LA LETTRE du MEF Gironde MARS 2014 _____________________________________________________________________________________________
Bernard Guetta, chantre de l'Union Européenne
«Intime conviction : Comment je suis devenu européen»
l'émission du mardi 25 février 2014 Frédéric Mitterrand reçoit le journaliste Bernard Guetta à l'occasion de la parution de son livre «Intime conviction : Comment je suis devenu européen», aux éditions du Seuil.
«Peut-être est-il trop tard. Peut-être est-il déjà trop tard pour réconcilier les Européens et l'Europe mais je me refuse à l'admettre. Je me refuse à baisser les bras car mon intime conviction est qu'aussi pitoyable que soit l'état de l'Union, ses peuples auraient tout à perdre à se détourner de leur unité parce qu'elle est semée d'embûches. C'est donc cartes sur table que je défendrai, ici, l'ambition européenne. Je le ferai en analyste des rapports de force internationaux mais, avant tout, en témoin d'assez de ruptures historiques jugées impossibles pour avoir appris que rien ne l'était, pour peu qu'on veuille. C'est un cheminement que je voudrais faire partager - ces moments d'une vie qui, de l'enfance aux révolutions arabes en passant par Solidarité et l'effondrement soviétique, ont fait de moi un Européen, habité par une rage de ne pas laisser reculer ce continent qui est le nôtre et de réaffirmer ses nations en bâtissant, envers et contre tout, leur unité politique.»
12 mars 2014 Européennes : les principaux chefs de file de la campagne Pour la première fois, les élections européennes sont « personnalisées » : chaque grande famille politique européenne présente un meneur de campagne, chargé de donner un visage à ce scrutin souvent délaissé par les électeurs. Certains de ses chefs de file sont ouvertement candidats à la succession de José Manuel Barroso pour présider la Commission européenne. D'autres espèrent plus modestement obtenir une plus forte influence de leur parti sur le Parlement européen. La droite a choisi comme tête de liste un candidat qui a de la bouteille européenne. Ce vétéran qui n’a pas encore 60 ans est fier de faire partie des signataires du traité de Maastricht. Il a été de presque tous les conseils européens de ces dernières années et connaît comme sa poche les moindres recoins de la politique bruxelloise. Il passe dans un même discours du français à l’allemand ou à l’anglais. Chrétien social, il a essayé d’incarner un visage plus humain sur la Grèce, face à l’intransigeance allemande, et compte représenter le nouveau credo du PPE : l’économie sociale de marché. Mais l’ancien premier ministre du Luxembourg part aussi au Jean-Claude Juncker combat avec une image de défenseur du secret bancaire. (Parti populaire européen)
Martin Schulz (Parti socialiste européen)
Guy Verhofstadt (ADLE - libéraux)
Ska Keller - José Bové (Verts)
Alexis Tsipras (gauche radicale)
Marine Le Pen - Geert Wilders (extrême droite)
Quel que soit le résultat du scrutin du 25 mai, le chef de file des socialistes européens pourra se prévaloir d’un succès : avoir fait accepter l’idée d’une « locomotive » unique par famille politique du Parlement européen. Ce rôle – inscrit selon lui dans les traités européens –, cet Allemand de 58 ans élu (SPD) à Strasbourg depuis 1994 l’habite déjà depuis des mois. Sollicitant son excellent français et son caractère bien trempé, il participe à des réunions publiques dans l’un ou l’autre pays de l’Union et parcourt les médias pour mieux faire connaître « l’autre Allemand » de l’UE. L’un de ses principaux défis, si les socialistes s’imposent, sera peut-être de convaincre Angela Merkel de ne pas lui barrer la voie.
