Gilles Aillaud, Les Crocodiles, 1965, huile sur toile, 129,5 x 161,8Â cm, musĂŠe des Beaux-Arts de Dole.
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Salle VI Mouvement PĂŠlagiques ExpĂŠrimentation Mortels
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Dans un entretien, Michel Foucault (entendu sur France Culture il y a bien longtemps maintenant) expliquait comment il construisait ses livres. Quand il avait un sujet, il s’en emparait et rédigeait un essai. Cette tâche une fois effectuée représentait pour lui un honnête travail universitaire. Elle témoignait de l’état de la pensée érudite sur un sujet précis à un moment donné. Il se demandait alors s’il avait quelque chose à ajouter et c’est à ce moment-là que le vrai travail commençait. Construire cette exposition procède un peu de la même manière : épuiser d’abord toutes les possibilités pour ne retenir que ce qui accroche, ce qui fait sens au-delà du sens repéré. Parfois quand on place deux œuvres l’une à côté de l’autre, il se passe des choses imprévues, impensables. Il est important de manipuler le langage, les objets, les concepts si l’on cherche une nouvelle manière de faire. Il manquait quatre salles pour développer le projet dans son intégralité. Avec ces cinq séquences, c’est presque parfait, et ce n’est pas grave si les visiteurs ne reviennent pas les voir toutes. Une partie d’une chose permet souvent de comprendre ou d’appréhender cette chose dans sa totalité. Il suffit de penser aux fragments de la statuaire antique ou au démembrement des polyptyques médiévaux. La science va dans le même sens. L’ADN contient potentiellement l’être dans sa totalité.
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112 Frédérique Lucien, Anonymes, 2010, série de fusains sur papier, courtesy galerie Jean Fournier, Paris. Pages 110 et 111 : François Bouillon, Le Désir traversant la mer Rouge : 2 – Le Martyre de Saint Honoré, 3 – L’Île aux trois serpents, 4 – Balises en mer Rouge, 5 – Lettres à Joseph, 2006, installation, technique mixte, collection de l’artiste et courtesy galerie Bernard Jordan, Paris / Zurich.
113 François Bouillon, Le Désir traversant la mer Rouge : 1 – Frères de sang, 2006, installation, peinture sur Plexiglas, courtesy galerie Bernard Jordan, Paris / Zurich.
114 Ci-dessus et ci-contre : Bertrand Mandico, Fièvre-Segment3, 2011, 12’ / couleur / super-16 mm), recherche cinématographique pour une trilogie de films courts : Créatures mortes en mouvement, Paysages malades en couleur, Héroïne furieuse en douleur, collection de l’artiste.
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La mesure des choses La seconde séquence traite de la mesure des choses : la représentation cartographique du monde et la relation que l’homme entretient avec son environnement. Il est sidérant de voir à quel point la représentation d’un lieu diffère à deux endroits du globe. La carte, c’est à la fois une représentation mentale d’un lieu et un outil du pouvoir. On y voit l’espace conquis ou à conquérir et le chemin pour parvenir à ses fins. Dans cette séquence, il y a des plans de toutes sortes : de villes, de bateaux, de terrassement, des vues aériennes. Il y a aussi des invités. Peter Soriano conçoit des espaces « ramassés », repliés sur eux-mêmes. Ses dessins représentent en quelque sorte la mémoire de l’espace représenté. Les aquarelles ont des qualités plastiques qui dépassent le propos. Jacques Malgorn fait aussi des collages qui défient notre sens de la géographie. Les dessins de Bernard Moninot traitent de la représentation de l’espace entre les choses. Certains plans réalisés pour la construction des cubes à l’extérieur du musée sont aussi exposés. Je ne sais pas faire un plan en trois dimensions : comment expliquer à distance à quelqu’un ce que j’avais en tête ? Quand on ne sait pas faire quelque chose mais qu’on doit le faire, on devient beaucoup plus créatif.
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118 Anonyme (école française), Dogre à deux ponts (plan), xviiie siècle, encre de Chine et lavis sur papier vergé, 62,5 x 97 cm, MBA.
