Pour un hommage amical et scientifique Ă Jean MOUCHON
Cher Jean, Tu seras étonné de voir qui est présent, en novembre 2004, sur l’Espace Public de la Corse tout comme tu seras surpris de constater que les « bévues » de certains journalistes peuvent être « sans mauvaises intentions ». C’est ça la Corse, une île « entre Paris et Florence » qui a « fait voter les morts », « jeté les urnes à la mer », « fait avancer la jurisprudence électorale » après avoir offert à l’Europe des Lumières sa première Constitution démocratique. C’est là que l’homme le plus recherché de la Planète vit sa vie…démocratique. Et c’est là, en toute impunité, que les médias l’ont photographié en train d’accomplir son « devoir civique », entouré des plus hauts responsables de l’Île.
En mai 2004, tu découvrais la Corse et écrivais la phrase suivante à l’occasion du rapport d’HDR : « …les développements sur l’espace public mériteraient d’être plus étayés par des travaux de terrain afin de montrer les raisons qui le rendent différent de l’espace public issu des Lumières (par exemple, le fonctionnement de la presse à travers des événements majeurs)». Quelle coïncidence ! Six mois plus tard, cette coupure de presse est édifiante. Nous avons archivé ce magnifique document et en faisons du meilleur usage…., bien sûr pédagogique. Il n’y a pas de hasard, encore moins dans le monde des médias. L’histoire te donnerait-elle encore -et toujours- raison ? Françoise Albertini et Dominique Salini Université de Corse
Logica structurans et logica structurata Quelques réflexions sérieuses et décisives sur le concept de « logique structurante » en forme de question. Très cher Jean, La lecture du N° 20 de la revue Mots et les commentaires que tu en avais faits, ici et là, en séminaire doctoral à Lille et à Fontenay, en particulier autour de la notion de logique structurante ont laissé dans ma propre réflexion une marque très forte. Cette trace laissée m’offre aujourd’hui l’occasion de m’interroger, avec toi, sur la pertinence des concepts, leur durée de vie, leurs effets collatéraux ; et une interrogation . Je te cite d’abord : « L’enjeu pour une compréhension en profondeur d’un phénomène marqué avant tout par la notion de transformation est de repérer la ou les logiques qui initient le changement. Cette hypothèse porte à penser nécessaire le déplacement de l’analyse vers des champs extérieurs à celui concerné. La politique à la télévision ne dégage pas ex nihilo les formes de son expression. Le niveau structurant passe par la saisie de cohérences globales qui, dans le monde contemporain, ordonnent les systèmes de mise en relation publique ». (page 44) La leçon est claire et c’est une profonde leçon de méthode en SIC: sans céder à un déterminisme facile, ou à un fonctionnalisme technologique réducteur, il faut cependant observer les récurrences, les cristallisations, et voir dans quelle mesure elles peuvent se révéler en tant que « logiques structurantes ». Ces récurrences et cristallisations étant à chercher dans la « matière même » des phénomènes télévisuels : aussi bien dans ses composantes sémiotiques, que techniques, structurelles, institutionnelles et économiques. Et on retrouverait aisément derrière ces adjectifs les grands moments des travaux sur les média de masse et les noms de leurs auteurs.
Former à la recherche, c’est persuader son auditoire que les intuitions, si brillantes qu’elles puissent être, doivent en passer par les fourches caudines d’un formalisme scientifique hypothético-déductif, hors duquel quand on se réclame d’une démarche scientifique récemment promue (née 15 ans plus tôt à peine, au moment où tu rédiges cet article pour la revue « Mots »). Passage nécessaire. Et pourtant tu parles « grandes tendances », « ajustement », « appropriation progressive », « émergence », etc. Comment le dispositif télévisuel (dans toute sa complexité formelle et symbolique) influe-t-il sur la communication politique ? Cette dernière existe-t-elle aujourd’hui sans celui-là ? Des logiques, sans doute, mais structurantes ou structurées ? La référence à la philosophie de Spinoza et à sa « natura naturans naturata » est pour moi naturelle si j’ose dire. Elle n’est pas sans conséquence : elle m’a amené à mobiliser des modèles « acqueux » (comme les a si finement qualifiés Daniel Bougnoux), des modèles du flou, des modèles de « capillarité » et d’osmose où le langage symbolique capitalise les fonctions d’ajustement, d’émergence, d’ « accountability » ; des modèles où l’hypothético déductif se sent de plus en plus à l’étroit. Cela ne signifie pas pour autant que la composante technique formelle soit muette ; mais il me semble de plus en plus qu’elle n’est pas si structurante que cela. Propos difficile à tenir en ce temps de réticularisation de la communication, ces temps de blog, d’Agoravox et de Web 2. Mais l’amitié me pousse à prendre des risques, comme tu nous en as montré le chemin. Je voudrais terminer par quelque chose de beaucoup plus sérieux : dans ton article paru dans le n° 17/18 d’Hermès, article dans lequel tu analyses les « modèles » de la communication présidentielle, tu dissèques l’émission « ça nous intéresse Monsieur le Président » organisée par les services de l’Elysée pour restructurer l’image du président Mitterrand en 1985, émission présentée par Yves Mourousi. Et quelle surprise, pas un mot dans cet article – je l’ai relu avec beaucoup d’attention – sur ce qui apparaît aujourd’hui avec plus de vingt ans de distance, comme une logique particulièrement structurante : la fesse d’Yves Mourousi posée négligemment sur le bureau présidentiel. Dispositif sémio-pragmatique hautement prémonitoire, est-il utile de le souligner ? Pourquoi ce silence, se dit-on, une telle omission doit avoir une raison profonde. Je pense bien l’avoir trouvée. La photo ci-dessous, prise en 1989 montre à l’évidence que tu ne pouvais pas, Cher Jean, ni analyser, encore moins stigmatiser une pratique qui t’était si habituelle et si … structurante : t’asseoir sur les tables. La photo ci-dessous, prise en 1989 montre à l’évidence que tu ne pouvais pas, Cher Jean, ni analyser, encore moins stigmatiser une pratique qui t’était si habituelle et si … structurante : t’asseoir sur les tables.
L’hypothético-déductif a vraiment encore de beaux jours devant lui… Avec toute mon affectueuse et respectueuse amitié.
