Proposition de participation à un projet d’édition papier et en ligne
100 notions : management et numérique Le projet « 100 notions »
Le projet « 100 notions » est porté par la Chaire UNESCO Innovation, Transmission et Edition Numériques, dirigée par Prof. Ghislaine Azémard, initiatrice et organisatrice du projet et coordinatrice du premier ouvrage de la série 100 notions (« 100 notions pour le crossmédia »). Ce programme de recherche est spécialisé dans les nouveaux usages du numérique et la recherche en e-médiation (culturelle, scientifique, pédagogique et territoriale). Le projet « 100 notions » est édité par le Centre Mobius International avec « Les Éditions de l’Immatériel ». Le Centre Mobius International édite la plate-forme collaborative de la collection pour l’ensemble des langues disponibles (cf. http://www.100notions.com/). Il est prévu une édition en français, en anglais et en chinois de la collection, en partenariat avec la People’s Education Press, rattachée au ministère de l’Enseignement chinois. La diffusion de l’édition papier est assurée en France par le Comptoir des Presses d’universités (http://www.lcdpu.fr/). Deux volumes ont déjà été publiés : 100 notions pour le crossmédia et le transmédia et 100 notions pour l’art numérique http://www.100notions.com/index.php?langue=fr http://www.lcdpu.fr/recherche/index.cfm?fa=recherche&searchtext=100+notions&x=8&y=4 L’objectif de chaque ouvrage et de ses compléments numériques coordonnés est de proposer un outil cohérent scientifiquement présentant une cartographie notionnelle du champ théorique de l’ouvrage. Il est destiné à un public académique, professionnel, dimensionné internationalement. Chaque volume se compose de 100 textes, de 3 à 5 000 caractères (hors espaces), expliquant une « notion » comme base de connaissance permettant les réflexions et commentaires des lecteurs/usagers de la plateforme et des livres. Les notions sont définies par un mot clé, une expression, un néologisme ou une construction originale. Il convient de donner la priorité aux éléments de compréhension par différentes cultures. Bien sûr, la composition de chaque livre tient compte des notions déjà traitées dans les ouvrages précédents pour « augmenter » spécifiquement les notions traitées dans les autres ouvrages, l’objectif étant de créer à terme des jonctions entre les notions des différents ouvrages (avec le système de requête sur l’ensemble de la collection sur la plateforme).
100 notions : management et numérique Le numérique participe à la transformation des pratiques, dans le management comme dans tous les autres domaines de la vie quotidienne et/ou professionnelle, publique, privée, voire intime. Le contenu et l’expression des métiers se transforme, certaines compétences sont devenues cruciales, la plupart des processus intègrent une dimension de gestion électronique, les pratiques d’e-learning, de visioconférence, d’utilisation des réseaux sociaux se généralisent. Le numérique, la « culture numérique » pour de nombreux auteurs, impacte toutes les dimensions du management. Un exemple parmi bien d’autres, de la crise de la presse écrite à l’évolution des pratiques commerciales : le conflit qui oppose les taxis et les chauffeurs d’uberpop dans les villes de France, au-delà des considérations fiscales et réglementaires, illustre bien à la fois les opportunités induites par les usages des technologies d’information et de communication, leur appropriation, pas toujours vraiment prévues, par les clients/consommateurs/usagers/citoyens, et la nécessité d’une évolution, voire d’une remise en cause, de certains modèles d’affaires. Cette évolution est d’ailleurs en cours, de facto, dans le contexte d’un changement de paradigme sociétal : transformation du capitalisme, du travail, des relations sociales, dans une post ou une hyper-modernité d’écrans, de connexions, de flux, d’attitudes, de postures, de gestes (digital relevant justement du doigt !). Les organisations, entreprises, administrations, associations, etc., qu’elles soient marchandes ou non marchandes, peuvent parfois donner l’impression d’un « retard » sur le plan des innovations : les acteurs seraient ainsi