Evanescences Expérimentations du vide et du sublime à Feyzin
Mémoire de PFE . Manon Fourneret . ENSAL 2015-2016 Sous la direction de Monsieur Boris Bregman Manon Fourneret . Mémoire de PFE . ENSAL 2016
Remerciements : A l’équipe enseignante S9: Christophe Boyadjian, Pierre Gras, Frederico Ferrari, Marc Bigarnet, Nune Tchilinguaryan A l’équipe enseignante S10: Boris Bregman, Boris Roueff, Marc Bigarnet, Nune Tchilinguaryan A mon directeur d’étude S10 : Boris Bregman Aux étudiants du studio SPAA 2015-2016 A mon groupe de projet S9: Léo Boggio, Mickaël Dos Santos, Pénélope Fléchet, Malaury Forget, Yoanna Fournier et Raphaël Masbernat. A mon amie et binôme de projet S10: Malaury Forget. A Pénélope Fléchet, Yoanna Fournier, Malaury Forget, Léo Boggio, Mickaël Dos Santos et Victor Cador élève ingénieur de centrale Lyon, pour leurs critiques et leur investissement dans mon projet ainsi que pour leur sensibilité et leur confiance. A mes proches et à mes amis qui m’ont prêté main forte et attention pendant toute cette année.
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Mémoire de Projet de Fin d’Etudes d’Architecture . Manon Fourneret . Studio Stratégies et Pratiques Architecturales Avancées . ENSA LYON . Juin 2016
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Prélude.
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SPAA, (Stratégies &Pratiques Architecturales Avancées) est un cursus en architecture qui nous engage dans une réflexion autour des stratégies et des approches architecturales, dans le cadre de notre société contemporaine. Au fil de ce cursus, et de son enseignement, nous apprenons à forger un sens critique qui nous est propre, mais également à nous former nousmême loin de l'encadrement pédagogique.
de chercher une altérité architecturale en nous appuyant sur des sujets théoriques.
Le territoire d'étude de la vallée de la chimie vient servir une question essentielle du projet, l'habiter. Or comment architecturer le concept d'habitat aujourd'hui ? L'immensité de ce territoire représente une absence totale de cadre. Cependant, ce vide va permettre de cultiver un recueil de questions, de principes, de rêves, propres à chaL'objectif de ce domaine d'étude, à travers cun. l'élaboration d'une pensée critique s'inscrivant dans le processus de mutations des L'image, l'icône, la référence m'ont permis villes, convient d'aborder des notions théo- de composer ce recueil. Des architectes riques explicitant les problématiques po- théoriciens aux artistes, sculpteurs, grasées par l'urbanisme et l'architecture de nos veurs, musiciens, poètes... ma pensée ne fut jours. La thématique abordée porte sur un que comblée et fascinée par leurs principes. territoire d'étude, la Vallée de la chimie, re- En effet, la composition classique, la symétrie, le poché que l'on retrouve dans cerprésentant l'ici et l'ailleurs. tains projets de Mies Van der Rohe, Chipperfield, ou d'Edouard Chillida provoquent L'étude de ce vaste territoire, les lectures une certaine admiration. Par ailleurs, accompagnant notre réflexion, le travail de d'autres démarches architecturales plus alla matière, du modèle...ont suscité des in- gorithmiques, chaotiques ou futuristes, obtuitions, des obsessions. Le studio de SPAA servées chez des architectes tels que Zaha a permis d'approfondir ces intuitions. Cet Hadid, Frank Gehry, Kengo Kuma, Oscar ultime projet de fin d'étude sera l'occasion Niemeyer... viennent se mélanger au champ de laisser libre cours à l'expression de ces lexical de la modernité et du classicisme. obsessions. L'objectif de ce studio était donc de réaliser L’exercice de projet est un chemin d’expéri- un projet architectural empruntant certains mentations au détour duquel nous tentons de principes de la modernité tout en perpétuant et développant une écriture contemporaine. reproduire certains principes et
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Sommaire.
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Contempler . Un récit territorial . La question du lieu . Introduction aux questions d’Architecture Révéler . Le contexte . Le vide . Le modèle . La critique . Le sentiment de l’abstrait Sublimer . Construire une image, imaginer une construction . Le caractère . Expression et composition . La Stimmung . Epilogue . Bibliographie
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Abstraction n.f.
Opération intellectuelle qui consiste à isoler par la pensée l’un des caractères de quelque chose et à le considérer indépendamment des autres caractères de l’objet.
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Contempler
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Caspar David Friedrich, le voyageur contemplant une mer de nuages Manon Fourneret . MĂŠmoire de PFE . ENSAL 2016
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Un récit territorial.
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Vallée de la chimie
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Le plan guide de la vallée de la Chimie, objectif 2030, a été publié en septembre 2015. Rédigé par OMA, l’agence d’architecture et d’urbanisme de Rem Koolhaas, ce plan guide fait état d’une analyse très complète des enjeux métropolitains du territoire. Dans la démarche stratégique de SPAA nous considérons comme pré-requis trois des grands axes dégagés par OMA. Soit la création d’un réseau de RER, réutilisant les chemins de fer et les gares existantes. Il s’agirait d’augmenter la fréquence de passage des trains pour passer sous la barre psychologique des 15 min. Cette démarche ouvrirait sur un travail autour du quartier de gare et des services proposés à chaque nœud de transports. Puis le renouvellement de l’industrie qui par l’appel des 30, la métropole cherche à apporter une nouvelle forme d’industrie, plus propre. L’analyse d’OMA révèle en effet, la présence de nombreuses parcelles industrielles non utilisées qui pourraient permettre l’implantation de nouvelles entreprises «Clean Tech».
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Enfin, le concept de transnaturalité, développé par l’équipe de Rem Koolhaas, propose aussi d’utiliser les parcelles non utilisées par l’industrie existante, de façon à y planter des végétaux qui auront pour rôle premier de dépolluer les sols. Une étude très approfondie des espèces végétales à planter selon différentes phases temporelles, permettrait d’enclencher un processus de revalorisation des sols. L’approche d’OMA est donc une base à notre étude. L’agence ayant cerné et très bien rendu compte des enjeux globaux du site, nous avons choisi de calquer, sur ces enjeux, la question de la culture fluviale. Ainsi, à grande échelle, nous avons procédé à un recensement des différents points de contact à l’eau, existant sur l’intégralité du Rhône. Ainsi notre démarche venant compléter les grandes directives d’OMA, nous avons abordé le site selon une problématique locale, s’inscrivant dans un contexte de ville globale.
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Halte fluviale . ponton à Genay
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INVENTAIRE FLUVIAL
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En complément de la démarche proposée par OMA nous avons analysé le site selon une approche plus sensible. La première étape fut de dresser un inventaire des différentes formes de contact à l’eau. L’étude s’est faite en amont et en aval de Lyon sur le Rhône et la Saône. En découle alors une qualification des différentes haltes fluviales : plaisance, restauration, production. De nombreux usages sont possibles mais ce sont les espaces publics qui nous intéressent. L’objectif de cette étude était de donner une définition de la culture fluviale que nous avons synthétisé sous forme de vidéo en exprimant par le dessin la sensation d’habiter au bord de l’eau. Suite à cette analyse sensible du territoire, le deuxième axe stratégique que nous avons mis en place concerne le caractère singulier de chaque partie de notre territoire d’analyse. La métropole lyonnaise contient un grand nombre de communes, ayant chacune des particularités locales, par exemple, une agriculture intensive dans certaines communes, la culture de vergers dans d‘autres, les problématiques d’attractivité et de développement de Givors ou bien la raffinerie de pétrole à Feyzin.
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Barrage - Irigny
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Ainsi, pour répondre à la question d’habiter au bord du fleuve dans la vallée de la chimie, il nous a semblé pertinent de traiter la solution du franchissement de façon à valoriser un axe urbain qui inclurait l’eau afin de réintégrer le fleuve dans le paysage quotidiens des habitants de la vallée. Cette application nous a permis de mettre en valeur le caractère singulier de chaque zone d’intervention. Par exemple, dans le cas de Feyzin, pour traverser l’eau, il nous sera nécessaire de traverser le tissus industriel de la Raffinerie. Ce récit territorial naît de la poïétique fluviale que nous avons élaboré au cours de l'analyse du territoire de la Vallée de la chimie. Récit spatio-temporel, débutant dans le moment présent, construit à partir des éléments du contexte actuel. Ainsi nous écrivons les premières lignes de l’histoire, nous proposons une fin, mais le récit s’écrira tout seul, les péripéties varieront et offriront certainement un dénouement différent.
