Les dons de l'Esprit (extrait)

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George Winston

avec Robin Reeve et Florent Varak

Les dons de l’Esprit entre charismanie et charisphobie

Réflexion à trois voix

Les dons de l’Esprit entre charismanie et charisphobie © et édition (française): La Maison de la Bible, 2015

4e édition 2023

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Nouvelle Edition de Genève 1979 © Société Biblique de Genève.

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ISBN édition imprimée 978-2-8260-3536-7

ISBN format epub 978-2-8260-0010-5

ISBN format pdf 978-2-8260-9752-5

Imprimé en France par Sepec numérique

Table des matières Avant-propos ...................................................................................... 7 Introduction ....................................................................................... 9 1. Une définition ........................................................................... 13 2. L’utilité des dons ........................................................................ 25 3. L’actualité des dons ................................................................... 29 4. Les destinataires des dons ........................................................ 35 5. La dispensation des dons .......................................................... 45 6. Les divers dons .......................................................................... 51 7. Diversité et unité des dons ...................................................... 139 8. Le mauvais usage des dons ..................................................... 145 9. L’importance des dons ............................................................ 155 10. Les charismes et l’amour ......................................................... 159 11. Le discernement des dons....................................................... 163 12. Des distinctions importantes .................................................. 173 13. L’enseignement de Jésus ......................................................... 177 14. Les dons de l’Esprit et l’Eglise ................................................. 187

Avant-propos

George Winston s’est proposé d’examiner la question des dons de l’Esprit, source de division parmi les chrétiens, dans un esprit irénique et constructif. Une telle démarche est précieuse, dans le contexte actuel.

Il nous a semblé intéressant de demander à deux jeunes théologiens, l’un de tendance charismatique (Robin Reeve), l’autre non charismatique (Florent Varak), de livrer leurs réactions face à ses affirmations. Chacun l’a fait dans son style et conformément à ses convictions. Il ne s’agit pas ici de remettre en question les positions de George Winston mais de permettre au lecteur de mieux cerner les «points sensibles», les éléments qui alimentent le débat. C’est donc un ouvrage sous forme de réflexion à trois voix qui est proposé ici, dans une approche que nous espérons constructive.

Le texte de George Winston correspond au fil principal du texte.

Les interventions de Robin Reeve se reconnaissent à leur police plus petite et aux initiales RR qui les précèdent.

Les argumentations développées par Florent Varak sont identifiables à leur police elle aussi plus petite et aux initiales FV qui les précèdent.

Les éditeurs

/ 7 Avant-propos

Le pendule, avec ses balancements d’abord d’un côté, puis de l’autre, illustre un des grands dangers courus par l’Eglise: le peuple de Dieu s’est souvent laissé attirer par les extrêmes, voire les extrémismes, au lieu de trouver le juste milieu dans la Parole de Dieu. L’enseignement biblique sur les charismes n’a pas connu de traitement systématique avant le 20 e siècle. On était resté figé, par peur du neuf ou du désordre, dans le rite, le dogme, les structures et le cléricalisme. Ce qui n’a pas empêché le Saint-Esprit d’agir tout au long de l’histoire de l’Eglise. Des réformes, des réveils, des poussées d’enthousiasme ont eu lieu à répétition, pour aboutir parfois à l’extrême opposé, à des débordements malsains. Le balancier avait de nouveau fait son œuvre néfaste. Et les excès furent tantôt réprimés, tantôt récupérés par l’institution. Nous relevons ci-après plusieurs de ces mouvements qui eurent des aspects positifs incontestables mais qui connurent aussi des écarts.

Le montanisme (170-550) reste attaché aux grandes doctrines de la foi tout en insistant sur l’idée que le Saint-Esprit doit manifester en tout temps sa présence de façon sensible à chaque croyant. Certains exercent le don de prophétie, d’autres celui du parler en langues. Tertullien est un de ses protagonistes les mieux connus.

Les franciscains, à leurs débuts au 13e siècle, considèrent le miraculeux comme faisant partie intégrante du christianisme. François d’Assise reçoit le miracle des stigmates de la passion en 1224, au mont Arverne.

