Pe[a]nser la crise du logement

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Pe[a]nser la crise du logement

Margaux CADIOT Rappor t de présentation de Projet de Fin d’Etude Fifty-Fifty Louis GUEDJ, Benoît BORIS, Gabriel RODRIGUEZ, Léa HOMMAGE, Marine LE ROY 1


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MERCI Louis GUEDJ pour toutes ses remarques constructives, sa bienveillance et son humour, Benoît BORIS pour m’avoir remis les pieds sur terre à multiples reprises, Gabriel RODRIGUEZ pour m’avoir poussée vers l’expérimentation, Marine LE ROY pour avoir relu mon rapport de présentation, Léa HOMMAGE pour sa franchise, Miléna BOISSEAU et Claire PLAYE, Marina CANTIN, Laurie CANTIN, Rim CIVIDINO, Mégane PLOTON, Ester PINEAU, Lara COCHET, Alice PAUL, Emilie CERNY et Laurianne CHALOPIN qui m’ont soutenue, supportée, comprise et aidée à prendre du recul, A toutes les personnes extérieures au monde de l’architecture qui m’ont permise de m’évader et de souffler quand il était temps : mes amis de Nort-sur-Erdre, de Casson, d’Héric, de Blain, de Notre-Dame-des-Landes pour leur folie et leurs excès, Mehdi LAKEL, Baptiste VASSE, Marvin JOSSE pour son monde, mon frère, Andy CADIOT pour son expertise dans le domaine de la politique et de l’urbanisme, Floriane LEFORT, Noémie BAHIN, Aline MAHE, Laëtitia BUSNEL, Lucie CHOCHOY, Lucile OLLIVE pour leur présence, les LIVET, les CADIOT, les NICOL, les ROSA, William FONTENEAU pour toutes ces années, mes parents, Sophie et Alain CADIOT pour leur patience, leur amour, leur motivation et leur fierté.

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INDEX INTRODUCTION

p.7

1.GRANDS ENSEMBLES - DU SUCCES A L’ECHEC

p.9

NAISSANCE DU DROIT AU LOGEMENT - ARCHITECTURE DE L’URGENCE CONFRONTATION VIOLENTE - ESPACE PUBLIC COMMUN ET ARCHITECTURE INDIVIDUAILISTE UNE IMAGE TERNE EXAGEREE ET COLPORTEE PAR TOUS Y COMPRIS LES POLITIQUES DE LA MIXITE SOCIALE AU COMMUNAUTARISME - UN ECHEC SOCIAL ENCOURAGE PAR UNE POLItique inadequate

p.10 p.10 p.13 p.13

2.Crise du logement et mal logement

P.17

DES POLITIQUES DU LOGEMENT QUI MAINTIENNENT LA CRISE DU LOGEMENT DES FAITS UNE FRANCE FRILEUSE ET DES POLITIQUES INADAPTEES A L’ETRANGER DES MODELES DIFFERENTS - DIFFERENTES SOLUTIONS Le modele rennais FINANCEMENT LE ROLE DE LA REHABILITATION DANS LA CRISE

P.18 P.18 P.18 P.20 p.21 P.23 P.24

3.EVOLUTIVITE

p.25

EVOLUTIVITE EVOLUTIVITE A DIFFERENTES ECHELLES ADAPTER l’OFFRE A LA DEMANDE L’APPROPRIATION DIVERSITE OU MODULARITE ANRU UN «CHEZ SOI» JEU D’ACTEURS

4.DU COLLECTIF AU COMMUN

P.26 P.26 P.27 P.31 P.32 P.35 P.35 P.36

GRAND ENSEMBLE ET CONNECTIVITES CONJUGUER LA MICRO-ECHELLE DU LOGEMENT ET LA MACRO-ECHELLE URBAINE PANSER LA FRACTURE SOCIALE - VIVRE ENSEMBLE

p.41 P.42 P.43 P.46

Ouverture BIBLIOGRAPHIE

P.49 p.53

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INTRODUCTION

Pe[a]nser la crise du logement

J

e me suis tournée vers ce sujet de manière instinctive et évidente guidée, par deux grands sentiments :

Dans un premier temps, je tiens à souligner mon fort lien avec ces grands ensembles que j’ai eu l’habitude de côtoyer. Pour y avoir vécu quelques temps. Pour les connaître par cœur de part les récits de mes grandsparents et de ma mère qui y ont vécu une bonne partie de leur vie (« La banane », Cité du Luth » Gennevilliers, 92, Hauts-de-Seine). Pour tous les moments chaleureux et douloureux que j’y ai passés. Enfin, pour toutes ces années au lycée Monge La Chauvinière, entre le quartier Boissière et Chêne des Anglais. Pour toutes les pauses passées au cœur de ces cités, entre les jeux pour enfants et les pataugeoires vidées et délabrées. Pour être passée des centaines de fois devant cette tour sans jamais lever la tête pour la considérer. Pour tous ces témoignages tellement poignants et divergents, entre haine et amour pour ces grands ensembles. Par ailleurs, j’ai toujours été très sensible à la crise du logement et du mal logement. Sûrement en lien avec la première raison. En travaillant sur ces grands ensembles, la notion de densité sous jacente m’était primordiale. Ces grands ensembles sont à l’époque capables de remplir à la fois la fonction phénoménale de loger de nombreuses personnes en précarité et de leur offrir un logement enfin digne. Précédemment se dresse le portrait plutôt sensible et spontané de ce choix. Pourtant, à travers ce portrait et tous ces sentiments se dressent les caractéristiques d’un choix réfléchi. A travers mon regard d’étudiante en architecture, l’opportunité de mettre en corrélation mon vécu et l’enseignement que j’ai reçu est une grande chance. Comprendre ces grands ensembles par l’espace social et par l’espace physique, les deux étant intimement liés. L’architecture devient alors politique et réflexive.

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1.

GRANDS ENSEMBLES DU A

SUCCES L’ECHEC


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

NAISSANCE DU DROIT AU LOGEMENT - ARCHITECTURE DE L’URGENCE

L

a notion de droit au logement nait ultérieurement à des enquêtes réalisées dénonçant les conditions misérables de l’habitat et les conséquences sur la santé humaine, la mortalité et la décroissance démographique. En 1889, Jules Siegfried fonde la société française d’habitation bon marché et dans la foulée, le système encore actif de prêts de la part de la caisse des dépôts se basant sur l’épargne des ménages se crée. A partir de ce socle législatif va se développer la politique du logement en France avec petit à petit de nouvelles marges de manœuvres et de nouveaux acteurs comme les communes et départements dès 1906. En 1912, la loi Bonnevay autorise la création d’Offices publics communaux et départementaux d’HBM. Le système législatif est en place mais connaît vite une pénurie de l’offre au lendemain de la première guerre mondiale. Le 13 juillet 1926, la loi Loucheur est votée et assure un plan de construction sur cinq ans qui prévoit la construction de 260 000 logements à bon marché, en locatif comme en accession. Avec la succession de crises financières, l’explosion démographique et les démolitions dues à la guerre, en 1946, l’état instaure une politique intense de construction pour pallier cette pénurie accrue.

CONFRONTATION VIOLENTE - ESPACE PUBLIC COMMUN ET ARCHITECTURE INDIVIDUALISTE

L

’espace urbain, se cantonne à l’espace horizontal, c’est-à-dire au sol. Il a pour vocation de créer du lien entre le voisinage, entre les habitants de ces grands ensembles. Les logements, sont construits dans une logique inverse. Ils sont destinés à « l’Habiter privatif ». Le premier admet une densité très lâche et le second au contraire, une densité très forte. Pourtant, dans les deux cas, même si les espaces sont gérés de deux manières différentes d’un point de vue de la densité, on constate une difficile appropriation de l’espace dit. Les critiques se tournent vers l’un, puis l’autre. La non-appropriation de l’espace public car il est trop lâche et est commun à beaucoup trop de personnes. Le logement car il est individualiste mais beaucoup trop collectif (au sens différent de commun). L’architecture est une somme de « cellules minimales » prônées par beaucoup d’architectes de cette époque. Le progrès technique et la standardisation étant un outil et un paramètre au service de cette recherche et de cette architecture. On parle notamment de « Cages à lapins ». L’opposition forte entre l’individuel dense et collectif et l’espace public lâche et trop commun s’appuie sur les principes architecturaux et urbanistiques de la Chartre d’Athènes1 (lumière, salubrité, espace) et sur les enjeux de 1 aboutissement du IVème Congrès des CIAM ayant pour thème la ville fonctionnelle, de 1933, sous l’égide de Le Corbusier, mouvement moderne

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GRANDS ENSEMBLES : DU SUCCES A L’ECHEC

Projet Plan voisin de Le Corbusier (1922 - 1925) - Crédit pphoto : https://www.worldexpatlondon.co.uk/ russia/2016/9/12/the-lost-archives-of-a-utopian-sovietunion

la crise du logement (densité). Ces deux arguments presque co nt ra d i cto i re s permettent de se poser la question de l’équilibrage et du contraste trop sévère entre les deux éléments. L’espace PANERAI Philippe, CASTEX Jean et DEPAULE Jean-Charles. Formes urbaines : de l’îlot à la public peut être vécu barre. Paris : Dunod, 1977, 230 p. comme la scène « Ce lieu ambigu trop visiblement d’un théâtre où les concédé à plusieurs immeuble » habitants jouent le rôle de spectateurs. C’est en ce sens que l’espace public est difficilement appropriable. Déjà, la cour de l’immeuble haussmannien se voulait inappropriable car pas assez cachée «

« Le volume de la cour en haut est commun : c’est-à-dire vu par d’autres avec lesquels il n’y a pas de relation de voisinage puisqu’ils n’ont pas accès de ce coté-ci de la cour. Ceci n’est supportable que si les autres sont prétendus « mêmes » dans une confusion anonyme des statuts. On voit que cette solution suppose un aplatissement de l’éventail social » -

Jeune fille de dos et enfants (années 60) - Crédit photo : WINDENBERGER Jacques

Si les CIAM prônent un vaste espace public pour pouvoir donner une qualité

aux logements, et une densité, d’autres critiquent et questionnent alors ce modèle qui peut sembler déshumanisé et vide de connexion. La dimension sociale n’existe plus dans la nouvelle pensée urbanistique. Les rues, les espaces verts, les places sont retirées ou sont faiblement pensées, en faveur d’une logique plus fonctionnaliste qui écarte la dimension sociale. La ségrégation des classes apparaît alors comme la négation de la ville. Par ailleurs, outre la critique de l’espace public, la critique de l’homogénéité apparaît. « Peut-être qu’à Sarcelle on finit par se sentir inutile, à Sarcelle on est un numéro, on est rien du tout, c’est tout, on est 1 sur 80 000 habitants. Sarcelle n’a pas de personnalité, l’habitant finit par croire que lui non plus n’en a pas, c’est pas une ville, c’est un amalgame de bâtiment… »3. La verticalité est alors un passage d’un lien familial, à un lien de voisinage entre plusieurs familles vers un passage à l’anonymat relatif

2 PANERAI Philippe, CASTEX Jean et DEPAULE Jean-Charles. Formes urbaines : de l’îlot à la barre. Paris : Dunod, 1977, 230 p. - p38

3 TCHERNIA Pierre. Quarante mille voisins. Production : RTF. INA Distribution. France, 1960, 14minutes.

lieu non-vu» 2, l’espace public du grand ensemble est encore plus visible.et donc moins appropriable.

