TISSAGE URBAIN Entre tradition et modernitĂŠ : le marchĂŠ urbain dakarois
Marina Ezzedine
MARINA EZZEDINE
TISSAGE URBAIN Comment repenser l’espace marchand dakarois en s’adaptant aux enjeux de la métropole Africaine du XXI siècle?
Membres du Jury
Lina Ghotmeh : Directeur de diplôme Architecte - DGT Architects / Enseignante ESA
Marlène Ghorayeb : Enseignant ESA Architecte/Urbaniste/ Enseignante ESA - SHS et Urbanisme
Nabil Beyhum : Enseignant d’école d’architecture Sociologue / Enseignant Paris Val-de-Seine
Romarick Atoke : Personnalité extérieure Architecte D.E / Président fondateur de l’association AFRIKArchi
Abraham Capo : Personnalité extérieure
Architecte / Expert consultant état national - Banque Africaine de Developpement
Sophia Imbert : Architecte DESA Architecte
Samuel Lumbroso : Architecte DESA Architecte
Remerciements
Je remercie Lina Ghotmeh, ma directrice de diplôme, pour sa reflexion, sa méthodologie et le recul qu’elle m’a permis de prendre à plusieurs reprise. Ainsi que Marlène Ghoyeb pour sa présence, son soutien et ses précieux conseils. Je remercie l’ensemble de mon jury pour leurs recommandations, l’interêt porté à mes recherches et à la concrétisation du projet d’architecture, enrichi par leurs propositions. Merci à ma famille, mes amis pour leur soutien moral et intellectuel tout au long de ma démarche et qui ont contribué à la réussite de ces cinq formidables années à l’Ecole Spéciale d’Architecture.
Table des matières
Avant-propos
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Introduction / Les dimensions du phénomène de marché urbain
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PARTIE I / MARCHÉ DU MONDE De l’Antiquité au monde moderne
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Morphologies d’Orient ou d’Occident
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Le marché traditionel africain, un haut lieu de société
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PARTIE II / DAKAR ET SON ESPACE MARCHAND Du colonial à l’international
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Analyse architecturale et spatiale de 3 marchés dakarois
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L’espace public dakarois
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PARTIE III / FACE A LA MER Analyse du littoral dakarois Architecture et paysage
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Une architecture héritée des techniques climatiques coloniales
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PARTIE IV/ LE MARCHÉ ARTISANAL DE LA BAIE DE SOUMBEDOUNE Identité du site : analyse et composition de la Médina
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Entre pêcheurs et artisans : un haut lieu de tradition
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La modernité réinterprétée par la tradition : le projet Conclusion / Entre tradition et modernité
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Bibliographie
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Avant-propos
Les marchés urbains dakarois sont nés en même temps que la ville et avec la colonisation ; ce sont des lieux chargés d’histoire. Alors que la ville elle même se développe au fur et à mesure des progrès techniques (bétonnage, climatisation), le marché reste le lieu pittoresque qu’il à toujours été, sans qu’il soit imaginable de l’adapter à son temps. L’explosion démographique connue depuis trois décennies dans les villes africaines, liée à un faible niveau de création d’emplois, a conduit à approfondir, sous le vocable de « secteur informel » ou « non-structuré », les modes de production ou de consommation. Ces activités occupent une place très importante dans l’économie du pays, pourtant, leur architecture est quelques peu délaissée. Il m’a semblé intéressant d’étudier la problématique des équipements marchands africains, et plus précisément ceux de la ville Dakaroise. Comment repenser l’espace marchand dakarois en s’adaptant aux enjeux de la métropole Africaine du XXIe siècle? Ce mémoire tentera d’aborder les questions nécessaires à la réalisation d’un équipement marchand. Intitulé «tissage urbain» mon étude s’établira sur trois échelles différentes : le tissage du marché dans la ville, le tissage de l’équipement marchand dans son site et enfin le tissage de l’artisan dans son atelier.
LES DIMENSIONS DU PHÉNOMÈNE DU MARCHÉ URBAIN Introduction
«
Cette vision poétique, et pourtant bien réelle des marchés, nous l’avons tous en tête. Car un marché, bien plus qu’un espace commerçant, est un lieu de vie. Un moment de découverte, de rencontres, de flânerie, de sourires, de senteurs et de couleurs. Gérard BORRAS
»
Livre Blanc, Les halles et marché. CCI de Montpellier
Le marché a toujours eu un rôle civilisateur, apportant différentes cultures, savoirs et techniques ; son but étant d’élargir le cercle trop étroit des échanges. Née à l’Antiquité aux abords de la Mésopotamie, il se répend rapidement autour de la mer méditerranée pour regagner le monde. Depuis ses origines, il a toujours été au cœur des aménagements urbains, animateurs des espaces publics et des quartiers. De nos jours, il est dans la ville et dans la vie, concerne et touche le citadin et le citoyen. Il représente la forme de distribution la plus efficace et peut être considéré comme un véritable moteur de structuration urbaine. Parce qu’ils ont su, à la fois garder, leur caractère pittoresque et se moderniser, les marchés sont aujourd’hui des atouts économiques considérables pour les villes. Cependant, en fonction des pays, des villes, des régions dans lesquels ils se trouvent, ils ont tous une identité différente. Dans les villes d’Afrique intertropicale, les marchés sont des équipements nécessaires, voir naturels. Lorsqu’un quartier nait, on peut en déduire qu’un marché sera ensuite formé. Ainsi, aussitôt implanté, le processus d’urbanisation s’enclenche. On constate une convergence d’activités vers le point structurant créé. Les activités, dès lors, se déplacent, s’intensifient et se durcissent au fil des ans. Ce sont les équipements collectifs de première importance les mieux reçus, les mieux connus et les plus pratiqués par les citadins africains.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
A l’époque coloniale, les grands marchés d’Afrique étaient implantés dans la partie la plus ancienne de la ville. A Dakar, capitale du Sénégal, les premiers édifices construits sont centrés sur le marché Kermel, la gare, et orientés vers le port, le tout formant le centre historique de la ville. Kermel est un lieu de rencontres et d’échanges culturels entre les amateurs d’art, d’artisanat et de divers produits. Il est constitué d’une grande et belle bâtisse en forme de dôme. Avec ses grilles vertes et ses coupoles de tons orangers, le bâtiment fait penser à quelques sanctuaires, relique de la civilisation arabo-musulmane. Quand on y entre, il s’agit bel et bien d’un marché avec tout le désordre qui caractérise un tel lieu et les va-et-vient des habitués, vendeurs et clients. D’autre part, le marché Sandaga, situé entre la ville européenne et la ville libanaise, devait contribuer à l’embellissement de la ville impériale. Ces marchés jouaient un rôle fondamental au sein la ville, et des bâtiments étaient spécialement conçus et édifiés pour les accueillir. Aujourd’hui, ces marchés reflètent à bien des égards le nouveau visage de la capitale sénégalaise. Le stationnement anarchique des véhicules et l’étalement des marchands dans les rues avoisinantes, altèrent quelque peu la beauté historique du marché. Ces marchés anciens ont été, sous l’effet de la croissance urbaine, progressivement supplantés par de nouveaux marchés informels qui se sont développés progressivement à l’écart du centre ville et sans réglementation particulière, dans des espaces n’étant pas conçus pour accueillir de tels équipements. Par ailleurs, certains vendeurs n’ayant pas les moyens de s’offrir une place au sein de ces marchés, s’approprient la rue comme étant un espace commercial. Les trottoirs accueillent les étals et les passants utilisent la route, qu’ils ont à partager avec les voitures ; une cohabitation obligée entre deux modes de transports très différents. Les vendeurs occupent plus que le trottoir, ils débordent même sur la voirie. Ils utilisent la bordure du trottoir comme limite à leur implantation. Enfin, on trouve aussi de nombreux vendeurs ambulants se déambulant au sein des artères de la ville. Pour désencombrer les rues de la capitale sénégalaise, et mettre fin aux occupations anarchiques et illégales de l’espace public, le maire de Dakar a lancé une politique de déguerpissement. Depuis 2012, et à la demande de l’État, ces vendeurs sont chassés de leurs lieux de vente quotidien qu’est la rue.
INTRODUCTION
Ils ont tous été éradiqués à l’intérieur de modestes entrepôts et tentes, occupants les dents creuses de la ville. Ces lieux souvent « cachés », n’étant pas adaptés au programme qu’ils accueillent, n’attirent guère les touristes et les populations locales. Les espaces mis à la disposition des marchands ne sont souvent pas adaptés aux types de produits vendus. Les fils tendus pour l’exposition des produits troublent la vue de ces lieux. La circulation à l’intérieur de ces structures reste très difficile, voir impossible ; l’acheteur doit se créer un parcours en évitant les étals de toute part. Ce « parcours de l’impossible » ne reflète guerre l’agréable image du marché et rend son entretien difficile. Les marchands, au départ satisfaits d’avoir un abri couvert où ranger leurs produits, se plaignent aujourd’hui des espaces non praticables de ces marchés, l’architecture des lieux n’étant pas pensée en fonction du programme des équipements marchands.
La question des équipements marchands est au cœur de la problématique de la ville en Afrique subsaharienne depuis plusieurs décennies. Pourtant, ces équipements souvent dotés d’une forte valeur symbolique remplissent une fonction économique et sociale irremplaçable.
Comment repenser l’espace marchand dakarois en s’adaptant aux enjeux de la métropole Africaine du XXIe siècle?
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MARCHÉS DU MONDE Partie I
Depuis ses origines, le marché a toujours été au cœur des aménagements urbains, animateurs des espaces publics. Cependant en fonction des pays, des villes, des régions dans lesquels ils se trouvent, les marchés du monde ont tous une identité particulière. DE L’ANTIQUITÉ AU MONDE MODERNE Chapitre 1
L’apparition des premiers marchés remonte à l’Antiquité, lorsque la ville, elle même apparait en Mésopotamie au cours de la seconde moitié du IVe millénaire. La ville dès lors occupe une place privilégiée dans l’esprit des anciens Mésopotamiens et regroupe le centre politique, religieux et économique de la cité. Le marché constitue le principal espace commercial. Il est considéré comme le pôle urbain de la cité et il est essentiel au développement de la ville. Dans la Grèce antique, l’agora désigne le lieu de rassemblement, le marché de la cité. Les capéloï en sont les commerçants. C’est le véritable cœur social, économique, juridique et religieux de la ville. C’est une place publique où l’on se rend pour acheter ce qui est nécessaire à la vie; c’est aussi le lieu de réunion où tous les citoyens d’une même ville se donnent rendez-vous pour s’entretenir des affaires de la cité ainsi que de leurs propres affaires. L’agora est délimitée par des équipements culturels, sportifs, de loisirs, de culte et commerciaux (marchés, magasins), qui se côtoient harmonieusement.
Agora Grecque Antique Source : 25 halles de marché, Maillard Carol
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
À Rome, le forum occupe le centre de la cité. Sur cette place publique conçue symétriquement, à côté des termes et du temple sont édifiés plusieurs marchés accompagnés de magasins de stockage. Le marché Trajan, construit au début du IIe siècle, s’étale sur deux étages et dispose d’un gigantesque portique au rez-de-chaussée sur lequel sont construites des boutiques de denrées diverses. Cet ensemble de 150 échoppes dispose d’une très grande diversité de produits : de la soie, des herbes, des fruits, de la viande, des poissons ; si bien que les corporations commerciales ont laissé leurs traces sur les plaques de bons nombres de rue dans le quartiers : rue du Commerce, rue des boeufs, rue des Marchands-d’Onguents, rue des Commerçants-en-Blé…
Marché Trajan, Rome 110 après J-C
1 : portique, 2 : Appartements, 3 : Escaliers, 4: Escaliers, 5: Rue, 6 :Entrée Source : http://www.dartmouth.edu
DE L’ANTIQUITÉ AU MONDE MODERNE
Place du marché, Pompéi Italie du Sud 1er siècle Source : 25 halles de marché, Maillard Carol
1 : marché 2 : forum 3 : temple 4 : trésor public
À l’époque médiévale, on assiste à une révolution commerciale liée à l’essor démographique. L’apparition des équipements de communication (ports maritimes, routes commerciales, voies de communication) entraine l’apparition de nouveaux quartiers de boutiques et de marchés qui assurent le transit des marchandises. Dès le XIVe siècle, des espaces spécifiques sont réservés aux marchés, lieux de rencontre, d’échanges et de brassage de populations différentes. La halle tient le rôle primordial de « cathédrale commerciale ». Son architecture spectaculaire, composée de poteaux et d’une charpente en bois très élaborée, inspirée de la grange rurale perdure encore jusqu’aujourd’hui. Dans les nouvelles villes érigées entre le XIIe et le XIVe siècle, la halle occupe la place principale et représente symboliquement le pouvoir économique et social de la cité. À l’époque classique, la halle de marché est conçue comme une œuvre monumentale dotée d’une architecture sophistiquée et fortement symbolique inspirée des temples antiques. La nécessité de clore l’édifice apparait, ainsi que la volonté de contrôler l’éclairage et la ventilation. L’architecte Camus de Mézières conçois la halle au blé de Paris ; cet édifice de forme ronde servira de modèle pendant tout le siècle. D’autre part, par souci d’économie, les mairies cherchent à associer la halle à un autre équipement public. Il en résulte une architecture monumentale, au symbolisme très affirmée, se développant sur deux ou trois niveaux.
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Au milieu du XIXe siècle, la découverte révolutionnaire de la fonte, puis du fer, partout en Europe, donne lieu à une explosion de halles à ossature métallique. Il s’en suit la création, en France, d’une quarantaine de halles métalliques, entre 1860 et 1880, aux façades composées suivant des axes symétriques et des rapports d’harmonie accrochant « l’idéal proportion ». La plus connue et la plus insolite demeure la gigantesque halle réalisée par Victor Baltard, au centre de Paris en 1866. Elle est devenue, malgré sa démolition, une référence, dont se sont inspirés, comme le marché Kermel, de nombreux édifices publics mondiaux. 1
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1 : Ancienne halle métallique d’Auxerre 2 : Halle au Blé de Camus Mézière, Paris 3 : Halles centrales de Paris de Victor Baltard Source : http://memoiresdupatrimoine.org
Implantation urbaine et morphologie Quelque soit son année de création, l’implantation urbaine du marché illustre bien la place prépondérante qu’il détient au sein du quartier, de la ville. Souvent situé non loin d’autres équipements publics, il s’intègre au tissu urbain soit en s’accolant soit en faisant face, ou alors en s’imbriquant aux autres bâtiments. De ses différentes implantations, il résulte des compositions urbaines cohérentes et riches. Le marché peut occuper un îlot, une place, une bordure d’axe de circulation ; il peut également être glissé sous un autre bâtiment. Parfois, certains marchés constituent
DE L’ANTIQUITÉ AU MONDE MODERNE
des « signaux » dans le tissu urbain, tandis que d’autres s’intègrent parfaitement aux bâtiments existants. La morphologie des marchés s’adapte avant tout aux espaces urbains alentours ; leur architecture résulte souvent de leur époque.
Halle d’Auvillar, 1824
Halle de Sens, 1884
Halle de Trauve, 1824
Halle de Mazères, 1850
Halle de Riom, 1795
Halle de Lempdes-surAllagnon, 1936
Halle d’Antibes, 1929
Halle de Lauragais, 1840
Halle deGivry, 1830
Analyse du tissu urbain autour de différents marchés Source : 25 halles de marché, Maillard Carol
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MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT Chapitre 2
De nos jours, le marché continue à jouer un rôle attractif essentiel dans la vie quotidienne. C’est un pôle d’animation irremplaçable, un monde unique d’ambiances, de sensations, de parfums, de bruits et de couleurs, mais aussi un lieu d’évènements conviviaux. Cependant, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, ils ont tous une architecture différente.
Le marché d’Alep, Syrie Alep abrite des marchés exceptionnels, les plus grands et les plus beaux du Moyen Orient. Le souk couvert de la Medina est le plus grand marché couvert du monde. S’étendant sur 10 km, il forme un vaste labyrinthe de ruelles voûtées. Dans ce souk du XVe siècle, s’amassent des milliers d’articles provenant de toute l’Asie : de la soie d’Iran aux épices des Indes. Autre fois, la ville-souk représentait l’ensemble de l’économie de la cité et les échanges quelques soit leur nature, s’opéraient dans le marché. Ce dernier pouvait être considéré comme une expression spatiale de l’organisation économique de la société. La matière urbaine s’est progressivement modelée aux alentour du marché et les principaux axes de circulation y donnaient accès. Aujourd’hui, même si les technologies et les réseaux de communications ont changés, le marché reste l’élément central de la cité et centralise encore une part importante des activités de la ville. Les boutiques du souk d’Alep ne se contentent pas de vendre leurs produits, elles possèdent aussi leurs écoles d’artisanat où l’on enseigne à travailler les différents matériaux selon des méthodes utilisées depuis des siècles.
MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT
Le marché d’Alep, Syrie XIVe siècle http://design.epfl.ch/organicites
Son architecture faite d’un vieux réseau d’allées cintrées en pierres pavées et de façades sculptées dans du bois, reste la principale attraction de la ville. Depuis les sept portes d’Alep, s’élabore une trame urbaine qui empreinte au cadre hellénistique1. Le marché d’Alep se développe sur l’artère rectiligne qui mène de la porte d’Antioche au pied de la citadelle. En 2012, la citadelle, joyau de l’architecture militaire islamique du Moyen Âge, est touchée par des tirs opposants l’armée syrienne et les rebelles. une grande partie du souk est détruit par les incendies et les bombardements lors des combats.
Les ruelles étroites du marché La citadelle d’Alep source : focusonsyria.org _______________________________________________________________ 1
désigne la civilisation grecque de l’empire conquis par Alexandre
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Tsukiji, marché aux poissons de Tokyo Le marché de l’arrondissement de Chuo à Tokyo est connu pour être le plus grand marché aux poissons au monde : tous les jours, près de 3 000 tonnes de poissons sont déversés sur ses étals. Le ballet infernal des camions venant débarquer poissons et crustacés se mêle aux cris des mareyeurs en quête d’acheteurs et au brouhaha des visiteurs. Près de 450 espèces de poissons venus du monde entier sont vendus en gros ou au détail par 1 500 commerçants. Le site accueille de grandes surfaces dédiées aux lieux de vente, aux espaces de stockage, aux bureaux, aux commerces, et au parking. L’architecture du lieu faite d’immenses hangars et entrepôts a été réalisée de manière uniquement fonctionnelle en laissant de côté, le fort caractère conceptuel du marché. L’emprise actuelle des différentes zones de vente ne favorise ni la circulation automobile, ni la circulation piétonne. Le site manque d’espace de stockage et offre une médiocre façade à la ville. Comme les Halles de Paris , le marché aux poissons Tsukiji de Tokyo, va bientôt quitter le coeur de la capitale pour s’installer dans des locaux plus fonctionnels mais sans doute moins pittoresques. Malgré la nostalgie des uns et l’opposition des autres, la municipalité est bien décidée à faire déménager Tsukiji en mars 2016.
NIHONBASHI
TSUKIJI
TOYOSU
Les marchés de la capitale japonaise
MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT
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Marché au poisson, Tsukiji, Japon
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1 : marché 2 : espace pour les acheteurs 3 : bureaux 4 : Restaurants 5 : Rangements 6 : Stockage produits 7 : Marché de fruits et légumes 8 : Marché extérieur source : http://japonpratique.com
Le marché de Santa Caterina de Barcelone En 2005 s’achevaient les travaux de modernisation du premier marché couvert de Barcelone. L’ancien marché d’alimentation de Santa Caterina présente, après le remodelage effectué par l’équipe d’architectes d’Enric Miralles et Benedetta Tagliabue, une toiture brillante, ondulante et colorée, conçue pour être vue depuis le haut. Une structure de bois unit la couverture, et une grande mosaïque de pièces de céramique de diverses couleurs, représentant des fruits et des légumes, rompt audacieusement le caractère traditionnel du marché. Celui-ci se caractérise depuis toujours, cependant, par une claire volonté innovatrice. La construction de cet ouvrage est aussi un clin d’oeil à l’architecte moderniste Gaudi oú l’on souligne la mise en valeur des éléments de la nature. Le marché de Santa Caterina, a été construit en 1845 pour approvisionner les masses populaires du quartier, son bâtiment, spacieux et moderne pour l’époque, a été construit sur l’emplacement auparavant occupé par le couvent de Santa Caterina, dont il a conservé le nom. Au cours de l’après-guerre, le marché de Santa Caterina est devenu le centre d’approvisionnement de la population des villes qui entourent Barcelone ; des gens de Sant Adrià, de Santa Coloma ou de Mataró descendaient en effet à ce marché, en tramway, pour y faire leurs courses pendant les périodes de privations. De nos jours, s’y approvisionner vaut encore la peine: la modernité nous accueille dès l’extérieur et elle nous fait pénétrer, à l’intérieur, dans un marché traditionnel avec ses commerces d’alimentation et ses restaurants connus par la qualité de leurs produits.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le marché de Santa Caterina
La Ribera, Barcelone
Le concept architectural du bâtiment illustre assez bien le dynamisme de Barcelone et la manière dont la ville a été conçue. La particularité du projet repose dans ce que les architectes appellent « spongeing (l’éponge) », ou, la ville se crée par nos propres parcours, nos lieux de travail, de vie et de loisirs. Elle grandit, se rétrécit, s’adapte à elle-même comme une éponge possédant des milliers de cellules et de cavités ; sans jamais perdre sa forme initiale. Pour Miralles et Taglibue, il n’y a pas de différence entre l’ancien et le nouveau à Barcelone ; tout ce confond et la ville nait de cela. Ce concept est assez bien illustré dans le projet par la conservation de l’ancienne façade du marché Santa Caterina. Leur récente intervention vient créer une symbiose entre deux éléments constructifs très différents mais qui se complètent totalement ; le but majeur étant de créer un bâtiment reflétant le dynamisme de la ville. La façade qui caractérise au mieux ce projet est bien son toit, avec le petit inconvénient de n’être pas perceptible depuis l’extérieur. La structure se forme par une série de voûtes en bois, certaines sont articulées d’autres bi-articulées. Elles sont maintenues en place par des poutres d’acier de différentes tailles allant dans plusieurs directions. Ces poutres d’acier, sont à leur tour supportées par une structure de poteaux et poutres en béton. Ce nouveau toit consiste en 325.000 pièces de céramique de plus de 60 couleurs différentes représentant les couleurs des fruits et légumes vendus à l’intérieur.
MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT
Façade principale, Santa Caterina,Barcelone http://thearchie.com
Le marché de Santa Caterina, Barcelone plan R+3 http://thearchie.com
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Market Square Cover Competition Entry
source : http://www.archdaily.com
Réalisé pour la compétition internationale « the market square cover » à Casablanca, le tapis volant est l’interprétation architecturale de Michael Labory et Bertrand Schippan. Une étude précise du site a prouvé qu’il n’y avait pas assez d’espace pour accueillir tous les équipements nécessaires au marché : kiosques, services d’information, café, toilettes…Ainsi, cette architecture durable et modulable à pour objectif de disposer les équipements marchands de manière la plus fonctionnelle. Ces derniers sont donc placés sur le pourtour du site de sorte à maximiser l’espace intérieur du marché. L’authenticité du marché de l’Est est ici mise en évidence par des moucharabiehs qui viennent texturer la façade. Pour protéger les clients, les denrées alimentaires de la pluie et du soleil, l’ensemble du marché a été surmonté s’une structure de manière à créer une ambiance chaleureuse et accueillante. Cependant, les côtés du marché restent ouverts afin d’assurer l’accessibilité maximale, la visibilité des produits et de bénéficier de la ventilation naturelle transversale. D’autre part, cette toiture offre un potentiel de fonctions supplémentaires ; prenant la forme « pixellisée » du tapis arabe, où chaque pixel représente une boite de rangement de 1x1x1,5 mètre. Les pixel-boîtes peuvent être ajustées à différents niveaux devenant ainsi des vitrines mobiles. Les couleurs des différentes boites ont été choisies en s’inspirant du tapis arabe traditionnel. En fonction de leur couleur, les pixels-boîtes qui constituent le tapis possèdent des fonctions différentes : cellules solaires photovoltaïques, collecte d’eau, vitrines mobiles, conteneurs de stockage.
MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT
Concept architectural
source : http://www.archdaily.com
L’ensemble de la toiture est soutenu par dix colonnes hydrauliques servant également de collecteurs d’eau. Grâce à sa structure, la couverture du marché est très flexible et propose un tout nouveau paysage: elle peut être relevée dans la matinée pour couvrir la place, ou peut être transformée en Khaimah pour les fêtes. La nuit tombée, elle peut se déguiser comme abri de théâtre. La multifonctionnalité du bâtiment et la transformation de l’espace rendent le conte de fée réel.
Système de toiture hybride 1 2
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1 : Collecteur d’eau 2 : pixel-Box 3 : Ouverture 4 : Colone hydrolique 5 : Vitrine mobile
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Système de toiture hybride, Coupe source : http://www.archdaily.com
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Market Cover, Casablaca
Souk d’Alep
Marché Santa Caterina de Barcelone
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Marché au poisson Tsukiji, Tokyo 100 m
Analyse du tissu urbain autour des quatre marchés
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
15 m Souk d’Alep
20 m Marché Santa Caterina de Barcelone
100 m Marché au poisson Tsukiji, Tokyo
20 m Market Cover Competition Casablanca
Diagramme des espaces en plan des différents marchés
MORPHOLOGIES D’ORIENT OU D’OCCIDENT
Souk d’Alep
Marché au poisson Tsukiji, Tokyo
Marché Santa Caterina de Barcelone
Market Square Cover Competition Casablanca
20 m Analyse spatiale en coupe des différents marchés
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LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ Chapitre 3
Qu’est-ce qu’un marché ? Quel est son rôle territorial, économique et social? Le marché peut-être considéré principalement en tant qu’équipement public au sens physique du terme : un espace idéalement clos, en tout cas délimité, à l’intérieur duquel les commerçants peuvent exercer leurs activités, sous contrôle de l’administration et dans un cadre réglementaire. Il est encore l’endroit où s’approvisionne la très grande majorité de la population urbaine aussi bien pour le manufacturé, le vivrier que pour les grands produits de base de première nécessité. En terme d’équipement physique le marché peut-être représenté par un terrain, un bâtiment, une halle, une clôture ou quelques équipements périphériques dispersés. Dans les villes d’Afrique intertropicale, les marchés sont des équipements nécessaires voir naturels. Leur fonction première est liée au ravitaillement de la ville en produits vivriers ou manufacturés. Les marchés sont depuis toujours au cœur des échanges ville-campagne et possèdent une fonction économique indispensable. C’est le lieu par excellence de la circulation et de la consommation des produits ; ainsi, ils constituent la principale source de rentrée financière de l’Etat. L’État a besoin d’argent pour faire « fonctionner » la ville africaine, et c’est donc sur les taxes des marchés que les collectivités locales peuvent tirer leurs ressources pour ensuite développer d’autres équipements urbains. D’autre part, ils constituent plus grands réservoirs d’emplois des cités. On sait combien pendant les périodes d’ajustement structurel et les réductions des personnels de statut public, les marchés ont joué un rôle d’amortisseur de la crise. Par sa capacité d’ac-
LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ
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Identité Site
Pays
Spécificité Vivrier
Manufacturé
ESPACE MARCHÉ
Population Marchands
TYPE MARCHÉ
Temporalité Cycle
Permanent
Fonction Culturelle
Ville
Clients
sociale
économique
Echelle
Quartier
Zone
Caractéristique du marché africain -cueil des petites activités, formelles et informelles, créées par les sans-emplois, le marché a pu être qualifié de « filet de sécurité », en référence aux dispositifs de protection sociale de certains pays européens.2 Outre son rôle économique, le marché a aussi une forte fonction sociale. C’est un lieu ouvert à tous, qui donne à chaque individu, la possibilité de nouer les contacts les plus divers avec les autres membres de la communauté. Jeunes ou vieux, femmes ou hommes, enfants ou adultes ont leur place au marché. C’est donc surtout un espace de communication intense où l’on peut se rendre sans avoir quoi que ce soit à acheter ou à vendre. C’est un véritable carrefour culturel d’échanges. ______________________________________________________________ 2
Pierre-Alain Pacaud, « Rénover les marchés urbains », 2000, P3.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le rôle du marché dans la structuration de l’espace urbanisé L’importance qu’on pris les réseaux de marchés dans la ville confrontée à une croissance rapide et dans un contexte économique dégradé en ont fait progressivement un élément structurant de l’ensemble des dynamiques urbaines. L’existence des marchés conditionne toute la vie des cités. Leur apparition provoque et favorise les processus d’urbanisation. Ceux-ci sont habituellement chronologiques. Tout d’abord, pour une raison ou une autre, de nouveaux habitants s’installent dans un quartier. À partir d’un certain seuil de densité et d’une distance d’un point marchand voisin assez éloignée, les pressions démographiques deviennent telles que la création d’un marché s’impose. Aussitôt implanté, le processus d’urbanisation s’enclenche. On constate une convergence d’activités vers le point structurant crée. Les activités, dès lors, se déplacent, s’intensifient et se durcissent au fil des ans. C’est le premier équipement collectif nécessaire et même indispensable. Les marchés sont les équipements publics les mieux reçus, les mieux connus et les plus pratiqués par les citadins africains. Infrastructures routières aux alentours des marchés de Dakar
5 km
Si la structuration de l’espace urbain s’avère être largement le produit de la structuration des activités marchandes, ils finissent par avoir des effets négatifs sur le fonctionnement de la ville. Ils sont à l’origine des phénomènes de concentration, qui au-delà d’un seuil, engendre une série de dysfonctionnements urbains coûteux pour la collectivité. Par exemple, l’accumulation des vendeurs autour des marchés centraux, ou encore, le développement de marchés informels sur l’espace public de la ville. Il faut aussi noté que l’émergence d’un marché engendre la naissance d’un grand nombre de flux de circulation, nécessitant de bonnes infrastructures routières, en général couteuse pour l’Etat.
LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ
Typologie et distribution spatiale des marchés Dans les villes africaines contemporaines, on peut schématiquement classer les marchés en trois grands groupes : les marchés centraux, les marchés de quartier et les marchés de zone. Leur distribution a une signification sociale et fonctionnelle. Les « marchés centraux », souvent d’origine coloniale et de taille plutôt réduite sont situés dans le cœur commercial des cités. Généralement implantés à la suite d’une décision municipale, leur emprise a été circonscrite par les urbanistes dès leur création. Ils se caractérisent généralement par un certain niveau d’équipements (halle, hangars, stalles, latrine) et bénéficient de prestations de la mairie en matière d’entretien et de nettoyage. Ils sont structurés, organisés et constituent des équipements impérativement nécessaires dont l’usage est fondamentalement populaire, moral et vital. Ces grands marchés sont des centres primaires de distribution et rayonnent sur la totalité de la ville. Ils s’exercent à l’échelle régionale, nationale, voire internationale. Les « marchés de quartier » sont des équipements de proximité assurant essentiellement l’approvisionnement alimentaire des habitants. Souvent précaires, ils désignent le regroupement d’étals et boutiques de proximité, dont le rayonnement ne dépasse pas le quartier. Généralement situés aux abords des gares routières, ils occupent les rues de la ville et sont aussi ouverts la nuit. Il faut noter que la saturation de nombreux marchés centraux et la prolifération des vendeurs à la sauvette sont certainement le signe de l’insuffisance de place de marché de certains quartiers. D’autre part, le gonflement du nombre de vendeurs ambulants est à mettre en rapport avec la situation économique générale médiocre. Les « marchés de zone » se sont développés de façon quasi spontanée sur de vastes terrains généralement éloignés du centre de la cité. Ils sont alors tolérés, maintenus, puis reconnus. Il regroupe un grand nombre de commerçants avec une gamme étendue de produits au détail, et en gros. Le bâti très hétéroclite va de la boutique bien construite à la baraque misérable. Ces marchés rayonnent souvent à l’échelle du pays voir de la sous région. Quelque soit le type de marché, leur emplacement au sein de la ville, et leur statut municipale (organisés ou spontanés) on remarque une adéquation totale entre l’équipement et le besoin. On peut dire que le nombre de points de vente des marchés, leur
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
hiérarchie, leur distribution, et le rythme d’activité journalier sont étroitement ajustés à la demande des utilisateurs.
3 km
Marché central Marché de zone Marché de quartier
Typologie des marchés de Dakar
Fonctionnement des circuits d’approvisionnements L’approvisionnement des citadins des villes subsahariennes est assuré conjointement par des circuits marchands et non-marchands. L’expression « non-marchands » fait référence aux diverses formes de l’auto-approvisionnement (autoproduction et échange intrafamiliaux). L’existence d’activités agricoles urbaines dans les capitales africaines permet à un certain nombre de ménages, touchés par la crise, de s’approvisionner eux-mêmes en cultivant les produits vivriers nécessaires à leurs besoins. D’autre part, les « circuits marchands » fournissent l’essentiel de l’approvisionnement des marchés urbains. Ils ont la capacité d’assurer l’approvisionnement des grandes métropoles, et ce, même dans les conditions les plus difficiles. Ils s’adaptent en permanence au changement de la demande alimentaire urbaine et en retour provoquent nombre de mutations dans les systèmes de production agricole. On distingue les circuits directs dans lesquels le producteur vend directement au consommateur, des circuits indirects qui font intervenir un nombre plus ou moins grand d’intermédiaires :
LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ
° La commercialisation directe du producteur au consommateur est un fait encore observé sur les marchés de toute ville africaine. Le rôle et l’importance de ce circuit varie fortement selon les produits, les saisons culturales, les types de marchés urbains, et le niveau de développement de la fonction commerciale dans le pays. ° Les circuits indirects jouent un rôle primordial dans l’approvisionnement urbain d’aujourd’hui. La plupart du temps, ils sont assurés par des filières privées de commercialisation. Leur rôle est d’approvisionner les villes grâce à des flux organisés et en s’adaptant en permanence au changement de la demande urbaine. Ces grossistes doivent effectuer plusieurs opérations : prospection, achat, groupage des produits, collecte, expédition, transport et mise sur le marché. Ces opérations peuvent être assurées par des agents différents, relativement spécialisés, ou par un seul et même agent, seule la fonction transport étant alors remplie par un intervenant spécialisé. De plus, on trouve parfois des marchés d’approvisionnement et de redistribution. Ils peuvent alors fonctionner comme marchés de gros au marchés de détails. Ils sont souvent situés à des points géographiques stratégiques, sur les principaux des axes routiers ou à proximité des gares routières ou ferroviaires. La coexistence de ces différents types de circuits et de réseaux sans que l’on puisse toujours saisir avec précision leurs articulations dans le temps et l’espace, sont souvent à l’origine de nombreuses concurrences.
