La pluridisciplinarité de l'architecte

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HMONP

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la pluridisciplinarité de l'architecte jeunes générations

habilitation à la maîtrise d'œuvre en nom propre mémoire professionnel

Deliry Maëva - École Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble - septembre 2014



Mémoire d'Habilitation à la Maîtrise d'Œuvre en Nom Propre

-

la pluridisciplinarité de l'architecte

-

membres du jury : Directeur d'études : Gilles Marty, Architecte DPLG, Maître assistant ENSA Grenoble. Tuteur : Grégoire Le Blanc, Architecte DPLG, Patey architectes Architectes praticiens : Julie Martin, Architecte DPLG, Maître assistante ENSA Grenoble Nicolas Dubus, Architecte DPLG, Maître assistant ENSA Grenoble Pierre Rieussec, Architecte DPLG Architecte - enseignant d'une autre école : Harold Klinger, Architecte DPLG, Maître assistant ENSA Marseille Représentant de l'Ordre des Architectes : Johann Maurin, Architecte HMONP Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014



remerciements

Je tiens à remercier celles et ceux qui m'ont soutenue, accompagnée et enseigné tout au long de mon parcours professionnel :

ENSAG. Toute l'équipe enseignante qui m'a permis d'acquérir les bases de ma technique et pensée architecturale, Gilles Marty qui, dès la troisième année de licence, a su me transmettre sa passion pour l'architecture avec beaucoup de pédagogie et de poésie,

PATEY ARCHITECTES. L'ensemble de l’équipe pour leur disponibilité, les échanges, les partages de la pause café et leurs compétences respectives, Christian Patey et ses associés pour la confiance qu'ils m’ont accordée et le partage de leur expérience, Grégoire Le Blanc, pour m'avoir suivi tout au long de ma Mise en Situation Professionnelle1 , fait partager ses compétences de la maîtrise d'œuvre, et soutenu dans mon projet de mémoire professionnel, Luc Dolias, pour son enseignement du chantier,

ARCHITECTES. Pierre Rieussec, pour m'avoir fait découvrir la profession et poussé à entreprendre ces études,

AMIS & FAMILLE. Qui m’ont soutenue depuis le début de mes études et aidée à croire en mes capacités.

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préambule

Pouvoir s’affirmer en tant qu’architecte est un processus et une éducation de longue haleine. Il nécessite de passer par un cursus universitaire, où l’on développe ses premières réflexions, ses premiers doutes et questionnements, et il se poursuit au moment du plongeon dans le cadre professionnel, qui amorce un autre enseignement, celui de l’expérience, du vécu, d’une formation continue qui constitue l’essence même du métier d’architecte, en perpétuelle évolution. Après mon cursus d’études en architecture au sein de l’ENSAG, ma volonté d’entreprendre la sixième année, conduisant au diplôme d’architecte Habilité à la Maîtrise d’Œuvre en Nom Propre1 , s’est révélée. Si j’envisage de me mettre à mon compte, c’est afin de pouvoir porter et partager mes convictions. Pour se forger sa propre idée du métier d’architecte plusieurs années d'expériences, à la fois professionnelles et personnelles, sont à mon avis nécessaires. Ceci afin d'acquérir une plus grande maturité, qui me semble être une condition indispensable. Dès lors, l’année de MSP m’a permis d’appréhender le métier d’architecte comme une salariée qui cherche à comprendre le fonctionnement de l’agence d’architecture, ses atouts et ses difficultés, pour pouvoir vivre au mieux mes expériences futures.

Le déroulement des sept mois de MSP a été articulé autour de mon implication dans plusieurs projets de l’agence à des étapes différentes de la conception et de la réalisation. J’ai ainsi pu analyser les relations établies avec les nombreux intervenants d’un projet d’architecture, en interne et en externe. Dès lors, cette particularité de l’architecte d’avoir à s’entourer des compétences d’autres professionnels a suscité ma curiosité. L’agence a choisi d’intégrer plusieurs de ces professionnels en son sein, pour développer sa pluridisciplinarité. Pourquoi ces choix ? Quels en sont les intérêts ? Quels en sont les inconvénients ? Pour l’élaboration de ce mémoire professionnel, et dans la continuité de mon année de MSP, j’ai choisi de m’immiscer au cœur de cette « machine productive » en récoltant les points de vue des associés de l’agence, ainsi que de plusieurs salariés. Après la fin de mon contrat, l’agence m’a ouvert ses portes et j’ai alors pu poursuivre mon travail d’exploration, constitué entre autres d’entretiens. Ce mémoire en est une synthèse.

Ainsi, j’ai intégré en novembre 2013 l’équipe de l’agence « patey architectes » à Chambéry. La taille de celle-ci – qui regroupait à mon arrivée une vingtaine de salariés – ses locaux, les projets menés et sa notoriété à l’échelle régionale, faisaient de cette agence un lieu d’expérience significatif pour mon projet professionnel. J’avais beaucoup à apprendre de ses compétences reconnues et de l’organisation de sa structure.

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sommaire -


sommaire

introduction

13

1. chez " patey architectes "

17

1.01.

structure et évolution

18

1.02.

organisation du travail

21

1.03.

organisation des affaires et diffusion des informations

28

1.04. communication

29

1.05.

autre singularité de l'agence

31

1.06.

dynamique de l'agence

32

2. " faire, savoir faire, laisser faire, faire faire "

35

2.01.

pôle conception

37

2.02.

pôle économie

41

2.03.

pôle chantier

44

2.04.

pôle maquette

47

2.05.

et pourquoi pas ?

49

3. mon expérience chez "patey architectes"

53

3.01.

phases de conception

55

3.02.

phases de réalisation

58

4. regard sur mon exercice futur

61

bibliographie

65

glossaire

69 10


annexes

73

annexe 1.

arborescence

74

annexe 2.

book agence "patey architectes"

75

annexe 3.

palais des hirondelles

76

annexe 4.

groupe scolaire

77

annexe 5.

ZAC des châtaigneraies

78

annexe 6.

carré des sources

79

annexe 7.

entretien avec Christian Patey

80

annexe 8.

entretien avec Grégoire Le Blanc

84

annexe 9.

entretien avec Charlotte Delalex

85

annexe 10. entretien avec Jérôme Courreau

88

annexe 11. entretien avec Olivier Deléglise

90

annexe 12. entretien avec Élise Guévar

93

annexe 13. entretien avec Luc Dolias

95

annexe 14. entretien avec Audrey Jamard

96

annexe 15. protocole de formation

98

Curriculum Vitae

101

NB : retranscription des entretiens de l'agence "patey architectes" Le contenu des entretiens a été réorganisé afin de permettre une lecture plus fluide. Il ne correspond donc pas à une retranscription au mot près de mes interlocuteurs. J’ai cependant cherché à les retranscrire au plus juste. Certaines questions supplémentaires sont venues alimenter les échanges mais ne figurent pas dans ces retranscriptions. Certains entretiens n’ont pas pu être enregistrés et possèdent la mention « sans enregistrement ». Celui de Léa Viricel, très riche de part son contenu sur la communication de l’agence, a été malencontreusement effacé dans la minute qui a suivi l’enregistrement. Néanmoins, j’ai très vite remis les idées exposées sur papier, afin d’alimenter le contenu de mon mémoire. Les textes rédigés en gris donnent des explications sur certains points abordés. Les textes rédigés dans ces encadrés explicitent mon point de vue, dans chacune des situations, et présentent les orientations de mon projet professionnel à venir.

Les documents graphiques présentés dans ce mémoire peuvent être agrandis afin d'en faciliter la x2 lecture.

Les mots suivis d'une * sont à retrouver dans le glossaire en fin de mémoire. la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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introduction -



introduction

Puisque le bon fonctionnement d’une agence est l'essence même de sa production architecturale, cela m’a conduite à me demander quels sont les intérêts et les inconvénients pour « patey architectes » d’avoir intégré des pôles annexes au sein de l'agence. La pertinence de cette problématique s'est confirmée au cours de mes travaux préparatoires. L'étude de la configuration de « patey architectes » m’a permise de tirer des leçons sur son fonctionnement. Ce travail est ainsi devenu à la fois un outil de discussion pour l’évolution de l’agence, et pour moi un outil de réflexion sur les orientations de mon parcours professionnel à venir. Cette recherche s'appuie essentiellement sur les résultats d’entretiens, qui m’ont permis de déterminer quels sont les atouts et les désavantages d’avoir à gérer en interne des pôles annexes à la profession d'architecte. L'exploitation de ces sources m’a également aidée à répondre à une série d'interrogations inhérentes au sujet : comment les relations s’établissent-elles entre les différents pôles ? ou quel autre pôle pourrait participer à la notoriété de l’agence ? Intitulé La pluridisciplinarité de l'architecte, ce mémoire tend ainsi à démontrer la complexité des relations au sein d’une agence. Après une première partie intitulée chez « patey architectes », où j'observe de manière globale la structure, l'étude réalisée et synthétisée dans « faire, savoir faire, laisser faire, faire faire » permet de d'appréhender le fait que le fonctionnement des pôles entre eux nécessite une organisation interne rigoureuse. Enfin, dans une dernière partie je présente mon expérience de MSP chez « patey architectes » et développe mon point de vue sur la profession. Pour terminer, je conclus avec mon projet sionnel pour les années à venir.

profes-

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1. chez " patey architectes " -


1.01. structure et évolution «Les architectures que nous concevons tirent leur inspiration des évolutions de la société et des modes de vie, autant que de la nature ou de l’art contemporain. Nous rebondissons sur l’air du temps. Nous défendons ardemment une architecture optimiste et volontaire qui s’affranchi des conventions». Créée en 1989, l’agence est installée depuis fin 2009 en plein centre ville de Chambéry, dans le bâti21 personnes dont ment des anciens ateliers de fabrication de meubles « au grand pasteur », construit dans les années

- 3 associés

1920. : Les différents pôles de l’agence sont répartis sur quatre des cinq niveaux, avec un espace de détente (cuisine, salon et terrasse) aménagé au dernier niveau.

Christian Patey (architecte fondateur de l'agence) Grégoire Le Blanc (architecte) Gilles Bédini (directeur administratif et financier)

69, rue Pasteur 73000 CHAMBÉRY

MOYENS TECHNIQUES

04.79.85.47.83 patey.architectes@patey.fr www.patey.fr - 5 pôles

Parc informatique et logiciels : 20 postes, suite adobe CS, pack office, Allplan, sketch up, 3ds max, ATTIC+, project, everwin, médicis, comptabilité expert Reproduction : 4 imprimantes A4 N/B, 2 imprimantes / copieurs / télécopieurs / scanners A4/A3 couleur, 2 traceurs A0 (dont 1 couleur) Documentation : AD, AMC, Le moniteur, Séquences bois, Cahiers techniques du bâtiment, Journal du bâtiment et des travaux publics, DETAIL, Revue l’Alpe, D’A, Archicréé, Maison française

DIRECTION

PRODUCTION

pôle administratif Marchés publics (logements pôle économie tion, tertiaire), la diversité de pôle maquette/matériauthèque pôle conception mique. pôle chantier

collectifs, équipements, enseignement) et privés (logements, réhabilitala production de l’agence tend à lui assurer une certaine stabilité écono-

ÉTAGE

5 Gestion Conception Documentation Détente

ÉTAGE

4 Conception Reproduction

ÉTAGE

3 Gestion Administration Économie Chantier

ÉTAGE

2 Maquette

ENTRÉE

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UNE SOCIÉTÉ AVANT D’ÊTRE UNE AGENCE En 1989, Christian Patey commence son exercice de l’architecture sous un régime libéral simple à BNC1*. En 2002, il décide d’exercer via une EURL2* qu’il nomme « Christian Patey architecte » et qui lui permet de valoriser la clientèle qu’il avait constituée en libéral afin d’en sortir des fonds propres. Elle comprend un associé unique, Christian Patey. En 2008, afin de pérenniser l’activité, de renforcer la dynamique de croissance de l’agence et de permettre à certains collaborateurs de s’associer, l’EURL devient une SAS3* dénommée « patey architectes ». Cette amorce de partage des responsabilités était également motivée par le désir d’une manifestation concrète de la reconnaissance des qualités des futurs associés, qui par leur fidélité et leurs compétences professionnelles avaient permis à « Christian Patey architectes » d’atteindre les objectifs antérieurement fixés. La SAS est alors présidée par Christian Patey, qui détient 5% des actions (en tant que personne physique). Le reste est détenu par une holding de quatre associés, la « QOX » (en tant que personne morale) : Gilles Bédini, Grégoire Le Blanc, Benoit Chambre et Christian Patey. À ce changement de statut, les associés rachètent les parts sociales, ainsi que la clientèle, à « Christian Patey architecte » avec des apports numéraires personnels et en contractant un emprunt à la banque. Les apports en numéraire permettent d’acquérir un régime fiscal de faveur pour les personnes physiques qui les effectuent : réduction d’impôt sur la fortune (ISF) ou réduction d’impôt sur le revenu pour souscription au capital de PME (IR). De plus, en passant par une holding, les intérêts de l’emprunt sont fiscalement déduits. Si, au contraire, chacun des associés avait acheté les actions en direct, il n’y aurait pas eu de déduction fiscale et contracter un emprunt (en période de crise) aurait probablement été complexe. Pour rembourser l’emprunt, un pourcentage des bénéfices de la SAS va à la « QOX ». Une holding est une société qui a pour vocation de regrouper des associés ou actionnaires qui souhaitent acquérir une influence significative dans les sociétés détenues par celle-ci. Créer une holding, présente des avantages financiers, juridiques et opérationnels. 1

Bénéfices Non Commerciaux

2

Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée

3

Société par Actions Simplifiées

En 2014, Benoit Chambre quitte la société. Ses actions ne sont pas encore revendues aux autres membres de la holding car la situation économique instable ne permet pas aux associés de se projeter dans l’avenir.

CHOIX DU STATUT Choisir la forme juridique la mieux adaptée à son projet de structure n’est pas une mince affaire. De nombreuses formes existent et, en fonction du projet, du nombre d’associés ou d’actionnaires réunis et d’une multitude d’autres paramètres, les avantages de chacune varient : il faut peser le pour et le contre. Dans le cas de l’agence « patey architectes », le montage qui a été réalisé (création d’une holding qui détient les actions de la SAS) s’est imposé pour permettre le rachat de la clientèle et de l’activité à l’EURL. Au cours de mes recherches, j’ai pu constater qu’audelà des différentes formes juridiques existantes, il existe également différents montages possibles. Il est, dès lors, essentiel de bien se renseigner en amont de la création de son entreprise, afin d’en tirer un maximum d’avantages et de porter un projet qui nous corresponde : selon la forme juridique choisie, la gestion et l’organisation de l’entreprise varient. Des sites tels que http://www.lecoindesentrepreneurs.fr offrent de nombreux renseignements pour les futurs entrepreneurs. Il faut savoir les évaluer en fonction de ses attentes et ses besoins à un moment t. Par ailleurs, au moment du montage de son entreprise, il est essentiel de s’entourer de personnes compétentes qui sauront répondre à nos questions et nos attentes : notaires, conseillers financiers, conseillers juridiques... Une agence se monte progressivement et bien qu’il faille se fixer des objectifs, ceux-ci doivent être maîtrisés et ancrés dans leur contexte. Le parcours et l’histoire d’une agence en sont sa plus grande force : ils reflètent les choix stratégiques pris à des périodes clés du développement de celle-ci. On ne débute pas sa carrière comme on la termine. Ainsi, c’est grâce à mes diverses expériences passées et futures que je déterminerai un projet professionnel clair. L’expérience de Christian Patey me laisse à penser que ce projet sera à même d’évoluer, pour atteindre une forme adéquate à chacune des périodes qu’il traversera.

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Aujourd’hui les sociétés sous forme de SAS semblent être celles qui laissent le plus de libertés aux associés pour déterminer les règles d’organisation et de fonctionnement de l’agence. Néanmoins, elles laissent peu de place aux salariés qui ne sont pas amenés à s’exprimer régulièrement. Le type de statut conditionne ainsi la hiérarchie de l’agence. Aujourd’hui, la SAS n’est pas le type de statut auquel j’aspire puisque j’envisage plutôt une hiérarchie horizontale. Cependant, en raison de la taille de l’agence « patey architectes », il ne semblerait pas possible qu’ici tous les employés soient au même niveau décisionnel. Cela m'amène à penser que je choisirai, dans la mesure du possible, d'exercer dans une structure plus réduite où les décisions peuvent être discutées par toute l’équipe de l’agence.

PRODUCTEUR D’ARCHITECTURE >> LA CAN La CAN, Compagnie d’Architecture Nouvelle, est une société juridiquement indépendante de « patey architectes » mais qui bénéficie de relations étroites avec l’agence puisqu’elle constitue une partie de sa clientèle. Créée il y a de nombreuses années par Christian Patey, pour faciliter la gestion d’un terrain familial, la CAN a d’abord permis de constituer un apport, à travers diverses opérations de promotion et de « marchand de biens », qui a été reversé à l’agence d’architecture pour en permettre le développement. Il y a quatre ans, la société, qui avait été mise en sommeil, a été relancée pour permettre à Christian Patey de proposer une architecture qui lui corresponde, indépendante des contraintes d’une maîtrise d’ouvrage peu performante ou en inadéquation avec les valeurs de l’agence. Plusieurs opérations ont été lancées, où le maître d’ouvrage est, dès lors, la même personne que le maître d’œuvre. Le développement de cette entreprise a permis à « patey architectes » de récupérer plusieurs marchés et ainsi de relancer son activité lorsque celle-ci était menacée. Pour autant, le mélange des genres entraîné par la double casquette de maître d’ouvrage et de maître d’œuvre peut rendre la situation difficile à gérer par les autres acteurs des projets.

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1.02. organisation du travail

L'ÉQUIPE Christian PATEY architecte DPLG président SAS co-gérant QOX

PÔLE administration gestion

PÔLE conception

PÔLE économie DET/OPC

chef d’agence

Gilles BÉDINI

Grégoire LE BLANC

Secrétariat/Standard

Atelier maquette

Secrétariat technique

Kathy Fagundes

Audrey Jamard

Véronique Dahmani

Comptabilité/contrats MO/paies

Conception/dessin

Économie

architecte DPLG co-gérant QOX

co-gérant QOX

Isabelle Deline

Chloé Saulnier

Charlotte Delalex

Maintenance/entretien

Olivier Deleglise

DET/OPC

Léa Viricel

Elsa Santos

Jérémy Linette Luc Dolias

Partenaire ext.

HMO

Isabelle Perroux

Éric Doro Elise Guevar

Frédéric Paul

Maëva Deliry

Josiane Michel

Jérôme Coureau

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ORGANISATION PAR PÔLES COORDINATION ADMINISTRATIF

DE

L’AGENCE

>>

PÔLE

Comme dans toute entreprise de taille similaire, un pôle administratif permet de gérer le fonctionnement de l’agence, de ses salariés et de sa production. Au secrétariat, Kathy Fagundes diffuse quotidiennement les « newsletters » sur l’architecture susceptibles d’intéresser les salariés de l’agence, s’occupe de l’envoi et de la réception des courriers qu’elle redistribue ensuite en interne, formalise les candidatures aux concours… Elle est le premier contact avec le client potentiel, et son travail est essentiel pour l’image et le fonctionnement de l’agence. Un manque d’organisation, de compétence ou même de sociabilité de sa part pourrait apporter une fragilité à l’agence. Par exemple, au début de ma MSP, l’agence n’a pas reconduit le contrat d’une secrétaire, suite à sa période d’essai qui s’est avérée peu concluante, du fait d’un manque d’autonomie et de sociabilité. Isabelle Deline s’occupe, quant à elle, de la comptabilité de l’agence, des assurances, des contrats de maîtrise d’œuvre et des salaires. Elle a une position particulière au sein de l’agence puisqu’elle se situe entre la direction et les salariés. Elle est le premier interlocuteur lorsque les salariés ont des demandes particulières telles que les congés, les négociations de contrat… Néanmoins, elle se positionne essentiellement du côté de la direction puisqu’elle participe aux réunions de l’équipe décisionnelle qui déterminent les objectifs de l’agence. Pour ce qui est des contrats de maîtrise d’œuvre, un logiciel (Médicis) permet de donner une idée de base des honoraires, à partir du coût des travaux et du coefficient de complexité de l’ouvrage. Cependant, Christian Patey se sert essentiellement du logiciel pour simple « vérification » puisqu’avec l’expérience et les relations qu’il entretient, il arrive à définir assez précisément le montant des honoraires.

Médicis permet de déterminer les honoraires en intégrant les grilles de la loi MOP* (ventilation et constitution des honoraires par phase de mission), ainsi que la répartition des honoraires par cotraitant et sous-traitant. Il permet également de distinguer les missions de bases des missions complémentaires, et ainsi de réaliser une estimation indicative des honoraires pour les éléments de phases EXE* et OPC* (missions complémentaires). gain de temps, estimations détaillées et précises coût du logiciel, risque d’utilisation partielle des nombreuses caractéristiques du logiciel

+ -

Pour une plus petite structure, ce type de logiciel pourrait également être intéressant mais il nécessiterait probablement d’être exploité dans sa globalité afin de le rentabiliser. Par ailleurs, une bonne maîtrise du logiciel Excel peut être une alternative équivalente et moins onéreuse. À la « tête » du pôle, Gilles Bédini, co-gérant de la holding, s’occupe du management de l’agence. Il seconde Christian Patey dans les choix stratégiques et développe des outils de planification et de gestion de l’agence. Il travaille également avec Isabelle Deline, puisque la comptabilité de l’agence lui permet d’évaluer les taux horaires des employés et de leur donner des directives claires et ciblées, grâce à un remplissage quotidien des heures de travail par mission effectuée (Everwin), on parle de comptabilité analytique*. Everwin est un logiciel qui utilise une base de données. Originellement destiné à l’industrie, il s’oriente désormais aux bureaux d’études et aux agences d’architecture. Ce logiciel permet de déterminer, en amont de l’ouverture d’un projet, le nombre d’heures à lui accorder en fonction du budget, du taux journalier de l’agence et du taux horaire des employés dédiés. En effet, en fonction du salaire de chacun et du budget global, le nombre d’heures à accorder au projet peut varier. De plus, le logiciel permet de calculer l’activité de l’agence en pourcentage de temps attribué aux affaires par semaine.

