LA DÉSIMPERMÉABILISATION Des projets rares malgré l’urgence d’adapter nos villes face au changement climatique.
MAÏLYS DELPECH Mémoire de fin d’études _ Promo 2022 Encadré par Laure THIERRÉE
REMERCIEMENTS L’écriture de ce mémoire de fin d’études a été rendue possible grâce à l’investissement et au soutien de nombreuses personnes auxquelles je souhaite ici témoigner ma reconnaissance. En premier lieu, je souhaite remercier mon encadrante, Laure THIERRÉE, qui a su me pousser dans l’approfondissement de mes recherches et faire mûrir ma réflexion tout au long de ce travail de rédaction du mémoire. Je tiens également à remercier les autres professeurs encadrants de cet exercice d’initiation à la recherche pour leurs conseils, Étienne BALLAN, Audrey MARCO et Mathieu LEBORGNE. J’aimerais ensuite remercier les différents acteurs rencontrés au fil de ma recherche, à la fois pour leur disponibilité ainsi que pour leurs témoignages. J’espère grâce à eux, avoir reflété au plus près la réalité, ma recherche ayant pu s’ancrer d’une manière très concrète sur le territoire. Merci à Claude COULOUMA, Brice DACHEUX-AUZIÈRE, Nadine FLORENCE, Mathieu GONTIER, Pierre-Jean l’HORSET, Aura PENLOUP, Antoine PETITJEAN, Perrine PRIGENT, Mylène QUILICHINI et François ROBERI. J’aimerais également remercier les copains de promo pour leur présence, leur bonne humeur et tout simplement pour avoir eu la chance de passer ces deux merveilleuses années à leurs côtés à l’ENSP de Marseille. Merci plus spécialement à Alice, Azilis, Marlon et Pénélope pour leurs conseils dans cette dernière ligne droite. Merci aussi à mes colocataires Margo et Maëva pour leur soutien tout au long de ce travail de recherche. Enfin, le plus grand des merci à Théo pour son soutien à toute épreuve depuis le début de cette grande aventure qu’est le paysage.
© DELPECH Maïlys
TABLE DES MATIÈRES 6
ORIGINES DE LA RECHERCHE
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INTRODUCTION
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PARTIE I_ LA DÉSIMPERMÉABILISATION, UNE CLÉ D’ADAPTATION DES VILLES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
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1. La prise de conscience du réchauffement climatique 2. Des sols imperméables facteurs d’aggravation des conséquences du changement climatique 3. Une gestion de l’eau en ville qui montre aujourd’hui ses limites 4. L’objectif ZAN, premier pas vers un aménagement raisonné du territoire 5. La désimperméabilisation, faire confiance au sol pour gérer l’eau naturellement
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PARTIE II_ LES FREINS ET LEVIERS DE L’APPLICATION DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION DANS LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT
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1. Étude de cas : Marseille et Narbonne, deux villes méditerranéennes inégalement armées 2. Les freins de la désimperméabilisation 3. Des leviers pour l’avenir
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CONCLUSION
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TABLE DES FIGURES
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BIBLIOGRAPHIE
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GLOSSAIRE
La désimperméabilisation, potentiel levier de résilience des villes face au changement climatique ?
La désimperméabilisation, un concept en cours d’émergence
ANNEXES - RECUEIL D’ENTRETIENS & QUESTIONNAIRE
ORIGINES DE LA RECHERCHE
LA DÉSIMPERMÉABILISATION, POTENTIEL LEVIER DE RÉSILIENCE DES VILLES FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ? Inondations, records de chaleur, vents violents, pics de pollution ... les catastrophes amplifiées par le changement climatique se succèdent dans nos villes qui se font chaque jour un peu plus inhospitalières pour les citadins. Malheureusement, force est de constater que malgré les nombreuses promesses de réduction de l’empreinte carbone de l’homme depuis la prise de conscience du changement climatique aucun engagement n’est respecté. En 2021, c’est encore 34% de la population mondiale qui se déclarait climato-sceptique avec une légère tendance à la hausse. Face à l’inaction et au manque de conscience de la gravité de la situation qui semble faire parler d’elle comme d’une mode, le dernier volet du sixième rapport du GIEC paru le 4 Avril 2022 est alarmiste et formel : « Il faut inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale au plus tard avant 2025 ! » *
* ROUX C, «Rapport du GIEC : contre le réchauffement climatique, tout doit se jouer avant 2025», Ouest-France {En ligne}, publié le 5 avril 2022
URL : https://www.ouestfrance.fr/environnement/ rechauffementclimatique/ climat-tout-doit-sejouer-avant-2025-selonle-rapport-du-giec7e87a0d4-b4dc-11ecaf07-9a1e7d385411
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C’est par le constat de cette inaction globale qu’a germé l’envie de rajouter une pierre à l’édifice de la connaissance des moyens d’adaptation des territoires au changement climatique. Le paysagiste est souvent reconnu comme un médiateur entre le paysage et les sociétés. À cette image, ce mémoire d’initiation à la recherche représente une bonne opportunité d’éveiller davantage les consciences et de faire entendre la voix du paysage. Aujourd’hui, c’est le sol qui semble vouloir être écouté devant son imperméabilisation à outrance et la perte progressive et irréversible de la richesse qu’il constitue. Depuis peu, le concept de désimperméabilisation est un sujet de plus en plus évoqué dans les politiques publiques. En quoi consiste-t-il réellement ? Se pourrait-il qu’il réponde à l’élaboration de villes résilientes et à la préservation des sols ? Ce sont ces questions qui ont guidé la recherche qui suit.
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Figure 1 - Dessin d’interprétation du concept de désimperméabilisation
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INTRODUCTION Le changement climatique est une notion face à laquelle nombre de scientifiques nous mettent en garde depuis maintenant plusieurs décennies. Longtemps ignoré, il n’est aujourd’hui plus possible de fermer les yeux face à son existence. Le dernier rapport du GIEC publié le 4 Avril 2022 est formel et nous rappelle à quel point la situation est urgente. Ces cinquante dernières années, le nombre de catastrophes a été multiplié par cinq et ce chiffre est voué à s’accroître dans les décennies futures. C’est notamment dans les villes que les effets se feront le plus ressentir avec une accentuation des effets d’îlot de chaleur urbain et une augmentation du risque inondation causé par une majorité de surfaces imperméables.
Ville : milieu géographique et social formé par une réunion importante de constructions abritant des habitants qui travaillent, pour la plupart, à l’intérieur de l’agglomération. Définition du Robert *
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Face à ce contexte pressant, adapter nos villes est devenu une priorité. Depuis quelques années, les projets d’aménagements conçus se veulent plus respectueux de l’environnement, avec des vertus écologiques, et participent à édifier des villes résilientes. La gestion alternative de l’eau, déconnectée des réseaux d’assainissement, est notamment l’un des sujets majeurs revendiqués dans ces nouveaux aménagements. De plus en plus, on parle de désimperméabiliser la ville et de nouvelles techniques émergent proposant une gestion de l’eau de pluie à la parcelle afin de pallier la pollution des cours d’eau et le risque inondation. Cependant, si le concept de désimperméabilisation est aujourd’hui un sujet très connu, les résultats de recherche sur internet affichent majoritairement des articles de sensibilisation à la question et très peu de projets réalisés, montrant ainsi que le sujet en est encore à un stade très expérimental. La progression de l’étalement urbain en France ces dernières années montre également que la tendance sur le territoire va plutôt à l’imperméabilisation des sols avec des villes qui ne cessent de grandir face à une population urbaine toujours plus importante. Aujourd’hui en France, c’est plus de 80% de la population qui vit en ville*, où la densité ne cesse de s’accroître et donc les enjeux de s’élever dans des zones considérées comme vulnérables au risque d’inondations. Face au contexte climatique urgent, les scientifiques s’accordent à dire que la France n’est pas
suffisamment préparée et qu’elle «reste cantonnée à des mesures sectorielles et à des actions dispersées essentiellement réactives ou curatives, sans vision globale»**. La question qui se pose alors est la suivante : pourquoi, alors que le changement climatique se fait toujours plus pressant, les projets de désimperméabilisation ne sont-ils pas plus courants dans nos villes ? Sur la base d’une recherche exploratoire et d’un corpus de documents divers, la première partie de ce mémoire propose de comprendre d’une manière plus approfondie en quoi l’imperméabilisation des sols aggrave les effets du changement climatique et pourquoi la désimperméabilisation est une solution efficace pour répondre à la problématique des inondations engendrées par les eaux de ruissellement. Cependant, malgré des techniques qui semblent prouver leur efficacité, de nombreux freins persistent au développement des projets de désimperméabilisation. Quels sont-ils et d’où viennentils ? C’est par le biais d’un questionnaire diffusé sur l’ensemble du territoire que la seconde partie de cette recherche s’applique à définir les différents freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation. Afin de mieux les comprendre, une étude de cas a été réalisée en territoire méditerranéen sur la base d’entretiens avec différents acteurs amenés à aborder le sujet de la désimperméabilisation. Ainsi, cette recherche propose de mieux comprendre le concept de la désimperméabilisation et les freins à son application dans les projets d’aménagement. Ceci, afin de pouvoir mieux agir sur ses leviers et l’intégrer d’une manière efficace dans les projets dans le but d’accélérer l’édification de villes résilientes, mieux préparées au changement climatique.
** «Pour un moment politique sur l’adaptation en France», I4CE {En ligne}, publié le 25 février 2022
URL : https://www.i4ce. org/pour-un-momentpolitique-sur-ladaptationen-france/
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PARTIE I
LA DÉSIMPERMÉABILISATION, UNE CLÉ D’ADAPTATION DES VILLES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Afin de comprendre au mieux les enjeux liés au changement climatique et l’importance de la désimperméabilisation dans le contexte actuel, la première partie de cette recherche s’organise sous trois axes. Tout d’abord, un bref historique, depuis les premières découvertes de l’effet de serre jusqu’aux décisions politiques actuelles, permettra d’expliquer le contexte mondial d’urgence climatique. Un deuxième axe proposera ensuite de comprendre en quoi le phénomène d’étalement urbain, à l’origine d’une imperméabilisation démesurée des sols, est aujourd’hui facteur d’aggravation des conséquences du changement climatique. Enfin, le dernier axe sera consacré à la désimperméabilisation et explicitera en quoi l’application de ce concept pourrait participer à réduire les conséquences du changement climatique et plus particulièrement en milieu urbain.
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1. LA PRISE DE CONSCIENCE DE L’EXISTENCE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE CHANGEMENT CLIMATIQUE OU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ? En premier lieu il est important de définir le terme de changement climatique. De nombreuses personnes emploient souvent à tort les termes de réchauffement climatique et de changement climatique afin de désigner le même phénomène or ceci est un abus de langage. En effet, le terme de réchauffement climatique n’existe pas. On parle de réchauffement planétaire ou de changement climatique qui ne définissent pas exactement le même phénomène au même titre que météo et climat n’ont pas la même définition. La terminologie internationale ne s’y trompe pas en distinguant les termes de global warming et de climate change. Par définition, le changement climatique correspond à une modification durable du climat au niveau planétaire due à une augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère tandis que le réchauffement planétaire désigne l’augmentation des températures liée à la chaleur dégagée par l’accumulation croissante, depuis plus de cent ans, de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Dans les deux cas, l’origine anthropique de l’émission de ces gaz à effet de serre est sous-jacente. L’emploi fréquent du terme de réchauffement climatique traduit donc la confusion et le manque de connaissance du phénomène par une grande part de la population. LES DÉBUTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE PAR LA DÉCOUVERTE DE L’EFFET DE SERRE Les premières suppositions sur l’effet de serre sont faites par le physicien français Joseph Fourier en 1824. Par ses recherches, le scientifique montre que la Terre est plus chaude que ce qu’elle devrait être en considérant le principe que « la Terre rend aux espaces célestes toute la chaleur qu’elle reçoit du soleil 1.» Après lui, le 18 Mai 1860 et selon les hypothèses de Claude Pouillet, John Tyndall démontra que certains gaz, dont le dioxyde de carbone, sont plus efficaces que d’autres pour enfermer la chaleur. Comme le résume Robert Nicholls, directeur du Centre Tyndall (centre de recherche britannique du changement climatique) : C’était tout. Il en avait fait assez pour être capable d’envisager l’idée que c’était un mécanisme qui pourrait réguler le climat planétaire. Trente ans plus tard, en 1896, le chimiste suédois Svante Arrhenius réalise une expérience qui permet de quantifier précisément l’effet de serre. Il en conclut que si l’homme rejette dans l’atmosphère de grandes quantités de carbone liées aux activités industrielles fonctionnant au charbon, l’air va se charger en dioxyde de carbone et donc retenir davantage la chaleur. Arrhenius va même jusqu’à estimer qu’un doublement de la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère présent à l’époque entraînerait une hausse de la température moyenne de la planète entre 4°C et 6°C 500 ans plus tard. Cependant, il n’y a selon lui, pas de
Théorie analytique de la chaleur, Joseph Fourier, 1824
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PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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raisons de s’inquiéter puisque « ce réchauffement de l’atmosphère permettra à nos descendants, même si ce n’est que dans un lointain futur, de vivre sous un ciel plus chaud et dans un environnement moins hostile que celui qui nous a été donné 2.» Ce bref retour dans le temps montre que, même si le terme de réchauffement planétaire n’existait pas encore, l’homme a conscience des conséquences de son activité sur le climat depuis près de 150 ans. Toutefois, à cette époque, il ne semblait pas réaliser que l’accumulation du dioxyde de carbone dans l’atmosphère aurait des conséquences néfastes sur le climat. Le chimiste allemand Walter Nernst va même jusqu’à proposer de brûler les réserves de charbon inutiles pour accélérer le réchauffement de la planète. Alors quand est-ce que l’homme a pris conscience des effets néfastes des activités anthropiques sur le climat ? LA PRISE DE CONSCIENCE DES CONSÉQUENCES DES ACTIVITÉS ANTHROPIQUES SUR LE CLIMAT 2
Svante Arrhenius, 1896.
GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. 3
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OMM : Organisation Météorologique Mondiale.
PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement. 5
CCNUCC : Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. 6
COP : Conférence des Parties. Créée en 1995 par l’ONU dans le cadre de la CCNUCC. 7
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À partir des années 1960, les scientifiques commencent à s’inquiéter de l’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère et des conséquences que cela peut avoir sur le climat. C’est également à partir de cette date qu’apparaissent les premières préoccupations de l’homme pour l’environnement au sein de la politique et notamment en 1972 lors du Sommet de la Terre à Stockholm. Pour la première fois on y évoque la notion de changement climatique et l’homme reconnaît les conséquences de ses activités sur le climat. Il faudra cependant attendre encore une quinzaine d’années pour voir apparaître les premières actions visant à mieux comprendre le phénomène. C’est finalement en Novembre 1988, que le GIEC3 est créé par l’OMM4 dans le cadre du Programme des Nations Unies pour l’Environnement5. Ce groupe d’experts est chargé de collecter les données scientifiques concernant le changement climatique et de mettre en place des mesures d’adaptation face à celui-ci. Le premier rapport du GIEC est publié en 1990. À l’intérieur de celui-ci, les scientifiques analysent les causes du changement climatique et ses impacts sur les écosystèmes et la société en élaborant des scénarios prédictifs. En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio et suite à ces premiers rapports d’évaluation du GIEC sur le changement climatique, l’Assemblée générale des Nations Unies décide de mettre en place la CCNUCC6, traité signé par l’Union européenne ainsi que 195 pays (Parties), visant à réduire l’impact des activités anthropiques sur le climat. Ce n’est donc qu’une trentaine d’années après que les scientifiques aient commencé à s’inquiéter des conséquences de l’effet de serre sur la planète que les premières décisions politiques visant à réduire l’impact humain sur le climat ont été prises. Depuis 1995, les États parties se réunissent chaque année lors des COPs7 à l’occasion desquelles les pays signataires fixent des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre et de l’impact de l’homme sur le climat. Alors comment ont évolué les pratiques humaines au cours des deux dernières décennies ?
MALGRÉ LES ENGAGEMENTS, PEU D’ACTIONS Le premier accord pour le climat est signé en 1997 à l’occasion du Protocole de Kyoto. Lors de ce rassemblement, 37 pays industrialisés s’engageaient à réduire de 5% leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement de la planète. Mais qu’en est-il 20 ans plus tard ? « Depuis 2010, les émissions de gaz à effet de serre augmentent plus vite encore que dans les décennies précédentes. » 8 Si l’UE a bel et bien réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 24% entre 1990 et 2012, cela ne représente malheureusement qu’un faible nombre de pays impliqués excluant les Etats-Unis et le Canada, deux des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre. En parallèle, la planète continue donc de se réchauffer et le GIEC de réévaluer ses projections à la hausse pour le siècle à venir. Ainsi, en 2014, un article paru dans Le Monde expliquait qu’ « en 1990, le premier rapport prévoyait une hausse maximale de 3 °C de la température moyenne du globe à la fin du XXIe siècle, le deuxième une augmentation de 3,5 °C, puis 3,6 °C en 2001 avant une prévision maximale à 4 °C en 2007.» Pour remédier à cela, en 2015 lors de la COP21, est signé l’Accord de Paris, premier accord international à caractère universel signé par 183 pays (dont le Canada et les États-Unis) et au sein duquel les pays signataires s’engagent à maintenir un réchauffement n’excédant pas 2°C d’ici à 2100. Cependant, dès 2017 les chiffres de l’INSEE montrent que « les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne baissent pas pour autant et ont même doublé depuis 1970 et augmenté de plus de 40% depuis 1990, le CO2 représentant les trois quarts de ces émissions.» Seulement trois ans après cet accord, lors de la COP24, le manque d’investissement des États parties transparaît déjà à travers de nombreuses critiques selon lesquelles l’urgence écologique et climatique ne se ressent plus de tout dans les négociations internationales sur le climat. Face à cette inaction, dans son dernier rapport paru le 28 Février 2022, le GIEC va jusqu’à prévoir un réchauffement de 1,5°C d’ici 2030 soit dix ans plus tôt que la précédente prévision du GIEC, et un maximum de 5°C d’ici 2100. Les scientifiques dénoncent également des conséquences extrêmes et irréversibles pour des siècles voire des millénaires pour la planète liées à un manque de volonté politique. « Nous avons atteint un seuil où les effets sont irrémédiables, même dans l’hypothèse d’une limitation de la hausse des températures à 1,5°C comme fixé dans l’Accord de Paris. Le GIEC dénonce une inadéquation des moyens mis en œuvre face à la rapidité des changements, signe d’un manque de volonté politique avec, pour exemple, le non-respect des engagements de Glasgow 2021 lors de la COP 26 en matière de doublement des budgets pour lutter contre le réchauffement climatique. » 9
Rajendra Pachauri, Président du GIEC
8
Sixième Rapport d’évaluation du GIEC, Deuxième volet, publié le 28 février 2022
9
URL : https://www. vie-publique.fr/ en-bref/284117rapport-2022-du-giecnouvelle-alerte-face-aurechauffement-du-climat
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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QUELQUES ACTIONS CITOYENNES POUR DÉFENDRE LE CLIMAT Si 72% de la population mondiale se déclare inquiète pour le climat, une grande partie est encore climatosceptique et la mobilisation des citoyens reste faible. Seules quelques ONG, s’indignant du manque d’implication des gouvernements dans la lutte contre le changement climatique, ont développé des actions au cours des dernières décennies. La plus connue étant probablement l’ONG internationale Greenpeace. À l’origine créée en 1971 dans le but de stopper des essais nucléaires américains, elle a progressivement élargi son combat et défend aujourd’hui la lutte contre le changement climatique en dénonçant les conséquences des activités humaines sur le climat. En 2018, épaulée par trois autres associations environnementales, Greenpeace poursuit le gouvernement français en justice pour inaction contre le changement climatique.
« L’action défaillante de l’État en matière de lutte contre le changement climatique traduit une carence fautive de l’État à respecter son obligation de protection de l’environnement, de la santé et de la sécurité humaine découlant de la Constitution et de la Convention des droits de l’homme. » 10
La Tribune.Climat : quatre ONG poursuivent la France en justice pour «inaction». Publié le 18 décembre 2018 10
URL : https://www. latribune.fr/entreprisesfinance/industrie/ energie-environnement/ rechauffementclimatique-la-francepoursuivit-parquatre-ong-pourinaction-801462.html
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Dans ce courrier, les ONG rappellent les nombreux leviers d’actions que possède l’État français afin de respecter ses engagements lors de l’Accord de Paris : investissements publics, arbitrages budgétaires, fiscalité, adoption de réglementations et normes contraignantes ou incitatives. La même année, la jeune suédoise Greta Thunberg se lance dans un mouvement de grève contre l’école devant le Parlement afin d’exiger du gouvernement suédois qu’il respecte ses engagements de l’Accord de Paris en matière de réduction des émissions de CO2. Cet acte fut par la suite décliné dans de nombreux pays où naquirent de nombreux mouvements citoyens ayant le même objectif. Si les gouvernements restent donc relativement passifs dans la réduction des gaz à effet de serre, les actions citoyennes sont bien présentes pour essayer de faire prendre leurs responsabilités aux gouvernements. Mais comment la dégradation du climat se fait-elle ressentir aujourd’hui sur les écosystèmes et la société en général ? DES CONSÉQUENCES IRRÉVERSIBLES POUR DES MILLÉNAIRES Le sujet le plus évoqué en parlant des conséquences du changement climatique est probablement la montée des eaux. Depuis un siècle le niveau des océans s’est élevé de 20 centimètres et le rythme de cette hausse s’est accéléré au cours de la dernière décennie avec la fonte des calottes glaciaires. D’après les prévisions du GIEC, le niveau des océans pourrait gagner un mètre d’ici 2100 et deux mètres d’ici 2300, mais l’incertitude concernant les calottes laisse possible l’hypothèse d’une montée des eaux de deux mètres à l’horizon 2100.
Ces scénarios laissent aujourd’hui présager la submersion de nombreuses villes côtières à l’image de ce qui est actuellement observé dans le Delta du Gange au Bangladesh. Une seconde grande conséquence du changement climatique concerne le bouleversement des écosystèmes à travers notamment l’extinction de certaines espèces au profit de la prolifération d’autres. Si cette extinction apparaît aux yeux de nombreux climatosceptiques comme faisant partie du cycle naturel des choses, il apparaît en réalité que la disparition des espèces s’accélère et est actuellement 100 à 1000 fois plus rapide qu’à la normale. Selon le site internet climat.be, « le changement climatique pourrait bien devenir la principale cause de disparition des espèces d’ici la fin du XXIème siècle 11 ». Enfin, l’une des grandes conséquences du changement climatique observable par tous est l’accroissement du nombre de catastrophes naturelles au cours des dernières décennies. Les phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes, pluies torrentielles, canicules, etc.) se font aujourd’hui ressentir de plus en plus fréquemment et violemment, les catastrophes s’enchaînent et avec elles les dégâts matériels et humains. Selon le rapport de l’OMM publié le 31 Août 2021, « une catastrophe d’origine météorologique, climatique ou hydrologique a été enregistrée en moyenne par jour au cours des cinquante dernières années, entraînant quotidiennement le décès de 115 personnes et des dégâts se chiffrant à 202 millions de dollars E.U.12 » L’Atlas de la mortalité et des pertes économiques dues aux phénomènes météorologiques, climatiques et hydrologiques extrêmes (1970-2019) également publié par l’OMM, montre que c’est au total plus de 11 000 catastrophes qui ont engendré la mort de plus de 2 millions d’habitants et des coûts matériels s’élevant à 3.64 billions de dollars E.U. ces cinquante dernières années. Entre 1970 et 2019, les facteurs météorologiques, climatiques et hydrologiques ont été à l’origine de 50% des catastrophes, 45% des décès et 74% des pertes économiques dans le monde. Parmi ces évènements extrêmes, les inondations se trouvent au troisième rang des catastrophes les plus meurtrières, derrière la sécheresse et les tempêtes, avec un total de 58 700 morts et des dégâts estimés à 115 milliards de dollars. CONCLUSION Bien que le changement climatique soit conscientisé depuis près d’un siècle, les objectifs visant à limiter l’impact des activités anthropiques sur le climat ne cessent d’être repoussés entraînant la dégradation progressive de notre cadre de vie. Les inondations se succèdent menaçant chaque fois davantage l’homme et ses biens. Mais comment en est-on arrivés à une telle situation ? C’est particulièrement aux phénomènes d’inondations que la suite de cette recherche s’intéressera. Tout comme les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités anthropiques participent au réchauffement planétaire, l’évolution du traitement des sols au cours de l’histoire n’est pas étrangère à l’intensification des phénomènes d’inondations.
11 Climat.be. Conséquences sur la biodiversité.
URL : https://climat. be/changementsclimatiques/ consequences/ biodiversite 12 OMM. «Les catastrophes météorologiques se sont multipliées au cours des cinquante dernières années, causant plus de dégâts mais moins de décès», publié le 31 août 2021.
URL : https://public. wmo.int/fr/medias/ communiqués-depresse/les-catastrophesmétéorologiques-sesont-multipliées-aucours-des-50
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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2. DES SOLS IMPERMÉABLES FACTEURS D’AGGRAVATION DES CONSÉQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE Tout d’abord, afin de mesurer pleinement les conséquences de l’imperméabilisation des sols, il est important de rappeler ce qu’est le sol et en quoi il constitue une richesse que l’homme ne semble plus considérer à sa juste valeur. LE SOL, UNE RESSOURCE NATURELLE AVANT TOUT Sol - nm. Partie superficielle de la couche terrestre, à l’état naturel ou aménagée par l’homme. 13
Le sol constitue la couche externe de la croûte terrestre, au carrefour de la lithosphère, de l’atmosphère et de la biosphère. Formé par l’érosion de la roche et la dégradation successive d’une végétation qui s’est implantée depuis des millions d’années, c’est une ressource précieuse aux fonctions indispensables à la survie des écosystèmes terrestres.
LE PÉDOLOGUE
L’ÉCOLOGUE
L’AGRICULTEUR
LE PAYSAGISTE
L’ARCHITECTE
Figure 2 - Dessins d’illustration de plusieurs définitions du sol en fonction des différentes disciplines qui l’appréhendent
13
Définition du Petit Robert
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De nombreuses disciplines étudient et travaillent avec le sol. La Figure 2 ci-dessus illustre différentes définitions du sol appréhendé par des professions en lien avec le champ du paysage. Si pour chacune d’elle sa définition est différente, toutes s’accordent à dire que le sol est une ressource précieuse et limitée car non renouvelable à l’échelle humaine.
Le sol constitue en effet une grande richesse par ses nombreuses fonctions intrinsèques, souvent complémentaires et essentielles à l’équilibre des écosystèmes. Le schéma ci-dessous recense quelques unes de ses fonctions les plus importantes organisées en trois grandes idées. Tout d’abord, comme évoqué précédemment, le sol est issu de la dégradation de la roche mère cumulée à de la matière organique, c’est donc un socle vivant qui constitue à la fois l’habitat de la plus grande diversité d’organismes vivants sur Terre ainsi que le support des écosystèmes terrestres et des activités anthropiques. Bien qu’à une échelle de temps très longue, la vie du sol est extrêmement importante pour assurer le renouvellement de la ressource à travers la décomposition de la matière organique. Ensuite, le sol possède un rôle climatique grâce à sa capacité à séquestrer le carbone et ainsi à réguler les températures. Enfin, et c’est l’aspect qui sera davantage traité au cours de cette recherche, le sol permet de réguler les inondations en infiltrant l’eau, permettant également le rechargement des nappes phréatiques. Cependant, cette dernière fonction reste dépendante de la nature du sol. RÉGULATEUR THERMIQUE
RÉGULATION DES INONDATIONS
SUPPORT DE LA VÉGÉTATION
SOCLE DES INFRASTRUCTURES
TERRE FERTILE PROPICE AUX CULTURES
SÉQUESTRATION DU CARBONE PURIFICATION DE L’EAU CO2 CO2
HABITAT DES MICRO-ORGANISMES
RESSOURCE MINÉRALE
Figure 3 - Dessin d’illustration des différentes fonctions du sol PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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UNE RESSOURCE UNIQUE À PRÉSERVER Horizon O Humus
Horizon A Riche en matière organique
Horizon B
Mélange d’éléments grossiers et de matière organique
Horizon C
Roche mère altérée
Figure 4 - Composition d’un sol
Figure 5 - Triangle des textures
La structure du sol est complexe : elle se compose de différents horizons issus d’un mélange de dégradation de la roche mère et de matière organique (cf Figure 4). Soumis à différents facteurs (géologie, topographie, climat, végétation, etc.) au cours de sa création, le sol peut être de natures diverses comme présenté sur le triangle des textures ci-dessus. Ses propriétés varient alors en fonction de sa composition. Au niveau européen, 320 types de sols ont été identifiés jusqu’alors, chacun disposant de caractéristiques et de propriétés différentes. De ce fait les sols ne sont pas interchangeables et il est donc primordial de connaitre leur nature afin d’y adapter au mieux l’occupation et les usages. Par exemple, un sol sableux est très filtrant tandis qu’un sol argileux, très dense et collant, peut être imperméable et donc empêcher l’infiltration de l’eau.
Nature du sol
Sableux
Sablo-limoneux
Limono-sableux
Limoneux
Limono-argileux
Argilo-sableux
Argileux
Conductivité hydraulique (mm/h)
210
61
26
13
2.3
1.2
0.6
Figure 6 - Tableau du taux l’infiltrabilité des sols en fonction de leur nature
18
« La préservation et la bonne gestion des sols est un enjeu majeur pour favoriser l’adaptation des sociétés humaines aux effets du changement climatique. 14 » À l’état naturel le sol est en mesure de répondre à de nombreuses problématiques auxquelles la planète fait aujourd’hui face dans le contexte du changement climatique. Par ses différentes caractéristiques et l’histoire de sa formation, chaque sol représente une richesse précieuse par son caractère unique et non interchangeable. Cependant, l’homme semble peu à peu avoir oublié la valeur de ce sol. Urbanisation, imperméabilisation à outrance, tassements, pollution, etc., soumis à ces nombreuses pressions, les sols se sont vus progressivement fragilisés au cours de l’histoire et ne sont pour la plupart plus en mesure de remplir les fonctions précédemment énoncées. À tel point qu’aujourd’hui, Lydia et Claude Bourguignon connus sous le surnom de Médecins des sols, estiment que « c’est près de 50% de la matière organique globale des sols en France qui a été perdue depuis 1950, soit 80 à 90% de la faune.15 » Si le rôle du sol est donc crucial, comment cette ressource a-t-elle pu être progressivement oubliée au cours de l’histoire ? Quelles sont les pressions auxquelles le sol fait face ? Comment évolue la dynamique d’imperméabilisation des sols sur le territoire ? LE PHÉNOMÈNE D’ÉTALEMENT URBAIN, ORIGINES D’UNE IMPERMÉABILISATION DÉMESURÉE DES SOLS Le territoire français a connu au fil des siècles de profondes mutations engendrées par l’installation de l’homme. Tandis qu’au XIIIème siècle, la population française s’élevait au nombre de 21 millions d’habitants, la démographie a presque triplé pour atteindre les 65 millions au XVIIIème siècle. Cette forte croissance et l’implantation de l’homme jusque dans les endroits les plus reculés a largement marqué le paysage français. Alors qu’à cette époque, la population est majoritairement rurale avec 80% des habitants résidant à la campagne contre 20% en ville, le phénomène s’est progressivement inversé avec les diverses vagues d’exodes ruraux jusqu’à atteindre, en 1990, une répartition de la population à 80% urbaine16 contre 20% rurale.
14 Ministère de la Transition Écologique. Centre de ressource pour l’adaptation au changement climatique. «Sols, un milieu riche, indispensable, non renouvelable... et soumis à de multiples pressions».
URL : https://www. adaptation-changementclimatique.gouv.fr/ thematiques/sols
15 «Pour Claude et Lydia Bourguignon, les sols sont la clé de notre santé», Essentiel santé magazine {En ligne}, publié le 28 août 2019.
URL : https://www. essentiel-santemagazine.fr/societe/ environnement/claudelydia-bourguignon-solscle-sante
En France, seuls les habitants des communes comptant plus de 2000 habitants sont considérés comme population urbaine.
16
La courbe démographique s’est notamment accélérée au cours des cinquante dernières années avec un pourcentage d’augmentation de 40% entre 1961 et 2011. Quelles ont été les conséquences de cette explosion démographique sur le territoire ?
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
19
Afin d’accueillir une population grandissante, l’extension des villes s’organise sur les espaces agricoles qui les entourent, consommant ainsi de plus en plus d’espace. La banalisation de la voiture aux environs des années 1960 et le développement d’ infrastructures routières ont permis un étalement urbain disproportionné. Les données INSEE de l’époque indiquant une diminution du nombre moyen de personnes par foyers entre 1968 et 2007, passant de 3.1 à 2.3, reflètent l’éclatement familial au profit de l’augmentation des logements. Ce constat est également visible d’un point de vue paysager avec la naissance des lotissements pavillonnaires et l’extension des villes par un tissu lâche connu sous le nom de périurbain.
« L’habitat individuel représente plus de 60 % des logements construits depuis 1975 contre environ 40 % lors des trente années précédentes. Or, la majeure partie de la construction s’opère sur des terrains initialement dévolus à d’autres usages (agricoles, forestiers ou semi- naturels) et éloignés des centres-villes. 17» Cependant, si le tissu résidentiel est à l’origine à lui seul de 50% des surfaces artificialisées et imperméabilisées, la banalisation de la voiture est également à l’origine du développement de grandes ZAE18 représentant elles aussi une part importante des sols imperméabilisés.
Commissariat général au développement durable, «Urbanisation et consommation de l’espace, une question de mesure», La Revue du CGDD, Publié en Mars 2012. 17,19
URL : https:// www.statistiques. developpement-durable. gouv.fr/sites/default/ files/2018-10/RevueCGDD-mars2012.pdf
ZAE : Zone d’Activités Économiques.
