Maïra Bauherz_Memoire-les abattoirs de Casablanca, Reconversion

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Les abattoirs de Casablanca : Patrimoine, reconversion, culture et impact de la rĂŠhabilitation sur le contexte urbain MaĂŻra Bauherz



Les abattoirs de Casablanca : Patrimoine, reconversion, culture et impact de la réhabilitation sur le contexte urbain

Travail de fin d’étude présenté à la faculté d’Architecture La Cambre-Horta en septembre 2011 par Maïra Bauherz, sous la direction de Yves Robert.


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Table des matières  Introduction

6

 Méthodologie

8

 Présentation du site

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o

Contexte historique

10

Le Casablanca de 1920, laboratoire d’architecture.

10

1922 : les abattoirs !

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Contexte culturel

18

Politique culturelle à Casablanca

18

Espaces de culture dans la ville

20

o

o

Expérience du patrimoine à Casablanca

21

Définition et concept de patrimoine

21

Introduction

21

Destruction du patrimoine

21

Métiers liés au patrimoine

24

Relation population-patrimoine colonial

26

o

Contexte urbain

28

Historique

28

Casablanca : généralités urbaines actuelles

31

La commune de Hay Mohammadi et les Roches Noires

32

Analyse urbaine du site des abattoirs

34

o

Situation actuelle des anciens abattoirs 5

40


 scénarios o

47

Scénario 1 Enjeu du patrimoine

50

Objectif

50

Justification

50

Proposition

52

Acteurs

53

o

Scénario 2 Enjeu de l’espace ouvert / espace fermé : flexibilité et accès

55

Objectif

55

Justification

55

Public visé

55

Proposition

56

o

Scénario 3 Enjeu de l’échelle urbaine

65

Objectifs

65

Le « pourquoi »

65

Public visé

66

Acteurs

66

Propositions

66

o

Scénario 4 Programmation

71

4.1 Programme culturel artistique

71

4.2 Programme varié

76

6


 Esquisse de projet

81

Objectifs

81

Justification

81

« Le pourquoi »

81

Enjeux

82

Public visé

83

Méthode

83

Acteurs

83

Proposition urbaine

83

Programme

88

Question de patrimoine architectural

88

 Conclusion

91

 Annexes

99

 Bibliographie

119

 Remerciements

123

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Introduction

A l’origine du sujet de mon travail de fin d’étude se situe l’intérêt que je porte aux relations entre les notions de patrimoine et de développement et plus particulièrement à l’impact potentiel qu’une reconversion patrimoniale peut prétendre sur un quartier et sa population. Je désirais aussi travailler sur un contexte peu patrimonialisé par rapport aux grandes villes européennes, afin de pouvoir analyser un exemple qui puisse bénéficier du statut de projet pilote. Après réflexion, mon regard s’est posé sur les anciens abattoirs de Casablanca. Cet ensemble monumental est aujourd’hui au centre d’un débat sur son avenir, qui devrait se concrétiser par une stratégie de reconversion architecturale. Celle-ci soulève des enjeux fondamentaux dans un pays où la reconversion du patrimoine est encore loin d’être une évidence. L’enjeu est d’autant plus important qu’il s’agi d’un bâtiment dont la connotation de lieu d’abattage est fortement encrée dans les esprits. Une reprogrammation de ces lieux entraine donc une réflexion sociale et culturelle. L’intérêt de ce mémoire est donc de travailler sur un projet dont le questionnement est tout à fait actuel mais auquel l’expérience au Maroc fait souvent défaut : il existe peu d’enseignements et de formations autour de ce thème, d’industries spécialisées,… Les premières démarches officielles liées à une reconversion des abattoirs ont été effectuées il y a deux ans, en 2009. Le projet en est donc à ses débuts et permet de laisser libre cours à l’imagination sur le futur de ce lieu.

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Les anciens abattoirs font partie du patrimoine historique de la ville et sont au centre d’une double réflexion. D’une part sur l’importance du patrimoine architectural au Maroc, et d’autre part sur le rôle de la culture à Casablanca. Ces deux thématiques ont un intérêt particulier dans le Maroc d’aujourd’hui car jusqu’à présent elles ont souvent été négligées si pas ignorées par la population et les acteurs politiques. La préoccupation nouvelle du patrimoine et la volonté de faire émerger la culture à Casablanca pourrait avoir un impact très important à différents niveaux. D’un point de vue patrimonial et historique, la conservation des monuments est primordiale car ceux-ci reflètent l’histoire de Casablanca et ses différentes périodes. Ne pas nier la période coloniale et la rendre négative mais en faire une richesse propre au Maroc et à la ville de Casa permettrait de renforcer et d’enrichir l’identité marocaine. L’intérêt du patrimoine et de la culture pourraient aussi amener de nouveaux métiers, de nouveaux savoirs théoriques techniques et des infrastructures d’enseignements à la fois théoriques et pratiques relatifs à la reconversion et à la culture (gestion, techniciens…). D’un point de vue économique la machine patrimoniale ainsi que la culture peuvent jouer un rôle dans l’économie touristique de la ville. Du point de vue social la culture pourrait à la fois devenir un lien entre les différentes classes et un intérêt nouveau pour une grande partie de la population. Enfin la culture dans un contexte politique en plein bouleversement, comme véhicule de la liberté d’expression pourrait avoir un impact politique et un rôle important dans ce que sera la société marocaine dans le futur. Sachant l’importance historique du bâtiment, son rôle économique, son intérêt comme projet de reconversion et la vie culturelle importante qui pourrait s’y développer, je propose de démontrer que cette opération de reconversion pourrait faire figure de projet « pilote » pour Casablanca et d’exemple pour tout le pays. Pour cette raison mon mémoire se base sur les différentes formes de lecture que la population et les acteurs du projet ont de cette opération majeure de reconversion dans Casablanca. Le premier questionnement concerne donc la problématique de la reconversion du patrimoine pour répondre à des usages adaptés à la société actuelle. Réhabiliter le bâtiment afin de le rendre fonctionnel pour un nouveau programme tout en assurant une conservation de qualité à l’existant dans la mesure du possible. On parle donc d’analyse technique (résistance au temps) et architecturale (qualités) du bâtiment et d’outils techniques de reconversion. Le second questionnement concerne la manière d’intégrer des espaces à vocation culturelle au sein d’un quartier industriel qui commence à peine à se transformer. L’enjeu ici est de mesurer l’impact de ce projet à l’échelle du quartier et de la ville et de vérifier sa pertinence. Ma proposition est d’étudier l’incidence de cette reprogrammation sur la population locale et la transformation qu’elle peut amener au quartier et à la ville en étudiant les volontés, sentiments et ressentiments de la population et des acteurs qui touchent à ce projet.

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Méthodologie

Pour mener à bien mon analyse, je propose de suivre deux approches différentes. Dans un premier temps une approche patrimoniale basée sur des documents écrits ou des outils d’architectes (plans, dessins, archives…). Ensuite une approche sociologique basée sur des enquêtes de terrain effectuées lors d’un voyage à Casablanca. Pour avoir une vision de l’ensemble du projet je propose d’établir différentes analyses sur le contexte dans lequel se situe le bâtiment. Ainsi j’établis, à partir d’un processus d’identification des éléments permettant la compréhension du site des abattoirs, les contextes historique, urbain, culturel, et social autour des abattoirs. Cela me permet d’avoir une approche patrimoniale qui s’appuie sur une base solide. Pour étudier ces contextes je me base sur des documents collectés auprès d’associations culturelles de Casablanca, de l’école d’architecture de Casablanca, d’archives historiques de la ville (même si celles-ci sont rares et peu accessibles), d’une bibliographie sur Casablanca (voir la bibliographie) et d’analyses personnelles. L’approche patrimoniale qui se joint à cette étude se base sur des documents écrits sur le patrimoine, sur des archives du bâtiment, des plans et relevés faits parle bureau d’architecture « Empreinte d’architecte » qui s’occupent du projet, de dossiers techniques de reconversion et de conférences faites à Casablanca lors des journées du Patrimoine. L’approche patrimoniale me permet de comprendre l’importance donnée au patrimoine architectural à Casablanca, l’enseignement de celui-ci au Maroc, les sentiments ou ressentiments des marocains face à un héritage colonial et la connaissance actuelles des techniques de reconversion au Maroc.

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La seconde partie de mon travail sera consacrée à des enquêtes sociologiques visant à préciser l’image des abattoirs auprès de la population locale en distinguant la perception historique de l’édifice lorsqu’ il fonctionnait comme abattoir, de celle qu’il a acquis aujourd’hui comme espace à vocation culturelle et comme projet en devenir. Ces enquêtes sont menées qualitativement auprès d un certain nombre de personnes cibles et quantitativement en partant à la rencontre de la population locale et des usagers du bâtiment. Afin d’avoir un échantillon d’avis multiples, je vise des catégories de personnes qui ont une relation plus ou moins directe avec les abattoirs, acteurs ou observateurs, d’horizons différents (âge, culture, vie professionnelle). Une série d’acteurs ayant un regard plus spécifique sur le projet : certains acteurs politiques avec un avis plus réservé ont un discours sur l’ensemble de Casablanca et de la commune de Hay Mohammadi, mais restent discrets dans l’ensemble. Les métiers liés aux bâtiments et à l’urbanisme ont un regard plus concret sur le projet: - Des acteurs ayant un rôle direct avec le projet, engagés pour travailler actuellement sur les abattoirs : technicien, régisseur, gardien. - Les associations, corps de métiers et artistes ayant « un pied » dans le projet et parfois même deux, ont un avis plus prononcé sur les possibilités du devenir du site. - Les étudiants dans divers enseignements apparaissent plus comme observateurs qu’acteurs mais expriment des volontés très concrètes pour les abattoirs. - Les commerçants du quartier des abattoirs, à la fois acteurs car ils « subissent » la situation actuelle des abattoirs qui ne leur permet plus de vivre et se sentent observateurs dans le devenir des abattoirs. La troisième partie de mon travail permet de tirer des conclusions de ces multiples rencontres. À partir des interviews et observations, mon travail dégage un certain nombre d’attitudes et de volontés des personnes cibles et de la population vis-à-vis du projet de reconversion, qu’elles soient réceptives (favorables) ou défensives (critiques). Je propose d’identifier ces attitudes, de faire une caractérisation des formes d’appropriations récurrentes et d’en faire différents scénarios sur la manière d’utiliser le site le plus pertinemment selon les différents acteurs. Chaque scénario développe donc une vision du projet en mettant en avant une valeur, une volonté, un intérêt, et surtout un enjeu majeur du projet. La proposition finale est de faire une synthèse reprenant des éléments des différents scénarios pour en faire une esquisse de projet. Je propose de reprendre les caractéristiques qui me semble les plus pertinentes/intéressantes pour les abattoirs et de les exploiter comme fil conducteur à la base de mes propres idées de concept et nouveaux éléments que je propose. La conclusion de cette proposition répond aux questionnements de départ sur la valeur d’exemple et de projet « pilote » que peut avoir ce projet pour Casablanca et le Maroc en général. Elle démontre comment l’esquisse proposée répond aux enjeux patrimoniaux, architecturaux, urbains et sociaux posés à l’origine de la réflexion.

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Présentation du site

Contexte historique Le Casablanca de 1920, laboratoire d’architecture1. Casablanca, avant même l’arrivée des français en 1907 était une ville pleine de ressources. Ses liaisons maritimes en firent rapidement un pôle commercial (qui débuta vers la fin du XIXème siècle avec des marchés) et donc un lieu d’investissement immobilier important. A partir de l’arrivée des français, la ville fit un énorme bon en avant. Lorsqu’Henri Prost, l’un des premiers urbanistes français à avoir travaillé à Casablanca arriva en 1914, aucun plan d’urbanisme n’avait jamais été érigé pour la ville. Il termina en 1917 de dessiner le premier plan d’aménagement de Casablanca, appuyé sur trois réflexions : un nouveau système hiérarchisé de voiries sur lesquelles viennent s’aligner les lotissements. Définition des règles d’occupation du sol selon « les gabarits et servitudes hygiéniques. Découpage de grandes zones fonctionnelles »2. Dans les années 1920, Casablanca a été un lieu d’expériences pour les architectes de différents pays. La production architecturale de cette époque puise ses références d’Allemagne, d’Espagne, d’Amérique, en Scandinavie et dans les pays méditerranéens. C’est pour cela qu’aujourd’hui la ville n’est pas associée à un style architectural mais à un mélange d’architectures marocaine, néo-mauresque d’influences tunisienne, des pays cités ci-dessus, art déco et fonctionnalisme français. De même la ville correspond plus à l’ensemble de projets urbains qu’au résultat d’une seule stratégie.

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Ce chapitre a été rédigé à partir des ouvrages suivants : Documents transmis par Casamemoire : rapports d’activités, carnet de programme, fascicule projet abattoirs 2010. Maurice Culot et Jean-Marie Thiveaud (sous la direction de), Architecture française outre-mer, Institut français d’architecture-mission des travaux historiques de la caisse des dépôts et consignations, Mardaga, 1992. Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan édition, 2008. « Henri Prost, parcours d’un urbaniste discret (rabat, Paris, Istanbul…) » Jean-Pierre Frey, revue Urbanisme n° 336, Ma - Juin 2004, p 79-87. Conférence de Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM), Abderrahim Sijelmassi (architecte), Adam El Mahfoudi (architecte), Genèse d’une ville nouvelle, architecture marocaine au début du XXème siècle, à la rotonde, parc de la ligue arabe, Casablanca, le 16 avril 2011. Maurice Culot et Jean-Marie Thiveaud (sous la direction de) op. cit. p 110, §1.

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Le protectorat mis en place en 1912 a comme ambition de proposer pour Casablanca une « nouvelle forme urbaine de métropole pouvant en remontrer à la capitale de l’empire »3 en s’inspirant de ce qui se fait en Amérique et en Europe. Les architectes séduits par l’architecture locale imposent donc une nouvelle identité aux différents quartiers tout en imprégnant leurs projets d’éléments décoratifs découverts sur place et en mêlant les techniques locales dans une vision européanisée. Ils tentent de conserver les traditions et typologies en s’adaptant aux nouvelles volontés de l’époque et de la population changeante : nouveaux riches marocains qui veulent leur propre style et architectes français qui veulent apporter des éléments nouveaux. Les architectes vont proposer à ces nouveaux casablancais une qualité d’architecture qui va jusqu’au détail, aspect nouveau pour les habitants de la ville. Les mélanges de styles se font donc principalement dans les éléments décoratifs des façades (souvent plus sobres) et intérieurs des bâtiments. On retrouve plutôt un placage de formes sans que la conception ou la modernité soit mise en cause. Apparaissent alors des ferronneries sur les portes, des faïences géométriques sur des façades nues, des claustras en béton (interprétation moderne du moucharabieh). C’est une volonté de références et de symboles parfois imposée par la politique (par exemple les tuiles vertes, symbole de lieu religieux). Cette politique spécifique du protectorat et la particularité de la population casablancaise feront de Casablanca une « ville internationale et marocaine tout à la fois, ville métissée où les génies nationaux et régionaux se composent »4. En 1945, l’urbaniste Michel Ecochard travaille à Casablanca. Le plan qu’il dessine reste le document de référence jusqu’en 1970. Il travaille sur la densification qui explose, le plan en trame et la construction verticale qui répond à la nappe horizontale existante. Après 1970, il y a un départ des européens et des juifs marocains qui habitaient le centre. Ce changement démographique provoque une dégradation du centre ville. La population qui occupe ensuite ces immeubles paie un loyer insuffisant que pour permettre aux propriétaires d’entretenir correctement les lieux. Petit à petit les silhouettes des bâtiments se modifient car ils sont surélevés et transformés.

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Ibid ; p106, §2. Maurice Culot et Jean-Marie Thiveaud (sous la direction de) op. cit. p 106, §3.

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1922 : les abattoirs ! Architecte et situation des abattoirs Après l’arrivée du protectorat français, la ville a connu un boom démographique important (en un siècle, à partir de 1900, la population Casablancaise est passée d’environ trente mille à quatre millions d’habitants5). Différentes infrastructures, dont les abattoirs, eurent besoin d’être remises à niveau afin de répondre aux demandes grandissantes de la population. Des « nouveaux » abattoirs ont donc été construits en 1922 par l’architecte parisien George Ernest Desmarets (1877-1959), diplômé en 1902 à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts à Paris. La fonction d’abattoir fut placée dans la commune de Hay Mohammadi, à l’est de Casablanca (voir chapitre « contexte urbain »), dans un quartier industriel qui à cette époque se trouvait en périphérie de la ville. Aujourd’hui ce quartier est tout à fait inclus dans le grand Casablanca et se trouve à proximité de la gare Casa-voyageurs construite à la même période que les abattoirs et à 5 km de la place Mohamed V (centre ville).

Présentation du site des abattoirs Les abattoirs représentent une surface couverte de 5 hectares avec différents bâtiment, ateliers et cours extérieures. Lors de leur construction, les abattoirs doivent répondre à différents critères : les problèmes hygiéniques identifiés depuis 1912 par le protectorat français, volonté de techniques modernes comme le traitement des eaux, des espaces frigorifiques, une chaudière, la séparation des fonctions de l’abattage,…). On retrouve donc sur le site plusieurs bâtiments ayant leur fonction propre : administration, villas d’habitation, mosquée, écuries, incinérateurs, boucherie, ateliers (image 7). Ces bâtiments sont reliés par des cours extérieures, allées ou « rues » intérieures au site. Les abattoirs ont été réaménagés et agrandis dans les années 1950. D’une part parce qu’ils ne répondaient plus aux demandes toujours grandissantes de la population. D’autre part pour refermer le site par un mur qui entoure complètement le site. (Images 1 et 2) Lorsque les abattoirs se trouvaient sur ce site, une série de petites « grillades », de petits restaurateurs se sont installées face à la façade principale des abattoirs et fonctionnaient grâce à ceux-ci. Avec la fermeture des abattoirs, leur activité a été fortement réduite et ne leur permet aujourd’hui que de survivre (image 4). Depuis la fermeture des abattoirs en 2002, le site a gardé cette fonction même si elle n’est que partiellement utilisée (petite écurie et incinérateur). Des nouveaux abattoirs ont été construits en 2002 dans la commune de Sidi Othman. L’entrée du site fait face à une longue allée intérieure qui dessert différents bâtiments (image 5). De part et d’autre de l’entrée se trouvent les administrations, la grande halle et des places de parking. Viennent ensuite les écuries et la boucherie. Les espaces frigorifiques, boyauterie et charcuterie se situent dans des bâtiments à l’arrière du site, desservis par de petites rues et allées. Certains espaces comme les petites écuries et un incinérateur sont encore utilisés aujourd’hui pour les petits animaux (chiens, chats). Les autres bâtiments sont délaissés et s’abîment avec le temps, victimes des intempéries et du manque d’entretien.

5 Marc Pabois et Bernard Toulier (sous la direction de), Architecture coloniale et patrimoine, l’expérience française, institut national du patrimoine, Somogy édition d’art, 2005. p47.

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Image 1. Les abattoirs dans les années 1950. Photo fournie gracieusement par Mr Duprat au bureau d’architecture Empreinte d’Architecte


Image 2. Situation en 1922. Carte faite par Maïra Bauherz.

Image 4. Grillades face aux abattoirs. Photo Maïra Bauherz.

Image 5. Entrée du site vue de l’intérieur du site. Photo Maïra Bauherz.

Image 3. Situation en 1922. Carte faite par Maïra Bauherz.

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Image 6. Ancien bureau du directeur à gauche de l’entrée. Photo M. B.

Image 7. Fonctions des bâtiments. Carte M.B.

CABOCHAGE BOYAUTERIE CHAUFFERIE

BOYAUTERIE

HALLE AUX CUIRS

ECURIE PETIT BÉTAIL

HYPPOPHAGE CHARCUTERIE

BOUCHERIE

FRIGOS

ECURIE GRAND BÉTAIL GRANDE HALLE ACCUEIL

Images 8. Entrée principale en 1922 avec les camions de transport bestiaux. Image 9. Anciens abattoirs 1950. Photos gracieusement fournies par Mr. Duprat au bureau d’architecture Empreinte d’Architecte..

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Qualités architecturales Les formes et propositions architecturales de Desmarets tentent de répondre d’une part aux critères propres à la fonction d’abattoirs (cités ci-dessus) et d’autre part marque son époque par le mélange de style oriental et de style occidental évoqués précédemment. On retrouve alors une architecture principalement sur un étage, dans des bâtiments séparés les uns des autres avec chacun une fonction propre. Des espaces hauts, ventilés et éclairés par des ouvertures verticales. Les formes et matériaux relèvent des techniques modernes pour l’époque et des techniques traditionnelles. Ainsi on retrouve des « claustras en béton, des acrotères traitées comme de la dentelle »6, l’utilisation de la céramique et de zelliges, l’utilisation de béton armé… Mélangés à des éléments de décoration d’art mauresque, apparaissent des éléments propres aux débats architecturaux de cette époque et qui mèneront à un mouvement qui ne prendra son nom qu’en 1925 : l’art déco. On remarque alors les façades symétriques, les lignes épurées, les façades rythmées par des volumes simples, une et décoration géométrique (claustras en rosace…), et le choix de couleurs chaudes (images 6 à 14).

6 Abderrahim Kassou, Reconversion des anciens abattoirs de Casablanca, Les cahiers de l’EAC (école supérieure d’architecture de Casablanca), 2008. p 10.

Au-dessus: image 15. Photos Thomas Delbrade En-dessous: image16 et 17. Photos Maïra Bauherz.

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De gauche Ă droite: images 18; 19; 20; 21; 22 Photos MaĂŻra Bauherz

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Contexte culturel

Politique culturelle à Casablanca Actuellement il n’y a pas une position claire ou une politique cohérente à laquelle puissent se référer les associations culturelles existantes à Casablanca. Ce manque de prise de position de la ville est dénoncé par certaines associations comme une politique culturelle inexistante et qui fait obstacle au développement culturel de la ville. Il existe une instance de l’état créée en 1974 au sein du ministère de la culture, dont l’impact d’après plusieurs personnes interviewées est minime. « Le ministère de la culture est chargé de surveiller le champ de la culture car c’est un champ miné. Il risque de se retourner contre l’état. De plus il ne sert à rien. Dans un système comme le nôtre il n’a pas de pouvoir. Il ne fait qu’exécuter »7 m’explique Belfakih Abdelbaki, anthropologue et professeur à l’université. Dans le système marocain, centré principalement sur des questions socio-économiques, la culture est toujours passée au second plan. On constate chez les personnes impliquées dans les projets à vocation culturelle à Casablanca qu’elles manifestent généralement une volonté de voir s’opérer des changements institutionnels. Ainsi les premières marques d’intérêt pour la culture à Casablanca sont apparues après les attentats du 16 mai 2003 « comme manière de réagir aux événements et occuper les jeunes, particulièrement des bidonvilles »8. Il y a à ce moment-là une prise de conscience au sein du pays : « les attentats de mai 2003 ont marqué la transition d’une époque à une autre. Après cette date, il s’est avéré extrêmement nécessaire de revoir l’ensemble des domaines de la vie institutionnelle du Maroc. Nous avons également constaté que les problèmes du pays ne se limitent pas uniquement au niveau socio-économique ou politique, mais qu’ils sont aussi d’ordre religieux et culturel »9. Aujourd’hui le pays est à nouveau touché par une volonté de changements constitutionnels et institutionnels (Mouvement des jeunes contestataires du 20 février et révision de la constitution votée par référendum le vendredi 1 juillet 2011). Cette nouvelle constitution devrait mener à une monarchie constitutionnelle et avancer vers un système démocratique. C’est dans ce contexte que s’inscrit une volonté des milieux culturels de se faire entendre, de participer à ce changement en prenant une place importante dans la société comme moyen de liberté d’expression. Dans ce cadre, des comités de coordination avec différentes commissions ont été mis en place très rapidement par des personnes d’horizons différents afin de soutenir les jeunes du mouvement du 20 février. Petit à petit des groupes se forment afin d’organiser des actions entre autre culturelles et artistiques pour pousser au changement. J’ai eu l’occasion lors de mon séjour au Maroc de participer à la première réunion d’artistes, journalistes, sociologues, anthropologues, ingénieurs, professeurs,… qui se réunissaient dans le cadre d’un forum pour agir au sein de ce contexte politique. Faire un projet « art contemporain et politique ».

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Interview de Belfakih Abdelbaki, anthropologue –professeur à l’université. Interview d’Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat. Mohamed Darif, politologue, islamologue

http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2008/05/19/feature-01

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« Dans le changement actuel, comment en tant qu’artiste nous pouvons intervenir dans l’espace de la ville, les espaces directement en relation avec les gens. L’art a toujours été un moyen de contestation, un outil de travail exceptionnel pour échanger avec les autres. C’est vraiment le moment pour les artistes contemporains et l’art contemporain d’être présents. Parce que l’art contemporain est né d’abord pour casser les normes, pour essayer de choquer, de stimuler, de casser les repaires existants, de poser des questions politiques puisqu’ils cassent les valeurs connues, et aujourd’hui les artistes marocains ont une occasion d’être présents dans un moment qui nous appartient à tous. Et ce ne serait pas normal d’être dispersé, c’est pour ça qu’il est important de réunir nos forces, d’unir les gens dans ce qu’ils ont à dire »10. La création d’organisations culturelles se multiplie et les mouvements pour la promotion de l’art et du patrimoine grandissent. Cependant le support de l’état reste minime. Il soutient particulièrement les grands événements (le plus grand festival au Maroc, Mawazine, rassemble un nombre de têtes d’affiche particulièrement élevé) et laisse peu de budget et d’aide aux petites associations. D’après mes interviews et observations, la population marocaine a un rapport à l’art qui varie selon sa classe sociale. L’art populaire, l’art de la rue touche les classes sociales plus démunies et se pratique dans des espaces urbains, des espaces improvisés. D’autre part les classes plus favorisées de Casablanca ont un rapport beaucoup plus conventionnel à l’art (espaces prévus pour des expositions, entrées contrôlées, etc.). La plus grande partie des Casablancais ne considèrent pas l’art comme valeur importante comparée à l’économie, au rapport à l’argent. La volonté de transformer un ancien abattoir, lieu de commerce, en espace dédié à la culture laisse d’ailleurs parfois perplexe11. La population se soucie peu d’événements ou d’activités culturelles et n’a pas l’habitude de chercher l’information.12 Une campagne dédiée à la promotion de la culture est donc indispensable pour commencer à sensibiliser et intéresser un nouveau public en tenant compte que près de 40% de la population de plus de dix ans13 au Maroc est illettrée et qu’il faut donc des moyens clairs qui parlent à l’ensemble de la population.

« Casablanca est, depuis plus d’une dizaine d’années, le champ où s’expriment les avants gardes de la création contemporaine marocaine, dans les disciplines les plus diverses : Musiques, théâtre, arts urbains, art contemporain, comme elle a été par le passé un réel laboratoire pour les avants gardes de l’architecture internationale. Elle se positionne en outre comme un pôle d’intérêt à l’échelle internationale pour les spécialistes, les chercheurs et les professionnels de la création. » « Projet abattoirs 2010 » par Casamemoire.

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Interview de Kenza Benjelloun, artiste plasticienne. Interviews marchands de moutons de Hay Mohammadi. Interview d’Adam El Mahfoudi Tiré du rapport du cinquantenaire cité par l’association Badiyati http://www.badiyati.asso.ma/analphabetisme.php

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Espaces de culture dans la ville Il existe aujourd’hui une quinzaine de centres culturels dans la ville de Casablanca. Pourtant les lieux de création, le partage de l’art et les événements culturels se font ailleurs. Déjà peu nombreux, ces centres appartiennent tous à la mairie et fonctionnent peu ou pas du tout. Les manifestations culturelles qui s’y déroulent sont ponctuelles et peu fréquentes. En 2003 la fondation Mohamed V a débloqué des fonds afin de remettre à neuf tous les centres culturels. Les bâtiments ont été remis en état, mais une fois rénovés, plus aucun budget n’a été alloué à l’organisation d’activités ou d’événements qui pourraient s’y dérouler. Pas étonnant que ces centres peu accessibles au public ne soient pas non plus investis par la population comme lieux de création. Alors quels sont les espaces dédiés à la culture ? Il y a une dizaine de théâtres dans la ville dont certains ont une programmation continue. Cependant les espaces d’art et de culture sont souvent des lieux « improvisés » et non conventionnels. La rue pour l’art populaire, des espaces improvisés et aménagés chez les gens pour s’entraîner et répéter, quelques associations culturelles qui disposent de petits espaces, des manifestations privées chez des particuliers ou dans des espaces loués dans des milieux plus fermés (classes plus aisées). Certaines écoles comme l’école des Beaux-arts de Casablanca profitent d’espaces appartenant à l’école et quelques bâtiments sont légués comme espaces d’exposition comme l’église du Sacré-Cœur (Images 23 et 24). Il existe aussi des centres destinés aux autres nationalités plutôt qu’aux marocains de Casablanca. Il y a donc un réel manque de lieux accessibles à tous, de qualité et gratuits (condition souvent nécessaire en particulier dans cette ville où règne la pauvreté). Cela s’est exprimé clairement à plusieurs reprises lors de mes interviews : « La population demande de l’espace pour la culture »14 assurent plusieurs personnes liées au monde culturel de Casablanca.

Images 23 et 24. Intérieur de l’église du Sacré-Coeur. Photos M.B.

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Images 25 Villa des arts de Casablanca lors de l’exposition Y.S.L Photos M.B.

Interview d’Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat et d’Aadel Essaadani directeur technique des abattoirs, urbaniste.

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Expérience du patrimoine à Casablanca Définition et concept de patrimoine Pour commencer, il me semble important de clarifier la notion de patrimoine ayant donné lieu à différentes interprétations. Par la suite, c’est sur cette définition que je me baserai dans le cadre de mon mémoire. Aujourd’hui, la définition du concept a été étendue aux biens matériels et intellectuels hérités par une communauté15. Dans le cas des anciens abattoirs, il s’agit d’une mémoire à la fois matérielle et immatérielle dont le bâtiment est le support. Mémoire matérielle, par la valeur architecturale du bâtiment, mémoire immatérielle par la portée des souvenirs (univers du travail ouvrier, …) liés à ce bâtiment. Dans les deux cas, il s’agit d’une mémoire « vivante » témoignant d’une époque désormais révolue, mais formant une histoire commune au Maroc (pays colonisés pendant plus de quarante ans) et à la France (pays colonisateur). En évoquant la première loi au Maroc relative au patrimoine, Ahmed El Hariri nous dit : « Elle prend ainsi en compte le patrimoine immatériel et matériel et fait du patrimoine bâti la pierre angulaire de la mémoire collective, c’est le support du fondement de la culture d’une société donnée »16.

Introduction Le projet des anciens abattoirs s’inscrit dans un contexte ou la «sauvegarde du patrimoine architectural » est une notion encore bien jeune et d’autant plus qu’il ne s’agit pas ici de ruines archéologiques romaine (comme Volubilis) et de médinas (comme Marrakech). Cependant depuis plusieurs années la mobilisation autour de ce thème rassemble de plus en plus de personnes autour d’événements de plus en plus nombreux. Tout d’abord une sensibilisation au niveau des architectes fait surface depuis 2006 à l’ENA (école nationale d’architecture de Rabat) grâce à un certain nombre de formations en patrimoine. Depuis 2007 une formation post-graduat « diplôme supérieur d’Architecture du Patrimoine » est ouverte aux architectes est organisé par l’ENA et l’Ecole de Chaillot à Paris. Pour une sensibilisation plus large de la population diverses actions sont lancées depuis quelques années. Si les journées du patrimoine ont lieu à Casablanca depuis trois ans, avec chaque année un peu plus de visiteurs, beaucoup d’autres manifestations et conférences, aussi petites soient-elles, ont lieu régulièrement. Elles visent à une sensibilisation progressive de la population Casablancaise au patrimoine marocain, un enjeu qui permettrait mobiliser de plus en plus d’acteurs et d’intérêt pour sauver ce qui n’a pas encore été détruit ou été dilapidé au fil du temps, et encore quotidiennement. Je propose dans ce chapitre de rendre compte des relations qu’entretiennent la population en général, et certains acteurs en particulier, avec ce « patrimoine marocain » et les solutions proposées pour l’avenir.

Destruction du patrimoine S’il est vrai que la destruction du patrimoine (volontaire ou non) n’est pas un fait nouveau et est apparu avec l’idée même de « patrimoine », cette destruction (j’entends par là la disparition d’éléments considérés comme faisant partie du patrimoine) est encore présente aujourd’hui et peut-être plus que jamais.

15 Article patrimoine, Dictionnaire Le Robert, Paris, 1992. édition Dictionnaire Le Robert, 1992, p. 1452. 16 Ahmed El Hariri, architecte, président du Docomomo Maroc. Propos recueillis dans une interview du magazine d’architecture AM n°49 –Octobre, novembre, décembre 2010, Janvier 2011. p 51 - 52.

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L’architecte Abderrahim Sijelmassi définit les rapports de la population au patrimoine de la manière suivante : « On fait une observation qui s’impose en tant qu’évidence, pertinence et qui passe sous silence. Le rapport que l’on entretient ici au patrimoine est de destruction. C’est-àdire qu’il y a une relation de mépris par rapport à ce qui est légué. Il peut être volontaire ou involontaire. De destruction et de dilapidation et non pas de considération, de valorisation »17. Plusieurs des intervenants et autres personnes interviewées s’accordent à dire que ce rapport est causé par une ignorance de la valeur de « vecteur »18 (pilier sur lequel s’appuyer pour construire le futur) et de valeur à la fois identitaire, cognitive, contemplative et utilitariste19que représente ce patrimoine. Pôle identitaire

Pôle contemplatif Pôle utilitaire - délectation développement

Pôle cognitif

Valeur Valeur sentimentale ou document d'appropriation

Exemple : Exemple : construction de nos développement identités des sciences

de

Valeur esthétique

Exemple contribution à l'affirmation (ou infirmation) du goût

-

Pôle administratif -

Valeur d'avenir

Valeur légale au sein de l'Etat (statut juridique du patrimoine)

Exemple : participation à la transformation de la société

Exemple : nécessité d’une attitude de responsabilité de la part de la société (gestion légale spécifique du patrimoine par l'état).

Tableau : syllabus du professeur Yves Robert « théorie de la conservation et de la restauration des patrimoines », édition 2007-2008, p6

« Le patrimoine recouvre toutes les activités d’une société qui ont à travers le temps perduré et fait sens, et se résume à un moment donné de l’histoire en tant que legs qui appartient à une communauté. Sur un continuum historique d’une collectivité, les hommes réagissent à l’égard de ce patrimoine d’une façon contextuelle. Les comportements a l’égard de ce qui est légué par les anciens est différent à chaque fois qu’on change de contexte. »20. Dans le contexte marocain et plus particulièrement casablancais, chacun de ces pôles aura donc une signification précise. Cette ignorance de l’importance du patrimoine mène alors à des actes barbares, opposés à l’Homme urbanisé, civilisé, pour reprendre les mots d’Abderrahim Sijelmassi, puisqu’il n’y a pas de considération des ouvrages réalisés par nos ancêtres, qui ont « par le biais de leur travail, fabriqué de la valeur et du sens »21. Au contraire, cette idée de sens est absente chez le barbare et il ne remet pas ses actes en question. 17 Intervention de l’architecte Abderrahim Sijelmassi dans la conférence de Abderrahim Sijelmassi (architecte), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM), Behy (promoteur immobilier), Ghalia Sebti (directrice de l’entreprise de zellige Aït Manos) , Le patrimoine, métier de l’art et des hommes, villa des arts, Casablanca, le 20 avril 2011. 18 Ibid. 19 Yves Robert, Théorie de la conservation et de la restauration des patrimoines, édition ISACF La Cambre, 2007-2008. p 6 20 Intervention de l’architecte Abderrahim Sijelmassi dans la conférence Le patrimoine, métier de l’art et des hommes» op. cit. 21 Ibid.

