Maéva Sinou
LE CENTRE ECOLOGIQUE ET TECHNIQUE DE L’INDUSTIE Comment faire de la pollution une opportunité de projet dans la reconversion des friches industrielles ? Le Cas de l’usine de Rassuen Sous la direction de Delphine Désert
Tous les documents non crĂŠditĂŠs sont des photographies et images personnelles
Notice de Projet de Fin d’Etude -Maéva Sinou
LE CENTRE ECOLOGIQUE ET TECHNIQUE DE L’INDUSTIE Comment faire de la pollution une opportunité de projet dans la reconversion des friches industrielles ? Le Cas de l’usine de Rassuen Transmission des formes et Mutations des usages-Edifices XXe DE1 AXE 1-Préexistences Sous la direction de Delphine Désert
Jury : M. Klinger, M. Denante,Mme Bordas, M. Breton, M. Belmaaziz
Remerciments
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J e tiens à remercier Delphine Désert, pour son enseignement, sa disponibilité et sa
sensibilité face au patrimoine. Je remercie également Christophe Julienne, Sébastien Cord et Sarah Bitter pour leurs corrections et leurs approches complémentaires. Je tiens également à saluer Emmanuel Breton pour son écoute et ses conseils. Je remercie Antoine Killian pour ses retours d’expériences concernant la phytoremédiation. Je suis de même très reconnaissante envers toutes les personnes ayant pris le temps de répondre à mes questions : Madame Rioux, Madame Rouget, la gardienne, Fabrice Ney, Christophe Galatry, Monsieur Chalendard, Geoffroy Mathieu, Xavier Daumalin, Stéphane Alorge, Xavier Riche, Marie Hélène Sibille, Marc Del Corso, Michael Parat. Je remercie Quentin Daher qui nous a permis d’avoir les premiers relevés, exécutés lors de son propre PFE. Je remercie Isaline Maire pour la documentation fournie sur l’Etang de Berre. Je remercie Yohan Depussay, pour son soutien constant, ses critiques et son aide sur ce projet. Je remercie Nicolas Dalmasso pour son appui et ses conseils concernant le fonctionnement d’une usine. Je tiens également à remercier ma famille qui m’a particulièrement soutenu lors de ce PFE, Elodie Sinou pour ces compétences en chimie verte et génie des procédés qui m’a permis de rendre ce projet réaliste ; Sylveline Sinou pour son soutien moral et l’aide sur les maquettes, Xavier Sinou pour son regard tout au long du projet et notamment sur la partie structurelle. Enfin, je remercie les membres du jury pour la lecture de cette notice.
Sommaire 8
Avant propos
11 Introduction 14 Première partie : Comprendre le site à trois échelles 14 Présentation échelle de Berre Evolution historique L’étang de Berre : entre désindustrialisation et renouvellement
28 Présentation échelle Istres Istres : une ville, deux pôles Un site industriel entouré de parc
36 Présentation de l’usine de Rassuen Historique du site Etat sanitaire et intérêt patrimonial
56 Deuxième partie : Programmer et concevoir 56 Opportunités du site 58 Enjeux 60 Faire avec un site pollué : d’une contrainte à un programme Pollutions présentes Phytoremédiation
70 Phasage du projet 78 Réinvestir les ruines Ruines, témoins du palimspeste architectural Références architecturales s’immisçant dans le patrimoine Intentions architecturales Structure
90 Conclusion 92 Bibliographie
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Avant-propos
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Pourquoi être architecte ? Cette question est la première que l’on se pose lorsque nous devons faire nos choix concernant les différentes écoles. En relisant ma lettre d’entrée dans ces écoles, je répondais que l’intérêt de cette discipline était d’allier l’art et les sciences. Aujourd’hui après avoir effectué ces nombreuses années d’études, je me rends compte que l’intérêt de l’architecture est effectivement son interdisciplinarité, mais que cela va bien au-delà. Ainsi, le partage et l’échange entre des domaines aussi variés que la sociologie, l’histoire, la géographie, la physique et la chimie dans ce cas, permet de concevoir des projets plus en adéquation avec les attentes et les besoins des usagers. Afin de répondre à la question, « pourquoi être architecte », il convient de comprendre ce qu’est un architecte. Nous pratiquons tous quotidiennement l’architecture, nous y sommes donc tous confrontés. C’est un art, certes, mais un art habitable. L’habitabilité est ce qui rend l’espace habitable, il devient alors familier. L’architecte se doit donc dans un premier temps de s’interroger sur ce qui fait l’habitabilité d’un projet. « L’architecture est comme un service collectif, comme de la poésie, quelque chose qui n’a rien à voir avec l’art, une espèce d’alliance entre le devoir et la pratique scientifique » (Lina Bo Bardi, Arte)
S’interroger
Examiner quelque chose avec attention pour en tirer une réponse aux questions que l’on se pose (Larousse, 2019) L’architecte doit se questionner tout au long du processus interactif que constitue la fabrique du projet. L’architecte peut être considéré comme un médiateur qui fait le lien entre les disciplines, il se doit donc de rester alerte et curieux à tous les champs qui parcourent le projet. Il peut s’agir de la culture, des usages passés et futurs, des savoir faire locaux, du climat, de l’histoire, de l’écologie, des ressources, de la géologie. Il doit alors se mettre en relation avec des experts mais également des non-savants. Le savoir profane permet en effet de comprendre l’essence du lieu. Ainsi, les méthodes telle que l’enquête de terrain permettent d’appréhender le site dans toute sa complexité. De même, la participation citoyenne permet de mieux comprendre et saisir le site.
Comprendre
Saisir par l’esprit l’action, le comportement de quelqu’un, en entrant dans ses raisons, ses mobiles, participer à sa manière de voir, de réagir (Larousse, 2019).L’architecte se doit de comprendre le contexte du territoire sur lequel il s’implante. Après s’être et avoir interrogé, l’architecte doit faire la synthèse des éléments recueillis.
10 L’architecte se doit de comprendre le contexte du territoire sur lequel il s’implante. Après s’être et avoir interrogé, l’architecte doit faire la synthèse des éléments recueillis. Il cherche alors à comprendre les lignes de forces sur lesquels il pourra appuyer son projet. La connaissance approfondie du site (permise par la collecte de données), permet de saisir l’esprit du lieu. « L’esprit du lieu est constitué d’éléments matériels (sites, paysages, bâtiments, objets) et immatériels (mémoires, récits oraux, documents écrits, rituels, festivals, métiers, savoir-faire, valeurs, odeurs), qui servent tous, de manière significative à marquer un lieu et à lui donner un esprit » (Icomos, 2008)
Proposer
Donner, suggérer une solution (Larousse, 2019) Après s’être confronté au site, il faut en proposer une relecture possible. Il faut respecter le contexte de façon générale, l’histoire de l’édifice, ses ambiances et sa spatialité. L’architecte doit tenter de donner du sens, faire sens. L’architecte peut alors proposer un nouveau programme, une opportunité de changement. Il donne des affordances. Le futur usager pourra alors se saisir de ces nouvelles potentialités.
Transmettre
Communiquer quelque chose à quelqu’un après l’avoir reçu (Larousse, 2019) L’architecture est un métier de transmission. A travers, un projet c’est une idée de l’architecture, des valeurs qui sont transmises. Le projet devrait pouvoir se faire sur une longue période, et non dans l’urgence où l’on aurait le temps de mettre en place de nouvelles dynamiques afin de pouvoir innover, en ayant le temps de valider les interrogations de départ. De même, un bâtiment n’a pas qu’une seule vie et ne se limite pas à sa livraison. Il est donc nécessaire de penser à l’édifice non pas à un instant « t ». Il faut tenter de le rendre adaptable pour qu’il puisse évoluer. Enfin, l’enseignement de l’architecture permet également de continuer à s’instruire tout en transmettant. S’interroger-Comprendre-Proposer-Transmettre est un des processus de fabrique du projet. Cette méthodologie est celle qui a été utilisée dans le cadre de ce projet de fin d’études. Ce projet de fin d’études cherche à être le support de pensée de mes valeurs tant au niveau social, économique qu’écologique mais aussi la synthèse des connaissances acquises lors de mon parcours. L’avantage des études en architecture est de pouvoir ouvrir des perspectives. Pourquoi être architecte ? Peut-être s’ouvrir à toutes les possibilités, et avoir la liberté de pouvoir travailler aussi bien comme enseignante, scénographe, urbaniste pour les pays des Suds ou architecte du patrimoine.