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des immeubles4. C’est la raison pour laquelle les habitants s’identifient à un immeuble, voir un quartier. Pourtant, au vu de ce contraste entre espace public vide et architecture dense, le problème d’anonymat et de sentiment de répétitivité ne vient pas de la densité au sol du quartier. Pour de nombreux experts, ces grands ensembles ne sont pas « trop denses ». « En fait, si les grands ensembles ont un problème, c’est précisément de ne pas être assez «denses », autrement dit de ne pas avoir assez de mètres carrés construits sur chaque mètre carré de sol. Ce constat est complètement contre-intuitif, tant les barres ou les tours semblent bétonnées à l’excès. Pourtant, ces quartiers sont bien souvent très «dilatés ». Les immeubles s’égayent sur des hectares d’espace. Dans le Paris haussmannien du XIXe siècle, sur chaque mètre carré de terrain, on a empilé 4,5 mètres carrés bâtis. Dans le grand ensemble de La Courneuve, ce chiffre tombe à 0,3. Ces zones souffrent du préjugé défavorable d’une trop importante densité, sans même en avoir les avantages (commerces de pied d’immeuble, promenades le long des façades, animation de la rue…) Ce dont ils auraient besoin, bien souvent, c’est justement d’être un peu densifiés. »5 Mis à part ce manque de connexion et de transition entre l’espace public et le logement, la standardisation du logement et la « cellule type 4 Moget, F.-P., 1985,Villas-immeubles, immeubles-villas, un genre ?, EAPV, 87p., catalogue. 5 h t t p : / / w w w . l i b e r a t i o n . f r / france/2015/10/07/non-ce-n-est-pas-de-la-camelote-demolir-les-cliches-pas-les-cites-non-ce-n-estpas-une-aberration-ur_1399302)

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» sont sans doute à l’origine du mal-être de ces architectures. Si certains pensent le progrès technique, l’industrialisation et la standardisation de la technique comme point de départ de la recherche de la cellule type, on peut se demander si la réflexion n’est pas inverse. Serait-ce la cellule type qui serait finalement à l’initiative d’une recherche de standardisation ? Nanterre vue du ciel, Crédit photo Volontaire ou résultante, Il y a alors : MACLEAN Alex. clairement une réduction de l’habitat Source : Les grands et les richesses de l’habiter de chacun ensembles : une architendent à s’homogénéiser. Tous les tecture du XX siècle. (Voir Bibliographie) logements des grands ensembles sont plus ou moins similaires et le locataire s’est adapté au logement social « Si l’on ajoute à cette intrusion (Pourtant le fondement perpétuelle, quoi qu’involontaire, de l’architecture prône du groupe sur le territoire privé, l’inverse). Or, aujourd’hui, les contraintes de normativité, de quadrillage, de surveillance dont on se rend compte que nous avons constaté le cumul dans l’offre est de plus en plus le collectif étatiquement aidé, inadaptée à la demande, c’est bien sous le signe disciplinaire que ce soit dans le (cité-caserne), voire répressif (citéfond comme dans la prison) que l’ouvrier risque de vivre forme. Le parc social se le collectif résidentiel. » (Verret, diversifie et le roulement M.,1979, L’espace ouvrier, Armand de locataire soulève Colin) l’enjeu d’appropriation et d’adaptabilité du logement, de l’habitat, qui permettrait plusieurs « habiter ». Tant à l’échelle de l’habiter qu’à l’échelle urbaine, les grands ensembles sont imaginés comme une ville idéale, fusion entre une morale égalitaire (socialiste voir communiste) et une logique (standardisation) autoritaire.


GRANDS ENSEMBLES : DU SUCCES A L’ECHEC

Si pour les architectes du mouvement moderne il existe un homme standard, l’accomplissement de cette pensée en architecture (cellule standard) n’est guère appréciée car anonyme, peu appropriable et parfois vue comme autoritaire. « Les besoins humains sont

identiques pour tous les Hommes, les hommes étant faits sur le même moule. »6. L’urbanisme et l’architecture

fonctionnalistes vont peut-être à l’encontre de la pensée de Henri LEFEBVRE et du droit à la ville portant sur l’importance de l’individualité (et non l’individualisme) et de la personnalité de chacun7. J’aimerais citer comme exemple le philosophe sociologue allemand Georg Simmel qui argumentent les divergences de chacun et la complexité de l’humain qui se sont homogénéisées avec la société8. Pourtant, à cette époque, Le Corbusier écrit ces phrases : « Chacun bien aligné

en ordre occupe sa place […] C’est ainsi que le troupeau se trouve conduit […] Le monde a besoin d’harmonie et de se faire guider par des harmonisateurs » 9

UNE IMAGE TERNE EXAGEREE ET COLPORTEE PAR TOUS Y COMPRIS LES POLITIQUES

6 LE CORBUSIER. Art (L’) décoratif d’aujourd’hui. Paris : Arthaud, 1981, 218 p. 7 LEFEBVRE Henri. Le droit à la ville. Tome 2, espace et politique Paris : Anthropos, 1972, 174p. LEFEBVRE Henri. Le droit à la ville, Tome 1. Paris : Anthropos, 1972,164p. 8 SIMMEL GEORG, SIMAY Philippe. Les grandes villes et la vie de l’esprit. Éditions Payot. 2013, 112 p. 9 LE CORBUSIER. Manière de penser l’urbanisme. Paris : Denoël-Gonthier, 1977, 203p.

«

A l’extérieure sarcelle c’était mal vu, mais nous on était très content parce que y avait de l’espace, y’avait de l’espace pour les enfants, y avait de l’espace pour jouer. C’était un début à tout. Avoir un logement, meublé tout ça… […] Ce que j’appelle les années 60 c’est les plus belles que j’ai pu vivre. Tous les gens travaillaient… on s’amusait, c’était une belle époque […] Y avait cette solidarité avec des voisins très aimables Mr et Mme Abel… Nos enfants étaient élevés comme des frères et sœurs ils allaient jouer chez eux ou chez nous. On formait une famille, on la forme toujours la famille […] Le grand ensemble évidemment c’est la belle phrase. On est passé du grand ensemble où tout le monde se voyait, on se côtoyait, et on est aujourd’hui enfermé, on voit plus personne on se rencontre dans la rue

»10.

Pierre Merlin, fervent urbaniste de ces grands ensembles souligne la modernité de cette architecture et le confort qu’elle offrait à une très large partie de la population, qui auparavant, s’entassait dans des cabanes délabrées, sans eau, ni électricité. « Et c’est ça que les architectes ont

réussi, c’est que derrière ces façades en pierres de taille, se sont succédés des gens de toutes les origines du monde. Ces gens ça a été leur tremplin de venir à Sarcelle »11.

10 Belkacem, extrait de : DAYCARD-HEID Sébastien et DEVE Bertrand. Sarcellopolis – Films interactif. Yes sir Film – France 3. Communication d’intérêt général 1er Prix- Film « Sarcellopolis » Commanditaire France Télévisions, 2015. 11 Jean-Patrick Fortin, Architectes urbanistes des grands ensembles, extrait de : Op.cit.p.13

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

DE LA MIXITE SOCIALE AU COMMUNAUTARISME - UN ECHEC SOCIAL ENCOURAGE PAR UNE POLITIQUE INADEQUATE

A

partir de 1973, le choc pétrolier transforme la conjoncture économique du pays, et, déjà le déclin de ces grands ensembles se ressent. Les conséquences de ce choc sont considérables sur le chômage et aggrave la précarité des ménages déjà les plus en difficulté. Tandis que les inégalités se creusent, l’immigration croît. Parallèlement, une succession de réformes politiques sont mises en place pour désengorger la demande de logement social et permettent à certains de pouvoir partir et d’accéder à la propriété. Si à l’aube de son existence le grand ensemble présente une qualité souvent méconnue de grande et réelle mixité sociale, celle-ci disparaît petit à petit avec une fracture économique qui s’aggrave. Ces espaces auparavant symbole de réussite deviennent symbole de pauvreté et précarité. « Les grands ensembles sont-ils un

mal nécessaire, ou un nouvel aspect du plaisir de vivre ? Ce sera si vous le voulez bien à ses enfants de répondre, dans quelques années. »12. Si aujourd’hui la réponse est clair, il est évident qu’elle met en valeur la potentialité des ces grands ensembles en matière du vivre ensemble…

12 TCHERNIA Pierre. Quarante mille voisins. Production : RTF. INA Distribution. France, 1960, 14minutes.

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“Paris. Cité Curial-Michelet. 2016.” PHOTO ZUPAGRAFIKA. Disponible sur le site : https:// www.courrierinternational.com/diaporama/ diaporama-mais-quisont-les-locata iresd e - ce s - i m m e u b le s etonnants?utm _ medium=Social&utm _ campaign=Echobox&utm _ source=Facebook#xtor=CS1-9

“Paris. Les Choux de Créteil. 2016.” PHOTO ZUPAGRAFIKA. Disponible sur le site : https:// www.courrierinternational.com/diaporama/ diaporama-mais-quisont-les-locata iresd e - ce s - i m m e u b le s etonnants?utm _ medium=Social&utm _ campaign=Echobox&utm _ source=Facebook#xtor=CS1-9



2.

CRISE DU LOGEMENT ET MAL LOGEMENT


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

DES POLITIQUES DU LOGEMENT QUI MAINTIENNENT LA CRISE DU LOGEMENT

comparée à une augmentation de la demande, notamment dans le public. D’autre part, l’offre ne s’adapte que de peu à la demande mais c’est l’habitant qui doit s’adapter, soit à des logements trop petits, soit trop grands et donc trop chers. Si une hausse du logement social est visible depuis 2014, dû à l’objectif «500 000» mis en place par Cécile DUFLOT, l’offre reste inadaptée aux changements des structures familiales et de société, et, inférieure à la demande. En effet, la fluidité du parc qui se fait habituellement par les parcours résidentiels est bloquée par la différence des prix entre les loyers du parc public et privé. En conclusion, la demande est donc en augmentation à cause d’une augmentation démographique et d’une précarité accrue des ménages. *Secteur libre Pour autant, de nombreux *HLM Réhabilité logements restent vacants soit *HLM PLS parce qu’ils ne correspondent*HLM pas aux besoins des habitants, soit parce qu’ils appartiennent *HLM PLAI au parc privé.

A

u contact de ce sujet, mon besoin de répondre aux problèmes du mal logement et de la crise du D’un trop grands’est partage àintensifiée. une non appropriation de l’espace logement Dans un premier temps, j’ai cru que ces points pouvaient être réglés concrètement par l’architecte et par ses choix. J’ai Privé partie alors décidé de rédiger une Privé Intimité entière sur la question très Intimité actuelle de la crise du logement et le mal logement. Ce travail m’a aidéCommun à écarter Collectif Collectif toutes ces préoccupations, de me Cité U et compte HLM : Degré d’intimité espaces rendre qu’elles n’étaient pas dans leur globalité liées à l’architecte. Cette 800 seconde partie m’a alors permis de700 pouvoir déléguer certains enjeux. Pour 600enfin pouvoir me détacher, j’ai dû 500 les causes, les conséquences et étudier 400 les solutions de ces problèmes actuels 300sont la crise du logement, du mal que 200 logement et en partie la crise sociale 100 et économique qui s’en suivent. 0 9m²

13m²

*Rénové

18m²

Pourcentage d’étudiants en logement CROUS

DES FAITS

*Ancien

UNE FRANCE FRILEUSE ET DES POLITIQUES INADAPTEES

51 438 étudiants

N

ous assistons à plusieurs 4 049 logements 7,87% CROUS phénomènes interconnectés. D’un côté, une crise du logement accrue avec une baisse de l’offre 600000

L

a loi sur le droit au logement opposable (Dalo) de 2007 vient conforter l’idée d’une notion universelle du droit au logement, avec

Nombre de logements

Objectif 500 000 logements Nombre de logements collectifs autorisés

500000

Nombre total de logements autorisés

400000

Nombre de logements autorisés, en France Source : Construction de logements. Résultat à fin septembre 2017 (France entière) [en ligne]. Services publics, n°53, octobre 2017. Disponible sur : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/53

300000 200000 100000

18

400 350 300 250 200 150 100

2010

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Prix en euros

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2013

2014

2015

2016

Année

2017 Non boursiers (2012) Boursiers (2012) Prix des logements en fonction de la superficie Source : Crous Nantes – Pays de la Loire. Chiffres clés : Bourses –logement – restauration – Emplois. 2012 – 2013. [En ligne] http://fr.calameo.com/read/0005328532a02f6832dd9


CRISE DU LOGEMENT ET MAL LOGEMENT

comme priorité l’accès au logement pour les plus défavorisés. Pourtant, si on regarde les politiques de l’habitat en France et dans les autres capitales européennes, on comprend la frilosité des politiques françaises à actionner des leviers pour favoriser un certain droit au logement. On discerne également des lois qui ne font qu’enrayer le processus de crise et accroître les inégalités face au logement. Par exemple, face à la loi PINEL, de nombreuses illégalités sont commises et certains propriétaires n’ajustent pas leurs loyers bien que les pouvoirs publics leurs accordent des exonérations fiscales en contrepartie. D’autre part, des régions se retrouvent en zone A et construisent démesurément même si la demande est négative (Bézier). Des lois permissives comme la loi Molle permettent de dépasser les plafonds de ressources, ce qui à pour conséquence d’accroître la pénurie en logement social, notamment pour les plus pauvres. Quelle que soit la politique menée, libérale ou sociale, la crise est difficile à résoudre Les politiques sociales (aide à la personne et à la pierre) sont critiquées car l’auto régulation du marché est paralysée et les loyers du parc privé augmentent davantage. Alors, l’état se doit d’être encore plus impliqué pour compenser cette hausse. Par ailleurs, les politiques libérales qui utilisent des défiscalisations ou des suppressions de contraintes administratives visant à favoriser l’initiative privée et créer un choc de l’offre sont également remises en cause car elles ont un (faible jusqu’ici) impact et, sur du long terme (baisse des prix). Passant d’une politique à une autre concernant l’économie du logement, les politiques

ne peuvent être efficaces et ne visent que très peu ces grands ensembles dans leur globalité, c’est-à-dire, avec l’aspect économique (chômage), social, culturel. Ces grands ensembles qui souffrent alors de ghettoïsation font l’objet de nombreuses politiques successives et détachées les unes des autres. Ces politiques répondent à des faits ponctuels et temporaires plutôt que d’être en cohérence et continuité entre elles. Pour exemple, la tragédie de Charlie Hebdo oriente et dessine de nouveaux enjeux ANRU 21 avec en priorité la mixité sociale. La loi SRU en découle. La nouvelle politique de la ville vise des enjeux urbains mais prend plus fortement en compte les enjeux sociaux économiques des quartiers (chômage, culture etc…). Les politiques de la ville ont assidûment, un train de retard. La France, est un pays qui possède de nombreux logements sociaux et le pourcentage de son parc social est de 20%. Il admet un système généraliste2. Ce système permet aux personnes ayant des difficultés financières de pouvoir se loger à des prix plus bas que ceux du parc privé. En France, une part importante de la population peut avoir accès à un logement social (64% des français et 60% des nantais). Le parc social pourrait alors permettre une certaine mixité sociale. Cependant, la 1 Loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 2 Système dont les missions sont définies plus globalement en référence au logement des personnes ayant des difficultés à accéder à un logement aux conditions du marché en raison de l’insuffisance de leurs revenus. P.23-24 Source : Article - Le développement du logement social dans l’Union européenne – Laurent Ghekière - Revue des politiques sociales et familiales Année 2008 n°94 pp. 21-34 Fait partie d’un numéro thématique : Politiques du logement : questions sociales

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

ségrégation reste omniprésente avec une ségrégation maximale entre le parc privé et le parc social.

