Bruits de bottes en Lybie

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Mohamed Charfi, président de l›Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) à Majalla

Révolution tunisienne : Mexicaine 2.0

Un magazine politique hebdomadaire

Un magazine politique hebdomadaire

Issue 1778- Décembre 20/12/2019

Issue 1778- Décembre 20/12/2019

Huitième président algérien, Abdelmadjid Tebboune : Sorti des urnes, loin des attentes de la rue www.majalla.com

Haftar mène une bataille « décisive » sur Tripoli

Bruits de bottes en Lybie www.majalla.com



Un magazine politique hebdomadaire

Issue 1778- Décembre 20/12/2019

Initiative présidentielle, sans l›opposition… 26

Quatre présidents s›inclinent devant les tombes des soldats 28 d›Inates

Zineb Sedira expose à Valence

L›aide, ultime rempart 30 36 contre la famine Éditeur en chef

HH Saudi Research and Marketing (UK) Ltd

Secrétaire de Rédaction

10th Floor Building 7 Chiswick Business Park 566 Chiswick High Road London W4 5YG

Ghassan Charbel Un magazine politique hebdomadaire

www.majalla.com/eng

Mostafa El-Dessouki

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Tel : +44 207 831 8181 - Fax: +44 207 831 2310


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Une jeune fille se tient à l’intérieur d’une tente dans un camp de fortune à côté du camp de Moria 30 sur l’île de Lesbos le 2019 novembre )Getty (

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Un manifestant irakien portant une combinaison rouge et un masque Dali de la série à succès espagnole Netflix La Casa de Papel (Money Heist) est représenté sur la rue al-Rasheed dans la capitale Bagdad, lors d›une accalmie dans 5 les manifestations anti-gouvernementales, le 2019 , décembre )Getty (

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ctualités

L’Afrique en bref et que le réseau de distribution d‘énergie électrique a parfois été détruit par la montée des eaux. Face à l’aggravation de la crise, le président Ramaphosa a écourté sa visite en Égypte. Il a tenu une réunion de crise mercredi avec les patrons de la compagnie publique Eskom. En Afrique du Sud, l’enjeu de l‘électricité est capital pour l‘économie du pays, notamment pour les mines du pays fermées du fait des intempéries et qui doivent reprendre

Le bilan est le plus lourd subi par l’armée nigérienne depuis le début des attaques jihadistes dans le pays, en 2015.

Niger

Plusieurs morts et des disparus dans l›attaque d›un camp militaire

L’attaque mardi par des jihadistes d’un camp de l’armée nigérienne à Inates, près de la frontière avec le Mali, a fait 71 morts et des disparus, selon un

communiqué du ministère de la Défense, lu à la télévision nationale. Ce bilan est le plus lourd subi par l’armée nigérienne depuis le début des attaques jihadistes dans le pays, en 2015. “Les combats”, qui ont duré trois heures, ont été “d’une rare violence combinant des tirs d’artillerie et l’emploi de véhicules kamikaze par l’ennemi”. “Le président de la République, chef suprême des armées, Le Ghana renforce son potentiel pétrolier avec la découverte d’un Issoufou Mahamadou, a interrompu sa puits doté de 1,5 milliard de barils de pétrole et de 0,7 milliard de participation à la Conférence sur la paix mètre cube de gaz. durable, la sécurité et le développement en Afrique qui se tient en Égypte, pour de l’activité. rentrer à Niamey. Ghana

Afrique du Sud

Le gouvernement se penche sur le dossier de l›électricité

Cyril Ramaphosa a promis à ses compatriotes que les sévères pannes de courant que connaît le pays devraient se stabiliser au plus tard en mars.

La question des coupures récurrentes d‘électricité en Afrique du Sud préoccupe le chef de l‘État. Cyril Ramaphosa a promis à ses compatriotes que les sévères pannes de courant que connaît le pays devraient se stabiliser au plus tard en mars. L’Afrique du Sud a été plongée dans le noir ces derniers jours alors que certaines régions du pays connaissent d’importantes inondations

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milliard de barils 1,5 Découverte de de pétrole offshore

Le Ghana renforce son potentiel pétrolier avec la découverte d’un puits doté de 1,5 milliard de barils de pétrole et de 0,7 milliard de mètre cube de gaz. L’annonce est venue mercredi du groupe ghanéen Springfield E&P, qui dit avoir réalisé la découverte au large de ce pays ouest-africain. Springfield E&P, une compagnie à capitaux cent pour-cent ghanéens a déclaré dans un communiqué que le potentiel du puits va bien au delà


Guillaume Soro, qui se trouve actuellement en France, a déjà une longue carrière politique à son actif.

des 1,5 milliard de barils découverts. Il pourrait atteindre 3 milliards de barils de pétrole et de gaz. C’est en effet un bond considérable pour le Ghana qui ne produit actuellement que 000 200 barils de pétrole par jour, dont environ la moitié provient du champ Jubilee de la société britannique Tullow. Mais le gouvernement ghanéen est bien conscient que les défis ne se limitent pas qu‘à la découverte de nouveaux puits.

Côte d›Ivoire

Soro de retour pour lancer sa campagne électorale

Après six mois de voyage à l‘étranger, l’exchef de la rébellion ivoirienne Guillaume Soro sera de retour en Côte d’Ivoire le 22 décembre pour lancer sa campagne électorale pour la présidentielle de 2020, a annoncé mercredi un de ses proches. Guillaume Soro, qui se trouve

actuellement en France, est âgé de 47 ans, mais il a déjà une longue carrière politique à son actif, notamment comme ancien Premier ministre (2012-2007) et ancien président de l’Assemblée nationale (2019-2012). Il a annoncé en octobre sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020 lors d’un rencontre avec des partisans en Espagne, puis l’a confirmée dans une interview quelques jours plus tard. Il avait alors annoncé son retour imminent en Côte d’Ivoire. Nigeria

Un groupe de presse s’en prend à Buhari

le groupe de presse local PUNCH qui tient la dragée haute à l’homme fort d’Abuja.

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Muhammadu Buhari, a-t-il cessé d‘être président du Nigeria ? Oui, selon le groupe de presse local PUNCH qui tient la dragée haute à l’homme fort d’Abuja pour « violations des droits de l’homme ». Allégations balayées par les proches du président nigérian. C’est peut-être l‘événement le plus marquant de ce mardi au Nigeria. Il s’agit simplement d’un éditorial du journal PUNCH intitulé : « L’anarchie de Buhari : notre position ».


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ctualités de shillings (plus de 602 millions de dollars) pour assister les victimes et réparer les dégâts matériels causés par de récentes inondations. L’annonce a été faite mardi par Cyrus Oguna, porteparole du gouvernement lors d’une interpellation au Parlement. Nairobi a, en effet, été interpellé pour édifier le peuple sur les mesures prises pour réparer les dommages provoqués par de récentes inondations. D’après les autorités kényanes, plus de 60 millions de dollars seront consacrés à la prise en charge des sinistrés. Ce, en leur donnant des moyens d’adaptation et de résilience.

Plus de 60 millions de dollars seront consacrés à la prise en charge des sinistrés.

« En tant que démonstration symbolique de notre protestation contre l’autocratie et la répression de style militaire, PUNCH (tous nos journaux imprimés, The PUNCH, Saturday PUNCH, Sunday PUNCH, PUNCH Sports Extra, et les plateformes numériques, plus particulièrement punchng.com) préfixeront désormais Buhari avec son grade de dictateur militaire dans les années 80, le général de division, et se

référer à son administration comme un régime, jusqu‘à ce qu’il mette fin à son insupportable mépris pour l‘État de droit ». Kenya

Des aides aux sinistrés des inondations

Le gouvernement kényan entend débloquer une somme de 61,1 milliards

L’ancien président du Botswana Ian Khama a annoncé le dépôt d’une plainte en diffamation contre un policier.

Algérie

Trois mois de prison pour un dessinateur

Abdelhamid Amine, dit “Nime”, peintre et auteur de bandes dessinées, est en détention provisoire depuis le 28 novembre.

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Un dessinateur critique du régime a été condamné mercredi à un an de prison, dont trois mois ferme, a indiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD) sur son compte Facebook. Cette association, qui recense et défend les personnes arrêtées dans le cadre du mouvement de contestation du régime qui agite l’Algérie depuis le 22 février, ne donne aucun autre détail dans l’immédiat. Abdelhamid Amine, dit “Nime”, peintre et auteur de bandes dessinées, est en détention provisoire depuis le 28 novembre.


Le commando, composé d’un nombre d’indéterminé d’assaillants, a été confronté aux tirs de membres des forces de sécurités.

