LE CHRETIEN ET LA POLITIQUE (MB3319)

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Charles Colson & Kenneth Myers

Le chrétien et la politique Charles Colson & Kenneth Myers

Notre monde est en pleine déliquescence morale. Face à cette situation, certains croyants considèrent que les chrétiens doivent prendre le pouvoir pour rétablir l’ordre moral et redonner la primauté aux valeurs fondées sur la Bible. Entre la résignation et l’action militante, quel doit être le rôle des chrétiens dans la vie publique ? Peuvent-ils – ou doivents-ils – faire de la politique, voire prendre le pouvoir (fût-ce par les armes) pour une si juste cause ? Comment utiliser les moyens de pression médiatiques, économiques, financiers ou politiques pour promouvoir la vérité biblique ?

Le chrétien et la politique

Charles Colson, ancien conseiller à la Maison Blanche, et Kenneth Myers, réalisateur pour Bera Audio, tentent de démêler quelque peu la confusion qui caractérise notre temps en apportant des réponses claires, actuelles, fondées sur la Bible.

ISBN 978-2-8260-3319-6

A la lumière de la Parole de Dieu


Charles W. Colson – Kenneth A. Myers

Le chrĂŠtien et la politique La religion du pouvoir


Table des matières Charles W. Colson L’illusion du pouvoir

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Le pouvoir: domination ou service . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Le monde évangélique et la solution politique . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Le chrétien: un citoyen ou un dirigeant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 Les dangers de l’activisme utopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 Trois pièges de la politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .17

Kenneth A. Myers Agir autrement : Proclamer au lieu de protester

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La stratégie du boycott . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25 Supposons... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27 Quand l’idéologie remplace la théologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 La mort et la chrétienté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .36



L’illusion du pouvoir Charles W. Colson Encouragée par notre civilisation, l'ascension vers le pouvoir, et plus particulièrement vers le pouvoir politique, a subjugué de nombreux chrétiens, même sincères. Dans la première moitié de ce chapitre, je traiterai de l'attrait du pouvoir et de la célébrité. Dans la seconde, nous nous intéresserons de façon plus spécifique à différents aspects de la question de l'engagement politique du monde évangélique. Dans son ouvrage intitulé Megatrends, John Naisbitt a observé que les grands changements de société partaient de la base pour remonter vers le sommet, et non l'inverse1. Les grands bouleversements de civilisation sont déclenchés non par les hauts responsables politiques, ni par les personnalités célèbres, mais par les gens ordinaires. Tout individu peut – et doit – apporter quelque chose de différent dans le petit coin de la planète qu'il habite, en venant personnellement en aide aux nécessiteux. Ceci étant dit, certains sont, de surcroît, appelés à agir au niveau politique, par l'intermédiaire des structures de l'Etat, afin que l'influence du christianisme s'exerce sur la civilisation. Or, ces personnes doivent être averties d'une chose: la vie politique au quotidien, c'est le pouvoir; et personne n'est à l'abri des pièges auxquels le pouvoir expose. Pour ma part, j'ai d'emblée été confronté à ces pièges. Je suis arrivé à la Maison-Blanche en tant que conseiller du Président. Très vite, mes méthodes expéditives et musclées m'ont permis de trouver grâce aux yeux du Président Nixon, qui a aussitôt fait de moi l'un de ses collaborateurs les plus proches. Après une entrée en matière aussi tonitruante, je n'ai eu aucun mal à déloger plusieurs secrétaires et agents des services secrets et à prendre possession du bureau voisin du bureau présidentiel. Il suffisait d'observer les réactions de mes visiteurs prenant soudainement conscience du fait que le Président en personne se trouvait de l'autre côté du mur, pour prendre la véritable mesure de mon changement de statut. Cependant, mon ascension comportait une dimension symbolique autrement plus importante: je venais de franchir une frontière invisible; j'étais désormais dans l'enceinte du pouvoir. Une manchette de l'hebdomadaire Newsweek a annoncé mon arrivée à la Maison-Blanche