A L’ETRANGER DES MODELES DIFFERENTS - DIFFERENTES SOLUTIONS

A

ujourd’hui, la crise du logement touche la majeure partie, si ce n’est l’ensemble, du territoire européen. Pourtant, les politiques du logement menées s’opposent parfois. Si la résidualisation3 du parc social locatif apparaît pour les pays de l’Europe du Nord Ouest (particulièrement au Royaume-Uni), le système généraliste de la France ou le système universaliste4 (Ghekiere, 2008) menée par l’état providence en Suède ou aux Pays Bas ne résolvent pas la pénurie de logements, bien au contraire. Au Royaume-Uni, on assiste sur la période d’après guerre à une politique opposée à celle de ces voisins membres. L’état se désengage progressivement de 1979 jusqu’à 1986. Le parc locatif social se retrouve vendu à des particuliers (accès à la propriété favorisé) ou à des associations. Dès lors, le parc public se privatise au même moment où les dépenses publiques en matière de 3 Système dont les missions sont strictement définies en référence au logement des personnes défavorisées et de groupes sociaux identifiées en raison de leur exclusion effective ou potentielles du marché en pour des raisons multiples. P.24-25 Source : Op.cit. p.17 4 Parfois qualifié de « logement d’utilité publique », caractérisée par l’absence de ciblage sur une demande sociale donnée, et qui a pour mission de fournir un logement en direction de l’ensemble de la demande, demande sociale inclue, en complément de l’offre présente sur le marche. P.25-26 Source : Op.cit. p.17

20

logement chutent de 76% (entre ces deux dates). La hausse démographique et la chute de la construction ne font alors qu’amplifier cette crise du logement. Dans un second temps, le parc locatif public tendant à se réduire, le phénomène de résidualisation émerge avec un fossé socio-économique notable entre les locataires du parc public et privé. La politique du logement actuelle sur ce territoire tend à inverser la balance et tire son épingle du jeu avec une part de 50% de logement social obligatoire dans tout nouveau programme immobilier. L’Allemagne est le pays où le pourcentage de logements locatifs est le plus haut et donc celui de logements privés le plus bas. Parallèlement, le gouvernement stabilise les prix des loyers avec des lois permettant d’encadrer ces derniers. Concernant les pays nordiques, comme les Pays-Bas, la Suède ou le Danemark, l’état providence a longtemps été présent en matière de politique du logement, avec un encadrement important des loyers et une réelle intervention sur le foncier. Une vision universaliste qui a permis une grande mixité sociale mais qui aujourd’hui ne résolve pas la pénurie grandissante de logement. A titre d’exemple, Stockholm permettrait de se procurer une location en moyenne à 9,9€ le m2, ce qui reste très faible pour une capitale5. Le secteur de logement public admet un système universaliste. Tout le monde peut en principe acquérir un logement public. Les aides de l’état concernant le logement étaient alors accessibles 5 27€

En moyenne, à Paris, le prix du m2 est de


CRISE DU LOGEMENT ET MAL LOGEMENT

à tous. La notion de logement social est alors remplacée par celle de « logement d’utilité publique ». Les loyers des logements du parc public sont négociés entre le propriétaire (bailleur qui sont des compagnies à but non lucratif) et le locataire. Ces loyers servent ensuite de référence pour la fixation des prix de loyers dans le privé, ce qui permet d’encadrer réellement les prix de ces derniers et réguler les prix du privé-public. Ce système permet alors la fixation des prix en fonction de la valeur du logement et non de la localisation du bien, permettant alors des prix bas dans les zones tendues et donc une mixité sociale réelle dans ces zones généralement prisées. De plus, l’attribution est objective et se fait selon la date d’inscription sur la liste d’attente. Malheureusement, ce système n’incite pas les investisseurs privés à construire et on assiste au phénomène inverse d’un choc de l’offre. L’accession à la propriété est plus rentable et préférée par les investisseurs. De ce fait, l’offre de logement locatif chute à l’inverse de la courbe démographique. A Amsterdam, 90% du foncier appartiennent aux ressources publiques. Par conséquent, 34% du marché du logement représente le logement social. En matière de régulation de la spéculation dans le secteur privé, certaines politiques publiques empêchent une trop grande spéculation de la part du marché privé, en obligeant les loyers à se baser sur ceux du secteur locatif. Aux PaysBas, les loyers sont très encadrés et des loyers maximums sont fixés pour 93% des logements en locatifs (dits logements régulés) sur la base d’un système de points en fonction de la

valeur du bien et non de la localisation. Le secteur locatif privé et social tend alors à s’unifier. Si les corporations de logement qui gèrent le parc locatif social sont privées (mais à but non lucratif) elles peuvent bénéficier d’une aide de l’état comme l’obtention de foncier à des prix très attractifs.

LE MODELE RENNAIS

S

i de manière centralisée l’état n’applique pas une politique active, ou efficace en matière de droit au logement, et de logement, quelques régions comblent ce manque de logements par des politiques du logement décentralisées. C’est le cas à Rennes qui depuis 1977 et plus particulièrement 2005 avec le PLH (programme local de l’habitat) mène une politique volontariste à l’inverse de la politique de l’état, disloquée et morcelée en matière de politique du logement. Il y a dix ans, Rennes met en place un choc d’offre. Depuis une dizaine d’années, la métropole voit 37 000 logements se construire. 18 000 logements aidés dont 1 000 HLM. Des aides à la pierre sont accordées, et en particulier en faveur du secteur public. Le résultat est présent, la métropole passe du 4e au 12e rang de la ville aux loyers les plus chers au niveau national de 2003 à 20136

Avec la mise en place de leviers d’action sur le foncier (droit de préemption, subventions publiques à l’office Hlm, 6 Plan local de l’habitat de Rennes Metropole : 2015 – 2020, Rennes Métropole, janvier 2016, 105p.

21


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

augmenter la part d’offre sociale, tirer des bénéfices financiers sur les ventes de foncier aux promoteurs au prix du marché), la ville de Rennes met en place des aides à la pierre pour construire des logements notamment sociaux, tout en encadrant les loyers. Par ailleurs la métropole s’engage à encadrer les loyers du secteur privé afin de faciliter et encourager la mobilité et le parcours résidentiel d’une part, et de l’autre solliciter le privé pour répondre à la pénurie de logement. Pour exemple, la collectivité assure un soutient financier pour abaisser les charges foncières et permettre des loyers bas. Elle incite l’acquisition du foncier des investisseurs privés mais tout en encadrant les loyers grâce aux aides publiques. (PLS et loi Scellier pour faire baisser les loyers). D’autre part, Rennes métropole oblige les organismes HLM à réaliser 30% de mutation de son parc locatif social afin d’encourager les mobilités. Rendre un possible parcours résidentiel en affaiblissant la différence entre les prix du public et du privé. « …la différence entre une politique de l’habitat et un programme de l’habitat : Notre objectif c’est de loger, pas de construire des logements ! » Guy POTIN. Malgré tout, une difficulté à loger la classe moyenne perdure avec la rupture du parcours résidentiel due au fossé des prix du parc libre et ceux du parc social persistant. Cette flambée des prix dans le secteur libre serait due au « millefeuille » de règles nationales comme les normes PMR, thermiques, l’installation de la fibre optique ou les taxes d’aménagements… Concernant sa politique d’attribution, Rennes excelle ici aussi. Sa commission

22

unique d’attribution7 objective est exemplaire dans le domaine du droit au logement et permet de loger d’urgence des personnes qui en ont « Vis à Vis de l’état, nous avançons sur deux pieds, besoin, grâce l’Aro et le Club, « Déà des critères centralisation & Habitat d ’ att r i b u t i o n » Tifenn Quiguer, présiobjectifs comme dente de l’Aro Habitat l ’ a n c i e n n e t é depuis 2011 et la situation actuelle de logement. La mixité spatiale est valorisée avec un prix unique au m2, dépendant de la valeur architecturale du bien et par conséquent indépendant de la localisation du bien. Un jeu d’acteurs varié se crée avec pour exemple la création de l’AIVS8 mobilise des logements privés à des loyers d’un tiers inférieur à ceux du marché, en contrepartie d’une garantie face aux impayés, à la vacance et les dégradations. Ce dispositif est à l’initiative du monde associatif. Aujourd’hui il y en seulement une quarantaine en France. Aussi, L’ARO, est une association qui fédère 37 organismes HLM de la région rennaise. Elle permet à l’ensemble des organismes HLM de s’unir, se coordonner pour proposer des actions adéquates, liées et par ailleurs permettre au modèle régional d’avoir un poids considérable auprès de l’état. Le Club9 réunit les acteurs régionaux du logement pour des concertations et des échanges de bonnes pratiques. Des systèmes mis en place par la loi 7 En place depuis 1955 comme guichet unique d’enregistrement de la demande de logement social qui devient en 1964 la Commission unique d’attribution 8 L’agence immobilière à vocation sociale mis en place en 1995 9 Le Club Décentralisation et habitat Bretagne est crée en 2009


CRISE DU LOGEMENT ET MAL LOGEMENT

ALUR pourtant non appliqués le sont sur la métropole rennaise avec pour exemple le GUL10 ou le FSL11.

FINANCEMENT

O

n sait –plus ou moins- que le financement des logements sociaux est un financement particulier qui varie selon la conjoncture économique et politique : les financements ne seront pas de la même importance, de la même nature et des mêmes enjeux. Toute cette complexité s’impacte forcément sur la population que le logement social vise, dans sa diversité, dans son intégration, dans sa personnalité, dans sa mixité, dans son morcellement, et toutes les caractéristiques socioculturelles qu’elle amène. La mixité sociale est un enjeu particulièrement prioritaire et prévalent de ces dernières décennies. Cependant, la question de la réhabilitation et des politiques sociales de la ville, si elle vise à la développer, elle le fait à une échelle superficielle qui ne permet en réalité aucun échange cosmopolitain. Partant de bonnes intentions, la réhabilitation visant à offrir une meilleure qualité de vie tant au niveau physique que psychologique, peut parfois aller à l’encontre même de la notion de mixité sociale. A elle seule, elle peut alors élargir le gouffre qu’est la fracture sociale. Si, dans le cadre de l’ANRU 2, toutes constructions

10 GUL : Garantie Universelle des loyers 11 Le « Fond de solidarité Logement » est une instance créée en 1967 qui se préoccupe des dossiers d’expulsion et gère un fond pour les dettes et impayés des locataires. Elle donne naissance en 1990 au Fonds de solidarité logement (Loi Besson)

neuves implantées dans les quartiers concernés sont obligatoirement destinées à du logement privé, les réhabilitations d’autre part visent à attirer une autre classe sociale, au détriment des populaires. Certes, le logement social, dans le cas des réhabilitations, ne reste accessible qu’aux personnes remplissant un certain nombre de critères. Aujourd’hui, 64% de la population française se voit éligible à un logement social. La fracture se ferait à l’intérieur même de ce parc social au vu des réhabilitations. Le coût de la réhabilitation engendre une augmentation, certes faible, mais considérable pour les personnes concernées. En moyenne, si le prix au m2 du logement social (comme exemple celui de la tour Mérimée à Boissière), stagne aux alentours de 5euros, avec une réhabilitation il se rehausserait autour de 7euros le m2. Par conséquent, seulement une partie des personnes du parc social pourrait intégrer financièrement cette hausse. La réhabilitation étant indispensable, et, la préservation d’une mixité sociale au sein d’un même immeuble également, la mise en place d’un système de financement multiple semble envisageable et requis. D’autant plus que, parallèlement à ce phénomène interne aux problématiques de la réhabilitation, un problème plus global se pose. Ces dernières années, la construction de logements PLS12 ne cesse de croître, au détriment de

12 le PLS (Prêt Locatif Social) est destiné aux ménages les plus aisés parmi ceux éligibles au logement social. Les loyers sont compris entre 7,72 euros/ m2 et 13,08 euros/m2

23


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

logements PLAI13 et PLUS14. Entre 2001 et 2015 l’offre en PLS à augmentée de 3,6% alors que pour les PLAI et PLUS réunis, seulement de 1,6%. L’offre de logements est en hausse, mais, ces derniers deviennent nettement moins accessibles et concernent donc seulement une partie restreinte de la population.15

LE ROLE DE LA REHABILITATION DANS LA CRISE

L

a réhabilitation a d’abord été l’amélioration de l’habitat en gardant les éléments structurels. « Rendre à l’ouvrage ses capacité d’usages »16, Mais dès 1993, la réhabilitation va au-delà du simple habitat en tant que logement, mais bien l’habitat jusque dans son aspect social, économique et culturel, s’étendant aux enjeux globaux du quartier. C’est alors lui « restituer ses caractéristiques sociologiques, architecturales et urbanistiques majeures initiales »17.