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Malgré les intérêts présentés ci-avant, l'utilisation du logiciel Everwin peut présenter le risque, en attribuant aux différentes phases du projet une durée précise de travail, de se transformer en outil de pression auprès des salariés. En effet, ceux-ci sont régulièrement mis en garde lorsque le temps estimé a été dépassé. De plus, le « chemin » à emprunter pour arriver au résultat espéré est imposé, et le manque de liberté rend la communication difficile entre le pôle conception et le pôle gestion. La mise en place d’une réunion hebdomadaire, le lundi matin entre les responsables de chaque pôle et la direction, permet de faire état de l’avancement des affaires, de répartir les tâches pour les semaines à venir et de faire un bilan des finances de l’agence. Initiée dès les débuts de l’agence, elle constituait à la base une rencontre entre tous les salariés de l’agence. La transparence que pourrait apporter le partage de cette réunion par tous permettrait sûrement de rétablir une bonne communication entre les différents pôles.

niveau 3 - arbre/porte-manteaux

TEMPS DE LA ARCHITECTURE

CONCEPTION

>>

PÔLE

Lors de ma MSP au sein de l’agence, j’ai été intégrée au pôle conception. Ici, les compétences particulières de chaque architecte sont mises en avant : l’agence cherche à détecter les atouts de chacun afin de les valoriser au sein des projets. Cette stratégie de spécificité génère également une reconnaissance envers les salariés qui sont dés lors sollicités régulièrement pour leur « valeur ajoutée ». Plus que de spécificité, nous pouvons parler de « double compétence » ou d’architecte référent. Les parcours de chacun constituent un bagage éclectique à l’agence qui a ainsi pu faire évoluer la complexité de ses projets. Toutefois, pour être à même de gérer la totalité d’un projet, il faut savoir coordonner les compétences de chacun au sein d’une équipe et ainsi garder une approche globale de la profession et de ses multiples facettes. Les affaires à l’agence se déroulent sous la direction de Christian Patey ou de Grégoire Le Blanc. En dessous d’eux, un chef de projet, architecte, coordonne l’équipe et gère l’organisation des réunions en interne et en externe. Il est censé suivre le projet depuis le début jusqu’à la fin. Autour de lui se constitue une équipe qui change en fonction des phases du projet.

niveau 3 - bureaux de l'administration la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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Étant donnée la taille de l’agence, et donc des projets qu’elle réalise il est normal que l’équipe soit complétée selon le travail à fournir à chaque phase du projet. Pour autant, c’est un risque de perte de données d’autant plus grand que le chef de projet peut être amené à changer. J’envisage mon exercice de la profession autour d’un noyau stable et structuré, où les échanges seraient réguliers et où tout travail effectué (détail particulier, plan de repérage…) serait répertorié, stocké et ainsi accessible par tous. Comme la réalité peut amener à faire évoluer ce "noyau", il conviendrait de mettre en place une traçabilité partagée et protégée des historiques.

Ainsi, depuis les débuts de son exercice en libéral, Christian Patey a salarié un économiste. Il a pour rôle de décrire les ouvrages, d’évaluer le coût de la future construction et de faire en sorte, tout au long des travaux, que le budget soit bien respecté. Sa relation au pôle conception est épisodique mais doit commencer dès les premières phases de conception et perdurer jusqu’à la réception. En fonction de l’enveloppe budgétaire attribuée au projet, l’économiste a les compétences pour orienter l’architecte dans ses choix, grâce à sa connaissance des coûts de matériaux et de mise en œuvre. Pour respecter un budget donné, l’économiste doit piloter l’ordonnancement des masses financières. Son intervention auprès de l’architecte, dès l’ouverture d’une affaire, est primordiale pour évaluer la faisabilité d’un projet et conduire l’architecte à trouver des solutions techniques et à optimiser les systèmes mis en œuvre. Je conçois la contrainte du budget comme un challenge perpétuel du métier d’architecte. Chaque projet est différent, chaque programme, budget, interlocuteur… aussi, et la magie du métier est de pouvoir s’y adapter. Il me semble indispensable d’établir une relation « intime » avec un économiste qui partage nos valeurs. C’est un atout majeur pour une agence d’architecture.

PÔLE MAQUETTE Depuis 2013, une maquettiste a intégré l’agence. Le pôle maquette, ainsi constitué, est venu compléter la pluridisciplinarité de l’agence. La maquette est un outil de conception et de communication privilégié.

niveau 4 - pôle conception

PÔLE ÉCONOMIE La polyvalence du métier d’architecte le pousse à devoir s’entourer d’autres compétences.

« Un seul homme ne peut pas tout faire. »1 1 Entretien avec Christian PATEY, architecte DPLG, Président de Patey architectes

Outil de conception, elle permet aux architectes d’étudier les espaces et leurs interactions par la compréhension des volumes, des vides et des pleins, de la topographie… Elle permet de matérialiser l’implantation du bâti et de l’étudier sous plusieurs angles : orientation, rythmes, rencontre des espaces, ouvertures … Outil de communication, elle permet aux clients d’avoir une meilleure lecture des espaces. L’agence de promotion immobilière détenue par Christian Patey, la CAN, se démarque ainsi des autres promoteurs en proposant des modèles de maquette réalisés en partenariat direct avec les architectes et leurs sensibilités.

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ainsi conseiller l’architecte. Dès lors, il est important d’établir, dès la conception, une relation de confiance et un échange entre la personne qui dessine le projet et celle qui en contrôlera l’exécution.

niveau 2 - outils de l'atelier maquettes

À l’agence, le choix d’intégrer un pôle DET/OPC a été initié dès les débuts. Ce poste était préalablement associé à celui de l’économiste. Ainsi, une seule personne gérait l’économie, la DET et l’OPC. Cette stratégie de s’entourer en interne des compétences d’un conducteur de travaux permet de libérer du temps pour les missions propres à l’architecte, tout en maintenant un lien entre les deux pôles. De plus, les interactions entre ces pôles peuvent être développées en amont de la réalisation afin d’éviter certains problèmes sur le chantier. Par ailleurs, le conducteur de travaux, qui assure la DET, connaît particulièrement bien chaque projet et ses différents intervenants ce qui lui confère une certaine facilité à assurer l’OPC des opérations. En parallèle, un secrétariat « technique » permet de gérer la partie administrative qui incombe aux chantiers (entres autres : rédaction et envoi des OS*, des comptes rendus, réalisation des FTM*)

niveau 2 - scie à ruban à l'atelier maquettes

TEMPS DU CHANTIER >> PÔLE RÉALISATION Après le temps de la conception arrive celui du chantier. Indissociables l’un de l’autre, la bonne exécution d’un bâtiment dépend de la manière dont il a été pensé, détaillé et préparé à la phase de chantier. La DET* peut, soit être réalisée par l’architecte lui-même, soit avec l’aide d’un conducteur de travaux, qui bénéficie de compétences plus techniques et spécifiques et peut

L’organisation interne de l’agence fonctionne de manière pyramidale et les décisions sont prises par la direction, discutées entre les associés et certains salariés puis soumises à l’ensemble de l’équipe. D’après mes entretiens, il semblerait que Christian Patey soit le chef d’orchestre, à l’origine de la plupart des décisions à prendre. De par son manque de disponibilité, et sa forte personnalité, cette organisation rend parfois les prises de décisions difficiles à gérer ; y compris pour les autres associés. Ces difficultés relationnelles sont, en partie, à l’origine du départ de l’ancien associé, Benoit Chambre. Néanmoins, cette situation ne semble pas être tabou et peut régulièrement être évoquée lors de la réunion hebdomadaire. Personnellement, je comprend la situation de Christian Patey qui est à l’origine de la création de cette agence et qui, de fait, souhaite pouvoir chapeauter toute décision. Toutefois, je n’aspire pas à devoir être la seule à prendre des décisions dans ma future agence et j’envisage ainsi de m’associer afin de répartir cette responsabilité. Non pas pour m’en affranchir, mais parce que je ne pense pas détenir l’unique solution à chaque problème, et qu’il me semble essentiel de pouvoir en discuter et partager ses points de vue.

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ARCHITECTES RÉFÉRENTS La transmission du savoir et le partage d’informations sont déterminants pour le développement et le bon fonctionnement d’une entreprise. Élaborer une stratégie de communication interne entre associés et salariés, mais aussi entre les salariés eux-mêmes, semble d’autant plus nécessaire en raison de la taille conséquente de l’agence « patey architectes ». L’activité de l’agence, organisée par « pôles » qui sont répartis sur les quatre niveaux du bâtiment, peut rendre la circulation de l’information peu évidente. Il est essentiel que chacun mette de la volonté et de la conviction lorsqu’il est à la recherche d’une information ou lorsqu’il peut être sollicité. Dès lors, les associés de l’agence ont mis en place une stratégie pour fluidifier les échanges : développer une « double compétence ». Certains salariés architectes, selon leurs centres d’intérêt et leurs sensibilités, développent une spécialité supplémentaire : référent informatique, référent VRD*, référent bois, référent communication… Cela incite les salariés du pôle conception à communiquer entre eux. Cette stratégie permet d’attribuer des tâches « non productives », c’est à dire qui ne font pas rentrer d’argent, à des salariés qui parallèlement continuent de « produire ». De plus, certaines de ces tâches ne constituant pas un travail à temps plein, il n’est pas nécessaire d’employer un salarié supplémentaire. Cependant, il faut faire attention à ne pas s’enfermer dans son objet de référence et garder un regard d’architecte, c’est à dire global et ouvert, sur ce que l’on produit. Par ailleurs, le temps de travail engendré par certaines tâches « non productives », peut parfois demander une lourde implication du salarié qui ne peut pas s’investir amplement dans les projets d’architecture. Ainsi, selon le domaine d’application de l’objet de référence, je pense qu’il serait utile de développer un pôle supplémentaire où le salarié, architecte ou non, se destine à l’objet en question. Je parle, par exemple, d’un pôle « informatique/communication/ prospection ». Pour les « spécificités » bois, VRD et HQE, je trouve qu’il est intéressant de les développer chez certains salariés, en fonction de leurs affinités. Il me semble essentiel d’utiliser la formation continue, entre autres proposée par l’ordre des architectes, qui est un droit des salariés et également des architectes exerçant en libéral.

Tous les salariés bénéficient d’un droit individuel à la formation (DIF) d'une durée de 20 heures par an. 
La mise en œuvre du DIF relève de l'initiative du salarié, en accord avec son employeur.
Les droits acquis annuellement sont cumulables pendant 6 ans dans une limite de 120 heures. Les architectes libéraux et dirigeants d’entreprises d’architecture peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt au titre des dépenses engagées pour leur propre formation. 1

DOCUMENTATION L’agence possède une large bibliothèque d’ouvrages d’architecture et de revues. Mise en place depuis de nombreuses années, l’équipe continue de l’alimenter régulièrement. Si quelqu’un découvre un ouvrage qu’il pense pouvoir être utile aux autres salariés de l’agence, il peut demander à le commander. Pour autant, lors de ma MSP, un seul ouvrage a été, à ma connaissance, ajouté au fond documentaire. L’acquisition du catalogue de l’exposition Le Corbusier et la question du brutalisme, qui a eu lieu à Marseille en 2013. L'outil incontournable que constitue la culture en architecture se développe essentiellement à travers la lecture d'ouvrages et de revues (une alternative aux voyages qui ne peuvent pas durer éternellement). Ils permettent de développer ses références architecturales. Je pense qu’ils pourraient être mis en valeur au sein de l’agence, en sollicitant les salariés à s’en servir et à faire des propositions d’acquisition et en informant tous les salariés lors d’un nouvel achat. Un étiquetage et un formulaire de recherche par thème a été établi afin d’organiser la documentation de l’agence. Par ailleurs, l’agence est abonnée à de nombreuses revues et les salariés n’ont que rarement connaissance de la réception. Il pourrait être intéressant de transmettre un mail à tous les salariés avec un résumé des revues reçues dans la semaine, tel un dossier de presse. D’autre part, depuis plusieurs années se développe l’information via internet. Malgré tous les défauts que l’on puisse y trouver (qualité de l’écriture, informations erronées, informations « parasites »…) ce média devient incontournable. Il permet, entre autres, de bénéficier d’une information en « direct ». L’agence a fait le choix de le développer en communiquant aux 1

source : http://www.architectes.org/formations

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salariés de nombreux mails d’information sur l’actualité du BTP, du design, des normes et réglementations, des projets de loi… La démarche est intéressante et permet à chacun de filtrer et sélectionner ce qui l’intéresse. Toutefois, je pense que cette source d’information n’est pas totalement exploitée car ces mails sont souvent directement envoyés à la poubelle sans même être lus. Un premier tri, réalisé par une personne annexe, permettrait aux salariés de consacrer un peu plus de temps à la lecture des articles. Cependant, comme chaque personne n’attache pas le même intérêt aux mêmes informations, il est difficile de proposer une solution qui conviendrait à tout le monde. Instaurer une réunion, un petit déjeuner ou un goûter « information » tous les quinze jours, serait un moyen de partager les connaissances récemment acquises par chacun. Depuis le début de ma formation, j’ai commencé à me constituer une bibliothèque d’art et d’architecture : beaux ouvrages, récits d’architecture, catalogues d’exposition, revues techniques… J’utilise également internet afin de me tenir à jour des actualités et pour rechercher des informations particulières. Ces outils sont essentiels pour le travail de l’architecte et seront développés au sein de ma future agence. Un travail en partenariat avec une bibliothèque spécialisée ou une documentaliste est une solution que j’envisagerai.

niveau 5 - ouvrages à consulter la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

niveau 5 - revues triées

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1.03. organisation des affaires et diffusion des informations Les affaires sont organisées via un ensemble de dossiers types, décomposés par phase. Cette homogénéité dans l’organisation des affaires est essentielle pour en faciliter la gestion, ainsi que pour faciliter la transmission des projets entre salariés. Parallèlement, toutes les données sont stockées en version papier, suivant la même arborescence1 de classement que les dossiers informatiques. Cette organisation demande de la rigueur au quotidien de la part de tous. Même si elle est généralement bien suivie, chaque salarié a ses propres exigences et méthodes, ce qui peut parfois aller à l’encontre de l’organisation imposée.

La trame proposée par l’agence n’est probablement pas « LA » solution, mais fonctionne plutôt bien car elle décrit le projet par phase puis par type d’information.

« La règle n’est pas intangible, elle doit être interprétée et la jurisprudence est là pour la faire évoluer, car si elle est appliquée de manière autoritaire et bureaucratique un sentiment d’injustice domine. »3 Par ailleurs, lors de la diffusion de documents, l’envoi ou la réception de courriers, l’information est enregistrée. Ceci confère une assurance supplémentaire en cas de litige. Aujourd’hui, la majeure partie des échanges se fait par mails. À la fois pratiques et rapides, ceux-ci génèrent également une potentielle perte d’information. Il est ainsi essentiel de stocker et diffuser aux différents intervenants concernés, toute décision prise par mail, par téléphone ou lors d’une discussion.

niveau 4 - classement des affaires

« Chacun accomplit d’une manière différente les gestes communs à tous, que ce soit dans l’art, dans l’amitié, le travail et l’amour. »2 Avoir une hiérarchie dans le classement des données est essentiel, à la fois pour chaque salarié individuellement, mais également pour le travail collectif. La recherche des informations est, dès lors, facilitée. Cependant, l’élaboration d’une arborescence « parfaite » n’existe pas. Il n’est pas évident d’imposer où stocker telle ou telle information, lorsque certains la placeraient dans tel dossier tandis que d’autres dans tel autre. 1

Une bonne organisation et de la rigueur sont nécessaires pour que ces informations ne soient pas perdues. En outre, afin de transmettre des fichiers « lourds » aux différents intervenants extérieurs (entreprises, BE, bureaux de contrôle, maîtrise d’ouvrage…) sur une affaire, l’agence a mis en place une plate-forme d’échange (FileZila) qui permet de mettre à disposition les plans d’exécution de l’architecte et ainsi d’avoir un support commun pour tous les intervenants. Cet outil d’échange n’est possible que si les données sont régulièrement mises à jour par l’architecte, et si les différents interlocuteurs utilisent les documents récemment diffusés.

Cf. ANNEXE 1

2 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006.

3 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006.

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1.04. communication

COMMUNICATION INTERNE BLOG

PAUSE CAFÉ

Un blog a été mis en place en 2010. Des nouvelles de la vie quotidienne et professionnelle de l’agence y sont postées en théorie régulièrement, en pratique beaucoup moins. Il n’est accessible que par les salariés de l’agence. La gestion de cet outil est attribuée au référent informatique.

C’est un instant convivial où presque tous les salariés et associés de l’agence se retrouvent autour d’une table à l’étage du pôle conception. L’occasion de célébrer un anniversaire, une naissance ou tout simplement de se retrouver et discuter, parfois d’architecture, parfois d’autres choses… Cette pause permet de rencontrer ses collègues et ainsi d’amorcer un échange. Ce contact régulier facilite la sollicitation de l’autre au moment opportun. En effet, il est plus aisé de chercher une information auprès d’une personne avec laquelle nous avons échangé auparavant.

L’initiative me paraît bien en adéquation avec la taille de l’agence mais elle demande un tel travail que l’outil est peu exploité. De plus, la matérialité et l’impersonnalité de cet outil ne peuvent, à mon avis, pas remplacer une discussion ou un débat de vive voix ! C’est un outil que j’envisagerai probablement de développer, mais il ne viendra jamais remplacer les moments d’échange et de partage qui seront instaurés au sein de l’agence.

ONGLETS

ONGLETS

ACTUALITÉS

Page du blog - ZE pateyblog la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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« Il [l’homme] est toujours à la recherche d’une autre rencontre pour s’enrichir, se confronter… toujours en mouvement. De temps en temps, il s’arrête et décide de vivre avec d’autres […]. Et en faisant halte, il fabrique des choses différentes de celles faites dans le mouvement, il construit autrement, ses outils, ses rapports et ses rythmes deviennent plus stables. Il réalise quelque chose. »1 La pause café – thé ou verre d’eau – est une opportunité pour échanger avec ses collègues. Il me semble important que tous les salariés ainsi que la direction puissent y participer afin de ne pas créer de fossé entre les individus.

BOOK3 Le book constitue un autre outil de communication. Ici, le destinataire est ciblé, et les informations et sensibilités à transmettre sont, dés lors, plus cadrées. De ce fait, il faut pouvoir adapter régulièrement son book en fonction du destinataire en question : maîtrise d’ouvrage publique, privée, client potentiel… Actuellement, le book est en train d’être mis à jour. Cela demande un travail exigeant où toute la charte graphique doit être retravaillée afin de fournir un document homogène.

« […] pour bien faire, il faudrait refaire les plans et les images de chaque projet spécialement pour la communication. Mais c’est un job à temps plein ! »4 CHARTE GRAPHIQUE

COMMUNICATION EXTERNE SITE INTERNET L’agence a mis en place un site internet2 qui communique sur ses projets : ceux réalisés ou en cours, concours gagnés… On y trouve également des informations sur la structure, l’équipe et les publications presses. L’accès au data center (plate-forme FileZila), qui permet les échanges de documents avec les personnes travaillant sur les projets en cours, se fait aussi depuis le site. Le site internet est un outil essentiel dans l’immense enjeu qu’est la communication d’une agence d’architecture. À l’heure où le « 2.0 » est en pleine expansion, il serait impensable de ne pas miser sur une telle carte de visite. Y apporter plus de rigueur et d’intérêt permettrait à l’agence de communiquer plus clairement sur ses projets et sa philosophie. Pas forcément évident à maîtriser, il faut prendre en compte les destinataires (client potentiel, architecte à la recherche d’un emploi, maître d’ouvrage, agence d’architecture… les interlocuteurs sont ici très variés !) et sélectionner les informations et sensibilités que l’on cherche à communiquer. 1 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006. 2

http://www.patey.fr

Avoir sa propre charte graphique, c’est pouvoir communiquer avec sa propre identité, aussi bien dans le travail du quotidien qu’auprès des clients potentiels, à travers la diffusion du book de l’agence. L’homogénéité de la présentation se met au service d’une communication claire, directe et précise, qui ne remet pas en cause le travail apporté à chaque projet. Une charte est développée à l’agence sur le logiciel de DAO Allplan, qui permet de trouver les informations recherchées rapidement : date – indice – orientation – titre – mise en page… Les autres documents suivent également des mises en page type : logo – typographie – cartouche… Néanmoins, comme il a pu être vu précédemment, le book de l’agence a subi un « lifting » qui ne reprend pas la charte existante. Ce travail sera probablement ré-exploité par la suite afin de revoir l’ensemble de la charte graphique de l’agence. À la constitution de mon agence d’architecture, une charte graphique sera mise en place pour mettre l’homogénéité graphique au service de la diffusion de notre pensée architecturale. Elle exprimera notre identité.

3

Cf. ANNEXE 2

4 Entretien avec Jérôme COURREAU, dessinateur/ référent VRD et informatique, Patey architectes

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1.05. autre singularité de l'agence

« À vouloir ne prendre aucun risque, on ne produit rien. »1

maître d’œuvre qui me demande ? Est-ce que c’est le maître d’ouvrage ? »3

Christian Patey, soucieux de proposer des projets dont la qualité architecturale soit au cœur de la conception, a décidé de développer en 2010 son agence de promotion immobilière particulière. La CAN, « a pour objectif de promouvoir une architecture contemporaine pour des opérations de logements, de bureaux et de commerces »2, elle n’est pas promoteur mais producteur d’architecture.

Lors de ma MSP, j’ai peu travaillé avec la CAN. Cependant, à travers mes entretiens et mes échanges avec Christian Patey, j’ai pu me rendre compte des avantages et des inconvénients que pouvaient générer cette proximité entre la CAN et « patey architectes ».

En faisant le pari d’associer ses compétences d’architecte maître d’œuvre à celle de l’entreprenariat, le partenariat « CAN/patey architectes » le pousse à assumer ses choix et décisions, sans reporter constamment la faute sur la maîtrise d’ouvrage. Cette solution permet également de s’affranchir de la contrainte d’une maîtrise d’ouvrage qui pourrait s’avérer non compétente mais nécessite tout de même des connaissances spécifiques inhérentes au statut de maître d’ouvrage. Être un bon architecte n’induit pas le fait d’être un bon promoteur, et les sensibilités ne sont pas forcément les mêmes lorsque des décisions pour de gros investissements financiers doivent être prises. Pour gérer l’équilibre de cette structure, le salarié de la CAN n’est pas un architecte. Le dialogue et les échanges réguliers avec l’agence d’architecture lui confèrent tout de même une certaine sensibilité qu’il peut mettre au profit de ses actions de commercialisation.

L’apport des compétences du salarié de la CAN m’a permis de pousser une étude de faisabilité (Cf. le palais des hirondelles) un peu plus loin en proposant divers montages financiers. De plus, comme je l’ai énoncé ci-dessus, la CAN permet à Christian Patey de proposer des bâtiments qui lui correspondent et qui prennent en compte toutes ses attentes. Pour autant, cet avantage peut rapidement se transformer en inconvénient pour ses collaborateurs qui subissent chaque retournement de situation. En effet, cette position de maître d’ouvrage/maître d’œuvre entraîne un mélange des genres, une confusion des responsabilités et des devoirs de chacun. Ainsi, Christian Patey, maître d’ouvrage, s’autorise à modifier ses projets jusqu’à assez tard dans la conception, rendant ainsi le travail des architectes/dessinateurs, de l’économiste et des BE plus long et difficile.

Des difficultés peuvent pourtant se faire sentir dans la gestion des relations avec les différents intervenants d’une affaire.

« Ce n’est pas toujours facile de savoir d’où vient l’information. Est-ce que c’est le 1 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006. 2 Viricel, Léa. Archi déclic. mémoire professionnel, ENSAG, 2010.

