Reviens! (SCR2023)

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Reviens! La boussole d’Alexy – vol. 2

C O R AY

Franca Henriette

A 20 ans, Alexy adopte un bébé, conjointement avec son ami président fraîchement élu. De nombreux événements s’enchaînent. L’ancien dictateur renversé médite vengeance. Elle-même apprend à ses dépens qu’elle ne peut faire confiance à personne, et surtout pas à Axa-Ani. Or, les liens qu’ils ont avec lui mettent sa vie et celle de son fils en danger.

Franca Henriette

CORAY

Reviens!

Pourra-t-elle se fier à sa boussole?

Née en Suisse romande, installée depuis son adolescence au Tessin (Suisse italienne), Franca Henriette Coray a déjà publié plusieurs romans, sous les labels Ourania et Scripsi.

vol. 2

ROMAN

La boussole d’Alexy – vol. 2

Reviens!

Franca Henriette

CORAY

CHF 24.90 / 19.90 € ISBN 978-2-8260-2023-3 Label

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Scripsi

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Franca Henriette Coray

La boussole d’Alexy vol. 2

Reviens!


Reviens! La boussole d’Alexy – vol. 2 © et édition: Scripsi, 2018 Chemin de Praz-Roussy 4bis 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse Tous droits réservés. Distribution: La Maison de la Bible Case postale 151 1032 Romanel-sur-Lausanne, Suisse E-mail: info@bible.ch Internet: http://www.maisonbible.net Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 © 2007 Société Biblique de Genève http://www.universdelabible.net ISBN édition imprimée 978-2-8260-2023-3 ISBN format epub 978-2-8260-0362-5 ISBN format pdf 978-2-8260-9647-4


Table des matières Résumé du précédent volume.........................................................7 Chapitre 1...........................................................................................9 Chapitre 2.........................................................................................27 Chapitre 3.........................................................................................47 Chapitre 4.........................................................................................71 Chapitre 5.......................................................................................107 Chapitre 6.......................................................................................145 Chapitre 7.......................................................................................171 Chapitre 8.......................................................................................191 Chapitre 9.......................................................................................213 Chapitre 10.....................................................................................231 Chapitre 11.....................................................................................253 Chapitre 12.....................................................................................273 Chapitre 13.....................................................................................297 Chapitre 14.....................................................................................337 Chapitre 15.....................................................................................363 Chapitre 16.....................................................................................383 Chapitre 17.....................................................................................419 Epilogue..........................................................................................439 Du même auteur........................................................................... 449 A découvrir aussi..........................................................................453


Résumé du précédent volume Alexy Noyer, 19 ans, est orpheline. Elle est privée de points de repère quand sa grand-mère décède en la laissant seule, mais avec une boussole: une petite Bible de poche qu’elle a truffée de conseils. La jeune fille a cependant tellement besoin d’affection qu’elle tombe amoureuse du beau médecin mazambé Axa-Ani Njemen. Lui n’a aucune envie de se lier avec qui que ce soit, bien qu’il se sente attiré par elle. Alexy le harcèle jusqu’à ce qu’il vienne l’aider à se construire une nouvelle vie. Ils découvrent alors que leurs pères respectifs se connaissaient. Une photo représentant Alexy en train de trouver un bébé rescapé d’un massacre fait le tour du monde et donne le coup d’envoi d’une révolution pacifique qui catapulte Axa à la présidence du Mazambo, qu’il est appelé à sortir du Moyen Age. Mais le dictateur sanguinaire ne se résigne pas à l’exil. Son fils Aziz organise des attentats. Alexy devient photographe du grand reporter Loïc de Larzin et adopte avec Axa-Ani le bébé retrouvé, Axani. Si elle a maintenant plus d’assurance, elle est toujours amoureuse d’Axa-Ani qui, lui, s’efforce de l’ignorer. Mais leur vieille amie commune, Luisa Mercantini, les oblige à se retrouver dans un chalet à Lenzerheide. Ils cèdent à l’appel de leurs sens pendant une nuit, vite regrettée par Axa-Ani. Alexy part au petit matin avec son bébé et, pour ne pas céder au désespoir, se cherche un but: sauver l’alpage de Carpino. Comment? Résumé du précédent volume

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Chapitre 4 5 juin 1997, Congo: l’engrenage de la guerre reprend. L’armée, avec l’aide des Zoulous (milice privée de Lissouba, alors chef de l’Etat) tente de prendre d’assaut la résidence de Denis Sassou-Nguesso. Ce dernier résiste puis repousse les assaillants grâce à sa propre milice, les Cobras. C’est le début d’une nouvelle guerre civile. LdL à Brazzaville Dominique Strauss Kahn succède aujourd’hui à Jean Arthuis au poste de ministre de l’économie, des finances et de l’industrie. A 48 ans. Est-il vrai que ce politicien préférerait de beaucoup retrousser les jupes des jolies filles? Michel Tourneur pour Nuits parisiennes En Algérie, Loïc de Larzin lut rapidement l’article de très mauvais goût de Michel Tourneur sur l’élection du nouveau ministre de l’économie. Il replaça la revue sur le présentoir avec une moue de mépris. «Encore un qui a choisi la solution de facilité et qui salit la réputation du métier, j’aurais bien voulu le voir à Brazzaville, il aurait perdu sa morgue», marmonna-t‑il en prenant le Monde diplomatique, le Jerusalem Post et les principaux quotidiens français et nord-africains. Il paya les journaux et s’empressa de monter à bord de l’avion pour les lire. Avant d’écrire son article, il était impatient de voir si son analyse de la situation en Algérie était partagée par des experts de la région, mais quand le plateau-repas arriva, il les plia soigneusement Chapitre 4