L’enjeu pour ce parc existant étant d’enrayer la vacance en proposant une mixité sociale (adapter l’offre) et améliorer l’image (attractivité). La réhabilitation ne doit pas faire forcément objet politique mais à un 13 le PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégration) est réservé aux personnes en situation de grande précarité qui cumulent des difficultés sociales et économiques. Les loyers sont compris entre 4,56 euros/m2 et 5,97 euros/m2selon les régions. 14 le PLUS (Prêt Locatif à Usage Social) constitue le prêt le plus courant, 80% des logements sociaux étant régis par ce plafond de loyer et de ressources. Les loyers sont compris entre 5,14 euros/m2 et 6,71 euros/m2 selon les zones. 15 Les HLM en chiffres, L’union sociale pour l’habitat, 78e Congrès, Strasbourg, du 26 au 28 septembre 2017. Document papier de la DDEF. Disponible sur le site : www.union-habitat.org 16 p.7 - FORTIN Jean-Patrick. Grands ensembles : L’espace et ses raisons. Broché, La Documentation Française, 15 mars 2001, coll. «Recherches» no 125, Puca, 112 p. 17 p.7 - FORTIN Jean-Patrick. Grands ensembles : L’espace et ses raisons. Broché, La Documentation Française, 15 mars 2001, coll. «Recherches» no 125, Puca, 112 p.

24

rôle important dans la crise du logement. Elle n’est pas un levier de choc d’offre ou de densification. Elle est cependant un levier dans la fluidité des parcours résidentiels et donc de la mixité sociale. En permettant une politique de réhabilitation sur le parc existant, la métropole requalifie et diversifie l’offre, permettant à la fois d’adapter l’offre, de fluidifier les parcours et par conséquent de favoriser la mixité sociale. La réhabilitation joue un rôle dans la réflexion sur le mal logement tant au niveau de la qualité que sur la nature. La réhabilitation peut créer une certaine mixité sociale avec un mode de financement divers (PLAI, PLS, PLUS, PRIVE , ACCESSION etc...). La réhabilitation peut aussi créer de la mixité sociale autrement que dans la diversité financière et instaurer une fluidité et un rééquilibrage du territoire au sein même du parc social (au sein même de cette catégorie de population qui pourrait être une classe sociale a part entière). Apporter une mixité en termes de moyens financiers (transformer du locatif social en privé ou en accession) serait nier voir se moquer de la pénurie de logements sociaux. Si le rééquilibrage de ces quartiers peut se faire dans ce sens, mon intention est à l’inverse. Le rééquilibrage social se ferait par une diversité bien plus complexe au sein même de cette classe populaire. Si selon les travaux de nombreux sociologues , les classes sociales contemporaines seraient vouées à disparaître, la catégorie de locataires du parc social pourrait donner jour à une nouvelle « classe sociale ». Par conséquent, le revenu comme caractéristique d’une classe sociale demeure, mais une diversité de genre, de religion, de culture, d’âge perdure. Aussi, on sait que 60% des nantais seraient éligibles à un logement social, ce qui est significatif de l’hétérogénéité de ce public.


3.

E VO L U T I V I T E


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

L

a base du logement évolutif est anthropologique et se situe à l’origine même de notre société. Elle est le reflet d’une société nomade mais également elle accepte la condition changeante de l’humain. Le logement est donc pendant longtemps de fait évolutif. Avec l’évolution de l’organisation de la société qui se sédentarise d’une part et d’autre part l’évolution du progrès technique, le logement tend à se rigidifier. Comme vu dans le premier chapitre, on constate une uniformisation des modes de vie actuels et une rigidification du logement. Pourtant, il existe une grande variété des modes d’habiter.

EVOLUTIVITE

I

l existe deux formes d’évolutivité. Une forme presque métaphysique qui adopte un comportement global et radical. Cette évolutivité est culturellement déterminée, c’est celle de la destruction des grands ensembles par exemple. L’évolutivité ne peut se faire qu’à travers une remise à zéro. Le bâtiment à atteint le sommet de sa fonctionnalité et de son adaptation. Il ne peut plus se renouveler de luimême. La seconde forme d’évolutivité est celle qui fait le socle de la pratique de l’architecte. Penser à l’habitant, à l’évolution des modes de vie, dans son individualité comme dans sa globalité. Son rôle permettra alors une adaptabilité préméditée. L’architecture n’est pas vue dans un laps temporel fini mais plutôt dans une large temporalité. C’est pourquoi l’évolutif n’est pas un habiter mais bien un processus d’habiter. Dans ce travail de réhabilitation, l’architecte s’appuie sur un patrimoine 26

et sur des espaces avec une histoire, qui ont à une époque été une réponse à un enjeu. D’une part, la question de l’évolutivité de ces constructions est questionnée, et d’autre, il est du devoir de l’architecte de l’adapter le mieux possible et, de le concevoir comme un produit pouvant lui-même être adapté. L’erreur de l’architecte serait de reproduire une architecture figée, et adaptée uniquement à une temporalité précise. L’architecte doit alors prendre en compte les changements, et les révolutions sociales de l’Habiter et de l’habitat, qui menacent. C’est en cela que l’histoire de l’architecture et l’histoire de ces grands ensembles est indispensable pour sa réhabilitation. Comprendre à qui elle était destinée, comprendre ses failles mais également ses qualités et son potentiel.

EVOLUTIVITE A DIFFERENTES ECHELLES

I

l en ressort un désir de la part des architectes de reproduire continuellement des vagues de recherche a ce sujet. Tant au niveau technique qu’au niveau de l’appropriation, l’évolutivité touche à des réflexions primordiales. En effet elle permet l’adaptabilité du logement aux usages, aux différents modes de vie, sous deux temporalités. La première temporalité est celle globale du changement de la société. Cette temporalité se veut importante dans le contexte actuel qui souligne des changements rapides des besoins dans le parc du logement social. C’est l’adaptabilité due aux transformations sociales, structurelles et démographiques.


Evolution des ménages selon leur taille Ville de Nantes 1999 90 000 80 000

2007

2012

EVOLUTIVITE

+1,5% par an

70 000 60 000 50 000 40 000

La seconde temporalité est celle de 30 000 20 000 l’évolutivité du logement lui-même et 10 000Cette forme de son organisation interne. 0 d’évolutivité ramène à l’appropriation 1 personne du logement. Le logement social admet que le locataire ne soit pas propriétaire et qu’il y ait des changements fréquents de l’usager. C’est pourquoi la seconde temporalité permet l’évolutivité à plus petite échelle et à plus haute fréquence.

ADAPTER l’OFFRE A LA DEMANDE

S

lu s En s m em én b ag le es de s

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an 74 65 à

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onne de référence en 2015

laré est positif ou nul et dont la personne de référence

+0,8% par an

importante +0,8% est celle des ménages +0,8% par -1,8% comptant une anseule personne (+1,5% par an par an par an). Par conséquent, en 2012, 51% des ménages nantais sont composés 2 personnes 3 personnes 4 personnes 5 personnes et + Sources : INSEE, Nantes Métropole,contre AURAN seulement d’une personne 47,1 en 1999. A l’inverse, la part des ménages de 4 personnes et plus est en baisse avec 11,5% en 2012 contre 14,1 en 19991. Nous pouvons faire l’hypothèse que les sans abris ou les migrants seuls qui ne sont pas comptabilisés par l’Insee pourraient participer à une plus importante augmentation de ces ménages. Alors le logement d’urgence pourrait constituer une nouvelle demande de petits logements.

i le manque de logements Evolution de la population par tranche d’âge s o c i a u x Ville de Nantes et notamment 1999 2007 2012 en PLAI se fait +0,3% 90 000 par an ressentir, l’écart 80 000 entre la demande concernant la 70 000 +0,6% par an typologie du bien 60 000 +0,1% +0,3% est en décalage 50 000 par an par an avec l’offre. La +2,5% 40 000 tour Merimée par an +0,8% par an et son taux de 30 000 vacance est 20 000 l’exemple même 10 000 d’un système 0 Moins de 15 ans 15 à 29 ans 30 à 44 ans 45 à 59 ans 60 à 74 ans 75 ans et plus d’attribution et Sources : INSEE, Nantes Métropole, AURAN d’une architecture inadaptée. En On constate d’une part un vieillissement effet, le taux de vacances est de 25%. intrinsèque de la population, et d’autre Pourtant, les chiffres de Nantes et ceux part, des transformations sociales et de la tour Merimée sont paradoxaux. Le donc des structures familiales (ruptures, taux de vacance de la tour touche les divorces, une part plus importante de T3 (les T4 et T5 quant à eux sont tous célibataires, jeunes étudiants jusqu’à occupés). Pour cause, l’image négative leur 30ans etc…). Si ces changements que renvoie ce quartier, et, une volonté génèrent une demande supplémentaire de mixité sociale à laquelle le bailleur social s’accroche. En effet, la ville de Nantes compte en 2012, 150 422 1 Chiffres et repères : Population, Ménages, Actifs, Emplois, logements. Nantes et ses quartiers ménages, en progression de 1,1% par - Auran 65 _ 15, Ville de Nantes, Nantes métropole, an. Parmi cette augmentation, la plus Auran, Insee. 27


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

Evolution des ménages selon leur taille Ville de Nantes

Evolution des m

1999 90 000

2007

2012

Ville de Nante

+1,5% par an

80 000

90 000 80 000

70 000

70 000

60 000

60 000

+0,8% par an

50 000 40 000

50 000 40 000 30 000

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+0,8% par an

20 000

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10 000 0

1

3 personnes 4 personnes 5 personnes et + Sources : INSEE, Nantes Métropole, AURAN

en logements, ils demandent surtout une adaptabilité de l’architecture, aujourd’hui sur Nantes et sa métropole.

logements ont été acceptées, 5 987 ont été refusées. Malgré ces changements structurels et sociaux de la société, celle-ci est amenée à se transformer de nouveau. Pour

Par conséquent, sur Nantes, les maîtrises d’ouvrages parlent de pénuries de T2 et de T1 : Aujourd’hui le parc compte environ 6% de T1 contre 38% de demandeurs. En 2012, si 6 452 attributions de

Revenu disponible moyen des ménages selon l’âge de la personne de référence en 2015

Evolution de la

en euros 45 000

Ville de Nante

40 000

90 000

Evolution de la population par tranche d’âge

80 000

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Ville de Nantes

1999

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2007

70 000

2012

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50 000

80 000

40 000

20 000

70 000

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+0,3% par an

+2,5% par an

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10Note 000: revenu annuel.

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Champ : France métropolitaine, ménages dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence

28n’est 0pas étudiante.

Sources : CCMSA; Cnaf; Cnov; DGFiP; Insee, ERFS.

Moins de 15 ans

15 à 29 ans

30 à 44 ans

45 à 59 ans 60 à 74 ans 75 ans et plus Sources : INSEE, Nantes Métropole, AURAN

Moi


EVOLUTIVITE

exemple l’effet « Papy boomer »2 est un phénomène temporaire. C’est pourquoi l’importance de pouvoir adapter dans le temps le logement est primordiale.

