Omicron/36 Osservatorio Milanese sulla Criminalità Organizzata al Nord Numéro special – Année V – N.12 Dans ce numéro:
Introduction/Globalisation: une marmite en ébullition Espagne/La cas de Barcelone et le contexte national France/Le cas de Paris et le contexte national Italie/Un cas complexe d’envergure continentale Milan/Une hiérarchie criminelle entre ethnies Conclusions/La question du nouvel ordre civil
Rapport de recherche: criminalité et immigration Ce numéro de Omicron sera entièrement dédié aux résultats de la recherche menée par l’Observatoire sur la criminalité d’immigration dans l’Europe méditerranéenne. Il s’agit d’une recherche qui s’est déroulée l’année dernière pour l’Union Européenne dans le cadre du Programme Falcone et dont les résultats ont été officiellement présentés lors d’un congrès qui a eu lieu à Milan le 1er décembre 2001. Les pages qui suivent proposent une synthèse du Rapport final ayant pour objectif d’offrir une rapide et – autant que possible – complète information sur les principaux résultats du travail effectué, au bénéfice de ces nombreuses catégories (politiciens, administrateurs, magistrats, forces de l’ordre, étudiants, enseignants, associations de bénévoles) qui sont le plus intéressées au sujet. Sujet qui, de toute évidence, est et sera pendant longtemps un des plus controversés de l’agenda politique et institutionnel de l’Union et de certains de ses membres en particulier, rentrant de plus en plus dans les formes générales du débat politique et culturel, avec des conséquences sur les choix et les orientations législatives relatives à une pluralité de plans, allant de la démographie au marché du travail, de la mobilité territoriale aux modèles d’intégration culturelle. La recherche s’est développée selon une approche comparative, en mettant sous observation trois réalités nationales distinctes de l’Europe méditerranéenne: l’espagnole, la française et celle italienne. A l’intérieur de ces trois réalités nationales elle a cherché à connaître trois cas métropolitains, qui pour les informations disponibles représentaient les plus intéressantes quant au profil choisi, c’est-à-dire les cas de Barcelone, de Paris e de Milan. Elle a utilisé des compétences de niveau et nature différents, aussi bien juridiques que sociologiques et de criminologie, ayant recours à l’expérience d’opérateurs institutionnels (surtout des magistrats), aux connaissances mûries sur le terrain par des journalistes et des chercheurs, et à l’apport théorique d’étudiants universitaires. En s’articulant sur trois groupes nationaux que j’ai eu l’honneur de coordonner (dont la composition est indiquée dans la dernière page de ce numéro), la recherche a construit “in progress” sa
structure analytique, à travers une vérification continue des points de contact entre les réalités examinées et, vice-versa, des plus importantes spécificités des milieux au fur et à mesure émergeantes. J’ai donc élaboré quelques schémas descriptifs et interprétatifs comparés qui paraissent d’un intérêt considérable pour saisir les modalités à travers lesquelles le rapport immigrationnouvelle criminalité se présente dans les trois différents contextes nationaux. Des schémas qui finissent sans doute par mettre en valeur le poids – absolument fondamental, même si parfois il semble s’éclipser du débat politique – de l’histoire (politique, sociale, démographique, culturelle, institutionnelle) et de la géographie de chaque pays. C’est à l’intérieur de cette approche comparée qu’il émerge, entre autres, l’existence d’un trait spécifique de la question italienne, qui fait aujourd’hui l’objet de querelles passionnées. En ce sens la recherche a permis de vérifier comment la criminalité d’immigration est en Italie plus répandue et plus agressive que dans les deux autres pays considérés; mais elle a aussi mis en lumière comment ceci dépend de la double pression, par le sud et par l’est, que l’Italie (à cause d’un mélange absolument particulier de situations) a été destinée à affronter de façon plus intense et avec des rythmes inconnus à l’Espagne et à la France, historiquement déjà lieux de phénomènes d’immigration. La discussion sur ces arguments, même si elle peut être légitimement orientée par différentes options culturelles et idéologiques de fond, ne peut toutefois faire abstraction d’un examen sérieux des données mises à disposition par la réalité et par la recherche scientifique qui enquête sur celle-ci. En ce sens, dans les justes proportions, il nous semble que la recherche d’Omicron puisse constituer aujourd’hui un point de repère à l’intérêt certain, une aide très utile pour toute discussion sérieuse sur le sujet. Notre remerciement pour avoir rendu cette recherche possible va à l’Union Européenne et aux groupes de travail des trois pays concernés. Nando dalla Chiesa
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Introduction/Globalisation: une marmite en ébullition Une grande marmite en ébullition. C’est peut-être l’image qui rend le mieux le mouvement continuel, l’agitation qui vient du changement incessant; la caractéristique plus évidente du monde contemporain. La globalisation. La plus grande libéralisation des flux, sans entraves, de n’importe quel point à l’autre du globe ne concerne toutefois pas de la même manière tous les phénomènes ni tous les sujets. Elle caractérise complètement la finance et le capital; généreusement toute typologie de marchandise et de pouvoir; partiellement et de façon contradictoire les individus. Migration et criminalité, les deux phénomènes de la globalisation placés sous la loupe, révèlent certaines caractéristiques qui sont la toile de fond de cette recherche dans son ensemble. Les migrations et les difficultés de plus en plus importantes pour ces flux sont souvent indiquées comme la contradiction principale de l‘actuel modèle de globalisation. La criminalité en tant que pouvoir – souvent fort – tire justement de ces contradictions l’énergie, la force, la légitimité et des programmes pour le futur. Analysons-les dans le détail. Concernant les phénomènes migratoires vers l’Union Européenne, la recherche a remarqué que vers la fin du siècle dernier il y a eu deux combinaisons particulières. La première est celle entre la “mobilité pauvre” et la “mobilité riche”. D’un coté un très forte demande de mobilité à l’entrée; une poussée en provenance en particulier des pays les plus pauvres qui à la pauvreté ont répondu de la manière classique et plus simple. Une poussée, en particulier, qui se révèle absolument complémentaire à la baisse démographique (Tableau 1) et aux exigences du marché du travail des trois pays pris en considération. De l’autre coté, ensuite, une exigence toujours plus grande de mobilité aussi bien à l’intérieur des régions riches que de celles-ci vers les plus pauvres. Dans les deux cas, bien qu’avec des modalités différentes, dans le sillage des mouvements démographiques se sont activées aussi les organisations et les comportements criminels, en délinéant une véritable contradiction entre deux exigences communautaires: celle d’avoir des frontières ouvertes et celle de régler les aspects potentiellement pathologiques de l’immigration. La seconde combinaison qui en ressortie est celle entre les pressions migratoires en provenance du sud e de l’est en direction de l’Union Européenne. Les changements géopolitiques dramatiques commencés en novembre 1989 ont agi de telle manière qu’à la grande poussée migratoire en provenance du “sud” géographique (en particulier d’Afrique), se