Bostwana

L›ex-président Khama contreattaque en justice

L’ancien président du Botswana Ian Khama a annoncé le dépôt d’une plainte en diffamation contre un policier dont l’enquête le soupçonne d’avoir participé à un vaste scandale de corruption qui agite depuis des mois la vie politique du pays. A la retraite depuis 2018, M. Khama, qui a dirigé le pays pendant dix ans, est entré en guerre contre son successeur Mokgweetsi Masisi, qu’il accuse de dérive autoritaire. Il a claqué la porte du parti au pouvoir et rejoint officiellement l’opposition lors des élections générales disputées en octobre, remportées haut la main par M. Masisi.

nombre d’indéterminé d’assaillants, a été confronté aux tirs de membres des forces de sécurités affectés aux checkpoints voisins menant vers la présidence somalienne. Dans un communiqué publié sur un site acquis à leur cause, les shebab ont revendiqué “avoir mené une opération qui s’est déroulée comme planifiée”, sans toutefois donner de précisions.

des vols vers les pays membres de l’Union européenne. D’après l’organisation, le pays d’Afrique centrale a amélioré sa sécurité aérienne. C’est le résultat de la mise à jour effectuée lundi à Cologne (Allemagne) au siège du Comité de la sécurité aérienne de l’Union européenne (UE) lors d’une séance de travail présidée par la Commission européenne et l’Agence européenne de Gabon la sécurité aérienne (AESA). Banni il y a plus d’une année au même moment L›UE retire le pays de sa liste noire qu’une dizaine de pays africains, aérienne le Gabon doit ce satisfecit aux Les compagnies aériennes basées au améliorations « apportées à la sécurité Gabon peuvent de nouveau proposer aérienne ».

Somalie

Cinq assaillants tués dans un assaut contre le palais présidentiel

Les forces armées somaliennes ont abattu cinq assaillants qui tentaient de mener, semble-t-il, un assaut contre le palais présidentiel avant de se retrancher dans un hôtel à proximité fréquenté par des députés ou responsables militaires. L’attaque a débuté aux alentours de 19H16( 00H00 GMT) et très rapidement, le commando, composé d’un

D’après l’organisation, le pays d’Afrique centrale a amélioré sa sécurité aérienne.

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Encouverture Haftar mène une bataille « décisive » sur Tripoli

Bruits de bottes en Lybie Tunis-La Majalla Une guerre féroce a éclaté aux confins sud de la capitale, Tripoli, et menace de brûler la Libye. L›attaque menée par les forces du Maréchal Haftar, est survenue quelques heures après la reprise des vols civils à destination et en provenance de Tripoli à destination et en provenance de l›aéroport de Maitika, après une interruption de trois mois, obligeant les voyageurs à utiliser l›aéroport de Misurata, à 200 km de Tripoli. Les forces de Haftar ont envahi les frontières sud de la capitale pendant deux mois, avant de faire tomber sa base avancée dans la ville de Gharyan (à 80 km au sud de Tripoli) entre les mains de forces fidèles au GNA en juin dernier. Les forces de Haftar n›ont pas pu avancer vers le centre de la capitale en raison de la densité de la population dans les quartiers visés, d›une part, et de l›équilibre des forces entre les deux belligérants, d›autre part. Dans le cadre de la campagne militaire, les frappes de missiles et d›artillerie ont concerné plusieurs zones autour de Tripoli, notamment les régions de Karimiyeh et Sa`idiyya, jusqu›à la région de Togar et la région de Salah al-Din. Cependant, cette information n›a pas été confirmée par la direction d›al-Wefaq. La guerre pourrait raviver l›espace aérien, un jour après la reprise des vols à destination et en provenance de l›aéroport de Maitika. Dans son attaque actuelle, Haftar est susceptible de s›appuyer sur les drones, qui ont fait preuve d›une grande efficacité au cours de la période récente, en plus des avions «Sukhoi» qui ont bombardé Misrata et plusieurs axes dans le sud de Tripoli.

Rencontre avec des responsables américains

Deux semaines après que le commandant des Forces de l›Est, le général de division Khalifa Haftar, a rencontré des

responsables du Département d›État américain, ses forces ont lancé cette attaque sans précédent contre Tripoli et Misrata, qualifiant cela de «bataille décisive» pour contrôler la capitale. Selon l’analyste politique et activiste des droits de l’Homme en Lybie, M.Mustapaha Abdelkebir à Majalla « Haftar a reçu un appel téléphonique en avril dernier du président américain Donald Trump, quelques jours après le lancement de sa campagne militaire contre Tripoli, ce qui était considéré comme un encouragement américain à poursuivre la campagne. Cependant, la déclaration publiée après la récente réunion de la délégation américaine avec Haftar, a indiqué que Washington cherchait à faire pression sur lui pour qu›il arrête son attaque militaire contre Tripoli, qui est contrôlée par le gouvernement internationalement reconnu comme gouvernement du Wifak national. Selon lui, Haftar aurait discuté avec la délégation américaine, dirigée par la conseillère adjointe à la sécurité nationale Victoria Coates, «des mesures nécessaires pour mettre un terme à la violence et aux hostilités en Libye et trouver une solution politique au conflit là-bas». Il estime de ce fait qu’il est peu probable que Haftar ait lancé sa nouvelle attaque contre Tripoli avec des encouragements, ou même simplement avec le soutien de Washington

Des craintes

L›ONU joue un rôle de médiateur, afin de mettre un terme aux différends internationaux qui ont un impact significatif sur la déstabilisation de la Libye, chacune des grandes puissances apportant un soutien matériel et politique à l›équipe qui lui est associée. Pour Abdelkébir, « la position des Nations Unies sur la nouvelle attaque, qui minerait ses efforts pour construire une entente internationale, avec l›aide de l›Allemagne, est un point de départ pour le rapprochement entre les deux adversaires et continue de

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Haftar, l’homme fort de la Lybie a mené une attaque sur Tripoli.

trouver un terrain d›entente pour une solution politique ».

Les Allemands se manifestent

Dans ce climat tendu, les Allemands tentent de galvaniser les pas vers la conférence de paix en Libye, tandis que les contradictions entre la Russie et les pays européens, et entre les pays européens eux-mêmes, sont exacerbées. Parallèlement, les Italiens ont cherché à rassembler un certain nombre de représentants des pays qui s›immiscent dans le dossier libyen, jeudi dernier à Rome, sous prétexte de communiquer les voix des pays voisins touchés par la guerre en Libye, directement ou à tour de rôle, à ceux qui se réuniront à la conférence de Berlin. Les Italiens ont limité la participation à la conférence aux pays voisins et ne comprenaient pas les Libyens ou les concurrents européens, principalement la France, la Grande-Bretagne et l›Allemagne. Pendant ce temps, la France pataugeait face aux répercussions de sa présence militaire dans la région du Sahel et du Sahara, alors que son président, Emmanuel Macron, convoquait les présidents du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad et de la Mauritanie à une réunion au sommet lundi dans l›ouest de la France, alors qu›il convoquait son personnel à l›Elysée. L›objectif de la réunion était de connaître les positions de ces pays concernant la présence militaire française dans la région du Sahel et du Sahara, ce qui suscite une colère croissante de l›opinion publique dans ces pays.

Beaucoup de doutes

D›autre part, la Russie a commencé à récolter les fruits du

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L›attaque menée par les forces du Maréchal Haftar, est survenue quelques heures après la reprise des vols civils à destination et en provenance de Tripoli à destination et en provenance de l›aéroport de Maitika. premier sommet russo-africain, qui s›est tenu à Sotchi en octobre dernier, en renforçant sa présence dans plusieurs pays, dont la Libye, le Mali, le Mozambique, Madagascar et le Soudan, sous prétexte de «la lutte contre le terrorisme». Cependant, Moscou nie tout lien avec la société de sécurité privée russe «Wagner», dont les conseillers ont été vus aux côtés des combattants du général Haftar.

Beaucoup d’armes

On peut dire que le volume d›armes circulant des deux côtés du conflit était une preuve de l’imminence de l›attaque en cours, les parties internationales s›étant rendu compte que Haftar était déterminé à reprendre la guerre et que ses adversaires, à leur tour, se préparaient à faire face à cette attaque. Cette course mouvementée a été révélée dans un rapport de l›ONU qui a été divulgué récemment, et a


Encouverture

montré que les Émirats arabes unis, la Turquie et la Jordanie avaient violé l›embargo sur les armes imposé par les Nations Unies à la Libye depuis 2011. Le rapport indiquait que les belligérants avaient acquis des armes et du matériel militaire, en plus d’un soutien technique, en violation manifeste de l›embargo sur les armes en Libye. Le rapport, préparé par des experts des Nations Unies et couvrant une année entière, a confirmé que la Jordanie est accusée d›avoir formé des forces fidèles au commandant de la région de l›est, Khalifa Haftar, alors que des doutes persistent sur l’implication des

* le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, a voté jeudi la “mise en œuvre” d’un accord de coopération sécuritaire et militaire signé récemment avec la Turquie, ouvrant la voie à une intervention plus directe d’Ankara en Libye.

Émirats qui auraient utilisés des bombardiers pour soutenir leurs forces.