Il est vrai que tu ne t’adressais pas alors au président de la république…
Yves Chevalier
« Et ceci se passait en des temps très anciens... » A l'époque où Masters (c'est un sacré bonhomme) La barbe aux quatre vents, chaussé de brodequins Séjournait à Paris, Maison des Sciences de l'Homme. C'est lui qui de Mouchon, m'a suggéré le nom, Alors Maître de Conf nommé dans le grand Nord. De première thésarde, j'acquis la position -Titre dont je m'honore (et lui ? ça, je l'ignore...)-. La soutenance eut lieu dans la ville de Roubaix. Elle servit de prétexte à l'inauguration Du nouvel IUP que Delforce dirigeait Et réunit Tournier, Bressolette et Véron. Les années qui suivirent virent Jean à Fontenay, Mais aussi au labo de Lexicométrie Où sous la direction de Maurice Tournier Avec bien des amis, nous fûmes réunis. Nous occupait alors la communication De Jean-Marie Le Pen, Mitterrand et Chirac, Bref, de tous les candidats aux élections. L'ambiance n'était pas triste Grille d'Honneur du Parc ! Voulant se rapprocher du Mail Ambroise Croisat, Jean fut alors nommé à la Fac de Nanterre. Et c'est avec plaisir que je vins plus d'une fois Pour prendre la parole durant son séminaire.
Tant d'autres choses encore auraient pu être dites : J'aurais pu évoquer mon Habilitation, La boucle enfin bouclée (Jean était au jury), Bucarest et Dragan, l'île de la Réunion... Mais il faut mettre un terme à ce texte trop long. La rime est affligeante, les vers en sont boiteux Ah ! Ils disent bien mal, ces vers mirliton, L'hommage que je veux rendre au Maître valeureux !
Loin de se laisser réduire à un spécialiste de la communication politique, ou plutôt à une approche de la communication politique qui serait seulement sémiotique, linguistique, sociologique ou autre, Jean a ouvert la porte de son séminaire aux thématiques les plus nouvelles et aux chercheurs les plus divers à l'intérieur du champ des sciences de l'information et de la communication, de la communication publique aux sciences de l'information. Ainsi les différentes implications socio-politiques de l'internet, l'administration électronique alors qu'elle commençait à se développer dans le monde et en France notamment, les mouvements sociaux, le partage d'information dans les réseaux sociaux, la construction du vedettariat sur le web, sont autant d'exemples des sujets les plus actuels qui ont pu être étudiés très tôt, dès leur émergence. Guidé par l'intérêt pour les reconfigurations de l'espace public " en cette période de turbulence où se redéfinit la relation du politique à la société " (Hermès 17-18, 1995 p.15), Jean nous a montré, par les recherches qu'il a soutenues, comment les SIC se construisent en observant les terrains les plus nouveaux, sans crainte ni de leur actualité ni de la menace d'un débordement " disciplinaire ". Pour cet ancien président de la SFSIC, l'élaboration des " objets scientifiques " dans " des processus communicationnels objectivés " au sens de Davallon (Davallon, Hermès 38, 2004) est un travail d'enquête et d'analyse où le " paradoxe de l'observateur " propre aux sciences humaines (Jean Mouchon. In : Semen. De Saussure aux medias) doit encore affronter " le choc des temporalités " (Jean Mouchon, Les mutations de l'espace public) et la diversité culturelle, d'où l'intérêt qu'il ne cesse de manifester pour les recherches comparées (île Maurice, Suisse, Bulgarie notamment et bien-sûr Canada, Etats-unis, France). On aperçoit là toute la richesse de l'engagement intellectuel de Jean, à la fois scientifique et personnel. Ce fut (et ce sera encore, espérons-le) un privilège et un plaisir que de pouvoir en profiter. Laurence Favier.
Gaffe à ne pas se faire récupérer par les profs ! Mai 68… -Ah non ! Tu n’aurais pas quelque chose d’autre à raconter ? -Non, attendez, je ne vais pas vous parler de mai 68, mais de Jean Mouchon…vous saviez où il était en 68 ? -Ma foi non… -A Nanterre ! -Et alors ? Alors il se trouve que j’y étais aussi… Oh, en ce qui me concerne, rien de glorieux, l’honnêteté consiste même pour moi, hélas, à avouer que je ne comprenais strictement rien à ce qui se passait. J’avais ma chambre à la cité universitaire et je me souviens que, pour aller à ma chambre au fond du couloir au cinquième étage, il y avait parfois des mini barricades fabriqués à partir d’objets divers, tellement mes voisins aimaient ça : faire des barricades ! Les amphis bruissaient de mots d’ordre d’action, au point de se retrouver avec des adresses d’avocat dans la poche (« au cas où, les flics… » comme disait une charmante brunette) puisqu’il allait de soi que nous devions toutes affaires cessantes partir illico au Quartier Latin. Dans ce contexte effervescent, je cherchais désespérément des repères, des personnes solides susceptibles de m’expliquer le film, parce que tout partait dans tous les sens, avec un foisonnement de banderoles à vous donner envie de monter une entreprise. Or Jean était une valeur sûre. J’avais une parfaite confiance en ses jugements. Quand il prenait la parole, au séminaire de Guy Michaud, notre professeur de littérature que nous adorions, j’aimais ses interventions : claires, pertinentes, constructives.
J’avais donc décidé, quand l’occasion se présenterait de lui demander un peu sa vision :qu’allait-il sortir de ce vaste capharnaüm ? Et voilà qu’une fin d’après-midi, à l’heure où la densité des fumées de cigarette témoigne de l’intensité de la réflexion, je me retrouve seul avec lui. -Qu’est-ce que tu penses de tout cela ? lui dis-je sur le ton de la confidence, presque de la connivence, pour qu’il ne se rende surtout pas compte que je ne pensais rien. Jean me regarde. Me voit-il vraiment ? J’opterais aujourd’hui plutôt pour une rêverie politico-métaphysique (déjà) sur les actions humaines et le temps qui passe… -Je suis sûr d’une chose, me dit-il à voix basse, oui, sûr d’une chose : faut faire gaffe de ne pas se faire récupérer par les profs… La sentence était tombé. Je n’y voyais pas plus clair mais je pris un air inspiré pour répéter : -Certainement, faut qu’on fasse gaffe de ne pas se faire récupérer par les profs ! La vie est ainsi faite qu’on se perd et quelquefois, heureusement, on se retrouve. En ce qui me concerne je perdis la trace de Jean en partant comme coopérant à Los Angeles. Et les années passèrent. Puis nous nous retrouvâmes un jour à Paris, au Centre National de Documentation Pédagogique, à la rue d’Ulm. -Quel plaisir de te retrouver ! lui dis-je. Mais que deviens-tu ? -Prof, me dit-il. Alors brusquement un vieux souvenir s’interposa : -Prof ? dis-je. Super ! Et au fond de moi, une petite voix me souffla : « Sacrés profs ! ils ont encore de beaux jours devant eux ! ils prennent toujours les meilleurs ! ». Jacques Gonnet
Les amis de trente ans... Jean-Paul Gourévitch
J'ai rencontré Jean Mouchon quand je cherchais des spécialistes pour former en français et en oral les enseignants de l'Enseignement Catholique et notamment ceux qui se préparaient à tenter le Capes et l'Agreg dans le cas de leur formation permanente. Le contact est immédiatement passé et depuis j'ai assisté à sa longue marche déterminée vers les sommets de la gloire universitaire et de la renommée médiatique. Jean est devenu un ami très cher, nous nous voyons à Paris, en province et à l'étranger et c'est lui qui m'a convaincu
de
faire
l'acquisition
d'un
spa...