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et les mit de côté. Il avait faim. Comme toujours en reportage, il n’avait pratiquement rien mangé sur place. Il ne s’habituait toujours pas aux scènes de violence contre des innocents. Après avoir dévoré son repas, il s’allongea avec un soupir de satisfaction sur son siège et ferma les yeux. Il avait encore une heure avant d’arriver à Rome où il devait interviewer un expert du Maghreb avant d’écrire son article. L’Italie… Une bouffée de nostalgie de Mariposa l’envahit. Il sourit pour lui-même en visualisant Chicorée. Il ne perdait pas espoir de la revoir en reportage avec lui de par le monde, comme Samantha Blake et Claude Noyer. Cette fille avait l’étoffe de sa mère, se dit-il en se souvenant de leur voyage au Mazambo et en plus elle avait du cœur, ce qui ne gâchait rien. Il se dit qu’elle ferait une bonne épouse pour un bourlingueur comme lui. Elle pourrait l’accompagner ou rester en France, selon les besoins qu’il aurait, elle s’adapterait facilement à son rythme de vie. Il se frotta les mains, satisfait. –  Vous permettez que je vienne m’asseoir à côté de vous, monsieur de Larzin? Une voix masculine qui parlait français avec un léger accent italien l’obligea à reprendre pied dans la réalité. Il se redressa immédiatement sur son siège pour examiner l’homme d’affaires hâlé, yeux bleus, en complet-cravate, une mallette en cuir noir à la main, qui attendait patiemment dans le couloir qu’il lui accorde la permission de s’asseoir dans le siège libre à côté du sien. Loïc rassembla rapidement ses quotidiens, puis tendit la main pour indiquer la place maintenant libre: –  Je vous en prie, prenez place. Excusez-moi, je sommeillais. 72

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–  Vous vous intéressez à l’Afrique du Nord, on dirait? L’homme indiquait les journaux, sans s’excuser de l’avoir dérangé. –  Oui, je m’informe sur la situation algérienne. On se connaît? Vous êtes algérien? L’homme sourit: –  Je suis un Djallas, un Faucon du Désert, vous connaissez? –  Je connais les Faucons du Désert de réputation. Loïc examinait maintenant avec méfiance son voisin de compartiment et il se demanda pour quelle raison il était venu lui parler. Il émanait quelque chose de félin de ce personnage, Loïc eut l’impression de se trouver en présence d’un lion au repos, apparemment flemmard mais prêt à se lancer à l’attaque en un éclair, toutes griffes dehors. L’homme posa sa mallette devant ses pieds d’un geste fluide. –  La réputation des Faucons du Désert a été entachée par les événements des derniers temps. Nous sommes un peuple fier, considéré à tort comme un peu trop guerrier au goût des Occidentaux. Disons que nous sommes l’équivalent africain des Spartes. L’instinct du journaliste se réveilla à l’instant: –  Qui commande les Spartes d’Afrique, en ce moment? L’homme appuya sa tête au dossier du siège et croisa les bras. Son beau profil impérieux de guerrier se tourna vers Loïc: –  Moi. Permettez que je me présente, monsieur de Larzin, je suis le cheik Karym Soufra Djalla. Chapitre 4

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Loïc décida de passer outre le fait que cette rencontre n’était pas le fait du hasard, ça lui arrivait tellement souvent d’être interpellé, convoqué, qu’il n’y faisait plus attention. Il sortit son calepin et un stylo: –  Vous permettez que je vous interviewe? –  Je suis là pour ça. –  Vous habitez en Italie? –  Je suis de passage. Comme vous. On m’a averti de votre présence sur ce vol et comme je devais moi aussi me rendre à Rome… Il fit un geste négligent de la main pour compléter sa phrase, sans répondre à la question de Loïc. –  Très bien. Alors parlez-moi de la position des Faucons du Désert vis-à‑vis des désordres qui leur sont attribués chez leurs voisins mazambés. –  Les Faucons du Désert n’ont plus rien en commun avec le clan M’jurumba. –  Vous l’avez cependant soutenu dans la révolution de 1975, le 4 mai, si je me souviens bien. –  C’est de l’histoire ancienne. Nous avons une frontière commune avec le Mazambo. Les Français ont tiré une ligne droite depuis leur beau bureau des Champs-Elysées et depuis lors, des familles, des tribus ont été partagées en deux et cela a causé quelques conflits. –  D’autant que les richesses minières sont toutes du mauvais côté de la frontière, n’est-ce pas? Les deux hommes échangèrent un regard amusé. Un géant noir s’était aussi approché et se tenait debout dans le couloir, imperturbable, bras croisés. Après lui avoir lancé un coup d’œil méfiant, Loïc revint à son calepin: 74