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Les Transversales de la Vallée
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Cette façon d'écrire ce récit de la ville et du territoire nous accorde une grande liberté dans l'approche de la question urbaine. L'histoire, la narration, ouvrent sur des flux d'images, de références, d'icônes, de modèles... Ce récit n'est pas dans la censure. Il accueille à tout moment de nouveaux acteurs, se sépare d'autres, explore tout lieu quel qu'il soit, et permet à tous de participer à l'écriture d'une fin. A l'écriture du territoire, de la ville, du quartier. C'est en cela que le récit urbain convoque des dynamiques, des actions, des mouvements. Il souligne la vivacité de l'organisme vivant qu'est la ville. Mais il ne juge pas la qualité de son espace urbain, son habitabilité ou son hostilité. Ce récit doit nous faire prendre conscience que la ville doit être prise dans sa totalité. Il donne lieu à idéaliser le pire des villes, et à la projection dans celles-ci de nos plus belles images urbaines, de nos plus belles intuitions. Nous nous situons dans la grande plaine du Rhône du sud Lyonnais...La Vallée de la Chimie. Depuis les années 1950, cette plaine est aujourd’hui vouée en majeure partie à un secteur lourd, celui de l’industrie de la chimie. Liée historiquement à l’industrie textile, l’industrie fut reléguée sur les bancs de Lyon dans les années 1850 pour des raisons d’hydrographie.
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Cette portion de la plaine alluviale, qui s’écoule du Port Edouard Herriot à Solaize s’est vue être profondément modifiée au cours du temps. Le Rhône est en effet un fleuve fort, sauvage, vif, indomptable. Il est le maître de la vallée, la modèle à sa manière. Cette poïétique fluviale nous en a fait prendre conscience et nous a amené à rechercher et contempler les qualités de son territoire. Le fleuve sculpte le paysage. Plateaux, collines, blâmes, plaines sont le fruit de la genèse du Rhône. C’est pourquoi le site de Feyzin nous a intéressé, il symbolise une vallée dessinée par le temps et son fleuve qui raconte ce récit. Le récit d’une ville, d’une agglomération commençant bien en amont, mais qui reste sans fin sur cette portion de la vallée.
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Feyzin
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L’histoire s’assombrie au moment où le Rhône se voit être dompté, maîtrisé et aménagé par l’homme. Face à son caractère indomptable et aux nombreuses crues rendant l’aménagement difficile de la plaine de Feyzin, un canal fut créé par l’état aménageur de l’époque et la CNR ( Compagnie Nationle du Rhône). Le couloir de la chimie n’a donc pas vu son aménagement s’arrêter après l’implantation de l’usine Rhodiacéta du quartier de la Belleétoile.
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Canal et raffinerie de Feyzin
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STRATIFICATION
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1972 Construction du canal
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Mais la construction de ce canal pour rendre le Rhône navigable n’était rien comparé aux grands projets implantés avec l’U.G.P ( Union Générale des Pétroles ) dans cette vaste plaine... L’implantation du plus grand complexe pétrochimique de l’époque, dans la plaine de Feyzin. Ce gigantesque point noir, cette infrastructure puissantes vient complètement changer le paysage de la vallée. Par sa taille, son ampleur, elle se créée sa propre image, mais aussi l’identité de tout un quartier, de toute une vallée, d’un Territoire. L’eau, l’espace, la périphérie Lyonnaise, participe à cet emplacement stratégique. Dans le même temps, le tracé de l’autoroute A7 était prêt, et le projet de la création d’une gare de triage (Sibelin) voyait aussi le jour sur Feyzin et Solaize. En effet, la force de cette industrie, son identité, l’emportent sur la sauvegarde de la plaine. La desserte de la raffinerie devenait primordiale.
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Vue aerienne de la plaine au niveau de Feyzin - 1965
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Mais regardons d’un œil positif la création de cette autoroute. Il est vrai, rien de tel que de voyager en aval d’une vallée, sur la route où la vitesse nous perd et accélère la perception de l’essence des choses. Elle nous permet d’admirer le paysage, des horizons, des villes, des marqueurs urbains... Mais nous gardons cette liberté de nous en détourner. Ce déplacement bien qu’à grande vitesse, peut être assimilé à un parcours d’exposition. Le couloir de la chimie serait une partie de la galerie urbaine Lyonnaise. De la vallée de la Saône à la Vallée du Giers regorgent marqueurs et icônes urbaines, et tout particulièrement à l’entrée de Lyon. La raffinerie de Feyzin en fait partie malgré son impact sur les habitants de la commune. Ses cheminées par leur finesse dessinent le paysage, lui confèrent une image majestueuse.
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Vue Raffinerie de Feyzin - 1965
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Par ailleurs, l’église de Feyzin peut être une autre icône architecturale. Quel est ce clocher surplombant la Bâlme ? La Bâlme espace marquant dans le paysage...Qui a-t-il derrière ? Feyzin se développe-t-il encore au delà de ce petit vallon ? Le quartier des Razes ne serait-il donc pas le seul espace habité finalement ? La voie ferrée nous l’a pourtant laissé penser ? Quelle rupture dans ce petit village... Cette frange ferroviaire aujourd’hui a totalement coupé la ville médiévale que l’on connaissait de Feyzin et généré l’apparition de parcelles de maisons pavillonnaires voulant bien cohabiter avec elle... Ces quelques lopins de terre ont donné naissance à une ville diffuse qui se construit là où l’espace est disponible, entre les entreprises qui s’installent petit à petit puisque l’autoroute permet leur activité.
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Cimetière et église de Feyzin
Gare de Feyzin
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Le quartier des Razes est-il coupé du reste de Feyzin et de ses plateaux ? Non loin de là, le pont autoroutier permet d’enjamber l’infrastructure ferroviaire. Et quel pont ! Surplombant quelques maisons d’époques il ne passe pas inaperçu et relève de l’imaginaire, du cinéma !
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Pont routier près de la gare de Feyzin
AT-AT in fog, Dubai, 2009 de Cédric Delsaux
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L’autoroute, la voie ferrée, le pont autoroutier, la raffinerie... quel tableau bien noir de Feyzin. Mais qu’en est-il de la gare ? Légèrement surélevée, tenant tête aux mas de la raffinerie, elle est une des portes d’entrées de l’agglomération lyonnaise et tend les bras à la descente de ce petit vallon pour l’orienter vers un nouvel urbain. Elle ouvre et ferme la gare de triage. Elle est un maillon du village. Et cette petite passerelle qui disparaît dans la Bâlme ? Tant de curiosités, de découvertes, de richesses paysagères regorgent tout le long de cette frange et sur cette plaine de la vallée de la chimie. Mais si nous parlons d’une vallée de la chimie, de réseaux routiers, de pont, de passerelles...nous parlons certainement d’un espace à vocation industrielle, mais aussi et tout particulièrement d’un espace habité. Cette plaine fluviale a en effet toujours été habitée, et l’est encore de nos jours, et plus encore face à la croissance lyonnaise, malgré la présence hostile d’un des sites industriels les plus dangereux et les plus polluants du pays.
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C’est sur cet habiter que porte notre réflexion. Par ailleurs, la question de l’habiter est posée à une vaste échelle, à l’échelle de toute une vallée. Cette posture de cohabitation entre habitat et pétrochimie est tangible et appelle à des hypothèses d’aménagement et réponses stratégiques de notre part. Il s’agit de problématiques tant urbaines qu’architecturales. La vallée de la chimie par son analyse territoriale, nous amené à voyager au delà de ces limites, de Givors à Villefranche. L’amont et l’aval du Rhône a participé à l’écriture de ce récit. Le cours de métropoles fluviales nous a fait sortir de la vallée pour nous évader dans ces villes afin de nous inspirer, de nous créer notre propre imaginaire du lieu, du territoire. Un travail de dessin et de vidéo tourné sur la prédominance de l’eau servit à chacun la genèse d’intuitions quant au thème d’habiter la Vallée de la Chimie.
