Mnangagwa élu président
Incendies en Grèce : L’enfer en version réelle
La
Afrique : Continent aux abois ou de toutes les promesses !
Issue 1707- Août 10/08/2018
Un magazine politique hebdomadaire
Franceafrique
Les dessous d’une domination www.majalla.com
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Un magazine politique hebdomadaire
Issue 1707- Août 10/08/2018
Le projet de loi sur les violences sexistes et sexuelles définitivement adopté 08
L’eau : Enjeux et gestions…
Incendies en Grèce : L’enfer en 18 version réelle 28
Mnangagwa élu président La
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Éditeur en chef
HH Saudi Research and Marketing (UK) Ltd
Secrétaire de Rédaction
10th Floor Building 7 Chiswick Business Park 566 Chiswick High Road London W4 5YG
Ghassan Charbel Mostafa El-Dessouki
www.majalla.com/eng La
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10/08/18
Tel : +44 207 831 8181 - Fax: +44 207 831 2310
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Cette photo prise le 1er aoĂťt 2018 montre des personnes qui rĂŠcoltent des gousses de graines de lotus dans un ĂŠtang de Tancheng, dans la province du Shandong (est du pays). (Getty Images)
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Lucille et Cecilia font la promotion de leur Sea Lion Play sur le Royal Mile pour le Edinburgh Festival Fringe le 2 août 2018 à Édimbourg, en Écosse. Le Edinburgh Fringe Festival est le plus grand festival des arts de la scène au monde, avec plus de 000 30 représentations de plus de 2000 spectacles (Getty Images).
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ctualités
Manifestation devant l'Assemblée nationale contre la loi sur le secret des affaires
Gérard Collomb, à l'Assemblée nationale.
Par Maymana Azzam La loi immigration définitivement votée Plus de cinq mois de travail législatif auront été nécessaires avant son adoption définitive. Le projet de loi "pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie", l'un des plus polémiques de la première année du quinquennat d'Emmanuel Macron, a achevé mercredi ses allers-retours entre l'Assemblée nationale et le Sénat. Les députés ont adopté le texte : sur 136 votants, 100 ont voté pour, 25 contre et 11 se sont abstenus.
Le projet de loi sur les violences sexistes et sexuelles définitivement adopté Après le Sénat mardi, l'Assemblée nationale a voté mercredi soir le projet de loi Schiappa, qui prévoit notamment l'allongement du délai de prescription des violences sexuelles commises sur les mineurs. Sur son blog, Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’association Mémoire
Le texte était porté par la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, à l'Assemblée nationale le 24 juillet 2018.
traumatique et victimologie, ne cache pas sa déception quant à la version finale du projet de loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, qui vient d’être définitivement adopté par le Parlement. Pour la députée France insoumise Clémentine Autain, il s’agit même d’un «rendez-vous manqué».
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Sanctions administratives : le "droit à l'erreur" adopté Le Parlement a adopté définitivement mardi soir, via un vote de l'Assemblée, le projet de loi instaurant un «droit à l'erreur», qui permettra,
Jean-Yves Le Drian rencontre son homologue cubain Bruno Rodriguez le 28 juillet à La Havane.
Michel Blanquer, avait plusieurs fois confirmé. Le Parlement a définitivement adopté l’interdiction des téléphones portables dans les écoles et les collèges. Elle sera effective dès la rentrée de septembre.
L’Assemblé générale
Formation, redécoupage territorial : les mesures pour l'Education
Le texte a obtenu 62 voix pour et une voix contre.
sous réserve d'être «de bonne foi», d'éviter des sanctions de l'administration au premier manquement. Approuvé par la majorité LREM-MoDem ainsi que les députés UDIAgir et socialistes, ce projet de loi «pour un État au service d'une société de confiance» traduit ainsi une promesse du candidat Emmanuel Macron. Les Insoumis, qui ont défendu en vain
une motion de rejet, les communistes et, «à contrecœur», les LR, se sont prononcés contre. Sauf en cas de «mauvaise foi» ou «fraude», «une personne ayant méconnu pour la première fois une règle» ou «ayant commis une erreur matérielle» ne peut faire l'objet d'une sanction «si elle a régularisé sa situation de sa propre initiative ou après avoir été invitée à le faire par l'administration», stipule le texte adopté.
Les téléphones portables seront interdits dès la rentrée scolaire
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer à l'Elysée le 06 juillet 2018
Chose promise, chose due. Les parlementaires ont définitivement voté l'interdiction des téléphones portables dans les écoles et collèges, voire dans certains lycées, dès la rentrée 2018. Cette proposition de loi des députés LaREM, déposée en mai, traduit une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, que le ministre de l'Éducation nationale, Jean-
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Personnalisation des parcours des professeurs, réorganisation des académies : Edouard Philippe et Jean-Michel Blanquer ont dévoilé jeudi les principaux axes de la réforme de l'Éducation nationale, initiée dans le cadre d'une réforme globale de la sphère publique. Ces mesures s'inscrivent dans la réforme de la fonction publique initiée par le Premier ministre, qui ambitionne de réaliser 30 milliards d'euros d'économie d'ici 2022. Le gouvernement cherche "à faire de profondes transformations, pas de petites économies", a déclaré le Premier ministre dans une interview conjointe avec le ministre de l'Education, accordée au quotidien régional Ouest-France publié jeudi. L'objectif est de "mieux organiser notre système éducatif pour que les moyens consacrés par la Nation à cette première priorité permettent la réussite de tous les élèves", a souligné Matignon dans un communiqué diffusé parallèlement à cette interview.
Le Drian en visite à Cuba pour "renforcer" les liens Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a indiqué samedi 28 juillet à La Havane que sa visite jusqu’à dimanche à Cuba visait à « renforcer » les relations entre les
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ctualités
Edouard Philippe répond mardi aux députés qui ont déposé deux motions de censure contre le gouvernement. Agents de maintenance remplaçant les panneaux de signalisation, le 1er juillet.
deux pays. « Nous sommes dans une relation très positive, dynamique, et ma visite vise à approfondir cette dynamique et à la renforcer », a déclaré M. Le Drian à son homologue cubain Bruno Rodriguez, qui l’a reçu au ministère des affaires étrangères.
