Dov Zakheim: Quelques soient les politiques étrangères de Trump l’opposition interne ne se mettra pas au travers de sa marche
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Douglas J.Feith : La capacité de l’Arabie Saoudite à combattre le terrorisme n’a pas de similaire
Bouteflika : question du passé et questionnement du futur
Issue 1635 - Mars 13/03/2017
Un magazine politique hebdomadaire
Riyad et Pékin.. Mécanisme des sommets et parcourt du futur www.majalla.com
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Issue 1635 - Mars 13/03/2017
Dov Zakheim: Quelques soient les politiques étrangères de Trump l’opposition interne ne se mettra pas au travers de sa marche 10
Douglas J.Feith: La capacité de l’Arabie Saoudite à combattre le terrorisme 14 n’a pas de similaire
Les installations d’une artiste franco-marocaine traversent les frontières et remettent en question la notion d’identité 24 La
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Ghassan Charbel Mostafa El-Dessouki
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Sommet saoudo-chinois… un nouvel élan pour un partenariat stratégique
Riyad et Pékin.. Mécanisme des sommets et parcourt du futur Pékin: Ahmed Taher Depuis plus d'un an, en particulier à la fin Janvier 2016, l'Arabie saoudite a reçu le président chinois Xi Jinping. Une visite qui a abouti à une déclaration conjointe, qui a constitué le point de départ de la mise en place du partenariat stratégique global entre les deux pays dans tous les domaines, politique, scientifique de la sécurité, culturelle et économiquement. L’actuelle visite du Roi Salman bin Abdul Aziz, première depuis son intronisation, et troisième à un niveau personnel, vise à compléter les mesures réelles prises par les deux pays dans le but de hausser le niveau des relations bilatérales, ainsi qu’à approfondir les coopérations dans tous les domaines. Sachant que cette visite est la deuxième du genre, accomplie par un monarque saoudien, depuis l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1990, à savoir le Roi Abdullah Bin Abdul-Aziz, le 22 janvier 2006, au cours de laquelle ont été signés cinq accords spéciaux de coopération conjointe, économique, culturelle et scientifique. Par conséquence, la question se pose concernant les
résultats attendus de la visite du Roi Salman bin Abdul Aziz en Chine et dans quelle mesure peut-elle verser dans la voie du renforcement des relations bilatérales? Dans une vision prospective quant aux aboutissements qui peuvent résulter de cette visite, nous pouvons énumérer les principaux parcours des relations entre les deux pays, ces parcours ainsi que ces différents niveaux, à savoir qu’elles constituent le socle, nécessaire pour développer et renforcer ces relations, de la manière suivante:
I. dans les domaines : politique et sécuritaire Ce côté a requis une attention particulière de la part des deux pays, à savoir qu’en 2008, a été annoncé l’établissement des relations stratégiques, son développement entre les deux peuples, et son renforcement en divers secteurs. Chose qui a représenté un point de changement important pour le rapprochement bilatéral, concernant différents questions politiques, en intérieur qu’en extérieur. Concernant la position de chacun des deux pays, au sujet des orientations prises par l’autre au niveau de La
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Le président chinois Xi Jinping et le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saud se serrent la main durant une cérémonie d’accueil officielle le 16 mars 2017 à Beijing, Chine.
ses crises intérieurs, tout en insistant sur le principe de non-ingérence, aucun soutien n’est porté par l’un à l’autre pour faire face à ses défis intérieurs. Cette position se révèle à travers la position saoudienne concernant la Chine unifié. Quant à la Chine, elle porte un soutien aux efforts de l’Arabie Saoudite pour assurer sa sécurité et sa stabilité, promouvoir son économie, améliorer le niveau de vie de son peuple, mais aussi soutenir l’effort du Royaume à jouer un meilleur rôle au niveau régional et international. Ce consensus émerge aussi concernant les affaires régionales et internationales, tant les deux insistent quant à l’importance de l’établissement d’une paix totale et durable au Proche-Orient sur la base de La
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l’initiative de paix arabe, et les résolutions des Nations-Unies. Même principe concernant la crise syrienne, à savoir la nécessité de trouver dans l’urgence, une solution politique pacifique, ainsi que l’application des résolutions du Conseil de Sécurité, sans oublier une aide humanitaire aux réfugiés syriens. Les deux pays s’accordent concernant l’importance de sauvegarder l’unité du Yémen, son indépendance et sa souveraineté, tout en soutenant la légalité politique, ainsi les résolutions du Conseil de Sécurité, et l’initiative des pays du CCG concernant le Yémen. L’accord entre les deux pays va plus loin encore. Une position commune refusant le danger qui guette le monde entier, à savoir le terrorisme. Un accord total
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à ce niveau, et en participer à clarifier énormément de concepts, que certains œuvrent à flouer dans plusieurs régions du monde. Les deux pays s’accordent à refuser d’une manière totale, tout lien entre le terrorisme et une quelconque religion ou confession. Aussi, a été signé, un accord concernant la consolidation de la coopération sécuritaire, à savoir faire profiter les chinois de l’expérience saoudienne, leader dans le combat contre le terrorisme. Il est à noter, que les deux pays ont signé un mémorandum d'accord concernant la mise en place d'un mécanisme de consultation concernant la lutte contre le terrorisme, lors de la visite du président chinois en Arabie Saoudite, en Janvier ici 2016.
II. Dans le domaine économique Dans la cadre de «la vision du Royaume 2030», et son volet économique et de développement, le Royaume œuvre dans le but d’élargir sa coopération économique avec divers pays, même si la Chine est restée le premier partenaire commercial, tant les données et les chiffres officiels montrent la croissance continue des relations commerciales entre les deux pays d'une année à l'autre, où le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 51,7 milliards de dollars au cours de 2015, contre 10,3 milliards de dollars en 2004, ce qui a multiplié le chiffre par plus de cinq fois en 11 ans. Selon les données de l'Autorité générale de la statistique de l'Arabie Saoudite, la Chine est le plus important partenaire commercial du pays. Le commerce bilatéral a représenté environ 13 pour cent des relations commerciales saoudiennes avec les pays du monde au cours de 2015, devançant de la sorte les États-Unis, qui occupaient la tête de liste.
ville de «Chengdu» chinois est l’échange d’expériences dans divers domaines de forces spéciales. III Dans le domaine militaire. 2 – La visite effectuée par la 24ème flotte chinoise La coopération dans ce domaine a connu des progrès d'escorte navale à la ville saoudienne de Djeddah au significatifs à la lumière des accords signés entre début de Janvier 2017, qui est seconde du genre, après les deux pays. Sachant que les plus importants avoir accompli sa mission garde dans le golfe d'Aden et les eaux somaliennes. développements se situent au niveau de : 1 - la participation des unités des forces spéciales IV. Dans les domaines scientifiques, culturels et saoudiennes avec leurs homologues de l'armée médiatiques chinoise au premier événement du genre, à avoir lieu Les deux pays ont signé un grand nombre d'accords et entre les deux pays sous le titre «Exploration 2016». de mémorandums d'accord. Des plus importants, a été L'objectif de cette coopération, qui a eu lieu dans la notamment, celui entre les universités du Roi Saoud La
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Le président chinois Xi Jinping accompagne le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saud durant une cérémonie d’accueil officielle le 16 mars 2017 à Beijing, Chine.
et de Jazan, d’une part, et des universités chinoises (2008). Un accord de coopération dans le domaine des médias de radio et de télévision et l'échange d’informations (2009).
