blessures
DAVID F. ALLEN
DAVID F. ALLEN Libérés
DE NOS
blessures
Titre original en anglais : In Search of the Heart
1993 Eleuthera Publications
© 1993 David F. Allen
Publié avec autorisation
Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version
Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève
Traduction : Nathalie Surre, Patrick Brunet
© et édition française : La Maison de la Bible, 2008, 2023
Case postale 50
Chemin de Praz-Roussy 4bis
1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse
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ISBN format papier 978-2-8260-3631-9
ISBN format pdf 978-2-8260-9770-9
ISBN format epub 978-2-8260-0036-5
Imprimé en France par Sepec numérique
Remerciements
Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance à toutes les personnes blessées qui, par leur vie, m’ont tellement appris sur moi-même et m’ont poussé à entreprendre le chemin menant vers mon propre cœur. Ces personnes ont contribué à la construction de mon existence sur le fondement de la foi que mes parents avaient posé et que des conseillers spirituels rencontrés tout au long de mon parcours m’ont aidé à consolider.
Cet ouvrage n’aurait pas vu le jour sans la compétence et les conseils éclairés de Janet Thoma, mon éditrice, et de son équipe dont le travail soutenu m’a aidé à exprimer par écrit les sentiments et les pensées de mon cœur. Je serai toujours reconnaissant pour la patience et l’encouragement de Janet.
Mes distingués remerciements vont aussi à Rita Schweitz qui a contribué à l’organisation et à la présentation de l’ouvrage.
Merci également à Cherry Sharrer dont l’enthousiasme et le soutien constants m’ont encouragé à mener à bien ce projet.
Enfin, je souhaite remercier ma femme, Vicky, ainsi que mes enfants, Marie et David, dont l’amour et le soutien spirituel ont fait de ce livre une réalité bien avant sa rédaction.
Je dédie ce livre à la mémoire de mes parents décédés, Bessie et Fred Allen, qui m’ont beaucoup appris au sujet de notre nature profonde, je veux parler du cœur.
Préface
C’est une grande joie pour moi que de rédiger l’introduction de cet ouvrage très stimulant de David Allen intitulé Libérés de nos blessures. J’ai fait la connaissance de David à l’époque où j’enseignais à Yale Divinity School, et j’ai découvert en cet homme un psychiatre doté d’une grandeur d’âme exceptionnelle.
J’ai rarement rencontré quelqu’un qui, en plus d’être un médecin éminent, est aussi un être qui possède un véritable cœur de pasteur. Son ouverture d’esprit, son honnêteté et son profond amour pour Dieu caractérisent sa façon de communiquer, d’aborder ses patients et d’entourer ses étudiants. David a su réellement intégrer sa formation médicale et psychologique à sa marche personnelle avec Dieu.
Libérés de nos blessures est le fruit d’une vie vécue dans l’obéissance à Dieu conjuguée à une sollicitude profonde envers les autres. David a saisi à la fois la complexité des émotions humaines et l’action puissante de l’Esprit de Dieu exercée dans notre vie au quotidien. Je suis particulièrement touché par ce livre car je peux sentir au fil des pages battre le cœur d’un homme qui cherche à nous communiquer son affection et à nous faire rencontrer ce Dieu qui désire nous inonder de son amour dans tous les domaines de notre vie. Il le fait non à la manière d’un prédicateur, mais en sa qualité de psychiatre, à la manière d’un homme de cœur qui s’exprime avec clarté et précision. David nous relate ainsi maintes histoires concernant nos luttes et nos victoires ; il nous fait part sans crainte
de ses propres joies et de ses propres souffrances dans son cheminement auprès des autres. Je suis profondément convaincu que cet ouvrage apportera réconfort et consolation à de nombreuses personnes. Ce livre très stimulant est aussi et avant tout un ouvrage rempli d’espoir.