Accord avec la Turquie

Il n’empêche, le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, a voté jeudi la “mise en œuvre” d’un accord de coopération sécuritaire et militaire signé récemment avec la Turquie, ouvrant la voie à une intervention plus directe d’Ankara en Libye. Le conseil des ministres a “approuvé à l’unanimité la mise en œuvre du mémorandum d’entente sur la coopération sécuritaire et militaire entre le GNA et le gouvernement turc signé le 27 novembre”, a indiqué le gouvernement dans un communiqué. Le GNA qui s’est réuni en présence de responsables militaires, n’a pas donné de détails sur les termes de l’accord ou l’aide qu’Ankara pourrait fournir aux forces pro-GNA qui font face depuis avril à un assaut des forces rivales du maréchal Khalifa Haftar qui cherche à reconquérir la capitale libyenne. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait affirmé le 10 décembre que son pays était prêt à envoyer des troupes en Libye pour soutenir le GNA de Fayez al-Sarraj, aux termes de l’accord signé entre les deux parties. “Si la Libye formule une telle demande nous pourrons envoyer nos personnels (militaires), surtout que nous avons conclu un accord militaire”, a déclaré M. Erdogan. M. Erdogan a reçu dimanche M. Sarraj pour la deuxième fois en moins d’un mois.

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Les blindés turques internationalisent la guerre en Lybie.


Fayez Al Sarraj avec le président Turque.

En effet, la Turquie a fourni au gouvernement du Premier ministre Fayez al-Sarraj divers équipements militaires, notamment des véhicules blindés et des drones. Par conséquent, on peut dire que Haftar a pris la décision de reprendre l›attaque de Tripoli il n›y a pas longtemps, et que la préparation de l›attaque était liée au progrès des réunions préparatoires de la Conférence de Berlin, alors que les consultations atteignaient une nouvelle étape et que le moment de l›attaque militaire était approché pour saper les efforts d›une solution pacifique.

Tripoli n›est pas Benghazi

Cependant, des sources d›Al-Wefaq confirment qu›elles intercepteraient les attaques au sol, tandis que des groupes armés soutenant le gouvernement d›Al-Wefaq dans la capitale se sont unis sous la bannière des principales institutions, en raison de la situation qui leur est imposée. On peut dire que la bataille de Tripoli diffère des combats de Benghazi et de Derna contre les groupes armés. Là-bas, les forces que combattait Haftar étaient classées comme terroristes internationaux. Dans la capitale, les entités armées opèrent sous le commandement d›un gouvernement reconnu par les Nations Unies. Mais il n›y a aucune assurance que les grandes puissances s›engageront à cesser d›armer les parties parce que les débouchés maritimes et aériens sont disponibles pour les deux parties, que ce soit Benghazi à l›est ou Tripoli et Misrata à l›ouest. Hifter est plus susceptible

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* L›ONU joue un rôle de médiateur, afin de mettre un terme aux différends internationaux qui ont un impact significatif sur la déstabilisation de la Libye, chacune des grandes puissances apportant un soutien matériel et politique à l›équipe qui lui est associée. de compter fortement sur la Russie pour le soutenir afin de contrôler Tripoli, car sa victoire assure une présence en Libye proche de son rôle actuel en Syrie, et peutêtre davantage en raison de la richesse de la Libye et de sa position surplombant le sud de la Méditerranée. D›autre part, la Turquie placera son poids militaire du côté du gouvernement Al-Wefaq pour l›empêcher de tomber et d›attaquer. Cette confrontation se traduit par le déplacement de milliers d›habitants de Tripoli, la plus grande ville libyenne (environ 3 millions d›habitants), vers d›autres régions, en plus de la détérioration des conditions de vie sociale dans la capitale à la vue de la communauté internationale.


Encouverture Mohamed Charfi, président de l›Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) à Majalla La Majalla- Entretien réalisé par Yahia Maouchi Ministre de la Justice de 2002 à 2004, puis de 2012 à 2013, Mohamed Charfi avait été viré sans ménagement pour avoir refusé de blanchir l’exministre de l’Énergie, Chakib Khelil, des poursuites pour corruption engagées par l’actuel ministre de la justice, Belkacem Zeghmati. Depuis le 15 septembre, il est président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), instance qui a été chargée d’assurer le scrutin du 12 décembre passé. Ainsi, dans cet entretien accordé à La Majalla, Mohamed Charfi, a affirmé que l’élection du 12 décembre est la plus transparente de toutes les élections qu’a connues l’Algérie depuis l’indépendance. Très confiant, notre interlocuteura estime que c’est la première fois que, des candidats n’étaient pas des lièvres, « ils étaient des compétiteurs à parts égales avec les mêmes chances et les mêmes ambitions ». M. Charfi, a qualifié par ailleurs, le Hirak comme étant une fierté pour l’Algérie, mais aussi une richesse et un acquis extraordinaire, qu’il faut préserver vaille que vaille. « Il faut préserver et reconstituer le Hirak, dans sa version originale » plaide-t-il. Enfin, le président de l’Anie

a profité de cette occasion pour rendre un vibrant hommage à l›Armée nationale populaire (ANP), tout en avouant que sans l’armée, le changement n’aura pas été possible. La Majalla: Quelles conclusions et impressions avez-vous tiré de cette élection présidentielle du 12 décembre ? Mohamed Charfi : Mes premières impressions sont dépassées maintenant, mais elles restent toujours tenaces. Parce que l’importance de ce scrutin laisse des souvenirs impérissables dans l’esprit de ceux qui ont participé à ce scrutin-là. D’abord en raison de l’ampleur du défi qui nous était posé. Organiser en trois mois à partir de rien un scrutin décisif, et vital pour le pays, en remplacement de trois ministères de souveraineté, qui sont immenses comme le ministère de l’Intérieur, le ministère des affaires étrangères, le ministère de la justice, le Conseil Constitutionnel, l’ancienne instance qui était chargée de la surveillance et de contrôle des élections, il fallait beaucoup de convictions pour accepter une telle responsabilité. Et la conviction quand elle affronte les difficultés, à la fin, ça se traduit par un soulagement indescriptible. D’abord, réussir à organiser un scrutin pareil sans qu’aucune

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goute de sang ne soit coulée, c’est là le grand miracle. Malgré les divergences qui se sont apparues entre les uns et les autres, c’était quand même un grand défi pour nous d’organiser l’élection présidentielle, sans pour autant frustrer à la fois ces jeunets du Hirak qui s’opposaient à la tenue de ce rendez-vous électoral. Sachant que le Hirak pacifique algérien demeure le plus important mouvement révolutionnaire des 20 dernières années du 21e siècle. Mon souci est de préserver l’unité de la jeunesse algérienne, de préserver le Hirak en tant qu’acquis pour le pays, et de l’Etat Algérien. Ça constituera une force d’appoint pour l’Etat algérien, à la fois pour équilibrer les forces politiques classiques existantes, et pour renforcer la société civile, mais surtout, pour apporter soit un soutien à l’Etat quand il en aura besoin, mais aussi pour être son œil quand il se trompera. Ce Hirak est un acquis à préserver pour le bien de l’Algérie. Tous ces aspects-là, font que l’organisation de ce scrutin était à la fois un défi majeur, avec un souci permanent, de ne pas aggraver la situation, et comment organiser un scrutin, sans aggraver le fossé que certains voulaient creuser entre les jeunes d’un même pays. Quand cela à été fait, ce n’était pas simplement un soulagement

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L’élections du 12 décembre est la plus transparente de toutes les élections » que j’ai ressenti, mais une sorte de libération. Un poids a été ôté de ma conscience, étant donné qu’à l’unanimité, même ceux qui étaient contre le vote, sont aujourd’hui soulagés par l’élection d’un nouveau président. Maintenant nous pouvons manifester car nous avons quelqu’un qui est compétant pour nous répondre. La Majalla : Estimez-vous réussir dans l’accomplissement de votre mission ? Mohamed Charfi : D’abord il faut que je sache qu’elle était ma mission, est ce que c’était une mission technique que nous pouvons chiffrer, quantifier et évaluer ? Ou est-ce que c›était une mission d’une autre nature, que seul le peuple peut évaluer et dont seul le peuple en constituer le baromètre car il détient le curseur où nous pouvons placer l’évaluation de la réussite ou de l’échec de cette mission. D’abord, sur


