Mémoire TFE - Pays Cognaçais la campagne viticole de Grande Champagne - Marine Leger

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Pays cognaçais la campagne viticole de Grande Champagne

Réconcilier viticulture, nature et habitants pour pérenniser un territoire identitaire

Marine Leger

Mémoire de fin d’études • 2018/2019.


NB: Sources En l’absence d’indication, toute illustration, photographie ou cartographie est un document personnel. .


Membres du jury Directrice d’étude Catherine Farelle Paysagiste concepteur, paysagiste conseil d’état Enseignante de projet à l’INSA CVL département de la Nature et du Paysage Professeur encadrant Claire Combeau Plasticienne, architecte d’intérieur Enseignante en représentation graphique à l’INSA CVL département de la Nature et du Paysage Président de jury Bruno Ricard Ingénieur et docteur en aménagement et techniques urbaines Enseignant en hydrologie à l’INSA CVL département de la Nature et du Paysage .


0Prélude

p.5

Choix du site et du sujet p.7 Introduction et localisation p.9

sensible 1 Approche du paysage p.11

Balade en grande champagne Quel avenir pour ce territoire

p.13 p.29

d’une 2 Compréhension terre viticole p.31

À l’origine du territoire cognaçais

p.33

Quand le socle dirige l’occupation p.33 Un cru réputé pour ses qualités gustatives p.38

Construction d’une identité

p.40

Genèse du cognac au fil de son transport p.40 Un territoire modelé par le cognac selon les modes d’exploitation p.41 L’évolution du vignoble p.44 Des pratiques d’exploitations contrastées au fil des époques p.47 Les époques marquantes du Cognaçais p.49 .

. Sommaire

Étapes de production du cognac

p.51

Un savoir-faire historique p.51 La production aujourd’hui p.53 Les différentes phases du cognac sur une année p.54 Une instance indissociable au cognac p.55 La filière du cognac et ses acteurs p.56

Un territoire viticole diversifié

p.57

Emplacements liés à la fabrication du cognac suivant l’enrichissement p.57 Les unités paysagères p.61 Rupture entre Le produit et son paysage p.67


d’une campagne 3 Discours viticole menacée p.71

Les risques écologiques généralisés à l’échelle nationale p.73 à l’échelle de la grande champagne p.75

Les répercussions écologiques p.75 Une économie figée autour du prestige et de l’exportation p.85 Impressions du territoire sur site p.89

4 Vers un projet de territoire

Un site représentatif : le grand site de gimeux et des égaux p.99 Les unités paysagères et points d’appels p.99 Des intersections à valoriser p.103 Un potentiel de biodiversité à retrouver p.105 Habiter dans la campagne viticole p.109 La place des domaines viticoles p.111

p.117

Les possibles entrées pour agir

p.119 Des projets et documents en construction p.119 Des pistes écologiques p.122 Des mentalités en marge de changer p.127

Équilibrer et rendre équitable

p.129

Le programme p.129 Leviers spécifiques au territoire p.130 Enjeux généraux p.132 Le projet dans le temps p.133

conclusion p.143 bibliographie p.145

Vers une durabilité des espaces viticoles de grande champagne p.135

Intentions spatialisées p.135 Représentation de l’ambiance dans la campagne viticole de demain p.137

Un site représentatif : gimeux et les égaux p.139 Intentions spatialisées p.139 Représentation des ambiances sur le grand site de Gimeux p.141

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la cha r

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Charente-Maritime

0

1,5

Source : GĂŠoportail

.

3 Km


cognac

jarnac

Site d’Êtude Charente

.


0

Prélude souffrent de la " ...Aujourd’hui terre et solsurproduction,

de l’épuisement des ressources. Le lien est brisé avec la terre. Une prise de conscience naît peu à peu...

"

Nathalie Leroy, Les 101 mots du paysage, Archibooks, 2017

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Choix du site et du sujet Introduction et localisation

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Choix du site et du sujet

Ce sont ces journées passées au milieu des rangs de vignes, comme un souvenir d’une « forêt » nourricière, foisonnante, riche et lumineuse, ces odeurs de raisin fermenté prenant au nez, inspirant une multitude d’activités récréatives et ludiques. Ce sont ces récits d’un paysage animé, de fêtes au fil des saisons et des rassemblements autour du travail de la vigne, d’une pêche à l’ombre d’un verger qui me font dire qu’autrefois, ce territoire était bien vivant et en lien avec ceux qui le travaillaient. 07 .

00 Prélude


"

"

Aujourd’hui on peut se sentir rapidement seul au milieu des milliers d’hectares de vignes. Difficile de percevoir le chant d’un oiseau, les vols de papillons, les couinements de campagnols ou même, la silhouette d’un promeneur. La campagne du pays Cognaçais est vide, et pourtant si bien brossée.

En tant qu’habitante j’ai pu assister aux changements, difficultés et nombreux échanges du monde viticole. Je décide alors de quitter ma posture de simple habitante et d’accompagner ces «faiseurs de paysage» vers une valorisation du territoire et de son identité, dans une optique de durabilité.

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Introduction et localisation

Pour ce mémoire de fin de d’études j’ai souhaité m’interroger sur les réalités des territoires de production ruraux et la place des êtres vivants, dans un contexte de mondialisation. Ce questionnement émerge d’un espace que j’ai arpenté depuis mon enfance, au paysage si caractéristique, à l’identité si forte, façonné par des hommes et des femmes depuis des siècles. Aujourd’hui largement artificialisé, il se qualifie pourtant de naturel car « végétalisé » : c’est le pays cognaçais. Protégé par une AOC depuis 1936, le cognac ne peut être produit que sur les départements de la Charente et de la Charente Maritime. Ce pays a profité de situations propices aux échanges commerciaux, du savoir-faire de professionnels et d’un sol adéquat, pour développer un produit unique : le cognac. Ce même territoire, malgré une renommée et un succès international, semble soumis à de nombreux risques du fait d’un déséquilibre flagrant menaçant sa pérennité. Paysage homogène sculpté de vignobles implantés sur les hauteurs des plateaux, son économie s’est construite en peu de temps autour de ce produit prestigieux. Le prix de son succès se paye aujourd’hui au dépend d’un site toujours plus productif, toujours plus accessible aux engins et en perte de lien avec sa campagne habitée. Ce produit associé à une image de luxe est conçu par des étrangers pour des étrangers. Aujourd’hui encore, il est particulièrement valorisé en outre-atlantique avec 97% des ventes réalisées à l’étranger en 2017. C’est face à une accumulation de pollutions liées à l’industrialisation et à l’agriculture intensive, face à une perte notoire de biodiversité et de richesse du sol, face aux changements climatiques ou encore à la transition 09.

00 Prélude

énergétique vers l’après pétrole, que la campagne viticole va devoir s’armer. J’ai choisi de me concentrer sur le cœur du pays cognaçais, où la problématique est d’autant plus forte que la production est à son comble. La Grande Champagne est une vitrine de l’ensemble du paysage cognaçais. Un enjeu fort repose sur ce cœur de pays car environ 50% de sa surface est conduite en vignobles destinés à la production de cognac. Alors, quels moyens mettre en œuvre pour que ce territoire de production, bénéficie de l’excellence d’un produit de luxe, et dans quelle mesure celui-ci peut favoriser sa pérennité à la hauteur de son prestige ? En d’autres termes, comment rendre ce commerce « équitable » et durable ? Comment les richesses du territoire peuvent-elles constituer un atout pour le produit et son identité ? A travers ma réflexion, je cherche à comprendre comment un nouvel équilibre territorial, plus durable, peut influencer positivement l’économie et la population de Grande Champagne. Tout d’abord, je vous emmènerai explorer la richesse des paysages de la Grande Champagne, leurs composantes et les relations avec la production du cognac. Il s’agira ensuite de comprendre la mise en place de ces paysages, les pratiques qui lui sont associées et la singularité du savoir-faire des viticulteurs. Pour basculer sur les dynamiques écologiques, économiques et sociales à modifier afin de retrouver un équilibre durable. Pour finir, une réflexion sera engagée sur la réorganisation du paysage viticole en s’appuyant sur les documents d’urbanisme en devenir, sur le rééquilibre d’une biodiversité pour sa pérennisation tout en développant des pistes de projets pour une cohérence territoriale.


Pays Cognaçais Grande Champagne

la Charente

ne

n nte l’a

Saintes

Cognac n eug la s e

Angoulême N le

Grande Champagne

é

Population

28 communes 0

11

22 Km

45000 Quelques chiffres

Exploitations viticoles

575

10 .


1 .

Approche sensible du paysage Paysage et viticulture : questionnement d’une possible pÊrennisation


Balade en Grande Champagne Quel avenir pour ce territoire ?

.


Balade en grande champagne

Discrets mais bien visibles, les vallonnements créent des jeux d’ouvertures sur le paysage constitué du plateau de la grande Champagne. L’alignement répétitif des rangs de vignes accentue ces courbes délicates et rythme le parcours. 13 .

01 Approche sensible du paysage


.


Les villages et hameaux, lovés aux creux du plateau, en soulignent les hauteurs. Les quelques champs de blés, isolés au milieu des vignobles, composent avec les boisements sur ces terres pentues. 15 .

01 Approche sensible du paysage


.


.


Tandis que les hauteurs du plateau dessinent des courbes aux boisements épars, ses étendues planes révèlent une mer de vignes. Les bâtiments agricoles et les cuves révèlent l’origine de l’industrialisation de ce paysage. 18 .


Depuis le cœur du territoire, les abords des villes et villages développent de nouvelles zones industrielles. Segonzac, capitale de la grande champagne, semble disposée à reproduire ce schéma. 19 .

01 Approche sensible du paysage


.


La balade, aux airs désenchantés, se poursuit par une alternance d’habitats vacants en plein cœur des bourgs et hameaux, et d’habitations déconnectées de leur contexte en périphérie des centres. 21 .

01 Approche sensible du paysage


.


.


En regardant de plus prés, les vallons suggèrent une humidité timide avec ses rideaux boisés et denses. Des fils d’eau creusent doucement la grande champagne pour rejoindre les vallées qui la délimitent 24 .


La vallée du Né, structure l’espace de la grande champagne à l’ouest. Elle semble impénétrable par sa densité. Une fois le premier rideau franchi, quelques ouvertures mettent en lumière des monocultures envahissantes, traduisant finalement l’image de ce site. 25 .

01 Approche sensible du paysage


.


À son extrémité nord, la vallée du Né rencontre la Charente, charpente du territoire de la grande champagne. La confluence donne une autre ambiance de cette campagne viticole, rarement perceptible du fait de l’écrin végétal qui la borde. 27 .

01 Approche sensible du paysage


.


Quel avenir pour ce territoire ?

A partir de ma connaissance du territoire, de ses dynamiques et au travers des échanges avec ses habitants et acteurs, j’ai retenu des caractéristiques spécifiques du site et les enjeux complexes qui en découlent. Au premier abord, le territoire de la Grande Champagne donne à voir un paysage sculpté par les viticulteurs et les acteurs de la filière du cognac (en référence au contresens partiel sur « Pays » et « Paysage » dans le Court Traité du Paysage d’Alain Roger). Cependant, l’homogénéité apparente laisse entrevoir une faille entre la production et les composantes (écologiques, paysagères, sociales et politiques..) du territoire. Sa viabilité, pourtant inscrite dans la mémoire commune de par son identité, pose question : comment un tel paysage pourra t-il subsister dans les années à venir ? Comment, malgré les alertes incessantes de la mauvaise santé du sol, des écosystèmes, d’une perte de dynamisme notoire dans les communes rurales, la production pourra t-elle se maintenir ? Pour l’instant, le cognac se porte bien, mais en s’inspirant du passé et des crises récurrentes (que nous verrons plus loin) et en ce sens ne doit-on pas redouter un basculement et orienter l’avenir ? Un fossé est perceptible entre cette campagne productive et la campagne habitée. Les générations anciennes sont très attachées aux paysages viticoles. Mais pour la génération de moins de 30 ans, l’évidence est moindre. Cet interfluve renvoie une représentation négative. Les acteurs de l’économie vinicole se sont pourtant attachés à valoriser une image de luxe et de prestige, destinée aux étrangers. 29 .

01 Approche sensible du paysage

Les pratiques, les visions et les réalités sont dissociées les unes des autres. La principale interrogation qui nourrit ma réflexion est : comment faire d’un territoire productif un lieu de vie durable et d’exception, accessible à tous, en travaillant de pair avec les principaux acteurs du paysage : les viticulteurs ? Est-il possible de revisiter les fondements même de cette identité de manière à équilibrer et diversifier les usages et pratiques de la Grande Champagne pour en valoriser l’image ? En particulier dans ce territoire la vallée du Né a été délaissée depuis plusieurs dizaines d’années, ce qui soulève de nombreuses questions quant aux pratiques et pressions qui s’exercent. De manière plus détaillée en tant qu’exemple, j’examinerai le site de Gimeux et des Égaux, placés à la conjonction des diverses entités, pour intégrer plus en finesse la problématique : comment habiter en valorisant la campagne érodée du cognac, tout en favorisant sa pérennité ? Ma réflexion sera conduite à l’échelle de ce site ainsi qu’à l’échelle de la Grande Champagne.


jarnac

cognac

Gimeux

Saint-Jean-d’Angles

Segonzac

Saint fort sur le Né

La Chare

Le

nte

Né Carte mentale La représentation mentale ci-contre est le fruit de mon imagination, une vision projetée de la Grande Champagne et ses franges. C’est une image idéale, au potentiel bucolique que la Grande Champagne m’inspire, en harmonie avec les éléments qui la composent. Verdoyante, attractive et vivante, elle semble être un territoire équilibré où chacun prend possession de cet espace. 30.