V. Haute commission bilatérale… Mécanisme de partenariat stratégique entre les deux pays. Sur la base de l’attention qu’accordent des deux pays à la consolidation leur partenariat stratégique, la visite du président chinois en Arabie Saoudite en Janvier 2016, abouti à, comme indiqué ci-dessus, La
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à la décision de former un comité de haut niveau, comme en témoigne la déclaration du ministre des Affaires étrangères Chinois Wang Yi : «Les deux pays ont décidé de mettre en place un comité de haut niveau afin de guider et de coordonner la coopération bilatérale ... et il est l'un des résultats les plus importants de la visite du président à l'Arabie Saoudite et la première étape importante pour les deux parties en vue de renforcer la coopération tous azimuts.» Ainsi, a été signé cet accord du comité, lors d'une visite par le Prince Mohammed bin Salman bin Abdul
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Aziz, vice-Prince héritier, et deuxième vice-Premier ministre et ministre de la Défense, lors de sa visite à Pékin le 30 Août 2016, pour représenter l’étape la plus importante dans le processus des relations stratégiques globales entre les deux pays. Larges horizons de coopération entre les deux pays. Force est de reconnaitre que la visite du Roi Salman bin Abdul Aziz, à la Chine représente un changement majeur dans le cadre des relations bilatérales; A la fois cette visite est l'aboutissement de ce que les relations ont connu de diversité et de pluralité lors des dernières années, que pour élargir les relations et la diversité stratégique. Ce qui signifie la signature de plus d’accords bilatéraux, comme l'a mentionné l'ambassadeur Chinois à Riyad, la mi-Février 2017 : «Prévu que la visite du Roi Salman en Chine pour signer des accords dans cinq domaines (politique, économique, éducatif, humanitaire, culturel)». Il est à noter que les deux pays ont signé plus de trente accords et mémorandums d'entente dans divers domaines au cours de 14( 2016 accords et un protocole d'accord lors de la visite du président chinois en Arabie Saoudite en Janvier 2016 et 17 accords lors de la visite du Prince Mohammed bin Salman, en Chine août 2016 pour participer au premier sommet tenu à Beijing.). Beaucoup de facteurs viennent consolider cette convergence. Les plus importants sont : - «Vision 2030 du Royaume», qui vise à transformer l'emplacement stratégique unique du Royaume sur les principales voies maritimes en centre logistique mondial. Chose qui en fera un point de rencontre des parcours du commerce mondial. Ce qui va consolider le rôle du Royaume dans la mise en œuvre de la stratégie de la ceinture et la voie chinoise, comme le confirme les parties signataires lors de la visite du Président chinois Hu en Arabie Saoudite en Janvier 2016, où un protocole d'entente sur le renforcement de la coopération mutuelle, a été signé, concernant la ceinture économique de la route de la soie, et l'initiative de la soie maritime du XXIème siècle de la capacité de production. - Les possibilités et potentiels du Royaume, selon «Vision 2030». Il existe de nombreux objectifs que le Royaume cherche à développer dans divers secteurs économiques, en particulier dans les secteurs à
potentiels inexploités, tels que la technologie de l'information, le logement, le développement de l'immobilier, le transport, l'exploitation minière, l'industrie militaire et les secteurs de la technologie de l'énergie de substitution, ce qui encourage davantage d'investissements chinois à ce niveau. Chose qui renforcera la position stratégique du Royaume en tant que porte d'entrée principale, sur les marchés du Moyen-Orient et en Afrique. - Signature par les parties de l'accord qui stipule la mise en place d’un système direct de taux de change La
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Le président chinois Xi Jinping invite le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saud a voir la garde d’honneur le 16 mars 2017 à Beijing, Chine.
entre leurs monnaies (Yuan & Riyal) et son entrée en vigueur depuis le 26 Septembre 2016. Chose qui annulera le passage par une monnaie intermédiaire à savoir le système du dollar américain. Selon ce système, le règlement des transactions commerciales se fera le biais de la monnaie de chaque État, ce qui signifie la consolidation du volume des échanges commerciaux et des investissements bilatéraux, car ce système évite aux deux pays, les effets des fluctuations brusques que peut connaitre le dollar, et les effets perverses sur les importations de l’un de l’autre. La
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- Le rôle positif de l'Arabie Saoudite dans l’accélération des négociations concernant l’accord de libre-échange entre la Chine et le CCG, qui sont en cour encore, depuis plus de 13 ans. Reste à résoudre quelques détails pour conclure l’accord. Chose à quoi fait référence explicitement Adel al-Jubeir, ministre saoudiens Affaires étrangères, lors de sa rencontre avec Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères, en marge de la conférence de Munich sur la Sécurité le 20 Février, 2017 : «que l'Arabie saoudite est déterminée à jouer un rôle positif dans les négociations de l'ALE entre la Chine et le Conseil de Coopération du Golfe». - La coopération dans les domaines nucléaires et de l'espace, et ceci à la lumière des réunions régulières entre les représentants des deux parties, le gouvernement chinois cherche à mettre en œuvre un plan ambitieux pour exporter la technologie nucléaire qu’elle développe localement, ce qui peut représenter un point de coopération saoudochinoise concernant l'effort de l'Arabie Saoudite à se développer dans le domaine de la l'énergie nucléaire, à la fois par la construction de centrales nucléaires, que la mise en œuvre de projets de recherche pour le développement de la technologie nucléaire. En conclusion, les relations saoudo-chinoises représentent un modèle important, qui peut être bénéfique aux deux parties, dans la gestion de ses relations régionales et internationales. L’Arabie Saoudite dispose du projet «Vision 2030», qui verra la restructuration de plusieurs secteurs de la société et l'économie, tandis que la Chine dispose d’un projet d'initiative «ceinture et voie», ce qui signifie l'ouverture de chacun sur le monde, d’une manière réfléchie. Ainsi, on peut dire que le Royaume d'Arabie Saoudite a réussi à travers «Vision 2030» à réorienter ses chemins de politique étrangère notamment de manière à servir les intérêts nationaux, sur de nouvelles bases. La gestion de ses relations avec la Chine constitue un modèle réussi de la façon de bénéficier de l’expérience chinoise, et de la puissance prometteuse de cette force émergente pour soutenir la mise en œuvre de la stratégie de développement mise en avant par le vicePrince héritier Mohammed bin Salman, au Royaume sur une base non-traditionnelle.