Polyglotte doté d’un solide sens de l’humour, Guy Verhofstadt rêve de mettre en place les « Etats-Unis d’Europe », défendant avec vigueur les mérites du fédéralisme. La principale cible du président de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) : les partis eurosceptiques et notamment le UKIP britannique du trublion Nigel Farage. M. Verhofstadt incarne une ligne plus sociale que l’autre grande figure du parti, le Finlandais Olli Rehn. L’expremier ministre belge ne ménage pas ses critiques sur la gestion par Bruxelles de la crise de la zone euro. En vue des grandes manœuvres entre partis pour la présidence de la Commission, il espère pouvoir séduire les socialistes et les Verts. Le tandem qui mène la campagne des Verts ne vise pas tant la tête de la Commission qu’une forte influence sur le choix du président. L’objectif est de faire entendre les différences des Verts face aux autres partis de gauche. Eurodéputé depuis 2009, José Bové entend prendre, au Parlement, la relève de Daniel Cohn-Bendit, qui tire sa révérence après quatre mandats. M. Bové, 60 ans, qui réside toujours dans le Larzac, a fait de la lutte contre les lobbies (agroalimentaire et tabac notamment) sa signature. Franziska (« Ska ») Keller, 32 ans, incarne le renouveau du parti. Née en RDA, cette spécialiste des questions migratoires est une figure montante de Die Grünen, les Verts allemands. Alexis Tsipras est devenu l’incarnation de la lutte contre la « troïka » (Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Les plans de restructurations sévères imposés à la Grèce ont fait de Syriza la deuxième force politique du pays. Son dirigeant de 39 ans s’est transformé en porte-voix des opposants de gauche à la politique d’austérité. En Grèce, certaines voix internes au parti critiquent déjà les concessions qu’il serait prêt à faire pour gouverner. Mais en Europe, il reste un héros de la gauche radicale et parcourt les capitales pour pourfendre l’Europe de Merkel. Et celui qui était surnommé le « Mélenchon grec » a supplanté en popularité son modèle français. L’objectif prioritaire pour les droites extrêmes est de parvenir à constituer un groupe au Parlement européen. Cela suppose de réunir au moins 25 députés provenant d’au moins 7 pays. Marine Le Pen, la présidente du FN, s’est lancée depuis des mois à la recherche d’alliés qui lui permettraient d’avoir gain de cause. Elle s’est entendue avec le Parti pour la liberté du Néerlandais Geert Wilders et peut aussi compter sur de possibles élus du FPÖ autrichien et du Vlaams Belang belge, tandis que les Démocrates suédois (SD) semblent hésiter. En revanche, les néo-nazis d’Aube dorée et le Jobbik hongrois sont tenus à l’écart, et les Britanniques antiUE du UKIP ne se reconnaissent pas dans cette famille.
VERS LA FÉDÉRATION EUROPÉENNE L’EUROPE DE LA DERNIÈRE CHANCE Roger Godino : administrateur de la Ligue européenne de coopération économique et de la Fondation Terra Nova Fabien Verdier :président du Club Convictions RÉSUMÉ L’Europe est à l’heure des choix. L’Europe va mal. Les sondages démontrent que l’opinion lui est de plus en plus éfavorable. La récession ou une croissance trop faible gagne de plus en plus tous les pays et notamment ceux de la zone euro. La crise de l’euro n’est pas terminée. L’Europe est, dès lors, devant une double urgence. D’une part, il faut trouver le moyen de mettre en face de l’euro une structure politique dotée d’une gouvernance forte, d’autre part, il faut relancer substantiellement la croissance européenne par l’investissement productif coordonné à l’échelle européenne. Ces deux objectifs ne peuvent être atteints que dans le cadre d’une fédération politique européenne. L’Europe est l’avenir de nos États-nations. Sans construction européenne affirmée, point de salut. Nous devons avoir le sursaut nécessaire pour relancer une dynamique européenne. Elle sera nécessairement fédérale.