soit ajouté une autre forte poussée provenant de l’“est” géographique. Des pôles géographiques qui, en l’espace d’une décennie, se sont fusionnés dans un seul grand “sud” du monde, pauvre, opposé a un seul grand “nord”, riche. Mais le mythe de la société de consommation occidentale a joué des rôles différents dans les deux cas. Par rapport à la plus récente et soudaine poussée de l’est, en effet, elle a influencé des individus moyennement plus conscients de leur état de “privation relative” et bien moins disposés à attendre encore pour avoir ce qu’ils ont rêvé de façon obsédante pendant trop d’années. L’écroulement du système soviétique, donc, a libéré un surplus de poussées migratoires qui s’est bientôt transformé, aux yeux d’une partie de l’opinion publique, en une pression insoutenable à court terme. Cette deuxième combinaison risque de ralentir sérieusement le programme d’ouverture vers l’est: il met en effet en contradiction 1) la vocation du continent à se réunir – ou, mieux, l’attitude de l’Europe occidentale et de ses institutions économiques et politiques à englober dans l’Union du futur l’Europe orientale – et 2) la prudence, voire la crainte, qui dans le même temps se fraie un chemin quant à une immigration sans filtres. Les activités criminelles, quant à elles, sont aussi complètement impliquées dans les processus de globalisation et d’internationalisation des relations économiques, sociales et culturelles. Elles acquièrent des dimensions de plus en plus neuves et amples face à la multiplication des possibilités de serrer des alliances avantageuses et tirent profit de la mise en place de crimes aux formes inédites ou complètement renouvelées. La frontière entre licite et illicite, entre légal et illégal et ensuite criminel est de plus en plus indéfini: il s’agit d’une frontière de plus en plus poreuse et parcourue d’échanges continuels. Pour autant qu’elle soit stigmatisée et poursuivie, l’illégalité est de plus en plus insérée, dans les sociétés contemporaines, dans des poches pas bien définies mais toujours plus amples, à mesure de la globalisation ellemême. De l’étude faite, en somme, il émerge comment dans les pays pris un à un les organisations criminelles traditionnelles se renforcent et se flexibilisent. Mais ce n’est pas tout. Il s’en rajoute de nouvelles, qui parlent plusieurs langues, qui ont leurs racines ailleurs et qui introduisent des modalités de comportement et de relations criminelles inconnues ou
Tableau 1/Le cadre démographique: les projections comparatives Source: UN, 1998.
Espagne 1998
Espagne 2050
France 1998
France 2050
Italie 1998
Italie 2050
39.628.000
30.226.000
58.683.000
59.883.000
57.369.000
41.197.000
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oubliées en occident (il suffit de penser à l’esclavage). Qu’elles soient vieilles ou nouvelles, ces organisations établissent entre elles les rapports les plus disparates, changeants et imprévisibles. Une problématique qui, comme on va le voir, a tout doucement acquis un rôle absolument central dans le développement de la recherche parallèlement au thème des facteurs qui tour à tour la favorisent ou la inhibent, et à celui des typologies de crime qui, selon les cas, la caractérisent. Les facteurs criminogènes, avant tout: ceux qui sont ressortis de l’étude avec une certaine clarté ne sont pas nécessairement liés entre eux, mais permettent de faciliter et soutenir les carrières des groupes sans scrupules le long des filières du crime international. Parmi les plus évidents il y a les législations fiscales et financières complaisantes; les dictatures militaires et paramilitaires caractérisées par un haut degré de corruption et – inversement – les faiblesses des autorités politiques, plus démocratiques mais non nécessairement moins dissolues. Les conflits locaux, ensuite, et puis les situations d’embargo, les cultures tribales violentes, les groupes armés en compétition pour le contrôle des enclaves territoriales, la socialisation hâtive aux modes de vie propres à la société opulente ainsi que les prohibitionnismes de toutes sortes et ainsi de suite. C’est justement à partir de ces facteurs qu’il est possible de tracer la génération des trafics illégaux qui ponctuent le contexte de l’univers criminel moderne. Le sens du terme génération est toutefois différent par rapport à celui appliquée, par exemple, aux biens d’équipement. Dans ce cas, en effet, aucune typologie de crime ne disparaît ou cède le pas, au contraire. Les crimes prennent de l’envergure, se côtoient et se superposent mutuellement. En ce sens, ainsi que l’indique le Tableau 2, si le trafic de stupéfiants sur grande échelle a été sans doute celui qui a ouvert la route aux processus primitifs d’accumulation du capital illégal (en se situant donc en tête de l’échelle générationnelle), le trafic d’êtres humains a été le dernier à paraître sur scène. Au milieu se situent le trafic de déchets, spécialité choisie par certaines organisations criminelles à partir des années 80 du siècle dernier, et le trafic d’armes qui a rejoint de nouvelles dimensions suite à l’écroulement du système soviétique.
à matrice socio-culturelle, concerne les typologies spécifiques de ces trafics. Si, en effet, le trafic de stupéfiants et celui de déchets naissent organiquement à l’intérieur de la société opulente occidentale – en devenant l’indice même de ses contradictions – celui d’armes et d’êtres humains, au contraire, sont issus d’un phénoménal événement socio-politique qui a été la crise de l’Empire soviétique, la décomposition de ses armées et l’affleurement, sans freins moraux ou coercitifs, de l’anxiété réprimée de ses concitoyens envers la richesse et la consommation.