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en indiquant que mon nom figurait désormais en première position sur les listes des convives de toutes les hôtesses de Washington (affirmation ironique, puisque je n'assistais jamais aux réceptions) et que le simple fait de le prononcer déclenchait immédiatement une vague de tension2, ce qui, à Washington, est synonyme de pouvoir. Dans son ouvrage intitulé The Masters, le romancier britannique C. P. Snow raconte l'histoire d'un homme qui choisit d'être non un roi, mais un “faiseur de rois”, ultime accomplissement du pouvoir3. Cette histoire aurait très bien pu être la mienne. Je suis entré à la Maison-Blanche convaincu que le fait d'exercer des responsabilités au plus haut niveau de l'Etat était une marque de confiance, un devoir. Or, progressivement, imperceptiblement, j'ai commencé à considérer ce rôle comme une croisade; l'avenir de la république dépendait du maintien du Président au pouvoir, du moins selon mon point de vue le plus rationnel. Mais en réalité, que j'en aie eu conscience ou non, mon propre pouvoir était lié à la durée de celui du Président. Si le pouvoir peut commencer par n'être qu'un moyen de parvenir à une fin, il devient très vite une fin en soi. Ayant vécu de l'intérieur l'affaire du Watergate, je puis attester de la véracité de ce célèbre mot de Lord Acton: “Le pouvoir corrompt; le pouvoir absolu corrompt absolument.” Il convient néanmoins tout particulièrement de préciser que c'est le pouvoir qui corrompt et non lui qui est corrompu. Prenons l'exemple de l'électricité: lorsqu'on s'en sert correctement, elle est source de lumière et d'énergie, alors que dans le cas contraire, elle détruit. Dieu a confié le pouvoir à l'Etat afin de contenir le mal et de maintenir l'ordre. Tout le problème réside dans l'utilisation que l'on fait du pouvoir, que ce soit à des fins personnelles ou dans l'optique du bon fonctionnement de l'Etat. Le problème du pouvoir ne se limite évidemment pas aux hauts responsables de l'Etat. Il concerne toute relation humaine, que ce soit avec un parent dominateur, un chef tyrannique, un conjoint manipulateur ou un pasteur qui se prend pour Dieu. Le pouvoir exercé par les personnes prétendues faibles qui manipulent autrui pour parvenir à leurs fins est également d'une efficacité redoutable. La tentation d'abuser d'un pouvoir n'épargne personne, pas même ceux qui sont investis d'une autorité spirituelle.

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Les affaires de corruption de certains télé-évangélistes, qui ont fait couler beaucoup d'encre il y a quelques années, témoignent incontestablement de l'incapacité de faire face aux réalités du pouvoir. On attrape facilement le vertige lorsqu'on est à la tête d'un ministère couvrant le monde entier, d'émissions de télévision dotées de budgets de plusieurs millions de dollars ou d'une église immense et riche. Les responsables qui atteignent les sommets du monde religieux se retrouvent sur le fragile piédestal que constitue la célébrité dans le monde chrétien; mais lorsque leur célébrité est amplifiée par la formidable caisse de résonance que constitue le tube cathodique, les risques de chute deviennent considérables. Prenons le cas de Jim et Tammy Bakker. Lorsqu'en 1976 je fis pour la première fois la connaissance de leur ministère, c'était une œuvre très modeste située dans un vieux bâtiment. Ils désiraient sincèrement faire du bien autour d'eux, du moins en étais-je convaincu. Un an plus tard, je fus invité dans leurs nouveaux locaux; les installations étaient modernes, mais je fus immédiatement frappé par le changement de comportement de mes hôtes. Jamais je ne revins dans ce lieu. Je fus témoin du même phénomène avec l'un des animateurs de télévision les plus célèbres des Etats-Unis. Lorsque je fus pour la première fois invité à son émission, avant son ascension dans les taux d'audience, l'animateur était plein d'humilité; véritablement intéressé par le sujet, qu'il avait, au reste, bien préparé, il était courtois. Deux ans plus tard, alors qu'il était entre temps devenu la sensation du monde de la télévision, c'est avec condescendance et flanqué d'assistants obséquieux qu'il entra dans la pièce; il se moquait lamentablement de ce que ses invités avaient à dire et se montrait arrogant et vulgaire pendant l'émission, pour la plus grande joie de son public. Il est absurde pour un chrétien de croire qu'il est le digne objet de l'adoration générale; c'est comme si l'âne sur lequel Jésus est entré à Jérusalem avait cru que les acclamations de la foule et les vêtements déposés sur son chemin étaient destinés non à Jésus, mais à lui-même. Pourtant, les privilèges et la notoriété conférés par la médiatisation télévisuelle sont suffisants pour conforter n'importe qui, ou presque, dans son ego. Ce phénomène conduit certaines personnes à faire preuve d'indulgence vis à vis d'elles-mêmes dans l'exercice du pouvoir, une attitude que d'aucuns ont surnommée “syndrome d'Imelda Marcos” et que l'on pourrait résumer par la formule suivante: “maintenant que j'en suis arrivé là, j'ai tous les droits”; ce comportement témoigne d'un