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–  Hem… et les Faucons n’ont plus aucun contact avec le clan M’jurumba en exil? Le cheik haussa les épaules avec nonchalance: –  En effet. –  Et pourtant, il semblerait qu’Aziz M’jurumba soit encore dans les parages et qu’il dirige un certain nombre de guerriers Faucons de votre pays. –  Ce chien galeux! –  Vous ne le portez pas dans votre cœur. –  Plus que cela, croyez-moi. Une étincelle s’alluma dans les yeux du cheik. –  Donc vous n’avez rien à faire avec lui? Le cheik fit le geste de chasser une mouche, sauf qu’il n’y avait pas de mouche dans l’avion. Il se redressa sur son siège: –  Je veux que vous écriviez un article pour rétablir la réputation de mes Faucons, que vous avez salie avec ce que vous avez écrit après votre séjour au Mazambo. –  Ah bon? C’est donc pour cela que vous êtes venu vous asseoir ici. Vous voulez un article élogieux sur vos Spartes? Engagez un ministre de la propagande, cela ne devrait pas être très difficile en y mettant le prix. Pour ma part, je n’écris que ce que je peux constater de visu. Et vos Spartes ont assassiné tout un village. J’en suis témoin. –  Ce n’étaient pas mes Spartes mais ceux de M’jurumba. En fait, des guerriers vendus, appartenant à une tribu rebelle de frontière, des mercenaires ignorants et galeux. –  Vous ne contrôlez donc pas toutes vos tribus? –  Vous voulez m’entendre avouer que ce n’est pas le cas? Eh bien oui, c’est vrai. Mais j’en ai plus qu’assez Chapitre 4

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que mon pays soit considéré comme une nation de terroristes. Il faut que cela cesse! –  Vous ne collaborez pas avec la police du Mazambo? –  Je préfère ne pas répondre à cette question. –  Jamal Zab est musulman. Vous le connaissez? –  Qui est-ce? La réponse ne trompa pas Loïc. Il referma son calepin d’un geste sec: –  Compris! –  Je vous invite à venir voir. –  Vous me permettrez de brosser un portrait du pays sans fard? –  Tout à fait. Je vous demanderai uniquement de faire preuve de respect. –  Cela me semble correct. Je vais y réfléchir et je vous contacterai. Le cheik se relevait déjà, un bristol coincé entre l’index et le majeur de la main gauche. –  Appelez-moi à ce numéro, j’attendrai votre appel. –  Entendu, je vais y réfléchir. Le Faucon fit mine de s’éloigner puis il se retourna, comme s’il venait de se souvenir d’un détail peu important: –  Au fait, évidemment, mon invitation est pour vous deux. Loïc, surpris, leva les yeux du bristol qui indiquait uniquement un numéro de portable à côté du profil d’un faucon noir couronné. –  Comment? –  Je vous attends avec votre coéquipière, la jeune femme comment s’appelle-t‑elle déjà? Ah, oui, Alexy Noyer, ajouta-t‑il d’un ton apparemment indifférent, 76

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mais le journaliste était absolument certain que le cheik se souvenait parfaitement du nom d’Alexy et qu’il tenait beaucoup à sa présence. –  Je crois que vous allez être déçu sur ce point. Elle ne fait plus de journalisme, s’empressa-t‑il de dire. –  Voilà qui est regrettable, vraiment dommage. Elle a un si grand talent, n’est-ce pas? –  Tout à fait. –  Bien, alors vous devriez insister pour qu’elle vous accompagne dans ce reportage. Au revoir, monsieur de Larzinm et tous mes compliments pour votre bel étalon. Don Juan serait bien plus heureux de galoper dans le désert plutôt qu’au haras des Julliard, n’est-ce pas? –  Qu’a à faire mon cheval ici? Et comment savez-vous où il se trouve et son nom? Mais l’homme du désert s’éloignait déjà dans le couloir en direction des premières classes. L’éner­ gumène le suivit. Loïc se retrouva à nouveau seul, mais il n’avait plus sommeil. Venait-il d’être menacé de représailles sur Don Juan s’il n’allait pas faire ce reportage avec Chicorée? L’atterrissage l’obligea à se secouer. Il rassembla rapidement ses affaires et descendit de l’avion. Il arrivait à l’arrêt des taxis quand il vit le cheik grimper dans une Maserati grise, au volant de laquelle était une splendide rouquine sexy en diable, qui démarra après avoir échangé avec lui un baiser brûlant de passion. –  Tiens, tiens, N’jémen n’est pas le seul chef d’Etat africain à préférer les Blanches aux Noires, mais c’est vrai que celui-ci a la peau singulièrement claire pour être un Djalla, marmonna Loïc en grimpant, lui, Chapitre 4

