NumÉro 20 - déceMBRE 2021
LE MAG' FR@NCOPHONE Art & Culture I poRTRaitS I Langue
FESTIVAL DE LA
ISSN 2680-9532
LE MAG' FR@NCOPHONE ÉDITO - INTERVIEW Sylvie Joseph-Julien, directrice de l'association Made in France, est également la créatrice du Festival de la bande dessinée franco-belge BOOOM!, événement unique de l'Ouest américain. Dans cet entretien mené par Allie Mangel, étudiante en littérature à l’université de Princeton et Project Manager au sein de Made in France, Sylvie nous parle des origines et des objectifs du festival, dont la deuxième édition s’est tenue du 5 au 12 novembre 2021. AM : Bonjour Sylvie, peux-tu nous raconter comment le festival de la bande dessinée a vu le jour ? SJJ : En 2018, nous avons invité aux États-Unis l’artiste Jean Bastide, dessinateur et auteur de bandes dessinées. Nous avons organisé une tournée dans des écoles, associations et structures à Seattle avec Jean, notamment autour de la série Boule et Bill dont il est l’auteur. Cet événement a eu beaucoup de succès. Lors de certaines rencontres publiques, nous avons même dû limiter le nombre de participants pour des raisons de sécurité. La tournée a beaucoup plu à Jean Bastide, qui a eu un coup de cœur pour le Nord-Ouest américain. Au vu du succès rencontré, nous avons décidé d’organiser un événement autour de la bande dessinée franco-belge à Seattle qui serait différent des festivals que l’on rencontre en Europe. Son idée était de travailler dans un cadre intimiste avec quelques artistes et sous l’angle du neuvième art, pour se distinguer des Comic Cons, qui existent partout aux États-Unis, et notamment à Seattle sous le nom de Emerald City Comic Con.
AM : Le festival est-il strictement organisé autour de la BD francophone, ou couvret-il également d’autres genres et d’autres régions du monde ? SJJ : L’idée initiale était de travailler autour de la bande dessinée franco-belge. En Europe, on différencie la bande dessinée des comics et des mangas, ce qui n’est pas le cas au Canada ou aux États-Unis. L’objectif est de promouvoir la culture francophone et la langue française, conformément à la mission de Made in France. Nous restons bien sûr ouverts à la participation de tous les auteurs, dessinateurs ou experts ayant un lien avec la francophonie, que ce soit l’artiste luimême ou ses ouvrages.
AM : Comment choisis-tu les thèmes présentés ? SJJ : La francophonie est toujours au cœur du festival, mais nous nous intéressons aussi à d’autres sujets phares, comme les femmes, la nature et l’environnement que nous avons abordés en 2020. Lors du dernier festival, nous avions choisi de célébrer les 75 ans de Lucky Luke. Le festival s'est organisé autour du western, du Far West, de la conquête de l’ouest. Nous voulions aussi aborder un thème différent et une technique complémentaire à la BD, davantage orienté vers les adultes. Nous avons choisi de parler de la liberté d’expression, sous l’angle du dessin de presse. Pour 2021, le festival a donc été déployé autour des 3 axes : le dessin de presse, les 75 ans de Lucky Luke et le monde francophone.
AM : Comment peut-on organiser un festival destiné à la fois aux enfants et aux adultes ? SJJ : D’habitude, lors des festivals BD, sont invités les dessinateurs, les scénaristes, et parfois les coloristes, ainsi que les maisons d’édition. C’est facile, en fait : chaque visiteur va à la rencontre des personnes ou des métiers qui l’intéressent. Nous avons été contraints d’organiser le festival en ligne en 2020 et 2021. Nous avons dû préciser à qui s’adressaient les rencontres, enfants ou adultes. La programmation doit être claire pour que l’audience soit adaptée. Il y a aussi des dessinateurs qui font des œuvres à destination des deux publics, comme Jean Bastide. Quand les rencontres s’adressent aux enfants, nous invitons des écoles et enseignants. Bien sûr, certaines bandes dessinées sont aussi mises à l’honneur.
AM : Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle influencé la programmation de l’événement ? SJJ : La pandémie nous empêche d’inviter certains artistes. Cette année, cinq ou six artistes étaient invités au festival. Finalement 16 auteurs, dessinateurs ou experts BD y ont participé, uniquement en ligne, les frontières américaines n’ayant été rouvertes qu’au 8 novembre dernier. La programmation en ligne nous impacte également car nous ne pouvons pas organiser deux événements simultanément. Quand le festival a lieu en présentiel, il peut y avoir un atelier dessin dans une partie de la galerie, et une autre rencontre dans un autre espace. En ligne, nous avons décidé de ne pas organiser plusieurs rencontres en même temps. Moins d’ateliers sont donc offerts. Nous avons alors imaginé de prolonger le festival avec une saison BD, ce qui nous a permis de poursuivre les rencontres jusqu’au 10 décembre.
AM : La partie du festival organisée en présentiel aurait dû consister en une tournée sur la côte Ouest des États-Unis : San Francisco, Sacramento, Virginia City, Réno, Seattle. Pourquoi avoir choisi ces villes ? SJJ : À l’exception de Seattle, la ville d’origine du festival BOOOM! et de Réno, toutes ces villes sont mentionnées dans les aventures de Lucky Luke. Le cimetière de Virginia City est évoqué dans plusieurs bandes dessinées. Nous nous sommes rendus là-bas pour faire des vidéos qui ont été publiées sur les réseaux sociaux. Il y a aussi la diligence de la Wells Fargo qui va à Sacramento et à San Francisco. Nous avions décidé d’organiser une rencontre sur la liberté de la presse à l’université de Réno car la ville est très proche de Virginia City et accueille une communauté francophone dynamique.