Sur le plan scientifique les éléments de fait rappelés jusqu’ici suggèrent deux implications directes. La première,
La seconde implication, enfin, concerne la dimension territoriale de la criminalité organisée. Après avoir démenti la thèse selon laquelle un contexte régional fermé, statique et culturellement traditionnel favorise structurellement le développement d’une organisation criminelle, il émerge de façon évidente de l’expérience historique l’exact contraire. Ce ne sont ni la mobilité sociale ni celle territoriale “l’ennemi” par définition des organisations criminelles à haut établissement territorial. Certes, le rapport avec le territoire, et en particulier le contrôle de celui d’origine, maintient intacte sa propre valeur structurelle et stratégique pour l’organisation criminelle: il en représente la première et fondamentale ressource même dans la globalisation. Mais malgré le fait que, formellement, les frontières actuelles sont beaucoup plus nombreuses, les pouvoirs criminels ont développé l’attitude d’en exalter la plus grande perméabilité et, en accélérant actions et réactions, ils réussissent souvent à se présenter sur la scène mondiale actuelle plus aguerris qu’avant. Avec une dernière nouveauté de taille: le déplacement à l’est du barycentre criminogène mondial. Comme il apparaît de la représentation cartographique au fond de la page (Image 1), si jusqu’aux premières années 90 le barycentre des affaires illégales pouvait être raisonnablement placé sur une ligne imaginaire reliant l’Europe à l’Amérique – phase 1 –, maintenant, à cause également du déclin simultanée de la mafia américaine, ce barycentre semble se placer apparemment sur une ligne imaginaire qui relie l’Asie à l’Europe. Si avant, donc, l’Europe et l’Amérique s’avéraient être deux acteurs dialoguant – rivages d’un système équilibré d’intérêts illégaux – dans la seconde phase actuelle l’image qui prend pied est celle d’un sud-est asiatique-européen capable d’exercer une formidable pression criminelle sur les systèmes européens et occidentaux.
Tableau 2/Les générations des trafics illégaux
Image 1/Le nouveau barycentre criminel
TYPOLOGIE DES TRAFICS 1) Drogues 2) Déchets
QUADRE INTERPRÉTATIF DOMINANT Pathologies des sociétés opulentes
3) Armes Chute de l’URSS 4) Etres Humains
PHASE 1 BARYCENTRE SUR L’AXE EUROPE-AMERIQUE
PHASE 2 BARYCENTRE SUR L’AXE EUROPE-ASIE
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Espagne/La cas de Barcelone et le contexte national La vocation maritime de la métropole catalane et l’histoire moderne et récente de l’Espagne entière se sont révélés fondamentales dans l’analyse des dynamiques actuelles. Si d’un coté, en effet, le pays se projète traditionnellement aussi bien vers l’Amérique latine que vers le Maghreb, de l’autre coté plus de quarante ans de gouvernement autoritaire ont contribué à éviter la formation de structures criminelles autochtones importantes. Ces dernières années l’Espagne et la Catalogne en particulier ont connu: 1) d’importants flux d’immigration; 2) la croissance de formes de criminalité diffuse, accentuée par l’habitude à l’ordre dans la perception de l’opinion publique – en particulier la plus ancienne, plus liée à la culture dictatoriale; 3) l’établissement de groupes criminels étrangers souvent bien intégrés dans les structures économiques et sociales du territoire. Le tableau actuel de la situation nationale est bien fourni par une “radiographie” préparée par le Ministère de l’Intérieur. Sur le territoire il y aurait plus de 200 groupes de la criminalité organisée capables d’activer au total une armée de 6 mille personnes. De ces organisations, plus de 120 ont fait leur apparition récemment, en s’établissant territorialement sur certaines zones bien définies du pays: le littoral Méditerranéen et Madrid. Du point de vue de la quantité, 9 de ces groupes comptent plus de 100 membres, 26 au moins 50 militants, 56 se trouvent dans une position intermédiaire avec un nombre de membres variant entre 25 et 50, et enfin 118 groupes se composeraient d’un maximum de 10 adhérents. Les trois quarts de ces agrégations sont à composition exclusivement autochtone – même si peuvent collaborer à l’association des citoyens de différentes nationalités et surtout marocains, colombiens, italiens, français et anglais – et sont en grande partie autosuffisantes du point de vue criminel. La faiblesse relative de la criminalité locale et le manque d’attitude des forces de l’ordre à affronter des organisations criminelles fortes et structurées ont donc facilité l’établissement d’activités criminelles de matrice exogène. A ceci il faut ajouter le fait que, parmi les européens, les premiers à décider de s’établir en Espagne ont été les clans mafieux italiens, et en particulier leurs membres fugitifs. La richesse de connections discrètes, le temps et le manque de concurrence leur ont permis de modifier profondément les scénarios criminels dans l’inattention de fond des autorités. Cosa Nostra est active dans le trafic de stupéfiants et surtout dans le recyclage d’argent sale, avec des investissements, par exemple, dans de grandes structures commerciales à Barcelone. La ’Ndrangheta se dédie au trafic de haschisch venant du Maroc, de cocaïne à exporter en Italie et dans le recy-
clage. La Camorra napolitaine aussi s’est découpé une part de marché illégal grâce toujours au trafic de cocaïne mais, plus en général, la recherche détaille de nombreuses opérations de police – conduites conjointement entre l’Italie et l’Espagne – qui ont porté à l’arrestation de nombreux boss mafieux ayant leurs bases opérationnelles sur la péninsule ibérique. La présence de la criminalité d’immigration ne se termine pas avec l’établissement de groupes d’italiens, même si à un niveau criminel différent et plus bas sont présents également des clans nord-africains, particulièrement organisés et actifs surtout dans le menu trafic de haschisch, le vol de rue et à la tire. De façon semblable à ce qui a été remarqué en Italie par la recherche, ensuite, en Espagne aussi des groupes de nigériens gèrent la prostitution et la falsification des cartes de crédit. Les groupes d’origine sud-américaine, au contraire, se placent sur différents niveaux criminels: haut celui des colombiens et, en particulier de ceux qui utilisent l’Espagne comme porte d’entrée pour la cocaïne en direction des pays européens (on estime que plus de la moitié de la cocaïne circulant en Europe passe justement par l’Espagne). La prédilection que ressentent les trafiquants de drogue pour ce pays se traduit en alliances avec les trafiquants espagnols: il y a plus de vingt réseaux espagnols qui se dédient à ce trafic, souvent reliés à des groupes de contrebandiers. Bas celui d’autres groupes latino-américains, comme par exemple les bandes péruviennes qui à Barcelone sont devenues fameuses pour leurs assauts aux autos et aux camions à l’arrêt dans les aires de repos des autoroutes. Parmi les criminels provenant de l’est, les kosovars sont ceux qui suscitent la plus grand émoi parmi les citoyens, étant donné leur habileté dans les vols la nuit. Les données font émerger une progression préoccupante dans le nombre de crimes commis: 10 en 1995, plus de 900 en 1999, plus de 2 mille dans l’année 2000. A un niveau supérieur, ensuite, il existe à Barcelone une présence bien ancrée de groupes russes experts dans la traite des blanches, dans les extorsions et dans le trafic d’automobiles, ainsi que dans le recyclage d’argent dans le secteur de la construction. Et, pour finir, les chinois qui, comme dans les autres pays objet de cette recherche, agissent exclusivement à l’intérieur de leur propre communauté. Extorsions, immigrations clandestines et braquage aux dépens des leurs sont les activités principales, même si, selon les institutions préoccupées, leur but principal serait celui de se recouper complètement une zone de Barcelone sur laquelle dominer et agir dans l’illégalité avec l’assurance d’une sorte d’impunité territoriale.
