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paysage cinématographique en Tunisie

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Une «Nouvelle vague» va bouleverser le paysage cinématographique en Tunisie Mouna Ben Hamed, jeune cinéaste tunisienne, à «Majalla«:

Par Nasreddine Ben Hadid

L’équation du cinéma est très simple, et même linéaire. Il faut un maximum de salles, qui projettent un maximum de films, pour un maximum de spectateurs, qui reviennent un maximum de fois. En Tunisie, le nombre des salles régresse d’une année à une autre. Aussi, la fréquentation des salles encore «en vie» laisse à désirer. Un nombre grandissant de Tunisiens, même les citadins habitant près des salles, n’a jamais mis les pieds, et encore pires, ne compte pas et ne voit nullement l’intérêt de visionner un film dans une salle de cinéma, tant un abonnement pirate à un bouquet de chaines cryptés, met à sa disposition une offre plus que généreuse, via son téléviseur ou même l’écran de son smartphone. Dans cette décadence bien annoncée et surtout très bien apparente, se distinguent les films «autochtones», comprendre les films produits en Tunisie, par des Tunisiens. Ils tirent un peu mieux leurs épingles du jeu. Mais faut-il le rappeler, est révolu le temps, où «L’homme de cendres» de Nouri Bouzid ou «Les silences des palais» de Moufida Tlatli, et bien d’autres œuvres, tenaient la tête des affiches pour une dizaine de semaines, à guichets fermés. Côté production, aussi, le chambardement n’en ai pas moindre. La jeunesse cinéphile, est plutôt fasciné par la réalité qu’offre la vidéo, plutôt que le rêve/fantasme de créer SON «film» (au sens cinématographie du terme). Certes, existent toujours de «jeunes loups» mordus par le cinéma, dans le sens (très) classique du terme. Mais, à défaut de financements,, ils préfèrent ne point se croiser les bras, en investissant leurs dons dans la vidéo, mais surtout pensent à marquer la présence, et par conséquence, se faire un nom, à travers la production de documentaires ou autres produits, pour des stations de télévision étrangères, qui savent bien récompenser les œuvres de qualité. L’absence d’un marché local, aussi bien pour étroitesse potentielle du marché, que la réduction

Le cinéma tunisien a remporté des prix au niveau international, tels que le Festival de Venise ou le Berlinale Award.

Mouna Ben Hamed, jeune cinéaste, et coordinatrice du projet «Ciné jeune» à la Fédération Tunisiennes des Ciné-clubs.

des salles de cinéma, sans oublier les spectateurs qui ont déserté les quelques salles encore active, sans oublier la difficulté à assurer des marchés à l’exportation, n’a pas ancré la dimension «commerciale» chez les cinéastes et même ceux qui jouent le rôle de «producteur».

Le financement n’est autre à %85 au minimum, un montage d’aides, subventions, financements, de la part du ministère de la Culture tunisienne, mais aussi une multitude de fonds, caisses et programmes dans les pays européens, ou à l’échelle de l’Union européenne, qui financent le «cinéma du Sud». La francophonie aussi finance des projets cinématographiques dans des pays comme la Tunisie. Pour décortiquer et mettre au clair, «Majalla» a interviewé Mouna Ben Hamed, jeune cinéaste, et coordinatrice du projet «Ciné jeune» à la Fédération Tunisiennes des Ciné-clubs, et surtout fine observatrice du paysage cinématographique en Tunisie, qui a bien voulu braquer ses lumières sur la situation du cinéma tunisien :