Depuis la limitation à 80 km/h, les radars flashent deux fois plus Selon les premiers chiffres publiés un mois après la mise en place de la limitation à 80 km/h sur les routes nationales et secondaires, les flashs sont en forte hausse, notamment dans le Var et en Haute-Loire. Dans une interview accordée à Var Matin , ce lundi, le préfet du Var, Jean-Luc Videlaine, a indiqué que «les sept radars fixes positionnés sur les routes à 80 km/h flashent deux fois plus qu'avant». Cette tendance se vérifie-t-elle ailleurs en France? Selon le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, interrogé par Ouest France , la courbe «semble être celle-ci», même si tous les départements ne sont pas au même niveau. «Mais les radars finiront par moins flasher, les
automobilistes feront attention», juge-t-il. Un bilan national plus détaillé sera fait dans les prochains jours.
Affaire Benalla : porte close, coffre disparu, ménage d'un "ami" Le 21 juillet, les enquêteurs en charge de l’affaire Benalla se rendent au domicile de l’ancien collaborateur de l’Élysée, à Issy-lesMoulineaux. Trouvant porte close, et devant l’absence de coopération d’Alexandre Benalla, présent avec eux, ils décident de poser un scellé sur la porte, et de revenir le lendemain. Entre-temps, le coffre évoqué par le chargé de mission durant sa garde à vue disparaît. Récit d’une perquisition surréaliste.
Affaire Benalla : le vote des motions de censure à l'Assemblée Après-midi chargé pour les députés mardi. Depuis 15 heures, l'Assemblée nationale examine deux motions de censure, l'une de droite, l'autre de gauche, déposée la semaine dernière, à la suite de l'affaire Benalla. Si la première, celle de la droite, n'a pas été adoptée, et que la seconde n'a aucune chance de l'autre, les débats qui ont précédé le vote ont été animés.
Loin d’un geste sexiste, Ugo Bernalicis dénonçait par ses mimiques la « câlinothérapie » du gouvernement envers la finance, se défend le député insoumis.
collègues masculins. La jeune femme assure avoir très fréquemment reçu des insultes et allusions sexuelles, accompagnées de gestes déplacés allant de préservatifs glissés dans son sac à une main aux fesses. Et relate surtout avoir été violée par un caporal. Après trois mois passés dans cette caserne, Alizée aurait été déclarée inapte par le service de santé des armées, avant de faire une tentative de suicide à l'automne 2017.
Marlène Schiappa dénonce "un agissement sexiste" de l'Insoumis
Violences sexuelles : des pompiers de Paris mis en cause
Alexandre Benalla (gauche) et Emmanuel Macron (droite) lors du salon de l'agriculture, le 24 février 2018.
Elle raconte s'être fait insulter de "suceuse", de "fille qui aime le sexe", ou qui "aguiche les instructeurs". Le quotidien Le Monde publie ce samedi le témoignage d'Alizée (nom d'emprunt), une ancienne sapeur-pompier qui dénonce le comportement de ces anciens La
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Ouverture de l'Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, le 3 novembre 2017.
Brétigny-sur-Orge : la catastrophe ferroviaire causée par la "vétusté" des rails
Les faits se sont déroulés dans un parc du quartier populaire de Saint-Jacques, au sud de Beaune.
Ugo Bernalicis La secrétaire d’Etat Marlène Schiappa accuse Ugo Bernalicis de gestes sexistes. Erreur d’interprétation, proteste le député insoumis. Elle accuse le député insoumis Ugo Bernalicis de misogynie à l’encontre de la secrétaire d’Etat Brune Poirson. La scène se déroule mercredi, lors de la dernière séance de questions au gouvernement de cette session parlementaire. Mathilde Panot, députée La France Insoumise, interpelle le gouvernement au sujet du « jour du dépassement », date à laquelle la Terre a épuisé ses ressources de l’année.
Les propriétaires de yachts refusent d'aider les sauveteurs en mer Un appel aux dons avait été lancé, mijuin par la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) de Saint-Tropez après l’immobilisation de leur canot de sauvetage. Un appel qui n’a pas rencontré de succès. La faute au manque de générosité des grandes fortunes, propriétaires de yachts.
Fusillade à Beaune : règlement de compte ou agression raciste ? Une quinzaine de jeunes hommes ont été visés
C’est la deuxième nuit d’émeutes dans le quartier des Moulins, à Nice.
par des tirs dans la nuit de dimanche à lundi dans un parc de la ville de Côte-d'Or. Les faits sont d’une très grande brutalité. Ils se sont déroulés dans la nuit de dimanche à lundi dans un parc du quartier populaire de Saint-Jacques, au sud de Beaune (Côte-d’Or). Plusieurs personnes étaient alors en train de discuter et jouer à la console. Sept d’entre elles, âgées de 16 à 20 ans, ont été touchées par les tirs. Si l’une des victimes a été gravement atteinte, son pronostic vital n’est pas engagé après sa prise en charge par le CHU de Dijon. Les six autres jeunes hommes ont été transportés à l’hôpital de Beaune pour des blessures plus superficielles. Lundi matin, les enquêteurs du commissariat de Beaune et de la police judiciaire de Dijon semblaient privilégier la thèse du règlement de compte, selon l’AFP.
La catastrophe ferroviaire de Brétigny-surOrge, qui a fait sept morts et des dizaines de blessés en 2013, a été causée par la "vétusté" des rails, et non pas par un défaut imprévisible de l'acier, selon une nouvelle expertise métallurgique.