Tableau 3/Les groupes criminels étrangers par branche d’activité Drogue Colombiens Italiens Maghrébins
Armes
Prostitution
Vols et braquages
Documents falsifiés
Trafic d’êtres humains
Russes
Nigeriens Chinois Lithuaniens Russes Colombiens Equateuriens
Français Péruviens Kosovares
Chinois Maghrébins
Chinois Maghrébins Equateuriens
Blanchiment Italiens Russes Colombiens Français
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France/Le cas de Paris et le contexte national Les caractéristiques des institutions françaises, traditionnellement “fortes” et hautement centralisées, ont une importance fondamentale dans la compréhension des dynamiques liées à la criminalité en France, tout comme le rôle colonial joué par le pays sur la scène internationale et la forte volonté d’intégration incident sur les dynamiques migratoires. Déjà au début du 20ème siècle la France comptait plus d’un million d’immigrés (environ 3% de la population) et au dernier recensement la consistance de la communauté immigrée arrivait à 7,4% du total de la population. A la fin des années 90, toutefois, le pourcentage des étrangers qui finissent dans les mailles de la justice à triplé par rapport à celui des français, ainsi que le pourcentage de détenus étrangers. Même si ces chiffres risquent d’être sur-représentés (une constatation habituelle dans le déroulement de la recherche) et les crimes le plus souvent liés à l’immigration clandestine et à l’état de pauvreté, absolue ou relative, de certaines catégories d’immigrés, la situation semble tout de même en évolution. Aujourd’hui les principaux échelons hiérarchiques de la criminalité en France résultent être: a) le banditisme, b) le grand banditisme et c) le “milieu”. Vols, même systématiques, déracinement de billetterie automatique et assauts violents contre commerces, maisons et bijouteries sont les crimes caractéristiques du banditisme. C’est justement en bas de l’échelle que l’on retrouve l’apport de criminels étrangers. Ils sont au contraire presque absents dans le cadre du grand banditisme, formé de criminels spécialisés et hautement professionnalisés, actifs notamment dans l’assaut des fourgons blindés. Dans le “milieu”, enfin, les connexions avec les organisations criminelles étrangères sont plus établies et préoccupantes, surtout dans les hautes hiérarchies des trafics illicites internationaux et dans le recyclage. Le milieu manque toutefois d’organigrammes structurés et, n’ayant ni un projet à longue échéance ni même un contrôle du territoire, il ne présente pas de caractéristiques mafieuses au sens stricte du terme. Les problématiques principales qui ressortent de l’enquête sont au nombre de trois: 1) la situations des “Cités”, quartiers populaires de la banlieue parisienne où règne une situation d’illégalité assimilable à un véritable état de “non droit”, 2) la criminalité économique-financière et 3) les “nouvelles mafias”. Dans les Cités c’est surtout la drogue qui déclenche une spirale de violence diffuse, d’omerta et de désertification économique. En payant les vigiles et en effrayant les habitants, les dealers atteignent un niveau considérable de contrôle du territoire qui
les porte aussi à pratiquer le racket et le rachat à bas prix des activités, dans le cadre de ce qu’on pourrait bien à propos définir une “situation mafieuse”. Pour le moment un tel contrôle du territoire semble inhiber l’arrivée et l’établissement d’organisations étrangères mais, en perspective, des formes d’intégration ou de conflictualité ne sont pas à exclure dans le futur. En termes de tendance des crimes, il apparaît des statistiques concernant Paris et sa région (l’Ile de France) une situation assez claire: les délits économiques-financiers (+9,6%) et les infractions liées à l’immigration (+17,9%). Et si la poigne de l’ “Etat fort” avait réussi, depuis l’époque de la “French Connection”, à éviter la formation de dangereuses associations criminelles, aujourd’hui ce même Etat se retrouve fortement préoccupé par les infiltrations mafieuses étrangères dans le camps non seulement du recyclage de l’argent sale, mais aussi des investissements. C’est surtout le cas des clans russes et italiens (Cosa Nostra, ’Ndrangheta et Camorra), mais aussi des organisations japonaises, chinoises et d’Amérique du sud. Les secteurs les plus intéressés par ce phénomène sont l’immobilier, les constructions (Eurodisney et Eurotunnel), celui des casinos mais aussi des terrains de golf, des cliniques privées et du tourisme. Tout à fait particulier s’avère le rôle de la criminalité chinoise. Elle se tourne complètement vers l’intérieur de sa propre diaspora et, tel qu’on le voit sur le Tableau 4, s’implique dans un grand nombre d’activités illicites allant de la drogue à la prostitution en passant par le trafic d’êtres humains. Les nouvelles mafias, enfin, sont celles venues impérieusement sur scène dans les années 90, la majeure partie desquelles a suivi l’implosion de l’Empire Soviétique; un phénomène ralenti par le “philtre” géographique exercé par l’Italie et l’Allemagne mais de plus en plus évident en particulier pour certaines activités. C’est le cas du trafic d’êtres humains, surtout de femmes à diriger vers la prostitution, caractérisant en particulier les groupes criminels albanais et de l’exYougoslavie. Des vols d’autos de luxe et de leur trafic international, favori des organisations d’origine bulgare. Du trafic de drogue. Cette activité à non seulement concerné un grand nombre de criminels de toute origine mais s’est aussi distinguée pour certaines implications d’ordre géopolitique: c’est le cas des trafiquants albanais d’abord, et de celles plus récentes liées à l’Uck (Kosovo) ou bien au Pkk tout comme aux Loups Gris turques pour arriver jusqu’aux connections de plus en plus inquiétantes avec l’intégrisme islamique.