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Passerelle près de la gare
Habitations dans Feyzin bas
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La situation de la ville basse nous a donc interrogé à Feyzin. En effet, l’habitation se voit très peu aménagée au point d’en devenir fragile et presque tragique, malgré l’hostilité des lieux. Qui plus est, la population continue pourtant à l’habiter malgré tout de façon émouvante... Face à ce récit, mon intuition, qui est d’habiter le territoire de Feyzin aux fortes questions identitaires, était de créer un projet amenant à voir au delà de la ville, de s’évader de cet environnement hostile. Un projet permettant de nous élever afin de mieux contempler la source de la vallée tout en surplombant la ville, de nous détacher de ce sol pollué. Réaliser un projet convoquant les différents enjeux du territoire tout en l’intégrant dans cette galerie territoriale d’édifices et d’icônes urbaines. Lui donner tout le caractère possible afin qu’il se démarque dans ce territoire dominé. Son identité devra servir la population de Feyzin, tout comme le bien être de ses habitants, leur dignité, leur confort, leur protection, tout en restant humble dans le paysage...
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Vue depuis un champ d’un Feyzin Bas
Vue De la Raffinerie de nuit
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La question du lieu.
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« Qui n’est pas concerné par le lieu ? Le lieu est habité par celui qui aime y séjourner comme par celui qui passe parfois pressé, parfois indifférent… Le lieu marque une situation déterminée, un « où » concret et sensible dans lequel évoluent des corps. Le topos grec est un lieu qualifié, une place. Chez Aristote, toute chose se trouve en quelque endroit, mais le lieu est différent des corps qui l’occupent. Il est « limite du corps enveloppant », « corrélatif au mouvement. » Source : Lieux contemporains, sous la direction de Chris Younès & Michel Mangematin, Paris (1997) Chris Younès et Michel Mangematin
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Notre réflexion se situe précisément dans la plaine de Feyzin située de part et d’autre d’un coteau. Feyzin est une ville étagée prennant place historiquement sur le relief des Bâlmes de la rive gauche du Rhône face aux premiers contreforts des monts du lyonnais. Cette partie sur le « lieu » est un questionnement préalable et théorique afin de mieux percevoir et comprendre les enjeux de ces lieux formant la cartographie urbaine du territoire et de la commune de Feyzin. L’étymologie du mot lieu vient du latin locus qui signifie « place, endroit ». Ainsi le lieu désigne donc une « situation spatiale de quelque chose, de quelqu’un permettant de le localiser ». Cette définition du lieu montre qu’il possède une origine précise où l’espace et le temps sont clairement définis.
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Feyzin . Carte de l’état major . 1820-1866
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Or la ville est faite de lieux, c’est un organisme vivant à structure évolutive et complexe. De plus, la croissance instable, l’étalement sans fin et la fragmentation multiple sont des phénomènes urbains contemporains qui font appel à de nouvelles investigations et interprétations sur l’effet de la forme physique sur la ville d’aujourd’hui. Ce processus dynamique est appelé « morphogenèse urbaine », provenant d’une logique de nature, et se base sur les concepts de transformation et de réorganisation des échelles locales aux échelles globales. Ce phénomène de morphogenèse de la ville contemporaine engendre de nouvelles notions en matière de représentation dynamique afin de comprendre, expliquer et maîtriser la forme des métropoles aujourd’hui. Mais d’après Von Meiss Pierre, « l’espace change au rythme du soleil ; le lieu change au rythme de l’homme ». Cette citation permet de mieux saisir ce phénomène de morphogenèse. En effet, les formes, espaces, et lieux de la ville s’inscrivent selon les propres lois sur le phénomène construit. Ces lieux, espaces ou formes ne sont pas simplement les traces volontaires de l’homme, mais aussi des états successifs autonomes de la ville. Lorsque la ville s’auto-organise selon les programmes en constante interaction elle se transforme et produit des invariants qui se répètent définissant ainsi l’identité propre de la ville, entre environnement naturel et construit. On se représente alors ce phénomène à travers l’apparition de lieux tels que des places publiques, des endroits habités, occupés, traversés, clôturés. Or il existe des lieux sans forme d’habité, sans activité, vides.
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L’échelle des villes recouvre aujourd’hui celle de leur région. Chaque ville à travers son histoire s’est formée par combinaison de programmes successifs avec les caractéristiques géographiques de son site. Ces états naturels et ces états construits sont l’objet d’une commune morphogenèse. Leur entrelacement physique définit chaque milieu qui produit des formes qui l’identifient. Ces formes spécifient la morphologie des villes comme milieu naturel. Elles représentent l’enjeu du milieu car c’est à sa programmation globale qu’il faut recourir pour le revitaliser et le signifier. Ces morphologies permettent de penser et de dessiner les plans d’ensemble de la ville mouvante à venir. La ville est une culture matérielle vérifiable et la mondialisation n’autorise pas à construire de manière identique dans les villes du monde. Les notions de stratégie urbaine, de processus à amorcer, d’effets de propagation sont certainement celles qui doivent se substituer aux outils conventionnels de l’urbanisme. La stratégie urbaine est préalable au projet, son but prioritaire est de créer des continuités mais aussi de mieux maîtriser les effets d’entraînement produits par toute opération même minime.
Patrick Berger - Formes de villes - Formes cachées, La ville - PPUR 2007
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Que sont ces lieux ? Requestionnée par de nombreux théoriciens, architectes et urbanistes, cette notion de lieu, s’est vue de nos jours porter de nouvelles appellations pour définir ces lieux avec ou sans mémoire. On retient les hors-lieux, les lieux déracinés, les lieux d’entre-deux, et les « non-lieux ». Cette notion de non-lieux se retrouve dans l’ouvrage de Marc Augé intitulé Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité, (1992). Selon lui, « un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique se définira comme non-lieu ». Ainsi le nonlieu est un espace sans identité, où l’homme est anonyme, un espace dénué de rencontre. La cause de l’apparition de ce non-lieux est généré par la « surmodernité », concept dû aux excès de la société contemporaine. Or nous pouvons constater que Feyzin bien que possédant une forte identité, voit sa ville générer par le phénomène de morphogenèse, des lieux déracinés, des hors-lieux, des lieux d’entre-deux. Mais la notion de nonlieux ne lui est pas appropriable.
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Le quartier de Feyzin et tout particulièrement des Razes, s’est vu évoluer depuis 1850 tout comme n’importe qu’elle ville. Cependant, des programmes et infrastructures sont venus transformer le tissus urbain, la forme de la ville, son milieu naturel et ainsi sont apparus de nouveaux lieux. Face aux caractères hostiles et imposants de ces nouvelles infrastructures, la ville a vu sa morphologie se développer en conséquence et apparaître des lieux aménagés, tout comme des lieux marginalisés. Selon moi, ces lieux marginalisés, non qualifiés, sont des champs libres d’expression architecturale. Ils représentent un champ de possibles. En outre, l’utilisation pour le projet de ces lieux, ou espaces fonciers disponibles va permettre de donner à la ville de nouvelles articulations. La requalification de ces lieux et la légitimité que le projet apportera semble être une des hypothèses pour redonner une identité forte au quartier ainsi que que de tenter d’atténuer la nuisance industrielle.
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Cartes postales de Feyzin. 1965
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Introduction aux questions d’architecture .
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Schéma Mies & Loos
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Ainsi la ville est un organisme vivant, en éternel mouvement. Résultat de la morphogenèse, elle s’étale, mute, se déplace, se transforme, se reconstruit sur elle-même... Mais ces mutations ne sont pas sans conséquences pour la cohérence et de le dessin du territoire. Morphologiquement le tissus urbain semble diffus, très hétérogène, souvent décousu et parfois confus, fait d’agglomérats lâches, entraînant l’apparition d’espaces isolés, ambigus et délaissés. En résulte alors des nouveaux espaces, de grandes et petites dimensions, sans limites clairement définies, s’entrelaçant à d’autres tissus eux-mêmes lâches comme des tissus industriels ou tertiaires, loin d’une densité urbaine comme on peut l’observer dans toute agglomération. Ces lieux, marginalisés, ces parcelles foncières, anciennes friches ou territoires délaissés, ne semblent pas à première vue être habitables. Cependant, face à la densification des tissus urbains des villes, ces lieux disponibles présentent une respiration intéressante de la substance urbaine pouvant amener à une nouvelle façon d’habiter. Le site de projet se voit investir différents de ces lieux. Le projet va s’établir sur six lieux le long de la frange ferroviaire. Cette façon d’intervenir sur le territoire, par la création d’une série d’opérations, fait réémerger des lieux oubliés et cachés. Or comment rendre ces lieux habitables ?