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égoïsme sans limites et du mépris d'autrui le plus complet. Le pouvoir est comme l'eau salée: plus on en boit, plus on a soif.

Le pouvoir : domination ou service L'attrait du pouvoir peut entraîner le chrétien le plus engagé loin de la véritable nature du pouvoir, de celle qui est enseignée par le christianisme et qui consiste à se mettre au service des autres. Il est difficile d'être sur un piédestal et de laver les pieds de ceux qui sont en bas. C'est précisément cette tentation du pouvoir qui a été la cause du péché originel. Eve a été tentée de manger du fruit de l'arbre de la connaissance, car elle voulait être comme Dieu et s'emparer de son pouvoir. L'écrivain quaker Richard Foster déclare: “le péché du jardin était le péché du pouvoir”4. Depuis le commencement, le pouvoir est l'un des moyens d'action les plus efficaces dont dispose Satan, peut-être parce que Satan lui-même le convoite tant. Parlant de Lucifer, Milton a écrit, dans son ouvrage intitulé Paradis perdu: “Régner justifie l'ambition, même en enfer. Mieux vaut régner en enfer que servir au paradis”5. Alors qu'il annonçait le Royaume et offrait la rédemption après la chute, Jésus-Christ a inversé les valeurs traditionnelles du pouvoir. Alors que les disciples se querellaient pour savoir qui d'entre eux était le plus grand, Jésus les reprit en disant: “Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert” (Luc 22:26). Imaginez l'effet qu'aurait eu une telle déclaration dans les coulisses de la vie politique américaine, dans les salles de réunion feutrées des conseils d'administration des grandes entreprises ou encore, malheureusement, à la tête de certains empires religieux. Jésus était aussi plein de bonté que Ses paroles. Il lavait les pieds poussiéreux de ses propres disciples, une corvée d'ordinaire réservée au dernier des domestiques dans la Palestine du premier siècle. Un roi qui sert ses sujets en répondant à leurs besoins physiques les plus terre-à-terre? C'est à n'y rien comprendre. Pourtant, les notions de direction et de service vont de pair et sont au cœur même de l'enseignement de Christ. “Quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous.” (Marc 10:44) C'est un message révolutionnaire qu’il adressait à la civilisation très hiérarchisée du premier siècle où, comme en témoigne le fait que les pharisiens disposaient à la synagogue de sièges qui leur étaient réservés,

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Charles Colson & Kenneth Myers

Le chrétien et la politique Charles Colson & Kenneth Myers

Notre monde est en pleine déliquescence morale. Face à cette situation, certains croyants considèrent que les chrétiens doivent prendre le pouvoir pour rétablir l’ordre moral et redonner la primauté aux valeurs fondées sur la Bible. Entre la résignation et l’action militante, quel doit être le rôle des chrétiens dans la vie publique ? Peuvent-ils – ou doivents-ils – faire de la politique, voire prendre le pouvoir (fût-ce par les armes) pour une si juste cause ? Comment utiliser les moyens de pression médiatiques, économiques, financiers ou politiques pour promouvoir la vérité biblique ?

Le chrétien et la politique

Charles Colson, ancien conseiller à la Maison Blanche, et Kenneth Myers, réalisateur pour Bera Audio, tentent de démêler quelque peu la confusion qui caractérise notre temps en apportant des réponses claires, actuelles, fondées sur la Bible.

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