Incendie meurtrier à Aubervilliers : un enfant de 10 ans mis en examen Le parquet de Bobigny avait ouvert samedi une information judiciaire pour incendie volontaire ayant entraîné la mort, un crime passible de la réclusion à perpétuité. Le parquet de Bobigny
Nice : deuxième nuit d'émeutes après un accident de scooter Grosses tensions dans la cité niçoise des Moulins (Alpes-Maritimes). Dans la nuit de lundi à mardi, des matelas, des poubelles et des scooters ont été incendiés. Le quartier a concentré toute l’attention des policiers qui ont dû composer avec des jeunes au visage masqué jouant au chat et à la souris, sans aller directement à l’affrontement, rapporte NiceMatin. C’est la deuxième nuit de violences dans ce quartier. Tout a commencé dimanche soir, après un grave accident de scooter. Un jeune homme de 25 ans aurait tenté d’esquiver un contrôle de police. Dans sa course folle, il aurait violemment percuté un arbre. Plusieurs habitants du quartier contestent vivement cette version avancée par des sources policières. Selon eux, c’est une voiture de police municipale qui aurait heurté le deux-roues. Selon la police, il aurait tenté d’échapper à un contrôle. La
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la catastrophe ferroviaire causée par la “vétusté” des rails selon une nouvelle expertise
avait ouvert samedi une information judiciaire pour incendie volontaire ayant entraîné la mort, un crime passible de la réclusion à perpétuité. L'enfant mis en examen ne pourra toutefois pas être jugé, son jeune âge le rendant pénalement irresponsable.
Un Français abattu d'une balle dans la tête au Brésil Le corps sans vie de Cédric Vacherié, 33 ans, a été retrouvé le 13 juillet à proximité de sa villa en construction à Paraty, sur la Costa Verde, au sud de Rio de Janeiro, au Brésil. Le jeune Azuréen, expatrié de l'autre côté de l'Atlantique depuis un an, a été abattu d'une balle dans la tête.
Encouverture
Franceafrique
Les dessous d’une domination Par Chokri Ben Nessir Les relations entre la France et les pays de son traditionnel pré carré africain, se sont fondées depuis les indépendances officielles sur le détournement de l’aide publique, le pillage des matières premières, le soutien politique et militaire à des régimes autocratiques et
corrompus, la participation directe ou indirecte à des coups d’État et des guerres civiles, etc. Sinon comment expliquer la présence permanente de l’armée française dans ses anciennes colonies ? À qui profite l’argent du pétrole, de l’uranium, du diamant, du bois, des minerais ? Pour quelles raisons le gouvernement français reçoitil régulièrement, avec tous les honneurs, des
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dirigeants africains parvenus au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées ? Pour sa première tournée africaine, qui l’a ensuite mené au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Ghana pour le sommet UA-UE et à Accra, le président français Emmanuel Macron a voulu incarner la rupture avec la Franceafrique en affirmant que la France n’avait « plus de politique
de nombreux mouvements citoyens, syndicaux, de défense des droits humains comme le Balai citoyen au Burkina Faso, Dynamique Citoyenne au Cameroun, Ça Suffit Comme Ça au Gabon, le ROTAB au Niger ou même en France où l’association Survie s’engage depuis 30 ans pour une refonte de la politique de la France en Afrique. Des associations de la diaspora africaine et de solidarité internationale participent également à ce combat. Ils revendiquent tous une diplomatie qui soutiennent les peuples africains, le retrait de l’armée française d’Afrique et la fin du pillage et la transparence économique et fiscale. En effet, ces acteurs de la société civile considèrent que la françafrique est une politique néo-coloniale française, au service des intérêts de l’État Français, d’entreprises, de carrières politiques ou militaires, dont les populations africaines paient le prix fort. C’est que les conséquences humaines et environnementales de cette politique sont dramatiques : dictatures, crimes et guerres, pauvreté, migrations, pollution où l’impunité des acteurs impliqués, militaires, économiques, politiques, est garantie, même lorsqu’ils vont jusqu’à se rendre complices d’un génocide, comme au Rwanda en 1994 (soutien diplomatique français, livraison de munitions...) lors du génocide des Tutsis.
Un peu d’histoire...
africaine ». Dans une rencontre avec les étudiants burkinabè, le président français Emmanuel Macron, s’est présenté comme le représentant d’une nouvelle génération en rupture avec la Françafrique. Face à ces jeunes, qui sont nés après les indépendances et ne supportant plus le paternalisme néocolonial de Paris à l’égard de leurs pays et qui n’ont pas hésité à l’interroger sur l’élimination de Mouammar Kadhafi, le franc CFA ou encore la forte présence militaire française sur le continent, Macron ne s’est pas défilé et a tenté de les convaincre en insistant sur le fait que lui, comme eux, faisait partie d’une nouvelle génération, celle qui n’a « jamais connu » la colonisation et qui souhaite tourner la page de la Françafrique – terme qu’il a d’ailleurs soigneusement évité tout au long de son intervention. « Je suis d’une génération où on ne vient pas dire à l’Afrique ce qu’elle doit faire »,
a-t-il poursuivi, selon Jeune Afrique.
Un discours de non-ingérence Ce discours de non-ingérence, quand bien même dissimulé derrière l’argument générationnel, n’a rien de novateur. Jacques Chirac en fut le chantre en son temps, tout comme François Hollande plus récemment. Mais les « jeunes » du continent et leurs aînés ne sont pas dupes, voilà des années qu’ils entendent les mêmes discours dans la bouche des présidents français, ils attendent maintenant des actes, mais surtout un vrai renouvellement des relations entre l’ex-colon et les pays de son ancien pré carré.
Résistance à la Françafrique C’est d’ailleurs pourquoi, il existe en Afrique
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A la fin des années 1950, De Gaulle accorde officiellement l’indépendance à 14 pays d’Afrique francophone, pendant que, avec son conseiller Jacques Foccart, ils organisent officieusement le maintien de ces pays sous influence française. « Tous les pays sous développés, qui hier dépendaient de nous, et qui sont aujourd’hui nos amis préférés, demandent notre aide et notre concours ? Mais cette aide et ce concours, pourquoi les donnerions-nous si cela n’en vaut pas la peine ? », affirmait dans un discours De Gaulle, le 5 septembre 1961. C’est le concept de la Françafrique qui est né et qui désigne le système politique et institutionnel ainsi que l’ensemble des réseaux qui permettent à la France de garder la mainmise sur ses anciennes colonies, afin de garantir son accès aux matières premières et de conserver sa puissance sur l’échiquier international. Le pouvoir français installe dès le début des années 60 des chefs d’état acquis à ses intérêts, et use de différents moyens
Encouverture
pour les maintenir en place : élections truquées, coups d’Etat, assassinats politiques, soutien militaire via des accords de défense secrets... Par exemple, entre 1955 et 1971, la France mène au Cameroun une guerre coloniale faisant des dizaines de milliers de morts, et participe à l’assassinat ciblé des grands leaders indépendantistes (Ruben um Nyobe, Félix Mounié, Ernest Ouandié). Depuis lors, elle soutient la dictature en place, d’abord celle d’Ahmadou Ahidjo, puis celle de Paul Biya, à la tête du Cameroun depuis plus de 33 ans.