Tableau 4/Les groupes criminels étrangers par branche d’activité Drogue Maghrébins Nigériens Chinois Turques Intégristes islamiques
Armes
Prostitution
Vols et braquages
Russes
Nigériens Chinois Albanais
Bulgares Roumains Maghrébins
Documents falsifiés
Trafic d’êtres humains
Chinois
Chinois Albanais Kosovares
Blanchiment
Italiens Russes Chinois
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Italie/Un cas complexe d’envergure continentale Le lien qui s’est formé en Italie entre immigration et phénomènes criminels est fortement influencé par deux facteurs absolument particuliers. Ceux-ci sont 1) les modalités de développement des courants migratoires et 2) la traditionnelle, ancrée, suffocante présence sur le territoire de quatre organisations criminelles de type mafieux. En ce qui concerne le thème de l’immigration, l’Italie, terre traditionnellement exportatrice de main d’œuvre, connaît les premiers importants flux seulement à partir des années 90. Et c’est immédiatement l’urgence, aussi bien pour le manque d’expérience et de préparation des institutions, que pour l’impétuosité de l’événement, sans oublier la position centrale que le phénomène migrateur a eu dans la construction de programmes et de campagnes politiques hostiles. Parmi les immigrés, l’Afrique (et le Maroc in primis) était et continue à être la zone la plus représentée mais son importance relative diminue ces dernières années face à celle de l’Europe de l’est: le rythme de croissance des immigrations provenant de l’ex-zone communiste augmente de 320% de 1992 à 2000 grâce à l’arrivée, entre autres, de 133 mille albanais, 61 mille roumains et 82 mille ex-yougoslaves. Plus en général les immigrés en Italie passent de 500 mille unités à environ 1.700.000 personnes (le 3% de toute la population) selon les dernières statistiques. Pour ce qui concerne le sujet de la criminalité, au contraire, il est nécessaire de faire quelques rappels relatifs à l’état des mafias autochtones. Après les massacres de ’92 et ’93 et la rescousse de l’Etat couronnée par l’arrestation de chefs importants des plus grands clans, la mafia a radicalement changé de stratégie en se rendant presque invisible. Presque. Car même si l’action judiciaire s’est brisée contre des intérêts consolidés et celle législative s’est, au fur et à mesure, atténuée, et même si auprès de l’opinion publique la mafia est redevenue un “non-problème”, les quatre organisations mafieuses italiennes (Cosa Nostra, ’Ndrangheta, Camorra et Sacra corona unita) sont bien vivantes et elles continuent à mener d’importantes affaires criminelles. Elles ont toutefois peu à peu abandonné les affaires plus risquées en se dédiant au recyclage et aux investissements dans les activités légales, ainsi que dans des crimes peu dangereux bien que très rémunérateurs.
lectivité qui est souvent porté à projeter sur les étrangers tous les maux du pays. 2) Les nouveaux groupes criminels d’origine étrangère: de dimensions locales, pas trop exposés publiquement mais durablement structurés et autosuffisants, ils font des affaires surtout dans l’organisation du trafic de drogue, dans la gestion et dans l’exploitation de la prostitution et du travail au noir ainsi que dans les vols en série. Dans la drogue et dans la prostitution en particulier certains de ces groupes se placent dans les hiérarchies criminelles les plus basses et recrutent leur main d’œuvre dans le bassin des immigrés clandestins; d’autres, encore, remontent les anneaux de la filière ou monopolisent un certain maillon de la chaîne criminelle ou se structurent comme un véritable “circuit court” au rayonnement international.s 3) La criminalité transnationale: de plus en plus présente avec des têtes de pont ancrées dans différentes zones de la péninsule et active surtout dans le recyclage de l’argent sale, dans les investissement et dans les grands trafics internationaux (en particulier armes, drogue, êtres humains et déchets). Comme cela se passe aussi pour les occupations légales, donc, l’italien laisse la place à l’étranger surtout dans les métiers les plus fatigants ou dangereux. Et dans un rapport de fonctionnalité réciproque se dessine, surtout au plus bas de l’échelle hiérarchique criminelle, un processus de substitution de la déviance – et de la criminalité – étrangère par rapport à celle italienne.
“Le phénomène de la spécialisation criminelle ethnique est une caractéristique commune au trois cas nationaux”
En ce qui concerne, par contre, la criminalité d’origine étrangère, le sujet de la sécurité qui lui est rattaché a contribué de façon substantielle à détourner l’attention du problème de la mafia nationale. Et en effet, ces dernières années, les étrangers dénoncés, arrêtés et incarcérés ont évidemment augmenté tant en valeur absolue qu’en pourcentage par rapport aux italiens. Le phénomène se présente toutefois sous trois aspects très différents entre eux et dans leurs conséquences. 1) La criminalité diffuse et mal organisée: une réalité consistante qui puise son énergie surtout dans la clandestinité et la marginalité – économique et sociale – dans laquelle se trouvent beaucoup d’immigrés pas encore intégrés. Elle se manifeste par des crimes (vols, hold-up, contrebande, crimes contre la personne, faux, trafic de drogue et prostitution) particulièrement détestables pour la col-
Le sens d’appartenance ethnique, avec ses corollaires d’identité, langue, culture et rapports de famille et territoriaux reste le plus fort élément de distinction et de cohésion des groupes criminels de matrice exogène. Une généralisation qui, loin de vouloir criminaliser des composantes ethniques entières, se rend nécessaire pour comprendre le phénomène de la spécialisation ethnique criminelle, évidente dans les tableaux qui suivent les trois cas nationaux. Les albanais ont une distribution territoriale diffuse et une grande visibilité sociale à cause de leur implication dans le trafic de drogue, dans la prostitution, dans les vols et dans les hold-up. Ils sont toutefois distribués à tous les échelons des hiérarchies criminelles, depuis la criminalité urbaine jusqu'aux organisations transnationales (Fares). Les maghrébins aussi sont en général présents territorialement et criminalisés par l’opinion publique, même si leur activité se limite au trafic de drogue, alors que les nigériens, eux aussi montrés du doigts mais territorialement plus circonscrits, sont beaucoup mieux organisés, aussi bien dans le trafic de drogue que dans la prostitution. Les criminels provenant d’Europe de l’est en général privilégient les vols et l’exploitation de la prostitution ma ne sont pas très organisés (sauf pour ce qui est d’un réseau transnational kosovare avec de fortes implications géopolitiques internationales). Le débat sur la criminalité d’immigration, enfin, tend à oublier les cartels colombiens et les groupes turques – malgré l’implication ininterrompue dans les trafics de drogue –, les quasi invisibles mafias russes actives dans le trafic d’armes et dans le recyclage et les Triades chinoises qui, malgré l’effervescence pas toujours légale de leur communauté immigrée, réussissent à se maintenir dans l’ombre.