18
20
« L’extension du tissu urbain et des zones industrielles ou commerciales consomme les plus grandes surfaces. La France est le sixième pays pour l’importance des zones industrielles ou commerciales au sein des surfaces nouvellement artificialisées avec 25% des surfaces artificialisées concernées. 19 » Les débuts d’une imperméabilisation massive des sols furent sans aucun doute marqués par l’arrivée de la distribution de masse dans les années 1960. Ce fut notamment à partir des années 1990 et 2000, suite aux lois de décentralisation, que fut construite à l’initiation des intercommunalités la plus grande partie des ZAE aux portes des villes. Selon une étude réalisée à l’occasion du Grenelle de l’environnement en 2007, le nombre de zones d’activités économiques en France oscillait à la même époque entre 24 000 et 32 000, couvrant ainsi une surface d’environ 450 000 hectares, soit 1.2% de la surface du territoire national. La dynamique de l’étalement urbain étant progressive, la question s’est posée de savoir quelle est la surface totale aujourd’hui imperméable en France ? Si aucune donnée n’a pu être trouvée en utilisant le mot clé «imperméable», son remplacement par le terme «artificialisé» a été porteur de résultats.
Il n’existe aujourd’hui aucune réelle distinction entre les termes d’artificialisation et d’imperméabilisation, l’imperméabilisation étant une conséquence de l’artificialisation. Les données du graphique ci-dessous chiffrant les surfaces artificialisées peuvent donc être interprétées comme équivalentes aux surfaces imperméabilisées.
Figure 7 - Évolution de l’artificialisation des sols en France entre 1982 et 2018
Élaboré à partir des données Teruti-Lucas, le graphique confirme que la tendance d’imperméabilisation des sols va à la hausse et a presque doublé entre 1982 et 2018. Ainsi en 2018, c’est un peu plus de 9% du territoire qui étaient artificialisés contre 5% en 1982. Cette dynamique est encore aujourd’hui croissante avec environ 65 000 hectares qui sont artificialisés tous les ans, soit l’équivalent d’un département français qui est imperméabilisé tous les 10 ans20. Mais quels sont les effets de cette artificialisation massive des sols sur l’environnement ? En quoi l’imperméabilisation des sols vient-elle aggraver les conséquences du changement climatique ?
20 L’artificialisation des sols en France, PLANETOSCOPE {En ligne}, consulté le 9 février 2022
URL : https://www. planetoscope. com/sols/2024-lartificialisation-des-solsen-france.html
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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BÉTON REMBLAI GRAVATS Figure 8
Figure 9
Figure 10
INERTE SOL MORT
RÉSEAUX Figure 11
Figure 12
Figure 13
ASPHALTE
CANALISATIONS DÉCHÊTS Figure 14
22
Figure 15
Figure 16
DES SOLS IMPERMÉABLES QUI AGGRAVENT LE PHÉNOMÈNE DE RUISSELLEMENT
« L’imperméabilisation des sols est l’une des premières causes de dégradation des sols en Europe. »
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Face au bouleversement de leurs caractéristiques naturelles les sols imperméabilisés ne sont plus en mesure de remplir leurs fonctions et jouent même un rôle d’aggravation des conséquences du changement climatique particulièrement visibles en milieu urbain. Ainsi ce sont notamment les phénomènes d’îlots de chaleur urbains par la réverbération de la chaleur des sols minéraux ainsi que les inondations qui sont les sujets les plus évoqués aujourd’hui. Pour la suite de cette recherche, deux types d’inondations sont à distinguer : les inondations par ruissellement et les inondations par débordement de cours d’eau. Découlant de nombreux paramètres spécifiques à chaque territoire, le phénomène de ruissellement est le plus mal connu des acteurs, complexifiant son appréhension. En France, le risque inondation, qui comprend également le risque d’inondation par submersion marine, est aujourd’hui le premier risque naturel avec plus de 27 000 km2 classés zone inondable et près de 5.1 millions de personnes résidant dans ces zones. Face à la variation des phénomènes météorologiques, c’est l’ensemble du territoire métropolitain qui est vulnérable. Cependant, l’imperméabilisation aggravant le phénomène de ruissellement, le risque de survenue d’une inondation par ruissellement en cas de fortes pluies est accentué en milieu urbain et les enjeux humains et matériels y sont également beaucoup plus élevés. Ce risque est d’autant plus élevé que la gestion du tout-tuyau montre aujourd’hui ses limites, les canalisations étant rapidement saturées dès que leur dimensionnement s’avère être trop faible pour l’événement pluvieux. Ces inondations présentent également de forts enjeux environnementaux et notamment par la pollution des milieux. En effet, le ruissellement de l’eau sur des surfaces imperméables et le plus souvent carrossables, est à l’origine de 85% de la pollution des eaux pluviales22. Qu’elles soient gérées par un réseau d’eaux pluviales ou qu’elles ruissellent jusqu’à l’exutoire, l’issue est la même : la goutte d’eau se jette dans un ruisseau, une rivière ou tout simplement dans la mer, polluant ainsi les milieux. Les enjeux liés au risque inondation sont donc divers et d’autant plus élevés que les surfaces sont imperméables. Face à ce risque, l’État a pour devoir de garantir la sécurité des habitants et de protéger autant que possible les biens matériels et l’environnement. L’imperméabilisation étant donc considérée comme facteur d’aggravation de ce risque, plusieurs lois ont été votées dans l’objectif de réduire les enjeux et limiter l’imperméabilisation des sols.
VIEILLARD C., DAGOIS R., Désimperméabilisation des sols, services écosystémiques et résilience des territoires : DESSERT, Plante&Cité {En ligne}, Publié en 2021
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URL : https://www. plante-et-cite.fr/projet/ fiche/101/desimpermeabilisation_des_sols_services_ecosystemiques_ et_resilience_des_territoires_dessert/n:25 https://www. plante-et-cite.fr/projet/ fiche/101/desimpermeabilisation_des_sols_services_ecosystemiques_ et_resilience_des_territoires_dessert/n:25 22 Agence de l’eau Rhin-Meuse. La gestion durable et intégrée des eaux pluviales. Publié en décembre 2021.
URL :https://www. eau-rhin-meuse.fr/sites/ default/files/gestion_ integree_des_eaux_ pluviales.pdf
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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3. UNE GESTION DE L’EAU EN VILLE QUI MONTRE AUJOURD’HUI SES LIMITES Afin d’aborder les limites de la gestion actuelle de l’eau en ville, il est important dans cette partie d’effectuer un bref historique de la gestion de la ressource en eau en milieu urbain au fil des siècles. Ceci permettra en effet de comprendre comment, au regard des faits marquants et des mentalités des différentes époques, les réseaux d’eaux pluviales d’aujourd’hui ont été mis en place. DU MOYEN ÂGE AU XIXÈME SIÈCLE, DES VILLES INSALUBRES PORTEUSES DE MALADIES
23 «L’insalubrité parisienne au XVIIIème siècle»,Histoires de Paris, {En ligne}, publié le 12 mai 2017
URL : https://www. histoires-de-paris. fr/insalubrite-parisienne-xviiie-siecle/
24 La Peste de Justinien : VIème siècle après J.C. ; La Peste Noire : 13461353 ; La Peste de chiffonniers : 1918-1920 à Paris. 25 «Une histoire de l’assainissement», Ville d’Epernay - Archives municipales, {En ligne},
URL : https://www. epernay.fr/sites/epernay/ files/document/article/ epernay_archives_histoire_assainissement.pdf
24
Au Moyen-Âge les villes étaient sales, les rues boueuses et porteuses de maladies. Les eaux usées contenant aussi bien déjections que déchets variés étaient jetées à même la rue où elles se mélangeaient parfois à d’autres écoulements divers avant de se jeter dans le cours d’eau le plus proche. Il n’était pas rare, par exemple, de voir s’écouler le sang des abattoirs. Les trottoirs n’existant pas à cette époque, les habitants se retrouvaient donc à marcher dans une boue composée d’immondices vectrices de maladies.
« Tout n’était que puanteur et saletés. Impossible d’y échapper.23» Les premières mesures d’hygiène furent prises au XIIème siècle entraînant le pavement des rues ainsi que l’aménagement de canaux accompagnés de fossés favorisant l’écoulement des eaux. Cependant, les rues accueillaient toujours les déchets divers jetés par les fenêtres. Cette insalubrité fut notamment à l’origine de la propagation des plus grandes pandémies ayant marqué l’histoire comme les trois pestes24, le choléra (1817-1823) ou encore la grippe espagnole (1918-1921) qui ont engendré la mort de centaines de milliers de personnes. Ce fut notamment au XVIIème siècle que la majorité des épidémies se propagèrent, parmi elles la malaria, les dysenteries et la variole. Cette-dernière était d’autant plus incontrôlable qu’elle se diffusait par la pollution de l’eau, notion encore incomprise à l’époque, les habitants estimèrent donc de leur côté que la propagation était liée à l’air et aux odeurs pestilentielles qui planaient. Suite à ces maladies, certains projets d’assainissement furent mis en place dans plusieurs villes en France. Ce fut notamment le cas à Amiens où une allée d’arbres fut plantée aux portes de la ville afin que « le peuple puisse prendre cet air renouvelé et se purifier25». D’après ce témoignage, les populations de l’époque avaient donc déjà conscience du rôle purificateur de l’air du végétal. Au XVIIIème siècle, ces aménagements se multiplièrent grâce à l’invention de machines complexes permettant de ventiler les rues en les nettoyant grâce à l’usage de l’eau. C’est ce nouveau rapport à l’eau qui initia les grands mouvements hygiénistes observés dès le XIXème siècle.
Figure 17 - Rejet des eaux usées dans la rue au Moyen-Âge
Figure 18 - Vue en coupe du système d’assainissement à Paris en 1886
Figure 19 - Station d’épuration à Arras
AU XIXÈME SIÈCLE, LE COURANT HYGIÉNISTE RÉVOLUTIONNE L’ESPACE PUBLIC Suite aux grandes pandémies et à l’obsession croissante des populations pour la purification de l’air, considéré à l’époque comme vecteur des maladies, émergea le courant hygiéniste. Celui-ci fut également appuyé sur les études scientifiques de Hales et de Priestley, respectivement réalisées en 1733 et 1804, qui mirent en évidence les liens entre bonne santé et hygiène irréprochable.
« Si l’on considère que la peau est un organe respiratoire, on comprendra combien il est important qu’elle soit maintenue dans un bon état de propreté et de souplesse.26 » Suite à ces conclusions, tous les moyens furent mis en œuvre afin d’acheminer l’eau et de l’évacuer sur un maximum d’espaces publics, permettant à l’occasion de supprimer les causes des odeurs nauséabondes. C’est notamment à partir de 1851, suite au coup d’état de Napoléon III, que les plus grands travaux que la ville ait connu aboutirent à la création des réseaux d’assainissement. À Paris, ces travaux titanesques furent menés sous les ordres du baron Haussmann dont l’objectif était d’offrir à la ville une meilleure circulation de la lumière, de l’air et de l’eau en accord avec les principes hygiénistes. Une fois terminés, les aménagements prirent la forme de larges boulevards plantés sous-lesquels s’étendait un vaste réseau labyrinthique de tuyaux destinés à la fois à recueillir les eaux usées et les eaux pluviales. Le tout-à-l’égout est voté comme obligatoire le 10 juillet 1894, deux ans après l’épidémie de choléra ayant causé encore quelques centaines de morts. Les immeubles parisiens sont alors contraints de déverser leurs eaux usées ainsi que leurs eaux pluviales dans les canalisations nouvellement créées et qui transportent le tout jusqu’à la Seine. Ceci posant néanmoins un problème de pollution, les ingénieurs Mille et Durand-Claye travaillèrent à l’élaboration de systèmes de filtration grâce à l’épandage des eaux usées sur des terres agricoles. Cependant, la rapide consommation de ces terres par l’étalement urbain contraint rapidement les ingénieurs à trouver de nouvelles techniques et à inventer les stations d’épurations qui permettent aujourd’hui le rejet des eaux filtrées dans les milieux naturels.
26 VIGARELLO G. «Le Propre et le Sale. L’hygiène du corps depuis le Moyen-Âge» I Éditions SEUIL, publié le 1er février 1985.
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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À PARTIR DU XXÈME SIÈCLE, UNE GESTION TOUT TUYAU QUI MONTRE SES LIMITES La gestion des eaux usées par la méthode dite du tout-à-l’égout fut considérée comme satisfaisante jusqu’en 1970. À partir de cette date, la croissance de la population urbaine devenant trop importante et les sols faisant l’objet d’une imperméabilisation massive, les réseaux d’assainissement commencèrent à montrer leurs limites. Aujourd’hui, c’est notamment lors des phénomènes pluvieux intenses que les canalisations se trouvent saturées, étant parfois sous-dimensionnées pour accueillir certaines occurrences de pluies27. 1
1
1
40%
35%
30%
10% 25% 25%
2
30% 20%
3
15%
4
Occurrence de pluie : précipitations moyennes d’une pluie relatives à une durée 27
Nappe phréatique : aussi appelée nappe aquifère. C’est une réserve d’eau douce souterraine
28
29 Agence de l’eau Rhin-Meuse, ADOPTA. «Gestion à la source des eaux pluviales & Contribution à la lutte contre le changement climatique»
URL : https://adopta. fr/wp-content/ uploads/2021/05/adopta-FAQ_GIEP_06_0521.pdf
26
2
55% 10%
3
5%
4
MILIEU NATUREL 0-10% imperméable
2_ Ruissellement
3
4
MILIEU SEMI-NATUREL 30-50% imperméable
1_ Évapotranspiration
2
3_Infiltration superficielle
MILIEU URBAIN 75-100% imperméable
4_Infiltration profonde
Figure 20 - Cycle de l’eau en fonction de l’imperméabilité des sols
L’imperméabilisation des sols bouleversa à tout point de vue le cycle de l’eau en empêchant son infiltration et en augmentant ainsi le risque d’inondations. Dans le cycle naturel des choses, l’infiltration de l’eau dans le sol est nécessaire au rechargement des nappes phréatiques28. Les surfaces imperméables à l’origine du ruissellement des eaux pluviales entraînent donc une difficulté de rechargement de ces réservoirs souterrains. De plus, le ruissellement de l’eau sur ces surfaces le plus souvent carrossables et chargées en hydrocarbures est à l’origine de 85% de la pollution des eaux pluviales29. Lors des forts évènements pluvieux, les réseaux sont très vite saturés et déversent directement les eaux dans les cours d’eau les plus proches, polluant ainsi les milieux naturels et bouleversant les écosystèmes. Au regard de ces conséquences et dans le contexte du changement climatique et de l’augmentation de la fréquence des fortes pluies, les réseaux d’eaux pluviales ne sont donc aujourd’hui plus considérés comme des solutions fiables.
CONCLUSION La gestion des eaux pluviales a beaucoup évolué en ville au fil des siècles. Si la création des réseaux d’assainissement s’est avérée efficace sur un plan d’évacuation des eaux pluviales en dehors de la ville pendant un temps, l’étalement urbain et l’augmentation des surfaces imperméables révèlent aujourd’hui les limites de ce réseau. L’usage intense de la voiture et les dépôts d’hydrocarbures sur ces surfaces combinés au ruissellement des eaux pluviales présentent même de sérieuses problématiques environnementales. Il est donc nécessaire aujourd’hui de repenser la gestion de l’eau en ville afin de respecter au maximum le cycle naturel de l’eau. Pour cela, le traitement du sol semble être la pièce maîtresse sur laquelle axer les réflexions d’une nouvelle gestion de l’eau. L’imperméabilisation des sols liée à l’étalement urbain n’est en effet pas nécessairement irréversible et de nouvelles pratiques axées sur la renaturation et la désimperméabilisation émergent aujourd’hui dans les villes afin de restaurer certaines fonctions naturelles du sol et gérer l’eau pluviale à sa source. Ces questions sont d’ailleurs aujourd’hui au cœur des politiques publiques et de plus en plus de mesures émergent afin de faire changer les pratiques et initier la résilience des territoires face au changement climatique.
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4. L’OBJECTIF ZAN, PREMIER PAS VERS UN AMÉNAGEMENT RAISONNÉ DU TERRITOIRE Face à la pression foncière accélérant l’étalement urbain et menaçant les milieux naturels ainsi que l’accroissement du risque inondation, plusieurs mesures ont été prises afin de limiter et de raisonner l’imperméabilisation croissante des sols. Ces décisions tendent à faciliter les objectifs climatiques de neutralité carbone. 2009_ LE GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT Votée le 3 août 2009, la loi n°2009-967 dite loi Grenelle 1, est à l’origine de la création des trames vertes et bleues. Bien que ne mentionnant pas explicitement de construire d’une manière plus raisonnée, la notion des corridors écologiques définis par le concept de trames vertes et bleues nécessite de conserver des espaces végétalisés et donc perméables afin de favoriser les échanges entre les habitats. Quelques temps plus tard, la notion de «trame brune» a d’ailleurs été apportée au concept de trame verte et bleue afin de souligner l’importance d’avoir des continuités de sols perméables, à la fois pour la vie du sol mais également pour l’infiltration de l’eau et donc la régulation des inondations. Objectif ZAN : Zéro Artificialisation Nette 30
31 ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie aussi appelée Agence de la Transition Écologique.
32 SRADDET : Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires. 33 SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale.
PLUi : Plan Local d’Urbanisme intercommunal
34
28
2021_ LA LOI CLIMAT ET RÉSILIENCE - L’OBJECTIF ZAN Plus récemment, la loi Climat et Résilience a été votée le 22 août 2021 dans l’objectif d’accélérer la transition écologique en France. Cette ambition s’appuie notamment sur l’objectif ZAN30 dont le but est de diviser par deux le rythme d’imperméabilisation des sols d’ici 2030 et de parvenir à zéro artificialisation nette en 2050. Déjà évoqué en 2018 lors du Plan Biodiversité, cet objectif de réduction des surfaces imperméabilisées a finalement été inscrit trois ans plus tard dans la loi Climat et Résilience. Pour y parvenir, des aides financières ont été débloquées de manière à inciter à la reconstruction de la ville sur elle-même et à la rénovation de logements existants. En parallèle, la construction de nouveau centres commerciaux imperméabilisant davantage les sols est désormais interdite. Dans ce sens, afin de préserver la biodiversité et certains espaces de l’étalement urbain, les zones protégées ont été étendues couvrant aujourd’hui 31% du territoire national. Pour aider les acteurs à atteindre les objectifs en matière d’artificialisation prévus par la loi Climat et Résilience, l’ADEME31 va accompagner 22 territoires, sélectionnés suite à un Appel à Manifestation d’Intérêt, afin de les aider à intégrer la transition vers le Zéro Artificialisation Nette. Les projets retenus sont répartis sur l’ensemble du territoire et ont été choisis de manière à représenter la diversité des enjeux liés à l’artificialisation des sols. La finalité de cette expérience est de définir, pour chacun des territoires, la trajectoire ZAN à suivre afin de pouvoir l’intégrer dans les divers plans et documents d’urbanisme (SRADDET32, SCoT33, PLUi34).
Figure 21 - Carte des 22 lauréats de l’AMI Objectif ZAN
Dans cet objectif, chacun des territoires devra travailler sur les trois leviers suivants : • Le renouvellement urbain. Ce premier levier cherchera à apporter des réponses à comment reconstruire la ville sur elle-même ? Il sera notamment expérimenté par la revitalisation des centresbourgs, la reconversion des friches et la mutabilité des espaces. • La restauration écologique. Ici, c’est davantage la question du potentiel de biodiversité qui sera étudiée par l’identification des zones à renaturer. Différents traitements de ces espaces pourront ensuite être imaginés afin d’y rétablir les continuités écologiques. La désimperméabilisation sera notamment l’une des solution qui pourra être apportée. • L’application de la Séquence ERC (Éviter-Réduire-Compenser). Enfin le dernier levier consistera en une analyse foncière afin de déterminer les espaces potentiels à la densification ou à la renaturation. ÉVITER en limitant l’imperméabilisation nouvelle des sols par rapport à l’urbanisation future. RÉDUIRE en limitant l’impact des nouveaux aménagements. COMPENSER en renouvelant le tissu existant via la désimperméabilisation des surfaces existantes. PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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« L’atteinte de l’objectif de Zéro artificialisation nette en 2050 dépendra de notre capacité à accompagner tous les territoires dans un modèle d’aménagement vertueux, conciliant projets de renouvellement urbain, stratégie de renaturation et documents d’urbanisme ambitieux. Les projets sélectionnés pour l’expérimentation « Objectif ZAN » montrent la voie et prouvent, qu’à toutes les échelles, le volontarisme des élus locaux et des solutions innovantes sont déjà à l’œuvre pour concilier développement territorial et sobriété foncière.35 »
Emmanuelle Wargon, Ministre du logement 35
30
Au regard des dernières prévisions du GIEC et de la nécessité de préserver la ressource en sols restante, la loi Climat et Résilience et plus spécifiquement l’objectif ZAN apparaissent comme particulièrement encourageants. En effet, l’application de ce-dernier au sein des documents d’urbanisme semble être une clé essentielle pour la gestion raisonnée de l’étalement urbain et de la ressource en eau ainsi que pour le développement des projets de désimperméabilisation et de renaturation. Plus le contenu du SCoT sera vertueux dans la limitation de sa future consommation d’espaces et dans ses prescriptions en matière d’orientations d’aménagements, plus les obligations de compensations pour le ZAN seront allégées. Afin de suivre l’avancée des territoires dans l’application de la loi Climat et Résilience, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) évaluera chaque année la mise en œuvre des mesures prévues afin de respecter les objectifs dans les délais impartis.
4. LA DÉSIMPERMÉABILISATION, FAIRE CONFIANCE AU SOL POUR GÉRER L’EAU NATURELLEMENT La désimperméabilisation est ressortie des constats précédents comme un véritable atout permettant de raisonner l’étalement urbain et de mieux gérer la ressource en eau en ville tout en respectant le sol. Mais en quoi consiste-t-elle exactement et quelles formes prend-elle ? Aujourd’hui, la désimperméabilisation est au cœur des politiques publiques afin d’atteindre l’Objectif ZAN à l’horizon 2050 mais depuis quand parlet-on de ce concept ? Est-il récent ou était-il déjà appliqué depuis longtemps sans encore porter ce nom ? Les acteurs des territoires y sont-ils sensibilisés ou le concept a-t-il encore besoin de faire ses preuves ? DÉFINITIONS DU CONCEPT DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION Désimperméabilisation - nf. Fait de rendre perméable à l’eau, ne plus imperméabiliser.
« Désimperméabiliser c’est pas uniquement mettre un peu de gazon sur du bitume, ça se calcule.» FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
Si le terme d’artificialisation a bien été défini par le Ministère de la Transition Écologique, ce n’est pas le cas de celui de désimperméabilisation qui reste encore aujourd’hui relativement flou. Afin d’obtenir une définition plus technique du concept et de ses objectifs, une enquête a été réalisée auprès des différents acteurs amenés à l’aborder. Pour cela, plusieurs définitions en lien avec les constats effectués dans les parties précédentes leur ont été proposées ainsi que la possibilité d’ajouter des compléments.
PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
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Définitions proposées
Espaces potentiels à la végétalisation Rechargement des nappes phréatiques Déconnexion du réseau d’eaux pluviales Lutte contre la pollution des cours d’eau Lutte contre les îlots de chaleur Lutte contre les inondations Sol vivant et biodiversité
14 14 12 0
52
65
28
85
101 Sur 116 répondants, à noter que 3% ne connaissent pas le concept de désimperméabilisation
55
83
110
(Nombre de répondants)
Figure 22 - Répartition des différentes définitions du concept de désimperméabilisation
Les résultats obtenus permettent de constater qu’une majorité des répondants ont coché les 4 propositions de définitions initiales et très peu y ont ajouté des compléments. Ainsi, la désimperméabilisation comme moyen de lutte contre les inondations n’a été évoqué que par 14 personnes tandis que la désimperméabilisation en faveur de la création de potentiels espaces à la végétalisation a été votée par 101 personnes. Ces résultats peuvent donc être remis en cause dans la mesure où la définition du verbe désimperméabiliser s’apparente à l’infiltration de l’eau dans le sol et par conséquent à la lutte contre les inondations. Il est donc supposable que si les définitions ajoutées par les répondants avaient figuré parmi les propositions, elles auraient obtenu des résultats équivalents aux définitions initiales. Les résultats de ce graphique n’ont donc pas vocation à définir une des proposition plus qu’une autre comme définition de la désimperméabilisation mais plutôt à dresser l’éventail des avantages de cette-dernière. Ainsi considérés, les résultats montrent que tout comme il existe un certain nombre de définitions pour le sol, la désimperméabilisation est-elle aussi interprétée différemment en fonction de la profession des acteurs l’abordant. Comme souligné par Aura PENLOUP, chargée de mission planification à la Communauté d’Agglomération du Grand Narbonne, ceci peut être expliqué par la théorie des sciences comportementales selon laquelle le profil de chaque acteur (statut professionnel, expériences, etc.) est déterminant de la manière dont il définit la désimperméabilisation. Par ailleurs, le fait que la désimperméabilisation en tant que méthode de lutte contre les inondations n’ait été que très peu mentionnée malgré son évidence, peut être interprété comme une mauvaise connaissance du concept par les acteurs. Cette supposition peut également s’appuyer sur le caractère récent que semble avoir le concept de désimperméabilisation.
32
DES ORIGINES FLOUES Il est difficile de déterminer de quand date le concept de désimperméabilisation. Si celui-ci est aujourd’hui largement évoqué au sein des politiques publiques, la recherche de ses origines sur les moteurs de recherche est restée infructueuse. De la même manière que pour définir les définitions de la désimperméabilisation, la question a donc été posée aux différents acteurs afin d’estimer ses débuts.
« De mon expérience professionnelle depuis plus de 30 ans (bientôt 40). Nous parlions plus à l’époque de structure réservoir que de désimperméabilisation. L’objectif de réduire des débits aux exutoires était bien là. J’ai vu fleurir ça et là quelques petits projets. »
NOMBRE DE RÉPONSES
CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
40
30
20
2016 - 2020
2010 - 2015
2006 - 2010
2000 - 2005
Années 1990
Années 1980
Années 1970
Années 1960
0
Pas d’idées
10
Figure 23 - Répartition de l’interprétation des origines de la désimperméabilisation
Les deux méthodes ont abouti à des réponses extrêmement variées ne permettant donc pas de définir précisément les origines de la désimperméabilisation. Cependant la tendance des réponses obtenues montre qu’une majorité d’acteurs estiment que le concept de désimperméabilisation est apparu au cours des 20 dernières années. Selon ces résultats ce serait donc une pratique assez récente. PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
33
DIVERSITÉ DES MÉTHODES DE DÉSIMPERMÉABILISATION Les témoignages recueillis ont permis de décomposer la désimperméabilisation en deux techniques différentes, à savoir la renaturation du sol au profit de la végétation et la mise en place d’un revêtement perméable. Dans les deux cas, la nécessité d’infiltrer l’eau pluviale dans le sol par le biais de la déconnexion totale ou partielle du réseau d’assainissement apparaît comme essentielle. Le choix de la technique relève ensuite des usages de la surface à désimperméabiliser.
LA DÉSIMPERMÉABILISATION PAR RENATURATION 1_ Infiltration 2_ Recueil des eaux de pluie 3_ Évacuation des éventuelles eaux excédantes
2 1 3
GESTION PONCTUELLE
1
1
GESTION LINÉAIRE
3
3
2
2
GESTION SURFACIQUE
Figure 24 - Schéma de principe des différentes méthodes de désimperméabilisation par renaturation
L’eau peut être gérée de trois manières dans les projets de désimperméabilisation par renaturation : de manière ponctuelle, linéaire ou surfacique. • • •
La gestion ponctuelle permet d’infiltrer la goutte d’eau directement où elle tombe. La gestion linéaire permet de recueillir l’eau de surfaces voisines avant de l’infiltrer ou de l’évacuer. La gestion surfacique permet de stocker l’eau de surfaces voisines avant de l’infiltrer ou de l’évacuer. Cette dernière méthode permet également la décantation des eaux polluées avant leur infiltration.
Dans ces trois cas, la désimperméabilisation permet une gestion de l’eau sans réseau d’assainissement. Cette méthode est particulièrement intéressante car elle permet l’installation d’une végétation qui pourrait entrainer des îlots de fraicheur, la filtration de l’air, créer des écosystèmes et améliorer le cadre de vie. 34
LE MASSIF
Le massif est le plus souvent plan, il ne permet donc de recueillir et d’infiltrer que les eaux qu’il reçoit directement. Les massifs en pente sont plus sujets au ruissellement et demandent donc une gestion alternative de l’eau. Figure 25 NOUES & FOSSÉS Profil en V (Fossé) Profil en U ( Noue)
Figure 26
Le fossé est profond et abrupte (45° ou plus) et permet davantage l’évacuation des eaux que leur infiltration. La noue est un fossé de faible profondeur aux pentes douces, permettant de recueillir les eaux de pluie. Elle peut remplacer un réseau d’évacuation en permettant l’infiltration de l’eau directement dans le sol. Sa mise en place et son entretien sont moins coûteux qu’un réseau d’assainissement classique.
LE BASSIN D’ORAGE
Figure 27
Le bassin d’orage est particulièrement intéressant à mettre en œuvre car il permet une pluralité d’usages. À sec, il peut notamment être aménagé comme parc. Le voir se remplir lors de forts évènements pluvieux permet également aux usagers d’appréhender d’une nouvelle manière le risque inondation en acceptant que certains espaces publics peuvent être parfois inondés. 35
LA DÉSIMPERMÉABILISATION PAR MISE EN PLACE D’UN REVÊTEMENT PERMÉABLE Dans le cas de la pose d’un revêtement perméable, la technique de mise en œuvre va varier en fonction du type de sol et des usages. Dans le cas d’un sol perméable et non pollué, l’eau pourra être infiltrée directement tandis que dans le cas d’un sol imperméable ou pollué, elle devra être drainée jusqu’au réseau d’assainissement le plus SOL PERMÉABLE SOL IMPERMÉABLE OU POLLUÉ proche. Il existe plusieurs types de revêtements perméables : platelages bois, dallages, bétons Figure 28 - Schémas de principe de pose d’un revêtement drainants, etc. Chacun de ces revêtements possède perméable en fonction du type de sol des caractéristiques diverses et plus ou moins adaptées en fonction des usages. Par exemple, certains usages comme la voiture imposent des revêtements carrossables. Dans ce cas là, ces surfaces peuvent être désimperméabilisées mais nécessitent la mise en place d’un revêtement perméable carrossable. 1_ Lames de bois 2_ Plots d’ancrage 3_ Terrain naturel
4_ Béton drainant ou enrobé poreux 5_ GNT 0/31.5 6_ GNT 0/80
7_ Dallage 8_ Lit de sable
4
1 2
5
3
5
6
PLATELAGES BOIS
BÉTONS DRAINANTS, ENROBÉS POREUX
ENTRETIEN
8
DALLAGES
P
USAGES COÛT
7
100€ HT m2 < Prix
55€ HT < Prix <115€ HT m2
Variable en fonction du matériau
+
++
++
Figure 29 - Schémas de principe et caractéristiques des différents types de revêtements perméables
36
LE PLATELAGE BOIS
Figure 30
Le bois est rarement utilisé comme revêtement de sol sur l’espace public. Bien qu’étant considéré comme perméable, il peut être glissant lors d’événements pluvieux et donc accidentogène. La plupart des aménagements en bois se trouvent être des pontons ou des aménagements d’espaces de détentes. Ce sont souvent des lieux traversés à une faible vitesse. LE BÉTON DRAINANT
Figure 31
Le béton drainant est un matériau intéressant car il peut être décliné en plusieurs couleurs et ainsi s’adapter à de nombreux aménagements. Il est cependant complexe à mettre en œuvre car demande de la technicité et de la rapidité. Aujourd’hui, il est notamment utilisé pour des places, des cheminements piétons ou des zones de rencontre ainsi que sur certains parkings. LE DALLAGE
Aussi bien piétons que carrossables, les dallages sont plus ou moins perméables en fonction de l’épaisseur des joints et des matériaux utilisés. Ils sont notamment utilisés pour les parkings perméables, les interstices étant remplis de gravette ou engazonnés. Figure 32
37
Figure 33 - Cour Oasis à Paris, © BOURGOGNE Laurent
Figure 34 - Projet de renaturation des berges de la Savoureuse à Belfort, © Emmanuel Moro, Atelier Villes&Paysages
QUELLE APPLICATION DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION DANS LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT AUJOURD’HUI ? Les projets de désimperméabilisation restent encore rares et très expérimentaux. Ils se déclinent aujourd’hui en trois grands mouvements : la désimperméabilisation des cours d’écoles, la renaturation des berges de cours d’eau et la création de parkings perméables. Certains petits projets de désimperméabilisation d’espaces publics émergent cependant en dehors de ces grandes thématiques. Parmi eux, des jardins expérimentaux, des zones de rencontre, des places urbaines, etc. Ces aménagements restent cependant ponctuels. LES COURS D’ÉCOLES Les cours d’écoles sont au cœur des projets de désimperméabilisation. Conçues extrêmement minérales depuis des dizaines d’années, elles représentent de vrais fours solaires et n’offrent pas des conditions de vie décentes aux enfants. Afin de remédier à cela et d’adapter ces espaces au changement climatique, le Conseil de Paris a adopté en 2017 la Stratégie de Résilience de Paris, à l’origine du Programme Oasis visant à la désimperméabilisation des cours d’écoles. À travers cet initiative, la Mairie de Paris a pour objectif de transformer ces cours en îlots de fraicheur. Ainsi, en Août 2018, 71 cours d’écoles avait été désimperméabilisées à Paris sur un objectif de 300 au total. Les retours d’expériences positifs des cours Oasis sont aujourd’hui à l’origine d’un mouvement national de désimperméabilisation des cours d’écoles. 38
Figure 35 - Parking du Zénith de Strasbourg, © Emmanuel Moro, Atelier Villes&Paysages
Figure 36 - Jardin Joyeux, La Maladrerie, Aubervilliers, © Wagon Landscaping
LA RENATURATION DES BERGES DE COURS D’EAU Bien que ces projets soient davantage désignés sous le nom de projets de renaturation, ils sous-entendent implicitement la désimperméabilisation. En effet, dans l’objectif d’élargir les lits des cours d’eau, les berges initialement imperméables sont souvent transformées en grands parcs linéaires perméables visant à réduire le risque inondation en favorisant l’infiltration de l’eau lors des crues éventuelles. La plupart des projets qui émergent aujourd’hui apparaissent sous la forme de voies vertes, accessibles à pied ou à vélo, où il est agréable de se promener dans des espaces ombragés. Ces aménagements participent au changement des mentalités en apprenant aux usagers à vivre avec le risque inondation par l’acceptation qu’un espace public peut être inondé. LES PARKINGS PERMÉABLES Les voitures et les espaces qui leur sont dédiés occupent aujourd’hui une grande place et impactent fortement les paysages. Les parkings représentent notamment de grandes surfaces imperméables à usages mono-spécifiques et pas toujours utilisés. Peu souvent plantés, ils constituent de vrais îlots de chaleur urbains et se prêtent donc particulièrement aux projets de désimperméabilisation. Cependant, l’application de la désimperméabilisation dans ce type d’aménagements reste encore trop faible face à la quantité de parkings dont sont dotées les villes. PARTIE 1 - La désimperméabilisation, une clé d’adaptation des villes au changement climatique /
39
LA DÉSIMPERMÉABILISATION, TROP PEU DE PROJETS MALGRÉ SES AVANTAGES Depuis toujours, les activités humaines sont à l’origine de pollutions atmosphériques qui contribuent à alimenter l’effet de serre. Longtemps ignorées, c’est la création du GIEC en 1988 qui lança officiellement l’alarme du changement climatique. Suite à la banalisation de la voiture dans les années 1960, et qui fut à l’origine de l’étalement urbain, les conséquences du changement climatique se firent de plus en plus présentes. En effet, l’imperméabilisation massive des sols empêchant l’infiltration de l’eau contribua à son ruissellement. Les volumes d’eau se faisant de plus en plus importants aux exutoires, les réseaux d’assainissement se trouvèrent vite saturés et participèrent à l’aggravation des phénomènes d’inondations. Aujourd’hui, le changement climatique présageant des phénomènes pluvieux de plus en plus intenses, la gestion de l’eau par le tout-tuyau n’apparaît plus comme une solution viable pour les villes. Dans ce contexte, la désimperméabilisation apparaît comme une solution efficace et une étape nécessaire à la résilience des villes. Au-delà de respecter le grand cycle de l’eau en proposant une gestion de l’eau pluviale à sa source et en réduisant considérablement le risque inondation, la désimperméabilisation sous-entend une amélioration du cadre de vie en général. Malgré cela, elle reste très peu appliquée dans les projets d’aménagement et apparaît encore aujourd’hui comme un concept très expérimental. Les dernières prévisions du GIEC annonçant l’urgence de changer nos modes de vie, pourquoi la désimperméabilisation n’est-elle pas davantage appliquée dans les projets d’aménagement ? Quels sont les freins à son développement ?