Collage : Le circuit/marché
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CIRCUIT NON - MARCHAND
Production agricole + Transformation
Consommation
CIRCUIT MARCHAND DIRECT
INDIRECT
Vente
Collecte + Emballage + Triage
Consomation Transport
Schéma de la chaîne de commercialisation de Dakar Vente
Consommation
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Organisation spatiale du marché La connaissance des modes d’organisation spatiale est utile à la bonne appréhension des mécanismes de fonctionnement commercial. L’analyse des modalités de ventes, des processus et de l’occupation du sol est fondamentale pour établir de nouvelles stratégies d’intervention. Il va de soi d’affirmer que chaque équipement marchand dispose de sa propre organisation spatiale, ainsi cette analyse prendra en compte les généralités spatiales souvent observées dans les marchés. Tout d’abord, l’occupation des sols est une importante caractéristique à prendre en compte. Les commerçants peuvent exercer leurs activités au sein d’un marché délimité par un périmètre officiel, ou, s’installer sur la zone commerciale dont le marché en question a souvent suscité la création. La limite entre ces deux « zones » de vente, est souvent difficile à fixer, dans la mesure où le processus d’extension s’effectue de manière permanente. On assiste alors à l’occupation du domaine public mais aussi la transformation du tissu urbain de propriété privée : ° L’occupation du domaine public met en avant l’installation des commerçants sur l’emprise des voies, des rues et avenues limitrophes, par la vente ambulante. Souvent ces vendeurs sans-abri sont amenés à construire des auvents et des petites boutiques en transformant le bâti riverain. ° La transformation du tissu urbain de propriété privée s’effectue progressivement par le remplacement de l’habitat par des activités de stockage et des îlots à fonction commerciale.
Voies occupées
Commerces
Etalement du marché Kermel, Dakar
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Par ailleurs, les densités de marchands sont évidemment variables d’un équipement à l’autre. On dénombre souvent le nombre de commerçants dans le marché officiel (points de vente à l’intérieur du périmètre construit), le marché réel (marché officiel plus tous les vendeurs autour du marché) et le marché élargi (marché réel plus installations commerciales dans le tissu urbain des rues adjacentes). Les limites du marché Kermel, Dakar
Marché officiel
Marché réel
Marché élargi
LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ
Fonctionement politique et privatisation des équipements publics Depuis la dernière réforme de décentralisation (1996), Dakar compte 19 communes d’arrondissement dotées de personnalités morales et d’autonomie financière. Elles ont pour devoir de faire fonctionner tout équipement public de l’arrondissement (scolaire, sanitaire,…) mais aussi d’entretenir les et gérer les marchés de quartier en attribuant les cantines les places. Dans ce contexte, elles sont habilitées à gérer les 28 marchés de quartier de Dakar. Les taxes de droit de place sur les marchés et les taxes de stationnement, sont à l’origine des ressources financières attribuées à chaque commune d’arrondissement. Cependant on remarque de fortes disparités entre les différentes communes en lien avec le nombre d’équipements marchands très variable d’une commune à l’autre. En revanche, la gestion des six grands marchés centraux (Sandaga, HLM, Castors, Gueule-Tapée, Colobane, Kermel), relève de la compétence de la ville de Dakar au grand désarroi des conseils municipaux d’arrondissement, qui entendaient, au travers de la collecte des taxes, accroître notablement leur budget de fonctionnement. Cependant, quand un maire d’arrondissement est puissant politiquement, il peut récupérer la gestion d’un marché de ville, ce que ne pourra pas faire son collègue moins bien implanté sur la scène politique. Contrairement aux autres grandes villes d’Afrique, la gestion des marchés urbains par des opérateurs privés a été très rare à Dakar. Bien qu’il ait tourné à l’échec, le seul exemple de privatisation reste le marché Kermel. Lors de sa destruction par l’incendie en 1993, les bailleurs de fonds ont mis comme condition sa reconstruction, la privatisation de sa gestion. Cette décision a été largement contestée par les commerçants du marché qui ont mis en place quelques formes de résistance. Cette situation a amené l’État à reprendre la gestion du marché illustrant bien l’échec de l’essai de privatisation d’un équipement public.
Equipement et sous-équipement du marché La nature et la qualité du bâti des grands marchés sont relativement homogènes selon qu’on se trouve sur un équipement planifié au départ ou sur un équipement d’origine spontanée.
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Les marchés de zone se sont généralement développés de manière spontanée. Rattrapés par l’urbanisation, ils peuvent aujourd’hui être au cœur des quartiers d’habitat très peuplés. Les limites n’ont pas été fixées au départ, ils se sont étalés par l’ajout de petits hangars bricolés en matériaux de récupération :
° Certaines de ses installations peuvent être hermétiquement fer-
mé, créant une boutique ou un magasin. Leurs surfaces varient de 16 m² à plus de 40 m². Les magasins de produits de première nécessité (riz, sucre, farine) sont presque toujours construits en dur, tandis que ce de produits vivriers locaux sont construits en bois et en taule. (cout moyen : 500 000 FCFA soit 770 € )
° D’autres installations sont délimitées par quatre poteaux. Elle
consiste essentiellement en une couverture de toiture. Il s’agit du hangar soit individuel, soit construit en travée pour plusieurs utilisateurs et quelque soit sa taille. (cout moyen : 75 000 FCFA soit 115 €)
° La table est aussi une installation convenable pour tous les petits
détaillants. Elle peut être fixe ou non, maçonnée ou non, couverte ou non, isolée ou disposée en rangés. La table type est individuelle, en bois et très souvent couverte par un parasol. L’emplacement moyen de la table (installations et vendeur compris) varie entre un peu moins de 2 m² et 3 m². (cout moyen : 10 000 FCFA soit 15 €) ° La marchandise peut être présentée à même le sol ou dans divers contenants (panier, cuvette, carton). L’emplacement moyen dans ce cas représente moins de 2 m². En terme de sous-équipement, le marché présente aussi quelques besoins : ° accès et circulation : les accès principaux des marchés centraux se font par les voies revêtues, les axes urbains primaires qui sont souvent occupés par des vendeurs ambulants. La circulation en est considérablement gênée ainsi que les opérations d’entretien. ° La distribution en eau potable est nécessaire pour les activités de nettoyage et de rafraîchissement. °Les réseaux incendies sont nécessaires mais rarement efficaces : les bornes à incendie lorsqu’elles existent sont insuffisantes. dispensables au bon fonctionnement du marché. Souvent en
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6m
3m
3m
4m
3m
La boutique
3m
Le hangar
3m
5m
2,5 m
2,5 m
L’étal artisanal
2m
L’étal artisanal
1,2 m
La table
Le carton
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nombre réduit, ils provoquent l’apparition de « décharges sauvages » aux alentours du marché. ° Des équipements de stockage sont généralement présents dans les marchés pour éviter aux commerçants de transporter quotidiennement leurs marchandises. ° Enfin des équipements sanitaires doivent impérativement être présents sur tous les marchés.
Travailleurs du marché Tous les grands marchés urbains africains sont polyvalents. Selon leur type de produits vendus, on retrouve la domination d’une forte population soit féminine soit masculine. Il faut souligner les différences entre hommes et femmes quant à leurs pratiques et leurs perceptions du temps de travail.
vendeurs traditionels / artisans
Dans le groupe des vendeurs de produits alimentaires, les vendeuses de produits frais occupent toujours la part dominante : c’est le « marché des femmes », exercé dans sa quasi-totalité de très petites détaillantes. Les femmes sont, dès l’enfance, intégrées à la production et la vente au sein de l’espace marchand. Il faut préciser que dans un certain nombre de pays africains, les femmes ont presque deux fois plus de chances que les hommes de se retrouver dans le secteur informel, et environ deux fois moins de chances d’obtenir un emploi formel que ce soit dans le secteur public ou privé3. vendeurs de produits alimentaires
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Dans le groupe des vendeurs de produits manufacturés, les hommes semblent être, la plupart du temps, majoritaires. On compte généralement un effectif de 10 % de femmes sur ces marchés. _______________________________________________________________ 3
Banque Mondiale, « Les disparités hommes-femmes sur le marché du travail en Afrique», 2010.
LE MARCHÉ TRADITIONNEL AFRICAIN : UN HAUT LIEU DE SOCIÉTÉ
On y trouve le plus souvent des artisans, des forgerons, des menuisiers, des matelassiers et les divers métiers traditionnels liés à l’équipement domestique.
Temporalité, l’absence et la présence Des questions d’ordre social, économique ou constructif surviennent constamment lors de l’élaboration d’un marché urbain. Mais c’est à la croisée de tous ces thèmes que se développe un problème majeur qui sous-tend chaque projet d’architecture : la notion de temporalité. En effet, l’absence et la présence sont deux thèmes primordiaux dans vie marchande quotidienne. En fonction des horaires de travail, le lieu de marché peut avoir deux images totalement différentes et raconter deux histoires distinctes. Cette notion de temporalité peut donc être à l’origine de nombreux concept architecturaux et s’illustre parfaitement dans l’architecture de l’université féminine de Séoul, où l’architecture s’approprie le territoire pour disparaître. La plupart des marchés de Dakar sont permanents. Construis sur des sites fixes, ils sont fonctionnels le jour. D’autres sont cycliques et ouvrent deux à trois fois par semaine. Enfin, certains se déroulent le soir.
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Les cycles du marché
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Conclusion L’étude historique, architecturale et spatiale des marchés du monde est indispensable à la réalisation du projet d’architecture. A l’exemple de l’agora, le projet devra s’organiser autour d’une place principale faisant l’objet de rassemblement, de lieu de rencontre et d’échanges.
Diagramme place du marché Sinon, le projet pourra aussi s’organiser à la manière d’un tissage, autour de plusieurs places interconnectées, chacune ayant sa spécificité. Les axes de circulations pourront accueillir différentes fonctions programmatiques, comme au marché Trajan de Rome.
Diagramme circulation/fonction D’autre part, il sera indispensable de penser à l’intégration du projet au sein du tissu urbain existant. On remarque souvent que la forme de l’ilot polygonal du marché en fait un élément central dans le quartier. Sinon, le marché se fond dans le tissu urbain existant en s’imbriquant, faisant face ou s’alignant au bâti existant. Les marchés situés sur le littoral jouent le rôle de transitions entre la ville et la mer. De ce fait, il est indispensable d’avoir une continuité entre le tracé de la ville et celui du marché, pour aboutir à la mer.
CONCLUSION
L’analyse spatiale des marchés d’Alep, de Tokyo, de Barcelone et de Casablanca montre assez bien les différentes typologies spatiales et architecturales possibles du marché. L’échelle du marché change brusquement d’un espace à l’autre, le rapport au corps humain évolue en fonction des différentes formes architecturales et traditions de chaque région. Aussi, la répartition programmatique diffère fortement d’un marché à l’autre. Tandis qu’a Alep les fonctions s’entremêlent formant un tout, à Tokyo les activités différentes s’organisent dans des bâtiments individuels destinés à leur fonction.
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Le marché Santa Catarina de Barcelone et le tapis volant de Casablanca sont deux projet d’architecture plus récents alliant tradition à modernité. Le toit de l’édifice n’est plus pensé comme une simple couverture mais plutôt comme un élément architectural à part entière. Ses fonctions modulables et écologiques sont à ajouter à tout projet d’architecture récent.
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Diagramme Toiture flexible et multifontions Au niveau programmatique, il faut savoir que la commercialisation des produits marchands nécessite la présence d’infrastructures de transport à proximité. Le marché doit aussi prévoir des espaces dédiés à la vente, au stockage, à l’emballage, au transport, au sanitaire, et à l’administration. A travers le globe, chaque marché a son identité, qui reflète celle de la ville, du quartier. En Afrique, le marché n’a pas été remplacé par le «super marché», il reste alors le principal lieu d’approvisionnement pour la population locale. A Dakar, , alors que la ville elle même se développe au fur et à mesure des progrès techniques, le marché reste le lieu pittoresque qu’il a toujours été, sans qu’il soit imaginable de l’adapter à son temps.
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DAKAR ET SON ESPACE MARCHAND Partie II
A Dakar, l’histoire de la ville est indissociable à l’histoire des équipements marchands. Ils ont été et sont encore aujourd’hui facteurs et témoins de l’urbanisation. DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL Chapitre 1
Autrefois relais sur la route des esclaves, Gorée, modeste rocher que les Anglais abandonnent en 1817, va servir de point d’amarrage à la colonisation française sur le continent africain. La disparition de l’économie de traite entraîne le déclin momentané du comptoir de Gorée. Ainsi, apparaît une volonté de développer le commerce, l’agriculture et notamment la plantation d’arachide dont l’Europe est très demandeuse. L’espace faisant défaut sur cette petite île, le ministère de la Marine et des Colonies envisage d’occuper la presqu’île faisant face à Gorée, le CapVert. Une baie au dessin unique qui deviendra le point d’appui de la flotte coloniale française et la plaque tournante de l’Atlantique. Ville nouvelle d’un empire qui a cessé d’être esclavagiste, Dakar est fondée en 1857 par le capitaine Protet ; la troupe française prend officiellement possession du territoire. Le Pavillon français est hissé, c’est la naissance d’une agglomération urbaine. Cette annexion a pour but de marquer la présence d’une France « moderne » sur le continent africain mais aussi, d’y développer le commerce. Afin que l’installation des habitants soit mieux contrôlée, l’armée signe le premier plan d’urbanisme réalisé par PinetLaprade en 1862. Ce plan de lotissement quadrille l’espace en une trame rectangulaire et régulière sans prendre en compte les villages indigènes1 et mosquées existantes. Il projette la future ville sur ce qui est encore aujourd’hui le Plateau. Au départ simple fort érigé sur le continent, le site se dessine chaque jour davantage par quelques maisons dispersées. Mais pendant longtemps, l’agglomération nouvelle, se limite à un tracé occupé par le sable des dunes. Les Goréens répugnent à venir habiter le continent, ce dernier étant réputé particulièrement maléfique et dangereux par la présence épidémique de certaines maladies. _______________________________________________________________ 1
Les Lébous : villages indigènes du Sénégal
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
L’essor de la ville débute en 1885 grâce à l’achèvement de la voie de chemin de fer reliant Dakar, cité naissante à Saint-Louis, capitale du Sénégal. En 1904 la décision de faire de Dakar la capitale de l’AOF2 se confirme. Elle bénéficie alors de nombreux investissements qui vont permettre le développement d’autres grandes infrastructures. Ainsi, de grandes avenues sont percées (avenue de la Liberté, Gambetta, Courbet, Peytavin, Ponty, Faidherbe), de nombreux bâtiments publics sont élevés, des égouts sont creusés. Les premiers édifices construits à cette époque, sont centrés sur le marché Kermel (1908), la gare (1905), et orientés vers le port, le tout formant le centre historique de la ville.
Les marchés coloniaux Bien qu’il soit inauguré en 1908, l’histoire du marché Kermel est liée à la fondation même de Dakar. Dans son plan de lotissement, Pinet-Laprade avait prévu un espace public pour accueillir le marché de la nouvelle cité. La place polygonale réservée au marché vient briser l’orthogonalité du plan et se limite au Nord par la rue Braconnier, à l’Est par la rue Parent. Elle avoisine la place Protet, cette dernière étant considérée comme le centre de la ville coloniale (actuelle de la place de l’indépendance). Dès 1864, un projet de hangar est dessiné par le service des ponts et chaussées de la colonie afin de protéger les denrées périssables de la poussière, de la pluie et du soleil. Cette structure composée de poteaux métalliques supportant une toiture de zinc avait pour objectif de réduire la prolifération des commerçants qui vendent à même le sol. Kermel (du nom d’un éphémère gouverneur français Quernel) est le premier marché urbain d’Afrique occidentale française. Cependant, la transformation de la place Kermel en un grand marché couvert n’était pas seulement un projet à but technique, politique ou économique. C’était aussi une question idéologique, étroitement liée aux prétentions coloniales françaises. Son architecture empreinte à différents vocabulaires esthétiques de l’époque qui n’ont pas de lien particulier avec la culture locale ; le marché est constitué en une grande et belle bâtisse en forme de dôme, ses grilles vertes, ses horloges à l’arrêt et ses coupoles de tons orangers, font penser à quelque sanctuaire, relique de la civilisation arabo-musulmane. Une galerie décorée de frises importées vient encercler le corps principal du bâtiment. _______________________________________________________________ 2
AOF : Afrique occidentale française. Elle regroupe huit colonies et le territoire du cap Vert désormais autonome de la colonie du Sénégal. La politique de développement de Dakar est désormais décidée par le gouvernement général de l’AOF.