(pétrole, uranium, minerais) et aux cultures de rente (coton, bois, plantations agricoles) et de préserver des débouchés pour les entreprises françaises. Sur le plan politique cette approche est justifié par trois raisons politiques à savoir garder l’Afrique dans le camp occidental en période de guerre froide, maintenir le rang de la France à l’ONU avec un cortège « d’Etats africains clients » et enfin continuer à financer le parti gaulliste par le détournement des rentes africaines, puis par la suite tous les partis de gouvernement.
Les raisons
Présence militaire
Deux raisons économiques expliquent cette volonté de garder main basse sur les anciennes colonies. Il s’agit d’abord de garder un accès privilégié aux matières premières stratégiques
Peu connue, la présence militaire de la France en Afrique constitue depuis plus de 50 ans un des piliers de sa politique d’ingérence. Héritage d’un passé colonial proche, la France joue La
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encore aujourd’hui un rôle de puissance militaire majeure en Afrique. La France déploit donc 10.000 soldats en permanence, retissant une toile qui recoupe la carte des anciennes colonies françaises subsahariennes. Au-delà des trois bases permanentes (Libreville, Dakar, Djibouti) et d'opérations ponctuelles (Tchad, Cote d'Ivoire), elle installe durablement ses troupes. Les réticences des dirigeants, Maliens et Nigériens notamment, opposés depuis les indépendances à une présence militaire étrangère permanente, ont été vaincues. Au Mali, mille hommes sont stabilisés, dont une base militaire permanente à Tessalit à la frontière algéro-malienne, et prive l'État malien de sa souveraineté sur le nord du pays. Au Niger, les forces spéciales sont déployées sur les deux mines d'uranium d'AREVA, et une base de 300 militaires s'installe où sont déployés drones
et avions de combat. Au Tchad, un millier d'hommes sont installés dans la vieille base de Faya-Largeau. Les forces spéciales du COS (Commandement des Opérations Spéciales, force discrétionnaire commandée directement par l'Elysée et son chef d'état-major particulier) sont renforcées d'un millier d'hommes, présents dans une dizaine de pays. Avec ses militaires sur le sol africain, la France intervient régulièrement sous différents prétextes (anti- terrorisme, démocratie, maintien de la « paix ») assurant ainsi sa domination sur les états et sur leurs ressources. « Si la France ne s’était pas engagée au Mali, eh bien les risques les plus grands auraient existé pour nos six mille ressortissants à Bamako et puis pour les ressources tout à fait importantes en uranium qui se trouvent au Niger » déclarait le Général Desportes en 2013. Il est à noter que l'armée française a joué un rôle
essentiel dans cette continuité. En fait, elle n'a jamais quitté l'Afrique... et elle y est intervenue 40 fois depuis 1961 … assurant la protection des régimes qui défendaient les intérêts français et éliminant ceux qui voulaient s'en émanciper.
LE FRANC CFA Emmanuel Desfourneaux, directeur général de l'Institut de la culture afro-européenne à Paris, partenaire officiel de l'UNESCO, et ancien conseiller du Président sénégalais Abdoulaye Wade, assure que « Dans les failles que l'on observe aujourd'hui. L'Union africaine dépend à hauteur de plus de %85 du financement de l'Union européenne. De même que %25 des capitaux de la Banque africaine de développement (BAD) appartiennent aux Occidentaux. Pourtant, c'est une banque qui revendique son panafricanisme. La
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Dans le même sillage, le franc CFA est la seule monnaie coloniale ayant survécu à la décolonisation, il lie quinze pays d’Afrique à la France. Aujourd’hui encore ce système empêche ces pays d’être souverains économiquement : chaque pays doit déposer 50 % de ses réserves en devises étrangères au trésor public français, le franc CFA est arrimé à l’euro et donc soumis à ses fluctuations, et des Français siègent aux instances de direction des banques centrales africaines. La France, en se portant officiellement garante de la stabilité et la convertibilité du franc CFA, contrôle directement ou indirectement la politique monétaire des États concernés.
L’aide au développement En 2013, l’aide publique au développement française était de 8,5 milliards d’€, dont 45,6 % pour l’Afrique. Il s’agit d’un mélange de
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dons, de prêts et d’allègements de dette. Cette « aide » est essentiellement un outil au service des intérêts français et un instrument de tutelle et de dépendance. Sous Macron, une promesse d’amener les financements consacrés à l’aide publique au développement en Afrique à 0,55 % du RNB d’ici 2022, le gouvernement envisage une augmentation graduelle avec l’objectif auquel elle s’était historiquement engagée : arriver à 0,7 % du RNB. Une institution financière met en œuvre cette politique d’Aide Publique : l’Agence Française de Développement (AFD). Elle fonctionne comme une banque. Sa politique est menée avec le souci constant de préserver et favoriser les intérêts de la France... et ceux de ses grandes entreprises.
ET AUJOURD’HUI ? «Le temps de la françafrique est révolu » annonçait déjà François Hollande, le 12 octobre 2012 à Dakar. Mais aujourd’hui, tout en prétendant avoir
mis fin à ces pratiques, la France poursuit encore son ingérence dans ses anciennes colonies. Le pillage et les guerres sont banalisés sous prétexte de crise économique et de lutte contre le terrorisme. Dans les médias comme les discours politiques, racisme et préjugés participent de ce système. Les mécanismes de maintien de la domination française en Afrique perdurent aujourd’hui encore, bien qu’ils aient pris de nouvelles formes. Les intérêts ont évolué au fil des années. Au niveau économique, l’exploitation des matières premières s’est intensifiée et mondialisée, les entreprises nationales ont presque toutes été privatisées. Par ailleurs, de nouvelles puissances sont entrées dans le jeu de la concurrence, en particulier les pays émergents.