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“Arc lémanique ”,projet interdisciplinaire Labo.UTA-INTER-EPFL, l’image extrait sur “ Formes Cachées ”
L’évolution de type de bâtiments dans la cité grecque, image extraite de Vercelloni Virgilio, La cité idéale en Occident, 1996, p.3
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Il m’a semblé nécessaire de fonder une intervention qui puisse tenter de résoudre en partie ces situations de marginalisation dramatique que l’on recense de plus en plus dans le quartier des Razes. C’est en cela que se soulève la question architecturale. Habiter ces lieux, serait faire naître une nouvelle forme d’urbanité, une urbanité ex-nihilo issue de lieux oubliés, qui viendrait redonner une échelle plus humaine au site, une urbanité qui prendrait en compte la dimension du territoire et viendrait exister au côté des grands hangars, des usines, des ponts, autoroutes et voie ferrée. Habiter ces lieux serait une façon d’affronter la puissance de ces infrastructures de manière individuelle, mais aussi de se sentir habiter ensemble, d’investir ensemble, et ainsi retrouver une façon communautaire de vivre dans le quartier. Habiter détaché de la substance urbaine est aussi une expérience qui se vit de l’intérieur. Aussi la question du face à face avec le vide, de la confrontation avec le paysage sont autant de questions concernant l’habiter. Ainsi nous avons souhaité questionner l’introversion et l’extraversion dans le logement. Le sentiment de se sentir protégé dans certains endroits et immergé dans le paysage dans d’autres. C’est sur cette dialectique que repose la recherche typologique.
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Edward Hopper, Nighthawks, 1942
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Ce processus de conception par le projet architectural fut un long chemin de réflexions et d’expérimentations parsemé d’incertitudes. Ce projet m’a engagé dans une recherche à la fois formelle, textuelle et référentielle qui a su nourrir ma pensée critique et m’imposer une certaine méthodologie dans ma démarche. Ce projet fut l’occasion d’éclairer plusieurs questions architecturales qui peuvent être le fruit d’une relation intime qu’entretient l’être avec le sujet abordé. En effet, cette notion de mise en relation des éléments est fondamentale pour la pensée. Elle va permettre de les associer ou de les dissocier entre eux pour donner lieu à de nouvelles pistes de recherches. Ces questions ont donc été abordées par la pratique du projet et selon différentes approches théoriques. La création d’un corpus de références a permis de recenser et classifier ces théories en cinq grands thèmes architecturaux :
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-La méthodologie du projet suivant le processus de conception. Cette méthode vient faire évoluer la pensée de conception. En effet, Peter Zumthor procède selon cette méthode, par analogie d’image et élabore ainsi ce corpus de références. On peut se référer à son ouvrage « Atmosphère » où il regroupe un ensemble d’images auxquelles il a été particulièrement sensible vis-à-vis de la qualité des espaces, de la lumière ou bien de la matière. En utilisant cette attirance et en effectuant un travail de recherche, il parvient à retranscrire la même ambiance dans ses projets. Dans le cas de ce projet, cette notice mettra en relief la méthodologie du projet dans sa relation à la forme et tentera de révéler en quoi cette intuition évoque une expérience originale, une forme d’étrangeté et de nouveauté dans le paysage. - L’architecture et l’urbain ou l’articulation entre projet urbain et projet architectural a été d’une grande importance cette année. D’abord sensibilisée à des questions urbaines et territoriales, la pédagogie du studio nous conduit par un processus évolutif à avoir une posture architecturale précisément définie. Toute la difficulté réside dans l’équilibre entre une approche territoriale et un questionnement architectural en lien avec le contexte urbain. Nous verrons alors en quoi, dans la première partie de cet ouvrage, le regard sensible, face à ce territoire d’étude, a permis de mettre en avant des questions urbaines qui sont devenues par la suite une préoccupation architecturale.
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-L’art de vivre, une des grandes questions du studio. Dans ce contexte précis, le choix du programme n’est pas anodin. Par ailleurs, nous possédons tous une manière d’être personnelle au monde, à l’habitat, d’autant plus que la relation intime et affective qu’entretient l’homme avec son logement suppose une certaine identité. De là, la question de l’habiter devient un sujet intéressant à étudier qui regroupe plusieurs sous thèmes. Dans la conception du logement, c’est le rapport maîtrisé entre l’intérieur et l’extérieur en lien avec le contexte du lieu qui vaut comme art de vivre. - L’art de bâtir devient une réelle question architecturale face au développement et aux avancées de la construction.Qui plus est, face à ce rapport intérieur-extérieur, une altérité constructive peut être recherchée et envisagée. C’est un thème qui nous engage également dans une réflexion sur certains matériaux de construction, mais pas seulement.. Nous verrons alors en quoi les techniques et dispositifs de construction employés par certaines architectures peuvent faire l’objet d’innovations dans leur réinterprétation contemporaine. -L’histoire est une question architecturale qui nous engage à convoquer le passé pour aller de l’avant. Elle permet de positionner le projet dans un cadre spatio-temporel tout en se référent à des théories préalablement étudiées et réinterprétées dans un processus de mutation. Dans le projet qui sera développé à la suite de cette notice, il est question de savoir comment réemployer et réévaluer une architecture ancienne dans un cadre contemporain.
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Cet ouvrage, met en relief la progression du travail effectué. Il tentera, dans un premier temps, d’approcher de façon générale et théorique, la question du lieu habité pour pouvoir, à la suite, exposer la construction d’une vision collective sur un territoire d’étude. Cette vision est le résultat d’un processus d’analyse effectué sur diverses études de cas. Finalement, la troisième partie de ce mémoire de projet de fin d’études, détaillera la réponse individuelle apportée à une problématique commune. Cette réponse est le projet architectural. En outre, cette réponse architecturale se conclue aujourd’hui sur un édifice à l’architecture remarquable, que je qualifierai d’architecture territoriale. Phare de de la pétrochimie, abritant des logements de diverses typologies, l’édifice est une tour, qui se répète en six lieux oubliés et disponibles, jalonnant la frange ferroviaire et signifiant l’entrée sur les terrains de la raffinerie.
Révélant un bâtiment au caractère humble par un effet d’abstraction recherché, tout en transparence pour une impression de légèreté, « une fabrique des possibles », et symbolisant cette volonté d’échanges et d’ouverture sur le territoire, le projet doit être pensé comme un signal dans la ville et donner une meilleure visibilité au caractère d’habiter de la tour. Enfin, face à ces questions d’architectures et à un récit identitaire bien plus qu’un simple outil de projet, l’opération, à l’interface topographique entre ville haute et ville basse, doit être à même de faire pleinement participer la plaine, marginalisée du centre ville de Feyzin, d’orienter la ville de manière ponctuelle vers une configuration que lui réserve le futur, en réactivant un tracé ancien préexistant. Mais face à l’événement hydrographique fondant ce maillage spécifique à la ville et au lieu, le dispositif opérationnel doit assumer une position paysagère et retrouver la dialectique du rapport à un territoire aillant quasiment «égaré, oublié» le fleuve par lequel il est né.
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Révéler
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Lever de rideau sur Edward Hopper
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Le contexte.
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Commune de Feyzin . photo de maquette
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Comme nous l’avons vu précédemment, notre travail s’est développé autour de cartographie thématique pour le territoire de Feyzin. Compte tenu de ces observations, une stratégie urbaine semble s’esquisser. Une réflexion sur des questions portant sur le paysage, le fleuve, le risque, le patrimoine, et les ressources naturelles m’a orienté en un lieu et place stratégique le long de la voie ferrée et de la gare, entre les deux gorges. C’est en ce lieu qu’une intervention structurante et ponctuelle peut être située, tirant à la fois parti du réseau ferré à proximité, faisant ainsi participer la ville basse de Feyzin au centre ville. C’est intervention se voit être intéressante pour la pratique de l’espace public. En effet, comme nous l’avons évoqué, l’opération de six tours en six lieux disponibles le long de la frange ferroviaire, va orienter cet espace public non plus dans la configuration uni-axiale et précaire de l’allée du Rhône d’aujourd’hui, mais sur une « boucle » s’adossant à la bâlme et faisant face à la raffinerie, enjeux paysagers et architecturaux majeurs de la ville. Ce dispositif architectural au multiple de six, agissant de manière parsemée sur le maillage de la ville, ne constitue pas un projet urbain fini. Mais il vient agir en un lieu structurant de la ville et pourra l’orienter vers des opérations futures.