* Comment expliquer le paradoxe : une diminution du nombre de salles de cinéma, et une augmentation continue du nombre de films tunisiens ? - Le phénomène de l’augmentation du nombre des œuvres cinématographiques et la chute du nombre des salles de cinéma, s’explique par la démission des pouvoirs publics, et un manquement à leurs devoirs envers les citoyens. A savoir lui garantir le droit à la culture. Un droit stipulé et garanti par la Constitution du pays, mais aussi les Déclarations universelles des Droits de l’homme. En somme, la politique culturelle en Tunisie est assez confuse, et n’est nullement au service du citoyen… Ceci, n’exclut pas quelques initiatives personnelles, qui tentent de mettre sur pieds des écrans alternatifs, aussi bien dans les grandes villes qu’à l’intérieur du pays, par le biais de ciné-clubs, des petits festivals, ou même dans les locaux d’associations de la société civile, en quête d’écrans alternatifs… Des efforts qui attestent l’attention que porte le commun des citoyens au cinéma, sans en recevoir la moindre attention ou encouragement, de la part des pouvoirs publics… il est déplorable que le nombre des salles de cinéma, soit, de très loin, au-deçà de ce que la Tunisie, en comptait dans les années soixante et soixante-dix.

* Dans quelle mesure peut-on dire que le cinéma tunisien est encore un cinéma d’auteur, en quête de l’autosatisfaction ? - En effet, le cinéma tunisien s›est toujours

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distingué comme cinéma d’auteur, à savoir des œuvres porteuses de la vision propre du réalisateur, sans grand souci de la dimension commerciale. Suite aux changements politiques et sociaux que le pays ait vécus ces dernières années, une nouvelle génération a vu le jour, animée par la ferme volonté de proposer une nouvelle lecture du cinéma tunisien, à travers des œuvres novatrices, aussi bien sur les plans idéologiques qu’esthétiques, basées sur une vision indépendante et plus libre qu’avant.

* Le cinéma tunisien est-il un cinéma de festivals, sans aucun souci de à la dimension commerciale ? - Le cinéma tunisien a remporté des prix au niveau international, tels que le Festival de Venise ou le Berlinale Award. Je ne le considère pas comme un cinéma commercial, mais plutôt un cinéma qui fait son chemin, porté par une nouvelle vague de jeunes, actifs pour révolutionner le cinéma tunisien.

* Quels sont les effets du financement étranger, présent dans tous les films tunisiens, parfois en grande proportion ? Quelle identité et quels sujets ces films présentent ? - Le financement étranger dispose d’une influence certaine sur le continu généralement, car ces sources ne financent que pour améliorer leurs images. Par contre, le cinéma indépendant nécessite une ambiance de liberté. Pour cela, un grand nombre de cinéastes doués ne trouvent pas l’occasion de concrétiser leurs rêves, tant la chance n’est pas la même pour tout le monde.

* A voir des jeunes signer de nouveaux films, peut-on parler de «nouvelle vague» ? Avec quelles spécificités ? - On peut aisément parler d’une «nouvelle vague», initié, prônée et dirigée par des jeunes cinéastes, qui jouissent d’une vision autre, plus axée sur une liberté plus vaste qu’avant. Une «nouvelle vague» de jeunes maitrisant un nouveau langage cinématographique. Ils sont en train de présenter une excellente une vision artistique. Ceci nous remplie d’espoir… Je pense que le cinéma est

certains jeunes ont recours à la vidéo, pour participer à des festivals, parce que la technologie a grandement contribué à faciliter le processus de tournage

L’affiche du film «Les silences des palais» de Moufida Tlatli.

parmi les secteurs, qui ont le plus profité de la Révolution. A savoir, une production et une qualité, qui ne cessent de s’améliorer, malgré une politique de subvention, pas très équitable.

* La «révolution tunisienne» n›a pas engendré ce que l›on pourrait appeler une «révolution cinématographique», ou «cinéma de la révolution». Comment expliquer cela? - Il est encore trop tôt pour pouvoir trancher quant à la relation entre la Révolution et le cinéma, mais tout indique que ce lien existe, et même ancré par l’esprit de la Révolution, qui a ouvert l’appétit des réalisateur, pour braquer leurs caméra et tourner, pour reporter la réalité à travers leurs visions. Je pense que cette révolution cinématographique est en gestation, malgré les entraves et les obstacles, qui se dressent devant la production cinématographique.