Un âge fini ? Il n’empêche, cette politique a connu une crise La
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dans les années 90 : regain des mouvements démocratiques en Afrique, chute de l'apartheid, discrédit du soutien français au régime génocidaire au Rwanda, développement de nouvelles concurrences venant des pays émergents. Au niveau de la politique internationale, la guerre froide a pris fin, mais le camp occidental et ses alliés se retrouvent aujourd’hui engagés dans une « guerre contre le terrorisme » dans laquelle la France se donne un rôle prépondérant. Malgré une économie affaiblie, la France reste une puissance de premier ordre, notamment grâce à ses positions militaires sur le sol africain. Les discours officiels à Paris ont certes évolué : moins d'interventions unilatérales, plus d' « européanisation » ou d' « africanisation » dans la gestion des conflits. Une timide diminution des bases militaires françaises et des effectifs a commencé, crise économique oblige, accompagnée d'une redéfinition des missions dans le contexte de fin de la guerre froide.
Promesses toujours des promesses Avant Macron, François Hollande arrivant disait qu’il allait « mettre fin à la Françafrique ». « C'était à l'Afrique d'assurer elle même sa sécurité », revendique-il. Promesses, comme tant d'autres, vite oubliées. Deux interventions militaires plus tard, au Mali et au Centrafrique, endossant l'habit de « chef de guerre », Hollande réhabilitera l'interventionnisme français en Afrique. Face à la menace djihadiste au Mali, alors qu’il y avait d'autres moyens (interposition de l'ONU, de l'Union Africaine, politique de coopération militaire et d'aide au développement) que d'utiliser la situation pour redéployer unilatéralement tout l'arsenal de l'armée française sur le continent. Aujourd’hui l’ancrage de l’économie africaine dans la mondialisation pousse l’Etat français à agir ouvertement en faveur de la défense de firmes transnationales qui brandissent les
arguments de l’emploi et du rayonnement tricolore pour bénéficier à plein régime de son réseau d’influence.
armées nationales, l'armée française se laissant le droit d'agir à sa guise avec sa « force de réaction rapide ».
Dans la foulée, une nouvelle stratégie a été redéfinie dans un nouveau « Livre blanc » de la Défense et une loi de programmation militaire votée fin 2013, réaffirmant que pour la France, l'Afrique est une «zone d'intérêt prioritaire de l'ouest de l'Afrique à l'océan Indien ». Ce Livre blanc redonne justification, au nom de la défense des « intérêts économiques et stratégiques », à cette exception française : s'arroger le droit de quadriller militairement toute une partie d'un continent, et le droit de « s'engager en premier » sans attendre une action multilatérale.
Au lieu d'aider à consolider des États, on se sert des divisions claniques ou ethniques, ou des menaces djihadistes, pour pousser à des états «fédéraux» affaiblis et éclatés, qui abandonnent des prérogatives « nationales » ou « militaires » aux forces des grandes puissances.
Les nouveaux accords de défense que la France tente d'imposer ne sont plus axés sur une « coopération » pour former les forces locales, mais sur l'insertion de détachements français dans les La
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Ce regain d'interventionnisme militaire s'accompagne d'un discours sur la nécessité de partir en reconquête économique dans un continent où les intérêts français sont concurrencés par des pays émergents comme le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud. Plutôt qu'une politique de coopération d'égal à égal avec les pays africains, l'Etat français s'efforce de maintenir sa domination en redéployant son armée, « avantage concurrentiel » qui permet des retours sur investissements.
Encouverture
Afrique : Continent aux abois ou de toutes les promesses !! Par Nasreddine Ben Hadid A voir le flot d’embarcations qui essayent de traverser la Méditerranée avec à bord des milliers d’Africains, on se demanderait quant à la situation économique et sociale, et par conséquence politique dans ces pays. Par contre, à lire certains indices, concernant l’Afrique en entier ou tout particulièrement certains pays, à l’instar de l’Ethiopie, le Ghana
et même le Ruanda, on est pris par une joie démesurée concernant l’avenir du continent ou de ces pays en particulier. Sans oublier que le continent noir, est dépositaire des plus importantes réserves, essentiellement des métaux précieux, le cobalt en particulier qui connait une augmentation vertigineuse du prix, sans oublier pétrole, or, fer, cuivre, et autre diamant.
16 04/05/18
Dans ce jeu ou plutôt ces enjeux entre défis à outrances et chances démesurée, l’histoire coloniale continue à peser et lourdement. Aussi bien politiquement qu’économiquement. Dans ce croisement entre passé tumultueux et présent actif, la France tient une place de choix. Essentiellement dans son «espace francophone», formé de ses ex-colonies. Mais aussi, l’importance pour Paris de marquer et se démarquer, dans cette course
Macron s'adressant aux étudiants burkinabés
Il serait compréhensible que les relations entre la France et ses ex-colonies ne changeraient pas de beaucoup aux premières années de l’indépendance, surtout que ces nouveaux pays indépendants ne peuvent assurer et surtout assumer une «indépendance» dans le vrai sens du mot. Actuellement, la génération qui a connu la période coloniale, a presque quitté ce monde. Par conséquence, le rapport de force, entre la «métropole» et l’Afrique essentiellement francophone, a pris une nouvelle allure. Essentiellement, voulue par une nouvelle élite au pouvoir, qui, sans dénigrer ou presque l’héritage colonial, veut instaurer un nouveau rapport de force avec l’ex-puissance coloniale. La chose se voit et même se constate au niveau du discours adopté des deux cotés de la Méditerranée. Depuis l’avènement du Printemps arabe, la carte africaine et surtout nord-africaine, risque un nouveau découpage. En tout cas, pas celui «hérité des puissances coloniales». L’action populaire serait plus tentante pour certains. Ces mouvements populaires, ont partout suscité de l’espoir et même un engouement, ouvrant une large brèche dans des situations, qui paraissaient interminables ou même impénétrables. L’intervention de forces nouvelles en Afrique, essentiellement la Chine, sans oublier les EtatsUnis qui veulent reprendre leur influence, font que la France adopte une nouvelle stratégie. Surtout qu’un pays comme la Chine, sans passé colonial, veut étende son influence économique, sans ce grand souci culturel et surtout linguistique, que porte toujours la France.
entre puissances pour prendre une part du marché africain, prometteur et à fort taux de croissance, que s’en assurer les matières premières nécessaires à la bonne marche et même à la prospérité de l’économie nationale. Contrairement aux ex-puissances coloniales, la France accorde une place de choix, et même la part du lion dans son budget alloué à la promotion de son action en Afrique, à la
culture, essentiellement la pérennité que même l’expansion de la langue française, fer de lance de ce «Commonwealth» français, qui est la Francophonie. Le terme FranceAfrique traine quant à lui un passé noir, houleux et même douloureux. A la fois, un interventionnisme presque déclaré de la France, que des actions militaires pour soutenir certains régimes que pour faire chuter d’autres.