Encouverture le plan technique il fallait organiser un scrutin propre, transparent, crédible. Sur ces trois critères, je vous réponds cas par cas. Un scrutin propre, car nul acte de tentative de fraude n’a été enregistré à travers les 66000 bureaux de vote à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il y avait plus de 000 50 représentants des candidats présents. Aucun représentant des candidats n’a déclaré avoir perçu ou remarqué un acte de faux. Deuxième critère, la transparence. Tous les candidats ont admis que l’élection était conforme à tous les critères, mieux encore, ils ont accepté les résultats de l’élection sans présenter aucun recours. Ainsi, si les candidats ont estimé n’avoir pas l’intention, et l’ont pas fait, puisque le Conseil Constitutionnel est au bout d’étude des différents rapports des commissions électorales, c’est qu’il n’y avait rien à dire sur ce planlà. Enfin la crédibilité, les gens attendent toujours les signaux extérieurs, et selon les échos des citoyens rencontrés dans les différents quartiers de la capitale, le nouveau président a été élu par le peuple. Par rapport à la crédibilité extérieure, les Etats qui ont reconnu la crédibilité de l’Algérie, étaient essentiellement des grands pays démocrates. En plus de la presse nationale qui n’a jamais douté de la crédibilité de cette élection, la presse étrangère a été également de cet avis. La Majalla : Quel est justement le secret de la réussite de votre autorité, sachant qu’au début votre mission était quasi-impossible ? Mohamed Charfi : Vous savez, il y a un candidat parmi les cinq qui a dis à ses collègues, le jour du débat télévisé, que celui qui a accepté la responsabilité de l’autorité, soit c’est un fou, soit c’est quelqu›un de nationaliste qui aime son pays. Et je leur ai dis que j’espère que vous êtes convaincus, que je ne suis pas un fou…, ils me disaient non, nous avons la conviction, mais nous envions votre amour de la patrie, parce que

* réussir à organiser un scrutin pareil sans qu’aucune goute de sang ne soit coulée, c’est là le grand miracle

nous sommes aussi amoureux que vous, mais ce n’est pas sûr que nous aurions acceptés la responsabilité que vous avez accepté. En somme, c’est la conviction, c’est l’amour du pays, et l’amour que j’ai hérité de mon père, qui nous a abandonné sans aucun sentiment pour rejoindre ses frères Moudjahidine. Et quand l’Algérie a besoin de ses enfants et qu’elle les appelle, c’est pour qu’ils réussissent. C’est ma conviction, parce que je sais que nous ne seront pas seuls. Quand j’ai accepté cette noble mission, j’ai été sûr que je ne serais pas seul, et que j’aurais le soutien d’abord de l’autorité militaire. La preuve, dans l’une de ses déclaration Ahmed Gaïd Salah, a réitéré l’engagement de l’ANP d’accompagner le peuple, et qu’il n’acceptera jamais qu’une goute de sang ne coule. Une chose qui m’a beaucoup rassuré. Ajoutant à cela, l’affirmation par l’intermédiaire de la revue El Djeich, qui a affirmé dans l’un de ses éditos que la fabrication des présidents est révolue. Avec tout cela, nous étions rassurés d’avoir le soutien nécessaire pour combattre les tentatives de l’ancien système, la résistance au changement et j’en parlerais un jour, les

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nous avons un mandat de quatre ans, avec un programme déterminé par la loi, mais le président de la République peut changer la Constitution, et la loi électorale

différentes facettes de cette résistance au changement qui s’est déguisée sous l’apparence de la recherche d’un bienfait pour l’Algérie, je l’expliquerais bien mais pas pour le moment. Maintenant laissons le nouveau président élu, Abdelmadjid Tebboune, travailler. Nous lui souhaitons tout le succès pour le bien de l’Algérie. Et il trouvera l’autorité nationale indépendante des élections à ses côtés, pour toutes les démarches qui rentreront dans nos compétences, et même s’il a besoin de nous à titre personnel, en tant que citoyens, nous serons là pour lui apporter l’aide et l’assistance pour l’Algérie. La Majalla: M. Charfi vous avez déclaré récemment que l’élection du 12 décembre demeure l’une des élections les plus transparentes depuis 1962, votre commentaire ? Mohamed Charfi : Je dirais même c’est la plus transparente, je vais plus loin. Si vous avez compris l’une, c’est la plus transparente, et je sais du quoi je parle. J’ai supervisé en tant que magistrat plusieurs élections au niveau local, et je sais quand je vous ai

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dis tout à l’heure que, l’urne dans la sagesse populaire sort bleue du bureau pour arriver à la commission verte. Les gens étaient persuadés que les urnes étaient interchangeables en cours de route, et donc aujourd’hui, l’urne est sorti transparente est arrivée transparente, sous bonne escorte des représentants des candidats eux même, sans parler des représentants de l’ANIE, des services sécurités, et des citoyens qui se sont engagés à protéger leurs voix. Ainsi, la transparence est garantie également par les mesures que j’ai prises. Je parle-là, du PV du dépouillement que j’ai conçu à titre personnel, et qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Un PV qui est presque aussi protégé qu’un billet de banque, avec un sceau sec de l’Etat, qui n’est pas imprimable, et qui n’est pas photocopiable. Deuxièmement avec un numéro de série qui est enregistré chez-nous. Chaque bureau de vote a reçu un nombre de PV limité, et dont les numéros de série sont chez-nous. Et chaque PV doit être établi en trois exemplaires. Ainsi chaque PV porte à la main les deux autres numéros. Ma philosophie c’était puisqu’il est difficile de rendre la fraude impossible, nous allons la rendra inutile. La Majalla: Un mot sur la nature des dépassements enregistrés durant l’élection du 12 décembre 2019 ? Mohamed Charfi : Nous n’avons enregistré aucun dépassement lors du scrutin, soit des dépassements matériels, soit des dépassements de langage dans les bureaux de vote…, je ne parle pas des cas enregistrés dans les wilayas où il y a eu mois de %1 du taux de participation (La Kabylie NDLR), ce sont des circonstances exceptionnelles. Et là, je rends hommage aux responsables locaux, à qui j’ai donné ailleurs le moyen juridique de faire face, puisque j’ai autorisé par décision du président de l’autorité, les regroupements des bureaux et des centres de vote, afin d’éviter les affrontements avec les gens qui étaient contre le vote. Mais nous savons que beaucoup de nos sœurs et frères dans ces régions-là, s’ils avaient


aussi une richesse et un acquis extraordinaire, qu’il faut préserver vaille que vaille. Il faut réconcilier la jeunesse algérienne, avec le reste des forces vives de la nation algérienne. Il faut préserver et reconstituer le Hirak, dans sa version originale, sa version pacifique, un Hirak qui nous a permis de rêver à notre âge, à une Algérie que nous avions rêvée en 1962 (année d’indépendance de l’Algérie NDLR). Personnellement dans la sphère où je peux agir, j’agirais dans ce sens, et j’accompagnerais tout responsable qui agira dans ce sens, et les membres de l’autorité sont de mon avis, et seront à mes côtés La Majalla: Qu’est ce que vous avez à dire au Hirak, aussi dans toute action à entreprendre dans ce cadrelà, et j’espère que nous réussirons. Par ailleurs, l’Anp, et les candidats sortants ? Mohamed Charfi : Le Hirak je le dis et je le répète, sans l’ANP rien n’aurait été possible, parce que la depuis le 22 février, je l’ai vécu à travers ma famille, résistance au changement n’est pas simplement dans mes enfants, mes petits-enfants, qui ont participé les esprits elle était-là. Sans l’armée, le changement avec leurs camarades comme tous les enfants de n’aura pas été possible, c’était le soutien intelligent du l’Algérie, c’est une fierté pour l’Algérie, mais c’est Commandement de l’armée à leur tête Ahmed Gaïd Salah. Sans la sagesse et l’intelligence qui consiste à accompagner, et à donner un sens plein au mot accompagner, c’est-à-dire, garder la distance sans interférence. Une intelligence qui a permis à mon autorité d’être réellement indépendante, de taper sur la table avec les administrations, avec les walis, parce que tout le monde savait que le commandement de la possibilité auraient été votés même à blanc. Mais nous, ne voulons pas revenir sur ces questions, nous avons toujours prôné le dialogue entre tous les enfants de l’Algérie, entre les jeunes et le président de la République, pour construire l’Algérie nouvelle, et pour que chacun aura le droit de dire ce qu’il veut dire, de pratiquer son droit comme il veut et quand il veut. Nous estimons que la période que nous avons connu est une parenthèse comme d’autres parenthèses dans la vie d’une nation, et que la vie sera meilleure que le passé récent que nous avons vécu.

Ce Hirak est un acquis à préserver pour le bien de l’Algérie

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l’armée appuie l’autorité nationale indépendante. Donc, le peuple ne les remerciera jamais assez, mais l’histoire elle, les enregistrera et témoignera qu’ils ont parachevé leur œuvre commençait en novembre 1954 (date du déclenchement de la guerre de libération nationale NDLR). Et c’est à nous maintenant d’assurer la suite, dans la même logique et dans les mêmes horizons. Concernant les candidats sortants, y compris le président élu, ils ont fait preuve du niveau de conscience civilisationnelle, puisqu’ils ont pu faire taire leurs différences, et leurs antagonismes en tant que candidats compétiteurs, sachant que les désaccords pouvaient avoir une implication sur le devenir du scrutin. Je les remercie au nom du peuple algérien, aux cinq quand ils étaient candidats, et aux quatre qui ont accepté le résultat du scrutin, d’abord en félicitant le candidat élu, en suite, en renonçant à présenter des recours, ainsi eux aussi, ont réussi à inscrire en lettres d’Or leur participation. Pour la première fois des candidats n’étaient pas des lièvres, ils étaient des compétiteurs à parts égales avec les mêmes chances, les mêmes ambitions, et les mêmes espoirs d’accéder à la présidence de la République. Leur acceptation du scrutin sera marquée en leur faveur, et plus l’ambition est grande, plus le désintéressement est sublime.

