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Votre assainissement non collectif en pratique

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C'est un comble

C'est un comble

Texte : Corine Tellier / Carpe Diem

Si votre habitation n'est pas reliée au service du tout à l'égout, vous êtes tenus de vous doter d'un système qui aura pour mission de traiter vos eaux usées. On fait le point sur les solutions qui s'offrent à vous pour une maison encore plus saine.

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Le saviez-vous ? Près de 250 litres d'eau par personne et par jour sont consommés en moyenne à La Réunion. C'est beaucoup et d'ailleurs bien supérieur à la moyenne nationale. D'autant qu’une très grande partie de ce liquide n’est pas consommé mais concerne les diverses activités que sont la vaisselle, le bain ou l'usage des commodités. Des eaux usées qui passent dans des canalisations mais pour aller où, au fait ? Citerne septique : l'enlèvement des boues d'épuration Pour les logements raccordés à un système d'assainissement collectif, la question est réglée : le tout à l'égout s'en charge dans un premier temps avant que les stations d'épuration ne prennent le relais. Mais ce n'est pas le cas de toutes les maisons. Certaines doivent pourvoir elles-mêmes au traitement et mettre en place un système capable de remplir ces trois étapes clés que sont la collecte des différentes sorties d'eaux de la maison, le traitement à proprement parler et l'évacuation. Une autre information importante à connaître : votre interlocuteur de prédilection pour tout ce qui touche à ces questions sera le SPANC (Service Public d'Assainissement Non Collectif) de votre communauté intercommunale, l'organisme compétent pour valider et autoriser la mise en fonctionnement de ces systèmes. En effet, l'installation d'un tel dispositif ne s'improvise pas et obéit à des règles visant à la fois à l'intégrer au mieux dans son environnement

mais aussi à préserver la santé des occupants de la maison qui pourraient voir leur quotidien perturbé par les effets d'un système défectueux ou défaillant.

Il convient de garder une distance raisonnable de la maison, à cinq mètres au minimum, tout en évitant de se rapprocher un peu trop des limites de la propriété : il est recommandé de laisser trois mètres au moins entre votre installation et vos bordures. Et puisque l'on n'est jamais trop prudent, il faut vraiment penser à isoler le dispositif de tout obstacle tel qu'un arbre ou un arbuste, à cause des racines qui pourraient l'endommager. De même, il doit être placé hors d'une zone de passage ou de stationnement de véhicules.

D'autres considérations sont également à prendre en compte : principalement vos usages en termes d'occupation et de consommation ainsi que la surface dont vous disposez dans vos extérieurs. Estimer les dimensions de votre future installation revient à calculer ce que les spécialistes appellent le nombre d’équivalent habitant (EH) ainsi que la superficie. Pour le dire en peu de mots, l’EH correspond à l’unité de mesure de la quantité de pollution rejetée par occupant et par jour en fonction des pièces de l’habitation. Un calcul qui renseignera sur les

Il convient de garder une distance raisonnable de la maison, à cinq mètres au minimum

dimensions adéquates pour les besoins réels. Une précaution utile pour ne pas avoir à courir le risque de solliciter excessivement le système, ce qui pourrait le fragiliser.

Trois solutions

Trois modèles sont à la disposition des propriétaires relevant de l’assainissement non collectif, trois solutions proposées par les professionnels de l’île, agréés par la Préfecture pour les installer ou les entretenir. La première d’entre elles est plus traditionnelle mais toujours d’actualité ; il s’agit de la fosse septique qui collecte toutes les eaux usées de la maison. Une cuve en plastique ou en béton qui procède à la dépollution en liquéfiant les matières solides et solubles, en transformant des boues en acides avant de faire de ces acides des gaz recyclables et jugés sans danger pour l'environnement ; l’action de cette fosse est complétée par un filtre à sable servant à l’épandage : l’eau en ressort saine et propre.

La fosse septique toutes eaux et son système d’épandage occupent une superficie (en moyenne 25 m² pour un traitement de 5 EH) qui pourrait dissuader les propriétaires de terrains qui ne sont limités pour ce qui est de leur espace disponible. Pas de souci, ils pourront se tourner vers l’une des deux autres filières d’assainissement, plus condensées mais tout aussi satisfaisantes en termes de résultat.

La filière compacte, la bien nommée, comporte une fosse toutes eaux où les matières solides et les graisses sont éliminées par décantation. Les eaux prétraitées passent ensuite dans une deuxième cuve au pouvoir filtrant et contenant de la laine de roche, de la fibre de coco ou de la

zéolithe (un minéral qui a la particularité de se lier aux polluants). Ses dimensions ont beau être modestes (une moyenne de 8 m²), ses performances sont au rendez-vous : jusqu’à 5 EH pris en compte. La troisième solution se veut également la plus compacte : une moyenne de 5 m² pour jusqu’à 6 EH de capacité. La micro station d’épuration est l’équivalent d’une petite centrale à l’échelle d’une habitation de 5 à 6 personnes. Elle adopte d’ailleurs le même principe qu'une station d'épuration urbaine mais dans un espace bien plus restreint, celui d’une seule cuve compartimentée. Dans un premier espace, les matières sont piégées et seront ensuite traitées dans un autre compartiment avant la dernière étape de la décantation et de la clarification de l’eau qui pourra être rejetée vers une zone d'infiltration en toute sécurité. Il en existe de deux sortes : avec ou sans électricité.

Etanches et solides, fosses ou cuves sont des matériels aux performances testées et prouvées qui assurent leurs tâches avec brio. Pour qu’elles continuent à rester performantes, un entretien et un suivi régulier s’avèrent indispensables. La fosse toutes eaux requiert par exemple une vidange régulière : en moyenne tous les 4 ans. Une vidange qui concerne aussi le bac à graisse. Ce récipient qui s’installe entre les sorties d’eaux et la fosse sert à séparer les graisses du reste des eaux usées ; une façon de ne pas trop encombrer la fosse, comme une première barrière. Certains impondérables peuvent perturber le bon fonctionnement : des racines qui se sont développées à proximité de la cuve et la fragilisant malgré les précautions que l’on avait prises en amont pour faire place nette, l’apparition de fissures… En cas de dysfonctionnement, certains signes vous alerteront : des toilettes, éviers ou lavabos qui finissent toujours par se boucher en dépit des interventions du plombier. D’autres professionnels prendront le relais : armés de sondes et de caméras endoscopiques, ils seront capables d’aller inspecter l’intérieur des cuves et des canalisations pour identifier l’origine des obstructions et autres soucis afin de vous aider à profiter encore longtemps d’une maison saine.

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