3 Entretien avec Elise GUÉVAR, conductrice de travaux/ OPC, Patey architectes

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1.06. dynamique de l'agence

L’agence est riche d’un passé de près de 25 ans. Elle a su se construire avec le temps, passant par des moments d’apogée, des moments moins fructueux, et des moments de crise. Le changement de locaux fin 2009, afin de pouvoir accueillir plus de salariés, n’est aujourd’hui plus avantageux pour l’agence qui se retrouve avec des charges fixes importantes par rapport au nombre de salariés, qui a fini par diminuer. Traversée par la crise, qui n’épargne que peu d’entreprises, des stratégies doivent être mises en place pour redonner un coup de fouet à son activité. Trouver des affaires est la préoccupation majeure à l'agence. Ensuite, il faudra envisager de repenser l’organisation du travail, améliorer la transmission des informations, se tenir aux délais… C’est à dire qu’il faudra améliorer la productivité tout en gardant la qualité.

« On est face à un vrai problème, mais c’est un problème qui est général. »1 Remotiver les troupes, impliquer et responsabiliser les salariés, favoriser les échanges et améliorer la communication interne, réintroduire des moments de détente et de partage, miser sur la prospection et la communication, s’entourer d'un nouveau chef de projets expérimenté pour se défaire des surcharges de travail imputées aux autres chefs de projets, repenser le management de l’agence en n’imposant pas mais en induisant… Ce mémoire, qui regroupe dans la partie suivante les retours d’entretiens avec les salariés de l’agence, pourra constituer un outil de compréhension et d’action pour les directives à envisager par la suite.

1

Entretien avec Christian PATEY

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bâtiment de l'agence "patey architectes" - vue depuis sa façade Nord la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014



2. " faire, savoir faire, laisser faire, faire faire " 1 -

1 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensĂŠ, Actes Sud, 2006.


Savoir s’entourer de compétences complémentaires est un paramètre essentiel du métier d’architecte. En effet, de nombreuses missions, autres que la conception architecturale, sont inhérentes à la profession et il s’avère parfois nécessaire de les déléguer. Parlons, par exemple, d’économie, d’ingénierie, de suivi de chantier, d’OPC ou de communication. Ces métiers à part entière nécessitent des compétences particulières. Dès lors, quelles relations entretenir avec ces autres professions qui gravitent autour de celle d’architecte maître d’œuvre ? Sous-traitance, cotraitance ou intégration à l’organisation interne de l’agence ? Dans cette deuxième partie, je développe les stratégies de l’agence « patey architectes » quant aux choix de délégation des missions. La maturité de l’agence, avec plus de vingt années d’existence, ainsi que les expériences variées de ses salariés, m’ont permis d’établir un bilan constructif sur son évolution jusqu’à sa situation actuelle.

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2.01. pôle conception

Pôle majeur d’une agence d’architecture, c’est lui qui permet à « patey architectes » de bénéficier d’une reconnaissance régionale en termes d’équipements et de logements. Le travail de ses salariés est représentatif de la qualité des bâtiments qui sont livrés. Néanmoins, c’est un travail en collaboration avec une multitude d’autres corps de métier qui régit également la bonne exécution des bâtiments. Dés lors, la question des relations humaines peut devenir une difficulté, voire un obstacle, au bon déroulement d’une affaire. À l’agence, deux de ces corps de métiers (économie et conduite de travaux/OPC), travaillent en interne et les échanges entre les pôles ne sont pas toujours évidents. Suite aux divers entretiens que j’ai menés, j'identifie plusieurs sources à ces problèmes de communication. Tout d’abord, des problèmes relationnels qui remontent à plusieurs années en arrière et qui, bien que semblant vouloir être résolus par chacun des pôles, figent la situation à une époque donnée, sans pour autant envisager que les « choses » ont peut être changé depuis. On remarque également un problème d’ « image », et un sentiment d’incompréhension envers les architectes. De plus, l’organisation du travail semble être moins rigoureuse chez les architectes que dans les autres pôles. Puis, une situation hiérarchique, actuellement déséquilibrée, demanderait probablement une restructuration.

LES « DOUX RÊVEURS »1 Si l’on aborde le problème d’ « image », les architectes passent auprès du pôle administratif, et des autres pôles, pour des « doux rêveurs ». Il y a un manque de compréhension, de la part des divers pôles, quant à la remise en cause régulière des principes, systèmes et détails mis en œuvre dans un projet, qui impactent, dès lors, le temps de travail. 1 Entretien avec Charlotte DELALEX, architecte HMONP, Patey architectes

« Le problème, c’est qu’on change trop les choses. On part sur un truc et on change trois fois. Au lieu de garder la nouvelle idée pour un autre projet, on veut l’appliquer tout de suite. »2 Par ailleurs, d’autres facteurs viennent également perturber cette organisation du temps de travail, tels que les demandes de la maîtrise d’ouvrage ou des « éléments extérieurs » (délais de fouille, notes de calcul sur la composition des sols…).

« Quand il est demandé au pôle conception, que le projet arrive à telle date, donc qu’il y a tant de temps pour le faire, il faut que ça arrive à telle date sur mon bureau, pas trois semaines après. Parce que trois semaines après, j’ai autre chose à faire. Après, je ne dis pas qu’ils font rien, je soulève juste que c’est un problème à l’agence que de tenir les délais donnés. »3 De fait, l’architecte bénéficie d’une image plutôt négative de quelqu’un qui remet régulièrement son travail en cause, ainsi que celui des autres, et qui organise mal son temps de travail puisqu’il dépasse les objectifs de temps qui lui sont donnés. Par exemple, l’an passé, le temps de travail des salariés du pôle conception a été réduit suite à une sous-charge de travail. Parallèlement, celui des pôles administratif, économie et chantier, a été maintenu à plein-temps. N’est-ce pas là, le signe d’un manque de compréhension et de reconnaissance des architectes ? D’autre part, une feuille de calcul permet au pôle gestion de définir des objectifs pour les architectes, 2 Entretien avec Olivier DELEGLISE, économiste, Patey architectes 3

Entretien avec Olivier DELEGLISE

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ainsi que pour les deux autres pôles - économie et chantier, en termes de temps de travail. Il est important de se donner des objectifs et il me semble intéressant de passer par ce type de processus, qui permet de prendre en compte les honoraires demandés, le type de mission et ses exigences ainsi que le salaire de l’architecte qui effectuera cette mission. Pour autant, le résultat ne devrait pas être pris comme une valeur absolue, puisqu’il existe d’autres paramètres qui rentrent également en compte : contre-temps politique ou économique, restructuration de l'équipe de travail, demande de la maîtrise d'ouvrage... À l’agence, l’objectif calculé n’est pas discuté avec le salarié, et le temps de travail est parfois revu à la baisse, tout en sachant que celui-ci sera dépassé. Cet exemple montre également que l’image des architectes reste figée à celle d’un travailleur peu productif.

« Du coup, on y croit plus, je pense qu’il y a un manque d’honnêteté et de communication, et ça fait un découragement. »1 Bien évidemment, les architectes ont également leur part de responsabilité dans cette situation là. L’image du « doux rêveur » n’est probablement pas totalement erronée. Il est vrai que le métier d’architecte requiert beaucoup de créativité. Celle-ci est un paramètre très fluctuant dans le temps. Néanmoins, passées les premières phases d’une affaire, la part de créativité diminue pour laisser part à plus de « productivité ». Cependant, le fonctionnement de l’agence demande une validation régulière de la direction, c’est à dire de Christian Patey. Lui-même ne déroge pas à la règle de l’architecte créatif, dont les idées fusent et évoluent perpétuellement. Cette « incompatibilité » avec la rigueur productive imposée est pourtant à la source de la notoriété de l’agence.

« […] pour être performant en architecture, ça demande beaucoup de temps, or nous ne vendons que du temps. »2

CONCEPTION VS ÉTUDES DE PROJET Bien que Christian Patey n’accorde plus autant de temps à la conception qu’à ses débuts, il a su mettre en place une équipe qui le seconde.

« […] le talent est d’avoir des gens qui sont compétents, de créer une dynamique dans l’agence. »3 Cette équipe se retrouve toutefois à travailler indépendamment des autres architectes qui, quant à eux, récupèrent les projets après les premières phases de conception, et également indépendamment des autres pôles de l’agence. Elle est donc à l’origine des projets mais ne les suit que rarement par la suite. Cette indépendance de l’équipe est renforcée par la localisation de leur espace de travail, situé au dernier étage.

« Tout le monde n’est pas à égalité devant la page blanche. Il y a des gens qui sont beaucoup plus rassurés s’ils ont des trucs qui sont déjà prédéfinis, et ils le font extrêmement bien. Et d’autres, qui ont beau être à l’origine de la conception, si tu leur demandais d’aller dessiner les détails, ils n’en seraient pas forcément capables. C’est un assemblage savant. L’idéal, c’est vrai, ce serait d’avoir quelqu’un qui soit bon, et en conception, et en exécution. Quelqu’un qui puisse porter sa conception jusqu’au bout. »4 Cette répartition des tâches par affaire peut générer des pertes d’informations.

« […] je préfère attribuer les tâches où la personne est la plus à l’aise. Après, le risque, c’est effectivement d’avoir une perte de données. »5 3

Entretien avec Christian PATEY

1

Entretien avec Charlotte DELALEX

4

Entretien avec Christian PATEY

2

Entretien avec Christian PATEY

5

Entretien avec Christian PATEY

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Un autre problème, qui peut se révéler par cette répartition des tâches par affaire, est que les architectes qui ne sont pas chefs de projet ne vont quasiment pas sur les chantiers et ne bénéficient donc pas des compétences que ceux-ci peuvent apporter.

« Mais je vais peu sur les chantiers, je pense que c’est un manque. »1 Par ailleurs, la conception avec Christian Patey, qui est peu disponible, demande une grande flexibilité de la part des salariés, ce qui n’est pas forcément accepté par tous. Ainsi, bien que cela puisse être frustrant pour les chefs de projet de récupérer une affaire pour laquelle ils n’ont pas participé à l’élaboration du concept, c’est également un choix que de ne pas accepter de s’adapter aux horaires, parfois nocturnes, de Christian Patey.

« Il n’y a qu’une seule équipe de « conception », parce que le problème, c’est que les gens doivent prendre leur place à l’intérieur d’un fonctionnement bien particulier : quand tu fais de la conception avec un patron qui a une disponibilité réduite, il faut que les gens acceptent de faire cette conception de 9h à 2h du matin, qu’ils acceptent, éventuellement, de venir de temps à autre travailler le dimanche, et qu’ils aient aussi la capacité de le faire. »2

COMPÉTENCES RESPECTIVES GESTION DU TEMPS

ET

De plus, comme Christian Patey a pu le soulever, il est vrai que les compétences et affinités de chacun diffèrent. Ainsi, attribuer une tâche pour laquelle le salarié est compétent est gratifiant pour celui-ci. Il faut pouvoir palier aux pertes d’informations. Il est alors essentiel d’avoir une bonne transmission des projets, avec quelqu’un de fixe à l’agence qui puisse en assurer le suivi, et une partie du planning global de l’affaire qui soit attribuée à cette passation. 1

Entretien avec Jérôme COURREAU

2

Entretien avec Christian PATEY

Il semblerait qu’avoir un chef de projet fixe tout au long de chacun des projets soit quelque chose qui avait déjà été mis en place au sein de l’agence mais qui, au fil du temps, a disparu. De plus, il faut pouvoir anticiper un changement de chef de projet en cas de licenciement, démission ou congé maternité. La gestion du temps, au profit du projet et de la productivité de l’agence, est également un point important qui peut s’avérer être une source de conflit. Le travail en groupe requiert une rigueur dans l’organisation de son temps de travail. L’architecte est le « donneur de temps » mais ne doit pas pour autant négliger le travail de ceux qui l’entourent. Une prise de conscience collective est nécessaire pour une compréhension et un respect du travail de chacun. Écouter les propositions d’autrui pour améliorer sa productivité, si celles-ci ne vont pas à l’encontre de ses convictions et de ses propres valeurs, doit être une démarche à adopter.

« Il n’y a personne qui pose de questions aux savants, c’est un peu un problème à l’agence, de peur de passer pour quelqu’un de bête, on n’ose pas aller poser les questions. Du coup, les trucs sont faits en deux jours alors que ça pourrait être réglé en une heure. […] . J’avais conseillé d’aller voir telle et telle personne pour éviter des problèmes que nous avons déjà rencontrés. Les entreprises peuvent te donner des solutions auxquelles tu n’avais pas forcément pensé. Il faut discuter quoi. »3 Être à l’écoute des autres, savoir où chercher les informations, garder sa fierté et s’enrichir de la connaissance des autres, partager son expérience, connaître la limite de ses compétences et savoir s’entourer de celles des autres… Ces efforts d’échange et de communication permettraient probablement une meilleure compréhension du travail de chacun, une diminution du temps perdu et ainsi une meilleure productivité au sein de l’agence pour une satisfaction collective. 3

Entretien avec Olivier DELEGLISE

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Toutefois, il ne faut pas oublier que cette perte de rigueur provient aussi de la diminution de la charge de travail liée au manque de rentrée d’affaires. Cette situation semble se généraliser pour nombre d’agences qui se voient dans l’obligation de licencier. Pour relancer l’activité de l’agence, il faudrait pouvoir employer un architecte expérimenté dont la productivité serait supérieure à un jeune débutant. Cependant, pour employer il faudrait avoir de nouvelles affaires… La maîtrise du temps est un paramètre difficile à appréhender, il dépend déjà d’une bonne organisation, et également des conditions de travail au sein de l’agence. Amener de la transparence dans la gestion des affaires, faire collaborer les associés (et salariés) entre eux et définir plusieurs équipes de travail, qui pourraient tourner en fonction des projets et des affinités de chacun, sont des démarches que je mettrai en place.

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2.02. pôle économie

Lors de l’élaboration d’un projet d’architecture, il est nécessaire de passer par la case « économie du projet ». La responsabilité financière qui incombe à l’architecte dépend du budget attribué au projet combiné au coût des travaux et différentes charges et frais supplémentaires. Un bilan financier équilibré doit être maintenu et pour cela, l’intervention des compétences d’un économiste est primordiale. Même si de nombreux architectes n’y font pas appel, essentiellement pour des projets de petite taille ou bien pour percevoir les honoraires de cette mission, la charge de travail demandée est importante et requiert des qualités complémentaires à celles d’un architecte.

COLLABORER Dès ses débuts, Christian Patey a décidé de travailler avec un économiste en interne.

« […] très rapidement, je me suis aperçu qu’être architecte ça demande une telle polyvalence/plurivalence, qu’une seule personne ne peut pas tout faire. C’est impossible. Alors, soit tu as des partenaires extérieurs et tu fais un montage extérieur, soit tu intègres les compétences. Et la première compétence à intégrer dans une agence d’architecture, et qui l’est inhabituellement, c’est l’économie et ça c’est la chose que j’ai tout de suite faite. »1 Le travail de l’économiste est étroitement lié à celui de l’architecte et les allers-retours nécessaires entre les professions sont, dés lors, facilités par la proximité géographique d’un pôle économie en interne. La dynamique de travail est commune : l’économiste décrit ce que l’architecte dessine. 1

Entretien avec Christian PATEY

« Cela fonctionne seulement s’il y a un minimum de communication entre les deux pôles. »2 De plus, en interne, l’économiste baigne dans la culture de l’agence, son mode de fonctionnement, les produits régulièrement mis en œuvre, l’allotissement des projets…

« […] je sais qu’il y a des choses que nous ne faisons pas, des choses que nous ne voulons plus faire ou des choses qui ne marchent pas. »3 En phase PRO* et ACT*, l’avantage de l’architecte sur l’économiste pourrait être d’avoir conduit le projet depuis ses débuts, et donc de posséder toutes les clés de lecture de celui-ci pour définir un CCTP* précis. Néanmoins, le temps de réalisation des métrés, de rédaction du CCTP et du DPGF* n’est alors pas alloué à l’approfondissement du projet architectural. S’en affranchir semble donc être une solution pour apporter plus de qualité au projet.

« Le pôle économie, ça pourrait être très riche de l’avoir en interne. Les économistes peuvent t’apporter plein de choses. Il est vrai que nous n’avons pas toujours le temps de chercher tous les matériaux possibles, du coup, nous partons sur des trucs assez classiques, et parfois trop chers. Alors que, je pense qu’ils pourraient avoir une force de proposition équivalente, tout en ayant le souci de l’économie. »4 2 Entretien avec Grégoire LE BLANC, architecte DPLG, associé de Patey architectes 3

Entretien avec Olivier DELEGLISE

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Entretien avec Charlotte DELALEX

la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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ENCADRER, RECONNAÎTRE

CONNAÎTRE

ET

Le problème de communication, qui s’est établi entre le pôle conception et le pôle économie, semble venir d’un conflit qui se serait installé et qui continue de peser sur les relations. Chacun reste campé sur une image figée du collègue qui ne fait pas d’effort de compréhension de l’autre, et la communication est rendue d’autant plus difficile. Un encadrement et un management des équipes de travail, de la part de la direction, permettraient de réinstaurer une discussion entre ces deux pôles.

« Il y avait, [avec la certification ISO 9001*], une volonté qualitative que nous sommes en train de perdre. Il va quand même falloir que nous nous ressaisissions à la rentrée. Repenser un nouveau management. Là, nous avons repris des marchés, il va falloir se réorganiser, re-discipliner les gens dans ce qui avait été établi au tout début. Parce qu’au fur et à mesure, les gens ne travaillent plus comme nous avions dit. Mais sans les enfermer, simplement faire des piqûres de rappel par rapport à la culture de l’entreprise et son organisation. »1 Ce manque de communication ne permet pas à l’agence de profiter au maximum de cette double compétence. Il serait intéressant que les échanges se fassent naturellement et régulièrement, tout au long des projets, afin que l’économiste puisse apporter des solutions techniques et analyser (quantifier/ qualifier) les choix des architectes. Pour cela, une reconnaissance du travail de l’autre est obligatoire, et cela passe par une connaissance de ce travail. Cela permettrait également de palier à certaines erreurs ou à des oublis sur les CCTP, qui se répercutent ensuite sur la gestion des chantiers.

« Le descriptif est censé être relu par le chef de projet, donc normalement s’il manque quelque chose il est censé me le dire. Au même titre que je vais lui dire si, sur un plan, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y en a qui font ça bien, d’autres qui maîtrisent moins puis il y a ceux qui lisent en travers. »2 Il est essentiel, en tant qu’architecte, d’avoir des notions de base et de connaître le travail de l’économiste, déjà pour pouvoir lui fournir suffisamment d’éléments pour le chiffrage du projet mais aussi pour pouvoir dialoguer autour de ses documents de travail. Adopter une approche économique du projet, dès les premières phases de conception, permet de maîtriser plus facilement nos leviers d’intervention. Ainsi, une collaboration étroite tout au long des phases de conception permettra de fournir un travail riche, où l’économiste sera à même de lire le projet avec les bonnes clés de lecture et où l’architecte, qui aura fourni un travail rigoureux, pourra se libérer du temps pour, par exemple, dessiner plus de détails, innover ou participer à l’esquisse d’un nouveau projet… L’économiste, en étant intégré à l’agence, et donc à sa culture, peut également être à l’origine d’une dynamique innovante pour la mise en œuvre de nouveaux matériaux, puisqu’il adoptera un regard plus technique et porté sur l’économie du projet. L’inconvénient que l’on pourrait trouver à avoir un économiste en interne viendrait du manque de rigueur de la part des architectes qui respectent plus difficilement les délais annoncés que si la mission avait été attribuée à un bureau d’études extérieur. Le remaniement permanent des projets rend le travail de l’économiste plus difficile. Toutefois, si c'est un choix de l’agence que de pouvoir faire évoluer le projet jusqu'en phase PRO, il faut que l’économiste le considère dans la comptabilisation de son temps de travail. Mais il n'est pas contestable que cela représente une perte de temps.

Le manque de retour de la part des architectes suite à la phase de description génère des « coquilles » dans les CCTP et DPGF : prestations manquantes, incohérences… 1

Entretien avec Christian PATEY

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Entretien avec Olivier DELEGLISE

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« Moi mon plan d’APD et mon métré, ils étaient exploitables pour le PRO à 80%. Là, il faut tout que je refasse. Donc c’est dommage aussi. Après ça se passe peut-être pareil ailleurs… »1 Travailler avec les compétences d’un économiste en interne m’apparaît comme étant porteur d’une plus-value pour une agence d’architecture. Si je suis amenée à faire ce choix, je veillerai à favoriser les allers-retours afin de ne pas avoir de retournements de situation réguliers et d’établir un travail collaboratif au service du projet architectural. Pour cela, instituer des réunions, apporter une culture architecturale à l’économiste et instaurer un respect des délais auprès des architectes, seront des attitudes à adopter dans mon projet professionnel.

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Entretien avec Olivier DELEGLISE la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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2.03. pôle chantier

En parallèle de la DET, qui constitue une mission de base de la loi MOP, la mission d’OPC intervient pour gérer l’organisation des temps du chantier. L’OPC a pour mission d’ordonnancer les tâches du chantier, d’assurer le pilotage de celui-ci et de coordonner les différents intervenants. La conduite de travaux, bien que ne demandant pas une formation particulière, exige une certaine maîtrise du temps. Pour cela, il faut pouvoir anticiper, organiser, commander, coordonner et contrôler, des qualités également requises pour l’architecte. Encore une fois, cette mission peut être attribuée à l’architecte, qui l’exercera en parallèle de la DET. Pour autant, il n’est pas contestable que l’OPC est un métier différent et savoir « laisser faire » est aussi une qualité nécessaire à l’architecte. Ici se pose la question d’une relation en interne ou de la cotraitance ? En interne, tout comme pour l’économiste, les relations entre conducteur de travaux, OPC et architecte sont plus « intimes » et plus directes, mais cette proximité peut parfois empêcher d’avoir un regard critique et avisé sur le travail de l’autre. En cotraitant, cela permet de gérer une charge de travail fluctuante, car dépendante des chantiers en cours. En effet, si une année se déroule avec essentiellement des études et sans chantier, la cotraitance de la conduite de travaux permet d’éviter d’avoir à licencier puis à embaucher de nouveau en période de chantier. Néanmoins, les relations entretenues entre les conducteurs de travaux (qui assurent généralement l’OPC) et les architectes sont plus distantes, et la sensibilité architecturale transmise à l’agence d’architecture au quotidien peut ne pas se ressentir dans les exigences de réalisation d’une entreprise cotraitante. À l’agence, la décision d’intégrer un pôle chantier permet de proposer des honoraires supplémentaires pour cette mission. C’est un atout supplémentaire qui fonctionne car la taille de l’agence le permet. Il serait effectivement inquiétant pour l’avenir de l’agence de

se retrouver à un moment donné sans chantier. De plus, une situation sans chantier pourrait être anticipée puisque les durées des études et des chantiers sont théoriquement connues à l’avance. Toutefois, les maîtres d’ouvrage ne proposent pas obligatoirement cette mission aux architectes, voire même imposent un intervenant indépendant. Ainsi, il serait délicat de vouloir développer un pôle OPC trop important au risque de devoir licencier. La stratégie de l’agence est, dès lors, de cotraiter certaines des missions lorsque les chantiers sont géographiquement trop éloignés.