L’EUROPE EST L’AVENIR DE NOS ÉTATS-NATIONS ET SERA NÉCESSAIREMENT FÉDÉRALE
”Ce Policy paper a pour objet de poser les constats, de déterminer l’horizon et de proposer une méthode pour arriver à l’Europe de demain, celle dont nous rêvons, celle que nous ambitionnons, celle que les pères fondateurs avaient souhaité voir se former sur un continent en ruine au sortir de la Seconde guerre mondiale. Plus que jamais, il faut reprendre le combat européen. Face aux États continents (Chine, Inde, Brésil, Indonésie, etc.), l’Europe ne peut que cheminer vers une forte intégration. Nous prônons ici en conséquence la constitution d’une Fédération européenne. Un traité international établirait cette Fédération. Il définirait l’organisation institutionnelle avec un président de la Fédération, un premier ministre, un parlement bicaméral. Nous précisons le contenu de cette Fédération par un projet de traité constitutif composé de 10 articles, permettant ainsi de rendre opérationnel et concret ce projet européen. Le contenu de cette Fédération serait défini dans le cadre institutionnel, profondément démocratique, mais les questions économiques et financières sont nécessairement des compétences partagées, tout comme la politique énergétique, les infrastructures européennes et la politique de défense. Cette Fédération pourrait être composée de 6 ou 7 pays, en fonction des volontés de chacun. L’Allemagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, et peut-être la Pologne pourraient souscrire à cette démarche résolument fédérale. Ces 6 États représentent près des deux tiers du PIB et de la population de l’Union européenne à 28. Créée en Europe par une coopération volontairement limitée à 6 ou 7 pays pour commencer, cette Fédération sera dotée à la fois d’une gouvernance efficace et d’un réel contrôle démocratique. Elle sera le seul moyen de lancer une importante initiative de croissance permettant une nouvelle dynamique industrielle en Europe en investissant massivement dans l’investissement industriel productif. Elle apportera aussi à l’euro la consolidation politique qui lui manque. Nous avons manqué à plusieurs reprises le pas fédéral. Nous devons le réaliser aujourd’hui pour sauver l’Europe et lui donner l’élan originel qui lui fait défaut. C’est à cette condition que nous construirons notre avenir européen commun, en dépassant définitivement l’horizon national. Ce Policy paper s'articule autour de 6 éléments 1. L'Europe, l'Allemagne et la France 2. L'idée européenne : de l'Europe des 28 à la Fédération européenne 3. L'organisation institutionnelle de la Fédération européenne 4. Une initiative européenne de croissance pour la Fédération européenne 5. Une harmonisation fiscale pour la Fédération européenne 6. Projet de Traité constitutif de la Fédération européenne
PARIS-BERLIN : MONOLOGUES DE MUETS Alain LAMASSOURE, Député Européen 20 février 2014
S’il est une vérité incontournable en Europe, c’est que le moteur de la politique européenne est le biréacteur francoallemand. Le marché commun, la politique agricole commune, la suppression des frontières intérieures, l’euro, la charte sociale, la charte des droits fondamentaux, la démocratisation des institutions, le traité de Lisbonne, le traité de discipline budgétaire : autant d’avancées initiées par une proposition conjointe franco-allemande. Cette entente féconde reposait sur deux non-dits : le relatif équilibre de puissance entre les deux pays ; l’existence d’une volonté commune d’agir pour l’Europe des deux côtés du Rhin. Ces deux conditions n’existent plus. L’industrie française ne pèse plus que la moitié de l’industrie allemande, et la France s’enfonce dans les déficits au moment où l’Allemagne a retrouvé l’équilibre budgétaire après dix ans d’efforts ; et François Hollande est incapable d’expliquer à son propre gouvernement, à sa majorité politique, au peuple français, et donc à nos partenaires quelle est aujourd’hui la politique nationale et européenne de la France. Si bien que, quand les dirigeants se rencontrent, les images sont celles d’un cinéma muet. Alors, partout, les opinions s’inquiètent. La croissance est anémique dans toute la zone euro : que fait l’Europe ? Les vagues de réfugiés accostent, parfois tragiquement, les côtes italiennes ou grecques : que fait l’Europe ? Le sang coule en Ukraine entre démocrates et russophiles : que fait l’Europe ? Justement, François Hollande et Angela Merkel se rencontraient cette semaine avec leurs gouvernements au grand complet. De quoi ont-ils parlé ? D’autre chose. Et l’Europe piétine, et l’Europe déçoit. Un autre non-dit de la relation franco-allemande