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
A sa façade, sont ajourés trois grands portails arabesques n’étant pas visibles d’un même point de vue, de manière à ne pas « alourdir » le caractère symbolique du marché. La structure métallique et le volume général du bâtiment rappellent celles des grands marchés dessinés en France un peu plus tôt par Baltard.
Plan d’urbanisme de Pinet-Laprade, 1862
1 : Place du marché Kermel, 2 : Place Protet Source :La ville ouest-africaine, Jerôme Chenal
La place du marché Kermel 1908
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Par son architecture, son volume, son emplacement central et ses caractéristiques ornementales, le marché Kermel constitue un signal dans le tissu urbain. Dès son ouverture le marché engendre dans son sillage la construction de plusieurs commerces aux alentours. Ses activités nouvelles en attirent d’autres ; dès son installation le marché agit comme un véritable moteur de développement urbain. Après l’indépendance, alors que la plupart des marchés urbains sont adaptés aux besoins de la clientèle essentiellement africaine, Kermel se singularise par sa clientèle constituée d’Européens et d’une minorité africaine à hauts revenus, d’où son appellation de « marché européen » ou « marché toubab3 ». Classé monument historique par l’Unesco en 1975, Kermel est devenu le lieu de rendez-vous des bourgeoises sénégalaises, des coopérants et des touristes qui y trouvaient jusqu’à ce qu’il soit ravagés par un incendie en décembre 1993, des denrées alimentaires. Le marché Kermel est reconstruit à l’identique entre 1995 et 1997 grâce a des financements européens d’une hauteur de 4,85 millions d’Ecus. Kermel est le seul modèle architecturale exposé au Bureau d’architecture et des monuments historiques ( BAMH ) à Dakar . La désignation de ce marché en tant que monument historique par l’Etat du Sénégal confirme sa place dans la mémoire historique de la nation et dans l’histoire de sa capitale en particulier. « Reconstruire le marché Kermel. Le pari était loin d’être gagné car il a fallu tout reconstituer, y compris les plans, à partir de quelques clichés et des rares éléments architecturaux ayant échappé aux flammes. [...] Le bâtiment, par son originalité, occupait une place particulière à Dakar et sa disparition avait suscité un violent sentiment de perte. La reconstitution du marché a rendu aux Dakarois ce repère affectif et culturel avec lequel ils avaient tissé une véritable relation de connivence». Guillaume de Luxembourg Président du Conseil d’Administration de Lux-Development
Aujourd’hui le marché se décompose en deux secteurs : le premier concerne les commerces établis dans l’enceinte du marché ; le deuxième, appelé « pourtours » est formé de ce qui entoure le marché. Il reste le seul bâtiment de style Néo-mauresque à Dakar et démontre assez bien l’hésitation des autorités coloniales à vouloir donner un style architectural Nord-Africain à la ville de l’ouest. Kermel reste jusqu’en 1920 le principal marché de Dakar, avant d’être remplacé par Sandaga. _______________________________________________________________ 3
Toubab est un mot utilisé en Afrique de l’Ouest pour désigner toute personne à peau blanche.
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
Les marchands de la rue Dagorne, Kermel 1923 source : Bulletin d’informations architecturale, Dakar
L’ilot rectangulaire de Sandaga a également été planifié en 1862 par Pinet-Laprade. Il est placé à l’ouest de la place Protêt, sur la principale route des caravanes de l’arrière-pays. Fascinés par les mosquées médiévales du Soudan et les maisons de boue des riches marchands des villes anciennes de Djenné, les administrateurs coloniaux s’engagent à concevoir le marché suivant un style architectural précis. Le marché s’organise autour d’une série de bâtiments coloniaux rattachés à une halle principale de style néo-soudanais. Construit en 1933, le marché bénéficie de l’utilisation du béton armée pour contribuer à sa réalisation. Il est bordé au nord par la rue Sandinieri connue pour ses marchands de fruits et légumes. Le croisement avec l’avenue Georges Pompidou délimite un vaste carrefour au sud du terrain. A l’époque, le marché Sandaga, situé entre la ville européenne et la ville libanaise, devait contribuer à l’embellissement de la ville impériale et déplacer le centre commercial vers l’ouest. Aujourd’hui, ce marché reflète à bien des égards le nouveau visage de la capitale sénégalaise. Le stationnement anarchique des véhicules et l’étalement des marchands dans les rues avoisinantes, altère quelque peu la beauté historique du marché. Frappé par les flammes en 2013, le marché Sandaga se voit annoncer sa fermeture provisoire. Il est actuellement considéré comme une « bombe à retardement » et est sous menace de délocalisation.
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Innauguration du marché Sandaga, Le Plateau 1933 source : Bulletin d’informations architecturale, Dakar
L’intérêt des colons français sur l’architecture de ces marchés s’illustre à la fois par leur position, leur image architecturale et leur techniques de construction. Ils ont été conçus pour être utilisé par l’ensemble de la population urbaine et ont été érigés à proximité des principaux pôles de communication. Dans les deux cas, la trilogie, mosquée/église, marché, gare, marquait bien les trois points les plus élevés de l’horizon symbolique de la cité coloniale. Leur fréquentation quotidienne pourrait expliquer en partie, la popularité de ces lieux et leur valeur patrimoniale post-coloniale en tant que monuments historiques. La principale fonction économique de ces marchés coloniaux reste encore très forte dans les pays africains, où les marchés urbains sont importants pour tous les habitants.
Les marchés de la Médina Au début du XXe siècle, face à l’essor constant de la ville, la coexistence des groupes sociaux et raciaux devient un des enjeux majeurs de réflexion des aménagements coloniaux. Le gouvernement envisage de distinguer dans la ville, les quartiers blancs des quartiers noirs. Ces derniers sont constamment contrôlés et déplacés au fur et à mesure de la croissance urbaine du fait de la crainte épidémique. En 1916, le quartier de la Médina est créé par le gouverneur Carde et accueille les populations indigènes. Le tracé des lotissements suit le même principe que celui
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
des quartiers européens. Le plan se dessine suivant une trame orthogonale marquant l’emprise des parcelles et des rues. Les occupants acquièrent un permis d’habiter4 reconnu par l’administration. Cette dernière demande aux habitants de construire leur maison en « dur5». Dans le cas inverse, ils sont forcés à déménager dans le nouveau quartier de Pikine situé en périphérie. Suite à une épidémie de peste, la ville noire et la ville blanche sont séparées par un cordon sanitaire. L’épidémie étant l’argument de base pour mener une politique urbanistique plus forte et en accord avec les théories de la ville coloniale fondée sur la séparation raciale. L’opération de la Médina est un exemple de la doctrine coloniale sur la ville. Tandis que la Médina ne cesse de s’agrandir offrant de nombreuses maisons économiques et bon marché6 aux populations indigènes ; le plateau, se dote de nombreuses Villas, pavillons, bâtiments commerciaux et administratifs. Malgré cette ségrégation, la libre circulation entre les quartiers reste possible, les transports et des loisirs restent communs. Le pouvoir colonial de l’entredeux-guerres est bien décidé à assainir cette ville grandissante. Des équipements hospitaliers, institut d’hygiène, biologique et maternité sont édifiés. Un programme d’équipements scolaires voit le jour dans les quartiers de la Médina.
2 1 Plan de Dakar, 1923
1 : Le Plateau, 2 : La Médina
_______________________________________________________________ 4
titres officiels d’occupation des sols
5
l’administration demande à ce que les maisons en bois, paille ou carton soient détruites et remplacées par de nouvelles maisons faites de béton de briques. 6
conçues par l’OHE (Office de d’habitations à bon marché)
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Quelques années plus tard et pour répondre aux besoins quotidiens de la population, un nouveau marché couvert nommé Tilène7, apparait dans le quartier. Situé au centre de l’avenue Blaise Diagne, le marché occupe une vaste parcelle rectangulaire. Réalisée d’une simple halle de faible hauteur et construite en béton, l’architecture du bâtiment reflète assez bien l’indifférence des autorités françaises concernant l’esthétique de ce lieu. Cependant, aussitôt implanté, le processus d’urbanisation s’est enclenché. On a constaté une convergence d’activités vers le point structurant crée. Les activités, dès lors, se déplacent, s’intensifient et se durcissent au fil des ans. Source de revenus pour les commerçants qui y exercent une activité et pour les propriétaires de terrains alentours, le marché constitue aussi une source potentielle non négligeable de recettes financières.
Zone marchande, la Médina 1916 Source : Archives de Dakar/ Musée IFAN
Depuis le boom démographique de 1945, le marché est devenu très exigu. Il s’étend dans les ruelles avoisinantes ; les trottoirs ont depuis longtemps disparu. Les marchands tabliers et ambulants occupent illégalement les grandes artères du marché. Les risques sont donc permanents dans cette atmosphère.
Le marché, facteur et témoin de l’urbanisation À la veille de la seconde guerre mondiale, la ville atteint presque 200 000 habitants, et l’état colonial ne produit pas suffisamment de lotissement pour loger les nouveaux arrivants.
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
La ville de Pinet-Laprade, et le plan d’alignement de 1914 ne suffisent pas à gérer l’explosion démographique constante de Dakar. D’autre part, l’importance qu’on pris les réseaux de marchés dans la ville confrontée à une croissance rapide dans un contexte économique dégradé en ont fait progressivement un élément structurant de l’ensemble des dynamiques urbaines. Il faudra attendre 1937 pour que la ville mette à jour ses documents d’urbanisme avec le plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension (PAEE) confié à Raymond Lopez. Ce dernier prévoit la restructuration de la vieille ville pour n’y laisser que le commerce et l’administration. Il applique le principe de ségrégation totale et place les villages indigènes au nord en les séparant de la ville européenne par des zones de culture vivrière ayant pour but d’approvisionner les marchés de la ville. À partir de 1939 l’effort de la guerre va réduire les moyens mis à disposition ; ainsi ce plan restera sous forme d’esquisse et ne sera jamais appliqué. Au lendemain de la libération, de nouvelles idées apparaissent, on assiste à un véritable changement de mentalité ; c’est le début d’une nouvelle ère politique. Le gouvernement supprime les inégalités du régime colonial avec notamment la fin du travail forcé. Un fond d’investissement est créé pour satisfaire les besoins des populations locales (équipements marchands, santé). Au niveau culturel, économique et politique l’état commence à intégrer les élites locales qui seront plus tard amenées à diriger le pays. Au niveau de l’urbanisme cette guerre est également synonyme de changement. Le plan directeur d’urbanisme (PDU) du Cap-Vert de 1946 réalisé par la mission d’architecte André Gutton, Jacques Lambert et Clément Lopez est confié au STAGD8. Ce projet du Grand Dakar englobe un vaste territoire de 60 km, incluant les villes de Rufisque et Thiès et projette une population d’un demi-million d’habitants. Ce plan suffira pendant 15 ans à contrôler l’expansion de la ville. Le territoire est divisé en quatre parties ; on assiste à un véritable zoning. La zone résidentielle européenne englobe le quartier du Plateau et ses futures extensions de la côte ouest : Fann et les Mamelles. La zone résidentielle africaine reçoit toute la partie centrale de la presqu’île et s’étale sur plusieurs milliers d’hectares. Des accès à la mer sont prévus sur les plages du nord de l’ouest pour accueillir les marchés de pêche de Soumbédioune, Ouakam et Yoff. ___________________________________________________ 7 8
Étymologiquement, ce nom signifie le lieu de prédilection des «Tiles» (chacals). (Service temporaire d’aménagement du Grand Dakar)
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Place du marché Sandaga en 1933
Place du marché Sandaga en 1955
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
Le marché Sandaga aujourd’hui
Analyse du phénomène d’étalement urbain autour du marché
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Jusqu’aux années 60, seuls les détaillants exerçaient leur activités sur les marchés centraux. Les grands commerçants de produits agricoles traditionnels et les nouveaux marchands de produits crus (poissons), exerçaient leurs activités sur les espaces publics de la ville. Par conséquent, hormis la halle, la plupart de ces marchés ne comprenaient aucun aménagement spécifique en matière d’installation, de vente ou de stockage. L’augmentation croissante des consommateurs en lien avec la croissance démographique de la population urbaine fait surgir dès 1961, un nouveau marché sur la plage de la Médina. Le village artisanal de Soumbédioune se voit accueillir des pêcheurs et des artisans habitants dans le quartier. Cette annexion entraine la densification des quartiers centraux de la médina, notamment par l‘apparition de nouvelles activités commerçantes aux alentours. L’étalement urbain entraîne dans son sillage la prolifération de plusieurs marchés au sein de la ville dans les années 60-70. (Marché Castors, HLM, SAM,…). Cette prolifération sera accompagnée de l’édification de nombreux édifices.Ceux qui avaient, en 1940, quitté Dakar, ou les maisons à deux étages se comptaient sur les doigts d’une seule main, ou l’ascenseur, naturellement, était ignoré, ne reconnaîtraient plus aujourd’hui la ville dont la population a presque triplé et où, de toutes parts, jaillissent les immeubles hauts de dix, douze, ou quatorze étages9. Les derniers signes d’une architecture tropicale faite de claustras et brise-soleil disparaissent avec l’apparition de la climatisation. Des immeubles de grandes hauteurs sont édifiés dans le centre de la ville. Béton armée et climatiseurs vont en quelques années transformer le paysage urbain. Dakar se dote en 1956 d’un Palais du Grand Conseil de douze étages, d’une université10 et d’un nouveau Palais de justice, aujourd’hui classé monument historique au patrimoine de l’Unesco. La même année, l’opération prévoyant l’assainissement de la Médina par le STAGD prend forme. Une trame sanitaire complète se met en place avec l’adduction d’eau, d’électricité, l’évacuation des eaux de pluie, l’asphaltage des rues et la plantation d’arbres. À la veille de l’indépendance, de nouveaux marchés apparaissent pour s’étendre sur les nouveaux lotissements des quartiers de Fann, du point E, puis de Grand Dakar. Tandis que les quartiers
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Bergevin, « Dakar, 10 ans de buildings », Europe-France-Outre_mer, n°368, juillet 1960, P42.
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la première d’Afrique Noire et la 18e université française
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1802
1862
1923
1943
Place des marchés dans la ville de 1802 à 1943
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
1952
2010
Place des marchés edans le ville de 1952 à 2010 centraux de la Médina se densifient et faute de logements bon marché disponibles, des bidonvilles se créent au sein des quartiers de Fass et Colobane. Il s’en suit de la création du marché spontané de Colobane pour répondre aux besoins de la population. Cette occupation s’accompagne d’une transformation progressive du bâti riverain, par ajout d’auvent, par transformation en boutique. En 1960, le Sénégal acquiert son indépendance, Dakar devient la capitale du Sénégal et concentre les fonctions économiques, culturelles et politiques du pays. Un nouveau plan d’urbanisme est confiée en 1963 à l’architecte urbaniste Michel Écochard. Ce dernier tente d’intégrer pour la première fois les oublis de l’haussmannisation dakaroise11. Dans son plan de 1967, Ecochard propose une urbanisation complète de la presqu’île jusqu’à la ville de Thiaroye et planifie l’extension de la ville pour une population de 1,2 millions d’habitants. Il prévoit la rénovation des anciens quartiers de la vieille ville et la construction de nouveaux lotissements. À cela, il considère l’urbanisation informelle comme une « perversion urbanistique » qu’il convient d’éradiquer.
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Vernière, « oubliés de l’haussmannisation dakaroise», l’espace géographique, n°IV, 977, P5-23.
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
Le déguerpissement des populations les plus pauvres vers Pikine entraîne à nouveau, la création de plusieurs marchés informels en périphérie (Thiaroye,….) Écochard prévoit notamment la plantation de terrain de culture au nord, et l’aménagement du rivage maritime pour répondre au développement touristique. De ce fait, les marchés du littoral seront ravitaillés en terme d’équipements marchands (Yoff, Soumbédioune).Cependant, les moyens nécessaires à la réalisation de ce plan manquent. La croissance démographique s’amplifie rapidement et l’urbanisation de l’agglomération dakaroise dépasse les limites envisagées du plan d’Ecochard. A l’exception notable des grands projets de réaménagement des marchés centraux, peu d’équipements ont été réalisés dans les années 70, les aménagements portants souvent sur des améliorations partielles ou des extensions. À partir des années 80, sous l’effet de la crise économique mondiale, l’État privilégie un urbanisme de gestion au détriment d’un urbanisme de projet. Le secteur de l’informel ne cesse de gonfler, et les marchés deviennent progressivement un agent essentiel de structuration de l’urbain. L’occupation anarchique des rues adjacentes des marchés par les installations de vendeurs ambulants se renforce : on voit se créer de véritables « marchés parallèles » dont l’effectif peut être très important. Au niveau de l’habitat social, même si l’action publique diminue, la ville continue à se développer et témoigne encore aujourd’hui de la diversité des tissus urbains.