* Les jeunes préfèrent la vidéo comme support de participation aux festivals et aux compétitions. Cette démarche, ne représente-t-elle pas une menace pour l›espace du cinéma, et aussi son esprit? - Aujourd›hui, certains jeunes ont recours à la vidéo, pour participer à des festivals, parce que la technologie a grandement contribué à faciliter le processus de tournage... Aussi, parce qu’on ne peut demander aux jeunes cinéastes de rester inactifs dans l’attente d’une hypothétique occasion cinématographique. Chaque jeune cherche à la fois à s’exprimer, mais aussi sa chance. L’essentiel est l’épanouissement à travers l’expression, et la recherche permanente, jusqu’à tracer le chemin approprié.

Un magazine politique hebdomadaire

Issue 1788- Février 28/02/2020

Le magazine de «La Majalla»: Aborde sa cinquième décennie avec quatre langues… Et un passage du papier au virtuel

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«Les Trois mystiques» à Tunis… Une échappée belle aux couleurs du patrimoine oral tunisien, voire mythique : «Les trois mystiques», le spectacle donné lundi 24 février au Théâtre des Jeunes Créateurs par le Nouveau Ballet de Danse Tunisienne du Pôle Ballets et Arts chorégraphiques, qui a été au rendez-vous avec les lumières et les vibrations de la mémoire. Toute une histoire. Toute une ambiance. Une écriture scénique aussi, un style. Qui fait de cet espace de la Cité de la culture, plus ou moins grand plus ou moins noir, la pépinière qui accueille ces bribes d’expériences de corps portés par le mouvement. Trois histoires en une et le tour est joué pour concocter un ensemble captivant qui nous embarque droit dans les arcanes de notre mémoire collective au détour d’une histoire ou d’un mythe raconté d’une voix off qui se déverse dans les coins et recoins de la salle.

Oudhna, mémoire et patrimoine… Dans le cadre de ses activités de promotion du patrimoine, l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), dont l’équipe s’active et fait de son mieux pour rehausser le patrimoine, a organisé récemment une visite guidée destinée aux représentants des médias nationaux et arabes dans le site archéologique d’Oudhna situé à environ 30 km de Tunis. La cité romaine d’Uthina, le site a été, à l’époque, un bourg selon les données révélées par la céramique trouvée sur les lieux. Abandonnée depuis, elle a bénéficié de travaux de mise en valeur en 1993. Ces travaux ont permis de sortir des décombres et de l’oubli cette ville et ses riches monuments qui sont principalement : le capitole, l’amphithéâtre,

les grands thermes publics, la maison des Laberi et ses thermes, les thermes des Amours pêcheurs, la maison dite de l’Industrius, les grandes citernes, l’aqueduc et le théâtre.

Le court à l’honneur… La maison de la culture Ali-Zaâmoum de la ville de Bouira, à est d’Alger, abrite depuis lundi la deuxième édition des journées nationales du courtmétrage amateur avec la participation de plusieurs jeunes réalisateurs venus des différentes régions du pays. La deuxième édition se veut un hommage au réalisateur Mohamed Rahal. Plusieurs autres jeunes réalisateurs

amateurs issus des wilayas d’Alger, Chlef, Mostaganem, Tindouf, Relizane, Annaba, Béjaia, Bouira prennent part à cette manifestation, a expliqué la directrice de la maison de la culture, Saliha Chirbi.