est que l’on ose se parler des sujets qui fâchent. C’est-à-dire que, de chaque côté, on se pose la question de confiance, sans laquelle rien n’est possible. Du gouvernement socialiste français, l’Allemagne de la grande coalition, parfaitement unie sur la politique économique et sociale, attend une réponse claire : la France est-elle prête à honorer ses engagements et à faire les efforts de bonne gestion qu’elle a refusés jusqu’à présent pour jouer son rôle de deuxième puissance de l’Union, indispensable à la réussite de la zone euro ? Ici, Paris n’est plus attendu aux mots, mais aux actes. Mais la France a aussi des questions de confiance à poser à l’Allemagne. Car, à la faveur de l’interminable crise de la dette et de l’affaiblissement politique de la France, l’Allemagne d’Angela Merkel a pris des positions unilatérales contradictoires avec l’intérêt général européen. Sur l’énergie, la décision allemande d’arrêter soudainement 7 centrales nucléaires et toutes les autres à brève échéance a mis à bas le peu de politique énergétique communautaire. Elle a ridiculisé les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’énergie manquante étant remplacée par du charbon américain et de la lignite locale, le plus « sale » des combustibles. Au lieu d’évoquer des projets fumeux d’Airbus de la transition énergétique, Berlin (et Paris) sont-ils prêts à une politique énergétique coordonnée, qui donne la priorité à la compétitivité industrielle, en respectant les engagements environnementaux et en préservant l’indépendance politique à l’égard des fournisseurs extérieurs, en commençant par Gazprom ? Sur la politique étrangère et la défense, l’heure de vérité a sonné. De l’Iran au Mali, de la Syrie à la RCA, de l’Egypte à la Tunisie et à la Libye, sans oublier le conflit israélo-palestinien, la preuve a été surabondamment administrée : si l’Europe n’est pas unie, elle est hors jeu. L’Allemagne ne peut plus se laver les mains des responsabilités internationales que lui donnent sa puissance économique et son influence en Europe. De la même manière, à un moment où tous les pays européens sabrent dans leurs crédits militaires pour sortir des déficits, la seule manière de sauvegarder la sécurité du continent avec moins d’argent est de se partager les tâches. Sur le plan industriel, comme sur le plan opérationnel. Jamais Paris n’a posé la question à Berlin dans ces termes au niveau approprié : celui du sommet. Enfin, la Russie. Il est grotesque que, plus de vingt ans après la disparition de l’URSS, les pays européens ne se soient jamais mis d’accord sur une attitude commune envers Moscou : faut-il continuer de considérer la Russie comme un adversaire potentiel persistant, ou comme un pays dont la vocation est de devenir un partenaire naturel dans le monde du XXIe siècle ? Le néo-nationalisme russe s’est nourri de cette indécision occidentale. Les tragédies géorgienne et ukrainienne, entre autres, auraient pu être évitées si Européens et Américains s’étaient accordés sur la bonne réponse. Encore faut-il avoir le courage politique d’en parler.
Manifeste pour une union politique de l’euro http://pouruneunionpolitiquedeleuro.eu/ L’Union européenne traverse une crise existentielle, comme vont bientôt nous le rappeler brutalement les élections européennes. Cela concerne au premier chef les pays de la zone euro, enferrés dans un climat de défiance et une crise de la dette qui est très loin d’être terminée, alors que le chômage persiste et que la déflation guette. Rien ne serait plus faux que de s’imaginer que le plus dur est derrière nous. C’est pourquoi nous accueillons avec le plus grand intérêt les propositions formulées à la fin de l’année 2013 par nos amis allemands du groupe de Glienicke en vue d’un renforcement de l’union politique et budgétaire des pays de la zone euro. Seuls, nos deux pays ne pèseront bientôt plus grand chose dans l’économie monde d'aujourd'hui. Si nous ne nous unissons pas à temps afin de porter notre modèle de société dans la mondialisation, alors la tentation du repli national finira par l’emporter, et engendrera des frustrations et des tensions à côté desquelles les difficultés de l’union sembleront joyeuses. Par certains côtés, la réflexion européenne est beaucoup plus avancée en Allemagne qu’en France. Economistes, politistes, journalistes, et avant tout citoyen(ne)s français(es) et européen(ne)s, nous n’acceptons pas la résignation qui tétanise actuellement notre pays. Par cette tribune, nous voulons contribuer au débat sur l’avenir démocratique de l’Europe et pousser plus loin encore les propositions du groupe de Glienicke.
