AEC Open data

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Rapport d’étape Octobre 2012 PRÉFET DE LA RÉGION AQUITAINE

@Bart Coenders/iStockphoto

Deux ans d’action publique en Aquitaine


Rapport d’étape du programme d’action sur l’open data public en Aquitaine En collaboration avec :

Avec le soutien de :

Remerciements Association LiberTIC : http://libertic.wordpress.com. Présentation « L’open data » sur http://slidesha.re/a920Nm Fondation internet nouvelle génération (Fing) : http://fing.org/. Programme “Réutilisation des données publiques” sur http://bit.ly/hzJ94T et Open Data Week sur http://www.opendataweek.org/

Vos contacts open data à AEC OpenDataLab : laurent-pierre.gilliard@aecom.org thierry.ulmet@aecom.org Juridique : cedric.favre@aecom.org


Sommaire 1 Chronique d’une ouverture.................................................. 5 2 Différentes stratégies : les contenus et les services ............ 9 3 L’animation des communautés ............................................13 4 Des bénéfices internes pour la collectivité .........................17 « L’open data valorise le travail des agents de la collectivité », par Gérard Marty du Département de la Gironde ........................................ 18 « Faire une métropole pour et avec ses usagers », par Béatrice de François de la Communauté urbaine de Bordeaux ............................................................ 19 Avec LeBonQuartier, trouvez votre quartier de vie idéal ! ... 20 Brocas : un village à l’heure de l’open data .......................... 21 Entretien avec Simon Chignard : « Rendre accessible l’open data à tous les publics » ............................................................. 22

Rapport d’étape « Open data : deux ans d’action publique en Aquitaine » édité et imprimé en octobre 2012 à 300 exemplaires par AEC, agence des initiatives numériques, association loi 1901, 137 rue Achard, 33 300 Bordeaux Cedex / tel. +33 (0)5.57.57.01.01. / courriel : aec@aecom.org Directeur de la publication : Laurent-Pierre Gilliard / Rédactrice en chef : Suzanne Galy / Graphisme et mise en page : Grégory Gimard / Ont collaboré à ce numéro : Antoine Chotard (AEC), Gérard Marty (Département de la Gironde), Béatrice de François (Communauté urbaine de Bordeaux). Remerciements : Pascal Romain (Département de la Gironde), Chloé Chauveau (GIP-ATGeri), Marie-Laure Leglu (Région Aquitaine), Yann Mareschal (mairie de Bordeaux), Armelle Gilliard et Frédéric Théodore (Communauté urbaine de Bordeaux).



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Chronique d’une ouverture

Décembre 2010, à Bordeaux, 140 élus et agents de collectivités participent aux premières Assises des données publiques ouvertes en Aquitaine (http://bit.ly/QQR6Qb). Cette rencontre inscrit le territoire aquitain dans la courte liste des précurseurs de l’open data en France. Elle inaugure 20 mois d’actions concrètes pour favoriser la mise à disposition et la réutilisation par des tiers des données détenues par les acteurs publics locaux (selon le terme anglosaxon, « opendata »). Dans la lignée du mouvement international engagé en 2009, aux Etats-Unis, avec le lancement de data.gov, les Assises des données publiques ouvertes en Aquitaine

défendent l’idée que la quantité d’informations produites par les organismes publics, potentiellement réutilisables par les habitants-citoyens et les entreprises, constitue une source majeure de nouveaux services, de création de valeur, de production de connaissance et de participation citoyenne. Une nouvelle ressource pour l’innovation et l’activité économique des territoires. Il s’agit par exemple d’informations à caractère social, économique, politique, touristique ou de mobilité, etc. Le partage de ces informations, considérées comme fiables et précises, fonde un nouveau modèle d’échange entre politiques, administrations, citoyens et entreprises…

En France, la loi du 17 juillet 1978 révisée en 2005, dite loi Cada (Commission d’accès aux documents administratifs) consacre le principe d’ouverture des données du secteur public en faisant de leur réutilisation un droit opposable. Elle encourage leur réutilisation, pour un usage commercial ou non, par un large public. L’adjectif « ouvert » suppose qu’elles soient accessibles dans un format permettant une exploitation directe. Les bénéfices attendus sont multiples : transparence, participation, collaboration, inclusion, interopérabilité, innovations, efficience, économies. Comment transformer l’ouverture des données publiques en opportunités ? A l’orée 2011, la question est au cœur des Assises aquitaines proposées par AEC et la Fing à l’initiative du Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, et qui associent le Département de la Gironde et la Région Aquitaine. Ces trois collectivités seront les premières à se mobiliser en Aquitaine pour publier, courant 2011, des jeux de données sur internet.

Carte de France des initiatives d’ouverture des données publiques en France début octobre 2012. Carte interactive réalisée et mise à jour par le collectif nantais Libertic : http://www.

opendata-map.org/map

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En France En mai 2012, 820 jeux de données avaient déjà été ouverts par des collectivités locales et des organismes publics.

En Aquitaine Plus de 270 jeux de données publiques sont à ce jour ouverts à réutilisation.

4 portails en Aquitaine Communauté Urbaine de Bordeaux : http://data.lacub.fr Département de la Gironde :

www.datalocale.fr (publie

aussi des données libérées par le Comité départemental de tourisme, la Région Aquitaine, AEC et le programme de recherche Raudin-Université de Bordeaux)

GIP-ATGeRi - Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques : www.pigma.org (plateforme pour l’Information Géographique Mutualisée en Aquitaine. Permet d’avoir une vision régionale des données de l’État et des collectivités territoriales.) Le portail de la ville de Bordeaux :

http://opendata.bordeaux.fr

Fonctions des portails de données •

Répertoire : ils organisent les données dans un catalogue

Recherche des données

Visualisation des données

Programmation via une API (application web de programmation)

Chargement des données par l’utilisateur (crowdsourcing)

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En juin 2011, la Communauté urbaine de Bordeaux (Cub) lance son portail de données data.laCub. fr (http://bit.ly/QcV2tE ), suivie de près par le Département de la Gironde et la Région qui mettent en ligne le portail datalocale.fr en juillet (http://bit.ly/QQQDin). Ce dernier héberge des données du Département de la Gironde, de la Région, du Comité régional de tourisme et celles ouvertes par les acteurs locaux AEC et Raudin-Université de Bordeaux. Le portail de la Cub présente des jeux de données relevant de ses compétences, gérées directement par la collectivité ou relevant de ses délégataires la Lyonnaise des Eaux et Kéolis. Nouveauté de taille, il inclue des données temps réel.