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dans un vieux taxi conduit par un gars ventru à peine aimable. Il se consola en voyant le garde du corps s’engouffrer difficilement dans une vieille Fiat. Il les perdit rapidement de vue tandis que son taxi le conduisait à l’université. Il oublia presque sa rencontre avec le cheik en interviewant le professeur expert de la politique du Maghreb. Le professeur était un Algérien à l’abondante barbe grise et au regard perçant qui connaissait très bien la situation de son pays, étant informé régulièrement par plusieurs sources internes. Loïc remplit plusieurs pages de son calepin et posa de nombreuses questions. Après une bonne heure, le professeur lui sourit en indiquant les étudiants qui commençaient à entrer dans l’auditoire: –  Désolé d’interrompre cette conversation si intéressante, mais j’ai une leçon qui commence dans cinq minutes, vous restez? –  J’aimerais bien, je peux? –  Mais bien sûr, à titre d’auditeur, personne ne vous fera d’examen. C’est promis. –  J’aimerais encore vous poser une toute petite question, professeur. –  Faites! Mais vite. –  Connaissez-vous les Faucons du Désert? Le professeur se frotta le menton, perplexe. Ces sourcils se froncèrent: –  Ce n’est pas dans le Maghreb. –  Non, mais pas très loin au sud. Vous en avez certainement entendu parler… 78

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–  Bien sûr. Ceux que l’on appelle Faucons du Désert sont disséminés sur un grand territoire qui va du Sahara jusqu’à la frontière du Mazambo. En fait, sur les cartes géographiques occidentales, françaises disons, cela est un seul et unique pays: le Djallamal, ou pays des Djallas. Djalla voulant dire Faucon dans leur langue. Mais la réalité est bien différente. –  C’est-à‑dire? –  Il y a là-bas douze tribus qui se bagarrent sans cesse entre elles, pas de capitale ni de gouvernement central. En ce moment, il me semble qu’un des cheiks essaye de réunir le pays sous sa coupe. –  Son nom? Loïc avait déjà sa petite idée. –  Karym Soufra, qui se prétend roi des Djallas. –  Avis partagé par les autres? –  Pas tous, mais il arrivera peut-être à les convaincre. Il a l’étoffe d’un leader et c’est un homme d’affaires connu et respecté dans toute la région du Maghreb, tandis que les autres ne sont que des Bédouins sans instruction qui se bagarrent entre eux pour des questions de chèvres. –  Quel homme est-ce? D’où sort-il? –  C’est un homme très instruit, sa mère était Italienne et elle a insisté afin qu’il fasse ses études ici à Rome. Il est devenu un homme d’affaires une fois ses études terminées. Son père était par contre un des nombreux cheiks qui se partagent le pays. –  Vous le connaissez personnellement? Loïc leva les yeux de son calepin pour cueillir l’expression amusée du professeur. Chapitre 4

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–  Karym a été un de mes étudiants les plus brillants, c’était il y a une bonne vingtaine d’années. –  Vous l’avez vu dernièrement? Un éclair traversa le regard du professeur. Surprise ou alarme? –  Non, pourquoi? Il est ici? –  Je n’en sais rien. Mais vos étudiants attendent, excusez-moi. Je vais me placer parmi eux. –  Allez-y. Je vais parler de l’invasion islamique de la France. –  Pardon? Loïc sursauta, alarmé. –  J’enseigne l’histoire, monsieur de Larzin. –  Ah… O. K.! Alors vous faites allusion à la bataille de Poitiers en 732? –  Mais oui, bien sûr. Où donc, sinon à Balā’ aššuhadā? –  Un de mes ancêtres y était, avec Charles Martel et le duc Eude. –  Un des miens aussi, avec Abd el Rahman. –  Vous pensez que cela pourrait se reproduire? –  A votre avis? Mais laissez-moi aller enseigner l’histoire à ces jeunes gens, monsieur de Larzin. Qui ne tire pas d’enseignement de l’histoire est destiné à en répéter les erreurs. Nous ne voulons pas ça. –  Qui a commis des erreurs dans cette histoire-là? Les Français ont gagné. Qui est ce «nous» auquel vous faites allusion? Il faut s’attendre à une nouvelle invasion selon vous? Mais le vieux professeur ne répondit pas. Il rassembla ses notes devant lui et fit face à l’amphithéâtre qui s’était rempli d’étudiants: 80

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–  Buongiorno signori, scusate il ritardo. Oggi vedremo come Carlo Martello ha vinto a Poitiers nel 732…1 Après avoir profité un moment de la leçon magistralement menée, Loïc sortit de l’université à pied. Il avait besoin de marcher pour réfléchir à l’interview qu’il venait de faire au professeur algérien et à sa dernière remarque sur la bataille de Poitiers… Songeur, il reprit sa marche. Aussitôt revenu à l’hôtel, il mit ses notes en ordre et commença à écrire un article intéressant et captivant sur sa propre analyse de la situation en Algérie. Mais cette histoire de Faucons l’intriguait aussi, l’éclair qui avait traversé le regard du professeur quand il avait évoqué la présence du cheik Djalla à Rome l’interpellait. Quel était le lien entre ces deux hommes? Son instinct de journaliste lui suggérait qu’il y avait là bien plus que la relation entre un professeur d’histoire et son ancien élève… ***