Dakar horizon 2025 Bien que ville nouvelle, Dakar se caractérise par un urbanisme au coup par coup, principalement fait de percements, de voiries et de lotissements successifs. Elle a connu une forte croissance démographique qui a généré un développement spatial faiblement maîtrisé par les pouvoirs publics, malgré l’élaboration de documents d’urbanisme fixant les principes du développement urbain. En effet, ces documents réalisés à partir du modèle français n’ont pas su s’adapter aux besoins urbains locaux. La fin du XXe siècle marque une explosion démographique constante et les administrateurs suivent l’urbanisation sans jamais la rattraper. Si la structuration de l’espace urbain s’avère être largement le produit de la structuration des activités marchandes, il apparaît aussi que les mécanismes urbains mis en œuvre par le secteur
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
économique finissent par avoir des effets négatifs sur le fonctionnement de la ville. En effet, cela entraîne l’apparition de phénomènes de concentration qui engendrent une série de dysfonctionnements urbains coûteux pour la collectivité. Les mécanismes qui font d’un marché un agent moteur de structuration de la ville relèvent de facteurs nombreux, d’ordre spatial, commercial, institutionnel ou fonctionnel comme les transports. Dès 1980, une étude concernant l’élaboration d’un plan directeur d’urbanisme : Dakar 2001 se met en place. Ce plan se base sur les nouvelles réalités d’un terrain en mutation et favorise avant tout la multiplication des équipements, notamment des voies de communication. Le plan directeur d’urbanisme de 2001 a pour objectif de créer une structure équilibrée entre les pôles de développement du Sénégal : Dakar, Rufisque et Pikine ; de favoriser le transport de masse en vue d’un véritable réseau de transport en commun ; de repenser l’aménagement en tenant compte des faibles moyens disponibles pour son exécution.
Montage : Dakar, la saturée
En dehors des équipements de santé et d’éducation, le PDU souligne le besoin d’équipements marchands sous forme de marché, gare routière, zone artisanale. Ces activités permettraient la création d’emplois mais aussi la structuration des nouveaux quartiers autour de ces équipements polarisants.
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
Les opérations de structuration du PDU s’appuient sur une trame commune : un lotissement de l’espace accompagné d’une programmation d’équipement dont un marché. Le PDU envisage le déplacement du marché de Sandaga vers la périphérie, du fait de son site exigu. Cependant faute de moyens disponibles, les ambitions de ce plan limitent souvent leur aboutissement. Jusque-là l’urbanisme s’était focalisé sur l’urgence en matière de logement et manquait de vision d’ensemble. Ainsi au début du XXIe siècle, l’État prend en charge le plan directeur d’urbanisme de la région de Dakar horizon 2025. « Grand Dakar 2025, plateforme ultra moderne et multipolaire, levier de performance socio-économique et culturelle, résolument orientée vers la bonne gouvernance et la durabilité pour l’épanouissement optimale des populations dans un cadre de vie sain et sécurisé »12. Le plan a pour objectifs d’assurer l’équilibre spatial sur l’ensemble du territoire, d’améliorer les liaisons physiques entre les différentes entités territoriales, de maitriser le phénomène d’implosion démographique grâce à la décentralisation et enfin de préserver et d’améliorer l’environnement urbain. Ce plan souligne l’insuffisance des équipements et des infrastructures routières. Il met en avant la répartition inégale des marchés dans l’espace régional. Ces équipements constituant la principale source de rentrée financière, il devient donc urgent d’intervenir pour faire face à cette disparité constatée. On cherche alors à nationaliser le marché, à les régulariser. L’État a besoin d’argent pour faire « fonctionner » la ville, et c’est donc sur les taxes des marchés et sur les transports en commun que les collectivités locales peuvent tirer leurs ressources pour développer d’autres équipements. Ainsi le schéma propose de moderniser et d’organiser la distribution spatiale des marchés. D’autre part, les dysfonctionnements et les nuisances engendrées par les marchés de Dakar conduisent en général à conclure à la nécessité délocaliser ses activités vers la ville nouvelle. La réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio a été affiché comme une priorité et devrait une fois terminée contribuer à fluidifier les déplacements entre Dakar et sa prochaine banlieue. Les questions de mobilité et de déplacements sont les enjeux majeurs de Dakar aujourd’hui.
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Slogan pour le développement de Dakar choisi par les acteurs communautaires lors des ateliers participatif.
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GEDIAWAYE
PIKINE
DAKAR
Place actuelle des équipements marchands de Dakar 0
10 km
DU COLONIAL À L’INTERNATIONAL
Le projet mis en place sur la commune de Diamniadio, citée déserte 40 km à l’est de Dakar, envisage de désengorger la capitale. Cette cité deviendra une nouvelle plate-forme commerciale et industrielle et accueillera le nouvel aéroport Sénégalais : Aimé Blaise Diagne (AIBD). Enfin, souligne le changement profond de la problématique des études urbaines : l’accent est mis sur la nécessité de restaurer les capacités de gestion d’autofinancement des villes. Dans ce contexte, on est conduit à considérer les secteurs de l’approvisionnement et de la distribution en milieu urbain. La promotion des équipements générateurs de ressources, étant une des actions favorisant l’abondement en terme de budgets municipaux, a suscité le lancement d’une série d’études de réorganisation de marché urbain. Il est apparu très vite nécessaire, au cours de ses études, d’aborder l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement : stockage, distribution, et de considérer ces équipements en tant qu’éléments d’un réseau structuré et hiérarchisé.
Ville étalée
Ville compacte
Edifices existants
Objectifs du PDU 2025 : de la ville étalée à la ville compacte
Edifices futurs Marchés
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ANALYSE ARCHITECTURALE ET SPATIALE DE 3 MARCHÉ DAKAROIS Chapitre 2
Une analyse spatiale des différents marchés urbains s’avère être indispensable. On constate qu’en fonction de leur âge, de leur localisation et de leur marchandise, ils ont tous une organisation spatiale différente.
Kermel, le marché colonial L’architecture du marché Kermel reflète parfaitement le style colonial, inspiré des bâtiments néo-soudanais. Il constitue un signal dans le tissu urbain. A sa façade, sont ajourés trois grands portails arabesques n’étant pas visibles d’un même point de vue grâce à sa forme circulaire. L’espace intérieur est simplement organisé. Le parcours s’effectue de manière cyclique autour d’un point central. L’espace entre les étals se rétrécit au fur et à mesure, tandis que la hauteur de la toiture augmente. On pourrait qualifier cette espace de parcours à « double sens et double sensation ».
Tilène, le marché de la Médina Tilène, marché coloniale de la ville indigène occupe une vaste parcelle rectangulaire. Réalisée d’une simple halle de faible hauteur et construite en béton, l’architecture du bâtiment reflète assez bien l’indifférence des autorités françaises concernant l’esthétique de ce lieu. On y entre par deux accès faiblement perceptibles depuis la rue. A l’intérieur, l’espace se compose de nombreuses allées étroites, comparables à celles du souk d’Alep. Elles sont occupées par de nombreuses boutiques de dimensions faibles et variables. La faible hauteur de plafond rend l’espace encore plus sombre qu’il ne l’est. Le parcours est assez irrégulier et difficilement cernable. Cependant, l’espace central est surmonté d’une halle à hauteur considérable. L’espace semble se dilater même si les étals sont disposés de manière irrégulière.
ANALYSE ARCHITECTURALE ET SPATIALE DE 3 MARCHÉ DAKAROIS
es fruits/lég ne d um Zo es des poisso ne Zo
nie rs
es glaço ns ne d Zo
10 m
5m
Kermel, le marché colonial
Allée des bijoutiers
15 m
3m
Tilène, le marché de la Médina
Voie ferrée
15 m
3m
Tiaroye, le marché de la Gare
Analyse spatiale de trois marchés dakarois en plan et en coupe
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Thiaroye, le marché de la gare Le marché postcolonial de Thiaroye, par son organisation spatiale, se diffère nettement des deux précédents. Contrairement à Kermel et à Tilène, il est composé de modules éclatés bordant les voies ferrées. Aussi, il est beaucoup moins « construit » que les deux autres. La plupart des structures individuelles sont composées de matériaux de récupération et changent constamment selon la volonté des marchands. Le parcours est aléatoire et dangereux. Les trains sont souvent présents et font en quelque sorte, « partie » de l’architecture du marché. Suite à cette analyse, on constate que les marchés ont tous une identité différente; la sensation spatiale, l’ambiance et les lumières diffèrent fortement d’un endroit à l’autre. Avec le temps, l’architecture des marchés africain à fortement regresser. La lecture des lieux est de plus en plus difficile. La maîtrise de l’espace semble avoir disparue. Il serait intéressant d’essayer de reconfigurez l’espace selon des usages et les besoins des usagers d’aujourd’hui au sein de l’espace public.
Portail du marché Kermel, Dakar
L’ESPACE PUBLIC DE DAKAR Chapitre 3
L’espace public est un lieu d’usage et d’échanges des populations, qu’elles soient permanentes, saisonnières ou de passage. C’est un lieu où s’exprime le « fait social », à savoir le croisement ou la rencontre des habitants et des visiteurs. De tout temps, l’espace public et le lieu qui permet de sortir de chez soi sans être chez les autres, un lieu pour se changer les idées, voir, découvrir, un lieu de loisir. L’espace public est à la fois un « lieu traversé » et un « lieu d’échange ». Il permet la mise en relation et la connexion de l’ensemble des espaces d’un territoire. La fonction circulatoire et de desserte de l’espace public exige de cet espace qu’il soit acessible, franchissable et continu, structuré en réseau, constitué de liens et de nœuds. L’espace public contemporain est soumis à des pressions de plus en plus fortes qui tendent à en faire un lieu de transit et d’accessibilité au détriment de sa fonction traditionnelle de lieu d’échange et de rencontre.
espace public
domaine privé
espace public
Un lieu de transit espace public
Un lieu de rencontre
domaine privé
domaine privé
domaine privé
domaine privé
Un carrefour
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
image marché de rue*
L’espace public dakarois est un sujet qui touche la majorité des citadins. L’occupation et la gestion de l’espace public s’articule autour de deux questions majeures : la question des marchés et l’utilisation des rues par les habitants. Problème symbolique de la ville moderne et de ses pratiques. C’est un truisme que de dire qu’au Sénégal le je-m’en-foutisme, le laxisme et autres laisser-aller sont érigés au rang de norme de vie. Sinon comment peut-on admettre que les citoyens, prétextant gagner leur vie à la sueur de leur front, puisse se permettent d’occuper la voie publique sans qu’aucune autorité, fût-elle locale ou étatique, ne daigne lever le doigt pour mettre le hola. Un pays qui foule au pied des lois et règlements régissant son mode de fonctionnement est tout sauf moderne et surtout civilisé.14 Les citoyens s’octroient sur la voie publique. Les fêtes en tous genres, chants religieux, baptêmes, mariages, décès, toutes sortes de cérémonies familiales sont aussi l’occasion d’occuper la rue, le temps d’une journée, voir plus. L’espace public dakarois apparaît comme une extension logique du domaine privé et surtout comme une extension de la cour traditionnelle africaine.
Le cas du marché de rue Les principaux problèmes de l’espace public dakarois sont les marchés de rue. L’image* est prise dans un quartier populaire de Dakar, il s’agit d’une grande artère de la ville. Le terre-plein _______________________________________________________________ 14
Sans auteur, « les Loumas » n’ont pas leur place dans une ville, Walf Grand place, 2007.
L’ESPACE PUBLIC DE DAKAR
central deviendra, le temps d’une journée, un marché. S’il est vide à 6h30, les marchands s’installent entre 7h30 et 8 heures. L’installation complète du marché durera jusqu’à 10 heures. Les vendeurs s’installent sur le terre-plein ou sur le trottoir. Ces derniers accueillent les étals et les passants utilisent la route, qu’ils ont à partager avec les voitures ; une cohabitation obligée entre deux modes de transport très différents. Le nombre de marchands indique que nous sommes sur une zone de marché puisque les étals ont tendance à prendre l’ensemble de l’espace des trottoirs qu’ils ont à disposition. Le fort taux de circulation montre que la rue est un passage obligé, on empreinte les grands axes en guise de trottoir.
© Laypro
Le recasement Une nouvelle recette au problème des cantines : le déguerpissent mis en œuvre en 2012 à la demande de l’État. Ce dernier demande aux marchands qui sont installés dehors et autour des environs immédiats du marché, de vider les lieux. L’informel à longtemps donner des « droits de fait », c’est-à-dire que la prolon
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
gation sur les années d’une situation informelle rendait légitime cette situation et dans le meilleur des cas, une formalisation était en cours. C’est de moins en moins le cas à Dakar car des situations qui durent plusieurs années peuvent maintenant être délogées. Ces vendeurs sont chassés de leur lieu de vente quotidien qu’est la rue. Lors du déguerpissement, le matériel, les cantines, les étals sont détruits, entrainent une perte sèche pour leurs propriétaires. Ils ont tous été éradiqués à l’intérieur de modestes entrepôts et tentes, occupants les dents creuses de la ville.
15 m
Emprise du marché Colonial Sandaga
Marché de recasement
Ces lieux souvent « cachés », n’étant pas adaptés au programme qu’ils accueillent, n’attirent guère les touristes et les populations locales. Les espaces mis à la disposition des marchands ne sont souvent pas adaptés aux types de produits vendus. Les fils tendus pour l’exposition des produits troublent la vision de ces lieux.
L’ESPACE PUBLIC DE DAKAR
La circulation à l’intérieur de ces structures reste très difficile, voir impossible ; l’acheteur doit créer un parcours en évitant les étals de toute part. Ce « parcours de l’impossible » ne reflète guerre l’agréable image du marché et rend son entretien difficile. Les marchands, au départ satisfaits d’avoir un abri couvert où loger leurs produits, se plaignent aujourd’hui des espaces non praticables de ces marchés. L’architecture des lieux n’étant pas pensée en fonction du programme des équipements marchands.
Collage : Entre architecture vernaculaire et structurelle
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Conclusion A Dakar, l’histoire des équipements marchands est indissociable à l’histoire de la ville. Leur architecture reflète assez bien l’époque à laquelle ils ont été édifiés. A l’époque coloniale, il était nécessaire de clore l’édifice du marché pour controler l’éclairage, la ventilation et pour éviter la prolifération des marchands à même le sol. Ajourd’hui, les marchés coloniaux reflètent à bien des egards le niveau visage de la capitale sénégalaise. La halle, de taille souvent réduite favorise l’accumulation des marchands sur le pourtour du marché, on assiste à la naissance de marchés spontanés «parallèles». Même si elle joue encore le rôle de «cathédrale commerciale» dans les pays occidentaux, en Afrique, elle ne semble plus être le modèle adapté.
Diagramme : Typologie spatiale
Après l’analyse spatiale des trois marchés de Dakar, on constate que le modèle de modules éclatés et flexible de Thiaroye fonctionne mieux que la simple halle de Tilène ou Kermel. Le projet favorisera alors l’étalement du programme suivant des modules distincts et non pas regroupés dans un seul et unique espace. A defaut de ne pas avoir une place d’échange à l’exemple de l’agora, le projet se composera de plusieurs places reparties sur le site et reliées par des interconnections. Chaque place aura sa propre spécificité et sera le centre d’un élément programmatique.
CONCLUSION
Ces places pourront aussi faire l’objet de nombreuses manifestations artistiques ou encore des lieux de rassemblement, d’aprentissage, de spectacle... Elles pourront également être un lieu ou les marchands viennent exercer leur activités, comme à l’exemple de la ville de dakar, ou l’espace public est une extension de l’habitat.
espace public
espace public
espace public
Diagramme : Place/ inter-connections/ espace public
L’importance qu’ont pris les marchés un contexte économique dégradé en ont fait progressivement un élément structurant de l’ensemble des dynamiques urbaines. On constate alors une très grande diversité architecturale en fonction de leur emplacement.Certains se trouvent en centre-ville, tandis que d’autres s’implantent sur le littoral et composent le paysage.
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FACE À LA MER Partie III
Certains marchés dakarois situés en bordure de mer se dessinent par une architecture non adaptée au site, sans aucun aménagement littoral. D’autre part, le climat de ces zones est souvent bénéfique mais très peu exploité. ANALYSE DU LITTORAL DAKAROIS Chapitre 1
Depuis peu, Dakar tient sa vitrine : la corniche ouest, une portion de littoral longée d’une voie rapide, plantée de palmiers, ponctuée de monuments et ouverte sur l’océan. Cet aménagement a été réalisé à l’occasion du sommet de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) qui s’est tenue dans la capitale sénégalaise en 2008. L’objectif avoué était de fournir à la métropole ouest-africaine un aménagement littoral « aux normes internationales ». Pour les autorités, le but déclaré était de conférer à la capitale l’image d’un pays émergent, moderne, tourné vers une nouvelle ère de « Renaissance africaine ». Cependant, l’aménagement paysager se fait toujours attendre. Plusieurs années après le début des travaux (2006), l’espace public bordant l’océan est toujours à l’état de friche. De plus, le développement proliférant des activités de luxe sur ce domaine, très convoité en raison de ses potentialités économiques et des avantages liés à son microclimat, risque de lui faire perdre non seulement ses qualités esthétiques, mais également son identité qui est très marquée par la culture sénégalaise. Le développement désordonné de ces nouvelles formes d’occupation liées à l’extension de l’habitat et des emprises touristiques fait naître un sentiment diffus de dépossession d’un patrimoine commun aussi bien chez les autochtones des villages traditionnels qu’auprès des habitants des quartiers de création récente. Entre modernité et tradition, pouvoirs politiques et religieux, sociétés modernes et traditionnelles, la concurrence pour l’utilisation de l’espace littoral fait rage.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Plage de Yoff
Yoff pêcheurs Riviera Pointe des Almadies
NOUVEAUX QUARTIERS
Yoff
Baie de Hann
Organisation de la3 km voie publique
Mamelles
om
Zo
CENTRE VILLE
Port Corniche Ouest
Corniche Est
La vitrine littorale Dakaroise
Organisation socio-spatiale du littoral Sur le plan social, si l’on rattache le littoral à l’ensemble de la ville, on admettra que la vitrine dakaroise joue le jeu de trompe l’œil. A titre d’exemple, la partie sud de la corniche s’adosse au secteur de « Medina » symbole de quartier populaire. Sur le plan sociétal, Dakar doit tenir compte de très fortes composantes traditionnelles qui occupent durablement l’espace. Par exemple, « Soumbédioune », zone de pêche artisanale, marché populaire, campe en plein milieu de la corniche ; marabouts et étales artisanaux informels s’inscrivent dans le paysage sur fond d’océan. Par ailleurs, dans l’esprit des Dakarois, le mot Corniche résonne avant tout comme synonyme de terrain de sport, celui qu’ils se sont approprié sans aménagement préalable. Le visiteur est frappé par ce spectacle quotidien de fin de journée, des concentrations impressionnantes d’hommes et de femmes pratiquant le jogging et d’autres activités physiques.