Dans un Baromètre de l’open data en France, établi en mai 2012, l’association nantaise LiberTIC et le site Communes.com classaient la Cub en 2e place des collectivités françaises pour la qualité des données publiées et en 1ere place des collectivités les plus actives en termes de création de services et d’applications par des tiers. Le portail aquitain de partage de l’information Pigma, pigma.org, initié par la Région Aquitaine et l’Etat et animé par le GIP-ATGeRi (Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques), publie de son côté les jeux de données de ses partenaires sur l’Aquitaine. Certains d’entre eux sont ouverts.


de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) sur http:// www.donnees.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr/DREAL/, ou

encore la mise à disposition de ses données par l’Airaq, l’association pour la surveillance de la qualité de l’air en Aquitaine (http:// www.airaq.asso.fr).

A ce jour, près de 270 jeux de données de collectivités locales, réutilisables, sont à disposition des Aquitains (http://bit.ly/Jmz3Ai) sur des thèmes aussi divers que l’environnement, les équipements et services publics, l’urbanisme, la voirie, le transport, la culture, le tourisme, le social ou l’économie.

Au printemps dernier, le Département de la Gironde avait lancé le premier concours aquitain récompensant les réutilisateurs de données publiques (http://bit.ly/ HsrIfY ). Les 6e Trophées Agenda 21 distingueront fin octobre trois projets innovants liés aux priorités de développement durable du Département et utilisant au moins un jeu de données disponible sur datalocale.fr.

La ville de Bordeaux vient à son tour de lancer son portail de données publiques http://opendata. bordeaux.fr. Et, partout en Aquitaine, frémissent des ambitions similaires dans les organisations publiques comme en témoignent le site open data de la commune de Brocas, dans les Landes (800 habitants) (http://opendata.brocas.fr), les démarches engagées par la ville de Bourg-sur-Gironde, le site Cartes et données en Aquitaine

Les récentes réunions d’information à destination des élus sur le thème de l’open data public organisées dans les Landes par l’ALPI ou en Pyrénées-Atlantiques par l’Antic, confirment le constat que le mouvement est, en cet automne 2012, en phase de croissance en Aquitaine.

©La Cub

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ŠLa Cub

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Différentes stratégies : les contenus et les services

Les quatre portails de données ouverts en Aquitaine proposent des contenus et services de différentes natures s’adressant à des publics spécifiques. La stratégie adoptée par l’organisation maître d’ouvrage de chaque projet guide ces orientations.

biles. Ils font l’objet de tutoriaux et documentations à l’attention des réutilisateurs de ses données. En septembre dernier, le portail de la Cub avait déjà attiré 27 000 visiteurs et enregistré 225 000 téléchargements de jeux de données.

La Cub, par le biais de sa Direction des systèmes d’information et sa Direction du numérique, a d’emblée voulu favoriser l’émergence d’innovations propres à faciliter la vie des habitants de l’agglomération et à développer le tissu économique local. Son site met à disposition au total près de 80 jeux de données alphanumériques et géographiques. Il propose aussi 5 jeux de données en « temps réel » comme la disponibilité des places de parking dans l’agglomération. Les données géographiques sont visualisables au travers d’applications et accessibles avec l’API CUB (cartographique), interface de programmation élaborée et mise à disposition par la collectivité sur son portail. Elle permet à n’importe quel utilisateur de l’intégrer dans son site web et d’y superposer des données de sources et formats divers, statiques ou dynamiques. Elle offre aussi la possibilité d’un affichage des données sur le web ou les smartphones (iPhone et Androïd). La collectivité souhaitait, à travers ces outils, voir émerger rapidement des services novateurs sous forme d’applications web et mo-

Le portail DataLocale du Département de la Gironde (en partenariat avec la Région) avait vocation à mettre à disposition de tous des données géographiques et alphanumériques de collectivités locales d’Aquitaine (Cub, Région et Département de la Gironde). Son objectif : favoriser leur réutilisabilité et leur accessibilité par des publics très divers. Une deuxième version du portail est actuellement en cours d’élaboration par le Département et sera lancée fin octobre. Elle accentue le dialogue avec les ré-utilisateurs de données en se positionnant comme une véritable « ressourcerie » : ils pourront eux aussi y déposer des jeux de données brutes dans un esprit ouvert de partage. A travers cette plateforme, ses concepteurs ont souhaité expérimenter des processus exemplaires en termes de partage d’informations de qualité. Les procédures internes de validation et de publication des données du Département ont été strictement organisées (lire aussi page 18). Cette volonté s’inscrit dans la lignée d’une initiative unique en France engagée courant 2011 par le Département de la Gironde :

Données publiques ? Collectées par les organismes publics Non-nominatives Ne relevant pas de la vie privée Ne relevant pas de la sécurité

Données ouvertes ? Complètes, primaires, opportunes, accessibles, exploitables, non discriminatoires, non propriétaires, libre de droits

Source : les 8 principes d’accessibilité des données selon le groupe de travail « Open Government Data » (2007)

l’élaboration d’un référentiel de 72 critères de « bonnes pratiques » pour les producteurs de données open data. Afin de favoriser l’implication des différents services de la collectivité dans l’open data, la maîtrise d’ouvrage du portail a été confiée à la Direction du développement durable, sa mise en œuvre restant l’apanage de la Direction des systèmes d’information. Le portail aquitain Pigma animé par le GIP-ATGeri (Groupement d’intérêt public aménagement du territoire et gestion des risques) a une vocation bien plus large que la seule mise à disposition de données ouvertes. Sa première mission est de doter le territoire aquitain d’un outil d’éclairage ou