Comparaison entre le HLM et la cité U Source : - PINSON Daniel, BOUILLAUD Mireille, DEMARQUE Corinne. Configurations et usages du logement étudiant à Nantes. Nantes : Ecole d’architecture de Nantes, 1994, 295 p.

Le logement pour seniors 18,3% de la population ont plus de 60 ans et cette part représente la plus grande hausse depuis 2007 (+2,5 pour les personnes de 60 à 74 ans et +0,8 pour les 75 ans et plus). Si la ville de Nantes n’est pas au dessus de la moyenne globale de la France, une réelle augmentation est tout de même notable. Par ailleurs, en 2015, le revenu disponible moyen des ménages pour ceux dont le référent est de 65 à 74 ans est de 34 670 euros et de 29 200euros pour ceux dont la personne référente est âgée de plus de 75 ans3. L’exemple du logement étudiant La ville de Nantes connaît une attractivité accrue envers la population jeune qui ne cesse d’augmenter. De 1999 à 2012, le solde migratoire de la population de 15 à 29 ans est d’environ 6000 personnes. En 2012, la part de jeune dans la ville de Nantes est la plus élevée. Elle représente plus de 80 000 personnes, 2 fait référence au vieillissement de la population du au vieillissement des bébés du « baby-boom » 3 Revenu disponible moyen des ménages selon l’âge de la personne de référence en 2015 : Données annuelles de 1996 à 2015 [en ligne]. Insee, 12 septembre 2017. Disponible sur : https://www.insee.fr/ fr/statistiques/2412465

soit 29,3% de la population nantaise, bien au dessus de la moyenne de la France métropolitaine qui est de 26%.4. L’étudiant représente donc une part non négligeable de la population nantaise Si d’ordinaire l’étudiant trouve refuge en cité universitaire ou dans des appartements privés en centre ville, une troisième alternative se développe avec la vacance de nombreux logements HLM. Ces logements sociaux désaimés de la population pour tout ce qu’ils représentent, trouvent un second souffle dans la vie des étudiants. Encore hors de la société compétitive et capitaliste, l’étudiant n’a pas comme soucis l’appartenance sociale et l’image renvoyée. Dans les années 1950, les CROUS (Centres régionaux des Œuvres Universitaires et Scolaires) sont créés. Ils assurent une aide financière provenant des collectivités et proposent différents services et équipements liés à la restauration, le logement et la culture. En passant de cités universitaires dortoirs à des cités réparties dans la ville, le succès de ces cités reste peu accessible au vu de la faible offre de logements proposés. D’autant plus que l’aide à la pierre pour la construction de ces cités se stoppe en 1970, favorisant une aide à la personne par le biais de la CAF. Ces cités destinées aux étudiants (presque une classe sociale à part entière) n’allègent que faiblement les difficultés rencontrées concernant l’obtention et le paiement d’hébergement. En 2012, Nantes compte au total 51 438 étudiants, dont seulement 7,87% qui trouvent une place dans les 4 049 logements gérés par le CROUS, 4

Op.Cit. p.25

29


800 700 600 500 400 PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT 300 200 100 0 9m²

200 100 0

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Pourcentage d’étudiants en logement CROUS 51 438 étudiants

7,87%

51 438 étudiants

4 049 logements CROUS

*Rénové

4 049 logements CROUS

*Ancien Nombre de logements 600000 18m² 500000 logements euros pour à 238,33 eurosNombre et de123,44 600000 400000 les boursiers. Pour les T1 de 18m2 à 500000 plus de 20m2, les loyers oscillent 300000400000 entre 242,34 euros et 379,46 euros 300000 200000 (boursiers : 93,80 à 162,16 euros). En 200000 résultat, même pour les logements 100000 2010 2011 pour 2012 des 2013 2014 2015 gérés 100000 par le CROUS, petites 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 surfaces et des aides financières, les

400

Prix en euros

Objectif 50 Nombre de

Nombre tot Objectif 500 000 logements

Nombre de logements collecti Nombre de logements

Nombre total :deConstructio logements au Source

septembre 2017 Nombre de logements autorisés, en (France France Source : Construction de logements. n°53, octobre 2017. Ré D septembre 2017 (France entière) [en ligne]. Ser tiques.developpementn°53, octobre 2017. Disponible sur : http:/ tiques.developpement-durable.gouv.fr/public

2016

Année

Année

en euros 2017 destinés aux boursiers. 27% représente 400 Prix 2017 350 Non boursiers (2012) Nombre de logements 350 600000 300 la part de boursiers pour la totalité Objectif 500 000 logements Boursiers (2012)Non boursiers (20 250 des étudiants. Parmi les boursiers, 300 Prix des logements en fonction de la superficie 200 Nombre de logementsSource collectifs autorisés 500000 Boursiers (2012) 250 : Crous Nantes – Pays de la Loire. Chif un peu plus d’un quart seulement 150 Bourses –logement – restauration – Emplois. 2012 Prix des logements en fonction Prix des logements en fonc Nombre total de logements autorisés auront ce privilège, alors que parmi les 200 100 ligne] h 400000 de la superficie Source : Crous Nantes – lameo.com/read/0005328532a02f6832dd9 50 150 non boursiers, aucun n’auront accès Nombre de logements autorisés,Source enhttp://www.nantes.fr/home/actualites/dans-v France : Crous Nantes–logement – Pays de – restau Bourses 0 Source13m² : Construction de logements. Résultat 9m² 9m² rénovés 18m² >18m² M2 tier/nantes-nord/2017/projet-nord-nantes.html à 300000 ces logements. La demande est 100 la Loire. Chiffres Bourses ligne]clésà : fin septembre 2017 (France entière) –logement [en ligne]. Services publics,– Em–lameo.com/read/00053285 restauration alors nettement supérieure à l’offre. 50 n°53, octobre 2017. Disponibleplois. sur 2012 : http://www.statis200000 – http://www.nantes.fr/hom 2013. De là, la course au logement dans la 0 tiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/53 ttp://fr.calameo.com/ 9m² 9m² rénovés 13m² 18m² >18m² M2 tier/nantes-nord/2017/proje sphère privée s’ensuit. S’il n’est pas facile 100000 read/0005328532a02f6832dd9 2011dans 2012 2013 2014 2015 2016 Année de trouver un2010 logement la sphère http://www.nantes.fr/home/ actualites/dans-votre-quartier/ publique, c’est pire dans la sphère nantes-nord/2017/projet-nordprivée. Certes la crise du logement loyers restent conséquents et parfois nantes.html touche totalité en eurosde la population, trop élevés pour l’étudiant. Pour le 400 la Prix 2017 mais350encore plus les étudiants qui secteur libre, les loyers dépassent Non boursiers véhiculent l’image de tapageurs, de le plus souvent les 10euros le m2.(2012) 300 l’insolvable, d’instables et parfois Boursiers (2012) En centre ville, la location moyenne 250 même de non respectueux. Sur cette Prix des logements en fonction de la superficie est de 13 euros le m2, à Boissière, de 200 Source : Crous Nantes – Pays de la Loire. Chiffres clés : année, la construction de logements 11 euros le m2. Dans la globalité, le 150 Bourses –logement – restauration – Emplois. 2012 – 2013. [En neufs atteint 496 900 alors qu’en 1973, minimum ne descend qu’à 8,58 euros 100 ligne] http://fr.ca556 000 sont construits et en 2011, 517 le m2, ce qui reste le maximum du lameo.com/read/0005328532a02f6832dd9 50 900 sont construits. Sur 5ans, on assiste prix du m2 dans http://www.nantes.fr/home/actualites/dans-votre-quarle logement social. 0 à une augmentation la construction, 9m² 9m²derénovés 13m² 18m² >18m² M2 tier/nantes-nord/2017/projet-nord-nantes.html d’autant plus dans le logement A titre d’exemple, la Cité universitaire la collectif (242 300, chiffre qui n’a jamais Bourgeonnière (rue des Renards) compte été atteint depuis au moins les années 30 chambres réhabilitées de 9m2, 313 1980, sauf en 2005). Les étudiants rénovées de 9m2, 62 studettes de s’hébergent plus souvent dans des 13m2 et 64 studios de 18m2. Les loyers résidences collectives de promoteurs oscillent entre 164,95 euros pour les privés. Cependant, la crise persiste. 9m2 sans sanitaire et 378,80 euros La hauteur des loyers importune pour les plus grands, de 18m2. (346,80 davantage. Dans les logements euros 13m2). On notera par ailleurs que CROUS, pour une chambre de 9m2 la part de la population des 15 à 29 ans dans un immeuble non rénové, le loyer la plus haute est recensée en premier s’élève à 151,53 euros et de 94,68 euros sur le centre de Nantes (47%) et en pour les boursiers. Pour les chambres second (ex aequo avec l’île de Nantes), de 9m2 rénovées, les loyers s’élèvent

30


Privé Intimité

Privé Intimité

Commun Prix des logements en fonction de la superficie, Collectifde la nature et du parc du logement Collectif Source : Crous Nantes – Pays de la Loire. Chiffres clés : Bourses –logement – restauration – Emplois. 2012 – 2013. [En ligne] http://fr.calameo.com/read/0005328532a02f6832dd9 Cité U et HLM : Degré d’intimité espaces http://www.nantes.fr/home/actualites/dans-votre-quartier/nantes-nord/2017/projet-nord-nantes.html

800 700 600 500 400 300 200 100 0

EVOLUTIVITE

*Secteur libre *HLM Réhabilité *HLM PLS *HLM *HLM PLAI *Rénové 9m²

13m²

Pourcentage d’étudiantsNantes en logement CROUS sur le secteur Nord (36%). 51 438 étudiants

En 1968, le parc HLM réserve une part de logements sociaux qui seront destinés 7,87% aux étudiants,4 049 parlogements le biais du CROUS CROUS. Les problèmes de cohabitation restreignent ce nouveau système qui se veut alors impopulaire mais surtout très méconnu. En 1985, une loi facilite l’admission des étudiants dans le parc HLM avec laNombre possibilité de recevoir des de logements 600000 APL pour ces derniers. A Boissière, plus 500000 précisément 1060 logements sociaux sont réservés 400000 aux étudiants. D’un trop grand partage à une non appropriation de l’espace

*Ancien

18m²

comme partagés par trop d’étudiants, ce qui rend leur appropriation difficile.) et également avantageuse au niveau financier (pourtant plus chère que le logement social). Malgré tout, la cité U n’est pas la solution la plus appréciée et après un ou deux ans d’études et d’apprivoisement de la ville, les étudiants préfèrent se diriger vers d’autres solutions et vers la colocation. Objectif 500 000 logements

L’APPROPRIATION

L

Nombre de logements collectifs au

Nombre total de logements autoris

Nombre de logements autorisés, en France

’idée d’appropriation du de logements. Résulta Source : Construction Pour conclure, septembre 2017 (France logement touche elle même àentière) [en ligne]. Services n°53, octobre 2017. Disponible sur : http://ww 200000 le choix de la deux temporalités. La première tiques.developpement-durable.gouv.fr/publication cité U est donc temporalité est celle de la participation 100000 choix plutôt 2010 2011un 2012 2013 2014de 2015 2016 l’habitant à la Année conception des plans, Privé Privé pratique ; de dans une fourchette de liberté. Cette Intimité Intimité dernière minute dernière, tantôt effet de mode, tantôt ou une solution moquée, ne se fait que très peu. Les Prix en euros 400 de facilité. Son 2017 l’habitant Commun quatre phases impliquant Collectif 350 architecture reste Collectif sont : l’information, la Nonconsultation, boursiers (2012) 300 très ordinaire la concertation et la participation, Cité U et HLM : Degré d’intimité espaces Boursiers (2012)la 250 et conforme. dernière trop peu souvent exploitée. Prix des logements en fonction de la superficie 200 L’espace est Pourtant, si celle-ci l’intérêt Source :l’était, Crous Nantes – Pays de la Loire. Chiffres 150 ergonomique et on ressent dans Bourses –logement – restauration – Emplois. 2012 – 20 que porte l’habitant à son logement 800 libre ligne] http:// les100 espaces l’aspect transitoire,*Secteur se verrait croître. La maîtrise d’ouvrage 700 lameo.com/read/0005328532a02f6832dd9 50 provisoire, rigide et non appropriable*HLM elle-même, Réhabilité et les politiques de la ville 600 http://www.nantes.fr/home/actualites/dans-votre0 du logement. Les cités U sont13m² souvent*HLM en amont jouent un rôle important PLS 9m² 9m² rénovés 18m² >18m² M2 tier/nantes-nord/2017/projet-nord-nantes.html 500 proches des lieux d’études, Elles dans cette phase et son éventuelle *HLM 400 sont estimées comme un moyen existence. Comme nous l’avons vu 300 PLAI de faire des rencontres (Les espaces*HLM dans le premier chapitre, l’échec des 200 communs tels que les cuisines ou les*Rénové grands ensembles serait en partie du 100 salles d’études sont finalement vécus*Ancien 300000

0

9m²

13m²

18m²

31 Pourcentage d’étudiants en logement CROUS 51 438 étudiants

7,87%

4 049 logements CROUS


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

à la répétitivité et l’uniformité de ces « cellules minimales ». Si ces dernières ont permis de porter un fort taux de rotation des locataires, ils n’ont permis aucune émancipation sociale. La seconde temporalité est celle de la flexibilité de l’espace une fois le plan conçu. On retiendra pour cela l’exemple des Minka japonnaise5, mais également les architectures qui ont recours aux parois coulissantes (Schroeder). Cette architecture joue sur une temporalité courte car elle permet une modularité rapide et temporaire. Cependant, cette architecture a tendance à renvoyer à une architecture éphémère, transitoire voir instable, d’autant plus pour les locataires d’un logement social. Nous approchons donc un paradoxe. D’un coté la structure du solide incarne la sécurité, la solidité et la stabilité. Elle est à l’inverse du plan libre du mouvement moderne qui permet la flexibilité. D’autre part, elle reflète aujourd’hui une certaine standardisation et la rigidification des espaces. L’enjeu de ce projet est alors de défaire ce paradoxe et d’annuler les caractéristiques auxquelles elle renvoie. De la, nous nous posons la question d’intégrer une certaine évolutivité conjointement à une structure fixe. L’enjeu serait alors de conjuguer la valeur et la présence établie du solide avec les modes de vie changeant et le roulement important dans le logement social.