AM : Enfin, comment imagines-tu l’avenir du festival de la BD ? Comment l'imagines-tu dans cinq ou dix ans ? SJJ : J’espère que nous pourrons finalement organiser notre événement en partie en présentiel. Notre but n’est pas de proposer un grand festival comme celui d’Angoulême qui rassemble des millions de personnes. L’objectif est de rester fidèle au concept initial pensé par et avec Jean Bastide. Cela signifie inviter une dizaine, voire une quinzaine d’artistes, et les emmener en tournée dans différentes villes à la rencontre des jeunes francophones, des familles et des acteurs locaux. Le festival doit permettre aux participants de créer des liens privilégiés avec les artistes dans un cadre intimiste. L’objectif est aussi de mettre en valeur le côté artistique de la bande dessinée, considéré comme le neuvième art en Europe. C’est pour cela que nous offrons également des expositions et des ateliers où l’artiste dessine en direct, partage sa passion, et apprend aux participants à dessiner. La BD se lie également à d’autres arts, comme la musique ou le slam, par exemple. En 2022, nous mettons en place un prix destiné aux jeunes lauréats BOOOM! – qui, je l’espère, sera toujours présent dans 10 ans. Ce prix s’adresse à de jeunes artistes prometteurs ayant publié au maximum une BD. Le lauréat recevra une bourse attribuée par Made in France et sera invité au festival suivant. Il partagera le quotidien des artistes BD invités. Enfin, nous souhaitons développer les concours BD à destination des jeunes, et de façon plus globale, tout partenariat permettant de célébrer la bande dessinée.
AM : As-tu un dernier mot en guise de conclusion ? SJJ : Si vous avez manqué certaines rencontres, je vous invite à vous rendre sur notre nouvelle chaine YouTube et sur notre site internet pour visionner les meilleurs moments du festival 2021. Rendez-vous en 2022 pour la troisième édition du festival BD franco-belge de l’Ouest américain !
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Directrice de la publication Sylvie Joseph-Julien
Directrice de la rédaction Pénélope Smith
Webmestre Romain Joseph
Rédactrices et Rédacteurs Maëla Barçon, Madeleine CossonFlanagan, Audrey Denoyers, Emmanuelle Franks, Allie Mangel, Léna Monmousseau
MADE IN FRANCE Espagne - États-Unis - France www.amadeinfrance.com info@amadeinfrance.com
Co-fondatrice & Directrice Sylvie Joseph-Julien
Comité Directeur Présidente Pénélope Smith
Vice-Présidente Julie Luc Di Salvo
Trésorier Frédéric Joseph
Le Mag’ fr@ncophone est une publication trimestrielle de l’association à but non lucratif Made in France 2621 169th Avenue NE Bellevue, WA 98008 - États-Unis
ISSN : 2680-9532
Imprimeur : Peecho, Amsterdam – Pays-Bas
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SOMMAIRE #20 NUMÉRO SPÉCIAL
FESTIVAL DE LA Édito - Interview
BD, histoire et archéologie
Festival BD Bilan 2021
Pascal
Impact de la BD reportage
Gros
Sandrine Revel Chaîne
YouTube
Calamity Jane
Gagnants du Concours BD les BeKa L E
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EN QUELQUES CHIFFRES
17INTERVENANTS & ARTISTES
chaîne YouTube
INTERVENTIONS en direct !
L’association France Éducation Northwest
Lucky Comics
5 partenaires principaux
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670 HEURES
CONCOURS BD JEUNESSE
« Un cow-boy dans ta ville » PARTICIPANTS AU CONCOURS BD
188
de 3.650
visites
depuis 23 pays différents sur notre site internet
18 écoles, associations FLAM d'Espagne, des États-Unis, de l'Équateur, de France, d'Italie, du Mexique et de Tunisie
2 EXPOS - saison BD FESTIVALS BD DU MONDE DESSINS DE PRESSE
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d'activités en ligne e-rencontres interviews & ateliers
ENGIL
22 ATELIERS
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Le Consul Général de France à San Francisco Le Consulat Général du Canada à Seattle FLAM Éducation Française de Sacramento
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+ 1.650 VISITES
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LA 2e ÉDITION DU FESTIVAL BD BOOOM!
