TPFE Margaux Limon - Canal Saint-Martin

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Le canal Saint-Martin : Restaurer un espace public partagé pour irriguer et restructurer les quartiers traversés Margaux Limon Promotion 2011-2015

Travail Personnel de Fin d’études

ENSAP Lille

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Et pourquoi ? Et pourquoi devenir paysagiste ? Je ne peux donner une unique raison. Au fil des projets, de mes expériences, de mes découvertes j’appréhende de nouvelles raisons. Néanmoins, si je devais en sélectionner une je m’appuierais sur une phrase du peintre et écrivain français, Henri Cueco, « le paysage n’existe pas, il nous faut l’inventer ». En tant que co-construction entre l’homme et la nature, le paysage évolue au gré des différentes interprétations ou mutations que nous offrent les outils plastiques, techniques, littéraires et bien d’autres. Ce qui me séduit aujourd’hui ce n’est pas de produire un objet livré clé en mains à la réception d’un chantier, mais plutôt de raconter une histoire qui serait en réalité des histoires. Ces histoires peuvent prendre vie à travers le choix d’une essence d’arbre qui produit une certaine qualité d’ombre, le choix d’une forme spatiale, d’un mouvement de terre, d’un matériau, d’un vide, etc...

Et pourquoi ce sujet, l’eau et la ville ? Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un véritable exemple d’une histoire non exhaustive, une histoire qui pourrait se raconter à l’infini, riche en rebondissements. Si l’eau n’a pas toujours été perçue comme une composante bénéfique (crues ravageuses, vecteur d’épidémies, mort), elle reste un des outils pour la création et l’évolution de la cité. Ce rapport tumultueux me passionne, oscillant entre répulsion et fascination, jamais l’un sans l’autre avec des degrés de domination, palpables en fonction des périodes de l’histoire. Pour l’anecdote, j’aime la quiétude d’une balade le long d’un cours d’eau, mais je déteste l’attaque virulente d’un escadron de moustiques. L’essentiel je crois, est de trouver l’équilibre. C’est ainsi que j’appréhende mon futur métier.

Et pourquoi Paris ? Une raison qui s’avère peu originale mais qui s’inscrit dans une démarche personnelle. J’ai eu l’opportunité d’effectuer mon stage maîtrise d’ouvrage dans les locaux de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement de la ville de Paris, et plus particulièrement au sein du service Paysage et Aménagement. Mon idée était d’identifier une commande efficiente afin d’inscrire mon travail de fin d’études dans un processus concret avec des acteurs concernés par ma proposition, mais aussi de me faciliter l’accès à l’information et aux discussions. Par la suite, j’ai cherché dans les référentiels de projets en cours, ceux laissés dans les cartons ou ceux encore au stade de la réflexion.

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Quel est ton sujet de fin d’études?

C’est le canal Saint-Martin

Et pourquoi le Saint-Martin ?

canal

J’évoquerai trois éléments de réponse à cette question. Le premier est l’envie d’inscrire mon travail de fin d’études dans un processus concret et professionnalisant avec l’existence d’une commande réelle de requalification du canal Saint-Martin de la part de la mairie du 10e arrondissement au service du Paysage et de l’Aménagement. Le second est lié à la présence de l’eau, événement dans la ville, support de développement économique, social, urbain, porteur d’une histoire.

Le canal SaintMartin !!? Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas? Moi j’aime bien ce lieu comme il est.

Je souhaiterais révéler ses potentiels cachés ou plutôt oubliés...

Le troisième est l’idée que le paysage peut être envisagé comme un storytelling. Le canal SaintMartin stimule un imaginaire collectif basé sur des textes, des gravures, une filmographie, des chansons, des « on dit ». Je ne connaissais pas cet endroit de Paris bien qu’habitant en banlieue proche. Ma stupéfaction n’en fut que plus grande. Quand je suis arrivée pour la première fois sur le site, j’étais persuadée que ce site ne pourrait pas faire l’objet de mon projet de fin d’études. J’imaginais les ponts, les écluses où Amélie Poulain s’amuse à faire des ricochets. Plus j’éternisais ma balade et plus ma perception du site se modifiait. Je me laissais séduire par la douceur du soleil qui caressait mon visage, par la beauté des effets de la réverbération sur ces immenses miroirs d’eau, mais, les zigzags interminables entre les pique-niques, les bancs, les potelets, sur un quai de cinq mètres de large, le ronronnement permanent des automobiles, la longueur du parcours sur certaines portions commençaient à me faire changer d’avis. A la fin d’une promenade un après-midi ensoleillé de septembre, je savais que la requalification du canal Saint-Martin serait mon sujet.


Et tu fais comment ? L’eau est au cœur de la réflexion urbaine parisienne d’hier et d’aujourd’hui. Depuis quelques temps, la métropole parisienne écrit un nouveau chapitre de son histoire avec l’eau. On peut citer la réhabilitation des quais de Seine, la reconquête des quais du canal Saint-Denis, l’événement Paris plage, mais aussi ses réflexions concernant la mise en œuvre d’un plan de gestion et de valorisation des eaux de pluies. Ce chapitre met en exergue les dynamiques liées aux nouvelles valeurs véhiculées par l’eau, comme le bien-être en ville. Néanmoins, l’enjeu est au-delà du changement d’une image, il est question de réécrire une page, de penser autrement la ville à travers l’eau, plus précisément à travers le canal Saint-Martin. Me plonger dans l’histoire du canal Saint-Martin d’un point de vue morphologique (composition, figures paysagères, gabarit, etc.), économique et social m’a permis d’identifier par comparaison avec les données glanées sur le terrain, les permanences et les évolutions de ce paysage. C’est à travers elles que je trouve les clés d’écriture d’un nouveau chapitre sur le canal Saint-Martin. Enfin, la commande de la mairie du Xème arrondissement est dirigée sur une portion bien précise du canal, la séquence à ciel ouvert entre la rue du Faubourg du Temple et la Place de la bataille de Stalingrad. Pallier à un aménagement ponctuel ne peut se faire sans comprendre les dynamiques de l’ensemble du linéaire. De fait, j’ai décidé de procéder à une analyse du contexte sur l’ensemble du linéaire Saint-Martin, pour m’intéresser ensuite plus particulièrement à la séquence concernée par la commande. J’identifie plusieurs stratégies d’interventions qui s’appliquent sur différents secteurs, ce sont eux qui seront détaillés le jour du jury final. Je terminerai par une proposition de schéma directeur sur l’ensemble du canal qui permet de contextualiser et de donner une cohérence au projet de paysage.

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SOMMAIRE Introduction

1 Paradoxe entre l’imaginaire et réalité Présentation

du site d’étude

p. 14

Une image faussée par l’art et la littérature ?

p. 16

En balade de République à Stalingrad

p. 20

L’eau influence ‘‘les atmosphères’’

p. 24

Une réalité composée et normée

p. 26

Conclusion

p. 30

2 ‘‘Donnez-lui de l’eau ’’

Contexte général du projet • Paris une ville co-construite avec l’eau

p. 32 p. 34

Une ambition double pour le canal Saint-Martin

p. 38

Composition et figures paysagères

p. 42

Evolution du paysage depuis 1821 à nos jours

p. 44

Conclusion

p. 48

Conclusion Lexique Sources Annexes Remerciements


p. 8

3 Un paysage codé sous tension Analyse

du site d’étude

p.52

Une structure urbaine affaiblie

p. 54

Complexité et déséquilibre du maillage viaire

p. 58

Une nature domestiquée

p. 66

Une sollicitation variable

p. 70

Conclusion

p. 78

p. 102

4 Au-delà du fil d’eau Intentions

et stratégies d’interventions

p. 80

• Restaurer les ambitions premières

p. 82

• Programmation et phasage

p. 98

• Outils

p. 100

p. 102 p. 106 p. 109 p. 113 p. 118

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Creil

L’Oise

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La Claye-Souilly

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Paris

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1 Canal de l’Ourcq

2 Canal Saint-Denis

3 Canal Saint-Martin


L’Ourcq

La Ferté-Millon

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Meaux

La Marne

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5 km

‘‘ Des deux canaux de navigation reliant celui de l’Ourcq à la Seine, l’un - le canal Saint-Denis n’intéressait Napoléon que très modérement, car il était entièrement situé hors de la ville. Par contre le second, le canal Saint-Martin, l’intéressait vivement, parce qu’il constituait non seulement une voie de transport fluvial, mais aussi un embellissement pour la capitale.

’’

Laure BEAUMONT-MAILLET, L’eau à Paris, éd. Hazan, 1991., p.145. 9


‘‘ Elément fondateur de la cité, qu’elle soit fleuve, rivière, canal ou mer, l’eau génère la ville, lui donne sa raison d’être.’’ C. Simenc, Vues sur berge : «le port et la ville», Paris, Libération, pp.15-16 1995


L

inéaire stratégique dans la traversée nord-sud du territoire parisien, le canal Saint-Martin, long de 4.5 km, mobilise un imaginaire collectif, véhiculé à travers les arts et la littérature oscillant entre Hôtel du Nord et Maigret, depuis quasiment deux cents ans. Devenu un élément symbolique dans la ville, il présente pourtant aujourd’hui des aspects obsolètes . Bien que déstructuré, dégradé, fragmenté, enclavé, le canal fait l’objet d’une pression sociale grandissante , qui se traduit par une sur-fréquentation des quais, notamment sur le secteur à ciel ouvert situé entre la rue du Faubourg du Temple et la Place de la Bataille Stalingrad. C’est pourquoi le canal Saint-Martin est encore au cœur des politiques d’aménagement de la ville de Paris. Il fait l’objet d’une commande de requalification de la part de la mairie du 10e arrondissement, commande dont je m’empare aujourd’hui dans le cadre de mon diplôme de paysagiste. L’enjeu principal n’est pas de substituer un visuel par un autre mais de s’appuyer sur le patrimoine légué par cet ouvrage d’art pour préfigurer un nouvel espace public structurant à l’échelle du quartier et de la métropole . La notion de patrimoine, évoquée ici, fait référence aux qualités spatiales induites par la morphologie et les réglementations techniques de ce chenal artificiel. Celles-ci ont d’ailleurs sans doute permis la subsistance de l’ouvrage face aux multiples spéculations, tel que le projet de recouvrement projeté dans les années soixante. Au-delà de ses fonctions marchandes, la spécificité de ce canal est d’avoir été conçue avec l’idée qu’on allait habiter sur le canal. A l’origine le projet prévoyait un développement concomitant entre le canal et la ville, nettement visible sur le tracé du canal, avec le dessin d’espaces publics sur l’ensemble du linéaire. Cette projection s’est vérifiée car les canaux ont permis aux territoires traversés d’assurer ce processus d’urbanisation et d’industrialisation liée à cette économie. L’orientation des façades vers le miroir d’eau, le gabarit du bord à canal pensé volontairement plus large sont autant d’indices témoins de cette cohabitation entre les fonctions que je souhaite restaurer, économiques, urbaines et d’agrément. Le canal était ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui, un espace public partagé. Néanmoins, le déclin économique du canal Saint-Martin s’amorce lentement avec l’arrivée des gares du Nord et de l’Est plus performantes en termes de temps de trajet, l’amélioration de la navigabilité de la Seine, mais aussi à cause de son gabarit qui ne correspond pas aux nouvelles normes Freycinet *. Autant de paramètres contre lesquelles il sera difficile au canal de lutter. En parallèle, l’accroissement de la place de l’automobile dans les années 1950/1960, engendre un appauvrissement du canal tant dans ses fonctions urbaines que ses fonctions sociales. Si les gravures et les photographies anciennes témoignent de l’effervescence des usages en place de part et d’autre du canal, dans les années 1960,

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ce sont les voitures stationnées qui occupent l’espace des quais. On passe d’une figure urbaine ramifiée à un simple fil d’eau. Devenu presque invisible, il faudra attendre la menace d’un recouvrement total avec le projet d’une autoroute urbaine pour stimuler à nouveau les politiques urbaines autour du canal. C’est dans ce contexte, que naissent à nouveau de nombreuses propositions d’aménagements le long du canal Saint-Martin et notamment sur la séquence du Xème arrondissement. Pourtant, ces aménagements en pointillé ne permettent pas la mise en valeur des potentiels de cet espace. Il faut entamer une réflexion globale sur l’ensemble du linéaire afin de retrouver les fonctions structurantes du quartier et restaurer les synergies initialement présentes sur le bord à canal . Je propose d’engager une réflexion urbaine qui exploite autant que possible l’espace d’influence du canal. Il n’est pas question d’une promenade mais bien d’irriguer un territoire au-delà du fil d’eau comme le proposait autrefois Napoléon Bonaparte et son équipe. La démarche de projet s’inscrit dans le respect des enjeux de l’aire métropolitaine parisienne, à savoir : une meilleure qualité de l’air, la diminution de l’îlot de chaleur, nourrir 11,5 millions de franciliens, et parvenir à un partage de l’espace public. Ainsi, j’ai décidé d’identifier les mutations et les stabilités du canal à travers ses aspects morphologiques, paysagers mais aussi sociaux. Pour cela, il est nécessaire de replacer la séquence d’étude dans son contexte général afin de comprendre ses dynamiques historiques et politiques. Je m’intéresse ensuite de plus près, au caractère spécifique de la séquence. Cette portion du linéaire présente une des plus grandes stabilités depuis sa mise en œuvre, ce qui en fait l’emblème de ce canal. Pourtant in situ, on comprend que cet espace fait l’objet de multiples tensions. Il a perdu en partie sa fonction structurante qu’il est essentiel de restaurer et d’actualiser en accord avec les nouvelles politiques de la ville. L’atmosphère de Marcel Carné ou d’Amélie Poulain sont loin des problèmes quotidiens qui s’égrainent le long de la promenade. On peut citer les difficultés d’accessibilité, de franchissements, la segmentation de l’espace du bord à canal, les nuisances sonores, etc. De cette analyse il en découle différentes stratégies d’interventions pour renouer avec un espace public partagé, qui pourront être mises en œuvre sur des secteurs identifiés au préalable. Le jour du jury final, je présenterai les différentes propositions spatiales avant de les replacer dans un contexte plus vaste par le biais d’un schéma directeur sur l’ensemble du linéaire du canal. J’évoquerai également une stratégie permettant de repenser le canal Saint-Martin à travers ses fonctions infrastructurelles, c’est-à-dire, comment dès aujourd’hui les canaux parisiens pourraient permettre une décongestion, l’approvisionnement de la métropole et renouer avec l’ensemble du projet d’origine.

* Normes Freycinet : norme régissant la dimension des écluses et du chenal de navigation, mise en place par la loi du 5 août 1879 du programme de Charles De Freycinet. Elle porte la dimension des sas d’écluse à 39 m de long pour 5,20 m de large, pour un tirant d’eau entre 1.80 et 2.20 m.

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‘‘ Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ?’’

Marcel Carné, Hôtel du Nord, Film 1938


Paradoxe entre l’imaginaire et la réalité •

Une image faussée par l’art et la littérature?