5 pour laquelle, finalement, la flexibilité et la liberté intérieure représente une structure familiale autoritaire, une société très conservatrice et rigide

DIVERSITE OU MODULARITE

D

e nombreuses recherches relatent les principes et les caractéristiques de l’habitat évolutif et son appropriation. Des grandes théories prédominent à son sujet. La première apporte en premier lieu une globalité, un espace qui permet d’accueillir ces divergences d’individualité. C’est la théorie que développe John Habraken et le SAR6, avec notamment l’idée des « porteurs ». S’il ne dit s’inspirer de quelconque mouvement, les principes rejoignent sur plusieurs facettes la réflexion de Le Corbusier et plus particulièrement sur Le Corbusier - Imla ville d’Alger. Dès meubles-villas, 1922, Le Corbusier aborde une réflexion Sans lieu, 1922. Source : Fondamécaniste sur des immeubles-villas. tionlecorbusier.fr Attaché au principe du porteur, un jardin privatif vient se greffer dans chaque ouverture. Durant cette période de recherche au sujet de la verticalisation de l’habitat, une des préoccupations principales est l’appropriation de l’habitat et les premières réflexions d’évolutivité surgissent avec la volonté de pouvoir s’exprimer à travers son logement. Les jardins-villas de Le Corbusier offrent un soupçon de ce champ de liberté basé « ...paradoxale enfin une sur un système de plan libre et méthodologie minutieuse et austère, de sa structure poteau poutre. corrélative d’une théorie qui vise Le système porteur se veut de son côté l’indétermination et systémique et fonctionnel, il l’ouverture ; problème, donc : par quel tour de passe-passe une trame peut-elle soudain ne pas ordonner 6 fondation de Recherches archiet figer, mais libérer et disparaître tecturales ? » Bonnemazou et Fortier; 1976 In : Techniques et Architecture, n°311, 1976

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EVOLUTIVITE

doit pouvoir supporter n’importe quelle individualité et, inversement, les unités détachables doivent être supportables par n’importe quel support. Là se trouve la limite du principe. La réponse se trouve alors dans un système modulable qui pourrait par la suite être servi par un système de standardisation. Mais pour de nombreux architectes de cette époque, l’appropriation ne se résume pas à la liberté et le dégagement d’un espace rendu possible par le plan libre. Certains réfutent l’idée même de l’usage de trames « aléatoires » qui puisent leur légitimité dans le seul progrès technique. « Quant à la

HABRAKEN John Théorie des porteurs

coordination modulaire universelle, c’est un leurre. En matière de construction, chaque société a créé ses propres conventions. Dans la construction traditionnelle, le dimensionnement des éléments est l’aboutissement d’un long processus de transaction entre fabricants, artisans, architectes et usagers. La solution idéale, fixée par l’usage, répond à un grand nombre de paramètres, non seulement techniques, mais aussi sociologiques et symboliques. On ne peut pas créer des éléments compatibles sur une base aussi arbitraire que la grille ACC. La construction, c o m m e l’architecture, sont liées à la subjectivité concrète des hommes et ne peuvent se satisfaire

de l’objectivité abstraite d’une norme. J’ajouterai immédiatement que la qualité architecturale passe par la perfection du métier (Ledoux dixit), et que si la recherche de la juste proportion est le moyen d’approcher cette perfection, comme aucune proportion ne peut être enfermée dans un système de dimensionnement artificiel, il y a incompatibilité probable entre grille ACC et architecture. »7

Une toute autre théorie, celle de Christopher Alexander met l’humain et ses pratiques à la base de tout fait urbain et de toute architecture. L’individualité n’est pas contenu, c’est elle et la somme de ces individualités qui forment le tout, le contenant. Elle crée ses frontières, ses contours à la différence des « porteurs » du SAR. Il met en avant les usages de l’humain et non des dimensions prédéfinies. Il abandonne vite les principes modernes fonction-forme pour se consacrer à une architecture dénuée de toute logique répétitive. IL se penche sur une centaine de situations socio spatiales et leurs relations ou non entre elles. Alors Christopher Alexander pose une réflexion sur la conception du processus d’habiter, de la pratique de l’architecture et du rôle de l’architecte. Il remet en question le système technocratique de l’habitat et de sa production trop centralisée, contrôlée et décontextualisée de son environnement social et naturel. Dans la continuité de l’approche holistique du logement de C. Alexander et une rupture avec certaine flexibilité sur du court terme, l’appropriation serait permise par une multitude de plans rigides plutôt que par la modularité. 7 Huet, B. in : Construire pour Habiter, pp.72-75.

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

Le mouvement participationniste entre autre valorise cet aspect. Cette diversité défierait le manque d’identité et de contexte que renvoient la théorie des porteurs et le mouvement moderne. Par ailleurs, certains habitants, d’autant plus au sein du parc social, sont méfiants voir hostiles à l’aspect démontable ou amovible d’une paroi qui représente le provisoire jusqu’à l’instabilité. Pourtant la participation ne permet pas une évolution dans le temps et ne prend pas forcément en compte non plus la variété réelle des modes d’habiter ni le roulement important des locataires qui s’opère dans le parc social. Des études ont été menées concernant les différents types d’appartements sur Paris et en général. Si quatre ont été retenus dans les années 1970 par Michel Routon8, deux sont privilégiés et courants, davantage aujourd’hui, avec les plans Jour/Nuit ou Parents/Enfants, le premier étant le plus répandu. Les types tendent à se ressembler et s’unifier. Souvent, dans les exemples de projets de logements sociaux où il y eu participation, l’innovation du logement se fait dans cette moindre mesure, en restant dans le cadre de ces types précis. L’adaptabilité pourrait alors être à mi-chemin entre la participation totale et le plan libre ultra flexible ? Elle permettrait de donner un cadre, une attache tout en laissant au locataire des choix. Le logement ne serait pas issu d’un modèle rigide, mais plutôt d’un type permettant plusieurs « habiter ». « Le mot type présente

moins l’image d’une chose à copier ou a imiter parfaitement que l’idée d’un élément qui doit lui-même servir de

8 Routon, Michel, 1978 : La métamorphose architecturale - le cas de l’habitat collectif, Thèse pour le Doctorat de 3e cycle, dir.Henri Raymond, Université de Paris X Nanterre.

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règle au modèle […] Le modèle, entendu dans l’exécution pratique de l’art est un objet qu’on doit répéter tel qu’il est ; le type est au contraire un objet d’après lequel chacun peut concevoir les ouvrages qui ne se re s s e m b lera i e nt pas entre eux.

», de

Quatremère Quincy.

« La diversité dans la conception des types de logement, de même que la recherche d’adaptation d’une opération tant au site qu’aux populations, implique la mise en œuvre de la diversité dans le traitement des espaces extérieurs aux logements, la poursuite de cet objectif conduit à introduire de la diversité dans la conception des logements. Parce que les habitants sont particuliers et que leurs modes de vie diffèrent, il est important que l’organisation interne des logements présente une variété de plans allant de logements dits traditionnels à des logements dits innovants. Toutefois, la diversité peut se trouver à l’intérieur de la catégorie de logements traditionnels, notamment à travers les relations entre les pièces, ou encore à la priorité donnée à telle fonction. Les opérations analysées ont montré qu’il était possible au sein d’une

A PATTERN LANGUAGE: TOWNS, BUILDINGS, CONSTRUCTIONS This technique was also applied in architectural area by Christopher Alexander in 1977. In his book, it was an useful technique to define void and solid space of urban area.)


EVOLUTIVITE

même opération d’offrir de la diversité en mêlant logements traditionnels et logements innovants dans des proportions telles que seuls les individus qui le choisissaient se voyaient attribuer un logement innovant. Ce facteur a permis d’éviter le choc brutal et déstabilisant pour les locataires d’avoir à habiter un logement qui bouleverse leurs pratiques et déstructure leurs repères spatiaux alors qu’ils n’ont ni la volonté ni la capacité, du fait de leur situation immédiate, à s’y trouver confrontés. » Isabelle Marghieri, « Innovation et qualité d’usage », in Habitat 88, Idées bâties, pp.94-103

ANRU

S

ont prévus par l’ANRU, des réponses aux enjeux concernant l’éducation, la culture, le logement et le développement économique du quartier. Le devoir de l’architecte qui se confronte à la question du logement social et plus particulièrement dans le cadre du programme de l’ANRU, va audelà du simple logement, mais vers le quartier, et encore au delà, vers la ville entière et l’habiter en général, dans sa dimension la plus globale, en terme de « condition humaine ». La recherche d’un programme adéquat pour résoudre toutes les questions et se confronter à ces enjeux est alors une phase indiscutablement indispensable à ce travail. Le programme sera l’élément physique et le moyen social qui permettra l’intégration sociale de chaque habitant par rapport à son immeuble, de chaque immeuble par rapport à son quartier et de chaque quartier par rapport à son territoire global.

Il est stipulé et affirmé dans la « convention d’objectifs 2016-2020 entre le ministère de la ville, le ministère de l’emploi et le service public de l’emploi » la mise en place de contrats aidés en faveur des jeunes et des chômeurs. «Article 2 : Mobiliser les politiques de l’emploi en faveur des habitants des quartiers, en particulier les jeunes » notamment les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Dans le cadre précisément de l’ANRU, il devra être mobilisé 20% des contrats aidés à l’emploi pour les jeunes, donc des contrats d’avenir pour les jeunes. On imagine que des accords pourraient être signés lors des phases DCE (consultation et signature avec les entreprises) entre les entreprises BTP et les collectivités afin de favoriser les personnes éloignés de l’emploi, sur les chantiers d’insertion. Par le biais de clauses intégrées aux appels d’offres pour les marchés publics des heures de travail seraient prévues ensuite pour ceux dont le pied a été remis à l’étrier. Ce système permettrait d’une part un développement économique important au sein même du quartier, ainsi qu’une certaine cohésion sociale. Ce programme serait bénéfique au niveau économique, social, mais également, et, très peu soulevé, bénéfique pour des questions d’intégration dans son propre quartier et de respect. La notion de participation physique au chantier est un aspect. La question de participation au projet de conception en est un autre qui entraîne lui aussi des bénéfices identiques. Le locataire aurait un intérêt et une possible appropriation de l’espace à l’échelle du quartier mais aussi de son logement.