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Carte IGN de Feyzin
Ancienne allée du Rhôn. 1965
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Vue aérienne de la bâlme
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Ce territoire d’étude se situe à environ 15 minutes de transport au sud de la métropole lyonnaise, le long d’une bâlme d’environ 2km boisée constituant une ligne d’horizon dans le paysage de la vallée. L’urbanisation se situe au delà du relief de cette bâlme, sur une partie de son flanc et dans la plaine. Or depuis la moitié et fin du siècle précédent, la commune de Feyzin a connu une croissance démographique très soutenue avec l’accélération de la mobilité et l’installation des industries. Cet urbanisme diffus ou générique avec l’apparition de lotissements et maisons pavillonnaires s’est rapidement établi le long des infrastructures sur le modèle de la « ville-route », de passage. Les sites de projet choisis sont donc localisés le long de cet axe ferroviaire entre une bâlme, des industries et des habitations. Circonscrits par un pont routier, une voie ferrée, une passerelle, une autoroute et la raffinerie, plongés dans un milieu urbain diffus et hétérogène, environnés par les lignes à hautes tensions de la voie ferrée et des pavillons, ils sont représentatifs de la ville périphérique contemporaine.
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Plan masse, implantation
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Schéma réseaux
Schéma espaces naturels
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Inventaire de la matière des lieux
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Photographies du contexte
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Or ces lieux et terrains proches d’espaces naturels et de réseaux, constituent une ressource foncière aujourd’hui délaissée en raison de la proximité des infrastructures. C’est donc dans ce vaste espace de la plaine de Feyzin dominé par la raffinerie et la bâlme que s’élabore le projet de logement.
Mais face à de tels enjeux architecturaux en rupture avec le modèle spatiale de la ville traditionnelle et celui de l'étalement pavillonnaire, l'architecte se doit d'inventer ses propres règles afin de répondre à l'évolution des modes d'habiter. Par ailleurs, un autre enjeu qu'est celui du paysage, implique à penser sa transformation comme une opportunité. En effet, il est nécessaire de penser un nouveau système de valeurs et de modèles afin d'artificialiser le territoire qui ajourd'hui est délaissé par notre regard. Il s'agit de la problématique à laquelle nous sommes confrontés dans ces sites dont le paysage latent est rejeté de la conscience collective.
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Hopper Route à quatre voies (Four Lane Road) 1956
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Le vide.
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Pina Bausch
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L'intervention de notre projet au sein de lieux oubliés et cachés ou disponibles nous amène à évoquer une nouvelle notion, le vide. Ce projet par son intervention vient côtoyer ce vide. Ainsi se porte mon intérêt sur l'étude de la notion de vide dans l'espace architectural. Jorge Cruz Pinto en a fait l'Eloge du Vide... « L’espacement et le vide existent non seulement dans la ville sur le plan architectural, entre bâtiments, chambres, meubles, où l’être existe et circule, mais aussi par les plages blanches laissées à l’imagination en peinture, par la calligraphie chinoise, par l’invisible en sculpture, par l’ellipse en poésie, par l’immobilité dans la danse, par le silence en musique, par l’absence de couleur en photographie...» . Cependant, la notion de vide est très vague en terme de construction et de fonction...L’objectif était donc de rechercher quel « forme de vide » il était pertinent d’interroger. En effet, cette notion interpelle car touche plusieurs domaines et plusieurs champs dans le domaine artistique notamment.
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Or ce sujet aurait besoin d'être enrichi autant dans le domaine de l'architecture que dans l'espace, la littérature, la peinture, ou bien dans la sculpture comme nous pourrons le représenter dans le projet d'Edouardo Chillida. L'architecture est une sculpture, un vide contenu, que l'homme parcourt comme si l'on avait creusé dans la matière pour en arriver à son expression la plus pure. L'architecture est composée et réfléchie, dessinée par l'homme pour les hommes, et non pour une simple représentation territoriale. Elle est à la fois simple et complexe. Elle convoque un travail sur l'épaisseur, des interactions entre pleins et vides. Le vide est l'essence de l'espace. Mais sa perception en sera différente tout comme l'émotion qu'il suscitera. L'architecture comme n'importe quel domaine artistique est un champ d'émotions s'entrelaçant avec d'autres disciplines. De ce fait, il m'a semblé évident d'associer la peinture, la musique, la sculpture ou le discours au projet afin de concrétiser le concept de vide.
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Le carré noir de Malevitch
Edouardo chillida 1968
Jorge Oteiza - Caja vacía - 1958
Alberto Giacometti femme debout, sans bras 1958
La Colonne sans fin à Târgu Jiu 1938
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Le vide qui nous intéresse dans ce projet se ponctue le long de ce front urbain. Un front urbain naturel que l'on pourrait transformer en passerelle servant aux piétons et modes doux. Cette composition physique du territoire par le vide donnera une valeur symbolique au paysage, mais aussi d'habiter un lieu à fortes identités et complexe. Cette composition par le vide d'un socle et d'une tour, va permettre aux habitants de Feyzin de se repérer dans l'espace où ils vivent grâce à ces formes radicales. Mais l'impacte qu'aura la tour sur la substance urbaine renforcera les échanges et la pratique de l'espace et modes doux, actuellement absents dans le Feyzin bas. Ainsi de cette rencontre entre vide et plein naît une perception réciproque, une dialectique visuelle avec la raffinerie, l'église, la bâlme et autres infrastructures. Cette façon particulière d'investir des lieux par le vide pose une transformation et va jouer sur la posture, la façon d'habiter dans l'édifice.
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Cette composition de formes deviendra alors un support potentiel pour de nouveaux usages tant environnementaux que sociaux. La création de ce corpus sur la notion de vide nous a permis d'approfondir notre réflexion sur sa condition valable pour toute mise en œuvre dans l'espace sous laquelle elle se présente, que ce soit sous la forme d'une peinture, d'une sculpture, d'une ville ou d'une architecture. Ainsi nous comprenons que la définition du vide dépend de la manière dont il est mis en scène. En effet, le vide est toujours lié à ce qui le définit et n'est jamais neutre. Or le concept de vide sera similaire d'une œuvre ou d'un lieu à un autre, mais sa perception en sera différente tout comme l’émotion qu’il suscitera. L’architecture comme n’importe quel domaine artistique est un champ d’émotions s’entrelaçant avec d’autres disciplines. De ce fait, il m’a semblé évident d’associer la peinture, la musique, la sculpture ou le discours au projet afin de concrétiser le concept de vide.
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Le Corbusier, la boite à miracle
SizaBiennale de Venise 2010, Aires Mateus ,Plein / Vide
Louis Kahn Salk Institu
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Le modèle.
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By Bernd and Hilla Becher
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Ce récit territorial nous amène donc à penser une architecture pour un renouveau de la ville de Feyzin. L'écriture d'une nouvelle forme dans la ville, articulation de nouvelles pratiques et modes d'habiter pour le bien être des habitants du quartier. Or l'’architecture de ces tours de logements constituent le modèle ‘‘critiquable’’ du projet. En effet, le modèle de la tour peut être situé dans le temps. Or comment a -t-il évolué ? Si l'on se réfère aux logements sociaux des tours HLM, certaines sont devenues un patrimoine architectural. D'autres formes architecturales ont également nourri notre réflexion sur le modèle, telles que le Lignon à Vernier, la barre de du Buisson à la Duchère, les tours nuages de Emile Aillaud, Les tours des Minguettes à Vénissieux...Tant d'architectures qui orientent la ville, le tissus urbain, lui modelant ainsi son visage, lui conférant une identité propre. Ces tours seraient à Feyzin ce qu’aujourd’hui la barre de du Buisson représente aux yeux des habitants de la Duchère.
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La monumentalité et compacité de cette barre a marqué les mémoires de ses habitants et leur a donné une place dans la ville. Elle a couronné et couronne encore aujourd’hui Lyon depuis sa colline. Cependant les acteurs urbains voient d’un autre œil le réaménagement du quartier écartant l’avis des habitants pour qui cet ensemble a créé leur habitat, leur quartier, leur lieu de vie, leur intégration dans l’agglomération lyonnaise. Ces formes radicales ne sont pas seulement des barres ou tours symbole d’un grand ensemble d’habitation, elles sont la représentation d’une unité de vie, d’un ensemble de lieux habités et pratiqués, d’échanges et de rencontres. Ces barres ne regroupent pas seulement différentes typologies de logement, elles permettent à un ensemble d'individus d'habiter une ville et d'avoir une identité dans le territoire.