Zone euro : un entre-deux intenables Un impôt commun sur les sociétés Un parlement pour la zone euro Une architecture vraiment démocratique Mutualiser partiellement les dettes Un moyen d’aller plus loin ensuite On peut changer les traités
Premier(e)s signataires Florence Autret, auteur et journaliste ; Antoine Bozio, directeur de l’Institut des Politiques Publiques ; Julia Cagé, économiste à Harvard, Ecole d’économie de Paris ; Daniel Cohen, professeur à l'Ecole normale supérieure et à l'Ecole d'économie de Paris; Anne-Laure Delatte, économiste au CNRS, université Paris X et OFCE ; Brigitte Dormont, professeur à l’université Paris Dauphine ; Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques ; Philippe Frémeaux, président de l’institut Veblen ; Bruno Palier, directeur de recherches au CNRS, Sciences Po ; Thierry Pech, directeur général de Terra Nova ; Thomas Piketty, directeur d’études à l'EHESS, professeur à l’Ecole d’économie de Paris ; Jean Quatremer, journaliste; Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, directeur d’études à l’EHESS ; Xavier Timbeau, directeur du département Analyse et prévision, OFCE, Sciences Po ; Laurence Tubiana, professeur à Sciences Po, présidente de l’Iddri
Directive détachement des travailleurs : le symbole d’une Europe insuffisamment régulée 03 fév 2014
Le 9 décembre dernier, la réunion des ministres du travail des vingt-huit États membres dans le cadre du Conseil emploi, politique sociale, santé et consommateurs (EPSCO) a abouti un accord sur la révision de la directive dite de détachement des travailleurs (Directive 96/71/CE du parlement européen et du conseil du 16 décembre 1996 concernant le détachement de travailleurs effectué dans le cadre d’une prestation de services). Cette directive, dans le cadre d’une prestation de service, permet à des entreprises d’un État membre de détacher temporairement dans un autre pays un salarié qui travaille habituellement dans le pays d’origine de l’entreprise. Le salarié détaché doit bénéficier du salaire minimum du pays d’accueil quand il existe (en France, au moins au SMIC ou au taux conventionnel si leur qualification est reconnue et qu’un accord collectif s’applique) ainsi que des mêmes conditions de travail. En revanche, le régime de protection social reste bien celui du pays d’origine ainsi que les cotisations sociales qui lui sont liées. Même si toutes les cotisations sociales sont payées dans le pays d’origine, celles-ci s’appliquent au salaire brut. Alors que les cotisations salariales sont déduites du salaire brut, les cotisations patronales s’ajoutent. C’est pourquoi à salaire brut égal, ce sont bien les cotisations patronales selon les pays qui contribuent aux écarts de coût du travail. En France, elle concerne 170 000 travailleurs détachés dont la majorité se situe dans le secteur du bâtiment. La fraude et le travail illégal ont été essentiellement les deux problèmes pointés du doigt… Cela n’a pourtant rien à voir avec la directive détachement et les règles européennes qui lui sont associées. C’est pourquoi, les contrôles de l’administration sont nécessaires et doivent être amplifiés pour faire appliquer la directive (salaire et conditions de travail du pays d’origine, durée des contrats, etc.). A l’issue de la réunion, le compromis passé entre États membres prévoit, notamment à la demande de la France et de l’Allemagne partisanes de règle plus contraignantes (face au Royaume-Uni chef de file de l’opposition) quelques avancées : une liste des documents permettant d’ajouter de nouvelles règles qui pourront être réclamés à une entreprise détachant des travailleurs (à condition qu’elles soient « justifiées et proportionnées » et que la Commission européenne et les entreprises soient prévenues de leur mise en place) mais elle restera « ouverte », certains États craignant que d’autres n’utilisent cette possibilité pour faire du protectionnisme ; la responsabilisation du donneur d’ordre sera exigée mais sera obligatoire sur le seul secteur du BTP (la responsabilité est donc optionnelle dans les autres secteurs). En France, CGT et CFDT ont salué un compromis qui marque une première étape même si les organisations syndicales continuent de revendiquer moins de contraintes pour la liste ouverte et une responsabilisation étendue à tous les secteurs afin de limiter tout risque de dumping social. Du côté patronal, la Fédération française du bâtiment (MEDEF) qui considérait la directive comme instaurant de la concurrence déloyale a salué l’accord. Néanmoins, dans un contexte français mais plus globalement européen d’une montée des populismes et d’une tentation au repli national, la directive dite de détachement des travailleurs risque de continuer de faire parler d’elle. Le compromis du 9 décembre reste bienvenu, notamment en France, où le FN avait commencé à agiter le spectre de la directive Bolkestein et du « plombier polonais » pour nourrir son discours de fermeture des frontières et de préférence nationale. Pourtant, directive Bolkestein et directive détachement n’ont strictement rien à voir. En outre, les écarts de salaire et de protection sociale entre États membres sont les premiers facteurs qui expliquent l’intérêt pour certains travailleurs est-européens de venir travailler en France ou en Allemagne. C’est pourquoi, la question de l’Europe sociale reste posée. Les abus autour de la directive détachement des travailleurs prouvent en effet l’insuffisance de régulation et de règles dans une Europe encore dominée par les politiques économiques d’obédience libérale. A l’approche des élections européennes, le mouvement européen progressiste aurait tout intérêt à se saisir de propositions concrètes pour faire avancer la cause de l’Europe sociale. En effet, la directive détachement, au-delà de la fraude, profite du retard de l’Europe en matière social et de protection réelle des travailleurs. D’une part, il faudrait avancer au plus vite sur la convergence des systèmes de protection social nationaux afin de réduire les écarts de cotisations sociales et assurer une protection sociale minimum européenne. D’autre part, l’harmonie fiscale « par le haut » est nécessaire car, dans le cadre de la directive, c’est bien la concurrence fiscale qui favorise le dumping social. Enfin, la mise en place d’un salaire minimum européen, prenant en compte les spécificités nationales, est désormais indispensable. Le texte final de la directive devrait être soumis au Parlement européen courant 2014. Espérons qu’il améliore le compromis trouvé en décembre dernier.