Les montagnes se détachaient nettement alors que la nuit cédait la place à une nouvelle journée. Les premiers rayons du soleil teintèrent de rose le capuchon de neige qui s’obstinait à lui résister sur la plus haute cime du cirque de montagnes qui entoure Carpino. Puis, d’un seul coup, les gouttes de rosée accrochées à l’herbe du plateau étincelèrent alors que le plateau s’illuminait, révélant les trois chevreuils qui s’abreuvaient à l’eau fraîche du petit ruisseau. Ils levèrent la tête et s’immobilisèrent pendant quelques secondes, tous 1  «Bonjour, messieurs, excusez le retard. Aujourd’hui nous verrons comment Charles Martel a remporté la victoire à Poitiers en 732…»

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leurs sens en éveil. Quand un bruit de clochette parvint à leurs oreilles, ils galopaient vers la forêt. Soudain une chèvre blanche déboucha du sentier. Elle fut suivie par beaucoup d’autres. Alexy s’éveilla au son des clochettes qui envahissaient le pâturage, puis par la voix du chevrier qui les avait poussées devant lui sur le sentier. Elle émergea rapidement de l’épaisse couette qui la protégeait de la fraîcheur de la nuit, sauta du lit sur le plancher en sapin et courut vers le triangle de verre qui servait de baie vitrée. Elle sourit à la vue du troupeau de chèvres qui s’éparpillait. La porte d’entrée du grand bâtiment de l’alpage s’ouvrait déjà sur la silhouette solide du paysan. Il leva le bras pour saluer le chevrier, un point dans le lointain, qui lui répondit de la même façon. La femme du paysan vint se placer près de lui, il lui enlaça la taille et baissa la tête vers elle pour l’embrasser fougueusement. Alexy rougit et détourna les yeux du couple qui venait visiblement de passer une nuit d’amour. Ses yeux allèrent plutôt se poser sur la tête crépue de son fils qui dormait profondément dans le second lit qui occupait l’étage supérieur de l’écurie rénovée où ils logeaient. Elle enfila rapidement un jean et un pull en laine, car la température était encore fraîche à cette altitude, puis descendit pieds nus l’échelle raide appuyée contre le plancher de la galerie qui servait de dortoir. Aussitôt arrivée en bas, elle s’empressa de ranimer le feu dans le potager à bois et de poser dessus une cafetière et une casserole de lait, trait la veille. Elle en surveilla la cuisson tout en examinant d’un œil satisfait son intérieur. La pièce qui servait à la fois de cuisine et de salon était meublée simplement mais était très accueillante. Le 82

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potager à bois garantissait le chauffage et la préparation des repas. Il y avait encore un réchaud à gaz avec deux feux posé sur un long meuble en bois, une vieille armoire qui contenait toute leur garde-robe, une table entourée d’un banc d’angle et quelques fauteuils ainsi qu’une ottomane en osier garnie de coussins colorés. Des jouets traînaient sur le tapis de jeu qui occupait le centre de la pièce. Une bibliothèque et une petite écritoire sur laquelle elle avait posé son ordinateur et son téléphone portables, qui lui servait de bureau pour administrer ses affaires et rester en contact avec le reste du monde, complétaient l’aménagement. Une antenne satellitaire, des panneaux solaires et un générateur permettaient de vivre hors du monde. Alexy ouvrit la porte d’entrée alors que le chevrier arrivait à la hauteur de son rustico1. Elle lui tendit une tasse de café et ils échangèrent un grand sourire. –  Ciao! Comment s’est passée la montée? lui de­ manda-­t‑elle en dialecte tessinois. –  Merci, ciao! Très bien. Mes filles ont compris que je les conduisais ici, elles ont pris le sentier toutes seules, je n’avais qu’à les suivre. Elles viennent ici tous les étés. Alors, à force… –  Tu en as combien cette année? –  Soixante-trois: trente-cinq des miennes, les autres arrivent de toute la région. –  Elles se connaissent toutes? –  Il va y avoir de la bagarre les premiers jours. Regarde, ça commence déjà! 1  Petite écurie en pierres sèches et au toit en plaques de granit sur 2 étages, au Tessin, souvent transformée en habitation rustique