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Exemples d’informations libérées en Aquitaine •

Données budgétaires

Subventions aux associations

Recensement des arbres, parcs et jardins

Liste des campings, résidence de tourisme et hôtels

Liste des équipements sportifs

Tracés des réseaux d’énergie

Emplacements de voirie

Palmarès des 50 premiers prénoms donnés dans la commune

Horaires des transports en commun

Limites des communes de l’agglomération

Emplacements d’apport volontaire pour le recyclage

d’aide à la décision publique au travers notamment d’un catalogue des données mutualisées en Aquitaine : environ 400 organismes contribuent à ce jour parmi lesquels des collectivités, services de l’Etat et organismes privés d’utilité publique. Ils ont versé au « pot commun » du portail Pigma près de 1750 couches de données. 600 d’entre elles sont affichables dans une interface de visualisation cartographique. Les équipes de Pigma mènent un travail d’animation constant pour entretenir et enrichir ce catalogue. Elles viennent de lancer à destination de leurs partenaires un groupe de travail spécifique sur l’open data. Le catalogue est ouvert à la consultation au public et permet la réutilisation libre de 200 jeux de données, géographiques

ou non, proposés sous licences libres. Le portail de la ville de Bordeaux, enfin, est résolument tourné vers le grand public. Lancé le 4 octobre dernier (13 000 visites en 4 jours), il s’inscrit dans la gouvernance globale du programme « Bordeaux Cité Digitale » et implique toutes les Directions de la ville productrices de données publiques. Le portail constitue ainsi une fenêtre sur les métiers et actions de la collectivité. Les citoyens y découvrent, au travers d’actualités, de témoignages et de reportages les différents services municipaux contributeurs de données. Il doit insuffler transparence, participation, promotion de l’action locale, collaboration et innova-

©La Cub

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Vos contacts open data dans les collectivités locales Région Aquitaine

Marie-Laure Leglu, animation mission données publiques :

marie-laure.leglu@aquitaine.fr Département de la Gironde

Pascal Romain, Chef de projet informatique documentaire :

p.romain@cg33.fr Communauté Urbaine de Bordeaux

Frédéric Théodore, responsable technique : Sur le portail bordelais http://opendata.bordeaux.fr, chaque jeu de données peut être mis en forme avec des outils de visualisation.

tions citoyennes ou économiques. 60 flux d’informations géographiques et alphanumériques organisés par grandes thématiques (cadre de vie, citoyenneté et administration, culture, sports et loisirs) sont déjà disponibles sur le portail. Pour chaque jeu de données téléchargeable, sont mis à disposition des outils de visualisation ainsi que des outils collaboratifs favorisant les échanges et les usages des données. Les outils de visualisation (applications Google) permettent une mise en forme des données en graphes ou en cartes et offrent à l’usager des interfaces pour mieux comprendre le sens de l’information. Une page du portail référence les applications mobiles et informatiques développées grâce aux données municipales libérées ainsi que des applications grand public (Smart Bordeaux pour obtenir des informations très détaillées sur un vin de Bordeaux).

Pour des raisons de visibilité de l’action, mais aussi pour des raisons techniques et pratiques, les acteurs publics du territoire aquitain engagés dans l’open data ont tous souhaité disposer de leur propre portail. ll faut encourager les démarches entreprises par les collectivités en faveur d’un référencement croisé des données présentes dans le territoire afin que les réutilisateurs puissent accéder aux données en fonction de leurs attentes, et non en fonction de l’organisation qui détient la donnée. Au regard des volumes de données manipulées par les services chargés de la mise en œuvre de l’open data, les modalités de coopération technique entre les sites, au-delà du référencement croisé, restent à inventer.

ftheodore@cu-bordeaux.fr Armelle Gilliard, animation et partenariats :

agilliard@cu-bordeaux.fr Ville de Bordeaux

Arnaud Buray, responsable technique :

a.buray@mairie-bordeaux.fr Yann Mareschal, animation et partenariats :

y.mareschal@mairie-bordeaux.fr Plateforme Pigma

Chloé Chauveau, chargée de l’animation Opendata :

chloe.chauveau@gipatgeri.fr

Guide juridique « Les données publiques » AEC a publié en décembre 2010 ce guide juridique destiné à détailler les obligations légales minimales et le cadre opérationnel pour réaliser une libération de données publiques en toute sécurité.

A télécharger sur le site d’AEC :

http://bit.ly/h8x729

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@ vm/istockphoto.com

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L’animation des communautés

L’ouverture des données ne doit pas être perçue comme un projet strictement technique. Pour garantir le succès de l’action, celle-ci doit allier des objectifs de communication et une volonté politique. En Aquitaine, la réutilisation concrète des données pour l’émergence de services novateurs ne s’est pas mise en oeuvre spontanément. Elle est le fruit d’une animation des communautés de producteurs de données, au travers d’un groupe de travail régional réunissant les collectivités et les ré-utilisateurs « concepteurs de services » au travers du dispositif OpenData Lab. Le groupe de travail régional OpenData réunit tous les acteurs publics régionaux engagés dans le mouvement depuis janvier 2012 (voir l’encadré Vos contacts open data public en Aquitaine, page 11). Ils échangent sur les processus internes de mise en œuvre, évoquent des actions communes et mutualisent leurs outils. Ils y envisagent, par exemple, le référencement croisé de leurs catalogues de données, des méthodes d’animation de l’open data auprès du grand public ou l’élaboration de documents de communication destinés à leurs services. Les OpenData Lab ont été organisés pendant plusieurs mois, de septembre 2011 à avril 2012, par AEC et la Cub. Ils ont suscité une dynamique constructive et créa-

tive au travers de présentations, d’ateliers et de dispositifs de production conçus avec des écoles d’enseignement supérieur. Cette démarche d’animation a ouvert un espace de médiation autour de l’open data entre collectivités, startups, grandes entreprises, laboratoires, étudiants et associations qui ont confronté leurs regards et leurs idées. Près de 130 acteurs du territoire ont participé à cette dynamique. Dix ateliers successifs organisés au sein de l’Auberge numérique d’AEC ont permis de présenter les données libérées par la Cub, la Lyonnaise des eaux, le Département de la Gironde, la Région Aquitaine, le comité régional de tourisme d’Aquitaine, Pigma, l’IGN, le programme de recherche Raudin (Université de Bordeaux) et AEC. Pour chacun des « offreurs de données », ces ateliers ont été l’occasion d’expliquer l’utilisation de leur plateforme, de défendre leurs choix des informations ouvertes ou de promouvoir l’utilisation des outils de programmation présents sur leurs portails, telle l’API CUB. Les réutilisateurs ont pu y exprimer très directement leurs souhaits pour la libération de jeux de données spécifiques.