Mais en dehors de cet aspect anecdotique je dois dire que j'ai rarement dans ma très longue carrière littéraire, pédagogique et ludique rencontré un homme aussi authentique avec sa rigueur scientifique, sa fraîcheur idéologique, ses grandes qualités et ses petits défauts, ses pudeurs pour parler de lui et sa capacité d'écoute vers les autres. Admettez que dans le petit monde de l'université (auquel je n'appartiens plus) qui bruisse de rumeurs pas toujours très saines et se répand en déclarations péremptoires, c'est un exemple pour beaucoup...
Madjid Ihadjadène et Brigitte Juanals Cher Jean, Nous t’envoyons ce message d’amitié pour te remercier de nous avoir aidés à réfléchir aux aspects politiques des dispositifs techniques. Dans ton séminaire doctoral du jeudi à l’Université de Nanterre, tu insistais souvent sur l’importance de la dimension politique des moyens de communication. Selon toi, les « décisions scientifiques et technologiques n'ont pas fait souvent l'objet d'un réel débat public ». Et, dans cette direction, les TIC sont un domaine « soumis à l’interrogation démocratique ». Chacun de nous, à sa manière, a suivi cette piste.
Madjid : A l’heure où les universités (les entreprises aussi) dépensent des budgets importants pour renouveler leurs systèmes d’information et mettre en œuvre des intranets pour faciliter la communication et le partage d’information (et qui sait demain des réseaux dits sociaux de type facebook !!!), je reste convaincu que les lieux de convivialité demeurent l’un des moyens de communications et d’échanges d’informations. Même si l’idée généralement admise de la solitude du chercheur en sciences humaines est finalement souvent relativisée (Brockman) (Dalton), la communication avec les collègues, à l’heure de la googlisation du monde, joue encore un rôle essentiel dans les pratiques informationnelles des chercheurs.
La participation à tes séminaires a été l’occasion pour moi de discuter des enjeux actuels des politiques de la communication (mondialisation, inter-culturalité, théorie de la démocratie, e-gouvernement, etc). C’est également durant ces séminaires que tu m’as sensibilisé à la dimension socio-politique des moteurs de recherche (l’un des thèmes principaux de mes recherches). Mais pour revenir aux lieux (on l’oublie souvent mais les lieux revêtent souvent une importance spirituelle et/ou culturelle dans plusieurs civilisations (voir les travaux de Goldring et Hanks)), j’ai remarqué l’importance que revêtaient certains lieux dans nos discussions (Lyon, Rueil-Malmaison, Nanterre, Alger etc.) car ils relatent pour chacun d’entre nous un fragment de notre parcours, de notre histoire intellectuelle ou privée c'està-dire de notre vie.
Brigitte Pour ma part, je me suis rendu compte à quel point, dans mon travail, la dimension technopolitique des questions relatives à l’identification et à la traçabilité était en train de devenir centrale. Je dois dire que ton séminaire m’a beaucoup aidée à amorcer cette « interrogation démocratique » qui pose aujourd’hui bien des problèmes. A l’heure actuelle, j’essaie de réfléchir à une technopolitique fondée sur une approche renouvelée qui prend appui sur la numérisation du procès informationnel et sur la capacité (largement exploitée) à créer des traces dans les nouvelles mémoires informatiques. Envisagée comme concept et comme pratique, la trace opère un recentrage sur les individus selon divers modes de description. Le contexte moderne dans son ensemble se caractérise par le recours à l’identification pour mener des opérations quotidiennes autrefois gérées dans l’anonymat. En particulier, les pratiques informationnelles et d’échanges de savoirs, qui sont l’objet de mes recherches, sont au cœur de ce débat. Ces pratiques d’identification se combinent à des pratiques de traçabilité appliquées à des objets, à des animaux et à des humains, dans des objectifs de rationalisation de production, de qualité et, plus récemment, de sécurité. Cette technopolitique est en lien direct avec les évolutions techniques liées à l’informatisation des données et, plus récemment, à l’internet des objets, aux changements de protocoles (IPv6) ou à la biométrie. Et, bien sûr, il convient également de prendre en compte l’impact de l’industrialisation et de la normalisation internationale, du
développement des procédures et des techniques liées à la sécurité des systèmes d’information dans les organisations… Bref, un vaste (et inquiétant) programme de travail en perspective dans les univers numériques !
Nous te souhaitons une bonne continuation dans tes investigations politiques et nous espérons avoir le plaisir d’en rediscuter avec toi. Brigitte et Madjid
Séquence du clip préparé par Francis James et David Buxton
La consigne Ni-Ni « Ni mélanges, ni hommage », telle est la consigne reçue. Elle résonne singulièrement aux oreilles d’une génération, celle de Jean, qui a appris à lire dans les Mythologies de Barthes. En effet, le célèbre article sur « La critique Ni-Ni » a définitivement jeté le soupçon sur l’usage d’une telle formule où la recherche du balancement constituait « un trait petit-bourgeois », ou bien « juste milieu », comme on disait ironiquement au temps du Charivari. Pas d’hommage, bien sûr, car celui-ci peut être, selon mon dictionnaire, non seulement une marque de « respect », mais aussi de vénération. En outre, la modestie humaniste aurait conduit alors à citer l’Introduction à la vie dévote où la métaphore du « mouchon », promesse d’adulte, sert à désigner l’âme chrétienne sur le chemin de la perfection : « Il est vrai, nous sommes encore de petits mouchons en la dévotion ». Alors, à nous proclamer « petits mouchons », disciples de Jean, nous eussions risqué de heurter la laïcité. Enfin, malgré les guillemets, la formule « salut ‘scientifique’ » résonne comme un oxymore, alliant l’impassibilité, la rigueur, l’objectivité de la science à l’affectivité de qui salue, c’est-à-dire souhaite la vie sauve. En même temps, elle résume merveilleusement bien la posture délicate de l’universitaire disant à Jean, dont il imagine le sourire, : « Vivat », exclamation qui a ses lettres de noblesse rabelaisienne. Ce qui incite à parler à nouveau de « mélanges », mais cette fois, au sens non moins reconnu par le dictionnaire, de « boissons alcoolisées différentes absorbées au cours d'un repas, d'une soirée, d'une réception », bref, sur un mode très rabelaisien, à remotiver le symposium. A ta santé, Jean. Yves Lavoinne Le Trésor de la langue française informatisé du CNRS, Internet oblige.