ANTICIPER L’intégration de cette compétence à l’agence permet d’avoir, grâce à un retour d’expérience, une meilleure connaissance des méthodes de mise en œuvre. Il est essentiel d’établir un échange régulier entre les pôles et de ne pas « avoir peur » d’aller poser des questions aux personnes savantes.

« […] il faut que l’architecte fasse la démarche d’aller poser des questions. Le problème pourrait plus venir des architectes qui ne vont pas solliciter les conducteurs de travaux. »1 Collaborer un peu plus tôt dans la conception avec le conducteur de travaux permettrait de soulever des problèmes et de les résoudre en amont du chantier. D’autant plus que la gestion de ces problèmes sur le chantier se répercute aussi bien sur le planning que sur les relations avec les entreprises.

« Déjà, il est essentiel que les architectes communiquent plus tôt avec nous, afin de pouvoir les conseiller, presque dès l’APS, 1

Entretien avec Charlotte DELALEX

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dans l’élaboration des détails. Par exemple, les architectes vont faire des choix de matériaux ou de détails qui ne sont pas forcément évidents à réaliser par les entreprises. Et c’est à nous, sur le chantier, de gérer ces problèmes là. »1

RETOUR D’EXPÉRIENCE Une autre demande des conducteurs de travaux serait de « standardiser » certains détails.

« […] ce serait plus simple si on se basait sur le même type de détail, à adapter en fonction du projet. […] Bon après je ne dis pas qu’il faille généraliser tous les détails. Quand c’est des détails de serrurerie, c’est normal que ça ne soit jamais pareil. »2 Cette demande ne doit à mon avis pas pour autant être prise au mot, car la standardisation n’est pas un processus qui vise à enrichir l’architecture.

« La standardisation est un laminoir qui vous pèle l’âme jusqu’à l’os. »3 Cependant, se servir des expériences et des projets passés pour les projets de demain est une demande qui se rapproche de la vision de l’économiste.

« D’avoir les détails ça permet aussi d’aller plus vite dans le projet. »4 Plutôt que la standardisation, c’est la recherche de détails performants en s’appuyant sur des projets déjà réalisés qui serait intéressante.

1 Entretien avec Luc DOLIAS, conducteur de travaux/ OPC, Patey architectes 2

Entretien avec Elise GUÉVAR

Le retour d’expérience n’est pas assez exploité à l’agence, des connaissances sont alors perdues et ne sont pas réutilisées. Il est important de faire état de ce qui a fonctionné et de ce qui n’a pas fonctionné sur un projet. Il faut alors que les architectes aillent sur le terrain, et les économistes aussi pour s’assurer que ce qui a été décrit et dessiné fonctionnent. Si ce n’est pas le cas, il convient de prendre note des solutions apportées pour améliorer le prochain projet. Il faut également en parler avec les autres architectes de l’agence afin d’éviter qu’ils reproduisent la même erreur.

« […] la personne savante peut te dire que le détail qui avait été dessiné là, n’a finalement pas été réalisé sur le chantier parce que l’entreprise a proposé autre chose qui était plus simple. C’est ça le retour d’expérience. On est vingt à l’agence, il faut demander aux gens qui ont déjà fait les choses. »5 « Quand ils [les conducteurs de travaux] ont des questions sur des choses qu’ils ne trouvent pas ou des choses qui ne vont pas, ils viennent me [l’économiste] voir pour ne pas que je fasse la même erreur le coup d’après. Comme ça, je modifie ma bibliothèque. Et puis, de temps en temps, je vais jeter un œil avec eux sur les chantiers. »6 Une base de données sur le logiciel de DAO*, Allplan, est régulièrement complétée à l’agence pour permettre cette transmission des détails d’un projet à l’autre. Néanmoins, il semblerait que cet outil ne soit pas encore totalement mis en place et utilisé.

FAIRE DU CHANTIER À l’agence, les chefs de projet vont au minimum une fois par mois sur les chantiers qu’ils suivent. Il arrive qu’un architecte reprenne un projet en phase chantier et ne bénéficie pas de toutes les clés de lecture du projet. Dans ce genre de situation, il est essentiel

3 Ricciotti, Rudy. L'architecture est un sport de combat. Textuel, 2013.

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Entretien avec Olivier DELEGLISE

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Entretien avec Olivier DELEGLISE

Entretien avec Olivier DELEGLISE

la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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que la passation entre architectes se fasse le plus rigoureusement possible, avec un double suivi pour commencer, avant de laisser le second reprendre l’affaire. La présence d’un conducteur de travaux intégré à l’agence facilite cette transmission puisque ce dernier a collaboré avec l’architecte lors des phases précédentes et connaît ainsi le projet.

« Aussi, quand le détail que tu as dessiné, il n’est pas réalisable, ou qu’il y a d’autres manières de faire qui arrangent l’entreprise, toi en tant qu'architecte ce qui t’importe c’est le résultat final. Travailler avec quelqu’un qui a de l’expérience dans la DET, avec un point de vue plus technique, permet donc d’apporter une opinion par rapport à la pérennité du système. C’est riche d’avoir les deux [architecte + conducteur de travaux], mais il faut vraiment qu’il y ait l’architecte. »1 La formation d’un architecte se perpétue tout au long de sa carrière et l’expérience du chantier permet d’acquérir une grande partie des connaissances techniques essentielles à la conception d’un projet architectural. Travailler en collaboration avec un conducteur de travaux et se rendre régulièrement sur les chantiers est dès lors nécessaire. Outre les chefs de projet, j’inciterai les salariés, avec lesquels je vais être amenée à travailler, à se rendre régulièrement sur les chantiers de projets qu’ils auraient dessinés.

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Entretien avec Charlotte DELALEX

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2.04. pôle maquette

Dernier à être arrivé à l’agence, le pôle maquette se développe petit à petit depuis 2013. La mission de sa salariée, à la base, était de travailler pour « patey architectes », et par la suite de trouver d’autres clients. Cependant, il semblerait qu’il n’y ait pas de moyens mis en œuvre pour développer le pôle, qui ne peut alors pas se positionner en tant que concurrent auprès d’autres maquettistes de la région. Ainsi, le travail de la maquettiste tourne essentiellement autour de l’agence : élaboration de maquettes d’étude pour les architectes, de maquettes de projet pour la communication de l’agence et d’autres pour la commercialisation des projets dont la maîtrise d’ouvrage est la CAN. Par ailleurs, comme cela ne constitue pas un travail à temps plein, Audrey Jamard s’occupe de la matériauthèque. Pour cette première expérience de maquettiste d’architecture intégrée à une agence, Audrey Jamard apprécie d’avoir un contact direct avec les architectes qui partagent leur vision et leurs convictions.

« Le fait d’intégrer l’agence m’a beaucoup apporté parce que j’avais une idée préconçue de la maquette. »1

PROXIMITÉ / FACILITÉ ? Sa vision ne déroge pas à celle des autres pôles qui collaborent avec le pôle conception : les délais ne sont pas respectés. Est-ce un manque de rigueur ou d’organisation ? Lorsque la question est posée aux architectes, ils répondent que les délais imposés ne sont pas atteignables. Un compromis est alors à trouver pour aller vers une satisfaction collective.

« Ils essayent pourtant de faire avancer les choses, mais je sens que ce n’est pas évident. »2 1 Entretien avec Audrey JAMARD, maquettiste, Patey architectes 2

Entretien avec Audrey JAMARD

Faire appel à une société extérieure imposerait de respecter des délais, c’est à dire fournir les plans nécessaires en temps donné. Même si certains éléments seraient encore amenés à être modifiés, les architectes ne pourraient pas abuser de la flexibilité du maquettiste.

OUTIL DE CONCEPTION Outre le non respect des délais, peu de maquettes d’études sont demandées à Audrey Jamard. Cet outil permettrait de voir l’évolution des projets, en complément des images numériques réalisées par Eric Doro. Néanmoins, cela représente du travail « non-productif », qui ne fait pas rentrer d’argent, alors Audrey Jamard est plus sollicitée pour des commandes de maquettes, telle que la maquette de la ZAC de Jacob-Bellecombette par la CAN. Il est dommage de ne pas exploiter un peu plus cet outil, qui est très utile pour se représenter dans l’espace et pour voir comment les volumes interagissent.

« Je ne sais pas si c’est qu’ils n’ont pas confiance, qu’ils n’ont pas le temps ou qu’ils ne le prennent pas. »3

MATÉRIAUTHÈQUE Se renseigner sur les nouveaux matériaux et produits du marché permet de faire évoluer la pratique architecturale de l’agence. Néanmoins, ces recherches demandent de la disponibilité que les architectes ont du mal à trouver. Même s’ils seraient les plus à même de s’en occuper, l’intervention d’Audrey Jamard, qui est culturellement intégrée à l’agence, est un réel atout. Elle rencontre les commerciaux et s’attache à rédiger des « fiches produit » détaillées qu’elle expose dans 3

Entretien avec Audrey JAMARD

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l’agence. Toutefois, elle n’est ni architecte, ni économiste et n’a donc pas de regard critique quant à la mise en œuvre ou au coût des produits. L’économiste pourrait avoir un rôle intéressant dans la constitution de la matériauthèque.

« S’il y a des demandes nouvelles en termes de matériaux et de mise en œuvre, je fais la démarche de recevoir les entreprises. Par exemple, nous allons probablement faire du terrassement à la dynamite à Jacob, nous n’en avons jamais fait. Je vais appeler les fournisseurs pour les rencontrer et ça va me permettre de décrire. »1 La démarche de l’économiste n’est mise en place qu’en cas de besoin immédiat, et non dans le but de compléter la matériauthèque. Collaborer avec l’économiste de l’agence permettrait d’apporter un regard technique et économique, car il bénéficie de plus d’expérience et d’une connaissance plus pointue de la culture de l’agence. Le type d’agence vers lequel je me projette aujourd’hui ne pourrait probablement pas se permettre d’employer un maquettiste. De plus, je pense qu’il est essentiel que ce soit les architectes eux-mêmes qui soient les créateurs des maquettes d’études nécessaires à l’élaboration d’un projet. Cependant, pour l’élaboration de maquettes comme outil de communication, il pourrait être intéressant de se regrouper avec plusieurs petites structures d’architecture et d’employer un maquettiste qui travaillerait à proximité et serait donc culturellement intégré aux agences. Par ailleurs, la constitution d’une matériauthèque est un outil de conception et de discussion que j’imagine développer pour mon projet professionnel.

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Entretien avec Olivier DELEGLISE

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2.05. et pourquoi pas ?

BE FLUIDES / BE STRUCTURE / BE VRD / ACOUSTICIEN / BE HQE …

« […] c’est bien d’avoir cette proximité géographique et culturelle. »3

L’architecte est amené à travailler pour chacun des projets qu’il établit avec des ingénieurs qualifiés dans les fluides (réseaux électriques, gaz, eaux…), dans la structure du bâtiment et également, selon les projets, avec des acousticiens, ou des professionnels qualifiés dans la haute qualité environnementale ou dans la VRD. Cette liste étant non exhaustive, il est vrai que cela représenterait un autre métier que d’avoir à gérer toutes ces compétences en interne.

L’ingénieur structure va, quant à lui, être monovalent, avec des compétences très spécifiques. De fait, le jour où l’agence décide de faire un bâtiment en structure bois, elle préférera faire appel à quelqu’un de qualifié dans le bois, pour un bâtiment en béton, elle pourra faire appel à un spécialiste de la structure béton… Cela permet de diversifier les projets et les techniques.

« Et quand tu deviens gérant d’une entreprise comme ça, tu deviens gestionnaire d’une boite qui est plus une boite d’ingénierie que d’architecture, tu ne peux pas accorder le temps nécessaire à chaque tâche : on n’est pas divisible à l’infini. »1

« J’ai envie d’appeler un BE extérieur, de lui dire « tu planches là dessus, on échange… » et de changer de BE de temps à autre, en fonction des projets, de ne pas être toujours avec les mêmes mecs. »4

De plus, le nombre d’affaires brassées par ces bureaux d’études n’est pas équivalent à celui brassé par une agence d’architecture. La gestion et les compétences requises deviennent, dès lors, différentes.

Il en va de même avec les autres professions énoncées ci-dessus : même s’il est essentiel de pouvoir les intégrer à la conception, le nombre d’affaires pour lesquelles sont impliqués les bureaux d’études est supérieur à celui d’une agence d’architecture. Sauf si celle-ci a atteint une certaine ampleur.

« […] il y a un moment où tu vas trop charger ta boutique, t’es obligé d’avoir sans arrêt des affaires. »2

Néanmoins, je pense que la collaboration en interne avec un bureau d’études fluide ou un acousticien peut être intéressante et viable, si ceux-ci bénéficient, en plus des projets de l’agence, de leurs propres contrats avec d’autres agences.

Si l’on compare un ingénieur structure à un économiste, la différence se trouve dans la polyvalence des tâches qui peuvent être réalisées par chacun d’entre eux et par la collaboration, plus ou moins étroite, nécessaire avec les architectes. L’économiste a la capacité de faire de l’économie de projet, mais également du suivi de chantier et de la gestion de tâches administratives. Il doit travailler en étroite collaboration avec les architectes.

Pour ma part, j’envisage de pouvoir m’associer avec un ou plusieurs ingénieurs qui pourraient apporter leurs compétences, en termes de stratégies bioclimatiques, tout en bénéficiant de la sensibilité architecturale transmise par l’agence.

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Entretien avec Christian PATEY

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Entretien avec Christian PATEY

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Entretien avec Christian PATEY

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Entretien avec Christian PATEY

la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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FAIRE SAVOIR La communication est un enjeu essentiel d’une agence d’architecture. Aussi bien pour l’accès à la commande que pour la notoriété de l’agence, il semble nécessaire d’établir des stratégies. Chez « patey architectes », il n’y a pas de pôle communication à proprement parler. Par choix ou par difficulté à structurer ce pôle ? La communication, interne et externe, est un peu le « talon d’Achille » de l’agence. Non pas par manque de volonté, mais plutôt parce que les moyens ne sont pas mis en œuvre. En effet, faire le choix de mettre en place un sixième pôle de compétence, dédié à la communication, nécessite un financement particulier. C’est un investissement sur le long terme, misant sur un développement futur de l’agence. Un futur difficile à évaluer, et dès lors qu’il n’y a pas de « production », il n’y a pas de rentrée d’argent et donc pas d’emploi. La stratégie développée par l’agence a alors été de nommer un architecte « référent communication ». Léa Viricel s’occupe ainsi de la constitution du book et des candidatures. Son regard sur cette tâche, qui lui a été attribuée de par ses affinités avec cet aspect là de la profession, est que les exigences de qualité sont de plus en plus élevées du fait de la difficulté d’accès à la commande publique. Il y a encore quelques années, il était possible de constituer un book « lambda », relié avec une spirale métallique et être retenu. Aujourd’hui, il y a tellement de candidatures qu’il faut pouvoir se démarquer, cibler son interlocuteur et ses attentes. La charge de travail est de plus en plus lourde et paradoxalement, Léa Viricel a de moins en moins de temps à allouer à cette tâche. La complexité de développer un pôle entièrement consacré à la communication, repose également sur les compétences de la personne qui y est dédiée. Léa Viricel n’est pas graphiste, et manque donc de certaines compétences techniques. Pour autant, sa sensibilité architecturale lui permet d’élaborer des éléments de communication qui vont dans le sens de ce que porte le projet (schémas, croquis, textes explicatifs, choix des images non pas pour « la beauté » de celles-ci mais pour le message qu’elles transmettent…). Cette sensibilité est précieuse et ne sera pas forcément portée par un graphiste. Ainsi, Léa Viricel complète régulièrement ses compétences « techniques » par des lectures et des formations.

Par exemple, depuis l’acquisition de nouvelles imprimantes plus performantes, Léa Viricel a été formée aux étapes de la chaîne graphique*. Jérôme Coureau, qui occupait préalablement ce poste de « référent communication », vient aider Léa Viricel sur les points « techniques », et s’occupe également de toute la partie informatique. La question de l’organisation du temps de travail, lorsque l’on doit se consacrer à plusieurs tâches différentes, devient un enjeu essentiel de la productivité de l’individu. Pour le cas de Jérôme, il est difficile de mettre en place des créneaux où il se libère de toute contrainte liée à l’informatique, puisque chaque défaillance peut arriver à tout moment et donc bloquer toute l’agence. Il faut pouvoir être disponible, ce qui est difficilement compatible avec l’exercice de l’architecte, qui doit bien structurer son temps pour en perdre le moins possible.

« Quand un problème est bloquant j’interviens tout de suite, il ne faut pas que la personne s’arrête de travailler. Après pour les tâches de fond, j’essaye de les grouper et de les faire au fur et à mesure. C’est compliqué parce que tu travailles en pointillé. Je ne peux pas laisser un problème bloquer tout le réseau. »1 En outre, le second aspect du volet communication est constitué par la mise en place d’une stratégie presse. Cela implique de démarcher des revues d’architecture, de monter des dossiers, d’avoir un photographe… Aucune stratégie n’a été mise en place à l’agence. Pourtant, ce travail pourrait constituer un deuxième mi-temps, complémentaire de celui précédemment évoqué pour la réalisation du book. L’agence a déjà de nombreuses références, et continue encore de produire. Ainsi, développer un pôle communication lui permettrait d’élargir sa notoriété de la région au national. En comparant à de jeunes agences qui ont peu, voire pas, de références construites et qui sont pourtant connues à une échelle nationale, et ceci parce qu’elles ont misé sur la communication. On peut se poser la question 1

Entretien avec Jérôme COURREAU

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du caractère indispensable de la « com ‘ » dans une agence d’architecture. Miser sur la communication pour débuter l’exercice d’architecte maître d’œuvre sera une posture à adopter d’autant plus que l’accès à la commande s’avère être de plus en plus difficile. Il faut également miser sur le dynamisme dont bénéficie une jeune agence et savoir s’entourer de l’expérience d’agences plus matures, avec lesquels il est possible de s’associer, afin de développer ses références.

PROSPECTER Pour faire rentrer de nouvelles affaires, il faut aller les chercher… La création d’un pôle prospection, ou bien même d’un « référent prospection » pourrait permettre à l’agence de débloquer le problème majeur soulevé : le manque de projets.

« Pour le moment, il y a une multitude de problèmes. Le problème majeur est qu’il y a beaucoup moins de commandes, ensuite cette commande est très difficile à organiser parce qu’il y a du dumping entre les agences. »1 Bien que Christian Patey s’en occupe majoritairement, la prospection est un travail méthodique qui pourrait être plus structuré autour d’un référent qui attribuerait une principale partie de son temps à cette tâche. Parallèlement, la communication externe, qui contribue également à la reconnaissance de l’agence, et donc à l’accès à la commande, pourrait être attribuée à cette même personne. Au commencement d’une agence d’architecture, il convient de trouver des projets pour se faire une place et amorcer un processus de reconnaissance de l’agence. Il sera essentiel de mettre en œuvre une démarche prospective. Cela permettra également de travailler en association avec d’autres agences d’architecture.

1

Entretien avec Christian PATEY la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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3. mon expĂŠrience chez "patey architectes" -


projets développés Novembre

Janvier Décembre

Mai

Mars Février

Avril

Juin

Groupe scolaire

Le palais des hirondelles

ZAC des Chataigneraies

Le carré des sources

CHARGE DE TRAVAIL

travail à temps-plein en équipe

travail à temps-partiel en équipe

travail en autonomie

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3.01. phases de conception

LE PALAIS DES HIRONDELLES1 L’étude de faisabilité est un point important dans l’élaboration de certaines affaires. Outre l’étude des codes d’urbanismes et des réglementations en vigueur, afin d’établir la volumétrie et le nombre de mètres carrés constructibles, l’étude de faisabilité permet également de donner des orientations architecturales et des stratégies d’implantation dans un contexte à la fois social, environnemental et économique. En un minimum de temps, il faut être capable de proposer des concepts « ouverts » qui pourront englober des modes de vie variés et une adaptabilité des usages.

« Laisser l’architecture ouverte pour que quelqu’un qui s’en sert prenne sa place et la transforme […]. »2 À l’agence, une trame de travail a été mise en place pour la réalisation des dossiers afin d’optimiser le temps passé sur chaque étude. Dans le cadre de ma MSP, j’ai pu réaliser une étude de faisabilité pour la réhabilitation d’une ancienne bâtisse dans une commune proche de Chambéry. Cette mission m’a été entièrement attribuée, avec un suivi régulier de mon tuteur dans mes échanges avec la maîtrise d’ouvrage et l’économiste. Malheureusement, cette opération était vouée à l’échec. La Mairie, détentrice de la bâtisse, avait laissé le dossier en suspens, et les frais de portage engendrés ont rendu tout montage financier négatif. La réalisation de cette étude était essentiellement un moyen d’entretenir une relation privilégiée avec la commune voisine dans l’optique d’une collaboration ultérieure. Le temps que j’ai passé sur cette étude était nettement supérieur à celui généralement alloué aux études de faisabilité. En effet, l’associé, qui devait s’occuper de l’étude en question, quittait 1

Cf. ANNEXE 3

2 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006

l’agence deux mois plus tard et avait donc une charge importante de travail pour répartir tous les projets qu’il gérait aux salariés. L’étude de faisabilité n’a alors pas été une priorité, et c’est lorsque la mairie nous a vivement relancé que nous avons du fournir un travail rigoureux et détaillé (relevé, faisabilité surfacique et volumétrique, orientations architecturales, montage financier). Cet exemple montre bien que la mission de faisabilité, qui peut paraître anodine, peut s’avérer être un tremplin, soit parce qu’elle est le commencement d’un projet, soit parce qu’elle permet de maintenir ou développer un réseau professionnel. Elle peut être un moyen d’acquérir de nouveaux marchés d’où la nécessité d’en maîtriser les principes. Pour une jeune agence, elle permet d’accéder plus facilement à la commande que pour le cas d’un concours, qui passe par une présélection sur dossier.