17 04/05/18
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, porteur d’un nouveau discours, moins protocolaire et surtout plus direct, certains en Afrique, souhaitent que ce discours, soit converti en actions palpables, essentiellement en investissements capables d’améliorer la situation économique. Le Président par contre, invoque «moins d’interventionnisme» et surtout a appelé lors d’une tournée en Afrique, à «ce que les Africains comptent sur eux-mêmes».
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Elections au Zimbabwe
Mnangagwa élu président Par Chokri Ben Nessir Les Zimbabwéens s'étaient déplacés lundi dernier dans le calme et en masse pour des élections historiques qui devaient marquer un tournant dans l'histoire du pays. Cependant, après un vote dans le calme, la première élection, depuis la chute du président Robert Mugabe tombé en novembre après près de quatre décennies au pouvoir, la situation a dégénéré mercredi quand la police et l'armée ont réprimé une manifestation de l'opposition, qui conteste les résultats du scrutin proclamant la majorité (%50,8) des voix à l'élection présidentielle de M. Mnangagwa qui appartient, comme M. Mugabe, au parti de la ZanuPF, aux commandes du pays depuis l'indépendance en 1980. On déplore au moins six morts et une soixantaine de personnes arrêtées. Retour sur la fin d’un règne Le 14 novembre 2017, un convoi de
blindés se dirige vers la capitale Harare, au lendemain d'une mise en garde sans précédent du chef de l'armée, le général Constantino Chiwenga, dénonçant l'éviction du vice-président Emmerson Mnangagwa le 6 novembre et une purge au sein du parti au pouvoir, la Zanu-PF . Le lendemain, l'armée se déploie dans la capitale, contrôlant les accès au Parlement, au siège de la Zanu-PF et à la Cour suprême. Robert Mugabe dit être retenu à son domicile par les militaires. Le 19 novembre, la ZanuPF, réunie en urgence, lui retire la présidence du parti, et exclut de ses rangs son épouse Grace Mugabe. Le 21 novembre, Robert Mugabe met fin à son règne autoritaire de trente-sept ans en démissionnant, après une semaine de crise. Son départ provoque des scènes de liesse. Le 24 novembre, après un bref exil au Mozambique et en Afrique du Sud, l’ancien bras-droit de Mugabe,
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Emmerson Mnangagwa prête serment comme président. Il dévoile son gouvernement, où il a recyclé la vieille garde au pouvoir depuis 1980 et confié d'importants postes à des militaires qui ont joué un rôle-clé dans son accession à la présidence dont le général à la retraite Constantino Chiwenga, ancien chef de l'armée qui a dirigé le coup de force, qui accède à l'une des deux vice-présidences du pays. L'ex-bras droit de Robert Mugabe, Emmerson Mnangagwa, soucieux de se démarquer de l'ancien président autocrate, s'était engagé à organiser des élections libres. Soucieux de se démarquer de son prédécesseur, il s'était engagé à organiser des élections libres et
*Des manifestants brulant les affiches électorales du président gagnant.
Des violences éclatent après la proclamation des résultats. Six morts au moins transparentes, dans l'espoir d'attirer des investissements occidentaux dans le pays au bord de la faillite. Des élections sur fond de crise Le 5 juin 2018, des milliers de partisans de l'opposition dénoncent à Harare les "intimidations" du régime
Le nouveau président élu, prends fonction.
et réclament un "audit" indépendant des listes électorales avant les scrutins du 30 juillet. "Nous n'autoriserons pas une élection qui ne soit pas libre et
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juste", déclare Nelson Chamisa, qui a pris en février les rênes du principal parti de l'opposition, le Mouvement démocratique pour le changement
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(MDC), après la mort de son chef Morgan Tsvangirai. Le 23 juin, Emmerson Mnangagwa échappe à un attentat qui tue deux de ses gardes du corps à la fin d'une réunion électorale à Bulawayo, deuxième ville du Zimbabwe et bastion de l'opposition (sud). Il met en cause les partisans de l'ex-Première dame.
Le leader de l'opposition zimbabwéenne et candidat malheureux à la présidentielle, Nelson Chamisa, a rejeté la "frauduleuse" victoire du chef de l'Etat sortant Emmerson Mnangagwa
Le 29 juillet, Robert Mugabe appelle les électeurs à faire tomber son ancien parti, lors de sa première conférence de presse depuis sa démission forcée. Il laisse entendre qu'il votera pour le chef du MDC, une formation qu'il a toujours combattue.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) parti de son concurrent Nelson Chamila jeune chef de l'opposition de 40 ans, qui avait revendiqué la victoire avant l'annonce des chiffres officiels, a rejeté les résultats et annoncé son Le 30 juillet, les Zimbabwéens intention de porter l'affaire en justice. se déplacent en nombre et dans le Il a crié au "trucage", estimant que calme lors des premières élections "l'élection a été frauduleuse, illégale, générales post-Mugabe. Un total illégitime". "Nous avons gagné cette de 23 candidats sont en lice pour la élection. Nous sommes prêts à former présidentielle, mais la course se joue un gouvernement", a martelé Nelson entre l'actuel chef de l'Etat élu et le Chamila, lors d'une conférence de leader du MDC. presse entachée par une intervention policière. Sa formation, le (MDC), Premières élections a annoncé qu'il allait saisir la justice. "Nous allons utiliser tous les moyens" Les élections générales tenues lundi pacifiques pour contester l'élection » 1er aout --incluant législatives et a-t-il asséné, demandant notamment présidentielle-- étaient les premières l'aide de la communauté internationale. après la fin du règne autocratique Une fois saisie, la justice a 14 jours de Robert Mugabe. Avec ce double pour se prononcer. Le vainqueur sera scrutin, M. Mnangagwa conforte même alors investi président dans les 48 sa position à l'Assemblée: son parti a heures. raflé les deux-tiers des sièges lors des législatives. Aucune fraude ? Dans la nuit du 2 au 3 août, la commission électorale (ZEC) annonce qu'Emmerson Mnangagwa a été élu dès le premier tour de la présidentielle (%50,8 des suffrages) face à Nelson Chamisa (%44,3).
