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Festival Les Ailleurs

Nouveau festival né de la collaboration avec Fisheye, Les Ailleurs est un territoire d’expérimentation et de prise de parole sur nos modes de vie à travers le prisme des technologies immersives.

Imaginez-vous dans la peau d’un spationaute marchant sur la Lune ou dans l’océan en train de danser avec les méduses. La crise sanitaire nous a privés de voyages, alors les artistes cherchent à nous transporter dans leurs univers. A la Gaîté Lyrique, une vingtaine de professionnels du jeu vidéo, de l’architecture, de la peinture ou de la création sonore proposent d’explorer de nouveaux territoires grâce à la réalité virtuelle ou augmentée. «L’idée consiste à comprendre comment ces voyages immersifs permettent de parler de notre rapport au monde en déplaçant notre perception», explique Victoire Thévenin, directrice artistique du festival Les Ailleurs.

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Entre réalité virtuelle et réalité augmentée

Douze oeuvres sont disposées le long de trois parcours thématiques au premier étage de la salle parisienne, rénové ces derniers mois et entièrement dédié aux écritures immersives. Muni d’un casque, le visiteur se fonde dans chaque univers grâce à une scénographie dédiée. «L’immersion permet d’aller plus loin que la simple exposition», commente Benoît Baume, président du festival et directeur de la rédaction du magazine Fisheye, partenaire de l’événement.

Inspirés du VR Arles Festival qui se tient depuis 2016, Les Ailleurs veulent faire découvrir la réalité virtuelle au grand public, un médium qui intéresse de plus en plus les artistes. Les deux directeurs ont reçu pas moins de 400 candidatures du monde entier lors de l’appel à projets, des étudiants de l’école des Gobelins aux pionniers du jeu vidéo comme le Français Eric Chahi. Le concepteur à l’origine du classique Another World (exposé au MoMA de New York) est venu présenter son jeu vidéo immersif Paper Beast, sorti en mars 2020 sur PlayStation VR, où l’on se déplace dans un monde peuplé d’étranges animaux en papier. Ici, pas question d’accomplir des objectifs ou d’affronter des ennemis, mais simplement d’errer et de s’émerveiller du décor désertique : «C’est un moyen de s’évader à la fois géographiquement et spirituellement, explique son créateur. Ce qui est intéressant avec la réalité virtuelle, c’est de composer les espaces pour communiquer des émotions. Il y a quelque chose d’assez viscéral.»

Explorer le langage des cachalots

Plus immersive encore, l’oeuvre de Randall Okita, The Book of Distance, où l’utilisateur incarne Yonezo Okita, grandpère de l’artiste et immigré japonais au Canada en 1935, juste avant la Seconde Guerre mondiale. «C’est une réflexion sur le fait d’être étranger et d’éprouver physiquement le racisme», explique Benoît Baume. D’autres propositions sont plus énigmatiques, comme La Polyrythmie des cachalots, production sonore d’Antoine Bertin qui invite les participants, confortablement installés sur des poufs, à explorer le langage complexe de ces mammifères marins.

Enfin, trois artistes européens se sont inspirés de l’expérience du confinement pour The Smallest of Worlds, sorte de mémoire virtuelle collective à base de «captations photogrammétriques» (modélisation 3D à partir de photos). La création sera d’ailleurs enrichie par le public au fur et à mesure du festival. A la Gaîté Lyrique, chaque visiteur doit interagir avec les oeuvres pour explorer leur univers, en chantant, en dessinant ou même en travaillant sur sa respiration. Des performances «transformatives», comme les qualifie Benoît Baume, persuadé de «l’appétence du public pour la culture». En attendant la réouverture du lieu, contexte oblige, l’expérience est disponible à distance via la plateforme HTC Vive.

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