En ligne DEPUIS L'OUEST AMÉRICAIN
BD, HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE MADELEINE COSSON-FLANAGAN
En France, l’idée d’une exposition « bandes dessinées et archéologie » a le vent en poupe. Ainsi, le musée du Louvre a proposé l'exposition « L'Archéologie en Bulles » dans La Petite Galerie du Louvre du 26 septembre 2018 au 1er juillet 2019. Au même moment, à Antibes, du 11 mai au 6 octobre 2019, au Musée d’Archéologie du Bastion Saint-André*, un événement entre BD et archéologie, est organisé. Une trentaine de planches du polar historique en trois tomes, Les Ombres du Styx d’Isabelle Dethan est présenté. Dans son sciage, le Musée de Picardie, en collaboration avec le Louvre, propose cet été 2021, du 29 mai au 29 août, avec l’association « On a Marché sur la Bulle » une exposition intitulée « Chasseurs de trésors : Archéologie et bande dessinée ». Et, pour clôturer l’année 2021, c’est le musée Vesunna de Périgueux qui propose du 2 juillet au 28 novembre 2021, une exposition qui rassemble BD et archéologie gallo-romaine pour le centenaire de Jacques Martin, bédéiste franco-belge. On retrouve sur l’affiche publicitaire de l’événement, deux de ses héros, l’intrépide Alix accompagné de
son ami Enak. On voit bien que chacun des trois termes, « bande dessinée, histoire et archéologie » ont en commun imagination, civilisations disparues, images et visages historiques, aventures qui se déroulent dans des mondes, des espaces dans lesquels évoluent des hommes et des femmes du quotidien ou des personnages hors du commun. Ils permettent à la fiction et à la réalité de s’exprimer et de nous faire rêver en les sublimant à travers des bandes dessinées et leurs héros. Cette prise en main par les bédéistes est réelle. L’archéologie a ce pouvoir. La découverte du trésor de Toutankhamon, puis la malédiction qui aurait poursuivi ceux qui l’on découvert, a contribué à nourrir l’imagination d’histoires et légendes multiples. Le roman, le cinéma s’en sont nourris. Pourquoi pas le 9e art ? L’aventure, l’imagination et l’histoire se mélangent. Sur des connaissances historiques réelles, les dessinateursscénaristes, créent des héros et les font évoluer dans les bulles.
* https://pariscotedazur.fr/archives/article/6059
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Ainsi, Alix, héros de bande dessinée, mentionné plus haut pour l’exposition de Périgueux, jeune esclave d'origine gauloise, adopté ensuite par un riche romain, devenu sénateur romain, est le personnage principal de Jacques Martin (1921-2010). Ses aventures nous font découvrir le monde gallo-romain à l’époque de César. Nous revivons ainsi les grands moments des grandes civilisations de cette époque, les Romains, bien sûr, la Grèce antique et l’ancienne Carthage aussi, dans la vie de tous les jours, la structure des sociétés, l’architecture, la guerre et les religions. Bref, le quotidien des habitants de ces cités historiques. Souvent les héros des bandes dessinées nous ramènent vers l’histoire, l’archéologie. Ainsi, un autre personnage que nous connaissons bien, Astérix, lui aussi par ses exploits et ses voyages, nous fait voir, revoir ou découvrir des métropoles gauloises en France et dans d’autres pays en Europe sous l’éclairage du monde romain, la diversité des langues, des cultures, à l’époque de Jules César. Revoir l’histoire et les problématiques d’un quotidien qui pourrait être actuel, à travers d’autres prismes. L’Égypte ancienne a toujours fasciné elle aussi. On la retrouve autant chez Tintin dans « Les cigares du pharaon », que dans les aventures politico-policières des héros Blake et Mortimore dans « Le Mystère de la Grande Pyramide » et ses deux parties par exemple. Toutes les grandes civilisations anciennes ont servi de sources aux bandes dessinées. On peut repenser à Tintin à nouveau et à ses aventures dans « Le temple du soleil » ou « L’oreille cassée ». Si, pour l’instant, nous avons surtout fait référence aux trois principaux représentants de l'école dite « de Bruxelles », Martin, Hergé et Jacobs, l’utilisation de la bande dessinée a beaucoup servi à mettre à la portée de tous, en aidant notre imagination à découvrir, à mieux comprendre l’histoire et la vie quotidienne que les vestiges archéologiques ont permis de révéler. Mais les bédéistes contemporains savent aussi puiser dans l’histoire et l’archéologie, s’inspirer de la préhistoire ou de l’Égypte ancienne pour imaginer des personnages d’un monde ancien ou à venir. Ainsi, Anki Bilal, dans sa trilogie Nikopol, volume 1 « La Foire aux Immortels », s’approprie des figures égyptiennes, ou bien Jul dans « Silex and the City »** propose une « vie contemporaine au paléolithique » pour une famille plutôt moderne, au quotidien contemporain avec un décalage certain. Comment ne pas y voir un clin d’œil aux dessins animés américains des années 60 avec la famille Jetson et bien sûr les Flintstones. Le tome 9 de Silex, au titre évocateur, « La dérive des confinements », avec ironie à la réalité entre préhistoire et vie contemporaine : Bien joué ! On ne peut quitter « BD, histoire et archéologie » sans parler des nombreux ouvrages de bandes dessinées historiques proposées par des villes pour mettre en valeurs leur histoire, ou par des lieux archéologiques mondialement connus. On peut ainsi nommer la très belle « L’histoire de Nantes » en bande dessinée ou le guide archéologique lui aussi en bande dessinée qui retrace les derniers jours de Pompéi.
**Cette BD a aussi une adaptation en série animée sur ARTE.
On voit bien que la bande dessinée, en tant qu’art a su montrer qu’elle sait être un pont entre les réalités et les découvertes historiques, archéologiques et contemporaines de notre monde depuis sa naissance. Les nombreux albums des XXe et XXIe siècles sont là pour nous le prouver. Pour aller plus loin :
https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/l-etonnant-mariage-entre-l-archeologie-et-la-bd-dans-une-expositionau-louvre_3375709.html https://www.dailymotion.com/video/x6vfngx
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L’impact de la BD reportage
EMMANUELLE FRANKS
Quand on pense à la bande dessinée, on pense souvent à de la fiction mais depuis les années 90, la BD reportage prend une place de plus en plus importante. On pourrait se demander dans quelle mesure ce genre peut avoir un impact sur la société.
Qu’est-ce que la BD reportage ?