GROUPE SCOLAIRE DE PRÉVESSINMOËNS3 Le concours permet un temps de réflexion plus long (environ un mois et demi) que celui de l’étude de faisabilité. Plusieurs stratégies peuvent être adoptées, à savoir un travail approfondi sur la durée ou une stratégie où la rapidité prime sur la qualité. Prendre le temps de faire une analyse du programme, du site et de son contexte permet de porter un projet plus juste mais, si le concours est perdu, les frais engendrés par le temps de travail accordé, ne peuvent pas être valorisés dans les phases suivantes. Néanmoins, faire un projet dans la précipitation, où l’image « vend du rêve », mais creux derrière demandera une charge de travail beaucoup plus difficile à fournir en cas de réussite du concours. À l’agence, c’est la stratégie de la qualité qui est adoptée. Une inévitable charrette précède la date de rendu, où la rapidité et l’efficacité sont de rigueur, et vient clore le travail effectué. 3

Cf. ANNEXE 4

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Au début de ma MSP, j’ai participé à un concours pour la réalisation d’un groupe scolaire dans une commune de l’Ain. Le programme était complexe mais très bien détaillé. Un programmiste* avait assisté le maître d’ouvrage dans l’élaboration de ce dernier. Pourtant, la rigidité du programme laissait peu de possibilité d’interprétation aux architectes, et le risque était donc que les propositions apportées se réduisent à une forme architecturale figée, plus qu’à un concept architectural. Par ailleurs, l’organisation et le management de l’équipe dédiée au concours sont des enjeux essentiels pour la réussite de celui-ci. Cette expérience a été négative sur le plan organisationnel. Cependant, cela a permis à Christian Patey de rebondir et redéfinir une stratégie de travail pour les concours à venir. En effet, l’équipe allouée était trop importante et peu structurée, dès les premiers « coups de crayon ». Jérémy Linette et Eric Doro devaient s’occuper, avec Christian Patey, du concept du bâtiment, Léa Viricel était présente pour aider dans les prises de décisions et proposer des schémas explicatifs pour le rendu, je devais m’occuper des abords et Chloé Saulnier chapeautait l’équipe sans pour autant intervenir sur le projet. Une équipe plus restreinte et dont le coordinateur soit intégré à la conception semble être une stratégie plus adaptée. Par ailleurs, réaliser régulièrement des présentations de l’avancement du concours aux autres salariés de l’agence, qui ne travailleraient pas dessus, permettrait de récolter leurs avis et conseils pour faire évoluer le projet. Il me paraît également essentiel que le chef de projet, qui récupérera l’affaire après le concours, puisse avoir été intégré à la conception. On se sent d’autant plus impliqué dans un projet quand nous en avons dessiné les premiers principes. L’accès à la commande publique par concours n’est pas forcément évident pour une jeune agence mais permet tout de même de se « faire un nom ». Il sera essentiel d’en réaliser, d’autant plus que l’expérience apportée pendant les périodes de concours permet d’enrichir ses méthodes de conception et de management d’une équipe.

Une fois le concours remporté, le projet doit être détaillé. C’est ici que doit se développer une relation d’échange et de confiance avec le maître d’ouvrage, afin de mener le projet dans les meilleures conditions. Chacun doit tenir compte des exigences du travail de l’autre. C’est à dire que l’architecte doit considérer les demandes du maître d’ouvrage, et le maître d’ouvrage, les compétences de l’architecte maître d’œuvre comme chef d’orchestre de toute une équipe qui va travailler conjointement jusqu’à la réception du bâtiment. À l’issue de ces phases, ESQ*, APS* et APD*, le permis de construire2 est déposé. Lors de ma MSP, j’ai partiellement participé à la réalisation du dossier de PC pour les deux opérations de logements dans la ZAC des Châtaigneraies à JacobBellecombette, commune du bassin Chambérien.

« L’architecte est parfois rattrapé par d’autres réalités [politiques, financières, géographiques…] qu’il faut prendre en compte. »3 Ces phases sont les plus développées lors des études d’architecture où les étudiants dessinent généralement les projets jusqu’à l’échelle 1.100. Pour autant, la réalité intègre beaucoup plus de données, que ce soit en termes de réglementation, de relations avec la maîtrise d’ouvrage, d’échanges avec les bureaux d’étude… Ces étapes sont des moments phares de la constitution du projet puisqu’elles en définissent l’essence même. Chaque trait doit être pensé pour que, dans les phases suivantes, il n’y ait pas tout à refaire. Dans la pratique cela se passe malheureusement souvent autrement. Les échéances de rendu souvent réduites rendent le travail parfois précipité. Il est essentiel que les architectes aient conscience que le moindre trait dessiné représente quelque chose, que derrière il y a un économiste qui vient décrire ce trait, un conducteur de travaux qui va guider les entreprises pour la mise en œuvre de ce trait et une entreprise qui va le construire.4 De plus, c’est lors de ces phases qu’il est primordial de maintenir ses convictions architecturales, tout en s’adaptant aux contraintes survenant régulièrement.

ZAC DES CHÂTAIGNERAIES1

2

1

3 Viricel, Léa. Archi déclic. mémoire professionnel, ENSAG, 2010. 4 Réflexion suite à mon entretien avec Élise GUÉVAR (anciennement économiste puis conductrice de travaux)

Cf. ANNEXE 5

PC

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esquisse pour le projet de la ZAC des Châtaigneraies la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014


3.02. phases de réalisation

ZAC DES CHÂTAIGNERAIES À cheval entre la conception et la réalisation, les missions PRO et ACT sont des étapes charnières du projet architectural. La phase PRO va permettre la mise en œuvre du projet comme il a été pensé. Éventuellement en partenariat avec les entreprises et les fournisseurs, l’architecte et l’économiste établissent un descriptif à la fois qualitatif et quantitatif du projet. L’architecte doit prendre le temps de dessiner des détails précis, de chercher les descriptifs techniques des matériaux à mettre en œuvre tout en prenant en compte les remarques de l’économiste et des bureaux d’études. Ainsi, lors de cette phase, les relations avec l’économiste sont à nouveau étroites. Il a la lourde tâche de décrire le projet pour formuler le CCTP. Afin que ce descriptif corresponde au projet détaillé de l’architecte, les allers-retours entre les deux pôles sont déterminants. Tout oubli de la part de l’économiste se répercutera au moment du chantier. C’est le conducteur de travaux qui devra dénouer la situation et la responsabilité d’un coût de dépassement sera attribuée à l’agence d’architecture. Le rôle de l’architecte est primordial pour établir un travail collaboratif avec l’économiste et la personne qui sera en charge de la DET.

LE CARRÉ DES SOURCES1 « L’architecture n’existe que quand elle est matérialisée par sa construction. »2 Le chantier est un moment clé du projet, où l’architecte joue un rôle primordial afin de garantir la bonne réalisation du bâtiment, conformément aux orientations prises tout au long de la conception. 1

L’expérience du chantier est à chaque fois différente et apporte beaucoup aux compétences de l’architecte. La conception d’un projet doit se nourrir des expériences passées, des problèmes qui ont été décelés et des solutions qui y ont été apportées. Ainsi, il me semble essentiel pour un jeune architecte de se confronter à la réalité du chantier et de l’aborder avec une certaine modestie afin de s’enrichir des compétences des nombreux intervenants. Dans le cadre de ma MSP, j’ai eu l’opportunité de suivre de près un chantier, en remplaçant la chef de projet, partie en congé maternité. Ainsi, j’ai travaillé en collaboration avec le conducteur de travaux de l’agence. Je m’occupais de la phase EXE, sous la tutelle de Grégoire Le Blanc, et partageais la DET avec Luc Dolias, qui gérait également l’OPC. Les débuts n’ont pas été évidents puisque j’ai récupéré le chantier en cours. De plus, je n’avais ni participé à l’élaboration du projet, ni à sa description. Petit à petit, à travers le VISA* des plans des bureaux d’études et des entreprises ainsi que des réunions de chantier, je l’ai découvert et en ai compris les enjeux principaux. Pour ne pas être débordée par les tâches à effectuer, mon directeur d’étude m’a conseillé de mettre en place un outil de gestion du temps qui m’a permis d’organiser mon travail jusqu’à la fin de ma MSP. Cela constituait à lister les tâches liées à l’opération en les classant par domaine d’application (sur le chantier, VISA de plans, TMA*, réunions, mails à envoyer, choix des finitions…), et en indiquant la date, les personnes concernées et la personne devant gérer cette tâche. Un code couleur déterminait l’état d’avancement de celle-ci. Surlignée en rouge, elle n’avait pas encore été traitée, en orange, elle était en cours de traitement et en vert, elle était réalisée.

Cf. ANNEXE 6

2 Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006

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Cet outil m’a été très utile pour structurer mon travail puisqu’il me permettait de m’affranchir de penser aux tâches dont je n’avais pas à m’occuper. Il m’a également permis de me rendre compte, au fur et à mesure de l’avancement du chantier, des tâches que j’avais déjà effectuées, me conférant ainsi une certaine satisfaction du travail accompli. Ce que je retiens majoritairement de cette expérience, ce sont les relations étroites d’échange et de confiance qui ont pu se créer avec les BE mais également avec certaines entreprises. Je pense qu’il est essentiel d’aller dans ce sens et de donner des responsabilités aux entreprises. En les responsabilisant, elles mettent plus de conviction dans la réalisation des ouvrages et ainsi se les approprient. Dès lors, cela tendra à décloisonner la hiérarchie, même si elle doit rester présente dans le fond, et permettra à tous les intervenants d’assumer les décisions qui ont été prises, sans reporter constamment la faute sur l’autre.

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4. regard sur mon exercice futur -


« Une quête commence toujours par la chance du débutant et s’achève toujours par l’épreuve du conquérant. »1 Après cette année de mise en situation professionnelle et suite à la rédaction de ce mémoire, il est maintenant important pour moi de me projeter vers un futur proche. Celui de mon projet professionnel. La première question à laquelle je suis confrontée, est celle de la concrétisation de mes objectifs ainsi que des objectifs de la formation d’architecte HMONP. Cette expérience au sein de l’agence « patey architectes », m’a permis de balayer une large partie de la profession grâce au suivi de mes encadrants qui ont été présents pour m’orienter, me conseiller, me guider et me renseigner tout au long des tâches qui m’ont été attribuées. Dans la continuité de mon travail en tant qu’architecte à l’agence, les recherches et l’analyse de la structure pour l’élaboration de ce mémoire m’ont apporté beaucoup d’informations sur les enjeux relationnels, organisationnels et techniques d’une telle structure. Ainsi, j’ai pu apprécier la diversité de la pratique de la maîtrise d’œuvre et appréhender la dimension temporelle d’un projet et de sa réalisation, à travers ma participation à différentes phases de plusieurs affaires. J’ai pu comprendre l’enjeu des relations avec les partenaires techniques et économiques, ainsi qu’avec les acteurs du chantier. J’ai été confrontée aux règles qui incombent à la profession et aux responsabilités de l’architecte face aux projets qu’il réalise. J’ai également été en contact avec la maîtrise d’ouvrage lors de mon expérience de suivi de chantier. Néanmoins, je n’ai pas pu m’investir dans un projet qui porte une valeur environnementale forte et qui soit représentatif de mes convictions en termes d’intégration du bâti à son environnement.

1

Coelho, Paulo. L'alchimiste. Anne Carrière, 1995.

L’année de MSP reste une étape courte qui nécessite d’être enrichie par la suite. Je suis convaincue d’avoir fait le bon choix en la réalisant à la sortie de mes études. Ma position au sein de « patey architectes », en tant qu’architecte en formation, m’a permis de découvrir des facettes de l’agence qui ne m’auraient pas été dévoilées si j’avais été employéevia un autre type de contrat. Ce bagage, qui m’a été transmis, et les retours que j’ai eus de la part de mon tuteur, quant à mon investissement dans la structure, me permettront d’appréhender avec plus de recul et de maturité mes expériences futures. Par ailleurs, cette première longue expérience de travail me permet de me positionner un peu plus clairement sur mes envies et mes intentions de futur maître d’œuvre. Être apte à mesurer ses progrès apporte une « énergie » qui permet de se donner les moyens d’atteindre ses objectifs. Sans pour autant fermer les yeux sur l’expérience qu’il me reste à acquérir, j’aspire aujourd’hui à exercer cette profession en mon nom afin de pouvoir porter mes convictions et mes valeurs. Qu’elles soient éthiques, culturelles, environnementales ou sociales, je sais que je prétends à concevoir une architecture qui relate une histoire. Cette histoire sera riche des valeurs transmises. L’intégration de compétences annexes à l’architecture au sein de la structure me paraît être une solution satisfaisante pour une meilleure assimilation de données qui participent au processus de conception. En outre, la culture architecturale de l'agence d'architecture est transmise entre les différents pôles et les décisions qui incombent à l'équipe de conception peuvent être prisent par tous. Le retour d'expérience lié aux chantiers peut être partagé et peut ainsi enrichir les savoirs de chacun. Au delà de ces aspects relationnels, l'intégration de ces compétences permet de combiner les honoraires perçus à ceux de l'architecte. Néanmoins, l’expérience acquise cette année me permet d’être avertie sur l’organisation rigoureuse qu’une telle entreprise demande. Il est essentiel d’avoir des valeurs qui soient partagées par les différents pôles intégrés et que des échanges aient régulièrement lieu. Des difficultés peuvent, en effet, se faire ressentir lorsque le besoin de relancer 62


son collégue ou de lui faire part d'un point à éclaircir apparaît. Aussi, cela nécessite de s'obliger à respecter les délais établis. Je pense qu’avoir un projet professionnel et se fixer des objectifs est essentiel pour savoir où l’on va. Cependant, les opportunités qui se présentent à nous peuvent parfois s’avérer inattendues. Savoir les saisir requiert une certaine ouverture d’esprit et aptitude à la persévérance. Ainsi, afin d’enrichir ma formation, de continuer à compléter mon réseau de connaissances et faire mûrir mon projet d’agence, j’envisage de travailler encore quelques années au sein d’agences d'architecture ou de collectifs d’architectes, d’associations ou de municipalités. Par ailleurs, je vais consacrer l’année à venir à un « voyage initiatique » pour aller à la rencontre de nouvelles cultures, de nouveaux paysages, de nouvelles méthodes, approches et cultures constructives… Je compte m’imprégner de mes découvertes avec pour compagnons de route photographies, croquis et expériences sensitives des lieux. J’ai également pour projet de travailler dans au moins un de ces pays pour bénéficier d’une pratique différente de celle qui m’a été enseignée en France. Je pars « décrire la banalité de l’espace urbain »1, de l’espace rural, mais aussi son originalité, sa diversité et sa capacité à s’adapter à ceux qui y vivent. Ou peut être serait-ce plutôt la capacité de « ceux qui y vivent » à devoir s’adapter à leur environnement ?

1 Pérec, Georges. Espèces d'espaces. Paris: Galilée, 1974. la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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bibliographie -



bibliographie

Ouvrages : - Bouchain, Patrick. Construire autrement. L'impensé, Actes Sud, 2006. - Ricciotti, Rudy. L'architecture est un sport de combat. Textuel, 2013. - Pérec, Georges. Espèces d'espaces. Paris : Galilée, 1974. - Coelho, Paulo. L'alchimiste. Anne Carrière, 1995. - Piano, Renzo. La désobéissance de l'architecte. Arléa, 2007. - Serres, Michel. Habiter. Le Pommier, 2011.

Mémoires professionnels, revues : -Viricel, Léa. Archi déclic. Mémoire professionnel, ENSAG, 2010. - Saulnier, Chloé. Séquences. Mémoire professionnel, ENSAG, 2010. - Jeunes générations. L'architecture d'Aujourd'hui. n°401, Juin 2014.

Sites Internet : www.patey.fr www.maison-architecture-savoie.org www.ma-lereseau.org www.asder.asso.fr www2.ademe.fr

www.archdaily.com www.lemoniteur.fr www.batiactu.com www.batiproduits.com

www.citechaillot.fr

www.architectes.org www.archi.fr/MIQCP www.legifrance.gouv.fr www.marche-public.fr

www.archidesignclub.com www.architizer.com

www.lecoindesentrepreneurs.fr www.impots.gouv.fr

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glossaire -


glossaire

JURIDIQUES / ÉCONOMIQUES

FORMATION

BNC, les Bénéfices Non Commerciaux concernent

HMONP, Habilitation à la Maîtrise d'Œuvre en Nom

les personnes qui exercent une activité professionnelle non commerciale, à titre individuel ou comme associées de certaines sociétés. Comptabilité analytique, l’enregistrement et le classement de tous les éléments déterminants des prix de revient des produits et services de l'entreprise, rendant ainsi possibles la prévision et le contrôle budgétaire. EURL, une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée est une solution à disposition des entrepreneurs qui souhaitent exercer seul leur activité mais qui entendent créer une société. Cela permet de limiter la responsabilité de l’entrepreneur au montant de ses apports. Le montant du capital social est librement fixé par l’associé unique. SARL, une Société à Responsabilité Limitée doit être constituée de deux associés au minimum et de cent au maximum. Il peut s'agir de personnes physiques ou morales. Elle a pour principale caractéristique de limiter la responsabilité des associés. SAS, une Société par Actions Simplifiées est caractérisée par le fait qu'elle permet de dissocier le capital du pouvoir. Ainsi, un associé peut disposer de prérogatives indépendantes de sa part de capital.

Propre. MSP, la Mise en situation professionnelle correspond à l'emploi créé par l'agence d'architecture qui accueil l'étudiant en formation d'HMONP pour une durée de six mois minimum.

LOI MOP ET MISSIONS COMPLÉMENTAIRES MOP, Maîtrise d'Ouvrage Publique. ESQ, Esquisse. APS, Avant Projet Sommaire. APD, Avant Projet Définitif. PRO, études de Projet. ACT, Assistance pour la passation des Contrats de Travaux.

VISA, Visa des études d'exécution. EXE, études d'Exécution. DET, Direction de l'Exécution des

contrats de

Travaux.

OPC, Ordonnancement, Pilotage, Coordination. AOR, Assistance aux Opérations de Réception. DOCUMENTS

DESSIN/PROJET Chaîne graphique,

désigne l’ensemble des étapes d’élaboration d’un produit graphique depuis la conception jusqu’à la finalisation. CAO, Conception Assistée par Ordinateur. DAO, Dessin Assisté par Ordinateur.

CCTP, Cahier des Clauses Techniques Particulières. DPGF, Décomposition du Prix Global et Forfaitaire. DCE, Dossier de Consultation des Entreprises. DOE, Dossier des Ouvrages Exécutés. PC, Permis de Construire. PC MOD, Permis de Construire Modificatif. OS, Ordre de Service. FTM, Fiche Travaux Modificatifs. 70


AUTRES ISO 9001,

certification des entreprises qui a pour principal objectif de vérifier le bon fonctionnement de son système de management de la qualité.

Programmiste, il assiste la maîtrise d'ouvrage pour l'élaboration d'un programme, lors de commandes publiques essentiellement.

TMA, Travaux Modificatifs Acquéreurs. VRD, Voiries et Réseaux Divers.

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annexes -


annexe 1. arborescence 000-DOSSIER TYPE 00-Courrier Envoyés Reçus 00-Données et références 01-Programme 02-Contrats et honos 03-Réglementation 04-Terrain-Géomètre 05-Analyse du site 06-Contexte-Existant 07-Références 08-Compte rendus 00-Études préliminaires 01-Programme 02-Terrain 03-Documents 04-Dossier de présentation 00-Images 01-Modèle 3D 02-Carnet de croquis 03-Rendus finaux 04-Aménagement intérieur 00-Vente 01-Diag 01-État des lieux 02-Analyse 03-Synthèse et Conception 04-Dossier de présentation 01-ESQ 00-Sauvegarde Allplan 01-Projets antérieurs sur site 02-Analyse 03-Conception-Recherche 04-Dossier de présentation 05-Validation 01-Rel 02-APS 00-Sauvegarde Allplan 01-Résultats études complémentaires 02-Études de viabilité 03-Enquête auprès des services 04- Conception 05-Économie 06-Dossier de présentation 07-Validation 03a-APD 00-Sauvegarde Allplan 01-Résultats études complémentaires 02-Études de viabilité 03-Enquête auprès des services 04- Conception 05-Économie 06-Dossier de présentation 07-Validation

03b-Autorisations d’urbanisme 00-Sauvegarde Allplan 01-Consultations préalables 02a-Dossier PERMIS DE CONSTRUIRE 02b-Dossier PERMIS DE DÉMOLIR 02c-Dossier PERMIS D’AMÉNAGER 02d-Dossier DÉCLARATION PRÉALABLE 03a-Instruction PERMIS DE CONSTRUIRE 03b-Instruction PERMIS DE DÉMOLIR 03c-Instruction PERMIS D’AMÉNAGER 03d-Instruction DÉCLARATION PRÉALABLE 04-Dossier PC MODIFICATIF 05-Instruction PC MODIFICATIF 06-Suivi Autorisations Administratives 04-PRO 00-Sauvegarde Allplan 01-Bases d’études 02- Conception 03-Économie 04-Dossier de présentation 05-Validation 05a-DCE 00-Sauvegarde Allplan 01-Pièces communes 02-Pièces cgraphiques 03-Dossier de présentation dématérialisé 05b-ACT 00-Sauvegarde Allplan 01-Appel d’offre 02-Analyse des offres 03-Négociations 04-Marchés de travaux 05-Agrément Sous-traitant 06a-VISA 06b-EXE 00-Sauvegarde Allplan 01-Documents d’éxecution 02-VISA 03-Études de synthèse 04-Validation 07a-DET 01-Chantier 02-Gestion 07b-OPC 01-Études préliminaires 02-Préparation de chantier 03-Éxecution des travaux 04-Réception 08-AOR 00-Sauvegarde Allplan LÉGENDE 01-Réception MISSIONS 02-DOE DE BASE 03-Fin opération MISSIONS 04-GPA et autre COMPLÉMENTAIRES 05-Sinistres DOSSIERS

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Lo g e M e n t s

eQ uip eM ent

annexe 2. book agence "patey architectes" Maison des pêcheurs construction d'un pôle touristique (restaurant et cabanons à louer) et d'une école de pêche au viviers-du-lac (73)

Le siLeX

construction de 22 logements en accession à la propriété, secteur du maupas à cognin (73)

mission : base + exe + opc + rel + suivi du projet de voirie avec le conseil général de la savoie

mission : base + exe + opc

surface hors oeuvre nette : 940 m² créés + 365 m² réhabilités

surface de plancher : 1 600 m²

coût de travaux : 2 300 000 € h.t.

coût de travaux : 2 000 000 € h.t.

calendrier : livraison 2012

calendrier : chantier en cours

label BBc

label BBc

maîtrise d’ouvrage : a.a.p.p.m.a. (association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique)

maîtrise d’ouvrage : compagnie d'architecture nouvelle

maîtrise d’oeuvre : pateyarchitectes (architecte/économiste) - sinétudes (be structure) - cet (be fluides)

maîtrise d’oeuvre : pateyarchitectes (architecte/économiste) - stebat (be structure) - cet (be fluides)

programme : structure hôtelière de 15 chambres (310 m²) - restaurant (400 m²) et 3 logements de fonction - pôle associatif des pêcheurs (115 m²) - aménagements extérieurs (700 m²)

un logement

= un potager

espace privatif et accès espace cuisine séjour

coursive extérieure

salon

chambre terrasse sud salle de bains sanitaires chambre

(1)

(2)

(3)

des logements traversants (1) restaurant (2) cabanes à louer (3) école de pêche

espace privatif

cuisine

séjour

salon

terrasse sud

mission : base + exe + opc surface de plancher : 1 600 m² coût de travaux : 2 000 000 € h.t. calendrier : chantier en cours label BBc maîtrise d’ouvrage : compagnie d'architecture nouvelle maîtrise d’oeuvre : pateyarchitectes (architecte/économiste) - stebat (be structure) - cet (be fluides)

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annexe 3. palais des hirondelles MISSION COMMUNE SHAB réhabilité SHON neuf COÛT DES TRAVAUX réhab. COÛT DES TRAVAUX neuf CALENDRIER MAîTRISE D’OUVRAGE MAîTRISE D’ŒUVRE PROGRAMME

étude de faisabilité (relevé + esquisse + estimation coût des travaux) Barby (73) 440 m2 250 m2 680 000 € HT 400 000 € HT sans suite mairie de Barby Patey architectes (architecte/économiste) Construction de 4 à 10 logements en accession libre ou locatif social

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annexe 4. groupe scolaire MISSION COMMUNE SHON COÛT DES TRAVAUX CALENDRIER MAîTRISE D’OUVRAGE MAîTRISE D’ŒUVRE

base + exe Prévessin-Moëns (01) 4 119 m2 5 539 000 € HT concours décembre 2013 - projet non retenu commune de Prévessin-Moëns Patey architectes (architecte/économiste) Stebat (BE structure) - CET (BE fluide) - Canopee (BE HQE)

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annexe 5. ZAC des châtaigneraies MISSION COMMUNE SHON COÛT DES TRAVAUX CALENDRIER MAîTRISE D’OUVRAGE MAîTRISE D’ŒUVRE CONCOURS PROGRAMME

L’orientation du terrain génère une vue au nord et un talus au sud. Une réflexion particulière sur la disposition des logements afin d’offrir à la fois la vue sur le massif des Bauges et les apports solaires a été nécessaire.

base + exe Jacob-Bellecombette (73) 4 967 m2 8 000 000 € HT PC déposé / études de projet en cours s.c.c.v. préaval (groupe brémond et compagnie d’architecture nouvelle) Patey architectes (architecte/économiste) - Stebat (BE structure) - CET (BE fluide) - Canopee (BE HQE) lauréat en Juillet 2013 Construction de 65 logements en accession libre répartis en 2 bâtiments

vue

loggia traversante

soleil

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annexe 6. carré des sources MISSION base + exe + OPC COMMUNE Challes-les-Eaux (73) SHON 6 700 m2 COÛT DES TRAVAUX 13 012 000 € HT CALENDRIER Chantier en cours MAîTRISE D’OUVRAGE CIS promotion MAîTRISE D’ŒUVRE Patey architectes (architecte/économiste/OPC) Secobat (BE structure) - adf (BE fluides) CONCOURS lauréat en Juin 2010 PROGRAMME Construction de 75 logements en accession libre et 33 en locatif + 1 000m2 de commerces + 230m2 de bureaux 7 bâtiments - A>>G - Bâtiments en R+5 maxi D>>G sur un socle de 2 niveaux enterrés de parking

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annexe 7. entretien avec Christian Patey

PRÉSIDENT - 17/07/2014 à 15h45 et 19/08/14 à 17h30

ployée a été Audrey, puis quand elle est partie il y a Anthony qui est venu, et là on a commencé à monter beaucoup d’opérations.