40
© L&A Design
© Grand Lyon
PARTIE II
CLÉS ET FREINS À L’APPLICATION DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION DANS LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT Malgré les bienfaits de la désimperméabilisation, la première partie de la recherche a conclu à une méconnaissance générale du concept liée à la récente émergence de celui-ci. Afin de comprendre les freins de son développement et dans le but d’en déterminer les leviers potentiels, cette seconde partie a été développée sous trois axes. Tout d’abord, une étude de cas menée en territoire méditerranéen sur les villes de Marseille et de Narbonne permettra d’évaluer la diversité d’application de la désimperméabilisation en fonction des territoires. Confrontés aux résultats d’une enquête menée sur l’ensemble du territoire, les témoignages des acteurs de Narbonne et de Marseille éclaireront ensuite la nature des freins à l’application de la désimperméabilisation au sein des projets d’aménagement. Enfin, différents leviers de la désimperméabilisation seront détaillés.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
43
1. ÉTUDE DE CAS
MARSEILLE ET NARBONNE, DEUX VILLES MÉDITERRANÉENNES INÉGALEMENT ARMÉES
LE BASSIN MÉDITERRANÉEN HOTSPOT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE Le bassin méditerranéen s’est présenté comme étant le territoire idéal pour mener cette étude de cas ayant pour objectif de montrer la diversité de la mise en application de la désimperméabilisation au sein des territoires. En effet, au vu des rapports scientifiques, le pourtour méditerranéen est qualifié de hotspot du changement climatique dans de nombreux articles de presse :
« Cette partie du monde s’est réchauffée de 1.5°C depuis l’ère préindustrielle, 20% plus rapidement que la moyenne mondiale. »36
Le Monde. VALO M. La Méditerranée se réchauffe 20% plus vite que le reste du globe. Publié le 11 Octobre 2019.
36
Source : https://www. lemonde.fr/planete/ article/2019/10/11/ changement-climatique-les-scientifiques-s-inquietent-des-effets-sur-le-bassin-mediterraneen_6015045 _3244.html
37 GRECSUD. Mis à jour en 2022.
Source : http://www. grec-sud.fr/article-cahier/ articles-du-cahier-climat/ connaitre-le-climat-mediterraneen-et-les-enjeux-du-changement-climatique/
44
Les régions nord-méditerranéennes sont particulièrement exposées présentant le « risque de glisser vers un régime sud-méditerranéen, plus chaud et plus sec, surtout l’été, avec une augmentation des températures conjuguée à une augmentation de la durée des périodes de sécheresse.»37 Ce constat est d’autant plus alarmant que les régions méditerranéennes sont extrêmement peuplées, représentant 7% de la population mondiale (données du Plan Bleu) et concentrant ainsi de forts enjeux sociaux-économiques. En France, c’est donc le sud du pays qui sera plus spécifiquement impacté par le changement climatique, avec notamment pour conséquences la diminution de la teneur en eau des sols. À celle-ci s’ajoutent de forts enjeux sociaux-économiques découlant d’une forte concentration de population sur le littoral. Pour ces raisons et selon la lecture de quelques articles le choix des territoires où appliquer cette étude de cas comparative s’est porté sur les villes de Marseille et de Narbonne. Soumises à un même climat, ces deux agglomérations apparaissent en effet comme idéales car intégrant de manière opposée la désimperméabilisation sur leur territoire.
Figure 37 - Modélisation de l’évolution de la teneur en eau des sols en été entre 2020 et 2050, © European Environment Agency.
MÉTHODE Afin de cerner au mieux les dynamiques d’application de la désimperméabilisation sur les territoires de Narbonne et de Marseille, une enquête qualitative a été menée auprès d’acteurs locaux intervenant à différentes phases dans le processus d’application de la désimperméabilisation. Ainsi, sept acteurs ont pu être interviewés par le biais d’entretiens semi-directifs et dans le but de cerner les leviers et les freins de la désimperméabilisation sur ces deux territoires.
FRANÇOIS ROBERI
NADINE FLORENCE
BRICE DACHEUX-AUZIÈRE
MATHIEU GONTIER
Chargé d’intervention eau et pollutions Service territorial Bouches du Rhône Corse
Chef de projet Service GEMAPI / DGA Développement urbain et stratégie territoriale
Paysagiste concepteur Responsable de la Division Études et Projets
Paysagiste concepteur Co-fondateur de Wagon Landscaping Directeur de l’antenne de Marseille de l’ENSP
Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
Métropole Aix-Marseille-Provence
Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
PIERRE-JEAN L’HORSET
AURA PENLOUP
CLAUDE COULOUMA
Chef de l’unité politiques publiques et planification Service urbanisme environnement et développement des territoires
Chargée de mission planification Service urbanisme / Pôle aménagement durable du territoire
Technicien au bureau d’études interne des services techniques de la ville
DDTM de l’Aude
Communauté d’agglo du Grand Narbonne
Ville de Narbonne
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
45
ENJEUX LIÉS AUX INONDATIONS Risque fort Risque moyen Massif de l’Étoile
Risque faible Bâtiments en zone inondable
Les Aygalades Massif du Garlaban
Le Jarret Massif de la Sainte Baume
L’Huveaune Iles du Frioul
Massif des Calanques
Mer Méditerranée
FIGURE 38 : CARTE DES ENJEUX LIÉS AU RISQUE INONDATION SUR LE TERRITOIRE DE MARSEILLE ET SES ALENTOURS 0
2.5
5 km
46
DES PROJETS RARES À MARSEILLE Située sur le pourtour méditerranéen, dans le département des Bouches-du-Rhône, Marseille est aujourd’hui la deuxième plus grande ville de France. S’étalant sur une superficie de 240.6 km2, elle ne dénombre pas moins de 868 277 habitants (Insee 2018) atteignant ainsi la densité moyenne de 3 608 hab./km2. Entourée de toutes parts par des massifs montagneux conditionnant l’étalement urbain, la ville s’est développée autour du Vieux-Port qui en constitue aujourd’hui l’hypercentre. Traversée par trois cours d’eau : l’Huveaune, le Jarret et les Aygalades, la ville de Marseille est fortement soumise au risque inondation par débordement comme le montre la carte ci-contre. Sa topographie marquée en fait également un territoire sujet aux inondations par ruissellement et ce d’autant plus que les évènements pluvieux méditerranéens se caractérisent par de fortes pluies sur des moments très brefs. Face à un contexte de forte densité urbaine, les enjeux sont donc élevés lors des phénomènes pluvieux intenses. Afin de réduire le risque de dégâts humains et matériels lors de phénomènes d’inondations par débordement, la ville, à l’image du reste du territoire métropolitain, a entamé des travaux de renaturation des berges de certains tronçons de ces cours d’eau. C’est notamment le cas du projet du Parc Bougainville, le long du ruisseau des Aygalades qui devrait voir le jour en 2024 ou encore le projet de la voie verte reliant Marseille à Aubagne le long des berges de l’Huveaune attendu pour 2025. À l’origine prévu pour 2024, la livraison du projet a été repoussée d’un an pour causes de difficultés liées à l’acquisition foncière des terrains nécessaires au projet. Si le risque d’inondation par débordement des cours d’eau est bien connu sur le territoire Marseillais, ce n’est pas le cas du risque d’inondation par ruissellement face auquel la ville en est encore à ses balbutiements. Pour preuves, l’absence de cartographie de ce risque sur le Plan de prévention du risque inondation38 et la dynamique d’imperméabilisation progressive des sols sur la commune visible même au travers des aménagements les plus récents.
38 PPRI : Plan de Prévention du Risque Inondation. Document obligatoire cartographiant le risque d’inondation sur un territoire et destiné à contrôler et réglementer le développement de l’urbanisation en zone inondable.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
47
PARTIE II
ENJEUX LIÉS AUX INONDATIONS
1
Principaux axes de ruissellement observés autour du Vieux-Port Risque fort Risque moyen Risque faible Bâtiments en zone inondable
Le Boulevard Sakakini
La Major
48
3
5 Le Vieux-Port
Figure 40
2
La Porte d’Aix
2 1
6
Le Vieux-Port Lancement du concours : 2009 Inauguration 1ère partie : 2013
La Canebière
4
La Plaine
La Canebière Lancement du chantier : 2019 Inauguration : 2020
Figure 41
3
FIGURE 39 : CARTE DE SPATIALISATION DES AMÉNAGEMENTS LES PLUS RÉCENTS DANS LE CENTRE DE MARSEILLE AU REGARD DES PRINCIPAUX AXES DE RUISSELLEMENT IDENTIFIÉS LORS DES DERNIÈRES INONDATIONS 0
0.5
1 km
La Porte d’Aix Lancement du projet : 1997 Inauguration : 2018
Figure 42
Face à l’absence d’informations concernant le ruissellement sur le Plan de Prévention du Risque Inondation de Marseille, une enquête réalisée dans l’hypercentre a permis de cartographier les principaux axes de ruissellement lors des inondations en date du 4 Octobre 2021. La carte ci-contre montre que face à la topographie marquée du site, les eaux de ruissellement convergent toutes vers le Vieux-Port qui représente l’exutoire. L’accumulation des ces eaux est due à un contexte très minéral où l’eau ne pouvant pas s’infiltrer dans un sol imperméable est contrainte de ruisseler jusqu’au point le plus bas. Au cours de la dernière décennie, de nombreux nouveaux aménagements ont vu le jour à Marseille et notamment autour du Vieux-Port qui représente le point attractif et touristique de la ville. Parmi ces aménagements, plusieurs se trouvent sur le chemin des eaux de ruissellement évoqué ci-dessus et apparaissent comme des lieux au revêtement extrêmement minéral. On recense notamment le Vieux-Port, la Canebière et la Porte d’Aix. Aujourd’hui, la ville de Marseille est réputée comme celle recensant le moins d’arbres par habitant en France. Certains journaux comme La Marseillaise vont même jusqu’à qualifier Marseille d’ « ennemie des arbres ». Alors comment dans ce contexte de réchauffement climatique, et qui plus est en milieu méditerranéen, de tels aménagements ont-ils pu voir le jour ? Plusieurs raisons peuvent être imputées à la faible application de la désimperméabilisation au sein des projets réalisés à Marseille. Les témoignages des différents acteurs du territoire rencontrés ont permis de les déterminer, identifiant des problématiques culturelles, foncières, économiques, politiques mais également techniques.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
49
PARTIE II 50
Figure 43
INONDATION DU VIEUX-PORT LE 4 OCTOBRE 2021 Source : https://www.tameteo.com/actualites/actualite/bouches-du-rhone-l-alerte-rouge-declenchee-pluie-record-a-marseille.html
LA CULTURE ET LE RETARD Selon François ROBERI et Nadine FLORENCE, la ville de Marseille est aujourd’hui très en retard d’un point de vue du développement urbain ainsi que sur les techniques d’aménagement comparé à d’autres régions en France. Selon eux, ceci pourrait s’expliquer d’un point de vue culturel : « Sur Marseille, les projets de désimperméabilisation sont un peu moins courants qu’au nord du bassin. Je pense que c’est lié à une culture et peut être à un certain retard dans la prise en compte de cette thématique dans les projets.» FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
LE RELIEF ET LE TYPE DE SOL Le second argument pouvant expliquer le manque d’application de la désimperméabilisation sur le territoire marseillais est lié au relief et au type de sol. À Marseille, la topographie est relativement marquée et les sols sont en grande partie de nature rocheuse. Ces propriétés, peu propices à l’infiltration de l’eau dans le sol, pourraient expliquer le faible développement de la désimperméabilisation sur le territoire.
«Ce n’est pas tout de désimperméabiliser mais encore faut-il que les sols le permette car ici on est sur des sols très durs, très rocheux, qu’on appelle des karst. Alors comment désimperméabiliser sur du karst ? On ne peut pas. Donc ça c’est une donnée importante qu’il faut caractériser.» NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
LE MANQUE DE CONNAISSANCE DU RISQUE DE RUISSELLEMENT Comme évoqué précédemment, le PPRI de Marseille ne cartographie par le risque d’inondations liées aux eaux de ruissellement. Face à ce manque, la métropole d’Aix-Marseille-Provence a aujourd’hui lancé un appel d’offres destiné à cartographier les axes d’écoulements ainsi que les zones à désimperméabiliser d’ici 202539. Cette démarche constitue un réel potentiel de gestion alternative de l’eau sur le territoire marseillais et initiera surement au cours des prochaines années l’intégration progressive de la désimperméabilisation au sein des aménagements.
39 APOTHÉLOZ C. La Métropole va cartographier les zones à désimperméabiliser d’ici 2025. GOME’T. Publié le 12 Novembre 2021, modifié le 14 Novembre 2021. URL : https://gomet. net/la-metropole-vacartographier-2025/
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
51
LE FONCIER Si le foncier n’a pas été réellement évoqué comme frein de la désimperméabilisation, il a cependant été mentionné en tant que facteur freinant des projets en général. En effet, selon Nadine FLORENCE, l’acquisition foncière prenant du temps, la réalisation des projets s’étale dans le temps.
NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
« Pendant qu’on parle, il y en a qui sont en train d’imperméabiliser : Le Vieux Port, la Rue de la République, le Centre Bourse... Et c’est parce que ces marchés publics étaient déjà lancés en fait. Pour en arriver à la phase travaux, il faut compter un ou deux ans d’études. Donc si les études ont démarré il y a un ou deux ans, ça veut dire que le marché en lui-même a été conçu dans son cahier des charges, il y a trois ou quatre ans minimum.»
LES GOUVERNANCES Le problème de gouvernance à Marseille est l’un des freins principaux au développement de la désimperméabilisation dans la ville, l’appartenance du foncier de l’espace public étant répartie entre ville et métropole. Aujourd’hui, l’entretien de l’espace public à Marseille est extrêmement hétérogène et intègre à peine les dernières notion de gestion du végétal. Pour exemple, l’imperméabilisation récente des pieds d’arbres du Boulevard d’Athènes lors des derniers travaux de restauration des trottoirs. Cette complexité des relations entre ville et métropole est expliquée par Brice DACHEUX-AUZIÈRE :
« Aujourd’hui par exemple, à la ville de Marseille, on n’a plus la gestion des arbres de voirie ni les pieds d’arbres, ça c’est une des compétences métropolitaines. Si il y avait une unité entre ville et métropole sur arbres d’alignements, trottoirs, travaux sur voirie, etc. par exemple, il y aurait des jardins un peu partout, des zones d’expansion de l’eau dans les rues, une meilleure infiltration des pieds d’arbres, des bandes plantées, etc.» BRICE DACHEUX-AUZIÈRE Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
Malheureusement, cette mésentente entre les différentes gouvernances porte préjudice au développement de la ville et à la cohérence des liens entre les différents aménagements de l’espace public. 52
L’ENTRETIEN ET LES RELATIONS CONCEPTEURS-GESTIONNAIRES La question de l’entretien est ressortie à plusieurs reprises comme problématique. Si ce n’est pas réellement la technicité des aménagements qui a ici été désignée comme contraignante, c’est davantage la question du manque de communication entre gestionnaire et concepteur qui semble aujourd’hui créer des tensions.
MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
« A Marseille c’est dur et presque catastrophique parce qu’il y a souvent une ambition politique au départ, mais après 2 à 5 ans d’études de maitrise d’œuvre {...} ça arrive dans les mains de l’entreprise gestionnaire (dans quelques cas très rares, chez les jardiniers de la ville qui n’ont pas envie de travailler, c’est clair!) et... quand ils n’ont pas su gérer deux ou trois ans de suite, ou même des fois au moment où ils réceptionnent la gestion, ils changent tout, où ils font le minimum ou rien. {...} Ils te font la rustine d’enrobé teinté sur un béton : les escaliers de la gare Saint Charles sont un très bel exemple avec des rustines en résine sur de la pierre... Quelle honte ! Ne parlons pas de la Canebière... Ils laissent des potelets sectionnés, des poteaux de signalisation couchés au sol pendant des mois, etc. Ils ne remplacent pas les arbres morts, abîmés : pour ça, l’exemple du boulevard du littoral est très bon, cet aménagement a du perdre 1/3 de ses arbres plantés initialement.»
« Un projet bien pensé, avec les gestionnaires et les jardiniers que l’on a tendance a oublier, ça dure plus dans le temps. Il faut penser, en intégrant dès la conception, le coût en frais de fonctionnements. Jamais le concepteur, à part en interne comme on le fait au sein des collectivités, ne pense à intégrer ces coûts parce que ce n’est pas nécessairement mentionné dans la logique des marchés des maîtrises d’œuvre. La maitrise d’ouvrage devrait écrire un paragraphe qui spécifie au concepteur de calculer les coûts de l’aménagement en frais de fonctionnements.»
BRICE DACHEUX-AUZIÈRE Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
Pour conclure, le cas de la ville de Marseille, considérée comme «en retard» à tout point de vue sur l’intégration de la désimperméabilisation au sein de son territoire, a permis d’identifier différents freins au développement de la désimperméabilisation. Ceux-ci seront mieux détaillés dans le deuxième axe consacré aux freins. En revanche, la situation observée et la récente initiative du marché de cartographie des espaces à désimperméabiliser est porteuse d’espoir pour la résilience de la ville, ayant par ailleurs permis d’identifier quelques leviers d’application du concept au sein des projets d’aménagement. Ces éléments porteurs seront également détaillés dans un troisième axe. D’ici les prochaines décennies, Marseille devrait donc changer de visage, et qui sait, peut être rejoindre celui de la Communauté d’Agglomération du Grand Narbonne, considérée comme exemplaire dans l’application de la désimperméabilisation sur son territoire. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
53
ENJEUX LIÉS AUX INONDATIONS Risque fort Risque moyen Risque faible Zone d’accumulation des eaux de ruissellement Bâtiments en zone inondable
Canal de Lastours
Canal de la Robine
Massif de la Clape
54
Iles du Frioul Massif de Fontfroide La Berre
Étang de l’Ayrolle
FIGURE 44 : CARTE DES ENJEUX LIÉS AU RISQUE INONDATION SUR LE TERRITOIRE DE NARBONNE ET SES ALENTOURS 0
2.5
5 km
Mer Méditerranée
L’EXEMPLE VERTUEUX DU GRAND NARBONNE Dans le département de l’Aude, la commune de Narbonne s’étale sur une superficie d’environ 173 km2 et compte un total de 55 375 habitants (Insee 2018) atteignant ainsi la densité de 320 hab/km2. Le territoire narbonnais se caractérise par un relief relativement plat ainsi qu’un réseau hydrographique très dense. De ce fait, il est régulièrement soumis à des phénomènes d’inondations lors de forts évènements pluvieux et qui entraînent de forts enjeux socio-économiques comme le témoigne Claude COULOUMA.
«La région narbonnaise est très touchée par les inondations c’est pour ça qu’on essaye un maximum de désimperméabiliser sur notre territoire. Avec les épisodes cévenols, on l’a malheureusement surtout vécu les 12 et 13 Novembre 1999 avec des inondations qui ont causé la mort de 25 personnes et un disparu dans l’Aude. Une partie des communes ont été énormément impactées. C’était des crues lentes mais des crues très très importantes.»
CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
Face à ces enjeux, et dans le cadre du Programme national Paysages, Territoires, Transitions lancé en 2015, le territoire du Grand Narbonne a été désigné comme l’un des six lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt lancé la même année par le ministère en charge de l’environnement. C’est donc en tant que territoire pilote de la désimperméabilisation que le Grand Narbonne a fait l’objet d’une étude du Cerema en 2017. Durant un an, l’objectif de l’organisme était d’intégrer les principes de la Séquence ERC41 spécifiés dans le SDAGE42 du bassin hydrographique Rhône-Méditerranée-Corse 2016-2021 au sein du SCoT de la Narbonnaise afin de pouvoir intégrer un maximum de désimperméabilisation au sein des projets d’aménagement. Pour ce faire, le Cerema a procédé en deux étapes. Tout d’abord, l’analyse du DOO43 du SCoT du Grand Narbonne a permis d’identifier les dispositions en faveur de la limitation de l’imperméabilisation ou de la désimperméabilisation. Cette lecture a ensuite été croisée avec les leviers mobilisables au sein du code de l’urbanisme au bénéfice de ces mêmes objectifs. À partir de ce croisement, des pistes de renforcement du DOO du SCoT sur ces thèmes ont été proposées. Ainsi, pour les espaces déjà artificialisés, le Cerema a par exemple proposé de mobiliser la réglementation relative au maintien de la biodiversité, à la préservation ou à la remise en bon état des continuités écologiques et aux objectifs de qualité paysagère44. Cette démarche a ensuite été complétée par une analyse fine du territoire du Grand Narbonne, grâce à des données extraites du système d’informations géographiques, qui ont permis la cartographie des espaces potentiels à la désimperméabilisation sur le territoire. Pour cela, le Cerema a croisé les données du potentiel d’infiltrabilité
41 Séquence ERC : Éviter-RéduireCompenser
42 SDAGE : Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux. Document de planification fixant pour six ans les orientations permettant d’atteindre l’objectif du «bon état des eaux». 43 DOO : Document d’Orientations et d’Objectifs
44 Articles L141-10 et L141-18 du Code de l’urbanisme URL : https://www. legifrance.gouv.fr/ codes/texte_lc/ LEGITEXT 000006074075/ 2022-04-19/
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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POTENTIEL DE DÉSIMPERMÉABILISATION Coefficient moyen ≥ 60 et contraintes < 2 Coefficient moyen ≥ 60 et contraintes > 2 Coefficient moyen < 60
Canal de Lastours
Canal de la Robine
0
2.5
FIGURE 45 : CARTOGRAPHIE DES ESPACES POTENTIELS À LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR LA COMMUNE DE NARBONNE, ÉLABORÉE PAR LE CEREMA 56
5 km
des eaux avec celles du taux de perméabilité des sols. Ces données ont été détaillées à la fois sur l’ensemble du territoire de la communauté d’agglomération, mais également à l’échelle de chaque commune, les informations pouvant varier en fonction des caractéristiques de la commune et de son mode d’urbanisation. Finalement, seules les surfaces imperméabilisées à plus de 60% ont été identifiées et cartographiées comme espaces potentiels à être désimperméabilisés. À Narbonne, c’est notamment les zones d’activités économiques, imperméabilisées sur environ 80% de leur surface (imperméabilisation moyenne des ZAE en France), qui présentent le plus fort taux d’imperméabilisation et qui pourraient donc offrir un certain potentiel à être désimperméabilisées.
Figure 46 - Carte du potentiel de désimperméabilisation de la ZAE au sud de Narbonne
Figure 47 - Photographie de la ZAE au sud de Narbonne Une zone très imperméable
En exemple, la carte ci-dessus élaborée par le Cerema, représente le potentiel d’infiltration des eaux pluviales au sein de la ZAE située au sud de Narbonne. Les secteurs identifiés en bleu foncé sont les zones les plus propices à la désimperméabilisation et à l’infiltration des eaux pluviales. Élaborée à partir des données SIG, cette analyse reste cependant théorique et doit être complétée par des visites de terrain afin de vérifier la véracité de ces données. Un examen plus approfondi des leviers fonciers éventuels permettant d’intervenir sur ce type de secteurs doit également être réalisé. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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Grâce à cette connaissance fine du territoire, la désimperméabilisation est aujourd’hui de plus en plus intégrée dans les projets d’aménagements, le discours de la nécessité de désimperméabiliser étant d’autant plus facilement entendu par les acteurs que le territoire est régulièrement frappé par de fortes inondations. Cette dynamique est encouragée par la communauté d’agglomération du Grand Narbonne qui incite les communes à l’appliquer autant que possible. Pour cela, comme le témoigne Aura PENLOUP, le Grand Narbonne les informe des aides de financements possibles et les accompagne dans la constitution de leurs dossiers ainsi que dans le suivi des travaux. «On a 37 communes, ce n’est pas énorme, ce qui nous permet d’avoir une proximité avec elles et de les accompagner pour pas mal de choses. {...} On les aide à monter leurs dossiers de demandes de subventions, on aide au suivi, etc. {...} Je pense que les communes ont de plus en plus le réflexe. Et puis avec l’objectif de Zéro Artificialisation Nette de toute façon ils vont tous avoir intérêt à aménager autrement.»
AURA PENLOUP Communauté d’agglo du Grand Narbonne
Aujourd’hui, grâce au soutien du Grand Narbonne, plusieurs communes ont eu l’occasion de mettre en place la désimperméabilisation sur leur territoire au travers d’aménagements tels que des cours d’écoles ou des parkings. C’est le cas de Narbonne, Narbonne-Plage ou encore Leucate, dont les retours sont très positifs.
CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
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On a mis en place des procédés tels que des dalles alvéolaires en béton sur un parking qui était en cœur de ville, traité tout en enrobé. On a gardé les voies de circulation en enrobé mais par contre toutes les zones de stationnement sont en dalles alvéolaires béton remplies de gravette.{...} Et par temps de pluie {...} on s’aperçoit qu’il n’y a pratiquement pas d’eau, voire pas d’eau du tout, qui parvient aux exutoires. Donc on est satisfaits du résultat.
Figure 48 - Parking coeur de ville désimperméabilisé (dalles engazonnées) à Narbonne
Figure 49 - Parking désimperméabilisé (béton drainant) à Narbonne
Grâce à leurs partages d’expériences, les autres communes tendent de plus en plus à appliquer la désimperméabilisation dans leurs projets. Pierre-Jean L’HORSET, explique même vouloir étendre la dynamique à la seconde grande agglomération du département : Carcassonne. «On souhaiterait que l’autre agglomération du département, qui est l’agglomération de Carcassonne, s’engage aussi dans cette démarche là. C’est un périmètre d’agglomération qui est encore un peu plus étendu que celui du Grand Narbonne. Ceci permettrait de tester la robustesse de la méthodologie développée et de pouvoir accompagner cette agglomérationlà dans la première étape pour qu’ensuite on ait la reproductibilité qu’on cherchait initialement dans l’étude, et qui puisse se faire sur un autre territoire du département.»
PIERRE-JEAN L’HORSET DDTM de l’Aude
Afin de sensibiliser l’ensemble des narbonnais à l’importance de la désimperméabilisation, les habitants ont eux-aussi été invités à la réflexion des nouveaux aménagements. Pour cela, l’association d’habitants EcoLocal a animé un projet appelé «Futur Narbona, la Narbonnaise sauvée des eaux» réunissant acteurs et habitants dans le but de penser la transition du territoire de la Narbonnaise. En 2017, des ateliers leur ont ainsi été proposés afin d’approfondir la connaissance du territoire et de ses enjeux à travers l’élaboration d’une carte collaborative. CONCLUSION L’étude du Cerema s’est donc révélée comme une vraie opportunité pour le développement de la désimperméabilisation sur le territoire du Grand Narbonne. Grâce à celle-ci, et plus particulièrement à l’enrichissement de la base de données SIG par la cartographie des espaces potentiels à la désimperméabilisation, le territoire est aujourd’hui mieux connu de ses acteurs. Cette connaissance permet notamment à la Communauté d’Agglomération du Grand Narbonne de mieux accompagner les communes dans l’application de la désimperméabilisation sur leur territoire. Le concept se développant doucement sur plusieurs communes, la connaissance fine du territoire ainsi que la communication entre les différentes institutions apparaissent comme de réels leviers. Cependant, si la désimperméabilisation peut facilement être appliquée au sein des aménagements les plus récents, certaines contraintes techniques subsistent complexifiant sa mise en place sur des aménagements plus anciens. Ainsi, la densité des centres historiques ou encore leur caractère patrimonial apparaissent comme des freins techniques importants. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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2. LES FREINS DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION L’étude de cas comparative entre les villes de Marseille et de Narbonne ayant conduit à la mise en évidence de certains freins, une seconde analyse a été réalisée à l’échelle de la France afin d’observer plus globalement la tendance sur le territoire. MÉTHODE Pour cette seconde partie, le choix de la méthode s’est porté sur la réalisation d’une enquête quantitative ayant pour objectifs de déceler dans quelle mesure les éléments freinant l’application de la désimperméabilisation évoqués lors de l’étude de cas sont applicables à l’ensemble du territoire français. La désimperméabilisation restant un sujet peu connu du grand public, cette étude a plus particulièrement ciblé des professionnels en lien avec l’aménagement et susceptibles d’intervenir dans la mise en place de projets de désimperméabilisation. Dans le but de recueillir un maximum de témoignages, le questionnaire élaboré a été diffusé sur différents réseaux sociaux tels que LinkedIn, ou des groupes Facebook regroupant divers acteurs de l’aménagement. Accessible en ligne durant deux semaines, l’enquête a permis de recueillir un total de 116 témoignages répartis de manière assez uniforme sur le territoire et permettant ainsi de mettre en évidence une certaine tendance. Il est cependant à noter que si certaines catégories professionnelles sont largement représentées, comme les paysagistes concepteurs, ce n’est pas le cas de toutes et l’éventail de la diversité des autres acteurs ayant témoigné ne peut pas être représentatif d’une catégorie. Pour cette enquête, le sexe et l’âge n’ayant pas semblé déterminant, ces critères n’ont pas été pris en compte, biaisant quelque peu la représentativité de l’échantillon. 6%
11 %
16 % 3% 4%
34 %
26 %
60
Figure 50 - Répartition des catégories professionnelles
Plus de 5 réponses 2 à 5 réponses 1 réponse Aucune réponse
Figure 51 - Répartition des témoignages sur la France
Sur un total de 116 réponses au questionnaire diffusé, 112 personnes affirment connaître la désimperméabilisation, soit 96.6% de l’échantillon. En revanche, seuls 62.1% affirment l’avoir déjà mise en œuvre que ce soit au travers de la réflexion d’un projet ou dans la réalisation concrète d’un aménagement. Afin de mieux comprendre la répartition de l’application de la désimperméabilisation par les différentes catégories professionnelles, ces dernières ont été regroupées par familles de manière à obtenir un échantillon plus large et représentatif. Non
CATÉGORIES PROFESSIONNELLES
Oui Documents d’urbanisme (SCoT, PLUi, etc) 7%
PROFESSIONNELS DE L’AMÉNAGEMENT
Appels d’offre 1%
PAYSAGISTE CONCEPTEUR Réalisation d’aménagements 38 %
ÉTUDIANT EN AMÉNAGEMENT COLLECTIVITÉ
Projets de paysage ou d’aménagements 54 %
AUTRE 0
10
20
30
40
NOMBRE DE RÉPONSES
Figure 52 - Part d’application de la désimperméabilisation en fonction des catégories professionnelles
Figure 53 - Répartition des champs d’application de la désimperméabilisation
La Figure 53 montre que la catégorie appliquant le moins la désimperméabilisation est celle des étudiants, ce qui est logique dans la mesure où ces derniers n’ont pas forcément encore été en mesure de travailler sur des projets réels. En tenant compte de ce paramètre, la tendance montre donc que la désimperméabilisation est prise en compte dans une majorité des projets, ce qui est plutôt encourageant. Cependant, le graphique de répartition des champs d’application de la désimperméabilisation montre que le concept reste davantage appliqué de manière immatérielle et moins réalisé de manière concrète. Alors quels peuvent être les obstacles de franchissement entre le stade du projet et celui de sa réalisation ?
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
61
NOMBRE DE RÉPONSES
Cinq grandes catégories de freins à l’application de la désimperméabilisation ont pu être identifiées au travers de cette enquête : techniques, financiers, fonciers, culturels et politiques. 70
TECHNIQUES
52 35 17
FINANCIERS FONCIERS CULTURELS
POLITIQUES
0
Figure 54 - Répartition des catégories de freins identifiées
D’après le graphique de répartition des catégories de freins identifiées, les freins techniques semblent être le facteur bloquant le plus important au développement des projets de désimperméabilisation, devant les arguments financiers et fonciers. Viennent ensuite les freins culturels et politiques évoqués plus en minorité. À noter que les différents freins identifiés reflètent les problématiques auxquelles les différents acteurs sont confrontés au regard de leur profession. De ce point de vue là, les paysagistes ayant largement répondu au questionnaire, il peut être supposé que les freins techniques sont ceux auxquels cette catégorie professionnelle est en majorité confrontée. Ces résultats sont donc à prendre avec recul, les freins techniques n’étant pas nécessairement les plus importants face, par exemple, à des problématiques foncières ou de réglementation. La recherche qui suit propose de comprendre plus précisément, dans l’ordre des freins les plus évoqués à ceux les moins évoqués, en quoi chaque catégorie de frein vient limiter le développement des projets de désimperméabilisation.