La BD reportage est aussi appelée BD documentaire. Certains illustrateurs se donnent la mission de faire des investigations sur le terrain pour reporter ce qui se passe dans le monde. Ils dénoncent des causes qui leur tiennent à cœur pour sensibiliser l’opinion publique. Ils veulent que leur art ait un impact. Ils font de la bande dessinée engagée.
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Comment la BD reportage a-t-elle évolué ?
La BD reportage a fait son apparition aux États-Unis dans les années 40. Ce genre de BD est appelé « graphic journalism » en anglais. Au début, la BD documentaire avait la forme de « comic strip » dans les journaux, puis des albums entiers y ont été consacrés. Dans les années 50, Jacqueline Duhême, une française, a innové en faisant des reportages sous forme de dessins. Elle a notamment illustré le voyage de De Gaulle en Amérique du Sud en 64.
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Le dessinateur qui a ravivé le genre de la BD documentaire s’appelle Joe Sacco. Il est américano-maltais. Pendant les années 1990, il a illustré le conflit palestinien puis le conflit en Bosnie. Intrigué par ces conflits et questionnant ce qui était reporté par les médias, il a décidé de se rendre dans les pays concernés pour illustrer ce qu’il observait comme un reporter l’aurait fait avec des photographies ou des vidéos. Il a fait des investigations sur place et a donné son propre décryptage de ces conflits via ses illustrations. Il a sorti plusieurs albums sur le conflit israelopalestinien : Palestine, une nation occupée (Vertige Graphic, 1996) et Palestine, dans la bande de Gaza (Vertige Graphic, 1999). Il est également l’auteur de Soba : une histoire de Bosnie (Rackham, 2001).
D’autres illustrateurs ont été sur le terrain pour reporter leurs expériences. Guy Delisle, auteur de bandes dessinées québécois, a illustré ses expériences en tant qu’expatrié. Il est notamment l’auteur de Chroniques birmanes (Delcourt, collection Shampooing, 2007) et de Chroniques de Jérusalem (Delcourt, collection Shampooing, 2011).
Etienne Daveaudo est un auteur de bande dessinée français. Il a écrit pour dénoncer des drames sociaux. Ses grands succès sont Un homme est mort (Futuropolis, 2006), scénario en collaboration avec Kris et Les ignorants, récit d'une initiation croisée (Futuropolis, 2011). Il illustre la vie de personnages victimes de la société à des moments variés de l’histoire. . Philippe Squarzoni est un illustrateur d’origine lyonnaise qui, en plus d’autres œuvres, a été l’auteur, en 2012, d’une BD sur le réchauffement climatique. Il a fait des investigations pendant 6 ans pour pouvoir produire une œuvre extrêmement réaliste: Saison brune. Les dessins ont parfois été produits à partir d’arrêts sur image d’entretiens filmés par ses soins. Sa BD contient des courbes, des schémas, des chiffres, de vraies photos. Il utilise le “je” et assume sa subjectivité narrative. C’est sa manière de transmettre son opinion et de politiser son œuvre. En 2012, il a reçu
le prix Léon de Rosen par l'Académie française. En 2017, Radio Canada Estrie a créé une BD documentaire numérique sur la vie de Raif Badawi, blogueur activiste, emprisonné en Arabie saoudite. Le but de cette initiative était de sensibiliser davantage l’opinion publique. L’Estrie a fait des investigations très poussées sur sa vie et étape par étape, des scènes réelles de son existence ont été reproduites. Tous les dessins ont été faits dans le souci du détail. Il fallait absolument représenter la réalité pour être crédible et convaincre.
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Quelles sont les caractéristiques de la BD reportage?
Illustrer la réalité dans ses détails est la préoccupation première des illustrateurs de BD documentaire. Ils n’ont pas d’appareil photo mais leurs dessins sont aussi précis que des photographies de grande qualité. La BD documentaire est un genre engagé. Elle permet de militer. L’illustrateur donne ouvertement son opinion sur des faits d’actualité ou des faits sociaux. La BD, encore plus que la photographie, peut montrer une scène dans son ensemble, via ses dessins mais aussi ses mots. L’illustrateur nous transmet ses émotions via son art. La BD documentaire commente le réel de manière pertinente.
Pascal Gros baigne dans l'humour depuis sa naissance, en 1970 à Paris, Enfant, il a toujours le nez fourré dans des bouquins et des bandes dessinées. Il parait que Pascal ressemble beaucoup à son grand-père, que ce soit au niveau du caractère ou physiquement. Vous l'aviez deviné, celui-ci avait un humour cinglant. Il lui arrivait même d'en faire au sujet de ses propres expériences personnelles difficiles. Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut en effet déporté en Allemagne.
Récemment, le genre de la BD documentaire a inclut des ouvrages moins militants et davantage basés sur l’humour. De nombreux thèmes sont traités et sont vulgarisés : les fake news, le 11 septembre 2001 et ses conséquences, le coronavirus, le racisme, l’environnement, les conditions de vie de certaines couches de la population…
C’est ce même humour noir qui attire le jeune garçon vers le dessin, découvert notamment grâce à l’émission télé Droit de réponse et à la revue de presse illustrée. Influencé par tous ces éléments, Pascal est un enfant qui questionne tout et tout le monde, mais qui veut, avant tout, faire rire ceux qui l’entourent.
La BD documentaire a le pouvoir de toucher d’autres segments de la population. Ceux qui ne lisent pas forcément les journaux ou les romans. Elle permet de mieux comprendre certains enjeux de la société. Elle peut faire pression. Elle permet de prendre conscience de nombreuses injustices. Grâce à la BD reportage, le 9e art est au service d’un monde meilleur en dénonçant ses atrocités.