Introduction
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Pourquoi réhabiliter le patrimoine XXe siècle ? Le taux de vacances des constructions dans la métropole Aix Marseille est de 7,6 % en 2018, selon l’INSEE, alors que dans le même temps nous assistons à une crise du logement. La consommation de terrains n’étant pas une solution envisageable, il nous faut repenser notre façon de construire en réinvestissant les bâtiments devenus obsolètes. Dans une optique de décroissance, la réhabilitation devient indispensable. Le studio dans lequel s’inscrit ce projet de fin d’études s’intitule Transmission des formes-Mutation des usages-Edifices du XX siècle, il s’agit alors de générer de nouvelles pratiques dans ces sites délaissés tout en préservant l’essence de ce qu’a été l’édifice existant. La notion de ce qu’est le patrimoine entre alors en jeu. En quoi consiste le patrimoine ? Qu’est-il important de transmettre ? Le patrimoine est le « bien que l’on hérite de ses ascendants » (Larousse, 2019). Il n’est pas inhérent au monument, mais aux potentiels et à l’idée que l’on se fait de sa valeur. Le patrimoine est donc un construit social (Torres, 2005). Ayant grandi à côté de Tours, j’ai été marquée très jeune par la mise en scène et la mise en tourisme des monuments tels que les abbayes, monastères et les châteaux de la Loire. La valeur universelle exceptionnelle de ces édifices historiques abritant les rois de France est communément acquise mais quand est-il des édifices plus communs telle qu’une usine ? Contrairement à ces monuments uniques, il ne s’agit pas ici « d’architectures remarquables d’un point de vue historique ou esthétique » (Larousse, 2019) mais plutôt d’un édifice typique, témoin de son époque. En travaillant sur la notion de patrimonialisation en Inde du Sud, j’ai pu constater à quel point le patrimoine est lié à la culture, il renvoie à des valeurs communes. Les édifices n’ont en effet d’intérêt pour les indiens que s’ils sont usités (liés à un culte, habités) sinon ils n’ont pas d’intérêt à être restaurés, la mémoire se transmet par les écrits et la parole. En France, au contraire, un édifice peut devenir un témoin manifeste de son époque. C’est pourquoi la réhabilitation de sites délaissés telle qu’une usine, apparaît importante tant dans les techniques et savoir-faire de la construction de l’édifice (le matériel) que dans le récit des ouvriers (l’immatériel). Le bâtiment peut rapporter, relater une histoire : un récit vrai ou imaginaire. Une fois la complexité et l’hétérogénéité de ces récits comprises, et la valeur d’authenticité de l’édifice faite, une transformation par l’architecte est envisageable. La perspective d’une réhabilitation, ne doit pas oublier de mettre en valeur les petites histoires, parfois oubliées, peu souvent rapportées mais qui participent pourtant à l’Histoire.
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Pourquoi travailler sur une friche industrielle autour de l’étang de Berre? Je travaille autour de l’Etang de Berre puisque ce site me parait être un enjeu majeur de la Métropole Aix Marseille. Ainsi, cette grande étendue d’eau salée très visible lorsque l’on arrive en avion ou de l’autoroute vers Marseille, semblait avoir été délaissée. Cet ancien berceau de l’industrialisation se voyait ainsi morcelé entre des sites toujours en activité lié à la pétrochimie (à l’Ouest) et d’autres tentant de développer leur potentiel touristique (à l’Est). Je travaille donc sur la réactivation de friches autour de l’Etang de Berre afin de lui redonner une attractivité symbolique mais aussi économique. La friche de l’usine de Rassuen à Istres, me permet donc de travailler sur un exemple qui pourrait être reproductible sur d’autres sites désindustrialisés, et offre une autre perspective à ces lieux délaissés et pollués que l’abandon ou la transformation en plateforme de logistique. L’étang de Rassuen est un témoin du passé, de la mémoire ouvrière qu’il faut faire perdurer. Le choix de ce site comme projet déclencheur est lié à la facilité d’accès du site, en entrée de ville, aujourd’hui utilisé pour des urbex, des jeux tel que le flashball, des promenades. Cette ancienne usine se révèle être un véritable palimpseste, recoupant à elle seule 180 ans d’histoire industrielle. Aujourd’hui, cette enclave polluée et abandonnée dans la ville est devenue malgré elle, un parc où règne les flamands roses.
Ci contre : Photo de l’Etang de Rassuen, Mars 2019
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Site potentiellement polluÊ en France par l’Industrie
Première partie : Comprendre le site à trois échelles L’usine de Rassuen se trouve dans la région Sud, dans le département des Bouches du Rhône, au bord de l’Etang de Berre. La France compte 647 sites classé par Seveso comme étant à haut risque, le département des Bouches du Rhône en compte à lui seul plus de 62 sites. Ces sites sont principalement pollués par l’industrie. Ainsi, ce département compte plus de 3500 sites potentiellement pollués par l’industrie. Nous allons dans un premier temps revenir sur l’évolution historique de l’Etang de Berre afin de comprendre la présence actuelle de nombreuses friches industrielles et polluées, puis s’interroger sur la morphologie urbaine de la ville d’Istres et enfin comprendre le site à l’échelle de l’usine de Rassuen.
Présentation échelle Etang de Berre L’Etang de Berre s’est créé suite à la submersion par la mer d’une cuvette formée à l’ère glaciaire. Il possède une eau saumâtre, c’est-à-dire qu’elle contient de l’eau salée provenant de la mer par le passage de la Caronte et de l’eau douce venant des rivières. Cette eau est de plus en plus douce suite aux anciens déversements d’eau du barrage EDF (ayant des conséquences désastreuses sur la faune et la flore locale). L’étang est le passage entre le Rhône et Marseille, entre l’Est et l’Ouest (CAUE, 2000). L’étang est composé d’un territoire clos : le territoire de Vitrolles, Marignane à l’Est, les plaines d’Istres à l’Ouest où se trouve également Saint Mitre les remparts, Fos, Rognac, les collines au Sud avec les villes de Martigues, Port de Bouc au Nord avec Saint Chamas et Berre l’Etang. Ce territoire divisé, ne possède pas d’identité commune. C’est un territoire fragmenté, déstructuré et complexe.
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Evolution historique : Istres un lieu attractif depuis l’Antiquité
A l’Antiquité, les zones habitées par les celtos-ligures sont les points hauts afin de surveiller, c’est le cas de l’oppidum de Saint Blaise, sous l’influence de la ville d’Arles. Istres est donc d’ores et déjà une ville attractive. Avec la romanisation, les modèles d’habitats vont évoluer, et les oppidums vont laisser place à l’occupation des plaines qui utiliseront de nouvelles techniques de drainage pour investir les zones humides. L’Etang est alors exploité pour la pêche. Cependant, à la chute de l’Empire, ces villes seront abandonnées pour un retour sur les hauteurs.
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Evolution historique : Istres sous la domination d’Arles
Ainsi, en place de l’oppidum de Saint Blaise, une abbaye s’installe, exploitant le sel des deux étangs l’entourant à l’époque féodale. Au Moyen Age, on observe un maillage entre les différents châteaux Saint Chamas, Istres et Fos. Le territoire est alors géré par un pouvoir féodal et les nouvelles techniques agricoles (gestion des canaux, élevage du mouton, culture du blé, vigne, foin et déjà sel) permettent d’alimenter le territoire des 20 communautés présentes gérées par Aix, Marseille et Arles. L’Ouest de l’Etang est sous la domination de l’église d’Arles et l’abbaye de Montmajour (CAUE, 2000).