En balade de République à Stalingrad

L’eau influence ‘‘les atmosphères’’

Une réalité composée et normée

Conclusion

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‘‘ Sur les bords du canal, du canal Saint-Martin, J’aime à me promener le soir et le matin. J’aime beaucoup le canal Saint-Martin: Loupeur et sans chagrin J’y nargue le destin. Moi, je suis fou du canal Saint-Martin. J’n’ai ni moutards ni femme, Seul je peux me suffur’ Qu’on m’approuve ou m’blâme, La loupe est mon plaisir. Mon bourgeois pour me plaire Aim’rait bien, sur ma foi, M’payer pour ne rien faire: Comme il s’rait content de moi! Aussitôt que l’jour brille, Bien qu’ayant peu d’argent, D’la place de la Bastille Je pars en fredonnant: Dans l’eau j’jett’ plus d’une pierre Pour effrayer l’poisson, Et j’ris de la colère Du pêcheur à l’ham’çon. Je louperai sans cesse, La loupe à ses appas, Mais lorsque la faim presse Elle ne nourrit pas. Alors à la barrière J’arrive, et sans orgueil J’m’y fourre un ordinaire Et du vin d’Argenteuil. Le soir au clair de lune J’rencontre parfois Fillette blonde ou brune, Ayant gentil minois: Amoureux à l’extrême, D’un air sentimental, Je lui dis que je l’aime Autant que le canal.

’’

Aubry, Le canal Saint-Martin, cité par Pascal Payen-Appenzeller, Mon canal Saint-Martin, éd. par l’auteur, 1984

Pêcheur assoupi - Hermann Fréderik Ten-Kate - 1846

Hôtel du Nord, film de Marcel Carné, 1938 On est dans le Paris des faubourgs, celui des ouvriers, des bateliers. Ce film immortalise l’endroit. Les décors sont entièrement reconstitués dans les studios d’enregistrement de Boulogne-Billancourt.

La foire à la ferraille Boulevard Richard Lenoir, Eugène-Galien Laloue


1. Une image faussée par l’art et la littérature?

‘‘Le décor est là pousse-au-crime. Le grand caLe canal Saint-Martin au clair de lune - Stanislas Lepine - 1876

nal est le plus horrible décor de la ville. Le canal alimente tout le brouillard, la poussière, la pluie, le vent, l’air crasseux, les odeurs de mâchefer, de poussier, d’essence, de gasoil. Il draine les animaux crevés, les ordures, les vieilles carcasses, le bois mort. Il dépose sur ses flancs la caillasse, le charbon, les briques, les gravats, les sacs de plâtre, les poutrelles; il s’enveloppe d’une cage de ferailles, d’ateliers, de cahutes, de vieux camions à ridelles, des wagons déroulés, de palissades de chantiers interdits au public, d’hôtels borgnes, d’immeubles peints en noir de fumée [...]. La misère est hurlante et les nuits sont interminables et glacées. Les promeneurs solitaires nocturnes ou crépusculaires ont tous le bourdon, l’alcool triste, une vie de chien.

’’

Jean-Paul Clebert, Paris insolite,éd. Denoël, 1952, pp.75-76

‘‘En revanche, Amélie cultive un goût particulier pour les tout petits plaisirs [...] et faire des ricochets sur le canal Saint-Martin. ’’ Extrait du film de Jean-Pierre Jeunet Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, 2001

Audrey Tautou faisant des ricochets au niveau de l’écluse du Temple, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain

Les arts, la littérature s’intéressent au canal Saint-Martin à partir de la fin du XIXème surtout. Ils font état du paysage le long du canal et de l’effervescence des pratiques qui s’égrainaient ça et là sur les quais. On aurait presque envie de replonger dans le Paris des faubourgs pour s’imprégner de cette atmosphère... C’est avec l’esprit rempli par certaines de ces références, images ou répliques, que j’ai entrepris ma première visite sur le canal SaintMartin. Quelle surprise j’ai eue...

Partie 1 Une image faussée par l’art et la littératuee?

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Pour dire non au stationnement, et si l’on mettait plein de mobiliers? Canal où es-tu? Ici, en contrebas!

Pas envie de passer au-dessus ni en dessous...

Je marche en dessous du niveau d’eau, original ! Mais comment gérer la transition? Oh, les reste du pique-nique...


Bain de foule: « Pardon, excusez-moi, pardon, excusez-moi j’aimerais passer. »

Heureusement que je ne suis pas en béquilles, la descente est rude.

Un habitant sous tente

Bien que charmée entre autre par la qualité du vide et de lumière de ce paysage. Je me heurte rapidement à des difficultés d’accès et de franchissements. Je zigzague entre les passants, les potelets, les voitures. Je croise d’anciennes usines et entrepôts. Je découvre une complexité des rapports à l’eau qui viennent influencer le paysage et ses usages. Enfin, le ronronnement des moteurs me reste en tête comme une musique, un refrain. Entre les véhicules et les locaux de la ville, ou encore le va-et vient des pompiers, suis-je vraiment autorisée à descendre?

Partie 1 Une image faussée par l’art et la littératuee?

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Place de la Bataille Stalingrad Gare

du N

ord

Gare

de l’E

st

Hôpital St-Louis

1 Place de la République

Première déambulation, tracé de mon parcours


2. En balade de République à Stalingrad

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écluses de la Villette

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écluses des Morts

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écluses des Récollets

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Repérage photographique

écluses du Temple

La promenade s’amorce à la sortie du métro République. Connaissant mal ce quartier, j’arrive sur le canal st Martin par la rue Léon Jouhaux qui débouche sur la passerelle des Douanes. Je pénètre dans le square du Temple et le traverse. Je reconnais ce petit havre de paix qui est celui de la fameuse scène des ricochets dans le film, le Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Néanmoins je suis déçue car l’accès aux écluses est interdit, je peux seulement en faire le tour. Le square est agréable, frais et ombragé, cerné de haies basses. Il offre un refuge vis-à-vis des rues avoisinantes, très animées comme la rue du Faubourg du Temple ou encore la place de la République. L’animation ici est due aux écluses et aux passants qui se délectent du spectacle et de la quiétude de l’endroit. La cascade d’eau, le long de la porte d’écluse, concurrence presque le bruit des moteurs. J’emprunte la passerelle des Douanes pour observer la lente ascension d’un petit bateau de plaisance. En me retournant je suis frappée par la présence d’une immense tour à la façade colorée, unique, qui constitue un point de repère dans ce paysage. Nous sommes le vendredi 10 octobre à midi. Pourtant nombreux sont ceux qui viennent déjeuner, lire, courir, etc. sur les quais. Cette séquence propose un contact direct avec l’eau, elle est ensoleillée et ombragée par intermittence, autant de conditions profitables à l’installation de commerces variés et à de multiples activités, pêche, pique-niques, etc. J’imagine sans problème le zigzag infernal auquel il faut se confronter pour y circuler lors des plus belles journées. Par ailleurs, les rues adjacentes aux quais très fréquentées, créent un bruit de fond assourdissant. En continuant mon parcours je rencontre dans l’ordre, la passerelle d’Alibert, le pont tournant de la rue Dieu, la passerelle Richerand (qui m’offre une belle perspective sur un vieil édifice, l’hôpital SaintLouis), pour arriver sur le pont tournant de la Grange-aux-Belles et sa passerelle piétonne. La succession de ces ouvrages d’art rythme le parcours pédestre, on a envie de s’en approcher, de monter, de traverser, d’observer ce qui se passe depuis ces perchoirs sur l’eau. J’entre dans le square des Récollets (écluse des Récollets) qui se trouve en partie surélevé par rapport au niveau de la rue. Moins animé car difficile d’accès, il apparaît sombre par la lourdeur de l’ombrage des marronniers. Il n’en reste pas moins un espace charnière entre la séquence précédente et celle que je m’apprête à découvrir.

Partie 1 En balade de République à Stalingrad

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La passerelle Bichat est l’espace adéquat pour observer ce changement d’ambiance, décuplé par le contraste de lumière et ses clairs obscurs. Le canal fait un coude et offre une échappée visuelle plus vaste par la présence du jardin Villemin. Il s’agit d’une transition entre un espace ténu et une séquence plus ouverte. Cette séquence est riche par la variété des rapports à l’eau qu’elle propose, tantôt je suis en dessous de la ligne d’eau, tantôt je suis à niveau, mais aussi par le témoignage qu’elle offre. Quai de Jemmapes, les locaux de la papeterie Clairefontaine ou encore l’ancienne usine d’air comprimé font écho au passé industriel et populaire du quartier. Néanmoins, le parcours le long de ce bassin reste assez ennuyeux. Les façades sont peu, voire pas animées, les espaces publics qui jouxtent le bord à canal lui tournent le dos, et les bâtiments industriels remarquables restent discrets selon le quai sur lequel on circule. Cette séquence se termine par le rétrécissement et le dédoublement des quais au niveau du pont Eugène Varlin. J’entre dans le square Eugène Varlin (écluse des Morts), relativement animé par la présence d’agrès sportifs et la proximité du collège de la Grange-aux-Belles. Pourtant ce square présente un aspect confidentiel, presque pesant pour celui qui découvre le quartier. Je poursuis rapidement mon chemin vers la prochaine séquence. A mesure que je m’éloigne de l’écluse des Morts, mon pas s’éloigne du miroir d’eau, je prends de l’altitude. Je n’ai aucunement envie de passer sous le pont Louis-Blanc vu l’exiguïté du passage et le peu de visibilité. Je m’aperçois alors, que la traversée sur le pont par le piéton est d’une grande complexité et qui plus est, relativement dangereuse. Du pont je peux analyser la configuration de cette dernière séquence qui se compose à la fois de quais hauts et de quais bas avec en fond de perspective le métro aérien. Sur ma gauche, un vieux bâtiment industriel abrite aujourd’hui une caserne de pompiers et le café/résidence d’artistes, le Point Ephémère. Si le quai du Point Ephémère semble avoir été rénové il y a peu, le quai de Jemmapes sur la rive d’en face a été délaissé et dégage un sentiment d’inaccessibilité généré par la présence des véhicules et des locaux de services de la ville de Paris. Cette entrée sur le canal Saint-Martin est peu avenante, ni identifiable. Enfin, je tente de gagner le bassin de la Villette, en traversant le carrefour Jaurès. Je mets plus de 5 min pour parcourir une distance inférieure à 25 m en raison du ballet interminable des feux et des automobiles avant d’atteindre de façon séquencée la dernière écluse. Je me retourne en direction du canal que je viens de quitter, celui-ci a disparu ou presque de ma vue. A la fin de la balade je retiens la qualité et la poésie du vide offert par la technicité et les normes de cet ouvrage d’art, mais aussi mes multiples déambulations.

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Partie 1 En balade de République à Stalingrad

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Un canal est une succession de biefs horizontaux, où les écluses assurent l’absorption du dénivelé

Place de la Bataille Stalingrad

Ecluses de la Villette

5 Coupe 3

3

4 Ecluses des Morts

Gare de l’Est

3

2

Coupe 2

Ecluses des Récollets

2 Coupe 1

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Ecluses du Temple

Place de la République

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250 m

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Ecluses des Récollets - Du miroir à la cascade d’eau

A l’abri sous les arbres les passants bercés par le bruit des cascades d’eau se délectent des jeux d’eau de l’écluse. Cerclés de haies basses taillées ces squares fabriquent des isthmes de calme. Néanmoins, souvent dégradés et peu lumineux, à l’exception de l’écluse du Temple, ces squares restent peu animés sauf en cas de passage de bateau.

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Les enseignes lumineuses trahissent à la nuit tombée l’emplacement des commerces et des cafés. En ce début de mai, température environ 12°, les quais restent encore peu animés, mais dans quelques semaines, il sera difficile de longer le bord du quai.

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Activités

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Bassin du Temple - Toucher l’eau

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Coupe 1

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Activités

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Au-dessus, en-dessous de la lame d’eau. Une expérience assez exceptionnelle qui ne manque pas d’animer les quais de part et d’autre de la passerelle. Ce phénomème permet aussi la création d’assise directement liée à ces modifications topographiques.

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2.5

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6.3

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1.2

Surplomber l’eau ou apprécier la quiétude du contrebas? Un choix rapide quand on a le choix entre longer une aire de stationnement côté Jemmapes (à droite) ou un bâtiment opaque sur environ deux cents mètres. Il existe un contraste d’animation entre les rives du Point Ephémère et les locaux de la ville.

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Bassin des Récollets - Passer sous le miroir d’eau Coupe 2

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Activités

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Bassin Louis Blanc - Toucher ou dominer le miroir d’eau

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Coupe 3

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Equipt culturel Equipt culturel

Activités

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Locaux de caserne pompiers

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0

6.5

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la ville 7.8

1.7

7.3

1.2 3.4


3. L’eau influence les atmosphères

4. Une réalité composée et normée

De ma flânerie sur les bords du canal Saint-Martin je retiens trois séquences paysagères qui correspondent en réalité à trois biefs. Chacune d’entre elle débute et s’achève par une écluse à double sas associée à un square dont la composition reprend les codes d’Alphand.En partant de la rue du Faubourg du Temple vers le carrefour Jaurès on relève : - La séquence 1 : le Bassin du Temple (1) et le Bassin des Marais (2) - La séquence 2 : le Bassin des Récollets (3) - La séquence 3 : le Bassin du Combat (4) et le Bassin Louis Blanc (5)

La passerelle en fer forgé de l’écluse du Temple

Passage du premier sas d’écluse vers le second

La hauteur du miroir d’eau par rapport à la chaussée influence l’occupation du bord à canal et influence la synergie sociale et commerciale d’hier et d’aujourd’hui. Lorsque l’eau est affleurante, comme c’est le cas pour la 1ère séquence, on constate que l’ensemble des rez-de-chaussées sont occupés par des commerces (cafés, artisans, etc.) ou du service tertiaire. Contrairement aux deux autres séquences, cette portion se situe à proximité de l’espace couvert ainsi qu’au croisement d’anciennes rues pénétrantes dans Paris, comme la rue du Faubourg du Temple, la résidentialisation y est plus ancienne, ce qui amplifie l’attractivité de ce secteur.

Quai ou chemin de halage en pavé soutenu par un alignement simple de platanes de chaque côté du canal

Sur la séquence n°2, l’influence de l’eau est plus subtile. Bien que le miroir d’eau soit relativement proche jusqu’à la fin du jardin Villemin, la dimension des parcelles, l’implantation et la typologie des bâtiments, mais aussi le manque de traversées nous renvoient au passé industriel du site. Encore occupé par des industries ou plus récemment par des ensembles HLM, les pieds de façades sont peu animés surtout côté Jemmapes où les locaux Clairefontaine occupent un linéaire d’environ deux cents mètres. Enfin la dernière séquence dispose de deux niveaux de quais dus à l’importance accrue du dénivelé sur ce secteur. Une configuration spatiale qui a permis l’installation d’entrepôts en contrebas, encore visibles aujourd’hui mais dont les usages ont été modifiés. A la fois atout et contrainte, cette situation permet la création d’un écrin protégée, au calme de l’agitation environnante (notamment du carrefour Jaurès) mais il reste peu perceptible. L’eau étant distante, la réhabilitation ou la construction de bâtiment a essentiellement visé des programmes tertiaires ou des logements.