.

Les viticulteurs présentent avec un certain fatalisme Le cognac, c’est toujours en dents de scie.

"

"

2

compréhension d’une terre viticole

Céline Bessière, Actes de la recherche en sciences sociales 2011/5 , n° 190


A l’origine du territoire cognaçais Construction d’une identité étapes de production du cognac Un territoire viticole diversifié .


A l’origine du territoire cognaçais Quand le socle dirige l’occupation

Cognac

segonzac

Saint fort sur le Né 0 33 .

1

2 Km 02 Compréhension d’une terre viticole


e Futur fleuve de la Charent

Fu

-89 MA

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lée val re du N

é

-86 MA

-66 MA

Crétacé supérieur Après une nouvelle immersion de la région à l’époque du Cénomanien, la couche de Coniacien, correspondant à une succession de calcaires assez durs, se forme.

Crétacé supérieur Dépôt successif de la couche de Santonien, composée d’un calcaire marneux avec argile à silex.

Fleuve de la

-66 à -2 MA

Charente

Va ll

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-83 MA

Campanien Santonien Purbeckien Coniacien Alluvions anciennes Cénomanien moyen Cénomanien supérieur

Crétacé supérieur Vient alors la couche de Campanien, qui correspond à un calcaire blanc grisâtre tendre et gélif. Fin du Crétacé supérieur, les deux plaques Eurasiennes et africaines se rencontrent pour former les Pyrénées et les Alpes, entraînant des ondulations jusqu’en Charente.

du

FIN Crétacé supérieur Au Maastrichtien l’océan se retire pour créer de nombreux méandres dont le premier lit de la Charente. Le territoire émergé présente de belles ondulations et les calcaires les plus tendres sont érodés.

Tertiaire D’importantes coulées de boues argileuses durant les périodes de glaciation et provenant du massif central se sont épandues sur les terres en aval. Les terrasses alluvionnaires se sont formées creusant les vallées et les ondulations se sont accentuées par une altération des calcaires à silex et par solifluxion.

Les étapes de formation du sous sol Le site d’étude correspond à l’interfluve entre le fleuve de la Charente et son affluent, le Né. L’organisation géomorphologique du territoire a été réalisée à la suite d’une succession d’événements et de formations géologiques résultant de transgressions et régressions marines. Les ondulations du relief proviennent principalement des coulées de boues, des périodes glaciaires et inter-glaciaires, qui ont sculpté ce paysage durant l’ère tertiaire aux creux des plissements émergeant de la compression est/ sud-ouest des plaques Eurasienne et Africaine. Deux couches principales de calcaires tendres du crétacé affleurent aujourd’hui : le Santonien, présent sur la partie basse de l’interfluve et le Campanien, sur la partie haute. Le fond des vallées est lui comblé par des alluvions anciennes et récentes, déposées durant la période tertiaire. 34 .


Le Né

L’importance des températures Ces températures ont une influence toute particulière dans la culture de la vigne, la maturation des raisins et le vieillissement de l’alcool dans les caves Charentaises.

35 .

Le climat est aussi un facteur important puisque qu’il contribue fortement à l’élaboration du Cognac et à l’occupation du sol. La région du Cognac se situe au nord du bassin aquitain et jouit d’un climat tempéré océanique homogène, d’une grande douceur car protégé des extrêmes. Les précipitations peuvent avoir lieu sur toute l’année avec en moyenne 800mm par an, permettant un apport hydrique régulier. La température moyenne annuelle de 12,6° est suffisante pour une bonne maturité du raisin sans risquer de le brûler. La végétation spécifique qui découle de ces caractéristiques se compose de chêne pédonculé, chêne vert, de bouleau, de peuplier et de charme. Cependant, on rencontre fréquemment des espèces introduites qui se plaisent parfaitement comme le châtaignier. Le sureau, l’aubépine ou la viorne sont aussi des espèces courantes de ces campagnes. La Grande Champagne comprend également un grand nombre d’orchidées spécifiques au PoitouCharentes grâce à son sol calcaire affleurant. 02 Compréhension d’une terre viticole

S-o 1

Campanien 65

40

La Charente

Des conditions naturelles idéales pour la vigne La douceur des paysages de la Grande Champagne se traduit par de légères cuestas (relief dissymétrique bordant les bassins sédimentaires) caractéristiques du sud de la Charente. La craie composant le sous-sol a la particularité de restituer l’eau en période de sécheresse, tout en restant poreuse en période hivernale. En revanche, les vallons, par leur humidité constante, accroît les risques de gelées. Pour ces raisons, les vignes ont progressivement été implantées sur les hauteurs des vallonnements, organisant l’occupation du sol qu’on lui connaît aujourd’hui.

Saint-Fort-sur-le-Né

Vieux Bourg

N-o 2

Alluvion anciennes 30

Sol en culture viticole Sol en culture céréalière

2

1

70


N141

La Charente

Biard

Jarnac

N-E 15 km

santonien 60

ZI Merpins

ZI Pont Neuf

Coniacien

Turonien

Alluvion anciennes

40

20

Base militaire

20

Segonzac

S-E 18 km

santonien

Campanien 50

10

80

un sol propice Le sol est recouvert d’une fine couche de terre d’environ 20cm. Les qualités de ce sol court, argilo-calcaire, soutenu par un socle de craie calcaire et friable réunit les conditions adéquates pour la vigne, notamment sur les hauteurs.

36 .


Bon

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Borderies

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Petite Champagne

0 37 .

8,5

17 Km 02 ComprÊhension d’une terre viticole


Un cru réputé pour ses qualités gustatives

Le socle du pays cognaçais a ainsi déterminé l’occupation du sol par le vignoble et de ce fait les différents crus qui le composent. Les limites du pays cognaçais se dessinent à travers ces 6 crus, partant de la Grande Champagne où le produit est le plus réputé, aux bois ordinaires, là où le produit a le moins de valeur. Ces crus ont été déterminés grâce à un professeur de géologie en étudiant au milieu du XIXème siècle le socle de la région. Il valida, avec un dégustateur, un classement des différentes zones, selon la qualité des eaux-de-vie produites dans la région. Leur travail débouchera vers 1902 sur la délimitation de « crus » servant de base au décret du 13 janvier 1938. Les dénominations géographiques complémentaires à l’appellation Cognac sont toujours utilisées sous leurs noms d’origine : « Grande Champagne », « Petite Champagne », « Fine Champagne », « Borderies », « Fins bois », « Bons Bois », auxquels il faut ajouter les « Bois ordinaires ». C’est une histoire associée aux hommes et au territoire qui a contribué à façonner ce paysage. Autrefois, ces délimitations faisaient l’objet de nombreuses tensions entre la Grande et la Petite Champagne. Les viticulteurs de Grande Champagne ne voulaient pas se mélanger avec le «reste» de la profession. Aujourd’hui, ces disparités continuent de subsister mais sont beaucoup plus discrètes. Il s’avère que des terres de Petite Champagne ont les mêmes propriétés que celles de la Grande Champagne et sont tout aussi prisées.

38 .


la rochelle

Tonnay-Charente Rochefort

Saintes Cognac

0 39 .

6

12 Km 02 ComprÊhension d’une terre viticole


Construction d’une identité

Ver s Par is

Genèse du cognac au fil de son transport Les premiers ceps de vignes ont été introduits par les Romains lors de leur occupation jusqu’au XIeme siècle. La légende veut que César, pour se réconcilier avec les saintongeais annexés, offrit un cep pour leur souhaiter prospérité. A cette époque, la Charente est devenue une riche région galloromaine ayant marqué l’identité du pays par ses nombreux édifices (arc de triomphe et nombreux bâtiments religieux, amphithéâtre, gué, routes) et dont le vin était transporté dans des amphores. Saintes fut une place forte qui joua un rôle primordial donnant son nom à la région de Saintonge. Au moyen âge, dès le XIè et XIIè siècle, les moines des nombreuses abbayes de la région (Saint Cybard d’Angoulême, l’abbaye de Bassac dépendance de Saint Jean d’Angély, l’abbaye de Châtres à Saint Brice près de Cognac) contribuent à assécher les zones humides et à valoriser les terres de landes, appelées dans le Poitou-Charentes les brandes. Ils développèrent ainsi le premier vignoble charentais.

Angoulême

Ve r s

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Dynamiques économiques de 1880 Important port fluvial

Le caractère identitaire de la région du cognaçais doit son origine au fleuve navigable de la Charente. Les échanges se sont facilement multipliés au fil des années, entre marchands hollandais de la région sud ouest et commerciaux de la mer du nord. Au commencement, ce sont les transports de sel qui animaient la Charente. Puis au XI le vin Charentais produit par les moines, prît place aux côtés de l’industrie de papier d’Angoulême vers les pays du nord. Le jus de raisin, pour des questions de conservation fût distillé et transporté dans des fûts de chêne sur des gabares, ce premier nectar se nomme «Brandwein». Arrivé dans les pays d’échanges, les marins payés en eau de vie constatent que le liquide s’est bonifié avec le temps : le cognac est né. Devenu un produit de plus en plus prisé par l’élite des pays étrangers (Grande Bretagne, Hollande...), le marché du cognac se développe au travers de nombreux commerciaux venant s’installer dans la région. C’est à partir du début du XVII siècle les charentais améliorèrent sur place la technique d’élaboration du cognac en imposant une double distillation. Le produit prend alors le nom de la petite ville de Cognac, ne comptant à l’époque pas plus de 3 000 habitants, mais située au cœur du vignoble.

Place forte pour le commerce Transport d’eau de vie Provenances du cognac

Pour répondre à la demande croissante et au succès grandissant, le paysage est progressivement transformé pour assurer la production.

Transport de grains, papier, sel Trafic fluvial très important Trafic fluvial important Zone de production du cognac

40.


Un territoire modelé par le cognac selon les modes d’exploitation

18

Cognac

eme En 1730, la carte de Cassini répertorie de multiples cultures viticoles localisées sur les hauteurs. A l’époque le marché florissant de l’alcool de raisin engageait un changement considérable du paysage, le reste des espaces étant probablement dédié à d’autres cultures.

19

eme

Durant ce qu’on appel le premier âge d’or, la campagne est riche et foisonnante, à l’image de sa prospérité. Les vignes sont plantées sur les hauteurs, prenant la place des probables boisements d’autrefois. Les vignerons laissent se développer la vigne à sa guise sans lui imposer des pratiques strictes. A l’époque de nombreux vignerons et bouilleurs de crus font édifier de belles bâtisses charentaises, vitrines de leur fortune. 41 .

02 Compréhension d’une terre viticole


Pendant la crise du phylloxéra paru en 1875, le désespoir était tel, qu’une grande réorganisation de l’agriculture en Charente était engagée. L’élevage laitier s’est montré assez lucratif. Encore aujourd’hui certains produits de la région comme le beurre de Baignes restent très prisés. Les pâturages se sont considérablement étendus à contrario de la viticulture, n’arrivant pas à remonter la pente. Le paysage a lui aussi été profondément modifié, troquant ses foisonnements viticoles pour de grandes pâtures ouvertes sur le reste du paysage.

20

1890

eme

La mécanisation de l’ensemble des Charentes a permis une grande expansion des domaines, et la réduction des employés. Les quotas de productions augmentèrent considérablement entraînant une baisse du nombre d’exploitants. Les communes rurales sont alors soumises à un affaiblissement démographique qui n’empêche pas une banalisation de nouveaux habitats et bâtiments industriels.

21

Après la crise du phylloxéra, et pour relancer l’économie vinicole, il a été nécessaire pour l’ensemble des vignerons de traiter la vigne autrement afin d’éviter la maladie. En 1970 grâce à l’héritage de l’industrialisation, les paysages se sont totalement transformés au profit de rangs de vignes larges, propres, alignés et conduits sur fils pour augmenter la production et favoriser la mécanisation. C’est à cette époque que le paysage s’est homogénéisé, supprimant haies, arbres isolés et vergers. Cette réorganisation correspond aussi au second « âge d’or » du pays cognaçais en 1960.

eme

42 .


Surfaces des cultures viticoles sur la Grande Champagne

43 .

1

3

2

4

1. Carte d’après Cassini 1737 2. Carte d’après état major 1820-1866 3. Carte d’après l’IGN 1950 4. Carte d’après Corin Land Cover 2017

02 Compréhension d’une terre viticole

0

3

6 Km


L’évolution du vignoble

L’évolution du vignoble au cours des décennies est la principale variable de la modification de l’histoire de ce paysage. L’expansion de la vigne en Charente se fait au XII eme siècle, originellement le long de la côte, puis c’est aux alentours du XIV que la Grande Champagne est exploitée pour ses terres vallonnées. La carte de Cassini en Poitou Charente a été réalisée en 1737, l’importance des surfaces viticoles atteste d’une économie développée autour du cognac. Les boisements et les ripisylves étaient encore plus discrets qu’aujourd’hui, donnant des vallées très ouvertes sur le paysage environnant. Hors des zones répertoriées en vignobles, on suppose que les espaces étaient exploités par d’autres types de cultures telles que des oléagineuses ou des pâturages... Entre 1822 et 1866, époque du premier « âge d’or » du cognac, les parcelles viticoles étaient extrêmement développées au nord de la Grande Champagne, sur le plateau du campanien. A l’époque seuls les vallons, les vallées et les zones humides sont conduits en pâturages pour les bovins. Avant 1950, le paysage viticole de la Grande Champagne essuyait toujours les affronts de la crise du phylloxéra. Les parcelles de vignes visibles sur la carte IGN sont très peu nombreuses et témoignent d’un réel recul du vignoble dû à l’importance de cette crise. Aujourd’hui, le domaine de la viticulture est de nouveau à son comble et connaît un grand essor économique. Les hauteurs sont cultivées en vignoble ainsi qu’une grande partie des terres à proximité de la vallée de la Charente. Le marais de Gensac-la-Palu est toujours présent du fait d’un sol et d’une humidité particulière. Ne pouvant être cultivée en vignobles, cette zone sert de pâturage comme au 18eme siècle.