Des métiers qui se perdent… Voici une exposition de produits d’artisanat traditionnel et des anciens métiers de la ville d’Alger qui ne peut laisser le regard indifférent tant elle reflète la grande diversité des produits de grande qualité qui en sont issus. Mais une exposition qui, du même coup, ne peut qu’attrister le visiteur-spectateur avisé dans la mesure où la plupart de ces métiers ont —presque totalement— disparu. La raison est toute simple : dans cette exposition, on trouve, en effet, toutes sortes de produits et articles issus des métiers et de l’artisanat du vieil Alger —anciennement La Casbah— presque tous, hélas, disparus depuis, ou en voie de disparition. On a ainsi pu noter combien de nombreuses branches telles la dinanderie, le tissage, la bijouterie, les habits traditionnels féminins, la dentelle sur soie, la céramique, le bois sculpté, les motifs floraux peints sur bois, la pâtisserie et confiserie traditionnelle, voire les articles de brocante, etc. dans lequel elle cherche à exprimer les moments de tristesse, d’anxiété et de confusion éprouvées par les personnes dans leur confrontation aux aléas de la vie, a fait savoir «Jaylann» dans de nombreuses déclarations à la presse.

«Chi wqat», nouveau titre de Khaoula Moujahid… La chanteuse marocaine «Jaylann» de son vrai nom Khaoula Moujahid, a fait son retour avec un nouveau titre intitulé «Chi wqat» interprété en duo avec Abdelilah Arraf alias «Beethoven», dans lequel ils font part de leur compassion envers les personnes qui passent par des moments délicats de leur vie. «Chi wqat» (parfois) est le titre choisi par la lauréate de l’émission «The Voice» et son compagnon d’art, dans lequel ils mettent en lumière les états psychologiques caractérisant les épisodes dépressifs qui peuvent survenir aux différentes étapes de la vie. «Chi wqat» est l’un des neuf titres de son prochain album, «Ghetto»,

Celui qui vient de l’avenir… Un ouvrage collectif intitulé «Celui qui vient de l’avenir, Abdelkébir Khatibi» vient de paraître aux éditions Toubkal. Réalisé sous la direction de l’enseignant-chercheur Abdelghani Fennane, l’ouvrage célèbre l’empreinte laissée par le défunt écrivain et penseur sur la culture marocaine. Ce livre vise à préserver la mémoire d’un grand penseur qui a marqué de son empreinte la culture marocaine, indique M. Fennane, relevant que l’objectif est d’engager des réflexions sur l’œuvre de feu Khatibi

et de contribuer aux «projets» intellectuels contenus dans ses écrits afin de les transmettre à la nouvelle génération de lecteurs et chercheurs. Pour concrétiser cet objectif, le choix a été porté sur des noms comme Ghita El Khayat, Mohamed Bennis, Khalid Zekri, Mourad El Khatibi, Abdessalam Benabdelali qui appartiennent à trois étapes de l’histoire de la culture marocaine contemporaine.

Le 5e album de Batoro… Le parolier Don Sharp de Batoro a dédicacé le mardi 25 février 2020 à Ouagadougou au musée national, son

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le jeune des quartiers non-lotis. Dans un slam humoristique dont lui seul a le secret, il s’érige en grand défenseur des quartiers défavorisés de la capitale burkinabè. Il est connu du public avec son titre phare «nassar pougyaanga» ou encore «la vieille blanche».

Coumba Touré, lauréate… Le prix Martin et Correta King pour l’unité internationale sera décerné à Coumba Touré lors de la célébration des Mouvements pour le droit de vote des Afro-américains. Ce sera le 1er mars 2020 dans la ville américaine de Selma. La présidente du Conseil

nouvel album. Il est intitulé «Soundjata, le fils du buffle». Et de cinq (5) pour l’artiste Don Sharp de Batoro. Le parolier burkinabè a présenté son nouvel album le mardi 25 février 2020 au musée national. Le nouveau bébé de l’artiste porte le nom de «Soundjata, le fils du buffle». C’est un opus de 12 titres chanté en français, en dioula, en gourounsi et en mooré. Le titre «Soundjata» rend hommage à l’empereur du Mali, celui qui a fait écrire la charte du Mandé. Il invite chacun de nous à réveiller le leader

qui sommeille en nous. Pour cet album, le griot des temps modernes a collaboré avec d’autres autres artistes. Dans le titre «Sougri», Seydou Batoro, son nom à l’état civil, prône la paix et le vivre ensemble. Il est en collaboration avec Bagagnan.