Partie 1 L’eau influence les atmosphères

Un sentiment de confinement qui s’étiole à mesure où on se rapproche du bassin Louis Blanc

25

Les ambiances présentes sur le canal se créent notamment autour du rapport à l’eau mais aussi à travers les codes et les différentes figures paysagères attenantes à ce type d’ouvrage tels les maisons éclusières, les ponts, le chemin de halage ou encore les alignements. En tant qu’infrastructure, le canal est régi par une réglementation stricte. Cependant, le canal Saint-Martin se distingue d’autres canaux en adaptant la plupart de ces figures au vocabulaire urbain. Par exemple, les maisons éclusières qui habituellement jouxtent le canal sont dans ce cas précis intégrées à l’intérieur du front bâti. Il est aujourd’hui difficile de les distinguer dans le tissu urbain constitué quand elles n’ont pas été supprimées. L’assemblage de ces figures confère une unité et une identité au site. Ces codes ont sans doute permis la sauvegarde du canal et lui ont valu son inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Toutefois, il est important de rappeler d’une part que cette inscription n’a qu’une valeur limitée et qu’elle risque de disparaître. D’autre part, l’inscription ne concerne qu’une partie du canal dans sa portion ouverte. Si aujourd’hui cet espace minéral dégradé attire de plus en plus de monde c’est pour la qualité de respiration qu’elle propose. Une qualité qui n’existe et se tient que par la rigidité des codes qui l’ont mis en place. Dans une ville dense comme peut l’être Paris, l’existence de cet espace est une opportunité fabuleuse mais convoitée où les projets ont justement tendance à détériorer la qualité de ce vide.


Le canal Saint-Martin, espace public majeur du quartier. Celui-ci est ponctué par de nombreux espaces publics secondaires. Bassin de La Villette

Prenons par exemple ce projet de plateforme flottante sur le canal Saint Martin, bien que l’idée d’augmenter l’espace public sur le canal lui-même soit séduisante. La proposition encombre la qualité majeure du canal, le vide amplifié par le miroir d’eau

Place de la Bataille Stalingrad

Gare de l’Est

Jardin de Villeimiin

Place de la République

0

50

100

250 m

Crédit images et photos: 1week1project

27

Partie 1 Une réalité composée et normée

25


Jardin Eole

Place de la Bataille Stalingrad

Gare de l’Est

Jardin de Villeimiin

Un paysage codifié et normé Hôpital St-Louis

Figures d’alignement Les franchissements Passerelles Ponts (fixes et tournants) Spécificités du canal Square des écluses

Place de la République

Patrimoine industriel et architectural Locaux techniques et de services

0

50

100

250 m

Enjeu 1

Le patrimoine pour sa qualité spatiale Le vide en milieu urbain dense est une denrée rare et fragile, il faut veiller à le protéger.


Partie 1 Une réalité composée et normée

29



Conclusion de la partie 1 La balade le long du canal Saint-Martin m’a permis d’identifier les atouts et les contraintes de ce paysage. En tant qu’infrastructure, le canal est organisé et structuré selon des normes strictes qui lui confèrent le charme de son identité. Ce sont ces éléments de paysages, miroirs d’eau, ponts, passerelles, alignements, quais pavés, etc. qui créent les ambiances de ce site mythique. Tantôt on se rapproche de l’eau et la synergie sociale est à son paroxysme, tantôt on s’en éloigne créant ainsi des espaces qui paraissent à l’abandon, en marge. Ces figures paysagères tant de fois décrites ou reprises en décor de films sont trompeuses et ne mettent en valeur qu’un tronçon bien particulier du canal allant de la rue du Faubourg du Temple à la rue des Récollets. Cette séquence du canal Saint-Martin longue de près d’1,6 km propose des ambiances variées tout au long de la promenade. Cette diversité s’explique par la modification des rapports que le piéton entretient avec l’eau. Les ambiances changent mais un paramètre reste stable sur l’ensemble du parcours : le vide créé par l’infrastructure au sein d’un tissu urbain extrêmement dense. De plus, on s’aperçoit progressivement que cette infrastructure au lieu d’irriguer le quartier reste relativement confinée de façades à façades. On relève des équipements tels que la gare de l’Est ou la gare du Nord, le jardin de l’hôpital Saint-Louis, la Place de la République, ou à plus petite échelle, des parvis, un réseau d’écoles et d’équipements culturels disposés en pointillé tout le long du canal sans permettre de liaison avec celui-ci. Afin de comprendre ce paysage c’est-à-dire ses atouts et ses contraintes, il est essentiel de s’intéresser à son passé en terme de morphologie, de fonction, de composition paysagère et les rouages de la vie quotidienne.

Un paysage aux multiples facettes avec pour dénominateur commun, l’eau 31


02

‘‘ - Je veux faire quelque chose de grand et d’utile pour Paris, Quelles seraient vos idées à ce sujet ? - Donnez-lui de l’eau. [...] - Vous n’avez aujourd’hui ni fontaines publiques, ni abreuvoirs, ni moyen de laver les rues. - Quels seraient vos moyens pour donner de l’eau à Paris ? - Je vous en proposerai deux : le premier serait de construire trois pompes à feu de la force de quarante chevaux chacune, l’une au centre de Paris et les deux autres aux extrémités. [...] Le second projet consisterait à amener la rivière de l’Ourcq à Paris : cette rivière, qui est à vingt lieues, verse ses eaux dans la Marne, la Marne se vide dans la Seine, de sorte que l’Ourcq peut être aisément amené au haut de la Villette, d’où ses eaux se répandraient dans Paris. - J’adopte ce dernier projet ; envoyez chercher M. Gauthey en rentrant chez vous, et dites-lui de placer demain cinq cens hommes pour creuser le canal.’’ CHAPTAL, Mes souvenirs sur Napoléon, Paris, 1893, pp .357-358


‘‘ Donnez-lui de l’eau !’’ •

Paris une ville co-construite avec l’eau

Une ambition double pour le canal Saint-Martin

Composition et figures paysagères

Mutations du paysage

Conclusion

33


1. Paris une ville co-construite avec l’eau

Place de la Bastille

1

2 3

Plan de Paris -56 av. JC

Plan de Paris en 1422 par A. Coquart

Construite sur l’une des îles de la Seine, Paris était cerné au Nord par des marais et des bois , au Sud par des près, des marais et des bois.

Paris ne cesse de repousser ses enceintes et poursuit son expansion déséquilibrée de part et d’autre de la Seine. Ce schéma de développement est en partie du à la proximité de la nappe phréatique (4 à 5 m seulement) ce qui facilite l’installation de puits menant à l’urbanisation d’un secteur. 1 Enceinte du VIe au XIIème siècle 2 Enceinte Philippe Auguste 1190-1212 3 Enceinte Charles V 1356


Hôpital St-Louis

Rotonde de la Villette

5

4

1 2

3 Plan de Paris 1790 par C. Verniquet

Ce plan fait état de l’urbanisation parisienne au moment de la révolution de 1789. La ville compte un nombre conséquent d’habitants et a besoin de s’étendre au-delà des abords de la Seine. Elle est également soumise aux épidémies transmises via une eau putride, l’eau propre manque cruellement et fait l’objet de taxes importantes. C’est dans ce contexte que le projet de canaux pour la ville de Paris est relancé par Napoléon Bonaparte. 4 Enceinte des fossés jaunes 1565 5 Enceinte des Fermiers Généraux 1785-1788

Partie 2 Paris une ville co-construite avec l’eau

35


Le canal naît à l’intérieur des champs qui entourent la future capitale Vue de Paris sous Henri V - JC. Golvin

« Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu’à la rue du Chemin-Vert par laquelle je gagnai les hauteurs de Ménilmontant, et de là prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversai jusqu’à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages, puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin. Je m’amusais à les parcourir avec ce plaisir et cet intérêt que m’ont toujours donnés les sites agréables, et m’arrêtant quelquefois à fixer des plantes dans la verdure.»

Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries d’un promeneur solitaire, éd. Ebook libres et gratuits, 2003, p.13

Peinture représentant la rue du Ménilmontant, au début du XIXème siècle Marc Gaillard, Paris au XXème siècle, éd. AGEP, 1991, p.186


La silhouette du porteur d’eau fait, jusqu’au début du siècle, partie du paysage urbain. [...] Le cri «A l’eau! Al’eau!» était l’un des plus lancinants de tous ceux que poussait la multitude de marchands ambulants.»

Laure Beaumont-Mallet, L’eau à Paris, op. cit. p.207

Le porteur d’eau ©GoogleImages

A l’aube de la révolution Paris compte près de 500 000 habitants qui manquent toujours d’eau et de vivres. La ville compte pourtant près d’une soixantaine de fontaines mais celles-ci ne coulent souvent que quelques heures dans la journée. Les esprits avisés postrévolutionnaire invoquent six raisons pour construire un système de canaux: « acheminer l’eau dans la capitale, raccourcir la navigation que les méandres de la Seine allongent, éviter les ponts de Paris dont les arches obstruées rendent le parcours quasi infranchissable, créer une zone portuaire dans l’Est parisien encore inexploité, éviter les pollutions que causent les déchargements et les manutentions en centre ville, et surtout réserver le centre de Paris à l’urbanisme monumental.» 4 En 1802, l’idée d’apporter de l’eau dans Paris via un système de canaux est approuvée par l’opinion. « Au nom du Peuple Français, Bonaparte, premier Consul de la République, proclame loi de la République le décret suivant, rendu par le Corps législatif le 29 Floréal an X, conformément à la proposition faite par le Gouvernement le 27 du même mois, communiquée au Tribunat le même jour : Article premier – Il sera ouvert un canal de dérivation de la rivière d’Ourcq : elle sera amenée à Paris à un bassin près de La Villette. Article 2 – Il sera établi une dérivation qui partira de la Seine au-dessous du bastion de l’Arsenal, se rendra dans les bassins de partage de La Villette et continuera par Saint-Denis, la vallée de Montmorency, et aboutira à la rivière d’Oise près de Pontoise. Article 3 – Les terrains appartenant à des particuliers et nécessaires à la construction seront acquis de gré à gré ou à dire d’expert ». 5

Les projets se multiplient et les débats sur les usages, la rentabilité et la salubrité des propositions s’amorcent. L’implantation du canal se fait sur un territoire principalement rural et marécageux, ponctué de quelques maisons voire quelques villages rues, des cabarets, des moulins à vent et et des établissements agricoles,. Il n’y avait aucune activité particulière mis à part le gibet de Montfaucon, le couvent des Récollets et l’hôpital Saint-Louis. Si les travaux des canaux de l’Ourcq et Saint-Denis ont démarré plus rapidement après l’approbation du décret, le canal Saint-Martin fait l’objet de propositions diverses et variées concernant le dessin de son tracé. 4 Ss. de De Andia Béatrice et Texier Simon, Les canaux de Paris, éd. Délégation de l’Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, p.14 5 Recueil de pièces relatives aux canaux de la Ville de Paris. Canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis, Paris, Impr. Chaix, 1880, p.11.

Partie 2 Paris une ville co-construite avec l’eau

37


Plan Archives Nationales F1410125 I AN


2. Double ambition pour le canal Saint-Martin « Des deux canaux de navigation reliant l’Ourcq à la Seine, l’un - le canal Saint-Denis- n’intéressait Napoléon que très modérement, car il était entièrement situé hors de la ville. Par contre le second, le canal SaintMartin, l’intéressait vivement, parce qu’il constituait non seulement une voie de transport fluvial, mais aussi un embellissement pour la capitale». 6 Si le réseau de canaux de la ville de Paris a été conçu pour approvisionner Paris en eau potable et faciliter le transport de marchandises, la branche Saint-Martin était destinée à accueillir d’autres fonctions. Un fait attesté dès la première proposition de l’ingénieur Pierre-Simon Girard chargé en premier lieu du tracé. Il pensait que le projet devait engendrer des prolongements sur la ville. « Divers projets d’amélioration et d’embellissement pour la ville de Paris se rattacheront naturellement au tracé du canal SaintMartin […] et pourront être exécutés successivement quand les circonstances le permettront. »; « […] les divers quartiers que le canal traversera, pourront accéder à ses quais par un certain nombre de rues nouvelles. »7 Néanmoins, le tracé du canal Saint-Martin doit respecter un certain nombre de conditions, à savoir : «être court, faciliter la navigation et la distribution d’eau, engendrer une activité industrielle, et conserver dans leur intégralité les dépendances de l’hôpital Saint-Louis et de la caserne du Temple déjà présents sur le territoire»3. L’implantation du canal suppose des mesures d’expropriations qui se feront non sans mal, mais aussi une réflexion sur les modalités de franchir un dénivelé aussi important. Le plan présenté ci-contre fait état du tracé approuvé et mis en oeuvre entre 1808 et 1821. L’échelle de définition ne permet pas de voir les subtilités du projet en terme d’agencement des espaces publics limitrophes, mais l’idée de jonction entre les deux nouveaux ports parisiens, le port de l’Arsenal et le Port de la Villette, est largement perceptible . En parallèle, avec la réalisation du bassin de la Villette en 1812, Napoléon Bonaparte amorce la mise en oeuvre d’un réseau d’alimentation souterrain en eau potable d’après le décret suivant: « à compter du 1er mars prochain, l’eau sera fournie gratuitement à toutes les fontaines de notre bonne ville de Paris. »4 (Cf. Annexe 1) 6 Laure Beaumont-Mallet, L’eau à Paris, op. cit. p.145 7 APUR, « La Villette : aménagement des anciens abattoirs et des abords du bassin », Paris Projet, n°15-16, 1976, p.11

Partie 2 Double ambition pour le canal Saint-Martin

39


D’après plan Archives Nationale F1410125 III AN

Deux propositions suscitent une attention particulière, celles de l’ingénieur P.-S. Girard et l’ingénieur A. Coïc. La première de P.-S. Girard prévoit un contournement de l’hôpital Saint-Louis par l’Est avec la construction de 10 écluses (en pointillé sur le plan ci-contre). Si cette proposition est trop coûteuse à cause du nombre d’écluses, elle n’en n’est pas moins intéressante pour la structuration urbaine qu’elle propose. P.-S. Girard dessine un axe commercial et urbain, qui irrigue le territoire afin de lier le canal aux quartiers voisins mais aussi à la ville. Il utilise les éléments existants de la ville tels que les barrières des Fermiers Généraux ou le portail de l’hôpital Saint-Louis, pour composer et créer de nouveaux espaces publics, tels que les places, et engendrer une dynamique de développement du territoire. Le canal coupe de nombreuses rues et les ponts sont prévus uniquement dans le prolongement des voies principales ou à l’intersection de plusieurs d’entre elles. Quant à l’ingénieur A. Coïc, il prévoit un contournement de l’hôpital par l’Ouest qui génère moins d’écluses et moins d’expropriations. Il propose aussi, l’élargissement d’un des bassins au niveau de la plaine des Marais destiné au stockage des marchandises (futur Place des Marais). Sa proposition rejoint celle de P.-S. Girard au niveau de la voie d’eau qui passe sous la place de la Bastille.