L’OpenData Lab Sous forme d’ateliers de travail opérationnels organisés au sein de l’Auberge numérique d’AEC, l’OpenDataLab propose de réunir des chercheurs, des collectivités, des startups et des grandes entreprises pour réfléchir ensemble au développement de services innovants basés sur la réutilisation des données publiques ouvertes par les collectivités locales. Cet espace de travail collaboratif permet de tester des concepts, valider des modèles économiques et juridiques, développer des maquettes et des prototypes, ou encore d’expérimenter des services et analyser des usages. Les OpenData Lab ont été organisés par AEC et la Cub.

L’OpenData Lab est soutenu par :

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Deux dispositifs de production ont été conçus avec des écoles d’enseignement supérieur. Le Data Journalisme Lab (http:// www.datajournalismelab.fr), initié et

coordonné par l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine et AEC, en collaboration avec l’Ecole de Communication Visuelle de Bordeaux, Epitech et en partenariat avec l’entreprise Groupe-SII et le journal Sud Ouest, a produit 11 visualisations informatives et interactives de données (data visualisations). L’expérimentation a donné lieu à la production d’un rapport sous forme d’un Modus Operandi de data journalisme. Les visualisations ont été présentées publiquement en avril dernier et ont démontré que la visualisation de données par des journalistes associés à des graphistes et des développeurs pouvait apporter une nouvelle lecture du territoire, approfondir la connaissance et l’analyse de phénomènes locaux et participer à renforcer le lien entre l’habitant et son lieu de vie grâce à une information mieux comprise. Une des productions mettait par exemple en regard le nombre d’équipements sportifs par discipline en Gironde avec le nombre de licenciés au sein des fédérations départementales. Elle dressait un palmarès des « sports privilégiés » et permettait d’interroger les politiques publiques du Département en matière de financement d’équipements (voir l’illustration ci-contre). L’OpenDatathlon, conçu avec l’IUT SRC de l’Université Michel de Montaigne en collaboration avec le Lyre (centre de recherche de la Lyonnaise des Eaux), a fait germer 10 idées d’applications de services. Feed The Green, par exemple, s’appuie sur les données du portail de la Cub. L’idée : permettre à l’usager de localiser le conteneur de collecte du verre le plus près de chez lui pour l’inciter à recycler. Une dynamique de jeu fait gagner des points à l’utilisa-

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teur et un classement des conteneurs les plus utilisés peut être établit. Il renseigne la collectivité en charge de la collecte pour optimiser le ramassage du verre. A l’issue de ces rencontres de l’OpenData Lab, une cinquantaine d’applications web et mobiles utilisant des données publiques ont été créées ou repérées sur le territoire aquitain. L’intérêt s’est majoritairement porté sur les jeux de données relatifs à l’agenda des événements et à l’environnement. Mais le thème qui remporte la palme est sans conteste celui du transport, avec 34 applications de services disponibles sur les « app store » pour téléphones mobiles (11 pour iPhone, 23 pour Androïd) (http://bit.ly/Kyqf7R). Ce phénomène s’explique par l’abondance des données géographiques disponibles sur les différents portails. Des dispositions légales en matière de partage de l’information géographique (la directive européenne Inspire, notamment) avaient, bien en amont du mouvement open data français, préparé les services publics à produire ce type de données dans des formats permettant leur réutilisation. Leur publication sur les portails de données ouvertes n’en fut que facilitée. Le bénéfice en termes de services à l’habitant-usager est réel (se déplacer en vélo, trouver une place de parking disponible, etc.), ainsi que son impact économique indirect. Citons l’exemple du trafic des véhicules dont 30% est lié à la recherche de places de parkings dans les grandes villes : a-t-on analysé le gain de temps apporté par les applications de guidage et d’accès en temps réel aux places de parkings libres ? Quels sont les bénéfices en termes de fluidité dans la ville et d’impact en CO2 ? Il est toutefois raisonnable et honnête de souligner les limites du modèle économique de l’open data qui n’a pas encore prouvé sa

capacité à asseoir des modèles économiques durables. Les données ouvertes ne sont pas à ce jour les données à forte valeur et la vente d’applications mobiles ne rembourse pas le temps passé à les développer. La société bordelaise Widmee, qui conçoit des technologies et services mobiles à destination du secteur bancaire et financier, expérimente un modèle économique en s’appuyant sur des données publiques ouvertes. En partenariat avec le Crédit Agricole Aquitaine, elle a développé l’application Le Bon Quartier qui permet de déterminer son quartier de résidence idéal dans la Cub en fonction d’un listing de services (lire aussi page 20). De nouvelles applications de services sont en cours de développement actuellement et des idées émergent presque chaque jour dans les cerveaux d’esprits créatifs. A ce titre, les entreprises et les développeurs inspirés par l’open data insistent régulièrement sur la nécessité de libérer davantage de jeux de données. Peut-être verrait-on alors émerger de nouvelles formes de valorisation des informations publiques ? L’obsession actuelle pour la création d’applications mobiles ne doit pas faire d’ombre aux autres supports de publication que constituent les dispositifs urbains ou d’affichage dans les halls d’immeuble, par exemple. La créativité dans la réutilisation des données viendra aussi de l’ouverture de l’open data à l’ensemble des acteurs de l’économique sociale et solidaire, de la démocratie participative et de la concertation. Le sujet est resté technique et n’a pas su trouver jusqu’ici un relai vers le grand public dans les services de communication des collectivités : pas un portail local ne recense la cinquantaine d’applications grand public produites ;