De Jean Mouchon à Jean De Lille aux rivages du Sud Il en est des trajectoires d’enseignants-chercheurs comme des parcours de vie. Même ponctuelles, des rencontres directes ou indirectes peuvent les infléchir, voire les réorienter dans des directions durables. C’est le cas pour ce qui me concerne avec Jean Mouchon dont la lecture puis la fréquentation sont venues par deux fois croiser ma route en lui donnant des impulsions nouvelles dont je lui suis à la fois redevable et reconnaissant. Jean Mouchon, c’est d’abord pour moi, au début des années 80, un nom, quelque peu nordique, associé à la revue Pratiques qui constituait alors pour nombre d’enseignants du secondaire ayant traversé 68 et sa remise en cause paradigmatique des études littéraires un point appui déterminant pour la rénovation des démarches pédagogiques. Son livre avec Jean-Pierre Sarrazac et Francis Vanoye sur l‘oral me fut d’une aide précieuse à ce titre. Puis une autre de ses publications, un article sur le débat Mittterand-Giscard, constitua, peu de temps après, comme un engagement implicite à m’engager dans un travail de thèse sur la mise en images de la parole politique et culturelle à la télévision. Car en dépit des illusions rétrospectives, les travaux sur cet objet n’étaient pas légion en ces années là et encore suspectes les thèses qui lui étaient consacrées. Du moins dans champ des sciences du langage. Patrick Charaudeau m’encouragea de
même que Geneviève Jacquinot, Eliséo Véron fut une source importante d’inspiration mais ce texte de Jean Mouchon joua comme déblocage. C’est ainsi que naturellement mais sans le connaître pour autant car alors à la périphérie de la communauté universitaire, je fus conduit à aller l’écouter dans un colloque lillois (de la SFSIC me semble-t-il ) puis à le solliciter comme membre de mon jury de thèse. Ce qu’il accepta, ne me ménageant nullement durant cette épreuve initiatique mais à juste titre et pour la bonne cause. A preuve quelques trois ans après, il contribuait à m’intégrer progressivement dans le milieu des Sciences de l’information et de la communication en m’invitant à intervenir dans le cadre du GRAM. Le GRAM survivant aujourd’hui à travers sa liste de diffusion mais qui fonctionnait alors comme une séminaire actif et ouvert dans lequel beaucoup de jeunes (terme déjà à parenthéser dans mon propre cas) collègues se faisaient les dents devant des enseignantschercheurs plus aguerris. Et j’ai un souvenir très précis de deux de mes interventions présidées, et donc probablement suscitées par Jean, lors de ces samedis, parfois blêmes vu l’heure matinale, mais toujours chaleureux qui réunissaient à Censier des collègues venus de toute la France, de Belgique voire du Danemark. Dix ans après ma thèse lorsqu’il s‘est agi de passer une nouvelle épreuve cette fois de confirmation avec l’HDR, un autre texte, peu connu, de Jean Mouchon est intervenu comme un signe d’encouragement et de légitimation. Cette publication consacrée à une étude comparative et transculturelle des jeux télévisés joua pour moi comme un modèle au plan méthodologique et une forme d’alerte au plan épistémologique car elle mettait bien en garde contre les biais interprétatifs qui guettent ce type de recherche. Et là aussi très logiquement considérant l’orientation de travail que j’entendais dès lors développer, je l’ai sollicité pour être mon directeur. Ce dont il s’acquitta avec la bienveillance mais aussi la distance qui sied en ces circonstances où il est parfois difficile de faire la part du collègue, parfois proche, et du candidat. J’ai souvenir là aussi d’un moment inconfortable à Nanterre devant un jury pléthorique mais finalement heureux à la réussite duquel il participa fortement. Dès lors, Jean Mouchon est devenu définitivement Jean. Un collègue avec qui j’ai nourri des échanges à la fois plus débridés et plus serrés du fait de mon incursion ponctuelle dans le champ d’études qui est le sien. Un ami rencontré plus régulièrement dans le train, lors de trajets vers
Genève mais aussi dans des soirées que l’on croit à tort d’une retenue rousseauiste en l’horlogère cité, l’amie Annick Dubied, aidée par des blancs valaisans, oeuvrant pour beaucoup à leur réussite avec sa science, bien consommée, de la fondue vaudoise. De même nous a rapprochés alors un tropisme méridional, tout naturel au demeurant pour un lyonnais bien attaché à ses bouchons brumeux mais lorgnant vers les lumières du versant méditerranéen, la Tunisie étant, je crois passée par là. A noter que le jazz n’est pas étranger à cette nouvelle proximité et cette fois, de bons rosés gardois dégustés en compagnie de Gaétane dans les carrières de Junas avant que la nuit ne tombe et que ne commence le premier concert. C’est donc dans un autre Sud, à Santiago du Chili où je suis en exil provisoire et sans aucun regret de la France en proie au sarkozisme que j’ai appris son départ vers des lieux plus tranquilles. Assuré toutefois de son activité et convaincu qu’une proximité résidentielle, même intermittente, va encourager de nouveaux échanges. Guy Lochard Mouchon Jean (sous la direction de), Le jeu télévisé, Allemagne,France-Portugal, Logique marketing et marque identitaire,, CNRS, Lille 3, 1992.