RR Il semble qu’il aime s’exprimer, en se promenant dans les bois, dans des langues incompréhensibles.

/ 9 Introduction
Introduction

Le prophétisme anabaptiste au 16e siècle est marqué par des prédictions et des manifestations surnaturelles, notamment à Zwikau, en Saxe.

Les quakers (nom signifiant «trembleurs»), au 17e siècle en Angleterre et en Amérique, connaissent parmi eux des miracles, des guérisons et la glossolalie, surtout du vivant de leur fondateur, George Fox. Ils se distinguent par leur probité, leur pacifisme et leur philanthropie.

Les camisards des Cévennes, pendant la période de leur persécution (1702-1713), sont au bénéfice de protections et de phénomènes surnaturels. Le don de prophétie se manifeste parmi eux.

La deuxième vague du jansénisme, au 18e siècle, est marquée par des prophéties et des guérisons, ainsi que des extases qui valent à ses adeptes le titre de «convulsionnaires».

L’Eglise catholique apostolique est fondée à Londres au début du 19e siècle par Edward Irving. Celui-ci enseigne que les dons de l’Esprit, le parler en langues, la prophétie et l’apostolat ont valeur de normes pour le christianisme.

Le mouvement pentecôtiste débute, à la fin du 19e siècle, par des cas isolés de glossolalie aux U.S.A. (Spurling, Parham, Seymour), au Chili, en Chine et en Afrique du Sud. Une réunion de prière, tenue tous les jours sans interruption durant trois ans au début du siècle dans la rue Azuza à Los Angeles, est considérée comme le commencement proprement dit de ce mouvement. Elle est marquée par des guérisons et le parler en langues. Thomas Barrat, de Norvège, en visite à cette réunion de prière, parle aussi en langues et introduit le pentecôtisme dans les pays scandinaves et en Allemagne. Ce mouvement se propage ensuite dans le monde en attirant des chrétiens de dénominations diverses ainsi que par l’évangélisation. Il se développe par la création d’Eglises et de dénominations nouvelles. L’insistance sur le fait que tout chrétien doit connaître le parler en langues, comme signe du

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baptême de l’Esprit, constitue l’enseignement caractéristique de ces Eglises.

RR Des Eglises nées du réveil du Pays de Galles (Elim, Eglises de Réveil en Suisse) prennent cependant, dès leur naissance dans les années 1930, des distances quant à l’insistance exclusive sur le parler en langues comme signe «obligatoire» du baptême de l’Esprit.

Le renouveau charismatique, dont les débuts se situent entre 1950 et 1970, se distingue du mouvement pentecôtiste en ce qu’il se développe à l’intérieur des grandes confessions chrétiennes: protestante, anglicane, catholique et orthodoxe. Il s’étend également par des organisations inter-ecclésiastiques. Sa doctrine du Saint-Esprit ressemble à celle du pentecôtisme, mais le parler en langues n’est pas considéré comme nécessaire pour chacun.

/ 11 Introduction

1. Une définition

Qu’est-ce qu’un don de l’Esprit?

Par où commencer? Le terme grec principal qui désigne les dons de l’Esprit est charisma, d’où le français «charisme». Il est employé une douzaine de fois dans ce sens dans le Nouveau Testament. Mais il a parfois un sens plus large; il peut aussi désigner n’importe quelle faveur accordée gratuitement par Dieu: parfois une grâce d’un ordre très général (Romains 1.11) comme la vie éternelle (Romains 6.23), le fait d’échapper à la mort (2 Corinthiens 1.10-11), les privilèges que Dieu a accordés à Israël (Romains 11.29) ou la capacité de vivre conformément à une vocation pour le célibat ou le mariage (1 Corinthiens 7.7). Nous nous limiterons, dans cet ouvrage, à son sens le plus usuel: celui de «don spirituel». Qu’est-ce donc qu’un charisme? Est-ce une extase? une prédiction? une guérison? une interprétation? une louange? un phénomène miraculeux? Pour commencer, il faut découvrir le cadre biblique dans lequel ce terme revient le plus souvent.