La commission électorale (ZEC) affirme pour sa part que les élections n'ont été entachées d'"aucune fraude". Mais la ZEC, qui déjà très critiquée pour sa partialité lors des scrutins organisés sous l'ère Mugabe, a été accusée par La
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Des soldats réprimant les manifestants qui protestent à Harare.
l'opposition pendant la campagne de 2018 de manque de transparence, de "partialité" et d'"arrogance". Le lendemain une manifestation de l'opposition qui dénonçait des fraudes éclate mais qui a été rapidement réprimée par l'armée qui a tiré à balles réelles. Le bilan est lourd, au moins six personnes ont été tuées. Le lendemain, la police a perquisitionné les locaux du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition), arrêtant une soixantaine
de personnes, inculpées de violences sur la voie publique. Réactions Si les Etats-Unis ont déploré les violences, ils ont vivement exhorté "tous les responsables politiques à montrer de la magnanimité dans la victoire et de la courtoisie dans la défaite", la Corée du Nord, un des alliés de longe date du régime de Robert Mugabe, a félicité le nouveau président espérant "renforcer encore des liens historiques". Dans le
Emmerson Mnangagwa : nous avons organisé une élection libre, juste et crédible, comme nous l'avions promis" même sillage, le chef de l'Etat sudafricain "Cyril Ramaphosa a félicité La
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M. Mnangagwa pour son élection (...) et appellé tous les leaders politiques et le peuple du Zimbabwe à accepter le résultat". Cependant, les observateurs de l'Union européenne ont dénoncé "l'inégalité des chances" entre les candidats tandis qu’Amnesty International s'est inquiétée de "l'arrestation arbitraire d'au moins 60 personnes". Elle a appelé le président à "tenir ses promesses", en "ordonnant aux forces de sécurité de mettre fin à leur campagne brutale de
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torture, d'intimidation et de suppression de voix dissidentes". La carte de l’apaisement Pour sa part, le nouveau président, Emmerson Mnangagwa, surnommé le "crocodile", qui traîne une réputation sulfureuse en tant que chef de la sécurité nationale sous Mugabe où il a dirigé en 1983 la répression dans les
provinces dissidentes du Matabeleland (ouest) et des Midlands (centre), qui ont fait environ 200 morts, a promis une enquête indépendante sur les violences et dénoncé certaines méthodes policières. "Le véritable défi, ce n'est pas la représentation politique mais la relance de l'économie. Les gens n'ont pas de travail, ils ont littéralement faim. La
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Ce défi ne peut être surmonté que si le vainqueur et le second travaillent ensemble", a-t-il ajouté. Pour sa part, le cabinet d'experts Verisk Maplecroft confie au Figaro que "la vitesse avec laquelle le parti au pouvoir a déployé des soldats dans la rue une fois le vote terminé montre bien comment Mnangagwa compte gouverner".
Les manifestations ont éclaté après la proclamation des résultats
"Mnangagwa et son parti savent que le pays a besoin de la bonne volonté de la communauté internationale. S'ils déploient de nouveaux soldats et si davantage de personnes sont tuées, ça n'annoncera rien de bon pour lui", a confié à l’AFP, Anthoni Van Nieuwkerk, professeur de relations internationales à l'université Wits de Johannesburg. De même pour le cabinet d'experts
EXX Africa, qui estime que "malgré les violences et les accusations d'irrégularités dans le vote, le président Mnangagwa et le parti ont assuré un mandat qui aura une reconnaissance internationale". Selon ce cabinet, la contestation devrait s'étioler même si "l'opposition tentera de rester sur la scène en organisant des manifestations". La
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Cependant, la justice zimbabwéenne n'a pas tranchée le cas d'opposants emprisonnés depuis jeudi dernier, après la victoire contestée du président sortant Emmerson Mnangagwa, qui a appelé à l'apaisement dans l'espoir de tourner la page de l'ère Mugabe. Plusieurs victimes de la répression ont été enterrées samedi. La situation était calme à Harare mais restait tendue, notamment en banlieue.