Cher Jean, Comment feront-ils Sarko et Berlusconi sans toi et sans moi (vu que j’irai aussi à la retraite le premier novembre) ? Mais pour nous la retraite “ce n’est qu’un début” d’une seconde phase de recherche, donc “continuons le combat” (en espérant même avoir des chances meilleures). En hommage à toi ma dernière note sur votre cher bonhomme, qui va être publiée sur le numéro prochain de “Comunicazione Politica”, et que j’ai quelque peu retouchée pour l’occasion. Ciao! Carlo Marletti SARKOZY E GLI OPINIONISTI ITALIANI. Fortune e sfortune mediatiche di un leader postmoderno Quella di analista e studioso dei media è una professione ad alto rischio, a volte più di quanto lo sia quella dei metereologi. Il clima d’opinione può improvvisamente mutare a causa di fattori intervenienti, rendendo superate molte interpretazioni e frustrando gli sforzi dei ricercatori. Il caso Sarkozy mi sembra emblematico in proposito. Poco più di un anno addietro lo si vedeva da sinistra – ma in Francia anche da molti della sua stessa parte politica – come un personaggio duro e autoritario, salvo poi, dopo la sua vittoriosa campagna elettorale, guardare a lui come al leader postmoderno per eccellenza, capace da un lato di sedurre mediaticamente l’elettorato facendo del proprio privato una risorsa strategica; e dall’altro di imporre le riforme necessarie a modernizzare la Francia al di sopra dei partiti e dei gruppi d’interesse. Ma sono passati appena pochi mesi e il consenso attorno a lui è crollato nei sondaggi. Un segnale importante è venuto dalle recenti elezioni amministrative, in cui la destra è stata battuta dai socialisti. Il suo indice di popolarità, che
nel momento in cui venne eletto presidente raggiungeva il 67%, nel marzo 2008 risultava sceso al 41%. Dopo queste oscillazioni, fino a che punto quello di Sarkozy può ancora essere considerato un modello nuovo e originale, il paradigma della leadership postmoderna nel primo decennio duemila, come vari opinionisti italiani si erano affrettati a definirlo? Richiamandoci alla nota classificazione di Pippa Norris, in termini comunicativi un leader postmoderno si distingue perché la televisione non è più centrale nelle sue campagne elettorali. Le strategie di mediatizzazione della politica si sviluppano ora principalmente attraverso il marketing cognitivo, che si serve di vari canali e strumenti, dal web al direct mailing e ai contatti faccia a faccia con gli elettori. E da questo punto di vista va riconosciuto che Sarkozy nella sua campagna presidenziale ha fatto un sapiente ricorso a un marketing politico cognitivo, basato su un mix di eventi mediali, inchieste, focus, forum interattivi e forme di going public, nel quale la televisione, pur continuando ad avere un ruolo importante, non è stata più il mezzo da cui tutte le azioni comunicative dipendevano e a cui dovevano essere orientate. Ma a parte la mediatizzazione delle campagne elettorali, sul piano politico l’aspetto più importante, che differenzia le forme di leadership postmoderna da quelle del secolo scorso, è che nella fase attuale i confini tradizionali tra destra e sinistra, e le categorie interpretative che ne discendono, non corrispondono più alla dialettica politica concreta, che si svolge ormai in base a presupposti diversi e non riescono più a rappresentarla in modo efficace. Ciò non significa necessariamente che la partisanship abbia perso senso e che si stia entrando in una età di pragmatismo e di realismo, ma piuttosto che è necessaria una nuova sintesi, che riporti la politica al livello dei problemi maggiormente sentiti dalla popolazione, al di là della politique politicienne autoreferenziale, ridando un senso alle competizioni politiche. Riguardo a quest’ultimo e fondamentale problema, ciò che agli opinionisti italiani era piaciuto di Sarkozy era l’aver invitato personalità ed esperti di sinistra, da Bassanini a Jack Lang, a fare parte dei propri think tank per la definizione delle politiche di governo in settori delicati dell’economia e della società. E nei commenti che in Italia hanno fatto seguito alla sua vittoriosa performance elettorale si è particolarmente elogiata questa capacità di andare oltre gli schieramenti, attribuendola allo stile postmoderno del modello di leadership da lui proposto, mettendo anche in primo piano la sua abilità di fare delle proprie vicende personali una risorsa strategica di visibilità sui media e di gradimento popolare. E proprio in questo la maggioranza dei commentatori e degli opinionist che scrivono sui giornali italiani ha visto la principale novità e originalità del sarkosismo.. Dopotutto, Mitterrand, il grande Mitterrand, nascondeva sotto il tappeto i propri fatti privati e l’esistenza di una seconda famiglia. E la stessa Segolène Royal, per non citare che l’ultima candidata socialista alla presidenza della Repubblica, ha mantenuto il
silenzio, sin che le è stato possibile, sulla fine del suo matrimonio e la rottura personale con Hollande, segretario del partito socialista. Ma la mediatizzazione sempre più spinta della sfera pubblica tende a far saltare ogni confine tra ribalta e retroscena e mette in piazza tutti i comportamenti dei politici, rendendo loro quasi impossibile nascondere i propri vizi privati all’attenzione del giornalismo e dell’opinione pubblica. Anziché subire la mediatizzazione del privato come un’insidiosa occasione di scandalo e adottare una strategia cauta e ipocrita per evitarlo, Sarkozy ha capovolto la strategia tradizionale della prudenza, sbandierando disinvoltamente i propri amori e disamori ai quattro venti, e alimentando la vorace domanda giornalistica di gossip per mantenere alta la propria presenza sui media. Per la verità, quello di coniugare gossip e popolarità pubblica non è affatto un modello nuovo. Tralasciamo qui il fatto che in certi ambiti professionali, come quello dei divi dello spettacolo o dei campioni sportivi, lo scandalismo, anziché recar danno, può giovare alla carriera. Per ora, almeno, le cose stanno diversamente in politica, dove uno scandalo sessuale può provocare la rovina di un leader. E di ciò non mancano esempi recenti, negli Stati Uniti come nel Regno Unito, mentre nei paesi di cultura latina il fattore sessuale ha un peso meno rilevante negli scandali politici. A parte ciò, l’utilizzo politico del gossip e dello scandalismo mediatico a sfondo sessual-sentimentale ha un precedente rilevante di cui tener conto, che va considerato come un vero e proprio modello di mediatizzazione politica: quello dei reali inglesi, o più precisamente dei loro apparati di pubbliche relazioni, i quali hanno saputo sfruttare sapientemente a fini di legittimazione istituzionale il gossip scandalistico che imperversava sui tabloid popolari prendendo di mira la vita privata dei componenti della famiglia reale, In sostanza, essi hanno adattato al contesto inglese il formato della Dinasty televisiva americana. Questa strategia di agire comunicativo ha consentito all’istituzione monarchica inglese di mantenere un’ampia popolarità, contrastando la tendenza per cui nelle democrazie contemporanee il principio ereditario è visto per molti aspetti come obsoleto. La funzionalità spettacolare di questo modo di combinare gossip e popolarità mediatica, che non è certo privo di rischi, ha anzi non poco attenuato l’impatto di possibili crisi istituzionali, basti pensare al caso della principessa Diana. Ragionando comparativamente, è però dubbio che questo modello di spettacolarizzazione istituzionale in base al gossip scandalistico sia generalizzabile fuori dal contesto inglese. A parte il caso tutto particolare del principato di Monaco, che ha una storica tradizione di cronache mondane e di haute couture internazionale, e che del resto, oggi, con il principe Alberto appare alquanto ridimensionato, se guardiamo ad altre situazioni in Spagna, ad esempio, la monarchia ha spesso cercato di frenare le curiosità della stampa scandalistica attorno a vicende private dei membri della famiglia reale, anziché provare a sfruttarla mediaticamente. E prendendo in considerazione un altro contesto, le monarchie