La Bible situe son enseignement sur les charismes dans le cadre de l’image de l’Eglise comme corps du Christ. Dans cette image, les dons spirituels correspondent aux fonctions des membres de ce

/ 13 Une définition
Un don de l’Esprit est une capacité particulière de servir dans l’Eglise

corps. L’usage le plus fréquent du mot charisma a donc trait à une aptitude pour un service au sein de l’Eglise. Il revient une dizaine de fois dans ce sens dans les épîtres. Ecoutons l’Ecriture: «Tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun individuellement membres l’un de l’autre. Or ayant des dons de grâce (charisma) différents…, soit la prophétie… soit le service… soit celui qui enseigne… celui qui exhorte… celui qui distribue… celui qui est à la tête… celui qui exerce la miséricorde» (Romains 12.4-8, Darby). «Il y a diversité de dons (charisma)… à un autre des dons (charisma) de guérisons… le corps n’est pas formé d’un seul organe, mais de plusieurs… le pied… une main… l’oreille… un œil. Si tout le corps était un œil, où serait l’ouïe? S’il était tout entier l’ouïe, où serait l’odorat? (1 Corinthiens 12.4-17, Segond 21). Les fonctions diverses des membres du corps du Christ correspondent donc à des capacités spirituelles particulières.

L’intérêt de ces aptitudes mène tout naturellement à la question de savoir comment faire pour obtenir un de ces dons.

Pourrait-on mériter un charisme?

Y aurait-il certaines conditions à remplir pour obtenir un de ces dons? Si tel est le cas, il est important de le savoir. Le mot charisma est dérivé de charis qui signifie «grâce». Les charismes sont donc des «dons de grâce», ce qui montre qu’ils ne sont ni mérités ni synonymes de brevet de sainteté, et qu’ils ne constituent même pas une preuve de maturité chrétienne. Ils sont aussi désignés par les mots dorea et doma qui signifient tous les deux «don», d’où l’expression «dons de l’Esprit». Paul déclare: «Chacun de nous a reçu sa part de la grâce divine selon que le Christ a mesuré ses dons (dorea). C’est pourquoi l’on dit: ‘montant dans les hauteurs… il a donné des dons (doma) aux hommes» (Ephésiens 4.7-8, Jérusalem). Suit alors au verset 11 une liste

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de cinq types de chrétiens donnés par le Christ à l’Eglise, qui se distinguent par les dons respectifs que le Seigneur leur a accordés: apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et enseignants.

RR Notons que, contrairement à une idée reçue, ces cinq types de personnes (ou quatre, les deux derniers n’étant pas séparés par un article défini et étant, de ce fait, souvent compris comme représentant une seule fonction) ne sont pas présentés ici comme des «ministères». En effet, ils sont littéralement décrits comme «donnés» (didomi) à l’Eglise: ils servent à l’équipement des croyants, «en vue de l’œuvre du ministère» (Ephésiens 4.11-12). Ils sont des «dons»; le ministère (diakonia) appartient donc à l’Eglise, et non à une forme de clergé.

FV Ces cinq hommes-dons forment «les saints aux tâches du service». Ils ne sont pas là pour réaliser l’ensemble du ministère mais pour former d’autres au service. Ces ministères reconnus auront donc une place particulière pour encourager, former, soutenir et coordonner tout un peuple au service du Seigneur.

Le terme dorea souligne qu’il s’agit d’un don librement accordé, et le mot doma marque la nature concrète du charisme plutôt que son caractère bienveillant. Le verbe «donner» (didomi ) est aussi employé une quinzaine de fois en rapport avec les charismes. C’est donc du Christ lui-même, ressuscité et monté au ciel, que des croyants les reçoivent gratuitement.

RR Jésus a clairement averti que l’exercice de dons (miracles, exorcismes, prophéties) n’est pas une marque de la valeur du croyant (Matthieu 7.22). Paul, de même, souligne bien que l’accumulation de dons et d’œuvres remarquables n’est pas qualifiante et que c’est l’amour qui donne un sens et une valeur au service de la personne (1 Corinthiens 13.1-3).