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Milan/Une hiérarchie criminelle entre ethnies Milan est une ville multiethnique. 9 pour cent des résidents est de nationalité étrangère et seulement ces dix dernières années l’augmentation des inscrits au registre d’état civil a été de 196%. Le territoire milanais est le plus grand centre d’établissement d’immigrés du nord de l’Italie et constitue depuis toujours un observatoire intéressant des mutations culturelles et des nouvelles tendances en cours dans le pays. Mais si, d’un côté, les forts flux migratoires ont apporté des individus qui se sont intégrés dans la vie sociale et économique de la métropole, de l’autre ils ont favorisé l’entrée d’immigrés, pour la plupart clandestins, qui se sont introduits dans les circuits de la criminalité et de l’illégalité. Quelles sont donc les causes d’un aussi profond ancrage dans le tissu criminel milanais? Essayons d’en reconnaître cinq. 1) Les espaces vides. A partir de la seconde moitié des années 90, débute à Milan une forte répression opérée contre les groupes criminels mafieux. En peu d’années sont arrêtés environ 3.000 membres des mafias traditionnelles. Des espaces vides se créent ainsi sur le territoire, favorisant l’infiltration et l’établissement de structures criminelles étrangères. 2) Les secteurs vides. Non seulement les espaces vides mais aussi les secteurs “vides” favorisent l’enracinement des groupes étrangers. Certaines activités qui caractérisent les groupes ethniques n’ont jamais ou presque jamais été gérées par les mafias italiennes. Un exemple sur tous, l’exploitation de la prostitution. Cette activité illégale n’est historiquement pas gérée par la mafia parce que considérée pas assez rémunératrice et surtout, il fût un temps, “immorale”, selon le code d’honneur des organisations historiques. En outre, pour certains groupes ethniques le recrutement forcé des femmes pour l’insertion dans le marché de la prostitution est facilité par la création de rapports esclavagistes rendant le marché encore plus rémunérateur. 3) Les nouvelles activités. Les groupes étrangers ont non seulement rempli les espaces vides, mais ils ont commencé certaines activités criminelles “nouvelles”, qui leur ont permis de se recouper un espace sur le territoire sans être nécessairement conflictuels avec les organisations préexistantes. Parmi celles-ci, l’incitation à l’immigration clandestine, la mendicité aux carrefours routiers, les vols en série, les kidnapping éclair et la vente de contrefaçons, depuis les cd jusqu’au vêtements et autres. 4) Les espaces de cohabitation. Les groupes criminels étrangers agissent à Milan aussi dans les secteurs typiques de la criminalité italienne, tels que le trafic de stupéfiants et d’armes. Cette recherche met en avant deux explications possibles: d’un coté l’on peut soutenir que se sont justement ces mêmes structures
criminelles, décimées par des années de répression, à avoir donné leur accord aux étrangers. Surtout la ’Ndrangheta, qui en termes numériques est la plus présente dans la province milanaise, a accepté, dans un moment de faiblesse pendant lequel elle doit se reconstituer, de se faire côtoyer par de nouvelles réalités criminelles; d’un autre coté, certains pays d’origine des groupes criminels sur base ethnique sont producteurs de drogues de très bonne qualité et la proximité géographique avec l’Italie permet qu’elles soient exportées et commercialisées à des prix absolument concurrentiels. En outre, les guerres qui se sont succédées ces dernières années dans les Balkans ont fait en sorte que les groupes criminels provenant de ces territoires deviennent parmi les principaux fournisseurs d’armes. 5) La position centrale de Milan. Pour finir il faut rappeler le rôle central que jouent Milan et la Lombardie dans la construction d’une carte du crime national et international. La Lombardie est considérée la quatrième région italienne en termes de mafia (après la Sicile, la Calabre et la Campanie) et détient depuis toujours une particularité par rapport aux autres: celle d’héberger tous les organisations mafieuses italiennes et depuis un certain temps aussi les organisations étrangères, qui ont acquis sur le territoire régional lombard une sorte d’attestation de force criminelle. Mais quels sont les groupes qui se sont le plus enracinés à Milan ? En particulier les clans albanais et kosovars, qui sont au sommet de la hiérarchie criminelle sur base ethnique. Ils sont aux premières places en ce qui concerne les crimes tels que vols, braquages, homicides, lésions, extorsions et dans le proxénétisme. Ils sont capables de serrer d’étroites alliances avec les mafias traditionnelles dans la gestion des trafics internationaux de drogue et d’armes. Suivent les groupes chinois, qui opèrent à l’intérieur de leur propre communauté. Leurs principales activités: l’immigration clandestine de leurs concitoyens, l’exploitation du travail et la falsification de tous les documents nécessaires pour obtenir des permis de séjour “en règle”. Les criminels chinois sont en outre parmi les plus mis en examen pour le crime d’association de malfaiteurs de type mafieux. Les groupes maghrébins et nigériens, de plus ancien établissement, opèrent à Milan en position généralement subalterne et dépendante des autres organisations, italiennes et étrangères. Pour finir, il faut signaler la présence d’organisations roumaines qui détiennent le record des vols en série, surtout de voitures de grosse cylindrée, et de groupes russes qui opèrent dans le secteur économique et financier de la ville, même s’il sont loin de toute forme d’enracinement dans la ville.