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Il y avait plus de 000 50 représentants des candidats présents. Aucun représentant des candidats n’a déclaré avoir perçu ou remarqué un acte de faux La Majalla: Un dernier mot par rapport au sort de l›Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) ? Mohamed Charfi : Son sort sur le plan légal, nous avons un mandat de quatre ans, avec un programme déterminé par la loi, mais le président de la République peut changer la Constitution, et la loi électorale. Mais d’après ce que j’ai compris de ses déclarations lors du débat télévisé, il a mis en exergue le rôle de l’Anie, et donc nous avons compris qu’il allait la renforcer, et peut-être changer certaines choses. Mais en tout cas, j’ai la conviction que le président Tebboune fera de l’Autorité un des acquis pour la construction démocratique en Algérie.


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olitique

Révolution tunisienne : Mexicaine 2.0 Par Nasreddine Ben Hadid En reconnaissant que la «Révolution ne pouvait avoir de cadre légal que l’Etat», Kaïs Saïd, l’actuel président Tunisien, fraichement élu, n’a fait que clore la première phase qui a duré 9 ans d’une révolution qui cherche encore des repaires.

entre deux «écoles» révolutionnaires, certes, mais un conflit d’intérêt révolutionnaire, qui tôt ou tard, va déboucher sur une rupture organique, et surtout existentialiste, tant certains se considèrent révolutionnaires, sur la base d’une appartenance, qu’il annonce, et d’autres s’y voient, sur la base de l’actif commun.

Il faut signaler que le clivage entre «révolutionnaires» devant lesquels s’adressent des «antirévolutionnaires» n’existe presque plus dans le réel, même a failli depuis au moins 5 ans, d’une manière définitive, à présenter toute la classe politique grâce à cette échelle normative. La zone «grise» ou «floue» s’élargit de jour en jour, pour être déterminante parfois. L’absence ou plutôt l’abandon du clivage sur base «révolutionnaire» a constitué l’une des raisons qui ont conduit l’actuel président, à concevoir la «Révolution» dans l’acte et la concrétisation, à savoir une dimension dynamique, en négation totale avec l’antique positionnement «révolutionnaire» qui était et reste totalement «statique». Houcine Ben Amor

Un conflit philosophique mais aussi cognitif,

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Ridha Mekki (dit Lénine)

: Discorde en instance Autre bémol : Kaïs Saïd n’a pas caché tout au long des conférences qui l’ont conduit à faire le tour de la Tunis, et surtout depuis la présentation de sa candidature, que son intention consiste à faire basculer le pays de la démocratie «représentative» vers une autre «participative», certes encore utopique et même candide, mais au constat de la faillite de la démocratie représentative à concrétiser le rêve révolution, sa négation participative peut prétendre à des chances. Ridha Chiheb Mekki, dit Ridha Lénine, figure marquante de la gauche estudiantine des années soixante-dix du siècle passé, et surtout directeur de la campagne électorale de Kaïs Saïd, l’affirme très haut, et même veut faire parvenir sa voix, aussi loin que possible : Le choix de la «démocratie participative» n’est nullement une option, une alternative parmi d’autres, ou un outil tactique de manœuvre, mais plutôt une conviction irréversible, que Kaïs Saïd aussi, n’a cessé de confirmer aussi.

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Un président porteur d’un message révolutionnaire très haut, que tous les partis ne peuvent (ou ne veulent) imiter. Sur le plan pratique, on peut comprendre que tel jeune ou moins jeune, libre de tout appartenance ou engagement politique, puisse être tenté par une «démocratie alternative», tant l’actuel, n’a pu lui porter les fruits d’une révolution qui tarde tant à le faire. Mais, pensant aux «machines des partis», qui ont basé toute l’existence politique de leurs structurations sur cette «démocratie représentative», personne ne peut imaginer, même en fiction, que ces partis politiques, vont accepter cette «transhumance politique» en toute quiétude et sans y opposer un quelconque refus politique.


Sur le plan politique, et surtout constitutionnel, le jeu et surtout les enjeux sont autres : Le président Saïd, référence en droit constitutionnel le sait mieux que d’autres : la Constitution ne lui offre de moyens «légaux» pour faire imposer ses choix, que présenter des projets de loi. Lois, qui seront certainement refusées, si la question ne concerne que ce passage de «la participative» à «la représentative». …»Le «Messie» et son «cheval de Troie Autre dimension plus qu’importante : Le président Tunisien, tout en se présentant dans une logique «messianique», comprendre

cette envie de faire vaincre un concept encore inconnu (du moins en pratique), ne veut pas avoir sa propre «église» comprendre son parti politique. Certes, ce monsieur qui sait ménager sa monture, car il compte exporter les contradictions dans les «camps adversaires» de la «démocratie participative». Pour l’histoire, le parti islamiste Ennahdha a soutenu officiellement Kaïs Saïd pour le deuxième tour des élections présidentielles. Aussi, sa base électorale a voté pour l’actuel président massivement, mais restent des «points d’ombre». Mohamed Ben Salem, ex-ministre et figure marquante de ce parti,

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Jeunes chômeurs, voulant forcer la porte de l’Assemblée


Le parti islamiste Ennahdha a soutenu officiellement Kaïs Saïd pour le deuxième tour des élections présidentielles. Aussi, sa base électorale a voté pour l’actuel président massivement, mais restent des «points d’ombre» entrepris sur ordre de Kaïs Saïd… La théorie «complotiste» commence à faire valoir ses droits d’existence parmi les partisans d’Ennahdha, et le sera prochainement dans des autres partis : Kaïs Saïd & Co, visent à renverser «illégalement» le système politique «légale» en place. Il faut rappeler que Ridha (dit) Lénine, bien ancré dans ses références historiques, a évoqué dans une série d’interviews avec une télévision locale «la fin de l’islamisme», qu’il fait inscrire dans une logique (plus vaste) de «fin des idéologies».

y a vu dans Ridha Mekki (dit Lénine) un «danger» et même qu’il s’inscrit dans cette gauche antireligieuse, comprendre anti Ennahdha. Ce discours n’est nullement anodin ou gratuit, entre les deux tours des présidentielles. Houcine Ben Amor, journaliste islamiste, du clan qui considère qu’Ennahdha a faillit à son «devoir islamique» considère sur son compte Facebook, la marche qu’a mené un groupe de jeunes chômeurs sur l’Assemblée des Représentants du Peuples, et leur tentative de s’y introduire de force, comme, «la première phase d’un putsch» contre la légalité en place,

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Complot pour complot, Kaïs Saïd, dans un discours prononcé le 17 Décembre 2019 à Sidi Bouzid, a encore osé ce que la classe politique a refusé de faire : Reconnaitre que cette date constitue la «vraie révolution», et que le «14 Janvier» n’est autre qu’une tentative d’usurpation. Plus important encore, le terme «complot» a été prononcé plus d’une fois par l’actuel président. Certes, sans donner des noms ou présentant des détails, mais l’évocation en soi, est révélatrice d’un climat de suspicion générale. Une image révolutionnaire anodine et même inconnu : Un président porteur d’un message révolutionnaire très haut, que tous les partis ne peuvent (ou ne veulent) imiter.


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apport

Crise au Mali

Initiative présidentielle, sans l›opposition… Par La Majalla La main tendue samedi par le président Ibrahim Boubacar Keïta, à la société civile, à l›opposition et aux groupes armés pour tenter de dégager des réponses autres que militaires à la crise qui va s›aggravant dans son pays en guerre contre les djihadistes, n’a pas trouvé preneur. Il faut rappeler que le président malien ait lancé le Dialogue national inclusif (DNI) devant 3.000 personnes à Bamako, capitale d›un Mali meurtri par les violences depuis 2012.

…Main tendue

Il a exhorté sous les applaudissements à l›ouverture de cet évènement censé durer une semaine : «Unissons-nous, unissons nos mains pour boucher les trous de la jarre percée». En boubou blanc, debout devant un immense drapeau du Mali, il a appelé à «parler, réfléchir, respirer ensemble». Ses principaux opposants, invités à plusieurs reprises, ont refusé la main tendue, compliquant la recherche d›une réponse autre que strictement militaire à la crise multiforme que traverse le Mali. Une telle réponse politique doit pourtant aller de pair avec la force des armes, conviennent

le gouvernement malien et ses partenaires étrangers, dont la France. Les adversaires de M. Keïta, alias «IBK», voient dans ce dialogue le moyen de reprendre la main après un automne sanglant - plus de 140 soldats tués depuis septembre durant lequel les autorités ont peiné à convaincre de leurs capacités à répondre à la crise. Le parti du chef de file de l›opposition Soumaïla Cissé a dénigré ce dialogue comme «une mise en scène». L›Etat peine à exercer son autorité sur une large partie du territoire et chaque jour ou presque, des attaques djihadistes et crapuleuses endeuillent les quelque 20 millions de Maliens. Malgré la présence de 13.000 Casques bleus et 4.500 soldats français, les mouvements djihadistes, ralliés pour certains à Al-Qaïda ou à l›organisation Etat islamique, ne cessent d›étendre leur champ d›action, du nord du Mali vers le centre, et désormais aux Niger et Burkina Faso, voisins. Le Niger a perdu cette semaine 71 soldats selon un chiffre officiel dans les dernières attaques djihadistes meurtrières dans cette zone dite des trois frontières. Dans ce contexte, le dialogue malien se propose «d›ausculter le pays et de faire des diagnostics pour le

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guérir», a déclaré le président. «Nous sommes venus échanger entre Maliens, donner notre point de vue sur la vie de la nation, (qui est) malade, très malade», a déclaré Cheick Oumar Diaby, président de l›association des commerçants-détaillants du Mali.