rares sont les articles traitant du sujet dans la presse locale. L’open data va devoir impérativement sortir du monde des geeks sous peine de se scléroser. Dans cette perspective, l’action open data de la collectivité doit être perçue comme un levier pertinent de partenariats avec les acteurs du territoire : secteurs économique, associatif, universitaire... Elle doit aussi être une opportunité d’échanges d’informations entre ces acteurs : citoyens et entreprises peuvent devenir des pourvoyeurs de données intéressantes. C’est le virage pris par la Ville de Bordeaux et que prend le Département de la Gironde à travers son futur portail. Enfin, les collectivités pourront imaginer des outils pour stimuler la créativité des réutilisateurs : concours d’applications, appels à projets, etc.

Visualisation de données « La Gironde sportive » réalisée dans le cadre du Data Journalisme Lab ( http://www.datajournalismelab.fr) à partir des données ouvertes par le Département de la Gironde. Elle met en regard le nombre d’équipements sportifs dans le département avec le nombre de licenciés par sport, et dresse un palmarès des « sports privilégiés ».

©CG33 -Paul Robin

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Cartographie documentée des parcs et jardins de l’agglomération bordelaise réalisée avec l’aide de l’API CUB à partir des données de la Communauté urbaine de Bordeaux. Un zoom dans la carte vous permet de visualiser les modes d’accès au lieu sélectionné :

http://sig.lacub.fr/natures/

Cette application mobile Arbres de Bordeaux éditée par la mairie de Bordeaux vous permet de localiser et d’identifier chacun des 26 000 arbres plantés dans la ville.

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Des bénéfices internes pour la collectivité

Au fil des expérimentations d’ouverture de leurs données par les collectivités, une dimension a émergé qui compte parmi les plus vertueuses du mouvement open data : la démarche permet de structurer le système d’information de la collectivité et, en permettant de mettre en œuvre des outils de mesure et de pilotage, constitue un allier de poids dans la quête d’économies de coûts de fonctionnement de l’organisation. La volonté de publier et rendre accessibles leurs informations incite les services à répertorier, cataloguer, formater les données pour qu’elles soient au service d’usages concrets. Ce processus de rationalisation du système d’information transmet aux agents une véritable culture de la donnée et aide à décloisonner les services en favorisant le partage de l’information. Il assouplit le dialogue en interne mais aussi avec les habitants-usagers. Le témoignage du Directeur général des services départementaux de la Gironde est, à ce sujet, parlant (lire p18). Ce gisement colossal des données produites et gérées par la collectivité (le fameux «big data», lire aussi sur ce thème le magazine Aquitaine numérique n° 42 : http://bit.ly/PF4WoI) doit dans le futur, être mis au service de l’intelligence territoriale et du développement local durable.

Au sein de ce big data, entreprises et puissances publiques du monde entier espèrent identifier des croisements de données pour innover en matière de services numériques, pour moderniser leurs organisations et générer de nouvelles sources de revenus et/ou d’économies. Dès aujourd’hui, les villes et les territoires engagés dans l’open data ne peuvent pas faire l’impasse d’une réflexion sur le traitement informatique massif et distribué de données publiques et moins publiques afin de gérer efficacement et en temps réel des réseaux de fluides encore plus maillés, des flottes de véhicules intelligents, un éclairage public réactif au contexte, etc.

Cette capacité à gérer le big data territorial et urbain doit constituer une démarche collective conjointe aux dynamiques d’open data afin de créer les conditions, dans les collectivités et les entreprises, pour manier une informatique décisionnelle nouvelle génération. Avec la libération de ses données, la collectivité entre de plain-pied dans l’ère de la gouvernance dite « ouverte ».

Ce pilotage de territoires «intelligents» ne fera pas l’économie d’une injection de données exogènes et contextuelles (météorologie, indicateurs nationaux et internationaux, analyse des réseaux sociaux, des comportements et des flux de personnes...) provenant d’autres entités (État, autres collectivités, régies, entreprises, startups, opérateurs, citoyens capteurs, internautes). Il s’agit d’envisager la création d’écosystèmes ouverts à la circulation de données où la valeur de ces dernières croît d’autant plus qu’elles se combinent entre elles.

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« L’open data valorise le travail des agents de la collectivité »

Par Gérard MARTY Directeur général des services départementaux, Département de la Gironde « Le Département de la Gironde est engagé dans une démarche de développement durable et de responsabilité sociétale. L’open data y contribue largement, tout en permettant de valoriser le travail effectué par les agents de la collectivité. De façon générale, l’open data participe à la réinvention, la redécouverte de la notion de proximité et confère une dimension significative et une efficacité sociale à des pratiques vieilles comme le monde (le troc, l’échange sous diverses formes, la solidarité, la rencontre...). Elle accompagne et valorise les coopérations et les collaborations laissées de côté par une vision encore très pyramidale des rapports sociaux et facilite, ainsi, la réplication et la sérendipité. La mise à disposition gratuite par les technologies numériques et internet permet également d’identifier les projets innovants adaptés aux grands enjeux sociétaux, de mobiliser différents acteurs afin qu’ils se coordonnent pour agir ensemble. De nouveaux modèles économiques se diffusent à grande échelle, chacun, et notamment les jeunes, peut contribuer à leur émergence et à l’aménagement de son territoire. Appliqué aux collectivités territoriales, le numérique incite à repenser l’organisation des services

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rendus au public de manière à répondre à la demande de dialogue et de co-construction exprimée par la société civile. En préparant nos données à de multiples finalités, nous élevons leur capacité à être réutilisées, recyclées, valorisées sous de multiples formes pour répondre à des usages variés. Ce faisant, nous espérons soutenir l’appropriation par tous, citoyens et associations, de la connaissance d’un territoire durable et développer la démocratie participative de proximité.