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À l'occasion de son Festival BD 2021, l'équipe Made in France a eu la chance de rencontrer Pascal Gros, dessinateur de presse et invité d'honneur de la deuxième édition de l'événement. Interview unique sur son parcours, ses projets actuels et sa vision du dessin de presse dans la société contemporaine. À l’école, Pascal Gros démontre un talent incontestable pour le dessin, griffonnant dans ses cahiers et caricaturant ses profs pour faire rire ses camarades de classe. Il développe cette aptitude sur les bancs du lycée tout en préparant son bac C. Pendant son cursus étudiant à l’ESIEE (École Supérieure d’Ingénieurs en Électrotechnique et Électronique), le dessin reste pour lui un passe-temps, une passion qu’il continue à nourrir. Diplômé en 1993, Pascal décide de poursuivre cette passion en envoyant ses dessins au journal Les Réalités de l’écologie, qui les accepte. Après deux ans formateurs au sein de cette publication, il découvre le bimestriel de l'association de gauche La Vache Folle. Ce journal lui offre l’opportunité de publier des dessins plus durs et d’en apprendre davantage sur la presse et la politique. Inspiré par ces diverses expériences, il envoie des dessins d’actualité à l’hebdomadaire Marianne, fondé en 1997. Non seulement le magazine les publie, mais il reçoit en plus des commandes régulières des rédacteurs. Il devient alors, et est toujours, un des dessinateurs principaux du magazine, dont le dessin de presse est un élément essentiel.
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Chez Marianne, Pascal rencontre Tignous, qui devient un ami proche. Au début des années 2010, ils travaillent ensemble sur des hors-séries du journal ainsi que pour le Magazine littéraire. Contrairement à Tignous et à la majorité de ses collègues, Pascal n’a pas de formation initiale en dessin. « Je suis venu au dessin de presse plus par l’humour que par le dessin. C’est vraiment une manière de s’exprimer qui me correspond : cette immédiateté du dessin, cette manière de résumer une histoire. » raconte-t-il. Au même moment, Pascal entre dans le monde de la bande dessinée. En collaboration avec les scénaristes Pierre Boisserie et Frédéric Ploquin, il illustre trois œuvres coup sur coup qui mélangent histoire et humour : La droite ! Petites trahisons entre amis (2010) au sujet de Charles Pasqua, La gauche ! Primaires academy (2011) sur François Mitterrand et Marseille, une ville sous influences (2013) qui dévoile
les secrets de cette cité. « C’est intéressant de changer un peu de style, de manière de raconter », explique Pascal. Ces projets lui donnent envie d'explorer encore davantage la bande dessinée, quitte à s'éloigner des sujets politiques. Ces projets devront attendre. En janvier 2015, Tignous meurt dans l’attentat contre Charlie Hebdo. En hommage à son ami, Pascal publie quelques-uns de ses dessins dans le bouquin léger et humoristique Comment rater ses vacances (2015), projet qu’ils avaient conçu ensemble. Il trouve du réconfort dans le travail : en plus de son travail chez Marianne, il dessine désormais l'actualité pour les lecteurs de Causette, l’Humanité et la CGT. Des dessins de Pascal Gros ont été publiés dans deux livres aux éditions du Chêne : L’enfer, c’est les enfants des autres (2016) et Nulle part où fuir (2017). Le dessinateur a aussi illustré un livre écrit par le journaliste scientifique Éric la Blanche sur les biais cognitifs, Pourquoi votre cerveau n’en fait qu’à sa tête (2020). Passant du dessin au scénario, Pascal a collaboré avec l’auteure de BD Claire Bouilhac pour publier des planches dans Fluide glacial, magazine qu’il aimait déjà lire dans sa jeunesse. « J’ai bien envie d’essayer de revenir encore un peu plus à la bande dessinée. C’est quelque chose qui me plaît bien. » explique-t-il. De nouveaux projets devraient voir le jour. En plus de tous ces projets presse ou BD, Pascal est aussi présent à la télévision. Il est régulièrement l'invité de l’émission 28 minutes, diffusée le vendredi soir sur ARTE. Dans ce magazine d’actualité présenté par Elizabeth Quin, des intervenants discutent des nouvelles de la semaine. Un dessinateur illustre leurs propos en direct. Pascal a également accompagné à plusieurs reprises des interventions de « philosophie vagabonde » du philosophe forain Alain Guyard. Ce dernier aborde des sujets philosophiques illustrés en direct par un dessinateur.
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Pascal Gros admet que faire du dessin de presse, c’est jouer avec une ambiguïté qui dépasse parfois les limites de l’acceptable. « On fait des dessins d’humour noir sur des sujets qui ne nous laissent pas indifférents », explique-t-il. Si certains considèrent ces dessins offensants, d’autres admirent les dessinateurs de presse, perçus comme des héros de la démocratie et de la liberté d’expression. Pascal affirme pourtant qu’il ne s’agit ni de rabaisser qui que ce soit, ni de soulever des montagnes ou de jouer les héros, mais bien de défendre des idéaux, toujours avec humour. « C’est notre manière d’exprimer les choses. Et l'humour dans tout ça ? C’est une forme d’intelligence, l’humour ! » explique le dessinateur.