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

UN CHEZ SOI»

L

’accession à la propriété émerge comme une modèle de réussite sociale par tous les acteurs du système, encouragés par toutes les politiques du logement (1977) qui prônent cette forme d’habitat. La fracture sociale qui se creuse entre la classe moyenne et la classe populaire, la propriété devient un rêve inaccessible pour de nombreuses personnes. Alors, locatif rime avec pauvreté et propriété rime avec richesse. Les moyens financiers de la population habitant ces grands ensembles ne leur permettent pas d’avoir un parcours résidentiel satisfaisant et le locatif devient un hébergement plus qu’un logement. Pourtant, les chiffres témoignent un phénomène inverse avec un taux d’effort médian de 24,7% pour les accédants à la propriété contre 11,2% pour les ménages en locatif social. Ce taux est supérieur à 40% chez 13% des accédants à la propriété contre 6% pour le locatif social9. Entre 2006 et 2013, le taux d’augmentation des propriétaires en impayés de remboursement d’emprunt est de 17% (de 70000 à 82000 personnes), et, de 41% pour les ménages en difficultés de payement (de 555000 à 782000)10. L’accès à la propriété qui admet des prêts sur près de 20ans, endette de nombreux ménages et les rend vulnérables aux aléas de la vie. L’accès à la propriété, loin du mythe de réussite sociale est une des principales causes de la crise du logement. Cette recherche du Graal en est décuplée par le ressenti des locataires vis-à-vis de leur 9 Insee première – n°1395 – Mars 2012 10 Les chiffres du mal logement, Fondation Abbé Pierre

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logement. Le fossé entre le propriétaire et le locataire doit se dissiper en terme de droits (avoir un pouvoir physique) et par conséquent social (se sentir chez soi). Une appropriation de son logement mise en place et favorisée par des possibilités de changements dans son logement pourrait se voir bénéfique socialement. A plus long terme, le mythe de l’accès à la propriété en déclin, la crise du logement et la crise sociale pourrait se dissiper.

JEU D’ACTEURS

P

our conclure, il doit être souligné le rôle de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre dans cette course à l’appropriation du logement social par ses habitants. Sans échange entre ces derniers et l’habitant, la mise en place de système évolutif n’a plus de sens. Les relations doivent alors se resserrer pour deux raisons. Afin que l’information soit fluide sur les besoins des habitants et les dispositions de la maîtrise d’ouvrage. L’architecte doit également être très présent et faire office de médiateur. Il met en forme les volontés de chacun. La durée de vie du bâtiment ne s’exprime plus seulement par la vétusté matérielle mais bien par un renouvellement continuel. Cette possibilité d’adaptation du plan à ses besoins permettrait alors de prendre conscience, dans un premier temps, de ses désirs et de ses besoins, de mettre en route un processus de réflexion et de projets par le locataire. Et si pour la maitrise d’ouvrage la peur de trouver de la difficulté à relouer l’appartement est présente, elle n’est finalement que force ; elle est la construction collective de la ville et les locataires


EVOLUTIVITE

suivants qui s’identifient ou non, apprécient néanmoins le fait de vivre dans un logement avec une histoire. Enfin, quelques exemples d’opérations révèlent l’intérêt des locataires pour l’évolutivité du logement et font rejaillir la diversité des « Habiter ». - Göteborg : Järnbrott, réalisés vont à l’encontre du système Skarne 1954, Suède 66 et sont sans doute, en cela même, enjeu Dans la lignée d’une du désir de changement : il ne faut pas qu’il politique de la ville ait été pensé, même dans une combinatoire i n ter ve n t i o n n i s te , aléatoire probabiliste, sinon il n’est plus une l’idée d’un logement expression de soi, mais le simple cochage d’une adaptable et la case dans la grande grille des possibles pensée prise en compte des par les autres. Voilà donc, paradoxalement, un mutations sociales excellent argument en faveur des systèmes profondes du pays, évolutifs : la liberté donnée, mais dans un cadre raisonnable, provoque le surgissement la Suède en est un Inspiré du désir de liberté vraie, donc forcément exemple. par l’immeuble de déraisonnable, et enrichit finalement le cadre Mies Van Der Rohe, d’un peu de cette spontanéité, complexité et chaleur humaine d’habitude si difficiles à de 1927 à Stuttgart, susciter dans l’architecture et l’urbanisme. » les premières le Plan Construction et Architecture sous le expérimentations de titre L’Habitat évolutif, du mythe aux réalités, logements adaptables Collection Recherches, N°44 voient le jour. Pour cette réalisation l’information au sujet de l’adaptabilité des plans n’à été transmise qu’aux premiers locataires, par l’architecte. Si cette adaptabilité n’a pas été exploitée, une mauvaise communication entre les acteurs et « Manifestement, ces changements non

les habitants en est la cause. Après 10 ans de vie de l’immeuble une étude à été réalisée. Il en est ressorti des aménagements originaux mais non surprenants. Certaines chambres étaient de 5m2 alors que des salons allaient jusqu’à 37m2. Les cuisines quant à elles étaient souvent ouvertes sur le séjour. Par ailleurs, les remembrements étaient assez fréquents, et d’autant plus pour les plus petits appartements. - Toujours en Suède, à Orminge-Ouest, une autre opération témoigne de la richesse de ces expérimentations. Ici encore, l’opération réduit son succès par une mauvaise information de la part des bailleurs sociaux. Selon l’étude de Brigit Krantz, une grande variété de plans à été créée par les locataires, faisant place à des espaces peu communs comme des pièces sans jour pour des usages de travail et de repos. Outre la possibilité d’adaptation permanente (an amont) ou semi permanente (en aval), un réel lien de voisinage s’est créé de part les discussions concernant les aménagements intérieurs des uns et des autres. - L’exemple de l’opération MontereauSurville», 1969-1971 par les architectes et frères, Arsène-Henry et Bernard Schoeller met en place la participation des habitants :. L’office HLM de 37


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

opération Montereau-Surville», 19691971 par les architectes et frères, Arsène-Henry et Bernard Schoeller Différents plans

38


EVOLUTIVITE

Montereau jour le rôle de la maîtrise d’ouvrage. Le projet se fait de 36 logements sociaux, sur 9 niveaux, Cette opération souligne la relation entre l’architecte et les locataires à l’origine du succès de l’expérience. Il en ressort une grande variété de plans dans la conception pour permettre à chacun d’exprimer son mode de vie. De nouveaux liens de voisinage se sont créés autour de cette particularité et des diverses expressions de son logement. Malheureusement, une mauvaise implication de l’office public et des coûts trop élevés impliquèrent la fixité des plans. A propos du groupe d’immeuble JeanPhilippe Rameau, à Rouen, La Grand Mare (1962,1972) « la différence imaginée entre celui

qui conçoit l’intérieur et cet autre qui conçoit l’environnement (et le règlement) correspond bien à ce que nous avons pu noter plus haut : un Office d’HLM fait construire un ensemble de

logements évolutifs, n’informe pas les futurs habitants des avantages que présente cette particularité, leur interdit certaines pratiques (laver les sols à grande eau, planter des clous dans les cloisons, fixer des appareils d’éclairage aux plafonds, etc.) sans pour autant leur expliquer ce qui dans la conception des bâtiments, implique au moins certaines de ces interdictions. L’Office prend de plus la précaution de « choisir » ceux qui lui paraissent le plus capables de conserver leur appartement en « bon état » (c’est-à-dire dans son état initial). Il faut cependant souligner que l’attitude originelle de l’Office d’HLM que nous venons d’évoquer semble avoir notablement évolué. Tous les habitants qui disent avoir demandé une autorisation de transformation (jusqu’à des modifications qui dépassent la seule flexibilité interne du logement : percement de portes de communication entre trois appartements mitoyens, par exemple) l’ont obtenue » Fichelet, M.

et R., 1973, Le logement évolutif, SERES

MARTIN ETIENNE, illustrateur, Les Lods à la Grand’Mare, 6 octobre 2017. Source : http://martinetienne. com/2017/10/06/leslods-a-la-grandmare/

39



3.

DU COLLECTIF AU COMMUN


PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

GRAND ENSEMBLE ET CONNECTIVITES

L

a tour est en ses débuts l’image et l’aboutissement d’une volonté d’exhiber le progrès technique. En tant que prouesse architecturale, ou que recherche d’un langage futuriste elle devient alors l’identité des villes les plus riches (Manhattan). Coupées de leur contexte, la ville de Manhattan en est le support idéal avec ses blocs identiques et répétitifs. Parallèlement à cette folie d’aller vouloir décrocher la lune et d’être dans l’excès total, de nombreux architectes se penchent sur la notion de ville verticale. Comme pour Le Corbusier et ses travaux sur la recherche d’une urbanité verticale, ou comme le décrit si bien et justement Rem Khoolas1, la ville verticale est le remède à la ville congestionnée d’une part et au bon fonctionnement d’une société urbaine, et d’autre part le remède à une sur-urbanisation et un étalement urbain accéléré et indompté. En somme, la tour représente à la fois un exploit architectural, urbanistique, formel, plastique ou structurel. Pour la tour européenne qui vient s’intégrer à un tissu urbain dense, la question de la continuité verticale de l’espace public horizontal est importante. Dans la réflexion sur le décongestionnement et la densité, il paraît subtil et convenable de penser à un espace public qui viendrait s’étendre, se déployer dans la hauteur. Sur le site de Boissière (tour Mérimé), la densité du tissu urbain étant faible, l’espace au sol, loin d’être envahi par l’homme 1 Rem Koolhaas New York Délire, Un manifeste rétroactif pour Manhattan Collection : Architectures 320 p., 2002

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et le surplus, la notion d’espace public vertical est contestable. Cependant, l’intersection entre l’horizontal et la verticale, si elle n’est pas une continuité, se doit d’interagir. Le socle de la tour joue alors le rôle d’entremetteur entre l’espace public et l’espace privé. L’espace privé étant un espace commun, passage doux vers le logement intime. Le projet doit fonctionner dans sa globalité et dans sa spécificité. Il doit articuler et relier les différents modules avec jeu empilement ou pivotement pour créer un parcours, un fil invisible mais évident. Paradoxalement, la tour admet des limites et des réflexions architecturales et urbaines profondes. Si elle est prise dans un contexte, physiquement elle se trouve déconnectée du sol. L’intérêt est alors de connecter son socle, son corps et son couronnement au sol et à son environnement. La tour ne peut donc pas être un simple objet plastique, résolvant les enjeux de densité, d’efficacité. Elle doit créer un lien avec l’espace public, l’espace horizontal qu’elle croise par sa verticalité. Les deux espaces de circulation (horizontal au sol et vertical dans la tour) doivent trouver une cohérence, un parcours adéquat, et complémentaire dans les usages qui occuperont cette zone, ces différents espaces. Comme nous l’avons vu dans la première partie, la tour du grand ensemble diffère de la tour métropolitaine dans son rapport au tissu urbain et dans sa densité. Cette tour métropolitaine incarne une architecture collective au sens où elle est créatrice de lien social par ses connectivités. Elle n’a plus valeur uniquement de logement mais bien d’habitat. La

tour

(des

grands

ensembles)


DU COLLECTIF AU COMMUN

symbolise aujourd’hui une architecture obsolète en terme de lien social car elle est à l’image d’une période marquée d’un grand virage économique et social, et, de grandes politiques trompeuses. Par conséquent, aujourd’hui, toute forme d’habitat collectif est rattachée à cette période et cette architecture. Si la forme d’un habitat collectif est tantôt prise en grippe tantôt mise en valeur, il n’en reste pas moins que le logement social et particulièrement la tour Mérimée reste un habitat collectif où la cohésion sociale flanche. L’architecture ne permet des relations de voisinage que sur l’espace public. La notion de collectif et d’habitat collectif perd alors la totalité de sa valeur puisqu’elle n’existe pas à l’échelle de l’immeuble ou du logement. La recherche de l’individualisme (et non individualité) par une privatisation du logement ne fait qu’aggraver et emprisonner la société dans un cercle vicieux ; l’idéal de l’habitat individuel, le repli sur soi même et le rejet du collectif. A l’inverse que de rendre ce collectif comme une contrainte ou un simple élément de densification « …nous nous apercevons que l’architecture par des principes n’est qu’un aspect d’une réalité plus complexe, architecturaux visant d’une structure particulière, mais en même temps, parce qu’elle est l’ultime donnée l’efficacité et la circulation vérifiable de cette réalité, elle constitue le point simple desserte, le de vue le plus concret par lequel affronter le de problème. » « …et surtout on reste frappé par logement social et la pluralité des fonctions qu’un tel édifice peut la réhabilitation de remplir, et qui sont pour ainsi dire totalement celui-ci peuvent être indépendantes de sa forme ; et c’est pourtant l’opportunité de précisément cette forme qui reste empreinte en rendre au logement nous, que nous vivons et que nous parcourons, collectif sa réelle et qui à son tour structure la ville. » Aldo valeur collective, au Rossi L’architecture de la ville, p.23, Collection archigraphy, traduit parFrançoise Brun, InFolio, sens de partage et de commun. 2001, 251 pages

Tant dans l’architecture que dans la cohésion sociale, le rapport doit trouver un équilibre. C’est pourquoi, au sein des grands ensembles, le passage d’un espace public à un espace privé devient brutal.

« Aujourd’hui, il faut ajouter de la présence parce que l’on peut facilement tout soulever ; c’est le passage de la notion de masse à l’idée de volume. « L’équilibre est ce qui correspond au parcours, c’est-à-dire à l’introduction du temps dans l’architecture

» référence à Mondrian ou Kandinsky de Henri Ciriani, Vivre haut.