scandinave si legittimano popolarmente con modelli ben più sobrii e poco mediatizzati. Va ricordato inoltre che una delle condizioni che hanno consentito il successo di questo modello di popolarità politica, ottenuta attraverso il gossip giornalistico, è l’esistenza nel Regno Unito di tutto un settore di stampa tabloid specializzata in questo genere di notizie, che raggiunge milioni di lettori. In Europa qualcosa di simile lo troviamo solo in Germania, dove tuttavia i capi di Stato e di governo non cercano di servirsene per strategie di legittimazione. Questo genere di stampa non è molto diffuso in Francia; e in Spagna e in Italia il giornalismo scandalistico è un fenomeno di nicchia. Negli anni cinquanta vi era in Italia un modello consolidato di questo tipo, largamente affermato tra i ceti popolari da rotocalchi patinati come “Oggi”, che avevano una certa influenza politica. Basti pensare in proposito ad Achille Lauro o al caso Montesi. Ma attualmente riviste come Novella Duemila e simili, pur avendo un proprio pubblico, tutt’altro che disprezzabile dal punto di vista del mercato pubblicitario, hanno però una scarsa influenza d’opinione e restano confinate entro il target tipico dei rotocalchi da barbiere. Per non fare che un esempio significativo in proposito, gli screzi nei rapporti tra Silvio e Veronica Berlusconi, che nel Regno Unito avrebbero avuto risonanza per mesi sui tabloid, in Italia hanno provocato soltanto una lieve increspatura del flusso mediale, che dopo pochi giorni è stata riassorbita ed è rapidamente scomparsa dalle cronache politiche. E a ben guardare il caso Mastella, che ha fatto cadere il governo Prodi, dimostra appunto che anche un politico rusé come l’ex ministro della Giustizia, da sempre aduso a sopravvivere a tutte le trappole e le imboscate del sottobosco politico, di cui è costellata la vita di un leader, finisce per perdere il controllo se viene toccato negli affetti familiari e la consorte è data in pasto ai media. Altro che favorire il gossip! Infine, cosa ancor più importante, se vogliamo comprendere le difficoltà cui è andato incontro il tentativo di Sarkozy di accreditare in Francia azioni comunicative volte a trasformare i vizi privati in pubbliche virtù, vi è anche un aspetto di carattere costituzionale da mettere nel conto, E cioè che nel loro paese i reali inglesi “regnano ma non governano”. In Francia il Presidente, che Duverger definiva “monarca repubblicano”, è invece il capo supremo dell’Esecutivo. Il recente calo della popolarità di Sarkozy sembrerebbe dimostrare che l’opinione pubblica francese non gradisce che i propri governanti facciano immagine con lo scandalismo da rotocalco. E tenendo ferma la distinzione fra chi “regna” e chi “governa”, forse ciò non tornerebbe gradito nemmeno agli inglesi, visto che Blair, in quanto capo del governo, più che le vicende personali sue e dei propri familiari, che pure si potevano prestare ad essere mediatizzate, nelle sue azioni comunicative ha messo in primo piano soprattutto il tema della ridefinizione della sinistra europea e della cosiddetta “terza via” teorizzata dal sociologo Anthony Giddens. Anche se questa “Terza via”, che già appariva astratta e poco convincente allora, mostra oggi tutta la sua fragilità nel contesto della globalizzazione e appare poco attrattiva, a
livello di opinione pubblica, nei confronti del neopopulismo mediatico di Berlusconi o di Sarkozy, ciò dimostra che il problema fondamentale per la legittimazione di un leader di sinistra presso l’opinione pubblica postmoderna, è lo slittamento dei confini tra destra e sinistra, le cui identità tradizionali tendono a perdere il proprio profilo, man mano che nuovi problemi si pongono. La globalizzazione delle economie e la crescente complessità sociale mettono tutte le democrazie di fronte a sfide che richiedono un largo consenso superpartes e che non possono venir affrontati adeguatamente con categorie ideologiche obsolete. Nasce di qui la necessità di nuove sintesi, sia da destra che da sinistra, che ridefiniscano le forme di partisanship e gli schieramenti della politica. La destra sembra aver trovato la propria formula vincente nel neopopulismo mediatico, che da un lato sbandiera il tema della modernizzazione e dall’altro sfrutta poi la crisi economica, l’antipolitica, la paura per gli stranieri e l’egoismo delle piccole comunità, a fini di consenso elettorale. Ma questa ricetta, che in Francia come in Italia è risultata efficace per conquistare la maggioranza dell’opinione pubblica nelle ultime tornate elettorali, ha dei limiti ed è “resistibile”, per usare un termine caro a Brecht. E’ indubbiamente presto per esprimere un giudizio sul modo in cui Sarkozy eserciterà la propria leadership, che nel sistema costituzionale francese trova molte risorse e opportunità per esprimersi. Ma prima di affermare che quella di Sarkò è una sorta di rivoluzione comunicativa, e che egli rappresenta il paradigma della leadership nel decennio iniziale del duemila, conviene attendere. All’innamoramento un po’ intempestivo per Sarkò di vari opinionisti italiani, e in particolare di qualcuno tra quelli di sinistra, succederà, speriamo, una salutare fase di ripensamento e disincanto, tanto più che se egli vuole incidere maggiormente sui processi di governo e sull’aggregazione del consenso dovrà mettere la sordina al proprio agitarsi sullo scenario del gossip e all’iperattivismo internazionale che ha spesso sfoggiato, per altro con risultati scarsamente positivi. Trovare il punto di equilibrio fra comunicare e governare, fra promesse fatte e risultati praticabili non è certo facile per nessun politico, e questo vale per la destra come per la sinistra. Vedremo se Sarkozy saprà essere all’altezza delle aspettative suscitate in campagna elettorale. Personalmente ritengo che alla prova dei fatti emergerà inevitabilmente un grosso divario tra il facile neopopulismo mediatico e i difficili problemi che si devono oggi affrontare a livello di singole nazioni e di Unione Europea. Ma per la sinistra non sarebbe corretto sedersi sulla riva del fiume aspettando che passi il cadavere della destra. Ciò non farebbe che aumentare la delusione di masse di cittadini, favorendo comportamenti di exit e l’antipolitica. Non basta irridere il neopopulismo mediatico, o criticare il nuovismo e la modernizzazione tecnocratica che fanno da sfondo retorico al sarko-berlusconisme. La sinistra deve trovare oggi una nuova sintesi, a cominciare dall’elaborazione di un nouveau régard sull’Europa, che vada oltre i no al
referendum. Restando al no, ci si può trovare in compagnia di alleati scomodi e indesiderabili, come in Italia la Lega Nord o in Francia il Front National. Nel contesto della globalizzazione quello europeo à un enjeu troppo importante e decisivo per limitarsi alla critica delle burocrazie di Bruxrlles, abbandonandolo alla tematizzazione del cen
Pour Jean Mouchon, or rather For Jean Mouchon. Once upon a time, long long ago, a little boy, at a boarding school in a small town , l'Arbresle, near Lyon, and that nestles at the foot of the Beaujolais vineyards, sometime took a stroll, on his one day off, Sunday afternoons in general, and climbed a few hundred metres (why can't he think 'yards and feet'?) and would stop to admire the view. He was intrigued by a large mansion, in the middle of the vineyards and, even if he was not enamoured of Le grand meaulnes, began to imagine, dream of, the inhabitants of this palatial establishment. Was there possibly a damsel in distress? a dragon qu'il convenait de terrasser?, a treasure awaiting to be discovered? Many many years later the young boy had risen to the heady heights of Information and Communication science. Indeed, he was President of an august assembly whose unpronounceable name - SFSIC - was thought to be responsible for la pluie et le beau temps in what in French, has to be known as une discipline or indeed an interdiscipline but where the idea of spanking the errant - fesser les insupportables - was academically, let alone politically, incorrect. As this was France, a President had to have a vice-President. The latter, a suspicious figure, who wasn't even competent in being vicious or committing vices, was at least intelligent enough to admire the faits, propos et gestes of his President. That late nineteenth century invention the telephone, and its post -'desmoiselles de tÊlÊphone, 22 Asnières' celebrated by Fernand Raynaud- version.. was one of their preferred means of communication. Verba volent scripta manent as even people in communications studies know. How will the historian in 2020 reconstruct the all-important communicationsexchanges that they conducted? God alone knows.. but perhaps, reading between the lines, the historian will elicit hidden, subliminal messages in La Lettre de l'Infocom.