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Le patrimoine est alors dilapidé de différentes manières, souvent à des fins économiques, et souvent de manière honteuse. Que ce soit la destruction intentionnelle ; une rénovation de qualité médiocre ; des territoires chargés de sens, rongés par des constructions en vue de programmes touristiques, etc. Souvent ces changements sont irréversibles et ne permettent pas une « correction » dans le futur. La spéculation immobilière est un des pôles majeurs qui animent l’économie du Maroc. Et ce phénomène a pour conséquence la dilapidation de bâtiments et monuments de grande qualité pour des réalisations nouvelles et souvent meilleures marché qu’une rénovation ou une restauration. Aujourd’hui le mouvement en réaction à cette dilapidation en masse commence à prendre une l’importance. C’est ce que l’historienne Françoise Choay appelle dans son ouvrage « L’allégorie du patrimoine » une conservation primaire ou préventive, en opposition à une conservation secondaire ou réactionnelle pour lutter contre le vandalisme idéologique (écrit d’après l’expérience du patrimoine en France). Les ambitions politiques et économiques en lien avec le patrimoine entraînent elles-mêmes une dégradation du patrimoine existant en travaillant de manière non compétente et en mettant en avant l’économie plutôt que le patrimoine. Ainsi un programme sur les décors, le design et les arts traditionnels (travail du fer, du bois, etc. avec des techniques traditionnelles) lancé par les autorités politiques ont entraîné des réhabilitations désastreuses qui ont pour conséquence la perte d’éléments décoratifs d’origine sur les bâtiments22. « Le patrimoine fait partie intégrante de la conscience collective, c’est aux autorités compétentes d’approfondir, voire comprendre la notion de culture patrimoniale. La culture n’est pas une marchandise. »23 Ces erreurs sont dues à plusieurs aspects : tout d’abord des questions d’organisation au ministère de la culture et de budget semblent être un premier frein au développement des techniques de réhabilitation et de reconversion. Il n’y a pas de cellule dans chaque ville pour s’occuper du patrimoine, cette structure est reléguée au niveau régional24. « Le ministère de la culture ne dispose pas d’outil législatif adapté au patrimoine bâti, et pis, il ne dispose pas non plus des moyens suffisants – compétences, ressources humaines et budget – pour identifier, procéder aux inventaires, protéger et réhabiliter le patrimoine sur l’ensemble du territoire »25. D’autre part le gouvernement applique une politique « de reconduction des choses, qui fait que en fin de compte il n’y a pas de discernement entre la chose réelle avec ses valeurs (qui peuvent être décrites, canonisées…) et ce « semblant de » (« objet » transformé). C’est ce que j’appelle en reprenant le vocable à l’historien Abdallah Laroui la traditionalisation»26. L’idée de traditionalisation s’opère à partir de la volonté de copier ou de réhabiliter un élément, comme s’il y avait un respect de cet élément alors qu’il y a une transformation totale de celui-ci. On ne peut donc plus parler d’élément d’origine ou d’élément « réel ». L’historien George Kubler évoque dans son « traité de l’histoire des choses » la traditionalisation par les « objets premiers et de réplique », selon une logique de « séquence ouverte et séquence fermée ». La traditionalisation se déploie de trois manières27. La première est l’acte de création d’un objet « traditionnel », la création d’un objet déterminé à partir de la matière première. Une séquence peut alors potentiellement s’ouvrir. La deuxième manière se rapproche le plus de la dilapidation de « l’œuvre » car elle est transformée. Il s’agit de métiers d’art ou d’artisans qui reconduisent un objet, une architecture, une musique, etc. à partir de son aspect d’ « objet premier ». Une « séquence nouvelle » est alors ouverte par un créateur quelconque. Le résultat de la transformation est la « réplique ». Troisièmement il s’agit des métiers d’art qui prennent en charge la restauration, la réhabilitation, la remise en état d’éléments divers en vue de leur continuation dans l’espace et dans le temps. Selon les techniques utilisées nous pourrons parler de restauration respectueuse de l’élément ou non. 22 Table ronde sur le thème « métiers d’art et patrimoine » à la rotonde, parc de la ligue arabe le 17 avril 2011. Intervenants : Abderrahim Sijelmassi (architecte), Alia Bekkari (architecte du patrimoine), Hakim Cherkaoui (architecte, directeur de l’ENA) ,Mohamed Bouazzaoui (entrepreneur spécialisé en réhabilitation des monuments historiques), Said Guihia (designer et professeur à l’école des beaux-arts de Casablanca), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM). 23 Ahmed El Hariri, op. cit. p 52. 24 Intervention de Selma Zerhouni dans la Conférence « Le patrimoine, métier de l’art et des hommes» op. cit. 25 Ahmed El Hariri, op. cit. p 50. 26 Intervention de l’architecte Abderrahim Sijelmassi dans la conférence Le patrimoine, métier de l’art et des hommes» op. cit. 27 George Kubler Formes du temps. Remarques sur l’histoire des choses, Paris, Editions Champ libre, 1973

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Métiers liés au patrimoine28 Si la formation d’architecte s’est développée au Maroc depuis environ trente ans (ouverture de l’école d’architecture de Rabat en 1980), en revanche les entreprises spécialisées, bureaux d’études et métiers d’artisanat restent peu existants et insuffisants face au besoin de rénovation et de réhabilitation actuels. De nombreuses techniques pratiquées sur les bâtiments au cours des siècles ont été perdues. Il ne s’agit pas uniquement du savoir ancestral, mais aussi de techniques du XXème siècle, parfois rapportées par des entreprises portugaises, françaises, espagnoles, venues au Maroc. Celles-ci ont laissé de nombreux ouvrages dans les bâtiments, qui aujourd’hui ne sont plus reproductibles (par exemple les marbriers ont perdu le savoir-faire des maisons dans les centres coloniaux, etc.). Parfois à cause de l’épuisement d’un matériau, mais bien souvent par manque de transmission de pratiques d’artisanat et de fabrication. Si les métiers d’artisanat n’ont pas été transmis d’une génération à l’autre, c’est « parce qu’on n’a pas su justement les reconnaitre dans leur savoir-faire le plus précieux et que nous les avons abandonnés »29. Pour aller de l’avant et permettre à l’artisanat de se redévelopper ainsi que lancer des études sur des techniques disparues, différentes actions sont nécessaires. Tout d’abord afin d’avoir une idée de ce que représente le patrimoine marocain et quels artisanats sont propres aux différentes régions du Maroc, faire un recensement de ceux-ci. « Pour pouvoir constituer un patrimoine dans un pays, la première chose à faire est de répertorier le savoir-faire. Et c’est probablement la raison pour laquelle il n’y a pas encore de stratégie dans notre pays. On n’a pas encore de répertoire de l’artisanat marocain. On est en train de le faire mais répertorier les métiers, c’est un travail colossal »30. Deuxièmement, « utiliser ces répertoires pour enrichir l’enseignement »31. Aujourd’hui les artisans ne prennent plus de temps pour l’apprentissage et commencent le métier très tôt. « On a retiré cet aspect très important de l’artisan. L’artisan doit être éduqué, doit avoir des enseignements dans différents types de matières pour enrichir son savoir-faire. S’il ne le fait pas le savoir-faire se perd, il s’étiole, il meurt et il diminue»32. Sans éducation l’artisan se forme en répétant les gestes qu’il a toujours vu faire avant lui sans considérer les nouvelles contraintes propres à son temps (météo, technologies…). Une éducation dans différents domaines permettrait d’allier le savoir-faire propre à l’artisan qui fait qu’il est reconnu en tant que tel, et la nécessité d’améliorer ce savoir pour s’adapter à son époque. Comme expliqué dans le paragraphe précédent, la spéculation immobilière est un des pôles majeurs qui anime l’économie au Maroc. Une entreprise qui recherche le profit n’est aujourd’hui pas intéressée par un projet de reconversion ou rénovation. « Lorsqu’on fait un appel d’offre, les cahiers de charges ne sont pas adaptés aux types de constructions dont s’occupent les entreprises »33. Par exemple le coût du transport de gravats dans le tissu médinal (ou le nombre de rénovation à entreprendre est élevé) est bien plus important que dans les nouveaux quartiers. D’autre part le travail de recherche sur les mélanges, les dosages corrects etc. pour comprendre les techniques de fabrication de certains bâtiments ou d’éléments décoratifs prend un temps considérable. Aujourd’hui les façades ne sont plus exposées aux mêmes contraintes de ventilation, de chaleur, de pollution etc. qu’autrefois. Il faut donc améliorer les techniques ou transformer celles-ci afin d’avoir un résultat satisfaisant34. 28 - - 29 30 31 32 33 34

Ce chapitre est écrit à partir des références suivantes : Conférence « Le patrimoine, métier de l’art et des hommes» Op. cit. Table ronde sur le thème « métiers d’art et patrimoine » Op. cit. Intervention de Selma Zerhouni dans la Conférence « Le patrimoine, métier de l’art et des hommes» op. cit. Ibid., Intervention de Ghalia Sebti, directrice de la société Aït Manos Ibid., Ibid., Intervention d’Alia Bekkari à la Table ronde sur le thème « métiers d’art et patrimoine » Op. cit. Ibid., Inspiré de l’intervention de Mohammed Bouazzaoui

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D’autre part, la tentation pour les ateliers d’artisans importants et structurés est de passer à la production de masse, moderniser l’industrie et de faire passer le rendement avant tout. Le soutien apporté à ces ateliers est donc primordial pour ne pas les laisser basculer dans le système économique. « Fabriquer de la valeur et du sens (et donc un patrimoine), c’est fabriquer des choses ou la main de l’Homme, la valeur de l’Homme, font que le temps va enrichir cet objet »35. Un dernier point que je voudrais aborder dans ce chapitre concerne les techniques de réhabilitation et de restauration d’éléments d’architecture. Lors des conférences, sont évoqués à plusieurs reprises par Ghalia Sebti, directrice de l’entreprise de zellige Aït Manos, des projets de restauration et de rénovation d’éléments d’architecture. Ces projets consistent à la reproduction à l’identique de bassins et de fontaines (couleurs très précises, matériaux…), ou encore d’éléments de l’Alhambra sur une résidence à Marrakech. Se pose alors la question d’authenticité de l’objet. Est-il éthique de reproduire un élément à l’identique en le faisant passer pour l’original. Peut-on alors parler de respect de cette architecture ou au contraire de blasphème ? Lors d’une interview pour le magazine MA, l’architecte du patrimoine Mouna M’hammedi questionne la position que doit avoir un architecte marocain vis-à-vis de son patrimoine et exprime son inquiétude quant au futur de celui-ci : « la reproduction d’un savoir-faire est certes vitale pour toute la corporation des métiers d’artisanat du bâtiment. La restauration des édifices, souvent des ouvrages d’art en pisé ou gros moellons, nécessite une restauration à l’identique de notre point de vue d’architecte du patrimoine, alors que d’autres prônent une restauration avec des matériaux plus pérenne tels que le béton en remplacement de la terre, surtout quand il s’agit de structures ; la terre ne devient alors que le matériau de remplissage »36. Je propose de développer un scénario autour de ce thème qui répond aux questionnements sur les méthodes de restauration.

35 Conférence « Le patrimoine, métier de l’art et des hommes »op. cit. 36 Mouna M’hammedi, architecte du patrimoine, docteur en géographie urbaine et professeur à l’ENA à rabat. Propos recueillis dans une interview du magazine d’architecture AM n°49 –Octobre, novembre, décembre 2010, Janvier 2011. p 64.

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Relation population-patrimoine colonial Si les acteurs concernés directement par le patrimoine ont bien conscience de l’enjeu et de l’importance du patrimoine colonial, en revanche cette idée n’est pas une évidence pour l’ensemble de la population marocaine. Si la notion de patrimoine est déjà peu répandue à Casablanca et au Maroc en général, le patrimoine colonial est en plus souvent mal vu. La période coloniale est associée à une image négative et parfois l’architecture qui en ressort comme n’appartenant pas à la culture marocaine et donc pas à conserver. Lors de l’interview de l’étudiante en architecture Aïcha Elbeloui travaillant sur la sauvegarde des abattoirs, celle-ci évoque les rencontres avec la population particulièrement de Hay Mohammadi : « Les gens ne sont pas conscients de ce qu’il y a comme architecture dans la ville. Certains nous traitent même de pro-coloniaux, il y a un problème avec cette double culture… d’identité (référence à la période coloniale). Les gens nous disent : ce n’est pas à nous, il faut faire sauter… ». Cependant il m’est difficile , dans le cadre limité de ce mémoire, de mesurer, dans le cadre limité de ce mémoire, à quel point la population a un avis sur la question. Lors de rencontres avec certains étudiants d’écoles secondaires ceux-ci expriment un sentiment envers la culture européenne, mais qui s’identifie d’avantage à un idéal imaginé qu’a une identité assumée. La sensibilisation de la notion de patrimoine auprès de la population est donc une première étape vers la sauvegarde du patrimoine architectural marocain et la mise en place d’organismes spécialisés dans ce domaine. Sans vouloir gommer l’aspect colonial, une approche de cette architecture qui dépasserait cette vision, mais qui parcourrait l’ensemble des périodes et styles auquel elle appartient, serait plus juste. Il est impératif de sensibiliser la population à une architecture que l’on considère comme faisant partie d’un mouvement (moderne, Art déco,…), comme une architecture du XXe siècle, ou encore une architecture marocaine, puisque selon toute vraisemblance, elle à été édifiées par une main d’œuvre marocaine qui a mis son honneur à une époque à faire convenablement son métier. Et enfin, comme une architecture « internationale » par les influences multiples dont elles témoignent et qui dépassent le cadre franco-marocain.

« La rénovation suppose une dynamique tripartite : une volonté publique forte, un programme de réhabilitation structuré et prenant en compte la particularité du patrimoine concerné et enfin, la participation des citoyens, propriétaires ou pas, aux actions de rénovations »37.

37

Ahmed El Hariri, op. cit. p 52.

28


29


Contexte urbain

Historique 38 Origines de la ville Les origines de la ville remontent au XIème siècle. Entourée de terres prospères et située au bord de la mer, la petite ville va rapidement connaître un succès de commercial. Grâce à son port elle attire dès ses débuts des marchands étrangers venus, particulièrement, d’Europe (Portugais, Espagnols, etc.). Convoitée par plusieurs pays, la ville va essuyer de nombreuses attaques et sera renforcée à plusieurs reprises de murailles qui entourent encore aujourd’hui la médina. Casablanca s’est développée à partir du premier bassin du port et de l’ancienne médina, centre historique de la ville. Les premiers développements hors des murailles vont se faire de manière rapide et en tous sens, jusqu’à plusieurs kilomètres des remparts. Apparait un mélange de fondouks et d’habitations de tout genre, à la fois des villas, des cabanes, des immeubles à cinq étages, etc. C’est à partir des années 191239 que des constructions importantes commencent à être construites hors de cette enceinte.

Henri Prost : la ville divisée en zones Henri Prost va amener comme élément nouveau la division de la ville en zones fonctionnelles, inspiré de pratiques allemandes. Il veut mettre en place « un dispositif unificateur pour redresser la croissance d’une ville d’emblée multipolaire »40. Des règles d’occupation du sol définissent ces zones en les différenciant par gabarits et servitudes hygiéniques. Le plan dessiné par H. Prost veut restructurer la ville par un modèle circulatoire, sur lequel il instaure un plan de voirie, des emplacements réservés aux monuments, des parcs et un découpage en quartiers. Les grandes artères, « taillées au gabarit des automobiles »41, relient

38

Image 26. Carte Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan édition, 2008, p 82.

39

Ce chapitre est écrit à partir des références suivantes : Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, op. cit. Maurice Culot et de Jean-Marie Thiveaud, op. cit. Rapports d’activités de Casamemoire Texte de Casamemoire, http://www.casamemoire.org/index.php?id=9

40 41

J.L. Cohen et Monique Eleb, op. cit. p78 Ibid.

- - -

30


Image 27. Carte Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan Êdition, 2008, p 48.


les quartiers de plaisance les plus excentrés, le centre commercial et les quartiers industriels. Les garages vont prendre une place prépondérante dans la ville et font parti des premiers grands monuments.

Images 28. Michel Ecochard, le «combiat Casa-Fédala», 1951, in Rapport préliminaire sur l’aménagement et l’extension de Casablanca, 1951.

Arrivée des Français L’arrivée massive de familles françaises va entraîner la construction de nouveaux quartiers de haut standing, éloignés du centre et étendre d’autant plus la ville.

Michel Ecochard En 1952 l’urbaniste Michel Ecochard va principalement considérer les problèmes sociaux comme éléments conducteur dans le dessin de son plan. Il considère la ville comme une « ville champignon sans urbanisme »42 qu’il faut à nouveau organiser et va déterminer un système de zoning conforme à la charte d’Athènes rédigée par Le Corbusier en 1931. Le plan d’Ecochard propose notamment la construction d’une « cité linéaire littorale » (inspirée de villes linéaires industrielles en Allemagne), qui relierait Casablanca au port de Fedala, petite ville à plusieurs dizaines de kilomètres de Casablanca (aujourd’hui : ville de Mohammedia). Les deux ports seraient alors reliés par une série de nouvelles zones construites progressivement. Afin de lutter contre la formation de bidonvilles Ecochard propose d’une part d’instaurer du logement social dans tous les quartiers (permet aussi d’amener une mixité des populations au sein des différents quartiers) ainsi que de créer du « zonage social ». Ce principe consiste à prévoir des zones d’extension d’habitation destinées à accueillir la population rurale immigrante de plus en plus nombreuse.

42

Ibid. p 292.

Images 29. Michel Ecochard, «voiries des lotissements» de Casablanca, planche critique, 1951, in Rapport préliminaire sur l’aménagement et l’extension de Casablanca, 1951

32


Plan de zoning de Casablanca et de sa banlieu, 1952.

Michel Ecochard, projet de plan d’aménagement de Casablanca, 1951 Tracé de l’autoroute Casa-Rabat. Répartition des espaces verts.

Casablanca : généralités urbaines actuelles43 Actuellement les délimitations des zones tracées dans les plans de Prost en 1917 et de Michel Ecochard en 1952 sont encore présentes. Aujourd’hui la ville est divisée en huit préfectures et seize arrondissements. La ville se divise en deux parties : l’est et l’ouest. Elle subit une ségrégation spatiale et sociale. La partie Est a été le siège des premiers bidonvilles. Ceux-ci ont donné naissance aux quartiers actuels de Hay Mohammadi et des carrières centrales (celles-ci sont socialement connues au Maroc car c’est de là que sont partis de nombreux mouvements contestataires). Aujourd’hui ce sont les quartiers industriels qui s’y trouvent ainsi que des quartiers d’habitation souvent pauvres. La partie Ouest regroupe principalement des quartiers résidentiels de moyen et haut standing. On y retrouve aussi les grandes infrastructures sportives de la ville. D’autre part, les vents dominants sur l’hémisphère sud vont principalement de l’Ouest vers l’Est. La partie Est, en contrebas, se trouve alors dans la fumée des industries alors que la partie Ouest, plus haute, est épargnée. illustrer!

Articulation de l’autoroute Casa-Rabat et des voies existantes.

Ci-contre: Images 30 et 31. Carte Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan édition, 2008, p 300 et 301.

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43 Chapitre écrit à partir des références suivantes : - interview de l’architecte Karim Rouissi - Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, op.cit.


La commune de Hay Mohammadi et les Roches Noires Hay Mohammadi, où ont été construits les abattoirs en 1922, est la commune industrielle de Casablanca. Au début des années 1900 cette commune a accueilli un nombre important de négociants, immigrés, ouvriers et paysans à la recherche de travail. S’y développèrent donc petits commerces, ateliers, les premières usines de Casablanca… En 1915 les logements industriels « les roches noires » sont construits et de là apparaissent de plus en plus d’industries et ateliers de production. Aujourd’hui beaucoup de grands marchés s’y sont établis. La population explose, et en 1920 le tiers des habitants du quartier sont étrangers. C’est aujourd’hui la commune la plus pauvre de Casablanca (avec les roches noires) avec ses quartiers chauds et plusieurs bidonvilles (image 36). La commune est presque abandonnée par ses acteurs politiques et est devenue une place importante de corruption.44 Il y a énormément de friches industrielles, « des bijoux, certains déjà démolis ou alors de plus en plus soumises à des projets d’habitat social, de haut standing ou de très haut standing »45 visés par de nombreux promoteurs immobiliers.

44 Ce paragraphe est inspiré des sources suivantes : - Abderrahim Kassou op. cit. p 11. - Reportage sur l’architecture art déco de Casablanca par la chaine de télévision 2M Monde http://www.youtube.com/watch?v=zP5dsYvigqE& feature=related - - Informations sur la commune de Hay Mohammadi http://fr.wikipedia.org/wiki/Hay_Mohammadi - Interview d’Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat. 45 Interview d’Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat.

Images 32 et 33. Friches dans la commune de Hay Mohammadi.

Image 32

Images 34 et 35. Commune de Hay Mohammadi.

Image 36. Bidonville, Hay Mohammadi Image 37. Commune de Hay Mohammadi. Image 33 Photos M.B.

34


Image 34

Image 35

Image 36

Image 37

35


Analyse urbaine du site des abattoirs Le grand Casablanca : Casablanca est la plus grande ville du Maroc, sa première métropole et sa capitale économique. On distingue la région du grand Casablanca qui comprend toute la périphérie et la ville de Casablanca qui regroupe huit préfectures d’arrondissements. La carte ci-contre représente le grand Casablanca et sa limite. Les anciens abattoirs, construits à l’époque en périphérie, se trouvent aujourd’hui au cœur de la ville.

Image 38. Carte du grand Casablanca, Maïra Bauherz

Comparaison entre Casablanca et Bruxelles : Superficie: Casablanca: 1615 km² Bruxelles: 161 km² Nombre d’habitants : Casablanca: environ 3.000.000 * Bruxelles: 1.100.000 (Les chiffres officiels pour Casablanca ne représentent cependant pas la réalité. Le nombre de personnes habitant hors Casablanca mais venant y travailler pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois consécutifs, s’élève, d’après plusieurs personnes interviewées lors de mon voyage, à près de dix millions de personnes!).

* www.casablanca.ma; www.topbladi.com

Image 39. Les périmètres successifs de Casablanca, 19071952. Carte Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan édition, 2008, p 297.

www.gazetteer.com; 36

Ancien aéropor d'Anfa


MĂŠdina

Nouveau Port

Gare Casa Port

Roches Noires Hay Mohammadi

Gare Casa Voyageurs

n rt a

1 Km

37


Ville de Casablanca: On observe encore aujourd’hui l’organisation urbaine en cercles (grands boulevards) autour de la médina et les grands boulevards qui sortent de la ville. Le projet de mise en place du tram devrait permettre à la commune de Hay Mohammadi d’être connectée directement avec le centre ville. Les travaux ont commencé sur le boulevard Mohammed V et devraient permettre aux premiers trams de circuler en décembre 2012.

Image 40. Carte de Casablanca, Maïra Bauherz

38


Chemin de fer RER Tram MĂŠtro Grands Axes routiers

MĂŠdina

Gare Casa port

Anciens abattoirs Gare Casa voyageurs

1 Km

39


Les anciens abattoirs : Le site se situe à proximité de la gare Casa voyageurs et du passage du futur tram. Entouré de la ligne de chemin de fer, de sites industriels, de friches industrielles et de commerces de petite restauration (grillades). Le chemin de fer crée une réelle fracture entre les anciens abattoirs et les Roches Noires. La commune de Hay Mohammadi surplombe les anciens abattoirs. Ceux-xi sont donc un point de repère important (images 41). En revanche il y a une mise à distance entre les anciens abattoirs et la rue qui empêche une relation directe des passant avec le site (images 42 et 43).

Image 41. Vue depuis les anciens abattoirs sur la commune de Hay Mohammadi. Images 42, 43. Vues des anciens abattoirs. Maïra Bauherz

40

Gare Casa Voyageurs Image 44. Carte des anciens abattoirs et leur contexte. Casablanca, Maïra Bauherz


Chemin de fer Anciens Abattoirs Friches industrielles Friches non bâties Restauration Ecole Tram Arrêt de Tram Cheminée Logements/ Commerce Logements Bidonville

41

0,10 Km


Situation actuelle des anciens abattoirs

Dès l’annonce de la construction de nouveaux abattoirs, en 2000, une préoccupation du devenir des « anciens » abattoirs se fait sentir. En 2002 ceux-ci sont presque totalement désaffectés. En 2003 un premier pas vers la volonté de conserver ces bâtiments est fait : ils sont inscrits sur la liste des monuments historiques et bénéficient donc d’une protection contre leur destruction totale envisagée par différents projets commerciaux. Le bâtiment n’en est pas moins délaissé par les autorités et n’est aucunement entretenu. Les bâtiments sont squattés par des familles et des petites organisations qui profitent des lieux et les transforment pour leurs activités. En 2003 et 2004 sont organisés quelques événements (peintures monumentales sur les murs, concerts…) par des artistes dont la volonté est d’agir pour sauvegarder le lieu et en faire un nouveau projet. En 2005 un incendie ravage la salle des frigos (image 57).

serait « de multiple lieux pour la création, des espaces de rencontres et d’échanges, des espaces ludiques pour les enfants, un cadre pour la diffusion, un champ pertinent pour la formation et l’éducation, un centre de ressources, de documentation et d’archivage. »46 Cette Fabrique Culturelle devrait être contemporaine, « résolument urbaine et fortement engagée envers les jeunes talents. Il s’agit de concevoir un lieu d’avant-garde de CREATION, de PRODUCTION et de DIFFUSION des Arts Urbains en plaçant la transversalité au cœur de la réflexion et de l’expression artistique »47. Pour démarrer le projet, le collectif des abattoirs propose de lancer un « Printemps des abattoirs : les Transculturelles » (images 45, 48 et 49) qui a eu lieu en Avril 2009. A ce succès ont suivi un nombre impressionnant d’activités très différentes. De place de concerts à lieu d’entraînement et répétition, de conférences à expositions diverses, les abattoirs semblent réellement sortis de l’ombre. Chaque événement rassemble pas moins de 2000 personnes et jusqu’à 30000 personnes lors du « Tremplin des jeunes musiciens ». Aujourd’hui encore le lieu garde le statut d’abattoirs et empêche donc de faire toute modification architecturale pour adapter les bâtiments. Cette année la ville a signé une deuxième convention à nouveau valable pour une année et n’a délivré que mille dirham sur les deux mille promis. Actuellement il y a donc différents acteurs et activités qui prennent place quotidiennement dans les abattoirs sans qu’il n’y ait de projet d’ensemble. La mosquée présente sur le site est ouverte aux fidèles encore aujourd’hui. L’ancien directeur des abattoirs vit encore dans un des bâtiments. Plusieurs familles squattent des espaces pour y vivre (image 56). Bien que la fonction d’abattoir ne s’y pratique plus, une fourrière pour chats et chiens sur le site fait fonctionner des incinérateurs une à deux fois par semaine. En réalité une septantaine de fonctionnaires travaillent encore sur le site. « Mais on ne les voit pas.

Tous les week-ends les abattoirs sont pris d’assaut par des jeunes qui cherchent un lieu de répétition pour différentes activités. Des discussions vont démarrer à propos des anciens abattoirs autour du thème de la sauvegarde de ces lieux tout en les utilisant à de nouvelles fins. En 2008 une coopération entre un bureau d’étude d’Amsterdam et la ville de Casablanca lance des ateliers de réflexion afin de remettre en question l’idée de reconversion. Treize organisations marocaines comptant des personnes de diverses qualifications se sont regroupées autour de ce projet et continuent à le soutenir et le faire vivre aujourd’hui. L’association Casamemoire, association de sauvegarde du patrimoine du XXème siècle au Maroc, dirige l’ensemble et signe en 2009 une convention avec la ville, dans laquelle la ville accepte l’idée de reconversion en espace culturel et Casamemoire s’engage juridiquement à endosser toute la responsabilité des activités aux abattoirs. Cette convention est signée pour une année et l’état met à disposition la somme de 2000 dirhams. Le but est de créer une « fabrique culturelle » qui propo42

46 Fascicule « Projet abattoirs 2010 » par Casamemoire. 47 Extrait de la convention entre la ville de Casablanca et Casamemoire.


Les

C’est pour ça que ce pays doit changer »48. D’autre part des activités liées à la culture ont lieu plusieurs fois par semaine, principalement dans les anciennes boucheries et halles au cuir, organisées par des associations, écoles, artistes, etc. Dans les anciennes halles au cuir se trouve le bureau du régisseur et du directeur technique, engagés depuis 2009 aux anciens abattoirs pour s’occuper des aspects techniques lors d’événements. Au mois d’avril des étudiants de l’école de design d’Amsterdam sont venus construire une plaine de jeu sur le site. Celle-ci était conçue pour une très courte période, cependant les jeux sont fixés à l’aide de petites fondations en béton (image 53). Petit à petit donc le lieu prend forme avant même qu’un projet concret ne soit mis en place.

S E L L E R U T L U S C S R I N O A T R T T A B A S 200 l i r DE v a 1/12 1

S T E N R A C PROG DE

48 Interview d’Aadel Essaadani, directeur technique des abattoirs, urbaniste

Image 45. Affiche des 43transculturelles en 2009. Fascicule « Projet abattoirs 2010 » par Casamemoire.


Image 46

Chemin de fer Mur d'enceinte Utilisé Non utilisé Non accessible Flux

Carte des espaces utilisés actuellement et flux dans le site.

10 m.

Image 47

Chemin de fer Mur d'enceinte Espace bâti Espace non bâti

Carte des espaces bâtis et espaces non-bâtis.

10 m.

44


Image 48 et 49. Transculturelles aux anciens abattoirs Photos M.B.

Image 50, 51, 52, 53. activitĂŠs aux anciens abattoirs Photos M.B.

45


46


Image 54. «Skatepark» dans un espace des anciens abattoirs. Photos M.B. Image 55. Construction d’une plaine de jeux, avril 2011. Photos M.B. Image 56. Aperçu d’habitation dans les anciens abattoirs. Photos M.B. Image 57. Frigos après l’incendie qui les a ravagé en 2005. Photos M.B.

Image 58. Anciennes écuries après les activités des transculturelles. Photos M.B.

47


48


Scénarios

La troisième partie de mon travail permet de tirer des conclusions des multiples rencontres faites lors de mon voyage à Casablanca et des analyses du chapitre précédent. À partir des interviews et observations, mon travail dégage un certain nombre d’attitudes et de volonté des personnes cibles et de la population vis-à-vis du projet de reconversion, qu’elles soient réceptives (favorables) ou défensives (critiques). Je propose d’identifier ces attitudes, de faire une caractérisation des formes d’appropriation récurrente et d’en faire différents scénarios sur la manière d’utiliser le site le plus pertinemment selon les différents acteurs. Chaque scénario développe donc une vision du projet en mettant en avant une valeur, une volonté, un intérêt, et représente un enjeu majeur du projet.

49


Ce tableau représente la structure établie dans la recherche des scénarios et les caractéristiques de chacun d’entre eux. Les scénarios développent quatre enjeux du projet qui reviennent systématiquement dans les interviews et documents sur les abattoirs. Ils se croisent ou se rejoignent sur certaines idées mais défendent chacun un point de vue du projet. La synthèse de ces scénarios est une esquisse de projet présentée dans le chapitre suivant.

50


Scénarios

Le "pourquoi" Public visé Propositions

C. Méthode

1. Enjeu du patrimoine

Sauvegarde du Patrimoine

Acteurs

B. Justification

A. Objectif

Développement scénario

Valeurs sociétales (les quatre pôles) + permet de prendre un parti par rapport à la notion d'héritage

Générations futures

2. Enjeu de l'espace ouvert / espace fermé: flexibilité et accès Avoir une qualité de circulation et spatiale qui permette un accès libre tout en étant sécurisé

Déterminer quel type de lieu on veut pour la fabrique culturelle (un centre culturel? un espace totalement libre d'accès? Un entre-deux?)

Toute personne cherchant à se familiariser avec la culture ou cherchant un espace de création, de production et de diffusion

Architectes spécialistes en patrimoine, ingénieurs, artisans

Architectes et urbanistes

Propositions d'interventions plus ou moins respectueuses du patrimoine

Propositions spatiales et architecturales répondant par une flexibilité dans les ouvertures et fermetures aux besoins du projet

3. Enjeu de l'échelle urbaine

Toucher différentes échelles

4. Enjeu du programme culturel 4.1 programme 4.2 programmes associés culturel artistique Avoir un programme unique artistique, pour créer un pôle culturel dans la ville

Programmes complémentaires au scénario 4.1 pour étendre la culture à des thèmes culturels autres que artistiques + des thèmes différents

Développement urbain, social et culturel, du quartier, de la ville et du pays

Enjeu politique et culturel: développement de la culture à Casa et au Maroc

Permettre au site d’avoir multiples atouts, et viser des intérêts de la population diverses

Toute personne habitant casablanca ou ou étrangère à la ville cherchant à se familiariser avec la culture artistique

L’ensemble de la population casablancaise, marocaine et étrangère qui s’y intéresse

Croiser les publics: amener une population +locale et d'intérêt autre que le domaine artistique en plus du public visé par le programme artistique.

équipes pluridisciplinaires: urbanistes, politiciens, sociologies, etc.

Artistes marocains et étrangers, « porteur de projet » (quiconque permet de lancer un évenement)

Toute personne qui souhaite organiser une activité

moyens de mise en œuvre d’un programme artistique culturel pour lancer le projet et lui donner vie

Multifonctionnel Sport & Regret des abattoirs

Propositions urbaines et programmatiques pour toucher l'échelle internationale, nationale, de la ville et du quartier.

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Scénario 1

Enjeu du patrimoine Objectif : Le premier scénario propose de baser le projet sur l’importance du bâtiment comme patrimoine casablancais pour des raisons évoquées dans le chapitre « expérience du patrimoine à Casablanca » et expliquées ci-dessous. Il s’agit donc ici de déterminer quel type de reconversion est désiré, possible et nécessaire, pour que le projet réponde à la fois au développement urbain amorcé dans le quartier de Hay Mohammadi (pôle utilitariste-développement évoqué dans le tableau du chapitre « expérience du patrimoine à Casablanca »); ainsi qu’à l’intérêt grandissant pour le patrimoine au Maroc, comme valeur à la fois identitaire et cognitive (valeur de document)49. Justification : Ces deux valeurs en particulier (identitaire et cognitive) importent pour le développement actuel de la société marocaine et de la métropole casablancaise. La valeur identitaire est marquée dans le site des anciens abattoirs par son architecture coloniale à laquelle les marocains ne s’identifient que peu aujourd’hui lorsqu’ils ne la rejettent pas (voir chapitre « expérience du patrimoine à Casablanca ») et qui pourtant est présente de manière prépondérante dans la ville et dans la vie quotidienne. La valeur cognitive est d’autant plus importante que les documents papiers (plans, descriptifs, cahier des charges, dessins…) sont rares pour les bâtiments « anciens » ou très difficiles d’accès. Ce n’est que récemment que l’on commence à archiver les documents. Il devient donc essentiel de conserver les monuments comme traces de l’architecture datant d’époques antérieures et de l’histoire de la ville et de sa construction. Il faut alors pour englober ce patrimoine dans la vie quotidienne « considérer la place du patrimoine dans le développement des collectivités »50 et travailler sur la question « comment vit-on le patrimoine ? »51. Pour que la reconversion des anciens abattoirs réponde à ces différentes valeurs, il s’agit non pas de muséifier l’ensemble du site mais d’adapter les bâtiments à de nouvelles fonctions tout en conservant l’existant, du moins ce qui peut l’être, et en respectant cette architecture du début du XXème siècle. Nous parlerons donc de reconversion douce. Le principe de reconversion douce est théorisé par Gustavo Giovannoni dans sa technique du « diradamento ». Celle-ci part d’une réflexion sur la réhabilitation des centres anciens par différentes approches respectueuses du patrimoine existant et en ayant connaissance de tous les impacts qu’a eu ce patrimoine et qu’auront les changements appliqués à celui-ci. « Selon Gustavo Giovannoni, toute action sur la ville doit être menée selon ce principe du diradamento. Mot italien, il s’agit d’une métaphore végétale (méthode de taille, éclaircissement, …), que l’on peut traduire en français par éclaircissage »52.