« En préparant nos données à de multiples finalités, nous élevons leur capacité à être réutilisées, recyclées, valorisées sous de multiples formes pour répondre à des usages variés. » Ce processus d’ouverture accroît la valeur d’usage des informations créées par tous les services et responsabilise chacun. Il développe une logique de partage et d’intelligibilité des données, qui est réellement bénéfique à l’organisation et à chacun de ses membres. Le Département de la Gironde a pensé son portail de données

publiques comme un outil de mutualisation interne et externe. Dès leur production, les données doivent être qualifiées de façon à assurer leur ouverture et leur libération, selon les principes de transparence et d’efficacité. Le service mis en place par la collectivité ou par un tiers est amélioré par les usagers ou avec eux, remplacé par un service de meilleure qualité ou complété par un autre plus spécifique. L’implication de l’utilisateur dans le processus de gestion de la donnée le sensibilise à cette problématique et nous permet en retour de bénéficier de manière continue des innovations en matière d’usages. Notre démarche d’open data nous a permis, enfin, de structurer le traitement des données au sein de la collectivité et de construire notre système d’information en faveur des usages internes. Au final, ce projet prouve que la combinaison de l’innovation technologique et sociale peut être particulièrement fructueuse. Nous ne connaissons ni ne maîtrisons les usages de demain, tant en matière de production de service que de démocratie participative. Tout reste encore à imaginer, à construire, à inventer. »

Un référentiel de bonnes pratiques Contenu des données, formats, moyens et conditions d’accès… Le référentiel qualité OpQuast, produit par la société bordelaise Temesis avec la participation du Département de la Gironde, dresse une liste de 72 bonnes pratiques pour les producteurs de données open data.

http://www.datalocale.fr/bonnes-pratiques


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« Faire une métropole pour et avec ses usagers »

Par Béatrice de François, Vice-Présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux en charge des usages numériques et de relations avec les usagers « L’ouverture des données publiques représente pour la Communauté urbaine l’un des moyens de mettre en acte la « coopérative métropolitaine » que nous promouvons. Et c’est bien là l’un des enjeux clés de la démarche : participer à l’établissement de nouvelles relations entre les décideurs publics et les citoyens, ouvrir les données publiques pour faire une métropole pour et avec ses usagers. Nous avons pu le constater grâce aux nombreuses actions menées localement auprès des acteurs du numérique, de porteurs de projets, des étudiants, etc. : quand elle est accompagnée, l’ouverture des données publiques met en place une dynamique de co-construction, elle stimule l’innovation et exacerbe l’intelligence collective, pour faciliter la vie des habitants (à travers des applications innovantes), ou leur donner une meilleure lisibilité sur l’action publique (à travers la data visualisation). Le défrichage commun du sujet a permis de créer des liens entre acteurs, publics et privés, citoyens et entreprises, pour améliorer l’agglomération. Aujourd’hui toutefois, les données publiques sont encore trop réservées à des initiés, à ceux qui savent se les approprier. Ce sera l’un des enjeux de l’année à venir que de fournir des outils de visua-

©La Cub

lisation des données ouvertes utilisables par les associations et les citoyens, et leur permettre de se les approprier pleinement, sans aucun prérequis technique. Tout

le champ de l’alphabétisation de la donnée ouverte est à mettre en place pour contribuer à faire de notre territoire une métropole 3.0, intelligente et respectueuse ! »

Rapport Open data Aquitaine 2012 / 19


Avec son service web et mobile LeBonQuartier, la société pessacaise Widmee associée au Crédit Agricole Aquitaine semble trouver un modèle économique fondé sur l’exploitation des données publiques ouvertes. ©Wid

mee

Trouvez votre quartier de vie idéal !

Le concept est simple, concis, efficace. L’idée a pu devenir concrète grâce à l’ouverture des données publiques. Elle a germé dans la tête de jeunes entrepreneurs girondins spécialistes des applications mobiles pour la filière bancaire. Widmee, leur entreprise créée depuis 4 ans, s’est associée au Crédit Agricole Aquitaine pour lancer d’ici à fin 2012 le service LeBonQuartier sur le web et les smartphones (iPhone).

toutes les sources d’information dont elle dispose, la plateforme génère une carte des différents quartiers résidentiels qui conviendraient le mieux à l’utilisateur en fonction de la densité de services. Un système de « scoring » a été mis au point pour hiérarchiser les quartiers en fonction des critères de l’utilisateur.

Le projet Il consiste à élaborer une gamme de services grand public de proximité. Ces services sont basés sur des données publiques ou collaboratives géolocalisées. Dans sa première version, LeBonQuartier porte sur la zone géographique de la Communauté urbaine de Bordeaux. Le service propose aux internautes de visualiser gratuitement le quartier (sur 181 recensés) qui leur convient le mieux, en fonction de critères personnels sur leur situation et leur mode de vie. Elle offre aussi une sélection personnalisée d’annonces immobilières. Une quantité d’autres services de proximité pourront être déclinés par la suite : services de conseil d’itinéraires et de covoiturage, services aux commerçants, services pour le maintien à domicile des personnes dépendantes, etc.

Comment ça marche ? La plateforme procède à la collecte des données publiques réutilisables (collectivités territoriales et organismes d’Etat) et à l’enregistrement de données personnelles non-sensibles auprès des utilisateurs de ces services (situation familiale, niveau de revenus, centres d’intérêts). En croisant

20 / Rapport Open data Aquitaine 2012

Quelles données publiques utilisées ? La plateforme recense par exemple : Des données de l’Insee notamment le découpage cartographique par quartiers, la densité de commerces et services par quartier et leur secteur d’activité. Les données annuelles des chiffres de l’immobilier des notaires de France. Des données de la Communauté urbaine de Bordeaux sur les tracés de voirie et les tracés des lignes et arrêts des transports en commun. Des données de localisation des établissements scolaires provenant de la Région Aquitaine et du Département de la Gironde.