Tableau 5/Les groupes criminels étrangers par branche d’activité Drogue
Armes
Prostitution
Albanais Maghrébins Colombiens Roumains Turques
Albanais Yougoslaves
Nigériens Roumains Albanais
Vols et braquages
Documents falsifiés
Albanais Roumains
Chinois Nigériens
Trafic d’êtres humains Yougoslaves Chinois Albanais Nigériens
Blanchiment Albanais Russes
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Conclusions/Une synthèse comparée La quantité d’informations recueillies dans l’analyse des trois Etats et de leurs métropoles respectives peut ainsi être résumée. Pour ce faire, la comparaison de certaines données paraît efficace, concernant : a) la consistance du phénomène criminel, b) la consistance du phénomène migrateur, c) l’incidence de la population d’immigrés sur les principaux crimes commis, et pour finir d) l’incidence de la population d’immigrés sur celle carcérale. Commençons donc par comparer les valeurs de certains indicateurs de problème criminel (a). Trois sont les crimes analysés: les homicides, les vols de voitures et les braquages. En général, comme on peut le voir dans les tableaux en bas de page, la France et l’Italie révèlent un taux d’illégalité bien plus élevé que l’Espagne. Et si la France montre un degré de violence homicide légèrement plus haut de celui enregistré en Italie – à l’intérieur d’une tendance commune légèrement décroissante – (voir Tableau 6), cette dernière enregistre un nombre beaucoup plus élevé de braquages (voir Tableau 7). Mais il y a d’autres aspects de relief et d’intérêt absolu concernant l’Italie: le premier fait état d’une forte hétérogénéité dans la répartition territoriale des homicides, au point de pouvoir parler de l’existence d’un modèle “dual” (voir Graphique 1). En effet, les homicides commis dans le sud sont au dessus des niveaux français et, vice versa, ceux commis dans le centre-nord placent le pays à des niveaux semblables à ceux de l’Espagne. Le second aspect concerne l’influence exercée par la violence désorganisée sur le nombre d’homicides, qui dépendent en ordre décroissant de la violence diffuse, de la criminalité organisée et de la criminalité commune. C’est dans ce contexte général qu’interviennent les autres éléments d’enquête et de confrontation: les dimensions du phénomène migrateur (b) et l’incidence de la population d’immigrés sur le total des délits commis (c). Comme on peut le voir dans le Tableau 9 il y a pratiquement un alignement de la situation ita-
lienne et de celle espagnole, alors que le chiffre relatif à la France est sensiblement plus élevé, à souligner une spécificité de la situation de ce pays, comme il est dit à page 5. La situation change si l’on observe les incidences des immigrés sur les crimes commis: il faut encore souligner une spécificité italienne. Bien que le poids des étrangers sur la population totale en Italie soit équivalent à un peu plus de la moitié de celui de la France, l’incidence de la population sur les crimes commis devient égale a deux tiers, et égale si l’on considère la population carcérale. L’Italie apparaît donc le pays tendanciellement exposé au plus grand risque de criminalité de matrice exogène, même s’il émerge des résultats de la recherche que dans les trois pays on assiste à une entrée de nouvelles organisations criminelles impliquées dans 1) des activités auparavant contrôlées ou pratiquées par des structures criminelles autochtones, 2) des activités gérées par des organisations établies plus anciennement sans que cela donne lieu à des conflits, 3) de nouvelles activités, adaptées à leurs caractéristiques d‘origine. Cette sorte d’effervescence criminelle à laquelle on assiste peut être directement rattachée aux phénomènes d’internationalisation du crime et de la mobilité des personnes et des capitaux qui s’est développée cette dernière décennie. En effet l’incidence des immigrés sur les auteurs de crimes est significativement plus élevé par rapport à la dernière décennie. La pression des pays de l’est, liée à la fin du régime communiste, a concerné les trois pays, même s’il se manifeste avec des formes et des intensités différentes. Mais tout en constatant que l’on se trouve devant une plus grande immigration, une plus grande criminalité et une plus grande criminalité d’immigration, il est nécessaire d’affirmer que l’Italie met en évidence encore une fois sa spécificité. La présence d’organisations criminelles étrangères est nettement supérieure
Indicateurs criminels comparés Tableau 6/Nombre d’homicides et incidence tous les 100.000 ab.
Graphique 1/Nombre d’homicides tous les 100.000 ab. en Italie 7
1992
1996
1999
Espagne
473 (1,21)
394 (1,00)
416 (1,06)
France
1.342 (2,35)
1.171 (2,01)
952 (1,61)
5
Italie
1.444 (2,54)
943 (1,64)
805 (1,40)
4
Tableau 7/Nombre de braquages toutes les 100 banques
6
Sud et Iles
3
2
Année 1999 Braquages toutes les 100 banques
Espagne France
Italie
1,95
11,46
1
2,5
Centre-Nord
0 1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
Tableau 8/Nombre de vols d’auto et incidence tous les 100.000 ab. Tableau 9/Immigration et criminalité 1992
1996
1999
Espagne
113.794 (292,04)
113.916 (290,29)
136.797 (347,25)
France
373.077 (652,02)
345.625 (593,27)
299.036 (507,07)
325.196 (572,96)
317.897 (544,47)
294.726 (511,57)
Italie
Immigrés Réguliers
Incidence de la population immigré sur le total des délits commis
Espagne
1,2 millions (3% pop.)
Non disponible
France
3,2 millions (5,6% pop.)
18,6% (sur le total des mis en examen)
Italie
1,7 millions (3% pop.)