62
LES FREINS TECHNIQUES
26
0
TECHNIQUES DE MISE EN ŒUVRE
COMPOSITION DU SOL
6
MÉCONNAISSANCE DU SUJET
13
USAGES
19 ENTRETIEN
NOMBRE DE RÉPONSES
Largement évoqués, les freins techniques apparaissent à la fois au sein des entretiens réalisés avec les acteurs des territoires de Marseille et de Narbonne ainsi qu’au travers des questionnaires recueillis sur l’ensemble de la France. Selon l’analyse des données de la seconde méthode, ces freins peuvent être décomposés en cinq catégories : la composition du sol, les techniques de mise en œuvre, les usages, l’entretien et enfin la méconnaissance du sujet.
Figure 55 - Répartition des freins techniques par sous-catégories
LA NATURE ET LA COMPOSITION DU SOL Comme évoqué dans la Partie 145, la connaissance des sols est très importante car tout sol ne présente pas des caractéristiques favorables à la désimperméabilisation. Aujourd’hui, la cartographie des sols en France à l’échelle 1:250 000 est terminée tandis qu’environ 24% du territoire métropolitain, soit environ 13 millions d’hectares, est actuellement couvert par une cartographie des sols au 1:100 000ème et seulement 18% au 1:50 000ème soit plus de 9 millions d’hectares46. Ces échelles restent cependant larges et imprécises. Dans le cas d’un projet de désimperméabilisation, donc localisé sur une faible surface, il est nécessaire d’avoir des études pédologiques en amont, à l’échelle de la parcelle, qui explicitent la composition du sol et sa capacité à infiltrer l’eau. En ville, la qualité des sols est souvent mal connue suite à la succession d’activités diverses (artisanat, industrie, habitat, etc) au fil des siècles et qui font qu’une majorité est constituée de remblais divers.
45 Cf. Partie 1, 2. Des sols imperméables facteurs d’aggravation des conséquences du changement climatique, Une ressource unique à préserver, 46 Chiffres Source : Richer-deForges et al., 2014
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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«Ce n’est pas tout de désimperméabiliser mais encore faut-il que les sols le permette car ici on est sur des sols très durs, très rocheux, qu’on appelle des karst. Alors comment désimperméabiliser sur du karst ? On ne peut pas. Donc ça c’est une donnée importante qu’il faut caractériser.» NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
L’épaisseur du sol, autrement dit sa profondeur, est un facteur limitant à l’application de la désimperméabilisation. En effet, comme l’a souligné Nadine FLORENCE, les sols rocheux ne peuvent pas être désimperméabilisés. Ensuite, la structure et la composition du sol sont également des éléments à prendre en compte avant tout projet de désimperméabilisation. Comme évoqué en première partie, plus les sols sont argileux et plus leur taux d’infiltrabilité est faible. Également dans la composition du sol, cette fois d’origine anthropique, la présence d’un maillage dense de réseaux divers a été signalée plusieurs fois comme faisant obstacle à la désimperméabilisation. Cependant, cet élément ne semble pas être un frein dans l’absolu. Si il est important de repérer de façon précise sur un plan ces réseaux afin d’en tenir compte dans le projet, ce frein peut être levé par des moyens financiers. Enfin, le relief est également un facteur qui a été évoqué à plusieurs reprises, plus la pente étant forte plus le risque de ruissellement étant élevé malgré des surfaces perméables. Là aussi, en fonction du contexte, ce frein pourrait être levé par un dessin de projet tenant compte de ce paramètre ainsi que des solutions techniques apportées à la mise en œuvre.
« Moi je m’interroge pas mal sur cette question de la désimperméabilisation à Marseille. Techniquement dans le sud je trouve que c’est compliqué parce qu’on a des phénomènes de précipitations ultra-violents et il y a toujours pas mal de pentes donc tu ne peux pas désimperméabiliser n’importe où et de n’importe quelle manière.» MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
Parmi les différents freins liés à la composition du sol, trois apparaissent comme réellement contraignant : la nature du sol, son épaisseur et le relief si celui-ci est très marqué. En revanche pour des faibles pentes, comme pour la présence de réseau, ces freins peuvent être levés au travers de moyens financiers.
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LES TECHNIQUES DE MISE EN ŒUVRE La complexité des techniques de mise en œuvre de la désimperméabilisation a été évoquée par plusieurs acteurs. Il existe aujourd’hui deux grandes manières de désimperméabiliser : la suppression totale de revêtement au profit d’une renaturation du sol et la pose d’un revêtement perméable adapté aux usages (circulation, cheminements PMR, etc.). Dans les deux cas, la surface désimperméabilisée doit être déconnectée autant que faire se peut du réseau d’assainissement. Cependant, ce critère ne peut pas toujours être respecté en fonction du caractéristiques du sol et des usages ce qui complexifie la désimperméabilisation comme le témoignent Claude COULOUMA et François ROBERI :
CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
« On a mis en place sur Narbonne plage, des dalles alvéolaires PVC avec remplissage terre et herbe. Moi je suis beaucoup moins adepte de ce genre de procédés, par rapport au PVC déjà, pour moi il y a bien moins de retenue dans le temps et il peut y avoir des affaissements. {...} C’est plus souple, la terre se compacte, il faudrait être en permanence en train de faire des réglages de terre, de tondre beaucoup plus régulièrement. C’est beaucoup plus contraignant pour des zones d’espace public où on demande une accessibilité aux PMR.»
« Il y a aussi le fait d’aller potentiellement déstabiliser des bâtiments en infiltrant de l’eau au pied des bâtiments. Tout ça il y a des normes, c’est vrai qu’on ne fait pas n’importe quoi non plus. Donc oui il y a des freins, il y a des inquiétudes, ça c’est certain.»
FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
Le problème de l’infiltration de l’eau en pied de bâtiments est revenu à plusieurs reprises dans les témoignages, bien que problématique, il n’apparaît pas comme un élément bloquant dans l’absolu car celui-ci pourrait être levé grâce à des moyens techniques et des leviers financiers. La question des usages semble quant à elle étroitement liée au choix des revêtements et donc aux techniques de mise en œuvre et sera détaillée dans le point suivant. En revanche, le manque de recul et d’expérience sur les techniques de désimperméabilisation pose un contexte encore très expérimental et intimement lié à la perception de la complexité des techniques.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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LES USAGES L’argument des usages comme frein au développement des projets de désimperméabilisation a été relevé à de nombreuses reprises. Trois types d’usages se distinguent : la voiture (circulations et stationnements), les accessibilités PMR47 ainsi que les usages récréatifs (en particulier dans les écoles). L’usage intensif de la voiture et les pollutions qui lui sont liées apparaissent comme l’élément freinant majeur. D’après Claude COULOUMA, qui témoigne avoir vu les premières applications de la désimperméabilisation dans les années 1970, le coût des techniques spécifiques au traitement des pollutions émises par les voitures a empêché depuis quelques années le développement de la désimperméabilisation sur le territoire.
CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
PMR : Personnes à mobilités réduites
47
48 Article 3 de la Directive 91/271/ CEE du Conseil, en date du 21 Mai 1991, relative au traitement des eaux urbaines résiduaires
URL : https://eur-lex. europa.eu/legal-content/ FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31991L0271&qid= 1649941825203& from=EN
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« La grosse contrainte qui a subsisté pendant des années, c’est que des organismes qui ont prôné le traitement des pollutions (hydrocarbures, huiles, premières eaux de lavage) demandaient des dispositifs pour éviter toute pollution, au niveau du rejet dans le milieu, plus importante que ce qui aurait pu se produire sans traitement. {...} Parce que quand on connaît le prix d’un séparateur à hydrocarbures et des volumes que ça peut représenter suivant les débits d’entretien, les collectivités et les privés ont mis certainement un frein à ce type de dispositifs. Alors que bon, la pollution à l’heure actuelle, on la vit dans toutes les rues de Narbonne, dans tous les parkings. Comme je l’écrivais tout jeune sur une rédaction en 6e, tout à la mer, tout à l’égout. »
Si aujourd’hui il existe différents types de revêtements carrossables et donc adaptés à l’usage de la voiture, la contrainte semble être davantage souterraine. L’aspect de la désimperméabilisation ici mis en avant est celui de la déconnexion d’une surface du réseau d’eaux pluviales afin d’infiltrer directement l’eau dans le sol. Or, sur ce point-ci, l’infiltration d’eaux polluées ayant ruisselé sur des surfaces contenant des hydrocarbures amène un risque de pollution du sol et des nappes phréatiques. Face à ce risque, l’Article 3 de la Directive 91/271/ CEE du Conseil, en date du 21 Mai 1991, relative au traitement des eaux urbaines résiduaires48 oblige au traitement des eaux présentant un risque de pollution avant leur rejet en milieu naturel. Pour ce faire, il existe des ouvrages, comme par exemple les filtres à hydrocarbures, permettant de traiter les eaux polluées avant de les laisser infiltrer dans le sol. Cependant, ceux-ci sont très coûteux et rarement rentables pour des petits projets de désimperméabilisation ponctuelle, amenant ainsi à des freins d’arguments financiers. L’accessibilité PMR est le second usage évoqué comme étant inadapté aux projets de désimperméabilisation. Cependant, cet argument reste dépendant de la technique utilisée pour désimperméabiliser. En effet, si les revêtements en dalles alvéolaires, plutôt adaptés aux parkings, peuvent être accidentogènes, ce n’est pas le cas des surfaces lisses comme par exemple les bétons drainants.
Enfin, le dernier argument opposé concerne plus spécifiquement les usages au sein des cours d’écoles, lesquelles font actuellement l’objet d’un important mouvement de désimperméabilisation. Selon plusieurs témoignages, la potentielle insécurité des enfants découlant d’aménagements innovants et parfois peu adaptés aux usages. Encore une fois, cet argument est à prendre avec recul car il dépend à la fois de l’aménagement conçu et de la façon dont les usages y ont été pris en compte mais également des mentalités et de « la tendance à surprotéger en France.»49
MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
« Concernant les projets de désimperméabilisation, je pense qu’il faut aussi accepter que ce soit expérimental. On n’a pas l’habitude à ce qu’une cour soit autre chose que du béton ou de l’enrobé. Et les enfants pareil, ils aiment bien aller partout. {...} Après aux usages, comment ça va se passer avec les enfants ? Les copeaux ? Je pense qu’on a été éduqués et habitués à ne rien avoir dans les cours, depuis des générations. Il y a eu une époque où c’était de la terre battue et là on revient sur autre chose. Ce que je veux dire c’est que, par rapport aux usages, c’est peut être pas si évident que ça, mais peut être que dans quelques temps ça voudra dire qu’on joue différemment dans les cours, sans forcer les usages non plus.»
Si les usages sont un facteur important à prendre en compte lors de la conception d’un aménagement et pour le choix des revêtements de sols, il existe aujourd’hui des techniques adaptées au plus grand nombre qui peuvent être mises en place au regard des moyens financiers. Il en va de même pour les problèmes de pollution liés au ruissellement de l’eau sur des surfaces polluées. Cependant ce point semble être un des éléments freinant particulièrement les projets de désimperméabilisation par la complexité de mise en œuvre et le budget que nécessitent les aménagements de filtration des eaux polluées. « Traiter toutes les eaux pluviales serait la panacée, mais aujourd’hui comme hier c’est irréalisable financièrement parlant donc il faut faire des choix. Vu les volumes à traiter, je pense que le fait de désimperméabiliser sur des surfaces bien définies, c’est des aménagements qu’il faudrait faire de manière beaucoup plus intensive que ce qui est fait jusqu’à maintenant.» CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
49 CEREMA. Synthèse du webinaire Cours d’écoles résilientes dans les régions Normandie, Centre Val-de-Loire, Bretagne et Pays de la Loire. 9 Juillet 2020.
Source : https://www.cerema.fr system/files/documents/2020/07/2020 _07_09_cr_cours_ decole_resilientes.pdf
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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L’ENTRETIEN Parmi les freins techniques, c’est celui de l’entretien qui a été le plus évoqué et c’est un sujet qui créé débat entre les différents acteurs. Mais de quoi relève-t-il ? Complexité des aménagements ? Manque d’effectifs au sein des équipes d’entretien ? Problèmes de gouvernances ?
FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
« Les freins aussi à la désimperméabilisation ça peut être la notion des services espaces verts des villes, tout ça leur demande plus de travail en fait. {...} On a des collectivités qui se disent : « Aller verdir ? Non ! Il faut aller ramasser les feuilles, tailler les arbres, les arbustes. » Ça génère des transferts de charges, de frais de fonctionnement d’un service à un autre et c’est compliqué.»
« Sur cette problématique d’infiltration de l’eau dans l’espace public, vous allez être confrontée rapidement {...} à des problématiques de gestion, le matériel de gestion, les moyens humains, etc. C’est-à-dire que quand vous avez acheté une nouvelle sorte de balayeuse, pour tant de millions d’euros, c’est plus simple de faire en sorte que les aménagements répondent au gabarit de la balayeuse et à ce qu’elle est en capacité de faire plutôt que de créer un aménagement qui créé de la complexité dans l’entretien. Un projet bien pensé, avec les gestionnaires et les jardiniers que l’on a tendance a oublier, ça dure plus dans le temps. Il faut penser, en intégrant dès la conception, le coût en frais de fonctionnements. Jamais le concepteur, à part en interne comme on le fait au sein des collectivités, ne pense à intégrer ces coûts parce que ce n’est pas nécessairement mentionné dans la logique des marchés des maîtrises d’œuvre. »
MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
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BRICE DACHEUX-AUZIÈRE Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
« Ça percute un peu sur tous les niveaux. Tu as l’ambition politique au départ (qui n’est d’ailleurs pas forcément toujours là). Et puis ensuite il y a une telle inertie jusqu’au gestionnaire. Aujourd’hui, la ville de Marseille est très en retard sur les entretiens des espaces extérieurs et ne dispose pas d’assez de moyens (humains et matériels) pour assurer un suivi sérieux des espaces publics. {...} Quand le gestionnaire ne sait pas gérer, il te refait le projet derrière. Si tu ne fais pas un bon carnet d’entretien (qui n’est d’ailleurs que rarement communiqué/lu/intégré) ou que tu n’as pas défini ce que tu as planté avant avec les services gestionnaires et les jardiniers (ce qui est impossible quand c’est une entreprise de prestation externe), ton projet après tes garanties de reprise est transformé - dans le meilleur des cas , remanié ou laissé à l’abandon dans une forme de dépérissement progressif.»
Si leurs opinions divergent, Brice DACHEUX-AUZIÈRE et Mathieu GONTIER s’accordent à dire que la bonne gestion d’un aménagement repose sur la discussion de l’entretien de celui-ci par les gestionnaires et aménageurs dès la phase de conception. Cette phase de concertation semble en effet être essentielle afin de concevoir des aménagements durables, qui conviennent à la fois au concepteur et aux équipes d’entretien. Le frein lié à l’entretien repose donc sur plusieurs paramètres qui relèvent dans un premier temps de moyens humains et techniques mais également des compétences des techniciens d’entretien et de leur sensibilisation à la désimperméabilisation. La discussion entre concepteur et gestionnaire en amont de la création de l’aménagement est ensuite un élément primordial. Enfin, la question des gouvernances et la complexité des liens entre les institutions semble également jouer un rôle dans la gestion uniforme des aménagements au sein d’un même territoire. Ceci est particulièrement constatable sur le territoire marseillais où Ville et Métropole se partagent l’entretien de l’espace public, créant des disparités de gestion et un espace public parfois chaotique.
«Aujourd’hui par exemple, à la ville de Marseille, on n’a plus la gestion des arbres de voirie ni les pieds d’arbres, ça c’est une des compétences métropolitaines. Si il y avait une unité entre ville et métropole sur arbres d’alignements, trottoirs, travaux sur voirie, etc. par exemple, il y aurait des jardins un peu partout, des zones d’expansion de l’eau dans les rues, une meilleure infiltration des pieds d’arbres, des bandes plantées, etc.»
BRICE DACHEUX-AUZIÈRE Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
Encore une fois, les différents freins semblent liés les uns aux autres et la question de la gouvernance sera traitée dans un autre point de la recherche.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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LE MANQUE DE RECUL
« {...} C’est là aussi que je me dis qu’on en est aux balbutiements, parce que à la fois les collectivités, les élus ont besoin de chiffres pour être convaincus et dire que ça marche et qu’on y va et à côté de ça, il n’y a tellement encore pas assez de recul sur ces expériences, qu’on n’est pas encore vraiment capables de donner ces chiffres là.» MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
Enfin, le manque de recul et d’expériences sur les projets de désimperméabilisation est le dernier des freins techniques évoqué. Bien qu’immatériel, le manque de recul est ici considéré comme un frein technique car découlant d’un concept récent et d’un faible retour d’expériences des quelques projets mettant en œuvre la désimperméabilisation. Celui-ci est constaté de deux manières : une peur des maîtrises d’ouvrages qui, ne possédant pas suffisamment de références de projets, restent réticentes à engager des moyens financiers pour la mise en place de projets de désimperméabilisation considérés comme «expérimentaux» sur leur territoire et un manque de compétences des entreprises sur ce sujet-là. Si les collectivités déclarent de leur côté être suffisamment sensibilisées à la question de la désimperméabilisation, le manque d’investissements financiers dans ces projets traduit en partie leurs peurs d’appliquer le concept sur leur territoire. D’un autre côté, la désimperméabilisation étant un sujet relativement récent, les entreprises de réalisation ne sont pas encore toutes compétentes sur les techniques de mise en œuvre et restent parfois dans l’incapacité de réaliser ce type de projets.
MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
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« On se rend compte qu’il y a des entreprises qui ne savent pas forcément répondre sur la faisabilité. C’est pas de la mauvaise volonté, mais c’est là où tu te dis que finalement c’est assez neuf comme pratique puisque les entreprises n’ont pas encore intégré la compétence. Donc c’est aussi un truc à intégrer, c’est-à-dire qu’il faut vraiment bien le décrire, quand tu es en maitrise d’œuvre sur ce genre d’opérations, et bien le suivre aussi quand tu es sur la direction des travaux. Et des fois aussi accepter {...}, être ouvert au fait que l’entreprise qui ne sait pas faire, peut proposer d’autres solutions. {...} Il y a quand même aussi cette faisabilité là technique qui est à mon avis, pas un frein, mais il faut bien l’accompagner et l’accepter.»
Aujourd’hui, bien que 96.6% des répondants affirment connaître le concept de désimperméabilisation, seuls 24% déclarent avoir déjà assisté ou organisé une séance de sensibilisation sur le thème de la désimperméabilisation. Ce faible pourcentage confirme d’un côté le caractère récent du sujet mais pourrait également être à l’origine du manque de connaissance approfondi des techniques de désimperméabilisation, et qui traduit la peur d’engager des moyens financiers dans ce type de projets par manque d’expériences.
PARTICIPÉ 24 %
JAMAIS PARTICIPÉ 76 %
Figure 56 - Répartition de la participation ou de l’organisation d’une séance de sensibilisation sur le thème de la désimperméabilisation
Ce frein sera naturellement levé au fil du temps grâce au partage des retours d’expériences des entreprises et des collectivités ayant mis en œuvre des projets de désimperméabilisation. Ainsi, le sujet étant encore relativement récent, les prochaines années devraient voir se réaliser davantage de projets intégrant la question de la désimperméabilisation. Une fois encore, la discussion et le partage des expériences entre les différents acteurs semble essentiel pour avancer ensemble.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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LES FREINS FINANCIERS Le second grand frein au développement des projets de désimperméabilisation est d’ordre financier. Comme évoqué précédemment, les techniques de mise en œuvre sont relativement coûteuses par la technicité des aménagements. Il existe cependant diverses aides financières, notamment proposées par l’Agence de l’Eau, afin d’inciter les maîtrises d’ouvrages à gérer les eaux pluviales d’une manière alternative à la gestion tout-tuyau au sein des nouveaux projets d’aménagement. Quelles sont ces aides dont peuvent bénéficier les collectivités pour les projets de désimperméabilisation ? Quels sont les critères que doivent remplir les projets pour être éligibles à ces financements ? LES AIDES FINANCIÈRES Trois types d’aides financières ont été évoqués au cours de cette recherche par les différents acteurs rencontrés : le Fond Barnier, les financements de l’Agence de l’Eau, et les financements ponctuels pour des projets expérimentaux comme l’exemple du Grand Narbonne en partie financé par le Cerema. Afin d’être éligibles à l’un de ces financements, les projets doivent remplir un certain nombre de critères. François ROBERI, chargé d’intervention eau et pollutions à l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a décrit les points suivants comme importants à prendre en compte dans les projets afin de bénéficier des financements alloués par les Agences de l’eau :
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•
Tout d’abord, les eaux pluviales de la surface qui va être désimperméabilisée doivent être prises en charge par des réseaux.
•
Ensuite, il est important de renseigner un état des lieux précis de la zone sur laquelle le projet va être mis en œuvre : Comment sont gérées actuellement les eaux pluviales ? Où vont-elles ? Y a-t-il des études de sol ?
•
Enfin, il est primordial d’expliciter les démarches du projet : Quelle surface va être déconnectée du réseau ? Quels sont les types de travaux nécessaires ? (terrassement, création d’infrastructures d’infiltration, reconstitution du sol, ...) Quel est le coût des travaux nécessaire à la déconnexion de cette surface ? Pour quelle occurrence de pluie le projet est-il dimensionné ? (pluie annuelle, décennale, trentennale) Quel volume d’eau peut-il recueillir et sur quelle durée ?
« Aujourd’hui on devient un peu plus pointus dans nos exigences pour financer ces dossiers. {...} Donc il y a tout un cheminement intellectuel, des études de dimensionnement qui sont nécessaires et tous ces types de travaux dont il faut qu’on ait un chiffrage, une quantification. Et une fois qu’on a ces informations, on peut proposer une aide avec un taux de 50% aux travaux qui sont éligibles. » FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
« Il y a ce qu’on appelle le Fond Barnier, qui est le fond des assurances, et qui permet d’indemniser les personnes ayant eu des dommages lors des risques naturels tels que les inondations. Afin d’éviter de payer pour les catastrophes, le Fond Barnier préfère financer les travaux permettant de diminuer le risque d’inondation par ruissellement. {...} Il ne va pas venir financer des travaux pluviaux que le Service des Eaux Pluviales aurait dû faire de toute façon, mais il va venir financer des travaux qui améliorent la situation au regard des eaux de ruissellement.»
MÉCONNAISSANCE DES COLLECTIVITÉS OU DES AMÉNAGEURS ? Les témoignages qui précédent montrent que divers financements existent pour inciter et aider les collectivités à développer des projets de désimperméabilisation sur leurs territoires. Compte-tenu de ce paramètre et suite au constat de la réalisation d’un faible nombre de projets mettant en œuvre la désimperméabilisation, la question qui se pose est la suivante : dans quelle mesure les maîtrises d’ouvrage sont-elles sensibilisées à l’existence de ces financements ? Si selon François ROBERI, les collectivités les connaissent bien et c’est davantage un problème de méconnaissance des aménageurs, pour Mathieu GONTIER et d’autres paysagistes concepteurs c’est davantage un manque de connaissance de la part des maîtrises d’ouvrages.
FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
« Oh oui je crois que les maitrises d’ouvrage sont bien sensibilisées à nos financements, enfin ça commence. En fait les collectivités peut être mais après, pas forcément les aménageurs, les gens avec qui on a jamais beaucoup travaillé, les architectes ou les paysagistes par exemple. Mais le bouche à oreille commence bien, on a beaucoup communiqué. On a organisé l’année passée des journées techniques sur la désimperméabilisation, qui étaient décentralisées. Donc une journée par délégation, il y en a eu une sur Marseille, sur Lyon, sur Montpellier, et sur Besançon. Et elles ont bien marché, on a eu beaucoup de participants. Et après, le bouche à oreille fonctionne.»
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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« Nous ce qu’on voit aujourd’hui c’est que parfois on fait presque de l’assistance à maitrise d’ouvrage pour les mettre au courant de l’existence des subventions. Des fois on leur donne des contacts, on les aide à monter leurs dossiers.» MATHIEU GONTIER Paysagiste concepteur
De nombreux documents trouvés sur internet et majoritairement réalisés par diverses Agences de l’eau, ou des organismes similaires, et à destination des collectivités, révèlent que les maîtrises d’ouvrage ont aujourd’hui toutes les cartes en main pour candidater à ce type de financements. Cependant, si les maîtrises d’ouvrage publiques sont largement sensibilisées, le témoignage de Mathieu GONTIER pourrait être expliqué par un manque de sensibilisation des maîtrises d’ouvrage privées telles que des promoteurs ou les bailleurs sociaux. Bien que bloquants pour le développement des projets de désimperméabilisation, les freins financiers ne pourraient être levés au travers de différents moyens qui seront détaillés par la suite de la recherche en tant que leviers.
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LES FREINS FONCIERS Évoqués plus en minorité par les acteurs, les freins fonciers jouent un rôle déterminant dans le manque d’application de la désimperméabilisation au sein des projets d’aménagements. Selon les témoignages, ces freins ont pu être classés en trois grandes familles : la pression foncière, l’appartenance du foncier et la densité des centres villes. LA PRESSION FONCIÈRE Si le sol est une ressource naturelle dont la richesse est inestimable, celui-ci est aujourd’hui considéré par l’homme comme étant avant tout une surface à exploiter de diverses manières50. Dans cette concurrence, selon le contexte environnant, les sols encore perméables et non construits sont soumis à une forte pression foncière résultant de la dynamique d’étalement urbain et de la volonté de bâtir des logements, des bureaux, des commerces, de l’industrie, etc. Ce sont notamment les surfaces agricoles qui sont les plus convoitées. Pour preuves, en France, le prix à l’hectare des terres cultivables a presque doublé entre 1995 et 201051. Le potentiel de désimperméabilisation étant ainsi freiné par une tendance à l’imperméabilisation. LA RÉPARTITION DU FONCIER L’appartenance du foncier apparaît également comme complexifiant les projets dans un premier temps mais aussi l’application de la désimperméabilisation. Pour les collectivités, seuls les projets sur des parcelles publiques sont envisageables. En France, le système parcellaire est extrêmement découpé avec près de 100 millions de parcelles cadastrales recensées en 200252 et une tendance de ces découpages allant à la hausse avec l’étalement urbain créant ainsi un véritable puzzle. Compte-tenu de cette complexité, les propriétaires ignorent parfois qu’ils sont en possession de certains terrains. La recherche n’a malheureusement pas permis d’obtenir de chiffres concernant la répartition de l’appartenance de ces parcelles entre le domaine public et le domaine privé. Cependant, plusieurs témoignages des acteurs rencontrés laissent entrevoir la complexité de cette répartition qui entraine également un étalement dans le temps de la réalisation des projets. Ainsi Nadine FLORENCE explique qu’à Marseille, certains des projets réalisés récemment ont en réalité été conçus il y a une dizaine d’années, le temps que la métropole acquière les terrains, et période à laquelle la désimperméabilisation ne faisait pas encore vraiment parler d’elle.
Cf. Partie 1, 2. Des sols imperméables facteurs d’aggravation des conséquences du changement climatique, Le sol une ressource avant tout, Figure 2 - Dessins d’illustration de plusieurs définitions du sol en fonction des différentes disciplines qui l’appréhendent 50
Graphique II - Indice de prix à l’hectare des terres et prés libres et non bâtis déflatés Source : Safer-Terres d’Europe-SCAFR _ calculs SSP.
51
Nombre de parcelles cadastrales et de locaux, Situation au 1er Janvier 2002 Source : https:// cadastre.pagesperso-orange.fr/tb50.pdf 52
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NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
« Il faut prendre en compte son occupation, qu’est-ce qu’il y a sur le sol aujourd’hui ? Un bâtiment ? Quels sont les enjeux ? À qui appartient-il ? Je ne peux pas aller désimperméabiliser chez du privé. Il faut donc identifier sur quels sols on peut désimperméabiliser rapidement. {...} Pendant qu’on parle, il y en a qui sont en train d’imperméabiliser : Le Vieux Port, la Rue de la République, le Centre Bourse... Et c’est parce que ces marchés publics étaient déjà lancés en fait. Pour en arriver à la phase travaux, il faut compter un ou deux ans d’études. Donc si les études ont démarré il y a un ou deux ans, ça veut dire que le marché en lui-même a été conçu dans son cahier des charges, il y a trois ou quatre ans minimum.»
DES CENTRES VILLES TRÈS DENSES Enfin, la densité urbaine et plus particulièrement celle des cœurs de ville apparaît également comme un élément freinant de la désimperméabilisation. Le caractère patrimonial complexifiant la mutation d’espaces classés a également été évoqué par un certain nombre d’acteurs. « Le problème c’est qu’à l’heure actuelle on est en train de traiter que des «petits espaces», à l’intérieur d’un espace urbain qui est déjà très étriqué. On a déjà du mal à faire passer des cheminements PMR conformes donc dès qu’il faut destructurer des espaces c’est pas toujours évident mais c’est passionnant et on arrive à le faire.» CLAUDE COULOUMA Ville de Narbonne
« Il y a quand même un écart à combler entre la capacité des collectivités pour les projets nouveaux à demander des espaces qui ne soient pas 100% imperméables et de l’autre côté initier des travaux pour désimperméabiliser des secteurs qui sont imperméables. Ce n’est pas du tout la même démarche et effectivement ça ne nécessite pas la même mise en œuvre.» PIERRE-JEAN L’HORSET DDTM de l’Aude
L’acquisition foncière prenant du temps, le foncier apparaît réellement comme un élément freinant au développement de la désimperméabilisation. D’un autre côté, concernant la pression foncière, le développement du concept de reconstruction de la ville sur elle-même pourrait participer à la préservation des terres agricoles qui sont par ailleurs de plus en plus protégées. 76
LES FREINS CULTURELS Les freins culturels ou autrement appelés «mentalités» ont souvent été évoqués pour expliquer la réticence à l’application de la désimperméabilisation. Aujourd’hui encore, une grande part de la population semble considérer que les surfaces imperméables sont plus «propres» car plus faciles aussi à entretenir. Certains acteurs ont ainsi témoigné avoir entendu les arguments suivants : « L’enrobé c’est propre, l’herbe c’est sale.» Homme, 34 ans, Paysagiste concepteur dans le Puy-de-Dôme « L’enrobé noir c’est plus propre et plus économique, ça demande moins d’entretien.» Femme, 42 ans, Travaillant pour une collectivité dans l’Oise
« Moi je me rappelle que sur les cours d’écoles, les arguments qui ont été mise en avant par les collectivités contre la désimperméabilisation ça a été les moustiques, les enfants qui se salissent.» FRANÇOIS ROBERI Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse Délégation de Marseille
Ces modes de pensée pourraient cependant être amenés à évoluer au fil du temps et du développement des projets de désimperméabilisation ainsi que par le constat d’un apport d’une qualité de vie meilleure en ville par la présence de nature en ville et la diminution des phénomènes d’inondations par infiltration.
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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LES FREINS POLITIQUES Bien que l’argument politique ait fait parti des freins évoqués en minorité au sein des questionnaires, il est cependant ressorti comme étant un élément non négligeable au travers des entretiens. S’il s’est souvent présenté sous la forme « d’un manque de volonté politique » dénoncé par les différents acteurs, la situation parait être beaucoup plus complexe :
PIERRE-JEAN L’HORSET DDTM de l’Aude
« Il y a une question de moyens clairement à l’heure actuelle et qui rend les choses difficiles pour les collectivités. C’est-à-dire que la désimperméabilisation n’est pas une obligation à partir du moment où ce n’est pas une compétence que les collectivités exercent donc ce n’est pas nécessairement prioritaire dans l’ensemble des actions qu’elles doivent mener.»
« On peut identifier les problèmes de gouvernance entre métropole et ville. {...} Parce qu’aujourd’hui par exemple, à la ville de Marseille, on n’a plus la gestion des arbres de voirie ni les pieds d’arbres, ça c’est une des compétences métropolitaines. Si il y avait une unité entre ville et métropole sur arbres d’alignements, trottoirs, travaux sur voirie, etc., il y aurait des jardins un peu partout, des zones d’expansion de l’eau dans les rues, une meilleure infiltration des pieds d’arbres, des bandes plantées etc. Mais aujourd’hui, ça ne fonctionne pas comme ça. »
BRICE DACHEUX-AUZIÈRE Direction des Parcs et Jardins Ville de Marseille
Comme vu précédemment et le témoignent Pierre-Jean L’HORSET et Brice DACHEUX-AUZIÈRE, plusieurs paramètres viennent s’intégrer dans la dimension politique : la question des moyens financiers et humains (en matière d’entretien) évoquée précédemment ainsi que la complexité des liens entre les différentes institutions. Concernant particulièrement ce dernier point, la désimperméabilisation n’est aujourd’hui pas intégrée dans les documents d’urbanisme qui pourraient jouer un rôle très important dans son application au sein des projets d’aménagement. UNE NOTION PAS ENCORE INTÉGRÉE DANS LES DOCUMENTS D’URBANISME Les SCoT et PLU sont des documents indispensables à la cohérence des politiques publiques en matière de développement urbain et environnemental. Ces documents sont très longs à élaborer et 78
définissent sur un temps long les orientations d’évolution d’un territoire. Il faut compter entre 3 et 5 ans de concertation collective entre les différents acteurs d’un territoire pour élaborer une SCoT, qui doit être compatible avec le SDAGE, et qui sera ensuite mis en vigueur pour les 15 à 20 prochaines années. Le PLUi, quant à lui, doit être compatible avec les orientations du SCoT sans obligation de conformité, c’est-à-dire d’application de règles identiques. Au contraire, il est même possible d’adapter un PLU aux spécificités locales et aux attentes communales tout en ayant en tête la compatibilité avec le SCoT.
SDAGE
Détermine les orientations fondamentales d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et fixe les objectifs de qualité et de quantité des eaux.