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Sandrine Revel
la bande dessinée engagée Pour Sandrine Revel, la bande dessinée est plus qu’un art : c’est un engagement. Née en 1969 à Bordeaux et diplômée des Beaux-Arts de Paris, Sandrine est illustratrice et auteure de bande dessinée depuis plus de vingt ans. Elle publie son premier album intitulé « Jouvence la Bordelaise » en 1995 avec le scénariste Frédéric Bouchet. Galvanisée par ce succès, elle saisit de nouvelles opportunités et obtient plusieurs prix. « Un drôle d’ange gardien » (1999), sa première bande dessinée jeunesse écrite en collaboration avec le scénariste DenisPierre Filippi, remporte le prix jeune espoir à Quai des Bulles en 2000. Elle reçoit pour le deuxième tome de cette série le prix Alph-Art jeunesse 7-8 ans au Festival d’Angoulême en 2001. Au-delà du succès de cette série composée de sept tomes, Sandrine publie d'autres
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œuvres destinées aux enfants comme « Le voyage de June » (2015) et « Hey Jude » (2017). Dans les années 2010, Sandrine se consacre à la création de bandes dessinées adultes. Elle se sent en effet plus à l'aise avec ce public, qui lui permet d’aborder des sujets plus sensibles, des thèmes engagés, des tabous ainsi que des formes d’injustice omniprésentes dans notre société. Dans « Résurgences » (2010), Sandrine décrit et illustre la réinsertion professionnelle des femmes et les difficultés qu’elles rencontrent dans le monde du travail. « Lesbienne invisible » (2013), une bande dessinée basée sur la pièce de théâtre d’Océan Michel, s'attaque aux idées reçues sur l’homosexualité féminine et à l'influence qu'ont ces préjugés sur l’image de soi des femmes lesbiennes.
Ces sujets doivent être approchés avec compassion et sensibilité, ce que Sandrine réussit à merveille en adaptant son style de dessin afin de transmettre les différents tons, voix et émotions qui rendent chaque histoire unique. La plupart de ses projets sont issus de collaborations avec des auteurs qui lui proposent de nouvelles idées et un processus créatif. Sandrine apprécie beaucoup cela, et parfois préfère même cette façon de fonctionner. Une de ses œuvres les plus connues est pourtant la bande dessinée « Glenn Gould, une vie à contretemps » (2015) qu’elle a présentée elle-même à ses éditeurs. Dans ce biopic récompensé du prix Artémisia en 2016, Sandrine s'immisce dans le monde de ce pianiste et explore l’unicité de sa musique. En 2019, elle s'intéresse à la vie du peintre canadien Tom Thomson et publie seule « Tom Thomson, esquisses d'un printemps ». En juin 2021, Sandrine publie deux autres bandes dessinées adultes sur des thèmes difficiles. Cette forme d'expression artistique est plébiscitée par l'auteure et illustratrice pour sa poésie et sa capacité à véhiculer des messages engagés au public. « Grand silence », réalisée avec la scénariste Théa Rojzman, aborde le sujet des violences sexuelles envers les enfants, problème trop souvent ignoré dans notre société. Dans « Crépuscule des pères », Sandrine et Renaud Cojo dénoncent le dysfonctionnement du système juridique à travers l’histoire fictive d'un père qui, en essayant d’obtenir la garde de sa fille, découvre l’histoire vraie d’André Fourquet, père du « drame de Cestas » qui s’est déroulé en Gironde en 1969. Sandrine Revel publie également sur des sujets plus légers. Tombée amoureuse de San Francisco, ville dynamique et à l'ambiance européenne, elle a publié onze ans après son voyage le premier tome de la série « Les chroniques de San Francisco » (2020) adaptée des romans d’Armistead Maupin. Inspirée par les ouvrages de ce dernier, Sandrine se concentre principalement sur les personnages et la scénographie. Fort de son succès, le deuxième tome de cette série est sorti en novembre dernier.
À l'avenir, l’auteure et illustratrice souhaite continuer à travailler sur des sujets engagés, et éventuellement aller vers le roman graphique jeunesse. « J’ai une idée par jour ! » s'exclame-t-elle. Sandrine touche aussi à d’autres domaines artistiques. Elle joue du piano, peint, crée des tableaux en laine cardée et réalise aussi des dessins de presse pour Sud-Ouest Dimanche. Elle admet que passer de la bande dessinée à ces autres formes d'expression artistique requiert une gymnastique créative de l'esprit. Le dessin de presse lui permet cependant de sortir de son univers, de mettre de côté ses autres projets et d’aborder des thèmes différents. Sandrine Revel conseille aux jeunes femmes auteures et illustratrices qui souhaitent emprunter une voie similaire de toujours faire preuve de persévérance et de passion : la bande dessinée « (...) est un métier de patience » explique-t-elle. C’est laborieux, et on travaille souvent seul. Chacune devrait trouver sa propre façon de s’imposer dans ce milieu artistique, qui compte aujourd’hui beaucoup plus d'artistes féminines qu'au début de la carrière de Sandrine. Il faut également être passionné, parce que la création d'une bande dessinée requiert beaucoup de choix que ce soit au niveau du style graphique, de la narration, etc. Pour Sandrine, le plus important est de choisir une histoire qui nous motive et de proposer des projets ambitieux. « Il ne faut pas avoir peur » affirme-t-elle.