44 .


A la suite du remembrement le paysage est bouleversé et réorganisé suivant une logique productive. Ce dernier a été effectif en Grande Champagne à partir des années 60. Pour autant, nous ne sommes pas dans une situation d’openfields, mais le remembrement est visible avec des parcelles de vignes considérablement plus grandes. Sur la rive ouest de Salle d’Angles, visible sur les deux photos ci-contre, les parcelles sont plus larges, à l’origine d’un quadrillage géométrique. Il en résulte un paysage beaucoup moins dynamique, plus monotone et homogène. Autrefois, et jusque dans les années 70, les campagnes viticoles de Grande et Petite Champagne étaient reconnues pour la singularité de leurs arbres isolés. Ces arbres avaient à l’époque de nombreuses fonctions. Ils jouaient un rôle écologique en créant un maillage écologiquement viable au sein des parcelles de monoculture. Leur rôle était également fonctionnel, rendant des services écosystémiques en attirant les prédateurs des nuisibles qui parcourent les vignes. Ces arbres permettaient une régulation de l’évapotranspiration, minimisant l’impact de la sécheresse. Ils contribuaient à la diversification paysagère, à l’image du territoire et permettaient aux vignerons de se ravitailler en fruits lors des vendanges. Aujourd’hui, le paysage a dû se plier aux règles des machines. Les arbres présents dans les rangs de vignes ont été arrachés pour faciliter le passage des engins. Le remembrement a favorisé la suppression des quelques haies présentes, et a permis la réorganisation de l’ensemble des parcelles aux rangs plus larges et dans le sens de la pente. Cette métamorphose a de nombreuses conséquences, comme un paysage plus lisse, uniformisé, un équilibre écologique amoindri et surtout une identité effacée. 45 .

02 Compréhension d’une terre viticole

L’impact du remembrement par photos aériennes près de Salles-d’Angles Source : Géoportail 1. Photo de 1945

1

2

2. Photo de 2017

Comparaison de aujourd’hui à : Arbres isolés, identitaires du paysage cognaçais, présents à l’époque et supprimés aujourd’hui 0

1945 1977

300 m

1985


Un sol plus stable, un lessivage moindre, une préservation des cours d’eau en contrebas et donc des éléments minéraux et une matière organique plus présents sont les atouts écologiques déployés par ces anciennes dispositions paysagères. La présence régulière d’arbres et de haies favorisent l’avifaune et les prédateurs pour réguler les populations animales. Une surface plus réduite par parcelle facilite également une plus grande diversité des cultures, bénéfique pour les écosystèmes agricoles.

Vue des alentours de Segonzac

.


Des pratiques d’exploitations contrastées au cour des époques Comme tout produit viticole le cognac est d’abord le fruit d’un terroir et d’une histoire. C’est un produit mystique comme en témoignent les 300 ans de la Maison Martel ou les 250 ans de Hennessy. Les différents événements relatés précédemment font état de trois grandes structures paysagères qui se sont succédées au fil des crises liées au cognac et à son économie.

A l’aube de la crise de l’oïdium Les arbres isolés et vergers structurent le paysage rural

Les vignes sont foisonnantes et dialoguent avec la végétation spontanée

En 1840 la crise de l’oïdium provoque un premier tremblement. Ce champignon, provenant d’importation de cépages américains, fait considérablement baisser les rendements de 80% en Grande Champagne et laisse impuissants les viticulteurs ainsi que tous les professionnels associés. Les prix chutent, les alcools sont alors coupés au jus de betteraves. 3 ans plus tard la crise est maîtrisée et laisse peu de cicatrices dans le paysage. Le paysage viticole reste toujours foisonnant, mixé avec d’autres cultures et de nombreux arbres isolés. Mais les ravages de cette crise sont encore présents dans la mémoire commune.

Les cultures sont diversifiées entre pâturage, lin, chanvre et céréales

Représentation d’un site façonné par les crises viticoles au fil du temps 47 .

02 Compréhension d’une terre viticole


la crise du phylloxéra

Quelques vignobles subsistent

La crise du phylloxéra de 1875 est sans doute la crise la plus importante du cognac et de la Grande Champagne. Engendré par un puceron, ces piqûres entraînent une maladie infectieuse de la vigne. A cette période disparaît la plus grande partie du vignoble, laissant place à d’autres formes d’agriculture comme l’élevage laitier. Les prix des terres, l’économie et les ventes s’effondrent. Les viticulteurs, les professionnels ainsi que les négociants sont profondément touchés par cette crise, certains se sont reconvertis suite à la faillite. Ces bouleversements ont totalement modifié le paysage.

Les principales terres sont dédiées au pâturage

Les arbres isolés et vergers sont encore présents au milieu des parcelles

.


Après une période qualifiée de «crise» de l’industrialisation pour le paysage, l’ensemble du vignoble est modifié. Les arbres isolés se font très rares, les parcelles sont soigneusement plantées et taillées, les surfaces sont plus grandes... S’en suit dans les années 2000 une crise structurelle, où le marché se retourne et laisse place à une longue période de surproduction réduisant la stabilité économique des exploitations, dont les stocks étaient trop importants. Ce contexte particulier donna lieu à des mouvements sociaux de la part des viticulteurs. En effet les viticulteurs étaient obligés de vider leur récolte afin d’éviter de payer des amandes aux Douanes.

la crise structurelle Les zones industrielles fleurissent au dépend des vignobles

L’arbre isolé ne structure plus le vignoble

Les machines régissent le paysage

.


Les époques marquantes du Cognaçais ouverture vers le monde

Premières distillation du vin blanc

premiers ceps en charente

premiers paysages viticoles La culture du vin et de la vigne en Charente est bien implantée.

Au temps des Romains Jules César offrit un cep de vigne aux Saintongeais en guise de paix.

XII

Les premières distillations se font pour des raisons de conservation, le nectar se nomme alors Brandwein. Les marins payés en fûts constatent que le liquide se bonifie avec le temps.

A la conquête du monde

le pineau Découverte du pineau en mélangeant de l’eau de vie avec du mou.

XVI

XV

1er av.JC nte

les prix de ve Les viticulteurs fixent

Premières exportations aux USA.

1794

1765 Création 1643 Création de la maison de la maison Hennessy Augier, pre- dirigée par mière maison des hollandais de négoce

Des essais de cépages se font par importation de vigne du nouveau monde : potentiel vecteur de maladies.

1820

XVII XI Naissance de la ville de Cognac, place forte pour les échanges entre Rochefort et Angoulême.

naissance de la ville

Le vin s’ajoute au commerce du sel et du papier transportés par les Hollandais et les Flamands. La Charente est une entité à l’origine de l’activité lucrative du cognac.

Renaissance Le commerce prend de l’importance et la Champagne et les broderies sont des productions appréciées autour de la mer du Nord.

Développement du commerce

commerce du vin 49 .

02 Compréhension d’une terre viticole

Les affaires de négoce se créent petit à petit. Le cognac est maintenant réalisé grâce à une double distillation et à l’utilisation de fûts en chêne.

1724 Création de la maison Rémy martin

Les britanniques sont les premiers consommateurs et l’arsenal de Rochefort est une place forte pour l’exportation.

les affaires commencent

Début de l’exode rural, on parle d’hémorragie dans les Charentes, mais Cognac reste attractive.

une agriculture principalement viticole


2nd 1ère crise du vignoble Crise de l’Oïdium provenant des importations de cépages.

1840

A la conquête du monde

Premières Création du exportations en chemin de fer. Chine.

Jusqu’ici les vignes n’étaient pas conduites en fils et il n’y avait pas de rangs. Le tout donnant L’utilisation des un aspect jachères se fait foisonnant. de plus en plus rare, en revanche Un paysage les engrais sont maintenant très foisonnant utilisés. Développement de toute une industrie autour de l’alcool Le vignoble est : verrerie, 20% au dessus bouchons, des revenus de imprimerie... céréales.

1850

début d’une crise rurale

La crise du Phylloxéra combinée à une instabilité politique entraine une réelle rupture dans l’économie.

1875

1859

1852

1836

crise

1860 Délimitation des crus. La campagne est très prospère, l’essor commercial est tel que l’export se développe localement et internationalement. On assiste aussi à une amélioration des transports fluviaux

1ER

un savoir-faire reconnu

Reconversion agricole Une grande reconversion agricole en céréales, élevages et lait est engagée.

les vignes peinent changement paysager Le paysage cognaçais ne compte plus que 40 600 ha de vignes contre 280 000 ha avant le crise. L’implantation de nouveaux cépages est lente.

L’élevage laitier menace la viticulture.

1922 changement paysager

Campagne d’arrachage de vignes en fave de l’élevage bovin.

1930

1893

1890 t es dirigen les négoc

le marché

1929 1880

1902

L’ensemble des institutions sont établies à Cognac. Un puissant exode rural des vignerons se fait vers la ville.

Délimitation des zones de production.

Les guerres et la crise économique ne favorisent pas l’essor du cognac.

une crise qui dure

âge d’or désertion des campagnes

193

Com tion 24 0 agr pos par vign

.

la


Création de l’AOC.

BNIC

1936

2nd âge d’or

Appellation protégée

Création du BNIC pour promouvoir et défendre le produit.

1946

De grosses productions sont possibles grâce au remembrement. Le vignoble côtoie l’élevage qui comprend 54% des SAU.

1960

exode rural

début d’une crise

Des manifestations et blocus éclatent dans le pays cognaçais contre le crise et la faillite.

Les petites communes au cœur du pays cognaçais subissent à leur tour l’exode rural.

2010

1998

es eur

35

mmercialisan du pineau. 000 riculteurs ssèdent des rcelles de nes.

Aujourd’hui

1950 L’uni blanc est le principal cépage utilisé.

1938

vers la productivité

Les négociants travaillent sur l’image du cognac à redorer. Un dessin définitif des crues est réalisé et le nombre d’ha de vignes s’élève à 75 00.

Un nouveau tournant

a viticulture subsiste

1997 1970 La production s’intensifie grâce à la motorisation de toute la Charente. transformant radicalement le paysage.

Changement paysager

Le cognac fait concurrence au bourbon dans les gangs de rap Américains.

excellence internationale

2000 Troisième crise dite structurelle en plus de la crise économique. Les adhérents aux coop sont divisés par 2.

Crise structurelle

Malgré un grand essor du cognac qui bat chaque année des records de production et de chiffre d’affaire, 4400 viticulteurs en AOC ont des problèmes de reprises d’exploitations.

Entre deux Période critique pour le territoire du cognac, son économie et ses acteurs Essor de l’économie et de l’ensemble des dynamiques liées au cognac

.


étapes de production du cognac un savoir-faire historique Cépage Variété de plant de vigne cultivée. Dans le pays cognaçais les principaux cépages utilisés sont la Folle blanche, le Balzac blanc, Colombard...

Vigneron Personne qui cultive la vigne en étant propriétaire ou ouvrier. Cette même personne fait le vin et travaille la terre (labour).

Avant le milieu du XIXeme siècle les parcelles de vignes ainsi que les plants ne subissent aucun traitement strict. A l’époque l’appellation du produit n’était pas encore protégée et les vignerons n’étaient pas soumis à une charte. Les rangs étaient plantés ici et là, comprenant différents cépages sans différenciation réelle des vins blancs de consommation et de distillation. Les vignes étaient plantées dans le désordre, de manière anarchique, et le même pied renaissait sans cesse par marcottage. En revanche la taille était pratiquée régulièrement. Jusqu’au milieu du XXeme siècle, les vignerons ont tendance à planter plusieurs variétés de cépages ensembles. Appliquée comme une tradition, cette pratique a

pourtant été qualifiée de «fâcheuse habitude» dans les écrits. (Bernard, Gilles, le Cognac à la conquête du monde p77). Aujourd’hui cette tradition a disparue. L’intérêt d’une mixité de cépages et de plantes est l’assurance de minimiser une propagation trop rapide de maladies liées à la vigne. Des plantations moins rectilignes, un sol enherbé et la présence d’autres plantes favorisent la protection du sol et sa stabilité ainsi que la biodiversité, en développant différentes zones d’habitats. Ce système viticole était finalement plus viable écologiquement.

Hauteur variable

viticulteur

pas de palissage

Un viticulteur est un professionnel qui cultive la vigne et travaille sa récolte.

Viticulture La viticulture concerne la culture de la vigne ainsi que l’ensemble des viticulteurs associés.

51 .

plantation désordonnée 02 Compréhension d’une terre viticole

nt le ava ignob v n ’u nd isatio éra Organ du phyllox e s i r c la


Comparaison En Loire et Cher, les parcelles comptent 4500 pieds/ ha pour 1m70 d’inter-rangs. Dans le Bordelais 4000 pieds/ha pour 2m d’inter-rangs.