FV Il serait assez contradictoire de «mériter un charisme». En paraphrasant un peu, on parlerait de «mériter un don», ce qui bien sûr éloigne le don du registre gratuit. Je partage bien les

/ 15 Une définition

points de vue exprimés. Par contre, un don ne veut pas dire qu’il y ait absence de travail pour l’affiner. Paul invite Timothée à ne pas négliger le don qu’il a reçu, l’exhortant à des progrès manifestes (1 Timothée 4.14-15).

Les charismes font des spécialistes

Le charisme d’un croyant lui permet de faire mieux ce que n’importe quel autre chrétien pourrait faire.

* Tout croyant peut témoigner de sa foi (Matthieu 28.19-20; Actes 1.8), même si certains seulement sont évangélistes (Actes 21.8; Ephésiens 4.11).

* Tout chrétien doit faire profiter autrui de ses biens (Hébreux 13.6; Ephésiens 4.28); certains ont un don de libéralité (Romains 12.8).

* Tous peuvent enseigner (Matthieu 5.19; Hébreux 5.12); tous ne sont pas docteurs (1 Corinthiens 12.29).

* Tous peuvent prophétiser dans l’assemblée (1 Corinthiens 14.24, 31); tous ne sont pas prophètes (1 Corinthiens 12.29; Actes 11.27-28).

* Tous doivent prier (1 Thessaloniciens 5.17); tous ne prient pas en langues (1 Corinthiens 12.30; 14.14-15).

* Tous doivent s’encourager les uns les autres (Hébreux 10.25); tous n’ont pas le don d’encouragement (Romains 12.8).

* Tout croyant est sauvé par la foi (Ephésiens 2.8-9) et doit marcher par la foi (2 Corinthiens 5.7); certains seulement reçoivent le don de la foi qui transporte des montagnes (1 Corinthiens 12.9; 13.2), etc.

RR La série de questionnements de Paul (1 Corinthiens 12.2930) appelle en effet une réponse négative: «tous» n’exercent pas tous les dons.

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Nous n’avons donc pas absolument besoin de savoir quel est notre charisme avant de nous engager pour le Seigneur et d’être actifs dans notre Eglise, de témoigner autour de nous, de donner de notre argent, d’enseigner à l’école du dimanche, de fréquenter les réunions de prière, d’encourager les autres, etc. Cette vérité exclut aussi l’idée qu’il existerait l’un ou l’autre don que tout croyant devrait posséder. Les charismes permettent à certains d’être des spécialistes. On ne doit pas s’attendre non plus à ce qu’un pasteur ait, à lui seul, tous les dons nécessaires à l’édification de l’ensemble de la communauté.

RR Dieu peut en effet donner au croyant une capacité particulière de manière ponctuelle, par rapport à une situation spécifique: une parole de sagesse dans un temps d’interrogation, un don de guérison ou de foi en vue du relèvement d’une personne éprouvée, sans que la personne ainsi employée par Dieu ne devienne une «spécialiste» permanente du don exercé. C’est ainsi qu’on peut voir une nuance entre l’expression spontanée de paroles inspirées (que peut vivre tout croyant) et une pratique plus régulière qui serait la marque d’un rôle plus permanent («prophète») au service de l’Eglise.

On pourrait donc considérer que les charismes peuvent ne pas être permanents chez tel ou tel croyant mais qu’ils peuvent révéler la vocation générale d’une personne dès lors qu’ils se manifestent de façon plus régulière. Sans doute le vocabulaire biblique permet-il une certaine souplesse dans la manière de concevoir la notion de charisme.

Y aurait-il une différence entre un don spirituel et un talent naturel?

Un tel a la langue bien pendue, un autre sait chanter, un troisième a la bosse des langues. Est-ce que ce sont là forcément des charismes?