Compatibilité
SCoT
Intègre les politiques publiques et assure la cohérence territoriale
Compatibilité
PLUi
Cadre les projets
Conformité
Conformité : doit être identique
Projet
Produit les impacts
Compatibilité : doit prendre en compte tout en ayant la possibilité d’adapter Figure 57 : Pyramide de compatibilité des documents de planification de l’urbanisme Source : https://www.cerema.fr/fr/actualites/comment-integrer-desimpermeabilisation-sols-son-territoire
Le temps d’élaboration de ces documents pourrait aujourd’hui expliquer que le concept récent de la désimperméabilisation n’y soit pas encore mentionné. Cependant, le facteur de complexité des liens entre gouvernance apparaît également comme un frein dans l’application du concept de désimperméabilisation au sein des documents d’urbanisme. Malgré cela, ces document apparaissent comme des leviers potentiels du développement de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagements. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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ETAT Administration centrale Ministères de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques)
DGALN (Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature)
SNGRI
Atelier des territoires
DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), DDT/DDTM (Direction des Territoires et de la Mer) SLGRI (Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation) Région
Compétences exclusives : Aménagement du territoire et Environnement, Transports, Enseignement secondaire et supérieur, Formation professionnelle, Développement économique et innovation, Gestion des programmes européens, agriculture
SRADDET (Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires), SRCE
Organismes interministériels transversaux
Département
Compétences exclusives : Solidarités et cohésion territoriale, Éducation (Collèges), Aménagement et transports (Équipement rural, remembrement, aménagement foncier, Gestion de l’eau, Gestion de voirie rurale), Action culturelle et sportive
PUCA Cerema
EPCI - Collectivités locales / Syndicats de gestion par délégation
Expérimentations qui viennent nourrir les différents documents d’urbanisme
Communauté de Communes
compétences
Compétences obligatoires : Aménagement de l’espace, Actions de développement économique, GEMAPI, Création, aménagement, entretien et gestion des aires d’accueil des gens du voyage et des terrains familiaux locatifs, Collecte et traitement des déchets des ménages et déchets assimilés
Communauté d’Agglomération
+ de 50 000 habitants Compétences obligatoires : Développement économique, Aménagement de l’espace communautaire, Équilibre social de l’habitat, Politique de la ville dans la communauté, GEMAPI, Création et gestion des aires de d’accueil des gens du voyage, Collecte et traitement des déchets des ménages
SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) PLUi (Plan Local d’Urbanisme intercommunal) PLH (Plan Local de l’Habitat)
Commune
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Gestion du réseau d’assainissement
Métropole
La métropole exerce de plein droit ou par voie conventionnelle, des compétences relevant de la commune principalement, du département et, dans une moindre mesure, de la région ou de l’État.
+ compétences
Ministère de l’Économie et des Finances EPA (Établissements Publics d’Aménagements)
Agences de l’eau
Statut d’Opérations d’Interêt National (OIN)
Regroupées par Bassin Versant
Missions : Innovation et Développement Durable, Qualité de vie, Aménagement et urbanisme, Développement immobilier, Développement Économique Exemple : Euroméditerranée
Police de l’eau Transversale
Missions : Préserver ou retrouver une ressource en eau de qualité
PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation) SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) - PAPI SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) Figure 58 : Organigramme des différentes institutions et de leurs rôles dans la mise en place des projets d’aménagement et de désimperméabilisation
LA COMPLEXITÉ DES GOUVERNANCES La hiérarchie des institutions est un sujet globalement complexe au sein duquel il est difficile de se retrouver. Aucun document n’explicitant l’organisation des institutions susceptibles d’intervenir dans le processus de mise en place de la désimperméabilisation n’ayant été trouvé, l’organigramme ci-contre a été élaboré à partir de sources diverses. La complexité des liens entre les différentes institutions ainsi que les documents de réglementations y sont mis en évidence explicitant ainsi en quoi la gouvernance apparaît comme un frein à la désimperméabilisation. Comme l’expliquait Brice DACHEUX-AUZIÈRE précédemment, le croisement des compétences sur un même territoire entre les différentes collectivités entraîne une gestion hétérogène et complexe des espaces et ce d’autant plus lorsque les visions politiques de ces collectivités divergent. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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3. DES LEVIERS POUR L’AVENIR Tout comme la méthode de recherche a permis de déterminer un certain nombre de freins, des leviers au développement des projets de désimperméabilisation ont également pu être identifiés et notamment grâce à l’analyse de cas réalisée sur le territoire de Narbonne. Ainsi, à chaque frein énoncé précédemment semble correspondre un levier, plus ou moins porteur de projet. Les leviers potentiels identifiés correspondent aux catégories suivantes : techniques, économiques, culturels, fonciers et politiques. LEVIERS TECHNIQUES Divers leviers techniques potentiels ont été identifiés au regard des freins techniques précédemment énoncés : une bonne connaissance du territoire, des techniques d’aménagements et de matériaux qui se perfectionnent et les retours d’expériences sur des techniques encore relativement récentes, . UNE BONNE CONNAISSANCE DU TERRITOIRE
53 Les données du taux d’imperméabilité des sols en fonction de leur occupation sont disponibles via la couche Imperviousness du Programme européen Copernicus. URL : https://land.coper-
nicus.eu/pan-european/ high-resolution-layers/ imperviousness 54
TAKAHÉ Conseil, URL : https:// takaheconseil.com
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L’étude menée par le Cerema sur le territoire de la Narbonnaise illustre parfaitement la nécessite d’avoir une bonne connaissance du territoire avant d’y engager des projets de désimperméabilisation. Pour cela, la cartographie des espaces potentiellement désimperméabilisables est essentielle. D’après la méthode appliquée par le Cerema et les témoignages des acteurs du Grand Narbonne, les bases de données SIG semblent être un outil particulièrement adapté à cette cartographie. Plus précisément, le croisement des données d’occupation du sol et de la qualité des sols53 avec celles du ruissellement et du risque inondation constituent une première base au recensement des espaces potentiellement désimperméabilisables. Ce marché est d’ailleurs en train de se développer aujourd’hui auprès des paysagistes. Par exemple, le bureau d’études TAKAHE Conseil54, créé par Jean-Marc BOUILLON en 2018 et spécialisé dans l’assistance aux maîtrises d’ouvrages, propose aujourd’hui des services de cartographie du potentiel de désimperméabilisation des territoires à des échelles diverses. Les maîtrises d’ouvrage, quant à elles, sont de plus en plus sensibilisées à l’importance de désimperméabiliser. En effet, de son côté la métropole Aix-Marseille-Provence vient de lancer un marché de cartographie des espaces potentiels à la désimperméabilisation sur son territoire. En parallèle, Brice DACHEUX-AUZIÈRE affirme avoir déjà recensé ces espaces à l’échelle des Parcs & Jardins de la ville de Marseille.
DES TECHNIQUES ET DES MATÉRIAUX QUI SE PERFECTIONNENT
Comme décrit dans la Partie I, plusieurs techniques permettent aujourd’hui de mettre en œuvre la désimperméabilisation, pourtant elle n’apparaît que rarement dans les projets d’aménagement. D’après l’analyse des freins techniques, le problème semble résider dans la technicité de la mise en œuvre ainsi que dans le manque de compétences des entreprises de création qui révèle le caractère récent du sujet. Progressivement, les professionnels se forment grâce à l’émergence de journées dédiées à la sensibilisation et aux techniques d’application de la désimperméabilisation. En parallèle, les revêtements perméables continuent de se diversifier afin de répondre à un maximum d’usages. Les entreprises devraient donc monter rapidement en compétences sur ce sujet et être de plus en plus capables de répondre pour la mise en application de la désimperméabilisation. Sur ce point, il est important que le concepteur dialogue un maximum avec les entreprises chargées de la réalisation ainsi qu’avec les gestionnaires afin de partager les savoirs et garantir des aménagements de qualité. UN PARTAGE D’EXPÉRIENCES ENTRE LES ACTEURS Les bonnes relations entre les acteurs semblent primordiales pour un bon développement des projets en général. Sur ce point, l’étude comparative entre les villes de Marseille et de Narbonne illustre particulièrement bien les effets de la qualité du dialogue entre les différents acteurs sur l’espace public. Afin de remédier à la situation actuelle de Marseille et de sensibiliser le plus grand nombre à la nécessité de désimperméabiliser, la métropole Aix-Marseille-Provence travaille sur un levier en particulier : la Fabrique de l’eau.
« La Fabrique de l’eau c’est créer un lieu, un espace d’échanges, de transversalité, où les gens partagent leurs expériences, leurs questionnements, leurs techniques.» NADINE FLORENCE Métropole Aix-Marseille-Provence
Sur le long terme, les freins actuels liés au manque de recul sur les techniques de désimperméabilisation seront naturellement levées par la montée en compétences des entreprises et grâce au partage d’expériences des projets déjà réalisés. PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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LEVIERS FINANCIERS Comme énoncé précédemment dans les freins financiers, divers types de financements dédiés aux projets de désimperméabilisation existent afin d’inciter à leur mise en œuvre. Les plus courants sont les financements proposés par les Agences de l’eau directement dédiés aux projets de désimperméabilisation. Afin d’en bénéficier, les projets doivent répondre à un certain nombre de critères dont le plus important est la déconnexion du réseau d’eaux pluviales au profit de la mise en œuvre d’une technique de gestion alternative de l’eau pluviale. Les projets de désimperméabilisation peuvent ensuite bénéficier de d’autres financements ponctuels et indirects en fonction des projets, des territoires où ils sont mis en œuvre et des politiques locales. Par exemple, un projet de renaturation des berges d’un cours d’eau ou axé sur la création d’une trame verte sous-entend la désimperméabilisation et peut donc bénéficier de financements spécifiques à ces sujets. Cela nécessite cependant de bien connaître les différents dispositifs financiers mobilisables sur les territoires. LEVIERS CULTURELS Les mentalités évoluent au fil des générations et des modes d’aménagements. Si une part de la population considère encore aujourd’hui que «l’herbe fait sale et le béton est propre», ce mode de pensée est amené à évoluer au fil du temps et ce d’autant plus que les conditions de vie en ville se dégradent avec le changement climatique. L’apport d’une nouvelle végétation en ville par les projets de désimperméabilisation permet aujourd’hui de répondre à de nombreux enjeux urbains tout en améliorant les conditions de vie des citadins. Cette amélioration du cadre de vie permettra donc aux populations de porter un regard nouveau sur la végétation en ville.
Jean-Baptiste BUTLEN, sousdirecteur de l’aménagement durable Cinquième rencontre des acteurs publics du foncier, 7 Mars 2022, «Comment le changement climatique et le ZAN recomposent l’action publique foncière ?» 55
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LEVIERS FONCIERS
«Le foncier est un levier essentiel pour accélérer les transitions territoriales.»55 Bien que les freins fonciers apparaissent comme réellement problématique, certaines occupations du sol ont été relevées comme particulièrement propices au développement des projets de désimperméabilisation. Ce sont notamment les zones les plus imperméables qui sont concernées telles que les parkings ou les zones d’activités économiques. L’étude comparative entre les villes de Marseille et de Narbonne a d’ailleurs montré que dans les deux cas des projets de désimperméabilisation sont en cours au sein des ZAE à proximité directe de la ville.
LEVIERS POLITIQUES ET DE GOUVERNANCES LA LOI 3DS Dans un premier temps, les liens entre gouvernances ayant été identifiés comme freinant particulièrement les projets de désimperméabilisation, un levier a pu être identifié à ce sujet : la loi 3DS du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale.
«La loi 3DS simplifie l’action locale, différencie les solutions, rapproche l’État du terrain, lève les freins inutiles et facilite le quotidien des collectivités et de leurs élus.»56 Grâce à cette loi, les collectivités locales seront en mesure de mieux s’adapter à leur territoire en fixant localement la réglementation dans leur domaine de compétences. Les communes pourront ainsi transférer des compétences qu’elles ne sont pas en mesure d’exercer à leur intercommunalité. Plus particulièrement, dans le cas de Marseille, Emmanuel MACRON a annoncé le 2 septembre 2021 dans le cadre du plan «Marseille en grand» que la gouvernance de la métropole Aix-Marseille-Provence sera réformée. De ce fait, les compétences de proximité seront restituées aux communes et un rééquilibrage financier entre la métropole et les communes sera effectué. Les relations conflictuelles entre la ville de Marseille et la métropole Aix-Marseille-Provence, liées à la complexité des liens entre gouvernances et identifiées comme freinant le développement de la désimperméabilisation sur le territoire marseillais, sont donc amenées à disparaître avec cette nouvelle loi. Ainsi, la désimperméabilisation pourra d’autant mieux se développer sur le territoire, simplifiant également l’appartenance du foncier entre ces deux collectivités.
« C’est quelque chose qu’on a identifié, cette mise en réseau des acteurs qui semble indispensable.» PIERRE-JEAN L’HORSET DDTM de l’Aude
56 Joël GIRAUD, Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales
PARTIE 2 - Les freins et leviers de l’application de la désimperméabilisation dans les projets d’aménagement /
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L’OBJECTIF ZAN Dans un second temps, le manque de réglementation en matière d’imperméabilisation ou de désimperméabilisation au sein des documents d’urbanisme est lui-aussi amené à disparaître avec l’objectif ZAN. Le rôle de ces documents est crucial afin de limiter l’étalement urbain et de maîtriser l’imperméabilisation croissante des sols. En ce sens, l’étude du Cerema sur le territoire du Grand Narbonne fût un succès en matière d’intégration des principes du SDAGE Rhône-Méditerranée-Corse 2016-2021 au sein du SCoT de la Narbonnaise. Ce premier retour d’expériences positif sera bientôt décliné à l’échelle des 22 territoires lauréats de l’AMI57 visant lancé par l’ADEME visant à accompagner les territoires à atteindre les objectifs ZAN de 2030 et 2050. À long terme, la désimperméabilisation aujourd’hui optionnelle dans les documents d’urbanisme (éventuelles OAP58 dans les PLUi) pourrait ainsi devenir un axe de préoccupation permanent en imaginant qu’un certain seuil de perméabilité ou un certain coefficient de pleine terre puisse être appliqué au sein des projets d’aménagement en faveur de la désimperméabilisation. « Aujourd’hui on peut avoir des règlements de PLU pour les zones à urbaniser, pour les extensions urbaines, où on va très facilement pouvoir écrire que les espaces de stationnements seront perméables. Ou en tout cas, si on va même un peu plus loin, des règlements de lotissements dans lesquels on va inscrire que les fameuses places du midi de tous ces lotissements pavillonnaires contre lesquels on essaye de lutter, en tout cas au moins dans la forme urbaine parfois très consommatrice d’espace, puissent être laissées perméables.» PIERRE-JEAN L’HORSET DDTM de l’Aude
AMI : Appel à Manifestations d’Intérêt
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58 OAP : Orientation d’Aménagement et de Programmation.
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DES LEVIERS PORTEURS D’ESPOIR POUR LA DÉSIMPERMÉABILISATION Chacun des leviers évoqué répond aux freins précédemment identifiés et présente des solutions particulièrement encourageantes pour le futur développement des projets de désimperméabilisation sur le territoire. Les leviers de gouvernance et de réglementation sont les plus susceptibles d’accélérer la mise en œuvre de la désimperméabilisation, les freins correspondant apparaissant comme les plus forts.
© SCHUITEN Luc
LA DÉSIMPERMÉABILISATION, UN CONCEPT EN COURS D’ÉMERGENCE Dans le contexte actuel du changement climatique, plus de la moitié des communes françaises sont considérées comme étant moyennement à fortement exposées à des évènements de plus en plus extrêmes. Le présage d’une augmentation de l’intensité des phénomènes naturels, confronte les territoires à l’urgence d’engager la transition vers des villes résilientes. Néanmoins cette résilience demeure extrêmement complexe à atteindre puisqu’elle comporte de nombreux enjeux. Face à la menace d’une augmentation du risque inondation en partie lié à une gestion de l’eau en ville qui montre ses limites, la désimperméabilisation est apparue comme un concept idéal permettant de réduire considérablement les enjeux grâce à une gestion de l’eau pluviale à la source tout en améliorant le cadre de vie des habitants. Le concept sous-entend également un retour au sol et un respect de la richesse qu’il constitue par ses nombreuses fonctions, longtemps oubliées au profit d’une urbanisation massive. Malgré cela, la désimperméabilisation n’est encore que très peu appliquée dans les projets d’aménagement, et pour cause, de nombreux freins persistent à son développement. Cependant, une grande partie des freins identifiés découlent du caractère récent du concept dont les rares applications manquent encore de recul ou dont les expériences positives ne sont que trop peu partagées. Concernant les autres freins, un certain nombre de leviers ont pu être identifiés offrant aux acteurs une large gamme d’outils les aidant à développer la désimperméabilisation sur leur territoire. En somme, la faible application du concept de désimperméabilisation pourrait s’expliquer aujourd’hui par l’émergence très récente du concept qui, encore méconnu, tarde à faire sa place dans les projets d’aménagement. Sa mise en œuvre au sein des territoires semble reposer tout d’abord sur une bonne connaissance du risque inondation et notamment du phénomène de ruissellement qui reste encore très peu connu et aléatoire. Sont également nécessaires une forte volonté politique et une exemplarité de l’action publique ainsi que des coûts de mise en œuvre politiquement et socialement acceptables au regard des bénéfices apportés. Il est ensuite important d’informer et d’accompagner les professionnels dans l’émergence de nouvelles techniques et perceptions d’aménagements à l’aide d’outils opérationnels.
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Sur ce point, le partage et les relations entre les différents acteurs apparaissent comme essentiels. Enfin, il est primordial de sensibiliser un maximum les citoyens dans la manière dont les projets de désimperméabilisation sont en mesure d’améliorer considérablement leur cadre de vie afin de les préparer à percevoir autrement l’espace public. Dans ce sens, l’étude menée par le Cerema sur le territoire du Grand Narbonne ainsi que l’accompagnement par l’ADEME des 22 territoires lauréats de l’AMI visant à atteindre l’objectif ZAN à l’horizon 2050 sont particulièrement encourageants. Le territoire Marseillais, présenté comme très en retard dans la désimperméabilisation, présente lui-aussi des avancées prometteuses grâce au lancement de la cartographie des espaces potentiellement désimperméabilisables, première grande étape dans l’application du concept sur un territoire. Ces constats laissent donc imaginer un fort développement de la désimperméabilisation au cours des prochaines années, nouvelle pierre à l’édifice de la résilience des villes. Dans cet avenir, le paysagiste semble pouvoir occuper une place particulière, celle de médiateur entre le paysage et les sociétés, au service de la transition des villes face au changement climatique. En concevant des espaces qui s’adaptent aux aléas et où usages et nature s’entrelacent, le paysagiste a le pouvoir de faire changer progressivement les modes de pensée. Grâce à lui, les idées selon lesquelles «l’herbe c’est sale et le béton c’est propre» pourraient bientôt disparaître au profit d’une bienveillance et d’une demande croissante de nature en ville. Ce besoin de végétal, d’ombre, de fraicheur, de retour à la nature en quelque sorte, se ressent d’autant plus aujourd’hui chez les citadins que les diverses périodes de confinement subies lors de la pandémie du Covid-19 ont été très dures à vivre. Face à ce nouvel attrait pour l’espace public et à l’écoute des besoins des habitants, le paysagiste aidé de ses alliés architectes et urbanistes, est en mesure d’amorcer la transition vers des villes perméables. Il peut ainsi imaginer des villes où le risque inondation est réduit mais au sein desquelles les habitants ont appris à l’apprivoiser, à le côtoyer, des villes où il fait bon vivre.
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90 © SCHUITEN Luc
RETOUR SUR LA MÉTHODE Le croisement des témoignages recueillis au cours de l’étude de cas comparative entre les villes de Marseille et de Narbonne avec les données extraites du questionnaire diffusé à l’échelle de la France a permis d’enrichir de façon complémentaire la recherche. De cette manière, l’étude menée à l’échelle du territoire métropolitain a permis d’identifier les origines floues de la désimperméabilisation ainsi que la diversité des freins à son application. Cependant, l’étude quantitative a présenté certaines limites du fait que les catégories professionnelles ayant répondu au questionnaire n’ont pas toutes été suffisamment représentées. Ainsi, des questions comme «les types de freins identifiés sont-ils relatifs à certaines catégories professionnelles ?» ou «le fait que les freins techniques aient été identifiés en majorité devant les autres catégories de freins peut-il s’expliquer par une majorité de témoignages de la profession des paysagistes concepteurs ?» n’ont pas pu obtenir de réponses. Les entretiens réalisés avec les acteurs locaux des territoires de Marseille et de Narbonne ont ensuite permis de détailler précisément les enjeux, les freins et les leviers de la désimperméabilisation. Les résultats ainsi obtenus ont participé à comprendre d’une façon globale, pourquoi les projets de désimperméabilisation ne sont pas plus appliqués sur le territoire.
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TABLE DES FIGURES P. 7 Figure 1 : Dessin d’interprétation du concept de désimperméabilisation Source : © DELPECH Maïlys P. 16 Figure 2 : Dessins d’illustration de plusieurs définitions du sol en fonction des différentes disciplines qui l’appréhendent Source : © Atelier Pédagogique Régional (2018) - Désimperméabilisation. Comment désimperméabiliser le sol dans le cente historique de Marseille ? P. 17 Figure 3 : Dessin d’illustration des différentes fonctions du sol Source : © Cerema. Les super pouvoirs des sols en BD. Publié le 10 janvier 2020. URL : https://www.cerema.fr/fr/actualites/super-pouvoirs-sols-bd
Figure 15 : Photographie du sol, Rue Henri Masserer, 1er arr., Marseille Source : © DELPECH Maïlys, mars 2022 Figure 16 : Photographie du sol, Rue Poids de la Farine, 1er arr., Marseille Source : © DELPECH Maïlys, mars 2022 P. 25 Figure 17 : Rejet des eaux usées dans la rue au Moyen-Âge Source : «Gestion des déchets : comment la salubrité publique devint un enjeu majeur», La France pittoresque {En ligne}, publié le 5 mai 2019 URL : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article15260
Figure 18 : Vue en coupe du système d’assainissement à Paris en 1886 Source : © Collection Philippe Clément
P. 18 Figure 4 : Composition d’un sol Source : © DELPECH Maïlys
Figure 19 : Station d’épuration à Arras Source : Arras Communauté Urbaine {En ligne}, publié le 26 septembre 2017
Figure 5 : Triangle des textures
URL : https://www.cu-arras.fr/station-epuration/
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Triangle-texture-sols.png
Figure 6 - Tableau du taux d’infiltrabilité des sols en fonction de leur nature Source : https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/pluviales/annexeB.pdf
P. 21 Figure 7 - Évolution de l’artificialisation des sols en France entre 1982 et 2018 Source : Loi Climat et Résilience : des avancées et des limites. Vie Publique {En ligne}, publié le 28 octobre 2021, consulté le 20 avril 2022 URL : https://www.vie-publique.fr/eclairage/281953-loi-climat-et-resilience-des-avancees-et-deslimites
P. 22 Mosaïque de photos du sol, de gauche à droite, du haut vers le bas Figure 8 : Photographie du sol, Friche de la Belle de Mai, Marseille Source : © DELPECH Maïlys, mars 2022 Figure 9 : Photographie du sol, Rue d’Hozier, 3e arrondissement, Marseille Source : © DELPECH Maïlys, février 2022 Figure 10 : Photographie du sol 1, Boulevard d’Athènes, 1er arr., Marseille Source : © DELPECH Maïlys, février 2022 Figure 11 : Photographie du sol 2, Boulevard d’Athènes, 1 arr., Marseille Source : © DELPECH Maïlys, février 2022 er
Figure 12 : Photographie du sol, Centre historique d’Arles Source : © DELPECH Maïlys, février 2022 Figure 13 : Photographie du sol 3, Boulevard d’Athènes, 1er arr., Marseille Source : © DELPECH Maïlys, février 2022
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Figure 14 : Photographie du sol, gare de Cannes Source : © DELPECH Maïlys, février 2022
P. 26 Figure 20 : Cycle de l’eau en fonction de l’imperméabilité du sol Source : © SYMASOL. «Gestion des eaux pluviales - Guide pour la mise en œuvre de techniques alternatives.», {En ligne}, publié en juin 2016, consulté le 17 avril 2022 URL : https://www.gesteau.fr/sites/default/files/gesteau/content_files/document/brochuresymasol_isbn_web.pdf
P. 29 Figure 21 : Carte des 22 lauréats de l’AMI Objectif ZAN Source : © Ministère de la Transition Écologique. «22 territoires en marche pour atteindre l’objectif ZAN» {En ligne}, publié le 17 mars 2022, consulté le 20 avril 2022 URL : https://www.ecologie.gouv.fr/22-territoires-en-marche-atteindre-lobjectif-zan
P. 32 Figure 22 : Répartition des différentes définitions du concept de désimperméabilisation Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 33 Figure 23 : Répartition de l’interprétation des origines de la désimperméabilisation Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 34 Figure 24 : Schéma de principe d’une noue Source : © DELPECH Maïlys
P. 35 Figure 25 : Massifs à Paris Source : © DORVAL Clément
URL : https://www.paris.fr/pages/vers-une-nouvelle-esthetique-parisienne-pour-transformer-lepaysage-urbain-15846
Figure 26 : Aménagement d’une noue à Lyon Source : © Grand Lyon
URL : https://www.cerema.fr/fr/actualites/solutions-ville-demain-renaturation-sols-retour-journee
Figure 27 : Parc du bassin d’orage de Champclairot
URL : https://www.vivre-a-niort.com/cadre-de-vie/environnement/parcs-et-jardins/parc-du-bassindorage-de-champclairot/index.html
P. 36 Figure 28 : Schémas de principe de pose d’un revêtement perméable en fonction du type de sol Source : © Bruxelles Environnement URL : https://www.guidebatimentdurable.brussels/revetements-permeables
Figure 29 : Schémas de principe et caractéristiques des différents types de revêtements perméables URL : https://e-communautes.cnfpt.fr/sites/default/files/documents_refs/revetements_ permeables_plante_et_cite_2021.pdf
P. 37 Figure 30 : Cheminement piéton en bois, McBurney Lane, Langley, Canada
URL : https://www.urbanews.fr/2017/08/31/52416-10-idees-clees-pour-rendre-nos-espacespublics-plus-et-attrayants/
Figure 31 : Palette de bétons drainants
URL : https://blog.teralta-audemard.com/beton-drainant-mise-en-oeuvre
Figure 32 : Dalle gazon en béton, MEBA
URL : https://www.archiexpo.fr/prod/uhl/product-150474-1691734.html
P. 38 Figure 33 : Cour Oasis à Paris Source : © BOURGOGNE Laurent
URL : https://www.paris.fr/pages/les-cours-oasis-7389
Figure 34 : Projet de renaturation des berges de la Savoureuse à Belfort Source : © MORO Emmanuel URL : https://www.e-moro.net/projets/berges-de-la-savoureuse/
P. 39 Figure 35 : Parking du Zénith de Strasbourg Source : © MORO Emmanuel URL : https://www.e-moro.net/projets/zénith-de-strasbourg/ Figure 36 : Jardin Joyeux, La Maladrerie, Aubervilliers Source : © Wagon Landscaping
URL : https://www.wagon-landscaping.fr/tous-les-projets#/joyeux-1/
P. 44 Figure 37 : Modélisation de l’évolution de la teneur en eau des sols en été entre 2020 et 2050 Source : © European Environment Agency, publié le 13 mai 2015 URL : https://www.eea.europa.eu/data-and-maps/figures/changes-in-summer-soil-moisture
P. 46 Figure 38 : Carte des enjeux liés au risque inondation sur le territoire de Marseille et ses alentours Source : Données SIG du risque inondation extraites du PPRI P. 48 Figure 39 : Carte de spatialisation des aménagements les plus récents dans le centre de Marseille au regard des principaux axes de ruissellement identifiés lors des dernières inondations Source : CHALVET M., CLAEYS C. «Marseille, une ville méditerranéenne entre pénurie et inondation», VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, {En ligne}, Hors-série 10 I Décembre 2011, mis en ligne le 30 novembre 2011, consulté le 18 février 2022 URL : https://journals.openedition.org/vertigo/12083
Figure 40 : Photographie du Vieux Port à Marseille Source : FONTANA J.B. «C’est finalement le Vieux-Port côté mairie qui sera piétonnisé à Marseille cet été», FREQUENCE Sud {En ligne}, publié le 25 mai 2021, consulté le 20 février 2022 URL : https://www.frequence-sud.fr/art-74321-c_est_finalement_le_vieux-port_cote_mairie_ qui_sera_pietonnise_a_marseille_cet_ete_marseille
Figure 41 : Photographie de la Canebière à Marseille URL : https://lalogevieuxport.com/incontournables/
Figure 42 : Photographie de la Porte d’Aix à Marseille Source : © DELPECH Maïlys, septembre 2021
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TABLE DES FIGURES P. 50 Figure 43 : Inondation du Vieux-Port le 4 Octobre 2021 Source : ROUSTAN L. «Marseille : des inondations nettoient les rues après une grève des éboueurs, les plages jonchées de détritus», Centre Presse Aveyron {En ligne}, publié le 5 mai 2021, consulté le 20 février 2022 URL : https://www.centrepresseaveyron.fr/2021/10/05/marseille-des-inondations-nettoient-lesrues-apres-une-greve-des-eboueurs-et-bouchent-le-vieux-port-9832962.php
P. 54 Figure 44 : Carte des enjeux liés au risque inondation sur le territoire de Narbonne et ses alentours Source : DDTM de l’Aude, Dossier départemental des risques majeurs - Transmission d’informations au maire, Mise à jour 2020 {En ligne}, consulté le 24 mars 2022 URL : http://www.aude.gouv.fr/IMG/pdf/narbonne_tim_2020_partie_1.pdf
P. 56 Figure 45 : Cartographie des espaces potentiels à la désimperméabilisation sur la commune de Marseille Source : DDTM de l’Aude, Dossier départemental des risques majeurs - Transmission d’informations au maire, Mise à jour 2020 {En ligne}, consulté le 24 mars 2022 URL : http://www.aude.gouv.fr/IMG/pdf/narbonne_tim_2020_partie_1.pdf
P. 57 Figure 46 : Carte du potentiel de désimperméabilisation de la ZAE au sud de Narbonne Source : Cerema, «Comment intégrer la désimperméabilisation des sols sur son territoire ? L’exemple du Grand Narbonne» {En ligne}, publié le 3 octobre 2019, consulté le 9 février 2022 URL : https://www.cerema.fr/fr/actualites/comment-integrer-desimpermeabilisation-sols-sonterritoire
Figure 47 : Photographie de la ZAE au sud de Narbonne, une zone très imperméable Source : © DELPECH Maïlys P. 58 Figure 48 : Parking coeur de ville désimperméabilisé (dalles engazonnées) à Narbonne Source : © DELPECH Maïlys Figure 49 : Parking désimperméabilisé (béton drainant) à Narbonne Source : © DELPECH Maïlys P. 60 Figure 50 : Répartition des catégories professionnelles Source : Enquête quantitative, Avril 2022
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Figure 51 : Répartition des témoignages sur la France Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 61 Figure 52 : Part d’application de la désimperméabilisation en fonction des catégories professionnelles Source : Enquête quantitative, avril 2022 Figure 53 : Répartition des champs d’application de la désimperméabilisation Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 62 Figure 54 : Répartition des catégories de freins identifiées Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 63 Figure 55 : Répartition des freins techniques par sous-catégories Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 71 Figure 56 : Répartition de la participation ou de l’organisation d’une séance de sensibilisation sur le thème de la désimperméabilisation Source : Enquête quantitative, avril 2022 P. 79 Figure 57 : Pyramide de compatibilité des documents de planification de l’urbanisme Source : Cerema, «Comment intégrer la désimperméabilisation des sols sur son territoire ? L’exemple du Grand Narbonne» {En ligne}, publié le 3 octobre 2019, consulté le 9 février 2022
URL : https://www.cerema.fr/fr/actualites/comment-integrer-desimpermeabilisation-sols-sonterritoire
P. 80-81 Figure 58 : Organigramme des différentes institutions et de leurs rôles dans la mise en place des projets d’aménagement et de désimperméabilisation Source : © DELPECH Maïlys
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CYCL’EAU Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse Désimperméabilisation des cours, un cas d’école ! Vidéo en ligne, 1h51min, publiée en 2017, consultée le 10 janvier 2022. URL : https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=D-j7rMwsn6Y
Vie Publique. Loi du 21 février 2022 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale. Publié le 22 février 2022, consulté le 25 février 2022. URL : https://www.vie-publique.fr/loi/279815-loi-3ds-decentralisation-deconcentrationcollectivites-locales
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GLOSSAIRE ACRONYMES CCNUCC : Convention-Cadre de Nations Unies sur les Changements Climatiques COP : (Conference of Parties) Conference des Parties. GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat. OMM : Organisation Météorologique Mondiale ONU : Organisation des Nations Unies PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement DDT / DDTM : Direction Départementale des Territoires et de la Mer DGALN : Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature DGPR : Direction Générale de la Prévention des Risques EPCI : Établissement Public de Coopération Intercommunal CRTE : Contrat de Relance et de Transition Écologique DOO : Document d’Orientations et d’Objectifs OAP : Orientation d’Aménagement et de Programmation PAPI : Programmes d’Actions de Prévention des Inondations PLUi : Plan Local d’Urbanisme intercommunal PPRI : Plan de Prévention du Risque Inondation SAGE / SDAGE : Schéma (Directeur) d’Aménagement et de Gestion des Eaux SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale SLGRI / SNGRI : Stratégie Locale / Nationale de Gestion du Risque Inondation SRADDET : Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires SRCE : Schéma Régional de Cohérence Écologique AMI : Appel à Manifestations d’Intérêt Objectif : ZAN : Objectif Zéro Artificialisation Nette PMR : Personnes à Mobilités Réduites Sequence ERC : Séquence Éviter - Réduire - Compenser SIG : Système d’Informations Géographique ZAE : Zone d’Activités Économiques
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TERMES TECHNIQUES Anthropique : se dit d’un phénomène découlant de la présence ou de l’acte de l’être humain. Artificialisation : transformation d’un sol à caractère agricole, naturel ou forestier par des actions d’aménagement, pouvant entraîner son imperméabilisation totale ou partielle. Catastrophe naturelle : évènement d’origine naturelle, subi et brutal, qui provoque des bouleversements importants pouvant engendrer de grands dégâts matériels et humains. Changement climatique : modification durable du climat au niveau planétaire naturelle ou engendrée par les activités de l’homme. Climat : ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère en un lieu donné. Climato-sceptique : personne qui nie ou minimise l’origine du réchauffement climatique voire le réchauffement lui-même. Désimperméabilisation : acte qui consiste à remplacer des surfaces imperméables par des surfaces plus perméables, en permettant ainsi de rétablir au mieux les fonctions assurées par le sol avant aménagement : capacité d’infiltration de l’eau, échange sol-atmosphère, stockage de carbone, biodiversité, etc. Eaux pluviales : nom donné aux eaux de pluie après qu’elles aient touché le sol ou une surface susceptible de l’intercepter ou de la récupérer. Ecosystème : unité écologique de base formée par le milieu et les organismes qui y vivent. Effet de serre : phénomène de réchauffement des basses couches de l’atmosphère terrestre induit par des gaz à effet de serre. Empreinte carbone : quantité de gaz à effet de serre émise par l’activité d’un être humain, d’un bâtiment ou d’un organisme.