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1809
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Evolution historique : histoire de la soude autour de l’Etang Jusqu’au XIIIème siècle, pour l’élaboration de la soude, il est nécessaire de brûler des plantes halophiles (qui aiment le sel) tel que la salicorne, la bouille, et la soude. Ces plantes sont cultivées du Moyen Age au XVIIIe siècle avec la dîme prélevée à Marignane (Balzano, 1993). Cette soude est principalement nécessaire pour faire du savon mais aussi dans la verrerie. Il existe ainsi 33 savonneries à Marseille en 1782 et 20 verreries en 1788. Ces plantes à soude ne suffisant pas, l’approvisionnement se fait également à l’étranger : l’Italie et l’Espagne. En 1776, un concours de l’Académie des sciences de Paris est lancé pour la création de soude artificielle, Nicolas Leblanc le remporte avec son mélange d’acide sulfurique et de sel marin formant du sulfate de soude. Ce sulfate de soude est mélangé avec du calcaire, du charbon dans un four afin de former de la soude (avec des dégagements d’acide chlorhydrique). Ce procédé coûteux ne sera cependant utilisé qu’en 1806, lorsque Napoléon entre en guerre avec l’Angleterre. Celle-ci, en représailles, attaque les navires espagnols qui approvisionnaient la France en plante à soude, le prix de la soude grimpe alors en flèche. L’empereur décide alors de développer des usines de soude artificielle selon le procédé Leblanc, et par conséquence proches de la mer. Il interdit l’importation de soude étrangère en 1810. Les usines de Marseille, Septème, Fuveau, Auriol et Istres sont donc créées (4e technologique, 1985).
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Evolution historique : des salins pour l’indusrie au XIXe siècle La proximité des salins et des usines s’explique par l’utilisation du sel marin dans le procédé de fabrication de la soude. La fin de la gabelle, l’impôt sur le sel, en 1809 permet ce développement rapide. En 1900, le procédé Solvay est créé : l’ammoniaque et le chlorure de sodium sont désormais utilisés. De nouvelles concurrences émergent en Camargue avec les salins de Giraud, l’usine de Pechiney et de Solvay. Cette dernière est très importante, elle fait ainsi 53 hectares et produit 20 milles tonnes de soudes (4e technologique, 1985). Ces nouvelles usines produisent plus de soude, moins cher. Les usines de soude utilisant le sel ne sont plus rentables et semblent obligées de diversifier leurs productions. Les salins sont exploités jusqu’en 1945. En 1966, les eaux de la Durance rentrent dans l’Etang, qui ne peuvent plus être utilisé en tant que salin. Les différents salins redeviennent des marais et sont soumis aux pressions foncières engendrées par l’arrivé de l’aéroport (CAUE, 2000). Certaines usines sont délaissées devenant des friches industrielles, particulièrement polluées.
Friches indusrielles autour de l’Etang
Usine de Rassuen Istres Plan d’Aren Etablissement Wermink Martigues Rizerie Port Saint Louis Scierie Sofba Port Saint Louis Entrepôt maritime Port Saint Louis Usine de soude Calanque de l’Everine
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Etablissement Kulhmann société minière Usine de soude Septème Usine d’alumine Pechiney la Barrasse Soudière des trois Lucs Manufacture des produits chimiques Saint Gobain Usine de plomb friche de l’Escalette
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La part des jeunes peu qualifiés est plus importante que dans le reste du département (niveau BEP). La part des jeunes de plus de 15 ans n’ayant que le brevet des collèges à Istres et Martigues est de 31 % alors qu’elle tombe à 22 % dans le reste de la région Sud en 2008.
De même, la part des jeunes de 15-24 ans n’ayant ni emploi ni formation est de 19% sur ce territoire, contre 16 % à l’échelle de la région.
Le taux de chômage dans cette zone est de 12% en 2011, la part des moins de 25 ans au chômage est de 18 % et la part des ouvriers et des employés est de 91%, les jeunes salariés et ouvriers sont donc les plus touchés par le chômage.
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L’étang : entre désindustrialisation et renouvellement Le Pourtour de l’Etang , un taux de chômage de plus en plus important Les communes du pourtour de l’Etang de Berre constituent une des zones majeures de l’emploi industriel en France. Le chômage y est cependant important et les entreprises éprouvent des difficultés à recruter du personnel pour les emplois vacants (ORM, 2003). Historiquement, l’urbanisation de l’étang de Berre a été très rapide entre 1968 et 1982 et s’est faite en parallèle de l’essor de l’industrie. La population a par exemple triplée à Istres. Les employés des industries du pourtour de l’Etang logent pour une grande partie à Vitrolles ou Istres. Cependant entre 1990 et 1999, la population active augmente trois fois plus vite que l’emploi, engendrant de fort taux de chômage dans cette aire (ORM, 2003). La progressante régression des différentes industries s’est faite au profit du secteur de la logistique employant des jeunes peu qualifiés. Le bassin de vie de l’Ouest de l’Etang : attractivité et jeunes peu qualifiés La zone Est de l’Etang se distingue de l’Ouest, puisqu’elle reste plus attractive. Ainsi, dans le bassin d’emploi Istres-Martigues-Fos on trouve une augmentation constante du nombre d’habitants (ORM, 2013). Ces habitants font partie des classes ouvrières ou intermédiaires dans leurs grande majorité, et la part des familles y est plus importante. A contrario, les personnes seuls et sans enfants sont peu représentées. De même la part des retraités y est faible. Renouvellement de l’industrie chimique autour de l’Etang Aujourd’hui des projets tel que Piicto (Plateforme Industrielle et d’Innovation Caban-Tonkin) ou Vasco tente de recréer de l’emploi dans cette zone tout en s’engageant dans la transition énergétique (ORM, 2018). Le but est ainsi de créer des partenariats entre les entreprises et les formations pour s’engager dans une chimie plus verte et une économie circulaire. Ces démarches s’inscrivent dans les démarches -Industrie du Futur à l’échelle des Bouches du Rhône. En Provence, l’industrie chimique représente 0,8 % des emplois et sont majoritairement dans des structures de plus de 500 employés. Cependant la difficulté de recrutement à l’Ouest de l’Etang ainsi que l’augmentation des coûts des matières premières et la pression des marchés internationaux obligent les entreprises à repenser leurs fonctionnements. Nous allons maintenant tenter de comprendre le site à l’échelle de la ville dans lequel il s’insère Istres, et ce de façon historique et paysagère.
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Ville d’Istres en 1935 d’après Quentin Daher
Présentation échelle d’Istres
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Istres est une ville de 43 086 habitants au dernier recensement de l’INSEE en 2015, elle a une superficie de 11 373 hectares. Elle est la sous-préfecture du département des Bouches du Rhône. Elle est le siège du pôle Istres Ouest Provence de Aix Marseille Métropole.
Istres : une ville, deux pôles Istres 1930 : deux hameaux Istres est une ville qui s’étend de l’Etang de l’Olivier au Nord à l’étang de Rassuen au Sud. Son centre historique est organisé autour d’un noyau compact autour d’une Eglise perchée. Dans les années 1930, des immeubles bon marché viennent s’implanter le long des remparts an Nord, le Sud se développe au même rythme que grandit l’usine de Rassuen et son hameau affilié. Un tissu pavillonnaire se développe progressivement entre les deux.
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Ville d’Istres en 1970 d’après Quentin Daher
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Istres, une ville deux pôles Istres, 1970 : une ville nouvelle La ville d’Istres passe de 9500 habitants à 18 000 entre 1962 et 1982 suite à la construction de l’aéroport à Marignane. Dans les années 1970, Istres devient une ville nouvelle et de nouveaux quartiers se créent autour de l’étang de Rassuen avec le système des ZAC, sans réelle connexion avec le centre-ville. Des logements pour les cadres travaillant à Fos sont ainsi réalisés. Une nouvelle centralité se développe alors avec la réalisation d’un complexe sportif, des écoles, la sous-préfecture et un centre commercial. De nombreux lotissements pavillonnaires s’étendent aujourd’hui en marge de la ville, autour de la quatre voies, communément appelée la route de Fos, la national N569, menant de Fos à Miramas. Cette route, très empruntée et longeant l’usine de Rassuen est particulièrement importante en terme de taille puisqu’elle a été prévue en fonction d’un nombre d’habitants à Istres, jamais atteint. Ainsi, les perspectives de l’OREAM (Organisme Régionaux d’Etude et d’Aménagement Métropolitain à partir des années 1960) concernant le nombre d’habitants dans les années 2000, (en appliquant le taux de croissance entre 1954 et 1962), est de 75 000 habitants. Il n’atteindra pas plus de 40 000 habitants.