Un terme différent appliqué aux charismes est l’adjectif pneumatikos,

/ 17 Une définition

«spirituel». Paul introduit les chapitres 12–14 de sa première lettre aux Corinthiens en ces termes: «Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance» (1 Corinthiens 12.1). Le mot «dons», qui figure dans la plupart des versions, est absent de l’original; il a été ajouté dans la traduction parce que ce verset introduit trois chapitres relatifs aux charismes. La formule «pour ce qui concerne…» (1 Corinthiens 12.1) annonce une réponse à l’une des questions posées par les Corinthiens à l’apôtre (voir 1 Corinthiens 7.1, 25; 8.1; 16.1). Le terme pneumatikos a donc figuré dans une de ces questions. Que désignait-il? Les versets suivants (1 Corinthiens 12.2-3) montrent que l’interrogation des Corinthiens concernait des expériences spirituelles qu’ils avaient vécues avant leur conversion au Christ, dans le cadre du paganisme idolâtrique: des transports, des extases, des ravissements au cours desquels certains auraient été entraînés à dire: «Jésus est anathème!» (1 Corinthiens 12.3). Il était évident que l’Esprit saint ne les poussait pas à prononcer un tel blasphème. D’autres esprits, des anges de Satan, pouvaient être à l’œuvre chez une personne humaine. Tout «souffle», tout «pneumatisme», toute «spiritualité» ne venait donc pas forcément de Dieu. Il fallait se méfier.

RR Le propos de l’apôtre est centré sur la communication compréhensible et donc sur l’édification du reste de l’assistance. Il corrige la spiritualité des chrétiens de Corinthe, influencés par un mysticisme qui voyait dans l’inspiration un affranchissement des critères de compréhension et de jugement rationnels. L’extrême d’une telle confusion consistant à exprimer une malédiction contre le Christ, avec l’idée que le critère d’évaluation raisonnable était écarté par un tel exercice. Paul rappelle donc qu’il y a cohérence entre l’inspiration de l’Esprit et l’exercice d’un jugement raisonnable, fondé sur la révélation biblique. Le terme pneumatikos est une notion neutre désignant toute expression attribuée à l’Esprit saint. Paul établit alors la différence entre le mysticisme païen et l’action authentique de la troisième personne de la Trinité.

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Le caractère spirituel des charismes est également mis en évidence par leurs contrefaçons. Il existe de «faux apôtres» serviteurs de Satan (2 Corinthiens 11.13), de «faux docteurs» (2 Pierre 2.1) et de «faux prophètes». Ceux-ci sont poussés par des «esprits». Jean donne un avertissement: «N’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde» (1 Jean 4.1). Les faux charismes sont aussi des dons spirituels, car ils sont des manifestations de l’action d’êtres spirituels angéliques mauvais. Cependant, ceux-ci ne viennent pas de Dieu mais de Satan. Un esprit impur sortait de la bouche du faux prophète (Apocalypse 16.13). Les capacités de séduction des faux prophètes et docteurs ne sont donc pas des aptitudes purement naturelles.

RR La réponse de Jean à ces faux prophètes est une évaluation doctrinale (concernant l’incarnation réelle de Jésus «venu en chair», cf. 1 Jean 4.2). L’engagement de l’intelligence (connaissance de la vérité évangélique) est ici aussi clairement associé à la spiritualité chrétienne.

Cela n’empêchait pas que se manifestent dans l’Eglise de Corinthe des pneumatika («choses spirituelles») d’origine authentiquement divine: les charismes comme la prophétie et le parler en langues. En effet, le terme pneumatikos revient dans 1 Corinthiens 14.1-2 pour désigner ces deux dons-là: «Aspirez aussi aux (dons) spirituels ( pneumatikos), mais surtout à celui de prophétie. En effet, celui qui parle en langue…» Et encore dans 1 Corinthiens 14.12: «Puisque vous aspirez aux (dons) spirituels ( pneuma, littéralement «esprit»), que ce soit pour l’édification de l’Eglise…» En parlant des charismes comme étant des «spirituels» et des «esprits», l’apôtre souligne avec force que c’est bien là leur nature et leur essence. Toutefois, on peut difficilement parler en français d’un «spirituel», sans autre précision.

RR Paul est tout à fait clair sur l’origine divine des deux dons (prophétie et parler en langues). En 1 Corinthiens 14, il donne un

/ 19 Une définition

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