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Le Lignon, Vernier
Barre de du Buisson, la Duchère
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Seagram Building, New York, Mies Van der Rohe
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La tour du Schatzalp, Herzog & de Meuron
Les tours nuages d’Emile Aillaud
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Cependant, quelles caractéristiques devons-nous retenir de ces modèles ? C’est en cela qu’au cours du processus de projet il nous a fallu adopter une position critique et convoquer la mythologie urbaine, l’esthétique du lieu afin d’en faire une expérience spécifique, une relation. La création d’un corpus historique a permis de comprendre les espaces et leurs qualités ainsi que les atouts des grands ensembles. En outre, ces images, mythologies urbaines que nous convoquons, viennent servir ma pensée, ma réflexion sur ces notions de vide, de typologie, d’ambiances, d’émotions, mais tout particulièrement sur une notion encore non évoquée, et fondamentale pour le projet, l’abstraction, que nous développerons dans une partie suivante.
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Bernd and Hilla Becher
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La critique.
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Esquisse des Tours Pleyel, St-Denis
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Comme nous l'avons évoqué précédemment, les grands ensembles sont restés à l’écart d’un environnement avec lequel ils n’ont tissé aucune relation. Ils représentent une figure territoriale autonome. Qui plus est, l'architecture propre à ces édifices, incarne un univers abstrait et autonome, détaché du sol. Cette architecture à la fois physique et aérienne, rend ce sol qu'elle occupe disponible, libre de toutes contraintes parcellaires, et idéalement destinée aux usages collectifs et publics. En revanche, la lecture du contexte et du bâti environnant est perçue comme des entités détachées de cette forme radicale mais non isolées. En effet, au sein de ce projet, l'acte architectural doit venir servir et créer la ville, la planifier, l'orienter. Ces tours doivent être considérées comme des phares dans la ville, et non comme de simples symboles superficiels. Comme nous l'avons dit précédemment, la notion d'abstraction qui va venir s'appliquer à ces formes verticales, doit enlever ce caractère symbolique et révéler un objet humble et captivant dans le paysage. Or ces objets abstraits dans le paysage, peuvent relever par leurs façades, du caractère monolithique. En cela l'édifice est critiquable. En effet, les façades constituent au sein de mon projet un pan essentiel de ma réflexion et de la conception.
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L’objectif était de retranscrire une image hermétique, une sensation de protection qui émane du monolithe et que les nombreuses ouvertures nécessaires ne devaient pas dénaturer. Ainsi, l'édifice confère à sa fonction et à son échelle un aspect énigmatique. Comme nous l'avons évoqué précédemment, l'abstraction est le maître mot de ma réflexion. La tour doit donc apparaître tel un monument, et d'après une analyse de la notion du vide, comme une sculpture, et non comme une représentation de la vie domestique. De prime abord, il est vrai que le travail de la tour comme sculpture, sans laisser percevoir l'essence même de sa fonction, est en un sens critiquable. Or, la notion d'habiter évoque un art de vire, un bien être. Certains lieux et territoires sont si forts par leur identité faite d' infrastructures idéales ou hostiles, qu'ils restent malgré tout, visuellement, répudié par un grand nombre d'individu. Afin de réconcilier l'industrie et l'habitat à Feyzin, l'intuition était donc dans un premier temps de créer un édifice captivant dans le territoire et attirant. Ces tours implantées en divers lieux oubliés devaient susciter un enchantement chez l'individu, l'attirant par sa géométrie aléatoire et mouvante. Pris dans cet élan structurel et morphologique, l'habitant se voit alors élevé tout au long des niveaux.
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Kaufhaus Tyrol David Chipperfield
GEODE ML : la façade par éléments Mâle/Femelle
Thomas heatherwick? sheung wan hotel, hong kong
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Cette ascension est vertigineuse et projette directement l’habitant face à la raffinerie et au grand paysage. La tour doit donc par sa structure protéger ses occupants dégageant ainsi une certaine imperméabilité, pouvant sembler ne pas servir l’habitabilité. En revanche, cet objet critiquable ne doit pas négliger le confort et le bien être intérieur de ses occupants. De ce fait, les ouvertures, aléatoires, se doivent d'être en adéquation avec le programme derrière la peau. En outre, l'aspect monolithique qu'exhalent les tours est recommandé en raison de l'hostilité de l'environnement dans lequel elles s'implantent. Face à ce territoire fascinant et démesuré, un sentiment de crainte s'établit chez l'observateur. Or les tours s'implantant dans les délaissés de l'urbanisation de Feyzin, doivent chercher à préserver la sphère domestique des agressions du contexte actuel, telles que la pollution, les nuisances sonores, l'omniprésence de fortes infrastructures, ainsi que le vertige se dégageant de la tour elle-même. Les façades auront donc un rôle de protection, mais serviront l'émerveillement des usagers sur la vue qu'offriront les logements.
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Campus Novartis, Diener&Diener
Ice Cubes, Tokyo Manon Fourneret . Mémoire de PFE . ENSAL 2016
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Le sentiment de l’abstrait.
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Cette série de tours dans le paysage de Feyzin, mises en valeur par le fond de toile de la bâlme, confère une image surréaliste qui s'ajoute à l'imaginaire transmis par les cheminées de la raffinerie et aux sensations de crainte et fascination que provoque ce lieu. Le caractère quelque peu fantastique de Feyzin, incite le projet, dans sa conception, à cultiver un certain degré d'abstraction, afin de préserver cette part fictionnelle que l'on retrouve dans ce paysage de la vallée de la chimie. Ce sentiment d'abstraction peut être renforcé de différentes façons notamment par l'effet de masse, typique de l'architecture militaire qui offre un aspect sculptural au bâtiment. En effet, la présence d'une architecture militaire sur le plateau de Feyzin a nourri notre réflexion à propos de questions de risque et de PPRT. Cette forme architecturale convoque également une notion de vide. Le fort est un bloc évidé de l'intérieur ne laissant rien entrevoir sur l'extérieur pour une entière protection. Par ailleurs, sa prise de position par rapport au sol, enfouie dans la nature, lui confère un caractère abstrait au profit du paysage agricole.
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La réflexion autour de ce sujet nous invite donc à repenser cette architecture afin de la réinterpréter au sein de lieux plus contemporains. S'inspirer de la tonalité et des qualités de cette œuvre militaire peut être une hypothèse de réponse à ce programme de logement dans la plaine de Feyzin. Le fort, peut être imposant par sa matière brute, tout comme inexistant grâce à un mode constructif effacé dans le paysage. Dans le cas de ce projet, où le programme nécessite des ouvertures sur la façade, celles-ci peuvent être aléatoires afin de préserver l'aspect hermétique de l'édifice. Ainsi, ce dispositif architectural et sculptural est à l'origine de la genèse du projet. Or l'intention étant de provoquer un dérèglement d'échelle et de conserver le mystère de la fonction, toute la subtilité réside dans cette dernière volonté.
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Cimetière à Modane, Aldo Rossi
New York Tour 10011th avenue. Architectes Ateliers Jean Nouvel.
TOUR OF LUIS BARRAGÁN
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monochrome photography
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sou fujimoto souk mirage
evolo skyscraper competition
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Sublimer
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View from Mount Holyoke, Northamptom, Massachusetts, after a Thunderstorm (The Oxbow), 1836
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Construire une image, imaginer une construction.
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Esquisse Mies Van der Rohe & Frediechstrasse
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L'intuition était donc de donner à travers l'architecture de ces tours, un aperçu d'un autre monde, d'enthousiasmer, de proposer une idée, de captiver. Cette architecture intuitive, est radicale, dynamique. L'intention est de construire des bâtiments évoquant une expérience originale, une forme d'étrangeté et de nouveauté. L'utilisation de panneaux de verre confère à la tour une apparence cristalline renforçant son rôle de signal dans le paysage. De l'extérieur, les vitrages et panneaux miroitent suivant le mouvement de la lumière, donnant ainsi à l'édifice une vibration qui change en permanence au fil de la journée, alternant des impressions de reflets et de transparences. Le bâtiment semble détaché du socle et se montre comme une colonne, un totem de cristal contrastant avec l'opacité des infrastructures en béton et de la raffinerie. Un rapport de contraste maximum est recherché entre les volumes des édifices voisins (église, raffinerie) et la fragilité cristalline de la tour. L'un et l'autre se mettent en valeur mutuellement. La tour « cristal » donne à l'ensemble du lieu et du site une dimension fictionnelle qui équilibre à la fois l'impressionnante présence de l'usine et la force des infrastructures alentours. Cependant, les tours apparaissent trop souvent comme hors-sol, tel des objets en soi.