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Ville d’Istres en 2014 d’après Quentin Daher
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Istres, une ville deux pôles Istres,2014 : les deux hameaux se rejoignent Les circulations se font principalement grâce au réseau autoroutier autour desquels des alignements d’arbres sont plantés. Le réseau de bus est peu développé du fait de la prédominance de la voiture. L’arrêt de chemin de fer de Rassuen est fermé bien que les voies aient été refaites récemment et que les structures pouvant accueillir le public soient toujours existantes. Le bureau des guides du GR13 travaille actuellement pour rallier l’usine de Rassuen au GR13 et ainsi poursuivre la randonnée autour des différents paysages de l’Etang de Berre. La friche de Rassuen est également à proximité de la via Rhona ou la piste cyclable longeant le Rhône de Genève à la Camargue. De plus la ville d’Istres possède de nombreux équipements culturels tel que le théâtre de l’Olivier, le café-concert de l’Usine, la médiathèque, le centre d’art contemporain, le cinéma mais aussi d’une offre touristique avec un camping, un office de tourisme, un jet d’eau, et un port de plaisance sur la seule crique donnant sur l’étang de Berre. Cette ville reste peu touristique bien qu’elle soit située dans la Camargue et qu’elle abrite le site archéologique de Saint Blaise. Les élus locaux semblent orienter la commune dans cette voie. La ville est, par ailleurs, dotée d’une église, d’un temple et d’une mosquée. Elle a fait construire plusieurs équipements sportifs d’envergures tels que la piscine olympique couverte, le boulodrome couvert et plein air, le terrain de football, de tennis, basket, rugby. Les nombreux enfants d’Istres sont accueillis dans les maternelles, primaires, 4 collèges et 2 lycées. Elle a également une clinique privée. La ville n’a cependant que peu de formations postbac si ce n’est un pôle de formation en aéronautique, chaudronnerie et électronique. Istres est donc une ville moyenne attractive et familiale suréquipée avec deux pôles principaux, très peu connectés. Le réseau autoroutier y est surdéveloppé et la ville manque de centres de formations.
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Istres, une ville deux pôles Situation géographique La ville de Martigues tente de faire rentrer l’Etang de Berre au Patrimoine Mondiale de l’UNESCO, la carte montre les zones boisées qui pourraient être classées en tant que valeur universelle exceptionnelle autour des deux parcs : le parc naturel régional de la Camargue et le parc national français des des Calanques. Istres se trouve en effet à 50 kilomètres de Marseille, et aux portes de la Camargue. Elle ne profite pourtant pas de l’aura touristique. Elle se trouve sur la plaine alluviale du Rhône formée par le retrait du glacier. Son sol est formé de poudingue, de sédiments jeunes (CAUE, 2000). Istres et plus particulièrement le quartier de Rassuen sont parcourus de canaux approvisionnant les cultures puis l’usine tel que le canal de Martigues et son aqueduc. Faune et Flore Rassuen est situé entre la plaine désertique de la Crau à l’Ouest et la pinède classé avec des chênes remarquables et la yeuseraie au Nord-Est. Des cultures et des bocages sont présents en contrebas de la parcelle, au Sud. L’étang de Rassuen bénéficie de la faune de la Camargue. Le site est marqué par l’hivernage des oiseaux, 40 espèces d’oiseaux s’y côtoient : les flamands roses, des hérons, des grèbes, des canards plongeurs, des mouettes… Il accueille également des écureuils, des insectes fourmiliers, des lézards et différentes sortes de couleuvres (Natura, 2000). Les poissons de l’étang sont pour leur part de moins en moins présent du fait de la faible profondeur de celui-ci et des période de canicule subis par la région. Un PLU révison Le PLU est actuellement en révision, pour le projet du futur gold de Rassuen. La zone Nord-Ouest boisé n’est ainsi pas constructible (zone Al, agricole et Nl, Naturel) pour l’heure mais devrait le devenir pour la création du parcours de Golf (Stoa, 2012). Il parait donc important de préserver les continuités écologiques du site en conservant la trame verte afin de créer un projet préservant la faune et la flore tout en rendant accessible cette friche aujourd’hui utilisée pour la promenade tel un parc.
Présentation du site de Rassuen
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Historique du site
« L’histoire des salins et de l’usine de Rassuen c’est avant tout celle des hommes d’où qu’ils soient venus, babis ou gens d’Istres, qui ont vraiment habité et travaillé dans ce pays qu’ils ont façonné » (Balzano,
1993)
« Des hommes musclés, à moitié nus, éclairés par l’enfer du four à réverbère brassent d’abord, attelés à deux à l’énorme râble, la masse de soude pâteuse étalée sur la sole ; puis, quand la chaleur du foyer a terminé les réactions nécessaires, la font couler en fleuve de feu dans le moule en tôle. Celui-ci rempli, deux « démons » s’y attèlent et le mènent près des moules où la cuite précédente continue à dégager mille petites flammèches. Un second moule est encore rempli et conduit près du premier : la cuite est tirée. » Felix Gouin, maire d’Istres, 1935
Ci -contre : Photo aérienne remonter le temps 2018 Ci-dessus : Carte Postale, Balzano 1935
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Rassuen est géré par la commune
Rassuen, marais utilisé comme étang de pêche
Propriétaire Bérard-Prat
1803 Etang vendu pour l’assèchement et la création d’un marais salant 1809 : 1er usine rudimentaire suivi d’une autre au Nord Ouest
Dynastie Gardair-Labeille
Gare et chemin de fer, développement du hameau avec l’arrivée massive d’italiens du Piémont venus travailler dans l’usine de soude artificelle suivant le procédé Leblanc
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Frise historique du site
André Fine et Louis Chatin
Appogée de l’usine : 500 employés 1897 : Production de javel 1898 : Production de gélatine, création de l’osséine
1900 : Dernier four à soude Diversification : usine d’engrais naturels (avec déchets provenant des animaux) et artificiels
SAN Ouest Provence
1986 : Licenciement massif des employés transformations en zone de stockage 1988 : Fermeture 1991, 21 juin : Liquidation financière
Métropole AMP
Retrait toiture amiantée Destruction de bâtiments Excavation de terres polluées
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Carte du site 1866
Carte du site 1935
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Développement de Rassuen : usine et hameau Rassuen vient de -rass colline rocheuse, et -onium qui veut dire rare. Il se situe sur un sol argileux, sur un plateau élevé. L’Etang de Rassuen est au XVIe utilisé pour la pêche aux carpes. En 1789, l’Etang appartenant à la commune est vendu aux enchères. En 1804, l’étang est vendu pour être asséché afin de créer une usine de soude et arrêter les maladies liées au marais. La première usine de Rassuen s’implante proche d’un salin et loin de la ville d’Istres suite au décret de 15 octobre de 1810, à cause des rejets de gaz chlorhydrique dans l’air qui sont déjà considérés comme dangereux pour l’homme et l’environnement. En 1811, la première pompe à feu de 29 m de haut permet d’introduire l’eau de Lavalduc dans le salin grâce à la construction d’un canal de 948 m de long mis en service en 1805. Ce salin fait 84 tables de 16 ares chacune. L’usine de Rassuen obtient une récompense pour l’application du procédé Leblanc à l’exposition universelle en 1876 et 1900. En 1865, la Compagnie des produits chimiques du Midi rachètent l’usine. En 1900, la Compagnie des produits chimiques du Midi se diversifie avec la fabrication de cristaux de soude, bicarbonate de soude, acide chlorhydrique, sulfurique, azotique, ammoniac, superphosphate et engrais naturel, chimique. L’usine valorise ses déchets comme avec l’usine d’osséine qui produit de la gélatine avec le reste des matières premières utilisées dans la fabrication de l’usine d’engrais naturel qui ouvre en 1898. En 1903, le four à soude est abandonné, l’engrais devient la fabrication principale de l’usine. En parallèle de l’usine, le hameau se développe avec les ouvriers venant majoritairement du Piémont, de Nice et de Gènes. Ils représentent vite les 2/3 des ouvriers et sont appelles « les étrangers ». Les conditions de travail sont difficiles pour les tonneliers, charpentiers, forgerons, conducteurs de chevaux. La politique paternaliste de l’usine se développe, une véritable agglomération séparée d’Istres se crée, les cabanes laissant place aux maisons. Des commerces ouvrent et vendent pain, viande, vin, tabac, chaussures, vêtements, au prix de revient. En 1897, suite à la grève des ouvriers, un syndicat s’ouvre pour la hausse du salaire, et la baisse des heures de travail. En 1935, 400 ouvriers travaillent sur le site de Rassuen.