plus connectés, plus usagers des technologies actuelles en dehors qu’en dedans. Ce décalage souvent décrit est peut-être suggéré par des perspectives différentes, car le salarié comme l’actionnaire, le décideur comme l’exécutant, sont tous acteurs de ces changements. Les organisations sont en même temps institutions et systèmes, lieux de confrontation et de vie, animés par des réseaux et des hiérarchies. Le projet de cet ouvrage est de proposer une approche multi-entrée, par mots clés ou expressions significatives et un usage personnel et évolutif, avec 100 « notions », autant d’éléments cohérents de connaissance, d’analyse et de réflexion qui pourraient s’empiler, se compléter, se contredire, au gré de la lecture sur le site ou sur papier. La déclinaison de la thématique est multiple : numérique et gestion des ressources humaines, numérique et organisation, numérique et marketing, numérique et finance, numérique et contrôle de gestion, numérique et indicateurs. Le numérique, globalement, peut faciliter les décisions (études, gestion des données) mais peut aussi fragiliser l’organisation (numérique et sécurité), poser des problèmes ou améliorer la communication, faire évoluer la gouvernance, interroger l’éthique de l’entreprise et de ses relations partenariales, modifier les systèmes de formation et les compétences. De nouvelles questions, de nouveaux enjeux apparaissent, souvent à un niveau stratégique, comme le contrôle des bases de données et leur mode d’élaboration (big data) ou la prise en compte (et l’anticipation) des risques systèmes. Ces évolutions constituent-elles des transformations profondes qui remettent en cause les fondements mêmes des logiques professionnelles de management des organisations ? Usages et pratiques s’inscrivent dans des logiques comportementales de mobilité, de dialogue, de collaboration qui remettent en cause la verticalité organisationnelle. Les managers recomposent ou reconstruisent leurs rôles, statuts et fonctions dans une horizontalité relative, dans une organisation qui pourrait devenir « latérale ». Le fondement de la valeur change et une économie de services intègre rapidement une économie de l’information. Le numérique pourrait aboutir à la mise en place de ce que certains auteurs appellent un « management augmenté ». Quelques références Alemano, S., 2014, Communication organisationnelle, management et numérique, Paris, L’Harmattan. Corniou, J.-P., 2008, La société numérique : regards et réflexions, Coll. Management et informatique, Paris, Hermès Science Publication. Reyre. I. & Lippa, M., 2015, e-Management : comment la révolution numérique transforme le management, Paris, Dunod. Salgues, B. & Bister, L., 2014, Les marketing des objets technologiques et des services numériques, Paris, ISTE. Turq, D., 2013, Le Management augmenté, Paris, Boostzone Institute.
Structure de chaque notion 1. Notion + nom du contributeur 2. Définition simple, non équivoque, rigoureuse, présentant les traits principaux de la notion: entre 2 et 4 lignes (3 phrases maximum) 3. Développements à caractère explicatif et illustratif de la définition à l’aide d’exemples complets et contemporains : entre 8 et 12 lignes 4. Examiner l’évolution de la notion, proposer une analyse critique de la notion, signaler les formes actuelles d’un point de vue scientifique : entre 8 et 12 lignes 5. « Champs disciplinaires » : (ex. technologique, juridique, économique, sociologique, scénaristique, graphique, théorie de la communication, publicité, marketing, artistique, etc.) 6. « Voir aussi » (lier la notion avec d’autres notions du livre/ ex : pour la notion de viralité: voir aussi buzz), cette partie est complétée lors de la composition du livre. Présentation des auteurs de notions : Une version courte d’une ligne (titre/institution d’appartenance/spécialité) Une version longue de 5 lignes Une photographie (de type photo d’identité)
Merci d’envoyer vos propositions à Gilles Rouet, gilles.rouet@uvsq.fr