ANALYSE DU LITTORAL DAKAROIS
Voilà une spécificité locale qui montre que l’usage d’un littoral ne se limite pas à la volonté des aménageurs, au mimétisme d’un modèle, il dépend aussi fortement de la manière dont les sociétés elles-mêmes s’approprient l’espace.
FANN
MEDINA
Un littoral dans l’epace urbain
PLATEAU
Quartier chic ( résidences, ambassades) Quartier populaire Centre ville
Une artère et une vitrine Voie express, allée de palmier, ouverture panoramique Monument mémoriel Mosqué, empreinte du pouvoir religieux
Entre tradition et modernité Résidences et hôtels de luxe Commerces, loisirs, parcs d’attractions Activités traditonnelles ( pêche, artisanat )
Zoom : Analyse d’une portion de littoral
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le choix d’une portion de littoral d’une dizaine de kilomètres permet d’appréhender de façon concrète des paysages et des activités que l’on inscrit dans l’espace. Le littoral dakarois montre assez bien la complexité des côtes où l’on privilégie le luxe et la modernité mais où résistent des espaces traditionnels et d’usages publics.
Littoral et développement durable Face à la quête de la modernité, on peut s’interroger sur les compatibilités entre priorités d’aménagement et critères de développement durable. En effet, quatre problématiques majeures s’opposent au devellopement durable de la côte :
° La dégradation environnementale (pollution industrielle et domestique des littoraux) ° La dégradation paysagère (bétonnage de la côte) ° La rareté croissante des espaces publics (concurrence pour l’espace)
° Des choix d’aménagement (littoral en friche)
Littoral en friche D’autre part, certains organismes privés se l’accaparent au détriment des citoyens qui revendiquent : « UN littoral pour TOUS ». L’horizon de la mer tend à s’effacer et la plage elle- même, sans avoir complètement disparu, est sérieusement menacée par les chantiers et le bétonnage incontrôlé de la côte.
ANALYSE DU LITTORAL DAKAROIS
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Il devient donc urgent de s’intéresser à l’aménagement public du littoral en unifiant les divers codes existants (code de l’urbanisme, code de l’environnement, loi sur le domaine public maritime…) pour mettre fin à l’occupation de cet espace par des privés et contribuer à l’embellissement de cette vitrine paysagère.
NOUVEAUX QUARTIERS
Organisation de la3 km voie publique
CENTRE VILLE
Un littoral « chic» Jardins privés La vitrine littorale Hôtelerie de luxe
Des lieux d’échanges et de productions Pêche artisanale Espace Portuaire
« Riviera » dakaroise, villas luxueuses
Des espaces en marge Pollution industrielle Espace en friche
Un littoral fragmenté, saturé et multifonctionnel
ARCHITECTURE ET PAYSAGE Chapitre 2
Paysage : n.m, Étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme, qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle. On distingue trois sortes de paysage : forestier, industriel, urbain .
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En milieu urbain, l’espace public est un paysage, c’est à dire un lieu perçu par un observateur, en général mobile, fortement lié à des critères objectifs, tels que le cadre bâti, la trame urbaine, le contexte morpho géographique, mais aussi lié à l’œil de l’usager, pris dans des programmes de parcours en lien avec ses activités. Pour résumer, le paysage est un caractère fortement lié à l’image qu’il suscite et aux individus qui le parcourent. En milieu urbain, trois échelles sont à prendre en compte pour la lecture paysagère de l’espace public : ° L’échelle rapprochée, l’espace immédiat, le paysage de la rue ou de la place Il est structuré et modelé par l’aménagement de l’espace public lui même. L’architecture des façades bâties, les clôtures, les jardins constituent un « fond de scène » qui s’ajoute au paysage. ° L’échelle de la trame urbaine L’esplanade du front de mer est reliée au reste de l’espace urbain. Les flux et parcours, les perspectives, les points de repères et la trame urbaine composent le paysage. ° L’échelle du site Il s’agit du grand paysage, la continuité littorale du site. A cette échelle devient perceptible le contexte du site et son environnement.
ARCHITECTURE ET PAYSAGE
Le paysage immédiat
Le paysage intermédiaire
Le grand paysage
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le paysage littoral est constitué d’entités multiples, non seulement par la variété des configurations des espaces naturels, mais également par celle des espaces construits. Les cônes de visibilité* permettent de mieux appréhender ces paysages singuliers. Patrimoine bâti, cultures agricoles et maritimes tirent leur diversité de la façon dont ils se sont référés à la mer et à la géographie pour s’organiser. La spécificité littorale vient du fait que toutes ces structures paysagères ont, dans leur diversité, une référence commune majeure : la présence de la mer. À la fois limite, contrainte, espace nourricier et horizon, la mer a conditionné les paysages à travers l’organisation particulière de la ville et des activités qui lui sont liées.
12°
Cas n°1
12°
Cas n°2
12°
Cas n°3
12° Cas n°4
Coupe de principe des cônes de visibilité*
ARCHITECTURE ET PAYSAGE
A Dakar, il résulte une variété extrême de paysages urbains dont les caractéristiques sont issues de cette histoire locale.Le littoral n’est pas un espace comme les autres, il est lisible de tous les cotés : depuis la mer la lisibilité est complète et donne à voir, d’un coup de regard, l’ensemble composé des profils construits et des espaces naturels, ainsi que du relief ; depuis la terre cette visibilité est multiple avec une particularité forte qui est la perception de la mer ou du paysage qu’elle suggère.
Collage : la course à la mer De cette double relation terre/mer et d’extrême visibilité, l’aménagement de l’espace, la qualité architecturale, l’organisation urbaine, les rapports avec les paysages, le relief, la mer, posent un certain nombre d’exigences et une responsabilité particulière pour les concepteurs d’espace. L’espace littoral doit garder ses spécificités, son identité qui allient le paysage au patrimoine construit dans un dialogue permanent avec la mer. Cela exige une compréhension de lieux. Les concepteurs doivent se poser la question de l’identité de leur territoire et s’entourer des compétences nécessaires pour mieux maîtriser leurs projets d’aménagement, d’extension et veiller à l’intégration des nouvelles constructions dans leur contexte.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Les principes d’aménagement du littoral Préserver la bande des 100 mètres La préservation d’une bande littorale est fondamentale puisque c’est la zone la plus soumise aux pressions liées à de multiples usages : baignade, nautisme, activités portuaires, pêche et urbanisation. Directement soumise au recul du trait de côte, la bande littorale est l’espace susceptible d’être le plus affecté par l’élévation du niveau de la mer, l’augmentation de la force et de la fréquence des tempêtes. L’ inconstructibilité des espaces les plus fragiles permet de préserver les ressources naturelles et culturelles, facteurs d’équilibre écologique et d’attrait touristique, mais aussi de préserver la valeur d’usage et économique de ces milieux. En dehors des espaces urbanisés les constructions et installations sont interdites sur une bande de 100 mètres. Seules sont autorisées les constructions ou installations nécessaires à des services publics ou à des activités économiques nécessitant la proximité immédiate de l’eau. » Commune littorale
Domaine public maritime Rivage
Zone des 100 mètres (Notion d’urbanisme)
Basse mer
Lais et relais de la mer
Haute mer
100
Domaine public maritime Source : Renouveler les stations publics des littoraux, atout france
ARCHITECTURE ET PAYSAGE
Comme indiqué dans le chapitre précédent, Dakar est une ville bordée par la mer. Son aménagement littoral est une des priorités récentes constatée. Les espaces proches du rivage sont les plus convoités. Il est nécessaire de les protéger, de veiller à la qualité architecturale, urbaine et paysagère, d’éviter que l’urbanisation continue à s’étendre le long du rivage et d’inciter le développement urbain à s’effectuer en profondeur. Les fronts de mers sont des espaces stratégiques, ils doivent être des « lieux d’image ». Un aménagement relativement sobre et pérenne, compte tenu de la rigueur du climat maritime, s’impose. Le design accompagne la vision, il doit se faire discret et s’effacer devant le site. Matériaux, mobilier urbain, et signalétique accompagnent la ligne urbaine sans la brouiller. Néanmoins, des espaces plus disponibles, des qualités matérielles des traitements de sols et un mobilier urbain pour le piéton ne signifient pas des matériaux luxueux.
promenade abritée
emprise pergola
voie circulable
promenade bois
Exemple d’aménagement : port de Royan Une politique de mise en valeur architecturale du front de mer est nécessaire : l’espace du front de mer offre le « recul » permettant une mise en valeur architecturale qui pourrait même avoir des caractéristiques un peu particulières, compte tenu des distances visuelles qu’autorise le recul depuis la plage. La couleur, par exemple est souvent de mise et la bienvenue dans ce contexte. Une politique de mise en valeur paysagère par les plantations d’alignement et les jardins, peut aussi compléter la continuité littorale. De plus, la fonction de panorama est une fonction extrêmement importante.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Une architecture qui se fond dans le paysage
ARCHITECTURE ET PAYSAGE
Beton Hala Waterfront BELGRADE dRN Architects
Benidorm Seafront BENIDORM Carlos Ferrater
BMW Olympic Pavilion LONDRES Serie Architects
Science and Technology Museum BEIJING KLM Architects
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
En plus des aménagements littoraux, certains projets de bâtiments s’inscrivent directement sur le bord d’eau. Leur architecture vient façonner le paysage sans pour autant le troubler. Le projet lui même se fond dans le site. Parmi ces projets on retrouve le célèbre concept du Festival Market Place : s’agissant de concevoir un espace touristique et commercial sur un front d’eau. Ce terme combinant à la fois les notions de marché et de littoral.
La festival Market Place Des le début des années 60, les villes-ports de l’Amérique du Nord ont entamé la reconquête de leur front d’eau délaissé par l’industrie et les activités portuaires. Plusieurs schémas d’aménagement imaginés pour tenter de requalifier ces « vides » urbains. Ces projets devaient assurer la transition d’un espace industriel vers le tertiaire. Des aquariums, des musées maritimes, des vieux gréement, des marinas, et des attractions sont édifiés afin d’accueillir le « tourisme sur le front d’eau ». Parmi les figures urbaines qui ont vu le jour sur les zones portuaires celle du « festival Market Place » est peut-être la plus emblématique. La Festival market place est un lieu de chalandise ; ce terme est utilisé pour désigner un ensemble de boutiques artisanales et de petits restaurants dans un bâtiment situé sur le front d’eau. Par son vocabulaire architectural la festival Market Place se distingue fortement du centre commercial classique. Sa localisation en bord de mer explique son échelle plus « humaine » que celle des grands centres commerciaux urbains et l’effort de composition architectural et paysagère. Au niveau du programme, la festival Market puise son inspiration dans le marché de type traditionnel, les étalages sont ouverts, les présentations en vrac, on y retrouve les couleurs et une ambiance de fête, mais tout cela dans un univers clos. L’objectif est d’éviter le déjà-vu, les boutiques franchisées ou les firmes nationales. Au contraire sont sollicitées celles qui proposent des objets de curiosité ayant si possible une relation thématique avec la ville d’accueil. Des spectacles et des attractions culturelles sont régulièrement les bienvenus.
LA FESTIVAL MARKET PLACE
Source : Maria Gravari-Barbas « la festival Market Place ou le tourisme sur le front d’eau »
Le South SeaPort de New York Avanr et après
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
festival Market place
centre commercial
Comparaison des Gabarits du centre commercial et du festival Market place
Pour les concepteurs, l’inspiration essentielle, vient finalement de la ville elle-même et de son patrimoine historique. Ils évoquent l’authenticité des projets, la couleur locale, la référence au lieu. Dans la plupart des projets, on y trouve un mélange de vieux est de neuf, d’ancien et de moderne.1 Son architecture a été conçue de manière à s’intégrer, par son thème et sa volumétrie dans le contexte de la ville portuaire. Les références architecturales appellent à un vocabulaire maritime ; et se fond dans le paysage littoral. À Baltimore, l’architecte Thomson crée une architecture légère et transparente voir même invisible. Celle-ci disparaît littéralement à l’intérieur, derrière les articles, les marchandises et les éléments du mobilier urbain. Il s’agit d’architecture discrète et familière qui sait se faire oublier.
Espace de commerces et de restauration vastes Espace de circulation etroits
cousive extérieure effet navire 10 m
Répartition du programme, Festival Market Place de Baltimore
LA FESTIVAL MARKET PLACE
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Les dégagements dessinés sont étroits et permettent d’accentuer l’impression d’un espace dense et de dramatiser l’impression de la foule. La « festival Market place » est un lieu qui se visite, de la même manière qu’un musée ou une attraction touristique. La conception de l’espace correspond par ailleurs à une logique muséale ; la visite est organisée par séquence : des séquences denses pendant lesquelles on observe, on consomme, et des séquences de pause pendant lesquelles le regard se porte vers l’extérieur.2 C’est un événement urbain, un musée de la ville, et en tant que tel c’est un lieu ou on se rend en se coupant momentanément de la réalité.
Séquence denses
Séquence de pause
10 m
La « festival Market place » est un terme combinant à la fois les notions de marché et de littoral. C’est aussi l’entre-deux du centre commercial et du marché traditionnel. C’est un modèle qui s’est fait exporter dans plusieurs villes européennes à la fin du XXe siècle. Ce type de projet pourrait servir de référence aux nombreux marchés africains qui n’ont pas su s’adapter à leur temps, en restant le lieu pittoresque qu’ils ont toujours été.
_______________________________________________________________ 1-2
Maria Gravari-Barbas « la festival Market Place ou le tourisme sur le front d’eau » Norois, n°178, 1998.
UNE ARCHITECTURE HERITÉE DES TECHNIQUES CLIMATIQUE Chapitre 3
La question du climat dans l’architecture tropicale se pose depuis l‘époque coloniale. Avant la généralisation de la climatisation, l’approche climatique a été abordée par de nombreux architectes à l’origine de projets remarquables jusqu’aujourd’hui. L’étude des techniques climatiques et concepts coloniaux s’avère être indispensable à la compréhension du climat de ces zones tropicales. Il n’y aura jamais un véritable urbanisme colonial sans une entente parfaite entre médecins, hygiénistes et architectes. Les uns et les autres doivent porter cette œuvre commune.1 Au départ, le traitement du climat est purement hygiéniste et lié au peuplement des terres africaines. Plus tard, avec la naissance de nouvelles idées en particulier après les CIAM2, les territoires conquis deviennent des terrains expérimentaux sur des sujets tels que l’hygiène, la rationalisation de la construction et le climat en architecture. La notion de confort thermique remplace peu à peu les aspirations purement hygiénistes et le Mouvement Moderne fait du climat une source de l’inspiration architecturale. Le Corbusier, principal investigateur de ces approches, aborde la question climatique à travers ces projets de Ronchamp et de Chandigarh ou il tente d’allier l’esthétique des espaces à l’ensoleillement naturel. Selon lui, l’introduction des « brise-soleil » constitue certainement un premier élément fondamental de l’architecture tropicale. Après une période féconde en intervention, l’emploi du brise-soleil se systématise peu à peu, au point de devenir le stéréotype d’une architecture climatique. Dans certains cas, on peut même se demander si on a pas délibérément orienté les façades prin _______________________________________________________________ 1
Marcel Léger, « L’habitation coloniale du point de vue médical », in Urbanisme, 1933.
2
Conférence internationale d’architecture moderne : la chartre d’Athènes.
UNE ARCHITECTURE HERITÉE DES TECHNIQUES CLIMATIQUE
cipales vers les expositions solaires les plus défavorables, l’est ou l’ouest, dans le simple but de justifier l’emploi de ces brises soleil, choisis en réalité pour leur rôle plastique.