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Carte du site 1972
Carte du site 1992
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Développement de Rassuen : usine et hameau En 1945, l’usine est principalement utilisée pour les engrais agricoles organiques et les minéraux tel que le sulfate de cuivre, le fer et le superphosphate. Les fours à plomb ont d’ailleurs été démontés par les allemands pendant la guerre pour réutiliser le plomb. La dernière récolte de sel à Rassuen a lieu en 1953. En 1960, la voûte de béton est ajoutée à l’usine. Il s’agit du dernier bâtiment constuit. En 1970, on observe une baisse de l’activité de l’usine. L’usine de Rassuen fusionne avec les salins du Midi, puis avec Hérin du groupe Suez. Elle est ensuite vendue à Azote, puis Cofaz, puis absorbée par Nork Hydro Azote. La villes d’Istres devient une ville nouvelle, et des concours sur l’habitat intermédiaire ont lieu pour la création de nouveaux quartiers autour du hameau de Rassuen. En 1978-1989, deux présidents se succèdent André Fine (1978-80) puis Louis Chatin (1980-9). En 1986, des licenciements massifs ont lieu et l’usine devient un entrepôt. En 1988, l’usine ferme. Le 29 juin 1991, l’usine est en liquidation financière. En 1991, une étude sur la pollution sur le site est réalisée par Antéa. En 1994, les toits amiantés sont retirés et les terres sont excavées et envoyés vers le site de sidérurgie. Parallèlement, de nouvelles ZAC entourent l’usine. De même, le centre commercial à proximité ouvre en 1986. En 1996, le boulodrome couvert est ouvert. Le café-concert l’Usine, réhabilitation de l’usine de l’osséine ouvre en 1998.
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Photo par drĂ´ne de 2012, Boetto
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Etat sanitaire et intĂŠrĂŞt patrimonial
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1 Plan de l’existant
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Etat sanitaire et intérêt patrimonial
Vue de la cour
Vue de la cathédrale, voûte béton
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Bâtiment 1 : la tonnelerie
Description Le premier bâtiment est l’ancienne tonnellerie. Elle était reliée au bâtiment 2 et formait en U. Il fait partie de la première usine datant du XIXe siècle. Il mesure 25m de long, 15 m de large et 8,5 m au faîtage. Il est l’un des premiers bâtiments construits, au début du XVIIIe. Etat sanitaire En ce qui concerne l’état sanitaire, certaines pierres manquent au couronnement, les pierres sont érodées. Des parpaings ont été ajoutés dans les ouvertures, probablement pour éviter les squats. Les deux fermes triangulaires en bois avec tirant métallique sont à terre. Un enduit en ciment semble recouvrir une partie de la façade. La couverture en fibrociment amiantée est en grande partie détruite.
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Batiment 2 : le magasin général
Le bâtiment 2 est un bâtiment en L qui était le magasin général et l’outillerie. Elle servait pour la réparation et le stockage des pièces nécessaires. Les deux parties font 40 mètres de long, 15 mètres de large et ont une hauteur de 8,5 mètres au faitage.
Description Le bâtiment 2 est un bâtiment en L qui était le magasin général et l’outillerie.Ils servaient pour la réparation et le stockage des pièces nécessaires. Les deux parties font 40 mètres de long, 15 mètres de large et ont une hauteur de 8,5 mètres au faitage. Etat sanitaire Au niveau de l’état sanitaire, une partie du bâtiment est effondrée. Les fermes en bois sont en partie à terre, le bois étant pourri. Des fosses qui devaient être utilisées pour la réparation des machines devront être comblées pour l’utilisation future du bâtiment. La jonction entre les deux ailes ne comporte plus de toit en tuile. Les moellons sont dégradés et les joints sont effrités (Veritas, 2012). Les ouvertures ont été fermées avec des parpaings et les façades sont recouvertes de végétations.
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Bâtiment 3 : la voûte béton
Description Le bâtiment 3 est une voûte en béton construite dans les années 1960 avec un soubassement pierre, probablement une extension d’un édifice construit au XIX e siècle. L’édifice est construit avec une différence de niveau de deux mètres. Il mesure 35 mètres de long, 15 mètres de larges et a une hauteur de 9 mètre au faîtage. Etat sanitaire Sur la partie haute un petit bâtiment renfermant une citerne est accolée. Ce dernier est en mauvaise état, de la végétation grimpe sur la façade. Cette façade Ouest est peu qualitative et donne sur l’entrée, actuellement ouverte sur le café-concert l’Usine. La voûte est elle aussi très dégradée, les fers sont apparents. L’édifice ne possède ni menuiserie ni vitres pour toute la partie Ouest, il est donc très ouvert, soumises aux intempéries et se dégradent vite. Le risque de ruine des charpentes est important selon l’audit de Veritas. Pour remettre la fonction d’usine dans cet édifice, il sera donc nécessaire de refaire toute la partie Ouest du bâtiment.
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Bâtiment 4 et 4 bis: petits bâtiments toîts double pente
Description Le bâtiment 4 et 4 bis sont composés de deux bâtiments identiques et symétriques comprenant deux entités avec des toitures à double pente avec des fermes métalliques. Ils mesurent 24 mètres de long et 17 de large. Etat sanitaire Il ne reste de ces bâtiments qu’une partie de charpente ainsi que les poteaux métalliques, et une partie de la toiture en tuile est au sol. Une grande partie des moellons se sont désolidarisés de la façade. Certaines ouvertures ont été agrandies par des IPN. L’investissement nécessaire pour la réhabilitation de ces deux bâtiments parait plus important que leur intérêt patrimonial. Ils seront donc laissés à l ‘état de ruine mais consolidés et la végétation sera laissée mais maitrisée.
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Bâtiment 5 : bâtiment sur rue
Description Le bâtiment 5 est un bâtiment comprenant deux étages dont la façade est en partie détruite. Il mesure 24 mètres de long, 20 mètres de large et a une hauteur de 16,5 mètres au faîtage. Etat sanitaire La partie du rez de chaussée possède une voûte en briquettes. Le second étage est inaccessible tant il est endommagé. La toiture est à double pente : une pente est en plaque ondulée de fibrociment, une autre en tuiles plates. La charpente semble en assez bon état. Le bâtiment en moellon a une grande partie de sa façade Est à terre.
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Bâtiment 6 : bâtiment en U
Description Le bâtiment 6 est l’ancien édifice de superphosphate. La partie centrale est complétement détruite, formant une cour. Ce bâtiment date du XIX comme tous les autres bâtiments en moellons et tuiles. Etat sanitaire L’aile Est est la plus intéressante au niveau patrimonial. Elle mesure 85 mètres de long, 10 mètres de large et a une hauteur de 13,5 mètres au faitage Elle représente à elle seule les constructions industrielles avec ces cinq petits édifices à double pente. Le dernier édifice s’est effondré début 2019 suite à un orage. Il est en pierre et brique avec une toiture en brique. Le plancher est en grande partie ruiné. Les tuiles en toiture sont endommagées, il sera nécessaire de reconstruire une toiture afin de refaire l’étanchéité pour rendre ce bâtiment habitable.
