/90 heures de classe de septembre 2019 à juin 2020 Lundi et Vendredi de 16h30 à 18h — French Immersion School of Washington et Sambica (Bellevue) Mercredi 8h40 à 10h10 et Vendredi de 14h30 à 16h — Pacific Cascade Middle School (Issaquah)
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Let’s Learn In French propose des cours individualisés en français (maîtrise du langage écrit et oral, conversation et mathématiques) à Bellevue pour les élèves de 3 à 12 ans. www.letslearninfrench.com audrey@letslearninfrench.com
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Langue •
Book Club
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Médiathèque Made in France
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Expressions idiomatiques françaises décryptées
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Le Mag’ fr@ncophone #12 - Automne 2019
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BOOK CLUB JEAN-CLAUDE MOURLEVAT
TERRIENNE
À la question « Quel conseil donneriez-vous à un écrivain en herbe ? », Jean-Claude Mourlevat répond, « Écris ce que toi seul peux écrire, avec ta singularité ». Son propre parcours est singulier. Né en 1952 en Auvergne, il enseigne l’allemand pendant 10 ans, avant de se consacrer au théâtre et de créer des solos clownesques, joués plus de 600 fois en France et un peu partout dans le monde. Puis il met en scène des pièces de Brecht, Cocteau et Shakespeare. Il a conservé ce goût pour le théâtre car il apprécie donner des lectures à voix haute de ses ouvrages. En 1997, il publie son premier roman et beaucoup de ceux qui suivent seront récompensés par les jeunes lecteurs (le Prix des Incorruptibles 2008 pour Le combat d’hiver ou encore le Prix Utopiales Jeunesse 2011 pour Terrienne) et traduit dans de nombreuses langues ( japonais, roumain, russe) Si la tentation est grande de classer Jean-Claude Mourlevat dans la catégorie de romans pour adolescents, il affirme écrire pour tous . En effet, les thèmes abordés (la barbarie nazie, le voyage initiatique, la mémoire) et les univers explorés (le conte, le monde des animaux, la science fiction) s’adressent au plus grand nombre. Son site internet jcmourlevat.com est riche de nombreux détails sur son enfance, les grandes étapes de sa vie et ses romans.
Terrienne est un titre qui peut tout révéler sur le roman tout en cachant la véritable histoire, inspirée de Barbe Bleue. Car oui, Anne est terrienne. Voilà presqu’un an qu’elle cherche sa sœur, disparue peu après le jour de son mariage. C’est alors qu’elle reçoit un message radiophonique de sa sœur. Elle se lance donc à son secours et découvre un autre monde, un monde où « eux » ne sont pas terriens. Ils ne respirent pas, ne pleurent pas et bien plus encore. Dans ce monde, les humains ne sont que de vulgaires contes de fées auxquels personne ne croit. Située entre deux mondes, cette histoire est remplie de science-fiction et de réalisme. Je suis entrée dans l’aventure immédiatement car le style est rythmé et les rebondissements nombreux. Je me suis beaucoup attachée à l’héroïne et à Etienne Virgil, l’homme qui l’aide dans sa quête. Ce livre plaira aux adolescents comme aux adultes, mais attention : il se lit d’une traite. Il faut donc avoir du temps devant soi !
Flore Perrier Correspondante Culture
Caroline Perrier Correspondante Culture
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le Mag’ fr@ncophone #12 - Automne 2019
EN ATTENDANT BOJANGLES
Bien sûr, rien ne remplace la lecture de ce roman très visuel et très sonore, mais vous pouvez aussi vous régaler de la version mise en son par France Culture.
Olivier Bourdeaut
En attendant Bojangles, c’est un roman qu’on reçoit d’un ami : « Tiens, lis ça ! J’ai adoré ! » et qu’on a immédiatement envie de prêter à un autre ami. C’est un roman dont le titre intrigue : « Mais c’est qui ce Bojangles ? » et en cherchant sur internet on découvre un titre, écrit par le musicien country Jerry Jeff Walker en 1968, repris par de nombreux artistes (le livre évoque la version de Nina Simone mais j’aime encore davantage celle de Sammy Davis Jr.). C’est un roman dont on ne perçoit pas tout de suite l’intérêt : un couple fou amoureux vit dans la fantaisie la plus totale, sous le regard émerveillé de leur petit garçon qui fait le récit des extravagances de sa mère. Mais on dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire, alors cela suffit-il à faire un bon roman ? Le début est plaisant, plein de vie et d’énergie, les mots virevoltent et décrivent des situations cocasses qui font sourire. Puis un basculement s’opère peu à peu, et l’on comprend — grâce aussi aux carnets secrets du père — que la folie de la mère est plus qu’une façon d’aborder la vie, c’est sa vie. Si elle écoute en boucle M. Bojangles c’est que « cette musique était vraiment folle, elle était triste et gaie en même temps et elle mettait ma mère dans le même état » (p 16). Dès lors, père et fils n’auront de cesse que de prolonger cette fête perpétuelle. Ce récit, relativement court, est dense en sentiments : à la fois mélancolique et drôle, tendre et cruel, plein d’espoir alors qu’on redoute le drame final qui finira par arriver. Un succès mérité pour ce premier roman paru en 2016 et déjà adapté au théâtre.