Soleil d’été
Soleil d’hiver
Ventilation naturellle
Le brise soleil en climat tropical
Outre cette prolifération du brise-soleil, d’autres architectes portent leur intérêt sur le traitement du climat par l’incorporation d’espace de transition appropriables (galerie, patio, loggia, balcon, terrasse). Ceci est remarquable dans le palais de justice de Dakar édifiés par R.Boy et J. Semichon. En effet ce bâtiment a été conçu pour être ventilé naturellement et dispose d’une immense salle de 65x55 m qui est traitée à la manière islamique, c’est à dire comme un patio ouvert. Il est aujourd’hui classé en tant que monument historique. D’autres architectes essayent « d‘imiter » la maison européenne en l’adaptant au climat tropical, cependant les arcades sont copiées sur celles de la rue de Rivoli, des bâtiments incommodes surgissent, effarés de se trouver dans un cadre totalement étranger3. _______________________________________________________________ 3
Ernest Hebrard, « L’architecture locale et les questions d’esthétique en Indochine», in Urbanisme, 1935.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
A Dakar, l’incorporation du climat dans le projet d’architecture prendra en compte deux types de critères. D’une part, les critères objectifs de fonctionnalité qui englobent les savoirs sur la maîtrise du climat et l’adéquation des solutions à l’usage et au contexte local. D’autre part, le jugement esthétique des formes et espaces générés, mis en valeur par le traitement de l’ensoleillement. L’appréciation du travail des architectes sur le climat et l’ensoleillement dépendra de l’harmonisation de ces deux composantes. C’est une période ou l’architecture africaine fut pensée, vécue par des hommes qui, coupés pendant de longs mois de leur pays d’origine, étaient Africains de situation et souvent de cœur et raisonnaient le problème en fonction des moyens et des besoins locaux.4
Soleil d’été
Soleil d’hiver
Principe de la toiture débordante
La maison coloniale intègre plusieurs éléments du vocabulaire de l’architecture vernaculaire des pays chauds, comme les écrans de protection des façades contre le soleil, la disposition éventuelle sur pilotis et surtout la toiture débordante (que les grands maîtres de l’architecture ont pu décliner dans leur œuvres), qui parfois devient véranda. De forme allongée, la maison est disposée face aux vents dominants pour améliorer, par la ventilation permanente, le confort des habitants dans les régions humides ou pour évacuer la nuit la chaleur accumulée dans les parois. _______________________________________________________________ 4
Henri Chomette, « L’évolution de l’architecture africaine », in Africa, n° 33, nov-dec. 1964
UNE ARCHITECTURE HERITÉE DES TECHNIQUES CLIMATIQUE
Dans les années 60, la généralisation de la climatisation va modifier les espaces de vie et leur dimensionnement. L’architecture tropicale ne sera plus pensée en fonction du climat. Cependant, après plus d’une décennie de déconsidération, le contrôle thermique naturel est à nouveau mis en avant face à la demande d’économie d’énergie. Cela montre bien la connotation fortement utilitaire que prend le contrôle climatique dans certaines régions. Dans les climats excessifs, il arrive souvent que l’architecture soit plus naturelle que culturelle. 5
Schéma de Le Corbusier 1933 : Site, topographie, climat, ceci commande l’architecture. La disposition des bâtiments est definie par l’ensoleillement et le paysage. Source : Architecture Française d’outre-mer, Institut Français d’Architecture
Aujourd’hui, l’architecture climatique doit résulter d’une compréhension très graduelle du sujet grâce à l’observation et l’expérimentation sur le terrain. Le rapport au milieu naturel doit être conçu en terme de protection contre les agressions extérieures : le climat, l’environnement insalubre (eaux stagnantes), les animaux, vecteurs de maladies (insectes, parasites, microbes)… Les mesures de prévention et de protection sont multiples et relativement simples. Le problème d’une architecture tropicale ne se pose pas de façon abstraite, conditionnée seulement par des données climatiques. Toute architecture est fonction d’un programme et tout programme est en partie fonction des usagers éventuels. C’est dire qu’il faut examiner les besoins, le genre de vie de ces usagers. Il ne suffit pas de transplanter la maison moderne aux Tropiques en l’adaptant au climat. Au contraire, il faut repenser le problème en partant des donnés climatologiques, techniques, sociales, etc. 6 Le souci climatique se lit tout d’abord dans le soin porté à l’implantation du terrain et à la distribution intérieure. Le bâtiment est orienté en fonction des vents favorable, de l’ensoleillement, de la vue des paysages.
___________________________________________________ 5
R. Cresswell, op. cit
6
André Ravereau, « Construire au M’zab », in Techniques et Architecture, N°329, 1980
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Les orientations favorables à l’ensoleillement ne le sont pas forcément à la vue ou à la ventilation. Les concilier exige d’adopter des solutions ingénieuses. Il serait intéressant de relever à travers cette rétrospective que par l’exploitation de ces thèmes de flexibilité de l’’espace et de la lumière. Un travail intéressant pourrait être réalisé sur la composition des ambiances dans un volume à l’abri des variations thermiques.
Principe La ventilation naturelle est l’un des outils de la conception bioclimatique. Elle a été oubliée depuis quelques décennies au profit des systèmes de rafraîchissement ou de climatisation. Les architectes qui renouent avec cette pratique ancestrale profitent des possibilités du climat et de l’environnement immédiat pour répondre aux besoins de renouvellement d’air et de confort dans un bâtiment.
Palais de justice , Abijan Architecture Française d’outre-mer, Institut Français d’Architecture
Dans les villes d’Afrique, il existe deux bonnes raisons de ventiler : le confort d’été et la salubrité. °L’aération sanitaire est indispensable et veille à la bonne qualité de l’air d’un édifice. °L’inertie du bâtiment s’avère aussi être efficace. La fraîcheur de la nuit alors stockée dans l’inertie disponible de la structure (dalle de plancher, mur intérieur) pour que les usagers en bénéficient par réémission le jour suivant. ° L’évapotranspiration consiste à multiplier la présence de plantation autour des bâtiments. Ceci entraine une élévation de l’humidité ambiante de l’air et favorise le rafraîchissement.
UNE ARCHITECTURE HERITÉE DES TECHNIQUES CLIMATIQUE
° La porosité est définie par le rapport entre la surface libre de tous les orifices d’une pièce et la surface utile de ce local. Pour la ventilation naturelle de confort, elle doit être au moins de 6%. L’efficacité d’une ventilation naturelle dépend largement du régime des vents sur le site, de la topographie, de la nature du tissu urbain, de la hauteur des bâtiments voisins. Les quatre familles de ventilation naturelle :
TRAVERSANTE
TRAVERSANTE AVEC TIRAGE THERMIQUE
TRAVERSANTE AVEC TIRAGE THERMIQUE
MONO-ORIENTÉE
PAR TIRAGE THERMIQUE
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
L’analyse climatique réalisée sur la ZAC de Pielles montre l’attention particulière portée au confort d’été. Les façades pleinement ensoleillées en hiver sont ombragées en période estivale. Les occupants bénéficient donc d’un habitat agréable toute l’année, même en cas de météo défavorable.
N
ZAC de Pielles : Les logements «pivotent» pour chercher la lumière Vent du Sud
Zone abritée
Zone abritée Freinage par la végétation
Zone abritée Freinage par la végétation
Zone abritée Freinage par la végétation
Vent du Nord
Zone abritée Freinage par la morphologie du bâti
Freinage par la végétation
Zone abritée
Zone abritée
Freinage par la végétation
Freinage par la végétation
ZAC de Pielles : Evolution du vent en espace urbain
UNE ARCHITECTURE HERITÉE DES TECHNIQUES CLIMATIQUE
En Jordanie, le lycée d’Amman porte une attention particulière aux aspects environnementaux et bioclimatiques. L’optimisation de la lumière naturelle, la gestion de l’énergie, la récupération des eaux pluviales et le traitement des eaux d’exploitation, confèrent à ce bâtiment une empreinte résolument durable. Comme pour le lycée français de Dakar, des matériaux et des moyens locaux ont été privilégiés, afin de maîtriser les coûts, mais aussi d’inscrire le nouvel ensemble dans le paysage environnant.
Eclairage naturel
Ventillation naturelle
Lycée d’Amman : Gestion de l’éclairage naturel et de la ventillation
Importance des végétaux La végétation joue un rôle très important dans le contrôle climatique des abords de la construction et de la construction ellemême. La verdure, par son ombrage, son évaporation, réduira la température de l’air. La végétation aura multiple rôles : protection solaire efficace (en amenant de l’ombre qui pourra être permanente ou sélective suivant les saisons et les arbres choisis), protection contre le vent, apport de fraîcheur par un phénomène d’évaporation de l’eau qu’elle contient, protection contre la poussière, réduction de l’érosion, amélioration du confort visuel et sensoriel.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Conclusion Bien que le littoral dakarois soit en friche, le projet d’architecture devra penser son aménagement. Les activités sportives qui s’y déroulent quotidiennement seront intégrées en tant qu’élément programmatique du projet. L’espace littoral doit garder ses spécificités, son identité qui allie le paysage au patrimoine construit dans un dialogue permanent avec la mer.
Textures du littoral
Les textures existantes doivent être repensées et réintégrer à l’aménagement (mobilier urbain, revêtement de sol, végétation) et à l’architecture. Cette dernière devra s’effacer devant le site et se fondre dans le paysage. Elle devra intégrer de la couleur et de la végétation. L’architecture sera un mélange de vieux et de neuf, d’ancien et de moderne.
Espace dense
Espace pause
Espace dense Espace pause
A l’exemple du Festival Market place, le projet intégrera des espaces denses ou l’on observe, consomme, apprend et des espace de pause ou le regard se porte sur l’extérieur, sur la mer.
CONCLUSION
D’autre part, le bâtiment sera orienté en fonction des vents favorables, de l’ensoleillement, de la vue des paysages. Le tissage de ces trois éléments et le rattachement au site par la continuité des axes de circulation dessinerons peu à peu le projet.
Séquences programmatique
Les techniques climatiques coloniales favorisant la ventilation naturelle traversante pourront être revisitées pour contribuer au confort d’été. Le brise-soleil, le patio, la loggia, le balcon, et la toiture débordante seront des éléments indispensables.
La mise en valeur architecturale du front de mer est indispensable à tout projet d’architecture. Cet aménagement doit prendre en compte l’identité du site et la retranscrire à travers divers élements architecturaux ( matériaux locaux, paysage, outils climatiques). A Dakar, la baie artisanale de Soumbédioune est un haut lieu de tradition, pourtant, son architecture semble se dégrader.
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LE MARCHÉ ARTISANAL DE LA BAIE DE SOUMBÉDIOUNE Partie IV
La création de la Médina de Dakar remonte à l’époque coloniale. C’est un lieu chargé d’histoire. La baie de soumbédioune vient composer le paysage de la Médina avec son marché d’artisans et de pêcheurs. IDENTITÉ DU SITE : ANALYSE ET COMPOSITION DE LA MEDINA Chapitre 1
Rappel historique La Médina compte parmi les plus vieux quartiers de Dakar. Son établissement date du début des années 1914, lorsque l’épidémie de peste donna la possibilité aux autorités coloniales de repousser les indigènes hors du plateau Dakarois où ils cohabitaient. Les services administratifs et commerciaux de la colonie étaient situés en centre ville et les premiers lotissements de ce qui deviendra la Médina étaient situés à quelques kilomètres de ce centre. Le centre et la Médina étaient donc séparés pour des raisons sanitaires. Pour permettre à ces familles expulsées de s’établir facilement, il a fallut drainer et aménager un vaste plaine qui constituera le noyau primitif de la Médina. Un plan simple en damier était fait pour faciliter l’attribution des lots aux familles déplacées. Le peuplement se poursuit pendant les années 1920-40 avec le développement du quartier et l’introduction d’équipement tel que : écoles, marchés, hôpitaux... Ces extensions feront de la Médina un quartier populaire central situé au coeur de l’agglomération Dakaroise. En 1990, la population résidente comptait 140.000 habitants1, aujourd’hui on compte 30.000 habitants, suite à la politique de désengorgement de la Médina. _______________________________________________________________ 1
Selon ENDA GRAPH
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Approche touristique Depuis les années 1974, le mouvement touristique n’a pas cessé de drainer un nombre croissant de touristes au Sénégal. De 1963 à 1990, le nombre de touristes ayant foulés le sol sénégalais augmente de 53 000 à 503 000 ayant apportés plus de 163 millions de dollars de devises en 1991 Aujourd’hui encore, la Médina reste le principal lieu touristique de Dakar grâce aux contrastes de ses cultures et aux activités traditionnelles qui s’y pratiquent au marché.
MEDINA Quartiers populaires
La Médina, Dakar
Approche architecturale La Médina est marquée par une forte hétérogénéité dans le bâti. La maison bon marché datant de la période coloniale est faite d’un soubassement et de murs en durs, recouverts d’un toit en tuiles de terres cuites. Ces maisons coloniales sont fortement inspirées de l’habitat local dont le souci principal était d’avoir un bon comportement thermique. On peut remarquer l’utilisation des matériaux locaux notamment la pierre basaltique et les tuiles en terres cuites sur une charpente en bois. Les constructions plus récentes s’établissent en béton armé avec un toit plat et peinture sur façade ou non. On trouve une réelle _______________________________________________________________ 2
Atlas national du Sénégal
IDENTITÉ DU SITE : ANALYSE ET COMPOSITION DE LA MEDINA
diversité dans les formes, les matériaux, les couleurs, les types et l’état de l’ensemble de ces constructions. La morphologie type rez-de-chaussée est dominante ponctuée de temps en temps par des R+1 et quelque fois des R+2.
Approche végétale Une remarque importante s’impose sur la rareté du végétal au sein de la Médina et surtout aux abords de la baie de Soumbédioune. Cette constatation n’est pas forcement favorable car les végétaux permettent de brasser l’air en créant un microclimat favorable à la venue des pluies, empêchent l’érosion des sols et permettent aux populations de créer des liens sociaux en s’installant sous les arbres.
public
Approche thermique
privé
Les Espaces verts de la Médina, Dakar
En pays tropicaux, les températures moyennes mensuelles descendent rarement au-dessous de 20 °C. Ce qui signifie que les parois des bâtiments sont soumises à des niveaux de température très élevés. La première considération à prendre en compte dans ces pays est de réaliser une protection maximale des bâtiments du point de vue solaire pour réduire leur charge thermique. L’architecte, dispose d’un répertoire assez large de dispositif de protection solaire pour faire face aux enjeux climatiques.
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ENTRE PECHEURS ET ARTISANS : UN HAUT LIEU DE TRADITION Chapitre 2
Le marché de Soumbédioune est né en 1950, de l’union de pêcheurs et vendeurs de poissons sur la baie de la Médina. Au départ simple marché spontané, il se fait régulariser en 1881 par la Mairie de Dakar. Léopold Sédar Senghor, premier président de la République Sénégalaise contribue à la construction des locaux du marché artisanal. C’est un village traditionnel, un village de pêcheurs. C’est de là que partent chaque matin des centaines de pirogues à la recherche du poisson qui va alimenter les marchés de Dakar. Le Soumbédioune d’aujourd’hui est aussi un village d’artisans héritiers du savoir faire artisanal ancestral. Même si le marché accueil le des activités différentes, il s’avère être un haut lieu de tradition. Un endroit chargé d’histoire devenu un haut lieu touristique. Depuis quelques années, les locaux abritant le marché sont en état de délabrement total du fait des nombreuses innondations ayant touché les lieux pendant l’hivernage. Ainsi, les vendeurs se servent une nouvelle fois de la rue pour exposer leur marchandise et permettre aux clients de d’acheter dans de « meilleures» conditions. En 2009, lors de la réhabilitation de la corniche, la ville de Dakar se voit mettre en oeuvre la construction d’un grand tunnel aux abords du marché, de sorte que la circulation causée par ce dernier puisse être évitée. Le détournement du marché à été favorisé au détriment de la rénovation des locaux existants. Aujourd’hui, le village artisanal de Soumbédioune est sous la menace de ruine, les bâtiments abritant les commerces sont dans un état lamentable. L’emprise du tunnel aggrave l’attractivité perdue du lieu. Les artisans répartis dans les sept corps de métiers demandent aux nouvelles autorités la réhabilitation et la modernisation de ce site historique qui date depuis 1950.
ENTRE PECHEURS ET ARTISANS : UN HAUT LIEU DE TRADITION
Les pêcheurs Le cadre naturel sénégalais est favorable à la pêche. Le pays bénéficie à la fois d’une façade maritime d’environ 700 km de long, d’un plateau continental s’étendant sur 10 000 km², du souffle des alizés et de la remontée des eaux froides et profondes venant des Canaries, riches en sels nutritifs. Ces atouts naturels en font une des côtes les plus poissonneuses d’Afrique. Le système traditionnel de la pêche repose sur une division par un genre du travail. A Soumbédioune, les hommes assurent la production, les femmes commercialisent et transforment le poisson qui sera racheté par les mareyeurs.
La baie de Soumbédioune, Médina Dakar
La pêche artisanale procure 75 % du poisson consommé au Sénégal il participe pour 30 % à l’approvisionnement des usines de transformation. Elle fournit 10 % des emplois au Sénégal, en mer et à terre. Seulement 10 % de la pêche industrielle est livrée aux mareyeurs pour une consommation intérieure sous forme de poissons frais ou congelés1. _______________________________________________________________ 1
Marchandes dakaroises, entre marché et maison, Mireille Lercarme-Frassy
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
A Soumbédioune, près de 6000 personnes vivent de la pêche artisanale : les charpentiers qui confectionnent les pirogues, les écailleuses et transformatrices de poissons, les vendeurs et mareyeurs et bien sûr les pêcheurs. On compte environ 1000 pêcheurs et 230 pirogues.