0

100 200

500 m

Le Conseil choisira, le projet de M. Girard, avec les modifications indiquées par M. Coïc. D’une longueur de 4, 553 kilomètres, le canal se compose dès lors de dix bassins et accuse une dénivellation de 25 mètres répartie sur neufs écluses dont huit à double sas et une à simple sas au débouché de la Seine. Son tracé fait un premier coude dans l’axe de la Tour Saint-Jacques, et contourne l’hôpital Saint-Louis par l’ouest afin d’éviter d’une part le dénivelé de la butte de Belleville et d’autre part tout risque d’inondation de l’hôpital en cas de rupture de l’ouvrage. Puis, le canal poursuit son chemin jusqu’à un second coude pour se retrouver dans l’axe du bassin de l’Arsenal, (premier port de France) et de la fontaine de l’éléphant voulu par Napoléon sur la Place de la Liberté (actuelle place de la Bastille).


Barrière de la Villette avec la Rotonde de Ledoux

Barrière du Combat (actuel Pl. Col. Fabien) Avenue Richerand menant à l’hôpital St-Louis

Place et port des Marais avec l’entrepôt des Douanes

Elévation entrepôts vue depuis le canal

Coupe technique de la structure des entrepôts

D’après plan Archives Nationale F1410125 III AN

Place de la Bastille après le recouvrement du canal

0

100 200

500 m

41


3. Composition et figures paysagères Quai en pavés de grès

Écluses à double sas

Alignement de peupliers

11

5.50

Chaussée + Trottoir

Quai

Passerelle piétonne

27 m

Miroir d’eau - bief

Front bâti Façades orientées vers le canal

5.50

11

Quai

Chaussée + Trottoir


Anonyme, Musée Carnavalet, n°149I, cliché J.-C. Doerr

1

Anonyme, Musée Carnavalet, n°152A, cliché J.-C. Doerr

(1) Gravure représentant le canal Saint-Martin à la hauteur de l’écluse des Morts. Le plan d’eau change de niveau et on peut voir un des bâteaux-lavoirs sur le quai à droite.

2

0

3

100 200

500 m

A cette période, on distingue dès lors trois séquences nettement différenciées sur le linéaire liées en grande partie à l’influence du relief et à la présence des ponts : - De la place de l’Ourcq à la rue du Faubourg du Temple, la pente du sol est absorbée par le jeu de quatre plans d’eau et de six écluses à double sas. Sa spécificité naît de son relief prononcé, révélé par les jeux de rampes, les trois ponts fixes, les deux ponts tournants et d’une passerelle. Celle-ci limite le nombre de rues transversales, et renforce la présence d’installations portuaires au niveau des bassins de Pantin (actuel Louis Blanc) et des Marais. cf. Illustration 1 - De la rue du Faubourg du Temple à la place de la Bastille, constituée de cinq bassins et de deux écluses à double sas, formant un unique plan d’eau long de 1800 mètres, affleurant le niveau du sol. Un pont fixe, quatre ponts tournants et une passerelle maintenait ainsi les communications avec les vieilles artères remontant les pentes de l’Est parisien. cf. Illustration 2 - Le bassin de l’Arsenal, qui rejoint la Seine au moyen d’une écluse, un pont fixe pour relier le boulevard Bourdon et le boulevard de la Contrescarpe (actuel boulevard de La Bastille)8 cf. Illustration 3

L’illustration, 9 août 1845, cliché J.-C. Doerr

Bâtiments structurants

F1410125 III AN

Alignements

Plan des figures paysagères, d’après plan Archives Nationale

(2) Gravure représentant le canal Sain-Martin à la hauteur de la Rue Saint-Sébastien. Le plan d’eau est à niveau et les diverses pratiques se cotoient sur le bord à canal.

Pour assurer les continuités transversales, le canal est entrecoupé par un ensemble de ponts dont; 5 ponts fixes en pierre (surélevés par rapport aux rues avoisinantes); 6 ponts tournants en bois pour maintenir les communications entre les deux rives; 2 passerelles piétonnes (en aval du bassin des Récollets et en aval du bassin Saint-Antoine).

(3) Vue à vol d’oiseau du canal Sain-Martin depuis la rive droite de la Seine vers la Bastille. La place de la Bastille est une place pont et le canal se poursuit sur l’actuel bvd R. Lenoir.

Si certains aspects demeurent inchangés d’autres ont disparu ou se sont modifiés pour créer de nouvelles ambiances, de nouvelles séquences... 8 S. GUEVEL et M. ANDRZEJ, La formation urbaine

autour des canaux parisiens(Le canal de l’Ourcq, le canal SaintDenis et le canal Saint-Martin) depuis leurs créations jusqu’à nos jourset dans les limites actuelles de Paris, ENSA Paris-Belleville, Mémoire de Master, 2002.

Partie 2 Composition et43 figures paysagères

43


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4 - Mutation des paysages... En deux cents ans la dilatation offerte par cette infrastructure dans le tissu parisien a su faire face à ses multiples agresseurs. Les problèmes de franchissement, la rentabilité économique, ou encore l’évolution des pratiques ont souvent été des arguments à l’origine de réflexions voire de modifications de l’aspect du canal SaintMartin.

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Travaux d’aménagement du canal dans les champs, au loin l’hôpital Saint-Louis et les buttes Chaumont. Marc Gaillard, Paris au XXe s., p.186

1800 - 1850 Un canal en campagne Progressivement le bord à canal se construit et accueille les premiers entrepôts, champs et vignes s’effacent. 1850 - 1900 L’apogée de l’ère l’industrielle et les bouleversements Haussmannien La révolution industrielle engendre une augmentation des populations et une pollution atmosphérique faisant de la présence végétale, du soleil et du vent une nécessité salvatrice pour l’hygiène publique. Le Baron Haussmann entreprend de nombreuses modifications du paysage du canal. Tout d’abord son recouvrement sur près de 2 km suite aux diverses émeutes et y installe une promenade plantée (actuel Bvd R. Lenoir). Par la suite, des squares se constituent au niveau des différentes écluses (en amont de la rue du Fbg du Temple).

Recouvrement et aménagement de la Promenade Richard Lenoir créée par Alphand

Simon Texier, Les parcs et jardins dans l’urbanisme parisien XIXe-XXe s., op. cit

Square des Récollets tout juste planté fin XIXe Carte postale, Bibliothèque Forney ICO CP Paris 10

L’apogée industrielle sera de courte durée, concurrencée par l’arrivée des voies ferrées des gares de l’Est et du Nord, ainsi que l’apparition des nouvelles normes Freycinet. Ensemble des usines donc l’usine d’air comprimé (C.P.A.C) Service des canaux, B.H.V.P, cliché J.-C. Doerr

Modification du profil du canal sur le bvd R. Lenoir Source


A travers ces schémas il est possible d’observer la constitution du tissu urbain autour du canal ainsi que son évolution. Une première phase qui correspond aux plans des ingénieurs Coïc et Girard sur un parcellaire majoritairement agricole. Les travaux fait sous le IInd Empire sont nettement visibles avec le recouvrement de près de la moitié du canal qui provoque une résidentialisation des abords. Tandis qu’au Nord, les espaces industriels se sont mulitpliés. La dernière carte fait directement état de la phase 1950/2000 car les changements sont peu conséquents entre 1900 et 1950, mis à part le recouvrement d’undernier bassin avant l’écluse du Temple. Cette dernière phase fait état de la migration des industries et d’un remplacement par des opérations immobilières.

M. ANDRZEJ,, op. cit., Tome 5

2

D’après les travaux de S. GUEVEL et

M. ANDRZEJ,, op. cit., Tome 5

1

D’après les travaux de S. GUEVEL et

M. ANDRZEJ,, op. cit., Tome 5

D’après les travaux de S. GUEVEL et

Observer les mutations du tissu est important car il est significatif des changements dans le paysage. D’un paysage agricole, on passe à un paysage ponctué de cheminé, à un paysage de ville dense, avec pour seul paramètre constant: un gabarit. L’eau et les alignements ont subi des modifications en fonctions des politiques urbaines et économiques.

3

1

- Phase d’urbanisation 1800/1850

2

- Phase d’urbanisation 1850/1900

3

- Phase d’urbanisation 1950/2000

0

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1900 - 1950 Stabilité apparente

1950 - 2000 Suprématie automobile ?

On note des changements ponctuels le long des canaux notamment avec une résidentialisation progressive autour de R. Lenoir. Le bassin du Temple est lui aussi recouvert. Les activités industrielles commencent leur migration hors la ville pour approcher les quais du canal de l’Ourcq. Dans le secteur où l’eau est encore apparente on est dans l’atmosphère décrite par Arletty. « Sur les quais on déchargeait du ciment, du sable, du plâtre, des tuiles ou des briques [...] Les mariniers n’ont pas oublié le va-et-vient des débardeurs, les ‘‘coltineurs’’, qui déchargeaient les sacs de ciment.»

On distingue deux périodes. L’ère de l’automobile et le déclin économique du canal aidant, le paysage se modifie. C’est la période de création des voies sur berges, «il faut adapter Paris à la voiture», G. Pompidou. Après la crise de l’axe Nord/ Sud, le canal est au coeur des débats urbains, et l’APUR propose une mise en valeur de cet ouvrage d’art en constituant une nouvelle promenade. Seuls certains points seront retenus, le projet ne pouvant concurrencer le dictat automobile. Enfin, aujourd’hui les choses pourraient changer...

Square des Récollets - Carte postale

Comparaison 1976/2014

Bibliothèque Forney ICO CP Paris 10

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des

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Carte postale ancienne / Photo

Un paysage de cheminées où se cotoient tous les métiers - Gravure extrait Solenn Guevel, op.cit, Tome 3 Les perspectives de demain... Paris Projet n°17, 1977

Proposition de l’APUR

1 En contre-bas, le Port touristique de l’Arsenal,2 Gigantesque rond-point, la Bastille 3 Dessus, la promenade R. Lenoir ani-

isthme de calme à l’abri de l’effervescence de lan’est plus une place, et marque une mée contraste avec l’aspect confidentiel rupture dans le linéaire du canal. et fantasmagorique du dessous... Bastille.


4

5

6

3

4 De République à Stalingrad, un espace en transition souvent loin de l’atmosphère d’Arletty.

5 Carrefour Stalingrad, multiples conflits d’usages, une entrée devenue une rupture.

6 Bassin de la Villette, un espace industriel transformé en séquence de loisirs nautiques et culturels.

Partie 1 Mutations du paysage

47


Jardin Eole in ass

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Rupture

Après presque deux cents ans, les deux fonctions souhaitées par Napoléon ont persisté dans le temps, l’une prenant l’ascendant sur l’autre à tour de rôle, pour aujourd’hui mettre en avant la fonction d’espace public.

Séquence 3

Conclusion de la partie 2

On distingue aujourd’hui trois séquences qui correspondent à celles prévues initialement, à l’exception de la seconde (celle du 10ème arr.), les autres ont changé radicalement de paysage.Il apparaît surtout deux séquences supplémentaires qui correspondent aux anciennes entrées de Paris. Paradoxalement, la toponymie de ces espaces renvoie à une notion d’articulation, la place, pourtant ces séquences créent des obstructions sur le linéaire tant dans la traversée que dans la perception.

Un paysage linéaire normé

Séquence 2

Miroir d’eau Square Alphand Front bâti Alignement

Diminution de la fonction structurante

Séquence 1 Rupture

En termes d’ossature urbaine Espaces publics déconnectés Porosité faible En termes de mobilité Quais dégradés Obstacle pour le franchissement Noeud de communication

Le déclin économique du canal et l’arrivée des réglementations liées au trafic automobile ont mis à mal la qualité structurante du canal. Pourtant, ce sont sans doute ses qualités d’infrastructure (miroir d’eau, chemin de halage, passerelles) qui lui ont permis de subsister. Si le canal n’est plus menacé par l’asphalte, il reste en deçà de ses potentialités urbaines notamment quand on s’intéresse de plus près à l’aspect morphologique et aux pratiques sociales d’antan. Sans tomber dans une profonde nostalgie, il est évident que le paysage du canal présente aujourd’hui des facettes obsolètes et/ou vieillissantes. C’est en s’inspirant de la composition et la pratique partagée de l’espace du bord à canal que je trouve mes outils pour restaurer un réseau d’espaces publics le long du canal et irriguer les quartiers audelà du fil d’eau. La condition prncipale de l’aménagement vise à respecter la qualité majeure de ce paysage linéaire à savoir : le vide qui s’exprime à travers la perception du ciel .en tout point du canal.

Partie 2 Conclusion

49


‘‘Comme il faisait une chaleur de trente-trois

degrés, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. Plus bas, le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses, étalait en ligne droite son eau couleur d’encre. Il y avait au milieu un bateau plein de bois, et sur la berge, deux rangs de barriques. Au-delà du canal, entre les maisons qui séparent des chantiers, le grand ciel pur se découpait en plaque d’outre mer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient .

’’

Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuché, cité par Claude Terreau dans Les canaux de Paris, op. cit., p.202


51


03

‘‘ [...] Mes voici la nuit sombre; Sur les bords du canal, Je vois glisser une ombre, J’entends comme un signal. Au ciel pas une étoile, Bourgeois rentrez chez vous, La lune a mis son voile, C’est l’heure des filous. Redoutez, redoutez, honnêtes citadins, De Pantin à Paris, de Paris à Pantin, Ah! Redoutez le canal Saint-Martin, De minuit au matin, Honnêtes citadins, Ah! Redoutez le canal Saint-Martin.’’ Extrait de chanson issue d’un drame en cinq actes et sept tableaux, Dunpenty et Cormon, Canal Saint-Martin, 1ère représentation 12/07/1845


Un paysage codé sous tension •

Une structure urbaine affaiblie

Complexité et déséquilibre du maillage viaire

Une nature domestiquée

Une sollicitation variable

53


Muret + Grille

Trottoir avec bordure

Piste cyclable

min

Ville e d in Jard

Enjeu 2

Structure urbaine

Nombre d’espaces publics et d’équipements tournent aujourd’hui le dos au canal. Chaque catégorie d’usager est compartimentée dans un couloir qui crée des ruptures entre bord à canal et le quartier.