Dr Henri Nouwen Auteur de The Wounded HealerLe chemin vers notre cœur
Chapitre 1
En route vers la découverte
spirituelle
Anita était une jeune femme charmante et séduisante de 29 ans. Mais en dépit de son apparence décontractée, elle était, de façon alarmante, profondément lasse de la vie. «Ma vie est à un croisement. Si rien ne se passe rapidement, je vais sombrer», m’a-t-elle dit en essuyant ses larmes. «Je ne peux plus supporter le stress. J’aimerais juste pouvoir m’endormir et ne plus jamais me réveiller.»
Anita m’a décrit son mari comme un être froid, distant et qui ne lui était d’aucun soutien. En raison de son travail irrégulier, il ne contribuait que très partiellement aux besoins financiers de la famille. Le désir d’Anita de s’en aller pour ne jamais revenir la conduisait à des pensées suicidaires. Pour compliquer la situation, l’un des enfants d’Anita avait des problèmes à l’école. Ne pouvant compter sur le soutien de son mari, Anita devait se charger seule d’aider sa petite fille dans son travail scolaire. Anita se levait très tôt le matin pour préparer le petit-déjeuner, déposer les enfants à l’école, pour ensuite se rendre à toute hâte au travail. Après sa journée de travail, elle devait répondre aux besoins de ses enfants et effectuer les diverses tâches pratiques de la vie quotidienne. Rien de très
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surprenant alors qu’elle se sente épuisée, déprimée et accablée par une santé de plus en plus vacillante.
Anita n’était pas très différente de la majorité des patients que je traitais. Elle n’était pas non plus si différente de vous ni de moi. J’ai commencé à prendre conscience de cela en 1972, lors de ma troisième année en tant qu’interne en psychiatrie à Harvard. J’ai passé une partie de cette période dans une clinique spécialisée pour les toxicomanes, située dans la partie est de Boston.
J’avais toujours été sidéré de voir combien les gens pouvaient se détruire en introduisant dans leur corps des substances chimiques. Beaucoup de toxicomanes dans cette clinique étaient drogués à l’héroïne et suivaient un traitement à base de méthadone (une substance utilisée pour neutraliser le manque d’héroïne) ; pourtant, même à ce stade-ci, ils continuaient à se piquer à l’héroïne ou prenaient de l’alcool.
Je trouvais le travail passionnant mais extrêmement frustrant. Parfois, j’étais content des progrès notables d’un patient, mais la semaine suivante, il se présentait à nouveau à la clinique, en état avancé d’ébriété ou sous l’emprise de drogues ou encore fortement affecté par une overdose de méthadone.
John est un des patients qui m’a particulièrement exaspéré. Il était alors âgé de 35 ans et avait commencé à prendre de la marijuana ainsi que de l’alcool dès l’âge de 13 ans, pour ensuite passer à l’héroïne. Sa famille était pauvre ; son père était alcoolique et avait abusé de lui et de sa mère.
Nous avons beaucoup travaillé avec John dans le cadre d’une psychothérapie individuelle, mais aussi en thérapie de groupe et en thérapie familiale avec les membres de sa famille. Nous avons même essayé une nouvelle forme de thérapie au cours de laquelle John devait s’allonger dans un cercueil dans le but de lui faire prendre conscience que ses abus d’héroïne et de méthadone finiraient rapidement par le tuer. Mais cela non plus n’est pas parvenu à faire changer son comportement.
Cet échec dans la tentative d’aider John m’a conduit à me poser la question suivante : «Est-ce qu’un psychiatre est réellement utile dans le traitement de telles addictions ? Est-ce là un bon usage de mon temps en
tant que médecin spécialiste ?» John m’a permis de prendre la mesure de mon incapacité à appliquer les modèles traditionnels de thérapie auprès de personnes à la dérive comme lui et ayant perdu tout espoir pour une vie meilleure.
Je m’étais déjà posé ces mêmes questions lorsque j’avais commencé à exercer. Je m’étais demandé si ma formation serait utile à la population des Bahamas d’où je suis originaire. J’avais même songé à réintégrer la médecine générale pour me former davantage sur la guérison des maladies physiques, plus répandues sur mon île. En raison de mon éducation judéo-chrétienne reçue au sein d’une famille remplie d’amour, j’avais du mal à faire l’amalgame entre la psychiatrie et ma foi chrétienne. Ce tiraillement très pénible me causait bien des tourments tant émotionnels qu’intellectuels.