Quelles données attendues ? Des données actualisées sur les prix du mètre carré immobilier. Et, de manière générale, des données géolocalisées d’un maximum de domaines pour pouvoir les cartographier avec précision.

Le modèle partenarial Widmee innove depuis 4 ans dans le domaine des applications web et mobiles pour le secteur bancaire (relation client). La société compte sept salariés et, portée par l’ouverture des données publiques en Aquitaine, a rapidement perçu dans ce mouvement les opportunités offertes pour ses clients. Le Crédit Agricole Aquitaine souhaite de son côté apporter chaque jour plus de services utiles aux Aquitains. Avec LeBonQuartier, chaque habitant ou futur habitant de la Cub peut gagner du temps en repérant très rapidement le quartier qui correspond le mieux à ses besoins. Si la plateforme met actuellement en avant les annonces immobilières de Square Habitat, la filière du Crédit Agricole, l’objectif est d’ouvrir rapidement à d’autres offres, dont celles des particuliers. Cette plateforme pourra également être l’opportunité pour d’autres enseignes de mettre en avant leurs propres prestations de services. LeBonQuartier fera l’objet d’une étude d’audience quelques mois après son lancement qui déterminera l’extension du service sur d’autres agglomérations françaises ayant ouvert leurs données. Votre contact à Widmee : frederic.boy@widmee.com


Brocas, commune des Landes de 810 habitants, expérimente l’ouverture de ses données avec son portail http://opendata.brocas.fr. Le fait est unique en France pour une commune de cette dimension. Retour d’expérience avec son élu en charge du numérique, Jean-Christophe Elineau.

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Un village à l’heure de l’open data

A petit pas opiniâtres, Brocas expérimente l’ouverture de ses données. « C’est une manière de rendre des comptes aux habitants », tranche Jean-Christophe Elineau, l’élu par qui l’open data a percuté, en mai 2011, le conseil municipal de cette commune landaise de 810 habitants. Après moult échanges pédagogiques sur les vertus de l’ouverture des données publiques et ayant obtenu le feu vert du maire, ce féru de logiciels libres et d’internet en général lance le site http://opendata.brocas.fr. Il y recense « des documents existants dans le système d’information du village » : délibérations communales, études techniques de faisabilité, plans de la commune, photos du village d’aujourd’hui et cartes postales d’autrefois confiées par un habitant. « Quand nous avons présenté le site en réunion publique en mars 2012, la population a tout de suite compris le principe et l’intérêt de l’open data », témoigne Jean-Christophe Elineau. L’initiative est unique en France pour une commune de cette dimension et suscite la fierté des habitants. Sur le portail local, « les gens consultent surtout les délibérations et les photos anciennes. Je suis convaincu que, dans les petites communes, il faut aborder l’open data sous l’angle de la préservation et de la sauvegarde du patrimoine local. C’est un excellent moyen de faire comprendre la démarche et d’y allouer des budgets. Ce que je remarque, c’est aussi que les habitants recherchent des informations qui ne sont pas encore présentes dans

le portail : les travaux en cours, les budgets votés… Le désir de transparence est donc là mais pour que notre action soit vraiment pertinente, il faudrait publier plus de données et des données de meilleure qualité », remarque l’élu. « Brocas n’a pas les moyens de s’offrir un prestataire. Le développement et l’animation du site est un travail très chronophage et je dispose de peu de temps pour mettre à jour l’information » s’excuse-t-il. Jean-Christophe Elineau confie avoir eu des « moments de découragement. Je me suis senti démuni au début du projet car j’avais peu de connaissance sur les formats des données et sur les licences juridiques liés à l’open data. Je ne trouvais pas de ressources pédagogiques et d’outils techniques pour m’aider dans cette mission. Il m’a fallu configurer entièrement notre plateforme, un logiciel libre, pour obtenir les champs nécessaires à la mise en valeur des données : fonctions de commentaires, mots-clés et descriptions, etc. Si j’avais disposé d’un logiciel « clé-en-main » conçu pour cela, l’open data à Brocas aurait été plus rapide ». De fait, sur le portail, les données ne sont pas proposées dans des formats bruts mais dans leur forme « digérée » : PDF pour les documents, jpg et png pour les photos. La démarche relève plus de l’affichage d’informations pu-

Car te post ale de Broca s en ligne su portail open r le data de la commune

bliques que d’ouverture de données à proprement parler. Mais l’esprit de l’open data est bien là et la volonté d’aller plus loin s’exprime fortement. Jean-Christophe Elineau souhaiterait publier des données « intéressant très directement l’institution communale : l’activité des filières économiques locales, par exemple, que sont le bois et le tourisme. Pour poursuivre, notre attention doit aussi se porter sur les données incluses au sein même des délibérations comme les données budgétaires, par exemple. Cette question renvoie aux processus de fabrication de l’information dans la collectivité : comment la formater à la source sous forme de tableur pour la rendre réutilisable ? C’est un challenge qui relève de la formation des agents communaux, de l’organisation de l’information mais aussi des outils techniques dont nous disposons. Enfin, se posera à moyen terme la question du transfert de compétences sur le portail car, par nature, la fonction d’élu est éphémère. » Votre contact à Brocas : jean-christophe.elineau@brocas.fr

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Simon Chignard, vice-président de la Cantine de Rennes, conçoit et anime des ateliers grand public autour de l’ouverture des données publiques. Il est l’auteur de l’ouvrage « Open data, comprendre l’ouverture des données publiques » (éditions Fyp, avril 2012)

« Rendre accessible l’open data à tous les publics » © DR

Vous animez depuis plusieurs mois, à Rennes et ailleurs en France, des ateliers grand public d’utilisation des données ouvertes par des collectivités. Les habitants s’intéressent-ils vraiment à l’open data ? Le grand public ne s’intéresse pas à l’open data si on le lui présente sous cet angle, très institutionnel, et avec ce jargon anglo-saxon. A Rennes, comme ailleurs, la collectivité a initialement délivré un message qui s’adressait avant tout aux développeurs informatiques, amateurs ou professionnels. Les concours d’applications mobiles (Rennes Métropole en accès libre, Rendez-vous la ville plus facile à Nantes, etc.) ont encore renforcé cette approche, qu’il faut aujourd’hui élargir. On peut faire bien d’autres choses à partir des données ouvertes ! Les promesses de transparence et de renforcement de la vie démocratique n’ont été, elles aussi, que l’affaire d’un petit nombre d’initiés faute d’une appropriation par un public plus large. Donc, pour intéresser le grand public mais aussi les journalistes et le monde associatif il faut avant toute chose changer la manière dont on lui présente l’ouverture des données publiques. Mon idée, avec l’aide d’autres personnes en France, est de concevoir des outils d’animation novateurs permettant de rendre accessible l’open data à tous.