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi -noir/en-attendant-bojangles-de-olivier-bourdeaut
Médiathèque Made in France
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LA GUERRE D’ALAN
Emmanuel Guibert Roman graphique en 3 tomes Si l’histoire européenne et américaine se sont croisées à plusieurs reprises, la Seconde Guerre mondiale est un moment particulièrement fort de leurs relations. Cette rencontre s’incarne bien sûr dans des hommes. Ainsi, lorsque le dessinateur français Emmanuel Guibert (30 ans) croise la route de l’Américain Alan Cope (69 ans) une amitié forte naît, et de cette amitié le désir de recueillir et d’illustrer les souvenir du vétéran de l’U.S. Army. Le tome 1, suit l’entraînement de ce simple soldat ; le tome 2 retrace son arrivée tardive en Europe (février 1945), la fin de la guerre et surtout la période de l’occupation de l’Allemagne par les troupes américaines après l’armistice. Le tome 3 s’éloigne de cette thématique puisqu’il évoque le retour raté aux États-Unis après la démobilisation d’Alan et son s’installation définitive en Europe peu après. La guerre n’est plus au centre du récit mais le lecteur lit avec intérêt la suite de l’existence de ce personnage auquel il s’est attaché.
« Quand j’ai eu 18 ans, Uncle Sam m’a dit qu’il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s’appelle Adolf. Ce que j’ai fait. » En fait de guerre, pas de combats, de frayeurs et d’actes héroïques. Le quotidien du soldat Alan est finalement assez monotone, fait de rencontres et d’expériences qui rapprochent cette bande dessinée du roman d’apprentissage. En choisissant l’encre de Chine et en prenant le parti du noir et blanc, le dessinateur renforce le côté documentaire de son récit. Si le graphisme peut sembler d’abord d’une
apparente simplicité , la lecture intégrale de ces trois tomes permettra d’en apprécier la grande diversité. Certaines vignettes présentent des lignes minimalistes et un trait épuré (comme pour laisser plus de place à la parole d’Alan), d’autres présentent un très beau travail sur les ombres, d’autres encore sont proches du réalisme photographique. Si l’on peut être étonné par l’aspect flou et imprécis de certaines planches, il me semble que c’est, pour Guibert, une façon de traduire graphiquement les souvenirs lointains d'un vieil homme qui disparait avant la parution du tome 1. Caroline Perrier Correspondante Culture
Notre sélection d’automne vous attend !
Si vous êtes membre de Made in France, ces ouvrages sont à votre disposition.
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le Mag’ fr@ncophone #12 - Automne 2019
Expressions idiomatiques Expressions idiomatiques françaises décryptées Avoir le nez dans le guidon
Cette métaphore empruntée au cyclisme correspond à l’image de la personne en plein effort, courbée sur le vélo, qui ne peut guère penser à autre chose. Elle signifie donc être très occupé, concentré sur un objectif ou une tâche, débordé par ses occupations, incapable de prendre du recul par rapport à la situation où l'on se trouve.
Être dans les starting blocks
Employés en athlétisme, les startings blocks désignent un appareil où les pieds des coureurs sont disposés, de façon à pouvoir réagir immédiatement au top départ. Par extension, cette expression signifie être prêt à réagir tout de suite.
La dernière ligne droite
C'est une métaphore empruntée au discours hippique : dans la dernière ligne droite, les chevaux font leurs derniers efforts qui les conduiront à la victoire. Cette expression correspond donc à la dernière partie la plus intense d’une épreuve, d’un projet.
Faire faux bond
Cela signifie manquer à un engagement, ne pas aller à un rendez-vous. L'origine de ce faux bond vient du jeu de paume où la balle rebondit mal ou rebondit en déviant, ne pouvant ainsi pas être renvoyée.
Passer le relais
Cette expression se réfère à la course à pied au cours de laquelle des personnes se passent un bâton tour à tour, dit relais. Elle signifie donc que l'on confie une tâche dont on s'occupait à quelqu'un d'autre.
Julie Luc Di Salvo Directrice Communication Made in France
Dégager (ou botter) en touche
Cette expression signifie remettre à plus tard ou éviter le sujet d’une discussion, éviter une situation, passer à un autre sujet sans conclure le précédent. Elle puise ses origines dans le domaine sportif et plus précisément dans le monde du rugby. En effet, botter en touche désigne le fait de dégager la balle au pied de manière à ce qu’elle sorte en touche. C’est une stratégie au rugby pour calmer le jeu et gagner du terrain.
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