49 Yves Robert, op. cit Tableau des pôles définis par le Patrimoine 50 Dominique Poulot, une histoire du patrimoine en occident, XVIIIe-XXIe siècle, Du monument aux valeurs, Paris, Presses universitaires de France, 2006., p7. 51 Ibid. 52 Yves Robert op. cit. p 61.

52


Voici en cinq points ce que Gustavo Giovannoni préconise comme idées53 : - l’étude précise de la ville, qu’il s’agisse d’une rue, des édifices, de l’art, et de l’histoire locale (approche quasi parcelle par parcelle de la ville), - l’inventaire de ce qu’il nomme les repères immuables de la ville (place, perspective, monument). Le recensement de tous les édifices à caractères historique et artistique qui doivent être préservés, ainsi que les œuvres ou les groupes d’édifices, dont il faut respecter le contexte (une église comme un tissu ancien bien conservé), - l’évaluation des possibilités d’éclaircissage en fonction de la quantité maximale de lumière et d’air qu’une démolition partielle peut apporter aux maisons avoisinantes, des effets de perspective qui en résulteront dans les nouveaux tableaux ainsi composés54. Gustavo Giovannoni attache beaucoup d’importance à l’aération des centres anciens en les dédensifiant en procédant, selon son expression, par petite touche locale : on démolit ici ou là un bâtiment ou un groupe de maisons en créant à la place une placette pourvue d’un jardin, petit poumon dans le quartier ancien 55 suggère-t-il, en exemple. Il préconise explicitement une baisse de la densité des constructions et de la population, plutôt que l’augmentation du volume des bâtiments56, - le respect des rapports d’échelle de la ville historique en cas d’introduction de nouvelles constructions. Il déclare que l’on détruirait le contexte artistique en augmentant la hauteur des constructions et en introduisant de nouveaux volumes57. Gustavo Giovannoni préconise l’instauration d’une servitude de hauteur limitée pour certains quartiers, - la réhabilitation systématique des édifices anciens (c’est déjà l’idée d’un développement durable de la ville) Gustavo Giovannoni parle d’adaptations non radicales aux exigences modernes. Il recommande entre autres d’introduire l’air et la lumière dans les maisons grâce à une série d’aménagements à l’intérieur des îlots, tels que l’ouverture de cours, l’espacement des édifices, l’écrêtement partiel d’étages surajoutés, la réfection des escaliers, l’assainissement structurel pour éliminer l’humidité, etc58.

53 54 55 56 57 58

Inspiré de Gustavo Giovannoni, L’urbanisme face aux villes anciennes, Paris, édition du Seuil (collection Points Essais), 1998. Ibid., p. 287. Ibid., p. 286. Ibid., p. 289. Ibid., p. 288. Ibid., p. 291.

53


Proposition : Si l’on applique cette théorie au projet étudié, il s’agit en premier lieu d’analyser les différents contextes dans lesquels se trouvent les anciens abattoirs (première partie de ce mémoire). Ensuite se concentrer sur le site et déterminer quelles parties ou ensembles doivent être conservés pour marquer les valeurs identitaires et cognitives expliquées précédemment, selon les possibilités de conservation (certaines parties du bâtiment ont subi des dégradations importantes causées par l’abandon du bâtiment, les intempéries, un incendie, etc.) ; ainsi que pour les nécessités de changements et ouvertures du site par rapport au projet de développement du quartier. Par après intervient le « projet architectural » qui détermine plus précisément de quelle manière agir sur le patrimoine existant. Comment procéder pour répondre à ces volontés par la reconversion du site ? Il est impératif aujourd’hui de définir rapidement, suivant les critères relatifs à la sauvegarde du patrimoine évoquée cicontre, les éléments considérés comme devant être « sauvegardés ». En effet la situation actuelle ne permet pas de garder l’existant à l’abri de changements appliqués directement au patrimoine. Ainsi au mois d’avril 2011 une place à l’arrière du site a été partiellement détruite. Celle-ci est recouverte de pavés extrêmement solides, qui ont par ailleurs servi à recouvrir à l’époque l’ensemble des rues du centre-ville, plus tard recouvertes pas des couches de sables et de bitume (images 59 et 60). Une partie de ces pavés ont été retirés de la place sur le site des anciens abattoirs, pour y construire une plaine de jeux pour enfants. Aujourd’hui la carrière qui fournissait la pierre nécessaire est vide et ces pavés ne sont plus fabricables. La dilapidation de ce patrimoine pourrait donc faire disparaître rapidement ce qu’il en reste (images 61 et 62). Le problème des bâtiments squattés et abîmés petit à petit rapporte au même problème puisqu’aujourd’hui aucune personne compétente en matière de patrimoine n’a d’emprise ni d’autorité sur le site pour empêcher toute transformation. L’idée dans le projet architectural est de n’intervenir que très ponctuellement, de manière minimale et distincte. On va donc essayer non seulement de garder aussi intact que

possible l’aspect extérieur (l’enveloppe), la structure du bâtiment mais aussi l’aspect intérieur et les éléments encore présents (matériaux existants, structures métalliques qui supportent les crochets de boucherie, etc.). Il faut aussi prendre en considération les éléments de repère qui, même s’ils ne sont plus utilisés ont une signification ou un aspect particulier. Si certains bâtiments presque complètement détruits peuvent être rasés, ou des toitures qui menacent de s’écrouler peuvent être remplacées, certaines parties abîmées des anciens abattoirs ont encore un rôle à jouer. Par exemple la présence d’une cheminée dans le site, permet de structurer l’espace et d’autre part sert de point de repère au quartier (image 63); ou encore la sauvegarde des pavés énoncés ci-dessus qui marquent de par leur matériau des techniques de fabrication et une mise en œuvre d’une époque révolue.Afin de mettre en évidence l’ensemble de ces aspects du site, la technique qui semble la plus appropriée est de distinguer clairement ce qui appartient au patrimoine et le nouveau projet. « C’est un espace qu’il faut sécuriser d’une manière simple. Si on ajoute quelque chose il faut qu’elle soit détachée, comme un mobilier dans l’immobilier. Même une mezzanine ou un plancher, il faut sentir qu’on ne touche pas le mur »59.

59

54

Interview de Adam El Mahfoudi, architecte


L’objectif pour les abattoirs est de pouvoir utiliser un maximum d’espace tout en conservant les aspects existants. Les techniques d’aujourd’hui nous permettent d’agir pour consolider le présent et nettoyer l’espace. « Rendre l’espace propre, ça ne le détruit pas »1. Aujourd’hui les artistes ont la possibilité de s’installer dans des espaces à caractères différents les uns des autres : coins d’eau, murs à mi-hauteur, passage de l’intérieur à l’extérieur très facile… Les espaces se prêtent bien au jeu. Si la reconversion doit tendre à garder le caractère de ces espaces en minimisant l’impact de l’intervention tout en la mettant en évidence. Si le but est de sécuriser l’ensemble afin qu’il soit utilisable par tous et à tout moment, il est important que les structures ajoutées soient légères et détachées de la structure existante pour ne pas l’abimer ni les confondre. L’époque à laquelle sont construites les nouvelles structures doit être marquée par les techniques et les matériaux. Elles peuvent être définitives ou éphémères mais toujours indépendantes de l’existant. 1

De plus, chaque intervention ou nouvelle structure doit être justifiée et non superflue. Le but n’est pas de refermer ou cloisonner des espaces mais bien de sécuriser et le rendre utilisable afin d’obtenir des espaces polyvalents et aménageable par différentes personnes à des moments divers. Acteurs : Les architectes et ingénieurs doivent s’inspirer d’une théorie de la reconversion qui leur convient et l’appliquer aux bâtiments (je propose donc ici de suivre le concept de Giovannoni) pour déterminer quelles parties conserver et comment agir sur le site pour à la fois sécuriser l’existant et ajouter les infrastructures nouvelles nécessaires pour accueillir de nouveaux programmes. Il faut alors imaginer de nouvelles structures indépendantes pour certains espaces et un « nettoyage » ou restauration (voir rénovation) d’autres espaces. D’autre part le travail d’artisans est indispensable pour ne pas commettre d’erreur lors du travail sur la décoration architecturale ou certains éléments précis.

Ibid.

De gauche à droite: Images 59 et 60. Pavés typiques des anciennes rues de Casablanca. Images 61 et 62. Place pavée dans les anciens abattoirs. Image 63. Ancienne cheminée qui continue à être un point de repère pour le quartier. Photos M.B.

55


56


Scénario 2

Enjeu de l’espace ouvert / espace fermé : flexibilité et accès

Objectif :60 Du point de vue architectural, le projet essaie de trouver le juste milieu entre un projet totalement ouvert, le « squat artistique libéré de toute contrainte économique » 61 qui risquerait, vu la valeur foncière du site, de finir dans les mains d’un promoteur immobilier ; et une approche complètement muséographe dont l’entrée est contrôlée et finirait déserté, comme les centres culturels de Casablanca. Le projet doit jouer sur l’ouverture et les fermetures du lieu et du projet ainsi que traiter la flexibilité du programme et des accès au site et aux différents espaces, de manière à rendre le site le plus accessible possible.

Justification : le «pourquoi» Jouer sur les types d’espaces et d’accès possibles et désirés permet de donner une première dimension architecturale au projet, et de définir, dans un premier temps comment utiliser le site et engager les publics visés à utiliser le site. Des discussions avec les ateliers de réflexion autour des abattoirs (mis en place en 2008) amènent des points de vue opposés : plusieurs groupes de personnes proposent un bâtiment principal complètement fermé, avec une entrée par un portail, accessible uniquement aux artistes qui le demandent. Au contraire d’autres groupes, dont les architectes d’Empreinte d’Architecte, Aadel Essaadani (directeur technique), etc. considèrent que pour intégrer le projet au quartier il est évident de l’ouvrir un maximum vers celui-ci. Alors que nous sommes dans un quartier populaire ou il y a peu d’espaces publics autres que la rue, et qui manque d’équipements culturels, ajouter un espace de cette ampleur sans que la population du quartier ou même de la ville puisse y accéder, renforcerait la discrimination culturelle existante plutôt que d’ouvrir ce champ à tout le monde. La notion de flexibilité apparait à de nombreuses reprises : que ce soit pour les accès, pour le programme, pour les espaces. Celle-ci est d’après moi, un des enjeux majeurs du projet pour créer une fabrique culturelle qui puisse accueillir un public hétérogène, et lui offrir des activités variées.

Public visé : Le public visé se compose d’une part de la population désirant participer à des activités, voir des expositions ou spectacles, assister à des concerts, etc... Un public participant et / ou spectateur. D’autre part n’importe quelle personne qui cherche un espace d’exposition, de « happening », de performance, un endroit où partager avec un public son œuvre. Et enfin un public d’artistes, d’étudiants, de groupes de musique, de troupes qui cherchent des espaces de création et de production à long ou court terme.

60 61

Ce chapitre est inspiré d’une interview de Thomas Delbrade – architecte dans le bureau Empreinte d’architecte Interview de Thomas Delbrade – architecte dans le bureau Empreinte d’architecte

57


Proposition :

1. Proposition par phasage : L’envergure du projet ne permettant pas de développer l’ensemble du projet en une fois il faut travailler par phasages. Les architectes proposent de pouvoir fermer, dans un premier temps, la totalité du site si nécessaire. « C’est une solution généreuse dans un premier temps et qui permet de maintenir une sécurité »62, car certaines rues sont plus privatives mais gardées dans le projet pour permettre la liaison entre différents espaces d’ateliers d’artistes. En contrepartie, ma proposition est de travailler par parties pouvant être totalement ouvertes une fois reconverties et restant tout à fait fermées tant qu’elles ne le sont pas. Ainsi le quartier se développera petit à petit sans se refermer chaque nuit (je développe cette idée dans le chapitre « esquisse personnelle »).

2. Propositions urbaines : Le bureau Empreinte d’architecte est d’avoir un propose d’évoluer dans deux sens parallèles ; un projet autonome, avec des espaces plus fermés et qui pourrait être géré par un directeur et d’autre part des espaces totalement ouverts laissés à la disposition des tagueurs, de l’art de rue, ou de quiconque veut les utiliser. L’importance d’établir une structure sur le paysage facilement lisible pour inviter la population à pénétrer dans le site s’organise par une séparation du site en trois zones qui vont du plus public au plus privé. Ces zones sont marquées par un programme et un recouvrement de sol spécifique: la première zone est minérale et la plus publique. C’est elle qui relie le projet au quartier de Hay Mohammadi grâce à des espaces publics larges qui invitent à entrer et en y intégrant des nouveaux équipements de quartier (une bibliothèque de quartier pour les enfants, une mosquée (déjà existante) et un « accueil-musée » à l’entrée du site, dans le bâtiment le plus symbolique des abattoirs) ouverts à tous. Ces espaces fonctionnent autour d’une place extérieure qui les distribue. La deuxième zone, avec une bande intermédiaire dans laquelle s’insinue une trame végétale, comporte des équipements semi-publics « à l’échelle de la ville »63 : des espaces de diffusion. Le parcours se termine par une troisième zone d’espaces de création plus privés, une zone végétale. Des ateliers d’artistes tournés vers l’intérieur des bâtiments, mais aussi des petits espaces de diffusion où peuvent prendre place des workshops, des ateliers pour enfants… Cette zone marque aussi la fin du quartier puisqu’elle se trouve face au chemin de fer.

62 63

Interview de Karim Rouissi, architecte associé du bureau d’architecture Empreinte d’architecte et membre de Casamemoire Ibid.

58


Image 64. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

59


La qualité d’ouverture et l’aspect modulable (la flexibilité) de chaque espace doit permettre d’y faire entrer un programme variable ou des événements spéciaux. Cependant les architectes prévoient tout de même, dans un premier temps, de pouvoir fermer la plus grande partie des espaces la nuit ou lors d’événements. Un système de clôture est donc à définir, celle-ci pouvant être opaque ou transparente et laisser un maximum de percées visuelles et de fluidité dans le site. D’après moi le système de fermeture devrait être remplacé par un système qui permette au site de s’encrer avec le temps dans le tissu urbain existant et devenir partie intégrante des quartiers alentours. De cette manière il ne serait plus considéré comme un site à part mais bien comme la continuité de l’existant. Je propose de développer cette idée dans le chapitre « esquisse personnelle ». La liaison aux quartiers alentours est amenée par l’accessibilité au site. Le mur d’enceinte construit dans les années 1950 pourrait être supprimé ce qui permettrait de créer de nouvelles entrées dans site, notamment celle de « l’ancienne entrée principale des travailleurs » prévue en 1922 lors de la construction des abattoirs. (Celle-ci passe entre les deux maisons des anciens directeurs pour déboucher sur le square principal (image 65). On remettrait ainsi en valeur la façade autrefois principale des abattoirs, figure emblématique de ce site et retrouver petit à petit des intensions architecturales et urbanistiques dessinées dans les années 1920 et abrogées au cours du temps par les multiples interventions pour refermer le site. Une différence de niveau de trois mètres maximum (qui disparaît à l’angle des deux rues principales qui entourent le site (images 66, 67 et 68) permet de jouer sur l’ouverture du site à l’aide d’une rampe prévue dans la prolongation de la rue, et un escalier rejoint le même square. Ainsi le site est protégé vis-à-vis de la rue qui le longe et l’accès devient un parcours vers le cœur du site. D’autres entrées secondaires se font de part et d’autre du site afin de le rendre poreux et traversable. Ces multiples accès peuvent en effet permettre de jouer sur la régularisation des flux lors d’événement particuliers tout en lui donnant un statut de quartier. La flexibilité des espaces publiques permet de créer des ouvertures à la fois physiques et visuelles là où elles sont nécessaires. Les espaces publiques ont diverses typologies et fonctions. Les places permettent en général de desservir des bâtiments, de dilater une rue pour pouvoir s’y poser, accueillir une foule à la sortie d’un spectacle ou encore y organiser des événements ou des jeux pour enfants. Selon leur position dans le site les palces correspondent à différentes ambiances, plus calmes ou plus exposées à la foule. Elles sont le prolongement de bâtiments ou la liaison entre deux espaces. Elles peuvent alors faire office de scène ouverte, d’espace pour les enfants, de sortie de salle de théâtre, etc... D’autres espaces plus informels peuvent tenir lieu d’espace d’exposition ou de création, d’espace de jeu ou de sport, de repaire pour s’entraîner à quelque activité que ce soit, ainsi qu’accueillir un marché ou une foire. Une place peut aussi marquer l’ancien emplacement d’un bâtiment effondré et supprimé, ouvrir une perspective inexistante par avant, être couverte par la toiture d’un ancien bâtiment tout en restant un espace extérieur, etc... L’espace public extérieur en fonction de sa flexibilité peut donc être le liant comme l’espace principal du lieu, qui s’adapte selon les besoins. 64

64

Ce paragraphe est inspiré d’une interview de Bertrand Houin – Paysagiste

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Ancienne entrĂŠe des ouvriers, entre les deux maisons des directeurs Image 65.

Image 66.

Image 67.

Image 68.

Image 65. Les anciens abattoirs en 1952. Images 66, 67 et 68. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

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3. Propositions architecturales : L’esquisse dessinée par le bureau d’architecture Empreinte d’architecte et commanditée par Casamemoire avance des solutions pour différents espaces en tenant compte des enjeux patrimoniaux et de besoin de flexibilité des espaces. Tout en voulant mettre le patrimoine en valeur en jouant sur les contrastes de matériaux et autres techniques, les architectes prennent le parti de ne rien démolir de ce qui est sain et de ne rien construire de plus car la surface couverte est déjà de 25000 m² (65). Dans ce projet de reconversion, c’est le programme qui s’adapte aux espaces et non l’inverse. On considère alors les qualités intrinsèques de différents espaces (lumière, sonorité, hauteur sous plafond, etc.) pour y agencer une fonction ou un système qui permettrait d’avoir un espace modulable. La structure étant « imposée », l’exercice ici est de déterminer la relation entre les espaces ; à partir d’une trame définie, comment permettre aux artistes d’utiliser des espaces différents ; comment unir ou diviser des espaces d’un bâtiment de façon temporaire; quels sont les systèmes à imaginer pour passer d’un espace à l’autre et comment dans un même espace, comme un théâtre, pouvoir organiser d’autres activités. Même au statut d’esquisse, certaines fonctions sont donc proposées par les architectes : La halle principale est proposée comme noyau d’articulation de toutes les expositions. Elle est à la fois le lieu de rencontre, d’information et d’achat de tickets ; un lieu d’exposition et de création. C’est à partir de ce point que se font les accès aux différentes activités, à la salle de concert, aux galeries, etc. Elle peut se diviser en plusieurs zones restreintes avec des espaces de circulation ou s’ouvrir pour devenir un seul grand espace (image 69). On retrouve encore aujourd’hui dans la halle les anciens crochets de boucher et le parcours que faisait la viande. Afin d’avoir une approche historique et de retrouver le caractère des abattoirs, un système de circulation des personnes ou/et des œuvres pourrait être calqué sur ce parcours. « Ça pourrait être le seul musée au monde où le spectateur ne bouge pas et les œuvres défilent »66. Une autre proposition concerne les anciennes écuries du petit et du gros bétail qui sont deux bâtiments distincts mais identiques. C’est dans ces bâtiments de grande hauteur sous plafond que la trame est la plus large. Les architectes proposent de placer un théâtre dans les anciennes écuries gros bétail, placées dans la zone de diffusion et des échoppes et ateliers d’artistes dans les anciennes écuries petit bétail, placées dans la zone la plus privée. Le théâtre profite de l’ensemble de l’espace du bâtiment et de son acoustique particulière, du calme de l’emplacement et de sa relation directe avec une place publique extérieure. Les espaces de desserte et les gradins dépendent de la largeur de la trame du bâtiment. En revanche le bâtiment pour les ateliers d’artistes est fractionné en petites entités sur plusieurs niveaux, avec des mezzanines. « Ce sont comme des boîtes posées dans le grand bâtiment le long des trames de poteaux, ce qui permet de recréer des ruelles intérieures »67. Le système repris est celui du fondouk, typologie typique qu’on retrouve aux portes des médinas, qui sont des petites cases superposées avec en-dessous la marchandise et au-dessus un espace de vie. L’ensemble de ces cases forment des ruelles et une petite place centrale68. On retrouve alors des petites boutiques en bas et des ateliers d’artistes en hauteur. Chaque bâtiment peut donc accueillir des fonctions diverses selon les besoins (images 70 et 71).

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Interview de Thomas Delbrade – architecte dans le bureau Empreinte d’architecte Ibid. Interview de Thomas Delbrade, architecte dans le bureau d’architecture Empreinte d’architecte Article de R.Berardi, revue Architecture d’aujourd’hui n°153, 1970. p36.

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Image 69. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

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Image 70 et 71. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

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Images 72 et 73. Infrastructures de transport des bestiaux et de la viande que l’on pourrait imaginer rÊutiliser dans le projet de fabrique culturelle.

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Scénario 3

Enjeu de l’échelle urbaine. Objectifs L’ensemble des personnes gravitant autour du projet sont d’accord sur le rôle de développement des anciens abattoirs en espace culturel, comme noyau du développement du quartier et de la commune de Hay Mohammadi. Nombreux d’entre eux évoquent aussi l’enjeu que peut avoir ce projet à l’échelle de la ville et du pays. Ce chapitre questionne donc les relations que le projet peut entretenir avec des échelles variées qui concernent chacune un public, des acteurs et un programme distincts.

Justification: Le « pourquoi » 69

En reconvertissant le site pour lui donner une seconde vie, le projet des anciens abattoirs peut être le levier d’un redéveloppement urbain, social et culturel non seulement pour les quartiers alentours mais aussi pour l’ensemble de la métropole casablancaise en devenir. Que ce soit à l’échelle du quartier, de la commune ou de la ville (toutes trois considérées comme échelle urbaine plus ou moins grande), l’impact du projet sur le développement est un enjeu à mettre au premier plan. Casablanca s’est toujours développée autour d’une activité essentiellement commerciale et continue aujourd’hui dans cette direction. Cependant la ville atteint un statut de métropole et a besoin de pôles nouveaux pour pouvoir se développer et répondre aux nouvelles attentes qu’entraine ce statut, à la fois économique, politique, touristique et culturel. Le projet des anciens abattoirs « est un projet d’envergure qui va marquer la ville »70. La création d’un pôle nouveau, en l’occurrence culturel, dans un site connu par toute la population casablancaise pour son ancienne activité, et reconnue pour ses qualités architecturales, permettrait à la ville de lancer une dynamique qui ne soit plus centrée essentiellement sur l’économie. D’autre part, la situation géographique du site permet à la fois d’être en connexion rapide avec le centre tout en pouvant développer le quartier alentour indépendamment de l’activité du centre ville. Cependant aujourd’hui la commune est fort isolée du reste de la ville (voir chapitre contexte urbain) à cause d’un système de transport en commun inexistant et d’une rupture engendrée par le chemin de fer. Le quartier de Hay Mohammadi, comme expliqué dans les contextes historique et urbain, est encore considéré comme la commune industrielle de Casablanca et cette image l’empêche de se développer. Pourtant elle comporte un nombre important de friches industrielles qui ne sont actuellement pas associées au projet des abattoirs mais qui pourraient faire partie des enjeux du changement urbain initié par le projet des abattoirs. Cependant il faut être prudent quant aux changements provoqués par un développement nouveau dans cette commune. Le risque d’avoir un impact urbain fort pourrait amener à dénaturer le quartier, à le gentrifier et le rendrait inaccessible à la population actuelle au profit d’une population plus hupée. Cela ne ferait que déplacer le problème actuel dans d’autres quartiers peut-être plus excentrés. 69 Ce chapitre est inspiré d’interviews de Aadel Essaadani – directeur technique des abattoirs, urbaniste ; Bertrand Houin – Paysagiste ; Adam El Mahfoudi – architecte ; Imad Eddine - architecte 70 Interview de Karim Rouissi, architecte associé du bureau d’architecture Empreinte d’architecte et membre de Casamemoire

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Public visé :

En faisant un projet à une échelle internationale, le public visé s’étend à l’ensemble de la population marocaine ainsi qu’à la population étrangère, touristique ou autre, qui cherche un endroit où se familiariser avec la culture, aussi bien que la pratiquer ou explorer ce domaine.

Acteurs :

Si l’intension évoquée dans ce chapitre parait claire et déterminée, en revanche il n’est pas évident de contrôler l’impact du projet sur ces échelles. Afin de déterminer le mieux possible les relations et les impacts que l’on veut provoquer grâce à ce projet de « fabrique culturelle » il est nécessaire d’avoir une équipe pluridisciplinaire (architectes, urbanistes, anthropologues, sociologues, politiciens, etc.) qui permette d’avoir une vision globale des thèmes propres à la ville et des moyens pouvant être mis en place pour arriver au but.

Propositions :

Ce chapitre questionne la manière de rendre accessible le site aux différentes échelles, de deux façons. D’une part il faut interroger les liaisons urbaines existantes ou possibles entre la ville, les quartiers alentours et le site. Et d’autre part questionner la flexibilité des espaces pour accueillir un programme adapté à ces différentes échelles sur le site-même. D’autre part il s’agit de mettre en place un moyen pour informer et sensibiliser les gens afin d’avoir un public varié et leur permettre de profiter de ces nouvelles infrastructures. Il faut alors déterminer quelle flexibilité de programme est nécessaire pour proposer des activités à l’échelle du quartier et de la ville. Actuellement, la plupart des projets proposés n’évoquent que le lien avec le quartier de Hay Mohammadi, face à la façade principale et prennent peu en compte le quartier des roches noires qui jouxte l’autre côté du chemin de fer, et les relations possibles avec la ville. Pour avoir une pensée plus large, il faut interroger les liaisons urbaines existantes ou possibles entre la ville, les quartiers alentours et le site ; analyser les capacités du futur tram à s’intégrer réellement dans le projet ; établir une étude sur le quartier bordant le côté opposé de la voie ferrée et y penser des liaisons éventuelles; enfin, il faut travailler sur la topographie du quartier afin d’en ressortir les relations que celle-ci pourrait engendrer. D’autre part il faut pouvoir lancer des activités qui touchent à des profils de populations diverses pour ne pas générer un espace qui serait rapidement approprié par les artistes ou autres et risquerait de ne plus toucher qu’un milieu restreint. Si l’on considère d’abord l’échelle de la commune et du quartier, on observe que Hay Mohammadi possède aujourd’hui de nombreuses friches industrielles « avec des bâtiments en béton armé qui ont des qualités architecturales certaines »71. Le risque de les voir démolies au profit de bâtiments nouveaux, augmente avec le développement urbain de Casablanca, et pourrait augmenter avec la revalorisation du quartier.

71

Interview de Bertrand Houin – Paysagiste

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D’après l’architecte Imad Eddine le quartier aujourd’hui manque d’une mixité de fonctions qui permettrait d’avoir un renouveau pour l’ensemble de la commune, une population plus variée et relancer des activités actuellement en déclin. De plus, l’architecte nous fait part de son inquiétude quant à l’empressement avec lequel le projet est établi. Pour lui « Ce projet est trop tôt pour ce quartier car il concerne la ville entière »72 et la ville ne serait pas encore prête à accueillir de telles infrastructures. Dans ce cas, le développement de plusieurs friches de la commune avec différentes fonctions, permettrait-il de toucher le quartier de manière plus large et progressive, par de plus petites interventions sur des terrains plus restreints que les anciens abattoirs ? Cependant, si aucun projet n’est envisagé aujourd’hui pour le site des anciens abattoirs ainsi que pour la commune de Hay Mohammadi le risque serait de voir ce patrimoine continuer à se détériorer s’il n’est pas accaparer par des promoteurs immobiliers à des fins uniquement commerciales. D’autre part le quartier, voire la commune entière risque elle aussi de se dégrader si aucune aide ni dynamique n’est apportée aux habitants et petits « ateliers d’industrie » existants. Au contraire agir suffisamment tôt permettrait de relancer d’un coup le développement du quartier même si l’évolution du changement peut prendre plusieurs dizaines d’années avant d’avoir une dynamique nouvelle et un quartier « transformé ». D’autre part, la proposition aujourd’hui est de mettre en valeur principalement le domaine artistique (ainsi qu’une petite bibliothèque de quartier) comme programme culturel. La proposition de l’architecte Imad Eddine serait d’installer des infrastructures destinées à une culture plus large, qui permettrait de rassembler un « savoir » vers lequel peut se tourner la population de la ville de Casa « quand on a besoin d’un livre, ou besoin de savoir quelque chose, on va là »73. Cette idée est développée dans le chapitre programmes associés.

72 73

Interview de Imad Eddine – Architecte Ibid.,

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Le bureau d’architecture Empreinte d’architecte et l’urbaniste Bertrand Houin proposent des solutions pour lier le site au quartier dans une esquisse commandée par l’organisation Casamemoire. Cependant aucune proposition n’est envisagée par rapport au quartier des roches noires ni à la ville, excepté la volonté d’avoir un arrêt de tram « abattoirs » qui desservirait la nouvelle « fabrique culturelle ». Comme expliqué dans le scénario précédent, les architectes commencent par agir sur les anciennes rues et ruelles internes au projet ainsi qu’aux places publiques qui ont pour objet d’accueillir de nouveaux programmes culturels ou des jeux pour enfants. Le lien avec le quartier est déterminé dans leur projet par la mise en valeur de la façade principale des abattoirs, en supprimant le mur d’enceinte ajouté dans les années 1950. Elle reprend alors toute son importance, appuyée par une esplanade créée face à cette façade, premier espace public qui invite le quartier à entrer dans le site. A partir de là, une rue piétonne principale qui mène à un square muni de jeux pour enfants sont dessinés afin d’avoir un réel espace paysager (image 69). L’enjeu de liaison urbaine rejoint ici l’idée développée dans le deuxième scénario « enjeu de l’espace ouvert / espace fermé, flexibilité et accès », particulièrement dans la partie « méthode, propositions urbaines ». Le but étant de créer une connexion réelle au quartier de Hay Mohammadi dans ce cas-ci grâce aux rues intérieures au projet et aux espaces publics. Ici particulièrement on peut mettre en avant un espace public extérieur dont la fonction est plus ciblée. L’esplanade qui dialogue avec la façade principale fait face aux grillades existantes devant le site. Cet espace doit être la liaison avec le quartier en pouvant accueillir des fonctions multiples en relation avec l’abattoir ainsi que la population du quartier et de la ville. C’est une manière supplémentaire d’amener la population à découvrir le site grâce à des activités parallèles qui peuvent se développer autour et grâce à la fabrique culturelle : gastronomie, échoppes, foires, marchés alimentaires… Si le projet se tourne complètement vers la commune de Hay Mohammadi en revanche il se ferme au « côté roches noires » complètement séparé du site puisqu’il se situe de l’autre côté du chemin de fer. Un espace actuellement minéral (pavés très solides, typiques à Casablanca) de 1000m² à l’arrière des anciens abattoirs est travaillé avec une trame verte pour servir à la fois d’espace de diffusion, de zone d’activité et de zone tampon entre la fabrique culturelle et le chemin de fer. Ma proposition, développée dans le chapitre « esquisse personnelle », considère les enjeux que pourraient amener une réelle connexion avec le quartier des roches noires et d’autre part une volonté de donner davantage d’intérêt à la question de l’échelle de la ville, peu étudiée dans les multiples propositions des acteurs interviewés.

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Image 74. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

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Scénario 4

Programmation Le quatrième scénario se base sur l’idée d’un redéveloppement urbain, social et culturel - pour le quartier en particulier ; et pour la ville de manière plus générale - par la conversion programmatique des anciens abattoirs. Ce scénario se divise lui-même en deux synopsis distincts : développement d’un programme culturel, développement d’un programme varié.

4.1 Programme culturel artistique Objectif : Comme expliqué dans les différents contextes, Casablanca s’est développée principalement grâce à l’industrie du commerce. Aujourd’hui, cette métropole a besoin de fonctions plus variées et d’un redéveloppement urbain de certaines communes, pour répondre aux besoins propres à la métropole. L’idée d’installer un espace culturel dans les anciens abattoirs est évoquée depuis sa fermeture en 2002, lancée par des interventions ponctuelles d’artistes qui veulent marquer l’importance du bâtiment ainsi que de la culture dans la ville. Casablanca possède aujourd’hui très peu d’espaces de production et d’exposition, et plus particulièrement le quartier de Hay Mohammadi, où la création et les jeunes talents sont forts présents. « Ce projet doit être l’occasion d’intégrer dans ce quartier un certain nombre d’équipements qu’ils n’auront jamais : un espace public, une bibliothèque, un espace de travail pour les enfants »74. L’idée de ce scénario est de transformer le site en lieu de culture à temps plein, où les artistes et les activités varieraient en permanence et où l’espace appartiendrait à tout le monde sans devenir une propriété privée. L’idée est de faire un espace culturel et non pas un centre culturel. C’est-à-dire un lieu ouvert à tous, sans barrière ni clé pour y entrer. Un accès libre et facile qui accueille des activités variées, des espaces de répétition, de découverte, d’exposition, de représentation, de rassemblement autour de thèmes culturels artistiques… La ville a donné son accord sur un programme culturel mais refuse encore de signer unje convention à long terme.

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Interview de Karim Rouissi, architecte associé du bureau d’architecture Empreinte d’architecte et membre de Casamemoire

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Justification75 : le «pourquoi» En transformant les anciens abattoirs en espaces culturels le message est double ; tout d’abord il s’agit de développer le quartier en sauvant un espace qui aujourd’hui a une connotation de commerce et d’abattage. Il s’agit alors de démontrer à la population les qualités de ce bâtiment dans un nouveau contexte, une deuxième vie qui renoue avec cette population par une activité ouverte qui invite à entrer et à partager cette remise en valeur. Un programme qui ne s’ouvre qu’à un public restreint ne ferait que renforcer l’aspect négatif de « frontière » qu’a pu avoir ce bâtiment. Le public de Hay Mohammadi peut être particulièrement réceptif à ce type de programme, cette commune étant le berceau de nombreux créateurs et créations, qui aujourd’hui manquent d’espaces mis à leur disposition. Le deuxième message veut promouvoir l’art et la culture pour tous, comme manière de s’instruire, de créer et la culture comme liberté d’expression dans la ville de Casablanca, dans un espace qui lui-même a une valeur culturelle dans son architecture. « Ici au Maroc, la liberté d’expression connote ou bien renvoie tout simplement à la liberté journalistique, audiovisuelle, etc.… en quelque sorte de l’expression politique. Alors que l’artistique et le culturel sont des libertés d’expressions accessibles à tous. »76.

Public visé : Ce scénario propose une manière d’ouvrir le site comme espace culturel à un public qui a une approche, une connaissance et une pratique de la culture plus ou moins forte et un besoin d’espaces pour des activités diverses liées à la culture artistique. Ce public de tous âges provient de milieux différents, de cultures diverses, etc... Il est donc important de cerner quel type d’espace est nécessaire pour ce public-là. « Comme dans tout projet d’architecture, il faut répondre aux attentes d’un client. Ici les clients sont les artistes et la population. Comment répondre à des demandes qui changeront avec le temps et qui sont diverses, car on ne peut pas faire plaisir à tout le monde »77. Le but est aussi de faire un lieu où les gens se croisent et se rencontrent. Faire venir d’une part les gens de la ville qui n’ont pas d’espace de création ou recherchent un espace particulier et d’autre part des étrangers qui n’auraient pas d’espace de création et d’exposition prévu à Casablanca. Les personnes de la ville ayant un intérêt pour les activités qui prendraient place et les habitants du quartier qui recherchent des espaces publics.