Mon dilemme a pris fin lorsqu’un professeur m’a dit un jour : «Allen, tu cherches juste à fuir la psychiatrie par tes questions, pourquoi n’essaiestu pas d’être créatif au sein même du domaine de la psychiatrie ?»
Lorsque je me suis mis à penser à John, toutes mes questions d’alors ont ressurgi. Mon sentiment d’échec voire d’incompétence vis-à-vis de lui était tel que j’en arrivais à nourrir des sentiments négatifs à son sujet, au point de m’en vouloir moi-même de m’être autant investi dans sa vie.
Je n’oublierai jamais ce mercredi après-midi alors que je l’attendais à l’extérieur de la clinique. Nous étions censés nous retrouver là et, comme cela arrivait régulièrement, il n’était pas au rendez-vous. J’avais une fois de plus l’impression d’être la victime d’un de ses stratagèmes.
De guerre lasse, je m’étais mis à observer la rue tranquille de ce quartier résidentiel. Elle était bordée d’immeubles en mauvais état et de maisons quelque peu délabrées. Soudain, John a fait son apparition et s’est dirigé vers moi. Ses cheveux blonds ébouriffés entouraient son visage sale et ses yeux hagards, et une barbe grossière couvrait son menton ; son tee-shirt marron délavé flottait sur un jean déchiré. Il marchait en titubant ; de toute évidence, il était ivre ou drogué.
Quand je l’ai vu dans cet état, j’étais presque révolté et me suis dit en moi-même : «Non, pas encore !» John a dû sentir ma frustration. Il a
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marmonné et prononcé des paroles que je ne pourrais jamais plus oublier : «Tuuuu sais, Doc Allen, toi et moi on est pareils. Tuuuu vois… Je me pique àààà l’héro... et toi, tuuuu te piques à l’ego.»
Ces mots ont eu l’effet d’une flèche qui m’a frappé en plein cœur. Pour la première fois, je prenais conscience en effet que John et moi étions semblables dans bien des domaines. Nous étions tous deux des êtres humains créés à l’image de Dieu. Nous cherchions tous les deux à être aimés et, l’un comme l’autre, nous désirions autant être respectés. Lui et moi étions remplis de profondes blessures. John atténuait sa souffrance au moyen de l’héroïne. L’ego ne soulageait-il pas la mienne ?
Le fait de m’occuper de la vie de John n’était-il pas une façon pour moi d’étouffer ma propre souffrance ? Loin de mon île paisible des Bahamas, je cherchais d’une façon quelque peu désespérée la réussite professionnelle dans le domaine de la psychiatrie et ce, dans un cadre des plus stériles. Or, plus j’essayais de me perfectionner et d’aider mes patients, plus je me rendais compte de mon inaptitude.
John avait en lui-même une bombe à retardement prête à exploser et à le détruire, lui et son entourage. Je renfermais en moi-même un explosif similaire, susceptible de se déclencher à tout moment et de me détruire, moi et ma famille. Je crois qu’il en est de même pour chacun d’entre nous. Nous sommes des êtres humains et nous avons tous des blessures ; nous avons tous un certain sentiment d’incompétence, et nous agissons de différentes manières pour pallier cette incompétence. Nous nous droguons à l’héroïne ou à l’ego pour tenter de nous convaincre que nous sommes à la hauteur, que nous possédons une quelconque connaissance supérieure. J’ai pris conscience que l’orgueil de mon cœur m’empêchait d’être tout simplement humain et d’éprouver une compassion naturelle pour John.
La flèche qu’il m’avait lancée par ses mots avait profondément touché mon cœur. En effet, comment pouvais-je, moi qui avais dans le cœur mes propres blessures non guéries, soulager le cœur blessé de John ? J’avais besoin d’affronter ma propre douleur afin de pouvoir comprendre la sienne.