Comment cette s’opère-t-elle ?

animation

Le premier cap à franchir est le terme même de « data ». Il faut développer une culture de la donnée en se posant des questions de bases essentielles : qu’est-ce qu’une donnée ? Qu’est-ce

22 / Rapport Open data Aquitaine 2012

qu’une information ? Qu’est-ce qu’une donnée publique et ouverte ? Quelles données sont pertinentes ? Pour y répondre, nous avons d’abord cherché à révéler puis interroger les données déjà présentes dans la ville, de manière très concrète, sur le modèle des cartoparties : nous avons organisé une chasse aux données de mobilité en recensant sous forme de carte, dans un périmètre défini, toutes les informations urbaines relatives à la mobilité : stations de taxi, borne de stationnement de vélos publics, arrêt de bus, etc. Cet exercice permet de confronter très directement les données du terrain collectées au cours de l’atelier avec celles ouvertes par la ville. A partir de là, on peut construire un dialogue avec le pourvoyeur des données. Cependant, pour le public, il y a tout de même un aspect déceptif sur ce premier format d’atelier : on ne dit pas à quoi la donnée peut servir concrètement. La deuxième étape a consisté à doublonner une lecture critique des données avec une pratique concrète de réutilisation. Avec Loïc Haÿ, de La Fonderie – agence numérique d’île de France, nous avons mis en oeuvre un atelier autour du fichier des prénoms donnés aux petits parisiens, rennais et nantais. Après avoir appris à lire les données, les participants les ont manipulées au travers d’outils de visualisation. Ils ont ainsi appris à écrire avec de la donnée. Enfin, sur une troisième série d’ateliers à Rennes, j’ai ajouté deux nouvelles dimensions : une approche thématique_ à partir d’un jeu de données variées relatives à un jardin public de la ville_ et un public mixte puisque j’avais invité des agents de la ville de Rennes à y participer. C’est très porteur et il faut développer ce mélange des publics. Les agents sont présents au même titre que les habitants mais ils peuvent prendre la parole pour expliquer comment la donnée a été produite et pourquoi. Ils recueillent les

avis des utilisateurs… ce qui je pense les intéresse beaucoup ! L’animation de l’open data est trop souvent ciblée vers des publics spécifiques avec une distinction nette entre ceux qui ouvrent les données et ceux qui les réutilisent.

Par qui cette démarche d’animation doit-elle être pilotée selon vous ?

Il n’y a pas vraiment de réponse toute faite à cette question car des exemples très différents existent actuellement en France. Je n’ai toutefois pas encore vu de collectivité qui ait créé un poste dédié à l’open data. Aujourd’hui on fait de l’open data «en plus de toutes les autres missions». Etre un opérateur extérieur à la collectivité est une force mais le problème peut provenir du désengagement de l’acteur public du processus de réutilisation des données, et en particulier de la relation avec les réutilisateurs. Le service en charge de l’open data occupe une place compliquée car il doit à la fois gérer les contraintes internes_ le rythme d’ouverture de l’information_ et les pressions externes qui militent en faveur de plus de «libération». S’il ne gère pas les deux en parallèle, l’ouverture des données de sa collectivité ne peut pas fonctionner. Cependant, être à la fois pourvoyeur de données et animateur de la réutilisation peut poser des problèmes d’organisation, de positionnement et de conflits d’intérêts. De plus, les collectivités ne disposent pas forcément des ressources humaines et des compétences pour gérer l’animation. Mon expérience me montre que l’animateur peut aussi être un prestataire extérieur, mais très étroitement associé à la collectivité. Cela s’inscrit totalement dans l’esprit d’ « innovation ouverte » qu’induit l’open data.


Je n’ai pas d’indicateurs de mesure de réussite de mes démarches. En fautil ? Le nombre de participants aux ateliers ne me paraît pas être le seul indicateur pertinent, ce qui compte c’est l’effet de masse par la propagation des idées, des savoirs et des pratiques dans la ville. Concernant les facteurs de succès, j’évoquerais d’abord la richesse des données ouvertes : l’intérêt d’une donnée provient avant tout de la possibilité de la recroiser avec une autre donnée. Ensuite, il faudrait que chaque initiative publique (un grand projet d’urbanisme par exemple) soit l’occasion pour la collectivité de parler de la data et de publier de nouvelles ressources. Enfin, il faut faire de l’animation au sein même de la collectivité afin que la pertinence du mouvement prenne tout son sens pour les agents qui oeuvrent à l’ouverture des données. Avec le grand public, il faut parler des sujets qui touchent au quotidien. Pour cela l’entrée thématique est particulièrement pertinente. On se rend compte que l’habitant n’a pas qu’une vision utilitaire de l’information publique ; elle peut avoir une portée consultative ou informative. A ce titre, l’animation grand public autour de l’open data peut aussi être utilisée par la collectivité comme un outil de sondage de la population sur ses usages de la ville, ou à tout le moins de mise en relation entre citoyens et producteurs des services publics.

Deux ans d’action publique en Aquitaine

@ Cienpies Design/istockphoto.com

Quels sont les facteurs clés de succès d’une démarche d’animation grand public ? Quels sont les indicateurs pour en évaluer la réussite ?

À suivre... Rapport Open data Aquitaine 2012 / 23


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