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Le chevrier, un barbu d’une cinquantaine d’années, indiqua deux chèvres qui se disputaient la cime d’un bloc de pierre à grands coups de cornes. Alexy s’alarma: –  Elles se font du mal? Il lui rendit la tasse vide en secouant la tête pour la rassurer: –  Tu parles, mes chèvres ne sont pas si folles. Elles se contentent d’un ou deux coups démonstratifs. La plus faible abandonne la place et la question est réglée. Quitte à recommencer avec une autre candidate un peu plus tard. Ceci va aller jusqu’à ce que les divers troupeaux se soient amalgamés et qu’une seule cheffe soit reconnue. Ensuite Manu et Rosi n’auront qu’à en prendre note. –  Tu les reconnais? Elles sont toutes pareilles… –  Avec l’habitude et de l’observation, elles sont toutes différentes. C’est comme avec les gens. Moi je connais mieux les chèvres. Elles sont bien plus faciles à vivre! –  D’accord. Bonne journée, bienvenue à Carpino! Comment t’appelles-tu? –  Silvano et toi? –  Alexy, je suis la petite-fille d’Angela Marchesi. Tu te souviens d’elle? –  Mais bien sûr. J’y vais Alexy, merci pour le café! –  Pas de quoi, Silvano. On se reverra? –  Sans doute, je reviendrai chercher mes bêtes en septembre. Il s’éloignait déjà et dut se retourner pour lui lancer cette dernière phrase. En le regardant s’éloigner, Alexy regarda autour d’elle, satisfaite. Les écuries qui menaçaient de s’écrouler étaient devenues d’accueillants 84

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chalets d’alpage. Des fenêtres avaient été ouvertes, des vitres avaient été posées dans les triangles du faîte du toit pour illuminer les galeries servant de dortoir, des pièces à vivre avaient été aménagées. Chacune des six écuries était prête à l’inauguration de l’agrotourisme «la Prateria». Cela n’avait pas toujours été facile. Des hélicoptères avaient fait de nombreux vols avec des tonnes et des tonnes de matériaux de construction, ensuite avec les meubles, qui avaient été choisis en osier à cause des limites de poids. Alexy et Axani s’étaient installés dans la ferme durant toute la durée des travaux. Mais c’était terminé, et un premier groupe de touristes allait arriver ce jour-là pour faire un essai qu’Alexy espérait concluant. La jeune épouse du paysan qui gérait l’alpage allait collaborer avec Alexy pour la préparation des repas, mais c’était à elle, encore plus jeune propriétaire, de s’occuper de l’accueil, des aménagements et de l’organisation générale de l’agrotourisme. L’ambiance devait être familiale, ouverte et cordiale pour faciliter les échanges. Les chèvres, les vaches et les poules allaient fournir les produits laitiers et les œufs. Le reste, et il en fallait beaucoup, y compris le fuel pour le générateur, était arrivé par hélicoptère et avait rempli la réserve. Maintenant il fallait encaisser… –  Mamma! Le son de la voix de son fils qui se réveillait la rappela à l’intérieur du chalet. Son minois lui apparut en haut de l’échelle. Elle lui sourit et s’empressa de grimper le rejoindre: –  Debout, petit soldat, aujourd’hui c’est le grand jour. –  G’and zour? Chapitre 4

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–  Mais oui mon chéri, les chèvres sont arrivées. On peut dire que la saison de l’alpe démarre. –  Ani chèvres! Le bambin ne salissait pratiquement plus ses couches et cela facilitait grandement la vie à la montagne, si loin des ressources inépuisables des grands magasins. Il fut donc rapidement changé, débarbouillé et habillé, puis muni d’un abondant biberon de lait cuit et tiédi, enrichi avec du miel, selon une recette campagnarde. Peu après, il trottinait vers les chèvres en criant de joie, se lançant dans une autre journée extraordinaire dans l’air cristallin de la montagne. Alexy le suivit des yeux un moment puis se rassura quand elle vit que les chèvres s’éparpillaient dans tous les sens, évitant ce minuscule paysan en salopette qui leur courait après en criant. Elle éclata de rire en le voyant aller ici et là les bras grand ouverts. Il finit par se lasser et s’assit posément sur l’herbe pour diriger son attention sur les insectes. Elle lui répéta sa recommandation quotidienne: –  Pas toucher, Axani, c’est bobo. Compris? –  Ani pas bobo. Il avait appris à ne pas toucher aux bestioles qui couraient ou volaient mais à les observer. Alors que la température extérieure grimpait rapidement grâce aux rayons du soleil d’été, Alexy prit le chemin de la ferme. A peine traites, les vaches revenaient sur la partie du pâturage qui avait été délimitée pour elles. Dans le grand chalet, le paysan et sa femme versaient le lait dans le gros chaudron en cuivre suspendu maintenant au-dessus du feu de la cheminée. La préparation du fromage d’alpage commençait. Le 86