A la recherche de notre cœur
Le célèbre pédopsychanalyste Bruno Bettelheim, qui avait lui-même souffert dans des camps de concentration allemands, regrettait que l’approche freudienne des phénomènes psychiques (l’étude de la psyché) se soit transformée en une technique par trop rigide et distante. Cette approche consiste à travailler avec des patients en vue de les aider à entrer en contact avec la partie profonde de leur être (leur moi intérieur, leur inconscient) pour qu’ils trouvent un sens à la vie. «Freud considérait son approche comme quelque chose de sacré. Ce dont nous avons le plus besoin dans le travail d’aide auprès de personnes qui souffrent, c’est d’une compassion spontanée avec la partie inconsciente de leur être», dit Bettelheim.1
En travaillant avec des enfants profondément perturbés, il avait découvert qu’une proximité émotionnelle résultant d’une compréhension compatissante de l’âme de l’enfant était nécessaire. Ce dont nous avons besoin, dit-il, c’est d’un écho émotionnel d’une âme à l’autre, d’un cœur à l’autre.
Cette perspective a trouvé un écho dans mon travail, étant donné que j’avais passé la majeure partie de mon temps à œuvrer auprès de personnes mentalement retardées ou handicapées (y compris des toxicomanes tels que John) et dont les vies avaient été dévastées par la misère, le crime ou la drogue. J’en étais moi-même amené à comprendre cette nécessité de compassion, de connexion de cœur à cœur, au-delà de toutes les modes et méthodes en psychologie ou des théories les plus avancées sur le comportement.
Que pouvais-je dire à un enfant mentalement retardé qui me disait : «Répare-moi» ? Que dire à une personne mentalement malade qui me demandait : «Pourquoi dois-je tant souffrir» ? Que répondre à la fillette de 12 ans dont la mère avait été violée sous ses yeux et dont la préoccupation était de savoir si, disait-elle, «l’homme allait revenir pour me tuer moi et ma famille» ?
Leur souffrance faisait avorter toutes les solutions que j’avais apprises au cours de ma formation classique en psychiatrie. A la suite de
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ces questions et de la flèche reçue par John, je me suis retrouvé littéralement catapulté dans une recherche visant à découvrir la raison profonde de mon existence ainsi que la compassion naturelle que je pouvais éprouver à l’égard des autres et qui était enfouie. Cette quête m’a conduit à reconnaître ma propre souffrance intérieure associée à une incapacité et une impuissance.
J’appelle cette démarche «le voyage vers le chemin de son cœur».
Le cœur est une métaphore pour désigner l’être intérieur, la partie profonde de l’être où convergent toutes les dimensions de la personne : physique, émotionnelle, intellectuelle et spirituelle. Le cœur est la quintessence de ce que l’on est vraiment : corps, âme et esprit.
Il est certain que je peux prendre des décisions sur le plan intellectuel, mais lorsque je fais passer mon raisonnement par le chemin de mon cœur, je fais alors le lien entre ce que je pense et ce qui se passe dans tous les aspects de ma personne. De façon similaire, lorsque je regarde avec mes yeux, j’ai la capacité de voir ; mais lorsque je regarde avec les yeux de mon cœur, je dépasse la vision physique pour accéder à une réelle compréhension des choses, car j’établis un lien avec les autres parties de moi-même. Christ nous a mis en garde à propos de ceux qui, bien «qu’en voyant, ils ne voient pas et qu’en entendant, ils ne comprennent pas.»2
Le cœur est à la fois le lieu le plus personnel et le plus intime qui soit et aussi le plus universel puisque c’est par lui que nous parvenons à toucher émotionnellement les autres. Il est aussi le lieu où résident nos valeurs, notre amour, notre engagement et nos rêves. Il est la source de nos attitudes, de nos intentions et de notre comportement. Le cœur est le réceptacle du bien et du mal, de l’amour et de la haine, le lieu où nous touchons au divin.