Dabross, la star des quartiers précaires… L’on pourrait dire que les quartiers précaires d’Ouagadougou ont leur star. Il s’agit de l’artiste Dabross. Il est surnommé le « non loti jeune », entendez par là,

d’administration du think thank Trust Africa, Coumba Touré, recevra le 1er mars à Selma, dans l’Etat d’Alabama aux Usa, le prix Martin et Correta King pour l’unité internationale (The Martin and Coretta King international unity award). Mme Touré recevra cette distinction lors de la célébration des Mouvements pour le droit de vote des Afro-américains, en présence d’illustres militants du monde entier qui vont revisiter les acquis démocratiques des manifestations de 1965. Elle recevra sa distinction en même temps que Stacy Abram, le député de l’Etat de Georgia, et trois autres nominés Martin Luther King III, son épouse et sa fille, indique le think

la toute-puissance et de l’éloquence, le travail du fer est un art millénaire. Au Musée du Quai Branly à Paris, l’extraordinaire exposition Frapper le fer nous révèle les multiples dimensions de l’art des forgerons africains, du XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. C’est l’une des traditions de fer forgé les plus sophistiquées au monde. En Afrique, les forgerons jouissent d’une réputation pratiquement divine. Au Musée du Quai Branly à Paris, 230 pièces historiques et contemporaines exceptionnelles du Nigeria, du Mali, du Bénin ou de la République démocratique du Congo nous familiarisent avec la beauté frappante des couteaux de jet ou le rôle des roisforgerons luba, avec les ornements et le pouvoir, les fers chrétiens et musulmans… Depuis 2.500 ans, les prouesses techniques des forgerons ont investi en Afrique à la fois les actes sacrés et la vie quotidienne.

thank Trust Africa dans un communiqué.

Exploit pour Kenneth Ize… Direction Paris en France pour découvrir les créations d’un jeune designer nigérian, Kenneth Ize qui a fait ses débuts lors de la Fashion Week cette semaine… A 29 ans, ce styliste originaire de Lagos estime que l’Afrique a mieux à montrer que du wax. Il a donc puisé dans tout le patrimoine textile africain pour présenter une collection très contemporaine … et s’est même offert Naomi Campbell pour son premier défilé.

L’art des forgerons africains… Symbole de prospérité et d’autorité, de

La nuit est tombée sur Dakar C’est un coup de cœur littéraire que nous fait partager Aminata Thior. «La nuit est tombée sur Dakar» raconte l’histoire de deux jeunes Sénégalaises qui veulent à tout prix échapper à leur condition et sortir de la pauvreté. On rit, on pleure, on s’émeut à la lecture du roman d’Aminata Sophie Dieye, disparue il y a quelques années. «La nuit est tombée sur Dakar», éditions Grasset.

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Le magazine de «La Majalla»: Aborde sa cinquième décennie avec quatre langues… Et un passage du papier au virtuel

Dessin : Ali Mendalaoui

1. Le magazine qui se nomme «La Majalla». Son nom résume son être ? Ainsi, elle est venue au monde, et y a insisté depuis l’apparition de son premier numéro, qui a vu le jour, le 1er février 1980, por- tant le nom qui lui a été attribué par les deux frères fondateurs : Hichem et Mohamed Ali Hafedh. «La Majalla» dispose de sa propre lignée, avec une généalogie bien claire : Elle est la sœur cadette du journal «Al-Sharq Al-Aw- sat»: Le quotidien arabe international, tous deux publiés par la «Saudi Research and Publishing Company», fondée par le prince Ahmed bin Salman bin Abdelaziz en 1978.