L’EUROPE à BORDEAUX La Maison de l’Europe Bordeaux – Aquitaine est située en plein cœur de Bordeaux, sur les quais qui bordent la Garonne. 1 place Jean-Jaurès 33 000 Bordeaux Téléphone : 05.24.57.05.00 Ouverture au public : du lundi au vendredi de 14h à 18h
Lundi 31 mars à 19 h 00
Soirée européenne dédiée à l'Islande
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Adresse : 35 Cours de Verdun, 33000 Bordeaux Téléphone :05 56 48 42 60
Vendredi 11 avril à 19 h 00
La GAUCHE EUROPEENNE GIRONDE en association avec le GOETHE INSTITUT vous invitent à une conférence débat.
Madame Laurence HARRIBEY Docteur en science politique de l’IEP de Paris, Maire de Noaillan candidate aux prochaines élections européennes
L'Europe, quel avenir ? Les enjeux des prochaines élections pour 500 millions d'Européens. Pour la première fois, les élections européennes sont « personnalisées » : chaque grande famille politique européenne présente un meneur de campagne, chargé de donner un visage à ce scrutin souvent délaissé par les électeurs. Certains de ses chefs de file sont ouvertement candidats à la succession de José Manuel Barroso pour présider la Commission européenne. D'autres espèrent plus modestement obtenir une plus forte influence de leur parti sur le Parlement européen.
Qui sommes nous ?
Notre mouvement en France et en Gironde www.mouvement-europeen.eu secretariat.mef33@orange.fr
C’est une association qui regroupe, au delà de leur appartenance politique, les hommes, les femmes et les associations qui souhaitent s’engager en faveur de la construction européenne dans une perspective fédérale. Sa vocation est de « développer dans le peuple français la prise de conscience de l’Europe et de la communauté de destin des peuples qui la composent ». Le ME-F cherche à faire progresser le débat pour des institutions européennes plus efficaces et pour une Union européenne plus proche des citoyens. Il est un lieu permanent d’échange et de rencontre pour les militants européens. Conformément à ses statuts, le Mouvement Européen-France est indépendant de tout parti politique. Il regroupe dans ses instances des personnalités politiques de toutes les tendances désireuses d’agir ensemble en faveur de la construction européenne, des experts, des universitaires, des représentants de la société civile… Président : Jean-Marie CAVADA Vice-Présidence du Conseil d'administration Mme FLAUTRE Hélène Représentante d'Europe Ecologie-les Verts (EELV) Mme KELLER Fabienne Représentante de l'Union pour un Mouvement populaire (UMP) Mme MORINDESAILLY Catherine Représentante de l'Union des Démocrates et Indépendants (UDI) Mme TRAUTMANN Catherine Représentante du Parti socialiste (PS) Le Conseil d’administration comprend 82 membres représentant trois collèges : les associations membres, les sections locales, des personnalités (politiques, universitaires, experts…) Les anciens Présidents du Mouvement Européen-France 1990 : Jean François-Poncet 1995 : Jean-Louis Bourlanges 1999 : Anne-Marie Idrac 2005 : Pierre Moscovici 2006 : Sylvie Goulard
Notre information au niveau national
Semaine du 3 au 7 mars 2014 http://www.mouvement-europeen.eu/?p=24885
Semaine du 8 au 14 mars 2014 http://www.mouvement-europeen.eu/?p=24952
Notre information au niveau local : LA LETTRE du MEF Gironde
Elle rassemble pour ses adhérents les textes et évènements majeurs du moment. Jean Charles LEYGUES, Président, Claude LACASSAGNE et François HACHET, ont rédigé cette lettre ; vos remarques et suggestions sont les bienvenues. Vous souhaitez nous rejoindre et adhérer Contactez nous à secretariat.mef33@orange.fr Si vous souhaitez ne plus recevoir LA LETTRE, signalez-le par un courriel à la même adresse.