Le roi Salomon avait raison lorsqu’il disait : «Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui jaillissent les sources de la vie.»3
Notre défi est de devenir le missionnaire de notre propre cœur. Nous oublions si souvent les émotions douloureuses enfouies au plus profond
2 Luc 8.10.
3 Proverbes 4.23.
de nous-mêmes – la colère, la crainte, la culpabilité – ainsi que les expériences que font naître ces émotions. Le cœur est le réceptacle de ces sentiments douloureux et enfouis ; il est aussi comme une éponge, il ne peut contenir ces émotions qu’en quantité limitée. Une fois saturé, il ne reste que très peu de place pour l’amour, la joie et l’harmonie.
De même, nous possédons tous une énergie psychique limitée. Si nous permettons à ces émotions enfouies d’accaparer notre énergie, il ne nous reste que peu ou pas d’énergie pour exprimer ou ressentir l’amour. Ainsi, face à la beauté par exemple, nous pouvons demeurer indifférents. De la même manière, lorsque nous sommes aimés, nous pouvons nous voir incapables de ressentir l’amour qu’on nous prodigue.
John Bowlby a observé ce détachement émotionnel chez des enfants hospitalisés. Lorsque leurs mères ne revenaient pas les voir après une longue période, ces enfants pleuraient et protestaient pendant les semaines d’absence maternelle. Si l’absence de leurs mères se prolongeait, ils basculaient alors dans le désespoir. En effet, passée une certaine limite ils désespéraient et finissaient par se détacher émotionnellement des infirmières, des docteurs, ainsi que des autres enfants présents. Ils devenaient émotionnellement indifférents, coupés, séparés de leurs émotions. Lorsque leurs mères revenaient, ils ne leur manifestaient aucune émotion particulière. Ils leur offraient éventuellement un sourire, le même qu’ils auraient offert à des étrangers.4
Lorsque notre cœur implore et ne reçoit pas ce dont il a besoin, il finit par se fermer ou se détacher émotionnellement. Il est ensuite difficile de ressentir, non seulement notre propre douleur, mais aussi celle des autres.
J’ai connu des parents dont l’indifférence était telle qu’ils ignoraient les problèmes de drogue de leurs enfants alors qu’ils vivaient sous le même toit. Pour moi, ces gens-là sont un peu comme des «morts vivants», et je crois qu’ils sont beaucoup plus nombreux qu’on le pense. Un politicien m’a confié : «Je ne ressens plus rien, docteur. Avant, le sort des gens m’importait. D’ailleurs, c’est pour les aider que j’ai fait de la politique. A présent, je suis devenu indifférent. J’ai l’impression d’être détaché de ma propre
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sensibilité, de ma propre humanité.» Le surmenage et la vie mouvementée qu’il menait avaient fait de cet homme un automate. Son cœur était devenu froid.
Il n’est pas rare qu’un patient déclare au cours d’une thérapie : «Personne ne m’aime.» Or, ceci est tout simplement un mensonge, la vérité est que son cœur est en quelque sorte «saturé» de blessures qui l’empêchent de ressentir l’amour autour de lui.
Mais lorsqu’une personne en souffrance a le courage de faire face à sa douleur et d’évacuer les sentiments négatifs qui habitent et enchaînent son cœur, le résultat est comparable à une éponge que l’on serre et que l’on relâche : le cœur peut s’ouvrir à nouveau pour accueillir l’amour, la joie et l’harmonie.
Lorsque j’ai entrepris le parcours menant vers les profondeurs de mon cœur, j’ai suggéré à mes patients qu’ils entreprennent la même démarche laquelle vise, au-delà du rétablissement physique, une découverte d’ordre spirituel.
Au-delà du rétablissement : la découverte spirituelle
Anita avait de sérieux problèmes financiers. Elle ne se sentait pas bien physiquement et, tout comme John, elle avait l’impression que la vie était sans espoir et dépourvue de sens. Lorsqu’une personne comme Anita entre dans mon bureau en présentant des signes de dépression clinique et d’instabilité émotionnelle, certaines étapes médicales doivent être considérées. Dans le cas d’Anita, le suicide ou l’homicide était une réelle possibilité. Aussi, dans un premier temps, les déséquilibres chimiques devaient être corrigés avant qu’elle puisse être en mesure d’entreprendre un travail sur elle-même sans se mettre en danger.