75 Ce chapitre est inspiré des interviews d’Adam El Mahfoudi, architecte et de Thomas Delbrade, architecte employé dans le bureau Empreinte d’architecte 76 Interview de Belfakih Abdelbaki (anthropologue-professeur à l’université de Casablanca) 77 Interview de Adam El Mahfoudi, architecte

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Propositions : Ce scénario met en scène différents moyens de mise en œuvre d’un programme artistique culturel pour lancer le projet et lui donner vie. Ces approches du projet sont inspirées principalement des idées du bureau d’architecture Empreinte d’architecte, qui a fait une esquisse de projet avec le paysagiste Bertrand Houin, ainsi que d’une interview de Aadel Essaadani, directeur technique, et des réflexions venant de différentes autres interviews. Certaines approches sont moins formalisées que d’autres, car elles ne sont que des idées ou esquisses évoquées lors de discussions informelles autour des abattoirs. Celles-ci laissent plus rêveur, et ne tiennent pas toujours compte d’enjeux patrimoniaux et urbains essentiels qu’il me semble important de relever. Le discours des architectes du bureau Empreinte d’architecte va dans le sens de programmes ouverts au public constamment. Bibliothèque, ateliers, halles d’expositions, théâtre, espaces publics, ateliers d’artistes, sont les fonctions principales proposées pour le projet. Selon l’organisation et l’administration proposées pour gérer ces espaces, il me semble que ceux-ci pourraient répondre à la volonté d’avoir un lieu qui accueille en permanence le public, dans différents espaces, à différentes périodes de l’année et différents moments de la journée ou de la nuit.

Image 75. Plaquette du bureau Empreinte d’Architecte.

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Une première idée évoquée lors de l’interview du directeur technique des abattoirs Aadel Essaadani, serait d’affilier différentes associations culturelles et artistiques de domaines multiples (musique urbaine, danse, théâtre…) à la fabrique culturelle de manière à ce qu’elle soit gérée par des associations indépendantes de l’état et non pas « par des fonctionnaires qui gèrent, qui n’ont pas de formation, qui n’ont pas de choix artistique, de budget… Et donc ils remplissent avec les demandes qu’ils ont. Et ça peut donner des festivals comme des réunions syndicales, politiques ou religieuses, ou l’anniversaire d’un élu à la ville… »78, alors que le quartier et plus généralement la ville à besoin d’espaces de diffusion, de création et de formation. Ce moyen permettrait d’accéder à multiples petits programmes, accessibles à des moments différents et proposés par des associations reconnues pour leurs qualités artistiques. Parallèlement à cela, l’artiste et architecte Adam El Mahfoudi évoque l’importance de la flexibilité à la fois du programme et du coût de celui-ci. Il faut d’après lui partir du principe qu’il faut laisser un maximum de flexibilité dans l’organisation du programme (ne pas fixer un programme à un espace mais au contraire que ceux-ci soient « mobiles ») et surtout avoir des activités gratuites accessibles à tout public. Le coût d’une activité apparaîtrait comme une première barrière à franchir. La proposition faite ici serait de prêter des espaces de création aux artistes en contre-partie duquel ils offriraient de leur temps pour donner des cours, monter des spectacles ou animer des activités non rémunérées. S’organise ainsi de manière continue, une vie sur le site. Les bâtiments doivent être adaptés avec un minimum d’infrastructures (espaces modulables d’exposition, création, activités diverses, studio d’enregistrement, ...). L’important est de ne pas cloisonner l’espace pour laisser à chaque artiste libre cours dans la manière de l’utiliser, pour lui-même ou pour une activité qu’il organise. D’autre part il est important que la population puisse participer aux changements du site. Lors de constructions temporaires ou pour une longue durée, comme pour la plaine de jeu aujourd’hui construite par le groupe de l’école des beaux-arts d’Amsterdam, il faudrait faire collaborer la population au projet, lui permettre de donner des idées ou la faire participer à la construction-même. Cela amènerait les gens du quartier à s’investir dans le développement du projet des abattoirs, et à s’intéresser plus personnellement aux nouvelles infrastructures.

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Interview d’Aadel Essaadani, directeur technique des abattoirs, urbaniste

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Image 76. Plaine de jeux construite par des élèves de l’école des beaux arts d’Amsterdam, avril 2011. Photo M.B.


L’artiste-peintre Amine Zine El Abidine El propose deux autres systèmes d’organisation du site. La première idée serait de confier chaque année le site à une association différente. Pendant cette année chacune d’elle ferait « ce qu’elle veut »79 du site. Au bout de dix ans l’espace aurait été utilisé par dix associations différentes. Le site aurait ainsi été utilisé comme espace culturel en permanence. Sur une durée d’un an, chacun pourrait développer un ou plusieurs projets dans son domaine.et selon ses envies Cette idée est sans compter les nécessités de restauration et conservation du patrimoine architectural. D’après moi cette solution ne tient pas compte du fait que ce bâtiment fait partie du patrimoine marocain. Le risque serait de transformer l’architecture présente, parfois même sans avoir conscience de l’importance de certains détails, à des fins artistiques. On pourrait imaginer un groupe de personnes qualifiées dans ce domaine qui travaillerait avec les différentes associations. Cependant la collaboration entre artistes et architectes spécialisés en patrimoine risque d’être délicate. En revanche cela permettrait de combiner des activités à court et à long terme, permanentes ou occasionnelles,... D’après moi cette idée pourrait être envisagée, combinée à l’organisation proposée en premier lieu (différentes associations affiliées aux abattoirs) et encrée dans un projet d’architecture déterminé qui prendrait en compte les enjeux du premier scénario sur le patrimoine. La seconde proposition d’Amine Zine El Abidine El serait d’attribuer à différents artistes un mur ou une section de mur qui leur appartiendrait. « Le site est tellement grand que chaque artiste casablancais pourrait avoir un morceau »80. Le site resterait public et ouvert à tous pour s’y balader. Ce système permettrait de démarrer le projet des abattoirs et montrer à la population ce qu’on peut y faire. Personnellement cette idée me semble se rapprocher d’une approche muséographe et va à l’encontre de la volonté du développement vers le quartier Hay Mohammadi et sa population. Les abattoirs risqueraient de devenir rapidement un endroit branché qui viserait le même public que les centres culturels actuels ou les musées. L’idée d’accorder un espace à des artistes s’éloigne du projet de départ qui visait à inciter la population dans son ensemble à participer à la création culturelle plutôt que consommer celle-ci passivement. Le projet perdrait alors tout son sens et on verrait s’installer dans les anciens abattoirs non pas un espace culturel dédié à tous mais bien un musée d’art.

Acteurs : Actuellement la ville de Casablanca regorge d’artistes, qu’ils soient marocains ou étrangers qui pourraient avoir un rôle essentiel dans le projet. En revanche la ville ne possède pas encore d’école de techniciens et de formations pour des métiers propres aux spectacles. Il y a donc peu de personnes à Casablanca actuellement qualifiées pour gérer un tel projet. Cependant certains programmes se mettent en place. Par exemple par le directeur technique des abattoirs (et urbaniste) qui forme des techniciens et administrateurs de spectacles afin d’avoir des personnes qualifiées pour démarrer un projet à long terme dans ce qui serait la future « fabrique culturelle ». Un projet de fabrique culturelle pourrait donc entrainer la ville vers un développement important de toutes les infrastructures propres à la fois à la culture artistique et à l’enseignement.

79 80

Amine Zine El Abidine El – Artiste peintre Ibid.

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4.2 Programme varié Objectif : Il ne s’agit ici ni de projet ni même d’esquisse mais de volontés « lancées » au cours d’interviews, d’étudiants du quartier ou de la ville. Ces idées sont basées sur les réflexions de six étudiants d’une école de Hay Mohammadi, à proximité des abattoirs et d’un étudiant de Casablanca passant son bac et voulant commencer des études d’audio-visuel (ingénieur du son n’existant pas à Casablanca). Tous ont entre quinze et dix-sept ans. Si le thème de la culture de la musique et de la danse viennent en premier lieu, les équipements sportifs sont « demandés » à plusieurs reprises. Aujourd’hui, en manquant d’infrastructures et d’entretien, les abattoirs semblent n’avoir que peu d’intérêt pour ces jeunes. Cependant ceux-ci réalisent l’ampleur du projet et l’espace à gagner que cela représente. « This place is amazing, because it’s large, it’s huge. But there is nothing »81. Les enquêtes révèlent un manque d’espaces dédiés à la musique. Aussi bien pour pouvoir assister à des concerts que pour toutes les activités liées à la pratique de la musique: cours de musique, de chant, scènes « jam », studios d’enregistrements, lieux de répétition. « Ici au Maroc on joue de la musique très connue pour que les gens nous acceptent. Si tu viens avec ton improvisation les gens ne t’acceptent pas»82. Le déficit d’espaces sportifs dans le quartier de Hay Mohammadi se traduit par une volonté des étudiants de pouvoir disposer terrains et d’infrastructures sportives pour la commune de Hay Mohammadi. « Il faut qu’ils utilisent pour nous ce grand espace, pour y mettre des stades et des piscines »83.

81 82 83

Interview d’une étudiante de l’école secondaire de Hay Mohammadi, seize ans Interview d’un étudiant 17 ans (niveau du bac) – guitariste Interview d’un étudiants de l’école secondaire de Hay Mohammadi, quinze et seize ans

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Image 77. Elèves d’une école secondaire de Hay Mohammadi lors d’une interview. Photo M.B.


Justification : Un mélange d’infrastructures à trois échelles, artistique, culturelle ou touchant à d’autres thèmes, permettrait d’avoir de multiples atouts pour croiser les intérêts divers de la population. Si l’on peut imaginer le site fonctionnant par lui-même uniquement par un programme culturel artistique tel que proposé dans le scénario précédent, je pense qu’avoir cette multiplicité de programmes permettrait d’enrichir les rencontres au sein du site, de croiser des fonctions que l’on n’imaginerait pas d’emblée se rencontrer sur un tel lieu ou encore lier des thèmes complémentaires. Ce lieu pourrait mélanger des fonctions qui ont une durée déterminée (comme un workshop) et des projets à long terme. Public visé : Le but est donc de croiser les publics : amener une population à la fois locale, nationale et internationale, d’intérêts différents.

Acteurs : Pour lancer et faire fonctionner différents programmes sur un même site on a besoin d’une grande variété d’acteurs, et une organisation d’ensemble pour gérer les différents programmes. Ensuite chaque programme nécessite des compétences telles que le «lancement de projet», des professeurs, des artistes, des passionnés de lecture, ... L’ensemble des qualités et connaissances requises est vaste.

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Propositions : Ma proposition est d’amener des infrastructures à différentes échelles (autres que celles proposées dans le scénario « programme culturel artistique) qui ont des intérêts communs ou dont la rencontre et la présence sur ce même site serait enrichissante. Des infrastructures culturelles artistiques à l’échelle de la ville et de la commune (concerts / cours d’artistique et «petites» activités). Une école de techniciens (relatif au spectacle : son et lumière) dont la formation est actuellement inexistante à Casablanca et pourrait être complémentaire aux projets de la future « fabrique culturelle ». Une grande bibliothèque qui permette de rassembler une somme de savoirs et de multiples disciplines sur un seul site. On pourrait même y rassembler les archives de la ville. Des infrastructures sportives à l’échelle de la commune (terrains de sport extérieurs accessibles en permanence, cours de sport, tournois organisés, ...). Une série de petites infrastructures, d’équipements et d’espaces publics à l’échelle du quartier pour accueillir les familles, dans un espace ouvert et sécurisé (espaces piétons). Ce projet englobe la remise en valeur des grillades qui bordent les anciens abattoirs, ce qui suppose de ne pas y intégrer de cafés ni restaurants. En revanche on pourrait y accueillir des vendeurs de fruits et de jus (images 78 et 79).

Images 78 et 79. Commerçants le long des routes Photo M.B.

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Regret des abattoirs et du commerce de viande.

S’il existe encore plusieurs commerces liés à la viande dans ce quartier, pourquoi, d’après les interviews, ne pas redonner aux anciens abattoirs sa fonction commerciale d’autrefois, même partiellement. Ce serait là aussi un moyen de donner au quartier une seconde vie et une manière de faire revenir la population Casablancaise. Comment serait-il possible d’intégrer commerces de bestiaux et espace culturel dans un même projet? Peut-on intégrer des activités commerciales dans le projet et permettre aux commerçants de poursuivre et faire prospérer leur activité. Ou bien est-il préférable de leur proposer de changer d’activité en les intégrant dans un nouveau projet.Il n’est pas évident de demander à des commerçants présents depuis plusieurs dizaines d’années de renoncer à leur commerce ni de trouver facilement des activités de substitution. Mais il faut en tous cas leur permettre de participer aux changements qui commencent à s’opérer dans la commune de Hay Mohammadi afin qu’ils ne la subissent pas mais y collaborent. Si je considère cet aspect dans ce scénario c’est parce qu’il me semble important de réagir face aux inquiétudes des habitants et des commerçants actuels de Hay Mohammadi. Cependant le «regret des abattoirs» est un sentiment qui disparaitra sans doute avec le temps et le changement de fonction du quartier, comme dans nombreux autres cas (exemple de la place Flagey qui a accueilli dans les bâtiments qui l’entourent un nombre important de fonctions différentes, de population nouvelle,...). Si les industries et l’abattoir ne sont plus appropriées à un quartier totalement intégré à la ville, il est difficile, voire dangereux de provoquer un bouleversement radical et immédiat. La fabrique culturelle serait un premier pas vers ce changement.

Si les abattoirs ne fonctionnent plus depuis presque une dizaine d’année, le quartier n’a pas pour autant perdu tous les rapports qu’il entretenait avec le commerce de viande. En plus des petites grillades qui longent la façade principale des anciens abattoirs, on trouve encore aujourd’hui dans les rues avoisinantes de petits commerces de moutons, chèvres, vaches et autres bestiaux. Ces commerçants qui autrefois vivaient grâce à l’activité prospère des abattoirs, voient aujourd’hui leurs commerces décliner petit à petit. De nouveaux commerces se sont ouverts autour des nouveaux abattoirs et la population casablancaise ne vient plus se fournir en viande du côté des anciens abattoirs. Même les grillades se fournissent directement aux nouveaux abattoirs. Les commerçants interviewés ne voient plus leur intérêt de se rendre aux anciens abattoirs

Proposition :

Image 80. Commerce de moutons à Hay Mohammadi. Photo M.B.

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Un espace dédié à l’histoire des abattoirs et au fonctionnement de ceux-ci pourrait prendre place parmi les programmes proposés. On constate que la survie des petits commerces autour des abattoirs est devenue problématique. Ceux-ci seront probablement amenés à modifier la nature de leur commerce pour être en phase avec la nouvelle fabrique culturelle.


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esquisse de projet

Objectifs

:

L’esquisse que je vais brosser maintenant rassemble les points essentiels exposés dans les quatre scénarios présentés et en faire la synthèse. Cette synthèse tente de répondre aux questionnements énoncés dans l’introduction, à savoir quelle est la valeur patrimoniale du site et quel est son impact du projet sur son environnement, et sa possible valeur d’exemple et de « projet pilote » pour Casablanca et pour le Maroc.

Justification : « Le pourquoi » : Le concept de base consiste à ouvrir le site au public et lui donner une seconde vie tout en conservant le bâtiment d’origine et faire de ce projet un enjeu urbain de redéveloppement du quartier. il servirait d’outil de diffusion de la culture dans la métropole grandissante qu’est Casablanca. Je propose donc de garder une grande partie des concepts évoqués par les différents acteurs autour desquels se dégage un concensus et de les compléter ou les modifier avec mes propres idées. Dans cette optique, je propose: - de repréciser le public visé au sein du projet - de modifier quelque peu le programme - de faire une étude urbaine plus poussée - et en partant des théories exposées dans les différents scénarios, reprendre certaines manières de traiter le patrimoine architectural afin de conserver celui-ci tout en adaptant les espaces à de nouvelles fonctions. Cette esquisse remodelée du projet me permet d’avoir une approche personnelle pour répondre au mieux aux enjeux cités dans le paragraphe précédent.

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Enjeux Au risque de me répéter dans ce paragraphe, il me semble important de rappeler que l’un des enjeux du projet touche à différentes échelles de la ville, idée ébauchée dans le troisième scénario. Tout d’abord il doit avoir un impact à l’échelle de la métropole afin d’apporter une nouvelle vision de la ville qui corresponde au Casablanca d’aujourd’hui. La ville s’est développée principalement grâce à une activité commerciale grâce à son port et à ses industries. Aujourd’hui Casablanca a atteint le statut de métropole et doit pouvoir offrir une activité dynamique et variée pour garantir sa valeur attractive et son bien-être. Comme expliqué dans le chapitre « contexte culturel », l’accès à la culture est aujourd’hui restreint alors qu’il est un des pôles essentiels au développement d’une métropole, à la fois comme dispositif d’ouverture d’esprit et comme outil de communication. Créer un pôle culturel dans la ville serait une première étape conséquente vers la diffusion de la culture au sein d’une société en pleine ébullition. Combiné à cela, le projet doit avoir un impact à l’échelle de la commune de Hay Mohammadi et plus précisément du quartier autour des anciens abattoirs pour les raisons expliquées principalement dans le troisième scénario. D’après moi, l’enjeu ici est de réussir l’intégration d’un nouveau programme dans le quartier, tout en amorçant un processus qui permettrait à la commune de se redévelopper comme entité « nouvelle » ou peuvent se déployer des activités autres qu’industrielles et redonner progressivement un nouveau visage à Hay Mohammadi. Le bâtiment étant déjà un emblème de ce quartier industriel, sa reconversion est une étape importante pour tendre vers une synthèse entre ces deux volontés fortes. D’autre part, cet enjeu fera, d’après moi, varier le programme du projet des anciens abattoirs et devra jouer sur les modifications urbanistiques mises en place dans le projet et appliquées au site. Un autre enjeu du projet, mais non moins important, touche à la nécessité de la sauvegarde du patrimoine casablancais. Celui-ci est expliqué dans le chapitre « Expérience du patrimoine à Casablanca » et fait l’objet du premier scénario. Je ne répéterai donc pas ici l’enjeu que représente ce patrimoine architectural, mais proposerai des solutions et des techniques de reconversion et de réhabilitation ultérieurement (point cinq de ce chapitre).

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Public visé Le public visé à la base est très large puisque le projet tend à être un espace culturel ouvert à toute la population casablancaise et à ses visiteurs. Pour réaliser cet objectif on y organisera des événements et des activités quotidiennes et on diffusera de l’art et de la culture. On touchera ainsi des gens de tous âges, d’intérêts divers et de classes sociales différentes. Il faudra s’adapter à des situations multiples, regrouper les gens selon leur profil et par ailleurs mélanger les publics parfois en petits groupes, parfois en masse. D’autre part un programme plus adapté invite les artistes casablancais ou étrangers, novices ou confirmés, à utiliser des espaces de création, de travail et d’entrainement pendant une durée déterminée. On vise ici un public qui a déjà l’esprit ouvert à l’art et la culture puisqu’ils les pratiquent. Enfin il est important de toucher la population de Hay Mohammadi et plus particulièrement du quartier autour des abattoirs afin que le projet prenne réellement encrage dans le site. Il peut s’agir ici d’un public hétérogène, qui recherche des espaces de création ou au contraire qui n’ont aucunes affinités avec l’art et la culture.

Méthode :

Acteurs :

Dans cette esquisse, l’ensemble des acteurs sont requis puisqu’il s’agit de toucher aux différents enjeux exposés dans les scénarios. Les acteurs sont donc tout à la fois les architectes, architectes spécialistes en patrimoine, ingénieurs, artisans, urbanistes, équipes pluridisciplinaires, les artistes, les porteurs de projet, ainsi que l’ensemble du public pour lequel le projet est monté.

Proposition urbaine Je propose une analyse AFOM (Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces) pour déterminer quels sont les enjeux du site et les problèmes pouvant être rencontrés. A partir de cette analyse je propose des solutions pour reconnecter le site au quartier et répondre aux enjeux urbains mis en avant par l’analyse.

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- Emplacement: proximité du centre - Gare de Casa voyageur très proche - Futur tram dans la rue des abattoirs

- Etat des structures existantes: certaines parties sont fort délabrées et le site doit être sécurisé.

- structure existante: qualité + quantité des espaces - Cheminée = repaire dans la ville

- Réputation du quartier: ancien quartier industriel dans lequel se trouve un bidonville et une population socialement défavorisée.

- Mobilisation d’organisations et d’acteurs différents

- Chemin de fer à l’arrière du site: - fracture entre les quatiers, difficile à réparer - nuisances sonores

- Nombreuses friches industrielles à proximité pour étendre le projet

- Squat: familles qui vivent encore sur le site

AF OM - Gentrification du quartier --> petites industries, petits vendeurs d’animaux, petites manufactures perdent leur travail --> Habitants n’ont plus les moyens de payer un quartier plus «chic»

- Relancer et redynamiser le quartier: apporter de nouvelles infrastructures pour le quartier - Avoir des espaces de création et de diffusion AUJOURD’HUI quasi INEXISTANTS à la population, aux artistes et aux JEUNES - Créer des espaces intérieurs et extérieurs de qualité pour acceullir toutes les générations et toutes les classes sociales

- Projet trop tôt qui ne fonctionnerait pas - Disparition des petites grillades au profit de restaurants à l’intérieur du site

- Promouvoir la culture et le patrimoine à différentes échelles: mettre en marche la machine patrimoniale

- Projet pourrait devenir privé et fermé et risque de ne s’adresser qu’à une élite minoritaire

- Donner au quartier une conotation culturelle plutot que industrielle - Aider les petits commerces alentours existants à refonctionner - Mêler les écoles et associations du quartier au projet

- Manque d’argent et projet pas mené à bout - MAUVAISE RESTAURATION et âbimer les abattoirs existants - Indécision du monde politique - Corruption

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La carte ci-dessous illustre le tableau AFOM. A partir de cette étude je propose de travailler sur quatre thèmes: l’intégration de la nouvelle ligne de tram dans le projet, le travail de la fracture due au chemin de fer, le travail avec les friches libres «vides» et friches industrielles alentours et ouvrire sur le quartier dont il assure la continuité.

Chemin de fer Anciens Abattoirs Friches industrielles Friches non bâties Restauration Ecole Tram Arrêt de Tram Cheminée

Gare Casa Voyageurs

Image 81. Carte des atouts et faiblesses du site des anciens abattoirs. Faite par Maïra Bauherz..

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Intégration de la nouvelle ligne de tram dans le projet Tout d’abord, on voit que le site est particulièrement bien desservi : à la fois à proximité du centre ville, à un kilomètre de la gare de Casa voyageurs, et bientôt desservi par les transports en commun. Le futur tram qui part de l’ancienne médina passe à côté des anciens abattoirs et se dirige ensuite vers le sud-est de la ville. Aujourd’hui la ville n’envisage pas de faire un arrêt de tram propre aux abattoirs, malgré les demandes des architectes et urbanistes. D’après moi un arrêt « abattoirs » prendrait ici tout son sens puisqu’il permettrait aux voyageurs de se repérer grâce au site et aiderait ainsi à le mettre en valeur. Pour que le site devienne un emblème, puisqu’il s’agit bien d’en faire un pôle culturel majeur dans la ville, il faut lui donner les moyens de faire partie intégrante de la ville. Ma proposition serait d’intégrer dans le projet – sur l’esplanade, si ce n’est à l’intérieur du site – un arrêt qui en plus de porter le nom « abattoirs » donnerait une vue sur le site – s’il ne le traverse pas – et le projet prendrait alors progressivement le statut de quartier à part entière.

Travail de la fracture due au chemin de fer Le projet proposé par l’atelier d’architecture « Empreinte d’architecte » ne traite pas le problème de la fracture avec le quartier des roches noires, due au passage de la ligne de chemin de fer, si ce n’est de protéger le site des nuisances des rails et du passage des trains. Le projet n’a tenu compte dans son implantation que du quartier au sud, directement en lien avec le site par la mise en place de l’esplanade et n’a pas considéré les liens possibles avec les industries de l’autre côté du chemin de fer. D’après moi il est nécessaire dans ce cas de travailler sur la temporalité de la mise en place du projet. Il n’est en effet pas nécessaire, dans un premier temps, de raccorder physiquement le site au quartier des roches noires, d’autant plus qu’il est possible de traverser le chemin de fer le long du site des anciens abattoirs (voir image 81, carte AFOM p 85) et donc d’avoir un accès relativement facile et rapide à partir des roches noires. On peut alors considérer de ne travailler sur la relation avec les industries du « côté roches noires » que lorsque le projet est lancé et fonctionne assez que pour envisager la suite. Dans un deuxième temps on pourrait imaginer les types de relations à créer avec le côté opposé des chemins de fer. Ma proposition est de commencer par reculer la limite du site des abattoirs pour réduire la distance entre les deux côtés du chemin de fer. Ensuite utiliser une friche industrielle afin de créer une entrée du côté « roches noires » ainsi qu’un nouvel espace lié aux anciens abattoirs pour mettre en relation directement le site et ce quartier. Ce nouvel espace et le site actuel peuvent être rejoints de différentes manières suivant l’avancement du projet. Une première étape pourrait être de les relier par une structure légère en hauteur, une passerelle qui permettrait d’avoir un nouveau point de vue sur le site et une connexion piéton rapide. Dans un deuxième temps une solution plus encrée dans le site pourrait être imaginée ; passer en dessous des rails par un tunnel (afin de ne pas avoir un espace sombre, le tunnel peut faire office de bâtiment). Cette solution permettrait aussi de mettre une distance entre le site et le chemin de fer et supprimerait une série de nuisances causées par celui-ci. D’autre part il serait possible de faire passer les rails en souterrain sur ce tronçon et permettre un libre passage pour piéton voire pour voitures, au niveau du sol. Cette solution semble d’emblée plus coûteuse et empêcherait le passage de train pour une période.

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Travail avec les friches libres «vides» et friches industrielles alentours Si le projet se propose de travailler avec les grillades en face du site pour leur permettre d’être prospères à nouveau, en revanche les nombreuses friches alentours ne sont pas envisagées dans l’élaboration du projet. Je propose d’utiliser une stratégie qui développe plusieurs friches, partiellement dans un premier temps, à l’échelle du quartier, avec des fonctions nouvelles qui varient et permettent au quartier de se développer dans d’autres domaines que la culture même si c’est de manière moins prépondérante. Tout en gardant comme noyau de développement du quartier le « projet des abattoirs », le développement d’autres sites de plus petite envergure appuie cette première lancée et permet de lutter contre une gentrification rapide en développant parallèlement des espaces dédiés aux personnes travaillant et habitant le quartier (espaces de travail supplémentaires, logements de standing varié construits ensembles, espaces verts en communication avec les logements sociaux…). De plus cela permettrait de lutter aussi contre la démolition de bâtiments existants de qualité « Y’a plein de zones en friche avec des bâtiments en béton armé tout autour qui sont de qualité, pour l’instant ils vont être rasés petit à petit si on y prend pas garde, mais ils ont des qualités certaines »84. Dans cette optique je propose quatre catégories de développement pour ces friches : le développement de friches industrielles en espaces de travail pour les petites manufactures existantes dans le quartier ; logements variés pour accueillir un public de différentes classes dans un même espace ; nouvelles fonctions de loisirs, commerces divers et autres ; et enfin je propose d’utiliser les friches libres pour en faire des espaces verts peu existants dans le quartier et plus généralement dans la ville.

Un site ouvert sur le quartier dont il assure la continuité Afin de créer un espace qui s’insère réellement dans son contexte et devienne un morceau du quartier à part entière, je propose d’aménager les rues du site en quartier piétonnier, qui serait la continuité de Hay Mohammadi et donc ouvert en permanence et sans barrières. Cette partie du quartier serait parsemée de places et placettes qui ouvrent des perspectives et accueillent des petits équipements (pleines de jeux, sport…). Plutôt que de mettre en place un système de fermeture du site (que je considère alors comme un quartier), les bâtiments qui forment le quartier, et sont dédiés au programme proposé dans le chapitre suivant, doivent pouvoir être fermés ou non selon ce qu’ils contiennent et selon les volontés du projet. De cette manière les multiples espaces pourraient être gérés par différents groupes ou association ou encore laissés en permanence à disposition de la population.

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Bertrand Houin – Paysagiste

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Programme Connaissant la position du site et ses atouts, la création d’un espace culturel sur ce lieu semble être une valeur acquise par la plupart des acteurs autour du projet, appuyée sur une réflexion solide, comme expliqué dans le deuxième scénario. Le quartier abrite beaucoup de jeunes artistes qui ne bénéficient actuellement que de peu d’espace. Je propose cependant, en m’appuyant le scénario programme varié, d’étendre la notion de « culture » à un domaine plus large que l’art et insérer sur le site une mixité de fonctions plus grande qui toucherait à des domaines plus variés. En partant de la proposition de l’architecte Imad Eddine qui évoque l’idée de rassembler un « savoir » important sur le site, je propose d’ajouter un programme « culture & éducation », qui aurait un impact plus important que la bibliothèque de quartier proposée. Il s’agirait principalement d’une bibliothèque d’une ampleur importante qui toucherait un public étendu tout en visant particulièrement les écoles et les jeunes. Ce programme pourrait alors fonctionner avec les écoles des quartiers avoisinants et permettre l’organisation d’activités de personnes concernées directement ou non avec le projet (bibliothécaire, professeurs, élèves, écrivains, groupes de lectures…). Cette bibliothèque serait aussi ouverte à l’échelle de la ville en organisant des activités relatives à la bibliothèque et pourrait aussi toucher une population analphabète (aujourd’hui encore très importante à Casablanca) en organisant des cours pour adultes etc. Toujours à l’échelle de la ville, je propose d’installer une école technique de son et lumière. Installée au centre-même de la fabrique culturelle, elle serait un atout pour le projet. Cela permettrait d’avoir un apprentissage dans une infrastructure idéale qui offrirait d’emblée du travail aux élèves et d’autre part d’avoir des techniciens sur place pour les spectacles. Des petites salles de cinéma attireraient aussi «plus facilement» un public vaste. A l’échelle de la ville et du quartier je propose d’installer sur les espaces de rencontre extérieurs, les places publiques ; de petits équipements sportifs (terrains de basquet, mini foot, skate…) qui peuvent permettre de rassembler ponctuellement les jeunes du quartier et d’amener des événements le long d’un passage vers le quartier de Hay Mohammadi. En apportant cette mixité, ce lieu commencerait à devenir un lieu de rencontre de personnes d’horizons différents, qui se croisent, qui partagent des moments et se retrouvent dans des espaces qui leur sont communs.

Question de patrimoine architectural Comme expliqué dans le chapitre « rapport au patrimoine » le site et les bâtiments des anciens abattoirs correspondent à plusieurs pôles majeurs du patrimoine85. Tout d’abord il appartient au pôle identitaire, étant un édifice construit par un architecte français pendant la période coloniale. La question de double identité constamment rappelée par l’architecture de la ville, la présence de la langue française, l’urbanisme, la culture, etc. est au centre du débat sur l’architecture coloniale. Il est important aujourd’hui que cette architecture puisse être intégrée comme patrimoine marocain autant que français et faire partie de la vie quotidienne. « Le patrimoine fait partie intégrante de la conscience collective »86. Il appartient au pôle cognitif car il a une valeur de document, d’autant plus que les documents papiers sont souvent inexistants pour les bâtiments qui remontent à cette époque.

85 86

Yves Robert, op. cit. p6. Ahmed El Hariri, op.cit. p52.

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Son appartenance au pôle esthétique est expliquée dans le chapitre « rapport au patrimoine » et dans le contexte historique. Enfin il est défini par les pôles utilitaire-développement et administratif, d’une part pour sa participation possible au développement de la société et de la ville, d’autre part parce qu’aujourd’hui le site est protégé par son statut de « monument historique ». Il est donc important lors de la reconversion de respecter chacun de ces aspects propres au site et à sa valeur de patrimoine. Dans cette optique je propose de définir des points à respecter lors de la reconversion qui me semblent essentiels. Ceux-ci sont inspirés du scénario « enjeu du patrimoine » et de différentes théories sur le patrimoine (Camillo Boito, Gustavo Giovannoni, Cesare Brandi):

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Suivant les cinq point relatifs à la recherche et l’étude du bâtiment au sein d’une reconversion de Gustavo Giovannoni (expliqué dans le scénario « enjeu du patrimoine ») j’insiste sur la nécessité d’avoir une base solide de recherche et de documentation sur laquelle établir le travail sur les bâtiments. Etant donné sa valeur cognitive expliquée précédemment, il est essentiel de recenser chaque partie et chaque technique de construction particulière trouvée dans les bâtiments. Garder un maximum de l’existant, particulièrement les bâtiments dont on reconnait les qualités architecturales et spatiales, excepté ci celui-ci a subi des dégradations au point de n’être plus récupérable. Si le concept de tratteggio de Cesare Brandi (première moitié du 20ème siècle) s’applique plutôt à la peinture, l’idée de base n’en est pas moins applicable aux bâtiments. « Toute intervention doit à la fois se distinguer des parties originales, mais aussi s’intégrer à l’œuvre ». Cette idée rejoint celle de Camillo Boito (fin 19è, début 20ème siècle) qui préconise une restauration qui doit être facilement identifiable. De la même manière, Gustavo Giovannoni (fin 19è, début 20ème siècle) qui va amener l’idée de patrimoine urbain. « Pour Gustavo Giovannoni, l’utilisation des tissus urbains historiques est autorisée à condition qu’on y implante des activités compatibles avec leur morphologie. La ville historique avec sa convivialité, la richesse de ses valeurs d’art et d’histoire et sa fonction pédagogique pour l’invention de nouvelles configurations spatiales. Ainsi il prône une nouvelle urbanité. »87. Ce point insiste donc sur la nécessité de conserver et restaurer l’existant autant que d’y intégrer une nouvelle activité de manière respectueuse de l’existant. Pour répondre aux besoins d’espaces flexibles la manière la plus appropriée est de nettoyer et sécuriser l’espace pour le rendre utilisable et limiter un maximum les nouvelles constructions. Si celles-ci sont essentielles à l’utilisation d’un espace spécifique, je propose de continuer sur la proposition du bureau Empreinte d’Architecte et de construire des structures toujours indépendantes de celles existantes. Se pose alors la question des matériaux : d’une part pour les actions de restauration du bâtiment et d’autre part pour les structures nouvelles. La restauration doit donc se faire de manière clairement distinguable à l’aide de matériaux et de couleurs qui permettent de reformer les ensembles tout en restant discret et au second plan vis-à-vis de l’existant. En revanche les structures nouvelles de la reconversion doivent avoir la même importance visuelle que l’existant, ni plus ni moins. Celles-ci doivent pour autant être fabriquées dans des matériaux distinguables, et utiliser un artisanat de l’époque actuelle qui ne cherche pas à se confondre avec la décoration dessinée par George Ernest Desmarets et fabriquée avec des techniques d’artisanat qui ne sont plus toujours reproductibles. Ainsi on rejoint l’article cinq de la charte de Venise (1964) sur l’affectation du patrimoine : « encore faut-il qu’une telle affectation n’altère pas l’ordonnance ou le décor des édifices ». Que ce soit en termes de matériaux ou d’échelle il est donc important de ne pas troubler les édifices existant et la représentation d’ensemble formé par ceux-ci.

Ibid., p60.

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Conclusion

Les enjeux multiples du projet des anciens abattoirs que questionnent ce mémoire s’encrent dans un contexte particulier puisqu’actuellement le Maroc connait une phase de changements politiques, de renouveau urbain et de l’envie, à la fois des acteurs qui font bouger la ville mais aussi de l’ensemble de la population marocaine, de développements nouveaux et d’ouverture vers des horizons parfois difficilement accessibles actuellement. Le projet de mémoire que je propose prend donc tout son sens dans ce contexte puisqu’il tend à définir si le projet de « fabrique culturelle » est en mesure de faire valoir une valeur patrimoniale – et tout ce qui l’entoure (métiers du patrimoine, artisanat, etc.) - peu reconnue actuellement au Maroc et questionne les enjeux à la fois urbains, architecturaux, sociaux et économiques qu’il pourrait engendrer. Enfin la conclusion de ce mémoire à pour but de définir la valeur d’exemple et de projet « pilote » pour des questions de patrimoine, de reconversion, de culture et d’enjeu social que peut avoir ce projet pour Casablanca et le Maroc en général à travers les recherches et scénarios mis en place et particulièrement l’esquisse personnelle proposée pour ce projet. Je propose de tirer des conclusions sous forme de tableau afin de vérifier cette hypothèse.