Le vignoble cognaçais d’aujourd’hui est protégé par une AOC qui contrôle les dénominations de type « Cognac », « Eau-de-vie de Cognac » ou « Eau-devie des Charentes » suivant les décrets de 1909 et 1936. Afin de pouvoir prétendre à réaliser et vendre du cognac, les viticulteurs et autres acteurs de la filière doivent se conformer à de nombreuses clauses, dont l’organisation parcellaire. Les vignes sont traitées de manière particulière, avec de grands inter-rangs, un palissage sur fil de fer entraînant une liane haute et une orientation

2M

2 200

de hauteur

pieds à l’ha

3m50 d’inter-rang

croissante dans le sens de la pente. Contrairement à d’autres paysages viticoles méditerranéens, Bandol par exemple où les pratiques sont totalement différentes (liane basse, inter-rang étroit et pas de culture sur fils de fer), la conduite de la vigne est à l’origine d’un paysage propre, très brossé voir figé. C’est au travers de cette culture que la vision externe qualifie ce paysage de « nature végétalisée ». La campagne, au premier abord, peut sembler verte et naturelle car végétale. Dans la mémoire commune, la végétation est associée à la nature. Seulement, cette vision des rangs de vignes alignés sur des dizaines d’hectares fait rapidement comprendre que cette nature est conduite, comme un jardin que l’on décide de «végétaliser» par la plantation. Le cépage le plus utilisé aujourd’hui est l’Uni Blanc de provenance italienne et résistant au phylloxéra. Il produit essentiellement un vin de distillation. Il a été sélectionné pour ses qualités de production, un arôme peu prononcé, un débourrement tardif ainsi qu’un faible taux d’alcool et une forte acidité. En revanche, c’est un cépage sensible à la pourriture qui nécessite de nombreux traitements. De plus, il est peu résistant aux augmentations de températures qui sont déjà engagées d’après le rapport du GIEC 2018. Cette nouvelle gestion plus rigide nécessite un entretien rigoureux. Le but étant de produire un maximum un raison de qualité, qui sera transformé en cognac par différents processus.

Organisation actuelle d’un vignoble type en Grande champagne pour le cognac AOC 52 .


La production aujourd’hui culture de la vigne La conduite du vignoble (taille, labourage, désherbage, traitement phytosanitaire, amendement...) se fait toute l’année. La récolte est décalée en raison du changement climatique et des étés de plus en plus longs. Ainsi les vendanges sont réalisées depuis quelques années en mi-septembre, alors qu’auparavant elles avaient lieu début octobre. Ces modifications ont un impact sur le goût du produit, les vins sont plus alcoolisés et moins acides.

Le moût Liquide obtenu après pressage du raisin.

Fermentation

Le bourru

Les jus obtenus après pressage sont aussitôt placés dans des cuves pour fermentation. Ces derniers passeront par plusieurs étapes dites « le moût », « le bourru », puis « le vin » en cinq jours. Le degré reste stable sans évoluer, en revanche l’acidité se perd dans le temps.

Etat du jus de raisin après fermentation en cuve. Ce liquide commence à avoir un degré d’alcool et un pétillant en bouche.

Distillation La distillation est caractéristique au cognac, elle se fait en deux temps grâce à un alambic Charentais en cuivre et commence dès la fin des vendanges. La première chauffe donne un liquide nommé « brouillis » puis la seconde « eau de vie ». Cette distillation doit prendre fin au plus tard le 31 mars.

Le cognac Le cognac est une eau-de-vie de vin connue dans le monde entier. Elle est consommée suivant différentes mentions de vieillissements , justifiant des prix plus ou moins élevés.

53 .

Vieillissement Une des étapes clés du processus est le passage de l’eau de vie distillée dans les fûts en bois de chêne. C’est un savoir-faire très précieux qui donne tout son arôme au produit. Le vieillissement se fait au moins deux ans sans interruption dans des chais particuliers pour l’ensemble des crus sauf les bois ordinaires. Cette étape est possible grâce aux conditions climatiques spécifiques de la région. 02 Compréhension d’une terre viticole


Vendanges

t Aoû

Vendanges

Trav ail d

3 vin

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2

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Septembre

Les différentes phases du cognac sur une année

ion

1

4

Chaudière

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Juin

5

Vie ill is

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Mars

relevage

54 .


une instance indissociable au cognac BNIC Le BNIC est une structure qui concentre toutes les données, privées ou publiques concernant la viticulture dans le pays cognaçais. Ce sont eux qui sont à l’origine des campagnes de publicité aujourd’hui, notamment pour valoriser le produit en France.

55 .

Le BNIC ou bureau National Interprofessionnel du Cognac a été créé par une association de viticulteurs afin de préserver les droits et l’intégrité du produit. Ses objectifs sont de « Développer le Cognac, représenter et défendre les intérêts collectifs des professionnels, viticulteurs et négociants. » Ses principales missions de service public concernent le contrôle des mouvements du Cognac, la tenue des comptes de vieillissement et surtout la délivrance des certificats Cognac après vérification de la conformité à la charte AOC. A travers l’assemblée plénière du BNIC composée de 34 membres (viticulteurs, négoces, administrations dépendant des ministères de l’Agriculture et des Finances comme la DRAAF ou directions Régionales de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) l’ensemble des décisions concernant la vie du cognac sont prises.

02 Compréhension d’une terre viticole


La filière du cognac et ses acteurs Viticulteurs

Bouilleurs de profession

Vieillissement en chai collectif

Mise en bouteille après assemblage Vente à l’exportation

viticulteurs Bouilleurs de cru

Vieillissement en chai particulier

Mise en bouteille après assemblage Vente directe

Il existe plusieurs chemins dans le processus de fabrication pour arriver au précieux nectar. En général, cette filière est fragmentée en intégrant plusieurs acteurs, de la culture de la vigne à la vente du produit. La culture de la vigne, jusqu’à sa récolte, est réalisée par les viticulteurs. La distillation peut être faite par ces derniers ou par des bouilleurs de profession, spécialistes de cette activité. Par la suite, le vieillissement est réalisé dans les chais des particuliers, des maisons de négoce ou encore par des sociétés spécialisées comme Oreco (Organisation économique du cognac). Pour des crus moins réputés, le vieillissement et la vente peuvent également se faire par des Coopératives. Les ventes sont assurées en grande majorité par les négociants. Ces derniers jouissent de l’influence du BNIC qui se charge de développer le cognac et de représenter les intérêts de l’ensemble des acteurs associés à la filière (viticulteurs, négociants, professionnels) tout en contrôlant les chiffres du cognac et son image. Cette association à caractère privé agit à toutes les étapes de réalisation du cognac. Quelques viticulteurs, essentiellement bio, sont attachés à réaliser toutes ces étapes jusqu’au contact du client à la vente de leur produit. Cette organisation fragmentée, à contrario du vin de table, induit que l’alcool fini est finalement très peu associé au territoire et au domaine viticole qui l’a produit. Les maisons de négoce sont attachées à cette image prestigieuse des chais et du produit de luxe, or peu de réflexions sont engagées sur le paysage viticole et la « santé » du territoire. Ces derniers ne sont pas directement liés aux maisons car dépendantes des viticulteurs. 56 .


Un territoire viticole diversifié Emplacements liés à la fabrication du cognac suivant l’enrichissement Le patrimoine vernaculaire découle de son histoire et est intimement lié au cognac. Premier élément visible dans l’interfluve et fierté de ses habitants : les bâtisses liées aux viticulteurs Charentais. Plus présentes en Grande Champagne que dans le reste du pays cognaçais, elles sont les vestiges des différentes époques et réussites du cognac. Ces typologies d’architectures vernaculaires composent les petits bourgs et participent à leur identité. Elles sont généralement implantées de manière similaire dans les communes. Parsemées ici et là au niveau des entrées de bourg, les maisons paysannes du XVI eme siècle retranscrivent l’époque modeste des agriculteurs et vignerons. Après l’accord du libre échange et « l’âge d’or » du cognac, une typologie caractéristique a émergé. Ces habitats multi-usages prévoyaient un chai, une distillerie, une maison et une grange, le tout organisé autour d’une cour. Aujourd’hui, les porches très travaillés attestent de ces bâtisses et se retrouvent autant dans les bourgs qu’à l’extérieur. Souvent isolées au milieu du paysage viticole, les maisons bourgeoises construites au 19eme par les riches propriétaires sont nombreuses. Elles sont localisées au milieu de grands parcs fermés par des murs d’enceinte et bordés de grandes parcelles viticoles, propriétés du maître.

Toiture en terre cuite Pierres apparentes calcaire grossièrement taillées qui étaient récupérées dans les champs

Maison paysanne du XVI eme

Murs d’enceintes comprenant les différent établissements pour la production de cognac

Pierres de taille autour des ouvertures

du 20eme de Champagne Maison de Gran Tuiles en ardoises Façade en pierres de taille travaillées

Domaine viticole attenant à la demeure Maison Bourgeoise du 19eme

57 .

02 Compréhension d’une terre viticole


Autre élément caractéristique de la Grande Champagne et compris dans les rangs de vigne : Les cabanes de vigne. Ces petits bâtiments servaient d’abri et de rangement ou de stockage aux viticulteurs. Aujourd’hui, ces cabanes sont de plus en plus rares dans le vignoble cognaçais. La mécanisation, le remembrement et le confort des cabines ont supprimé une grande partie de ce patrimoine. Certaines ont subsisté, agrémentant parfois les parcelles viticoles. La majorité a été restaurée avec des toits de tôle, tandis que les autres sont totalement en ruines enveloppées d’une épaisse végétation. Les moulins à eau sont très présents en Grande Champagne et les biefs en sont parsemés. La rivière du Né en dénombre un tout les 500 m environ. Originellement, ces moulins ont servi à transformer le grain ou l’huile de noix destinés à nourrir les familles qui les possédaient. Ils étaient la propriété des grands domaines viticoles et ont été associés à cette agriculture. Malgré leur grand nombre, ces édifices restent très discrets dans le paysage. Parfois à l’abandon, parfois rénovés en chambres d’hôtes, ils ont tous été engloutis par la ripisylve du fond de la vallée du Né.

Cabane viticole recouverte par la végétation à Salles-d’Angles

Moulin à eau sur un méandre du Né à Celles

58 .


La part des anges La part des anges est la partie du volume d’un alcool qui s’évapore pendant son vieillissement en fût. Dans la région du cognaçais cela représente l’équivalent de plus de vingt millions de bouteilles par an.

1 2 3 4 5 6 1. Anciens chais du centre de Cognac 2. Anciens chais du domaine Rémy Martin 3. Mélange d’anciens et de nouveaux chais sur le site de Rémy Martin 4. Bâtiments récent du site de vieillissement d’Oreco 5-6. Nouveaux Chais à Segonzac 59 .

Au début de l’expansion du cognac, les anciens chais furent construits autour du port de la ville afin de faciliter le transport fluvial. Ces premiers chais, aux allures de bâtisses bourgeoises (photo 1), ont des façades travaillées en pierre de taille. Très peu d’entre eux ont conservé leur fonction d’origine, ils servent aujourd’hui de musées ou de bâtiment d’accueil touristique. Les autres chais construits par la suite en périphérie de la ville, présentaient une architecture plus modeste à base de pierre calcaire (photo 2). Les chais plus récents, qu’ils proviennent de grands domaines, de plus petits ou encore de sociétés tiers comme Oreco, sont disposés de manière éparse dans le paysage, en pleine campagne viticole. Souvent dissociés du tissu urbain, les bâtiments sont construits avec des matériaux moins nobles comme la tôle ou des panneaux de ciment. Cette différence architecturale témoigne d’une croissance rapide en demande d’eau-de-vie, due à de nouveaux moyens d’exploitation et d’exportation. Mais également d’une perte d’intérêt quant à l’image véhiculée par les bâtiments, les traditions architecturales et donc le rapport au paysage.

02 Compréhension d’une terre viticole


Anciens chais

Chais rĂŠcents

Carte de situation des chais destinĂŠs 0 au cognac sur la Grande Champagne

1,2

2,4 Km 60.


Plat eau bois é Les unités paysagères Les deux plus grandes unités de ce territoire sont implantées de vignes. Les autres sont caractérisées par des boisements ou des champs de céréales.

1

La vallée de la Charente

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02 Compréhension d’une terre viticole

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Le fleuve de la Charente est fédérateur du développement du territoire, connectant le port de Rochefort au centre des terres. Il est donc un élément fondamental de la Grande Champagne et de son identité. Se découvrant depuis les coteaux des plateaux, la vallée de la Charente se dessine sous forme de prairies et de formations boisées typiques d’espaces humides, propices à l’immersion en période de crue. La ripisylve, très dense, masque les abords du fleuve. Elle s’efface uniquement au niveau de Cognac, laissant entrevoir le fleuve. Cette dernière a longtemps inspiré les artistiques donnant lieu à de nombreux tableaux au fil des époques. Aujourd’hui, le territoire a su en faire un atout principal afin de se diversifier en se tournant vers des activités touristiques.

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61 .

Aire urbaine

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Plateau viticole ouvert aux vallonnements doux

Plateau viticole à fort vallonnements

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1,8 Km

.


2

La vallée boisée du Né

Le Né est l’un des principaux affluents de la Charente, composé de méandres humides, il reste aujourd’hui très mystérieux car enveloppé derrière une épaisse ripisylve. Pourtant une fois les premières barrières visuelles dépassées, on trouve ici et là quelques cultures de maïs, prairies et peupleraies. Ces méandres sont enfouis dans une vallée encaissée, bordée de cultures céréalières. En prenant de la hauteur sur les coteaux, malgré des ruisseaux invisibles car peu valorisés, il est alors possible de surplomber la vallée pour se rendre compte de son ampleur. Cette rivière délimite, avec la Charente, l’un des plus grand cru du cognac mais semble pourtant laissée à l’abandon.

63 .