Enjeu : élement qu’on peut gagner ou perdre dans une certaine situation vis-à-vis d’un aléa. Étalement urbain : progression des surfaces urbanisées à la périphérie des villes. Fossé : structure linéaire creusée pour drainer, collecter ou faire circuler des eaux. Gaz à effet de serre : gaz d’orizine naturelle ou anthropique absorbant et réémettant une partie des rayons solaires, phénomènes à l’origine de l’effet de serre. Gouvernance : concept représentant la manière dont un domaine d’activités est gouverné. Ilot de chaleur urbain (ICU) : effet de dôme thermique, créant une sorte de microclimat urbain où les températures sont significativement plus élevées Imperméabilisation : fait de rendre imperméable une surface. Infiltration : pénétration de l’eau dans le sol. Inondation : submersion par des eaux douces ou salées d’une zone généralement émergée. Nappe phréatique : aussi appelée nappe aquifère. C’est une réserve d’eau douce souterraine. Noue : large fossé permettant le rétention, l’acheminement et l’infiltration des eaux pluviales. Occurrence de pluie : précipitations moyennes d’une pluie relatives à une durée. Pression foncière : pression financière exercée sur des terrains agricoles par l’immobilier ou pour la construction visant à l’étalement urbain.
Renaturation : Opération permettant à un milieu modifié et dénaturé par l’homme de retrouver un état proche de son état naturel initial. Réseau d’assainissement : ensemble des ouvrages construits par l’homme pour canaliser les eaux pluviales et les eaux usées à l’intérieur d’une agglomération. Résilience : capacité d’une organisation, d’un groupe ou d’une structure à s’adapter à un environnement changeant. Risque : éventualité d’un évènement qui peut causer un dommage. Ruissellement (eaux de) : eau issue des précipitations atmosphériques qui s’écoule sur une surface. Sol : partie vivante de la géosphère, constituant la couche la plus externe de la coûte terrestre. Le sol constitue le support de la végétation et de toutes les activités humaines. Trame brune : inventé sur le modèle de la trame verte et bleue, la trame brune vise à maintenir des continuités de sols perméables, nécessaires à l’infiltration de l’eau et au maintien des écosystèmes. Trame verte et bleue : démarche qui vise à maintenir et à reconstituer un réseau d’échanges pour que les espèces animales et végétales puissent, comme l’homme, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer… et assurer ainsi leur cycle de vie. Ville : milieu géographique et social formé par une réunion importante de constructions abritant des habitants qui travaillent, pour la plupart, à l’intérieur de l’agglomération. Voie verte : voie de communication réservée aux déplacements non motorisés.
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ANNEXES
MÉTHODE ET RECUEIL D’ENTRETIENS Ces annexes contiennent la retranscription fidèle d’échanges oraux entretenus avec les différents acteurs interrogés et sont diffusées avec leurs accords.
Annexe n°1
Afin de mieux comprendre pourquoi la désimperméabilisation n’est pas plus mise en œuvre dans les projets d’aménagements aujourd’hui, une enquête qualitative a été menée auprès de différents acteurs en lien avec l’aménagement du territoire et la gestion de l’eau. Ces acteurs ont été choisis de manière à obtenir une vision globale de la notion de désimperméabilisation depuis les services déconcentrés de l’État avec la DDTM ou des organismes tels que l’Agence de l’eau, jusqu’à l’application de la désimperméabilisation dans la réalisation des projets d’aménagements. Le bassin méditerranéen étant qualifié de hotspot du changement climatique par les scientifiques du GIEC, c’est sur ce territoire plus particulièrement qu’a été réalisée une étude de cas comparative entre les villes de Marseille et de Narbonne. Ces villes ont été choisies stratégiquement dans le but d’illustrer plus généralement, à l’échelle de la France, l’inégale avancée des villes en matière de désimperméabilisation. Dans l’objectif de mieux cerner les enjeux des deux territoires mentionnés précédemment et de comprendre plus spécifiquement les freins et les leviers de la désimperméabilisation, différents acteurs intervenant à des échelles différentes dans les projets d’aménagements du territoire ont été interrogés. Pour chaque entretien, les questions posées ont été les suivantes : • • • • • • • •
Selon vous, depuis quand parle-t-on de désimperméabilisation ? Dans quelle mesure les documents d’urbanisme intègrent-ils la désimperméabilisation sur votre territoire ? Quels sont les projets d’aménagements, réalisés ou en cours de réalisation, qui prennent en compte la désimperméabilisation ? La tendance sur votre territoire va-t-elle à l’imperméabilisation ou à la désimperméabilisation ? Pensez-vous que les maîtrises d’ouvrages sont suffisamment sensibilisées à la notion de désimperméabilisation ? Quelles sont les différentes subventions possibles pour les projets de désimperméabilisation ? Selon vous, quels sont les freins au développement des projets de désimperméabilisation ? Connaissez-vous l’objectif ZAN (Zéro Artificialisation Nette) et si oui, qu’en pensez-vous ?
Cependant, des questions plus spécifiques au statut de chaque acteur ont également été posées lors de chaque entretien afin d’approfondir certains sujets et mieux comprendre les enjeux de chaque territoire et donc de déterminer les freins.
François ROBERI Chargé d’intervention eau et pollutions Service territorial Bouches du Rhône Corse Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse - Délégation de Marseille
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Nous à l’Agence de l’eau, sur le bassin Euroméditerranée, on a vraiment commencé à y travailler au dixième programme, donc c’est dans les années 2015 par là. Ça fait donc sept-huit ans maintenant. Et on a accéléré je dirais, par une politique qui avait des objectifs bien identifiés sur la désimperméabilisation, depuis le début du onzième programme, donc en 2019. Mais il y a des secteurs, à Paris par exemple ou dans le nord de la France, où ça fait déjà plus de dix ans, vingt ans, qu’ils travaillent sur ces sujets là. La tendance va à la hausse ça c’est sur. Ça nous prend beaucoup de temps parce que c’est des sujets nouveaux où il a fallu qu’on se forme. Il y a beaucoup des phases d’explication avec les collectivités. Et je pense qu’à un moment donné on sera peut être un peu dépassés par les évènements en termes financiers. Là on le voit sur les écoles en particulier. Il y a beaucoup beaucoup de projets qui sont à l’étude et on n’est pas surs de pouvoir tout financer parce qu’on n’est pas surs d’avoir les crédits qui nous permettent de financer tous les projets qui sont à l’étude.»
PENSEZ-VOUS QUE LES MAÎTRISES D’OUVRAGES SONT SUFFISAMMENT SENSIBILISÉES À LA NOTION DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Oh oui je crois, enfin ça commence. En fait les collectivités peut être mais après, pas forcément les aménageurs, les gens avec qui on a jamais beaucoup travaillé, les architectes ou les aménageurs par exemple. Mais le bouche à oreille commence bien, on a beaucoup communiqué. On a organisé l’année passée des journées techniques sur la désimperméabilisation, qui étaient décentralisées. Donc une journée par délégation, il y en a eu une sur Marseille, sur Lyon, sur Montpellier, et sur Besançon. Et elles ont bien marché, on a eu beaucoup de participants. Et après, le bouche à oreille fonctionne.»
QUELLES SONT LES DIFFÉRENTES SUBVENTIONS POSSIBLES POUR LES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Ce qu’on va regarder en premier à l’Agence de l’eau, c’est que les eaux pluviales de la zone qui va être désimperméabilisée sont bien prises en charge par des réseaux. Parce que notre intervention porte sur la déconnexion des réseaux des eaux pluviales donc on va avoir besoin d’un état des lieux précis de la façon dont sont gérées les eaux pluviales dans l’état actuel. Après bien sur, comme on a une aide qui est assise sur la surface qui va être déconnectée, on a besoin de connaitre les surfaces qui sont imperméables, donc raccordées à un réseau. Où vont les eaux pluviales ? Quelles sont les surfaces qui sont concernées ? C’est des informations qui sont importantes après pour nous pour calculer la subvention. Le montant de la subvention se calcule sur la surface qui est déconnectée et donc on a besoin du coût des travaux qui sont nécessaires à cette déconnexion. Souvent il y a une première phase de terrassement, c’est de l’enlèvement des surfaces qui étaient imperméables, c’est du décroutage, de la déconstruction, de la démolition. Ensuite, on reconstitue, donc on crée des infrastructures d’infiltration. On peut avoir à reconstituer du sol, mettre en place des couches, des sous-couches qui sont drainantes, qui vont servir de tampon comme par exemple du mélange terre-pierre, sous de la chaussée, et dans lequel on va stocker les eaux de pluie qui après s’infiltrent dans le sous-sol. Donc il y a tout ces types de travaux dont il faut qu’on ait un chiffrage, une quantification. Et une fois qu’on a ces informations, on peut proposer une aide avec un taux de 50% aux travaux qui sont éligibles. Là actuellement ce matin, j’étais en train de regarder un dossier. C’est une entreprise, Sartorius, qui est sur le secteur de la Zone des Paluds à Aubagne, et qui nous sollicitent parce qu’ils déconstruisent des bâtiments.
Annexe n°1
C’est une zone d’activité très imperméabilisée où ils vont déconstruire des bâtiments et en reconstruire des nouveaux avec une toiture-terrasse, une toiture plate qui permet le stockage des eaux pluviales et après leur infiltration. Moi aujourd’hui dans ce dossier, j’ai pas suffisamment d’éléments pour connaitre le coût de la toiture-terrasse, le surcoût qui est lié pour le stockage et surtout je ne sais pas, après quand on descend de la toiture, où vont ces eaux de pluie. Ils me disent : « on les tamponne sur la toiture et après on va les infiltrer en pied de bâtiment. » Mais j’ai besoin de savoir ce qu’ils vont faire en pied de bâtiment. Donc on a besoin d’avoir tous ces éléments chiffrés, ces notes de calcul. C’est également bien de savoir si il y a des études de sol. Tous les sols ne sont pas bons à être désimperméabilisés, les sols argileux par exemple n’ont pas une bonne infiltration. Aujourd’hui on devient un peu plus pointus dans nos exigences pour financer ces dossiers. Donc il faut vraiment qu’il y ait une note de calcul qui nous dise aussi que le projet est pris en compte pour dimensionner une pluie jusqu’à un certain niveau, une pluie annuelle, une pluie décennale, etc, sur une période de une heure, de deux heures, etc. Ça génère tel volume au niveau de la parcelle ou du projet et ce volume on va l’infiltrer dans telles et telles installations qui ont une telle perméabilité, ce qui permet, à la journée, de savoir qu’on va pouvoir infiltrer le volume d’eau de pluie et on n’aura pas d’eau stagnante. Donc il y a tout un cheminement intellectuel, des études de dimensionnement qui sont nécessaires. Désimperméabiliser c’est pas uniquement mettre un peu de gazon sur du bitume, ça se calcule. Ce qui n’était pas forcément évident au début. Nous solliciter parce qu’on décroûte, on enlève le bitume, le béton et puis on apporte de la terre sur dix centimètres et on plante de la pelouse, ça c’est de la découverture mais la désimperméabilisation il faut qu’il y ait une réflexion pour bien dimensionner ce qu’on va faire.»
QUELS SONT LES PROJETS D’AMÉNAGEMENTS, RÉALISÉS OU EN COURS DE RÉALISATION, QUI PRENNENT EN COMPTE LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR MARSEILLE ? «Sur Marseille les projets de désimperméabilisation sont un peu moins courants qu’au nord du bassin. Je pense que c’est lié à une culture et peut être à un certain retard dans la prise en compte de cette thématique dans les projets. Ce qu’il se passe aussi au niveau de l’Agence, c’est qu’on n’a pas connaissance de tous les projets qui se font à Marseille. En général quand on est à Marseille c’est des projets de réhabilitation, de la reconstruction de la ville sur la ville. Et pour certains projets, des réflexions sur la désimperméabilisation ont été intégrées. Par contre, il y a des travaux emblématiques sur la Canebière qui ont été faits où là c’est vraiment de l’imperméabilisation, du béton. Pareil sur Sakakini, où le Jarret est recouvert aussi, mais il y a tout un programme en amont de désimperméabilisation vers Frais Vallon, La Rose. Est-ce qu’il y a eu vraiment une réflexion dans son ensemble pour gérer autrement les eaux pluviales dans ce secteur là ? Peut être pas, mais c’est un sujet qui est en train de prendre le dessus. Il y a notamment tout le projet qui est porté par Euromediterranée, Euromed 2 dans le quartier des puces et autour, où il y a vraiment ces réflexions d’ensemble et un projet qui est construit autour d’une gestion différente des eaux pluviales, en essayant de les infiltrer un maximum là où elles tombent. Avec la limite que, quand on a des espaces contraints on n’a pas suffisamment de place pour tout infiltrer donc il y a des évènements que l’on n’est pas en mesure de pouvoir infiltrer totalement dans le sol. Et donc à partir de ces réflexions, il faut prévoir des surverses parce-qu’au delà du décennal ou du trentennal, dans certains secteurs, il faut qu’il y ait un retour au réseau parce qu’on ne pourra pas tout infiltrer. Mais pour dire que oui il y a du retard mais c’est un sujet qui est en train de prendre un peu le dessus. Et quand on discutait avec les gens de la direction de l’eau et l’assainissement d’eaux pluviales à Marseille, pour eux, quand on a commencé à travailler sur le sujet, déjà de travailler sur la gestion classique du pluvial avec des bassins, des tuyaux, c’était déjà un progrès par rapport à ce qui existait.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Bien sur ça peut être le foncier disponible. Quand on est dans de l’urbain comme à Marseille, il est dur à trouver pour avoir des espaces verts, végétalisés, faire des bassins, etc, ça c’est compliqué. Mais ce n’est pas forcément les arguments qui nous ont été mis sur la table par les collectivités en premier. Moi je me rappelle sur les cours d’écoles, ça a plutôt été les moustiques, les enfants qui se salissent. Bon ça c’est spécifique aux cours d’écoles mais après il y a aussi des sujets sur la pollution des nappes. Aller infiltrer des eaux en ville qui ont ruisselé sur des espaces urbains, ça présente aussi un risque de pollution des nappes. Ça c’est un argument qui nous a souvent été opposé. Il y a aussi le fait d’aller potentiellement déstabiliser des bâtiments en infiltrant de l’eau au pied des bâtiments. Tout ça il y a des normes, c’est vrai qu’on ne fait pas n’importe quoi non plus. Donc oui il y a des freins, il y a des inquiétudes, ça c’est certain.»
Nadine FLORENCE Chef de projet Service GEMAPI / DGA Développement urbain et stratégie territoriale Métropole Aix-Marseille-Provence
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «J’ai démarré sur le sujet de la désimperméabilisation avec la naissance du service GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations) à la métropole Aix-Marseille-Provence en 2018. La métropole a pris cette compétence qui n’existait pas à cette échelle mais qui existait déjà au niveau de la gestion des cours d’eau effectuée par les communes et les Syndicats de rivières qui assuraient l’entretien et la gestion des cours d’eau. Cette gestion n’était pas globale mais centrée sur les cours d’eau qui présentaient un risque au niveau inondation. En parallèle en 2017, des actions comme la SLGRI (Stratégie Locale de Gestion du Risque Inondation) ont été menées par la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) car il était important de travailler localement sur le risque inondation et comment le décliner à l’échelle des communes en gestion du risque, en gestion de la crise, et identifier les causes de l’importance de ce risque inondation. À cette époque, trois sites avaient été identifiés sur la métropole : le bassin de l’Huveaune, le bassin du côté de Salon-de-Provence et le bassin de l’Arc. Du coup, la DDTM a proposé un Atelier des Territoires et a candidaté pour que la métropole soit le terrain d’un Atelier des Territoires sur le sujet de la Ville Perméable. C’est cet Atelier des Territoires qui a été le point de départ en 2018, début 2019.»
L’ATELIER DES TERRITOIRES : PRÉMICES DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION POUR LE TERRITOIRE MARSEILLAIS «Pour la réalisation de l’Atelier des Territoires, la métropole, l’Agence de l’Eau, la DREAL et la DDTM se sont réuni et ont missionné un bureau d’études pour travailler sur la ville perméable et faire de l’eau une ressource pour l’aménagement. Trois études de cas ont été réalisées : Aix en Provence, Aubagne-Gémenos et Coudoux avec un sujet particulier pour chaque étude. À partir de là, on a pu identifier des lieux problématiques, grâce à des travaux, des visites de terrain, des partages avec les différents acteurs de ces territoires. Alors qui participait à ces ateliers des territoires ? Tous les acteurs concernés par ce problème : les communes, les conseils de territoire (qui sont des instances plus locales que la métropole), la métropole, les services pluviaux, les services voiries, les services environnement, les élus, etc. Donc il y avait beaucoup de monde dans ces ateliers et on a vraiment travaillé sur chacun de ces trois sites pilotes. Dans le quartier sud de Aix-en-Provence, par exemple, l’objet c’était de travailler sur un secteur d’intensification urbaine, où il y avait un projet de développement urbain très fort en cours. Aubagne-Gémenos, c’était une zone d’activité, c’est la Zone des Paluds, qui est une zone un peu vieillissante qui est dans un marais, qui est très inondable, ... Et Coudoux, une petite ville un peu plus rurale, qui voulait faire un éco-quartier à proximité d’un axe d’écoulement. Donc en étudiant ces trois sujets, on a pu identifier des choses très précises. C’est-à-dire, la nécessite de la résilience de la ville, il faut que la ville soit résiliente. À Aubagne-Gémenos, c’est le constat que dans une zone d’activité il y a beaucoup de délaissés, de délaissés de voirie, beaucoup d’interstices et d’interfaces du tissu urbain qui ne servent à rien. On ne sait même pas à qui ça appartient et c’est un vrai potentiel. C’est un potentiel en désimperméabilisation, en gestion pluviale, ... Et à Coudoux, on a plutôt identifié l’aspect patrimonial de l’eau sur notre territoire. Les anciens savaient gérer le chemin de l’eau. Ils savaient le faire avec les fameuses restanques, les bancaous, les calades. Donc restaurer ces chemins de l’eau, support d’un patrimoine naturel, et tout en respectant la technologie on va dire, hydraulique, revenir à ce grand cycle de l’eau, sur la base d’un patrimoine déjà acquis. On sait gérer l’eau. Ce sont donc trois axes très intéressants. Les enjeux qui ont été identifiés sont :
Annexe n°1
- la résilience et l’adaptation de la ville face aux risques et aux conditions naturelles méditerranéennes. Comment on passe d’une catastrophe à une rue rivière assumée ? Par exemple, pour le quartier sud d’Aix où le quartier et son réseau pluvial sont séparés de l’Arc par l’autoroute, la gestion pluviale est très centralisatrice avec des très gros ouvrages pluviaux qui permettent de réceptionner l’eau avant l’acheminer jusqu’à l’Arc en traversant l’autoroute. La vitesse et la concentration de l’eau sont augmentées ce qui augmente le risque d’inondation. Alors comment diffuser l’eau et faire en sorte qu’elle descende moins vite ? Les cours d’eau sont très canalisés et artificialisés sur notre territoire ce qui génère beaucoup plus de risque et de nuisances. Face à cela, on essaye d’aménager autrement les berges, de renaturer. - valoriser les chemins de l’eau existants et les intégrer aux trames bleues métropolitaines. Les interstices et les espaces perdus dans la zone d’activité des Paluds pourraient être renaturés et servir le cheminement de l’eau et surtout améliorer l’infiltrabilité des sols. Alors comment utiliser tous ces espaces délaissés pour en faire une trame verte et bleue dans la zone d’activité ? - les cheminements de l’eau, patrimoine technique à la fois culturel et naturel. À Coudoux, il serait intéressant de mettre en évidence les chemins traditionnels de l’eau en restaurant les calades, les restanques, ... À partir de cet atelier des territoires ont été identifiés cinq outils et treize mesures phares pour rendre la ville perméable : - L’outil de planification urbaine. Il faut une réglementation. Donc comment on intègre les enjeux du risque ruissellement dans les PLUi et les SCoT de la métropole et aussi créé des OAP (Orientations d’Aménagement et de Programmation) thématiques sur le grand cycle de l’eau ? Dans ces documents, on va donner plein de préconisations pour remettre le petit cycle de l’eau, c’est-à-dire ce qui rentre dans les tuyaux, dans le grand cycle de l’eau, c’est-à-dire le cycle naturel de l’eau depuis l’eau qui tombe du ciel, qui s’évapore ou pas, et qui chemine jusqu’à la mer. Comment remettre le grand cycle de l’eau au cœur de l’aménagement urbain ? C’est ça la désimperméabilisation en fait. Donc créer des OAP dans les documents d’urbanisme pour donner des orientations fortes dans les programmes d’aménagement pour les aménageurs, pour les instructeurs de permis, ... - Affiner, détailler et renforcer la trame verte et bleue et la trame bleue en particulier. La métropole Aix-Marseille-Provence a un réseau hydrographique extrêmement dense alors comment est-ce qu’on construit là-dedans ? Aujourd’hui on construit sur les axes ce qui n’est pas bon puisque ça dénature les cours d’eau et leur environnement et favorise le risque d’inondation. L’objet de cet outil est donc de protéger toute cette trame bleue mais aussi la biodiversité, les continuités et les corridors écologiques en introduisant une réglementation dans les documents d’urbanisme. - Guide de l’aménagement durable. Il permet de développer et préconiser la désimperméabilisation, la déconnexion pluviale, les techniques alternatives de gestion pluviale... pour gérer l’eau à la source. Au lieu de canaliser l’eau, à partir du ciel jusqu’à la mer, on va accompagner son parcours de façon à ce qu’elle se diffuse. - Les carnets d’entretien. Quand on change le mode d’aménager, il est important d’accompagner l’évolution de l’aménagement par un nouvel entretien. Ce ne sont plus les mêmes espaces, ce ne sont plus les mêmes ouvrages. La façon d’entretenir est donc importante afin de les pérenniser - La fabrique de l’eau. C’est créer un lieu, un espace d’échanges, de transversalité, où les gens partagent leurs expériences, leurs questionnements, leurs techniques. Autant entre les aménageurs, les concepteurs, les architectes, les fonctionnaires, les instructeurs de permis, les entreprises qui diffusent des techniques, ... donc des espaces d’information et de communication. En 2019, la métropole s’est donc engagée à développer ces cinq outils et ensuite treize mesures phares qui sont des techniques d’aménagement pour mettre en œuvre la désimperméabilisation dans les projets urbains et pluviaux. À partir de là, en 2020, le service GEMAPI a été mis en place et une taxe GEMAPI instaurée par les élus. Il a été proposé d’intégrer à cette taxe GEMAPI une part de travaux pluviaux qui permettrait de financer des projets qui vont devenir plus vertueux, plus «grand cycle de l’eau» du point de vue de la gestion du risque ruissellement. Cela a été accepté ce qui permet aujourd’hui d’avoir un budget pour faire des travaux pluviaux pour améliorer la façon de gérer le risque ruissellement cumulé au risque pluvial. Et en même temps, un PAPI a été mis en place sur l’Huveaune et les Aygalades. Il y a plein d’outils qui nous aident à avancer sur la désimperméabilisation et la gestion du risque inondation. La SLGRI nous a permis d’identifier le risque et donc de participer à l’Atelier des Territoires. Le Programme de mesures qui veut qu’on préserve et restaure les cours d’eau, à partir du SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) qui promeut de renaturer et préserver les cours d’eau pour avoir un meilleur réseau en France et en Europe. C’est ce qu’on appelle la Directive Cadre de l’Eau qui est à l’échelle européenne.»
QUELS SONT LES PROJETS D’AMÉNAGEMENTS, RÉALISÉS OU EN COURS DE RÉALISATION, QUI PRENNENT EN COMPTE LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR MARSEILLE ? «Depuis 2017/2018 les syndicats de rivières et la GEMAPI, grâce à ce budget, se sont très fortement lancés dans la renaturation des cours d’eau. Et là on rentre en phase beaucoup plus opérationnelle. Il y a le projet Heckel sur l’Huveaune qui va rentrer en phase travaux, la renaturation d’un cours d’eau à Auriol où on a re-méandré le cours d’eau, re-donné de l’espace au cours d’eau. On va donc faire ça maintenant en milieu urbain à Heckel, à Aubagne aussi. Donc ça ce sont des travaux qui démarrent en 2022/2023. Et puis sur l’Arc aussi, après la Cadière, la Touloubre ce sera plus compliqué. Marignane et tout ça c’est compliqué. Donc effectivement la renaturation des cours d’eau c’est un tout petit peu plus opérationnel que la désimperméabilisation parce que les équipes sont en place. Au niveau de la désimperméabilisation, c’est quand même encore un peu les balbutiements. Mais parce qu’ici on est en retard. Dans d’autres parties de la France ça fait dix ou vingt ans, les rues réservoirs, les sols perméables, etc. ça fait dix ans, quinze ans que ça se pratique.»
DANS QUELLE MESURE LES DOCUMENTS D’URBANISME INTÈGRENT-ILS LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR VOTRE TERRITOIRE ? «Le PAPI a un grand axe sur la réduction de la vulnérabilité parce qu’ici on est tout construit en fait. Pour réduire le risque on est obligés de réduire la vulnérabilité mais on ne peut pas démolir des immeubles. Bien sur quand il y a un risque très important on le fera quand même mais ce n’est pas la règle générale. Donc on doit réduire la vulnérabilité de l’existant aux inondations. C’est un axe très important, il faut le faire. Les personnes et les biens. Et puis la gestion du risque inondation dans l’urbanisme. Et là-dedans on a des fiches actions sur la désimperméabilisation et sur l’intégration des enjeux du risque ruissellement dans les projets d’aménagement. Et dans l’axe 1 du PAPI, il y a améliorer la connaissance des aléas et la conscience du risque à travers la connaissance du risque ruissellement et les modélisations. On parlait tout à l’heure du PPRI qui a modélisé le risque inondation par débordement des cours d’eau mais aujourd’hui on a pas modélisé le risque ruissellement. Donc c’est ce que va faire le PAPI sur le bassin versant de l’Huveaune et des Aygalades. C’est en cours donc ça va être fait en 2022. Et ces documents seront extrêmement impactant sur l’aménagement, sur les projets d’aménagement dans les communes. On ne pourra plus construire comme aujourd’hui donc évidemment qu’il va y avoir une très grande résistance politique à ce sujet là. En ce qui concerne les travaux sur les documents de planification, actuellement les PLUi sont en cours d’élaboration. Certains sont en enquêtes publiques et d’autres sont encore en cours d’élaboration, et on essaye d’y intégrer le risque ruissellement, et la connaissance déjà acquise. C’est-à-dire que quand il y a une carte qui recense des axes d’écoulements, des talwegs, et qui dit qu’on ne peut pas y construire c’est déjà énorme c’est obligatoire, mais la cartographie n’est pas exhaustive. Il faut compléter la cartographie et la connaissance terrain de ces axes d’écoulement. Donc ce n’est pas complet. Et puis ensuite, oui il ne faut pas construire, mais on ne peut pas tout interdire. Qu’est-ce qu’on interdit ? Sur quelle largeur ? Et pour quels types de cours d’eau ? Quelles règles ? Qu’est-ce qu’on empêche de construire ? Qu’est-ce qu’on laisse construire ? C’est tellement diffus qu’il y a vraiment un gros travail d’identification en fait, et surtout de réglementation. Aujourd’hui on en est donc à l’amélioration de la connaissance du ruissellement et au développement des techniques de désimperméabilisation et de déconnexion pluviale. Et on rentre encore plus dans le sujet avec des projets, suite à l’atelier des territoires. Il faut montrer l’exemple et créer des projets qui montrent que c’est faisable comme à Camp-de-Sarlier à Aubagne. C’est une petite zone d’activité, coincée entre l’autoroute et un affluent de l’Huveaune qui traverse la zone d’activités qui est en cours de construction. Ce cours d’eau il est vraiment dans un état de délabrement important donc l’idée c’est de créer une petite zone d’activités zéro tuyau, où il n’y a pas de connexion pluviale et en même temps de renaturer le cours d’eau qui la traverse pour en faire un espace de bien-être et pour qu’il serve à collecter un certain niveau de crue et de risque. Donc l’idée c’est de gérer complètement à ciel ouvert le risque inondation en lien avec le cours d’eau. L’eau qui tombe sur le toit d’un bâtiment ruisselle le long de la façade. Les parkings privés sur la parcelle sont désimperméabilisés et une noue végétalisée permet d’infiltrer une partie de l’eau. Et comme toute l’eau ne peut pas s’infiltrer dans la noue, l’excédant est géré par un caniveau à ciel ouvert sur la voie, qui vient dans un espace renaturé dédié à l’élargissement du cours d’eau. On a pris du terrain aux entreprises mais par contre on le prend en charge et on l’entretiendra demain, ce ne sera plus aux entreprises de l’entretenir et ça leur coûtera moins cher. Il y a zéro tuyau et exutoire pluvial dans le cours d’eau et ces espaces renaturés et désimperméabilisés permettent de recevoir les écoulements d’une pluie décennale ou trentennale. Donc l’eau a un filtre, elle est quand même plus propre que si elle allait directement d’un tuyau dans le cours d’eau. Donc c’est un projet qui est en cours de réalisation. Ce qu’il faut savoir ici c’est que les cours d’eau sont extrêmement encaissés parce
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que le lit s’est incisé. Mes rivières s’enfoncent dans leur lit, c’est ce qui fait que l’eau est coupée du regard. En fait on ne se rend pas compte qu’il y a des cours d’eau. Souvent, il faut vraiment se pencher pour les voir car les berges sont abruptes et le lit est très enfoncé et s’enfonce de plus en plus. Donc nous le gros travail qu’on fait c’est d’adoucir les berges et de donner de l’espace au lit. C’est ça le travail qu’il faut faire. D’abord ça met en contact les riverains avec l’eau, ils la voient mieux et puis du coup ça donne de l’espace à la rivière qui s’enfonce moins. C’est le cas à Camp-de-Sarlier où on va donner plus d’espace au cours d’eau et on va créer un espace tampon qui sera permettra de récupérer les eaux de pluie et qui sera aussi dédié au cheminement piéton. J’ai aussi lancé un marché pour cartographier le potentiel de désimperméabilisation à l’échelle de la métropole, c’est-à-dire où est-ce qu’on peut désimperméabiliser aujourd’hui ? Où : ça veut dire prendre en compte la nature du sol, est-ce qu’il est perméable ? Le travail sur le sol, la pédologie, la nature des sols c’est vraiment important. Les sols sont morts. Il faut qu’on gagne du temps parce que ce n’est pas tout de désimperméabiliser, si les sols sont morts, l’arbre que tu plantes ne poussera pas. Il faut prendre en compte son occupation, qu’est-ce qu’il y a sur le sol aujourd’hui ? Un bâtiment ? Quels sont les enjeux ? À qui appartient-il ? Je ne peux pas aller désimperméabiliser chez du privé. Il faut donc identifier sur quels sols on peut désimperméabiliser rapidement. Quelle couverture végétale existe ou n’existe pas ? Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir ? Quelles priorités ? Quels sont les projets d’aménagement en lien avec la commune ? Toutes ces informations vont permettre de cartographier un potentiel de désimperméabilisation à l’échelle des communes. Ainsi, on pourra proposer aux communes une feuille de route, en discutant avec elles, et elles pourront s’engager, dans le cadre du Plan Climat métropolitain. Le Plan Climat métropolitain propose aux communes de prendre des engagements en termes d’économie d’énergie, de pollution et en terme de désimperméabilisation. Il y a une fiche qui propose aux communes de s’engager et de définir un objectif de désimperméabilisation à un horizon donné. C’est donc un marché qui démarre en Mars 2022 et qui est un marché phare duquel il va découler pas mal de choses.»
SUR MARSEILLE LA TENDANCE VA-T-ELLE À L’IMPERMÉABILISATION OU À LA DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Pendant qu’on parle, il y en a qui sont en train d’imperméabiliser : Le Vieux Port, la Rue de la République, le Centre Bourse... Et c’est parce que ces marchés publics étaient déjà lancés en fait. Pour en arriver à la phase travaux, il faut compter un ou deux ans d’études. Donc si les études ont démarré il y a un ou deux ans, ça veut dire que le marché en lui-même a été conçu dans son cahier des charges, il y a trois ou quatre ans minimum. Et en 2017 on n’y était pas encore, donc c’est pour ça qu’il y a un décalage. C’est pas encore arrivé dans les marchés de travaux sur les espaces publics. Ça va plus vite dans une petite ville parce que les marchés vont plus vite. Mais à Marseille c’est vraiment une grosse machine donc pour que les marchés changent c’est long, c’est vraiment long. Par exemple le projet à Aubagne, j’avais lancé le marché en 2018 et la projet sera réalisé à la fin 2022. Mais il y a eu un an de perdu à cause des élections municipales. Et donc la tendance va à l’imperméabilisation à Marseille car il y a un manque de logements. il y a des logements vacants mais on a pas appris à reconstruire la ville sur elle même. Il faut identifier les logements vacants, les friches pour reconstruire la ville sur elle-même et là où c’est déjà imperméabilisé plutôt que d’investir les terrains agricoles et d’étendre la ville.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Il y a tout de dont on a parlé précédemment et aussi le fait qu’aujourd’hui on a commencé un travail de caractérisation des sols au niveau de la métropole. Parce que ce n’est pas tout de désimperméabiliser mais encore faut-il que les sols le permette car ici on est sur des sols très durs, très rocheux, qu’on appelle des karst. Alors comment désimperméabiliser sur du karst ? On ne peut pas. Donc ça c’est une donnée importante qu’il faut caractériser.»