13,3% (sur le total des dénoncés)
1999
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La question du nouvel ordre civil en termes de force, de continuité et de capacité d’expansion par rapport à celles basées en Espagne et en France. La pression migratoire de l’est s’est fait surtout sentir en Italie parce que c’est un pays de frontière, alors que la pression venant du sud concerne aussi l’Espagne. Ce sont en effet les pays les plus avancés vers la Méditerranée. La France au contraire bénéficie d’un coté de filtres géographiques constitués au sud et à l’est par les deux pays, et de l’autre elle bénéficie, de par son histoire coloniale, d’amortisseurs activés depuis longtemps envers les migrations provenant des pays africains. En comparant ensuite la présence autochtone et immigrée des organisations criminelles dans les trois pays on remarque une succession de dangerosité et de diffusion croissantes de l’Espagne à la France à l’Italie. Si dans le premier pays la présence de criminalité locale est bien cantonnée dans des expériences délimitées, la criminalité d’importation apparaît plus consistante, surtout à Barcelone. Parmi les groups d’envergure, les italiens et les orientaux, malgré la prédominance numérique de la composante nord-africaine. La France se place dans une position intermédiaire, aussi bien par la présence de criminalité autochtone (même si celle actuelle ne peut certes pas être comparée en termes de capacité organisatrice et d’activité à l’échelle internationale à celles des clans marseillais) que par la présence de groupes opérants dans des activités ayant un degré limité de violence. Pour finir, l’Italie qui se positionne au sommet de l’échelle de la gravité. La criminalité autochtone est constituée, comme on le sait, de quatre grandes associations criminelles qui ont de solides racines dans le sud mais qui sont, depuis longtemps déjà, projetées vers le nord et qui présentent des ramifications internationales. Elles sont côtoyées par de nombreux groupes étrangers qui opèrent sur le territoire avec une fonction de substitution ou d’addition, de façon autonome ou bien en “joint venture”. Impliquées dans de vastes trafics et parfois, comme le montre l’exemple milanais, non loin du démarrage de certaines formes de contrôle du territoire. Le Tableau 10 fourni ainsi un schéma comparé: si l’Italie enregistre la présence d’un nombre important de groupes criminels étrangers qui ont aussi bien une fonction de substitution que d’addition dans les secteurs existants comme dans les nouveaux, pour la France et pour l’Espagne, d’un point de vue numérique, la présence est nettement plus basse. Mais l’Italie devient un cas aussi dès le moment où elle pose sur
Tableau 10/La criminalité étrangère: modèles comparés
la balance la question de l’ordre civil. Comme on peut le voir dans l’image 2 au bas de page, en distribuant sur un plan cartésien les trois situations nationales en fonction de la dangerosité criminelle et des orientations racistes, l’Italie obtient les valeurs les plus hautes. L’explication vient du fait que l’Italie expérimente depuis une période trop brève la rencontre avec les mouvements migratoires et surtout avec les activités illégales particulières qui s’y sont développées. Il s’est donc crée une hostilité sociale diffuse qui a alimenté des idéologies politiques fondées sur le préjugé ethnique et sur la culture du soupçon. Ceci a fait en sorte que se réalise l’équation: présence d’immigrés = plus grande insécurité. Dans les deux autres pays la situation est différente. Car 1) ces dernières années la pression sur les frontières a été moins forte par rapport à l’Italie, 2) ils ont fait l’expérience d’un rapport prolongé avec les populations étrangères et avec celles de couleur en particulier. Regardons maintenant les trois métropoles. Chacune fait preuve d’une caractéristique qui lui est propre face à la criminalité étrangère. Voulant recourir à des images, on peut soutenir que Milan, ville de croisements et d’établissements rémunérateurs, se caractérise en tant que “ville école”. Les groupes criminels qui arrivent sont obligés de faire face rapidement à deux problèmes: 1) un environnement hostile et 2) une forte criminalité préexistante. Paris est plutôt la “ville amphitryon”. Il n’y a pas de clans autochtones forts et il y a beaucoup de possibilités d’établissement pour les groupes exogènes, en particulier dans le secteur du recyclage. C’est l’assiette riche la plus accessible pour les groupes hors frontières. Plus difficile semble l’insertion dans la gestion du petit trafic, tenu en main par des formes pas très organisés mais aguerries de criminalité locale. Enfin Barcelone, la “ville prairie”. Ceci pour deux raisons: 1) le caractère de métropole donnant sur la mer qui en a fait un lieu d’accès et d’établissement idéal, en considération aussi des avantages donnés par les liaisons naturelles avec l’Amérique du sud et les routes de la drogue correspondantes; 2) la faiblesse de la criminalité locale qui a livré aux nouveaux groupes un terrain sans concurrence réelle. L’établissement de groupes de délinquants a donc été facilité, exactement comme une course dans la prairie. Avec ces trois images il est possible de résumer les situations illégales et criminelles et les processus historiques observés par le groupe de recherche.
Image 2/Immigration et société: le nouvel ordre civil
Nombre de groupes ethniques BAS
HAUT C
Type de fonction remplie
DE A SUBSTITUTION
France
B D’ADDITION
Italie D
Espagne France
MATURATION ORIENTATIONS RACISTES
ITALIE FRANCE
ESPAGNE
Italie
DIMENSION CRIMINELLE ETRANGERE
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Groupe de recherche Directeur: Professeur Nando dalla Chiesa (Associé de Sociologie Economique à l’Università degli Studi de Milan) Espagne Coordonnateur de la recherche : Docteur Ramon Macìa Gomez (Magistrat Audiencia de Barcelone) Chercheur : Docteur Salvatore Gurrieri (Professeur Lycée Italien de Barcelone) France Coordonnateur de la recherche : Professeur Jacques Soppelsa (Président et Titulaire de Géopolitique à l’Université La Sorbonne de Paris) Chercheur : Docteur Fabrice Rizzoli (Doctorat de recherche Université La Sorbonne de Paris) Italie Coordonnateur de recherche : Professeur Nando dalla Chiesa (Associé de Sociologie Economique à l’Università degli Studi de Milan) Chercheurs : Docteur Giuseppe Muti (Doctorat de recherche à l’Université La Sapienza de Rome) Docteur Simona Peverelli (Directrice d’Omicron)
Omicron Osservatorio Milanese sulla Criminalità Organizzata al Nord Comitato scientifico/Giancarlo Caselli, Adolfo Ceretti, Nando dalla Chiesa, Michele Dalla Costa, Vittorio Grevi, Alison Jamieson, Maurizio Laudi, Marcelle Padovani, Livia Pomodoro, Virginio Rognoni, Maurizio Romanelli, Adriano Sansa, Bartolomeo Sorge, Armando Spataro, Federico Stella Direttore responsabile/Gianni Barbacetto Caporedattrice/Simona Peverelli Redazione/Alberto Busi, Lillo Garlisi, Patrizia Guglielmi, Laura Incantalupo, Ombretta Ingrascì, Paola Murru, Giuseppe Muti, Mario Portanova, Tommaso Santuari, Eva Tallarita Registrazione/Tribunale di Milano N. 249, 19 Aprile 1997 Stampa/In proprio – Tiratura: 1.300 copie Abbonamento annuale/Ordinario Euro 25 Sostenitore Euro 50 Editore/Omicron – Onlus viale Col di Lana 12, 20136 Milano Tel. (+39) 02 88 45 04 57 Internet: www.omicronweb.it – E-mail: redazione@omicronweb.it Per lasciare messaggi o informazioni, chiamare dal lunedì al venerdì
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COMMISSIONE EUROPEA Direzione Generale: "Giustizia e Affari Interni" Unità: " Crimine Organizzato " Programma Falcone: 2000/FALCONE/183