Peux-tu m’expliquer comment s’est développée ta société depuis le début de ton exercice en libéral jusqu’à aujourd’hui ?

Pour chaque opération, il y a une SCCV qui est montée, on la gère en faisant remonter les frais de gestion à la société mère qui est la CAN.

Quand j’étais en libéral, j’avais constitué une clientèle et il fallait que je la valorise pour avoir des fonds propres. Il y a un moment où je me suis dit, je vais transformer mon statut en EURL et cette société va faire un emprunt pour racheter à « Patey libéral », la personne, sa clientèle. Et après, je me suis dit que je ferrai une SAS pour pouvoir prendre des associés. Mais quand j’ai voulu faire ça, là on m’a dit que ce n’était pas possible que je rachètes une deuxième fois ma clientèle. Du coup, on m’a dit de faire une holding. C’est des conseillers fiscaux et des conseillers juridiques qui te proposent ça.

Pourquoi la CAN? Cette société s’est créée à un moment où, dans ma famille, on avait des terrains agricoles qui étaient devenus constructibles, et dont personne ne savait quoi faire. C’était très dur de fédérer tout le monde et donc, pour éviter les conflits, j’ai proposé de faire une société qui rachète la globalité du foncier. Quand tout le monde s’en mêle, il y a untel qui veut faire travailler son copain qui est terrassier, il y a l’autre qui a l’impression de se faire escroquer… alors, il y a un moment où j’ai proposé de simplifier la situation. Ensuite, j’ai fait quelques actions, j’ai considérablement augmenté les honoraires en vigueur et ça m’a permis d’être bien payé en tant qu’archi, et même de faire un petit bénéfice avec la société. Puis, j’ai mis cette société en sommeil, tout en faisant quelques opérations de « marchand de biens ». Ça m’a permis de dégager un peu d’argent que j’ai attribué à l’agence d’architecture pour la développer. Et puis, il y a quelques années, j’ai décidé de faire quelque chose de plus structuré. La première em-

J’ai douze boites en parallèle : une agence d’architecture, de l’immobilier, de la promotion… ce sont des choses de la même famille, mais qui ont des individualités spécifiques. La CAN, finalement, est totalement isolée, elle ne fait pas partie de la holding. C’est un client de Patey architectes. En la relançant en 2010, ma volonté était d’être mon propre client pour commander « ma façon de voir les choses », parce que la qualité de la commande n’était pas au rendez-vous. Je n’arrivais pas à placer de grands jardins, je n’arrivais pas à avoir une approche environnementale, les gens voulaient du « BBC », des grands trottoirs à chiens, des machins comme ça… Alors, au bout d’un moment je me suis dit « je le fais » [ouvrir son agence de « producteur d’architecture »]. Puis, j’ai vu l’investissement que c’était que de faire du logement, la très faible rémunération qu’on pouvait en sortir. Alors, je me suis dit que j’allais raccourcir le parcours, être plus productif des deux côtés [architecture et promotion]. L’objectif final est le même, celui de livrer quelque chose qui me semble le plus en adéquation avec ce que je pense être bon.

En 2010, vous étiez ISO 9001. Pourquoi aviez-vous fait cette démarche ? Pourquoi avoir arrêté ? À un moment, il y a eu une personne qui s’occupait de ça, qui y croyait beaucoup. Nous nous sommes dit que c’était peut être une façon de conquérir des marchés… Et puis, c’est devenu très administratif, très lourd. Nous pensions aussi, en prenant cette avance là – parce que nous étions les premiers ISO 9001 – que de toute façon ça allait se développer dans toutes les agences d’architecture, et que ceux qui ne le seraient pas auraient plus de difficultés pour accéder à la commande. 80


Tout le monde disait à un moment, « nous voulons des trucs de qualité »… et puis il n’y a jamais eu qui que ce soit qui nous ait choisi parce que nous étions ISO 9001. Ça demandait une telle lourdeur administrative, une telle rigueur, qu’au bout d’un moment nous étions enfermés là dedans, au détriment de l’essentiel. Il y avait, cependant, une volonté qualitative que nous sommes entrain de perdre. Il va quand même falloir que nous nous ressaisissions à la rentré. Repenser un nouveau management. Là, nous avons repris des marchés, il va falloir se réorganiser, re-discipliner les gens dans ce qui avait été établit au tout début. Parce qu’au fur et à mesure, les gens ne travaillent plus comme nous avions dit. Mais sans les enfermer, simplement faire des piqûres de rappel par rapport à la culture de l’entreprise et son organisation.

Quand est-ce que tu as décidé d’intégrer un pôle économie ? Je me suis doté en priorité d’un économiste. Déjà quand j’étais indépendant. J’ai dû rester six mois sans salariés. C’est à dire que l’économiste, d’un seul coup, s’est vu le rôle de décrire, de quantifier, d’estimer et également, la même personne qui réalisait ces pièces écrites, participait à la DET. Il n’y avait pas de la place pour de l’économie pure, du coup, il faisait également du suivi de chantier, qui ne s’appelait pas à l’époque de la DET. La même personne faisait l’économie, la DET et l’OPC. Après, très rapidement, je me suis aperçu qu’être architecte ça demande une telle polyvalence/plurivalence, qu’une seule personne ne peut pas tout faire. C’est impossible. Alors, soit tu as des partenaires extérieurs et tu fais un montage extérieur, soit tu intègres les compétences. Et la première compétence à intégrer dans une agence d’architecture, et qui l’est inhabituellement, c’est l’économie et ça c’est la chose que j’ai tout de suite faite. Je pense que c’est indispensable que les gens le fassent. Et je n’ai jamais eu cette réputation de mal connaître les prix. Une part constituant le talent de l’architecte est que, quand on te donne un million, de les respecter et de faire au mieux avec ce million. Et c’est l’ordonnancement des masses financières, qui ne vous est pas communiqué à l’école et qui n’est même pas dans la culture des architectes, qui me semble extrêmement intéressant. Quand tu fais un projet, il faut savoir combien ça coûte, si t’es dedans, si tu n’es pas dedans…

Pourquoi n’as-tu pas intégré d’autres compétences que l’économie et le chantier ? Après, il y a l’organisation des masses de travail. C’est à dire que si tu regardes comme ça, un architecte sur un marché de maîtrise d’œuvre a une proportion de 55 %, il y a 15 % qui vont à l’économiste, 15 % au BE structure, 15 % au BE fluide : le montage de base c’est ça. Un économiste, c’est quelqu’un qui va culturellement être intégré à l’agence : avec le type de produits que nous utilisons, ce que nous décrivons, notre façon de faire. L’ordonnancement des masses financières d’un projet chez « patey architectes » : où est ce que nous mettons le plus d’argent, plutôt à tel endroit qu’à tel endroit, etc. L’économiste c’est quelqu’un de polyvalent, il a la capacité de gérer d’autres choses, d’aller suivre un chantier ou de gérer des tâches administratives qui relèvent du besoin collectif de l’agence. Si tu prends quelqu’un de spécialisé dans la structure, ça veut dire que tu as un volant d’affaires qui te permette de payer cette personne, qui va être très monovalente dans la structure. Et si dans la structure, un jour tu fais du bois, un jour tu fais de l’acier, un jour tu fais du béton, ce ne sont pas les mêmes compétences : tu n’as pas de souplesse, après t’es tanqué, t’es forcé d’avoir toujours les mêmes techniques. Tas quelqu’un qui va être très pointu en béton, prenons le cas de PLANTIER, alors là si on fait un bâtiment comme celui d’Annecy, bon, on prend PLANTIER. Si on fait un truc en bois, on prend un autre et si on fait un truc en acier, on va prendre un gars qui est pointu en acier. Et c’est un peu pareil avec le fluide, il y a un moment où tu vas trop charger ta boutique, t’es obligé d’avoir sans arrêt des affaires. L’architecte c’est différent, il peut y en avoir plusieurs, parce qu’un architecte, il va faire de l’esquisse, du PRO, de l’EXE… t’as un volume d’affaires qui est plus facile. Un BE, il brasse un nombre de projets supérieur à la quantité d’affaires de l’agence. Et puis je n’ai pas les compétences requises pour savoir si les mecs font bien leur boulot. Et quand tu deviens gérant d’une entreprise comme ça, tu deviens gestionnaire d’une boite qui est plus une boite d’ingénierie que d’architecture, tu ne peux pas accorder le temps nécessaire à chaque tâche : on n’est pas divisible à l’infini. Même si c’est respectable et admirable [Cf. Patriarche au Bourget-dulac], moi je n’aspire pas à ça. J’ai envie d’appeler un BE extérieur, de lui dire « tu planches là dessus, on échange… » et de changer de BE de temps à autre,

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en fonction des projets, de ne pas être toujours avec les mêmes mecs. Pour l’économie ce n’est pas la peine, tu décris, tu quantifies… il y a un travail en très étroite collaboration avec les architectes, donc c’est bien d’avoir cette proximité géographique et culturelle. Tu descends le voir, pour dire qu’il faut mettre des portes comme ça parce que celles là ça ne va pas, et tu reconduis les choses.

Au fur et à mesure que l’agence a grandi et avec ton statut de gérant, tu as accordé de moins en moins de temps à la conception des projets : penses-tu en accorder encore suffisamment assez ? Est-ce que cela te manque ? On n’y accordera jamais assez de temps. Même vingtquatre heures par jour ne sont pas suffisantes. Après, le talent, c’est d’avoir des gens qui sont compétents, de créer une dynamique dans l’agence… C’est peut être frustrant, mis à part en période de concours où j’envoie, je n’ai pas assez de temps pour gérer. Le bien le plus précieux, c’est le temps et on n’en aura jamais assez. Après, parallèlement à ça, cette absence de ma part, permet aussi un développement plus important de l’aspect collectif. Les gens ont plus de responsabilité, et une certaine liberté pour ceux qui conçoivent dans cette agence. Il n’y a qu’une seule équipe de « conception », parce que le problème, c’est que les gens doivent prendre leur place à l’intérieur d’un fonctionnement bien particulier : quand tu fais de la conception avec un patron qui a une disponibilité réduite, il faut que les gens acceptent de faire cette conception de 9h à 2h du matin, qu’ils acceptent, éventuellement, de venir de temps à autre travailler le dimanche, et qu’ils aient aussi la capacité de le faire. Tout le monde n’est pas à égalité devant la page blanche. Il y a des gens qui sont beaucoup plus rassurés s’ils ont des trucs qui sont déjà prédéfinis, et ils le font extrêmement bien. Et d’autres, qui ont beau être à l’origine de la conception, si tu leur demandais d’aller dessiner les détails, ils n’en seraient pas forcément capables. C’est un assemblage savant. L’idéal, c’est vrai, ce serait d’avoir quelqu’un qui soit bon, et en conception, et en exécution. Quelqu’un qui puisse porter sa conception jusqu’au bout. Mais je

crains que cette personne n’existe pas, ou ceux qui disent qu’ils font comme ça, ils sont un peu moyen partout. Du coup, je préfère attribuer les tâches où la personne est la plus à l’aise. Après, le risque, c’est effectivement d’avoir une perte de données.

La situation de crise touche actuellement l’agence. Que comptez-vous mettre en œuvre pour redonner une dynamique à l’agence ? Pour le moment, il y a une multitude de problèmes. Le problème majeur est qu’il y a beaucoup moins de commandes, ensuite cette commande est très difficile à organiser parce qu’il y a du dumping entre les agences. Nous quand on prend 12%, il y a des agences qui en prennent 8. Pour arriver à mieux faire un projet, c’est un peu comme du sport : admettons que c’est facile pour courir un 100 mètres en 12 seconde, après pour descendre à 11,5 c’est très difficile, il faut y passer énormément de temps, puis pour passer à 11 c’est deux fois plus difficile, et après quand tu veux gratter le dernier centième, ce sont des années de travail. Donc, pour être performant en architecture, ça demande beaucoup de temps, or nous ne vendons que du temps. Et on ne peut pas être en concurrence, parce que si on veut faire 20% mieux, il faut mettre 100% de temps en plus. Il faudrait arriver à demander 200, quand le mec en face en demande 100. Or la clientèle est dans l’inconnaissance la plus totale de la valeur et du contenu du travail de l’architecte. Pour faire mieux, il faut passer plus de temps, et les gens ne sont pas forcément près à payer. Ensuite, il faut qu’on s’inscrive dans des budgets globaux qui sont très restreints par rapport aux ambitions. Ils sont fréquemment en deçà des ambitions que fixe le maître d’ouvrage. De fait, on est dans une bataille où il faut améliorer notre productivité tout en maintenant notre qualité. Pour cela, il faut se pencher sur notre organisation au niveau de la gestion d’un projet, au niveau du dessin, l’optimisation de la transmission de l’information pour ne pas perdre de temps avec des changements d’orientation, être avec les bureaux de contrôle en temps et heure, travailler avec des bons bureaux d’étude pour ne pas avoir à palier leur carence, ni à faire le travail à leur place quand ils ne le font pas… Il y a plein de choses comme ça qui doivent être mises en place.

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La première amélioration que l’on peut avoir, c’est de trouver du boulot. Ensuite, le faire en temps et heure parce que les honoraires ont baissé. À l’agence, les effectifs sont élevés, ceux qui « administrent » les « productifs » sont peut être trop importants mais, étant donné la taille de la structure, c’est un peu incompressible. On ne peut pas descendre en dessous d’un certain nombre de personnes, mais il faut qu’on ait des personnes qui soient plus productives que celles qu’on a actuellement. Il nous faut des gens qui soient un peu plus expérimentés. Il faudrait être plus, mais en même temps, il y a moins de travail, donc on ne sait pas comment sortir de là. Et puis, les charges fixes - taxe foncière, chauffage, électricité, climatisation – que tu sois 15 ou 30, c’est le même prix. Ce sont ces choses là qui doivent être absorbées pour faire plus de volume. Et pour ça, il faudrait qu’il ait plus de salariés, mais pour qu’il y ait plus de salariés, il faudrait plus d’affaires… On est face à un vrai problème, mais c’est un problème qui est général.

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annexe 8. entretien avec Grégoire Le Blanc

ASSOCIÉ - 17/07/2014 à 15h00 - sans enregistrement

Pourquoi ne pas avoir développé de pôle communication?

Comment se sont développés les différents pôles intégrés à l’agence?

Ce serait essentiel pour pouvoir se développer à une échelle nationale. Il y a des plus petites agences qui font ce choix, qui débutent sans références mais qui arrivent à se faire connaître auprès de la presse et donc à une échelle plus large que la région.

Les pôles économie et DET étaient déjà intégrés avant mon arrivée dans la structure. En 2013, le désir de Christian d’intégrer un pôle maquette a pu se réaliser par un concours de circonstances. Ensuite, nous avons opté pour une spécialisation des salariés, selon leurs centres d’intérêt et leurs sensibilités. Cela tend à la double compétence des architectes, avec un référent informatique et VRD, un référent communication et un référent bois et HQE. Nous sommes ainsi amenés à solliciter l’un ou l’autre, lorsque nous avons une question sur une de ces compétences.

Le problème d’un pôle communication, c’est que le travail réalisé n’est pas « productif », il apporte une plus-value à l’agence et un moyen de se développer sur du long terme, mais ne permet pas de faire rentrer de l’argent. Cela pose un problème aujourd’hui car nous aurions du mal à pouvoir rémunérer ce salarié supplémentaire.

Quels intérêts d’avoir ces compétences en interne ? Ça a régulièrement été remis en question, suite aux manquements ou à la surcharge de travail de certains salariés. Nous ne pouvons pas nous défaire d’un salarié et travailler avec quelqu’un d’autre lorsque cela ne nous convient plus. Néanmoins, nous avons déjà fait appel à des cotraitants pour la DET et l’OPC, et ça a été souvent voué à l’échec : encore plus d’incompétence, car une perte d’information et un manque de sensibilité à l’architecture. Chaque pôle nourrit et se nourrit des autres. Le pôle économie est indissociable de l’architecture. Ils fonctionnent dans une dynamique commune : l’économiste décrit ce que l’architecte dessine. Chacun utilise son propre outil de travail. Le fait que l’économiste redessine le projet avec ses outils n’est pas dérangeant car ça lui permet de s’approprier le projet et de poser des questions à l’architecte lorsqu’il ne comprend pas ses détails. Cela fonctionne seulement s’il y a un minimum de communication entre les deux pôles.

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annexe 9. entretien avec Charlotte Delalex

PÔLE CONCEPTION - 23/07/2014 à 11h30 Chez "patey architectes", les pôles économie et chantier sont intégrés à l’agence, as tu déjà travaillé dans des agences où ce n’était pas le cas ? Je n’ai jamais travaillé avec un économiste, ni OPC extérieur. Par contre, j’ai déjà travaillé dans des agences où c’était les architectes qui faisaient l’économie. C’était des projets de commande privée. Il y avait quand même une maison à un million d’euros, donc ça faisait déjà des budgets assez gros. L’avantage c’est que tu sais ce que tu décris. Mais ça, à la limite, tu peux l’avoir aussi avec un économiste s’il y met un peu de bonne volonté, qu’il a vraiment envie de travailler avec les architectes.

Que penses-tu du fait d’avoir un pôle économie et un pôle chantier en interne ? À l’agence, et par rapport à d’autres expériences, je trouve que les pôles ont du mal à travailler ensemble. Le pôle économie, ça pourrait être très riche de l’avoir en interne. Les économistes peuvent t’apporter plein de choses. Il est vrai que nous n’avons pas toujours le temps de chercher tous les matériaux possibles, du coup, nous partons sur des trucs assez classiques, et parfois trop chers. Alors que je pense qu’ils pourraient avoir une force de proposition équivalente tout en ayant le souci de l’économie. Le pôle économie de l’agence ne va pas assez dans ce sens là. Il n’est pas dans la proposition, ni l’échange. Et, du coup, ça ne marche pas avec les architectes. Alors que ça pourrait être quelque chose de très bien. L’avantage d’avoir un pôle économie en interne, ça serait de pouvoir tout le long du projet aller assez naturellement voir l’économiste et discuter avec lui.

En plus, l’économiste ne prend pas la responsabilité. Si dans les phases qui suivent le PRO, tu réalises qu’il y a des oublis dans les descriptifs, tu comprends que c’est de ta faute, et que tu n’avais qu’à relire le CCTP. Si on prend l’exemple de Jérémy [paysagiste qui avait travaillé en 2010 à l’agence], qui travaille avec un économiste extérieur. Lui, il fait vraiment son job d’économiste en apportant des solutions techniques. Des fois, les économistes sont amenés à aller sur les chantiers, ça leur confère une certaine connaissance technique. Et même dans la connaissance des matériaux, ils peuvent te dire que tel matériau serait plus à utiliser en telle ou telle circonstance. La matériauthèque ça pourrait être quelque chose qui soit tenu par l’économiste. Qu’il rencontre les commerciaux, avec toujours cet aspect financier. Ça pourrait vraiment être positif d’avoir le pôle économie intégré. En externe, cela sera toujours plus difficile de communiquer d’un point de vue géographique. En interne, on a tout ce qu’il faut sur place (la matériauthèque…), l’échange pourrait être super riche. Avec la DET, il n’y a pas ce souci. Même s’ils ont l’habitude de faire d’une certaine manière et qu’ils ont du mal à imaginer de le faire autrement. Après, il faut que l’architecte fasse la démarche d’aller poser des questions. Le problème pourrait plus venir des architectes qui ne vont pas solliciter les conducteurs de travaux. C’est un métier [architecte,] où l’apprentissage se fait tout au long de sa carrière. Quand tu débutes et que tu ne sais pas beaucoup de choses, c’est bien d’avoir quelqu’un qui sait que telle ou telle méthode fonctionne, et après tu peux réadapter. C’est toujours riche de pouvoir en discuter, pour avoir un avis sur un détail. Après, c’est à prendre avec précaution, parce qu’il peut quand même y avoir d’autres solutions. Et puis, quand tu commences à avoir un peu plus d’expérience dans le métier, que tu as déjà fait quelques chantiers, tu acquiers aussi cette expérience de chantier.