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Bâtiment 6 : bâtiment en U
Etat sanitaire L’aile Ouest est plus haute, elle mesure 70 mètres de long et 10 mètres de large, le faitage est estimé à 16,5 mètres. Il ne reste plus de toiture mais il reste deux fermes. Ce bâtiment devait comprendre deux étages. La façade Ouest est très percée, elle forme une rue avec le bâtiment qui lui fait face. De cette rue circulait les marchandises par rail. Le rez de chaussées est très endommagé, des poutres et des pierres sont au sol, le risque de chutes de pierres est très importante. Il reste des machines dans la partie centrale. Un petit bâtiment est greffé au niveau du second étage, il est pratiquement effondré, sa structure métallique touchant le sol. Il devra être démonté pour plus de sécurité. L’aile Nord est celle qui fait le lien avec le bâtiment en béton. Il mesure 55 mètres de long, 15 de large et a une hauteur de 13,5 mètres au faîtage. La jonction entre les deux bâtiments est brutale. La première trame du bâtiment est complètement à terre, les murs de refends sont très bas, il ne reste pas plus d’un mètre et la façade donnant sur la « cour » est très détruite. L’aile Sud était celle qui servait au stockage des matières premières. De grandes portes permettaient d’acheminer par charriots sur des rails les « ingrédients » directement dans l’usine. Elle mesure 55 mètres de long, 15 de large a une hauteur de 13,5 mètres au faîtage.
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Le Crassier
Photo issue du journal, La Provence, 2018
Etat sanitaire Le Crassier est une colline de déchets. Il est composé de tous les résidus déposés lors des 180 ans de fonctionnement de l’usine et est donc particulièrement polluée.
Compagnie des salins du Midi, 2006
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Maquette 1/2500
Deuxième partie : Programmer et concevoir
Opportunités . Entrée de ville . Rassuen, Figure de l’industrie sur l’Etang de Berre . Facilement accessible : route RN 596, gare et voie de chemin de fer (rose et blanc) navette Etang de Berre, GR 13 . Topographie : léger surplomb et crassier (orange) . Taille : 17 ha clotûré par un mur d’enceinte (orange) . Ville attractive doté d’équipements : mosquée, temple, boulodrommes, centre commercial (rose) . Zone Natura 2000 (vert)
Diagnostic Patrimoine Absence de mise en valeur du patrimoine de la friche industrielle et de la mémoire ouvrière Pollution Ancien site industriel très fortement pollué Economie Fort taux chômage chez les jeunes peu qualifié autour de l’Etang de Berre Urbanisme Deux développements entre le vieil Istres et l’enclave de Rassuen sans connexion Environnement Absence de mise en valeur du paysage, pourtant utilisé comme un parc
Scénarios -Réutiliser et révéler le patrimoine existant par la création d’un nouvel usage -Créer un site exemplaire autour de la phytoremédiation -Encourager l’économie local par la création d’emploi et de formation -Retisser Rassuen avec le reste de la ville -Aménager un parc
Problématique? Comment faire de la pollution une opportunité de projet dans la reconversion des friches indusrielles ?
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Démarche de reconversion des friches industrielles polluées
AMENAGER UN PARC
FACILITER LES MONTAGES FINANCIERS POUR LES ENTREPRISES DES SECTEURS INNOVANTS COMME LES BIOTECHNOLOGIES
RECREER DE L’EMPLOI DANS CETTE ZONE DESINDUSTRIALISEE
DYNAMISER L’ECONOMIE LOCALE DANS UN SECTEUR INNOVANT
CREER UN CENTRE DE FORMATION
DEMAR RECON DES INDUST POL
ATTIRER LES INDUSTRIES VERTES
LEGENDE : ENJEUX
OBJECTIF LEVIER
AMENAGER UN PARC
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DEPOLLUER LE SITE GRACE A LA PHYTOREMEDIATION
VALORISER ET DEPOLLUER LE PAYSAGE ENVIRONNANT POUR LE RENDRE ACCESSIBLE
CONNEXION AVEC LE CHEMIN DE RANDONNEE GR2013
S’ENGAGER DANS LA TRANSITION ECOLOGIQUE GRACE A LA DECONTAMINATION DES SOLS, AIRS, DU MILIEU DE VIE
PROPOSER UNE ALTERNATIVE AUX MODES DE TRANSPORT DOUX
DEMARCHE DE RECONVERSION DES FRICHES INDUSTRIELLES POLLUEES RESTAURER L’ATTRACTIVITE DE L’ANCIENNE USINE DELAISSEE
VALORISER LE PATRIMOINE MATERIEL ET LA MEMOIRE OUVRIERE
AMENAGER UN PARC
REHABILITER ET ADAPTER LE BATI POUR LES NOUVEAUX BESOINS
CREATION DE MODULES, GREFFES AFIN DE RENDRE LE PATRIMOINE EXISTANT HABITABLE CREATION D’UNE EXPOSITION SUR LA VIE OUVRIERELORS DU FONCTIONNEMENT DE L’USINE
CREATION DE MODULES, GREFFES, AFIN DE RENDRE LE PATRIMOINE EXISTANT HABITABLE
REOUVERTURE DE LA LIGNE DE CHEMIN DE FER
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Carte des zones polluées sur le site d’après les rapports d’Antéa, BRGM et ABO Ero Environnement
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Faire d’un site polluée : d’une contrainte à un programme Selon le rapport de BRGM, les sols sont très pollués en raison de ses activités industrielles dans la soude et dans les engrais. L’eau de l’étang est quant à elle polluée par le surplus de nutriments engendrés par le dépôt d’engrais lors de l’activité de l’usine. Ce surplus a permis la prolifération d’algues à sa surface. La dépollution peut se faire par les plantes ou phytoremédiation. Dans le cas des algues, différentes expérimentations ont lieu, notamment à Arles dans l’atelier LUMA. Cet atelier propose de revaloriser les déchets issus de la phytoremédiation. Nous allons donc voir les différentes pollutions présentes sur le site, puis les procédés de la phytoremédiation et enfin comment revaloriser ces « déchets » verts avec les biocatalyseurs.
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Carte des pollutions en fonction du fonctionnement historique, Rousseau 2013
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Les pollutions présentes sur le site Les pollutions ont toujours été un problème à Rassuen, ainsi de nombreux arrêtés préfectoraux demandent aux dirigeants de maitriser les émanations de l’usine et ce dès 1824. La mairie demande alors l’ajout de condensateur. L’usine est en effet accusée de dévaster les champs alentours et de contribuer aux mauvais états de santé des personnes habitants dans le hameau de Rassuen. Durant les 180 ans d’histoire du site, de nombreux polluants se sont infiltrés dans les sols. Ainsi, les fours à pyrites, situés au Sud de l’usine ont laissé des traces métalliques comme le sulfure de fer. D’autres impuretés ou poussières de métaux sont restés : plomb, cuivre, arsenic, nickel, zinc. Elles sont donc principalement présentes au centre et au Sud de la parcelle (Rousseau, 2013). Les scories ou résidus solides engendrés par les fours étaient acheminées dans les crassiers en dehors de l’enceinte de l’usine, au Nord (de l’autre côté de la RN165) et au Sud (au niveau du talus actuel). Les ateliers de superphosphates, situés au Nord ont quant à eux engendrés des pollutions en baryum et phosphogypse très toxiques et également transportés dans les crassiers. L’atelier de production d’engrais situé au Sud de l’usine, utilisait du cuivre et du chlore dans la dissolution, pour lesquels il reste des traces. Des hydrocarbures et du cyanures sont également présents dans les différents rapports fait par BRGM et Antéa. La contamination des sols est généralisée puisque des remblais ont été fait pour la création de voie, utilisant les sols pollués. De nouvelles expertises sont actuellement en cours pour affiner ces données.