Retrouvez l'interview sur notre chaîne YouTube ici :
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Léna Monmousseau d'après une interview de Matthieu Blanchin
Calamity Jane FIGURE FÉMININE EMBLÉMATIQUE DU WESTERN Entre mythes et réalité, le personnage de Calamity Jane, née Martha Jane Cannary, a été une source d’inspiration pour plus d’un auteur et réalisateur depuis les années 20. Dans le monde de la BD, les premiers à mettre en scène cette figure emblématique de la conquête de l’Ouest sont Morris et Goscinny au sein d’un épisode de leur célèbre Lucky Luke paru en 1954. Et c’est plus de 50 ans après que Matthieu Blanchin et Christian Perrissin se sont de nouveau penchés sur cette femme forte dans leur nouvelle série western « Martha Jane Cannary: la vie aventureuse de celle que l'on nommait Calamity Jane ». Il est assez difficile de retracer la vie de Martha Jane car sa vie et ses exploits ont souvent été embellis et théâtralisés, aussi bien par elle-même que par autrui. Il existe plusieurs sources biographiques qui narrent sa vie telles que l’autobiographie qu’elle distribuait au cours de ses spectacles, les lettres qu’elle écrivait à sa fille, ou encore les articles écrits à son sujet. Cependant la crédibilité de ces documents est fortement remise en cause. Tous font le portrait d’une femme courageuse et en avance sur son époque en tant que femme. Mais la réalité de sa vie était plus sombre et marquée par l’alcool.
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Sa naissance même est sujette à des questionnements. Ainsi, selon sa biographie, elle serait née en 1852, selon sa pierre tombale elle serait née deux ans plus tôt, en 1850, et selon les registres de recensement à Deadwood ce serait 1856. On sait néanmoins qu’elle a grandi dans une famille de paysans dont elle était l’aînée d’une fratrie de six enfants. Frappée par la misère, sa famille décide de partir en 1865 et d’entreprendre le grand voyage vers l’Ouest américain. Les parents de Calamity Jane étaient mormons, ce qui aurait en partie motivé la migration de la famille Cannary vers Salt Lake City. Sans oublier le fait que les mormons étaient alors persécutés dans l'Est américain, notamment parce qu'ils promouvaient la polygamie. Lors de ce voyage, Martha perd sa mère. Deux ans plus tard, son père disparaît. Alors orpheline, elle aurait été placée dans une famille d’accueil et aurait effectué plusieurs petits boulots pour survivre. Au début des années 70, elle participe à plusieurs expéditions et est remarquée par plusieurs journalistes. C’est alors que Martha Jane Cannary devient Calamity Jane. Nourri par le film Little Big Man d'Arthur Penn ou les albums Blueberry de Charlier et Giraud, Matthieu Blanchin était à la fois fasciné par l'histoire de l'Ouest américain, en particulier des natifs amérindiens, et, en meme temps, intimidé par ces grandes œuvres transposant cette histoire de l'Ouest. C'est pourquoi la lecture des Lettres à sa fille a été un déclencheur, en lui permettant d'oser entrer sur ce terrain par le biais d'une histoire singulière, celle d'une femme unique et inspirante par ses contrastes, ses paradoxes et la richesse de sa vie.
Christian Perrissin, présenté par Matthieu comme un « scénariste chevronné », est celui qui lui a mis ces fameuses lettres entre les mains. Il avait en effet le projet d’écrire un roman graphique et de sortir du format traditionnel de la bande dessinée en 48 ou 62 pages. Les deux auteurs ont donc modelé ce personnage de Calamity Jane à 4 mains. Au fil du temps, leur perception de sa psychologie et de ses émotions s’est assez facilement accordée. Pour en arriver à ce résultat, un grand travail de recherche et de documentation a été nécessaire. En réalité, les sources biographiques telles que la biographie de Martha Jane ou les Lettres à sa fille sont des sources nuancées. L’authenticité de ces lettres est, par ailleurs, fortement remise en cause par l’historien américain J. Leonard Jennewein qui les qualifie de « canular complet du début à la fin ». La filiation même de Janey, la fille de Calamity Jane, est incertaine. Selon ces lettres, elle serait l’enfant de Jane et de Wild Bill Hickok. Or cette histoire d’amour serait une légende et Janey serait en fait la fille d’un lieutenant. Un réel travail de documentation a donc été nécessaire pour comprendre cette période et la construction du mythe de la conquête de l’Ouest, Matthieu et Christian se sont appuyés sur des ouvrages tels que Le western et les mythes de l’Ouest : Littérature et arts de l'image, de Gilles Menegaldo et Lauric Guillaud, et La Conquête de l'Ouest : Le récit français de la nation américaine au XIXe siècle de Tangi Villerbu. Leur objectif n’était pourtant pas de relater des faits biographiques réels, mais de partir de faits biographiques afin de créer un récit crédible et cohérent. Si Martha Jane, elle-même, avoue raconter parfois des bobards aux journalistes (cf Lettres à sa fille) des historiens comme Doris Faber ou James McLaird ont pu établir la solidité de faits concernant Calamity Jane. C'est pourquoi, tout en s'appuyant sur ceux-ci, il a été passionnant pour Christian et Matthieu de tenter de reconstituer de manière crédible une destinée qui gardera sa part de mystère comme toute aventure humaine.
« C’était un de ses charmes, c’était une grande conteuse. Quand elle commençait à raconter quelque chose, c’était avec tellement de générosité que tout le monde dans un bar s’arrêtait, l’écoutait . (...) On y sent une plume de grand talent », déclare Matthieu Blanchin au sujet des Lettres à sa fille. Sources : https://www.liberation.fr/planete/2019/08/19/calamity-jane-little-big-woman_1746054/ https://www.geo.fr/histoire/calamity-jane-une-femme-libre-au-destin-tragique-205056 https://fr.wikipedia.org/wiki/Calamity_Jane http://bdzoom.com/49065/bd-de-la-semaine/%C2%AB-martha-jane-cannary-%C2%BBt3-%C2%AB-les-dernieres-annees-1877-1903-%C2%BB-par-matthieu-blanchin-etchristian-perrissin/
https://www.futuropolis.fr/9782754815611/martha-jane-cannary-1852-1903.html https://www.youtube.com/watch?v=lpOlxKWdHD4 https://www.youtube.com/watch?v=-FPEiRKSu5M Doris Faber, Calamity Jane: Her Life and Her Legend, HMC James McLaird, Calamity Jane: The Woman and the Legend, University of Oklahoma Press.