And then, low and behold, the vice-president perpetrated one of the least reprehensible of his many misdeeds. He got married. Low and behold, for reasons that God only knows, the afore-mentioned damsel in distress was his marital lot. One day, in August, in the blaze of the sun, and the aroma of tbe Bacchus-inhabited vineyard, Jean the President made a royal descent (he would say 'republican'...) on the home of his minion, the home of Mr Vice. And - merveille des merveilles, mirabile dictu, what should he find but the damsel in distress, the grand Meaulnes incarnate, where Mr and Mrs Vice were living happily ever afterwards... So long , John.. Michael Palmer
T’SILAOSA C’est là - bas, t’silaosa, à l’autre bout du monde quelque part en périphérie mais le centre ? où se trouve t il ? là bas ? ici ? être toujours à la périphérie : du dialogue avec Jean, c’est ce constant questionnement qui nous lie depuis toujours depuis notre première rencontre, lui, depuis Pratiques, moi depuis la banlieue, à Villetaneuse, Paris Nord, une périphérie deux frontières nous avons franchi, hors centre, tous deux sensibles à la question scolaire, la question de cette jeunesse qui pose question à la littérature, à la culture, à la langue, ah ! cette claire parole verlane d’une jeunesse à la périphérie de l’école, à la périphérie de la ville, franchir des frontières pour l’écouter, l’entendre, la comprendre peut être puis c’est la communication ah les SIC ! et leurs multiples centres, et des périphéries encore plus multiples
nous, notre centre -périphérie, c’est le discours, le discours du politique, celui des médias, microscopiquement observés, loin des structures, parce qu’elles sont là les structures, à l’œuvre, tapies dans les Mots du politique, ces mots qui sont structures et font les structures point n’est besoin d’aller loin, à Frankfort Jean, je m’en suis allé, loin, très loin et tu es venu me visiter, en cet ici -là -bas ah ! quelle traversée à l’autre bout du monde quelque part en outre mer disait - on à Paris, en ultra - périphérie, ajoutait Bruxelles ce Centre d’où je t’ai quitté le centre oui, toi non nous, fils des Lumières, de la République, compagnon de sa science, de ses valeurs dites républicaines nous savons qu’il est d’autres lumières loin et près du Centre, au delà du périphérique, il est d’autres clartés, des clartés mélangées qui vivent à t’silaosa, comme à tant d’autres bouts du monde Jacky à Cilaos, Ile de la Réunion Mai 2008 Cilaos vient du malgache T’SILAOSA : « lieu que l’on ne quitte pas »
Mon cher Jean, Au moment où nous projetions ce qui allait devenir le GRAM, avant que Simone ne nous rejoigne, nous remarquions, Yves, toi et moi, que, nés de la même année, agrégés de Lettres du même millésime, nous partagions le même goût pour la cuisine du texte. Il n’est donc pas anormal que j’aie été tenté d’apprêter un de tes textes, et j’ai choisi le numéro 17/18 d’Hermès auquel tu m’avais gentiment invité à participer, puis dont tu m’avais fermement rappelé les délais toujours trop courts. Ce texte sur la communication présidentielle me semblait assez emblématique de ton travail de longue haleine, où tu n’as cessé de relever, de la communication politique, ce qui en fait une étrange cuisine : les émulsions inédites, les entremets originaux, mais aussi la banalité du plat du jour, les recettes répétitives et les viandes trop mâchées. Je l’ai donc quelque peu retouillé, à partir d’une seule contrainte d’écriture, le très oulipien S+7, en puisant mes ingrédients dans l’admirable Grand Dictionnaire de cuisine de l’immense Alexandre Dumas (réédition Phébus, Paris, 2000). Si donc la communication y devient seulement côtelette, c’est parce que seul Yahvé peut façonner une femme à partir de la côte d’Adam
La côtelette présidentielle en quête de muscadet La côtelette présidentielle connaît ses heures de gloire au cromesquis des années quatrevingt. Réduites aux quelques compotes qui semblent marquer une robine de glace, elle bénéficie, avec son consommé de coulis célèbres, ses muscats issus de la morue publicitaire et les principales capilotades électorales réduites à des céleris de figure-type, de l’intérêt que lui portent ensemble la compote politique et le quasi de veau à la
casserole, sensible à son outarde et à ses épinards apparents, puis la rocambole de ses crevettes exorbitantes, et de ses modes de fraise de veau détournés, pour porter sur elle une rissolette plus nettement critique qui accompagne le noyau du durion du politique. La diablotine fait place à la digestion amusée, et montre les limites de l’alcool de l’orge au dindon sur un bec-figue essentiellement technique et instrumental. Pour autant, son arche de Noé et ses muscats ne sont pas abandonnés, prouvant par là qu’elle s’inscrit dans un crapaud de rissolette radicale des requins sociaux. Jean-François Tétu
Pour Jean Mouchon Si je me souviens bien, la première fois que j'ai rencontré Jean, il était accompagné de son complice François Fillol. Les deux gaillards n'avaient pas froid aux yeux, ils avaient des choses à dire sur l'oral, un livre à publier: ce fut Pour enseigner l'oral (Cedic, 1980). C'est cela qui m'a plu chez Jean: il avait des choses à dire, il avait envie de les dire, il était fébrile, véhément, plein d'énergie, agressif sans agressivité, ambitieux mais pas carriériste. C'était stimulant. J'ai donc eu envie de dire des choses avec lui: ce fut Pratiques de l'oral (A. Colin, 1981), avec Jean-Pierre Sarrazac, un petit livre dont on nous parle encore. La suite, c'est l'amitié, une équipée interdisciplinaire au Val d'Aoste comme on pouvait en faire en ce temps-là, avec Claude Abastado, Geneviève Idt, Liliane Picciola; et puis encore: de bons repas, un certain mariage, la revue Pratiques, des jours d'été, de belles chaussures à Chicago, un pavillon à Nanterre, une université aussi… Et toujours une certaine véhémence, une colère au fond, qui ne s'éteint jamais complètement, tant mieux, un grand amour de la vie, une belle sensibilité, le goût de la solitude, des grandes marches rageuses et apaisantes. La passion du politique aussi, où je ne sais le rejoindre, mais que je comprends et apprécie au travers de ses textes. L'amour inconditionnel du soleil, enfin. Il y revient toujours, au soleil, aux pays lumineux, aux grandes chaleurs goûtées à l'ombre ou dans l'eau. Et c'est dans les eaux de l'estime et de l'amitié que nous nous rencontrons. Je ne suis pas un très vaillant nageur, mais avec Jean il me suffit de faire un moment la planche et c'est bien. Francis Vanoye
ElisĂŠo Veron
A suivre sur le CD…….