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Différentes méthodes de la phytoremédiation
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Phytoremédiation La contrainte de la pollution peut devenir une opportunité dans ce projet, puisqu’elle permet d’axer la programmation autour d’un centre d’expérimentation liée au phytotechnologie dépolluante. Définition La phytoremédiation est un traitement biologique des sols pollués par l’utilisation de plantes et micro-organismes qui vont éliminer, dégrader ou inactiver les contaminants des sols.[1] Ce procédé peu coûteux fonctionne à l’énergie solaire et permet la valorisation de la biomasse végétale produite à partir du traitement. Il a l’avantage de ne pas modifier la morphologie du sol, ni de changer sa composition, et de permettre de traiter des sols modérément contaminés ainsi que de plus grandes surfaces connaissant une pollution diffuse, telles les terres agricoles (Sterckman, Ouvrad S, Leglise, 2011) La phytoremédiation regroupe cinq procédés différents : la phytostabilisation, la rhizodégradation, la phytodégradation, la phytoextraction et la phytovolatilisation. La phytostabilisation consiste à utiliser des plantes pour réduire la mobilité des polluants, et donc leurs transferts horizontaux et verticaux. Un couvert végétal quelconque suffisamment dense peut réduire la dispersion des contaminants par l’érosion, en favorisant l’infiltration au ruissellement des eaux dans les terres lors d’un temps pluvieux. Ces plantes, comme le peuplier, retiennent donc les particules terreuses qui auraient été susceptibles d’être mobiles, avec le vent ou le ruissellement des pluies, et stabilisent ces contaminants près des racines par précipitation ou adsorption. La phytodégradation et la rhizodégradation sont des procédés permettant la dégradation, ou biotransformation, des contaminants en éléments simples. La rhizodégradation se déroule en dessous des racines, lesquelles réagissent sur les contaminants à l’aide de leurs micro-organismes associés. La phytodégradation favorise la biotransformation des polluants organiques à l’intérieur des tissus végétaux, souterrains ou aériens. [1] Le saule pleureur possède des microorganismes dans ses racines permettant la dégradation de composés organiques. La phytoextraction permet la complexation des polluants présents dans le sol, et donc leur extraction de la terre pour migrer vers les parties externes telles que les feuilles. C’est le cas notamment de la culture du tournesol qui peut absorber les métaux et les radioéléments.
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Enfin, la phytovolatilisation agit sur les contaminants les plus volatils en accélérant leur passage du sol à l’atmosphère, en agissant au niveau des racines ou à travers de la plante.Le tabac, en absorbant les polluants, va permettre leur passage à travers les racines et les feuilles et les libérer dans l’atmosphère, c’est le cas notamment des pesticides et des métaux. La phytoextraction pourra donc être utilisé dans ce projet puisqu’elle répond à la majorité des polluants présents sur le site. Avantage / Inconvénients La phytoremédiation présente de nombreux avantages, en permettant la réhabilitation de sols inutilisables en de nouvelles terres arables, en plus d’éviter les transferts de polluants vers d’autres terres. Cette technique applicable en milieu rural et urbain est peu coûteuse face à un lessivage des sols, ou de techniques demandant une surveillance et des coûts de mise en place plus importants qu’une simple couverture végétale. Elle s’applique sur de grandes superficies sans nécessité de surveillance, et s’avère donc idéale pour des friches industrielles ou de larges portions de sols agricoles. La phytoremédiation ne va pas dégrader le milieu contaminé après l’avoir depollué, ainsi il n’y a pas de perturbation. Enfin, la biomasse végétale peut être valorisée à la suite de la dépollution. Les inconvénients résident principalement dans la durée du traitement, et leur capacité de dépollution. En effet, seules les surfaces peuvent être traitées, et les polluants profondément enfouis ne seront pas extraits. Des concentrations importantes peuvent également atteindre les limites de la couverture végétale en place, ainsi il peut s’avérer nécessaire de répéter l’opération sans maîtriser le temps nécessaire à la dépollution. La météorologie influence grandement la croissance des plantes, et ainsi leur pouvoir dépolluant, mais aussi la fertilité des sols, les insectes ou les microorganismes. Après le traitement, il est nécessaire de réaliser des analyses poussées pour vérifier l’état du terrain. Enfin, le choix des espèces est limité par la nature du terrain, certains polluants ne peuvent ainsi pas être traités. Ainsi, cette technologie s’applique bien sur des terrains peu pollués de grande superficie, mais l’hétérogénéité de la pollution peut pousser à déployer des analyses importantes parfois non nécessaires. La fertilité et la météorologie, ainsi que la durée du traitement, sont autant de facteurs à prendre en compte avant de traiter un sol par la phytoremédiation. L’absence de surveillance du procédé le rend cependant idéal pour des endroits désaffectés, tels les friches industrielles.
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Vue depuis le salin de l’usine de Rassuen, mars 2019
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Valorisation des déchets avec l’écocatalyse Une critique pouvant être faite à l’égard de la phytoremédiation concerne la gestion des biodéchets. En effet, dans le cas de la phytoextraction, les polluants sont complexés par la plante, formant de nouvelles molécules qui sont solubles dans l’eau. Ainsi, ces déchets deviennent encore plus polluants qu’en restant dans la terre. Cependant, ces molécules complexées servent de réservoir à métaux lourds, une ressource limitée qui devient ainsi recyclée. Ces métaux sont notamment utilisés en industrie chimique comme catalyseurs : on parle d’éco-catalyseurs, car ils ont une structure inédite issue de la nature.[3] Le catalyseur va permettre le déroulement d’une réaction chimique qui n’aurait pas pu se faire sans. La poudre de plantes ayant servi à la dépollution de sols est utilisée notamment dans la métallurgie, mais aussi dans la production de bio-insecticides. Le deuxième domaine d’application concerne les biocosmétiques. L’utilisation d’éco-catalyseurs peut permettre à une entreprise d’obtenir ainsi un label bio. Enfin, le troisième domaine d’application est le domaine pharmaceutique. Les molécules complexées par les plantes peuvent servir de matière première à des réactions de synthèse organique de principes actifs de médicaments (Grison, 2018). Il parait donc envisageable d’utiliser la phytoextraction pour dépolluer le site, puis de valoriser la biomasse : les plantes hyper accumulatrices en métaux dans un pôle expérimental.
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Phasage du projet : la réhabilitation de Rassuen, un projet en 5 temps Phase 1 : Excavation Le projet est donc de créer un Centre Ecologique et Technique de l’Industrie. Une usine type Arkema finance le projet (afin de réduire ses crédits carbones et d’améliorer son image) en partenariat ave l’Union Européenne et la Métropole qui développe ce type de projet innovant. Ce centre d’expérimentation lié à la phytoremédiation se fera sur un temps long qui dépendra des recherches. Ainsi, le temps 1 sera une phase d’excavation sur 1,25 mètres des terres polluées afin de les déplacer dans le «crassier fleuri». L’ensemble de la parcelle est plantée pour trouver la plante qui permettra de dépolluer le site, d’accumuler dans ses feuilles les métaux et qui sera se reproduire d’elle même rapidement.
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Phase 2 : Laboratoires de recherche L’ensemble de la parcelle est plantée et la plante la plus accumulatrice est trouvée grâce aux laboratoires qui se sont implantés in situ, sur des parties la moins polluée de la parcelle. Elle bénéficie d’une entrée, celle du café concert l’usine. Une partie administraive, à l’écart permet de gérer les recherches.
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Phasage du projet : la réhabilitation de Rassuen, un projet en 5 temps Phase 3: l’Usine L’usine est remise en fonctionnement dans la voûte en béton. Elle sert à broyer les feulles des plantes prélevées sur le crassier. Ces plantes ont absorbé des métaux précieux qui pourront pas la suite être réutilisés, une fois réduits en poudre.. L’édifice central sert de salle de contrôle qualité en RDC et de salle de maintenance en R+1.
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Phase 4 : le Centre Innovant Le pôle innovant récupère les poudres de feuilles qui seront utilisées en chimie. Ces biocatalyseurs serviront dans la pharmaceutique, les cosmétiques entre autres. Ce centre composé de bureaux et de laboratoires de chimie s’insère dans la partie la plus haute du site, face à l’usine pour faciliter le transport.
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Phase 5 : Centre de formation continu Les premiers laboratoires sont transformés en caserne, nécessaire au fonctionnement d’une usine. Les ailes du bâtiment à cour sont réhabilitées afin de créer des bureaux à louer, une médiathèque et des salles de classes pour les ouvriers en formation continue. Une cafétéria et un accueil au public du parc sont aménagés dans la partie restaurée de l’usine, face aux anciens salins.