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Architecture Erased: Herzog & de Meuron’s Contribution to Berlin Morgen (1991)
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Le travail de leur enveloppe vient dans un second temps. Il faut en premier lieu les faire atterrir, les enraciner dans le sol de la ville, là où se trouve la substance urbaine. La recherche de dispositifs va permettre de qualifier ce rapport de la tour au sol. En effet, nous devons faire coïncider l'horizontalité de la ville avec les trajectoires verticales. L'espace public pourra venir s'élever depuis le niveau sous dalle par des jeux d'emmarchement pour atteindre le sol de référence de la tour. Cette topographie lance la tour et crée une interface spatiale, accessible à tous, qui rend possible et acceptable la survenance d'un objet aussi physique. Le socle, comportant les espaces communs, peut être traité en continuité de matière avec le contexte. Or ici le contexte est tellement décousu et varié qu'on ne peut s'y rattacher totalement. Mais il permettrait de renforcer la cohérence urbaine. Le but était donc de chercher à assurer à l'ensemble du site une unité en évitant tout geste architectural qui entrerait en concurrence avec les futurs édifices du site. Et ceci tout en affirmant clairement la volonté de ne pas orienter le bâtiment sachant que l'implantation de son socle règle elle-même au sol les relations que l'ensemble doit entretenir avec les espaces et les bâtiments environnants.
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Church of San Giorgio Maggiore
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Par la réalisation d’un projet de tour, le quartier de Feyzin se voit être restructuré par ces phares guidant les habitants dans ce quartier dénué d’artifices. Mais suite aux réflexions d’implantations, une réflexion plus subtile sur les modalités d’édification vient poursuivre le récit. La tour se veut asymétrique et sculpturale mais ne se contente pas d'être un bâtiment emblématique. Elle est en prise directe avec le milieu dans lequel elle s'implante et sa vocation territoriale. Elle abrite une variété de logements détachés du contexte urbain et hostile. Par ailleurs de grands évidemments, représentés par de grandes baies abritant les logements sur double ou triple hauteur, et disposés dans un mouvement ascensionnel ouvrent son volume. Fines et sculpturales, les tours surgissent donc entre deux passerelles ou à l'angle d'un rond point, ou au pied de la Bâlme. Elles sont drapées d'une double peau de panneaux de verres superposés, tel à l'image d'une étole. Cette peau vient cacher la structure de la tour qui se déconstruit petit à petit en s'élevant et semblant s'affiner par cette géométrie évolutive et dynamique, à la fois abstraite, qui se fond dans le paysage. Cette volonté d'abstraction vient donc être reprise par ce drapé de panneaux qui recouvre cette géométrie et cette allégorie structurale entre façade porteuse et façade rideau. Ces deux éléments de la tour forment le corps de l'édifice et participent à son élancement, à sa finesse.
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Montage
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Cependant, un tel geste, très vertical, semble une attitude très moderne. Cette manière de faire réside dans les choix spécifiques de modalités d’édification d’un objet et de la façon dont il s’appuie sur le sol. Des architectes tels que Livio Vacchini ou Louis Kahn, formuleront quant à ces modalités, une « règle » qui viendra nourrir le propos : «[...] Ces règles que j’ai cité vivent en moi telles les branches d’un arbre soutenues par un tronc. Ce tronc est représenté par une manière obsessionnelle de considérer tout être qui existe au monde en fonction de sa manière de s’appuyer sur la terre, d’avoir un centre, et de s’ouvrir vers le ciel. La règle dit en substance que tout objet concret se composerait de trois parties et depuis plus de vingt ans, mon travail se fonde sur l’interprétation de ce postulat d’une richesse inépuisable. » Ainsi à travers cette réflexion se perçoit une forte volonté de rassembler terre et ciel. Par ailleurs, cette règle posée comme principe, vient interroger la façon dont un édifice construit est appréhendé dans sa manière de s'ancrer au sol. Or selon la nature du sol, l'édifice composera son socle soit dans un lieu naturel existant, soit dans l'édifice lui-même. La substance du sol qualifiée et affirmée ainsi par ce mode d'édification conférera ainsi un caractère territorial à l'architecture de l'édifice.
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learning from las vegas i am a monument
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Le caractère.
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Livio Vacchini La Ferriera
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La façade ou vers la perception d'un édifice. Comme nous l'avons évoqué précédemment, la réflexion majeur de ce projet autour de la façade consiste à supprimer son caractère porteur et de travailler avec une « peau », une « robe » afin de participer à la perception d'une forme dans le paysage et non plus de signifier sa fonction. Dans ce projet, la façade en partie porteuse, se déploie autour de la structure principale. Par la géométrie aléatoire composant la façade porteuse et cette robe agissant comme un voile, la façade a surtout pour vocation de créer la pièce en buttant sur la structure ou au contraire de s'éloigner de cette dernière afin de créer une articulation entre deux pièces, en périphérie du « noyau central ». Les tableaux d'Edouardo Chillida ont inspiré cette volonté de poché, de profondeur recherchée. Ces tableaux peuvent représenter cette notion de vide étudiée précédemment et évoquer l'aspect sculptural que la tour doit dégager. En outre, cette confrontation entre le noir et le blanc, marque vraiment le travail de la matière, son évidemment. La façade porteuse vient donc s'inspirer de ce premier aspect, de cette sensation.
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Today enjoying Siedlung Halen Estate, Berne, Atelier 5 built 1960.
La femme vue de la fenĂŞtre de Hopper
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Concernant cette robe habillant la tour, la transparence devait être le maître mot Mais définissons tout d’abord ce qu’est la transparence : « La transparence est la qualité ou la condition d’être transparent, elle évoque également les notions de diaphanéité ou de limpidité. » Ce deuxième aspect de la façade porte donc sur la matière mais également sur sa conception. En effet, l'intention, et nous pouvons parler d'obstination, était de faire varier la façade en fonction du temps et des perspectives. Celle-ci peut briller au soleil, sembler opaque et fermée sous d'autres expositions, avant de se transformer et devenir transparente et lumineuse dans l'obscurité grâce aux activités intérieures des logements. Cet effet est produit par cette peau composée de simples panneaux de verre naturels, opaques, ou en céramique fritté suspendus à de grands tirants. Enveloppant la tour telle une robe mouvante, ces panneaux confèrent un aspect givré et raffiné renforçant cette volonté d'abstraction. Cependant, la répétition et le chevauchement de ces panneaux doit offrir une vue quand bien même filtrée de l'intérieur vers l'extérieur et permettre une vue vaguement transparente de l'extérieur vers l'intérieur.
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nuova sede bnl roma
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Or, concernant à nouveau le corps de la tour, derrière cette robe se déploient de vastes surfaces vitrées rompant la monotonie des pans de façades aléatoires, mais conservant l'idée d'une structure évolutive, quelque peu déconstruite.Ces grandes baies offrent des vues vers l'intérieur de l'édifice assurées selon les ambiances de jour et moment au fil des heures. Mais elles permettent de plonger directement l'habitant dans l'immensité du paysage, de prolonger le logement vers un extérieur. C'est ouverture au paysage confère à l'habitat une forte qualité de vie. Cette évolution de panneaux à la verticale peut rappeler une série de plans en couches successives d'avant en arrière, représentant le plan frontal selon Eisenman. Cette superposition produit alors une opposition entre la réelle géométrie et la géométrie implicite. Ainsi, ce projet cherche à être la description d'une dialectique entre relation réelle et relation implicite dans un environnement en utilisant le mur et le volume. Cette dialectique ambiguë par sa double lecture de plans chevauchés et transparents, rend encore plus abstrait l'édifice.
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Cette dialectique confère à la façade un caractère fort relevant de la confrontation entre transparence et massivité qui se poursuit avec les réflexions diffuses des panneaux de verre de la façade. Leur éclat et miroitement sur la face arrière de la robe crée un jeu de couleur irisant sur l'enveloppe rappelant la surface de la nacre et dessine une image changeante et évanescente dans l'environnement.
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New York Tour 10011th avenue. Architectes Ateliers Jean Nouvel.