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Dov Zakheim: Quelques soient les politiques étrangères de Trump l’opposition interne ne se mettra pas au travers de sa marche Washington : Mostafa El-Dessouki Dov Zakheim, l›homme de connaissances, d›intelligence d›affaires et d›une pensée politique et stratégique pertinente est l›un des anciens responsables les plus compétents dans la Défense américaine. Sa carrière politique dans le gouvernement a commencé depuis l›époque de l›administration Reagan et s›est poursuivie jusqu›au mandat de George W. Bush Fils, au cours duquel il a occupé le poste de sous-secrétaire du ministre de la Défense, Donald Rumsfeld, et a servi en tant que contrôleur du Pentagone. Dov a fait ses études à Columbia University, au Trinity Collège et au National War College à l›Université Yeshiva. Il a également servi en tant que PDG de SPC International, une filiale de System Planing Corporation, une société d›analyse de haute technologie exerçant dans ce domaine durant plus d›une décennie. Il a étudié les problèmes de l›administration Bush, en mettant une feuille de route efficiente pour la reconstruction de l›Afghanistan dans son livre publié en 2011 sous le titre «The Story of Vulcan.» Al-Majalla a rencontré à Washington Dov Zakheim et ciaprès le texte de l›interview: Question: Avec l›avènement d›une nouvelle administration à la Maison Blanche, vous pouvez préciser les deux principaux points prioritaires que la politique américaine envisage poursuivre envers le Moyen-Orient? - Je pense que la chose la plus importante est de résoudre
la situation chaotique en Syrie. A mon avis, cela nécessite une sorte d› accord avec les Russes. Il me semble qu›il faut examiner ceci avec tout le monde, sauf avec les Iraniens. Je pense qu›on pourrait parvenir à une sorte d›entente avec les Russes. Les iraniens doivent sortir de la Syrie, et idem pour Hezbollah. Je ne pense pas que les Russes s›y opposeront s›ils peuvent poursuivre leurs relations avec les Alaouis, et s›ils peuvent garder leurs structures de base. Donc la première chose est de chercher le leitmotiv pour réaliser la stabilité en Syrie, et la paix nécessaire pour le retour des réfugiés, et pour faire sortir Hezbollah, car il représente pour la Jordanie et d›autres pays, une menace pour la région en général. Chaque fois que l›Iran est devenu plus fort, plus la menace s›accentue pour la région en particulier et surtout pour les pays du Golfe et la Jordanie. Je pense que les États-Unis d›Amérique peuvent jouer dans une certaine mesure un rôle positif, si les relations entre Trump et Poutine restent fortes comme cela le semble à l›heure actuelle. La deuxième chose est de veiller à ce que l›Iran ne fait pas usage des fonds qu›elle a obtenu pour déstabiliser la région, et précisément le Bahreïn, l›Arabie Saoudite et le Yémen. Ce n’est pas nécessaire que les Iraniens envoient leurs forces spéciales pour qu’ils soient une menace car ils envoient de l›argent à d›autres pour se déplacer ici et là et semer le chaos. Il faudrait y faire face d›une certaine manière. Question: est ce que vous envisagez la fin de l›accord
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Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld (L) écoute le Dr Dov Zakheim (R), contrôleur pour le ministère de la Défense, comme il témoigne devant le Comité sénatorial des crédits de mai 2002 sur Capitol Hill. (Getty)
nucléaire iranien dans sa forme actuelle? - Je ne pense pas que nous allons nous retirer de l›accord nucléaire, mais l›Iran pourrait le faire si nous imposons de nouveau les sanctions, c›est ce qui doit se faire, je pense. Si nous faisons cela pour les droits de l›homme et pour des raisons liées au terrorisme, la région arabe s›en féliciterait, ainsi qu›Israël. Nous pouvons à nous seuls imposer des sanctions, mais si Trump réussit à convaincre Poutine, nous pouvons imposer certaines sanctions avec les Russes et peut-être aussi avec les Britanniques. Question: Vous avez proposé le consensus avec la Russie et les Alaouites en Syrie. Dans ce cas, comment sera la carte politique à l›égard de la Syrie? Je ne peux pas moi même ou quelqu›un d›autre prévoir les futures frontières de la Syrie. Il est clair que les Alaouites seraient responsables de leur territoire en Syrie. Cela dit, tout dépend du pouvoir qu›ils détiennent, des ressources humaines et des armes nécessaires, chose qui n›est pas claire. Je ne sais pas s›il en est ainsi. De toute évidence, il serait nécessaire de parvenir à une solution provisoire entre ceux qui soutiennent le régime et ceux qui s›y opposent. Et je ne suis pas prêt à prédire s›il serait possible de former un gouvernement plus inclusif. En ce qui concerne la partie kurde, le problème est que
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le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) est une organisation terroriste en Turquie. Les autres minorités sont des chrétiens, qui ont travaillé généralement avec Assad. Pour les sunnites, il est difficile de le savoir. Il existe de nombreux groupements différents. Nous devons affaiblir le front Ennousra et toute influence Daesh, puis on verra
Un accord entre Washington et Moscou pour affaiblir Téhéran qui sera toujours là. Je ne vois pas clair qui représente les sunnites en particulier, et surtout les hommes d’affaires qui ne désirent que la stabilité. Si la tentative d›éloigner la Russie de l›Iran échoue, nous allons assister à un cercle vicieux de guerre civile et de tensions entre les Etats-Unis et la Russie. La Russie est elle capable de vaincre les opposants plutôt que de les contenir? Je ne sais pas. Nous avons l›Iran qui dispose de la plus
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grande force, et une guerre civile qui pourrait rapprocher les Iraniens et les Russes à collaborer ensemble. Les résultats ne seront pas de bon augure dans ce cas. Question: Afin de tirer profit de la présence russe en Syrie, faut-il accorder des concessions à Poutine dans d’autres régions à l’instar des Baltiques par exemple? - Je pense que c’est ce qui va se passer quelque part. Si nous cherchons le consensus avec les Russes, nous aurions besoin d›abord d›identifier ce que nous voulons faire. Certaines choses que nous voulons sont claires, par exemple, que la Russie renonce à narguer nos alliés de l›OTAN, ce qui signifie qu›il ne devrait pas y a avoir des abus militaires ou d›autre genre, y compris le fait d›essayer de gâcher les élections. Il est clair qu›il y a beaucoup à faire pour arriver au consensus avec les Russes sur la Syrie. Ils veulent notre engagement de ne pas soutenir la Géorgie et l›OTAN. C›est pourquoi nous devons définir clairement ce que nous voulons avant de négocier avec eux. Question: Il semble que l›opposition qui fait face au
Pour une direction modérée en Syrie, il faut vaincre Daech et Ennoussra président Trump à l›intérieur est trop forte. Est ce que la polarisation interne va en quelque sorte limiter la capacité du président à mettre en place des politiques étrangères cohérentes et leur mise en œuvre? Réponse: En ce qui concerne la politique étrangère, toute administration dispose d›une plus large marge de manœuvre pour gérer ses affaires que celles au plan intérieur. Les pressions internes n›ont eu aucun impact réel sur Obama. La dernière fois c›était le cas de la guerre du Vietnam où les pressions internes ont créé un tournant. Je ne vois pas que nous avons les mêmes sentiments quand les gens ne sont pas mobilisés dans l›armée. Même les nombreuses manifestations n›empêchent pas le Président de mettre en œuvre ses politiques étrangères. Par contre ce qui affecte sa liberté d›agir c›est que la mise en œuvre de la politique se fait par l›argent des contribuables américains. C›est à ce moment que le Congres joue un rôle majeur. Mais dans l›ensemble, je ne vois pas que les pressions internes peuvent constituer un tournant. Bien au contraire, elles constituent un soulagement pour les réfugiés Syriens à l›intérieur de la Syrie puisqu’ils vont pouvoir rentrer à leur patrie et alléger ainsi la pression sur l›Europe. Lorsque la trêve a eu lieu en Afghanistan dans les années 2002-2001, deux millions de réfugiés sont rentrés au pays. Les gens vont rentrer à leurs
maisons et ils veulent rentrer. Question: Voyez-vous un climat qui prend forme vers un règlement pacifique dans la région avec Israël? Réponse: Tant qu›il existe un conflit au sujet de la cause palestinienne, il est difficile de mesurer la disposition des gouvernements arabes de s›ouvrir publiquement vers Israël. Cependant, il y a toujours la possibilité d›une certaine forme de coopération plus large sur la question du terrorisme. Mais ce que les Israéliens veulent c›est d›établir des relations normales avec les Arabes. Et de fait ils coopèrent effectivement dans la lutte contre le terrorisme. La situation sera compliquée pour l›administration américaine, que ce soit pour la probabilité de transférer l›ambassade américaine à El-Lods, ou pour sa position sur les colonies en Cisjordanie, une question qui va placer les Etats arabes dans une position de malaise. S›ils ont tendance à vouloir La
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Le sous-secrétaire de la Défense, Dov Zakheim, informe les journalistes sur les problèmes de fraude et de détournement de cartes de voyage et d'achat émis par le gouvernement lors d'une conférence de presse du Pentagone en mars 2002.