02 Compréhension d’une terre viticole

Les vallons

3

La Grande Champagne est égayée dans ses dépressions par de petits vallons boisés émergeant de terres hautes et rejoignant le Né ou même la Charente. Ces vallons sont visibles de loin et permettent de créer des jeux d’ouverture et de fermeture sur le paysage. Leurs abords sont principalement cultivés en céréaliculture. Cependant, ils suggèrent la présence de l’eau et de ruisseaux qui sont presque invisibles car peu valorisés.


5 4

La dépression du Santonien

Ce plateau bordant Cognac est délimité par les vallées du Né et de la Charente. Il se caractérise par une topographie peu marquée du fait de sa faible altitude. Ici les grandes cultures céréalières sont plus présentes, mélangées ici ou là aux vignobles, dévoilant un paysage relativement ouvert. De petits marais boisés, reliques du passage de la Charente, sont présents au niveau de Gensac-la-palue. L’agglomération de Cognac et sa ceinture industrielle ont un très fort impact visuel dans cette dépression, créant un patchwork de bâtiments de tôle et de cultures.

6

Le plateau viticole ouvert

Ce plateau viticole surplombe la dépression santonnienne, créant à ses abords des points de vues lointains. Il est dessiné par des vallonnements assez doux illuminés par de nombreuses parcelles viticoles. Ici les communes et hameaux, éparses, sont très présents, cherchant vainement à profiter de la renommée du cognac. Les jeux d’ouverture et de fermeture sur le paysage se font au gré des collines brossées par les rangs de vignes.

.

Le plateau viticole à fort vallonnement

Au sud de la grande champagne la topographie se fait de plus en plus accidentée avec des vallonnements très accentués. Les hauteurs sont coiffées de boisements tandis que les fonds de dépressions sont cultivés en céréales. Cependant, le principal motif paysager reste le vignoble. Les villages se font de plus en plus rares et on assiste à la formation d’une constellation de petits lieux-dits dispersés et isolés

Le plateau boisé

7

Au nord, la Charente est bordée d’un coteau boisé. Ici le paysage est fermé et les alvéoles laissent place aux cultures de vignes. Cet espace représente également à lui seul un cru très renommé : les borderies. Son coteau dessine l’horizon.

64 .


65 .

02 ComprÊhension d’une terre viticole


1

4

2

5

3

7

6

1. La Vallée de la Charente 2. La vallée boisée du Né 3. Les vallons 4. La dépression du santionien 5. Le plateau viticole à fort vallonnement 6. Le plateau viticole ouvert 7. Le plateau boisé

.


67 .

1

2

3

4

1. Affiche pour la promotion du cognac 2. Affiche pour la promotion du cognac Hennessy de 1954 Pellisson de 1907 3. Affiche pour la promotion du domaine de Saint Emilion

03 Discours d’une campagne viticole menacÊe

4. Affiche pour la promotion du vin de Touraine de 2015


rupture entre Le produit et son paysage

La filière du cognac est fédératrice d’identité. Le paysage ne semble pourtant pas associé à ce luxueux alcool car il se retrouve détaché de son site natal. Comme si l’on avait cherché à supprimer l’appartenance de ce produit à un quelconque socle. En effet, il est porteur d’identité et d’économie pour la Grande Champagne, mais ce territoire ne profite pas de l’image du cognac. Rien n’indique dans les campagnes de publicité de 1800 à aujourd’hui (quel que soit la maison associée) que le cognac provienne bien des départements Charentais. Il n’existe aucune référence au paysage viticole dont l’alcool est issu. Contrairement aux autres vignobles de l’hexagone, ayant pour habitude de faire valoir leur paysage unique comme leur fierté et vitrine de leur produit. C’est le cas des domaines de Saint-Emilion et des alentours de Touraine, où les vignobles voluptueux soulignant les légères dépressions font souvent office de premier plan d’affiche. Les maisons de négoce ont choisi de miser sur la relation entre un personnage et le produit, provoquant un moment de détente dans la mise en scène, comme ici pour Hennessy. A partir de 1980 les campagnes visent à renouveler le cognac au travers d’associations « ambitieuses » avec du Coca-cola, des glaçons, du Swhepps... Ces propositions ont pour but de faire redécouvrir le spiritueux à la jeunesse française, affichant une image toujours plus épurée et complètement déconnectée de son territoire. Ces campagnes sont encore en circulation mais n’ont pas eu l’effet escompté, augmentant la fracture entre la population française et son alcool.

68 .


Pour synthétiser... Le paysage de la Grande Champagne est caractérisé par sa topographie douce et son paysage aux horizons lointains dessinés par les coteaux des vallées boisées. C’est un territoire de production, délimité par l’interfluve entre le fleuve de la Charente et son affluent, qui découle d’une histoire façonnée par le temps au travers de la main de l’homme. Il est compris dans un pays divisé en différents crus, le tout soumis à des pratiques et un savoir-faire bien ancrés. Ce site a été fragilisé par les différentes crises (économiques, structurelles...) qui se sont succédées. Il conserve quelques marques discrètes de son évolution entre son patrimoine, son organisation parcellaire et les pratiques culturales. Les paysages reflètent l’industrialisation du cognac avec une culture intensive de terres propices au raisin. Mais le cognac ne reflète pas ses paysages au travers de son produit. Cette organisation, totalement basée sur la charte AOC appliquée par le BNIC, a délaissé les terres non productives car peu rentables. Des problématiques écologiques et paysagères sont soulevées face à ce système monocultural intensif et productif. On peut alors se demander où se placent les habitants et les travailleurs face à cette filière viticole frénétique et quelles sont leurs relations avec ce paysage ? Quel est réellement l’impact économique de ce système sur la Grande Champagne ?

69 .


Instaurer un équilibre territorial face aux crises

Appuyer le paysage au même titre que le produit Valoriser tous les paysages via la viticulture

Les enjeux à retenir

70 .


3 .

Discours d’une campagne viticole menacée Un territoire sous pression, déséquilibré, distant mais ouvert aux changements


Des risques écologiques généralisés à l’échelle Nationale à l’échelle de la grande champagne un site représentatif : Le grand site de Gimeux et des égaux .


Des risques écologiques généralisés à l’échelle Nationale

Ce n’est plus un secret, la filière viticole conventionnelle induit de nombreux ravages sur son environnement. Exploitation intensive des sols, labours profonds, lessivage du sol... La culture de la vigne représente 20% des pesticides utilisés en France alors qu’elle n’occupe que 3 % de la surface agricole française. Ces modifications érodent le sol, sa biodiversité et déstructurent les écosystèmes, tout en étant une source indéniable d’identité et de qualité pour le paysage. Elles soumettent la vigne à de nombreuses maladies et exposent les viticulteurs et les habitants à des risques sanitaires graves. La vigne est également soumise aux changements climatiques. Ces changements induisent des périodes de sécheresse plus longues, des souffrances hydriques et donc une modification du vignoble. Les rendements de la vigne sont plus important lorsque celle-ci est stressée, pour autant dans 30 ans les températures risques d’augmenter de 1,5°C selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Cette augmentation aura d’énormes conséquences sur la végétation et les cultures. Le produit du cognac en sera directement impacté, modifiant son équilibre gustatif. Les territoires agricoles sont totalement régis pour mécanisation. La majeure partie des énergies utilisées aujourd’hui sont non renouvelables et menacent la viticulture de demain. On estime que dans 40 ans les ressources en pétrole seront épuisées. La viticulture doit alors se préparer à ce changement imminent, au développement 73 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée

de nouvelles ressources intégrées à la filière, à une consommation différente et à des pratiques innovantes et donc à la viticulture de l’après pétrole. On l’aura compris, ce système n’est pas viable à long terme et arrive à ses fins. C’est tout un territoire, créateur d’identité pour sa population, générateur de nombreux emplois, qui est menacé. Une réflexion globale, avec tous les acteurs, doit être engagée sans quoi les conséquences pourraient être irréversibles.


Vue du coteau du campanien au Mainxe

.


à l’échelle de la grande champagne

surface cultivée

Les répercussions écologiques

taux de Viticolité Le taux de viticolité correspond au pourcentage de présence de la vigne dans un espace donné.

La Grande Champagne est entièrement régie par et pour son produit, du fait d’une demande et d’une vision de prestige qu’elle subit. Elle cumule 95% de ses vignobles en cépage AOC pour la réalisation du spiritueux. De ce fait, elle est la zone viticole la plus soumise aux pressions agricoles en Poitou Charentes, avec une partie de la Petite Champagne à proximité. En effet, la Grande Champagne est la zone du cognaçais où la présence de la vigne est la plus importante. On parle de taux conséquent de viticolité compris entre 60 et 100%. En moyenne 50% du territoire de la Grande Champagne est cultivé en vigne. Cette pression induit irrémédiablement de nombreuses pollutions.

95

%

Cépage grande champange

une pression agricole conséquente

AOC

14 152 HA

de vignobles Sur 30 000 HA de surface totale en grande champagne

15 000 HA

de vignobles Sur 90 000 HA de surface totale en petite champagne

D’après les données du BNIC

Taux viticolité source BNIC 75 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée


SAint-jean-d’angély rochefort Saintes Cognac

Royan

Angoulême

jonzac

Forte Moyennement forte Moyennement faible 0

15 km

Faible

Carte de la pression agricole

Source : SIGES Poitou-Charentes - brgm

76 .


0

3

6 Km

Limites de la Grande Champagne Risque élevé Risque moyen Risque faible

Carte du risque de pollution des eaux souterraines Source : d’après le SIGES Poitou-Charentes-Limousin

La viticulture Charentaise réalise en moyenne 15 traitements (fongicides, herbicides..) par an et se place, après la Champagne Normande, parmi les plus actives en terme de produits phytosanitaires (Agreste primeur 2009).

Culture de maïs Culture d’oléagineux Prairies permanentes Arboriculture (Peupleraie) Viticulture

Carte des cultures en Grande Champagne Source : d’après Corin Land Cover 77 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée


Agriculture conventionnelle Agriculture où les traitements sont réalisés avec des produits chimiques plus ou moins nocifs. Ils sont appliqués pour prévenir des maladies et des insectes nuisibles des cultures.

Au service de la protection des eaux L’emboîtement des instances dans le domaine de l’eau sur le territoire de la Grande Champagne s’organise comme suit :

OIEau

>>> EPTB

>>> SIAH bassin du né

une pollution alarmante L’ensemble de la Grande Champagne pratique une agriculture conventionnelle et de type monoculturale. Le but est de maximiser sa production pour un plus gros rendement. Les pratiques culturales en terme de produits phytosanitaires sont assez élevées en Charente. Ces dernières années elles ont subi une légère augmentation (Dossier Agreste 2017), ce qui reste alarmant. La vulnérabilité des nappes de la carte des pollutions concerne sa prédisposition à être facilement contaminée ou non par une pollution de surface. Elle est liée à la nature du sol et du sous-sol : avec une couverture argileuse en surface et l’importance de l’infiltration par rapport au ruissellement… Le sol et les eaux de surfaces sont soumis à différents types de polluants : Les nitrates : servis pour amender le sol, ils sont pourtant en régression depuis quelques années. Le cuivre : afin de protéger la vignes de certaines maladies. Les Pesticides : contre l’herbe ou certains insectes ravageurs. Les nappes phréatiques sont elles aussi menacées sur l’ensemble de la Grande Champagne. Cette pression constante soulève des questions quand à l’évolution future et la pérennité du territoire si rien n’est engagé. En Grande Champagne, différentes instances œuvrent pour la sauvegarde des eaux et des milieux aquatiques, en contrôlant la pollution des eaux. A grande échelle, différentes aires de captages servent à l’OIEau pour rassembler les établissements publics pour la gestion des eaux. A l’échelle départementale, L’EPTB (Etablissement Public Territorial) Charente et la Commission Locale de l’eau planifient sur le fleuve à l’aide du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion

des Eaux). L’affluent de la Charente, le Né, est géré par le SIAH (Syndicat Intercommunal d’Aménagements Hydrauliques) bassin du Né à l’échelle du site d’étude. Malgré une prédominance viticole significative, on constate plusieurs types d’agricultures essayant de subsister. Les cultures de maïs et les prairies sont présentes le long de la Charente jusque dans la vallée du Né. Les cultures d’oléagineuses sont principalement localisées dans les vallons et la dépression du saintonnien, historiquement moins propice à la culture de la vigne. La Petite Champagne, une fois le Né traversé, est plus diversifiée en terme de cultures. Une concordance existe entre la carte des pollutions et celles des cultures : les espaces viticoles concentrent effectivement l’ensemble de la pollution et les espaces d’autres cultures se situent dans les espaces moins pollués. Les pratiques culturales viticoles d’aujourd’hui sont en contradiction avec la préservation des sols, des écosystèmes et de l’ensemble des êtres vivants. L’utilisation de produits chimiques détériore les relations entre habitants et viticulteurs. Le débat reste moins sulfureux que dans certains domaines du Bordelais (d’après le BNIC). Cette peur de l’impact des produits sur la santé en Charente (encore discutée aujourd’hui par les lobbies) va jusqu’à l’intolérance du tracteur en pleine campagne. Le BNIC travaille depuis peu sur l’incitation des viticulteurs à ouvrir leurs portes aux habitants afin de tisser des liens. L’expertise du bio commence à interroger. Doit-on s’en inspirer pour les années à venir ?

78 .


Les pratiques du Whisky Même si le Whisky est réalisé à de base céréales, une nouvelle labélisation Bio est commercialisée depuis peu. Cela démontre que le monde des spiritueux, malgré une distillation supprimant l’alcool des substances négatives, peut se soucier de l’environnement de manière plus engagée.