Samaritaine, Sanaa, Paris
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Expression et composition.
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Sanatorium
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Parallèlement à la réflexion sur la façade, nous avons réfléchi sur celle de la fenêtre et du parcours au sein du logement. Comment les espaces s’organisent-ils pour créer des déplacements intéressants, des variations de vue, de point de vue ou de lumière ? Du fait de la finesse de la tour, le nombre de logement par niveau se voit être restreint. De ce fait, les logements viennent s'articuler autour d'un noyau central desservant sur chaque moitié de la tour. Naissent alors des appartement en longueur à triple orientation. Cependant, la surface pour certains appartements nécessitait de travailler l'espace vertical. Concept influencé par la logique du Raumplan d'Adolph Loos. Apporter des vides au sein du logement permettait également de palier l'étroitesse de l'espace de vie. Cet investissement de l'espace vertical n'est pas sans rappeler les vieux lofts New Yorkais tant convoités. En effet, les grandes surfaces lisses et libres de ces hangards hauts de plafond sont une opportunité d'investissement du vide. Ce plan libre sobre, lumineux, ouvert en face à face avec le contexte industriel dans lequel il est déjà implanté vient influencer notre pensée d'allier l'habitat à l'industrie.
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Au sein de ce plan libre, une nouvelle question apparaît, le déplacement. Dans notre projet la disposition du noyau central et le rapport abstrait à la façade vont offrir un déplacement en périphérie, apportant une certaine noblesse à l'habitant, rappelant la succession de porte des châteaux, le passage d'une pièce à une autre. Ainsi le déplacement en périphérie fait traverser certaines pièces pour accéder à d'autres, les espaces peuvent alors être en enfilade sur certains étages. L’éloignement du bloc central et des fonctions traditionnelles, l’allongement du temps de traversée de l’habitat permettent ainsi une appropriation de la zone de circulation. En effet, celleci n'est plus seulement une zone de passage, mais un lieu de déplacement, hiérarchisé par la succession de pièces, ou de portes ou bien du mobilier, créant ainsi un “moment” d’habiter. Un lieu apportant une noblesse à l'habitat. Un art de vivre. C'est en cela que le logement permet à l'usager de multiples moments en de multiples espaces. Ce déplacement est en quelque sorte un récit de l'habiter, un habiter qui se déroule en périphérie du logement offrant à chaque fois des situations variées.
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Loft à Manhattan par Morris Sato Studio
Villa Muller, Adolf Loos
La boîte à Miracle, Le Corbusier
Giuseppe Terragni Casa sul lago per l’artista alla Mostra dell’abitazione, V Triennale di Milano 1933
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Par ailleurs, suite à la réflexion sur l'architecture militaire du fort de Feyzin, la question de la prégnance du mur nous interroge. En effet, où commence l'architecture ? Le mur est un marquage instinctif de l'espace et une frontière qui permet à une intériorité d'exister. Des drapés pétrifiés de Francesco Borromini aux parois sensuelles de Tadao Ando, ou aux murs de clôture obliques de Carlos Scarpa à San Vito d'Altivole: les enceintes expriment des réalités différentes. Celles dessinées par Louis Khan ou Mario Botta s'épaississent afin de bruisser de toutes les activités qu'elles réduisent au silence. Ailleurs, reprenant la leçon de Jeanne et Claude Christo, les façades fonctionnent comme des emballages qui n'informent en rien sur ce qu'elles renferment pour mieux en préserver le secret. La dissociation entre l'intérieur et l'extérieur par l'abstraction de la façade noble, lisse et solide du tombeau à Modena d'Aldo Rossi, montre par l'épaisseur, que l'habitat ou la fonction peut être cachée par cette couche de protection murale.
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Marcel Duchamp nu descendant un escalier
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Le plan livre versus Raumm plan de Loos, vient également servir notre réflexion, avec le principe de jeux d'espaces, de vides intérieurs sur plusieurs niveaux. De ce fait, on vient réinvestir de grands espaces en laissant libre cours à l'aménagement. Les ambiances sont là, les fenêtres baies orientées sur le grand paysage ou bien sur les usines alentours dans le cas de loft situés eux mêmes dans un contexte industriel ancien... l'adaptation doit donc se faire par la réinterprétation de l'espaces déjà présents, avec une histoire. La création d'un plan libre de la sorte dans un nouvel édification qu'est ce projet de tour se réfère non pas au loft mais aux ambiances qu'il confère et qui de nos jours sont de plus en plus empreintes de caractère et de mode d'habiter de qualité dans des environnement particuliers, parfois agressifs. L'identité de la façade abstraite vient donc influencer l'intérieur du logement et l'habitant. Cependant, elle donne une identité intérieure par ce retournement, une dualité à une autre échelle.
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Christian Kerez, Walter Mair ¡ Apartment Building on Forsterstrasse. Zurich, Switzerland
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La Stimmung.
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Page Street, Pimlico. The flats designed by Lutyens featured a distinctive 'checkerboard' façade.
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Les tours dans le paysage sont non seulement un potentiel des rapports variés à l'extérieur, mais également un travail sur la matière qui constitue la création d'une ambiance intérieure : le vitrage des panneaux en verre céramique fritté, les effets dessinés par la lumière, la pluie, ou le brouillard, la superposition de ces panneaux sur les ouvertures aléatoires de la structure recouverte d'un parement lisse et blanc métallisé, constituent un univers à part entière. Au même titre que les cheminées, la bâlme et la brume éternelle dans laquelle flotte les cimes des cheminées dessinant des paysages inattendus et propices à la contemplation. Tel une sorte de glacier le jour ou colonne de marbre blanc, la tour est voilée d'un verre translucide en double peau, qui change de couleur selon l'heure de la journée, l'ambiance ou les évènements de la tour ou de la ville. C'est un phare dans la ville qui dynamise l'endroit.
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monochrome photography
Guggenheim Museum Bilbao, Frank Gehry
Hotel W, façade, détail, Londres – Architectes : Jestico+Whiles – Photo : Vincent Laganier
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Sa couleur blanche revoit à la stimmung de l'édifice, son âme. Selon Adolf Loos le noir se définit comme une couleur qui ne peut correspondre à une stimmung « souriante ». En outre, le négatif du noir est le blanc. Le caractère de l'édifice n'existe que par son négatif. Le blanc représente, la pureté, la gaieté, l'innocence, la fragilité, l'éclat,… Les éléments du quotidiens, au même titre que ceux de la construction sont perçus dans un premier temps par leur signification, puis l'analyse de leur formes n'arrive que dans un un deuxième temps. La richesse tactile d'un matériau n'est rien si celui-ci apparaît comme une masse fermée...si un matériau est transformé en particules, celles-ci apparaissent alors en mouvement, évanescentes comme un arc en ciel … les claustras qui ont semblé être des murs deviennent soudainement transparents et disparaissent. La transparence et la fragilité sont leur charme et leur essence même.
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La boîte à Miracle, Le Corbusier
Casa del Fascio, Como
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Epilogue.
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[...]Sans aller jusqu’à ce que, par son animation dramatique, le paysage devienne une composante même de la trame narrative, il n’en reste pas moins vrai qu’il objective en quelque sorte une terreur qui pourra justifier ensuite n’importe quelle action fantastique. Il rend ainsi vraisemblable le surgissement de l’horreur ou de la terreur. L’esthétique du sublime sombre engendre dons une poétique de l’horreur qui subsume les idées de puissance et d’infini sous la catégorie plus vaste et plus indéfinie de l’obscurité. Le paysage du sublime romantique se déploie ainsi comme une représentation de la puissance chaotique de la nature ou de l’infini, sous les espèces de l’infini.[...] Le paysage romantique et l’expérience du sublime Par Yvon Le Scanff
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« Peu à peu la lune monta sur l’horizon, Reflétant sa pâle lumière sur les hautes cheminées dont elle est entourée. Elle contemplait et rêvait. Tout à coup, un son frappa son oreille. C’était la même voix, c’était aussi la même musique qu’elle avait entendues à minuit. Le clocher. L’émotion qui la saisit n’était pas sans mélange de terreur, dans l’isolement où elle se trouvait. Les sons se rapprochèrent pendant quelques temps, puis ils cessèrent. Elle écoutait et regardait sans oser faire un mouvement.»
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Bibliographie.
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Bach - Cello Suite No.1 i-Prelude Accompagnement de la conception
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