« Où chaque élément est dans un rapport d’égalité avec l’ensemble, où la densité d’information est la même dans chaque aire de la figure »2.

CONJUGUER LA MICRO-ECHELLE DU LOGEMENT ET LA MACROECHELLE URBAINE

P

arallèlement à ces architectures incarnant le mouvement moderne, de nombreux architectes apportent des théories et des alternatives à cette architecture caractérisée de déshumanisante. -

Dans sa Conférences « Superarchitecture »3, à la Cité de l’architecture, Dominique Rouillard nous parle de ces architectes qui s’opposent au mouvement moderne. La grille de photographie à l’exposition de Beaubourd d’Alison et Peter Smithson ont ce regard critique sur la ville moderne et mettent en 2 Henri Ciriani, Laurent Beaudouin, Vivre haut: méditation en paroles et dessins, Archibooks, 2011, 203 pages 3 Dominique Rouillard, Superarchitecture: le futur de l’architecture, 1950-1970, Editions de la Villette, 2004 - 542 pages

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

avant des clichés nostalgiques de rues des faubourgs typiques de la ville industrielle du 19ème siècle. Leur travail, dans la lignée consiste à saisir la mobilité, et les flux des habitants. Ils prônent un urbanisme relationnel. Par des outils et des réflexions utopiques. Ils expriment avec leur dessin « The City », cette idée par laquelle l’architecture devient le flux.

Cette notion de rue en hauteur diffère de celle d’origine, de Le Corbusier, qui elle, est intérieure et peut s’apparenter à un simple couloir pour accéder à son logement. Dans les rues en l’air, un usage différent de la séquence d’entrée, même s’il est en est l’usage originel, peut s’y développer. Elle offre en effet, une qualité spatiale et sociale autre, puisqu’elle

Cluster City, 1952-53 : Diagrammatic plan of a small city. Crédit image : https:// archiflux.wordpress. com/tag/golden-lane/

Le réseau qui traverse l’ensemble constitue la ville. Les flux, et donc l’architecture n’a pas de forme déterminée à l’avance. Pour les Smithson les rues en l’air sont une alternative et une réponse au développement trop important de la voiture et de sa place dans l’urbanisme contemporain. Elles permettraient par la concentration du système piétonnier à ramener de l’humanité, du lien, du communautarisme en quelque sorte dans l’architecture moderne. Si ces rues en l’air devenaient une réelle alternative à un urbanisme au sol, l’échec de ce système (Les Robin Hood Gardens des Smithsons) contraste avec le projet de Spangen Blok de Michiel Brinkmann à Rotterdam en 1920 où les rues en l’air ne sont plus une alternative mais une complémentarité des rues au sol. Elles deviennent un élément privépublic permettant l’enrichissement de la séquence d’entrée dans l’espace privé. L’échelle n’étant pas la même que celle du bâtiment des Smithson. 44

Cluster City, 1952-53 : Diagrammatic plan of a small city. Crédit image : https:// archiflux.wordpress. com/tag/golden-lane/ Spangen Blok, Michiel Brinkmann. Crédit image : http://www. hiddenarc h ite ct u re . net/2015/02/ spangen-quarter - h o u s i n g . html


DU COLLECTIF AU COMMUN

Verticalité tranquille, p.204 - CIRIANI Henri, BEAUDOUIN Laurent. Vivre haut : méditation en paroles et dessins, Archibooks, 2011, 203p.

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PE[A]NSER LA CRISE DU LOGEMENT

fait apparaitre une spatialité et des caractéristiques différentes : elle est ouverte et extérieure.

PANSER LA FRACTURE SOCIALE VIVRE ENSEMBLE

S

i la verticalisation et la densité des grands ensembles ne sont guère acceptées, c’est qu’elle aboutit à un anonymat relatif des immeubles dû à l’entassement de familles. Les cas de tolérance et de satisfaction de cette verticalisation sont « imputables à un vécu de l’anonymat permettant de supporter la promiscuité » C’est en t ra n s fo r m a nt le petit (le logement) que l’on transforme la ville et donc l’espace social. Le logement et la production d’une manière d’habiter en adéquation avec le contexte social du quartier devient alors politique et peut alors amener un « habiter » différent à plus grande échelle. Il peut avoir une portée bien plus grande que celle d’un simple Habiter au sens « se loger ». « Nous défendons l’idée que la ville

peut s’imaginer à partir du tout petit 46

(la pièce par exemple), des usages quotidiens et événementiels, de situations précises. Autrement dit, nous pensons que modifier le rapport des utilisateurs à leur environnement transforme peu à peu la société, et que, de proche en proche, les relations de voisinages reconfigurent l’espace public et la ville elle-même ». Sophie

DELHAY4.

Par les définitions d’espace (social) de Henri Lefebvre5, l’espace n’est plus seulement un lieu mathématique et vectorisé (espace conçu), mais il est

également un support, et un cadre social. Ses éléments sont interconnectés. L’espace devient un espace de production et, de reproduction. C’est 4 Portfolio de Sophie Delhay p.155 5 Henri Lefebvre, Rémi Hess, Le droit à la ville, Economica-Anthropos, 2009 - 135 pages / Henri Lefebvre, La production de l’esapce, Economica, 1974 485 pages

Projet Machu Picchu, Sophie DELHAY. p.20-21, source : Communiqué de presse AHA, Machu Picchu, Sophie Delhay. Disponible sur : www.sophied e l h a y - a rc h ite cte . fr/CommuniquePresse-Sophie-DelhayA rc h ite cte - M a c h u Picchu.pdf


DU COLLECTIF AU COMMUN

ici que l’importance de la réflexion urbaine et architecturale apparaît puisqu’avant d’être créatrice d’espace, elle est par-dessus tout créatrice de rapports sociaux. Le partage peut être formalisé par une liaison spatiale de différents espaces par des usages nouveaux ou le débordement d’autres usages. Mais il caractérise également ce qui sépare deux espaces. L’importance de l’architecture n’est pas de créer des espaces mais bien plus, de relier différents espaces pour créer une cohérence, une connexion sociale, un habiter non cloisonné ; fluide. C’est pourquoi, l’importance de ces espaces de partage se trouvent à la fois dans l’individuel (ils séparent et créer des limites) et dans le collectif (relient, créer des espaces de liens). C’est ainsi que les notions de densité et de collectif, présentes dans ces tours de grands ensembles, ne doivent pas être vécues comme contraintes et symboles de la pauvreté et de la précarité du logement social. Au contraire, elles doivent être une opportunité à créer de nouveaux (anciens) modes d’habiter, de nouvelles relations de voisinage, souvent oubliées de part cette image négative, mais foncièrement présentes. Le logement devient ainsi moteur d’une cohésion sociale pouvant s’étendre jusqu’à la ville et son espace social. En condition à cette continuité et cette fluidité des modes d’habiter et des rapports sociaux du logement vers l’espace public, les transitions entre les logements et l’espace public doivent être doux et permettrent d’étendre cette cohésion sociale dans les espaces au sol.

En somme, le logement est un facteur important de la cohésion sociale, s’il est accompagné d’une architecture propice au lien social hors de la micro échelle : le logement.

Projet Machu Picchu, Sophie DELHAY. p.19 et 25, source : Communiqué de presse AHA, Machu Picchu, Sophie Delhay. Disponible sur : www. sophie-delhay-architecte.fr/CommuniquePresse-Sophie-Delhay-Architecte-MachuPicchu.pdf

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1958 Les Castors 1955 - 1957 Lotisement municipal de la Petite Boissière 1957 HLM des Renards 1962 Boissière Tour Merimée

Assemblage de cartes du quartier de la Boissière, de 1962. Source : https:// remonterletemps.ign.fr/

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Dessins de la tour Merimée dans son environnement


OUVERTURE

Pe[a]nser la crise du logement

L

a première partie de ce rapport retranscrit un diagnostic social, politique, culturel, architectural et urbanistique global du monde des grands ensembles. Le diagnostic conclu un manque d’appropriation possible, une image terne et des relations innexistantes voir violentes entre les différents espaces. Cette partie fait par conséquent état d’une crise sociale, architecturale et urbaine au sein de ces grands ensembles. La seconde partie fait état de la situation du logement en France et du rôle de chaque acteur par rapport à la crise actuelle du logement, notamment celle du logement social. La troisième partie approfondie la notion d’évolutivité et d’adaptabilité sur plusieurs aspects : - structurel , qui réfère à l’innadéquation entre l’offre et la demande. - social, qui renvoie à une appropriation difficile. La dernière partie renvoie à la notion de «logement collectif», qui amène de nombreux paradoxes et qui joue un rôle important dans l’image que renvoie cette architecture. Ces deux dernières parties sont une

amorce au projet et développent différents dispositifs architecturaux et hypothèses relatifs à ces enjeux sociaux, architecturaux, urbains et culturels. l’objectif principal du projet est alors de redonner à cette architecture différentes possibilités d’Habiter, dans le temps, pour apporter une richesse sociale et endiguer cette crise du logement et du mal logement. Le site de Boissière, sur lequel se trouve le projet de réhabilitation de la tour Merimée, présente les caractéristiques énnoncées dans les premiers chapitres du point de vue social, architectural et urbain. Les relations que la tour établie avec son environnement sont ambigües, inexistantes ou trop brutales, et, l’architecture répétée ne permet que peu d’ «habiter». Le taux de vacance est de 25%. Pourtant, les caractéristiques de la population du quartier de Boissière évoluent à l’inverse des caractéristiques de la population nantaise et française. Le projet doit alors prendre en compte les habitants actuels, tout en anticipant les transformations futures. Le projet se décline donc à différentes échelles : - Celle du logement, où l’évolutivité joue un rôle dans l’appropriation (sociale), mais aussi dans l’adaptabilité de l’offre à la demande (structurel). Ces deux raisons ne sont pas détachées du phénomène de vacance, point sur lequel l’architecte peut jouer un rôle dans la crise du

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logement. Inadapté, inadaptable et inappropriable, le logement du grand ensemble doit se réinventer pour lui redonner son usage qu’est l’ «habiter».

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Réhabilitation de la tour Merimée Création du quartier HLM de la Boissière Création des HLM rue des Renards Cité d’urgence de dela Géraudière

APPEL A LA SOLIDARITE ET A L’AIDE DE L’ABBE PIERRE

1954

Cité provisoire du Pressoir

1948

1945

1950

1955 1957

1962

1969

POLITIQUE DES MODELES

1973

CIRCULAIRE GUICHARD FIN DES GRANDS ENSEMBLES

1977

LOI BARRE FAVORISANT L’ACCES A LA PROPRIETE

1993

REHABILITATION CONSTRUCTION

CREATION DES OFFICES PUBLICS HBM - NAISSANCE DU DROIT AU LOGEMENT

1922

Lotissement «Pressoir de la Boissière»

LOI LOUCHEUR PROGRAMME DE CONSTRUCTION HBM SUR 5 ANS, LOCATIF ET PROPRIETE

1939 1929 1912

«

Le commun ce n’est pas le collectif. Le collectif, c’est la superposition de la même chose, de l’identique. Le commun, c’est justement l’introduction de la différence. » Roland Castro.

RECONSTRUCTION

P

our conclure ce rapport de PFE, je souhaite souligner qu’à travers le thème du grand ensemble, les problématiques qui s’en suivent, et, l’échelle du projet qui est celle du logement, j’ai apprécié l’aspect politique, trop absent tout au long du cursus des études d’architecture. Un pied dans la maîtrise d’ouvrage, un pied dans la maîtrise d’oeuvre, une main dans le participatif, c’est ce qui anime mon envie de poursuivre.

GUERRE

- Celle du commun et des relations qui peuvent exister entre les différents seuils. De la rue à l’espace public, à la tour, au hall, au palier, jusqu’au logement. Le diagnostic fait état d’un séquencage trop marqué, voir violent entre les différents degrés de privatisation. Les liens sociaux en sont déteriorés. L’image du logement collectif est paradoxal : on vit les uns sur les autres, mais sans développer de relation de voisinage pour autant. Comment, créer à l’intérieur de ces quartiers un entre-deux permettant de pouvoir se sentir moins entasser et quelconque, tout en exploitant les qualités du logement collectif; c’est à dire le partage. Par conséquent, le projet privilégie les espaces extérieurs partagés, permettant d’accueillir un plus grand nombre d’usages.

Frise chronologique de 1912 à aujourd’hui, mettant en corrélation l’histoire du quartier de la Boissière et ses environs à celle de la France.



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Pe[a]nser la crise du logement

Margaux CADIOT Rappor t de présentation de Projet de Fin d’Etude Fifty-Fifty Louis GUEDJ, Benoît BORIS, Gabriel RODRIGUEZ, Léa HOMMAGE, Marine LE ROY 57


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