bien que la mise en œuvre soit toujours difficile. Je pense donc que «la vision 2030» peut être mise en œuvre selon le calendrier qu›il veut, et peut-être pas. Mais je vois qu›on reconnait de plus en plus la nécessité d›introduire un certain changement. En supposant qu›il continuera d›obtenir le soutien des saoudiens, il réalisera des progrès significatifs en particulier dans le cas du succès de la campagne saoudienne pour protéger la légitimité au Yémen. Question: Quels sont les types de soutien qui peuvent être fournis par les États-Unis à votre avis, en ce qui concerne les réformes économiques ou la guerre au Yémen ou d›autres ? Je ne sais pas ce que nous pouvons faire davantage pour l›aider. Nous accordons un soutien en termes de ciblage des groupes terroristes. S›ils demandent un conseil économique ou une aide en matière de planification ou autre, c’est possible comme nous l›avons fait avec d›autres pays. Une des choses que nous pouvons faire est d›étendre les sanctions contre l›Iran. Il est certain que nous sommes en mesure de continuer à geler les avoirs des iraniens. Je pense
Un consensus avec la Russie pour faire évacuer l’Iran et ses agents de la Syrie
faire plus, ils ne voudront pas donner une argumentation supplémentaire pour les forces de l›opposition dans leur pays, qui sont financées par les Iraniens voire soutenues par elle. Je pense que c›est ce les empêche à agir au plus vite. Je vois qu›ils le souhaitent, mais qu›ils ne se sentent pas en mesure de le faire. Souvenez-vous ce que sont les forces d›opposition et d›où elles viennent. Les Iraniens feront de leur mieux pour tirer profit de ca. C›est pourquoi, il faut agir en ce qui concerne la cause palestinienne afin de parvenir à une plus grande coopération entre les Arabes modérés et Israël. Question: En parlant de l›Arabie Saoudite en particulier, il nous est important de savoir votre opinion sur la «Vision 2030», et d›autres initiatives lancées par le prince héritier Mohammed Ben Salman. La vision du Prince Mohammed ben Salman est bonne, La
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que c›est l›aide fondamentale dont nous disposons. Question: Certains remettent en question la probabilité de réimposer le régime des sanctions, car ils soupçonnent que les Européens vont y prendre part? Que les Européens imposent des sanctions ou non, une fois nous avons imposé des sanctions à une partie tiers, il n›y aurait pas d›alternative pour les Européens. Nous avons donc informé les entreprises européennes au cas où elles entreprennent des affaires avec l›Iran, elles ne pourront pas donc avoir des activités commerciales aux États-Unis ou des relations de coopération avec elles. Elles n›auront pas d›autre choix que de se soumettre à nos sanctions. Dès lors il n’est plus important que les européens soient avec nous ou pas dans ce que nous entreprenons seuls. Question: En ce qui concerne l›Egypte, trouvez-vous un changement ou un prolongement des politiques à l›égard de l›Etat et de sa direction à la lumière de l›administration de Trump? Il semble que le président Trump sympathise beaucoup plus qu›Obama avec le président Sissi, ce qui est bien. Les Egyptiens doivent savoir que nous les soutiendrons. Ils ont besoin d›un soutien économique. Les Israéliens ont annoncé qu›ils les aideront, et les États-Unis doivent aller dans ce sens.
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Douglas J.Feith: La capacité de l’Arabie Saoudite à combattre le terrorisme n’a pas de similaire Par Mostafa El-Dessouki Douglas J.Feith a commencé sa carrière dans le gouvernement américain en 1975 dans l’équipe du sénateur démocrate connu Henry Scoop Jackson et d’autres connus sous l’appellation des « nouveaux conservateur ». il a par la suite rejoint le parti Républicain et il a assumé plusieurs responsabilités dans la sécurité nationale sous l’administration Reagan et celle de Bush Junior. Il a occupé le poste d’adjoint du secrétaire d’état à la Défense, Donald Rumsfeld, chargé des affaires politiques entre 2001 et 2005. Pendant cette période il a tissé les relations du Pentagone dans plusieurs régions du monde, en particulier dans le Moyen-Orient et l’Irak. Depuis, il est devenu chercheur et consultant privé dans le domaine politique. Il occupe actuellement le poste de directeur du Centre des études stratégiques de la sécurité nationale américaine et est le doyen de l’Institut Hudson spécialisé dans les politiques générales. A propos de sa vision des questions du Moyen-Orient et de la nouvelle administration américaine à ce propos, Al Majjalah a eu avec lui cet entretien. Sous l’administration d’Obama, plusieurs voix se sont élevées pour exprimer leur inquiétude quant à la politique de la Maison Blanche vis-à-vis des milices shiites soutenues par l’Iran dans la région arabe mais ils ont été déboutés. Quelle évaluation rétrospective faites-vous à cette attitude ? Les responsables de l’administration Obama n’ont pas accordé l’attention nécessaire aux milices shiites. L’échec s’est par ailleurs illustré dans la volonté de la Maison Blanche d’instaurer une coopération stratégique américano-iranienne et le meilleur moyen d’aborder cet accord réside dans la volonté de voir l’accord sur le nucléaire iranien comme axe principal de cette stratégie. Le président Obama croyait fort en cet accord et pensait qu’il était possible. Il savait que tant qu’il y avait un conflit sur le dossier nucléaire iranien, il serait
impossible d’établir une coopération stratégique avec ce pays et il a essayé de conclure l’accord sur le nucléaire iranien, non pas par ce qu’il était important mais par ce qu’il voulait éliminer un obstacle à même de compromettre la voie de l’aboutissement à cette coopération stratégique. Au début, il pensait que les iraniens allaient faire de grandes concessions pour arracher cet accord. Il a avancé des conditions sévères qui portent sur l’arrêt de l’enrichissement de l’uranium et le démontage des sites nucléaires, pensant ainsi qu’ils allaient consentir. Mais il ne les a jamais compris. Et quand ils ont refusé, Obama a retiré ses conditions. De nouveau, le problème pour lui n’était pas l’accord sur le nucléaire mais d’écarter tout obstacle pouvant compromettre l’établissement d’une coopération stratégique. C’est pourquoi, après le refus iranien, il a accepté de conclure avec eux un accord adouci. Peut-être que la réponse de la Maison Blanche sous l’administration Obama, se basait sur le fait qu’une coopération stratégique américano-iranienne pouvait être utile à la région arabe. Et si l’idée motrice est d’établir une coopération stratégique américano-iranienne, il serait possible de fermer l’œil sur le terrorisme soutenu par l’Iran à travers « Hezbollah » au Yemen, à Gaza et ailleurs dans la région ou en atténuer la gravité. Mais vous avez dit que le président Obama n’a pas compris les iraniens. Qu’est ce que pensez qu’il n’a pas compris ? Le président Obama n’a pas saisi l’importance du rôle que joue l’arme nucléaire dans la stratégie iranienne et n’a pas appréhendé leur tactique indirecte et comment ils sont capables d’agir avec une hostilité extrême et une grande vigilance. Ils disposent d’une intelligence stratégique et sont en train d’exporter le produit de leur richesse mais le font avec une manière très prudente et précise et ils préfèrent confier l’exécution des actes violents à des agents au lieu
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Douglas Feith et William Luti pendant une conférence de presse le 4 juin 2003
de les faire eux-mêmes. Mais parfois ils sont imprudents. Et quand ils ont constaté que l’administration d’Obama était disposée à accepter l’humiliation, ils n’ont pas hésité à envoyer des vedettes iraniennes patrouiller dans le Golfe pour humilier davantage les Etats unis ouvertement. C’était un acte prémédité qui cache un vil objectif. Obama a subi cet affront et l’a avalé. Mis l’atténuation du recours de l’Iran à d’autres agents pour ses sales besognes, a été un autre moyen pour humilier l’administration d’Obama en elle même. La conséquence fut une appréhension limitée et un échec partiel dans la perception du degré de l’hostilité stratégique iranienne. Par exemple, pour les saoudiens, il est clair que l’Iran agit contre eux à travers les attaques et le soutien aux agents iraniens en Irak et en Syrie, au Liban et au Yémen. Si on met tous ces points sur une carte, on trouvera l’Arabie Saoudite au beau milieu. C’est donc tout à fait normal que les Saoudiens considèrent la question iranienne comme un problème stratégique. Et ils ont constatés que l’administration d’Obama en était inconsciente et non disposée à l’affronter. Votre expérience en matière de gouvernance, sous l’administration de Bush junior, a atteint son apogée. Mais malgré que la politique de cette administration, fût différente de celle d’Obama, certains analystes de la région qui reconnaissent cette bonne concentration de lutte contre des groupes terroristes comme Al Qaida, lui reprochent en même
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temps son manque de propension à affronter l’Iran. Ont-ils raison ? Sous l’administration de Bush, on n’a jamais pensé que la guerre contre le terrorisme concernait Al Qaida seulement. Le problème résidait au fait dans le groupe Al Qaida et d’autres organisations sunnites et shiites. D’après mon avis, le problème réside dans l’extrémisme islamiste qui englobe des éléments sunnites et autres shiites. Certains éléments sunnites et shiites se vouent une haine mutuelle mais s’unissent contre l’Occident. Au sein de la CIA, certains responsables ont eu du mal à accepter l’idée d’établissement d’une alliance stratégique entre des adversaires idéologiques pour combattre un ennemi commun. Mais d’autres sous l’administration de Bush, l’ont rapidement saisi. Et malgré le fait qu’Al Qasida soit hostile aux shiites, il est encore possible qu’il coopère avec l’Iran contre les USA. Et de fait Al Qaida a collaboré avec l’Iran contre les USA. D’ailleurs, l’Iran a soutenu Hamas et Al Qaida, qui sont deux organisations sunnites et qui sont en conflit avec l’islam shiite. Les iraniens étaient heureux de les soutenir car ils ont des ennemis communs qui sont Israël, l’Amérique et l’Arabie Saoudite. Il y maintenant une nouvelle administration à Washington. D’après vous est ce que sa vision politique en ce qui concerne l’Iran est déjà claire ou est ce que les choses ne sont encore définies ?