ChaussĂŠe

Plantations

Quai piĂŠton

Partie 3 Une structure urbaine affaiblie

Canal

55


Jardin Eole

2

Une structure paysagère déconnectée

Gare de l’Est

4

Quais compartimentés

3

Espaces publics déconnectés du bord à canal Squares des écluses

1

5 Hôpital St-Louis

Espaces publics déconnectés 1 Le jardin de Villemin 2 La place de la Bataille Stalingrad 3 La place Raoul Follereau 4 Le parvis du collège de la Grange-aux-Belles 5 Le parvis de l’espace culturel Jemmapes 6 La place Beaurepaire

6

Fonciers industriels potentiellement mutables

1 Place de la République

0

50

100

250 m

Espaces publics potentiels pour irriguer le quartier Rues à renforcer Axe à créer avec un potentiel commercial existant


1 Une structure urbaine affaiblie Si Napoléon et son équipe ont pensé et dessiné le canal comme un élément de structuration urbaine où s’entremêlent des fonctions économiques et des fonctions d’agrément, le milieu du XXème siècle voit s’amoindrir ou même disparaître cette qualité. La morphologie du canal n’a pas changé depuis sa mise en œuvre, seule l’occupation du sol et le parcellaire vont subir des modifications. Alors pourquoi ai-je l’impression d’être contrainte de suivre « un boyau » du nord au sud quand je me promène aujourd’hui sur les quais ? Bien entendu il existe des transversales qui permettent un drainage d’est en ouest, c’est-àdire un mouvement traversant qui s’effectue en direction des gares mais il est encore trop timide. Prenons le cas du jardin Villemin, situé sur l’emplacement du coude. Il pourrait permettre un espace de transition formidable entre la gare de l’Est et le canal, mais il est fermé la nuit, et en journée il n’offre pas de passage direct. Quel dommage… Ces espaces publics limitrophes qui ponctuent le parcours n’entretiennent aucun rapport, si ce n’est parfois visuel. C’est de façon assez brutale que l’automobile a imposé ses normes sur l’espace public parisien et plus particulièrement sur les quais de Saint-Martin. Depuis que les péniches ont cessé de s’y amarrer et les marchandises d’y être entreposées, les quais se transforment dans les années 60-70 en gigantesque parc de stationnements. Puis, dans les années 80, les suggestions de l’APUR et la mise en œuvre du Plan d’aménagement de l’Est parisien visant la mise en valeur des canaux vont chasser non sans mal la voiture des quais. Pour se faire, la ville ponctue l’espace du quai d’un grand nombre de potelets, de plots, de bancs ou de plantations légèrement surélevées comme les peupliers situés entre la passerelle Bichat et la rue Louis Blanc. Cette accumulation a eu pour effet de compartimenter usages et usagers créant une limite nette entre le canal et les espaces publics limitrophes. Elle divise le quartier en deux secteurs.

Partie 3 Une structure urbaine affaiblie

57


Canal

Quai bas

Enjeu 3 Mobilité

Un maillage complexe avec une priorité qui est donnée à l’automobile. Les traversées possibles sont nettement déséquilibrées entre le Nord et Sud du coude. De même, les accès sont plus contraints.


terre-plein

Carrefour Jaurès

terre-plein

Métro aérien

Partie 3 Complexité et déséquilibre du maillage viaire

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2

3

Un maillage viaire complexe dominé par l’automobile Piétons

Passerelles

Cyclistes suivent la voirie automobile

Métro

Stations majeures 1 2 3

République Stalingrad Jaurès

Automobiles

1

0

50

100

250 m

Péniches et bateaux


2 Complexité et déséquilibre du maillage viaire Le canal Saint-Martin reste un site relativement bien desservi en termes de modalités néanmoins on dénote un déséquilibre Nord/ Sud concernant les possibilités de traversées. D’une part, sur près d’un kilomètre de promenade, il n’y a que deux ponts pour permettre le passage d’un quartier à l’autre, le canal représentant ici une réelle coupure. A contrario, sur le secteur sud on ne relève pas moins de cinq traversées sur environ cinq cents mètres de distance ce qui permet une plus grande porosité et un meilleur contact entre les quartiers. D’autre part, excepté le métro, les autres modes de circulations douces sont contraints par les normes automobiles. Au-delà de la faible largeur des trottoirs et des quais par rapport au niveau de fréquentation (APUR étude sur l’espace public parisien, juin 2014), les cyclistes sont aussi contraints. Leur espace de circulation répond au standard minimal, délimité le plus souvent par des bordures en béton.

cycliste

2.5

1.2

6.5

1.8

4.5


Il faut revoir entièrement les modes de circulations. Il n’y a qu’à Paris où chaque mode de transports est individualisé. Allez regarder à Berlin, à Amsterdam, à Madrid. Le canal doit devenir un exemple. Si on diminue la vitesse de circulation, les gens emprunteront moins ces voies, surtout que le canal est ponctué d’un tas d’équipements.

Jean-Marie Bireaud Président CRL et association CANAL

Développer la voie d’eau pour les petites livraisons. Paris est une ville sur l’eau autant en profiter!

Anne-Charlotte

Interdire l’entrée de Paris à tous les véhicules à forte émission de CO2 et/ou de particules, notamment vieux camions diesel et Bus diesel, et prendre des mesures pour favoriser les véhicules de livraison électriques. .../... - Développer bien sûr la logistique fluviale et par les canaux, mais aussi une logistique de fret par les RER et Métros [...]

Conseil de Quartier 10e

«Il faut fermer les quais de Valmy et de Jemmapes à la circulation, pour y installer de vrais espaces de promenades verts sans circulation le long du canal.»

Mieux utiliser l’axe de la Seine et des canaux avec des points de livraison puis logistique électrique pour la distribution locale.

Claude


Paris sans diesel en 2020. Anne Hidalgo Maire de Paris

Amarrée quai d’Ivry à Paris une péniche charge ces véhicules de livraison d’un nouveau genre.

Ce n’est pas tant le nombre de voitures qui pose problème dans le quartier, mais la vitesse à laquelle les automobilistes s’autorisent parfois à rouler. C’est un fait conséquent d’un point de vue sonore mais aussi de sécurité. Les piétons s’autorisent souvent des traversées sauvages dues au manque de passage piéton d’une part mais aussi des faibles distances qu’il peut y avoir entre le quai et le trottoir. Il convient de souligner une petite victoire pour le piéton sur ce secteur avec les journées « Paris respire ». Certes, nous ne sommes pas dans la constitution d’un espace public partagé, il s’agit d’une réflexion par exclusion. Ce procédé qui ne manque pas d’intérêt sur ce secteur si contraint en terme d’espace, ne résoud en rien la gêne quotidienne. Je reprendrais les mots de l’ancien Maire de Paris, Jean Tiberi, « […] je partage une même volonté d’aménagement des berges du Canal au profit des promeneurs et des circulations douces, une meilleure répartition entre promenade et transport ». Peut-être ne sommes-nous plus si loin de ce rêve, Paris réfléchit aujourd’hui à une nouvelle logique de déplacement. Anne Hidalgo, maire de Paris, évoquait lors d’une interview récente, un « Paris sans diesel en 2020 ». En glanant la parole des habitants du quartier ou plus largement de la métropole parisienne, on s’aperçoit que cette volonté d’inversion hiérarchique des modes de transports prend de l’ampleur. Paris est peut-être enfin prêt à entamer sa mutation dont voici quelques exemples...

L’association Marché sur l’eau, propose le transport et la vente de produits frais en provenance des maraîchers situés à proximité de la Claye-Souilly (point de départ) jusqu’au bassin de La Villette. Partie 3 Complexité et déséquilibre du maillage viaire

63


Creil

L’Oise

25 km

La Claye-Souilly al d Can

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Canal SaintMartin

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Paris

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La Ferté-Millon

Meaux La Marne

0

1

2

5 km

La métropole parisienne dispose d’un maillage de réseaux denses. En vue d’une amélioration du contexte environnemental, le canal Saint-Martin pourrait dans les années à venir retrouver des fonctions de transports de marchandises (frais et non-périssables) dans le but de décongestionner Paris.

Partie 3 Complexité et déséquilibre du maillage viaire

65


Alignement de peupliers euroamericana ‘Robusta’

Enjeu 4

Environnemental Une nature domestiquée avec un potentiel écologique restreint mais une empreinte positive dans la réduction de l’îlot de chaleur urbain.


Bajoyer en béton

Pieds d’arbres enherbés dégradés

Partie 3 Une nature domestiquée

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Aesculus hippocastanum Marronnier d’Inde

Platanus acerifolia Platane commun

Populus euroamericana ‘Robusta’ Peuplier euroaméricain ‘Robusta’

0

50

100

250 m

Populus nigra ‘Italica’ Peuplier noir d’Italie


3. Une nature domestiquée Variation de couleur feuillage du marronnier

Variation de couleur feuillage du platane

du

du

La vocation de ces alignements a évolué avec les pratiques du bord à canal. Il était initialement planté de peupliers pour tenir les berges, limiter les pertes d’eau liées à l’évaporation, protéger les mariniers contre le vent et servir au commerce du bois. Avec l’industrialisation du bord à canal, ces plantations seront remaniées. Par exemple, les plantations sont supprimées sur les plateformes où ont lieu le stockage et l’embarquement/débarquement de marchandises. Sous le IInd Empire, l’aspect fonctionnel des plantations, maintien des berges, limitation des pertes d’eau liées à l’évaporation, protection des mariniers contre le vent ou le commerce du bois, est mis de côté pour une fonction liée à l’embellissement. Alphand lance une campagne de plantations sur le canal et supprime les peupliers pour « des arbres qui croissent rapidement, qui donnent de l’ombre, qui aient un bel aspect, et qui ne soient pas atteints facilement par les insectes xylophages »1 . Pour lui, « les seules espèces qui réunissent toutes ces conditions, sont le platane et le marronnier. Le platane pousse vite, s’élève à une grande hauteur et donne un ombrage touffu. Le marronnier est plus lent à se développer au début, mais la magnificence de son port, la beauté de son feuillage et de ses fleurs, sa précocité, lui assignent le premier rang dans la décoration des avenues. »2 Aujourd’hui, ces plantations d’âge mûr, ajoutent une animation saisonnière sur le canal avec les modifications de leurs feuillages ou encore la magnificence de leur tronc et/ou écorce quand l’hiver vient. De la même façon, les squares aménagés à la fin du XIXème selon les codes d’Alphand, présentent exclusivement des essences horticoles qui ne correspondent plus aux perspectives environnementales de la ville qui consistent à retrouver des essences locales. Il est nécessaire de penser le renouvellement progressif de ces plantations pour des variétés locales. En conclusion, ces plantations présentent un intérêt écologique médiocre en ce qui concerne la biodiversité. Par contre, si on s’intéresse à la qualité de l’air et des températures, on constate que ces végétaux ont un rôle positif dans la diminution de l’ICU sur ce territoire.(cf. Annexes) On remarque également que les plantations récentes (autour du bassin des Récollets) sont cerclées de bordures pavées empêchant l’eau d’alimenter la fosse d’arbre à l’inverse des plantations faites sous le IInd Empire. Pour des logiques de pérénisation des plantations et d’augmentation de la richesse écologique le long des pieds d’arbres il est essentiel de revoir cette jonction eau/quai/pied d’arbre. 1 Adolphe Alphand, Les Promenades de Paris. Histoire. Description des embellissements. Dépenses de création et d’entretien des bois de Boulogne et de Vincennes, Champs-Élysées, parcs, squares, boulevards, places plantées. Étude sur l’art des jardins et arboretum, Paris : Rothschild, 1867-1873, p.243 2 Ibid., p.244 L’hiver, le platane dévoile son tronc boursouflé, créant de véritable sculpture végétale

Partie 3 Une nature domestiquée

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Enjeu 5

Fréquentations et usages Une disparité de fréquentation liée à différentes temporalités saisonnières, été/hiver, ou quotidienne, jour/nuit.


Partie 3 Une sollicitation variable

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Une ponctuation d’espaces publics le long du canal, une opportunité pour un nouvel itinéraire piéton Intensité moyenne de fréquentation Equipements publics Ecoles Divers Rue commerçantes

0

50

100

250 m


Des quais surchargés l’été entre la Rue du Fbg du Temple et le pont des Récollets

Des pelouses prises d’assaut en été

Les écluses suscitent l’intérêt des promeneurs au passage d’une péniche

Bassin du combat début mai, un quai plus étroit, des façades moins animées = quais plus calmes

4. Une sollicitation variable Même après la crise des années 60/70 et le maintien de la circulation le long du chenal, les abords du canal se transforment à nouveau en lieu de promenade. Ce constat est principalement visible entre la rue du Faubourg du Temple et le coude (au niveau de la passerelle Bichat). La présence affleurant de l’eau anime cet espace et favorise l’implantation de commerces en pieds d’immeubles. Particulièrement l’été, cette partie du canal vit au rythme des pique-niques, des flâneries, des improvisations musicales, etc. Cet engouement est parfois trop intense car il est condensé sur une largeur qui oscille entre 5,50 m et 3,0 m de large. Ce phénomène engendre des problèmes de circulation mais aussi de sécurité et de salubrité. Ce problème n’existait pas encore au début du XXème siècle où le bord à canal était en réalité un espace public partagé. C’était le temps où se côtoyaient cent métiers. (cf. Poème) L’animation qui avait disparu des quais revient sous une forme différente. Elle n’est plus liée au transport par voie d’eau (à l’exception du transport de passagers) mais à cette qualité du vide et à la symbolique de l’eau. C’est aussi la période des fêtes de quartiers ou d’évènements populaires. Parmi les plus célèbres, on peut citer, le festival des Voies sur Berges ou encore le festival des Arts de la rue. On constate aussi un déséquilibre dans la fréquentation de l’espace du bord à canal avec la constitution de différents pôles d’intensités, on citera : - Les quais aux abords des bassins du Temple et du Marais - Le jardin Villemin - Le quai Valmy à niveau du Point Ephémère C’est une synergie intéressante car les entres sont assimilés à des temps de pause plus calmes et tout aussi appréciables. Les squares d’écluses génèrent entre autre ces moments plus reposant, à l’échelle de la vie de quartier.

73


0

0

180

185

Effervescence « Quais aux cents métiers »

1800 à 1930 Une pratique saisonnière et partagée de l’espace public 1 Des pêcheurs aux écluses, la pêche est bien une activité qu’on retrouve sur les bords du canal mais aujourd’hui on appelle ça le fishstreet.

3 Souvenirs de M. TH. Laureilhe,, 28 juillet 1957. Le plongeur n’est pas remonté; après cet accident, la fête nautique du bassin de la Villette a été supprimé.

2 Abords des entrepôts de la Douane. Divers métiers se cotoient. Des péniches sont amarrées, on aperçoit le bateau-lavoir sur la droite, les charrettes, etc.