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Patrimoine

Respect de l’authenticit é du patrimoine

Extension de la conscience du patrimoine au Maroc, qui engloberait l’architectur e et les centres historiques coloniaux et ne plus être seulement focalisée sur les médinas comme Fès, …

Expression d’un projet en cours : situation actuelle Aujourd’hui plusieurs initiatives de petits projets ne tiennent pas compte de la valeur de patrimoine et détériorent le site. Des associations (comme Casamemoire) tentent de sensibiliser la population par des actions dans la ville, des mobilisations contre la destruction de bâtiments, des tables rondes, etc.

Expression de la valeur d’exemple du projet Projet reconnu pour sa qualité de reconversion dans le respect des matériaux et des formes architecturale et la mise en valeur du projet de 1922. Réelle « appropriation » par la population d’un projet qui n’est plus considéré comme « colonial ». Plus considéré comme une frontière à l’identité marocaine.

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Exemples de mesures à prendre

1°. Etude historique et architecturale préalable à l’intervention sur les bâtiments dans les détails. 2°. Développer une méthodologie critique du projet de reconversion du patrimoine adaptée au bâtiment. Sensibilisation intensive par une campagne qui touche l’ensemble de la population et surtout les acteurs politiques et économiques de la ville. Permettre une relecture plurielle de l’histoire du Maroc.

Risques pour les abattoirs et la ville Mauvaise reconversio n: disparition d’éléments d’architectu re originaux et de techniques propres au XXème siècle.


Reconversion

« Marketing urbain » : renouvellement d’image que la reconversion des abattoirs peut générer sur le la ville

Adaptation du site à des usages actuels

Expression d’un projet en cours : situation actuelle Petites interventions artistiques de différents groupes dans la ville. Proposition de Casamemoire d’afficher des informations sur les bâtiments de la ville dans les futurs arrêts de tram.

Expression de la valeur d’exemple du projet

Exemples de mesures à prendre

Risques pour les abattoirs et la ville

Réalité de la ville qui change : un pôle culturel qui a une influence sur la vision de ville commerciale et industrielle.

Un mauvais projet ou projet qui ne « prend pas » pourrait au contraire amener une image négative des capacités de la ville.

Activités régulières mais ponctuelles dans les anciens abattoirs tels qu’ils sont aujourd’hui (sans infrastructures appropriées, etc.).

Le site est inclus dans la société et dans les quartiers alentours et est pleinement utilisé pour sa nouvelle affectation.

Objectiver la ville pour améliorer la perception que la population a de celle-ci à l’aide d’actions dispersées dans la ville (panneaux sur chantiers pour informer sur les travaux en cours, affiches dans la ville et dans les transports en commun pour communiquer les transformations dans la ville, etc.). Proposer des activités qui touchent un public très varié. Intégrer l’existant, comme les grillades dans le nouveau projet.

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Culture

Dynamique culturelle nouvelle

Point de vue social : Liens entre les classes et liberté d’expression

Expression d’un projet en cours : situation actuelle Sensibilisation des acteurs politiques, économiques et de la population de ce que pourrait leur apporter cette nouvelle dynamique.

Expression de la valeur d’exemple du projet Dynamique culturelle qui prend place par des activités de plus en plus présentes dans la ville. Développement de la ville (cf. scénario « enjeux de l’échelle urbaine ») qui enveloppe cette nouvelle dynamique. Rencontre des différentes classes sociales lors d’activités communes qui permettent de partager un moment.

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Exemples de mesures à prendre

Risques pour les abattoirs et la ville Dynamique qui mènerait à la gentrification du quartier et ne serait plus accessible à la population actuelle.

Proposer un programme propice à ces rencontres : accessibles à différentes classes sociales et attractives pour tous. Proposer des programmes qui attirent des populations d’intérêts variées. Créer des espaces « informels » où la rencontre peut avoir lieu sans être planifiée. Mettre à disposition des lieux d’expression totalement ouverts et libres sans restrictions. Apprendre à tous à faire usage de l’art à des fins d’expression de soi-même.


Expression d’un projet en cours : situation actuelle La vision d’acteurs qui ont un lien complètement différent avec le site (ancien ouvrier, marchand, architecte, etc.) permettent d’avoir une vision d’ensemble du projet.

Expression de la valeur d’exemple du projet

Exemples de mesures à prendre

Risques pour les abattoirs et la ville

Montrer aux acteurs politiques et à la population que la mobilisation de nombreuses personnes est possible et permet de réaliser des projets tels que celuici.

Anticiper les risques liés à une mauvaise organisation entre les différents acteurs. Pouvoir avancer sans qu’un désaccord entre les acteurs ne bloque l’avancement du projet.

Démarche globale

Aujourd’hui essentiellement des acteurs liés directement au site et au patrimoine agissent en faveur du projet auprès des différentes autorités.

Nouveaux métiers et savoirs théoriques

Formation postgraduat + formation à l’ENA. Apparition d’ateliers d’artisans spécialisés dans le patrimoine. Intérêt qui débute de la part d’entrepreneurs et d’agences immobilières pour le patrimoine.

Interactions entre le projet et différents aspect de la ville (organisations culturelles, transports en commun, aspects politique, etc.) et qui touchent des personnes qui ne sont pas directement liées au patrimoine et à la culture. Formations et écoles techniques liés aux métiers du patrimoine (artisanat, études historiques de bâtiments, etc.) ainsi qu’aux métiers liés à l’art du spectacle (techniciens son et lumière, …).

Travailler avec une équipe Une équipe pluridisciplinaire que ça soit dans l’étude du projet, la mise en place de celui-ci et dans son fonctionnement futur. Organiser des rencontres avec la population (ou toute autre personne voulant y participer) afin d’ouvrir le débat à un public large. Ces rencontres doivent avoir un poids dans les décisions prises pour le projet et être organisées dans ce but. Travailler avec des acteurs impliqués différemment dans le projet (artistes, architectes, politiciens, urbanistes, anthropologues, habitant de Casablanca, etc.). Organiser des rencontres entre ces différents acteurs pour mettre des idées en communs.

Méthodologie du projet

Approche participative

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Si une démarche globale n’est pas entreprise on risque de voir le projet ne pas aboutir car il n’aura pas tenu compte d’aspects essentiels.


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Il me parait aujourd’hui évident que si le projet des anciens abattoirs est un succès, il peut avoir un impact majeur sur le développement de la ville et la mise en valeur du patrimoine construit marocain, vu l’ampleur de la mobilisation et du nombre de personnes qu’il pourrait toucher. La réussite d’un tel projet permettrait dans un premier cas d’apporter un élément majeur nouveau à la ville, mais aussi de faire passer un message, de montrer, autant aux autorités qu’à la population, la force de la mobilisation de nombreux acteurs et des répercutions qu’elle peut engendrer. Dans le premier cas le projet permettrait de révéler à la population l’intérêt de la reconversion d’un bâtiment qui a aujourd’hui une connotation négative, de dévoiler ses qualités multiples et de montrer l’importance des métiers liés au patrimoine et de la sauvegarde de l’artisanat. Un tel projet donnerait tout son sens aux premiers pas vers la conscientisation du patrimoine qui prend forme avec l’apparition de formations en matière de patrimoine à l’ENA et de formations post-graduat pour les architectes, les actions effectuées par Casamemoire, etc. D’autre part il permettrait à Casablanca de développer son potentiel culturel et artistique sans le limiter ni pour des raisons politiques, ni par un manque d’espace qui lui est dédié. Au contraire lui donner une liberté qui aujourd’hui semble restreinte. Au terme de ce mémoire, je peux donc affirmer que le projet des anciens abattoirs pourrait être à la fois le levier d’un renouveau urbain et culturel pour la commune de Hay Mohammadi, pour la ville de Casablanca et toute sa population, ainsi qu’un « projet pilote » pour Casablanca et le Maroc, dont la valeur d’exemple est démontrée dans ce mémoire et expliquée dans le paragraphe ci-contre. Ce mémoire m’a permis de mesurer l’ampleur du travail que requiert un projet de cette envergure et la nécessité d’avoir une vue d’ensemble sur les différents enjeux pour mener à la réussite une telle entreprise; et surtout la collaboration entre des acteurs multiples dont les connaissances et les savoir-faire sont essentiels pour donner toutes ses chances au projet d’aboutir. Pour finir, la réussite d’un tel projet ouvrirait de nombreuses portes vers la réhabilitation et la reconversion d’innombrables bâtiments et monuments casablancais dont aujourd’hui le destin est loin d’être certain. C’est pour cela qu’il me semble aujourd’hui essentiel de soutenir chaque pas, chaque action, entrepris par Casamemoire et bien d’autres, et particulièrement des projets avec des ambitions tels que ceux de la « fabrique culturelle ».

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Annexes

Interviews lors de mes voyages à Casablanca en Octobre 2010 et Avril 2011

Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat. Octobre 2010. Les gens ne sont pas conscient de ce qu’il y a comme archi dans la ville. Certains nous traitent même de pro-coloniaux, y’a donc un problème avec cette double culture… d’identité, c’est pas à nous, il faut faire sauter… La culture est politisée. A partir des attentats islamistes à la bombe en 2003 de gens qui venaient de sidi moumoune ou les islamistes ont pris le dessus… Y’a pas de politique culturel. A casa y’a 9 centres culturel et juste 1 qui fonctionne un peu. Les autres c’est juste des fonctionnaires bornés qui empêchent d’entrer (besoin d’autorisation) alors que c’est censé être des espaces ouverts. En décembre 2008 la ville voulait reconvertir en fabrique culturelle et artistique. Les acteurs appelés aux ateliers de réflexion étaient des architectes, casamemoire et d’autres associations. En 2009 a été signée une convention entre la ville et casamemoire, qui était le résultat, l’aboutissement des réflexions. Un engagement de la ville à se porter sur la restauration. Et un engagement de casamemoire à porter la responsabilité juridique de ce qui s’y passe, endosser toutes les responsabilités. Normalement c’était pour un an en attendant une structure indépendante pour une durée plus longue (casamemoire + 13 associations). Le budget était de 2 millons de Dh/an. Aujourd’hui les abattoirs ont encore un statut d’abattoirs et pas d’espace public. Il faut donc une mise à niveau et un financement pour les activités. En Janvier-Avril : préparation des transculturelles (ouverture du projet). Les frigos ont été supprimés, les crochets à l’extérieur enlevés, campagne dans les quartiers pour ramener les gens. Quartier : quartier industriel des années ’50. A partir des année ’70 le quartier est rejetté, exclu car il y a un centre de détension. A l’ouverture tout Casa était là, complètement mixte. Après : tremplin des jeunes musiciens. Au bout d’un an le bilan est prêt pour être resigner en juin 2009 les élections changent la donne. Le conseil de la ville et le maire sont réélus. Aujourd’hui c’est une situation illégale car le contrat n’a pas été ressigné. La ville est hésitante sur la domiciliation et la durée. La nouvelle convention veut sihner pour 6 ans et casamemoir veut la responsabilité pour 1 an mais pas plus. Idée : faire porter tous les projets d’artistes sur la réhabilitation. A casa il n’y a pas de lieu de répétition et de création

Il fallait resigner puisque on squatter dc la ville a été hésitante sur la domiciliation d’abord et deuxièmement sur la durée. Ah non on resigne une année. Troisième non on resigne ac casamemoire , pas avec ttes les associassions. Parceque que nn on fait pas confiance encore, c est une structure tte jeune sachant que les associations on travaillé ensembles. Casamémoire n’était que l’intermédiaire entre… Casamemoire existe depuis 15 ans, depuis 95. Mais ce n’est pas une assoc d’animation culturelle, c’est une association de sauvegarde du patrimoine architectural du XXeme siècle. Et si on est dans le projet des abattoirs c’est parce que c’est du patrimoine essentiellement, avant toute chose. Donc voila la ville machin machin… et c’est pas pour autant qu’on a arrêté de faire des activités mais de relancer la machine à chaque fois parce que par exemple y’avait a chaque fois casamemoire qui n’arrêtait pas de relancer le maire, le conseil de la ville et il faut resigner… entre temps il y a l’association des anciens fonctionnaires des abattoirs sachant que les abattoirs ne fonctionnent plus depuis fin 2002, qui vient de se réveiller et qui on réaménagé cet espace on faisait les cuirs, ils ont pris le premier étage et fermé le truc et en ont fait une salle de karaté ou de koungfou je sais pas trop et donc la ca craint on a pas de légitimité pour leur dire qu’est ce que vous faites. Si jamais on était là on va pas forcément leur dire foutez le camp mais trouver un compromis mais là c’est un rapport de force. On sait pas qui est derrière eux et nous on peut rien faire. Mais y’a pas moyen justement de tirer parti du fait que d’autres gens veulent aussi faire quelque chose de cet endroit ? Ben y’a déjà 13 associations qui veulent faire quelque chose de cet endroit ! Et on a beau montrer toute la bonne foi du monde, et tout était gratuit, ca c’est très important sur toute l’année toutes les activités organisées aux abattoirs étaient gratuite et ouvertes au public. Et à chaque fois on n’hésitait pas à aller vers les gens du quartier, à faire des campagnes pour dire venez il y a des choses pour vous ! Et on a aussi impliqué les restaurateurs qui sont en face, par exemple pendant les évènements au lieu de faire appel à des traiteurs pour les ??? ben on donnait des bons aux artistes et au staff technique et ils allaient manger en face et après du coup ils sont super contant d’avoir du monde dedans et à chaque fois ils nous demandent « et est ce qu’il y a encore un évènement » et tout et tout et y’a un projet de refaire les commerces, les mechuis là ! (rire) oui, et donc on leur a proposé de mettre par exemple les bâches des évènements et donc chacun disait « moi je veux les transculturelles, moi je veux les tremplins… » et c’est super sympa, oui, sauf que ca a bloqué. Donc là aujourd’hui ou hier, je ne sais pas, la convention passait en commission au conseil de la ville. La nouvelle convention qui fait 6 ans au moins, si c’est

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pas 10 ans. Parce que pour signer 1 an ca vaut pas la peine. Et puis même si c’est signé avec casamemoire, on voudrait que dans la clause il y ait, par exemple on signe pour 6 ans, casamemoire prend la responsabilité 1 année et ensuite elle passe le relai à la structure qui est là quoi. Il faut juste qu’on ait la domiciliation pour les abattoirs et tout. Oui pour relancer le truc… Oui et donc pour le projet architectural qui est déjà lancé la ville a eu l’idée de faire appel à un bureau d’étude étranger. A Amsterdam ? Oui. Bon Amsterdam est partenaire du projet depuis le début, certes, mais euh je vais dire qu’on a toutes les compétances requises pour ça dans le collectif qui était impliqué depuis le début. Je ne vois pas comment un bureau d’étude qui n’était même pas là qui ne sait pas comment ca se passe, qui ne sait pas comment ça fonctionne, ni si, enfin, on ne sait pas si les trucs qu’ils vont faire seront adapté aux… Pour nous aider d’accord, y faut des spécialistes, mais pour faire des propositions y’a pas mieux que l’équipe qui était là ! C’est logique, on était là 1 an. Y’a des urbanistes, y’a des sociologues, y’a des architectes, y’a des artistes, donc toutes sortes de propositions mais… Et c’est qui qui a voulu aller chercher Amsterdam ? C’est la ville. Mais donc ils sont quand même dans une logique ou ils disent oui mais avec d’autres gens et en même temps non on veut pas du projet ? Ca c’est politique (rires) et ça m’embrouille, et ca me dépasse . Et donc quand on a commencé à écrire le projet 2010 avec l’ensemble des collectifs qui est censé porter le projet après on a voulu justement faire de la réhabilitation du lieu la ligne directive de tous les projets qui auront lieu dans les abattoirs en 2010. C’est-à-dire que l’ensemble des artistes pour pas gaspiller l’énergie pour pas s’éparpiller dans l’espace, que tous les projets portent sur la réhabilitation. Que tous les artistes, quelle que soit leur spécialité travaillent sur ça. Par exemple, je sais pas moi, les designers font des bancs pour l’abattoir, les plasticiens font des choses qu’on va garder pour après, donc ca c’est dans le projet 2010 que je vais d’ailleurs vous donner. Ben au début y’avait des jeunes qui faisaient du skate, tous les we, et y’avait des jeunes qui répétaient, parce que il n’y a pas de lieu de répétition à Casa, y’a pas de lieu de création. D’ailleurs on veut en faire un lieu de création, de diffusion de formation, enfin tout ça est dans le projet que je vais vous passer. Et donc les jeunes se ramenaient de tout Casa, ils venaient de l’autre côté de la ville. Ils venaient avec leur matos parce que ils avaient juste besoin d’espace. C’est une ambiance de fou ! Ouais parce que tu avais tous les genres de groupes qui squattent un ptit coin, qui répettent samedi dimanche. Mais en ce moment c’est pas, c’est plus possible puisque… Ouais c’est plus possible puisque vous êtes en situation de squatteurs… Ben illégale d’abord et ensuite on endosse les responsabilités et le cercle juridique des abattoirs n’est pas encore espace public. C’est un lieu d’abattage donc on est pas en situation d’acceuillir du monde sachant que ca s’effrite hein, y’a déjà des trucs qui tombent. C’est un peu insensé en fait comme situation. Moi je croyais que c’était officiel, que c’était un centre culturel, que y’avait eu une cérémonie pour ouvrir… je ne sais pas c’est ce que j’avais compris en lisant les PDF et tout ça mais… Donc là vous attendez la réponse de la décision de… Oui, là je pense qu’on ne va pas attendre longtemps. Mais euh… y’a eu aussi le passage du roi à Casa qui a fait un peu bouger les choses en notre faveur puisqu’il est venu ici pour euh… un peu superviser tout ce qu’il se passe puisque en ce moment c’est le grand chantier à Casa, y’a le tram… donc ça a joué un peu en notre faveur, un peu… Mais je saurai ce qu’il en sera dans très peu de temps.

Est-ce que les gens du quartier adhèrent et réclament… ? Les gens du quartier adhèrent et réclament énormément parce qu’il y a un vide incroyable. Et forcément ils demandent. Lorsque tu propose des choses et qu’il n’y a rien, forcément les gens viennent vers toi. Euh par exemple pendant la fête de la musique, y’avait l’orchestre philharmonique sur la place Mahmoud V, c’était de la musique classique, et tu avais des gens qui dansaient, tu vois, les gens du quartier populaire, qui n’ont pas forcément la culture de la musique classique mais qui viennent découvrir et ca c’est génial ! Donc dès que tu proposes des choses forcément tu as un retour. Et là pour les abattoirs y’avait pas un événement où y’avait moins de 2000 personnes. Ca dépend de la taille des évènements mais par exemple pour le tremplin des jeunes musiciens il y avait 30000 personnes. On avait même peur un certain moment de est-ce que ca va tenir (rires). Mais ce matin le directeur de l’école de Casa m’a dit qu’ils avaient des projets pour rénover quelques espaces de… Oui parce qu’il y a des espaces qui menacent de ruine de toute façon. Par exemple les frigos sont irrécupérables pratiquement parce qu’il y a eu u incendie en 2005. Qui a duré 10 jours. Avec la présence des pompiers et tout puisqu’il y a du liège dedans et tout. Du coup y’a des espaces qui vont sauter. C’est un espace central en fait les frigos. Mais pour le reste c’est récupérable facilement il faut juste s’y prendre maintenant ; parce que la différence là avec il y a 1 an est très très notable. Et donc là l’hiver arrive, encore la pluie, le truc de… l’étanchéité est catastrophique. Quand il pleut il pleut dedans, ah oui. Donc y’a des gros travaux à faire au niveau des bâtiments. Oui et surtout que c’est un truc énorme. C’est 5,5 ha donc euh… Mais avec comme but de conserver un maximum… Oui un maximum bien sûr. Le tout. Faire sauter ce qui doit sauter mais garder tout l’espace. Parce qu’il y a eu des propositions de projets pour les abattoirs, y’a eu énormément de propositions de projet pour les abattoirs. Y’a eu des propositions de l’habitat social, y’a eu l’université américaine… Mais en conservant les bâtiments des abattoirs ? Ah non non non, les projets, les plaquettes de projets enfin on gardait un petit arc et puis derrière tu avais un truc monstrueux en verre, ouais… Parce que après quand tu te ballade un peu dans le quartier y’en a plein des friches… Oui oui, parce que là bàs, aux roches noires, parce que c’était le quartier industriel, le quartier Est de la ville c’est le quartier industriel de Casablanca. Là-bas aux roches noires, à « l’hajdirond » aussi tout autour y’a énormément des friches industrielles, des bijoux, des joyaux qui sont en train de sauter actuellement pour de l’habitat social ou de haut standing ou très haut standing comme on en voit qu’à Casa ! On voit aussi quand on va se balader vers Anfa, ca change hein ! Hier j ai été jusqu’au zoo parce que sur la photo aérienne y’a comme une grande langue verte mais en fait on voit rien. Puis après comme il me restait du temps avec le taxi il m’a emmené complètement de l’autre côté à Anfa et alors là t’es comme ca waaa d’accord ! Oui, par contre la ville change, évolue, et par contre il serait bien de conserver ce qu’on a déjà dans le centre ville qui est juste exceptionnel. Enfin tout ce qui a été construit des années 10 aux années 50 c’est, en terme et de qualité et de quantité,… Et donc ca les gens n’en sont pas conscients. Les Casablancais s’en foutent un peu… Oh pas tout à fait… Pas tous ! Mais y’a un gros problème, ben ce que tu as vu c’est que des gens concernés de près j’imagine. Non, même les gens, certains que tu croises dans la rue, qui t’abordent vont te parler, te dire ah ben là y’a des choses à voir, euh tu dis que tu travailles plus ou

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moins en architecture et ils vont te dire ah ben y’a ça ou ça. Après ben y’en a bon ben… Non pour la plupart, enfin nous qui travaillons avec les gens sur le terrain, les gens ne sont pas conscients de la valeur de… et y’en a même qui disent qu’on est pro colonial, double culture, des problèmes d’identité, non ça s’est pas à nous ca ne nous appartient pas, il faut faire sauter ca. On préfère les choses clinquantes neuves… C’est dommage que les friches soient détruites parce qu’elles pourraient prendre partie dans un plus grand projet là… Mais il faudrait d’abord que… il faut absolument résoudre le problème des abattoirs parce que si jamais on réussi cette expérience je pense qu’après la machine va rouler et y’a moyen de reprendre l’expérience et de la réadapter à beaucoup de villes au Maroc. Parce que y a plusieurs bâtiments comme les abattoirs dans différents villes du Maroc qui sont en train de pourrir alors que les jeunes ont besoin d’espace. Par exemple à l’Arrache, une ville au nord, y’a une espèce de forteresse qui servait de déchetterie à la ville. Donc la ville allait mettre les déchets dans cette forteresse. Et les gens, les jeunes de la ville ont pris l’initiative et sont allés nettoyer la forteresse. Ca leur a pris des semaines, parce que y’avait quoi… 2 mètres d’ordures donc ils ont nettoyé le truc et ont commencé à investir l’espace, enfin ils squattaient quoi, c’était une déchetterie. Et ils faisaient de la musique, ils se rencontraient là-bas, ca s’est fait de façon spontanée. Sauf que là c’est plus possible parce que la ville… elle ne veut pas. Mais est-ce qu’ils ont peur de s’engager ou… ? Je ne sais pas. Je ne sais pas quels sont les enjeux mais ici de toute façon la culture est politisée. Par exemple depuis 2003 à Casa … d’abord y’a pas de politique culturelle d’abord, pour qu’on soit très clair. On a des centres culturels, juste à Casa on en a 9 des centres culturels gérés par la ville. Y’en a juste un qui travaille un peu. Le reste pour la plupart ils sont fermés, c’est des prisons. Y’a des fonctionnaires bornés qui travaillent dedans. Si tu veux juste rentrer, parce que par exemple moi quand j’ai fait mon mémoire j’ai fait le tour de ces centres culturels pour faire des photos et pour dire voilà : l’état des centres culturels et ce n’est pas ce qu’on veut. Donc je me ramenais et pas moyen de rentrer quoi. Dans un centre culturel ! C’est censé être ouvert. Y’a une bibliothèque dedans, y’a une galerie, y’a des salles de danse, de musique,… Ah non il faut une autorisation, ah non il faut truc… Donc comment tu veux que les jeunes aillent faire de la musique dedans ou… Et il n’y a pas d’autres centres culturels qui seraient gérés par des associations euh… Ben ca c’est le projet qu’on propose justement ! C’est que la ville commence à léguer des bailles à des associations qui travaillent, qui sont très actives à Casablanca, qui n’ont pas d’espaces pour elles. Enfin c’est un contrat qui se fait. Ca se fait partout. Puisque la ville n’est pas capable de gérer des lieux de cultures et que ces associations de travail n’ont pas de lieu pour le faire, donc le problème est résolu. C’est très clair, l’équation est très claire. Mais je pense que ca fait peur à la ville, je ne sais pas pourquoi. Donc je disais que la culture était politisée parce que à partie de 2003 à partir des attentats du 16 mai 2003 qui se sont passés ici à Casablanca, je sais pas si vous en avez une idée ou pas, y’a eu des attentas dans différents endroits à Casablanca, des attentas islamistes, à la bombe, donc à la Casa d’España, c’est ici juste à côté, à l’hotel Farrah, enfin dans pas mal d’espces, des bars et tout. Et donc à partir de ce moment, et enfin ces intégristes venaient d’un quartier qui est assez loin de Hai Mehdi mais c’est un bidonville, c’est Sidi Moumoune et les gens n’ont rien à faire, il se passe rien donc c’est l’islamisme qui a pris le dessus forcément. Donc à partir de 2003, la ville, le gouvernement a commencé à s’intéresser à la culture. Et on a eu une floraison de festivals, ce qui explique les mawazines, les festivals de Minervah… Cela dit c’est pas mal !

Oui mais c’est de la culture consommable. Mawazine coûte une forture ! Mais c’est incroyable ! En une semaine, y’a aucun festival au monde ou on fait venir tant de tête d’affiche. Y’a plus de têtes d’affiches que de… (rires). En fait je me trouvais là pour mon stage et tu regardes le programme et waww quoi !! Ben moi par exemple j’y vais pas à Mawazine parce que ca me révolte ! Alors que les gens du boulevard des jeunes musiciens, qui existe depuis 12 ans à Casa galèrent pour organiser chaque année le boulevard des jeunes musiciens qui réunit un nombre impressionnant de jeunes venus de tous les coins du Maroc. Mais là en fait ce n’est pas destiné à la même population j’ai l’impression. Parce que y’avait que des étrangers… Mais y’a aussi des Marocain et c’est ce qu’on veut mais… Mais justement tu disais que quand vous avez commencé les transculturelles y’avait des gens de partout de Casablanca mais est-ce que ca a continué après ou les gens sont venus une fois par curiosité ? Non ca continue justement. Les gens ont accroché. Y a forcément comme partout ceux qui n’ont pas adhéré et qui estiment que non, on a pas besoin de culture… D’ailleurs les gens qui disent ça ils venaient ! Par exemple on avait organisé une expo d’archi, qui était assez… spécialisée, très pointue comme expo. Et donc on était tout le temps là pour guider les gens. Parce que on ne pouvait pas circuler n’étant pas initié, on ne pouvait pas circuler tout seul et comprendre. Et du coup y’avait des gens qui venaient juste déjeuner en famille chez les petits restaurateurs d’en face et qui rentraient dans les abattoirs. Et on avait à discuter avec pas mal d’entre eux, y’en a qui disaient c’est bien et tout, c’est bien ce qu’il se passe aux abattoirs machin, et d’autres qui disent oui, je ne comprends pas, quand les abattoirs marchaient on pouvait manger ici, les gens travaillent, gagnaient leur vie, maintenant il se passe rien, alors on disait oui mais vous savez on a besoin de lieu de culture, parce que pour les jeunes et tout et tout. Oui mais ca ca rapporte pas d’argent. Ca veut dire qu’ils préféreraient que ca tombe en ruine, enfin parce que de toute façon l’activité qui était là… Oui, oui si on leur laissait le choix entre reprendre une activité culturelle dans les abattoirs et tout casser et mettre de l’habitat social par exemple y’a une minorité qui veut ca. Ben on ne peut pas non plus changer la mentalité des gens. Mais de façon générale y’a une adhésion au projet de reconversion, parce que à chaque fois qu’on organise des choses dedans y’a beaucoup de public. Et on a gardé la mixité pour tous les évenements. Et au début, parce que y’avait beaucoup de propositions pour les abattoirs ? Oui des investisseurs, des promoteurs… Mais la ville n’a quand même pas voulu de ces projets ? Non. C’était la ville qui a provoqué la reconversion des abattoirs. Mais après pour continuer, c’est galère… Donc je disais qu’à partir de 2003 il fallait absolument faire quelque chose pour occuper les jeunes. Ca pouvait plus continuer comme ca, et donc c’était les festivals et la formation Muhammed V a débloquer des sommes faramineuses d’argent pour débloquer tous les centres culturels de Casablanca. C’est très bien, on a remis a niveau pas mal de centres culturels de Casa d’un point de vue architectural et spatial, ceci étant, aucune vision budgétaire ni de fonctionnement. Qui est-ce qui va gérer ces lieux ? Est-ce qu’il y a des budgets prévus ? Non. Donc o refait les espaces, c’est très bien, mais après on en fait quoi ? Donc pour le moment c’est toujours rien mais c’est clean. Je vous propose si vous descendez, à la sortie du bâtiment vous tournez à gauche, puis la première à gauche. A une centaine de mètres y’a un centre culturel, « sidi bliot » il s’appelle. C’est juste en face de la CTM, la gare routière. Ben allez faire un

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tour. Déjà il a pas l’air d’un centre culturel, y’a des barreaux de fer partout. Il a récemment été fait mais côté programmation… Y’a rien ? Si il s’y passe des choses mais c’est très ponctuel… Oui les gens y vont uniquement s’ils savent qu’il y a un truc, s’ils ont un intérêt particulier… Voilà ; Mais si par exemple je suis jeune, j’ai une troupe de danse, de théatre, et je veux faire des choses dedans, je vais galérer. Alors qu’il n’y a pas de programmation… Y’a le théatre de casablanca, le théatre Mahmoud VI, qui ne marche pas du tout. C’est un théatre tout nouveau mais en terme de programmation y’a rien, y’a deux trucs par année… On a même pas envie d’y aller parce que c’est pas un espace… En fait la programmation c’est ce qu’il y a de plus important pour faire tourner… Oui forcément. Et on a avec nous des gens qui savent faire. On a par exemple à casamemoire le directeur technique on va dire des abattoirs qui se charge de tout ce qui est technique, qui est urbaniste. C’est Aadel Esaadani. (C’est Tarek ? Non Tarek est régisseur aux abattoirs). Mais Aadel Essahadani est urbaniste et scénographe aussi. Et il a confondé l’institut des arts et métiers à Perpignan parce qu’il était là-bas. Et donc il a formé des gens au métier du spectacle. Du coup plus pointu que lui en matière de programmation… Il est membre très actif de casamemoire. Justement quand on organisait des choses aux abattoirs c’était lui qui se chargeait de la coordination, des besoins en matière de sons, de lumière, de machin… Et donc des compétances comme ca, y’en a pas. Y’a beaucoup de gens qui travaillent à Casamemoire ? Euh, de facon permanante y’a moi et Laure et Tarih. Moi je suis salariée à mi-temps à casamemoire. Laure elle est à plein temps. Tarih il est à mi-temps aux abattoirs aussi. Mais les autres c’est tous des bénévols. Et Laure elle fait quoi ? Laure elle gère tout ce qui est… un peu moins dans les abattoirs parce qu’on ne travaille pas que sur les abattoirs. On a un projet avec euromed (je sais pas si Roméo t’en as parlé, il est d’ailleurs chef du projet, mutual héritage). C’est dans ce cadre que j’ai été embauchée à Casamemoire. Parce qu’au début j’étais bénévole aussi. Donc c’est un projet qui s’étale sur trois ans, où il y a beaucoup de choses à faire, par exemple le guide architectural de casablanca parce qu’il n’y en a pas, le dossier technique d’insciption du centre ville au patrimoine international de l’UNESCO, l’inventaire de Casablanca,… Et là vous êtes que sur Casablanca ? Ben oui. Parce qu’il me semblait que Roméo travaillait sur tout ce qui est Nord africain, plusieurs villes… Oui mais nous sommes les partenaires marocains. Parce que dans le projet mutual héritage, c’est l’architecture moderne dans la méditerranée. Donc y’a plusieurs partenaires. Casamemoire est le partenaire marocain avec l’école nationale d’architecture, et y’a par exemple l’ASM, l’association de la sauvegarde de la medhinah à Tunis, y’a Eriscape en Italie, il y a Tours en France, y’a les palestiniens Harouah, donc y’a pas mal d’autres partenaires, c’est pour ca qu’il fait le tour dans tous les sens. Mais il y avait une première formation à Fès je crois ? Y’avait une première formation à Fès, une deuxième à rabat, une troisième en Palestine qu’on a raté pour des problèmes de visa, une quatrième à Tunis, la semaine prochaine y’en a une autre en Palestine, mais on attend toujours nos visas qu’on a demandé, ca fait 3 mois, donc je pense que c’est raté pour cette fois encore. Y’en a une autre en novembre à Rabat et y’en une autre a Tunis en février encore. Agence urbaine de Casa  archives.

Demander adresse mail du mec qui s’est chargé des inteview des gens qui ont travaillé dans les abattoirs. Deuxième enregistrement : Je vous montre juste quelques photos du tremplin. Ca s’est quand tu rentres, Tu vois les gens comme ils sont pour venir aux abattoirs. Et tout le monde est habillé comme ça, s’est vraiment un espace de liberté, tout le monde se déguise pour venir. Et ils le font à la porte ; Ils viennent habillés normalement et après ils se changent. Comme quoi ca montre qu’ils ont vraiment envie d’avoir des espaces comme ça. Et du coup au niveau sécurité comment ca se passe ? Y’a des gens engagés en permanance, y’en à 2. Jacqueline Habuchan : fondatrice casamemoire. Discussion dans le taxi avec le graphiste qui travaille pour l’EAC : « C’est marrant on est passé d’un endroit sanglant à un projet de culture urbaine à la sauce marocaine ». « On pouvait dessiner partout, d’ailleurs tu verras les murs remplis de tags ».