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nterview
Sur le plan de la politique étrangère, le nouveau président en est encore à ses débuts. Et il ne s’est pas encore trop investi de façon personnelle dans la réflexion sur la question de sécurité nationale. C’est pourquoi, il y a une grande occasion qui se présente pour influencer sa pensée. Il est probable que les saoudiens aient trois ou quatre idées stratégiques à propos de leur région et qu’ils désirent les transmettre. Il est possible que ces grandes idées puissent aider le président Trump à mieux connaitre les questions complexes de la région. Le président Trump a exprimé ses pensées quant aux différentes questions au Moyen-Orient, Il n’empêche, il n y a pas dans ses propos un enchainement ou une logique de liaison ou de cause à effet entre ces questions. Par exemple il désire collaborer avec l’Iran mais aussi il veut coopérer avec la Russie malgré le fait que la Russie aide l’Iran en Syrie. Il a aussi parlé d’un traitement dur de « Daech
Le président Trump accepte le conseil sur la façon de limiter l’expansion de l’Iran et le flux de ses agents » mais il ne veut pas non plus s’engluer dans le bourbier syrien. Si on rassemble ses dires à propos de l’Iran, de la Russie, de Syrie, des régions sécurisées et de « Daech », on ne trouvera pas de liens. Alors que les responsables saoudiens s’apprêtent à collaborer avec leurs nouveaux homologues américains, et d’après votre connaissance du Royaume et de ses relations avec les USA, comment pensez-vous qu’ils vont être compris et reçus ? Je pense que les responsables saoudiens vont essayer de parvenir à un moyen rapide pour élaborer une vision stratégique pour le Moyen Orient et de la faire parvenir au président Trump. Les Saoudiens ont été dérangés par la politique d’Obama qui n’a pas servi les intérêts des Etats unis et qui a causé beaucoup de dommages aux intérêts saoudiens. Comment peut-on préserver ces intérêts communs ? La seule grande menace stratégique dans la région est les hostilités iraniennes et les moyens dont ils disposent. Quand les Etats unis regardent le Moyen orient, ce regard doit être fondé sur le fait que la république islamique d’Iran, en tant qu’état, que révolution et pour des raisons classiques et idéologiques, représente le plus grand problème stratégique dans la région. Et cela est d’autant plus vrai pour les Etats unis et pour l’Arabie saoudite. Peut-être que certains se posent la question si l’Iran représente un problème à cause d’une propension ethnique ou à cause d’un extrémisme
islamique. Ces deux raisons ne sont pas contradictoires. L’hostilité persane accompagne cet islamisme extrême que l’Iran veut exporter comme modèle. Les nazis ont fusionné entre leur germanité et leur pensée socialiste nationaliste et c’était la raison pour la quelle ils ont représenté un danger pour le monde. De même pour l’Union soviétique qui a représenté une menace nationaliste et idéologique. Ensuite, pour interpeller Trump et ce qui se trame dans sa tête, il faut soulever la question de « Daech ». Ce serait un message fort des saoudiens s’ils explicitent le modèle sunnite de l’extrémisme islamiste. Si les saoudiens utiliseraient les mêmes concepts que Trump, je pense qu’il va les écouter. Le plus important dans la lutte contre les organisations extrémistes à l’instar de « Daech » réside dans le fait de traiter avec des musulmans modérés qui voient qu’ils sont les ennemis de ces extrémistes. Et c’est là où intervient le rôle de l’alliance islamique. Il faut que le message saoudien à Trump, qui portera sur les intérêts communs entre les deux pays, s’articule sur deux points : premièrement il faut souligner le fait que l’Iran représente une menace stratégique aux intérêts communs des Etats unis et de l’Arabie Saoudite, comme le démontre ses intentions expansionnistes, son hostilité aux Etats unis, sa pensée révolutionnaire et les moyens dont il dispose. Deuxièmement, si tu veux combattre Daech, il faut que sa confrontation idéologique soit un axe important dans la campagne. Il y a des moyens militaires à utiliser contre Daech, mais en plus il faut que l’une des composantes de cette lutte soit axée sur les idées et au premier rang des quels figurerait la collaboration américaine avec les musulmans qui souhaitent contrecarrer Daech et le combattre. Il est possible que les saoudiens déclarent qu’ils sont prêts à travailler sérieusement avec les Etats Unis pour combattre l’extrémisme religieux et pour la dénonciation de toutes La
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Douglas Feith avec Donald Rumsfeld Michelle Sison et Robert Grenier
formes de terrorisme et de toutes les agressions violentes qui touchent des civils pour des raisons politiques. Il est possible qu’ils déclarent qu’ils veulent agir en tant que partenaire avec les Etats Unis et qu’ils peuvent dire à Trump, qu’il a lui même critiqué son prédécesseur à cause de son échec dans la détermination de l’ennemi et que les saoudiens sont prêts à localiser cet ennemi et à agir avec nous contre cet ennemi car il n’est pas seulement son ennemi mais notre ennemi aussi. Encore une fois, je crois que le président Trump ne dispose pas de points de vue précis quant à toutes les questions du MoyenOrient et qu’il est ouvert à toutes les propositions. Si l’Arabie Saoudite envoi une personnalité comme son ministre des affaires étrangères et qui rencontrerait Trump et son conseil des ministres, il pourrait transmettre ces deux messages avec célérité. Et je le répète : d’abord l’Iran représente une menace stratégique pour les Etats Unis et pour l’Arabie Saoudite. Cela pourrait aider l’administration Trump à redéfinir une image juste du danger qui plane sur la Syrie où le régime de Bachar Al Assad est considéré comme le plus grand allié de l’Iran dans le Moyen-Orient et que l’Arabie Saoudite peut présenter un exposé bien élaboré pour appréhender ce qui se passe au Yémen, en Lybie et au Liban. Toute administration a besoin de principes organisationnels et rationnels. Le président Obama avait un plan conducteur mais il était mauvais car il s’est basé sur le principe d’une coopération stratégique avec l’Iran. Le président Obama a élaboré toutes ses politiques dans la région sur cette base. Et je crois que les responsables saoudiens