Brice DACHEUX-AUZIÈRE Paysagiste concepteur Responsable de la Division Études et Projets Direction des Parcs et Jardins / Ville de Marseille
QUELS SONT LES PROJETS D’AMÉNAGEMENTS, RÉALISÉS OU EN COURS DE RÉALISATION, QUI PRENNENT EN COMPTE LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR MARSEILLE ? «Aujourd’hui avec la nouvelle municipalité, les parcs et jardins sont un axe important des politiques publiques que la ville conduit, avec la désimperméabilisation des parcs et jardins notamment. Il faut trouver l’argent qu’il faut pour financer les projets. On peut prendre contact avec l’Agence de l’Eau pour avoir des financements qui ne sont pas négligeables puisque normalement, jusqu’à présent, c’était 40 € du mètre carré déconnecté du réseau d’eaux pluviales. Une fois les 40 € du mètre carré appliqués à l’échelle du parc ou du jardin, il faut diviser par deux, soit 50% de 40 € du mètre carré. Ce qui veut dire que ça enlève une contrepartie intéressante pour la municipalité qui après doit payer le reste ou trouver d’autres subventions ailleurs, au département, à la région pour réduire encore plus les frais d’investissements. Je ne sais pas si vous savez comment ça marche, mais quand on décide de restaurer, renaturer un jardin, il faut d’abord délibérer au conseil municipal, pour que les élus soient d’accord ou non. Si c’est refusé il n’y a pas de numéro d’opérations et si pas de numéro par d’argent. Par contre si c’est accepté, on peut engager des études et des travaux. Cela suppose de connaître le volume d’eau que pourrait retenir un jardin en fonction d’une précipitation annuelle, décennale etc. et de déconnecter le jardin de l’eau pluviale. Ce qu’on fait généralement c’est qu’on les déconnecte mais pas complètement, c’est-à-dire qu’on fait en sorte de calibrer les massifs pour que ça puisse infiltrer une pluie décennale, avec quelques règles de calculs. Il n’est pas écarté qu’un jour vous ayez une pluie plus que décennale, ça peut arriver que le jardin ne puisse plus infiltrer, surtout quand c’est des précipitations qui se répètent sur plusieurs jours. On laisse donc toujours la connexion au réseau d’eaux pluviales mais on la monte au dessus du niveau de la pluie décennale de manière à ce que si il y a une forte pluie, l’eau puisse être évacuée dans le réseau d’eaux pluviales. Ce qu’on fait, on fait des parterres en creux, comme on peut trouver en Andalousie, au Maroc, dans les pays du Maghreb, c’est-à-dire des parterres qui font 10 à 15 centimètres de profondeur, avec un substrat déjà assez perméable et avec des granulats mélangés au substrat, de manière à faire les plantations et à avoir un massif assez filtrant. Et ensuite, dessus, on rajoute généralement une épaisseur de cailloux qui fait paillage. Ainsi, si il y a une forte pluie qui arrive, le système sera suffisamment filtrant pour que ça percole en profondeur. Donc ça c’est simple et c’est ce qu’on fait pour les parcs et jardins. Après, on a pas un plan général, c’est peut être manquant mais on n’a pas eu le temps de le faire. On a une stratégie générale de renaturation dans laquelle on trouve des actions de désimperméabilisation mais on n’a pas de document qui dit qu’à l’échelle de tous les parcs et jardins, si on renature, on désimperméabilise tout. On ne peut pas dire qu’il y a tant de m3 d’eau déconnectés du réseau d’eaux pluviales car pour le calculer, il y a un travail d’études assez important à faire. Donc on traite cas par cas en fonction du degré d’intervention. Aujourd’hui, il y a plein de parcs et jardins qui sont très peu plantés, il n’y a plus d’arbres parfois, et ils sont complètement bétonnés. Quand on est sur des cas comme ça, ils sont prioritaires par rapport à d’autres et ces parcs et jardins ont été mis en évidence dans la stratégie de renaturation. On a parcouru l’ensemble des parcs inférieurs à ..., ce qui représente plus de 150 équipements. C’est beaucoup, ce sont des équipements de proximités qui ont été principalement conçus entre les années 1970 et 1990 dans le cadre de la politique des Mille points verts qui était portée par le maire de l’époque. Et donc on les a tous visités et on a fait un diagnostic général de l’ensemble de ces sites et que l’on a classé selon un certain nombre de critères qui étaient : la présence d’arbres, le taux de minéralité, de qualité d’équipements, ... donc des critères assez basics et on a codifié l’ensemble de ces jardins sur un gradient de couleur allant du vert au rouge. En rouge les jardins en déviance qu’il faut réhabiliter au plus vite, en orange les jardins dans un état moyen qu’on arrive à maintenir dans cet état pour qu’ils ne passent pas au rouge ou sur lesquels il faudra bientôt intervenir et en vert les jardins en bon état, plantés où il faut maintenir un entretien correct. On s’est donc tenus à ce planning là. Et depuis trois ou quatre ans maintenant, on traite petit à petit les jardins qui sont classés rouge. On en a fait une petite dizaine maintenant sur les 30 ou 35 rouges prioritaires. Et ensuite on
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descend progressivement sur du orange parce que pareil, on anticipe. Donc ça c’est une stratégie assez forte de renaturation à laquelle on a intégré cette logique de désimperméabilisation. Ce qui fait que désimperméabilisation et renaturation marchent bien ensemble parce que forcément quand on désimperméabilise on renature en laissant la végétation spontanée se réinstaller et accueillir une nouvelle faune. On va pouvoir avoir une stratégie de plantations en strates avec des arbres, des arbustes, et des couverts herbacés. De manière à ce que quelques années après on puisse avoir des zones de bosquets assez denses et puis peut être faire une sélection de ce qui aura voulu pousser.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Sur cette problématique d’infiltration de l’eau dans l’espace public, vous allez être confrontée rapidement, si vous l’avez pas déjà pressenti, à des problématiques de gestion, le matériel de gestion, les moyens humains, etc. C’est-à-dire que quand vous avez acheté une nouvelle sorte de balayeuse, pour tant de millions d’euros, c’est plus simple de faire en sorte que les aménagements répondent au gabarit de la balayeuse et à ce qu’elle est en capacité de faire plutôt que de créer un aménagement qui créé de la complexité dans l’entretien. Un projet bien pensé, avec les gestionnaires et les jardiniers que l’on a tendance a oublier, ça dure plus dans le temps. Il faut penser, en intégrant dès la conception, le coût en frais de fonctionnements. Jamais le concepteur, à part en interne comme on le fait au sein des collectivités, ne pense à intégrer ces coûts parce que ce n’est pas nécessairement mentionné dans la logique des marchés des maîtrises d’œuvre. La maitrise d’ouvrage devrait écrire un paragraphe qui spécifie au concepteur de calculer les coûts de l’aménagement en frais de fonctionnements. Je pense que tous les marchés à destination des concepteurs doivent intégrer ce registre là pour que les choses soient bien faites. C’est une erreur programmatique, humaine, au sein des différentes collectivités, métropoles, villes et dans d’autres villes en France. À l’échelle des parcs et jardins je n’ai pas de freins. Dès lors qu’on m’octroie une opération avec un budget validé par la municipalité et à la rigueur une subvention de l’agence de l’eau je n’ai aucun frein. À une autre échelle, on peut par contre identifier les problèmes de gouvernance entre métropole et ville. Ça va peut être se simplifier ou ça risque peut être de se complexifier au 1er Janvier 2023 avec l’application de la Loi 3DS qui va changer fondamentalement les compétences entre ville et métropole. Parce qu’aujourd’hui par exemple, à la ville de Marseille, on n’a plus la gestion des arbres de voirie ni les pieds d’arbres, ça c’est une des compétences métropolitaines. Si il y avait une unité entre ville et métropole sur arbres d’alignements, trottoirs, travaux sur voirie, etc. par exemple, il y aurait des jardins un peu partout, des zones d’expansion de l’eau dans les rues, une meilleure infiltration des pieds d’arbres, des bandes plantées etc. Mais aujourd’hui, ça ne fonctionne pas comme ça. On verra donc avec la relégation de certaines compétences à la ville si ça changera quand il y aura eu une réorganisation de ces compétences et puis aussi des agents. Parce que dès lors qu’on réorganise les compétences, on réorganise les agents et on réorganise les marchés qui permettent soit de faire faire soit de faire. Dans les éléments de blocage, on peut donc insister sur les complexités de gouvernance et de compétences entre les collectivités. Le non-chevauchement des politiques publiques ou les chevauchements mais pas la possibilité de faire parce que pas les mêmes calendriers, parce que pas les mêmes envies. Vous pourrez avoir autant de lois que vous voulez, si il n’y a pas de décrets d’applications qui mettent tout ça en œuvre ça ne marche pas. Vous pouvez avoir plein de bonnes idées mais si il n’y a pas une bonne alliance, réflexion entre les collectivités ça ne marche pas. Au sein d’une même collectivité c’est parfois compliqué mais entre plusieurs et qui n’ont pas la même étiquette politique c’est plus compliqué encore. Nous on a un document qui est la Cahier de Prescription des Espaces Verts qui date de 2010 et va être remis en état en intégrant ces nouveaux enjeux de désimperméabilisation, renaturation, îlots de chaleur, percolation de l’eau. Ce document a le mérite de s’appliquer à l’ensemble des opérateurs qui travaillent pour la ville, que ce soit la métropole, les concessionnaires auxquels la métropole va déléguer les travaux ou l’ensemble des entreprises extérieures qui viendraient à travailler pour la ville. C’est un document qui contraint une façon de faire pour que la gestion à posteriori soit possible et selon le budget de la commune. Ça suppose aussi de faire des choses robustes, durables, sans grande sophistication parce qu’on le voit bien, la sophistication c’est beau sur le moment mais ce n’est pas ce qui dure longtemps. Donc c’est un petit document qu’on va refaire délibérer et qui s’applique à tout.»
Mathieu GONTIER Paysagiste concepteur Cofondateur de Wagon Landscaping Responsable de l’antenne de Marseille de l’ENSP
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Je pense qu’on a commencé à en parler il y a maintenant une bonne dizaine d’années, donc peut être autour de 2010. Il faudrait demander à l’Agence de l’eau. Quand est-ce qu’ils ont commencé à subventionner les travaux de désimperméabilisation ? Moi, j’ai l’impression que c’est assez récent. Après, le problème aussi c’est qu’il y a très peu de personnes finalement qui connaissent le concept de désimperméabilisation, et encore moins des possibilités de subventions notamment par l’Agence de l’eau. Donc il y a vraiment une méconnaissance du sujet, mais peut être dont je faisais parti à l’époque. Ça existe peut être depuis vingt ans, j’en sais rien.»
PENSEZ-VOUS QUE LES MAÎTRISES D’OUVRAGES SONT SUFFISAMMENT SENSIBILISÉES À LA NOTION DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Nous ce qu’on voit aujourd’hui c’est que parfois on fait presque de l’assistance à maitrise d’ouvrage pour les mettre au courant de l’existence des subventions. Des fois on leur donne des contacts, on les aide à monter leurs dossiers. Parce qu’en fait tout le monde peut répondre, dans les critères, à ces subventions. Là on travaille sur un projet à Marseille en ce moment et les commanditaires sont intéressés pour essayer de faire un projet de désimperméabilisation de leur cour d’enrobé. On a proposé un truc, et on leur a proposé aussi de les mettre en relation avec l’Agence de l’eau. Ils avaient un petit budget mais l’Agence de l’eau, elle peut des fois financer jusqu’à 70% des travaux. 50% c’est sur, mais dans certains cas ça va un peu plus loin. Et les maîtrises d’ouvrages ne sont même pas au courant de ça. Les dossiers de subventions ils sont assez simples à poser. Il suffit d’avoir une petite fiche et un budget. Et puis en suite il y a des commissions d’attribution, qui sont je crois tous les mois. Tu peux avoir des retours assez vite. Et en général ils subventionnent parce que, quand on les a approchés avec l’école, on s’est rendu compte qu’ils étaient très peu sollicités en fait. Et donc il y avait beaucoup d’argent public qui repartait dans des grands fonds en fin d’année parce que pas utilisé.»
METTEZ VOUS EN ŒUVRE LA DÉSIMPERMÉABILISATION DANS VOS PROJETS ? SI OUI, COMMENT ? ET EST-CE À VOTRE INITIATIVE OU EXPLICITEMENT DEMANDÉ DANS LA COMMANDE ? «Alors oui et non. Oui on fait un peu de désimperméabilisation. On a démarré avec cette question de la désimperméabilisation avec les jardins d’enrobés. Depuis 2009 on travaille cette question du recyclage de l’enrobé. Et je dirais au démarrage non, par rapport à cette question de la commande et est-ce que c’était une demande particulière. Parce qu’en fait on avait juste commencé, c’était pour un concours de festival des jardins en Belgique, à Courtrai, et on a commencé à se dire que ça pourrait être intéressant de ré-employer les matériaux déjà sur place. 2009, ça faisait deux ans qu’on était sortis de l’école mais on était encore un peu ancrés par le département écologie à Versailles. On avait eu quelques expériences avec le transformateur. Je sais pas si ça te parles comme projet. Donc où rien ne sort, rien ne rentre. On avait fait quelques stages avec l’Atelier Le Balto, Marc Vatinel aussi de l’Atelier Pré Carré. Et on s’était dit : « bon bah, on pourrait essayer. Le rien ne sort, rien ne rentre ça pourrait presque aussi marcher avec de l’enrobé.» Donc pour nous c’était un peu un défi. Ça existait pas forcément à l’époque et donc on était parti là-dedans en se disant : « bon bah on va plutôt faire un jardin. On va déjà voir ce qu’on trouve en dessous de l’enrobé, puisque voilà on était pas
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experts en la matière. Et puis on va essayer de faire un jardin de friche, avec des plantes de sol pauvre. C’était plutôt un trip entre nous, avec un petit défi technique qu’on ne connaissait pas et qui nous plaisait bien. Donc on a commencé comme ça avec le jardin du parking à Courtrai en 2009. Et au fur et à mesure, en avançant dans le temps, en fait ces questions de désimperméabilisation elles sont venues quand même un peu dans la commande. Maintenant, techniquement oui, c’est une demande des maîtres d’ouvrages qui nous appellent et nous demandent de travailler sur cette question de la désimperméabilisation. Et notamment avec l’émergence des commandes des Cours Oasis, qui consistent à désimperméabiliser les cours d’écoles et à faire autre chose que de l’enrobé. Nous on en fait quelques unes. Et puis sinon, alors quand même dans notre petit historique, suite au parking etc, d’années en années on a continué nos expériences en les améliorant. Parce que dans le jardin du parking on avait quand même exporté la petite couche d’enrobé. Et puis là petit à petit, maintenant, on a appris à faire un jardin qui ne nécessite pas d’exporter les matériaux et donc qui intègre tout. On ajoute simplement un amendement du sol en matière organique, pour l’activer. On pourrait ne rien faire en simplement défonçant l’enrobé et en attendant que les choses se passent mais on active un peu les choses en faisant des semis, en général d’annuelles, bisannuelles, en plantant en même temps des vivaces et puis en laissant après évoluer le jardin. Donc ça c’est le Jardin des Joyeux d’Aubervilliers. Et suite à ce jardin, on a décidé d’essayer d’un peu porter crédit à ces recherches et donc on a répondu en 2018, le Pavillon de l’Arsenal organisait les premiers défis de projets innovants. On a proposé un projet plutôt théorique qu’on a appelé Asphalt Jungle, qui donc théorise toutes ces années de recherche et qui dit qu’on pourrait l’appliquer dans Paris à divers endroits. Donc on a eu ce prix en 2018, c’était pour faire Paris 2019. Et ensuite le Pavillon de l’Arsenal nous a aidé, parce que c’est leur rôle, ils sont un peu incubateur de projet, à trouver des clients, des maîtrises d’ouvrages, intéressés par cette question de la désimperméabilisation du sol. Par rapport aussi à cet aspect qu’on peut avoir d’AMO dans les missions, il y a ce qu’on est en train de faire depuis maintenant deux ans. On fait un projet de recherche-action, avec le labo d’où vient Anne Blanchart de Sol & Co. Et c’est ça aussi qui me fait dire que ces questions de désimperméabilisation n’existent pas depuis si longtemps que ça, parce qu’il n’y a jamais eu de recherches liées à ce genre d’actions. Donc c’est une première, on travaille avec l’ADEM là-dessus, et avec l’Université de Lorraine qui est pilote du projet. En fait on utilise certains jardins expérimentaux qu’on a désimperméabilisés et sur lesquels on va prélever des échantillons. On fait des relevés à intervalles de temps réguliers et on fait ce fameux état de l’art avec des projets état 0, c’est-à-dire quand on ouvre l’enrobé et des projets qui ont déjà fait un peu leur place. Et donc l’idée de ce grand projet c’est déjà de constituer l’état de l’art, ce qui est compliqué, parce qu’en fait c’est de la recherche pure et il faudrait un échantillon idéal. Nous c’est déjà très expérimental, on n’a jamais fait de protocole en phase d’ouverture d’enrobé, etc. Mais c’est assez intéressant parce qu’en fait en faisant ce projet de recherche, il y a à la fois des jardins qu’on a réalisé qui servent d’exemples, d’échantillonnages. Et puis il y a aussi dans les processus qu’on est en train d’enclencher, une méthode qu’on modifie et qu’on fait de manière plus scientifique pour avoir ces fameux échantillons. Idéalement dans la recherche il faut un cas type, avec ensuite un sol identique dans différents lieux pour réaliser les échantillons. Là on est passés au niveau 2, et en fait on s’est rendu compte lors d’une réunion qui a eu lieu il y a quinze jours, que parallèlement à nos cas types, eux dressent ce fameux état de l’art et ont trouvé des sites dans différentes zones géographiques en France, à peu près équivalents, et où ils vont faire l’expérience que nous on a faite. Et donc en même temps qu’ils vont faire cette expérience, avec des conditions similaires, une météo à peu près identique, etc, ils nous demandent aussi comment on a planté, avec quelles essences, quelles dynamiques on a mises en œuvre ? Donc ils vont faire un espèce de concentré de ce que nous on a fait un peu de manière empirique pendant des années et dresser cet état de généralités. Ce qui est aussi intéressant c’est qu’on est en train d’investir dans des petites stations météo pour voir ces fameux impacts par rapport à l’îlot de chaleur urbain. On va mettre en place des petits pièges pour voir la biodiversité aussi, plus pour les insectes et la petite faune et donc voir ce que le jardin accueille. Et après, donc une fois cet état de l’art constitué et qu’on a décidé que la chose était assez exhaustive et objective, l’idée c’est de porter ça en généralités et de dresser une typologie de ces cas. L’objectif c’est de se mettre en projet à destination des maîtrises d’ouvrages publiques, des collectivités, pour faire un petit manuel de sensibilisation à la désimperméabilisation. Mais dans tout ça, nous on est une petite partie de ce projet de recherche-action. Au fur et à mesure des réunions, on voit les chercheurs qui se penchent sur la question. Eux se sont intéressés depuis longtemps à la question du sol urbain, à la question de la phytoremédiation, mais il n’y a jamais vraiment eu de projets de recherche sur cette question de la désimperméabilisation et les services rendus. C’est quand même un monde la recherche. Pour avoir une recherche absolue en la matière, tu ne peux pas déduire d’un cas, comme quand tu fais des entretiens, une généralité. Il faut quand même un minimum d’échantillons pour pouvoir le porter en généralités et avoir une démonstration et une conclusion sur ce qu’éventuellement ça peut apporter.»
QUELS SONT LES CONSTATS DE CES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «On en a pas trop en fait. Le problème c’est ça, c’est qu’on compte beaucoup sur ce projet de recherche-action pour nous donner de vrais résultats. Ce qu’on peut dire, c’est qu’on est passés de 0% perméable à 100% perméable. En faisant des calculs de surface ça on sait le dire et c’est déjà pas mal. Après bien sur on observe que l’eau s’infiltre au lieu de stagner comme auparavant. On jardine deux des jardins qu’on a planté et on voit ce qu’il se passe et notamment sur le jardin à Aubervilliers où on voit qu’on est passés d’un stade tout à fait pionnier à quelque chose de beaucoup plus installé, qui ressemble un peu à une rocaille de jardin alpin. Un mélange de ça et de plantes de friche où là on est sur des essences ligneuses et arbustives sur le pionnier qu’on a amené. Mais après ce qu’on voit aussi c’est que, on ne sort rien donc on laisse les branches sur place, on enrichi le sol quelque part, on broie ou alors on laisse les rémanents et donc ça fait des pièges à insectes. Enfin progressivement le jardin s’enrichit et ça on le voit mais c’est difficilement quantifiable. On fait des photos chaque année, on note ce qui apparait, on sélectionne, on décide de garder ou pas. Mais après à ce stade c’est difficile de donner des données objectives. C’est pour ça qu’on compte beaucoup sur ce projet de recherche-action. Après ce qu’on sait faire c’est effectivement donner des ratios de surfaces gagnées. On sait aussi qu’on gagne en îlot de fraicheur, c’est indéniable, mais on n’a jamais mesuré la différence avant-après. Quelle température on a à un endroit ? et puis combien quelques mètres à côté ? Donc là, dans le cadre du projet de recherche, on a investi dans une petite station météo et on va voir. Et c’est là aussi que je me dis qu’on en est aux balbutiements, parce que à la fois les collectivités, les élus ont besoin de chiffres pour être convaincus et dire que ça marche et qu’on y va et à côté de ça, il n’y a tellement encore pas assez de recul sur ces expériences, qu’on n’est pas encore vraiment capables de donner ces chiffres là.»
QUE PENSENT LES GENS, LE GRAND PUBLIC, DE VOS JARDINS EXPÉRIMENTAUX DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Il y a une petite anecdote que j’aime bien raconter quand on a eu fini le chantier à Aubervilliers. Je crois qu’on avait ramené 40 m3 de terreau avec une grosse base de compost, 35 sacs de gravier et puis pas mal de plantes, enfin ça faisait du raffut et puis pas mal de boulot. On a fait ça en une semaine avec une équipe de cinq. On a mis la terre dans les interstices et on a planté. Et quand on a fermé la barrière du jardin, une barrière Heras, on terminait, on avait tout cleané, et là il y a deux personnes qui passent et qui nous demandent : « Alors c’est quand qu’il va se passer quelque chose là-dedans ? ». On avait bien mis la terre dans les interstices de l’enrobé défoncé et puis les plantes on les voyait pas encore, c’était du G9, des petits godets de 5x5. Au Printemps par contre, première année, ça a explosé. Et là, la réaction des gens c’est qu’au départ ils étaient pas vraiment au courant. Ensuite, finalement en jardinant, on a rencontré pas mal de personnes qu’on avait pas forcément rencontrées pendant le chantier, et puis surtout qui voyaient des gens dans le jardin avec des résultats, des plantes qui poussent. Donc là on a commencé à échanger avec eux. Et on a fait aussi pas mal, on continue à le faire, pour les journées du patrimoine, des explications dans le jardin où on a une personne de l’agence qui explique le processus, les plantes amenées, etc. Donc le projet commence à être connu. Et ce qui est intéressant, c’est que du projet pas connu par les habitants, c’est devenu un peu le trésor de la cité. Parce qu’il y a eu en fait un projet de prolongement du métro qui passe à Aubervilliers, la ligne 7 je crois, et il y a la base vie qui devait s’installer dans le jardin. Les habitants ont formé une association ‘Le jardin de Joyeux’, qui protège le jardin et donc ils ont réussi à ce que la base vie aille ailleurs. Ça c’est quand même une preuve que d’années en années, depuis maintenant cinq ans, les habitants se le sont bien approprié et ils défendent le jardin même plus que nous. Donc ça c’est plutôt chouette. Et après, sur l’autre exemple qu’on a et qu’on jardine, Elogie dans le 11ème à Paris, ça s’est beaucoup plus vite fait parce qu’en fait, le bailleur social a fait un peu sa com auprès des locataires et des propriétaires. Et dès le départ, dès le démarrage du chantier, il y a eu un peu de concertation avant et ils sont venus mettre la main à la pâte. Aujourd’hui ils jardinent, ils viennent arroser, enfin c’est plutôt bien tenu. Il n’y a jamais d’arrosage aussi dans nos jardins, ça c’est un truc important. La question de l’eau c’est important aussi. Alors sur Marseille je ne sais pas comment on va faire parce que c’est plus difficile ici, au moins pour la reprise, que ça ne crève pas le premier été, mais sur Aubervilliers on n’a pas du tout d‘arrosage donc c’est plutôt bien. Mais concernant les projets de désimperméabilisation, je pense qu’il faut aussi accepter que ce soit expérimental. On n’a pas l’habitude à ce qu’une cour soit autre chose que du béton ou de l’enrobé. Et les enfants pareil, ils aiment bien aller partout. On en fait deux actuellement à Vincennes où on met en place un fil d’eau qui récolte les eaux de ruissellement pour éviter que ce soit envoyé dans le réseau d’eaux pluviales. Parce que sinon c’est facile, tu mets tout aux EP et puis ça part. Donc il y a aussi quand même cette histoire de profil en V. Après aux usages, comment ça va se passer avec les enfants ? Les copeaux ? Je pense qu’on a été éduqués et habitués à ne rien avoir dans les cours, depuis des générations. Il y a eu une époque où c’était de la terre battue et là on revient sur autre chose. Ce que je veux dire c’est que, par rapport aux usages, c’est peut être pas si évident que ça, mais peut être que dans quelques temps ça voudra dire qu’on joue différemment dans les cours, sans forcer les usages non plus.»
Annexe n°1
QUE PENSEZ-VOUS DES RÉCENTS AMÉNAGEMENTS AUTOUR DU VIEUX-PORT, EXUTOIRE DES EAUX DE RUISSELLEMENT ? «Le Vieux-Port c’est sorti en 2013, c’était pour les capitales européennes de la culture. Je me demande toujours comment c’est passé, aujourd’hui c’est fou. Je pense qu’il y a des endroits où c’est dur d’être complètement perméable et notamment sur des lieux comme le Vieux-Port où il y a le marché aux poissons, les manifestations, les bus, les voitures, les bateaux, enfin tout. Il y a besoin quand même d’un espace pour tout ça mais ne pas avoir planté d’arbres je ne comprends toujours pas. Je reste assez scié de voir que ce projet a pu passer. Il est bien pour plein de raisons parce que c’était un projet qui était assez radical sur la question de la voiture et des circulations sur le Vieux-Port. Mais après au niveau du reste c’est quand même problématique. La Canebière c’est le fond de ce talweg de la Calanque et l’exutoire c’est le Vieux-Port. C’est sur que imperméabiliser ça, enfin ça a toujours été plus ou moins imperméable, mais ça pose des questions de ruissellement. Moi je m’interroge pas mal sur cette question de la désimperméabilisation à Marseille, techniquement dans le sud je trouve que c’est compliqué parce qu’on a des phénomènes de précipitations ultra-violents et il y a toujours pas mal de pentes donc tu ne peux pas désimperméabiliser n’importe où et de n’importe quelle manière. Après on peut choisir de mettre des revêtements de sol qui sont plus absorbants ou alors un système de bacs qui, enfoncés un peu plus dans le sol, permette que quand le niveau d’eau monte, de retenir l’eau sur place et de l’infiltrer, avec un paillage minéral pour éviter que ça flotte et que ça parte encombrer les tuyauteries. Ça c’est des trucs qu’on peut imaginer mais je trouve que c’est encore autre chose ici avec ce qu’on connait du climat méditerranéen. Mais il y a des endroits où je pense que ce n’est même pas possible. Quand tu vois par exemple les rues, bon ce n’est pas la Canebière, ce n’est pas les mêmes pentes, mais Rue de Breteuil, Cours Pierre Puget, c’est aujourd’hui des grandes nappes d’enrobé. Pour désimperméabiliser ça, le jour où il y a une précipitation, ça finit tout au port. Mais on pourrait de toute façon mieux faire ça c’est sur. Même si il y avait une grave compactée, la grave elle prend mieux que de l’enrobé. Et puis ont sait faire même des bétons poreux aujourd’hui.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Ça dépend de quelle ambition tu portes au projet, mais ce qu’on voit c’est que au départ on a fait ces jardins de manière expérimentale, empirique, c’est nous qui le faisions, on bricolait avec nos mains et nos outils. Aujourd’hui, quand on le fait dans un projet de maîtrise d’œuvre classique, c’est des choses qu’on décrit mais qui ne sont pas encore forcément connues. On les décrit dans des documents type DCE, Dossier de Consultation des Entreprises, donc c’est des pièces écrites qui font le descriptif de ton ouvrage. Et là on se rend compte qu’il y a des entreprises qui ne savent pas forcément répondre sur la faisabilité. C’est pas de la mauvaise volonté, mais c’est là où tu te dis que finalement c’est assez neuf comme pratique puisque les entreprises n’ont pas encore intégré la compétence. Donc c’est aussi un truc à intégrer, c’est-à-dire qu’il faut vraiment bien le décrire, quand tu es en maitrise d’œuvre sur ce genre d’opérations, et bien le suivre aussi quand tu es sur la direction des travaux. Et des fois aussi accepter, c’est ce que nous a appris le terrain et le côté expérimental, être ouvert au fait que l’entreprise qui ne sait pas faire, peut proposer d’autres solutions. Il faut être dans l’échange et accepter que ce qui peut être réalisé n’est pas complètement ce que tu as décris et accepter que l’entreprise adapte un peu. Et ça, certains maîtres d’œuvre ne l’acceptent pas forcément puisqu’après tu t’engages sur ce que tu as réalisé. Si tu fais des fiches de réception de travaux qui ne sont pas identiques à ce que tu as décris au début, tu as une prise de risques. Nous souvent on la prend, mais tu vois il y a quand même aussi cette faisabilité là technique qui est à mon avis, pas un frein, mais il faut bien l’accompagner et l’accepter.»
Pierre-Jean L’HORSET Chef de l’unité politiques publiques et planification Service urbanisme environnement et développement des territoires Direction Départementale des Territoires et de la Mer
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Pour la DDTM on va le prendre sous l’angle réglementaire, c’est-à-dire au moment où on a commencé à se dire qu’il fallait en faire quelque chose. Donc ça a été le SDAGE Rhône-Méditerranée qui introduisait la notion de 150% de désimperméabilisation pour les espaces qui étaient imperméabilisés. Ce SDAGE, si je ne me trompe pas, il est sorti en 2016-2021. Et donc le moment où il a fallu le mettre en œuvre ensuite, ça a été la première réflexion à la DDTM d’envisager de réaliser une étude financée par l’Agence en Réseau Régionale des Études (ARRE), qui est une émanation de la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), côté Occitanie. Et donc ces études là ont vocation à traiter des sujets de manière exploratoire et à proposer aussi des actions qui soient reproductibles sur une partie du territoire. Donc idéalement il faut pouvoir ancrer les études dans un territoire et c’est ce qui a été fait avec une étude en particulier menée avec le Grand Narbonne et avec l’expertise du Cerema. L’idée était que ce qui a été fait à l’échelle d’un SCOT, donc d’un bassin de vie, pour étudier comment mettre en œuvre la désimperméabilisation, pourrait être reproduit dans tout autre territoire ayant à peu près la même taille en Occitanie, et voire au-delà en s’appuyant aussi sur les compétences que le Cerema a pu développer au cours de cette étude là.»
L’ÉTUDE CEREMA, PRÉMICES DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR LE TERRITOIRE DU GRAND NARBONNE «L’objectif c’était de pouvoir aiguiller le Grand Narbonne dans le choix des espaces les plus opportuns pour réaliser une désimperméabilisation. À ce titre, le Cerema a travaillé à partir d’un certain nombre de données (un travail de bureau avec des données froides, pas reliées directement à des données de terrain, et des données aussi bien géologiques que d’occupation des sols), de manière à pouvoir déterminer aussi bien la nature de la couche supérieure du sol que l’infiltrabilité que l’on peut avoir. Donc au-delà du simple intérêt d’enlever de l’espace artificialisé, c’est la question de savoir si les impacts réels sur la manière d’infiltrer, et notamment les eaux pluviales, sera efficace. Ça a permis, ne serait-ce que sur le territoire du Grand Narbonne, d’éliminer une part assez considérable du territoire qui repose sur des couches géomorphologiques qui ne sont pas adaptées à la désimperméabilisation. Le fait d’enlever la surface du sol n’aurait pas contribué à une meilleure infiltration des eaux. Et à partir de ce travail là, ces données ont pu être intégrées au SIG du Grand Narbonne, en s’appuyant sur des ressources assez importantes, en ingénierie et financières également, qui ont permis d’avoir ces premiers éléments là couplés à l’ensemble des données dont dispose le Grand Narbonne, et ensuite transmis a destination des communes qui ont ainsi pu se saisir du sujet et comprendre dans quelle mesure il était utile et pertinent qu’elles désimperméabilisent sur leur terrain. Ou au contraire, ces données ont plutôt freiné dans la démarche puisqu’il n’y avait pas d’intérêt à le faire. L’idée c’était de développer une méthodologie pour pouvoir traduire cette analyse là de manière assez simple. Simple dans le sens où c’est finalement un croisement de données qui existent, qui a été réalisé. La difficulté ensuite ça a été de pouvoir démontrer qu’effectivement les résultats qui étaient obtenus, sur un travail essentiellement en SIG, correspondaient à la réalité du terrain. Donc il y a eu aussi des forages qui ont été effectués par le Grand Narbonne et qui ont permis de conforter les résultats obtenus en bureau. Et dans l’absolu, le Cerema pouvait tout à fait proposer cette méthode là appliquée à d’autres territoires. C’est d’ailleurs un des sujets sur lesquels on travaille à la DDTM. On souhaiterait que l’autre agglomération du département, qui est l’agglomération de Carcassonne, s’engage aussi dans cette démarche là. C’est un périmètre d’agglomération qui est encore un peu plus étendu que celui du Grand Narbonne. Ceci permettrait de tester la robustesse de la méthodologie développée et de pouvoir accompagner cette agglomération-là dans la première étape pour qu’ensuite on ait la reproductibilité qu’on cherchait initialement dans l’étude, et qui puisse se faire sur un autre territoire du département.»