Exemples de deux notions écrites pour 100 notions pour l’art numérique 1. Notion : ePercept Nom du contributeur : Gilles ROUET 2. Définition : À l’ère numérique, qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? Il n’est plus question de tenter une définition par le geste, une définition liée à des outils différents, hérités, souvent anciens et évidemment robustes et pérennes. Le créateur n’est souvent plus unique, car les logiques de réseaux sont investies par de multiples usages collectifs. Les créations artistiques peuvent évidemment toujours être contemplées, dans le cadre de réceptions relativement passives, mais ce n’est pas le numérique, en lui-même, qui a transformé la relation au spectateur, mais bien les spectateurs qui ont investi, dans leurs usages, le numérique et, par-là, ont modifié le rapport entre l’œuvre et le public. L’ePercept est cette perception installée avec les usages. 3. Illustration de la notion : Depuis la fin du siècle dernier, s’installent au sein des espaces publics des formes de créations artistiques qui mobilisent des outils nouveaux, numériques, renouvelant ainsi l’esthétique. Une esthétisation qui devenant banale s’inscrit dans les quotidiens, les perceptions, qui participe, en tant que contexte et environnement, aux processus cognitifs comme aux dynamismes identitaires. L’art est numérique comme la société est numérique. Cette contextualisation permet de dépasser une réception « technique », une perception qui serait consciemment celle, avant tout, de pixels sur des écrans. Quand l’écran est partout, dans les poches comme dans les sacs, sur les murs des salons comme sur les tables de nuit, en affichage publicitaire comme au sein des écoles, cette banalisation invite à oublier le pixel, la technique et à revenir à l’art, un art qui existe enfin pour lui-même et non plus en tant que contenu d’outils techniques… Et il ne s’agit pas seulement d’écran ou d’images, car le numérique n’est pas que visuel. L’art numérique semble s’inscrire dans une esthétique communicationnelle qui intègre ce spectateur. Ce n’est en fait pas nouveau, mais la généralisation des usages est à la fois rapide et très importante. La dimension artistique d’une esthétisation n’est plus un « en-soi », mais bien un « pour-soi » : les dispositifs intègrent les spectateurs, interagissent avec lui. De nouvelles relations conceptualisées se développent. Bref, l’art numérique est une composante d’une société numérique au sein de laquelle la participation est une norme, un impératif, l’action appelant une réaction. L’art numérique est, à ce titre, « injonctif » puisque la mise en relation entre l’œuvre et le spectateur-acteur est au cœur de la conception, de la démarche artistique, enfin ? 4. Évolution historique et analyse critique de la notion : Le numérique n’est pas un simple assemblage de technologies, menaces des structures économiques traditionnelles, destructeurs de l’imprimé et des bibliothèques, c’est une culture. La banalisation des techniques est une chance pour la création comme pour la démocratie. Les outils ne nous prolongent pas, ils nous appartiennent, nous donnent de nouvelles libertés, y compris de créer, mais aussi installent de nouveaux risques… et nous incitent à de nouvelles vigilances. Les gestuelles de l’écriture comme du dessin ou de la composition musicale changent mais ces différences radicales, qui ont des incidences psychomotrices, sans aucun doute, s’inscrivent dans la profondeur de l’accumulation des usages. L’art numérique est notre environnement. Il ne s’agit pas d’opposer un ancien, traditionnel, avec un nouveau, pas de querelle des modernes dans cette évolution, pas de sacralisation ou de diabolisation, mais une difficulté générale à apprécier, chacun en sa conscience, se propres évolutions de comportement, de désir, d’attirance. Les appropriations sont insidieuses et bientôt certains se demanderont, mais comment l’art peut-il ne pas être numérique ? 5. Champs disciplinaires : Sociologie, Philosophie, Science Politique, Sciences de l’éducation 6. Voir aussi : Milad Doueihi, Pour un humanisme numérique, Paris, Seuil, 2011. Dominique Cardon, La démocratie Internet, promesses et limites, Paris, Seuil, 2010. Gilles Rouet (dir.), Usages de l’Internet, éducation et culture, Paris, Éditions L’Harmattan, 2012. Anna Krasteva (dir.), e-Citoyenneté, Paris, Éditions L’Harmattan, 2013.