119 Peter Stämpfli, Contact, 1981, gouache et pastel sur papier vélin texturé, 151 x 134 cm, LAAC.
120 Jacques Bernard, Baie-de-la-Somme à marée basse (vue aérienne), 1973, inversible (diapositive), 6 x 6 cm, MBA.
121 Anonyme, Carte des côtes ouest islandaises, xxe siècle, gravure sur papier, 105 x 73 cm, MBA.
122 Jacques Malgorn, Leçon de géographie, 2007, collage sur papier, 20 x 30 cm, collection de l’artiste.
123 Einar Garibaldi Eríksson, Grand Tour, 2000, peinture trouvée, 80 x 80 cm, collection de l’artiste.
124 Haut : Bernard Moninot, Le jour, parfois, je m’identifie à la pluie, la nuit je flaire les issues no 26, 2005, aquarelle et collage de pirex, fil et dé, 50,5 x 65 cm, collection particulière, Paris. Bas : Bernard Moninot, Le jour, parfois, je m’identifie à la pluie, la nuit je flaire les issues no 24, 2005, aquarelle et collage de pirex et mica, 50,5 x 65 cm, collection particulière, Paris.
125 Peter Soriano, Warren Street #16, 2011, peinture Ă la bombe, feutre, mine de plomb sur papier, 66 x 98Â cm, courtesy galerie Jean Fournier, Paris.
126 Haut : Peter Soriano, Klosters entrance #1, 2010, peinture à la bombe sur papier, collage, 36 x 105 cm, courtesy galerie Jean Fournier, Paris. Bas : Peter Soriano, vue d’ensemble de l’exposition « Otherside -> (NUM)BERS <-+ Dessins », 2011, courtesy galerie Jean Fournier, Paris.
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Défense d’uriner La troisième séquence est liée à la chair, à notre rapport au sexe, au corps, à la violence. C’est tout comme la mort une dimension importante de nos vies. Je peux aussi montrer des œuvres d’artistes qui me sont chers. Je pense tout particulièrement à Bernard Rancillac et à Christine Deknuydt. Le LAAC possède plusieurs de leurs œuvres. Je les ai découvertes dans un tiroir du cabinet de dessin. J’ai adoré ces dessins et aussi leur titre. Il y a aussi Béatrice Cussol qui dessine des choses horribles mais avec des moyens plastiques de jeune fille. Ses aquarelles sont singulières, tant du point de vue strictement plastique que dans les sujets traités. On a le fond et la forme, tout comme dans les dessins de Paul van der Eerden, formidable dessinateur. Il se trouve que je connais ces deux artistes. Béatrice m’avait donné un dessin, il y a quelques années et il était accroché sur un de mes murs. Paul, qui vit à Rotterdam, est venu dormir un soir. Je devais sortir tôt le lendemain et j’étais absent quand il a quitté l’atelier. Quand je suis revenu, il avait repris au crayon sur un papier le motif de l’aquarelle de Béatrice et me l’avait laissé comme cadeau. C’est aussi ce genre de connivence entre artistes que j’essaie de développer dans « Autre pareil ». Un artiste répond à un autre avec un dessin. Quand j’ai choisi quatre dessins de Rancillac, je pensais aux quatre gravures de Hogarth : The Four Stages of Cruaulty. Hogarth a fait ces gravures pour éduquer le peuple anglais. Quand on les regarde, on a plus envie d’y voir le délire d’un malade mental. C’est comme chez Bosch. La fantaisie, les évocations sexuelles ne sont présentes dans ses tableaux qu’en raison de sa bigoterie et de celle de ses commanditaires. Le but était de frapper les esprits, de leur faire peur et de les détourner de tous ces péchés. C’est à peine croyable. On revient de loin et tout cela pourrait bien revenir. Le pire est toujours à venir…
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130 Christine Deknuydt, Sans titre, 1999, transfert de carbone sur papier, 20,7 x 25Â cm, LAAC.
131 Christine Deknuydt, La Surface capable de l’éléphant, 1999, crayon graphite, gouache et huile sur papier, 19,8 x 14,8 cm, LAAC.
132 Haut : Bernard Rancillac, Jeux de dames, carnet no 5, 1963, crayons de couleur sur papier, 35 x 35,5 cm, LAAC. Bas : Bernard Rancillac, Botte à bite, carnet no 5, 1963, crayons de couleur sur papier, 35 x 35,5 cm, LAAC.
133 Paul van der Eerden, Salut, le géant vert ?, 1998, crayons de couleur sur papier, 32 x 31 cm, collection particulière, Paris.
134 Haut : Béatrice Cussol, Numéro 290, 2002, aquarelle sur papier, 60 x 50 cm, collection Elina Löwensohn, Paris. Bas : Paul van der Eerden, Variation on a Theme, 2007, crayon sur papier, 30 x 21 cm, collection Elina Löwensohn, Paris.