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À un moment, on avait également un jeune conducteur de travaux à l’agence, et lui ne pouvait pas nous apporter ce côté expérimenté du métier. C’est l’expérience du chantier qui permet d’acquérir ces connaissances. Le fait que l’OPC soit la même personne que celui qui fait la DET, ça lui permet de mieux comprendre les incidences des détails de mise en œuvre et de la communication sur le planning. En fait, pour moi, l’idéal, c’est quand l’architecte suit le projet de A à Z et participe même à la DET. Éventuellement, qu’il soit co-gérant de la DET. À un moment à l’agence, ils ne voulaient pas trop que les architectes aillent avec les conducteurs de travaux sur les chantiers parce que ça faisait deux personnes de mobilisées. C’est du temps passé sur une affaire à la place d’une autre, en termes de rentabilité c’était remis en question. Mais c’est quand même l’architecte qui connaît au mieux son projet. Je n’ai jamais eu l’expérience d’une DET qui était complètement donnée à l’extérieur. Pour le projet du Tillia, je partageais la DET avec Luc, j’allais à toutes les réunions de chantier, j’arrivais là bas je n’avais même pas besoin d’un plan sous les yeux, je voyais tout de suite si telle cloison était mal placée. Aussi, quand le détail que tu as dessiné, il n’est pas réalisable, ou qu’il y a d’autres manières de faire qui arrangent l’entreprise, toi ce qui t’importe, en tant qu’architecte, c’est le résultat final. Travailler avec quelqu’un qui a de l’expérience dans la DET, avec un point de vue plus technique, permet donc d’apporter une opinion sur la pérennité du système. C’est riche d’avoir les deux [architecte + conducteur de travaux], mais il faut vraiment qu’il y ait l’architecte. L’OPC aussi doit suivre le chantier. Je parlais de ça d’ailleurs avec un BE fluide, il avait un discours qui est rare chez les BE mais qui était intéressant. Il me disait qu’il trouvait important que même les BE fluides soient impliqués dans toutes les réunions. On parlait des phases précédentes, mais je pense que c’est valable aussi pour la phase chantier, où il est essentiel que tout le monde soit au courant et s’intéresse à tous les problèmes. Dans un projet, tout est lié. Tu as l’impression que tu vas modifier un petit truc, et en fait derrière, c’est des réactions en chaîne qui touchent tous les lots, et donc des connaissances techniques différentes. Le temps « perdu » à impliquer tout le monde, il est gagné à la fin.

Comment sont gérés les projets par le pôle administratif ? J’ai l’impression qu’ils essayent de mettre en place des choses. Au lancement de chaque phase, il y a une réunion qui est organisée entre les pôles, mais bon ils nous imposent plus qu’il n’y a d’échanges. C’est le pôle administratif qui, selon ses calculs, va te donner le temps à passer sur une phase. Ce qui est dommage, c’est qu’ils prennent les archis pour des « doux rêveurs ». Ils ont du mal à comprendre que tu peux avoir un contre temps sur un projet, que le maire te met des bâtons dans les roues, que tu vas devoir passer plus de temps. C’est toi qui te prends la réflexion, il n’y a pas trop de compréhension. Pour moi, il pourrait y avoir une amélioration de ce manque de productivité, dont on nous parle depuis trois ans, par une amélioration de la communication. En tant que salariés, nous essayons de communiquer mais c’est difficile d’y arriver, ce ne sont pas nous les décideurs. Je ne sais pas trop ce qu’ils pourraient faire. Peut être qu’il faudrait que nous parlions de tout ça, que nous nous prenions entre quatre yeux et que nous nous disions « là, maintenant, il faut améliorer tout ça ! » Quand l’an dernier, parce qu’il n’y avait plus de boulot, le temps de travail du pôle conception a été réduit et pas celui du pôle administration, ni économie, c’est qu’au fond la priorité n’est plus mise sur l’architecture. Alors que nous sommes une agence d’architecture. Nous nous sommes retrouvés dans une pièce, et là ils nous ont dit que nous ne produisions pas assez. Alors que ça aurait été plus judicieux d’échanger. Après, nous avons du mal à dire les choses. C’est les relations humaines qui ressortent là. La communication ce n’est pas évident. Nous avons tous ce discours, Christian et Greg aussi, mais les choses n’avancent pas parce qu’il y a peut être une réticence des autres pôles. Il y a aussi ce nombre d’heures qui nous est imposé. Si nous le dépassons, nous nous faisons « taper sur les doigts ». Les économistes, ils ont compris le truc, ils attendent que nous ayons rendu les documents définitifs. Et avant, il n’y a pas de communication, pas d’échanges. Du coup, en termes de temps, le pôle économie rempli ses objectifs, et le pôle administration en est très content. Et puis derrière, c’est le pôle conception qui prend. Tant que nous en serons à faire des calculs de temps passé, même si c’est important

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de se donner des objectifs, ça n’avancera pas. Ils nous disent presque comment faire pour arriver au résultat escompté. Si nous ne calculions pas au jour près, ça permettrait peut être à l’économiste de se libérer sur des demi-journées pour échanger. EVERWIN [logiciel qui comptabilise les heures], ça permet à la fois de se rendre compte du temps que nous passons sur chaque projet, et de là où nous perdons du temps, mais à l’agence il est utilisé pour appuyer ce qui ne va pas. Pour le projet du Petit Leysse, pour l’APS j’ai mis moins de temps que ce qui avait été prévu, donc ils étaient contents. Mais en fait, c’était pas très honnête parce qu’ils m’ont donné huit jours, j’en ai mis quinze, et en vrai, ils m’avaient menti parce que dans leur fiche de calcul j’en avais vingt-deux. Donc ils te disent que t’en a huit, t’en mets quinze et ils te disent « c’est bien ». Mais en réalité, ils se sont un peu moqué de toi… Du coup, pour l’APD c’est pareil, le logiciel me met qu’il faut soixante-dix jours, et là ils me demandent de le rendre pour fin août, ce qui me fait quinze jours… Ils en sont à donner des objectifs un peu durs. Du coup, nous n’y croyons plus, je pense qu’il y a un manque d’honnêteté et de communication, et ça fait un découragement. Ça fait trois ans qu’ils nous disent que ça ne va pas, mais il n’y a rien qui est fait pour que ça aille. Nous ne travaillons pas en équipe. Nous sommes un peu les uns contre les autres. Est-ce que c’est le manque de communication qui fait ça, ou ça qui fait le manque de communication… un peu les deux sûrement. Après, j’ai l’impression que c’est aussi plus compliqué que ça. Je parle avec d’autres archis, qui sont dans d’autres agences, et pour eux aussi ça ne va pas forcément très bien. Quand il n’y a pas beaucoup de projets qui rentrent, l’ambiance n’est pas très motivante non plus. C’est un peu général à toutes les agences. Après, la réaction en interne, elle se passe plus ou moins bien.

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annexe 10. entretien avec Jérôme Courreau

PÔLE CONCEPTION / ARCHITECTE RÉFÉRENT - 29/07/2014 à 15h30 Depuis combien de temps travailles-tu à l’agence et comment a évolué ton poste depuis ? Ça fait neuf ans. J’ai un bac STI génie électrotechnique. Et un DUT génie électrique et informatique industrielle. J’ai ensuite travaillé deux ans en bureau d’études électricité pour de la conception de process en industrie. Puis j’ai été embauché ici, en tant que dessinateur. Quand je suis arrivé je n’avais pas de bagage en archi, ni de formation de dessinateur, c’est venu sur le tas.

Comment es-tu devenu référent VRD ? Il y avait un besoin à l’agence, alors j’ai suivi une formation à Paris, deux fois une semaine. Étant donné que j’avais déjà fait des fluides, ça permettait de compléter vraiment l’ensemble. Mon expérience de DUT et bureau d’études ne me sert que partiellement, car trop spécialisée dans le process, ce qu’on ne fait pas à l’agence.

De fait, est ce que tu travailles sur tous les projets de l’agence ? Pour ce qui est de la VRD, oui quasiment. Sauf s’il y a un bureau d’études VRD intégré à la maîtrise d’œuvre, dans ce cas là, je n’y touche pas. J’interviens en APD/permis, puis en PRO où je refais une passe pour suivre l’évolution du projet. Au delà de la VRD, en tant que dessinateur/projeteur je tourne sur tous les projets. J’ai fait une grosse période APD/PRO, et là ça fait un an que je fais beaucoup d’EXE. C’est plus compliqué mais essentiel.

Mais je vais peu sur les chantiers, je pense que c’est un manque.

Est-ce que l’agence valorise le fait d’avoir cette compétence intégrée ? Sur l’ensemble des projets, c’est clairement dit dans les candidatures que nous sommes autonomes. Par contre, c’est vrai qu’après il y a des projets particuliers qui sont plus complexes et qui demandent des compétences spécifiques [Cf. chantier des nouveaux abattoirs de Chambéry].

Comment es-tu devenu référent informatique ? Et en quoi cela consiste ? Ça fait seulement un an que je suis référent informatique. L’an dernier, il y a eu pas mal de soucis donc cela m’a pris beaucoup de temps, mais là ça devrait se calmer. Tous les gros problèmes de fond sont réglés. Quand un problème est bloquant j’interviens tout de suite, il ne faut pas que la personne s’arrête de travailler. Après pour les tâches de fond, j’essaye de les grouper et de les faire au fur et à mesure. C’est compliqué parce que tu travailles en pointillé. Je ne peux pas laisser un problème bloquer tout le réseau. Là, sur l’année qui vient de passer, je ne pouvais pas vraiment m’impliquer sur un projet en particulier. Sur l’année qui arrive, j’espère que la charge de travail sera moindre au niveau informatique. Cette année, cela m’a pris 40 ou 50% de mon temps de travail et j’espère passer à 10%. Le fait que je sois en interne permet vraiment une intervention rapide et évite de pénaliser tous les salariés. On a aussi un prestataire externe, et quand il y a des gros problèmes, des trucs où je n’ai pas la main dessus, c’est eux qui interviennent. Mais ils n’interviennent pas à la minute, et essentiellement sur la partie serveur.

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Est-ce que tu participes parfois à la conception des projets? Quand j’interviens sur une affaire, je participe à toutes les phases. Essentiellement en dessin et rarement pour de la conception pure. S’il y a une esquisse à sortir rapidement, je m’occupe de la partie dessin. Il m’arrive de mener à bien une affaire complète [Cf. Extension d’entrepôts en containers maritimes]. Je fais aussi quelques relevés. C’est long mais c’est intéressant. En fait ce qui est intéressant c’est de faire ton projet sur les choses que tu as relevé, en revalorisant l’existant.

Quels liens entretiens-tu avec le pôle économie ? On est en lien à toutes les phases, mais surtout en PRO. Automatiquement tu fais des liens avec eux, des allers-retours. Globalement, ça se passe bien à l’agence. Après, chaque projet est différent.

Est-ce que tu t’occupes également du site internet ? J’en suis à l’origine dès mon arrivée à l’agence, je l’administre et l’alimente en fonction des projets que l’on crée. Il est en lien avec le book, mais pour bien faire, il faudrait refaire les plans et les images de chaque projet spécialement pour la communication. Mais c’est un job à temps plein !

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annexe 11. entretien avec Olivier Deléglise

PÔLE ÉCONOMIE - 29/07/2014 à 14h00

les questions. Du coup, les trucs sont faits en deux jours alors que ça pourrait être réglé en une heure.

Depuis combien de temps travailles-tu à l’agence ? Que faisais-tu avant ?

Nous faisons des réunions en amont du PRO. Quand les archis me fournissent des plans, des détails, je peux dire des choses mais je ne suis pas toujours écouté. Alors que j’ai quand même un retour d’expérience de l’agence : je sais qu’il y a des choses que nous ne faisons pas, des choses que nous ne voulons plus faire ou des choses qui ne marchent pas. Au même titre que Luc sait qu’il y a des choses que nous ne voulons plus faire en chantier.

Ça fait huit ans que je travaille là. Avant j’ai travaillé pendant sept ans chez un constructeur de maisons individuelles, dans tout le sud de la France. C’était plus simple, pour apprendre les bases, de commencer par un constructeur : nous faisions toujours la même chose. Ça m’a permis d’apprendre à gérer la facturation, les contrats de sous-traitance, les avenants… de gérer un peu tout à une échelle plus réduite. Quand j’ai intégré l’agence, nous étions deux, après nous avons été jusqu’à trois, et puis là, je suis tout seul. Il y a moins de boulot.

Comment gères-tu les différents projets et à quels moments interviens-tu ? Il y a des périodes où c’est chaud. Quand tu as tout qui tombe en même temps : un PRO à faire, un concours et une fin de chantier… Après, si chacun respectait les délais qui sont fixés, ça éviterait que j’aie plusieurs dossiers qui arrivent en même temps. Quand il est demandé au pôle conception, que le projet arrive à telle date, donc qu’il y a tant de temps pour le faire, il faut que ça arrive à telle date sur mon bureau, pas trois semaines après. Parce que trois semaines après, j’ai autre chose à faire. Après, je ne dis pas qu’ils font rien, je soulève juste que c’est un problème à l’agence que de tenir les délais donnés. Est-ce que les trucs sont refaits deux fois ? Est-ce que c’est mal définit ? Est-ce que ce n’est pas compris ? Ou nous nous entêtons dans des trucs qui, au final, ne seront pas tenus jusqu’à la fin ? Il n’y a personne qui pose de questions aux savants, c’est un peu un problème à l’agence, de peur de passer pour quelqu’un de bête, on n’ose pas aller poser

Et puis, les gens ne parlent pas entre eux. Si tu fais une isolation par l’extérieur en polystyrène, tu sais que nous avions déjà fait ça deux fois à l’agence, t’arrives en troisième, tu vas demander à tes collègues qu’est ce qu’il ne faut pas faire. D’avoir les détails, ça permet aussi d’aller plus vite dans le projet. Tout le monde le dit qu’il y a un problème de communication, mais personne n’ose aller demander les choses à ceux qui sont censés être savant. Il y a beaucoup de jeunes chefs de projets à l’agence, et ils ne font pas la démarche d’aller voir ceux qui ont déjà de l’expérience. Là, on revoit les détails du projet de Jacob. Il y a des choses que j’avais dit en amont qui n’ont pas été tenues. J’avais conseillé d’aller voir telle et telle personne pour éviter des problèmes que nous avons déjà rencontrés. Les entreprises peuvent te donner des solutions auxquelles tu n’avais pas forcément pensé. Il faut discuter quoi. Pour chaque nouveau projet, j’attaque dès le concours où je fais un estimatif prévisionnel. Je travaille ensuite sur l’APS, je refais une estimation avec un descriptif sommaire. En APD, je fais une estimation sur avant métré avec des prix unitaires. C’est une estimation allotie, on rentre un peu plus dans les détails. Et en PRO, là je décris tout, je fais les métrés et je refais une estimation par lot. Après, il y a toute la partie appel d’offre, analyse d’offre où il ne faut pas laisser passer des coquilles.

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Je suis demandeur pour échanger avec les architectes, j’arrive toujours à me libérer du temps. Ça permettrait que chacun évite de refaire trois fois les choses.

Qu’apportes-tu à l’agence en travaillant en interne ? S’il y a des demandes nouvelles en termes de matériaux et de mise en œuvre, je fais la démarche de recevoir les entreprises. Par exemple, nous allons probablement faire du terrassement à la dynamite à Jacob, nous n’en avons jamais fait. Je vais appeler les fournisseurs pour les rencontrer et ça va me permettre de décrire. Par contre, recevoir des fournisseurs qui font des luminaires [comme le fait Audrey pour la matériauthèque], ça ne m’intéresse pas. Je n’y vois pas l’intérêt, c’est toujours la maîtrise d’ouvrage qui fait les choix de cet ordre là. Après, les matériaux innovants, les isolants… ça m’arrive de les recevoir. Le problème c’est que quand nous échangeons, que nous parlons des nouveautés d’isolation, de toiture… les documentations restent en haut [au cinquième étage, le loft où se font les réunions « brain storming »], elles ne tournent pas.

Quelle relation as-tu avec le pôle conception ?

réalisé sur le chantier parce que l’entreprise a proposé autre chose qui était plus simple. C’est ça le retour d’expérience. On est vingt à l’agence, il faut demander aux gens qui ont déjà fait les choses. Après, je demande aussi d’avoir des retours du chantier. Luc vient me voir de temps en temps et puis je vais sur les chantiers pour voir comment les choses se font. Au moment des chantiers, quand il manque des tâches qui ne sont pas attribuées à tel ou tel lot, des fois ça peut être un oubli, des fois ça peut être aussi un truc qui n’apparaît nul part… Les détails progressent de plus en plus à l’agence, mais parfois il y a des trucs qui n’apparaissent pas dessus et que je ne peux pas deviner. Il se peut que l’archi ait pensé à un truc qui lui semble nécessaire, mais qui pour moi n’est pas obligatoire. Alors, je ne peux pas l’inventer. Après, les oublis c’est possible. Il n’y a personne qui vient me re-contrôler derrière, contrairement à l’archi dont les plans sont vus par plusieurs personnes : le bureau de contrôle, moi… Le quantitatif, il n’y a personne qui le contrôle. Le descriptif est censé être relu par le chef de projet, donc normalement s’il manque quelque chose, il est censé me le dire. Au même titre que je vais lui dire si, sur un plan, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y en a qui font ça bien, d’autres qui maîtrisent moins, puis il y a ceux qui lisent en travers. Des fois, il manque des choses parce qu’ils changent un détail et que, quand ils me redonnent le carnet, ils ne me le stipulent pas. Et quand je leur demande, ça arrive qu’ils ne savent plus ce qui a été modifié.

Quand nous disons que nous faisons une réunion au lancement de chaque phase, et qu’il faut faire un compte rendu il y en a un sur deux qu’est fait. Et puis, quand il est dit qu’il faut refaire une réunion, les archis disent qu’ils n’ont pas le temps. Cela ne sert à rien de faire une réunion avec untel un jour et avec untel un autre. Il y a une équipe : le BE fluide, structure, le bureau de contrôle, sécurité, économie…

D’autres fois, il manque des choses parce qu’en négociations, il y a des éléments qui sont modifiés, certains qui disparaissent, et du coup, tu changes les quantitatifs mais ça arrive d’oublier de rajouter un truc ou d’en enlever.

Si j’étais plus sollicité cela éviterait de refaire certaines choses, qu’au moment du PRO, on se rende compte qu’il y a des trucs qu’il faut remodifier. Quand il y a quelque chose qui est régulièrement fait à l’agence – isolation par l’extérieur – et que la personne qui s’occupe du projet n’en a jamais fait, tu lui dis d’aller voir untel pour avoir son retour d’expérience – balcons désolidarisés – et récupérer un maximum d’informations et de détails qu’elle peut ensuite adapter. Et, d’autre part, la personne savante peut te dire que le détail qui avait été dessiné là, n’a finalement pas été

Nous discutons plus ensemble. Quand ils ont des questions sur des choses qu’ils ne trouvent pas, ou des choses qui ne vont pas, ils viennent me voir pour ne pas que je fasse la même erreur le coup d’après. Comme ça, je modifie ma bibliothèque. Et puis, de temps en temps, je vais jeter un œil avec eux sur les chantiers. J’en fais de temps en temps des petits chantiers.

Quelle relation as-tu avec le pôle chantier ?

Ce serait aussi intéressant de faire une réunion tous ensemble avec le conduc’, l’économiste et l’archi.

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Comment ont évolué et évoluent tes relations avec le pôle conception ? C’est par périodes, ça dépend de qui manage l’affaire. Après ça peut ne pas passer avec la personne mais t’es quand même payé pour faire ton boulot. Donc si tu organises les choses comme elles doivent être organisées, tu fais quand même du bon travail. T’as des gens, par périodes, qui font les choses comme elles doivent être faites – on a fait tout un listing pendant un an, avec toutes les tâches à effectuer, c’est presque de la lecture. Donc sinon tu relances les gens, mais il y en a qui n’écoutent pas. Le processus n’est pas tout le temps respecté.

deux pans, que tu modifies les aménagements intérieurs… effectivement, tu n’as pas assez de temps. Moi mon plan d’APD et mon métré, ils étaient exploitables pour le PRO à 80%. Là, il faut tout que je refasse. Donc c’est dommage aussi. Après ça se passe peut être pareil ailleurs… Parfois, je fais des opérations de réception. C’est pas mal de changer la personne. Quand le chantier a duré deux ans, il y a souvent un ras-le-bol entre les entreprises et le conducteur de travaux. Donc en étant nouveau, t’arrives à refaire faire des choses aux entreprises.

Je passe pour un râleur parce que je répète souvent les trucs, mais il y a un moment où j’arrête et puis tant pis quoi… Il y a un manque d’encadrement. Et puis peut être un dessinateur-projeteur qui sache faire du dessin d’exécution, qui soit un peu plus technique. Ça s’acquiert avec l’expérience. Après, il y a quand même des demandes de prix, des demandes quand il y a des prestations qui sortent un peu de l’ordinaire…

Quels avantages et inconvénients à être interne à l’agence ? C’est bien dans le sens où je peux être sollicité régulièrement pour apporter mes connaissances. Mais dans le sens de la productivité, c’est moins bien. Les architectes se disent « il est toujours là, donc il peut toujours reprendre les trucs ». Contrairement à une personne externe qui a des honos et une boite à faire tourner, si elle n’a pas tous les éléments, elle ne peut pas attaquer. Moi on me dit, tu attaques quand même. Quand t’es indépendant, si tu n’as pas le dossier, tu réponds que t’as du boulot pour après et que le PRO il passera dans trois mois. Ce qui permettrait peut être aux gens de se bouger un peu plus. Le problème c’est qu’on change trop les choses. On part sur un truc et on change trois fois. Au lieu de garder la nouvelle idée pour un autre projet, on veut l’appliquer tout de suite. Quand tu arrives au PRO et que toutes les toitures terrasses, tu les passes en toitures

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annexe 12. entretien avec Élise Guévar

PÔLE DET/OPC - 21/07/2014 à 14h00 Depuis combien de temps travailles-tu à l’agence ? Que faisais-tu avant et comment ont évolué tes relations avec les architectes ? Ça fait deux ans et quatre mois que je suis à l’agence. J’ai d’abord fait un an en tant qu’économiste et ensuite un an en tant que conductrice de travaux. Avant, je bossais en tant que conduc’ pour une entreprise générale. C’est plus intéressant de travailler ici parce que tu as un rapport direct avec l’architecte. Alors qu’en entreprise générale, tu vas avoir les plans et tu vas poser des questions aux archis si, et seulement si, tu en as vraiment besoin. Tous les détails, c’est toi qui les fais, à partir des détails des architectes, mais s’il y a des modifications, c’est toi qui adaptes. Sur le chantier, tu regardes avec les entreprises sans repasser par les architectes. Nous leur posions des questions seulement quand nous jugions qu’un point de vue architectural était nécessaire. Pour avoir la finition qu’ils voulaient, par exemple, nous voyons avec eux. Pour le détail d’étanchéité d’un seuil, c’était nous qui gérions.

Quelles relations as-tu eu, en tant qu’économiste, et as-tu, en tant que conductrice de travaux, avec le pôle conception ? En tant qu’économiste, je faisais les descriptifs et les métrés. En essayant de faire pas mal d’allersretours avec les architectes pour avoir un dossier le plus complet possible, et puis être sûre que j’avais bien compris. C’est moi qui allais voir les architectes au moment du descriptif pour être sûre que j’avais bien interprété ce qu’ils avaient dessiné. Eux, ils te donnent le projet une fois qu’il est ficelé, et des fois, en amont, ils viennent te poser quelques questions sur le coût de tel ou tel truc.