Réunion d’artistes autour du thème «art contemporain et politique». 17 avril 2011. C’est une réunion d’artistes dans le cadre d’un forum pour tout ce qui se passe actuellement au niveau politique. C’est pour faire un projet « art contemporain et politique ». Pour un changement. On est là pour ça. Pour que ca ait lieu et que ce soit possible. Avec tous les changements qui se font actuellement dans le monde arabe, il faut que l’art contemporain ait son poids, sinon ça ne sert à rien. kenza : je suis dans la commission de communication, dans le volet artistique. On est là aujourd’hui pour essayer de s’organiser, pour réfléchir ensemble sur les actions par rapport à l’art et par rapport à ce qui se passe actuellement. Dans le changement comment en tant qu’artiste on peut intervenir dans un espace de la ville, les espaces directement en relation avec les gens. L’art a toujours été un moyen de contestation, un outil de travail exceptionnel pour échanger avec les autres, je pense qu’on pourait trouver des manières et des façons de faire par rapport à ce que chacun de nous veut dire. Je pense que l’art contemporain c’est vraiment le moment pour les artistes contemporains d’être présents. Parce que l’art contemporain, lorsqu’il est né, il est né d’abord pour casser les normes, pour essayer de choquer, de stimuler, de casser les repaires existants, de poser des questions politiques puisqu’ils cassent les valeurss connues, et aujourd’hui les artistes marocains ont une occasion d’être présents dans un moment qui nous appartient à tous. Et ce ne serait pas normal d’être dispersé, c’est pour ça que c’est important de nous réunir, réunir nos forces, d’unir les gens dans ce qu’ils ont à dire. Travailler ensemble soit par des petites actions, soit par une action qui pourrait nous réunir tous à un certain moment. Je pense qu’il faudrait qu’on travaille par des axes de travail. La liste est ouverte. Arts plastiques, de la scène, la musique, l’écriture, Il n’appartient à personne de décider quelque chose, ca doit être des décisions prises par tout le monde. Il faudra qu’on se coordonner pour les différentes actions. Excusez-moi parce que je suis un peu émue, habituellement on dit toujours qu’on remercie le 20 février. Moi je vais le dire à la fin parce que je voudrais vraiment dire un grand grand grand merci de nous avoir donné l’occasion d’être là, de pouvoir

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nous exprimer, de nous avoir donné quelque part de la vie, parce que on passe notre temps à subir en fait, on ne parle pas, et le fait d’être là et de sentir qu’il y a un espace qu’on va enfin pourvoir créer pour réagir eh bien ca nous donne largement de la vie. Moi je pense aussi que le 20 février doit nous pousser à faire des arts urbains. Kenza, artiste plasticienne. Est-ce que on voudrait être en relation avec le mouvement du 20 février ? Etre le mouvement artistique du 20 février ? Alors il faut se mettre en relation. Est-ce que quelqu’un peut se mettre en relation entre le forum et le mvmt ? Si on fait une grande manifestation on doit la programmer dans un but bien précis, pour faire pression, pour sensibiliser. Casa est un lieu idéal pour l’espace, mais on peut avoir des actions mobiles… ??? EN ARABE. Il faut lancer un nouveau mouvement pour créer un mouvement important ds l’histoire. On n’a jamais eu de musée. On n’a jamais eu un lieu réservé pour l’art. Et si on considère la revue souffle comme un espace de débat politique, on ne peut pas ne pas le considérer comme ca. Et comme il n’y avt pas de lieu pour l’art on l’a insérer dans ses pages. Et donc ca faisait un peu partie du débat politique à l’intérieur de tous les numéros de souffle. Donc voila une dimension qui comme on n’a jamais eu de musée on va prouver qu’il y a eu des possibilités imaginaires comme ca pour faire intégrer l’art pour qu’il fasse partie des expressions revendicatives… (Discussion sur les différents arts) Le débat des années ’60 c’est décoloniser la peinture, la sculpture,… Aujourd’hui l’artiste il sera plus là juste pour être là, il sera subversif, parce qu’on a d’autres moyens : l’installation, la performance, …

Table ronde sur le thème « métiers d’art et patrimoine » à la rotonde, parc de la ligue arabe le 17 avril 2011. Intervenants : Abderrahim Sijelmassi (architecte), Alia Bekkari (architecte du patrimoine), Hakim Cherkaoui (architecte, directeur de l’ENA) ,Mohamed Bouazzaoui (entrepreneur spécialisé en réhabilitation des monuments historiques), Said Guihia (designer et professeur à l’école des beaux-arts de Casablanca), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM). Q ? de la réunion : après avoir réfléchi sur le patrimoine, on s’est rendu compte qu’on a très peu de personnes à interviewer qui ont un savoir faire, qui réalisent les choses dans les règles de l’art, très peu de réalisations à montrer. Bcp de manque, de cri d’alarme, bcp de personnes qui veulent dire qu’on ne peut pas détruire les choses, mais très peu de choses qui finissent positivement. En revanche dans les pays étranger, en Espagne notamment et dans les pays voisins, des belles réalisations st svt faites par des artisans et entrepreneurs marocains, au-delà des frontières. Donc comment faire aujourd’hui en pensant et en réfléchissant au fait que la sensibilisation est ds les esprits (résultats journées du P), cmt réfléchir pr que demain, parce que les politiques et les collectivités locales réaliseront qu’il faut restaurer, quels sont les hommes qui ont le savoir faire pr réaliser dans les règles de l’art.

Alia Bekkari: Architecte du P, enseignante, master en « P et métiers du P » à l’ENA. Qu’est-ce que la notion de P au Maroc ? Je fais partie de la première promotion des architectes du P au Maroc, alors qu’en France elle existe depuis 1887. Ms le problème au Maroc est que nous avons une minorité d’architectes, mais tout ce qui accompagne nous n’avons pas. Des bureaux spécialisés dans le domaine, d’entreprise spécialisée… Quand nous voulons rénover des bâtiments nous avons des problèmes parce que lorsqu’on fait un appel d’offre, les cahiers de charges ne sont pas adaptés à ces types de constructions, de réhabilitations. Une entreprise qui ne cherche que le profit ne serait pas intéressée par ce type de travail. Par exemple les gravats à transporter : le cout est multiplié par 10 lorsqu’il s’agit de réhabilitation en tissu médinal. En + le savoir faire est au niveau de la classe des maçons et pas au niveau des grosses entreprises. Et ces gens-là n’ont pas la classification donc il faut solutionner dans les marchés de l’état. Et là le problème se pose. Est-ce que la réhabilitation doit se faire seulement au niveau des monuments que réhabilite l’état ou bien tout un chacun doit réhabiliter qui fait partie d’un tout, donc il y a aussi une sensibilisation à faire. Et ce côté Casamemoire aujourd’hui est très important et à communiquer à l’échelle nationale. Abderrahim Sijelmassi : Patrimoine et métiers d’art : Tout d’abord ce que je voudrais lancer comme proposition de description c’est, d’abord on ne va pas être dans le positif, forcément, il faut être critique et les solutions devraient invoquer des thèmes par lesquels une critique de la situation que prenait la richesse patrimoniale du Maroc impose. Cette observation elle concerne le P ou d’abord est s’impose par son évidence et sa pertinence, elle s’impose aussi par le silence qui est fait autour de la question du P. L’observation c’est que nous avons au Maroc un rapport au P qui relève + de la destruction que de la valorisation, que de l’exploitation pratique et ce rapport à l’analyser il remet en cause des phénomènes de disfonctionnement dans la perception que les gens ont de cette question de l’espace en général. Et le silence donne au terme P un sens + large. Il devient important de par son déploiement – P matériel, physique, visible – et puis P immatériel. On dilapide de manière multiforme : casser intentionnellement, la spéculation : des pents entiers de territoire st rongés par des constructions de « programme touristiques ». Mais ce sont des mastodontes de béton qui s’emparent de lieux chargés de sens et elles encombrent au point qu’elles deviennent irréversibles si l’on voulait corriger ce geste. C’est de la dilapidation honteuse. Mais on sait que ce qui anime l’économie dans ce pays, ce qui fait valeur ici c’est la spéculation immobilière et des villes succombent à ce phénomène (par ex Marrakech), des gens cherchent à découper en lambeaux la médina… Un troisième thème est l’inconscience, l’ignorance, on voit svt des attitudes quasiment barbares sur les monuments, objets… Les gens ne savent pas en particulier c’est qu’on ne peut prétendre à de la civilité, donc être dans la ville, en tant qu’urbanisé et civilisé si on ne tient pas compte de cet étant là. C’est une fabrication avec des éléments de la nature des hommes. Ainsi en est-il des villes, des champs, de la fabrication des choses en général. Pour mériter le vocal de civilisé, d’urbanisé, il faut s’inscrire dans la logique de l’observance de ce qui est légué de manière à dialoguer avec lui, agir avec et sur lui, dans un rapport non pas de domination ms d’intelligibilité et de sympathie, faire commerce ac ca, de façon à en extraire quelque chose d’autre, des séquences créatives, produire à son tour qq chose qui vient de loin ms qui tend vers un avenir. Celui-là même pr les générations futures pr faire du bien. Hors le bien ne peut se faire sans établir le lieu. Si on détruit le lieu chargé, on détruit le lien, le continuum.

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L’hôtel Lincoln est la seule expression de résistance au Maroc. Ca a été extrêmement dur de l’obtenir. Mohammed Bouazzaoui (23.09  en arabe) Entrepreneur spécialisé dans la réhabilitation des monuments historiques de Tétouan. Conviction. Travail avec municipalité. Anciens monuments espagnols. Réponse à appel d’offre. Dans le nord y’a bcp d’artisans. Travail de recherche sur cmt se faisaient les monuments avec des mélanges, des dosages corrects. Aussi des éléments décoratifs. Prend du temps, plusieurs jours. Ils maitrisaient le mélange difficilement  question de ventilation, chaleur  facades pas n’importe cmt. Carreaux trad : av tac cuivre. Auj différent  a eu impact sur reconversion. Problèmes d’échaffaudage. Ce savoir lui vient de partout, pas que des espagnols. Il devient très connu et maintenant les pts artisans viennent chez lui. Coute très cher. En angleterre on veut tout conserver. Ici il faut voir ce qui a de la valeur. Q ? de facadisme. Même si des bâtiments st très modestes pr les gens qui y habitent, il faut engager des pts montants pr les entretenir. Hakim Cherkaoui Architecte et directeur de l’ENA à Tétouan. Participe au salon de l’entreprise à l’école Hassanya des ingénieurs. Titulaire master en P et forme jeunes archis à Tétouan. Q ? à l’école : d’accord pour réhabilitation et restauration mais dans quel sens ? Si on revient à la notion de P dans les époques de l’école française ou anglaise on a des acceptations très différentes (33.50)… Français : conserver ce qui a de la valeur. Anglais : tout. Présentation d’un projet fait à l’école. Réhabilitation de deux façades + un espace vert. (35.00). Qu’est ce que réhabilitation ? Remettre dans l’état ou il était ou penser à la suite ? 4 axes sur lesquels ils ont travaillé (+ à 37.00) l’habitat, le monument et l’histoire du monument = typique à Tétouan avt l’influence de Fès, le choix des monuments à réhabiliter, le parcours dans la médina. Double questionnement : le savoir faire et le savoir. Qu’est-ce qu’on va réhabiliter, quelle est l’histoire du bâtiment, svt on se les pose pas. Est-ce qu’un P ce n’est qu’une enveloppe ? Qu’une image ? (39.00  en français ms comprends pas !). Ex de deux maisons que les familles ont de + en + rapproché, et aujourd’hui on peut plus y passer que à pieds. = important dans l’histoire = réhabilitation de la mémoire collective. La relation qu’il y a entre le tissu médinal et le tissu colonial n’a rien à voir avec celle qu’on a à Casa au Maroc. Les espagnols quand ils sont venus, n’avaient pas cette idée de préserver la médina de la même manière. Parce que dans la tête des espagnols, et ca c’est culturel, les médinas ils ne les ont pas découverts ici, ils les ont découverts chez eux. Ils sont venus, ils ont construit leur médina à côté du tissu médinal existant. (…) Médiatrice : Selma Zerhouni Etant donné l’avance qu’on les espagnols sur nous aujourd’hui notamment en matière de tourisme culturel, les gens viennent visiter des bat en Espagne d’origine

néo-mauresque, qui ont été réhabilités par des marocains qu’ils sont venus chercher au Maroc et maintenant ns avons cette problématique ici, ou devons-nous aller chercher des marocains ? Le savoir faire et les services de réhabilitations sont tellement rares, et les ?? 43.20 sont aujourd’hui presque laissés pour compte et n’ont pas enseigné à leurs enfants parce qu’on les a abandonnés, parce qu’on n’a pas su justement les reconnaitre dans leur savoir faire le plus précieux. Aussi prendre appui sur des éléments de modernités, je parle à Casa du tramway, qui auj. dans tous ses arrêts va décrire un bat ou deux pour que lorsque les gens attendent le tram ils puissent lire sur leur propre patrimoine à Casablanca et ca c’est une initiative de Casamemoire. Said Guihia : Enseigne à l’école des beaux arts de Casa et designer. Je vais rebondir sur la question du savoir-faire. Le côté culturel ne pose plus de problème grâce aux associations comme Casamemoire, ce qui pose problème mnt ce sont les questions politiques et économiques et la spéculation en général. Moi je vais parler de la mosquée Hassan II du dernier siècle parce que c’est la renaissance de l’artisanat marocain ds le bat. Parce qu’on avt fait appel à des aiguiseurs, des ferronniers, des plâtriers, travail sur le bois…pour nous léguer un savoir faire ancestral repris par le secrétaire d’état chargé de l’artisanat parce qu’il y a un programme autour de ca sur les arts traditionnels. Donc il y a un travail sur le décor et le design, sur le fer, sur le bois, sur le savoir faire d’avant. Ce sont des ambitions politiques et économiques pour lancer les réhabilitations pour réparer des dégâts. On voit aujourd’hui dans les rues des façades transformées n’importe comment, à la base une volonté de réhabilité mais qui détruit toutes les décorations… Ceux qui dirigent ça se sont les politiciens, c’est l’agence urbaine, les maitres d’ouvrage, les entrepreneurs. Selma Zerhouni Quand on parle de savoir faire ancestral ca signifie tout le savoir faire traditionnel, mais aussi le savoir faire transmis par les entreprises venues au Maroc qui sont portugaises, françaises, espagnoles, qui ont eu un savoir faire exceptionnel et qui ont laissé des traces dans les immeubles ancestraux, mais aussi dans les centres modernes plus récentes, qui aujourd’hui sont aussi perdues. Par exemples les marbriers ont perdu le savoir faire utiliser pour faire les maisons dans les centres coloniaux,… Donc c’est à la fois le savoir ancestral mais même celui du XXème siècle. Réponse sur les métiers traditionnels (question sur zellige : 1.04.00). Questions-réponses voir carnet. •

Plusieurs questions concernent le « patrimoine de demain »  comment construire le P de demain  sorte d’inquiétude. ON NE PEUT PAS SAVOIR CE QUE SERA LE P DE DEMAIN ! (carnet).

Y’a école d’artisanat à Tétouan, veulent faire un guide avec mesures d’éléments déco  faire archives pr bat comme ca si un jour on rénove, + facile.

Au début, P colonial : NON. Mnt on s’est rendu compte que ca rappelait d’où ils venaient.

Question économiques : plu value financière.

Belfakih Abdelbaki (anthropo-prof unif)

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L’université d’Avarwess. Maintenant il est en train de se dérouler. Alors ils font des actions sur 4 mois. Au niveau de la poésie, de l’art, du théâtre, la représentation au niveau de l’écriture scénique, de l’interprétation, ils font plein de choses. Tu vois les grands bidons de 5 litres ils enlèvent la couche basse puis ils l’utilisent comme hauts parleurs et aux feux rouges ils l’utilisent pour dire à haute voix des poésies, des nouvelles, des textes ramassés, c’est extraordinaire. Ils font plein de petites choses comme ça mais ca dure 4 mois. Ca c’est encore une autre action qui s’inscrit dans la durée. Parce qu’on a pas les moyens pour le faire et parce qu’on est convaincu que les faire en une semaine de façon ramassée ca n’a pas bcp d’importance, et c est une autre perspective aussi de les gérer sur quatre mois et avec des tables rondes, philosophiques, débats politiques ils se font diffusés dans l’espace de la ville. La c’est parti comme ca, par des jeunes. C’est la deuxième édition et c’est en train de prendre. Et comment ca se fait que vous vous êtes retrouvés aux abattoirs aujourd’hui ? Eh bien il y a des comités de coordination pour accompagner les jeunes dans leur mouvement. Ensuite on a demandé à Casamemoire de nous aider pour trouver un lieu pour se rencontrer et ils ont répondu favorablement. Y’a beaucoup de troupes qui demandent pour pouvoir utiliser les lieux, qui viennent même d’autres villes. Ce type de gestion qui n’obéit pas à des règles régies, c’est une gestion souple. Les choses ne sont pas claires mais j’aimerais bien moi aussi que le système ne s’installe pas et qu’il ne se rigidifie pas quoi, il faut qu’il reste fluide. Quand ça devient solide ca se… Autrefois la solidité avait un sens, il était à la base du lien social. Aujourd’hui tous les liens ils sont fluides. Et même la gestion est fluide parce que forcément il n’y a pas de perspective. On est en train de construire continuellement. Tu as dû le remarquer même dans la réunion aujourd’hui, on a signifié des choses, rien n’a été bouclé mais on va avancer là-dedans. Y’a rien qui est finalisé ou achevé. J’ai fait mon doctorat à Paris. Idée de ce qu’il faudrait faire du parc près de la coupole de la ligue arabe : exemple de la ville de Lyon ou y’a des instrallations de tente très simples tous les dimanches sur 1 km le long d’un fleuve. Et des artistes viennent exposer là. C’est un espace qui est utilisé de 7h du mat à 13h et après c’est clean. Ca permet aux gens de consommer un peu de culture. Ce sont des espaces qui incombe aux artistes. L’espace public. Puis chacun peut venir déambuler le dimanche matin, avec ces enfants, acheter ou pas acheter, juste regarder. Y’a une dimension didactique, éducative, … Si aujourd’hui les galeries sont désertées c’est parce que y’a rien qui suit… Mais il y a l’air d’avoir un énorme fossé entre les gens qui font la culture et la population… Complètement, mais comme dans toutes les sociétés. Ici c’est juste flagrant. Je pense qu’ici on pourrait le faire. Y’a trois places dans l’ancienne médina, c’est un circuit. Mais ces 3 places c’est une place asphaltée, puis une autre place ave un marabout mais elle est très dangereuse à traverser le matin et le soir parce qu’elle n’est pas sécurisée parce que y’a pas de cafés, y’a pas de commerces, et puis y’a une autre, là où y’a une grande population, les jeunes, les moins jeunes, femmes,hommes, ils utilisent cet espace mais il est pas adapté. Et quand on a voulu le réhabiliter, les artistes ont fait du bon travail, moi j’ai fait une bonne étude de terrain pour montrer les attentes et après les autres n’ont pas suivi, ont laissé ça à d’autres personnes et on a vu tout ca se faire et se défaire le même jour. Y’a ce travail de construction qui ne se fait pas. La construction ca nécessite un travail collectif avec un comité de coordination, de débat, de différences, mais aussi une volonté politique. C’est très difficile de travailler sans volonté politique. Mais quand elle est là on peut facilement aboutir à quelque chose. Mais y’a pas de politique culturelle ici ? Ben pas comme on parle de politique culturelle en Belgique ou en France. Y’a une instance qui surveille, une institution de l’état qui s’appelle Ministère de la culture,

qui est chargé de surveillé le champs de la culture parce que c’est un champ miné. Qui risque de se retourner contre l’état. Et depuis sa création en ’74, mais ca continue aujourd’hui, ca n’a pas beaucoup changé, les moyens d’interventions sont inutiles, maintenant TLM juge, TLM voudrait la fermeture de ce département au ministère, parce qu’il ne sert à rien. Mais qu’est-ce qu’il a comme pouvoir ? Dans un système comme le notre il n’a pas de pouvoir. Il ne fait qu’exécuter. Il est là pour le protocole. Dans notre commission, le point de départ du projet pour le forum c’est qu’on revendique d’avantage de liberté d’expression mais ici au Maroc, la liberté d’expression connote ou bien renvoie tout simplement à la liberté journalistique, audiovisuelle, etc.… La liberté en quelque sorte de l’expression politique. Alors que l’artistique et les culturel ce sont une expression. Et on revendique aussi une liberté d’expression artistique. Et on veut aussi donner l’exemple dès maintenant, c’est-à-dire dans la sortie du mouvement du 20 février on veut qu’il y ait parmi les expressions des expressions artistiques. Ca veut dire des caricatures, des tableaux, de la poésie… En plus de ca on va faire une grande manif. Et vous craignez quoi comme répression politique ? Maintenant on a vaincu la peur. On a plus peur de ca. Et c’est l’usage que nous avons fait de facebook qui nous a aidés à vaincre la peur. Moi ca fait 40 ans que j’attends ce moment. En si peu de temps les choses ont changé à 360°. Pas 180. 360.

Ilham - Etudiante école des Beaux-arts. 18 avril 2011. Aux abattoirs on ne va pas avec l’école. Les abattoirs ils sont ouverts à TLM. Aux élèves des beaux-arts, aux artistes, à n’importe quelle personne intéressée. Et il n’y a pas des gens de l’extérieur qui vous demande de faire des actions là ? Par exemple les ateliers que j’ai fait samedi je les ai faits avec une artiste. Elle était prof au collège Anatole. J’animais avec elle des ateliers de peinture et on le faisait aux abattoirs. Mais libre à nous de le faire aux abattoirs ou aux beaux arts. Et vs avez d’autres endroits pour exposer ? Y’a la cathédrale, juste en face, une galerie ici aux beaux-arts. Les abattoirs. La villa des arts. Y’a la galerie de T. Wasagun. Y’a une galerie juste dans la rue en face. Y’a pas mal de galeries ici à Maharif. Et qui va voir ces galeries ? Je ne sais pas, mais vous pouvez demander aux responsables des galeries. Mais pour travailler aux abattoirs on doit prendre une autorisation avant. On ne va la refuser à personne mais il faut une autorisation. Mais c’est ouvert à n’importe quelle personne et à n’importe quel évènement. Et toi pour les abattoirs tu voudrais quoi ? Ben que ce soit un peu plus propre et plus culturel. Parce que pour l’instant c’est un peu sale, c’est un peu marginalisé. Il faut beaucoup d’entretien. Surtout avec le secteur dans lequel il se trouve et je suis sure que ca va s’améliorer.

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Et l’école elle n’organise pas quelque chose ? S’il y a un festival, d’ailleurs je suis dans le comité d’organisation, du 4 au 7 mai. Y’a un défilé de mode, un concours de peinture… C’est organisé par les étudiants des beaux arts pour les étudiants et les professionnels. Mais pas aux abattoirs, ici aux beaux-arts.

les lieux. C’est contre qui que vous vous battez ? Ben je ne préfère pas rentrer dans la politique. Le problème c’est que le territoire il appartient à la ville. La convention était signée en 2009…, 2010 était en squat,… On demande rien, juste du temps pour pouvoir chercher des fonds et des subventions ailleurs, des partenaires et des sponsors pour le projet. Pour entamer la restauration. Là y’a déjà un mouvement de réflexions sur des bâtiments et comment on va les utiliser. Au commencement du projet et même avant y’a un mouvement dans les grillades, et ca bouge. Avant c’était presque mort. Pendant les événements y’a un mouvement économique (système des tickets).

Tarik Bouali, régisseur aux abattoirs. 18 avril 2011.

Le quartier est isolé. C’est dû à la colonisation. Parce qu’à l’époque les abattoirs ont été construits en 1922. Puis y’avait aussi l’usine Simon, la vache, y’avait une usine de sucre, tout près y’a la gare casa voyageurs et le port. On peut dire à l’époque c’est l’extention de la ville et c’est le potentiel économique. Après ca a créé un mouvement des ouvriers qui ont voyagé ici. Et ça existe jusqu’à présent les quartiers d’ouvriers.

Je m’occupe de tout ce qui est technique ici. Comment est ce que tu es arrivé dans ce projet ? Depuis les transculturelles on m’a appelé. C’était presque deux semaines de préparation ici pour deux jours de spectacles. Après ils voulaient quelqu’un pour ici en permanence. Donc maintenant ça fait deux ans que je travaille ici. Tu as fait tes études à Casa ? Oui, mais elles n’ont rien à voir avec ça. (droit international). Et ton rôle ici ? Je m’occupe de tout ce qui est technique et préparatif pour les évènements. Prise de son, préparation de l’évènement, le lien entre l’organisateur et le prestataire, je m’occupe de la sécurité,… Après deux ans maintenant on prend l’habitude, on maîtrise mieux le terrain. Je travaille avec casamemoire, comme Saadani, mais bon quand il n’y a pas d’évènement ici on se permet de faire du freelance pour d’autres trucs. Il y a souvent des évènements ici ? Ben trois à quatre par mois, mais c’est varié. Ce n’est pas toujours les mêmes trucs. Parce que je suis venue parce que j’ai entendu que y’avt des trucs avait des enfants mais il n’y avait personne… C’est des ateliers pour des enfants des écoles privées, des matinées avec les enfants. Et les gens du quartier ils viennent ici ? Bien sûr. L’espace ici il est ouvert sur son milieu. Le quartier Hay Mohamedi c’est un quartier populaire qui est très connu, qui a a fourni des grands artistes et des grands sportifs. Donc l’idée c’est d’acceuillir surtout les jeunes de Hay Mohamedi. Et maintenant parfois on organise des ateliers, pour les enfants du quartiers, qui ont avoir avec les associations ici. Ce qui permet d’en parler et montrer aux jeunes l’importance de l’art. Pour le futur des abattoirs tu imagines ca comment ? Y’a un projet de réhabilitation et rénovation de l’espace. Des travaux a moyen et long terme. Et la priorité c’est de restaurer les espaces abimés comme les espaces de boucheries, d’écuries, là les espaces ne sont pas protégés… Et toi tu voudrais quoi ? Ben l’idée c’est de garder le bâtiment, de ne pas le détruire, de le travailler comme une friche. Actuellement la ville de Casablanca a tellement besoin d’un espace ou les gens peuvent s’exprimer en toute liberté. Et là c’est pour ça qu’on veut créer ce lieu. Parce que après 2002 c’est posé la question de ce qu’on allait faire avec cet espace de 5 Ha. Casamemoire a proposé une idée de sauvegarder les lieux, maintenant c’est classé dans la liste des monuments. C’est un lieu qui date de 1922 donc il lui reste 10 ou 11 ans pour atteindre 1 siècle. Mais on ne baisse pas les bras, on garde l’espoir et on lutte pour la culture et pour

Y’a surtout un problème avec l’article 19 qui valorise le roi et lui donne une place sacrée. C’est comme les trucs de l Europe au 17e, 18e. L’empereur prend son pouvoir de dieu. Et donne des privilèges à l’église… Il faudrait une monarchie symbolique. Le roi existe mais il ne gouverne pas. Ici au Maroc quand y’a un projet de loi, le Maroc est une monarchie constitutionnelle donc ca passe d’abord par le gouvernement, puis le roi. Et s’il le refuse il faut revoir la loi. Là il a fait quelques réparations et a donné quelque pouvoir au premier ministre. Certains voudraient que le roi n’ait plus de pouvoir. Mais on n’est pas laïc et c’est lié à la religion. Puisque le roi est le symbole du pays c’est lui qui protège et représente le pays. C’est lui le leader de tous les mouvements du pays.

Aadel Essaadani, directeur technique des abattoirs, urbaniste. 19 avril 2011. Education culturelle a Casa = très peu Travail ac médias Travail avec assoc du quartier Présence de la mosquée ds le site des abattoirs Y’a 3 parties : le bâtiment (réhabilitation, sécurité…), l’aspect équipement pour les activités (théâtre, art plastique, expo…) et pour le fonctionnement. Pour les équipements et le fonctionnement on peut agir. On a assez de partenaires. Mais pour l’aspect bâtiment c’est à la ville de réhabilité un peu le lieux. Je suis bénévole pour les abatt. On a pas de rôle. Chacun est utilisé pour ses compétences. Moi mon rôle quand y’a des évènements, je suis directeur technique donc je fais en sorte que tout fonctionne en terme de sécurité technique, en terme d’alimentation électrique, en terme d’organisation etc, etc.. Pour l’aspect lieu et activité j’apporte ce que je sais faire en terme de scénographie, en terme d’équipement et en terme d’urbanisme dans le programme archi quoi.

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Y’a cb de gens qui viennent tous les jours aux abattoirs pr travailler ? Ben y’a encore les services vétérinaires de la mairie aux abatt. Y’a encore 70 fonctionnaires. Mais on les voit pas haha. C’est pour ça que ce pays doit changer. Donc il se passe plein de truc entre eux qui n’ont rien à voir. Voilà mais l’idée c’est de faire un espace public à vocation culturelle, mais surtout pas un centre culturel. Les abattoirs commencent à être intéressants maintenant dans le sens où y’a pas mal de festivals qui commencent à y programmer quelques chose. Parce que finalement on n’est pas si excentrés de la ville puis en répondant à ta question de tout à l’heure, est ce que ca va pas dénaturer le quartier y’a le tram qui passe par ici .Et quand y’a tram y’a une revalorisation urbaine et tout ca tend à la même chose… On est en train de négocier une station. Arrêt « abattoirs ». Parce que dans le programme archi, l’idée c’est que ce soit un parvis. Donc qu’il y ait un lien entre ici et là-bas et qu’on casse le mur. Que là-bas ce soit une rue avec des plaines de jeux pour enfants et peut-être un café. C’est bien d’avoir un café. Mais pas un restaurant ! Sinon ca fait concurrence à ici. La prochaine grande étape c’est une conférence de presse fin du mois, où on va un peu rentrer dans la gueule de la mairie. La forcer à se placer quoi. On voudrait une convention qui contienne un peu plus de durée quoi. Au moins 5 ans. Et juridiquement une mise à disposition foncière. Un truc qui se fait comme ailleurs quoi. On ne va pas jusqu’u bail emphytéotique de 99 ans puisque c’est la fin de la crise au Maroc et en Afrique. Donc si tu veux on est en phase de sensibilisation et du public, et des élus et de les intéresser à la culture. Mais vous faites comment pour sensibiliser le public ? Ben il faut venir quand y’a le boulevard et des festivals pour voir un peu la mixité du public. Ce que tu n’as pas dans pas mal d’autres trucs. Oui mais pour que eux viennent il faut déjà un travail avant pour leur donner envie de venir. Le téléphone arabe ! Bouche à oreille. Quand on a ouvert ce bazar, on a fait un mini festival de deux jours, les transculturelles, 11 et 12 avril 2009. On a eu 30000 personnes, mais surtout l’intérêt c’est que y’avait un mélange de population, les riches, les pas riches, les pauvres, les pas pauvres. Des gens du centre ville, de différents quartiers. Et comment finalement on a un peu réussi ce mélange de public c’est par exemple le matin y’avait du ???(39.28) et en même temps y’avait une expo archi et en même temps y’a de la musique le soir qui draine plus de monde. Et le secret en fait c’est de mélanger la programmation. On n’est pas dans une logique de culture savante, culture populaire, on s’en fout un peu l’intérêt pour l’instant c’est le public avant de passer à un stade d’excellence artistique. Et y’avait des gens pour expliquer aux visiteurs… ? Y’a pas besoin de parler pour sensibiliser. Un public qui vient en famille pour voir un théâtre pour enfant il va au milieu d’une expo archi parce qu’on a mis des panneaux et qu’ils ne posent pas de question, on le prend pas de manière solennelle « bonjour on vient vous sensibiliser ». Et à la limite si ils ne sont pas sensibilisés on n’en a rien à foutre mais ils sont sensibilisés hahahaha. Sensibiliser c’est un terme bateau. Mais en fait y’a plein de gens qui vont pas s’habiller le matin très classe pour venir voir une expo de peinture, aux abattoirs encore moins que dans une galerie huppée, mais si tu mets pour sensibiliser les gamins, un parc de skate… certains publics viendront parce que y’aura un mélange d’activité. Mais après on n’a pas la prétention de remplacer l’état parce que c’est à elle d’assurer l’éducation à l’esthétique et à la culture pour l’instant. Mais l’idée c’est de faire une proposition par rapport à ces questions. Et là tu as des questions très basiques culture et citoyenneté, quelle est notre position par rapport à la diversité culturelle, rapport occidental, rapport endogène etc. Hier j’ai été dans les administrations et c’est dur de s’imposer et …

Tu approches un peu notre réalité quotidienne, c’est que on a des interlocuteurs en ville qui comprennent que dalle à ce que c’est qu’une politique publique de la culture. Mais bon ca se fait avec sourire et détermination. Et connaissant les acteurs institutionnels que nous avons, bien sûr pour sensibiliser c’est pas… on est quand même dans un rapport de force… Mais le vrai fond du problème c’est quand même une question d’argent et l’état qui ne veut pas donner de fonds ? Non non, c’est pas une question d’argent. Nous on dit qu’ils ne nous donnent pas d’argent, mais on s’en fout de leur argent. On est au niveau d’imposer une volonté politique, d’en faire un lieu de création par rapport à un publique plus typique qui n’a pas l’habitude d’aller dans les lieux de culture. Nous on veut un espace publique. Mais ce qu’il faut pour ca c’est des gens qui prennent du temps et… C’est ce qu’on est en train de faire, ca nous prend beaucoup de temps, d’argent, etc. C’est difficile mais on y va. C’est 5,5 Ha. Là normalement ce matin y’avait trois activités. Y’avait la sélection pour la formation,.. Ca c’est pour ton école alors ? Ouais pour être partenaires. J’essaie de former des techniciens et des administrateurs de spectacle et de finir avec un festival ici. C’est une activité qu’on fait aux abattoirs le soir. C’était une sélection pour choisir in fine 12 stagiaires techniciens et 12 stagiaires administrateurs. Y’avait du monde. Les pré-requis travaillent déjà dans des structures et veulent en faire leur métier. Parce qu’on n’a pas d’école qui forme aux techniques et à l’administration du spectacle. Y’avait aussi le repérage pour le festival de Casa. Mais comme c’est immense et pas structuré, on a pas encore d’administration etc.,… Mais finalement ca fait que deux ans. Les gens n’ont pas encore l’habitude. Même en Europe ca met une dizaine d’année pour construire un truc. Ici on applique les européennes, les normes européennes, on se les impose. Question de sécurité… ? De sécurité puis on sait qu’on nous attend au tournant, faut pas qu’il y ait de conneries. Parce que tu leur apporte du boulot en plus, donc des ennuis en plus, à l’état, à la ville… Ils préfèrent qu’il y ait rien et qu’ils soient tranquilles le weekend. Les espaces sont souvent privés. Les espaces culturels à Casa ils appartiennent tous à la mairie, c’est pour ca qu’ils ne fonctionnent pas. Et par exemple avec cette assoc on milite pour qu’ils soient aussi, et c’est ca l’intérêt aussi des abattoirs, que ca fasse des précédents et que ca soit affilié à des associations avec un cahier de charges avec un certain nombre de création par an, un travail scolaire ou autre, c’est jouable, et une évaluation. Ils en prendraient soins autrement. Les assoc pourraient faire des projets et des propositions. Par exemple un théatre affilié à une association de musique urbaine, un autre affilié à une association de danse,… les alcoolique anonymes… Sinon le résultat c’est que ce sont des fonctionnaires qui gèrent, qui n’ont pas de formation, qui n’ont pas de choix artistique, de budget… Et donc ils remplissent avec les demandes qu’ils ont. Et ca peut donner des festivals comme des réunions syndicales, ou politiques ou religieuses, ou l’anniversaire d’un élu à la ville des conneries quoi.