…Une situation qui s’aggrave

Une semaine d›échanges sans les principaux opposants, suffira-t-elle à trouver des solutions? «Le dialogue ne pourra résoudre tous les problèmes d›insécurité liés au terrorisme», a dit le chef de la tribu Kel Antessar de Tombouctou, Abdoul Majid Ag Mohamed, en saluant néanmoins «la présence des notabilités de partout, (et) la présence des mouvements signataires» de l›accord de paix d›Alger de 2015. L›imam Mahmoud Dicko, très influent au Mali et bête noire du pouvoir, a fait le déplacement spécialement . Les groupes armés touareg signataires de l›accord d›Alger,

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qui exercent un contrôle militaire sur plusieurs villes et régions du nord, ont, eux, fait planer le doute sur leur venue jusqu›au dernier moment. En cause, la révision ou non de cet accord qu›ils ont signé contre des promesses d›inclusivité et de décentralisation. L›accord peine à être mis en œuvre et certains opposants demandent sa révision. C›est l›un des principaux sujets de querelle politique au Mali. Le président avait dit en novembre ne pas être fermé à une «discussion» autour de certaines dispositions, ce qui a déclenché l›ire des groupes armés signataires. La Coordination des mouvements de l›Azawad (CMA), principal collectif de groupes signataires, a cependant indiqué avoir obtenu du gouvernement l›assurance qu›il ne serait pas question de cet accord lors du dialogue. «Nous sommes là parce que nous avons eu la certitude qu›on ne touchera pas à l›accord de paix pendant ce dialogue», a dit son porte-parole Almou Ag Mohamed.


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G5 Sahel

Quatre présidents s›inclinent devant les tombes des soldats d›Inates

Par La Majalla Les tenants de la décision dans les pays du Sahel le savent très bien, et même en sont plus que certains : Le terrorisme qui sévit dans la région, ne reconnaîssent ni les frontières ni les régimes politiques en place. Face à cette vision terroriste globaliste, la vision de ces pays à l’encontre de ce danger n’est pas structurée, ou du moins pas au point de faire face à ce fléau. De ce fait, toute attaque terroriste à l’encontre de l’un, affaiblie les autres. D’où la nécessité, non pas coordonner les efforts seulement, mais plutôt d’unifier les capacités. Car il va de soi que le combat contre le terrorisme, est un combat de vie ou de mort. Un cancer à extirper, ou à disparaître devant lui.

…Même barque

Dans cette ambiance, vient le sommet extraordinaire

au Niger, qui réunit quatre chefs d›Etat des pays du G5 Sahel. Ces mêmes responsables se sont inclinés dimanche à Niamey sur les tombes des 71 soldats morts dans l›attaque d›Inates. Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, dont le pays assure la présidence tournante du G5 Sahel, a déclaré à l›issue d›une courte cérémonie d›une dizaine de minutes et d›une prière : «Nous sommes venus présenter nos condoléances au peuple nigérien» et « encourager l›armée du Niger». M. Kaboré, ses homologues nigérien Mahamadou Issoufou, malien Ibrahim Boubakar Keïta et tchadien Idriss Deby Itno se sont brièvement recueillis devant les deux rangées de tombes alignées sur une plusieurs dizaines de mètres, fraîchement recouvertes de monticules de terre ocre, dans «le carré des martyrs» de la base aérienne 101 de l›armée nigérienne à Niamey, où les soldats ont été enterrés vendredi.

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Il faut rappeler que les 71 soldats nigériens ont péri dans l›attaque du camp militaire d›Inates, dans l›ouest du Niger, près de la frontière malienne, perpétrée mardi. Le Niger a décrété un deuil national de trois jours, de vendredi à dimanche. «Reposez en paix, digne et valeureux fils du pays, la Patrie vous sera éternellement reconnaissante», tel est inscrit sur un grand panneau griffé du drapeau rouge blanc et vert du Niger a été planté avec l›inscription.

??? Concertation, et après

Les chefs d›Etat du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad) ont annoncé samedi la tenue d›un sommet extraordinaire pour «se concerter» après cette attaque sanglante, la plus meurtrière de l›histoire de ce pays sahélien pauvre, qui a été revendiquée par les djihadistes du groupe Etat islamique. Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh

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El-Ghazouani n›était pas présent à la cérémonie, mais est attendu pour le sommet, initialement prévu à Ouagadougou, et délocalisé à Niamey, en signe de solidarité après la tragédie d›Inates. Le président Kaboré avait expliqué samedi sur son compte twitter : «En accord avec mes homologues du G5 Sahel, nous avons décidé de délocaliser notre sommet initialement prévu à Ouagadougou demain 15 décembre à Niamey pour témoigner notre entière solidarité au peuple nigérien». Le Sahel fait l›objet d›attaques djihadistes de plus en plus fréquentes, et ce malgré la présence des forces françaises (Barkhane, 4.500 soldats), régionales (G5 Sahel), de l›ONU (Minusma au Mali), ainsi que de forces américaines. La Force conjointe du G5 Sahel, lancée en 2015 et réactivée en 2017, devait compter 5.000 hommes pour lutter contre les djihadistes dans les zones frontalières entre les pays membres. Mais peine à monter en puissance.


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apport

Zimbabwe

L›aide, ultime rempart contre la famine Par La Majalla La survie de quelque 20.000 habitants du township d›Epworth, dans les faubourgs de la capitale Harare, dépend des neuf dollars par mois, versés par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, la coopération britannique et une ONG danoise, cette somme constitue leur ultime rempart face à la famine dans un Zimbabwe au bord de la faillite économique et brûlé par une sécheresse historique.

…Sauvés de la famine

Anna Kubeta en est l›une des bénéficiaires. A 63 ans, malvoyante et presque infirme, elle s›entasse dans une petite maison d›Epworth avec son fils, au chômage, une petite-fille et les trois jeunes enfants de sa sœur, tous en âge scolaire. Longtemps soutenue à tour de bras par la seule solidarité familiale, la grand-mère a vu son quotidien et celui de sa famille changer grâce à l›aide financière internationale. Avant «on s›en sortait tout juste», explique-t-elle, «on donnait aux enfants du porridge au goûter, maintenant, ils ont du popcorn et des chips et ils

sont ravis». Aaron Munyoro, son fils, ajoute : «On peut même se payer de la viande et de la farine». La crise économique sévère qui frappe le Zimbabwe depuis une vingtaine d›années, ainsi que la sécheresse qui affecte l›Afrique australe depuis plusieurs saisons, ont placé selon l›ONU %60 des 15 millions d›habitants du pays en situation d›insécurité alimentaire. Hilal Elver, la rapporteur spéciale onusienne sur le droit à l›alimentation, en visite dans le pays, a récemment mis en garde contre les risques d›une crise à grande échelle. Quelque 5,6 millions de personnes dans les zones rurales du Zimbabwe ont besoin d›aide alimentaire, auxquels il faut ajouter 2 millions de citadins, déjà largement privés de services publics de base, d›eau potable, d›électricité ou d›accès aux soins. Pour leur venir en aide, le PAM, la coopération britannique et l›ONG danoise DanChruchAid expérimentent depuis juin à Epworth un programme de dons en liquide qui vise près de 4.000 foyers vulnérables, soit environ 20.000 personnes. Susan Marimira coordinatrice du projet, de

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DanChurchAid détaille : «Elles reçoivent chacune 9 dollars par mois pendant quatre mois, utilisés d›abord pour acheter de la nourriture et améliorer leur sécurité alimentaire». Sans oublier que l›idée est simple, mais sur le terrain elle se heurte aux dures réalités financières du pays.