Un domaine en grande champagne

pour des pratiques viticoles innovantes La répartition parcellaire d’un viticulteur en Grande Champagne démontre qu’en règle générale, les terres se concentrent sur la même zone. En petite Champagne, les viticulteurs sont régulièrement amenés à acquérir des terres sur différentes communes. Les domaines viticoles ne cessent de s’agrandir avec en moyenne une superficie de 26,08 ha (BNIC) en Grande Champagne, contre 12 ha dans le Bordelais. Les viticulteurs sont incités à intégrer dans leurs exploitations des terres «en repos», qu’ils exploitent en jachères ou en populiculture. Au fil des années, ces parcelles situées dans 0 Assolement les vallées ont été transmises de génération en - PAC génération. En voyant « l’industrie du cognac » reprendre de l’ampleur, le monde agricole ne voyait plus d’utilité à conserver des parcelles autrefois en pâtures pour les bovins. Elles ont donc été dédiées à la culture de peupliers, gérée par une entreprise tiers. Cet arrangement permet aux viticulteurs d’obtenir une certification environnementale imposée par Rémy Martin, les peupleraies étant aujourd’hui considérées comme des espaces « riches en biodiversité ». La monoculture de peupliers a démontré qu’elle provoquait de nombreuses nuisances quant aux écosystèmes de milieux humides. La canopée dense, l’entretien trop fréquent et le manque de diversité végétale minimise la richesse de la biodiversité. Malgré une forte densité de populiculture dans ces vallées, ces zones sont classées Natura 2000. Cet outil devrait étudier les activités humaines pour protéger la biodiversité et ses habitats, seulement il relève d’une démarche participative des acteurs du territoire.

400 m

Exploitation : N°SIRET : Commune : Campagne :

Echelle : 1 / 15000 ème

0

100

200

300m

Imprimé le : 19/11/2018 Source : MesP@rcelles Fonds de plan : BD Ortho® - [IGN]

Légende :

Photo aérienne Ilot

Limites

Parcelle

jachère de 6 ans ou plus

Ce zonage correspond au domaine familial d’un viticulteur de Grande Champagne, à proximité de la commune de SaintFort-sur-le-Né. Sa superficie est d’environ 50 ha.

79 .

luzerne

peuplier

SNA MesParcelles

surface agricole temporairement non exploitée vigne vinifère

Commentaire :

03 Discours d’une campagne viticole menacée

SCEA DE CHEZ CHRISTIN 78125897500015 VERRIERES 2018

Répartition d’un domaine viticole de 50 ha à Saint-fort-sur-le-Né

Localisation de l’habitation du viticulteur


De réelles questions politiques viennent à se Certains viticulteurs envisages une approche poser concernant les pratiques des agriculteurs différente des pratiques conventionnelles, souvent aujourd’hui. De nombreux récits témoignent de par convictions. Contrairement aux autres produits l’impact néfaste des produits de traitement sur la découlant de la vigne, il est plus compliqué de population, la biodiversité et même les viticulteurs. faire du cognac dans un esprit bio. La production En effet, les viticulteurs sont les principales est distillée et donc son volume réduit. Aussi, à victimes, mais ces habitudes sont ancrées dans les travers cette distillation les produits chimiques ne mentalités. se retrouvent plus dans l’alcool. Le consommateur Dans les années 80, le lobbisme frappait aux portes est moins regardant concernant la qualité de sa des agriculteurs pour vanter les mérites de ces consommation que pour d’autres alcools. Il n’existe produits miraculeux. Jusqu’à aucun viticulteur bio en Grande aujourd’hui on ne concevait plus Champagne, le cru étant trop prisé l’agriculture sans traitement. par les négoces et les clients. le refus du gouvernement de vouloir Cette approche dite plus A cela s’ajoute l’extrême « biologique » comprend des interdire ces produits démontre que concurrence des maisons de traitements mécaniques, un les agriculteurs sont pieds et mains négoce, qui imposent un quota de rapport différent aux éléments liés face au système production minimum et maximum. qui interagissent avec la vigne agricultural contemporain Pour remplir ce contrat, les (maîtriser mais pas supprimer viticulteurs n’ont d’autre choix que l’enherbement, acceptation grâce d’utiliser ces pratiques drastiques . à des aides aux rendements Afin de pouvoir adapter de nouvelles pratiques fluctuant...). Un viticulteur très engagé réalise ses plus respectueuses des sols, de l’environnement, vendanges et traitements à la main afin d’éviter le du travailleur et des habitants, il est urgent que les tassement des sols par les machines. Mais cette maisons de négoce et les chambres d’agricultures technique est en marge et difficile à mettre en place s’accordent sur un nouveau tournant que doit pour des questions économiques et de pénibilité au prendre la viticulture. Acceptant une production travail. De nouveaux outils « intelligents » sont en moindre, mais une région valorisée, de qualité voie de développement afin de permettre un travail avec des professionnels engagés pouvant être tout mécanique respectueux. Ces machines permettront aussi bénéfique économiquement. Le but est de de faire gagner du temps aux viticulteurs tout en pérenniser cette culture. C’est effectivement les étant autonome. maisons de négoce qui pourront insuffler un nouvel Un mélange de ces pratiques pourrait inspirer exemple. l’avenir de la viticulture du cognac et modifier le rapport au sol et au paysage.

80.


ZNIEFF 1 Les Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique ont pour objectif d’identifier des secteurs à fortes capacités biologiques. La ZNIEFF 1 est un secteurs de grand intérêt biologique ou écologique.

ZNIEFF 2 La ZNIEFF 2 concerne les grands ensembles naturels riches et peu modifiés, offrant des potentialités biologiques importantes.

81 .

Un territoire autrefois riche La toponymie de la Grande Champagne nous éclaire sur le passé historique de ces espaces ruraux qui se voulaient pourtant riches et diversifiés, malgré une production de cognac déjà très développée. En effet, le nom de ces lieux-dits ont été déposés au 18eme siècle. La représentation réalisée au travers des noms de lieux en Grande Champagne permet d’illustrer les amers du paysage d’autrefois. Le retour vers une richesse de la biodiversité peut être un réel objectif, aux retombées économiques et écosystémiques positives pour la filière viticole. Peu d’études ont été menées sur la biodiversité de la Grande Champagne du fait d’une pauvreté faunistique avérée dans les parcelles cultivées.

Étude toponymique de la richesse de l’avifaune d’antan et des entités du monde rural 03 Discours d’une campagne viticole menacée

La préservation de la biodiversité dans les espaces pouvant encore être riches, grand enjeu de cet espace viticole, permettrait de tendre vers sa durabilité. Les espaces les plus intéressants en terme de biodiversité sont regroupés et protégés par des ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique) de type 1 et 2. Cependant, ils ne sont pas intégrés dans le système agricole à part entière, du fait qu’ils se composent de terres trop humides et non productives. Il en est de même pour les périmètres Natura 2000 de la vallée de la Charente. Par conséquent, ces espaces sont peu valorisés et exploités par la populiculture, ne laissant pas de grandes perspectives d’avenir pour la biodiversité.


Cognac chateaubernard

Segonzac

Saint-fortsur-le-Né

Zones réglementaires et d’inventaire de la biodiversité ZNIEFF 1 ZNIEFF 2 Périmètre Natura 2000 de la «Vallée de la Charente» Autres sites Natura 2000

0

1,5

3 Km

Source : d’après la carte de biotope et DIREN de 2005 82 .


HVE La certification Haute Valeur Environnementale est conçue selon une logique de certification progressive de l’ensemble de l’exploitation, contrôlée par des organismes tiers indépendants agréés par le ministère de l’agriculture

83 .

Des actions insatisfaisantes Les consciences sont à l’aube de changer. Les maisons de négoce réalisent pleinement que non seulement le client est de plus en plus regardant sur la qualité des produits qu’il consomme mais également sur la qualité des sols de production. Une nouvelle qualification a vu le jour pour la première fois chez Rémy Martin. Cette démarche a été entamée en 2007, avec la certification Agriculture Raisonnée. Elle a fait place au label HVE (Haute Valeur Environnementale) en 2012, repris par l’ensemble des maisons de négoce. Les viticulteurs peuvent emprunter différents chemins pour atteindre la certification HVE 3. Un des viticulteurs explique qu’il peut faire le choix de réduire la quantité de produits chimiques (pesticides, fertilisants) ou de valoriser l’exploitation. Les contrôles organisés par les négoces se feront soit sur les comptes des viticulteurs, soit sur la part de «nature» laissée sur l’exploitation (jachère, haies...). Cette démarche, bien qu’elle ait le mérite de sensibiliser les professionnels sur la question, est bien loin d’être suffisante. Les questions de perte de biodiversité, de mauvaise santé des sols et des maladies engendrées, méritent une plus grande prise de conscience et des actions plus significatives. Réduire les intrants de 20% est loin d’être significatif et donc toujours polluant. De plus, le contrôle du pourcentage de terres dédiées à la biodiversité a ses limites. Nombreuses sont les parcelles conduites en peupleraies conventionnelles et acceptées par HVE 3, pourtant néfastes pour des sites à proximité de l’eau.

03 Discours d’une campagne viticole menacée

Pour une meilleure image du produit, le BNIC incite les viticulteurs à améliorer leur domaine viticole en les mettant en contact avec différents organismes. Ces derniers, comme l’Association Pron Haie ou CETEF (Centre d’Études Techniques et d’Expérimentations Forestières) de la Charente réalisent des études et accompagnent les viticulteurs pour l’implantation de haies sur leurs domaines. Non seulement ces démarches sont minimes mais elles ne sont pas en adéquation avec l’image de la Grande Champagne. Cette dernière étant reconnue pour ses paysages ouverts parsemés d’arbres isolés et non de bocages. Il est important que ces actions soient dirigées par un projet de cohérence territoriale pour éviter toute perte d’identité du paysage. L’organisme du BNIC, en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Segonzac, a également mené une étude sur la réimplantation du verger en Grande Champagne. Des fiches exemples ont été réalisées à l’intention des viticulteurs pour réintroduire des vergers en bas de pentes. Ces vergers auraient pour utilité de minimiser la quantité de produits lessivés arrivant dans les cours d’eau, et faire office de barrière pour les zones habitées tout en ayant un rôle paysager. Encore une fois cette démarche ne va pas au bout d’une réelle valorisation écologique du paysage viticole de demain. Le problème étant traité en aval, alors que pour plus d’efficacité et pour un maintien réel des sols il devrait être réfléchi en amont des pentes. A cela s’ajoute les quelques journées de sensibilisation menées par la Chambre d’Agriculture de Segonzac dans le vignoble de la Grande Champagne où la présentation de la faune est faite aux habitants.


Durant mes entretiens avec les acteurs concernés par l’environnement du site, il m’a semblé que les discours apparaissaient encore une fois « lissés «. Tout était mis en œuvre pour valoriser le peu d’intérêt que portent ces derniers à l’environnement et la biodiversité. En effet, pour la responsable du pôle environnement du BNIC il est «très regrettable» que les produits phytosanitaires viennent à disparaître car de nouveaux moyens mécaniques devront être mis en place pour éviter les maladies.

Vue dans le vallon des Égaux à Salles-d’Angles

.


Une économie figée autour du prestige et de l’exportation Le marché du whisky

Une industrie plus ou moins distante de son territoire

A ce jour le marché du cognac se porte bien avec une croissance de 3% entre 2013 et 2019 et un chiffre d’affaire de 3,15 Milliards€ en 2017 (d’après le BNIC). Ce produit de la mondialisation voit sa production écoulée à 98% à l’étranger (contre un peu moins de 50% pour le champagne). Le plus gros consommateur demeure les Etats Unis depuis l’engouement des rappeurs afro-américains désireux de se distinguer de la classe aisée blanche. Le cognac occupe aujourd’hui, devant les vins de Bordeaux et le Champagne, la première place à l’exportation (en valeur) au sein du secteur des vins et spiritueux en exportant dans 160 pays. Ce marché en croissance n’impose pas aux commerçants un renouvellement des pratiques et stratégies liées au cognac. Ce dernier n’a jamais vraiment été dégusté en France, il était et reste encore un produit créé pour les étrangers, le rendant au final inaccessible. Le territoire et son paysage ne sont pas directement une source d’enjeux pour les viticulteurs et autres acteurs puisque le produit n’est pas associé au domaine qui l’a produit mais à la marque du commerçant. Import du bois de chêne des Vosges ou du Limousin pour les fûts

Embouteillage et étiquetage réalisés en Grande Champagne Expo rt du p

85 .

roduit fin i

en Amérique

Main d’œuvre saisonnière étrangère

Export

en Asie

03 Discours d’une campagne viticole menacée

l’économie du cognac

98

%

produit exporté

Le whisky est le spiritueux le plus bu dans l’hexagone, 38.7% de la consommation totale, selon des chiffres de la Fédération Française des Spiritueux (FFS). Cependant le marché du Wisky est légèrement en dessous du cognac avec 2,1 Milliards€.