Lorsqu’une personne blessée est amenée aux urgences, l’urgentiste doit tout d’abord arrêter l’hémorragie. Une fois la situation d’urgence du patient passée, le médecin peut procéder à un examen plus approfondi. De façon similaire, une personne présentant de graves blessures
émotionnelles doit dans un premier temps être stabilisée comme si elle avait une hémorragie du cœur. Une fois son équilibre physique, chimique et émotionnel rétabli, le processus de guérison intérieure, à savoir un travail en profondeur sur elle-même, peut commencer. Anita se trouvait précisément dans cette situation.
Le rétablissement ou la guérison intérieure n’est autre que la récupération de ce que vous avez perdu au cours d’une maladie ou d’un événement afin de retrouver la condition dans laquelle vous étiez avant de souffrir. Ceci implique la décision de révéler à une tierce personne le secret de votre souffrance. Ces dernières années, la guérison intérieure a connu un réel engouement devenant parfois presque une sorte de mode, qu’il s’agisse de problèmes émotionnels, de problèmes d’addictions ou de tensions familiales. Des milliers de gens comme Anita ont cherché conseil et soutien auprès de groupes œuvrant dans le domaine de la guérison et de la relation d’aide pour toutes formes de déséquilibres et de dépendances. A l’issue des séances, les participants se sentent plus à l’aise avec eux-mêmes et découvrent une motivation intérieure suffisante leur permettant d’abandonner le comportement ou le symptôme destructeur et, le cas échéant, de choisir l’abstinence. Le rétablissement ou la guérison intérieure aide la personne à retrouver la capacité de fonctionner face aux diverses responsabilités et situations auxquelles elle est confrontée dans la vie de tous les jours.
La restauration d’Anita a commencé par une thérapie de soutien en vue de l’aider à faire face aux tensions dans son mariage, à la frustration qu’elle éprouvait dans son rôle de mère et à l’imminence d’une crise compte tenu de sa dépression et de ses tendances suicidaires. Parallèlement, un collègue spécialisé en pédopsychologie a commencé à travailler avec la fille d’Anita, ce qui l’a soulagée partiellement du fardeau que cela représentait à ce moment-là. A la suite de plusieurs séances, Anita a retrouvé confiance en elle et a mobilisé son énergie pour apporter un changement constructif dans sa vie. Dès que la vie et l’équilibre d’Anita ont été stabilisés, elle a souhaité parler de blessures intérieures qui continuaient de l’affecter. Elle a évoqué en particulier une expérience traumatisante.
Libérés DE NOS blessures
DAVID F. ALLENComment nous reconnecter avec notre propre cœur grâce à l’amour de Dieu et malgré nos blessures passées ? Comment les reconnaître et ne pas nous laisser diriger par elles ? C’est à ce type de questions que l’auteur répond dans cet ouvrage largement illustré d’exemples concrets, tirés de son expérience de praticien.
Il montre en quoi nos blessures émotionnelles non guéries du passé peuvent nous paralyser et engendrer des comportements destructeurs pour nous-mêmes et pour ceux qui nous entourent. Mais il ne s’arrête pas là, car il rappelle que nous pouvons être libérés de ces blessures, aussi anciennes soientelles, par le grand Médecin de l’âme et du cœur. Il nous conduit ainsi à redécouvrir le cœur de Dieu.
Diplômé en médecine de l’Université St Andrew en Ecosse, David F. Allen a obtenu une spécialisation en psychiatrie et en santé publique à l’Université de Harvard. Fondateur de deux cliniques, il est spécialisé en relation d’aide auprès des personnes souffrant de diverses dépendances et addictions.
CHF 8.00 / 7.50 €
ISBN 978-2-8260-3631-9