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L’eau : Enjeux et gestions… Par Nasreddine Ben Hadid A voir la canicule qui touche tout le bassin méditerranéen, la question de l’eau, aussi bien disponibilité, gestion, qualité, sans oublier le cout, devient une question incessante, surtout que la problématique de l’eau est récurrente et se pose en question stratégique et vitale. De quoi alimenter toutes les convoitises, animosités et même des guerres que des stratèges annoncent imminentes. De la Rome antique à nos jours, le bassin méditerranéen a connu sécheresse et incendies, et a vécu par conséquence dans une logique restrictive de l’eau. L’histoire de la Méditerranée et surtout de son agriculture et même de ses villes, est intiment liée à l’eau. Aussi bien l’existence que les systèmes d’approvisionnement. A voir et constater la carte des aqueducs dans le pourtour méditerranéen, on
comprend mieux l’importance de l’eau, mais surtout l’effort et l’ingéniosité, dépensés par les pouvoirs en place aussi bien pour trouver l’eau que pour en assurer un approvisionnement régulier et durable. Chose étrange, tous ces systèmes ingénieux d’approvisionnement d’eau, ont été délaissés et même abandonnés avec le temps. Avec le déclin des villes au début du Moyen Âge, certains aqueducs ne sont plus autant utilisés qu’avant. Moins entretenus, leurs matériaux finissent par être récupérés. Les pierres de l’aqueduc de Cologne servent par exemple à réaliser des colonnes de l’église carolingienne d’Aix-la-Chapelle. Il faut dire que la taille grandissante des agglomérations, a réduit la conscience de l’eau chez ces citadins, à une bouteille d’eau minérale, de l’eau disponible pour une douche. Mais aussi des fontaines belles et généreuses sur
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les plus importantes places. Encore mieux, les citadins, dans un réflexe propre à eux, s’accrochent plus au ciel bleu et au beau temps, qu’à la pluie et ses effets bénéfiques pour l’agriculture. Ceux qui vivent encore à la campagne, et plus précisément ceux qui vivent de la terre, accorde encore de l’importance pas uniquement à la pluie, mais même à des nuages passant dans les cieux. Ces citadins ont coupé avec le réflexe vital de la pluie. Alors que la France vit le printemps le plus sec des cinquante dernières années, au 1er juin ,2011 %79 des nappes phréatiques étaient toujours en déficit, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Conséquence de cette situation : Soixante départements limitent leur usage de l’eau en France en ce moment. Ces restrictions, imposées par arrêté préfectoral, s’appliquent sans discrimination aux villes et aux champs. Chose importante : Les citadins et les campagnards ne vivent pas cette restriction de deux manières complètement opposées. Les premiers la considèrent comme une atteinte au droit au luxe. Tandis que les seconds le voient comme une baisse de la récolte, et par conséquence un trou dans le budget de chacun. Sur le plan quantitatif la pluie apporte
à la France chaque année 400 milliards de m3. Après évaporation, il reste 175 milliards de m3 d’eau pour alimenter les eaux de surface et sous-terraines. La France prélève 32 milliards de m3 d’eau douce par an, selon le ministère de l’Ecologie. D’abord pour son industrie: %68 des prélèvements mais %20 des consommations totales car elle restitue la plus grande partie – certes, polluée – au milieu naturel. Ensuite pour l’agriculture qui ne compte que pour %13 des prélèvements mais %50 des consommations totales (l’irrigation des sols n’est quasiment pas restituée). L’eau potable (collectivités, services et usagers), quant à elle, représente %30
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des consommations. Mais en été, la donne change: l’agriculture peut représenter jusqu’à %80 de la consommation d’eau (l'eau potable représentant %15 et l'industrie %5 à peu près). Si la pluie n’a pas bien rempli les nappes phréatiques pendant le reste de l’année, elle est essentiellement absorbée par les plantes ou s’évapore à partir du mois d’avril. Ce qui explique que tous les regards se tournent vers les campagnes dès les premiers signes de sécheresse. D’autant que limiter l’irrigation peut permettre de réduire la consommation totale d’eau de %30.
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Incendies en Grèce : L’enfer en version réelle Par Nasreddine Ben Hadid Si la littérature nous parle souvent de «tragédie grecque», le réel vient d’offrir à cette Grèce une réelle tragédie. Mieux encore, une porte sur un enfer, que seules les divinités grecques en ont le secret. Les incendies que vient de connaitre la Grèce ont ébranlé tout un pays. Pas uniquement sur le plan humain avec un nombre de morts élevé,
mais surtout sur le plan national, tant cette tragédie a touché tous les habitants et même au-delà des frontières. Comme si la canicule ne pouvait suffire à un pays qui connait des étés de plus en plus chauds, les incendies ont donné un air d’enfer. Les bénévoles ne savent plus comment porter secours aux rescapés des incendies qui ont fait 80 morts à l’est d’Athènes. Les enquêteurs La
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s'orientent désormais vers la piste criminelle. Selon Nikos Toskas, le ministre adjoint à la Protection du citoyen, lors d'une conférence de presse, la justice avait été saisie. Ajoutant en présence du porte-parole du gouvernement Dimitris Tzanakopoulos et les chefs des pompiers et de la police, concernant «le feu qui a commencé au mont Pendeli» et s'est
vite, grâce à l'ADN de proches supposés. Il y a «beaucoup de corps calcinés, ce qui complique la procédure», a indiqué un médecin sur place à un média local. Pour l’opposition, la version est autre. Elle considère l’évocation de la piste criminelle comme une manière de se dédouaner de toute responsabilité. Et va jusqu’à accuser le gouvernement de ne pas avoir rempli ses devoirs. «Ce spectacle déplorable de rejet de toute responsabilité ne peut provoquer que de la colère», a déclaré le principal parti d'opposition, la NouvelleDémocratie (droite). «Incapables et provocateurs», titrait en une sur une photo du gouvernement le quotidien Ta Néa, proche de cette formation. «Pas une seule démission», s'est aussi indigné l'un des dirigeants de l'opposition centriste, Stavros Théodorakis. Les divers services impliqués se renvoyaient aussi la balle, sur les plateaux de télévisions et sur les ondes, Evangelos Bournous, le maire de Rafina, dont dépend en partie la localité de Mati, la plus frappée par les feux, a jugé que la police et les pompiers avaient contribué à piéger les habitants en fermant la route principale longeant le secteur. Chose démentie catégoriquement par des responsables policiers et des pompiers, qui avaient auparavant affirmé ne pas avoir bloqué cette issue.
propagé à Mati, la ville où se trouvaient la grande majorité des 87morts, «on se pose de nombreuses questions et je ne vous cache pas qu'un élément sérieux nous a conduit à ouvrir une enquête». Ajoutant concernant le feu à Kineta à l'ouest d'Athènes, qui s'est déclaré quelques heures avant celui de Pendeli, sans faire de victimes, qu'il existait aussi «de sérieux éléments et des traces»
pouvant faire penser à un «incendie volontaire. Il y a des témoignages mais je ne peux rien dire de plus actuellement». Tous ces éléments transmis par le gouvernement à la justice, viendront alimenter l'enquête préliminaire ouverte par la Cour suprême. L'identification des morts, s'est poursuivi assez longtemps tant les médecins légistes espérant conclure ce travail assez La
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Il faut rappeler que beaucoup de victimes sont mortes en tentant de rallier la mer, à l'accès parfois barré par des falaises, par des rues «larges d'à peine 3 ou 4 mètres», a précisé le maire. «Nous sommes tous responsables, gouvernements, services et citoyens», a-t-il toutefois ajouté, précisant que sa maison familiale, qui a brûlé, comme beaucoup des quelque 000 4 autres de Mati, avait, été construite illégalement au milieu de la pinède il y a plusieurs décennies.