Des retombées économiques fortes sur le territoire mais disparates face à l’appropriation qui en est faite

Le marché en France en baisse continuelle

10 % chine du marché usa 40du marché% 16 800 emplois directs D’après les données du BNIC

DANS LE COGNAçAIS


Les habitants, écartés d’un marché auquel ils n’ont pas Cependant, les maisons de négoce comme Hennessy, accès et sans prise sur le produit, sont dépossédés. Rémy Martin ou encore Martell sont les plus grandes Cela se répercute sur leur appropriation du territoire. bénéficiaires avec un taux de marge par bouteille de Les différents éléments qui rentrent en compte 57%. (import de bois, et de main d’œuvre...) dans la Cette disparité entre commerçants, viticulteurs production de cognac démontrent également qu’il et habitants contribue à creuser un fossé entre les existe une rupture forte entre l’échelle de cette acteurs, n’étant pas sur un même « piedestale ». économie et le territoire qui le produit. L’économie du cognac se voit également menacée par La Grande Champagne et son économie sont pourtant des alcools frauduleux venant d’Asie. Ces bouteilles, historiquement liées à la prospérité du cognac, autour qui ne respectent aucunement la charte stricte de duquel de nombreux métiers et industries connexes fabrication du cognac sont vendues à un moindre prix. se sont développés. Aujourd’hui, c’est essentiellement Les entreprises intervenant autour le prestige de cet alcool qui est La grande champagne de la production du « Cognac recherché au travers de son 55 000 €/ha » forment une communauté appellation. Demain, avec les risques des terres viticole à eau de vie professionnelle forte d’environ de basculements économiques 4 000 personnes : tonneliers, mondiaux, le marché peut se La petite champagne chaudronniers, entreprises de retrouver concurrencé et subir une 40 000 €/ha verrerie, d’embouteillage, de nouvelle crise. des terres viticole à eau de vie cartonnerie, d’imprimerie et Comme un jeu de domino, les de bouchage, transporteurs, emplois qui en dépendent, l’image, laboratoires œnologiques, fabricants de matériels la structure du territoire et du paysage peuvent se agricoles (d’après le BNIC). Ce sont environ 50 000 sur retrouver totalement renversés. 950 000 habitants des deux départements qui vivent Les terres de la Grande Champagne sont très prisées du cognac. et ne laissent que peu de place pour une diversification En Grande Champagne la filière du cognac représente de l’agriculture ou d’autres formes d’occupation du 30% de l’emploi salarié (insee clap 2015) concentrés sol. A contrario, les terres de Petite Champagne ou des autour de la création de boissons et des travaux du bons bois sont moins cotées. Cependant, il est difficile bois. Malgré une économie d’exportation, le commerce de trouver de réelles transactions entre ces terres, du du cognac est créateur d’emplois et ce produit unique fait d’un marché très fermé et d’un protectionnisme fait pourtant la fierté des habitants du pays cognaçais. immuable.

4 500 viticulteurs 300 négociants 101 distillateurs de profession

86 .


En 1987 le rapprochement avec le maroquinier Louis Vuitton amènera à la constitution du géant du luxe à l’acronyme bien connu LVMH.

87 .

Un territoire peu accessible : la culture du luxe et du tourisme

A cette culture particulière est associée un protectionnisme conséquent, visible sur toute la L’image cultivée par le cognac a toujours été celle Grande Champagne. Le volume de parts de marché d’un produit prestigieux et luxueux destiné à la internationale mais aussi les données précises sur classe la plus aisée, essentiellement prisée par une les domaines viticoles des crus, ne sont accessibles population étrangère. Le luxe réfère à l’exceptionnel, qu’aux négociants et professionnels du BNIC. Durant il est le symbole d’une réussite sociale accomplie la plupart de mes entretiens avec les acteurs de mais également du raffinement. C’est de part sa la Grande Champagne et notamment lorsque je rareté qu’est justifié son prix souvent exorbitant. me rapprochais du BNIC ou encore, de la chambre Le produit du cognac jouit également du prestige d’agriculture, j’ai pu ressentir français, synonyme de classe et une grande réticence à la de glamour. Le luxe à la française transmission des informations est un des plus gros moteur La Grande Champagne c’est le précises touchant de près ou économique pour la France fin fond, il n’y a rien à faire. de loin la production de cognac. car mis au-devant de la scène Antoine Heraud jeune viticulteur C’est lors d’échanges avec internationale. Le poids des différents profils, en développant produits haut de gamme dans les un esprit critique, que j’ai compris exportations françaises est trois que les discours étaient souvent fois plus élevé que la moyenne édulcorés de manière à valoriser une production de mondiale, d’après une étude de la Douane française masse. Gilles Bernard, géographe et président du de 2013, et la France est la première exportatrice GREH (Groupe de recherche et d’études historiques), des produits haut de gamme de vins et spiritueux. m’a confié que les commerçants, principaux donateurs au BNIC, exerçaient un réel pouvoir sur Aujourd’hui encore, les stratégies commerciales les viticulteurs et sur l’accès à des données, de peur dégagées par le BNIC et les commerçants font qu’ils ne leurs fassent de la concurrence. prévaloir le marché du luxe au maximum, tout en Les questionnements liés à l’écologie ou à la place déplorant le manque d’intérêt des français pour des locaux en Grande Champagne sont également leur produit. Aucune démarche (consommation du très lissés avec très peu d’études réalisées. cognac en cocktail uniquement) n’est réellement Les quelques discours ou documents peu engagée pour renverser la balance. argumentés m’ont fait part d’une campagne viticole « biologique très riche »...

"

03 Discours d’une campagne viticole menacée

"

Association entre grandes marques


Schéma d’acteurs

TEMPS 1

Visibilité Producteurs locaux

Mains d’œuvre saisonnière

le

stiva

on e

sais

Viticulteurs hôtes

Touristes étrangers

Touristes Charentais

Hab Grande Champagne

Chambre agricultureComplexes hoteliers

Viticulteurs

ée

nn e l’a

tout

Temporalité

Touristes haut de gamme

Associations

Agglo Oenotourisme hivernal par des professionnels

le erna n hiv Saiso

TEMPS 2

Maisons de négoce

Visibilité Mains d’oeuvre saisonnière

Office du Touristes Touristes Producteurs toursime nationaux étrangers locaux

ivale

n est

saiso

Viticulteurs hôtes

Touristes haut de gamme CAUE

Nouveaux Associations acteurs

née

e l’an

Temporalité

tout

Hab du cognaçais

Communes

Oenotourisme hivernal par des professionnels

Agglo

Maisons de négoce

Viticulteurs

Ce schéma d’acteurs pose l’état général quant aux inégalités en terme de visibilités des acteurs liés ou non à une image de luxe, suivant 3 temporalités. Le paysagiste, à travers un projet intercommunal et un rôle de médiateur, sensibiliserait les acteurs sur l’importance du paysage dans la valorisation économique. Le schéma démontre qu’en concernant habitants et viticulteurs, pour œuvrer ensemble, ils obtiendraient plus de poids afin d’être soutenus par les institutionnels.

Nouveaux acteurs

le erna n hiv Saiso

Capacité à appuyer un projet plus lentement

Capacité à faire vivre un projet local

Capacité à Culture initier un d’une image de luxe projet rapidement

Associations de viticulteurs : Vitibio, Bouilleurs de crus

Associations citoyennes : Conseil de développement du pays Ouest Charente

Il est parfaitement logique que les politiques d’attraction touristique s’organisent autour d’une stratégie de luxe visant uniquement les touristes étrangers, encore en 2018. L’ensemble des prestations proposées en Grande Champagne n’ont pas moins de 4 ou 5 étoiles, que ce soit le nouveau complexe hôtelier des Chais Monnet, le Château de l’Yeuse ou encore les maisons d’hôtes. Les habitants, travailleurs ou visiteurs de la région n’ont pas accès à ces prestations. Cette absence de liaison ne permet pas de tisser du lien avec la filière et les viticulteurs, pourtant essentiel pour une bonne compréhension du territoire. Les loisirs proposés, circuits de dégustations de grandes maisons de négoce, croisières fluviales Canalous sur la Charente ou encore le festival de la « Fête du cognac » nécessitent un budget conséquent. Ces attractions en plus de viser une classe aisée met de côté la génération de moins de 30 ans n’arrivant pas à se retrouver dans ces dynamiques commerciales. On comprend alors les récits récoltés de ces derniers. N’étant pas ouvert, le tourisme ne jouit pas d’un grand dynamisme poussant certains hôtes à « appâter » des touristes du Bordelais, en leur proposant une formule dans le cognaçais, afin de visiter des chais, des vignobles sur une journée... Effectivement, aujourd’hui l’économie se porte bien mais sans une adaptation d’une image équitable et durable il est peu probable que ce territoire viticole subsiste aux fluctuations futures. Le schéma d’acteurs ci-contre propose, à travers un projet de territoire, la réorganisation de la visibilité des acteurs du tourisme de la Grande Champagne, de manière à tendre vers une économie plus locale et équilibrée. 88 .


la Grande champagne d’habitats Vacants

10

%

Population vieillissante Pert e d e dynam is m e

25

communes

dortoirs 3 Communes actives

45 000 HABITANTS

impressions du territoire sur site De part son histoire, ses stratégies de communication, des pratiques controversées vis à vis de l’écologie, une économie basée sur le luxe et les relations avec son paysage, le cognac a toujours cultivé un fossé entre sa population et son territoire. Les viticulteurs ont également des visions différentes quant aux pratiques qu’ils utilisent. De ce fait, la campagne de Grande Champagne est déséquilibrée et vidée.

L’image fédératrice d’identité ? Le cognac est un produit mythique profondément enraciné dans notre histoire nationale et particulièrement dans les Charentes. Malgré une attractivité mitigée, le cognac a permis la visibilité de la région, notamment de la Grande Champagne au niveau national. Cependant, du fait de son histoire et de ses campagnes de publicité, le terme « cognac » évoque l’alcool avant la ville et ses vignobles. Sa renommée a fini par écraser ce territoire et ses habitants. Néanmoins, la filière a favorisé la création d’une communauté professionnelle autour du cognac, active sur le site de la Grande Champagne. Ces personnes, de par la singularité de leur savoir-faire, mais aussi de par l’image rare et luxueuse à laquelle elles sont associées, se sont procurées une identité faisant encore aujourd’hui leur fierté. « Autour de cognac je trouve que tout y est froid, austère. Le paysage ? C’est monotone, sans surprise, sans parler de l’étalement urbain et des bâtiments modernes. Tout est plat, grands et les couleurs sont ternes. Je préfère de loin le paysage des Pyrénées. »

une jeune habitante de petite champagne 89 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée

« Il n’y a personne dans la campagne car ce sont des propriétés privées, ce n’est pas comme dans les bois. Et puis il n’y a pas de chemins prévus pour se promener entre les parcelles, que voulez vous qu’ils fassent dans les rangs de vigne ? Et puis ils ont surement du prendre conscience que ce n’était pas très sain de se balader là... »

Un ex-viticuleur

« La campagne viticole de cognac de demain c’est moins de produit, plus de respect au niveau des sols... Les négoces vont devoir s’y plier car les clients font pression. »

un viticulteur


Une secrétaire de mairie « Non les habitants ne se baladent pas trop dans les vignes, ce n’est pas dans leurs habitudes et c’est pas fait pour. Une fois j’ai voulu me promener au bord du Né, avec ma fille. Par ce que c’est joli quand même. Mais on a vite fait demi tour, de peur de se perdre, c’est grand et on s’y retrouve pas ! Seuls les anciens, de 75 ans connaissent les alentours, il y a Joël Bouquin à la sortie de la ville... »

Dépossession d’un territoire pour ses habitants

« La Grande Champagne c’est le fin fond, il n’y a rien à faire, c’est pas dynamique. Du moins rien n’est prévu pour les jeunes. Juste un mur d’escalade, mais sinon... Il y a bien la fête du cognac, mais c’est beaucoup trop cher pour les jeunes ! »

« Moi ce territoire ça m’évoque un paysage assez beau, plutôt plat et un horizon lointain. En revanche le côté social n’est vraiment pas développé, et la société est quand même moins plaisante que dans une autre région. Et il n’y a pas de dynamisme. »

un jeune viticulteur

une jeune habitante de la région

« Ah moi je suis originaire d’ici donc forcément je suis attachée à ma région, à la campagne, le calme, la verdure et la nature. Je vais souvent courir le long des routes. »

une habitante de la région

Le lien culturel au paysage tel qu’il était vécu par les viticulteurs s’est profondément modifié au cours de l’histoire. Le paysage, espace de production, suscite la nostalgie de ceux qui ont su tirer le meilleur profit des ressources naturelles en s’affranchissant des caractéristiques paysagères. Les fêtes autour du raisins (vendanges, plantations de fruitiers...), les liens sociaux, les événements communaux autour du cognac... Tout cela a été délaissé au nom de la production, du gain de temps et d’argent. Les générations anciennes sont encore très attachées aux paysages viticoles et au patrimoine, grâce à une histoire et un héritage familial. Mais pour les moins de 30 ans, la Grande Champagne renvoie à une représentation négative souvent synonyme d’isolement. Dans son livre « Mauvais plan sur la Comète, 2018 » Jean-Charles Chapuzet, originaire de la région, décrit la campagne viticole hivernale de la Grande Champagne comme monotone et désolante. Mise à part les vignerons, peu d’habitants ou de randonneurs prennent possession de ce paysage particulier. La campagne viticole de Grande Champagne est bel et bien vide. Au cours de mes visites en été ou en automne, je n’ai croisé qu’une seule fois un groupe de promeneurs. L’explication se trouve dans le témoignage de plusieurs habitants. Personne n’ose plus arpenter ces milieux viticoles, qui s’en trouvent dénudés. A vouloir prospérer et développer cette industrie luxueuse, les habitants ont été dépossédés de leur territoire.

90.


91 .

03 Discours d’une campagne viticole menacÊe


l’opinion des viticulteurs Antoine HERAUD 25 ans Fils aîné d’une famille de viticulteurs, il est sur le point de reprendre l’exploitation familiale de 80 ha avec son frère. Comme une bonne partie des viticulteurs, il a obtenu la certification Haute Valeur Environnementale 3 imposée par Rémy Martin. Antoine et sa famille sont ouverts à une pratique viticole «différente» notamment en faisant du vin de table bio. Ils tentent de se questionner sur l’environnement et le paysage qui composent leur quotidien, mais avouent ne pas avoir les réponses pour une valorisation adéquate. Antoine et sa famille habitent à proximité de leur exploitation répartie autour de la maison.