Douglas Feith et Mostafa El-Dessouki à Washington
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désirent convaincre l’administration Trump d’adopter une méthode plus sage envers ses relations avec l’Iran. Le deuxième point concerne Daech et l’extrémisme religieux. Le message principal aura besoin d’une batterie de mesures militaires et idéologiques pour achever Daech. Et le plus important dans les efforts idéologiques est le partenariat entre les Etats Unis et les éléments qui désirent, dans le monde islamique, combattre Daech et les extrémistes. Que pensez-vous de l’évolution du point de vue de Trump à propos du rôle de l’Irak et des milices irakiennes ? En ce qui concerne la mission des états unis, peut-être que le président Trump pencherait vers un recours plus accru aux forces locales contre Daech. Mais est-ce que cela veut dire que les USA doivent s’allier à des forces pro-iraniennes contre Daech ? Si le président Trump appréhende à sa juste
L’ancien adjoint du secrétaire d’état à la Défense à Al Majallah : Obama a été humilié plusieurs fois par l’Iran valeur l’importance stratégique d’une opposition à l’Iran, il ne marchera pas dans une alliance avec des forces pro-iranienne dans la lutte contre Daech. C’est pourquoi, les USA devraient être contre l’Iran et contre Daech aussi, malgré le fait que l’Iran et Daech sont hostiles. Parfois, l’ennemi de mon ennemi reste mon ennemi et les USA devraient confronter les deux à la fois. Pour vous quels sont les avantages saoudiens dans la lutte contre Daech ? Comme je l’ai signalé, si les Etats unis veulent exterminer Daech, elles auront besoin d’une action militaire et une action idéologique dans sa campagne. Elles auront besoin d’être sûr que Daech ne mobilisera pas de nouvelles recrues et il n’y a pas un autre état au monde capable de faire face à l’islam extrémiste comme l’Arabie Saoudite. Le royaume dispose d’un référenciel unique dans l’explication de l’islam et de ses préceptes. Et les leaders saoudiens peuvent accentuer leurs efforts dans la propagation de la pensée islamique qui réfute les attentats suicides et l’assassinat des civils. Ils peuvent commencer à combattre par la diffusion de ce principe et les personnalités religieuses peuvent apporter les preuves convaincantes pour dénoncer les attentats contre les civils ordinaires pour des raisons politiques. Cela peut aider à assécher les sources et les réseaux à travers lesquels Daech et d’autres organisations recrutent les combattants et leur inculquent leurs idées.
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Bouteflika : question du passé et questionnement du futur… L’actuel Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, peut prétendre à tous les records. Ministre à très jeune âge à 25 ans, en 1962, à la Libération, au premier gouvernement d’Ahmed Ben Bella. Mais aussi un «passage à vide» assez long, de 1981 à 1999, passé en dehors de l’Algérie. Sans oublier une présence à la tête du pays, des élections anticipées de 1999 à nos jours. De loin mieux que les quatre qui lui ont précédé… L’image actuelle de l’homme se distingue plus, par sa maladie et son immobilisme sur un fauteuil roulant, mais rien n’a pu toucher sa clairvoyance, et surtout sa manière de trancher, et faire la part des choses dans un entourage hétéroclite.
Autant les Algériens, vivent sa maladie à la fois avec forte compassion et une tendresse réelle, autant toute la classe politique du pays, est entre attente et surenchère. En premier, une opposition, vacillant entre l’exigence d’activation de l’Article 88 de la Constitution, sur la base d’un constat «d’incapacité» de la personne du président, que chercher à glaner des avantages, sur la base d’un troc de cette position surtout en cette période d’élections législatives. Le «clan présidentiel» est lui aussi, dans une réelle course et vraie concurrence. Chose qui a poussé l’actuel Secrétaire Général du Front de Libération Nationale, à savoir Djamel Ould Abbes à évoquer un cinquième mandat pour le président !
L’après Bouteflika est une question actuelle, mais tributaire d’un conditionnel que personne ne maitrise. Chacun se pose une version et veut l’imposer. Mais tous se cherchent un éclaircissement capable de dissiper un horizon que chacun le veut à sa manière. La maladie du président semble sans effet néfaste Sur la base de cette légitimité, il a pu avec aisance sur les machines de l’Etat. Même mieux, cette et facilité, se faire élire quatre fois, et même se machine militaire, sécuritaire et surtout politique, poser et se positionner au-dessus de toute la classe présente une image, en tout cas, qui ne semble pas politique. Mieux encore, l’armée algérienne, qui l’a affectée par cette maladie, ou du moins, pas au accepté, faute de trouver mieux, il a su la mettre point d’en souffrir autant. dans sa poche, et surtout faire qu’elle soit à ses Au bon peuple, manque surtout ces discours, d’un ordres. Abdelaziz Bouteflika, se pose et même s’est imposé, dans un pays, qui depuis le déclanchement de sa Révolution en 1954, a banni «le culte du chef». Lui a pu créer, entretenir et surtout savourer l’image du sauveur, et surtout «père» d’une réconciliation nationale, qui a mis fin à une décennie noire.
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Le président algérien Abdelaziz Bouteflika le 25 janvier 2015 à Alger
président, mais à la fois distance et sans réel lien. A la fois semble aussi, induire une confiance absolue en la machine politico-militaire qui guide le pays, mais aussi poser toutes les questions des positions possibles et pensables, que puissent dégager un conscient populaire et un auditoire international, qui considèrent l’un et l’autre ce pays, comme un des clés de toutes les combinaisons possible et pensable, d’une sécurité qui semble s’éloigner La situation actuelle de l’Algérie, semble à la fois et faire partie du passé, à l’image de ces beaux étroitement liée avec la situation actuelle de son discours d’antan. président, qui a su ensorceler tout auditoire, avec un verbe éloquent, et une aisance dans la parole, qui l’ont réellement distingué. Certes, l’image de l’orateur prime et surtout constitue (presque) l’unique image que le peuple veut garder, mais n’est plus que cette «image» réellement en contradiction avec les rares «images» que présente actuellement la télévision publique.