Annexe n°1
LA TENDANCE SUR VOTRE TERRITOIRE VA-T-ELLE À L’IMPERMÉABILISATION OU À LA DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Ce qui se fait de manière assez claire c’est quand même d’éviter l’imperméabilisation. Pour les nouveaux projets, il n’est pas rare de voir la prise en compte du sol, notamment pour tous les espaces de stationnements c’est quelque chose qu’on voit assez fréquemment maintenant, dans les recommandations, que ce soit au niveau des SCoT ou des PLU, une demande d’avoir des espaces qui laissent infiltrer l’eau. Donc de ce point de vue là il y a quand même une nette amélioration ces dernières années. En revanche, il y a quand même un écart à combler entre la capacité des collectivités pour les projets nouveaux à demander des espaces qui ne soient pas 100% imperméables et de l’autre côté initier des travaux pour désimperméabiliser des secteurs qui sont imperméables. Ce n’est pas du tout la même démarche et effectivement ça ne nécessite pas la même mise en œuvre. Dans l’Aude, notamment dans toute la Vallée de l’Aude, c’est quand même une question qui parle assez bien aux élus et aux collectivités en général étant donné les enjeux d’inondations avec les épisodes méditerranéens qu’on peut avoir et des crues qui sont très soudaines, les risques d’inondations par ruissellement sont connus et ont été éprouvés, notamment en 2018 dans le département, et a plusieurs reprises de manière moins dramatique ces quatre dernières années. Donc ce discours là désormais peut être entendu et effectivement peut faciliter une prise de conscience des élus pour les nouveaux projets. Pour intervenir sur l’ancien c’est toujours plus délicat en terme d’urbanisme opérationnel.»
DANS QUELLE MESURE LES DOCUMENTS D’URBANISME INTÈGRENT-ILS LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR VOTRE TERRITOIRE ? «C’est une question de hiérarchie des normes. Le SDAGE l’inscrit, il y a donc le rapport de prise en compte du SDAGE dans le SCoT, qui fait qu’on ne pourrait pas avoir une obligation dans le SCoT d’écrire les 150% de désimperméabilisation qu’on trouve dans le SDAGE, mais il est très important que le SCoT mentionne la désimperméabilisation à un moment ou à un autre pour pouvoir expliquer qu’il a bien pris en compte les éléments du SDAGE. À ma connaissance, le SCoT du Grand Narbonne ne fixe pas de prescriptions vis-à-vis de la désimperméabilisation mais oppose un certain nombre de recommandations qui permettent de la mettre en œuvre. Ensuite, dans les PLU, la désimperméabilisation ça devient très difficile à inscrire puisque la caractéristique des PLU c’est d’intervenir essentiellement sur les projets à venir. On ne peut pas inscrire dans un règlement de PLU d’avoir une action sur l’existant puisque la plupart du temps on touche soit à la propriété privée soit à des espaces publics mais sur lesquels on n’a pas nécessairement de projets à venir. Ça pourrait changer avec le renforcement des OAP pour la renaturation qui a été inscrit par le Loi Climat et Résilience en Août 2021. Mais pour l’instant on n’a pas encore vu de PLU qui inscrivait une OAP que ce soit de renaturation ou de traitement de l’existant pour essayer de l’améliorer. On espère en avoir bientôt. D’ailleurs la DDTM, enfin les services de l’État, ont lancé un appel à manifestations d’intérêts (AMI) en Août 2021, donc de manière concomitante avec la publication de la Loi Climat et Résilience, pour rechercher des communes qui souhaitent mettre en œuvre un PLU qui s’engage vers le ZAN. Le ZAN on l’avait défini comme : éviter l’artificialisation, en réduire les impacts ou chercher à les compenser (ERC). On a eu 7 communes lauréates dans le département, qui ne vont pas nécessairement investiguer chacune des trois composantes de cette séquences ERC Artificialisation, mais pour certaines la question de la compensation pourrait se poser, et c’est un des champs d’investigation du PLU de Narbonne. Donc on espère que grâce à cette enveloppe supplémentaire accordée par l’État pour aider les collectivités à investir ces champs d’action, on puisse avoir ce type d’OAP renaturation et avoir un premier exemple vertueux qu’on puisse après essayer ailleurs dans le département pour montrer que c’est possible d’envisager la transformation de l’existant et notamment qui mette en œuvre la désimperméabilisation.»
PENSEZ-VOUS QUE LE DÉSIMPERMÉABILISATION POURRAIT DEVENIR UNE COMPÉTENCE OBLIGATOIRE DES COLLECTIVITÉS ? «Ça pourrait prendre plus de place effectivement dans deux registres de compétences des collectivités, soit celle de l’aménagement de l’espace, soit celle concernant la GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations). Pour la première, c’est-à-dire les SCoT, les PLU, et si effectivement via les décrets d’application de la Loi Climat et Résilience on instaure un certain seuil de compensation à mettre en œuvre, avec la désimperméabilisation inscrite dedans, effectivement ça pourrait devenir une préoccupation. C’est-à-dire qu’à partir du moment où on conditionne l’extension urbaine à la réalisation de désimperméabilisation au sein de l’enveloppe, oui on va tout de suite avoir beaucoup plus de projets pour désimperméabiliser des parkings, pour pouvoir construire des maisons par exemple. Néanmoins, je ne suis pas certain qu’on ait des textes comme ça qui puissent sortir. Aujourd’hui on peut avoir des règlements de PLU pour les zones à urbaniser, pour les extensions urbaines où on va très facilement pouvoir écrire que les espaces de stationnements seront perméables ou en tout cas, si on va même un peu plus loin, des règlements de lotissements dans lesquels on va inscrire que les fameuses places du midi de tous ces lotissements pavillonnaires, contre lesquels on essaye de lutter en tout cas au moins dans la forme urbaine parfois très consommatrice d’espace, puissent être laissées perméables.»
FAITES-VOUS UNE DIFFÉRENCE ENTRE ARTIFICIALISATION ET IMPERMÉABILISATION ? «Là on en revient à des questions de définitions. Autant maintenant l’artificialisation on a une définition qui a été adoptée par la Loi. Pour ne rien vous cacher, le législateur a défini ce qu’était l’artificialisation, a créé un certain nombre d’indicateurs mis en œuvre avec les établissements publics de l’État la Direction Générale de l’Aménagement, du Logement et de la Nature (DGALN) du Ministère de la Transition Écologique qui n’ont pas encore été confrontés à la réalité de leur mise en œuvre dans tous les territoires. Et pour la désimperméabilisation, la définition n’est pas forcément claire. Si vous interrogez l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse sur le sujet, pour elle la désimperméabilisation c’est clairement la déconnexion des réseaux d’eaux pluviales et de gestion des eaux usées, alors que d’un point de vue aménagement on a quand même envie de mettre beaucoup plus de choses dedans. Donc pour l’instant on a encore une zone un peu floue dans la mise en œuvre de l’artificialisation par la Loi Climat et Résilience. On attend notamment un certain nombre de décrets, qui doivent passer en Conseil d’État, pour préciser quelles vont être les classes d’occupation du sol qui vont permettre de définir ce qu’est un espace artificialisé ou non. Donc à terme oui, le ZAN devrait identifier la désimperméabilisation comme étant une des solutions pour répondre à la compensation. C’est la conclusion qu’on a eu à la DDTM à la lecture de la Loi, mais pour l’instant on n’a pas encore tout le corpus réglementaire et législatif qui permet d’expliquer comment ça va être pris en compte. Pour tout vous dire, on a aussi créé vis-à-vis du ZAN dans le département, avec les membres de la CDPENAF (Commission Département de Préservation des Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers), qui regroupent à la fois des associations de protection de l’environnement et des regroupements du monde agricole ainsi que des élus, un groupe de travail pour élaborer une Stratégie Audoise pour une Gestion de l’Espace Sobre, Solidaire et Engagée vers le ZAN, que l’on a appelée SAGESSE vers le ZAN, qui reprend la manière donc la séquence ERC Artificialisation peut être déployée à l’échelle des SCoT et des PLU, avec un certain nombre d’objectifs à atteindre notamment sur les questions de modération et de la consommation d’espace. Pour toute la partie Compenser de cette Séquence ERC, on n’a finalement que des propositions d’actions et on est arrivés à la conclusion qu’effectivement on peut très difficilement insérer la compensation dans les SCoT et les PLU et on est obligés de se référer à de l’urbanisme opérationnel et pour le coup s’inspirer de la démarche vertueuse qui a été menée par le Grand Narbonne avec l’ensemble de ses communes pour essayer de voir dans quels secteurs, à quel endroit on pourrait effectivement désimperméabiliser certaines cous d’écoles, certains centres urbains, etc. Donc c’est plus de l’accompagnement qu’un travail réglementaire sur lequel on interviendrait et on viendrait bloquer certains projets.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Il y a quand même un frein financier qui doit être pris en compte. C’est-à-dire que globalement si on veut désimperméabiliser il faut intervenir sur un espace qui, d’un point de vue des usages quotidiens, fonctionne déjà. Certes pas de manière optimale, mais si vous avez une zone de stationnement qui est complètement imperméable, si votre objectif c’est de répondre aux besoins des habitants qui ont besoin d’espaces de stationnements, en soit ça fonctionne déjà. Intervenir sur ce secteur ça signifie engager des travaux et donc un certain nombre d’investissements à mettre en œuvre. Donc il est important d’avoir des leviers financiers pour parfois lever certains de ces verrous. C’est ce qu’a cherché à mettre en place le Grand Narbonne. À l’heure actuelle, les leviers financiers côté État pourraient éventuellement être inscrits dans les contrats de relance des transitions écologiques qui ont été signés entre les EPCI ou groupements d’EPCI avec l’État et qui permettent de cadrer l’ensemble de l’intervention de l’État auprès des communes et notamment de pouvoir prioriser et hiérarchiser les projets d’investissements et de fonctionnements pour lesquels l’État va apporter son aide. Il y a des enveloppes classiques de DETR (Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux). À l’heure actuelle, la question de la désimperméabilisation est inscrite dans le CRTE du Grand Narbonne, ce qui est naturel puisqu’ils avaient déjà engagé des démarches dessus, mais dans les autres CRTE du département ça n’a pas été écrit noir sur blanc, donc c’est effectivement une piste pour avoir des projets qui proposent une meilleure transition écologique mais ça ne s’est pas forcément traduit. Donc un premier frein économique et un second frein, technique, pourrait être la connaissance du territoire. C’est ce qu’on a essayé de lever avec l’étude du Cerema du Grand Narbonne en 2018. Et effectivement, dans les autres territoires, à l’échelle des intercommunalités, ce serait intéressant d’avoir cette première analyse pour déterminer sur quels secteurs et dans quelles communes porter le plus gros effort pour éviter de se disperser sur un sujet où on ne pourra pas, je ne pense pas, de manière massive, désimperméabiliser l’ensemble des espaces que l’on peut avoir. Étant donné les montants mis en jeu, il faut envisager une mise en œuvre progressive de cette désimperméabilisation. La question de la gouvernance n’apparaît pas forcément dans le département de l’Aude, sur le territoire ce n’est pas forcément l’élément bloquant. Il y a une question de moyens clairement à l’heure actuelle et qui rend les choses difficiles pour les collectivités. C’est-à-dire que la désimperméabilisation n’est pas une obligation à partir du moment où ce n’est pas une compétence que les collectivités exercent donc ce n’est pas nécessairement prioritaire dans l’ensemble des actions qu’elles doivent mener.»
Annexe n°1
Aura PENLOUP Chargée de mission planification Service urbanisme / Pôle aménagement durable du territoire Communauté d’Agglomération du Grand Narbonne
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Je dirais qu’on en parle vraiment depuis qu’il y a eu cette étude Cerema. Ce qu’il s’est passé c’est que lorsqu’on était sur la révision du SCoT, on a eu la proposition de la DDTM de l’Aude de devenir territoire pilote et d’avoir une étude spécifique sur ce sujet. C’est la DDTM qui l’a financée et elle a été réalisée par le Cerema. Ça nous a permis deux choses : d’une part d’avoir une étude globale sur le territoire, qui reste à une échelle assez vaste. Pour des projets opérationnels de désimperméabilisation il fallait faire des études plus pointues mais ça nous a permis d’avoir une vue en général, d’échanger avec nos élus là-dessus et les différents acteurs. Et ça nous a permis une deuxième chose qui a été de faire un comité technique qui est animé par le DDTM. On a associé le Parc de la Narbonnaise pour une partie de notre territoire, 70%, ... et l’Agence de l’eau. Et ça a été aussi l’occasion, dans le cadre du comité de suivi de cette étude de prendre en compte les propositions, en particulier de l’Agence de l’eau, pour que dans notre SCoT il y ait écrit des choses spécifiques sur la désimperméabilisation. C’est donc suivi des recommandations de l’Agence de l’eau et sachant que la DDTM c’est très important aussi pour notre SCoT, ça a donné suite. Comme les élus se mobilisaient et qu’on a eu beaucoup d’inondations, on en a tout le temps mais en particulier en 2018, et c’était au moment où on présentait les résultats de cette étude donc les élus y ont été très sensibles. Ensuite, on a fait un appel à projet pour accompagner les communes qui ont des projets de désimperméabilisation. On a fait des études et suite à ça, il y a deux communes qui ont déjà désimperméabilisé leur cour d’écoles, une qui devrait le faire cette année par rapport à l’étude déjà menée, payée par le Grand Narbonne. Et on recommence cette année, là on étudie six cours d’écoles à désimperméabiliser sur 2021-2022 avec l’aide de l’Agence de l’eau.»
DANS QUELLE MESURE LES DOCUMENTS D’URBANISME INTÈGRENT-ILS LA DÉSIMPERMÉABILISATION SUR VOTRE TERRITOIRE ? «On a mis dans le SCoT qu’il fallait désimperméabiliser ou garder perméable pour les projets et que ça doit être appliqué dans les PLU. En fait on a intégré les résultats de l’étude Cerema dans notre SIG et on a aussi rajouté des données sur les réseaux d’eaux pluviales. Donc maintenant quand une commune me dit qu’elle voudrait désimperméabiliser un site, je lui fais part des données que j’ai et en regardant l’occupation du sol actuelle, les réseaux d’eaux, je peux voir si elle remplit les premiers critères pour avoir des aides. Et ensuite si elle les remplit, elle peut faire partie des sites qu’on étudie avec un accompagnement de groupement de bureaux d’études et aussi avec relais association-médiation-communication avec des associations quand c’est dans les écoles. Donc je dirais que pour répondre à votre question initiale il y a eu cette étude proposée par la DDTM, le fait qu’on ait ajouté la désimperméabilisation dans le SCoT du coup les communes doivent l’ajouter dans le PLU et le fait qu’on ait eu des financements. Au départ c’était un fond climat, qui était commun partout dans le Grand Narbonne et qui nous a permis de financer les premiers projets. Et maintenant c’est l’Agence de l’eau et le Département qu’on sollicite pour les travaux. Donc on aide aussi les communes à monter leurs dossiers de demandes de subventions, on aide au suivi, etc.»
PENSEZ-VOUS QUE LES MAÎTRISES D’OUVRAGES SONT SUFFISAMMENT SENSIBILISÉES À LA NOTION DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Nous on a une facilité de relations avec les communes, on se connaît très très bien. Il y a un historique je pense de confiance de projets. Ma collègue était sur le SCoT avant que j’arrive, elle connait les communes depuis une dizaine d’années et il y a vraiment des relations de confiance et une proximité pour l’ensemble des projets. Disons que les communes on leur a bien expliqué. On a 37 communes, ce n’est pas énorme, ce qui nous permet d’avoir une proximité avec elles et de les accompagner pour pas mal de choses. On a été très aidé par le fait que les Communes de Leucate et de Narbonne avaient déjà mené des travaux de
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désimperméabilisation, et elles les ont présenté aux autres communes On les accompagne pour la gestion des centres anciens, où dedans il y a beaucoup de dispositifs pour revitaliser les centres anciens, pour refaire les façades, végétaliser. En fait les 37 maires, y compris avec la nouvelle gouvernance, ils nous rencontrent, on leur présente tout ce qu’on peut leur proposer et eux ils nous font part de tous leurs projets et on croise. Ça c’est d’une part pour le côté dispositif, et d’autre part, comme est Personnes Publiques Associées pour les PLU, on les accompagne et on leur explique bien ce qu’ils ont intérêt à mettre. On aide les bureaux d’études aussi, on leur donne l’occupation du sol, des infos sur comment faire la trame verte et bleue, on leur donne nos couches SIG, etc. Donc on s’entend très bien avec les communes et ça c’est important pour développer les projets sur le territoire. Et on travaille aussi très bien avec la DDTM. On fait une revue régulière avec la DDTM des PLU en cours. Lorsqu’on va à une réunion Personnes Publiques Associées sur les PLU, je ne peux pas dire qu’on parle d’une voix parce que nous on est là aux côtés des communes, on n’a pas le rôle de la DDTM, mais techniquement on croise vraiment les sujets pour déjà travailler très en amont et ensuite être là en accompagnement. Ce qui a été favorable aussi, je dirais que l’expérience Oasis à Paris ça m’a vraiment aidée, comme l’Agence de l’eau et le fait qu’ils aient lancé cet appel à projet. Maintenant il y en a un qui est Région et Agence de l’eau dont la date limite de dépôt est au 31 Mai 2022. Et le département qui est entré pour les travaux aussi. Donc c’est vrai que ça fait un contexte favorable. Dans le SRADDET qui est en cours, je pense qu’ils ont compris que c’était un enjeu et voilà moi toute l’expérience Oasis ça m’a énormément aidée, à utiliser leurs expériences, assister à des webinaires, et à me former sur le tas aussi parce qu’il n’y a pas vraiment de formations sur comment désimperméabiliser. Mais il y a des webinaires, des guides techniques. Mon collègue, c’est le directeur du Bureau d’études interne au Grand Narbonne, m’aide pour les suivis de travaux, même si c’est porté par les communes, mais il faut bien les aider à faire le lien avec l’Agence de l’eau. Donc lui il m’aide parce qu’il est très compétent sur voirie, réseaux, etc. Avoir une bonne direction de la géomatique ça aide bien aussi.»
SUR LE GAND NARBONNE LA TENDANCE VA-T-ELLE À L’IMPERMÉABILISATION OU À LA DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Je pense que les communes ont de plus en plus le réflexe. Et puis avec l’objectif de Zéro Artificialisation Nette de toute façon ils vont tous avoir intérêt à aménager autrement. Donc je pense que ça va être des choses qui, en plus avec la Loi Climat et Résilience, progressivement vont devenir obligatoires. Les parkings doivent être perméables. J’ai eu des formations où ils nous ont bien expliqué qu’il y a des choses qui vont commencer à s’appliquer en Juin 2022, d’autres en 2023. En gros si on veut continuer à aménager il va falloir de plus en plus le faire de façon perméable. Donc c’est des choses que par exemple les aménageurs de supermarchés font déjà, mais progressivement ce ne serra plus que les supermarchés, ça va être d’autres établissements, le moindre projet d’aménagement devra intégrer la désimperméabilisation. J’ai conscience que ça reste très peu de surfaces par rapport à ce qui est artificialisé mais du moment où ça devient un réflexe, si on aménage en faisant du perméable et surtout en ayant la connaissance du système hydraulique, donc avec la connaissance des schémas pluviaux qu’on n’a pas forcément, mais il faut articuler tout ça pour amener des réponses techniques et que ce soit positif. Il y a des personnes qui sont plus prêtes à entendre qu’il faut aménager autrement plutôt qu’il ne faut pas imperméabiliser voire pas aménager. Coupler ça a la trame verte et bleue, à la qualité de vie, à la santé.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «Dans le freins, déjà il faut une personne qui prenne du temps pour s’en occuper. Moi je suis sur le SCoT donc normalement je ne devrais pas y passer autant de temps, mais je pense qu’il faut qu’il y ait une personne au moins à mi-temps dessus. J’ai échangé avec d’autres intercommunalités, ça peut être quelqu’un de la direction de l’eau, quelqu’un qui travaille sur le pluvial. Ça peut être quelqu’un comme moi qui est au service urbanisme mais en tout cas, pour une agglomération, il faut travailler entre Direction de l’eau et Aménagement du Territoire. Si c’est avec la planification et que c’est mis dans le SCoT, forcément après ça va être intégré dans les PLU mais il faut que ce soit accompagné concrètement. Il faut avoir des budgets pour commencer parce qu’avant d’avoir les subventions, qui ne financent pas non plus à 100%, il faut avoir un peu d’argent à investir. Les freins ça pourrait être de ne pas oser, de ne pas être assez transversal, de ne pas avoir d’élus porteurs. Là vous avez choisi un angle méditerranéen donc vous savez que pour les pluies méditerranéennes c’est différent. Mais finalement on se rend compte que c’est pas des pluies exceptionnelles en fréquence et que c’est quand même 80% des précipitations des pluies annuelles. Donc les pluies méditerranéennes c’est peut être un peu un faux problème finalement. Donc je dirais que c’est un frein qui peut être levé. Après il y a le côté sciences comportementales qui a été mené par l’Agence de l’eau et qui m’a beaucoup intéressée. Donc l’Agence de l’eau, c’était au siège à Lyon, et ils m’avaient invitée, on était plusieurs intercommunalités, et j’ai appris plein de choses sur les freins et les leviers là-dessus. En fait, selon les profils, si quelqu’un a plus un profil technique, VRD ou d’urbanisme, comment il va prendre la question ? Donc ça c’est basé sur les sciences comportementales. Pour dire qu’on parle tous selon son parcours et son degré d’engagement.»
Claude COULOUMA Technicien au bureau d’études interne des services techniques de la ville Ville de Narbonne
SELON VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «De mon expérience professionnelle depuis plus de 30 ans (bientôt 40). Nous parlions plus à l’époque de structure réservoir que de désimperméabilisation. L’objectif de réduire des débits aux exutoires était bien là. J’ai vu fleurir ça et là quelques petits projets. J’ai été interpellé au début de ma carrière de technicien en VRD (voirie et réseaux divers) par un procédé simple, efficace et peu coûteux qui consistait sur un réseau de collecte des eaux pluviales de remplacer les regards de visite ou de changement de direction par des ouvrages sans fond. Ces ouvrages étaient constitués de buses perforées en béton posées et enrobées de ballast enveloppé dans du géotextile faisant office de puits secs. Il s’agissait d’un procédé adopté par les services techniques de la ville de Canet-en-Roussillon (PyrénéesOrientales) sous l’égide d’un maire également entrepreneur de TP, avant-gardiste et visionnaire. Ce système était d’autant plus efficace que le réseau était posé en bord de mer (dans le sable) comme l’est une partie du village de Canet en Roussillon permettant des débits à l’exutoire les plus faibles possibles. Une contrainte est toutefois à prendre en compte, la hauteur de la nappe phréatique. Dans les années 1990 j’ai vu mettre en place sur la commune de Pézenas (Hérault) et sur les accotements des voiries d’une zone d’activité, une structure réservoir (voir photos jointes) permettant de récupérer un maximum d’eaux de ruissellement. J’ai découvert également des structures constituées de cônes en béton mis en place comme de la grave non traitée (GNT). Ce produit conçu par un fabriquant Français (SIMAT) permettant une rétention de l’ordre de 600 litres par m3. La GNT type balast de 40/70 de granulométrie présente un indice d’environ 30% de vides exploitables comme stockage. On ne parlait pas de désimperméabilisation comme maintenant de zone à désimperméabiliser mais de zone à traiter autrement que par le tout tuyau. Il y avait déjà une prise de conscience mais difficile à mettre en pratique à cause de contraintes à mon avis excessives. Le coût des séparateurs à hydrocarbure imposés, a, en raison des surfaces impactées lors des aménagements freiné, à mon avis, la désimperméabilisation.»
À VOTRE AVIS, POURQUOI LE CEREMA A-T-IL CHOISI LE GRAND NARBONNE COMME TERRITOIRE PILOTE DE LA DÉSIMPERMÉABILISATION ? «La région Narbonnaise est très touchée par les inondations c’est pour ça qu’on essaye un maximum de désimperméabiliser sur notre territoire. Avec les épisodes cévenols, on l’a malheureusement surtout vécu les 12 et 13 Novembre 1999 avec des inondations qui ont causé la mort de 25 personnes et un disparu dans l’Aude. Une partie des communes ont été énormément impactées. C’était des crues lentes mais des crues très très importantes.»
COMMENT METTEZ VOUS EN ŒUVRE LA DÉSIMPERMÉABILISATION DANS VOS PROJETS ? «On essaye de penser une gestion alternative de l’eau dans tous nos aménagements. La désimperméabilisation des cours d’écoles est la partie mise en avant sur le territoire aujourd’hui. On est en train d’étudier une école en centre-ville sur Narbonne pour refaire la cour à l’horizon 2023. On vient d’avoir l’étude de l’architecte paysagiste et puis bon là maintenant c’est à mettre en œuvre avec les structures et les difficultés d’accessibilité diverses et d’humidité autour des bâtiments puisque c’est des critères à prendre en compte avec la désimperméabilisation. Le plus important pour moi est la volonté de désimperméabilisation par la création ou la réfaction des espaces publics (parkings, places, nouveaux lotissements, etc.) sans oublier de prendre en compte l’accessibilité des PMR et la protection contre les remontées d’humidité des pieds d’immeubles.
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On a mis en place des procédés tels que des dalles alvéolaires en béton sur un parking qui était en cœur de ville, traité tout en enrobé. On a gardé les voies de circulation en enrobé mais par contre toutes les zones de stationnement sont en dalles alvéolaires béton remplies de gravette. Et avec un traitement sans bordure ou du moins avec des bordures arasées de façon à ce que l’écoulement des chaussées parte directement dans la structure. Et en plus de ce traitement de surface, il y a une structure avec des dalles alvéolaires, le lit de pose et les matériaux drainants, ont été mis en place des drains parce que c’est très difficile de maîtriser l’infiltration sur ces zones là. C’est quand même assez novateur. On a beau avoir des fois des études de sols, etc. on n’a pas pris de risques et on a mis en place des drains qui permettent un débit de fuite sur les collecteurs existants. Et par temps de pluie j’ai eu l’occasion de lever quelques tampons, on s’aperçoit qu’il n’y a pratiquement pas d’eau, voire pas d’eau du tout, qui parvient aux exutoires. Donc on est satisfaits du résultat. Voilà après avec quelques inconvénients parce que tout avantage a bien sûr ses inconvénients. Les dalles alvéolaires on les remplit soit de terre enherbée, et pour moi au niveau de l’infiltration c’est peut être moins efficace, soit de gravette. Sur les emplacements de parking, on a fait le choix, sur le Centre-ville, le quartier de Bourg, de mettre en place de la gravette ou des dalles. Mais comme je vous disais l’inconvénient c’est que, pour le PMR ça peut fonctionner, les roues même si les dimensions sont supérieures à 2 centimètres ça roule, par contre des personnes avec une canne peuvent avoir la canne qui se plante dans la gravette ou des dames qui portent des talons peuvent avoir les talons qui s’enfoncent. Ça peut être accidentogène. C’est quelques inconvénients. Après on a mis en place sur Narbonne plage, des dalles alvéolaires PVC avec remplissage terre et herbe. Moi je suis beaucoup moins adepte de ce genre de procédés, par rapport au PVC déjà, pour moi il y a bien moins de retenue dans le temps et il peut y avoir des affaissements. Et puis bon, la terre, l’herbe, là par contre on a de gros soucis avec l’accessibilité PMR donc il nous a fallu créer des cheminements bétonnés ou en enrobé, avec des places affectées, pour que le PMR puisse circuler aisément sur les zones traitées avec les dalles alvéolaires remplies de terre. C’est plus souple, la terre se compacte, il faudrait être en permanence en train de faire des réglages de terre, de tondre beaucoup plus régulièrement. C’est beaucoup plus contraignant pour des zones d’espace public où on demande une accessibilité aux PMR. On a aussi un autre lieu où on a essayé une autre façon de désimperméabiliser. C’est une place devant une école qui regroupait une vingtaine de places de stationnements qui étaient toutes en enrobé et que nous avons réalisé en plantant des arbres et des arbustes et surtout en mettant en place des bétons drainants. Là aussi l’infiltration de l’eau est très satisfaisante, avec un bémol, à voir dans le temps les éventuels colmatages qu’il peut y avoir. Il faut procéder à des nettoyages réguliers. Mais comme c’est une opération qui a été faite il y a moins d’un an, on n’a pas encore assez de recul pour dire à quel point ça fonctionne bien et quels sont les inconvénients. Un des leviers serait d’intégrer sur les PLU l’obligation des promoteurs et des aménageurs privés comme publics à plus de désimperméabilisation.»
SELON VOUS, QUELS SONT LES FREINS AU DÉVELOPPEMENT DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? «La grosse contrainte qui a subsisté pendant des années, c’est que des organismes qui ont prôné le traitement des pollutions (hydrocarbures, huiles, premières eaux de lavage) demandaient des dispositifs pour éviter toute pollution, au niveau du rejet dans le milieu, plus importante que ce qui aurait pu se produire sans traitement. Je pense que c’est une des raisons qui a fait frein, à mon avis, à pas mal d’aménagements de désimperméabilisation depuis de nombreuses années. Parce que quand on connaît le prix d’un séparateur à hydrocarbures et des volumes que ça peut représenter suivant les débits d’entretien, les collectivités et les privés ont mis certainement un frein à ce type de dispositifs. Alors que bon, la pollution à l’heure actuelle, on le vit dans toutes les rues de Narbonne, dans tous les parkings. Comme je l’écrivais tout jeune sur une rédaction en 6e, tout à la mer, tout à l’égout. À part les eaux usées mieux traitées (station d’épuration en 1980 pour les petits villages de secteur) les eaux pluviales «chargées» aboutissent pour grande partie à la mer. Traiter toutes les eaux pluviales serait la panacée, mais aujourd’hui comme hier c’est irréalisable financièrement parlant donc il faut faire des choix. Vu les volumes à traiter, je pense que le fait de désimperméabiliser sur des surfaces bien définies, c’est des aménagements qu’il faudrait faire de manière beaucoup plus intensive que ce qui est fait jusqu’à maintenant. Après en terme d’usages comme je vous disais il y a des problèmes d’humidité en pied de bâtiments. Je crois que partout il y a des problèmes entre les différentes institutions, c’est un gros souci de coordination. On a la chance à l’heure actuelle sur Narbonne que le Grand Narbonne et Narbonne soient très liés. Pour ça c’est vrai que les échanges sont beaucoup plus faciles et heureusement qu’il y a cette bonne entente car les petites communes ont aussi très rarement, voire pas du tout, de bureau d’étude en interne. Donc le Grand Narbonne les suit pour les aider dans leurs projets et ça a l’air de bien fonctionner. Mais effectivement avec les problématiques de coordination et lorsque les institutions sont différentes, comme vous l’avez évoqué pour Marseille, c’est beaucoup plus compliqué. On l’a vécu sur Narbonne, chacun regarde son économie et son intérêt.»
LA DÉSIMPERMÉABILISATION
VOUS ÊTES :
• • • •
Service déconcentré de l’État Collectivité territoriale EPCI Élu
• • •
Paysagiste concepteur Étudiant paysagiste concepteur Autre
•
Non
• •
Déconnexion du réseau d’eaux pluviales Autre
DANS QUEL DÉPARTEMENT EXERCEZ-VOUS ?
CONNAISSEZ-VOUS LE CONCEPT DE DÉSIMPERMÉABILISATION ?
•
Oui
COMMENT PERCEVEZ-VOUS LA DÉSIMPERMÉABILISATION ?
• • •
Annexe n°2
Rechargement des nappes phréatiques Espaces potentiels à la végétalisation Lutte contre la pollution des cours d’eau
Enquête quantitative Questionnaire destiné aux professionnels de l’aménagement, collectivités, élus et autres acteurs amenés à aborder le sujet de la désimperméabilisation.
L’AVEZ-VOUS DÉJÀ MISE EN OEUVRE ?
•
Oui
•
Non
• •
Réalisation.s d’aménagement Autre
SI OUI, DANS QUEL.S CADRE.S ?
• •
Documents de réglementation (SCoT, PLUi, ...) Projet.s d’aménagement / Projet.s de paysage
SELON-VOUS, DEPUIS QUAND PARLE-T-ON DE DÉSIMPERMÉABILISATION ? (DATE APPROXIMATIVE)
AVEZ-VOUS DÉJÀ ORGANISÉ OU PARTICIPÉ À DES JOURNÉES DE FORMATION/SENSIBILISATION À LA DÉSIMPERMÉABILISATION ?
•
Oui
•
Non
CITEZ 1 OU 2 FREIN.S À LA CONCRÉTISATION DES PROJETS DE DÉSIMPERMÉABILISATION :
Mémoire de fin d’études Diplôme d’État de Paysagiste École Nationale Supérieure de Paysage de Marseille Année universitaire 2021-2022 Réalisé par Maïlys DELPECH Encadré par Laure THIERRÉE
Tempêtes, inondations, glissements de terrains ... Face au changement climatique, les catastrophes naturelles se font de plus en plus extrêmes et meurtrières. Pourquoi les projets de désimperméabilisation sont-ils encore si rares malgré l’urgence climatique ? Ce travail de recherche dresse en premier lieu l’histoire de l’oubli progressif d’une ressource primordiale : le sol. Imperméabilisés massivement sur l’ensemble du territoire au cours des cinquante dernières années, les sols ne sont aujourd’hui plus en mesure de remplir leurs fonctions et perturbent le grand cycle de l’eau. L’augmentation du nombre d’inondations et des sinistres occasionnés incite donc aujourd’hui à une plus grande sobriété des aménagements. Pour cela, la désimperméabilisation semble essentielle dans sa dimension respectueuse du sol ainsi que dans son rôle participatif à l’édification de villes résillientes. Pourtant, les projets la mettant en oeuvre restent encore rares. Afin de comprendre pourquoi, la seconde partie de cette recherche est basée sur les témoignages d’acteurs divers amenés à aborder la désimpeméabilisation. Les freins à son développement ainsi que les potentiels leviers qui pourraient être mis en place y sont développés dans le but d’améliorer les connaissances du concept et de peut-être accélérer ou normaliser son application au sein des projets.
CHANGEMENT CLIMATIQUE - INONDATION - RUISSELLEMENT - SOL - IMPERMÉABILISATION - PROJET DE PAYSAGE - RÉSILIENCE