…Argent numérique

L›argent est crédité sous forme numérique sur les téléphones portables des bénéficiaires qui, ensuite, le changent en liquide auprès de leur opérateur. Selon Aaron Munroyo, au chômage depuis quinze ans, ces opérateurs en prélèvent une part pour payer leur service. «Ça peut aller jusqu›à %50», se plaint-il, «on pouvait acheter plus quand on recevait les dollars en liquide», avant d’ajouter que «les premières aides ont été versées en juin en dollars américains, mais depuis, le gouvernement a interdit l›usage des devises étrangères dans le pays». Le régime du président Emmerson Mnangagwa

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a prohibé en juin les transactions courantes en dollars américains pour assécher le marché noir et tenter de ralentir une inflation galopante à trois chiffres. Jusque-là en pure perte. En plus de donner de l›argent aux personnes les plus menacées, DanAidChurch forme une partie des bénéficiaires à la culture des champignons, afin de prolonger leurs revenus. «Nous espérons ainsi qu›à la fin des paiements, les familles seront capables de mieux assurer leur subsistance par le biais d›activités qui complètent leur sécurité alimentaire et leurs revenus», explique Chipo Chipudhla, de DanChurchAid. Mère isolée de trois enfants, Memory Ruvinga, 30 ans, assure ainsi tirer tous les trois, quatre jours jusqu›à 2,5 dollars de sa plantation de champignons. Ces revenus ne suffisent pas à payer les frais de scolarité de ses trois enfants, mais permettent au moins de leur fournir trois repas par jour.


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pinion

Les leçons d’une victoire Boris Johnson a triomphé en Grande Bretagne dans des élections anticipées qu’il a lui-même provoquées. Le score est sans appel, la défaite du parti Labour étant historiquement la plus importante depuis la seconde guerre mondiale. Cette victoire, par son ampleur, a étonné tous les observateurs. Ceux-ci mettaient en avant les difficultés que Boris Johnson avait eues à faire accepter sa politique au parlement où il avait même perdu sa majorité. Dans une campagne rapide, il a joué de tous les artifices populistes, mais s’est surtout appuyé sur les positions gauchisantes de Corbyn, son adversaire, qui, lui, s’est clairement positionné, non pas sur le terrain social-démocrate, mais encore plus à gauche.

Par: Ahmed Charaï

Boris Johnson a siphonné les voix de l’extrême droite, puisque le parti de Nigel Farage n’a eu aucun député, alors qu’il en avait dix-sept, de la droite et du centre gauche effaré par les propositions du Labour. Seuls les électeurs pro-européens ont voté pour Corbyn. Aux USA, ces résultats impactent la campagne en cours pour les élections présidentielles de 2020. D’abord, ils enhardissent le camp de Donald Trump. Celui-ci n’a jamais caché la proximité avec le Premier ministre britannique. Proximité idéologique, mais aussi très personnelle, les deux aimant casser les codes, s’adresser directement au peuple, enjambant les appareils partisans et même les médias. Mais c’est dans le camp démocrate que ce triomphe doit interpeller. Pour le moment, les candidats les plus en vue se situent à gauche de l’échiquier, Sanders et Miss Warren. Celle-ci propose l’introduction d’une protection sociale étatisée. Aux USA, la valeur solidarité nationale est iconoclaste. C’est la responsabilité individuelle qui est la valeur cardinale. L’on se souvient que l’Obama Care, une assurance médicale minimale, était rejetée par la majorité. Si les démocrates choisissent cette voie, leurs chances s’amenuisent encore plus. Si les démocrates veulent avoir des chances de battre Trump, il leur faut un candidat centriste qui ne heurte pas les sensibilités populaires. Le Président actuel a pour lui les résultats économiques florissants. Sa manière est appréciée par les couches populaires. Devant un tel adversaire, le positionnement du candidat démocrate sera crucial. Aux USA, ce sont les classes moyennes qui font les élections. Or celles-ci sont attachées au libéralisme et refusent les augmentations des impôts. Elles n’adhèrent pas à l’idée même d’un Etat-providence. Les démocrates s’en éloigneraient en choisissant un candidat d’extrême gauche. Le Triomphe absolu de Boris Johnson en Grande Bretagne est scruté aux USA, par ce que les deux pays ont des relations très particulières depuis le début du siècle dernier. Les analystes américains font des projections sur l’impact prévu sur la campagne présidentielle. Dans le monde globalisé qui est le nôtre, il est évident que les événements internationaux sont corrélés.

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Un magazine politique hebdomadaire

Issue 1778- Décembre 20/12/2019

Huitième président algérien, Abdelmadjid Tebboune : Sorti des urnes, loin des attentes de la rue www.majalla.com



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rt d’art B7 L9 à Bhar Lazreg. Le titre de cette conférence est: «Quelle langue pour les Tunisiens: ce que parler veut dire». Seddik y a abordé, le samedi 14 décembre, le rapport des Tunisiens aux langues qu’ils pratiquent et puisera des exemples dans la théorie et notre environnement linguistique. Zineb Sedira expose à Valence

«Maazef» et la tente aux chansons… L’exposition d’art contemporain de la plateforme Maazef, à Tunis, se poursuivra jusqu’au 25 janvier. Cette installation sonore propose aux visiteurs de naviguer dans le monde de la pop culture arabe actuelle. L’exposition comprend plusieurs stations chacune consacrée à des aspects différents de la musique arabe actuelle et de l’univers sonore du consommateur arabe. Très intrigante, une Tente aux chansons est installée à l’orée du parcours. Intitulée «Mahraganet», cette microinstallation est inspirée de la tradition des «nabatschi», ces animateurs des mariages orientaux. La musique de ces

«nabatschi» est diffusée sous la tente à l’aide de haut-parleurs rudimentaires pour recréer l’atmosphère des bus, des motocyclettes et des mariages fêtés dans la rue. Très symptomatiquement, cette musique porte aussi des influences qui trouvent leur origine dans le rai algérien et le rap américain. Youssef Seddik et la langue des Tunisiens L’université libre de Bhar Lazreg, à Tunis, poursuit ses travaux sous la férule de Lotfi Essid, intellectuel et cinéaste tunisien. Après un premier débat sur les utopies culturelles, c’est au tour de Youssef Seddik de présenter une conférence à la station L’artiste franco-algérienne, Zineb Sedira, expose à l’Institut Valencia d’Art Moderne (IVAM) sa première exposition personnelle en Espagne avec un voyage qui commence dans un espace «intime et personnel» et finit par adopter une perspective «collective» et «politique». Les 22 œuvres de Sedira resteront dans la Galerie 7 de l’IVAM jusqu’au 26 janvier prochain. L’exposition, fruit de la collaboration entre l’IVAM, la Fondation Gulbenkian de Lisbonne et la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris, rassemble 22 œuvres, dont des photographies, des vidéos et des installations, avec lesquelles nous avons découvert un ensemble d’histoires «sur les

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Mohamed Mehafdi est un recueil de poésies très harmonieux, mêlant délicatesse et éloquence de caractère. Dès la préface, l’auteur nous transporte dans le dynamisme de l’être et de l’esprit. Il aborde la cueillette des fruits au stade précoce, de pleine saison ou tardifs comme étant un long combat de la vie étalé à travers cinq chapitres dont les intitulés sont : la famille, la nature, le social, les divagations et les amusements. «Les fruits, quels qu’ils soient, s’apprécient différemment»…

migrations, la diaspora, le colonialisme et le décolonialisme, la mémoire ou le fanatisme religieux» qui nous parlent à la fois de l’existence politique et de la construction sociale de l’Algérie, et des expériences personnelles qui composent la vie des personnes directement impliquées. La créatrice reflète soigneusement sa vision politique et poétique de l’histoire récente de ses racines. Mohamed Mehafdi : La vie sous différentes perspectives… Les fruits tardifs de l’Algérien

L›art Gnaoua déclaré patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l›Unesco L’art Gnaoua a été inscrit, jeudi à Bogotá, par le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l›Organisation des Nations Unies pour l›éducation, la science et la culture (Unesco) à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. La candidature de l›art Gnaoua a été approuvée lors de la 14è session annuelle du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco qui a tenu ses travaux du 9 au 14 décembre dans la capitale colombienne en présence de plus de 124 pays, dont le Maroc.