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chevrier était assis à table devant une grosse miche de pain flanquée d’un salami et d’un énorme bol de café au lait. Il coupait les tranches avec son couteau militaire puis l’utilisait comme une fourchette pour les porter à sa bouche, tout en bavardant avec le paysan. Il n’était question que de chèvres et de vaches, unique univers de cet homme rude et solide qui vivait en fonction de ses bêtes et de la montagne. Une fois revenu au bas de la vallée, il allait faucher l’herbe de ses champs pour faire du foin pour l’hiver, quand ses bêtes reviendraient à l’écurie. Il raconta qu’il avait vendu plusieurs cabris à bon prix pour Pâques, pour enrichir le repas des citadins. Tout en l’écoutant et en intervenant à propos, toujours en dialecte de la région, Alexy commença les préparatifs du repas. Un œil sur son fils, qui maintenant gambadait avec un cabri de quelques mois, un œil sur les légumes du pot-au-feu qui allaient être le plat de résistance. Vigilante, elle observait son fils qui tombait en avant, les mains tendues devant lui pour amortir sa chute dans l’herbe. Elle le vit se relever de lui-même et s’élancer à nouveau en riant. Le chevrier qui avait aussi suivi la scène sourit avec approbation: –  D’où est-ce qu’il sort? Ce n’est pas le tien, Rosi. Alexy ne détourna pas les yeux de son fils qui maintenant entourait le cou du cabri de ses bras potelés. –  Il est né en Afrique et c’est mon fils, expliqua-t‑elle brièvement. Le chevrier regarda tour à tour le bambin noir puis la très jeune femme noiraude, et reprit son mouvement de va-et-vient avec son couteau, sans faire de commentaire. Finalement, il se leva en repoussant bruyamment sa chaise: Chapitre 4

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–  Ce n’est pas tout, mais je dois profiter du soleil pour faucher mes prés et ça ne va pas se faire tout seul. Bonjour, la compagnie! –  Ciao, Silvano. Le chevrier s’en allait déjà d’un pas chaloupé, sans s’attarder en politesses. Il s’arrêta cependant à côté du bambin pour passer une main maladroite sur sa tête crépue. Axani releva les yeux vers lui et sourit à cet homme bourru qui était plus habitué à fréquenter des chèvres que ses semblables. L’homme et l’enfant n’avaient pas un grand vocabulaire mais ils se comprirent. Silvano le chevrier s’accroupit auprès de l’enfant, l’enserra dans une seule étreinte fugace puis il se leva très vite et partit presque en courant. A midi, Rosi et Alexy avaient mis la table et le potau-feu attendait au chaud. Axani, qui s’était momentanément lassé des insectes, avait regagné la salle commune de la ferme. Alexy le prit sur ses genoux et lui donna son repas à la cuillère après l’avoir débarbouillé sommairement. –  Tu ne fais pas tant d’histoires avec ton gosse, marmonna Rosi. –  Dans son pays, sa mère en aurait fait encore moins. Il est bien, non? –  Sans aucun doute. Ce gosse respire la joie de vivre et la santé. Il a des joues comme des pommes mais il pourrait être plus propre. –  Bah, peu importe. Je lui donnerai un bain après la sieste. –  J’ai une cousine qui vit en ville, elle a aussi un bébé. Tu devrais voir les chichis qu’elle fait. Figure-toi qu’elle a refusé d’utiliser la passoire de ma mère pour 88

Reviens!


passer le thé de fenouil de son gosse. Il a fallu aller en acheter une neuve. Elle a une peur bleue des microbes, des virus et de toutes ces petites bêtes. –  Son gosse tombera malade aussitôt qu’il sera en contact avec d’autres enfants, à l’école. Il va collectionner toutes les maladies enfantines. Pas Axani! –  C’est un beau poupon très solide, c’est vrai, mais l’autre jour je l’ai vu manger de l’herbe. Espérons qu’il ne confondra pas les crottes de chèvres avec des bonbons… Mais voici tes premiers clients qui arrivent. Le fracas du rotor de l’hélicoptère qui s’approchait perturba la paix des lieux. Les chèvres blanches coururent se réfugier derrière le bâtiment de la ferme alors que les arbres de la forêt pliaient sous un vent violent. Le pilote posa son engin et attendit que ses passagers descendent. Alexy souleva son fils et le cala contre sa hanche gauche puis se dirigea lentement vers le monstrueux insecte pour accueillir ses premiers clients, un groupe de dirigeants qui venait pour un week-end incentive1. La porte coulissante s’ouvrit et quatre hommes descendirent chacun avec un sac de voyage et une mallette d’ordinateur. Ils se déclarèrent enchantés et émerveillés de l’aménagement confortable des écuries rénovées qui étaient vraiment très spacieuses et offraient la possibilité de se réunir chez l’un ou l’autre pour discuter tranquillement. –  Pouvez-vous nous expliquer ce qu’il y a ici?