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Cinéma algérien.. Nostalgie à un beau passé Par Yassine Boudhane L’exclusion du film algérien «Le puits» de son réalisateur Lotfi Bouchichi, de la liste officielle des court-métrages de la section des films étrangers pour l’obtention des Oscars pour l’année actuelle, a suscité une multitude d’interrogations quant au présent du cinéma algérien, et aussi sa situation actuelle, tant il se considérait la meilleure parmi ses semblables arabes, et une des écoles les plus ancrées du cinéma africain. L’exclusion du film, qui a obtenu plusieurs distinctions arabes, a éveillé des interrogations légitimes quant à l’échec du cinéma algérien, après avoir pu dans le passé présenter des chefs-d’œuvre, qui ont obtenu de larges succès arabes et mondiaux, à l’instar de la merveille du réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina «Chroniques des années de braises», qui est resté l’unique film arabe à avoir obtenu la Palme d’or du Festival de Cannes en 1974. Le cinéma algérien recèle un riche patrimoine, dont les premiers pas reviennent aux premières années de la guerre de Libération, à savoir qu’il a joué un rôle primordial dans le combat contre le colonisateur, sachant que l’Armée de Libération Algérienne a lancé la première école de formation cinématographique dans la région d’Aurès, à l’Est du pays en 1957, sous la direction du réalisateur français René Vautier, qui a réalisé «l’Algérie en flamme», en 1958, à travers duquel il a essayé de dévoiler le vrai visage destructeur de la France, et des exactions commises contre le peuple algérien désarmé. Les années qui ont suivi l’indépendance et précisément
les années soixante et soixante-dix, constituent l’âge d’or de ce cinéma, lorsque le gouvernement algérien naissant, a accordé une attention particulière à l’activité cinématographique, par le nombre de salles de cinéma ouvertes, à savoir 400 salles. En revanche, fut lancé une large opération de formation des techniciens dans le domaine cinématographique. Aussi, a été lancé le «Centre National du Cinéma» et «l’Institut National du Cinéma» en 1964. Après trois ans, ces deux institutions furent dissoutes et remplacées par le «Centre Algérien du Cinéma» et «Office National pour le Commerce et l'industrie Cinématographique». Bien que la plupart des films produits au cours des 30 années qui suivent la date de l'indépendance du pays soient dominés par le caractère révolutionnaire, ces œuvres ont pu atteindre un large succès à l'intérieur et hors de l'Algérie, en reportant de nombreux prix cinématographiques prestigieux, dont les plus célèbres sont «L'Aube des damnés» du réalisateur Ahmed Rachedi , et «La bataille d'Alger» 1966, vainqueur du Lion d'Or du Festival de Venise, qui est une coproduction avec l’Italie, et réalisé par Gillo Pontecorvo. Cette période a vu la réalisation de nombreuses coproductions avec d'autres pays, notamment l'Egypte et la France, et le nombre de films produits entre 1966 et 1974, est 424 films, dont le plus célèbre est «Le Vent des Aurès» de Mohamed Lakhdar Hamina en 1966, qui a obtenu à Cannes «le Prix de la première œuvre» en 1966, Prix du meilleur scénario et grand Prix des écrivains russes à Moscou, en 1967, et Prix de «la Gazelle d’Or» au Festival de Tanger (le Maroc) en 1968, à l’instar d’autres œuvres, «La nuit a peut du
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Film « Le Puits » de Lotfi Bouchouchi
soleil » de Mustaphaa Badie en 1966. Mohamed Rachedi a présenté «L’opium et le bâton», en 1972, «Patrouille vers l’Est» en 1971 d’Amar Laskri, et «Sueur noire» en 1972, de Sid Ali Mazif, et «Zone interdite» d’Ahmed Allam en 1972. «Nous reviendrons» de Slim Riadh, en 1972, «Le charbonnier» de Mohamed Bouamari, qui a obtenu le Tanit d’argent du Festival de Carthage pour l’année 1972, et le Prix international de critiques cinématographiques du Festival d’Ouagadougou, en 1973, avec une participation à la compétition de Georges Sadoul en 1973, et le Prix du Bureau Catholique de Belin de 1974. Le fantastique «Chronique des années de braises» du réalisateur Mohamed Lakhdar Hamina, reste l’icône du cinéma algérien, et titre de son rayonnement mondial, et le seul film arabe à avoir gagné la Palme d’Or, du Festival de Cannes en 1975. En réalité, les thèmes abordés par le cinéma algérien se sont variés pour toucher des sujets sociaux et de comédie, mais la situation sécuritaire des années quatre-vingt-dix a eu une
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grande répercussion sur la situation du cinéma, avec un arrêt presque totale de la production cinématographique, à cause de la situation chaotique qui a caractérisé la situation du pays, dans divers secteurs. Comme l’indique le journaliste et écrivain Faycel Metaoui, à «La Majalla» : «la raison de la régression du paysage cinématographique algérien prend racine dans ce qu’on appelle la décennie noire»», ajoutant que «la faillite de la création cinématographique a fait que l’Etat se retire de nombreux projets cinématographiques». Metaoui a aussi insisté sur «l’absence d’une école spécialisée dans la formation cinématographique, chose qui a eu un impact négatif sur l’industrie cinématographique du pays», assurant que la chose relève «des plus pressantes demandes de la génération actuelle des cinéphiles qui ne trouvent pas d’occasions pour affuter leur talent». Considérant aussi, que «le réalité des salles de cinéma fermées est l'une des facettes qui reflètent la crise du cinéma
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algérien. Après l'indépendance le nombre de salles en activité dépassait les 400 pour ne pas dépasser de nos jours, après des décennies, 80 seulement» Un nombre que Metaoui considère «très peu». La situation de ces salles ne peut être mieux que dans le cas d’une implication du secteur privé, absent totalement du secteur de la création malgré l’importance de ce secteur, car, selon notre interlocuteur, le cinéma a besoin de capitaux, pour sa production et sa commercialisation, mettant l’accent sur l’absence d’un réel marché cinématographique, et sur le fait que «la législation n’impose pas aux chaines satellitaires algériennes d’acquérir les films produits, ou la participation aux opérations de production». Et concernant le secret de réussite des films qui traitent de certains aspects de la révolution algérienne, Metaoui assure quant à la multiplicité des thèmes traités par le cinéma depuis l’indépendance. Le cinéma algérien selon lui «est pionnier au niveau arabe et africain»… Quant aux films de la révolution, il indique que leur nombre reste réduit, ajoutant que le problème avec ce genre réside dans la manière de traiter le sujet. Ces œuvres insistent sur la glorification des personnages et des chefs de la révolution. Or le thème des films produits est passé, après la révolution et à travers les années soixante-dix, de la glorification du peuple comme étant le héros, à la glorification des personnages dans les films produits récemment tels que les films de «Colonel Lotfi», «Krim Belkacem», «Lella Fatma N’soumer» et «Mustafa Ben Boulaid». Il a souligné que le film «Le puits» exclu des nominations pour les Oscars, a su attirer l’attention, car il a traité la Révolution d’une manière différente, touchant de la sorte quelques tabous, et c’est là que réside le secret de son succès. Ajoutant que «dans le film historique, nous n’écrivons pas l’histoire, mais plutôt nous dévoilons des vérités historiques méconnues, et non abordées, d’une manière intentionnelle ou non intentionnelle». Metaoui explique l’exclusion du film, par plusieurs raisons. La raison la plus importante, est que l’Oscar dispose de règles propres, à l’exemple de la promotion du films, par sa projection dans des salles de cinéma pendant plusieurs mois, l’organisation de conférences de presse, et l’acquisition de surfaces dans divers médias célèbres pour leurs écrits cinématographiques, à Hollywood précisément. Ajoutant que l’Oscar dispose de «règles politiques, choix et orientations claires, en relation avec certaines questions stratégiques». En plus, il ajoute «qu’il existe réellement une pression
cinématographique énorme, à l’instar du choix du sujet, de la performance des acteurs, et des visions de réalisation, qui optent pour certaines méthodes nouvelles, en liaison avec la numérisation et les technologies modernes. Pour sa part, le spécialiste en cinéma et Professeur à la Faculté des Arts et de Culture à l'Université de Constantine, le Professeur Jeddi Kadour, confirme que l’actuel du cinéma algérien est influencé par sa naissance non naturelle, pendant la révolution. Concernant l'essor de l'industrie cinématographique dans son pays, il ajoute pour «La Majalla» que «la chose ne s’est pas faite sous l’effet d’impulsions créatives, mais en riposte au cinéma colonial, et delà, elle n’a constitué qu’une manière de lutte contre le colonialisme français». Immédiatement après l'indépendance, au cours des années soixante-dix, ajoute Jeddi, «le cinéma a été La