4 Les femmes font le linge à bord des bateaux-lavoirs amarrés au bassin du Combat et au bassin des Récollets


0

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0

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Parking géant

Réappropriation

1945 à 1960 Une pratique saisonnière qui s’affaiblie avec les voitures qui envahissent les quais

1960 à aujourd’hui de nouvelles animations sur les quais liées uniquement aux loisirs sans toutefois pouvoir s’y baigner

5 1974 - les quais du canal servent de parking

7 Nuit Blanche à Paris - Yann Kersalé Mise en lumière de l’écluse du Temple

6 Réappropriation des quais par les habitants et les parisiens, les quais retrouvent petit à petit une animation récurrente et saisonnière

8 Festival des Voix sur berges. Plusieurs chorales se produisent un peu partout sur le canal, sans estrade, sans micro, l’eau fait résonner leurs voix.

Partie 3 Une sollicitation variable

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L’automne et l’hiver des périodes plus calmes sur les abords du canal, à l’échelle de la vie du quartier

Quai de Jemmapes propose un ensolleillement agréable l’après-midi, il est rapidement envahi


L’animation des façades ou la proximité de l’eau ne sont pas les seuls facteurs responsables de ces variations d’intensité. On peut identifier les facteurs de l’ordre du sensible comme la qualité de l’ombrage et de l’éclairage, ou la qualité des matériaux de sols qui influence les comportements. Par exemple, les coureurs, qui sillonnent le canal, empruntent les couloirs lisses constitués par la pierre d’angle en béton. La présence de nombreux équipements scolaires ou culturels le long du canal et de ses abords génèrent également des mouvements et des temps d’arrêts. Les hivers sur le canal sont beaucoup plus calmes, même si la percée d’un rayon de soleil sera le prétexte d’une balade pour quelques-uns, nous sommes loin de la foule estivale. Jusqu’ici on a évoqué le canal dans ses usages saisonniers mais il ne faut pas oublier l’occupation nocturne des quais. Elle est source d’une ambiance qui, autrefois, était décrite comme dangereuse, lieu de crimes et de larcins. Aujourd’hui, après certaines modifications de l’éclairage public, l’une des problématiques majeures concerne les tapages nocturnes et les cas d’ivresse de plus en plus récurrents sur la voie publique. Autrefois le halage des péniches se faisait à col d’homme. Le bloc béton utilisé en pierre d’angle confectionne un espace lisse, plus agréable pour tracter. Aujourd’hui on y croise beaucoup de coureurs. Bien que le béton soit un matériau désagréable pour la course à cause de sa rigidité, il reste plus agréable que les pavés.

Si les habitants sont prêts à accepter un pique-nique un peu tardif, ils protestent de plus en plus contre le manque de propreté et les nuisances sonores. Enfin, des secteurs mal éclairés restent propices à de nombreuses activités illicites ou marginales, ne serait-il pas envisageable de revoir le plan d’éclairage du secteur ?

Une activée nocturne et estivale qui pose toujours des problèmes. Si avant on y craignait les filous, les riverains appréhendent aujourd’hui les cadavres de bouteilles, et les concerts improvisés qui s’éternisent...

77


Conclusion de la partie 3

PluralitÊs des ambiances urbaines et de l’usages des lieux SDRIF Ile-de-France


Nombre d’espaces publics et d’équipements tournent aujourd’hui le dos au canal. La place prise par l’automobile, les normes urbaines qu’elle a induites (trottoirs, dimension des chaussées, potelets....), les nuisances sonores sont autant d’éléments qui ont complexifié l’espace et étiolé l’aspect irrigant du canal dans le temps. Chaque catégorie d’usager est compartimentée dans un couloir créant des ruptures entre le bord à canal et les quartiers de part et d’autre. Les perméabilités nord/ sud sont maintenues par l’aspect linéaire de ce paysage mais, d’Est en Ouest il faut parfois faire d’importants détours pour accéder à la rive d’en face et à ses équipements. Par exemple, on peut citer le jardin Villemin reliant la gare de l’est au canal en quelques minutes, qui pourrait éviter nombre détours mais dont l’accès reste méconnu et restreint par ses horaires d’ouverture. L’existence de cet axe offre une possibilité de liaison évidente à mettre en œuvre aujourd’hui pour élargir la zone d’influence du canal. Par contre la liaison entre le canal Saint-Martin et le bassin de la Villette a disparu sous l’asphalte du carrefour Jaurès/Stalingrad. Devenu un lieu d’animation en vogue ces dernières années, la sur-fréquentation estivale du canal entraine des nuisances ainsi qu’une réduction très significative de l’espace disponible pour le piéton. Ces phénomènes se produisent dans des lieux identifiables qu’il est important de renforcer pour drainer le quartier en direction du canal. L’espace du bord à canal était autrefois dessiné comme un espace public partagé et saisonnier, c’est sans doute à partir de cette réflexion qu’il faut repenser cet aménagement. Du point de vue environnemental, le canal est un espace minéral avec un potentiel écologique restreint si on met de côté le fil d’eau. L’analyse de l’indice de chaleur urbain (ICU) indique une empreinte positive dans la régulation des températures, témoin de l’influence qualitative de la présence des arbres et des squares. Il faut veiller à les maintenir tout en proposant un processus de renouvellement adapté au paysage du canal et aux nouvelles exigences des politiques environnementales de la ville.

Partie 3 Conclusion

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04

‘‘Iles, berges, quais, peuvent désormais redevenir des lieux centraux [...], aussi bien pour le touriste que l’habitant du quartier. Ils fournissent souvent la ligne directrice du projetet son récit fondateur.’’ Catherine CARRE et Jean-Claude DEUTSCH, L’eau dans la ville. Une amie qui nous fait la guerre éd. L’Aube, 2015


Au de-là du fil d’eau •

Restaurer les ambitions premières

• Programmation et phasage •

Outils

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1- Restaurer les ambitions premières Porter un projet de paysage sur le canal SaintMartin consiste non seulement à s’intéresser à la réhabilitation du bord à canal, mais inclue aussi un aménagement élargissant l’influence du canal sur les quartiers traversés. C’est aller au-delà du fil d’eau et irriguer l’ensemble des secteurs limitrophes. Dans ce but mes intentions s’articulent autour de quatre thèmes : - Préserver l’héritage issu de la configuration spatiale du canal - Replacer le canal au centre des logiques urbaines Croquis de Patrice Rambaud, «Canal Saint-Martin», L’oeil du pigeon Paris 10e, 2011

- Restaurer un espace public partagé - Développer une nouvelle stratégie végétale La démarche de projet s’inscrit dans le respect des enjeux de l’aire métropolitaine parisienne, à savoir : une meilleure qualité de l’air, la diminution de l’îlot de chaleur, nourrir 11,5 millions de franciliens, et parvenir à un partage de l’espace public. Ainsi, la réponse que j’envisage à la commande émise par la mairie du 10ème arrondissement s’insére dans une programmation territoriale plus vaste. Elle englobe l’ensemble du linéaire du canal Saint-Martin (de l’Arsenal au bassin de la Villette), ainsi que la totalité de l’infrastructure des canaux parisiens.

Montage d’après le croquis de Patrice Rambaud

Partie 4 Restaurer les ambitions premières

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A. Préserver l’héritage issu de la configuration spatiale du canal

0

50

100

250 m


Conserver l’unité paysagère Cette première volonté est de conserver la qualité du vide de ce paysage a une valeur de règle de référence pour l’ensemble des intentions et des propositions d’aménagements qui vont suivre. Il s’agit là du fil rouge pour la requalilification de ce secteur qui s’exprime par l’existence de codes de composition strictes et qu’il faut préserver comme l’alignement, le front bâti, l’espace de circulation ouvert de 16.50 m de part et d’autre du miroir d’eau, etc. Ces figures assurent la protection du vide, lui confèrent son identité, mais également participent à la cohérence de l’infrastructure sur le tronçon de projet mais aussi sur toute celle du canal. Les moyens que je propose de mettre en oeuvre pour anticiper les mutations urbaines sont: - Préserver les critères d’urbanisation mis en oeuvre sous Napoléon (front bâti avec l’idée d’habiter le canal, respect des dimensions du bord à canal, alignement, etc.) - Prévoir la démolition puis l’installation d’un nouveau programme d’habitations sur les parcelles d’Exacompta et reconvertir l’ancienne usine d’air comprimé de Paris classée au Patrimoine en équipement public culturel - Prévoir une démolition ou une surélévation des bâtiments dont la densité ne répond pas aux besoins de la capitale (bâtiment en-deçà du R+4)

Façade actuelle de la papeterie Exacompta avec l’ancienne usine d’air comprimé

Urbanisation des parcelles et réhabilitation de l’usine d’air comprimé en équipement culturel

Partie 4 Restaurer les ambitions premières

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B. Replacer le canal au centre de la logique urbaine

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Carrefour Jaurès/Stalingrad Bassin Louis Blanc

Gare du Nord

Vers Parc des Buttes Chaumont

Place Raoul Follereau Gare de l’Est

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Place de la République


• Dévérouiller les espaces publics limitrophes Juste un fil d’eau ? Caricature actuelle du canal

Il est question de retrouver l’ossature structurante du canal comme celle que proposait initialement l’ingénieur Pierre-Simon Girard, avec son axe commercial et urbain. Pour cel a je propose de retrouver un réseau d’espaces publics le long du canal à savoir: - Créer une liaison transversale Canal/Gare de l’Est/Gare du Nord au niveau du jardin Villemin (accessible 24h/24h) - Rétablir une liaison longitudinale entre le bassin de laVillette et le canal (passage souterrain depuis le métro ou passerelle?) - Désencombrer le bord à canal sur l’ensemble du linéaire (homogénéisation ou suppression mobilier, mise à niveau chaussée/ quai, etc.

Jardin Villemin Gare de l’Est

Espace culturel Jemmapes

Transversalité Canal - Gare

Station métro Jaurès Bassin de la Villette

Point Ephémère

Continuité Canal - Bassin de la Villette

Désencombrer le bord à canal sur l’ensemble du linéaire

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Carrefour Jaurès/Stalingrad

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Vers Parc des Buttes Chaumont Gare de l’Est

Jardin Villemin Vers Hôpital St-Louis

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Place de la République


• Inverser les logiques de déplacements Si la traversée Nord-Sud est facilitée par la configuration linéaire du canal malgré les difficultés au niveau du franchissement des ponts ou du carrefour Jaurès/Stalingrad, le clivage Est-Ouest reste le plus préoccupant. Le canal induit une rupture entre les quartiers notamment sur les secteurs situés au Nord du jardin de Villemin. Sur 1 km, on ne peut traverser le canal qu’à deux endroits et l’espace piéton y est restreint. Le bord à canal est régi par de nouvelles réglementations qui ne sont plus liées au transport de fret par voie d’eau mais aux déplacements automobiles. Cette configuration donne lieu à une compartimentation des espaces de circulations dans lesquels le piéton et le cycliste souffrent d’un sous-dimensionnement. L’objectif de l’intervention vise à réduire l’impact automobile et de développer les modes de circulation douce sur l’ensemble du linéaire.

Segmentation bord à canal

Les moyens que je propose de mettre en oeuvre sont: - Mettre à niveau l’ensemble des circulations chaussée/ trottoir/quai quand la configuration spatiale s’y prête - Aménager une traversée au niveau de la transversale Gare/ Canal et sur le bassin Louis Blanc pour connecter les deux quais - Prévoir un débord du quai sur le bief pour augmenter la surface de circulation piétonne quand le quai devient plus étroit - Revoir le plan de circulation, abaisser la vitesse de circulation à 15 ou 30km/h pour diminuer les nuisances sonores et le nombre de véhicules/jour - Aménager une piste cyclable à double sens sur un seul quai Circulation à niveau Du bassin des Récollets vers l’écluse des Morts, un franchissement difficile - passer dessous, accéder à l’écluse Elargissement du quai avec un ponton flottant

Chemin engazonné réhabilité

Ouverture passage sous le pont

Plantation des pieds de murs

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C. Restaurer un espace public partagé

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Carrefour Jaurès/Stalingrad Bassin Louis Blanc

Ecluse des Morts Gare de l’Est Jardin Villemin

Ecluse des Récollets

Bassin du Temple

Ecluse du Temple Place de la République 0

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• Conforter les polarités existantes Le niveau de fréquentation du canal n’est pas constant. Il oscille en fonction des saisons et des moments de la journée. L’objectif est d’amener du lien social afin de renforcer les polarités et générer des moments d’intensités qui diffusent au-delà des limites du canal, comme par exemple l’implantation du complexe Mk2 sur le bassin de la Villette. En parallèle je propose de préserver les temps plus calmes, les entres comme les squares des écluses. Ils pourraient être pensés à l’échelle du quartier selon un mode de participation telle que la coconception et la co-réalisation, incluant ainsi les riverains.

Réhabiliter les locaux de services le long des canaux pour les associations à l’image des Folies de la Villette avoir les Folies du canal

Les moyens que je propose sont: - Réhabiliter les locaux de la ville sur les quais du Bassin Louis Blanc en ateliers d’artistes, centre expo., café musical, etc. - Réhabiliter les locaux de services dans les squares des écluses pour en faire des locaux associatifs, des bars associatifs, etc. - Aménager la première baignade de Paris dans le jardin Villemin - Mettre en oeuvre une chaussée partagée sur le Bassin du Temple/Bassin des Marais - Permettre l’amarrage de péniche-logement sur les quais calmes hors saisons estivales et y amarrer des péniches thématiques l’été, cinéma, théâtre, ou encore des jardins flottants sur le Bassin des Récollets/Bassin du combat

Jardins Flottants sur les quais de Seine

Péniche cinéma sur les quais du Parc de La Villette

Une démonstration par l’absurde de l’association anglaise Canal & River trust qui a matérialisé des voies réservées aux canards. Il est nécessaire de retrouver un espace public partagé pour créer du lien social.

91


Requalification éclairage bassin Louis Blanc + Voûte Lafayette Association d’artistes? Eclairage mur soutènement pour apprécier changement de niveau

Eclairage permanent sur le passage Canal/Gare

Eclairage rasant des quais

Création éclairage sur la partie ouverte du jardin Villemin

Valorisation des ouvrages de franchissement

0

50

100

250 m


• Réguler l’activité nocturne en variant les intensités lumineuses L’utilisation de l’éclairage public peut être un moyen de réguler l’activité nocturne du canal, technique déjà employée dans certaines villes. Il est question de revoir la mise en lumière des secteurs les plus problématiques où la fréquentation est la plus massive mais aussi les espaces en recoin, les dessous des ponts.