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Thomas Delbrade (Archi) (+Karim Rouissi), Architectes chez Empreinte d’architecte. 19 avril 2011. Archi de la Villette. Le président de Casamemoire est architecte. Arrivé au départ à l’agence pr les abattoirs en septembre (plaquette pour gens qui veulent faire projets ds les abattoirs). C’est Abderrahim qui donne les autorisations puisqu’il n’y a pas de maître des lieux. Nous on a fait le plan d’aménagement global. Y’a les hollandais pour l’instant qui construisent une plaine de jeux. On donne des conseils. Mais comme c’est des designers ils ont toujours besoin d’architectes pour vérifier que c’est faisable, ils ne connaissent pas bien les entreprises ici, se mettre en contact avec des ingénieurs… Première fois j’ai été avec un paysagiste (B. Hoin) et ça s’est pas très bien passé parce qu’ils faisaient des choses qui abîmaient vraiment le sol, le patrimoine du site. Ils ont enlevés des pavés de très très bonne qualité qu’on ne peut pas retrouver maintenant, qu’on ne peut pas refaire. Agence a pas beaucoup de projets de P mais s’y intéresse. Projet sur abattoirs = bénévoles. Plaquette = Projet global qui revoit le site dans le quartier, contexte historique, échelle du lieu par rap à friches indus en europe. Exemple de reconv de bat. ‘Casamemoire = commanditaires de la plaquette. Bat appartient à la ville. Accord pr l’électricité gratuite… !!! A la base c’est pas casamemoire ms c’est un collectif d’associations. Est-ce qu’il y a pas une contradiction avec la volonté de faire des espaces publics et médiathèque… ? C’est pas une contradiction, pour l’instant tout est possible et ouvert mais oui le risque d’institutionnalisation il existe. Mais le jour ou un mec veut investir par ex pour un théâtre ben oui ca devient un truc fermé. Et le côté squat artistique c est sympa mais c’est un lieu qui a une valeur foncière super grande et si c’est laissé au squat y’a un moment un promoteur immobilier qui va venir proposer de faire de l’immobilier. Donc il faut trouver un juste milieu entre le côté artiste libre et libéré de toute contrainte économique et le côté on fait un musée et on verouille. Le projet peut évoluer dans deux sens et parallèle. Le projet qui est autonome et gérer par un directeur et a côté un terrain donné aux tagueurs… Pas d’exemple de friche qui est restée un squat d’artiste. Puis tout n’est pas encore ouvert, y’a encore des gens qui habitent sur place. Centre d’équarrissage, encore bêtes, mosquée… Le sort du lieu est pas fixé. Y’a eu d’autres idées que centre culturel ? Oui y’a eu des amonts de projet qui a pas pu parce que trop grande part à l’activité économique pure et dure (vu sur internet). Ici non pas d’essai de lancer autre chose. Point de vue technique et conservation du P ? Oui notre projet veut complètement préserver le site, le réhabilité garder les qualités archis, les traces du lieu. Les circuits et les ouvertures suivent un peu l’organisation des anciens abattoirs, le circuit de la viande. Approche historique importante. Préserver le patrimoine mais en le mettant en valeur, pas en le mettant sous verre. On n’est pas dans l’approche muséographe du tout mais dans la réhabilitation avec des matériaux modernes, et un contraste qui peut être joué au contraire. (16.58). Nous on a choisi de ne rien démolir de ce qui était sain. De ne pas reconstruire puisque la surface construite est déjà de 25000 m². De ne démolir que ce qui est abîmé, de toute manière ils ne peuvent pas être sauvés. Puis cette archi est un peu rare, c’est un gros mixte fait par un archi francais qui vivait ici mais qui a été inspiré par l’architecture francaise et l’archi mauresque. Y’a deux périodes ici. 1922 et

1950. C’est expliqué sur la plaquette. Et point de vue sources ? Y’en a à Madrid, Toulouse, … On s’est inspiré beaucoup de la France, Belgique, Allemagne… Mais la plaquette est assez ciblée, pour le maire de Casa et des investisseurs étranger (francais, allemands,hollandais, espgnols, et marocains). Questions sur réhabilitation : 24.00 On est a fond derrière mais c’est rare au Maroc, y’a pas d’architecte qui comme en France essaie de rassembler des fonds, qui est derrière pour essayer d’avoir une réhabilitation. Au contraire y’a un rejet de ce qui est ancien, c’est vieux, c’est dégueulasse. Mais les mentalités commencent à changer. Y’a eu la poste réhabilitée par un contrat architecte, mais c’est très rare. On préfère raser, c’est plus simple, c’est moins cher. Mais maintenant il y a des gens qui commencent à taper des poings sur la table, y’a Casamemoire qui commence à avoir un poids, la police s’arrange aussi un peu et tant mieux parce qu’on peut faire passer des choses comme ça. Y’a le bouquin de Monique Eleb qui parle des bâtiments importants, mais qui ne sont pas classés. Le but ce n’est pas d’occuper le site avec des activités permanentes. On est dans une ville ou y’a très peu d’espace de production. Donc c’est d’abord une phase de production, donner aux artistes des espaces pour travailler. Maintenant on se rend qu’on aussi qu’on est dans une ville ou y’a pas d’espace de présentation. Donc c’est un peu les deux, et l’idée c’est de faire venir des artistes pour faire un projet. Ils vont travailler et présenter au même endroit. Donc ce sont des espaces d’exposition mais rien n’est permanent. Ca tourne tout le temps. C’est pas des troupes résidentes, ce sont des troupes qui viennent avec un projet de monter une pièce théatrale, ac leur costumes… Y’a aussi une volonté dans ce projet c’est faire que les gens se croisent. Faire croiser un designer, un artiste, qq du théatre, du cinéma, qq des arts vivants… Il n’est pas question que des gens s’approprient des espaces. Comme ca c’est passé aux frigos à Paris. Avant c’était un squatt dont chaque porte a été prise par un artiste, puis au final chaque artiste a cloionné un espace, c’est fait un méga appart… L’idée c’est aussi de faire venir des étrangers, des gens qui viennent d’ailleurs et qui n’ont pas d’espace prévu à Casa, ou même des artistes qui sont bien installés à casa mais qui pour une expo particulière ont besoin d’un espace plus grand pour travailler ou exposer. Mais est-ce que ca ne ferait pas fuir la pop du quartier comme ca ? C’était un débat en fait dans le projet : est-ce que c’est un projet qui est fermé ou un projet de quartier. En rouge c’est les bâtiments qui menacent d’être détruits. Quand on a étudié le site on s’est rendu compte que ca fonctionnait comme avec des rues, des ruelles et qui aujourd’hui ne recouvrent pas cette fonction. Pour les espaces de création et d’exposition, d’abord on est parti d’aller du public vers le privé. On se disait que en faisant un projet de cette taille il fallait intégrer les habitants du quartier. On a décidé d’intégrer un bibliothèque de quartier pour les enfants, une mosquée qui existe déjà, puis un acceuil musée qui est à l’entrée dans le bâtiment le plus symbolique des abattoirs. Donc ca c’est des choses qui fonctionnent avec une petite place ici. Donc ca ce sont les équipements de quartier. On passe après à des espaces semi publics, publics mais à l’échelle de la ville et ca se sont des espaces de diffusion. Pour aboutir à la fin sur des espaces de création avec bien sur ces deux espaces qui sont des espaces mixtes de création et de diffusion. Quand y’a des workshops ou des ateliers avec les enfants. Après y’a tout un travail avec les gens qui vont exploiter le lieu pour attribuer à chaque espace une activité en fonction de la qualité spatiale de cet espace.

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Dans les espaces de diffusion on a décidé de certains espaces, par exemple le théâtre. Parce que c’est là qu’on a la plus grande trame sans poteaux, la salle de spectacle là où il y a une acoustique particulière. Chaque espace est décidé selon la lumière, la sonorité, lesqualités intrinsèques de chaque espace. Les bâtiments de grande hauteur sous plafond et les zones calmes on y met des rapports publics privés. Donc dans les discussions pour savoir comment on fait, par exemple y’a beaucoup de gens qui voulaient un bâtiment fermé où on accède par un portail, où y’a que les artistes qui rentrent. Et nous on trouvait ca très dommage parce qu’on est dans un quartier populaire ou il y a peu d’espace public, qui manque d’équipements et qu’il y ait un équipement de cette taille et que les gens ne puissent pas y accéder c’est encore ajouter de la discrimination plutôt que d’ouvrir. Donc l’idée à laquelle on est arrivé après c’est de se dire qu’est-ce qui est le plus emblématique dans ces abattoirs ? 1, la façade principale des abattoirs, puis ce bâtiment assez particulier. Donc cette façade, au lieu de l’avoir derrière un mur de clôture comme aujourd’hui et au lieu d’avoir un espace intérieur fermé, on a décidé d’ouvrir tout ca sur l’espace public, de faire une esplanade et d’inviter les gens dans le bâtiment. De la même sorte on a décidé de crée une vraie rue piétonne principale, et d’arriver à avoir un espace paysager. Et de deux choses l’une, arriver sur un square avec des jeux pour enfants parce qu’il n’y en a pas, de le ponctuer avec des jeux pour enfant et d’arriver sur un square, un espace fermé. Et de deux permettre de faire un espace tampon contre le bruit de la voie ferrée. Protéger les gens qui travaillent dans les abattoirs et permettre une liaison entre les différents espaces. Le système qu’on a trouvé est un système intermédiaire. On va avoir un système de fermeture, une sorte de grille (en fait on est en contrebas on arrive par la rue avec le pont et on accède par des escaliers). La solution serait de trouver un système pour fermer le soir et ouvrir la journée. Comme ca la journée les enfants du quartier peuvent traverser le site, voir les artistes, les rencontrer, en partant à l’école.. Le soir on peut fermer le site pour sécuriser, dans un premier temps. Parce qu’aujourd’hui y’a pas moyen d’ouvrir complètement site jour et nuit. C’est une solution généreuse dans un premier temps mais qui permet de maintenir une sécurité. On a maintenu cette petite rue qui est plus privative mais qui permet la liaison entre différents espaces des artistes. Les bâtiments qu’on a enlevés permettent de créer une scène ouverte, ici on crée une première place. Alors la place du théâtre ce sera aussi la place de la cafeteria, des petits bistros… C’est un espace qui a été rajouté et si on l’ouvre et qu’on enlève la grille ca peut être très beau. Ca peut être un lieu a la fois proche du public et dans le bâtiment, calme, convivial mais près d’un axe (là ou ils ont mis le cirque). Après on a fait un organigramme pour chaque bâtiment. On montre les qualités spatiales, les ambiances… C’est pour montrer que c’est faisable. C’est complexe parce que ce sont des programmes qu’on doit adapter à des espaces existants plutôt que l’inverse. Ici quand on voit le théatre avec des espaces de dessertes aussi grand que les gradins on y peut rien parce que c’est la trame la plus grande de poteaux. Ca nous oblige a imaginer comment passer d’un espace à l’autre et comment on peut avoir dans le théâtre d’autres activités que le théâtre. Ca par exemple c’est le même bâtiment que le théâtre mais divisé en ateliers d’artistes sur plusieurs niveaux avec des mezzanines. C’est comme des boites posées dans le grand bâtiment le long des trames de poteaux, et ce qui permet de recréer des ruelles intérieures, c’est un peu comme des ateliers d’artistes qui seraint gaulées comme un souk. Couvert, mais les boutiques sont en bas, on peut monter aux étages, ce sont des petites structures. Dans l’exercice on peut voir comment avoir des espaces qui soient soit unis, soit séparés. Avoir une trame qui permette de donner aux artistes des espaces différents. Alors la halle principale avec ses sales et des espaces de circulation entre. C’est une

grande salle d’exposition avec des espaces d’exposition perpendiculaire. Et là c’est des espaces qui peuvent aussi être des espaces de création. Puis c’est un espace d’ntrée qui dessert et la salle de spectacle, et des galeries, et la place… C’est le noyau d’articulation de toutes les expos. Le lieu d’info, où on prend les tickets, mais qu’on peut aussi ouvrir pour faire une grande salle. Là y’a tous les rails avec les crochets de boucher, on se disait que ca pourrait être le seul musée au monde où le spectateur ne bouge pas et les œuvres défilent. Ce qui pourrait vraiment avoir un côté abattoir. Ca pourrait être un truc fou mais ca il faut voir avec un maître d’ouvrage. Ensuite on a marqué les accès principaux, un peu pour suivre le circuit de la viande. Là on voit la trame verte, elle est régulière avec parfois des dillatations. On vient implanter des activités comme des jeux pour enfants, avec une allée qui vient longer le bâtiment. Donc tout ca c’est la zone tampon qui permet d’atténuer le bruit. Mais ca c’est symbolique et temporaire. Le paysagiste ne compte pas virer les 1000 m² de pavés à l’ancienne qu’il y a. avec le paysagiste, ce qu’on a prévu c’est de rentrer par l’ancienne entrée des travailleurs (entre les deux maisons) avec un sorte de rampe, de casquette qui va sortir du bâtiment et aller tout droit, qui va permettre d’arriver par là, de l’autre coté des escaliers, ce qui va permettre à tout le monde d’arriver par ce square. Ca permet aussi de faire une division sans avoir de mur. C’est la différence de niveau qui protège le site. Y’a bien 3m. Quand tu es en haut tu vois le sol. Et les deux niveaux se rejoignent à l’angle. Aujourd’hui les arbres qui étaient là sont en fin de vie. Et les eucalyptus quand ils craquent c’est en un coup. On peut pas les maintenir, d’où l’idée de mettre une place (en gros on justifie pourquoi on enlève des arbres). Avant c’était un site fermé. Comme on voit en Europe c’est toujours les bâtiments les plus importants qui dominent la place. Et donc ce mur de clôture n’a plus lieu d’être si ce bâtiment devient accueillant et ouvert au public. Y’a une transition au niveau de la voirie et des pavés. Y’a une bande minérale dans laquelle on inscrit tout ce qui est espace public, une bande intermédiaire avec une trame végétale qui rentre, pour les espaces d’exposition. Puis une trame tout à fait végétale et privée avec les logements et les ateliers pour les artistes. Pour avoir une intimité pour les gens qui travaillent. Ca marque aussi la fin du quartier puisqu’on est face au train. Discussions avec l’acousticien parce qu’on voulait garder dans la grande halle la trame de poutre au plafond, mais pour lui ca n’allait pas… (1.10.00).On voit les trames de ’22 et de ’50 qui sont différentes (arquées ou pas). Ce projet doit être l’occasion d’intégrer dans ce quartier un certain nombre d’équipements qu’ils n’auront jamais : un espace public, une bibli, un espace de travail pour les enfants. Il faut interroger les liaisons urbaines, la mobilité, le tramway, avoir des liaisons avec l’autre côté de la voie ferrée… C’est à l’échelle de la ville. Et quand on rentre dans le détail c’est facile parce qu’il y a beaucoup de choses à garder, il ne faut pas aller à l’encontre de l’existant du bâtiment. Et bien sur il faut travailler par phasage, amener petit à petit les programmes. Ce qui m’a vraiment emballé c’est que c’est un projet à caractère social, un projet d’envergure qui va marquer la ville. On a essayé de le détruire, l’incendie c’était pas vraiment un accident (les pompiers sont entrés 2 jours après). Donc Casa y’a des boulevards circulaires, autour de la médina. La ville se divise en deux parties : la partie est qui est industrielle et la partie ouest qui est la partie résidentielle. Il y a une vraie ségrégation sociale et spatiale entre l’est et l’ouest. Et

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les quartiers est y’avait ds le temps les premiers bidonvilles qui s’y étaient installés. Ils ont donnés lieu à une structuration et un quartier. Là on est vraiment à côté des carrières centrales. Elles sont socialement très connues au Maroc parce que tous les mouvements contestataires au maroc partent de là. Le projet ds son contexte social on est vraiment dans un noyau qui manque d’équipements et d’infrastructure mais où il y a beaucoup de création. Et c’est pour ca que faire un projet culturel dans cet espace là parait vraiment intéressant. En fait tous les vents dominants vont de l’est à l’ouest sur l’hémisphère sud, les riches sont au dessus et les pauvres sont dans la fumée des industries. Y’a aussi un élément très important c’est la voie ferrée qui vient faire une vraie rupture entre le nord et le sud. Par rapport au tram on voulait un arrêt abattoirs mais les arrêts sont prévus plus loin. La topo du site : de l’arrêt il faut remonter c’est pas évident, en plus y faut passer les infrastructures du train… Comparaison du site avec d’autres sites au Maroc.

Conférence de Abderrahim Sijelmassi (architecte), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM), Behy (promoteur immobilier), Ghalia Sebti (directrice de l’entreprise de zellige Aït Manos) , Le patrimoine, métier de l’art et des hommes, villa des arts, Casablanca, le 20 avril 2011. Sijelmassi Le patrimoine recouvre toutes les activités d’une société qui ont à travers le temps perduré et fait sens et se résume à un moment donné de l’histoire en tant que legs qui appartient à une communauté. Sur un continuum historique d’une collectivité, les hommes réagissent à l’égard de ce patrimoine d’une façon contextuelle. C’est-àdire qu’on se trouve en Inde, en Afrique…les comportements a l’égard de ce qui est légué par les anciens est différent à chaque fois qu’on change de contexte. Ce P concerne des activités mémorables, et pour y voir plus claire on peut les séparer en deux manifestations qui seraient l’une matérielle et l’autre immatérielle. Matérielle prendrait en compte toutes les productions spatiales qu’elles soient architecturales, urbaines, paysagères, sachant que la notion de paysage n’est pas une donnée immédiate de la nature, c’est une construction de l’esprit, une construction culturelle. (…) Donc ce qui est spatialement prégnant (les villes, paysages, les territoires) mais aussi les objets (jdoul, doma, jare…). Le patrimoine immatériel concerne ce qui ne laisse pas spontanément de traces au dvlpmt des technologie, par des objet de transactions et de transmissions (disque pour écouter de la musique, livre pour lire de la production intellectuelle…). L’Homme entretient un rapport à ce qui est à un mmt donné de son histoire. Comment il réagit à l’égard de son patrimoine. Et on a vu que ce rapport est contextuel. Qu’en est-il des rapports au Maroc. On fait une observation qui s’impose en tant qu’évidence, pertinence et en tant que faisant silence. Le rapport que l’on entretient ici au patrimoine est de destruction. C’est-à-dire qu’il y a une relation de mépris par rapport à ce qui est légué. Il peut être volontaire ou involontaire. De destruction et de dilapidation et non pas de considération, de valorisation. Et il a l’expression par cette manifestation la de ce commerce que nous avons du P, une façon de se

poser une prise de position en tant qu’Homme dans une vision du monde, une philosophie qui relève + de la barbarie que de la civilisation. Les termes sont durs, mais pour moi est barbare ce qui n’est pas de l’ordre de la considération de ce que au bas mot quelqu’un qui est venu avt ns a pu par le biais de son travail fabriquer de la valeur et du sens. On fait comme s’il y avt une absence de sens et donc on va prendre cela dans un double sens : en tant que vecteur (aller vers) et en tant que « qu’est ce que ca veut dire ». Dc ces deux notions du sens sont absentes chez le « barbare ». Sous une allure propre et cool il cache de l’ignorance. Car si ca se porte ainsi c’est parce que on ne sait pas (sinon serait très destructeur). Cette destruction et dilapidation prennent des formes diverses et modalités diverses : volontaire, « ce n’est que… », Se traduire par offrir aux touristes des morceaux de frises…, des manuscrits sous verre ouverts au soleil… (Autres exemples 16.03). Les préposés dans la gouvernance de la q ? du P qu’il st architectural ou ait trait au métier d’art ont une politique de reconduction des choses qui fait que en fin de compte il n’y a pas de discernement entre la chose réelle avec ses valeurs (qui peuvent être décrites, canonisées…) et ce « semblant de ». C’est ce que j’appelle la traditionalisation en reprenant le vocable je l’empreinte à l’historien Abdallah Laroui (20.50) qui est traduit aujourd’hui et fonctionne toujours qui s’appelle « l’idéologie arabe contemporaine ». Il parle de tradition d’une part et de traditionnalisation d’autre part. C’est-à-dire ce qui est traditionnel on le contraste et on le respecte ou pas. Mais insister pour le reconduire en tant que tel fait subir du tripatouillage tel qu’a la fin l’objet ou la chose (même la musique…)… Alors ca se déroule comme s’il y avait matière à respect alors que c’est un brouhaha pas possible. S’il on vient a analyser la chose par le biais de la critique historique, l’historien George Kubler traite de l’histoire des choses. Les choses pour lui est ce qui est là, sans distinction aucune (une musique, un objet d’art, une archi…). C’est un terme générique qui lui permet de caler le paysage, l’objet d’analyse et il parle de séquence ouverte et de séquence fermée. Il parle d’objets premiers et de répliques. On se trouve alors sur la question des métiers d’art et on constate que par le biais de traditionnalisation, la notion de métier d’art est dévoyée. Elle s’exprime dans une de ses catégories (la notion de métier d’art se situe à la convergence de l’art et de l’artisan). La traditionalisation se déploie de trois manières : les métiers d’art traditionnels qui consistent à reconduire un objet, une chose, une musique, selon les modalités qui furent les siens au moment de son éruption, c’està-dire au moment où elle fût appelée objet premier. C’est-à-dire qu’une séquence nouvelle a été ouverte par un créateur quelconque, qu’il soit artiste ou artisan ou musicien… et ce qu’il est advenu d’elle une fois tripatouillée et qu’elle est devenue une réplique. Une autre séquence qui potentiellement risque de s’ouvrir si selon des conditions déterminées qui suppose de travailler… qui font qu’une œuvre peut éclore, peut advenir, et alors là on dit que c’est de la création et que le deuxième moment d’expression du métier d’art qd on crée un objet, une chose, on est dans la stricte position ou on transforme un produit en une œuvre déterminée. La troisième manière c’est des métiers d’art qui prennent en charge la restauration, la réhabilitation, la remise en état des choses en vue de leur continuation dans l’espace et dans le temps. On peut illustrer le premier phénomène qui est celui de dilapidation, dans la volonté de traditionaliser. Et un exemple frappant, massif. Le pavillon marocain à Séville est l’illustration même de cette « architecture » tripatouillée au point qu’elle en devienne kitch. L’autre illustration est la mosquée Hassan II que l’on a sous les yeux tout le temps. Elle fait une masse autant qu’un crapaud fait une masse, compte tenue de la jeunesse de son pt voisin tout vert et tout minions. Masse à cause de la non maitrise architecturale de l’architecte qui dispose un certain nombre de choses

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de figure architectonique d’une façon non maitrisée. Tant sur la qualité des espaces qui fait que cette mosquée ressemble plus à une cathédrale qu’à une mosquée. Elle dispose les espaces selon la structure typique pertinente d’une cathédrale (une nef, des absides, des bas côtés etc.). On est plus dans l’architecture spatiale sacrée arabo-islamique. Sur le plan de la fabrication, pendant que le minaret s’érigeait, je dirigeais un chantier. Un moment le ferronnier a commencé à s’absenter. En fait il avait été réquisitionné pour fabriquer un échafaudage qui permettrait selon les désirs du maitre d’ouvrage d’augmenter la hauteur du minaret de 25m de + que prévu. Avec des matériaux qui ne vont pas ensemble et un rapport d’échelle hérétique. Car le zellige est un élément qui traditionnellement doit se faire au toucher. (Explication 32.00). La nature offre pour rien. Par exemple un beau cèdre, un marbre, qui a pris des centaines/millions d’années pr se constituer et paraitre tel qu’il est aujourd’hui. Et un jour un charlatan vient avec ses gros sabots et bousille ce cèdre, ce marbre, soit en ne sachant pas comment l’utiliser, soit en le mettant en œuvre de mauvaise manière. Pour dire qu’on est convergé entre art et manière de faire, art de faire, artisanat, maitrise et tt ca doit se faire ds l’observance des règles et dans le respect des rapports qu’on entretient avec ce qui nous entoure y copris le spirituel. Radia – entreprise eightmanos de zelliges. (51.55) Objectif : travailler avec le cœur. Travailler l’enrichissement des palettes de couleur, les qualités de cuisson, on travaille à l’ancienne c’est du zellige traditionnel avec le cœur de Fès. Tu as dit un moment on fabriquait de la valeur et du sens. Ca m’a interpellé parce que c’est très exactement ce qu’on essaie de faire. Fabriquer de la valeur et du sens c’est fabriquer des choses ou la main de l’H, la valeur de l’H font que le temps va enrichir cet objet et justement automatiquement ce que tu as défini comme le patrimoine. Pour pouvoir constituer un P dans un pays la première chose à faire est de répertorier le savoir faire. Répertorier le P. Et c’est probablement la question pour laquelle tout est si flou, qu’il n’y a pas encore de stratégie dans notre pays, on n’a pas encore répertorié pour ce qui nous concerne dans l’artisanat, on est en train de le faire mais répertorier les métiers c’est un travail colossale, y’a des métiers qui disparaissent, si on peut comparer les savoir faire traditionnels d’artisanat marocain par rapport au monde, on est probablement le pays au monde ou l’on a le plus de savoir faire. Ils n’ont pas disparu pour de multiples raisons historiques sur lesquelles on a passé du temps aujourd’hui. Répertorier les savoir faire pour pouvoir enrichir les enseignements. Le problème aussi au Maroc, avec le temps on a exploité le travail des enfants au lieu de les laisser à l’école. D’apprentis ils sont devenus enfants exploités. On a retiré cet aspect très important de l’artisan. L’artisan doit être éduqué, doit avoir des enseignements dans différents types de matières pour enrichir son savoir faire. Parce que s’il ne le fait pas le savoir faire se perd, il s’étiole, il meurt et il diminue. Il se contente de répéter come un perroquet ce qu’il voit son père faire, sans évaluer, sans mesurer et se dire tient il y a des nouvelles contraintes météo, des nouvelles contraintes technologiques, dues à notre temps, je dois améliorer mon savoir faire tout en conservant ce qui a fait que je suis un artisan reconnu. J’ai bcp d’admiration pour les ??? 55.07 qui travaillent pour nous. On a un atelier de 70 personnes, c’est très important. La valeur de ce que nous produisons nous la devons au malhem. Et le malhem doit avoir accès à l’éducation. Le deuxième sujet sur lequel j’aimerais réagir c’est sur tout ce qui était rénovation, exploration. Quand on a de fait des bâtiments que nous savons qu’ils font partie du P. Vous avez une photo de zellige sur la dernière revue éditée. Le zellige fait partie des savoir faire les plus visibles, populaire et connus. Nous avons réalisé un projet très intéressant avec la fondation Pierre ?? (56.03). On reproduit à l’identique pour

les jardins Majorelle des fontaines, des bassins. On reproduit très exactement les couleurs. Quand les touristes voient des bassins, des zelliges ils sont beaux, bien. On les a refait à l’identique donc c’est un travail très intéressant. Pierre… a un caractère qui fait qu’il n’y a pas de compromis possible. Et c’est le genre de personne qu’on a besoin pour pouvoir sauver des patrimoines. Il n’y a pas de demi-mesure. La rénovation à l’identique, la restauration c’est un travail qui est très contraignant mais qui est très enrichissant. Aujourd’hui on a évoqué la question de rentabilité. La grande tentation aujourd’hui c’est de se dire « nous avons des artisans, nous avons des ateliers structurés » la tentation qui est même d’un point de vue stratégique, est-ce qu’on passe à la production masse, au quel cas on doit moderniser certains outils de production, ou est ce qu’on doit opter pour la production de niches et voila. Ca c’est une question ou j’ai eu la chance de me retrouver embarqué dans une aventure de création de fédération des artisans du Maroc en 2006, les débats que nous avion c’était régulièrement autour de cette question-là. Est-ce que on met en place des outils de production pour permettre aux artisans de produire en masse et d’écouler dans les carrefours, les aushamps et j’en passe. Ou est ce qu’on continue a développer nos marchés de niches sur lesquels on peut travailler avec des ateliers de 100 ou 200 personnes ce qui est déjà très important comme travail. Pour notre part on a tjs fait le choix de conserver ces marchés de niches, on travaille sur des petits chantiers même si parfois ils sont importants. Mais on ne peut pas répondre à la promotion immobilière sur 150 appartements, ce ne sont pas des projets pour lesquels nous sommes structurés. En revanche on est en train de travailler sur la reproduction de l’Alhambra sur une résidence de Marrakech avec le cabinet Alberto Pinto, cabinet français. Ce sont des travaux avec des artisans qui travaillent avec leur cœur. Là ou je ne suis pas d’accord Abderrahim, en parlant de la grande mosquée, « revisiter les proportions, les savoir faire, mélanger les matériaux… ». Je vais raconter une anecdote (59.55). Pendant 10 ans on a été essentiellement exportateur. Pour la bonne raison qu’on avait mis au point un système de fabrication de zellige près à sangler, prêt à poser, travaillé à l’ancienne mais en plâtre. D’un centimètre d’épaisseur qui permettent à n’importe quel poseur à l’étranger d’installer du zellige partout. La première chose qui a été fait par notre client américain, ils l’ont calpiné avec des pierres anciennes et ont réalisé des sublimes sols pour showroom. On était impressionnés. Ils avaient tout de suite appréhendé ce produit-là, ils l’on directement bien traité. Il faut savoir qu’au Maroc on a très peu de produits de traitement. Très peu d’éventail de choix. On jointe tout avec une hellela, terre cuite naturelle. Ils ont eux la possibilité de donné des aspects différents, des effets vieillis etc. Le travaille avec l’étranger nous a énormément enrichi sur le travail avec le zellige. Il nous a permis de revisiter les proportions. Là où tu as raison c’est qu’on travaille sur des formats de 10X10 mais ds la reproduction du motif lui-même on peut tout a fait l’ouvrir en assemblant les pièces et donner au motif initial des proportions bien plus grandes que celles données au départ. Selma Zerhouni Le tourisme urbain passe par la conservation du patrimoine. Si on détruit le patrimoine c’est une question très simple, la ville n’aura plus de sens, on ne visitera plus rien. Malheureusement le ministère de la culture qui s’occupe de la restauration de patrimoine n’y a jamais vraiment pensé. Ils n’ont même pas le budget nécessaire. Et au niveau central, j’ai appelé au ministère aujourd’hui pour savoir qui s’occupait de la restauration du patrimoine, on m’a répondu qu’à Rabat il n’y avait pas de cellule qui s’en occupe. C’est délégué sur le plan régional. Donc sur le plan régional chacun peut restaure à sa façon. Mais sur le plan central y’a rien. C’est une désolation.

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Par contre ce que je trouve intéressant c’est de sensibiliser, aussi petites soient les actions. Adam El Mahfoudi, architecte, artiste. 21 avril 2011. J’étais là comme organisateur d’évènement. On est une association, il y a eu un groupement d’artiste pour sauver les abattoirs. Pour montrer que cet espace peut accueillir des événements culturels. Et on était tous conscient que ca allait devenir une sorte de friche pour les artistes. Donc on est parti de cette idée. C’est pour ca au début les artistes travaillaient bénévolement. Tous ces événements on essayait de faire un max sans rien du tout. Nous on a déjà nos espaces, on n’a pas ce prob. Mais l’idée qu’un espace aussi grand et intéressant va se détruire, on s’est dit que si on arrivait à sauver cet espace, on ferait passer un message à la ville et aux gens que l’art n’a pas besoin de qq chose de très sophistiqué mais que de la volonté commune et on peut tout faire. Si les artistes peuvent se mettre d’accord entre eux, si l’était, le gouvernement nous donne des facilités, je crois que Casa pourra et elle l’a prouvé avec ces évènements, animer la ville culturellement. Pas seulement là mais partout. Ce sera un exemple. Depuis les transculturelles (2009) on a eu des événements chaque mois ou semaine. Y’a eu bcp de choses. Mais qd la ville n’a pas signé on s’est demandé où on mettait les pieds. Si on l’a fait au début c’était pour faire un lancement. Mais l’objectif n’était pas de refaire chaque année la même chose. Nous on s’est concentré sur la danse. Ns on est une école polyvalente donc on peut toucher à tout. On peut être partout. Là ca coïncidait avec notre festival de tango et donc on a voulu faire 3 événements là-bas pour participer. Et toi comme architecte t’as imaginé qq ch ? Ben comme architecte je pense que c’est un espace qui n’a pas besoin de bcp de choses. Moins on fait, mieux c’est. C’est un espace qu’il faut sécuriser d’une manière simple. Si on ajoute qq chose il faut qu’elle soit détachée, comme un mobilier dans l’immobilier. Même une mezzanine ou plancher, il faut sentir qu’on ne touche pas le mur… La structure ajoutée doit être légère et détachée. Elle doit permettre d’utiliser bien le lieu mais en étant détachée. Par exemple pour une galerie, il ne faudrait pas mettre des murs ajoutés mais ajouté les choses juste vmt nécessaires. Marquer l’époque à laquelle on met l’ajout et pas qu’on confonde les monuments anciens et le nouveau. J’imagine mal utiliser le béton ou quelque chose et confondre tout… Tu as déjà fait des restaurations ? Oui, moi j’étais inspecteur des monuments historiques pendant 6 ans et j’ai travaillé bcp + sur les bat de la 18 e et 19 e ms les bat du 20 méritent le même respect et la même approche. Les choses qui vt vmt se détruire je ne suis pas contre les détruire, mais il existe qd même d’autres techniques. En rencontrant les archis j’ai l’impression qu’ils voulaient qd même faire des trucs fermés… C’est ca le vrai problème. Ds n’importe quel projet il faut discuter avec le client. Et le client c’est les artistes. Et surtout ceux qui ont commencé au début. Maintenant d’autres artistes ont d’autres idées depyus les transculturelles. Faut savoir ce qu’on veut exactement. Pq on veut sauver cet espace ? On pourrait acheter autre chose ! C’est quoi le message qu’on veut passer ? Il faut penser avant qu’ils ne soient délabrés comme là, les protéger. Est-ce que ca t’as inspiré d’autres choses que la culture ce bâtiment ? Ben il pourrait servir d’espace commercial, associatif, une école, tout ! Des logements, un petit village, village artisanal… C’est un espace polyvalent ! Mais on veut donner cet aspect culturel parce que le message passe mieux que si

c’était une prison. Regarde l’Alhambra ca a été une prison tt un moment. Y’a pas de problème pour l’espace ! Faut voir ce que nous on veut pour l’utiliser ! En fait il y a un double jeu. L’Homme il fait l’espace. L’espace il fait l’activité mais apres tu peux tjs le transformer! Justement le fait aussi qu’il n’y ait pas de projet fixe mais qu’il y ait tellement de choses qu’on veut faire du coup on fait pas vraiment… C’est sur on fera jms ce que tout le monde veux. Il ne faut pas faire trop. Il faut laisser une flexibilité. En laissant ca on laissera bcp de vie à cet espace. Et quand vs avez fait les activités de tango, ca se passait comment l’organisation avec les autres équipes ? Chacun avait pris un espace. L’une des trois activités qu’on voulait on a pas pu le faire a cause d’un problème de timing. Et y’avait un concert hyper bruyant quand on a voulu commencer donc à la dernière minute on est revenu ici. Les activités c’était spectacle, conférence et despedida qu’on n’a pas pu faire. En fait celui qui gérait arrivait pas à se faire entendre et du coup c’est le bazar et les gens qui a pris le dessus. Par contre on a fait une conférence et deux projections de film. La conférence c’était sur les rapports d’archi entre casa et Buenos aires ds les années ’30. Pdt l’âge d’or du Tango. Expériences sur la restauration : 23.30 Dans le cas des abattoirs on dt se baser sur les espaces utilise, les espaces dangereux et les espaces solides. Après les choses qui donnent un aspect de l’espace, la tour presque détruite il faut la garder parce que c’est une sorte de signe dans l’espace. Des choses qu’on ne voit pas, déjà détruites on peut les raser et en faire des jardins. On peut mettre une structure légère à la place d’une toiture qu’on voit qu’elle va tomber. Si l’objectif est d’utiliser le max d’espace, avec les techniques de maintenant on peut refaire plein de choses pour consolider le présent et nettoyer l’espace, rendre l’espace propre ca ne le casse pas. Pour le rendre très polyvalent. Est-ce qu’il ne faudrait pas plus engager les gens (étudiants archi…) dans le projet, ou même les gens du quartier… Oui on aurait pu même avoir une démarche conservative sur le projet mais on ne peut pas demander à tout le monde son avis. Il faut des spécialistes de la restauration… Je suis partisan aussi de ne pas faire beaucoup de chose. C’est un espace ou on peut faire des choses bcp + sympa comme ca qu’en reconstruisant. Y’a eu des efforts de Casamemoire de faire des événements pour les gens du quartier. Et nous aussi, par exemple le tango y’avait des gens un peu bourgeois, mais dans cette danse y’a des contacts de corps… qu’ils n’ont pas l’habitude. Il faut lorsqu’on organise quelque chose la bas aussi que ce soit gratuit. Sinon c’est déjà une barrière. Il faut que les artistes puissent venir s’entrainer la bas et en contre partie ils offrent une partie de leur journée aux gens, et donnent des cours gratuits. Je gagne alors un spectacle et un cours et lui il a l’espace pour s’entrainer. Apres il faut que l’espace soit bien organisé, qu’il y ait des infrastructures minimum, un espace pour exposer, un studio pour enregistrer… Mais pas un truc cloitré. Complètement ouvert. J’étais étonnée qu’il n’y ait rien dans les abattoirs pour les journées du patrimoine. Oui ça aurait été franchement bien et magnifique. C’est dommage que les enfants du quartier ne participent pas parce que quand on construit quelque chose, on en est fier et on a envie de le préserver. Mais quand on t’impose quelque chose, moi j’ai eu l’expérience à Marseille par exemple, dans les années ’90, la commune avait aménagé une plage avec des espaces de jeux et plein

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de choses, pour passer une belle journée, pour tous les âges, des jeux magnifiques, des navettes gratuites pour y aller des banlieues. Eh bien ils ont détruit ces espaces très rapidement. Les initiatives comme ça, au lieu d’avoir une réaction positive à la base ils le leur reproche après. Alors qu’avec une association participative ca fonctionne. C’est peut être pas aussi beau mais ce sera important pour eux. Dans les quartiers populaires, par ex les jardins faits par la ville sont très vite détruits. Alors que les petits jardins faits par les gens sont protégés. Les médias n’ont pas participé. Ils ont couvert l’évènement, ce que nous on a envoyé (même les photos) mais c’est tout. Ils ont juste relaté. Et il n’y a pas une revue ou une émission sur le patrimoine ? Non, juste parfois ils en parle un peu. Y’a des petites émissions mais ce n’est pas racine et des ailes quoi ! Y’a aussi le magazine AM… Groupe de jeunes sortants de l’école H.M + commerçants moutons Vous avez été aux festivals l’année dernière ? L’tremplin ou l’boulvard ? Les deux ! Comment vous saviez qu’il y avait ces festivals ? Y’avait des affiches Et vous avez fait quoi là-bas ? Moi j’ai chanté ! Je peux encore chanter si tu veux ! Oui vas-y ! « Go on… » Si tu pouvais choisir ce qu’il y aurait aux abbatoirs, qu’est ce que tu voudrais ? Un stade ! Une piscine pour natation, du sport. Moi je voudrais des concerts. Pour les gens de Hay Mohamedi ou de Casa ? Hay Mohamedi ! Une autre question ! Il est important pour vous le bâtiment ? l’architecture ? Non. Amazing ! Because it’s large, c’est grand. Je préfère ??? (en arabe). C’est grand mais y’a rien ! On voudrait des stades ou des piscines pour nous (voir carnet). Il y a des gens qui sont venus nous dire qu’il y avait des festivals. Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Il n’y a rien ici. Il y a des voleurs. Evite de venir ici. Retourne à l’abattoir par là. Tu connais ce film ? Moi je l’adore ! c’est trop beau. Et qu’est ce que tu fais ici ? J’étudie l’anglais et les sciences. Quel âge tu as ? 16 ans. Et toi ? D’où venaient les gens qui étaient au festival ? Ils étaient marocains. Vous venez souvent aux abattoirs ? Pas tellement… Commerçants : Tu as été au festival l’année dernière ? A l’boulvard ? Oui. Y’avait que des jeunes. Mais maintenant c’est rare qu’ils fassent des choses aux abattoirs. Y’a personne là-bas. Tu étudies ici ? Oui je suis au centre. C’est pour être technicien, après l’école. C’est un bâtiment important dans le quartier les abattoirs ?