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Lotfi Bouchouchi, réalisateur algérien
soixante-dix par le fait que ces films s’adressent aux émotions des téléspectateurs, qui ont vécu ces événements, et non à la raison. La preuve est que la nouvelle génération est indifférente et non intéressée par ce genre de films. Il a souligné que l'absence d'une vision stratégique pour l'industrie du film, constitue l'une des raisons de l'échec, et que l’une des images de cette absence est l’inexistence d'instituts de formation cinématographique. Et tant que cette absence persiste, tout mouvement de critique demeurera absent. La preuve de ceci : «le film Ben Boulaid produit récemment par le réalisateur Ahmed Rachedi porte la même vision au niveau de la réalisation, que les œuvres qu’il réalise depuis trente ans». Selon lui, «l'absence d'instituts de formation est intentionnelle, et destinée à maintenir la pérennité de la domination de l’ancienne génération de cinéastes sur la scène du film, et l'exclusion de la nouvelle génération, en particulier dans le domaine de la production cinématographique révolutionnaire». En revanche, Jeddi croit que beaucoup de cinéastes de son pays abordent le film révolutionnaire ou historique sur la base de concepts fallacieux, car ils reprennent les événements dans leurs plus petits détails, tandis que la réalité conçoit «le cinéma historique non comme une reprise de l’histoire ou ce que relatent les livres d’histoire, mais en dévoilant le non-dit» utilisé pour des buts et objectifs purement idéologiques, comme outil de propagande de l’orientation idéologique de l’Etat algérien, et obéissant aux directives directes du Président Houari Boumediene. Le but en était d'archiver la révolution algérienne au niveau international, afin qu’elle soit leader des mouvements de libération». Considérant que la deuxième phase du cinéma algérien après l'indépendance a commencé avec l'avènement du président Bouteflika, qui a parrainé la production de nombreux films révolutionnaires, dans le but, de diffuser l'esprit révolutionnaire, et d'inculquer le patriotisme à la nouvelle génération d'Algérien qui ont commencé à perdre cet esprit. Jeddi considère que «limiter le rôle du cinéma en la promotion de l'idéologie révolutionnaire, ou pour diffuser l'esprit national, est l'une des raisons de son échec, et l’absence de son éclat», expliquant le succès des films révolutionnaires produits au cours des années La
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À son avis, «la racine du problème revient à la vision qu’a l’Etat officiel de l’acte cinématographique, qu’il ne conçoit qu’en outil pour asseoir un but occasionnel, sans relation avec l’aspect créatif. Pour cette raison, l’Etat dépense des sommes colossales pour ne produire que des films ternes». En fait, l'Algérie n'a pas bénéficié de la manne engendrée par l’augmentation de son budget, suite à l’aisance financière, malgré l’organisation de maintes manifestations importantes, à l’instar de «L’Année de l'Algérie en France» - 2003 et «Alger, capitale de la culture arabe» - 2007, «Tlemcen capitale de la culture islamique» - 2011, «Cinquantaine de l’indépendance» - 2012, «soixantaine de la révolution» - 2014, et «Constantine capitale de la culture arabe» - 2015. Seulement, tous ces événements n’ont été d’aucune utilité pour le cinéma algérien, en dépit de la production de dizaines de films, qui n'ont pas eu aucun succès, pour entrer dans l’oubli suite à la première projection.
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Le minimalisme de Lisson Gallery donne au travail de Khalili encore plus de puissance
Les installations d’une artiste franco-marocaine traversent les frontières et remettent en question la notion d’identité Londres : La Majalla Lisson Gallery, située à l’Ouest de Londres est très minimaliste. Ses espaces ouverts, son éclairage au néon et ses murs peints en noir et blanc ont été conçus de manière à servir de toiles vierges pour les installations artistiques. Cette fois ci, l’artiste derrière l’exposition fait sa première apparition artistique au Royaume Uni. Artiste franco-marocaine, Bouchra Khalili vit et travaille entre Berlin, Oslo et Paris, entre cinéma et arts plastiques, entre fiction et documentaire. Toute son œuvre interroge les notions de frontières, de migration, d’identité. Elle illustre cela à travers des photographies, des films, des vidéos et des installations. Le thème présenté dans les trois installations de l’exposition dégage de la force interrogeant les notions de frontières, d’identité et de nation, tout en exprimant la privation et la souffrance.
Foreign Office La première de Foreign Office a eu lieu en février 2015 au Palais de Tokyo. C’est une exposition artistique sur les thèmes de la solidarité et du cosmopolitisme. Un film digital et un « archipel » de photographies font vivre une double expérience basée sur une combinaison de documents, étant une résistance au « passé », et leur effet sur le « présent ». L’installation fait vivre au spectateur un voyage dans le
temps et l’emmène en Algérie des années 60 au cœur des groupes de résistance tels que le « Congrès National Africain », les « Black Panthers » et les activistes pour la Palestine. Des causes différentes mais qui sont liées à la résistance contre l’occupation, le colonialisme et l’injustice. Apparaissent dans le film un homme et une femme algériens essayent de réécrire l’Histoire. Quant aux photographies, elles documentent les endroits désertés ou naquirent ces mouvements politiques. L’Archipel sérigraphique sert de lien entre les narrateurs et les endroits désertés. C’est aussi un indicateur des traces de la résistance. Foreign Office part du cosmopolitisme et internationalisme d’aujourd’hui et invite le spectateur de faire un retour en arrière dans l’Histoire d’une manière a la fois utopique et nostalgique. Une telle recollection représente une dystopie étant donné que ces endroits sont aujourd’hui vides et désertés. Ils mènent à penser que les causes dont il s’agit ont été oublié…
Mapping Journey Khalili a choisi, pour sa deuxième installation, huit vidéos d’itinéraires de voyages entre 2008 et 2011 de 8 personnes différentes forcées à quitter leur chez soi et à immigrer illégalement pour trouver refuge. Chaque vidéo représente
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Foreign Office de Bouchra Khalili
la route que chacun a dû prendre. Une narration, un marqueur et des trajectoires dessinées sur une carte pour créer une puissante imagination de la dureté du voyage et l’épreuve du refuge. Sept vidéos représentent des voyages d’un continent a un autre. Cependant, le troisième voyage représente les frontières artificielles entre deux zones de tensions : la Palestine. Les refugies dans cette installation deviennent des cartographes qui tracent leurs itinéraires expliquant leurs sentiments d’injustice et d’exclusion. Leur identité, créée a travers leurs voyages remet en question les notions de nation et de « chez soi ».
Constellation Series Dans sa « grande finale », Khalili a choisi huit sérigraphies pour son installation intitulée « Constellation Series ». Elle passe de la terre au ciel, des arrêts en route aux étoiles, des cartes aux constellations. Elle relie les itinéraires des huit personnes, remplaçant chaque arrêt par une étoile, faisant ainsi de chaque itinéraire une constellation sur une toile bleue au lieu d’une toile noire. Le bleu pourrait représenter l’espoir ou pourrait être
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un choix artistique. L’installation finale représente leur résistance face à l’oppression de leur ambition alors qu’ils veulent atteindre les étoiles et leur voyage. Traverser les frontières illégalement devient une traversée du temps et de l’espace.
A propos de l’artiste Bouchra Khalili est une artiste franco-marocaine. Née à Casablanca au Maroc, elle a étudié le cinéma à la Sorbonne Nouvelle et est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy. Elle vit et travaille entre Berlin, Oslo et Paris. Son travail en film, vidéo, installation, photographie et sérigraphie, articule langage, oralité, subjectivité et explorations géographiques. Chacun de ses projets peut s’envisager comme une plateforme depuis laquelle des membres de minorités peuvent articuler, proposer, mettre en œuvre et partager, stratégies et discours de résistances élaborés depuis les marges. L’exposition est visible j’jusqu’au 18 mars.
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