Le Jean-re- humain
Cela fait une bonne quinzaine d’années que Jean est devenu un collègue de travail et en plus un ami, un vrai .Je mentionne en premier la dimension amicale et humaine car le type de relation qui s’est établi avec toi , d’abord de travail, est rare, très rare et je ne dis pas cela parce que c’est l’heure « de la fête à Jean » et donc des éloges. Commençons par la façon dont il arrive et se présente lors de ses nombreux séjours dans notre filière en communication, médias et journalisme à l’Université de Genève , filière qu’il m’a aussi aidé à construire en me recommandant des collègues de qualité en nombre même si sur un aussi grand nombre chacun peut se tromper ( mon doyen prétend même que lors des nominations on se trompe 2 fois sur 3 !, ce qui n’a vraiment pas été le cas avec Jean, bien au contraire) ; donc, il arrive délicatement dans les couloirs avec une démarche légère et ce quant à soi amical, attentif à tout et à tous.Il ne manque jamais au cours de cette arrivée engageante d’embrasser rituellement toutes les collaboratrices présentes et avec lesquelles il a aussi développé des relations de travail stimulantes en les aidant et les encourageant de mille et une façons, réellement , pratiquement , concrètement , en leur signalant par exemple une référence directement en rapport précis avec leur travail. Délicatesse mais aussi attention fine et subtile , qui aide et soutient juste au moment ou l’on peut douter. Il va de soi qu’il est tout autant attentif aux collaborateurs masculins mais son quant à soi ne l’oblige pas par opportunisme et mode de les embrasser également et dans la foulée. Donc tout à coup le bruit court dans les couloirs : « Jean est là » et chacun se réjouit de lui soumettre un problème , de l’inviter pour un verre ou un repas du soir afin de poursuivre d’intéressantes discussions.
Il sait aussi être présent pour ces collègues, et pour le travail bien sûr ; et, au nom de l’amitié, il est même prêt à traverser les océans pour soutenir un collègue dans la difficulté. Jean, ce n’est pas l’amitié calculée, prête à faire volte-face suivant les intérêts du moment , attitude si fréquente dans nos milieux où l' on passe sans gêne du sourire au poignard dans le dos ( je ne citerai personne , nous sommes à la fête, même si la tentation est grande et nous ne sommes que de pauvres pécheurs, à la chaîne et non à la ligne). Aux étudiants aussi il s’intéresse, réellement, et en plus toujours attentif à leur personnalité, à leur individualité, à leur vie, à leur trajectoire , et cela d’autant plus qu’à Genève nous baignons dans une multiculturalité très intense. La vraie amitié a des « effets collatéraux » insoupçonnés et qui a imprégné l’ensemble des relations avec mon groupe de collaborateurs du Master et de l’Ecole doctorale en communication, médias et journalisme depuis 10 ans , au point que je puis dire que c’est un des meilleurs groupes d’enseignants et de chercheurs que j’ai dirigé au cours de ma carrière. Je te remercie Jean d’y être aussi pour beaucoup. Jean le chercheur.
Avec Jean il y a d’abord eu des intérêts communs pour nos principaux domaines de recherche : la communication politique et les médias selon le type de régime politique. Pour ma part j’ai beaucoup travaillé sur le système politique de la démocratie participative et référendaire suisse et Jean davantage sur le système politique français. Contrairement à certains intellectuels français qui opposent la République à la Démocratie et ne voient dans cette dernière que médiocratie, populisme et démagogie, Jean a eu le grand mérite de s’intéresser et de promouvoir des formes plus participatives de la vie politique, à comprendre le changement qu’impliquait « la montée des profanes », la nécessité d’une critique fondamentale de l’arrogance de la parole politique énarchique, formatée et experte. Il a vite réalisé que l’intelligence et la raison raisonnante ne suffisaient pas à résoudre l’ampleur des problèmes auxquels nous sommes confrontés ; il a compris et cherché à faire comprendre la nécessité du dialogue, de la discussion, de la confrontation des opinions de tous les groupes sociaux et de tous les citoyens. Nos sociétés ont en effet passé des débats entre seuls experts aux débats entre experts et profanes et finalement se sont encore ajoutés les débats entre profanes euxmêmes. Politiques, réveillez-vous! la politique a changé, le refus de la Constitution européenne et d’autres mauvaises humeurs populaires devraient nous le faire comprendre. C’est ce que nous nous disons souvent, en essayant ensuite de l’illustrer par des travaux concrets de recherche.
Si Jean milite moins directement en politique il le fait, en effet, tout autant par ses travaux de recherche. C’est encore un autre trait qui nous est commun et nous rapproche. Il n’est pas nécessaire d’allonger à propos des travaux de recherche de Jean puisqu’ils sont disponibles et de plus en plus connus et appréciés. En revanche, réaliser qu’amitié, attention aux autres, respect de tous et même des profanes, participation et démocratie, sont indissociables et ne forment qu’un, est nécessaire si l’on veut communier avec Jean, non pas nécessairement à l’église mais davantage, en ce qui nous concerne, dans la combibendalité et la commensalité, en plus du travail, bien sûr. Je me réjouis de poursuivre avec toi, cher Jean, aussi ce combat –là , car c’en est un. Et si ce « phénomène social total » devenait une composante intégrante des sciences de la communication et des médias ? Je t’embrasse, cher Jean, même si je sais que c’est moins délicieux qu’un baiser des collaboratrices de Genève et espère que nous continuerons à bénéficier de ta retraite qui ne peut qu’être active puisque tu pourras continuer à faire exclusivement ce que tu aimes le mieux. Genève comme passage obligé continu ? OK Jean ?
Uli Windisch