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Dernière phase Une dernière phase consiterait à remailler l’enclave de Rassuen avec le tissu pavillonaire existant. La gare pourrait être réouverte, et un parc est aménagé autour des salins, en lien avec le GR13.
Plan de situation esquissé
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Réinvestir les ruines de Rassuen
« Lorsque l’on marche dans les restes de l’usine, on a l’impression de se transformer en archéologues. Trois couches se superposent ici. Trois sites se superposent ici. Trois usines qui symbolisent toutes les transformations dans la chimie lourde. Rassuen est bel et bien un site archéologique, qui ne possède malheureusement pas la dignité millénaire d’un lieu comme Saint Blaise » (Bonnot, 1990)
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La ruine, témoin du palimpseste architectural L’édifice de Rassuen a été utilisé durant 180 ans, les différentes techniques, matériaux et usages se superposent telles des strates. En parcourant l’édifice, on lit les extensions, où la pierre côtoit le béton, où la trame n’est pas forcément respectée et peut être agrandie par un IPN. Ainsi, ce bâtiment étant une usine, la fonctionnalité et l’usage prime. Comment réhabiliter ces ruines aujourd’hui ? Les ruines ne sont finalement que la dernière couche de ce palimpseste. Il est donc possible de les envisager comme étant une trace de son histoire qu’il faut préserver. David Chipperfield dira au sujet du musée Neus Museum à Berlin que les ruines des murs font partie du musée. Ainsi, elle représente des fragments qui auraient survécus et qu’il faut préserver pour leur valeur historique (en l’occurrence la guerre) mais aussi parce qu’une restauration identique semble impossible sans relevé d’époque et ne deviendrait alors que des « pâles copies » (AA, 2015). L’architecte se fait alors archéologue pour comprendre les strates superposées de l’édifice, son essence. Il cherche à révéler l’édifice préexistant en le rendant lisible et donc en le simplifiant parfois, afin que « la beauté de la ruine ne soit pas perdue » (Chipperfield, 2012). Il peut en effet être nécessaire de démolir afin de rendre la composition compréhensible.« Supprimant la décoration réduire l’architecture à l’expression de la construction et du matériau mais en respectant toujours la composition et l’ordre du bâtiment pour trouver la juste écriture entre l’architecture moderne et ancienne » (Linazasoro, 2013) Le propre d’une ruine est de ne pas être finie, elle évolue sans cesse, à l’instar de ce bâtiment. La strate supplémentaire créée dans ce bâtiment est lisible et dialogue avec l’existant, en travaillant sur le contexte, les séquences, les proportions et l’entre-deux.
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« Le temps comme durée, ajouter reconfigurer de façon différente, accorder l’architecture à d’autres plus anciens et continuer le discours commencé par d’autres. L’objet architectural fini par faire partie d’un paysage où l’œuvre doit compléter un tout en achevant le paysage qui l’entoure. L’homme et la société vivent dans ce paysage qui se renouvelle sans cesse comme un palimpseste. Quand on travaille sur des sites chargés d’histoire il arrive parfois qu’on se confronte à ce qui existe mais aussi avec des traces d’architecture qui ne sont plus présentes mais qui pourtant appartiennent à la mémoire collective. Il s’agit de mettre en lumière cette mémoire, en la réintégrant dans ce système de valeur contemporaine » (Linazasoro, 2013)
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Références architecturales s’immisçant dans le patrimoine
Venir s’immiscer dans la ruine La ruine ne devient pas un décor, les lignes de forces existantes sont prolongées . Un système de module habitable (éclairé, étanché, isolé) plus mince est construit dans la ruine et la recouvre par sa toiture. MMXVII - I, Maison de vacances, France, Source : Behance
Couvrir les ruines La ruine pour devenir habitable doit être couverte et fermée. Ainsi la couverture de l’usine de Rassuen, qui avait été ôtée suite aux législations sur l’amiante, permettra de protéger les ruines et de les maintenir dans cet état. Les lacunes du passé restent donc lisibles. Mars, Château de Périgueux, France, Source : Mars Architecture
Constrates de matérialité et d’écriture Le projet est en bois, un matériau de construction plus soutenable, du mélèze (prélevé dans le Var) afin de créer un contraste remarqué avec l’ancien. La ruine est ainsi visibles et valorisés. La délimitation entre les deux matériaux est franche, matérialisé par un vide qui suit l’existant. Parc des ruines, Brésil
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Plan de RDC
Coupe longitudinale, Rassuen une industrie entre la plaine de la Crau et les anciens salins
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Intention architecturale
Entre deux L’espace d’entre deux est marqué par une même matérialité, le bois, continu, qui se poursuit par un espace végétalisé. Un espace de 3 mètres autour des ruines est préservé, couvert mais extérieur, marquant le seuil entre la ruine et le module habitable, le dedans et le dehors. Composition Le plan est composé de 4 rectangles, dont l’un sera le développement futur du projet. La trame existante est maintenu avec la structure porteuse, en portique qui reprend le même écartement, permettant de profiter des ouvertures existantes dans les ruines. Le système de boîte habitable n’est pas appliqué aux deux entités «fortes» du site, la voûte béton qui reprend sa fonction d’usine pouvant accueillir une vingtaine de travailleurs et le bâtiment donnant sur le salin qui devient une caféteria. Ces deux volumes sont réhabilités, une toiture et de nouvelles ouvertures leur rendent leurs habitabilités. Un axe fort les sépare, une rue qui relie ces deux entités et qui se poursuit au de là du mur d’enceinte vers le hameau de Rassuen.
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Esquisse de coupe sur le bâtiment 6, une même moprhologie, deux écritures
Esquisse de coupe sur le bâtiment 6 : de l’usine, à la rue
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Intention architecturale
Faux jumeaux Les volumes créés respectent la morphologie de l’existant en reprenant les hauteurs et les toitures à double pente. Ils ne copient pas l’existant mais s’inscrivent dans une logique de composition toujours lisible.
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Coupe détails : jonction intérieur et extérieur
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Structure Le bâtiment créé a une structure bois, arboresecente. Elle reprend les principes structurels des fermes existantes mais en utilisant une écriture plus contemporaine. La toiture et les parois sont continus afin de former une enveloppe, une double peau en écaille de bois, lisible comme un seul élément. Les sols sont continus à l’intérieur et extérieur en bois, sur une distance de 3 mètres de par et d’autre.Les ruines servent à faire le tampon étanche entre. Les volumes existants viennent protéger les ruines afin de les maintenir mais ne les touchent pas. Ces nouveaux volumes sont dotés d’isolation et de ventilation nécéssaires aux nouveaux laboratoires de chimie. Les fondations sont en micro-pieux pour répondre au sol argileux des salins, et sont similaires à ceux utilisés dans la réhabilitation de l’usine d’osséine en café concert en face.
Conclusion
Le constat de départ est la désindustrialisation autour de l’Etang de Berre ayant pour conséquence le chômage chez les jeunes et la pollution des sites délaissés. Ce projet propose une solution reproductible sur d’autres sites, dépolluer par les plantes et créer une usine liée à la chimie verte. Le CETI pourra en effet utiliser les sites alentours pour approvisionner l’usine en feuille gorgées de métaux. Cette ancienne usine retrouve ainsi sa fonction initiale, permet de créer une cinquantaine d’emplois et ce, de façon locale. La réponse architecturale apportée pour la réhabilitation de ce site datant du XIXe siècle est de créer des boites habitables au sein des ruines, sans les toucher. Ces modules en bois venant ainsi lisiblement s’insérer dans les ruines en pierre. Ce projet rappelle l’importance de la temporalité dans le projet architectural. En effet, le temps a laiss ces marques sur l’édifice délaissé et pour qu’un tel projet soit réalisable, il est nécessaire de penser sur un temps long.
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Cette notice de projet présente le travail de Master 2 Transmissions des formes et mutation des usages sous la direction de Delfine Désert, affilié au département Prééxistence. Il propose une réhabilitation de l’ancienne usine de soude, très polluée de Rassuen à Istres. Cette usine devient le Centre Ecologique et Technique de l’Industrie, un centre de formation et d’expérimentaiton autour de la phytoremédiation.