« Les annales de l’occupation de Chaouia » en arabe Après «Les annales de l’occupation de Chaouia», première traduction en arabe d’«Histoire militaire de la Chaouia depuis 1894» de H. G. Conjeaud, Sahraoui Faquihi récidive. Cette foisci avec la traduction en arabe du livre d’André Adam, «Casablanca. Essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l›Occident». Publié en France en 1968, ce livre n’est qu›une partie d›un plus vaste travail sociologique et historique sur la ville de Casablanca à partir de «l›établissement du protectorat français sur le Maroc, et même un peu avant que Casablanca ne se transforme de façon décisive : création d›industries, implantation d›une population française et européenne de plus en plus nombreuse, et enfin volonté de Lyautey d›y construire le grand port du Maroc, en 1912», précise Robert Mantran dans son compte rendu sur ce livre publié dans la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée en 1971. Maitre Gims : «J’ai fait des choses que je regrette». Ces mots du célèbre chanteur Maitre Gims sont extraits de son dernier

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single «Le prix à payer» lancé il y a quelques semaines. Cette nouvelle sortie a secoué la toile en raison des paroles quelque peu étranges… Au point où les supputations à l’endroit de l’artiste ne faiblissent pas. «On fait des choses qu’on regrette vraiment, Avec le temps j’ai prêté serment, Je l’ai fait sincèrement… Je ne veux plus rien croire- Je n’ai plus d’espoir-Laissezmoi avoir-Ce que je n’ai pas-Je suis perdu, je ne dors plus…». En voilà quelques phrases qu’on peut entendre dans la nouvelle production. Soutenu par des images tout autant choquantes dans la vidéo ou l’on voit l’artiste se

Hervé Abimbola l’actuel ministre de la Culture. Florent Couao-Zotti a marqué le monde littéraire du Bénin à travers la publication de romans, nouvelles, pièces de théâtre et de bandes dessinées. Ses œuvres ont reçu plusieurs récompenses, dont le prix Tchicaya U Tams’i, le prix de la Francophonie de littérature de jeunesse, le prix de l’Excellence du Bénin, Meilleure plume de la décennie, le prix Ahmadou Kouroum. Ce diplômé de Lettres Modernes à l’Université nationale du Bénin, a également été formé en

livrer à une sorte de rituel, le texte a été soumis à diverses interprétions. Pour beaucoup, c’est une confirmation que le chanteur tire son succès d’une certaine consécration à des forces occultes. Bénin : un écrivain à la Culture… Un écrivain débarque au ministère de la Culture du Bénin. Le Béninois Florent Couao-Zotti a en effet été nommé au ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts en Conseil des ministres du mercredi 11 décembre 2019 en tant que conseiller technique à la culture. Il aura pour mission de collaborer avec Babalola Jean Michel

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journalisme et en entrepreneuriat culturel. Une pluralité de compétences qui lui seront utiles dans l’exercice de ses nouvelles fonctions. Les conseils de King Mensah sur l’argent… King Mensah reste préoccupé par l’avenir de la jeunesse. Le «roi de la musique togolaise» a prodigué d’utiles conseils à la jeune génération qui doit selon lui, faire la part des choses entre le bonheur et l’argent. Tout ceci est contenu dans sa nouvelle vidéo publiée vendredi. C’est dans la chanson intitulée «Ega Begna» (affaire d’argent) publiée ce vendredi 6 décembre 2019 que le chanteur populaire du Togo a prodigué d’utiles conseils. Entre la quête de l’argent par tous les moyens et le travail, King Mensah a demandé aux jeunes de faire la part des choses et


se réjouir de la grâce de Dieu. Fort Boyard Afrique : la fin d’une belle aventure ! Clap de fin pour Fort Boyard Afrique. Annoncée en grande pompe, l’émission de divertissement consacrée pour la première fois aux stars africaines, prend fin. Après la diffusion de plusieurs numéros, le groupe arrive à la fin de la première saison de cette émission qui a retenue particulièrement l’attention chaque semaine durant plusieurs mois. «Nous tenons à remercier les courageux candidats qui ont fièrement porté les couleurs de leurs pays, ainsi que les nombreux téléspectateurs qui se sont montrés fidèles à chaque rendez-vous», peut-on lire sur les comptes des réseaux sociaux.

Dixième édition du concours «Slam national» à Madagascar Après une semaine d’épreuves éliminatoires, la grande finale de la dixième édition du grand concours

national de Slam de Madagascar a sacré ses vainqueurs, par équipe et en individuel, ce 14 décembre. Dans une salle bondée incapable d’accueillir tout le monde, devant un public bouillant, les poètes d’un genre nouveau ont prouvé à ceux qui en doutaient encore que cet art oratoire a de beaux jours devant lui sur une île où la culture de l’oralité prédomine toujours sur l’écrit. Les rappeurs maliens en tournée européenne… Les rappeurs MC Waraba et Méléké Tchatcho du groupe Suprême Talent Show présentent en tournée européenne leur album éponyme, une manière aussi de faire découvrir, hors des frontières du Mali, l›ambiance «balani show».

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Huitième président algérien, Abdelmadjid Tebboune : .Sorti des urnes, loin des attentes de la rue Texte : Moncef Mezgheni Dessin : Ali Mendalaoui 1- Naissance, finance et économie : - Dans la «Wilaya» (Gouvernement) Naama, n° 45, au nord-ouest de l’Algérie, limitrophe du Maroc voisin, est né Abdelmadjid Tebboune, le samedi 17 novembre 1945. - A rejoint à vingt ans (1965), l’École Nationale d’Administration, pour se spécialiser en économie et en finance. A décroché son diplôme, dans la deuxième promotion, en 1969. 2- Monsieur le Wali (Gouverneur) : - Dès sa jeunesse, il a occupé le poste de secrétaire général d’un certain nombre de Wilayas (gouvernorats): Adrar, Batna et M’Sila. - Est devenu Wali (Gouverneur) de 1975 à 1999 à Djelfa, Adrar, Batna, M’sila, Tiaret, Tizi Ouzou. 3- De l’Habitat au Commerce : - Abdelmadjid Tebboune a occupé plusieurs postes ministériels : - Ministre délégué chargé des Collectivités locales 1991 – 1992. - Ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme en 1999, puis celui la Communication en 2000. - Puis de nouveau celui de l’Habitat et de l’Urbanisme, en 2012. - Ministre l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, en 2013 et 2014. - Aussi, a été ministre du Commerce par intérim, suite au décès du ministre Bakhti Belaïb.

4- Chef de gouvernement, mais pour un laps très court : - L’ancien président Abdelaziz Bouteflika a estimé et décidé de nommer Abdelmadjid Tebboune au poste de Chef de gouvernement…. Ce dernier n’a pas fait long feu. - Abdelmadjid a peut-être outrepassé les prérogatives d’Abdelaziz, pour être limogé ? - Tout simplement, le président Bouteflika était sous l’emprise de ceux qui l’ont secondé aux présidentielles. - Abdelmadjid a été nommé au poste de Chef du Gouvernement, mais… -Il n’est resté à ce poste que 3 mois… A été démis par Bouteflika, sous l’emprise d’un entourage impliqué dans le jeu de l’argent et du pouvoir. 5- Ali Haddad sous les verrous. - Abdelmadjid a annoncé son intention de «séparer l’argent de la politique». Déclaration qui a entrainé des conflits, avec même des hommes d’affaires et financiers influents proches du président Abdelaziz Bouteflika, à l’instar d’Ali Haddad, propriétaire de médias et de télévisions, président Forum des chefs d’entreprises, mais aussi de la Première Ligue algérienne de Football. - Sans oublier la forte amitié de Haddad avec Saïd Bouteflika, frère du président Abdelaziz Bouteflika, emprisonné suite à son jugement ? 6- Entre bienvenue et départ : - La célébration de la victoire d’Abdelmadjid Teb-

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boune s’est faite sous le slogan «le peuple et l’Armée avec Tebboune», dans son quartier général à Alger. - Mais des segments du peuple algérien, composés d’autres candidats, et de jeunes en colère, sur un ton de protestation, ont considéré la montée d’Abdelmadjid Tebboune, dans un contexte d’accusation de trucage et d’usurpation des voix des électeurs. - Outre la sensibilité politique de l’ancienne génération dirigeante algérienne, le Front de libération et ses symboles, et ses hommes, que la jeunesse algérienne considère comme une barrière devant l’accès des jeunes algériens au pouvoir. 7- Tourner la page ou la lire de nouveau. - Abdelmadjid ainsi que toute la machine du pouvoir, essayent de tendre la main, à un peuple qui occupe la rue, scandant des slogans exigeant de tourner la page du Front de libération, des symboles du Front de libération, dans une rue, en quête de renouvèlement. - Le nom d’Abdelmadjid Tebboune s’est distingué comme tenant des meilleures chances, d’occuper un poste que Bouteflika a tant occupé : Présidence de la République. - Mais des élections, que certains taxent de falsifiées. 8- Appel du Hirak au dialogue : Abdelmadjid Tebboune n’a pas cessé sur un ton paternel d’essayer de calmer la rue, en tendant la main pour le dialogue.


- En présentant encore plus de promesses, pour que le peuple délaisse la rue et chacun retourne chez lui. - Peut-il comprendre que tout retour à la maison, signifie un dialogue auquel succèdera le silence. - Ou bien, le message émanant des symboles de l’ancien régime à un peuple jeune, dont le message est : - Nécessité de retour à l’obéissance et aux jeunes

de se repentir, délaissant le Hirak pacifique, que le pouvoir accuse de désobéissance. - Accusant les meneurs, comme le pouvoir nomme «la Bande», et «repaire de la misère». - Accusant aussi les medias occidentaux, français surtout, d’être toujours à l’encontre des intérêts du peuple algérien. - Aussi, dans les intentions des meneurs de la corruption et leurs compères à l’étranger, selon des

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agendas colonialistes, et de medias occidentaux (françaises surtout). - Ou bien Abdelmadjid Tebboune, le président élu de l’Algérie, et l’Armée nationale populaire, assimilent, en se demandant sur la nature de ce questionnement qui dure depuis presque une année, traversant sa profondeur, la rue algérienne pacifique. - Sans verse rune goutte de sang.



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