Non mais ils vont enlever les abattoirs. Nous aussi d’ailleurs on va partir. Ils veulent faire d’autres choses ici.

Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat. Y’a six mois on avt pas encore signé la convention et on squattait. Là elle est signée mais on l’a pas vue encore. Elle est pour un an avec les mêmes clauses que celles d’avt. Et on a reçu 1 million de dirham au lieu de deux. Qui est l’interlocuteur avec la ville ? C’est Abderrahim, de Casamemoire, car c’est Casamemoire qui chapote le collectif des abattoirs. Mais de l’autre côté y’a pas un seul interlocuteur donc c’est compliqué. Y’a un délégué de la culture dans la ville, y’a la directrice de la culture, y’a eu récemment une commission avec tous les chefs des partis politiques devant laquelle Abderrahim a dû passer. Parce que maintenant pour tous les projets culturels dont le budget dépasse 1 million de drh ils ont décidé qu’il fallait passer devant une commission. Et ils décident si ca vaut le coup ou pas. Il faut justifier le bilan financier, dire ce qu’on veut, ce qu’on ne veut pas. Il faut que l’espace soit confortable et sécurisé. C’est tout ce qu’il manque à l’espace. Après ca on gère la place comme un espace de quartier. Une place urbaine. Les ruelles, les placettes, et comme c’était avant surtout. Parce que avt il n’y avait pas de mur de clôture. Y’a bcp de gens qui travaillaient là-bas et à partir du moment où ils travaillaient plus la bas ils n’arrivaient plus à gagner leur vie. Y’a bcp de métiers qui s’agglutinaient autour, comme les restaurateurs ambulants, ceux qui venaient juste pr découper les abats. Ca leur faisait un pactol à la journée. Là ils ont plus rien à faire. Une partie à droite en rentrant est encore occupée, y’a encore l’ancien directeur qui habite là, y’a des squats derrière, et au début quand on a commencé à travailler sur les abattoirs on les avait pas vus. Et quand on a commencé à mettre des barrières pour les transculturelles on a vu sortir des gens qui disaient « eh ! non ! ». Et ils sont nombreux ? Oui, y’a des familles. Tout est à la ville. La gestion des abattoirs nous revient mais on n’est pas en droit de dire dégagez. Après y’a qq quak, par ex qd on squattait, qu’on avait pas la convention, y’a l’association des anciens fonctionnaires des abattoirs qui s’est permis de changer les serrures des étages pour nous enlever l’accès, de faire des modifications dans le bâtiment, alors qu’on ne sait pas s’ils ont des autorisations ou pas vu que c’est un patrimoine et qu’on le modifie pas comme ca. On n’a pas encore pacifié les choses avec eux parce qu’on vient de savoir que la convention a été signée, il faut qu’on s’explique avec eux. Tu penses quoi de l’activité avec les hollandais ? Ben c’est bien de maintenir de l’activité sur le site. Ce sont des interventions ponctuelles puisqu’on ne peut pas faire des gros projets et fixer tout. Mais c’est bétonné aussi apparemment ? Oui mais ce n’est pas une raison. Mais c’est dommage de pas collaborer avec des marocains ? Ben normalement y’a l’école des beaux-arts qui bossaient avec eux. On a fait des abattoirs le fil conducteur des interventions artistiques donc chacun donnait son avis… C’est là-dessus que je me suis basée pour mon mémoire. Ca a permis de dessiner une petite esquisse pour le site. Ce qu’il manque ici c’est un

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espace de diffusion, création, formation. On a besoin de retrouver ca ds les abattoirs. Comment est ce qu’on peut dispatcher ça sans pour autant étouffer l’espace, asphyxier le bâtiment… Pour ca on a fait des cellules pour s’organiser de différentes choses et il y avait une cellule qui travaillait sur l’organigramme. Et ca, ça réunissait les artistes ? Ben il y avait un artiste par pôle. Un pour le pôle audio visuel, une pour l’artistique, l’art de la rue, les arts appliqués,… Quels risques tu penses qu’il peut y avoir aussi avec ce projet ? Le risque direct serait de bousiller l’espace. Moi j’ai peur pour les travaux. Parce que là ca fonctionne bien, il faut juste sécuriser, ouvrir les espaces, aménager les espaces extérieurs. On tient absolument à ce que les gens du quartier profitent des abattoirs, des ateliers. D’ailleurs les associations de Hay Mohamedi sont très impliquées dans les ateliers pour enfants, danse, théâtre… Quand y’a un truc on fait appel à eux. Et les écoles ? Ben non les associations sont suffisantes. Oui il y a bcp d’école, la pop est assez dense. Ben l’endroit risque aussi de ne plus être aussi accessible… Il n’est pas accessible ! Oui mais aujourd’hui même si on a rien à y faire, on sent qu’on peut y entrer, rester, faire ce qu’on veut… Mais ça c’est un problème de qui va gérer. Et c’est pas un problème que des abattoirs mais de tous les centres culturels du Maroc. Y’a déjà un flic à la porte. Et ca on a parler de comment gérer les abattoirs mais ce n’est pas ma spécialité donc je ne connais pas bien. Est-ce que il doit y avoir une administration pour chaque pôle, une administration générale, qu’il y ait de façon cyclique des équipes, pas que les gens viennent, s’installent et restent. Parce qu’on n’a pas d’espace qui est propre à une activité. Mais il ne faut pas non plus que ca devienne un fourre-tout donc c’est très délicat. C’est le lieu de tous les possibles mais il ne faut pas se planter. Mais y’a une base à respecter quand même puisque c’est une reconversion. Vu les expériences qu’on a vu ailleurs on doit donc respecter la structure et l’enveloppe. Tout l’intérieur on en fait ce qu’on veut. Et il y a des partis pris. Par exemple la structure en acier dans les abattoirs pour transformer les abats, les crochets et tout, y’en a qui choisissent de les garder ou les enlever… A l’intérieur tu réaménages comme tu veux. Et les espaces se prêtent très bien au jeu. Les artistes ils rentrent et ils s’installent. Y’a des points de travail, des coins d’eau, des murs à mi-hauteur, on passe de l’ext à l’int de manière très facile. Les artistes commencent à faire des scénographies… C’est super inspirant comme lieux. Là par exemple la salle de spectacle est nécessaire, mais il faut éviter les dégâts. C’est vmt du travail in-situ à faire là. En plus les artistes prennent les espaces improbables. Pas ceux qu’on leur propose mais le petit pourri à côté. Ca permet de travailler sans être conditionné. Après ce qu’il reste à gérer c’est les espaces extérieurs et comment recevoir le visiteur et l’amener, faire en sorte qu’il n’y ait pas de barrière, un espace différent que ceux habituels. Et un travail avec la rue aussi… Les murs alentours ont été ajoutés dans les année ’50. En les enlevant on retrouve une petite zone urbaine, avec les ruelles, les placettes. Mais y’a aussi une énorme esplanade là-devant. Oui surtout si on fait en sorte de refaire le calpinage au sol de la ruelle, de la laisser quand meme accessible aux voitures, mais quand il y a un concert ou autre tu la fermes.

C’est le coté ouvert fermé et modulable qu’il faut garder. Et les projets pour cette année… ? Ben y’a le tremplin, c’est extraordinaire, y’a une population complètement hétéroclite. Il y a la journée pop-rap, la journée métal, la journée fusion,… Des publics différents avec des looks différents pour chaque journée. C’est dans des espaces comme ça que tu les découvres parce que c’est un lieu de liberté. Gens de Hay Mohamedi, bobos,… Et si le deuxième million tombe ? Alors y’aura des transculturelles en septembre. Et des projets autour ? Ben pour l’instant juste les commerçants d’en face. Après, une friche à la fois ! Les restaurateurs d’en face, quad ils ont vu que ca commençait à bouger, le responsable de l’association des restaurateurs a fait des mains et des pieds pour avoir un projet de réhabilitation, de mise à niveau des commerces, avec la commune et le ministère du commerce. Et de ce programme bénéficier de qq chose. Mais ils n’avaient pas assez de budget pour des architectes et tout et donc avec Aadel on les aide. Y’a encore les fourrières pour les chats et chiens de rue. On les euthanasies deux fois par semaines. Et par exemple les employés des abattoirs faisaient aller exprès les incinérateurs quand y’avait un évènement, c’est irrespirable. Groupe de théatre d’une fille Oréo ???  pièce créée aux abattoirs.

Dominique Langlois, artiste peintre. 21 avril 2011. « C’est vmt dommage qu’il n’y ait personne, on voit que le rock n’est pas dans les mœurs de Casa. Les gens viennent qd c’est de l’oriental, ou bien même du tango… Le problème c’est que l’état ne donne de l’argent uniquement quand ce sont des festivals. Alors là par exemple au festival Mawazine ils invitent plein de tête d’affiche. Mais ça coûte déjà énormément alors il n’y a plus de budget pour les petits festivals ou les associations comme nous. Et les gens viennent qd ce sont des concerts gratuits. Même 400 Dh c’est trop. - Pourquoi est-ce que la politique ne vous suit pas ? Ben parce que la politique amène les gens à réfléchir et eux ne veulent pas d’une démocratie. Aujourd’hui il y a énormément d’analphabétisme et de pauvreté à Casa. D’ailleurs ils encouragent les profs de l’enseignement public à bosser ds le privé. Ceux-ci du coup se sont embourgeoisés et on les entend svt dire par ex qd y’a des manifs (qui ont suivi Tunisie) que « ils exagèrent, y’a pas tellement de pauvreté… ». D’ailleurs même dans mes cours ceux qui se payent des cours ce sont ceux qui peuvent se le permettre, et là c’est pareil. Le problème ave les concerts c’est que les gens viennent pr se montrer. Et puis ils sont très sélectifs. Si ils vt voir du classique alors ils ne viendront pas voir du rock. C’est bête. Les élèves de la Casa del Arte ce sont des enfants et principalement des adultes. En fait il existe beaucoup de centres fermés par nationalité. Et svt centrés sur une chose. Alors que nous justement on essaie d’être ouvert, TLM y a accès. On est une association pluridisciplinaire et surtout on vise tous les âges et ttes les nationalités. C’est pr ça que ça marche.

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Et le projet des abattoirs je pense que c’est le dvlpmt futur pr Casa. Le problème c’es qu’il faut qu’ils continuent. Y’a rien pour l’instant. Mais aussi l’état a donné son accord mais ne donne que la moitié de l’argent. (Dominique Langlois, carnet)

Bertrand Houin - Paysagiste. 23 avril 2011. Quel a été votre rôle ? Moi à la base je suis architecte paysagiste de Versailles. Je suis sorti y’a 12 ans de v., puis j’ai travaillé pour Gilles Clement quelques années, puis pour d’autres qui étaient mes profs à Versailles. Ma carrière était parisienne jusqu’en 2007. Puis je suis arrivé ici. J’ai travaillé sur différents projets immobiliers, pour des parcs. Et d’autres petits espaces publics. J’ai monté mon agence en 2009. Maintenant je fais surtout du programme immobilier, de la villa, de l’espace public, bâtiments publics. Beaucoup d’échelles différentes. Ma position sur le projet, j’ai été appelé par empreinte et par Abderrahim Kassou et K. Rouissi pour faire une esquisse sur les abattoirs. On a fait en octobre dernier une esquisse qui devait servir à rassembler des fonds pour la réalisation du projet. Donc on a fait un plan masse très succinct. Qui simplement symbolise la division du site en secteurs : du plus public au plus privé. Plus on va vers les chemins de fer, plus on va vers des séquences qui sont plus privées. Plus on est à l’entrée, plus on est vers un secteur public, une grande place qui sert à disperser les flux des différents éléments du programme, qui sert de sas d’entrée en fait, cette grande place qui sert aussi à ce quartier-là ou il y a plein de gens, de restaurant, des grills etc. Donc ca va leur servir à eux puis ca sert de sas d’entrée au premier bâtiment qui est la grande halle, puis la rue principale, la rue abritée qui va desservir tous les programme d’exposition vers la deuxième partie du site. Donc on a une première partie qui est très publique, une deuxième partie qui est semi publique-semi privée, une troisième partie qui est plutôt vouée à des lieux de résidences d’artistes, à des ateliers etc plus calmes, vraiment plus « privée ». Est-ce qu’on a fait appel à vous parce que vous aviez déjà travaillé sur du patrimoine ? En Europe on peut dire qu’on travaille sur du patrimoine en permanence parce que ce sont toujours des lieux réhabilités ou réaménagés. J’ai surtout travaillé sur de la réhabilitation même si ca n’est pas appelé comme ça. Même en ville, c’est toujours réhabilité parce que y’a toujours une histoire. J’ai travaillé à Paris dans une agence, d’Anne-Sylvie Bruel et de Christophe Delmarre, qui eux ont une approche très claire par rapport à ce patrimoine construit, au territoire sur lequel ils interviennent. Sur lequel il faut récupérer en permanence un maximum d’éléments du site parce qu’ils font partie de la vie du site et qu’on ne va pas chambouler l’ensemble du site en tout réinventant. Y’a pas tout à réinventer, c’est juste à compléter ou a améliorer. Surtout sur un bâtiment de cette envergure-là architecturale, y’a pas besoin de rajouter énormément, d’avoir des éléments démonstratifs, le bâtiment est assez démonstratif en lui-même pour qu’on ait envie de le mettre en valeur. Donc la plupart du temps lorsque vous aménager un site ou que ce soit, une place en ville ou en banlieue. Depuis que je suis passé dans cette agence, je remets toujours en question ce que je vois comme patrimoine. Ca peut être rien du tout, ca peut être simplement une bordure de rue, un escalier. Le mettre en valeur parce que c’est un élément du site, il n’a pas été fait pour rien. C’est un ouvrage qui a une certaine intelligence, je ne suis pas sur de faire la même qualité d’ouvrage et d’avoir la même intelligence de

construction. Donc je le garde et je le complète. Il faut garder un maximum parce qu’en plus on n’a pas l’histoire complète de ce bâtiment-là. Pas les mêmes notions culturelles aussi de pourquoi il a été construit de cette manière-là. On ne le comprend pas complètement. Peut-être les architectes le comprennent un peu mieux mais je ne suis pas sur que cette intelligence de construire a été perçue par tout le monde donc autant le garder jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que c’est quelque chose de fantastique et qu’il faille le garder. Ce n’est pas conserver à tout prix mais c’est dur de faire le bon choix. L’intelligence du site c’est par rapport à une trame construite, pour les architectes, c’est par rapport à des matériaux aussi, de surface, des pavés qui ont servis à construire Casablanca et qu’on retrouve sur ce site, sur une place à l’arrière qui fait un hectare, actuellement on n’est plus capable de retrouver cette pierre-là parce que la carrière a été fermée, on n’est plus capable de reconstruire cette place-là. C’est une place dont on ne sait pas encore la fonction exacte mais elle est à garder à tout prix. Elle n’est pas visible sur le plan masse parcequ’à l’époque ne n’avais pas vu qu’il y avait cas pierres-là donc j’avais mis une maille d’arbre, mais cette place est absolument à garder. La maille d’arbre on la placera à travers ou elle disparaîtra mais c’est le patrimoine existant qu’il faut mettre en valeur et garder à tout prix parce qu’on n’est plus capable de faire ça. C’est pareil pour les architectes parce qu’il y a certaines poutres et certaines moucharabieh qu’on arrive plus à faire actuellement. Les entreprises on perdu leur savoir faire et ca va mettre des années avant que tout ça ne se remette en place. Donc tout ca s’est à conserver. Tant qu’on ne sait pas faire mieux, ma position c’est de garder ce qu’il y a. Et du coup y’a quoi comme moyens mis en place… C’est cette grande place qui sert de place d’entrée, le réaménagement de la halle qui sera un grande halle-rue. Puis la mise en place de deux places secondaires qui serviront pour les concerts. La place du frigo actuelle et la place près de l’écurie qui servira de place pour les restaurants, ou manifestation temporaire. Et une quatrième place existante aujourd’hui qu’on veut mettre en valeur et intégrer dans le projet. Le but aussi était que l’ensemble du site soit traversable. Donc y’a cette entrée principale qui dessert l’ensemble des bâtiments, ensuite une reliaison vers la gare casa-voyageur à l’arrière du site, accompagnée par la maille et par la place. Une liaison secondaire qui puisse être fermée. Donc y’a une problématique ‘ouverture mais y’a aussi une problématique de fermeture sur les programmations de ces différents espaces. C’est pour ca qu’il y a trois stades ou on peut fermer progressivement l’ensemble du site, selon les manifestations qu’il y a dessus. En voyant le site, ce que je trouve un peu dommage, on parle de traverser en permanence mais ici on est complètement fermé par le chemin de fer en fait ? Fermé c’est justement l’intérêt du maille, c’est de créer un fond d’écran à ce site, un horizon, parce qu’on est en contrebas de la voie ferrée donc on n’est pas en bonne position pour se mettre en valeur par rapport à la voie ferrée. Onc on a du mal à mettre en valeur cette qualité ferroviaire à l’arrière. Là l’idée était de mettre une maille planté qui pourrait peut-être à terme accueillir les expositions définitives de sculpture, que cette maille plantée puisse évoluer en fonction des interventions progressives. Et surtout crée cette liaison abritée, à l’ombre et ce fond d’écran derrière les bâtiments. C’est un écran vert en fait, y’a une opposition justement entre ces bâtiments et un fond vert en contraste. Et il n’y avait pas d’intérêt à traverser les voies ferrées ici ? Ben ca demande une analyse urbaine un peu plus poussée pour voir ce qu’il y a de l’autre côté. Y’a des entrepôts actuellement qui sont pour l’instant abandonnées mais qui vont rester en l’état un certain temps, que ne seront jamais rachetés par la ville. Créer déjà un passage de l’autre côté ca me parait compliquer et deuxièmement c’est surtout créer la passerelle qui pourrait traverser l’ensemble de ces voies. C’est quand même assez large, donc c’est un investissement qui peut être virtuelle-

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ment pensé mais qui ne sera jamais réalisé par le MSF rapidement. Ils vont plutôt chercher un passage existant sous la voie ferrée pour raccorder à la ville. Et par rapport aux volontés de Casamemoire… Moi je n’ai pas fait de programmation sur ce site-là. C’est surtout les bâtiments qui sont importants. Finalement y’a pas énormément d’espace libre, tout est en relation avec les bâtiments à chaque fois. Donc le programme est déterminé par les architectes essentiellement. La seule touche apportée par le paysagiste était le front planté à l’arrière mais le reste était très dirigé par les architectes, et donc Casamemoire. Mon impression est que ce que les différents acteurs veulent est assez différent. Les architectes ont mis des infrastructures quand même assez closes… Oui mais tout doit être modifiable selon l’utilisation. Les architectes ont réussi à implanter le programme dans les bâtiments existants en pouvant modifier la qualité d’ouverture de ce site-là. Après y’a un système de clôture à trouver, mais une clôture ca n’est pas spécialement opaque pour commencer, ca peut être totalement transparent ; Le but est de ne pas perdre cette fluidité du site tout en pouvant clôturer le site. C’est plus un travail sur la clôture du site que sur les plantations elles même par le paysagiste. Le système donc ce sont ces trois tranches sur lesquelles on peut ouvrir plus ou moins le site. Après le système de clôture c’est avoir en fonction de chaque façade. Est-ce qu’il y a eu une étude de quartier ? Ca c’est le premier schéma mais ce n’est pas très poussé. Mais c’est un site qui peut vivre par lui-même. Parce que pour que les quartiers soient modifiés il faudra 50 ans donc il faut prévoir que ce site là c’est le noyau, c’est le début de ce quartier-là. Si on décide de réaménager ce site ca peut être un manifeste ou un exemple pour l’ensemble du quartier. Y’a plein de zones en friche avec des bâtiments en béton armé tout autour qui sont de qualité, pour l’instant ils vont être rasés petit à petit si on y prend pas garde, mais ils ont des qualités certaines. La mise en valeur de ce premier site va peut-être influencer sue les choix architecturaux du quartier à terme. Mais bon ca va prendre des années. Pour l’instant on n’a pas les moyens de travailler sur l’ensemble du quartier. Y’a tout à faire actuellement à Casablanca. Il manque de grosses équipes de concepteurs que le Maroc est en train de former petit à petit, mais il manque des écoles d’archi, et de paysage aussi. Et surtout d’urbanisme aussi. Y’a beaucoup de très bons architectes marocains qui commencent à prendre les choses en main. Une génération qui va revenir au Maroc très rapidement. (Exemples de ce qui a été fait (20.30). Aujourd’hui mode de transports des animaux sont différents donc plus besoin pour nouveaux abattoirs d’être près des rails de trains. + Plus mêmes quantités. Les informations circulent mal, on est très mal informé au Maroc sur les événements culturels. On est toujours au courant deux jours à l’avance. Y’a même une bibliothèque qui a ouvert a coté de la grande mosquée mais peu de gens sont au courant et je ne suis pas sur que c’est l’endroit idéal pur une bibliothèque. Pas de politique de communication efficace pour l’instant, sauf pour les grands festivals. Mais ca va changer. Est-ce qu’il y a des règles de paysagisme à respecter pour le projet ? Non pas de règle, juste les typologies classiques d’arbres pour Casablanca. Sur les avenues de Casa c’est des ficus sur les trottoirs qui font de l’ombre et qui règlent un certain niveau de façades par rapport aux tissus qu’il y a à l’arrière. Qui règlent un certain niveau d’ombrage par rapport au trottoir mis en place. Sur le terre-plein central c’est des washingtoniens, des palmiers, qui sont accompagnés de temps en

temps par des finis canariansis (33.59) sur certains côtés. Mais la typologie c’est quand même trois arbres à connaître pour Casablanca, c’est le ficus sur les trottoirs, le palmier « finis canariansis » pour les trottoirs aussi et puis le palmier washingtonien « robusta » ou « filiciera »pour les terre-pleins centraux. Comme dans le parc de la ligue arabe. Aujourd’hui il y a une absence dans les pépinières, on n’est plus surs de ces espèces-là et donc il faudrait un moment changer. Cependant c’est peut-être pas la bonne solution de changer parce que ces arbres sont vraiment adaptés. Et ils ont été mis en place par une équipe importante de botanistes à l’époque. Le ficus fait de l’ombre dense, il est taillable facilement, il tient fort bien la pollution… Ils sont très costaux et les essences proposées pour remplacer ne le sont pas autant. L’important pour le projet est de déposer une structure sur le paysage qui soit lisible dès la lecture du plan masse. Sur la grande place à l’avant, l’idée est d’occuper pendant la semaine avec des restaurants, des chariotes resto, ou des foires, des marchés alimentaires, de manière ambulante. Et puis de servir de salle de concerts pendant les festivals. Le but est d’amener les gens par les jeux et la gastronomie avant qu’ils ne se rendent compte qu’il y a quelque chose à l’intérieur et qu’ils aient envie de rentrer. Les hollandais ont enlevés des pierres de la place à l’arrière alors qu’on ne fait plus ces matériaux. On leur avait demandé d remettre le pavés mais ca m’étonnerait qu’ils les aient remis. C’est une place que je ne pourrai plus jamais refaire alors qu’une place comme ça, ce sol là, c’est un patrimoine autant que les bâtiments. C’est comme dans Casa quand je vois qu’on enlève les pavés et les bordures actuellement, que je vois qu’on les remplace par du béton, ca me désole parce que c’est du béton qui va tenir deux semaines alors que les pavés et bordures qui vont durer un siècle. Ils réutilisent ce qu’ils enlèvent ? A mon avis ca part beaucoup à la décharge, y’a quelques stocks qui existent du service de la voirie mais on arrive jamais à les avoir, c’est compliqué. Pour le parc de l’Hermitage on a réussi à récupérer des bordures pour faire des allées. Y’a pas beaucoup de km pour le parc, y’a deux km à récupérer mais c’est toute une histoire, bakchichs,… C’est pour ca qui vaut mieux tout laisser en place et pas toucher. Comme l‘enrobée dans la ville. La couche de pavés est en dessous et protégée par une enrobée, comme un site archéologique. Y’a une couche d’enrobée sur l’ensemble des rues de Casa et j’espère que dans 20 ans on remettra ca en valeur et que tout le monde voudra le pavé. Tout le centre ville était fait de pavés. Sur la tranchée Mohammed V où il y a les travaux on les voit en dessous.

Etudient en son. 23 avril 2011. Tu es musicien, guitariste, et comment tu as entendu parler des festivals ? Par internet, sur des événements facebook. Et tu as joué là ? Oui mais seulement sur la scène Jam. Je n’avais pas d’enregistrement. C’était une scène ouverte à tout le monde. Mais on a enregistré un album et on aimerait bien

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participer à l’boulevard. On est 6 dans mon group, un pianiste, un bassiste, un guitariste, une chanteuse et moi. On refait des chansons très connues. Ici au Maroc on joue de la musique très connue pour que les gens nous acceptent. Si tu viens avec ton improvisation ils ne vont pas vouloir. On joue dans des bars, dans un restaurant. C’est notre première année. Après le bac je vais étudier l’audio-visuel. Et d’ici trois ans je veux partir en France pour être ingénieur du son. Y’a pas ca au Maroc. Y’a que technicien, en trois ans. Tu sais s’il est important ce bâtiment pour les gens ? C’est quelques chose de traditionnel, c’est important. Mais en fait je n’aime pas beaucoup les abattoirs. Ils n’ont pas un charme. C’est très ancien, des années ’20, ’30. Et maintenant il faut faire des choses, de la peinture, des trucs pour qu’il soit bien. Tu penses qu’il faudrait abattre et refaire ? Non non, y’a des trucs très beaux mais ce n’est pas … y’a encore des animaux, tu trouves des choses que t’as jamais vu ! Tu vois même pour les étrangers, toi tu viens voir, après tu vas retourner en Belgique et tu vas dire…. Mais non moi je trouva ca magnifique ! Tu trouves ca magnifique ??? Mais c’est les français qui ont fait ca hein (rire), c’est pas nous. Nous on veut tout mais… Et les marocain ils n’aiment pas les bâtiments français ? Moi j’aime bien. J’aime tout ce qui est européen, même le climat ! Ici y’a plein de voleurs, ils nous attendent. T’as vu la plaine de jeux aux abattoirs ? C’est pas les marocains ! C’est dommage qu’ils n’aient pas demandés aux gens du quartier de participer. Non, les marocains ils ne veulent rien faire. Ils n’aiment pas travailler. Ils aiment quand tout est fait ! J’ai envoyé des enregistrements aux organisateurs de l’boulvard. Mais on doit attendre jusqu’à la première semaine de mai pour savoir qui va participer.

Amin Zine El Abidine El – artiste peintre. 23 avril 2011. Tu as participé aux évènements des abattoirs l’année dernière ? J’ai juste donné une toile mais je n’ai pas vraiment participé. Et pour toi ce projet a de l’importance ? Ben pas vraiment. Pour moi il faudrait utiliser d’autres moyens pour utiliser ce site. Par exemple il faudrait le donner chaque année à une association différente qui en ferait ce qu’elle veut. Au bout de 10 ans on aurait un espace qui a été utilisé par dix associations différentes qui l’auraient vraiment utilisé en permanence comme espace culturel. Ou alors on pourrait donner un mur ou un bout de mur à différents artistes et que ce mur leur appartienne. Le site est tellement grand que chaque artiste casablancais pourrait avoir un morceau. Mais alors ça deviendrait comme un musée privé. Mais non, ca resterait public et les gens pourraient s’y balader en permanence.

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Bibliographie

Livre : Jean-Louis Cohen et Monique Eleb, Casablanca, mythes et figures d’une aventure urbaine, Hazan édition, 2008. Marc Pabois et Bernard Toulier (sous la direction de), Architecture coloniale et patrimoine, l’expérience française, institut national du patrimoine, Somogy édition d’art, 2005. Article patrimoine, Dictionnaire Le Robert, Paris, 1992. Yves Robert, Théorie de la conservation et de la restauration des patrimoines, édition ISACF La Cambre, 2007-2008. George Kubler, Formes du temps. Remarques sur l’histoire des choses, Paris, Editions Champ libre, 1973. Dominique Poulot, une histoire du patrimoine en occident, XVIIIe-XXIe siècle, Du monument aux valeurs, Paris, Presses universitaires de France, 2006. Gustavo Giovannoni, L’urbanisme face aux villes anciennes, Paris, édition du Seuil (collection Points Essais), 1998.

Revues : Jean-Pierre Frey, Henri Prost, parcours d’un urbaniste discret (rabat, Paris, Istanbul…), revue Urbanisme n° 336, Ma - Juin 2004. Abderrahim Kassou, Reconversion des anciens abattoirs de Casablanca, Les cahiers de l’EAC (école supérieure d’architecture de Casablanca), 2008. Ahmed El Hariri, architecte, président du Docomomo Maroc. Propos recueillis dans une interview du magazine d’architecture AM n°49 –Octobre, novembre, décembre 2010, Janvier 2011. Mouna M’hammedi, architecte du patrimoine, docteur en géographie urbaine et professeur à l’ENA à rabat. Propos recueillis dans une interview du magazine d’architecture MA n°49 –Octobre, novembre, décembre 2010, Janvier 2011. R.Berardi, revue Architecture d’aujourd’hui n°153, 1970.

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Documents transmis par Casamémoire : Rapports d’activités. Fascicule projet abattoirs 2010 Carnet de programme Fascicule « Projet abattoirs 2010 ». Extrait de la convention entre la ville de Casablanca et Casamémoire.

Documents del’EAC, Ecole supérieure d’Architecture de Casablanca : Livret de projet.

Références orales : Conférence de Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM), Abderrahim Sijelmassi (architecte), Adam El Mahfoudi (architecte), Genèse d’une ville nouvelle, architecture marocaine au début du XXème siècle, à la rotonde, parc de la ligue arabe, Casablanca, le 1 avril 2011. Conférence de Abderrahim Sijelmassi (architecte), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM), Behy (promoteur immobilier), Ghalia Sebti (directrice de l’entreprise de zellige Aït Manos) , Le patrimoine, métier de l’art et des hommes, villa des arts, Casablanca, le 20 avril 2011. Table ronde sur le thème « métiers d’art et patrimoine » à la rotonde, parc de la ligue arabe le 17 avril 2011. Intervenants : Abderrahim Sijelmassi (architecte), Alia Bekkari (architecte du patrimoine), Hakim Cherkaoui (architecte, directeur de l’ENA) ,Mohamed Bouazzaoui (entrepreneur spécialisé en réhabilitation des monuments historiques), Said Guihia (designer et professeur à l’école des beaux-arts de Casablanca), Selma Zerhouni (modératrice, rédactrice à la revue AM).

Interview réalisée en octobre 2010 à Casablanca : Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat.

Interviews réalisées en avril 2011 à Casablanca :

Aadel Essaadani, directeur technique des abattoirs, urbaniste. Adam El Mahfoudi, architecte. 122


Aïcha Elbeloui, étudiante à l’école d’architecture de Rabat. Amine Zine El Abidine El, artiste peintre. Belfakih Abdelbaki, anthropologue –professeur à l’université. Bertrand Houin, paysagiste. Dominique Langlois, artiste. Etudiante de l’école secondaire de Hay Mohammadi, seize ans. Etudiant 17 ans (niveau du bac), guitariste. Etudiants de l’école secondaire de Hay Mohammadi, quinze et seize ans. Imad Eddine, architecte. Karim Rouissi, architecte associé du bureau Empreinte d’architecte, et membre de Casamémoire. Kenza Benjelloun, artiste plasticienne. Tarik Bouali, régisseur des abattoirs. Thomas Delbrade, architecte dans le bureau Empreinte d’architecte. Marchands de moutons de Hay Mohammadi.

Références électroniques : Mohamed Darif, politologue, islamologue. http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2008/05/19/feature-01 Rapport du cinquantenaire cité par l’association Badiyati. http://www.badiyati.asso.ma/analphabetisme.php Texte de Casamémoire. http://www.casamemoire.org/index.php?id=9 Reportage sur l’architecture art déco de Casablanca par la chaine de télévision 2M Monde. http://www.youtube.com/watch?v=zP5dsYvigqE&feature=related Informations sur la commune de Hay Mohammadi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Hay_Mohammadi 123


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Remerciements

Tout d’abord je tiens à remercier mon promoteur, Yves Robert, dont le soutient, la présence et les conseils m’ont été précieux tout au long de mon travail. Merci à toutes les personnes rencontrées à Casablanca pour l’accueil que j’ai reçu, leur temps lors des interviews et particulièrement leur envie de partager un savoir qui m’a beaucoup aidée par la suite. Merci à mes parents qui me soutiennent à tous instants (merci papa pour ta compagnie pendant quelques nuits blanches!), à Cribouille pour sa motivation à relire mon mémoire d’un bout à l’autre, à Audrou pour sa précieuse aide à embellir cet ouvrage et à Alice pour sa bonne humeur inépuisable et ses chansons en boucle.

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