Une lumière rasante permet un balisage du parcours (Bar Le Nid,Nantes)

Mes propositions sont les suivantes: - Eclairer le quai de façon rasante pour baliser le linéaire voire l’intégrer dans le nouveau mobilier urbain -Intégrer trois variations lumineuses 21h30/00h00, 00h00/2h00, 2h00/6h00 sur les abords des Bassins du Temple, Bassin des Marais, Bassin Louis Blanc et le jardin des Récollets pour créer une incommodation au fil de la nuit soit par un éblouïssement soit par une diminution progressive - Assurer une permanence lumineuse sur le nouveau passage canal/gare - Prévoir l’éclairage des dessous de ponts à nouveau ouverts à la circulation Expérimentations d’éclairage sur le canal Saint-Martin lors de la Nuit Blanche Social Light Mouvement workshop Liege, Sept. 2011

Une proposition artistique pour éclairer les dessous de ponts

Variation de l’intensité lumineuse sur la passerelle Simone de Beauvoir - Paris

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D. Développer végétale

une

nouvelle

stratégie

Planterdes les bajoyers Plantations

Re-structuration Quai Jemmapes Création milieu humide

Remplacement des essences horticoles + plantations de fruitiers

Faire communiquer les milieux jardin Villemin / canal Remplacement des essences horticoles Requalification des pieds d’arbres Remplacement progressif des essences d’alignement par des sujets locaux Valoriser des continuités transversales existantes ou à inventer Remplacement des essences horticoles + plantations de fruitiers Diversification des espèces 0

50

100

250 m


• Anticiper le renouvellement végétal Les alignements actuels sont, d’après les expertises, dans un état sanitaire correct. Cependant, il faut penser au renouvellement de ces espèces horticoles par des essences plus locales afin de répondre aux ambitions environnementales de la ville. L’important n’est pas tant l’essence végétale utilisée dans la configuration du canal mais les raisons pour lesquelles l’arbre est choisi : port, hauteur, feuillage, résistance. Il en est de même pour les essences arbustives présentes dans les compositions des squares des écluses.

Frêne commun

Pour anticiper le renouvellement des végétaux, je propose de : - Choisir des essences locales adaptées au sol parisien (même si celui-ci est fortement remanié) - Choisir des essences qui répondent aux critères de structuration végétale actuelle c’est-à-dire, 30 à 40 m de hauteur à maturité, houppier fortement ramifié, feuillage léger pour assurer un ombrage frais et clair. - Remplacer les essences horticoles dans les squares par des essences locales comme le camérisier à balai, certaines viornes, le groseiller à maquereaux, etc.

• Faire communiquer les différents milieux A proximité du canal se trouve le jardin de Villemin, aujourd’hui relativement pauvre en termes de biodiversité. On pourrait imaginer une communication entre le canal et le jardin pour créer un nouveau milieu. Je suggère pour cela l’installation d’une baignade naturelle sur le jardin Villemin. Baignade naturelle

• Animer l’espace public avec le végétal Le végétal peut aussi faire partie des animations sur le canal et participer à une nouvelle forme de synergie sociale. Par exemple on trouvait autrefois des arbres fruitiers près des écluses.

Groseiller à maquereaux peu exigeant niveau exposition

C’est pourquoi, les moyens que je propose pour mettre en oeuvre une nouvelle forme d’animation sont : - Planter des arbustes fruitiers tels que les ronciers qui peuvent pousser en demi-ombre au niveau des squares des écluses - Planter des arbres fruitiers sur le parvis du Collège de la Grange-aux-Belles dans la continuité du square de l’écluse des Morts - Installer des barges flottantes ou des péniches-jardins l’été le long des quais du bassin des Récollets pour proposer une extension du jardin de Villemin

Partie 4 Restaurer les ambitions premières

95


E- Synthèse des intentions

Gare

Place de la Bataille Stalingrad

du No

rd

3

Gare

de l’E

st

1

2

4 5

6

Hôpital St-Louis

7 10

9 8

1 Jardin et Passage Villemin 2 Place Raoul Follereau 3 Rue Alexandre Parodi 4 Parvis espace culturel Jemmapes 5 Rue Bichat 6 Avenue Richerand 7 RueAlibert 8 Rue Léon Jouhaux 9 Rue Dieu 10 Rue + Place Beaurepaire

Place de la République


1- Conserver l’unité paysagère Ecluses de la Villette

A urbaniser en gardant le front bâti Préserver les alignements existants

3 Créer

un Port urbain à vocation artistique et culturelle sur deux niveaux pour marquer l’entrée sur le canal Saint-Martin

Préserver le miroir d’eau dégagé

2- Replacer le canal au centre des logiques urbaines Dévérouiller les espaces publics Désencombrer le bord à canal

Ecluses des Morts

2 Préserver la quiétude

Etablir ou Restaurer des liaisons Aménager des passages sous-ponts Re-structurer les rues transversales

des quais sur le bassin des Récollets et Développer la transversale Gares/canal

Ecluses des Récollets

1Redéployer l’espace public au service du piéton

3- Restaurer un espace public partagé Réhabiliter les locaux de services des écluses en équipement associatif Réhabiliter les anciens entrepôts ou usine CPAC en équipements publics Restructurer la station Jaurès mobilité + culturel

Ecluses du Temple

4- Développer une nouvelle stratégie végétale Anticiper le remplacement des alignements Revoir la composition végétale des squares

Partie 4 Restaurer les ambitions premières

97


2- Programmation et phasage

Phase 1

Phase 2

Il est nécessaire d’entamer le projet par la restructuration du carrefour Jaurès/Stalingrad. Il s’agit de l’entrée sur le canal et elle profite des dynamiques liées aux axes de transports ainsi que de la présence du point Ephémère. De plus, agir sur l’une des extrémités a pour effet de drainer les populations du quartier et au-delà.

Ensuite, il faut mettre en oeuvre la transversale Canal/Gare pour élargir la zone d’influence du bord à canal. Cet espace relativement attractif de part la présence de divers équipements détient un potentiel sous-valoriser qu’il est nécessaire de révéler.


Phase 3

Phase 4

Cette phase intervient en troisième lieu car elle n’a de sens que si les deux premières ont été réalisées. De même, les opérations précédentes ont peut-être eues un impact positif sur l’évolution de ces espaces. C’est également le temps de mettre en place la démarche participative en ce qui concerne la requalification des squares.

Dans quelques années on peut supposer le déclin voire le déplacement des locaux d’Exacompta. Il faut alors anticiper l’urbanisation selon les réglementations préalablement citées.

Partie 4 Programmation et phasage

99


Je pense qu’aujourd’hui Paris est prête à appréhender une diminution de la voiture

3- Outils Lyse

«Laissons pousser ! .../... Que la Ville arrête de s’obstiner à dépenser notre argent à lutter contre la nature, et, au contraire, consacre ces moyens à aider, à accompagner ces plantes.

Développer la voie d’eau pour les petites livraisons. Paris est une ville sur l’eau autant en profiter!

Conseil de Quartier 10e Anne-Charlotte

Le canal est un espace saisonnier, l’aménagement doit permettre une évolution des usages en fonction du jour/nuit, de l’été/l’hiver Jean-Marie Bireaud Président CRL et association CANAL

En période de chaleur l’arrondissement et la ville manque d’espaces de baignades. Lyse

Le Xème manque de locaux pour accueillir des associations

Anonyme

Présidente du collectif ensemble nous sommes le 10e

Paroles citoyennes [...] Un grand projet pilote peut mobiliser associations et citoyens du Xème.

Conseil de Quartier 10e

La parole des habitants rejoint certains des enjeux évoqués. Ce dynamisme en faveur d’une inversion des pratiques dans l’espace public comme la diminution de l’impact automobile, un désir de nature en ville, ou encore une mobilisation citoyenne autour d’un projet commun peut être dès aujourd’hui bénéfique dans la requalifacation du canal Saint-Martin.


Jean-Christophe Marmara, Le Figaro, «Canicule, les conseils à suivre pour éviter la surchauffe», 12/08/2012

Projet Cavaillon, Agence Ville et Paysage

Les enfants jouent dans les fontaines d’eau jaillissante dans le parc André Citroën - Paris 16e

Un canaux pour différencier les espaces mais les relier Installation artistique Parc de Chaumont sur Loire, par le reflet la brume forme un point d’appel et permet de se rafraîchir, Septembre 2014

L’eau

Cet élément détient une portée symbolique, plastique, technique qu’il est intéressant d’exploiter étant donné la proximité du site avec une source d’eau. L’eau en tant qu’outil peut devenir un des fils conducteurs de l’ensemble des interventions sur le canal. Elle n’est pas forcément visible mais peut être suggérer Détail d’un caniveau du parc Güell, Barcelone, délimite et structure les massifs

Partie 4 Outils

101


Conclusion


103


Création d’une baignade urbaine le long d’une ancienne voie ferrée dans le fleuve Limmat Zurich, Suisse

photographie issue de http://images.myswitzerland.com/ , consulté le 25/05/15


L’environnement et l’approvisionnement alimentaire sont actuellement au cœur des préoccupations de la ville de Paris et de la métropole parisienne. Dans cette perspective, le projet que je propose est une requalification du bord à canal et de ses alentours, dans le cadre d’une restructuration des quartiers limitrophes. Il est question de restaurer une forme urbaine existante à travers une lecture historique de ces modes de composition paysagère et d’usages de l’espace. Proposer un nouvel espace partagé de part et d’autre du canal St Martin autorise une nouvelle cohabitation entre le transport de marchandises et l’agrément. Le transport par voie navigable reste un des plus avantageux en termes de coût de transport et dont l’empreinte écologique est des plus raisonnables. Il serait intéressant pour la ville de Paris de réactualiser le potentiel de cette infrastructure de transport (par exemple, par bateaux électriques, plateformes multimodales de stockage), tout en préservant l’écosystème qui s’est progressivement développé dans ses eaux. La livraison des marchandises pourrait prendre la forme d’un marché sur les quais du bassin Louis Blanc, par exemple, espace public partagé, réunissant ainsi les fonctions économique et d’agrément. Repenser la fonction paysagère, retravailler les modes d’occupation du canal, participent à améliorer la vie du quartier et ses abords. Il ne s’agit pas de privilégier une fonction au détriment de l’autre, la cohabitation est possible. Cette démarche a pour but essentiel, une meilleure qualité de vie des Parisiens, notamment ceux du Xème arrondissement. Lors des grandes chaleurs, nombreux sont ceux qui rêveraient de profiter de ces immenses piscines que sont les biefs. Les résultats des dernières analyses ne l’autorisent pas encore, mais la qualité de l’eau est en nette amélioration, alors, un jour peut-être...

Conclusion

105


Lexique


Amont Désigne la partie située la plus en hauteur par rapport à l’observateur Arbres « Au bord de l’eau ils sont le plus souvent en port libre, parfois tortueux et tourmentés, ce qui leur donnent une présence et une force d’évocation particulière. Ce sont pour l’essentiel des platanes et des peupliers – c’est même un des seuls endroits dans Paris où on en trouve -, des trembles, parfois des saules. Sur les quais hauts les arbres sont le plus souvent alignés, taillés voire élagués. Ce sont la plupart du temps des platanes et des marronniers. Autrefois il y avait des ormes. […] les alignements des plantations sur les quais dessinent avec les façades et les perspectives un paysage singulier. Les arbres sur les quais constituent une sorte de parc linéaire minimaliste qui joue avec l’eau, les murs de pierres et les pavés. Ce caractère élémentaire confère à la ville une sorte de naturalité, inséparable du paysage des quais. C’est pourquoi il faut planter des arbres sur les quais, et les laisser pousser librement et compléter ainsi cet extraordinaire arboretum urbain. » Aval Désigne la partie située en contre-bas par rapport à l’observateur Bajoyer Désigne une des deux parois latérales d’une écluse. Il fait office de mur de soutènement. Bassin Utiliser le plus souvent pour désigner un port ou une gare d'eau. Batillage Vagues plus ou moins hautes formées par les mouvements des bateaux. En canal, la vitesse est limitée à 6 ou 8 km/h pour éviter que le batillage ne soit trop agressif pour les berges, et les érode prématurément.

Bief Plan d’eau horizontal reliant deux écluses Bollard, boulard, bitte Mobilier d'amarrage cylindriques ou en forme de champignon, sur le quai ou le bateau. Pour désigner l'organe à quai, le marinier emploie volontiers le terme "pieu". Canal Chenal artificiel pouvant servir à l’irrigation, l’adduction d’eau, la navigation, etc. Canal de dérivation Il s’agit de faire passer une rivière plus élevée vers une rivière plus basse, c’est une sorte de capture d’une rivière par une autre. Il permet de couper un confluent, de raccourcir une communication, ou de relier deux rivières qui ne se sont pas séparées par un bief faisant obstacle, ou quand le creusement accentué d’un passage en fosse peut suffire. Les canaux de dérivation sont souvent des canaux de plaines. Ces canaux, à une seule pente, n’exigent des écluses que pour régulariser l’écoulement des eaux donc la navigation. * Canal de jonction Canal utilisant deux bassins différents et comportant un bief de partage (ou point de partage) dans la section la plus élevée. * Canal latérale Canal suivant la vallée d’un cours d’eau et suppléant à la non-navigabilité de ce cours d’eau dans les sections où son aménagement, soit par la régularisation, soit par la canalisation, n’a pu être réalisé. Son alimentation en eau se fait souvent par gravité, au moyen de prises directes dans le cours qu’il longe, reliées au canal par des rigoles à faible pente. Dans le cas où le canal se situe au-dessus du niveau du cours d’eau, il peut être nécessaire d’édifier des usines élévatrices en eau [...] *

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Canal à point de partage Le canal artificiel par excellence, le canal roi, le canal à point de partage, c’est-à-dire à deux pentes, reliant deux rivières en passant d’un versant à un autre d’un relief qui les sépare. C’est là que le problème de rassembler des eaux pose de réelles difficultés puisqu’il faut chercher les eaux, indépendamment des eaux de rivières, pour alimenter le canal. Sans compter que ces eaux doivent être réunies à une altitude supérieure à la ligne de partage des eaux, plus précisémentau point de partage du canal, afin qu’elles y descendent par simple gravitation, et coulent vers l’aval des deux versants à partir de ce seuil. Ces eaux sont celles de ruisseaux ou d’étangs, captées, réuinies artificiellement. Il s’agit encore d’un principe de captage, mais accompagné d’un changement de nature du lit dans lequel l’eau s’écoule, ce lit se partage en deux canaux. * Chemin de halage Chemin placé sur une rive du canal (ou de la rivière canalisée), et où se pratiquait le halage des bateaux, qu'il soit humain, animal ou mécanique. La pratique du halage ayant disparu avec la motorisation généralisée des bateaux, ces chemins tendent à recevoir aujourd'hui des activités de loisirs. Chômage Désigne une période de fermeture de la voie d’eau dans le but d’assurer différents travaux d’entretien.

Anatole France, Le crime de Sylvestre Bonnard,

Couronnement Sur une écluse ou un quai, ensemble de gosses pierres taillées qui forment le rebord supérieur de l'ouvrage. Ecluse Ouvrage d'art permettant au bateau de franchir un dénivelé sans quitter l'eau par l'ouverture ou la fermeture des ventelles. Le canal Saint-Martin est équipé d’écluses rectangulaires simples ou doubles (c’est-à-dire une écluse qui soutient deux niveaux d’eau). Façades La typologie des façades qui bordent les quais est extrêmement variée et retrace les différentes périodes de construction et d’évolution du canal. Très hétéroclites elles peuvent en gêner certains mais elles participent à l’atmosphère et à l’histoire de l’endroit. « La banalité même des immeubles permet précisément de composer une collection d’édifices très divers mais rassemblés dans un même écrin. » Francs bords Espace de terrain qui borde le canal Miroir Surface occupée par l'eau d'un canal.