1 «Incitatif»

Chapitre 4

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–  Bien volontiers. Tout cet espace est un alpage où paissent des vaches et un gros troupeau de chèvres qui vont revenir aussitôt que l’hélicoptère aura terminé ses vols. Il n’y a qu’un seul accès, le sentier qui débouche là au fond. La forêt ici autour m’appartient aussi. Les constructions sont des logements très confortables pour mes clients et moi-même, la ferme sert de salle commune pour les repas et les réunions plénières. Soyez les bienvenus… ***

Les rois N’jémen régnaient bien avant que les Français arrivent au Mazambo, mes ancêtres vivaient dans des palais de terre au milieu de la savane, mais ils avaient des dizaines d’épouses, et des milliers de guerriers étaient prêts à mourir en obéissant à leurs ordres. Les guerres tribales étaient fréquentes et les conflits se résolvaient en vendant les captifs aux commerçants d’esclaves. «I have a dream that one day on the red hills of Georgia…»1 Martin Luther King aurait voulu voir les anciens esclaves et leurs anciens propriétaires s’asseoir côte à côte. Il n’a jamais vu l’exaucement de son rêve. Au Mazambo, la terre est rouge comme en Géorgie. Rouge du sang des luttes de ses habitants contre leurs propres frères qui sont devenus les esclaves des plantations de la Géorgie et d’ailleurs. J’espère avoir plus de chance que lui en réunissant les Noirs qui, hier 1  «Je fais le rêve qu’un jour, sur les collines rouges de la Géorgie…»

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encore, continuaient à alimenter ce trafic par leur incapacité de s’unir en une seule nation. Zab frappa à la porte du bureau du président, l’interrompant dans la préparation d’un discours. AxaAni N’jémen releva la tête, aussitôt attentif: –  Quoi de neuf? –  J’ai reçu des nouvelles préoccupantes de notre homme infiltré chez les M’jurumba. Paul est avec eux, Axa-Ani. Et ils se préparent à une grande action de terrorisme. –  Ton homme est bien informé? Il pourra nous donner plus de détails en temps utile? –  Il n’est pas rentré à son domicile depuis trois jours. Je crains qu’il ait été découvert et ait été abattu. –  Dommage, pauvre gars. Quelle couverture utilisait-il? –  Je ne peux pas te le dire, officiellement cette opération n’existe pas. –  Compris. C’est vrai que le Mazambo n’a pas de service d’espionnage, officiellement. Tu es venu jusqu’ici pour me dire cela? –  Je suis aussi venu pour t’interroger sur ta vie privée. Y a-t‑il une fille qui t’intéresse particulièrement? Tu veux que je prenne des informations sur elle? Je pourrais aussi lui organiser une protection. Vu ce qui se trame, ça serait plus prudent. Par exemple, cette fille que tu as rencontrée en Suisse, celle qui… –  Merci, mais mes affaires de cœur ne te regardent pas, l’interrompit Axa d’un ton sec et définitif. Jamal Zab leva un regard rempli d’incompréhension sur son président, puis secoua la tête: Chapitre 4

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–  Comme tu voudras, mais ne viens pas te plaindre, si ça tourne mal. ***

Très loin de là, dans le patio d’une antique villa patricienne construite sur le sommet d’un col de Rome, Karym Soufra Djalla délaissa un instant ses invités qui mangeaient sur sa terrasse pour pénétrer d’un pas impatient dans le bureau de la villa romaine de la famille de sa mère où logeait aussi depuis un mois Magda, une splendide top-modèle américaine très sexy qui était son amie du moment. Sans s’attarder à regarder les tableaux de maître accrochés au mur, l’écritoire Louis XVI ni les meubles de même style qui garnissaient le bureau hérité de son grand-père, il s’assit en habitué dans le fauteuil de cuir et sortit d’un tiroir l’article d’un journal mazambé qu’on lui avait fait parvenir parce qu’il citait les Faucons du Désert. Une photo l’illustrait. La jeune femme blanche qui enlaçait un groupe d’enfants noirs était tout simplement ravissante. Il s’obligea à en détourner les yeux pour relire l’article qui l’accompagnait. Dans la région du nord, on commémore les victimes des tueries dont témoigne cette photo qui a fait le tour du monde. C’est celle qui illustrait le reportage de Loïc de Larzin d’avril dernier qui a donné le coup d’envoi à la révolution qui nous a débarrassés du tyran M’jurumba. On y voit la jeune photographe Alexy Noyer recueillir autour d’elle un groupe d’enfants rescapés d’une tuerie des Faucons du Déserts bien connus dans la région du nord pour leur cruauté. 92

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Reviens! La boussole d’Alexy – vol. 2

C O R AY

Franca Henriette

A 20 ans, Alexy adopte un bébé, conjointement avec son ami président fraîchement élu. De nombreux événements s’enchaînent. L’ancien dictateur renversé médite vengeance. Elle-même apprend à ses dépens qu’elle ne peut faire confiance à personne, et surtout pas à Axa-Ani. Or, les liens qu’ils ont avec lui mettent sa vie et celle de son fils en danger.

Franca Henriette

CORAY

Reviens!

Pourra-t-elle se fier à sa boussole?

Née en Suisse romande, installée depuis son adolescence au Tessin (Suisse italienne), Franca Henriette Coray a déjà publié plusieurs romans, sous les labels Ourania et Scripsi.

vol. 2

ROMAN

La boussole d’Alexy – vol. 2

Reviens!

Franca Henriette

CORAY

CHF 24.90 / 19.90 € ISBN 978-2-8260-2023-3 Label

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Scripsi

ªxHSMIMGy020233z

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