2. La couverture en appel, et le continu en consistance. «La Majalla» admet toujours un thème prin- cipal en couverture (photographie, ou des- sin), accompagné d’une courte synthèse, qui donne envie au lecteur de voir plus clair dans les pages internes. Le premier numéro de «Majalla» est appa- ru sous le titre : «Que préparent les EtatsUnis?» Avec une photo en couleurs d’un soldat Américain.

3. Ligne éditoriale : Ouverture sur le Monde Arabe et sur le monde. «La Majalla» a vu le jour avec une ligne édi- toriale claire, nette et bien tracée, à savoir celle définie par sa sœur aînée, le quotidien «Al-Sharq Al-Awsat». A savoir un équilibre bien défini, sans prise de partie, avec une di- versification des articles et des sujets sans les limiter à la politique. En somme, une co- habitation de points de vue différents, tout comme est la vie.

4. Une tribune pour Néjib Mahfoudh, Taïeb Salah, Abdelkoudous, Kahil, Haydari, et beaucoup d’autres. Depuis sa parution, le comité de rédaction de «Majalla» a insisté pour attirer les meil- leures plûmes arabe. Ainsi, «La Majalla» fut le support du plus célèbre écrivain Arabe Soudanais, Taïeb Salah (1929-2009), qu’y tenait une colonne hebdomadaire, où il a pu relater les aven- tures de son héros «oublié» et ses histoires, sur plusieurs semaines. Cet écrivain fut sui- vi par des lecteurs, qui vouent encore une admiration pour son style, à la fois simple et distinguée. Toute cette matière fut publiée dans un recueil, parmi les œuvres de Taïeb Salah (Riyad Najeeb Al-Rayes Publica- tions). Le célèbre écrivain égyptien Ihsane Abdelk- oudous, a tenu une célèbre colonne «Du café de la rue politique», où il a pu relater les discussions tenues dans les cafés du Caire, entre un vieux et un jeune, concernant les évènements qui se sont déroulé entre 1976 et 1978. De même, pour l’écrivain, Prix Nobel, Najib Mahfoudh, et l’écrivain satirique Mahmoud Al-Saadani, qu’y racontait ses aventures en politique et dans la vie. Sans oublier Fahmy Howeidi, Ahlam Mostaghanemi, Latifa AlShaalan, Jaafar Abbas et Ali Al-Amim, ainsi que le journaliste britannique Patrick Seale. Actuellement, on trouve le diplomate chev- ronné, Dennis Ross, Joseph Proudy, Haneen Ghaddar et une sélection d’écrivains arabes et occidentaux. Sans oublier une rédaction formée de journalistes compétents. Quant au poète kurde, irakien, Blend AlHaidari (1926-1996), arabe de langue, et un des pionniers le plus éminent de la poé- sie libre, il a supervisé la section culturelle et plastique. Une section qui n’a cessé de s’agrandir, au point où la Direction de «Ma- jalla» a décidé d’en faire une revue à part, incluse dans la «Majalla».

5- Des rédacteurs en chef, de tous les hori- zons arabes. «La Majalla» a du obéir à la loi de la nature, à savoir toute publication survit à ses créa- teurs ou à ses rédacteurs. Le magazine saoudien «La Majalla» a dé- passé les limites entre nationalités arabes, pour connaitre des rédacteurs en chef suc- cessifs de plusieurs nationalités. En premier le Libanais Abdelkrim Abu Al-Nasr, puis l’Egyptien Emad Al-Din Adeeb, les Saoudi- ens Othman Al-Omair, Abdul Rahman AlRashed, son adjoint Matar Al-Ahel, et Hani Naqshbandi... De nos jours, occupe ce poste le Libanais Ghassan Charbel.

6. Majalla en période des mutations. Le passage du papier vers le monde virtuel était inévitable, et le magazine «Majalla» a accompli ce pas en 2014.