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RETROUVEZ NOS VIDÉOS WESTERN SUR NOTRE CHAÎNE
Rencontre avec MATThIEU BLAnCHIN
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Originaires du Sud-Ouest de la France, Bertrand Escaich et Caroline Roque se sont rencontrés lors d'un cours de danse africaine à l’université Paul Sabatier à Toulouse. Caroline y préparait un doctorat en biologie tandis que Bertrand était étudiant en licence de sciences physiques. Leur passion commune pour l'écriture – les bandes dessinées pour Bertrand et les romans et nouvelles pour Caroline – les a rapprochés. Ce cours de danse a marqué le début de leur collaboration artistique et a abouti à la création de leur célèbre duo de scénaristes de bandes dessinées sous le pseudonyme de BeKa.
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Bertrand et Caroline, un duo gagnant Dès 2002, les BeKa ont publié plusieurs séries sur des thèmes très variés. La plus connue, Les Rugbymen, est une série humoristique de 18 tomes créée en collaboration avec la maison d’édition Bamboo et le dessinateur Poupard. Le duo a publié d'autres bandes dessinées jeunesse comme Les fées Valentines, Studio Danse (également adapté en roman jeunesse par Caroline), Le blog de... et Champignac, série basée sur le personnage de Spirou et Fantasio et lauréate du Prix de la BD Fnac Belgique en 2019.
BeKa
Bertrand et Caroline connaissent aussi le succès à titre personnel : lui est l'auteur de la bande desssinée Chinn, tandis qu'elle a écrit des romans et albums jeunesse comme L'école des loups publié en 2020. Comment fonctionnent le duo BeKa ? Les deux scénaristes développent ensemble les thèmes et personnages de leurs histoires. Ils travaillent à deux pendant tout le processus de rédaction, même s’ils ont chacun leurs spécialités : le dialogue pour Caroline, le découpage et l’organisation pour Bertrand. Les BeKa collaborent avec différents dessinateurs sur leurs séries, ce qui rend chaque projet enrichissant et unique.
Dans la série Le jour où..., les BeKa s'adressent aux adolescents et adultes. Les différents tomes évoquent le développement personnel à travers les personnages qui cherchent leur voie.
FILLES UNIQUES une série touchante et d'actualité Le duo BeKa publie aussi pour les jeunes adultes et a sorti en mai 2021 le premier tome de la série Filles uniques intitulé Paloma (éditions Dargaud). Cette bande dessinée suit cinq lycéennes qui se sentent exclues et décident de s’unir afin de surmonter leurs problèmes. Paloma, personnage éponyme du premier tome de Filles uniques, a été placée dans 15 familles d’accueil différentes depuis ses six ans. Dans ce premier tome, elle part vivre chez Liselotte, une femme âgée, qui a déjà accueilli plusieurs jeunes en difficulté.
Camille Méhu Illustratrice de la série Filles uniques
Liselotte met au défi Paloma de trouver de vrais amis à l’école. Cette dernière est cependant sur la défensive et en veut à la terre entière. Le groupe de filles composé de Chélonia, Céleste, Sierra et Apolline décide de l’aider à surmonter son passé, dans l'espoir qu'en acceptant sa vulnérabilité, Paloma les acceptera également comme amies.
À la question de l'équipe Made in France « Quel est ton projet préféré ? », Bertrand a répondu : « C’est toujours le prochain ! »
Ce premier tome de Filles uniques promet une série touchante. L’illustratrice Camille Méhu, diplômée de l’école des Gobelins, y dessine des personnages réalistes dans un style clair et nuancé qui rappelle à la fois la bande dessinée franco-belge et le manga japonais. Les BeKa abordent des thèmes difficiles – la famille, les services sociaux, l’amitié, la sexualité et la santé mentale – avec empathie, sensibilité, et toujours une pointe d’humour. Ce premier tome de Filles uniques apporte du réconfort aux adolescents qui sont confrontés aux mêmes problèmes que les personnages. Ces derniers expriment des émotions, soucis et pensées que beaucoup de jeunes adultes
taisent et gardent au plus profond d'eux-mêmes. Cinq tomes sont déjà prévus pour la série ! Même si Caroline et Bertrand s'attaquent à des sujets sérieux, leur objectif principal est de divertir et de donner aux jeunes envie de lire. Dans un entretien avec VL Média, ils expliquent que « c’est à travers le divertissement qu’on fait passer des idées de la vie quotidienne. » En août 2021, deux nouvelles œuvres ont vu le jour : le tome 6 de la série adulte, Le jour où le bonheur est là, et le premier tome de la nouvelle BD Cœur collège, Secrets d’amour.
Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Caroline_Roque https://vl-media.fr/beka-le-rugby-est-aussi-reserve-aux-filles/ https://www.dupuis.com/auteurbd/beka/1492 https://www.amazon.com/Filles-Uniques-1-PalomaFrench/dp/2505087091
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salon du livre francophone de la côte Ouest américaine mars 2022 événement hybride
www.amadeinfrance.com