1. Notion : Numerintime Nom du contributeur : Gilles ROUET 2. Définition : Les frontières entre privé et public, dans nos sociétés numériques et du numérique, sont brouillées, un « ancien » privé s’invite dans un public à géométrie variable au point où la confusion incite à remettre en cause un paradigme pourtant bien établi. Mais de nouvelles frontières semblent bien s’imposer : entre l’intime et le privé/public. Et ces frontières concernent évidemment l’art, en général, et l’art numérique en particulier, dans le cadre de l’ePercept. Si les appropriations des technologies actuelles et des objets du numérique expliquent en partie ce décloisonnement partiel, ce brouillage public/privé, elles s’imposent, par de nouveaux usages, dans l’intime, le corporel, le sentimental, voire le sexuel. Les objets numériques autorisent de multiples usages intimes, d’écriture, de création, de composition d’images, de sons, de mots, mais aussi d’autres types de réception d’un art inscrit dans le numérique. 3. Illustration de la notion : Dans l’intime d’une chambre à coucher, les objets du numérique deviennent omniprésents… et nécessaires. Les liseuses, les smartphones, les tablettes comme les écrans connectés muraux sont autant d’objets mobilisés pour des usages personnels, dont certains s’inscrivent dans l’intime de chacun. L’art numérique est désormais disponible, souvent convoqué, dans l’interactivité de ces relations qui prolongent l’humain. C’est toute l’esthétisation des quotidiens qui se transforme ainsi, et en particulier celle des intimes. Mais ces objets ne sont pas que des gris-gris ou des peluches d’un nouveau genre et même s’ils peuvent bien sûr remplir ces fonctions, ils peuvent aussi autoriser un interfaçage direct entre moi et les autres et entre moi et moi, des logiques qui semblent bien transcender les ritualisations symboliques, déterminées culturellement, une évolution qui s’inscrit dans une mondialisation particulière, celle du rapport de l’humain à lui-même. 4. Évolution historique et analyse critique de la notion : Les objets numériques et leurs usages sont-ils une délivrance ou un enfermement ? Une addiction esthétique pourrait avoir des effets particuliers sur les comportements sociaux comme sur les processus cognitifs. L’usage induit des habitudes et des habitus, une envie d’un certain environnement esthétique, disponible pour-soi, au creux de son lit comme de ses jardins secrets. Car ces objets du numérique deviennent des appendices des corps et des esprits, facilitant une pratique d’autobiographie et d’autofiction particulière, d’autoportrait numérique, une exposition de chacun et de tous, que la technologie permet, d’un clic, de faire passer d’une sphère personnelle de l’intime à un espace public, au sein duquel de multiples espaces privés se juxtaposent. Car si les blogs ne sont pas des journaux intimes, l’art numérique, avec ses manifestations multiples, s’installe dans les intimes comme dans les espaces privés/publics, mais certainement pas de la même façon ni avec les mêmes conséquences. 5. Champs disciplinaires : Sociologie, Philosophie, Esthétique 6. Voir aussi : ePercept Chiron, E., & Lelièvre, A., 2012, L’intime, le privé, le public dans l’art contemporain, Paris, Éditions de la Sorbonne. de Maison Rouge, I., 2004, Mythologies personnelles : l’art contemporain et l’intime, Paris, Scala. de Maistre, X., 1794, Voyage autour de ma chambre, Chambéry, 1794. Dufoulon, E. ; (dir.), 2012, Internet ou la boîte à usages, Paris, L’Harmattan. Pedler, E., 2008, « Esthétiques ordinaires et mises en scènes ritualisées des lieux : L’échange estival de domicile et la question esthétique », in Monceri, F., & Gili, G., (dir.), Interculturalità, Teorie, Prassi, Significati, Campobasso, Università degli studi del Molise.