Alignement des pirogues le long de la plage Baie de Soumbédioune
1.5 m 10 m
Dimensions moyennes d’une pirogue Baie de Soumbédioune
ENTRE PECHEURS ET ARTISANS : UN HAUT LIEU DE TRADITION
Les pêcheurs vendeurs demandent avant tout d’avoir un toit sous lequel vendre leur marchandise, des locaux de glacière pour la conserver et d’une dalle de sol pour bien travailler. Les locaux sanitaires et les ateliers de charpentiers sont aussi nécessaires.
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Travailleurs au sein du village de pêche Baie de Soumbédioune
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Pêche en mer
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Emploi du temps du pêcheur
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Les artisans Au Sud du village se tient le marché artisanal. Composé de 150 échoppes, 200 artisans sont répartis dans 7 corps de métier : sculpteurs, tailleurs, bijoutiers, maroquiniers et tisseurs. L’artisan qui possède un atelier pratique dans sa boutique et vend directement. Les autres pratiquent au sein des ateliers communs, vendent en gros aux vendeurs du marché qui les exposent au détail.
Echoppes d’artisans Baie de Soumbédioune
Depuis sa rénovation en 1981 par le président de la République, aucun investissement n’a été envisagé, excepté celui de 2000 promis par l’ancien président de la république, mais qui se fait toujours attendre. Les boutiques sont victimes des intempéries. L’architecture du lieu, à la fois traditionnel et recherchée tend à disparaître. Les locaux se font remplacer au fur et à mesure de leur usure, par des tentes en bâches et des locaux en béton. Le sanitaire est très important au sein du marché d’une part pour l’hygiène, de l’autre pour les besoins. Le Village artisanal ne détient aucun local sanitaire ou toilettes. Par contre, on trouve une discothèque à l’entrée et une ancienne école primaire.
ENTRE PECHEURS ET ARTISANS : UN HAUT LIEU DE TRADITION
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Travailleurs au sein du village d’artisans Baie de Soumbédioune
Ac tiv i
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Travail en atelier
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Petit Dejeuner
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Emploi du temps de l’artisant
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LA MODERNITÉ RÉINTERPRÉTÉE PAR LA TRADITION : LE PROJET Chapitre 3
L’objectif du projet sera de recréer un marché fonctionnel, revisité, réinterprété en fonction des besoins et des enjeux actuels. Il permettra aussi de retisser le lien entre le marché et la ville, en conservant les fonctions principales et en y ajoutant des activités secondaires nécessaires au fonctionnement du lieu : des activités sportives pour les pratiquant sur la Corniche, une école d’apprentissage en art et artisanat, des lieux de spectacles et de paysages.
Concept Le tissage est un métier, un phénomène interculturel pratiqué depuis des milliers d’années. Le tissage et l’architecture sont deux disciplines analogues où les systèmes se chevauchent et fonctionnent ensemble pour créer un environnement harmonieux et où la rupture d’un seul élément provoquerait la destruction du tissu (urbain ou textile). Pour les architectes, comme pour les tisserands, il est nécessaire de regarder bien au de là des apparences de la surface. Tandis que l’architecte pense à la qualité spatiale avant la peau de l’édifice, le tisserand lui, se préoccupe de la structure de l’armure avant de penser à la qualité visuelle de sa toile. Comme Anni Albers, une tisseuse du Bahaus déclare : « Surfaces quality of material, that is matiere being mainly a quality of appearance, is an aesthetic quality of therefore, a mediurn of the artist, while quality of inner structure is, above all, a matter of function and therefore concern scientist and ingenior . Sometimes material surface and togheter with material structure are the main components of a work : in textile work for instance, specifically in weaving, or on another scale in architecture.»
LA MODERNITÉ RÉINTERPRÉTÉE PAR LA TRADITION : LE PROJET
Dans leur besoin commun de relier les propriétés physiques d’une conception à ses implications esthétiques, le tissage et l’architecture développent un caractère commun qu’il est intéressant d’étudier. L’histoire de l’utilisation du textile dans l’architecture est large. Aujourd’hui on retrouve de nombreuses formes de tissage dans les structures membranaires en traction. Cependant, plutôt que de se concentrer sur un matériau physique, j’ai choisi de mettre l’accent sur le processus de tissage, lui même, comme une analogie dans le processus de conception. Par exemple, dans la conception architecturale, le tissage peut être représenté par l’entrelacement des idées, des personnes, des lieux, de l’espace.
Tissage artisanal
Tissage architectural Représentation des espaces architecturaux inspirés du tissage
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
La promenade Le village de pêcheurs accueille plusieurs activités qui s’entremêlent au sein d’un seul et même espace en plein air. Les circulations sont difficiles, aucune promenade littorale n’est tracée. Ici, l’objectif du projet est de mettre en place un «zoning» permettant de diviser l’espace de manière à loger le programme déjà existant et d’y ajouter des activités nécessaires à son fonctionnement. Le tout étant organisé de part et d’autre d’une promenade littorale. Le site étant vierge, sans tracé particulier, le dessin de la promenade vient s’inspirer de l’écume marine présente sur le site chaque matin. L’écume se dessine par la continuité des axes de circulation automobile de la Médina. De plus, elle s’adapte à l’arc de cercle crée par la disposition des pirogues.
Axes principaux
Pour séparer les différentes parties du programme, un travail topographique vient s’ajouter pour éviter toute construction en «dur».
Topographie
LA MODERNITÉ RÉINTERPRÉTÉE PAR LA TRADITION : LE PROJET
Dans chaque écume se loge une partie du programme. Certaines sont ouvertes vers la ville (marché, parking, restaurant 1, sport urbain), d’autres vers la mer (Zone de tri de poisson, atelier de réparation de pirogues, restaurant 2). Certains bloc de béton se trouvant sur le site sont conservés et réaménagés de manière à compléter le programme en offrant des espaces clos. Par exemple, pour le marché il s’agit d’un local de conservation et pour le restaurant il s’agit de la cuisine.
Parking
Marché
Restaurant
Zone Sport Restaurant Zone de tri Atelier Pirogues
Programme
La plus grande écume renferme le marché artisanal à l’image du village africain.
Village d’artisans
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le village Au niveau du village d’artisans, l’architecture du lieu, à la fois traditionnelle et recherchée tend à disparaître. Les locaux se font remplacer au fur et à mesure de leur usure, par des tentes en bâches et des locaux en béton. L’objectif du projet est de remettre en valeur le potentiel architectural traditionnel présent et de le développer vers de nouveaux horizons. D’un coté, le village d’artisans se place en continuité piétonne logique depuis la promenade ; d’un autre coté, il s’agit de valoriser la diversité des programmes, et leur esprit local en offrant des échelles de micros espaces publiques s’intégrant subtilement au site naturel.
Continuité piétonne
Le but premier est d’organiser l’espace en tissant des liens entre les différents bâtiments existants. Le tissage doit naître de «fils», d’axes qui se dessinent sur le site.
Axes du village
LA MODERNITÉ RÉINTERPRÉTÉE PAR LA TRADITION : LE PROJET
L’hétérogénéité du bâti existant explique la diversité de mes interventions. Chaque bâtiment est repris un à un, de manière à mettre en valeur ses qualités et à camoufler ses défauts.
Interventions au niveau du village d’artisans
De nouveaux bâtiments sont aussi édifiés de manière à créer un micro urbanisme constitué de places, ruelles étroites ou larges, et percées paysagères.
Percées paysagères
La case africaine, emblème de l’architecture traditionnelle Elle est revisitée et réinterprétée en fonction des besoins actuels.
Nouvelles cases
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Le travail des matériaux viendra homogénéiser le tout, l’ancien enduit de ciment et le nouveau fait de terre locale pisée. «Construire un bâtiment en pisé est une manière de montrer l’actualité et la beauté de cette technique ancestrale et d’inciter les propriétaires des nombreux ouvrages existants à les entretenir plutôt que des les remplacer par des parpaings ou du béton» Borris Bouchet. Le pisé est le mode de construction en terre argileuse le plus pur et le plus direct doté d’excellentes caractéristiques thermiques.
Anciens et nouveaux matériaux
Enfin, l’objectif ultime sera de créer un micro-climat à l’échelle du village en employant des sur-toitures avec larges débords qui protégeront les apports directs du soleil sur les façades et toitures. Aussi, une ventilation naturelle tranversante sera favorisée grâce à l’ajout de fenêtres de part et d’autre du bâtiment.
Les avantages de la double toiture
LA MODERNITÉ RÉINTERPRÉTÉE PAR LA TRADITION : LE PROJET
Certains éléments du projet (portes, fenêtres, toitures) ne seront pas totalement achevés, de manière à ce que les artisans eux même s’approprient l’espace et apportent leur touche créative et vernaculaire qui constitue la richesse du marché africain d’aujourd’hui.
Tissage
Tôle
Structure fournie couverture artisanale
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ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ Conclusion
À une époque où l’Afrique est en quête de sa propre identité, la redéfinition de son espace marchand s’avère être indispensable. Bien que le modèle marchand occidental fonctionne parfaitement, sa reproduction en Afrique ne serait qu’échec. «Reproduire des modèles très coûteux dans lesquels on a besoin d’énergie pour rafraîchir l’air des bâtiments ne fonctionne pas dans un pays pauvre comme le Sénégal.» Diébédo Francis Kéré A Dakar, l’architecture traditionnelle n’a pas su se développer car elle a été confrontée à une violente pression des modèles véhiculés par d’autres formes de civilisation considérés comme des signes de progrès. L’architecture traditionnelle a perdu ses repères parce que la société elle-même a perdu ses fondements. « Il nous faut créer des conditions de vie plus descentes en conservant à l’Afrique un caractère quelque peu rural afin que le passage à un mode de vie urbain ne soit pas un facteur de perturbation. » J.M ELA. L’architecture marchande africaine doit savoir intégrer de nouveaux objectifs programmatiques (restaurants, infrastructures routières, parking, promenades paysagères) pour réduire la concurrence apparue ces dernières années par l’essor des centres commerciaux. L’espace marchand contemporain doit faire la synthèse entre tradition et modernité, où, les ressources locales sont complétées par des techniques modernes pour créer des structures élégantes et durables accompagnées d’une ventilation et d’un rafraîchissement naturels. En effet, il faut savoir s’adapter au contexte économique du pays, en l’occurrence, un pays ou la production est très largement assurée par le secteur de l’informel, et ou les ressources pour satisfaire les besoins sont maigres. Faire un projet économique, ce n’est pas seulement réduire les coûts, mais aussi réussir à intégrer l’opération dans l’économie locale, en faisant par exemple travailler les artisans.
CONCLUSIION
En se fondant sur une ingénierie basée sur l’usage de matériaux locaux à bas coûts et en utilisant la terre, les technologies simplifiées on arrive à la concrétisation de projets adaptés aux besoins sociaux. Ainsi, il s’agit de tirer parti des innovations techniques et des concepts architecturaux modernes tout en y associant des matériaux locaux, des savoir-faire, des richesses artisanales et des cultures ancestrales. « Je pense que donner de la valeur à des techniques de construction traditionnelles est la façon dont nous pouvons unir tradition et modernité. » Diébédo Francis Kéré - architecte burkinabé. Pour repenser l’espace marchand Dakarois d’aujourd’hui, il faut avant tout redéfinir et imaginer le marché grâce au pouvoir des richesses nationales.
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ANNEXES
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Entretien sur le site En quelle année a été crée le marché de Soumbédioune ? Le marché de Soumbédioune est né en 1950, de l’union de pêcheurs et vendeurs de poissons sur la baie de la Médina. Au départ simple marché spontané, il se fait régulariser en 1881 par la Mairie de Dakar. Léopold Sédar Senghor, premier président de la République Sénégalaise contribue à la construction des locaux du marché artisanal. Pour quelle raison à t-il été crée ? Lors de sa création, la marché à pour objectif d’approvisionner la population de la Médina en terme de poisson. Plus tard, il est fréquenté par tous les citadins grâce à la qualité de sa marchandise. Pourquoi un marché artisanal et un marché de poisson ? Situé sur la corniche, Soumbédioune est un village traditionnel, un village de pêcheurs. C’est de là que partent chaque matin des centaines de pirogues à la recherche du poisson qui va alimenter les marchés de la ville. Le Soumbédioune d’aujourd’hui est aussi un village d’artisans héritier du savoir faire artisanal ancestral. Même si le marché accueille des activités différentes, il s’avère être un haut lieu de tradition. Quels sont les différent corps de métiers du marché artisanal ? Près de 6000 personnes vivent de la pêche artisanale : les charpentiers qui confectionnent les pirogues, les écailleuses et transformatrices de poissons, les vendeurs et mareyeurs et bien sûr les pêcheurs (1 millier). Qui contribue à la construction des stands ? Depuis sa rénovation en 1981 par le président de la République, aucun investissement n’a été envisagé, excepté celui de 2000 promis par l’ancien président de la république, mais qui se fait toujours attendre. Dans quel état sont les boutiques ? Les boutiques sont victimes des intempéries. L’architecture du lieu, à la fois traditionnelle et recherchée tend à disparaître. Les locaux se font remplacer au fur et à mesure de leur usure, par des tentes en bâches et des locaux en béton.
ANNEXES
Quels sont les besoins des artisans en terme d’équipements ? Chaque artisan a besoin d’un local d’exposition à la vente, d’un atelier de conception. A défaut d’atelier dans leur boutique, chaque corps de métier dispose d’un atelier commun au sein du marché. En terme de locaux (laboratoire, toilettes) ? Le sanitaire est très important au sein du marché. D’une part pour l’hygiène, de l’autre pour les besoins. Le Village artisanal ne détient aucun local sanitaire ou toilettes. Quels sont les besoins des pêcheurs en terme d’équipements ? Les pêcheurs vendeurs demandent avant tout d’avoir un toit sous lequel vendre leur marchandise, des locaux de glacière pour la conserver et d’une dalle de sol pour bien travailler. Les locaux sanitaires et les ateliers de charpentiers sont aussi nécessaires. Souffrez-vous des intempéries ? des pluies ? vents ? Soleil ? Les pluies sont très dérangeantes et empêchent souvent la vente de poisson. Le vent marin est souvent très fort. Quand au soleil, il est quasiment prépondérant toute l’année, la chaleur est forte. Quels sont les changements en effectif de touristes et clients depuis la construction du tunnel ? Le nombre de touristes a fortement chuté depuis l’établissement du tunnel de Soumbédioune. Ce tunnel, certes, favorise la circulation automobile, cependant il coupe le lien entre la ville et le village artisanal, entre la ville et la mer.
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TISSAGE URBAIN : ENTRE TRADITION ET MODERNITÉ, LE MARCHÉ URBAIN DAKAROIS
Entretien avec l’artisan Quels sont les différents corps de métier du village artisanal ? On y trouve les Sculpteurs, les tailleurs, les bijoutiers, les maroquiniers, les tisserands, les potiers. Avez-vous besoins de différentes pièces dans votre atelier ? Non, une pièce spacieuse suffirait. Quelles sont vos horaires de travail ? 8h-18h Ou stockez vous votre marchandise ? Dans les locaux même, ils ont donc besoin d’être sécurisés et gardés. Comment se passe votre activité de la conception à la vente ? Les artisans travaillent au sein des ateliers communs, vendent en gros aux vendeurs du marché qui les exposent au détail. Combien d’attisans compte le marché? Environ 200 artisans et 50 boutiques.
Entretien avec le pêcheur Quelles sont vos horaires de travail ? 4h-12h ou 8h-17h ensuite de 17h-20h vente de poisson et enfin 20h-22h restauration. Ou stockez-vous votre marchandise ? Combien de Réfrigérateur dispose le marché? Dans des simple glacière à défaut de salle de congélation. Où la vendez-vous ? Sur place même ou sur le marché de la gueule tapée.
ANNEXES
Où laissez-vous votre pirogue le soir? Sur la plage même. Quelles sont les dimensions des pirogues ? De 7 à 10 mètres de long sur 1 à 2 mètres de large. Combien y a t-il de pirogues ? Et de pêcheurs ? 230 pirogues et environ 1000 pêcheurs. Comment la mettez-vous à l’eau ? Sur des tonneaux qui roulent jusqu’à la mer. Serait-il plus pratique quelle soit tt le temps à l’eau ? Oui si on trouvait une solution de faire descendre facilement le poisson. Combien gagnez-vous environ par jour ? Si la pêche est bonne on peut aller jusqu’à 15 000 à 20 000 FCFA par jour (30 euros). Quand la pêche n’est pas bonne, il se peut qu’on gagne seulement 1000 à 2000 FCFA (1 à 2 euros). Avec l’argent que l’ont gagne on pense avant tout au matériel, au moteur, et le reste on le ramène à la maison. Parfois je me dis que je vais changer de métier, mais j’ai l’amour de la mer. Toute ma jeunesse, je l’ai passé en mer, j’ai acquis des connaissances et un savoir faire grâce à la mer, c’est pour cela que je ne peux pas la quitter. La vie de la mer est ancrée en moi.
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