Chute Différence de niveau rattrapée par l’écluse. Ciel « J’aime à regarder de ma fenêtre la Seine et ses quais par ces matins d’un gris tendre qui donnent aux choses une douceur infinie. J’ai contemplé le ciel d’azur qui répand sur la baie Naples sa sérénité lumineuse. Mais notre ciel de Paris est plus animé, plus bienveillant et plus spirituel. Il sourit, menace, caresse, s’attriste et s’égaie comme un regard humain.»**

* P. Pinon, Canaux. Rivières des hommes, op. cit. ** A. Chemetoff Sur les quais, op. cit.

Lexique


Sources

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L’eau et la ville • A. CHEMETOFF, Sur les Quais, éd. AJ PICARD, 1998

Description technique la poétique des quais (géométrie, matérialité, style) à travers une quinzaine de promenades d’une rive à l’autre.

• M. DELLUC, Eau et Paysage, Architecture Mouvement et Continuité, n°51, pp.38-42, Mai 1994 • A.GUILLERME, Les temps de l’eau, la Cité, l’eau et les techniques, éd. Broché, 1993.

Une étude concentrée sur des villes du nord de la France qui permet de comprendre les dynamiques de planifications ou les rêveries provoquées par la présence de l’eau.

• J. MILLET, L’eau élément de structuration de l’espace, 1977

«N’existant apparemment plus comme un élément vital, mais comme la résultante de procédés techniques, l’homme s’est coupé d’elle, il s’est empressé de la cacher, et ne la glorifie plus.» A travers différents exemples, J. Millet décompose des structures spatiales composées autour ou partir de l’élément EAU, le point, la ligne, sépare, fédère, etc.

• C. PRELORENZO, La ville au bord de l’eau, Paris, éd. Parenthèses, 1993

Textes thématiques qui abordent les nouveaux comportements des concepteurs sur des sites en bord d’eau. Ils mettent en évidence « les attitudes que manifestaient les propositions à l’égard de l’existant, des traces des anciennes structures, des édifices patrimoniaux, la manière donc de traiter la «mémoire du lieu». Bien entendu, l’analyse a porté sur les formes, celle des édifices projetés, comme celle du mobilier urbain ou des aménagements des espaces ouverts. » • C.

SIMENC, Vues sur berge : «le port et la ville», Paris, Libération, pp.15-16, 1995

Les canaux - Les canaux de Paris • P. PINON, Canaux Rivières des hommes, éd. Rempart, 2003. Ouvrage technique qui fait état de l’histoire des canaux, des typologies, des figures de composition paysagère, etc.

• P. PINON, Un canal, des canaux, éd. A et J Picard, 1986.

Ouvrage technique qui propose une description de différents canaux en France.

• Ss. de B. ANDIA et S. TEXIER, Les canaux de Paris, éd. Délégation à l’Action Artistique de la ville de Paris, 1994.

Ouvrage faisant état de la mise en oeuvre des canaux sur le territoire parisien, mais aussi de leur tracé et de leur évolution. Source iconographique importante.

P. SIMON GIRARD, Mémoires sur le canal de l’Ourcq et la distribution de ses eaux, imp. CarilianGoeury Consultable sur https://books.google.fr/

• L. BEAUMONT-MALLET, L’eau à Paris, éd. Hazan, 1991.

Ouvrage clé pour comprendre les relations que Paris entretien avec son fleuve, et plus largement avec l’eau. Il fait état des grands changements et des évolutions de la cité face à ses orientations politiques liées à l’alimentation en eau.

Sources


• S. GUEVEL et M. ANDRZEJ, La formation urbaine autour des canaux parisiens(Le canal de l’Ourcq, le canal Saint-Denis et le canal Saint-Martin) depuis leurs créations jusqu’à nos jourset dans les limites actuelles de Paris, ENSA Paris-Belleville, Mémoire de Master, 2002.

Travaux de recherches concernant la constitution des tissus autour des canaux. On comprend que la construction du nord-est parisien s’est faite autour de ce nouvel ouvrage.

• P. PAYEN-APPENZELLER, Mon canal Saint-Martin, éd. par l’auteur, 1984.

L’auteur fait état des évolutions qui se sont opérer sur le canal en distinguant trois période; avant l’arrivée de l’automobile, la mise en péril dans les années 60/70, et la renaissance. Cet ouvrage est un recueil important en terme d’iconographies mais aussi de textes qui relatent l’histoire du canal.

• DE VILLIERS M.R-E, Description du canal Saint-Denis et du canal Saint-Martin, CARILLIANGOEURY, Libraire des corps royaux des Ponts et Chaussées et des Mines, n°41, Paris, 1826, p.6 Consultable sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850086v/f7.image (date 03/03/2015)

• Le lien de l’eau et du quai: Berges du canal Saint-Denis, Technique et Architecture, n°486, pp. 42-47, Novembre 2006 Description du projet d’aménagement sur les berges du Canal Saint-Denis, on comprend les logiques d’aménagements avec des séquences paysagères différentes mais l’utilisation d’un vocabulaire urbain qui fédère.

• Atelier Parisien d’urbanisme http://www.apur.org/

Base de données sur la métropole parisienne (perspectives, urbanismes, environnement, etc.). J’ai retenu certains travaux en particulier : - Canal de l’Ourcq, canal Saint-Denis, canal Saint-Martin, Problématiques et états des lieux, novembre 2002 - Canal de l’Ourcq, canal Saint-Denis, canal Saint-Martin, Le paysage des canaux, janvier 2003 - Construire autour du canal de l’Ourcq. Où, quoi, comment ? Tome 1 : Eléments de réflexion pour un développement partagé du canal, Sept. 2009

Histoire, orientations, et perspectives de la ville de Paris • Ateliers de création urbaine, Destination Ile-de-France – Tourisme et loisirs, éd. Dominique Carré, 2011

Propositions d’aménagements et/ou de mise en valeur de certains sites, des idées de parcours, de balades en Ile-deFrance, mais aussi des moyens de transports innovants. Les parcours au bord de l’eau prennent de l’épaisseur dans les réflexions.

• J.M. CARBODIERE, Haussmann à Paris, éd. Massin, 2012

Fait état des grands principes et des travaux menés par Haussmann dont le recouvrement d’une partie du canal SaintMartin au niveau de l’actuel voûte Richard Lenoir.

• R. FIORI, L’invention du vieux Paris. Naissance d’une conscience patrimoniale, éd. Mardaga, 2012

Cet ouvrage reprend l’histoire des groupes de sauvegarde des sites et monuments parisien ainsi que leurs actions dès le 19ème siècle. Il fait état de l’évolution des comportements. Ouvrage intéressant à confronter avec les propositions du colloque de clôture de l’Atelier de réflexion prospective « Nouveaux défis pour le patrimoine culturel », Palais Chaillot à Paris, 6 et 7 février 2014

• P. LORENTZ, D. SANDRON, Atlas de Paris au Moyen-Age, espace urbain, habitat, société, religion, lieu de pouvoir, éd. Parigramme, 2006. •http://www.laboiteverte.fr/historique-des-plans-de-paris/ Cartothèque – plans anciens de la ville de Paris

111


• http://www.iledefrance.fr/

Chemin d’accès aux grandes orientations des politiques publiques à travers le SDRIF.

• http://www.paris.fr/

Moteur de recherches de la ville de Paris qui permet un accès facilité aux différentes politiques publiques, aux projets en réflexions ou en cours de réalisation, ainsi qu’à une base de données cartographiques.

http://www.imaginons.paris/

Site web faisant état des idées et des propositions des parisiens pour la révision du PLU. On y trouve aussi les comptes rendus de réunion de quartier.

• http://www.apur.org/

Base de données sur la métropole parisienne (perspectives, urbanismes, environnement, etc.). J’ai retenu certains travaux en particulier : - La nuit à Paris, états des lieux et tendances 2000/2010, novembre 2010 - Population, logement, emploi, résultats de l’exploitation globale 2009 et chiffres de population 2010, mars 2010 - Nouvelles approches de l’espace public parisien, février 2014

Bie de quartier, 10ème arr. • E. RONZEVALLE, Paris 10e, Histoire, monuments et culture, éd. Martelle, 1981. Ressources iconographiques importantes.

• Histoire et vie du 10ème, Mémoire des rues Paris 10e arr. 1900-1940, éd. Parigramme, 2015 Ressource iconographique témoin de l’évolution du paysage etdes pratiques le long du canal.

A. HENRY-GOBET, Le 10ème arr., Itinéraires d’histoire et d’architecture, éd. Délégation de l’Action Artistique de la ville de Paris, 2000 Descriptif des différents quartiers du 10ème.

• http://hv10.org/

Association du 10e qui se charge de regrouper des informations historiques liées à la vie du canal. Il organise des visities commentées dont une à laquelle j’ai participé. Elle concernait la vie ouvrière sur le canal.

• http://lagazetteducanal.free.fr/ Revue thématique sur le canal Saint-Martin, il fait état de l’art, des évolutions, etc.

• http://www.mairie10.paris.fr/

Site officiel de la mairie du 10e arr. Celui-ci permet de connaître les orientations de la mairie d’arrondissement et les projets en cours (urbanisme, espaces verts, environnement, déplacements, etc.). On y apprend que le 10e arr. est l’un des plus pauvre en espaces verts et que la plupart sont concentrés sur les abords du canal, coïncidence ? Accès facilité au PLU.

• http://www.imaginons.paris/

Site de discussion et de partage des parisiens concernant la révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU). Habitants, conseils de quartier, commerçant soumettent leurs questions, leurs avis, leurs analyses et participent aux débats. Par exemple, dans le 10e il est souvent mentionné une volonté de réduire voire de supprimer la circulation automobile sur les quais de Jemmapes et de Valmy.

• http://www.lamaisonducanal.fr/

Association de quartier – mise en ligne des actions menées (balades urbaines, « Clean Up day » sur le canal, sensibilisation au tri sélectif, etc.) – Association active qui prône et porte des messages sur le développement durable et l’insertion sociale et économique.

Sources


Annexes Sommaire •

Projet du réseau d’eau potable

Détails des projets entre les années 1950 et 2000

Extrait du plan d’observation des températures

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Annexe 1 Plan distribution eau potable depuis le bassin de la Villette

Plan général de la distribution des eaux de l’Ourcq Les canaux de Paris, op. cit.

Statistisque des eaux de l’Ourcq 1848 Atlas de Paris au Moyen-Age, op. cit


Annexe 2 Détails des projets entre 1950 et 2000

S. GUEVEL et M. ANDRZEJ, La formation urbaine autour des canaux parisiens(Le canal de l’Ourcq, le canal Saint-Denis et le canal Saint-Martin) depuis leurs créations jusqu’à nos jourset dans les limites actuelles de Paris, op. cit, Tome 4

Proposition de projet Paris projet n°17

Coupe du projet Axe Nord/Sud

Annexes Détails des projets entre 1950 et 2000

115


Paris projet n째17 Proposition APUR


Annexe 3 Evaluation des températures

Etudes APUR

Annexes Extrait du plan d’observation des températures

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Remerciements


En premier lieu je tiens à remercier l’ensemble des employés de la ville de Paris qui m’ont accompagné et qui ont su m’accorder du temps. Je pense notamment à Mme Nadège Rodary, M. David Lacroix, Mme Sophie Dobler, Mme Amélie Revouy du Service Paysage et Aménagement, et M. Jean Papoul du Service des Canaux. Je tiens à exprimer des remerciements à mes enseignants encadrants Monsieur Serge Koval et Monsieur Philippe Thomas pour leurs conseils, leurs pédagogie et leurs soutien notamment dans les moments d’incertitudes. Je remercie également l’enseignant-chercheur Madame Solenn Guével pour avoir partagé sa passion, son intérêt et ses connaissances sur le canal Saint-Martin et plus particulièrement sur l’évolution de la forme urbaine et de son paysage. De la même façon je remercie M. Jean-Marie Bireaud, président de l’association d’animation CRL 10, de m’avoir si gentiment accueilli et informer sur les pratiques sociales que l’on pouvait trouver sur le canal entre hier et aujourd’hui. Une pensée particulière à Monsieur Michel Gastout du service reproduction qui nous accompagne pendant toutes ces années avec sa bonne humeur. Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes qui de près ou de loin m’ont aidé à la rédaction de ce mémoire.

119


Une mention spéciale à mes parents, qui m’ont soutenu moralement ainsi que dans la réalisation de certains travaux, sans vous je ne serais pas ici.


mais aussi à vous tous, Frère, Belle-soeur, nièces, Marraine, Lolo, Mathias Les filles, Marion, Margaux, Marine, Margaux. Alessandra Machado Et bien sûr vous tous les copains de la promotion 2011/2015

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Margaux LIMON Rapport de Présentation Travail Personnel de Fin d’Etudes Encadré par Serge Koval et Philippe Thomas Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille Juillet 2015

Depuis quelques temps, la métropole parisienne écrit un nouveau chapitre de son histoire avec l’eau. On peut citer la réhabilitation des quais de Seine, la reconquête des quais du canal Saint-Denis, l’événement Paris plage, mais aussi ses réflexions concernant la mise en œuvre d’un plan de gestion et de valorisation des eaux de pluies. Ce chapitre met en exergue les dynamiques liées aux nouvelles valeurs véhiculées par l’eau, comme le bien-être en ville. L’enjeu au-delà du changement d’image, est de penser autrement la ville à travers l’eau. Linéaire stratégique dans la traversée nord-sud du territoire parisien, le canal Saint-Martin, long de 4.5 km, mobilise un imaginaire collectif parfois trompeur. Il constitue encore une ressource très insuffisamment exploitée pour la valorisation des quartiers traversés, alors qu’autrefois il était le point de départ du développement du Nord-Est parisien. A l’origine le projet prévoyait un développement concomitant entre l’infrastructure et la ville. Cette vocation, à force de remaniement du bord à canal s’est affaiblie, relayant le plus souvent le chenal à un simple fil d’eau. Il présente aujourd’hui des aspects obsolètes. Je m’appuie sur une commande de réhabilitation du canal sur sa portion à ciel ouvert de la part de la mairie du Xème arr., pour engager une nouvelle réflexion. Je propose une requalification du bord à canal et de ses alentours, dans le cadre d’une restructuration des quartiers limitrophes. Il est question de restaurer une forme urbaine existante à travers une lecture historique de ces modes de composition paysagère et d’usages de l’espace, en accord avec les politiques de la ville. Ce nouvel espace public partagé autorise une nouvelle cohabitation entre le transport de marchandises et l’agrément. Il s’agit de repenser le canal Saint-Martin à travers ses fonctions infrastructurelles initiales, c’est-à-dire, comment dès aujourd’hui les canaux parisiens peuvent permettre une décongestion et un nouvel approvisionnement de la métropole.


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