7- Un changement substantiel et une revue multilingue En 2010, le Dr Adel Zaid Al-Turifi a pris en charge la restructuration du magazine londonien, suite à une interruption momen- tanée de la version papier, pour paraitre en version électronique. Sous sa présidence, le magazine a été développé et lancé en plus- ieurs langues, avant de le rééditer en version papier dans une édition mensuelle avec une nouvelle vision et une nouvelle direction. Ensuite, elle est passée à une copie numé- rique hebdomadaire, dirigée par Ghassan Charbel.

8. «La Majalla» multilingue. «La Majalla» a insisté pour être multilingue, tout en préservant son aspect esthétique et son format. Ceci dans le but de toucher des lecteurs d’autres langues, et être à l’écoute des opinions arabes concernant les diffé- rentes questions du monde. pour en faire une publication en plusieurs langues autres que l’arabe, à savoir l’anglais, le français et le persan.

9- Célébrités dans les rangs de «Majalla». L’artiste libanais Mahmoud Kahil était l’un des caricaturistes arabes les plus en vue, qui ont collaboré avec «La Majalla», et était célèbre pour sa signature par un «corbeau». L’artiste irakien Ali Mandalaoui œuvre pour ajouter sa touche esthétique à travers la ru- brique «Profil». Mon humble personne tente de dresser par écrit un portrait du la per- sonne du «Profil». Nous devons à «Majalla» la reconnaissance d’avoir ouvert ses pages à la caricature, contrairement aux autres re- vues arabes. «La Majalla» n’a épargné aucun effort pour présenter les talents arabes de la caricature. Elle a publié des interviews, des enquêtes, et des reportages, concernant des caricaturistes Arabes, à l’instar de Mohamed Zouaoui, le défunt Naji Ali, sans oublier Mokdad, le jeune Soudanais.

10. Engagement en faveur de la caricature. Trente ans en arrière, à Londres, en 1989, «La Majlla» a décidé de célébrer la carica- ture arabe, ainsi que et ses figures les plus marquantes, aussi bien ceux qui publient sur ses colonnes, que les autres. Elle a lancé dans ce sens un festival, qui a recueilli un large écho dans la presse arabe et internationale. A savoir «Le premier Festival de Londres de la caricature arabe».

11. «La Majalla» et tant de soucis. L’âge de toute revue se mesure à sa contri- bution à éclairer l’opinion publique, à traiter les sujets par anticipation, et garantir la lib- erté du travail pour ses rédacteurs. Ainsi, s’établissent des relations nouvelles entre la rédaction et le lecteur. La survie de «Majalla», au pays du brouil- lard est un fait que l’histoire classe en faveur de cette publication, qui pu garder le cap, et ce malgré les tempêtes. Faut-il préciser que plus d’une publication arabe a baissé ses rideaux, et a préféré dis- paraître. Sauf «Majalla», que personne n’a chargé de protéger les médias arabes dans un pays comme la Grande Bretagne. Elle a pu survivre, car croyait au pouvoir de l’opinion, pas à l’opinion du pouvoir.

12. Un demi-siècle qui n’est guère loin. L’écrivain français Albert Camus a écrit : «Le journaliste est l’historien du présent». Dans ce sens la Revue «La Majalla» a con- stitué une histoire hebdomadaire de la vie, d’un point de vue arabe, dont l’adage est : Espérer dans l’instant qui suit. Ou porter un regard dans un œil endormi... «La Majalla» célèbre cette année, 2020, ses quarante ans, avec toute la maturité que représente cet âge, et aussi la capacité d’accomplir une autre décennie pour attein- dre le demi-siècle ... Dans l’espoir de fêter le siècle en 2080, il ne faut guère oublier que la Revue «Majalla» est la digne descendante d’une mère magis- trale, qui se nomme «Al-Sharq Al-Awsat», sans oublier que la revue «Majalla» est la vie ... qui traverse les années et ne convient qu’à... la vie.

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