Pendant la phase de description, ce qui manque c’est le retour de l’architecte sur le descriptif. Ils n’ont pas le temps de les lire. Alors ce qu’il faudrait peut être faire, ce serait des petites réunions où l’économiste dit ce qu’il a décrit et l’architecte dit si c’est bon. Sinon, on se retrouve avec des choses qui ne collent pas ou des prestations qui manquent. Et puis ce n’est pas toujours à l’économiste d’aller voir l’architecte, il faut que ça aille dans les deux sens. Le chantier de Viry (74), je l’ai commencé en tant qu’économiste et j’en ai assuré la DET par la suite. C’est là que tu te rends compte que les échanges avec les architectes étaient essentiels. Et puis y compris entre conducteur de chantier et architecte. Ce qui est intéressant c’est qu’il va pouvoir dire à l’architecte : « ça c’est réalisable mais ça va être super long » ou « ça c’est pas réalisable »… Et du coup, il faudrait même anticiper et organiser des réunions entre les trois pôles pour éviter de prendre trop de retard ou d‘avoir des détails trop compliqués. Ce serait bien d’intégrer le conducteur de travaux un peu plus tôt dans la conception. Des fois, ils le font avec Luc mais ce n’est pas suffisant. C’est seulement sur des points singuliers, alors qu’il y a probablement d’autres points importants sur lesquels ils n’ont pas posé de questions. Ce n’est pourtant pas dur de se caler un rendez-vous. Après, ce qui est compliqué à gérer sur les divers chantiers, c’est qu’aucun détail n’est identique. Quand ce sont des détails de serrurerie c’est normal, mais, par exemple, les détails de menuiseries extérieurs, ce n’est jamais pareil d’un chantier à l’autre alors qu’il y a souvent le même type de menuiserie et de revêtement extérieur. Du coup, il faut connaître tous les détails bien spécifiques à chaque chantier. Et puis, à chaque fois, ça veut dire réinventer le truc avec l’entreprise. Donc ce serait plus simple si on se basait sur le même type de détail, à adapter en fonction du projet. Mais c’est souvent très différent. Quand on pense, par exemple, au détail de seuil de menuiseries extérieures, à chaque fois c’est un nouveau qui est dessiné, alors que je pense que ce serait facile de repartir sur le détail d’un projet qui a bien fonctionné et qui est déjà réalisé. Et ça, ce n’est pas fait, parce qu’à

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chaque fois ce sont de nouvelles personnes qui vont faire de nouveaux projets, et du coup, elles repartent à zéro. Et les entreprises, à chaque fois, repartent d’un détail qu’elles ne connaissent pas. Ça veut dire que t’es pas non plus sûr de la réalisation derrière. C’est surtout ça qui est embêtant. Bon après je ne dis pas qu’il faille généraliser tous les détails. Quand c’est des détails de serrurerie, c’est normal que ça ne soit jamais pareil. Surtout que les serruriers, en général, il ne font pratiquement que du sur mesure dans tous leurs chantiers, donc ils savent s’adapter. Mais, par contre, des entreprises comme l’étancheur ou le façadier, ils ont l’habitude de faire tout le temps pareil. Du coup, dès que tu leur apportes une petite modification, ils sont perdus. Ce ne sont pas des entreprises qui cherchent à innover. En générale, ils font toujours de la même façon et c’est « eux qui ont raison ». Après, il y en a qui sont plus réactifs et qui ont envie de faire évoluer les choses. Ça dépend de l’entreprise, mais surtout de leur conducteur de travaux et des ouvriers. Il y a des gens qui aiment vraiment leur boulot et qui ont envie d’aller chercher des nouveaux trucs. Ça leur fait plaisir quand ils construisent des choses un peu différentes. Ça veut dire que ça les sort aussi un peu de la routine. Par contre, il y en a qui ne veulent pas du tout mettre du leur. Après, c’est bien d’être avec les architectes directement parce qu’au moins si tu as une question, tu as juste à monter un étage et puis tu discutes avec eux du problème.

Comment partagez-vous la DET avec les architectes? Sur le chantier, quand l’architecte vient, c’est lui qui assure la DET pour vérifier que ça correspond à ce qu’il a dessiné. Après, il est surtout sur la partie EXE, et c’est moi qui m’occupe de la DET. En général, ce que je fais, c’est que je fais un point en revenant du chantier. J’ai deux chantiers avec Isa, donc je vais tout le temps la voir. Nous échangeons beaucoup, soit par rapport à quelque chose que j’ai vu sur le chantier, soit par rapport à un mail, ne serait-ce que savoir si c’est à moi de répondre ou à elle… Elle voit également beaucoup d’éléments avec la maîtrise d’ouvrage – pour les choix de finitions – donc il est essentiel que nous échangions pour que je sache où ça en est.

Par contre, c’est sûr qu’à partir du moment où ça ne se passe pas bien avec la personne, c’est un peu la limite d’être intégré à l’agence. C’est difficile si tu ne t’entends pas avec la personne d’aller lui envoyer un mail pour lui dire « t’as toujours pas fait ça », tu ne peux pas relancer la personne comme tu le ferais avec quelqu’un en externe.

Sur le projet du Silex, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre sont confondues : rencontres-tu des difficultés à gérer cela ? Ce n’est pas toujours facile de savoir d’où vient l’information. Est-ce que c’est le maître d’œuvre qui me demande ? Est-ce que c’est le maître d’ouvrage ? Quand le maître d’ouvrage veut changer d’orientation un peu tard, le maître d’œuvre en temps normal, il aurait dit non, mais là comme c’est aussi le maître d’ouvrage… c’est un peu gênant.

Quelles parts de travail accordes-tu à la DET et à l’OPC quand tu es à l’agence ? L’OPC, c’est faire le planning et spécifier aux entreprises quand elles interviennent. La DET, c’est beaucoup répondre aux mails.

Penses-tu que la pause café est essentielle pour la vie de l’agence ? Elle a été mise en place seulement six mois avant que j’arrive. Avant, il y avait une pause à chaque niveau, les gens du troisième ne montaient pas. Ça permet d’avoir un contact avec les autres gens de l’entreprise. C’est plus facile d’aller relever un problème avec des gens que tu connais que si tu ne les as jamais vu.

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annexe 13. entretien avec Luc Dolias

PÔLE DET/OPC - 18/07/2014 à 10h30 sans enregistrement

en œuvre, et d’agencement des espaces et des volumes. C’est l’expérience qui permet de pouvoir gérer les problématiques récurrentes.

Depuis combien de temps travailles-tu à l’agence ? Que faisais-tu avant ?

Quelles incidences sur le chantier ?

Après avoir eu une expérience de conducteur de travaux dans le gros œuvre, j’ai intégré une petite agence d’architecture au bout de cette même rue. J’y faisais à la fois l’économie et le métré pour toute la partie terrassement/VRD et gros œuvre, et également la DET/ OPC. Nous faisions appel à un économiste extérieur pour les lots techniques, et l’architecte faisait le reste de l’économie. Ça fait maintenant trois ans que je travaille à l’agence en tant que conducteur de travaux.

Que penses-tu des relations à entretenir entre l’économiste, le conducteur de travaux et l’architecte ? Déjà, il est essentiel que les architectes communiquent plus tôt avec nous, afin de pouvoir les conseiller, presque dès l’APS, dans l’élaboration des détails. Par exemple, les architectes vont faire des choix de matériaux ou de détails qui ne sont pas forcément évidents à réaliser par les entreprises. Et c’est à nous, sur le chantier, de gérer ces problèmes là. L’étancheur ne va pas chercher à se remettre en cause, il fera comme il a l’habitude de faire.

Les plans des architectes et les carnets de détails qui décomposent les systèmes mis en œuvre, s’ils sont bien définis permettent à l’économiste de faire un descriptif plus complet, et ainsi aux entreprises de fournir une réponse plus pertinente et plus juste au moment de l’appel d’offre. Ça évite les désaccords sur le chantier et les questions sur « à quel lot appartient telle prestation ? ». Néanmoins, il faut que ces détails guident, et non imposent, pour permettre aux entreprises, de par leurs compétences, de pouvoir proposer des solutions d’exécution différentes qui intègrent tous les éléments. Le problème qu’on a également, c’est qu’il n’y a pas de retour d’information des chantiers sur ce qui a fonctionné, et ce qui n’a pas fonctionné. L’information ne circule pas et on reproduit toujours les mêmes erreurs. C’est bien que tu poses ces questions. Ça fera un architecte de plus qui essayera de comprendre notre position.

Dans l’agence précédente, le fait que ce soit l’architecte qui fasse le descriptif permettait d’éviter les pertes de données. Car les erreurs induites doivent être ensuite rattrapées par nous. Néanmoins, nous faisions beaucoup de projets similaires et ce ne serait sûrement pas possible d’en faire de même ici. Cela demanderait trop de temps de travail aux architectes. C’est pour ça que le dialogue est essentiel, pour convenir de choix techniques fiables et pérennes. Il est aussi important que les jeunes architectes aillent sur le terrain, pour avoir des notions de mise la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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annexe 14. entretien avec Audrey Jamard

PÔLE MAQUETTE - 18/07/2014 à 11h30 Depuis combien de temps travailles-tu à l’agence et comment a évolué ton poste depuis ? Ça fait un an et cinq mois que je suis à l’agence, mais j’ai mis deux mois à intégrer les locaux actuels. Comme le pôle était tout nouveau, c’est moi qui ai dû concevoir cet atelier. Je suis vraiment contente parce que j’ai mon propre atelier, c’est quelque chose que peu de personnes avec mon expérience ont. Là, il commence à se mettre en place petit à petit, mais un des soucis est que je n’ai pas de moyens modernes (cabine de peinture, découpe numérique…) : difficile de se positionner en concurrence par rapport à d’autres maquettistes. J’ai créé mon poste. Je suis contente de ce que je fais, et l’atelier c’est également à moi de le faire évoluer. D’aller demander des choses. C’est vraiment une chance de pouvoir travailler dans cet atelier, il y a beaucoup de lumière.

été la définitive. De toute façon, on indique toujours « maquette non contractuelle », donc le client il ne peut pas te le reprocher. Je m’entends bien avec l’équipe, mais là, avec le projet de Jacob, j’ai dû les booster un peu et je crois que Christian est monté un peu au créneau. Il est impressionnant quand même, on sent qu’il a fait du cinéma. Ils essayent pourtant de faire avancer les choses, mais je sens que ce n’est pas évident. Dans les maquettes d’études, je les ai vraiment aidé à comprendre le projet et à le faire évoluer. Parce qu’avoir le projet en volume ça complète bien l’image numérique. Je pense quand même qu’ils auraient pu m’en demander plus tôt. Ce n’est pas à moi de leur demander s’ils veulent une maquette. Vu comment le projet a évolué, j’aurais pu en faire plus. Je ne sais pas si c’est qu’ils n’ont pas confiance, qu’ils n’ont pas le temps ou qu’ils ne le prennent pas.

Te sens-tu responsabilisée et reconnue?

Quelle relation as-tu avec le pôle conception?

Christian me dit parfois qu’il est content quand j’ai fini des maquettes, et Anthony [salarié de la CAN] aussi. Et puis, j’ai la responsabilité de l’atelier.

Ce qui est super intéressant c’est de pouvoir travailler avec les architectes et d’avoir leur vision.

Que voudrais-tu l’agence ?

Le fait d’intégrer l’agence m’a beaucoup apporté parce que j’avais une idée préconçue de la maquette. Là, j’essaye de trouver de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux… Nous réfléchissons avec Christian, et ça, c’est vraiment un point positif.

À la base, l’atelier maquette c’était pour travailler avec « patey architectes », et, par la suite, trouver d’autres clients. Mais les moyens ne sont pas donnés pour le développer.

Un problème que je rencontre avec les architectes, c’est que j’attends les plans pendant longtemps. Là, je fais quelque chose que j’aurais pu faire il y a six mois. C’est peut être un problème lié à la proximité. S’ils avaient fait appel à quelqu’un d’extérieur, ils n’auraient pas eu la possibilité de jouer sur les délais, ou ils auraient donné une version qui n’aurait pas

apporter

de

plus

à

Moi, j’aimerais investir dans une découpeuse numérique. C’est un investissement mais ça permettrait vraiment de gagner du temps. Par exemple, pour les courbes de niveau sur cette maquette [maquette de terrain de la ZAC des Châtaigneraies à Jacob-Bellecombette (73)].

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J’ai envie de continuer, de ne pas laisser tomber. De ne pas me dire « on s’en va » parce que là, on traverse une période difficile…

Quand tu as du temps de libre t’occupes-tu de la matériauthèque ? Le souci, c’est que je ne suis pas architecte. Je fais des recherches de matériaux, je rencontre des commerciaux mais ils oublient parfois que je ne suis pas archi. Ils sont sûrement un peu déçus de ne pas rencontrer les architectes, mais en même temps, si je n’étais pas là, ils ne rencontreraient personne. Après, je fais des fiches matériaux que je mets à la disposition des architectes. Ils n’ont pas le temps de s’en occuper. Et c’est important de tenir cette bibliothèque à jour. Ça apporte un plus à l’agence.

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annexe 15. protocole de formation

État synthétique des acquis en matière de maîtrise d'œuvre et sur les principaux débats qui ont lieu à ce sujet en termes d'enjeux et de défis J’ai réalisé mes cinq années d’études en architecture à l’ENSAG où j’ai acquis des compétences théoriques en matière de conception, de manipulation des outils informatiques, des connaissances sur l’histoire et la technique architecturale et où j’ai appris à adopter un regard critique sur l’œuvre architecturale ainsi que sur mon travail personnel et ce qui m’entoure de manière plus générale. Lors de mon master, au sein du studio « architecture et cultures constructives », j’ai acquis des connaissances pointues en matière d’énergies du bâtiment que j’ai pu compléter par un stage en bureau d’études thermique au mois de septembre chez eXndo Studio. Ces compétences sont pour moi indispensables à l’architecture d’aujourd’hui et de demain, puisqu’au delà des calculs scientifiques, elles viennent conditionner l’œuvre architecturale dans son rapport au site et dans son expression. Cela soulève la question du dialogue avec les ingénieurs et laisse apparaître la communication comme étant un élément essentiel. Il en est de même avec les autres acteurs du bâtiment (maîtrise d’ouvrage publique ou privée, entreprises du BTP…), puisque la qualité de réalisation d’un projet dépend du travail de tous ces acteurs réunis. Par ailleurs, bien que mes expériences professionnelles ne soient pas multiples, j’ai pu me confronter à la fois au travail en agence et au chantier. En agence, en France et en Norvège, j’ai pu travailler sur des analyses urbaines, des relevés de terrain, des esquisses, des dossiers de permis de construire, des devis… J’ai également participé à des réunions avec la maîtrise d’ouvrage ainsi que des réunions de chantiers. Mes expériences de chantier se résument à un stage dans une entreprise de charpente, où j’étais très bien intégrée et où j’ai ainsi pu me confronter à la pratique

du métier, ainsi qu’à de nombreux workshops aux Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, où nous avons « testé » différents matériaux au travers de prototypes à l’échelle humaine. De plus, le travail fourni pour notre projet de fin d’études m’a permis, entre autres, d’avoir des notions en terme d’économie de projet.

Expression d'un point de vue sur la place particulière des architectes en général et énoncé personnel comme postulant L’architecte a un rôle phare dans la société qui nous entoure puisque l’œuvre qu’il produit est à la vue et usage de tous pour plusieurs décennies. Ainsi, pour répondre à une commande donnée, la prise en compte de nombreux aspects sociaux, environnementaux, éthiques, culturels, économiques et politiques est nécessaire. Le métier d’architecte est ainsi un métier complexe et de responsabilité, dont les choix du maître d’œuvre ont une incidence directe sur le cadre de vie. Il exige une ouverture d’esprit et une certaine pluridisciplinarité, puisqu’il demande d’être capable de travailler et collaborer avec de nombreux corps de métier, de faire des projets innovants alliant qualité fonctionnelle et esthétique. C’est aussi un métier de conviction où l’architecte maître d’œuvre doit défendre son projet, tout en prenant en compte les nombreuses contraintes réglementaires et techniques ainsi qu’en étant ouvert aux échanges avec les divers acteurs du projet.

Explicitation des aspirations et attentes particulières à l'égard de la formation et de la mise en situation professionnelle pour se sensibiliser, connaître et approfondir les différents domaines de connaissances qui paraissent nécessaires pour une maîtrise satisfaisante des expertises et des responsabilités 98


Les diverses expériences professionnelles qui sont venues compléter ma formation théorique ainsi que les discussions et débats, avec différents architectes et acteurs du bâtiment, sur l’exercice de la maîtrise d’œuvre, m’ont donné un aperçu de la profession qui a suscité en moi l’envie de m’y projeter. Non pas comme l’aboutissement de ma formation initiale, mais plutôt comme une continuité, l’année d’habilitation à la maîtrise d’œuvre me permettra de me plonger dans les différents domaines d’intervention de l’architecte ainsi que sur les enjeux actuels et constants de la profession. Dans l’optique d’ouvrir un jour ma propre structure, je pourrai me confronter à la position de l’architecte maître d’œuvre au sein d’une agence. Par surcroît, un point qui m’intéresse particulièrement à développer est celui de la capacité des projets à s’intégrer au plus juste dans leur environnement. Ceci en proposant des stratégies bioclimatiques, en respectant et valorisant les filières locales et travaillant le plus intimement possible avec les différents acteurs du projet concerné. Ainsi, j’envisage de pouvoir travailler sur des projets soucieux de l’environnement et proposant des stratégies allant au delà de la réglementation thermique, qui soient porteuses de valeurs éthiques et morales.

Exposé des critères de choix du lieu de mise en situation professionnelle Après mes cinq années d’études à l’ENSAG, j’étais à la recherche d’une agence qui porte la même conception de l’architecture que moi ainsi que certaines de mes valeurs. Assez tôt dans l’année (courant avril), j’ai commencé à chercher un lieu de MSP sur Paris, Lille, Nantes et Strasbourg. Cependant, il était soit trop tôt soit les agences n’étaient pas en période d’embauche. Fin août, j‘ai réorienté mes recherches vers Chambéry où j’ai trouvé l’agence « patey architectes ». Je connaissais et appréciais déjà quelques uns de leurs projets, qui sont abordés avec une sensibilité au site dans lequel ils s’inscrivent. De plus, la taille de la structure et la pluridisciplinarité des employés qui y travaillent me laisse à penser que je serai bien formée sur la complexité du métier d’architecte. Par ailleurs, j’ai apprécié la volonté des architectes associés de l’agence de transmettre la profession en me pro-

posant une MSP, alors même qu’ils ne recherchaient pas à employer de salarié. D’autre part, étant originaire de la Savoie, je suis intéressée de pouvoir travailler dans un environnement m’étant familier.

Travail personnel envisagé parallèlement aux enseignements spécifiques et à la mise en situation professionnelle Parallèlement à la formation de HMO, j’envisage de m’impliquer dans la maison de l’architecture de Savoie, dont le siège est à Chambéry. Mon tuteur en étant le président, cela me permettra d’y être intégrée plus facilement et ainsi de rencontrer de nombreux acteurs de l’architecture en Rhône-Alpes. J’envisage également d’avoir sur moi un carnet me permettant de noter régulièrement du vocabulaire, des procédures administratives récurrentes, des réglementations, des normes ou tout autre élément me semblant nécessaire à ma pratique de la profession. Mise en évidence des apports à faire valoir au sein de la structure d'accueil sollicitée pour s'insérer et collaborer à la bonne marche de l'entreprise. Éventuellement, explicitation d'un domaine de prédilection sur lequel il souhaiterait apporter une contribution d'analyse et de proposition pour améliorer les connaissances, outils, et méthodes de travail de la structure d'accueil La conception bioclimatique ainsi que l’aspect constructif d’un projet sont deux domaines que j’ai pu appréhender durant les deux années de master et que je souhaite développer au sein de la structure patey architectes. D’autant plus que l’agence s’attache déjà à concevoir des projets HQE intégrés dans des cultures constructives locales. Les phases d’esquisse, d’exécution et de chantier sont celles qui m’intéressent le plus, mais je cherche cependant à me former sur la globalité de la conception d’un projet.

la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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Curriculum Vitae -


curriculum vitae RETROUVEZ MOI http://issuu.com/maevarchi/docs/portfolio2013

FORMATIONS ET DIPLÔMES

EXPÉRIENCES

ARCHITECTURE - CHANTIER - ARTISTIQUES

Formation HMONP à l'ENSAG

MSP chez "patey architectes" _ Chambéry

Obtention du Diplôme d'État en Architecture _ félicitations du Jury

Stage chez exNdo studio _ bureau d’études thermique _ Lyon

2013

Dessinatrice chez ec(H)ome _ agence architecteurs _ Grenoble

2012

Construction de plusieurs prototypes en bois, acier (réalisation du prototype de Canopéa©Projet lauréat du concours Solar Decathlon 2012), pierre, textile, terre et béton (festival Grain d’Isère 2012) _ Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau (38) Licence d’architecture et Master « Architecture et cultures constructives » à l'École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

-2014 2013

- 2012 2011

Stage chez Arkitektkontoret Amundsen _ Tromsø - Norvège Construction de l’ABRIGAMI - abri en carton concours ARCHI<20 _ Muttersholtz (67) Organisation de l’exposition « Bonifacio, ville durable » _ Bonifacio - Corse Participation au concours MOBIL’HOME conception d’un habitat de vacances _ Fondation BENETEAU

- 2013 2008 2010

Stage chez Philippe Barbeyer _ agence d’architecture _ Chambéry

Stage « ouvrier » SARL Armenjon – charpente / 2009 couverture / zinguerie _ Le Châtelard (73) Exposition « Échanges ! Et changes ? » _ Cité des arts de Chambéry Obtention du baccalauréat Scientifique spécialité Mathématiques _ mention Bien

2008 Participation et création de spectacles de cirque _ Chambéry et Grenoble

2005

Stage chez Pierre Rieussec _ agence d’architecture _ Chambéry 102


COMPÉTENCES LANGUES Anglais - courant

Espagnol - scolaire

LOGICIELS D’INFORMATIQUE Pack Office +++ +++ Suite Adobe Sketchup ++ ++ ArchiCAD Allplan ++ + AutoCAD(2D) 3DS Max + ++ Artlantis CONCEPTION Étude, analyse et diagnostique de sites en milieux urbains et ruraux Esquisse d’une intention architecturale ou urbaine Composition d’espaces adaptés à leur usage actuel ou futur Statique des matériaux CONCEPTION BIOCLIMATIQUE Prise en compte les facteurs humains, énergétiques et bioclimatiques dans la conception d’un bâtiment et sur l’ensemble de son cycle de vie (ACV) Thermique du bâtiment Gestion des risques naturels Acoustique REPRÉSENTATION Modélisation d’un projet architectural au travers de plans à différentes échelles (ESQ/APS/APD/PC/ PRO/EXE) Mise en page graphique TERRAIN Relevés sur l’existant Suivi de chantier Participation à un chantier

CENTRES D'INTÉRÊT Arts du cirque - Voyages - Photographie - Sports de plein air - DIY la pluridisciplinarité de l'architecte - Deliry Maëva École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - septembre 2014

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