Localisation de l’exploitation familiale

.


93 .

03 Discours d’une campagne viticole menacÊe


l’opinion des viticulteurs Antony RENOUARD 48 ans Antony a également repris la suite familiale. La question écologique n’est pas encore une de ses principales préoccupations, le but étant de correspondre aux demandes des négoces. Ces maisons le soumettent à différents contrôles réguliers mais Antony se pose des questions quant à sa santé et les produits qu’il utilise. Il fournit différentes maisons de négoce comme Rémy Martin, Martelle et Hennessy sous la certification HEV3 et présente également une petite partie de sa production en vente directe. Il tient à faire valoir son savoir-faire au travers de rencontres avec sa clientèle directement dans ses locaux. Afin de se rendre attractif il a développé un dérivé du produit du cognac qui est le Pineau Champagnisé. Il bénéficie ainsi d’une certaine visibilité. Antony habite à quelques kilomètres de ses parcelles viticoles qui restent cependant sur un rayon assez restreint.

Localisation de l’exploitation familiale

.


95 .

03 Discours d’une campagne viticole menacÊe


l’opinion des viticulteurs Jean-Baptiste PINARD quinquagénaire Depuis maintenant 3 générations la famille Pinard produit en Bio officiellement avec la certification depuis 1969. Elle met un point d’honneur à préserver les sols. Ce nouveau tournant a été pris suite aux problèmes de santé rencontrés par les enfants. Jean-Baptiste est convaincu que le cognac de demain, malgré des retards dans ce domaine, devra se soumettre aux réalités d’aujourd’hui et changer ses pratiques dans une optique plus durable. Le tout sera insufflé par les maisons de négoce qui aujourd’hui ne font pas de réel effort pour aider les viticulteurs. Aucun viticulteur Bio n’est localisé en Grande Champagne, puisque la valeur des terres est trop importante et que la production bio ne serait pas rentable vis à vis des négoces. Ainsi, la famille Pinard et son domaine sont localisés à proximité de Jarnac au Nord du site d’étude.

Localisation de l’exploitation familiale


Un réseau organisé pour une unipolarité

Ci-contre Carte du passage de la Flow vélo d’après le parcours laflowvelo.loopivelo.fr.

Ci-dessous Le temps moyen parcouru entre les communes de Grande Champagne.

Le principal pôle d’attraction de la Grande Champagne est représenté par les villes de Cognac et de Châteaubernard. Ces places fortes se sont développées autour du fleuve de la Charente et de son port, servant aux échanges. Elles concentrent les principaux services, commerces et bassin d’emplois du territoire. Les grandes polarités à proximité sont Saintes, Angoulême ainsi que Bordeaux. La charpente du réseau viaire du territoire, comprenant la départementale D731, la N141 et la voie ferrée Saintes/Angoulême, converge vers la ville de Cognac. Cette organisation unipolaire délaisse les communes comprises dans la campagne rurale et viticole, induisant un taux de vacance élevé de 10% environ, C’est un s’appuyant sur cette voie, que «l’arrière d’après le SCOT. Elles sont aujourd’hui considérées pays communal» de Cognac pourrait être irrigué comme dortoirs, utilisées comme lieu d’habitat et valorisé auprès des habitants et d’un tourisme sans pour autant participer à la vie communale. respectueux. En proposant un circuit de mobilités Or, Cognac est un pôle urbain en extinction, avec un innovantes réfléchi, à l’échelle de la Grande accroissement du vieillissement de la population, Champagne, pour une cohérence territoriale. et une diminution du nombre d’habitants d’environ 10 personnes chaque année, soulignant la perte de dynamisme de tout le territoire. La distance entre chaque commune de vers rochefort en campagne est pourtant assez réduite ve r s t hiviers et équilibrée, laissant sous-entendre qu’une meilleure organisation basée 40 min 15 min 6 min

97 .

sur un nouveau réseau intercommunal permettrait des liaisons directes. La Grande Champagne bénéficie depuis peu du passage de la Flow vélo V92 portée par un projet national de pistes cyclables gérées par un collectif de 10 EPCI. Le projet a pour but de valoriser le rétolittoral, peu visible face à l’attractivité du littoral de Charente Maritime, via une piste cyclable longeant le fleuve. Il permet également la mise en place d’une labélisation d’accueil vélo pour les hôtels et restaurants. Cette piste, tracée sur des voies carrossables déjà présentes sans dissocier les usages, ne fait que longer le fleuve et donc le territoire de la Grande Champagne. Encore une fois en traversant le ville de Cognac.

03 Discours d’une campagne viticole menacée


>>

>

Cognac

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Ve rs s a i nte s

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Ars

V

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Chateaubernard

A ers

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Salles-d’angles

Segonzac

Réseau viaire principal Voie ferrée Multipolarité Pôle attractif principal comprenant des structures pour l’éducation, hôpitaux, commerces

Vers Archiac

Carte de l’importance des polarités sur le territoire de Grande Champagne

Saint-fort-surle-né

Pôle principal comprenant des structures pour l’éducation, hôpitaux, commerces Pôle secondaire comprenant des commerces et services publics Polarité minimum avec commerces de proximité

0

1,5

3 Km

Source : d’après la carte IGN

98 .


un site représentatif : Le grand site de gimeux et des égaux Les unités paysagères et points d’appels Ce site s’étend de l’abbaye de Fernade jusqu’à l’entrée de Salles d’Angles. Il concentre différentes unités paysagères rencontrées tout au long de la Grande Champagne. Elles sont caractéristiques de par leur morphologie, leur histoire ou encore leur position sur l’interfluve, et dessinent les lignes directrices du site, tout en traduisant son ambiance générale.

Moulin de Fanaud

Combe arbant butte de Michareau

Vue depuis les égaux, de la dépression et de la combe Arbant

Le vallon encaissé des Égaux communique directement avec la vallée du Né. Cette dépression délimite les coteaux viticoles qui l’entourent, tout en étant cultivée en céréales. A partir de la dépression, l’horizon est dessiné par le Moulin Fanaud, le vieux bourg de Gimeux ou encore la butte de Michareau à l’est. Ce vallon donne un autre aperçu du paysage, où la viticulture semble lointaine. L’humidité est suggérée par les plantations de maïs et la liaison avec la vallée est encore difficilement perceptible. Le vallon est délimité du nord au sud par des coteaux aux roches calcaires affleurantes comme dans le Combe Arbant. 99 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée

Ci-contre la carte du site représentatif

Vignes Champs Ripisylve


L’abbaye de la frenade

la grande prée

GIMEUX butte de Michareau

Butte du moulin de fanaud

le coteau de reigner vallon des égaux

Vallon des perrières 0

300

600 m

Combe arbant

Point haut la potence

Sallesd’Angles

.


moulin Fanaud

Le moulin de Fanaud constitue un appel visuel dans le paysage de part sa position surélevée et l’édifice le surmontant. Visible de loin, il est souligné par une vague de vignes partant du coteau et venant se heurter à ses pieds. Au bas de cette butte, le plateau cultivé du santonien compose avec les larges parcelles agricoles ouvrant sur le paysage avoisinant. Ici nous sommes à l’intersection entre les coteaux viticoles surmontés de communes en proie à la déseritification, la grande plaine cultivée de cognac ainsi que la vallée du Né. Les interactions entre chaque élément ne sont pas perceptibles.

Vue depuis le nord de Gimeux sur le coteau du campanien

Vue depuis Gimeux sur le moulin de Farnaud

Vallon des perrières

Vue sur le vallon encaissé des Perrières

Le vallon des Perrières est souligné par des coteaux viticoles. Cultivé en céréales, il s’évase directement sur la vallée du Né. En été les couleurs contrastent avec les hauteurs viticoles donnant plus de profondeur à ce lieu-dit.

101 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée

Vue depuis les égaux sur les Perrières


Butte Michareau

Vue depuis le moulin Fanaud sur le butte Michareau et Gimeux

La butte Michareau offre un point de repère dans le paysage. Point haut perceptible de loin, elle dessine l’horizon vue de la dépression du santonien et du campanien. Elle annonce le passage entre les deux. Ce même point culminant communique avec la Grande Champagne en offrant des ouvertures visuelles sur les interactions entre vallée céréalière et domaine viticole.

la grande prée Vue sur la butte Michareau depuis les égaux

Vue sur la grande Prée de la vallée du Né

La grande Prée est visible depuis le moulin de Fanaud. A partir de ce point de vue, les larges sinuosités de la ripisylve sont visuellement compréhensibles. Cette unité semble serpenter, seule, le long de la frontière de la Grande Champagne. Elle donne pourtant une tout autre vision du paysage de la Grande Champagne qui semble plus diversifiée qu’elle ne le laisse paraître.

Parcelle cultivée à l’intérieur de la vallée du Né

102 .


Le plateau viticole de petite champagne

Des intersections à valoriser Les coteaux viticoles de la Grande Champagne surplombent la vallée de tout son long jusqu’à sa confluence avec la Charente. Aujourd’hui, chaque espace est traité individuellement, sans que l’un ne puisse réellement interagir avec l’autre. On distingue 3 séquences entre les hauteurs viticoles et la vallée du Né. La première comprend les parcelles viticoles sur le plateau 1, la seconde est délimitée par une ceinture de cultures céréalières 2 et la troisième est dessinée par la ripisylve 3. Les vallées et leurs vallons sont bien distincts du fait d’un sol gélif et humide. Imaginer une rencontre avec le vignoble, en créant des transitions végétales au niveau des cultures céréalières, permettrait de restructurer les espaces viticoles de manière à valoriser la biodiversité et diversifier la vallée. Cette restructuration engagerait une préservation du sol, aujourd’hui soumis au lessivage ainsi qu’au déclin significatif des êtres vivants. La transition entre espaces viticoles et vallées renouvellerait l’image de la Grande Champagne, dévoilant de nouveaux usages pour les habitants et les visiteurs.

S-o

Coupes au sud de Gimeux

Coupes au nord de Celles

Gimeux

Sol en culture viticole Sol en culture céréalière

Celles 103 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée

Sol humide, autre culture


la vallée du né

Les anciennes fermes viticoles

Les coteaux viticoles De Grande Champagne

les boisements épars

1 Ambiance des séquences entre vallée et vignobles

2 3

N-E Le Né

Importance de la peupleraie

5,5km

Fermeture de la ripisylve

Le Né

Fond de vallée du Né

Fond de vallée du Né

La peupleraie

6,5km

104 .


Un potentiel de biodiversité à retrouver

Les espèces présentes dans les espaces cultivés et notamment viticoles n’ont pas fait l’objet de réelles études, du fait d’une pauvreté avérée. En effet, depuis plusieurs années la microfaune vient à manquer dans le vignoble cognaçais, résultat d’une homogénéisation des espaces. Seules des espèces généralistes sont inventoriées, comprenant des espèces introduites pour la chasse.

Un méandre du Né envahi par la végétation

105.

03 Discours d’une campagne viticole menacée

"

Témoignage d’un pêcheur du Né Moi j’ai l’habitude de pêcher en bas dans un grand trou d’eau, personne ne le connaît sauf moi. Ben il y a 10 ans, après avoir récupéré les terres par héritage, Le propriétaire a été planter pleins de peupliers pour faire du fric sans réfléchir. J’ai continué à aller à mon trou d’eau et au bout de 3 ans je me suis rendu compte qu’il n’y avait plus de poissons ! J’ai levé la tête et la canopée s’était densifiée au point qu’il y faisait tout noir. Il faut savoir que la feuille du peuplier se dégrade mal ce qui colmate les fonds de rivière. Un été, après la sécheresse, j’y suis retourné et là j’ai pris du gardon 1, 2, 3..., les feuilles étaient tombées ce qui avait créé un puits de lumière. Preuve que ça a un impact sur la flore et la faune. Et puis de toute façon le propriétaire débroussaille tout le temps, tout est ravagé. Il s’en fout il va jusque sur les berges avec sa machine. Alors fleurs et des animaux, ben il y en a plus.

"

Le manque de diversité d’habitats naturels dans les parcelles viticoles ne permet pas de relations avec les profondeurs de la vallée du Né. La ripisylve est comprimée dans ces fonds, entourée d’une ceinture de cultures céréalières. Elle est ainsi assujettie à de nombreuses pressions humaines liées à la pollution, l’agriculture et l’érosion du fait de sa position limitrophe entre la Grande Champagne et la Petite Champagne. Ainsi les espèces spécifiques de zones humides sont en déclin. La vallée et ses marais étaient pourtant le réservoir de biodiversité.


é gén

Espèces qu

es r ar es

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Espèces p atr im

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en déclin les a i n

ou introduit stes es i l ra

E Connexion possible si présence d’arbres isolés

Circulation possible entre Espaces ouverts

ouest

EST

Fermeture de la vallée

Relations écologiques entre le Né et ses plateaux viticoles 106 .


Espèces principales de la vallée du Né 1.Rosalie des alpes Rosalia alpina Lamproie de Planer Lampetra planeri Vison d’Europe Mustela lutreola 2.Triton crêté Triturus cristatus 3.Barbastella barbastellus Barbastella barbastellus 4.Faucon hobereau Falco subbuteo Renoncules flottante Ranunculus fluitans Orme Ulmus

Espèces de culture céréalière 5.Oedicnème Criard Burhinus oedicnemus

Espèces de parcelle viticole 6.Perdrix rouge Alectoris rufa Lapin de garenne Oryctolagus cuniculus Lièvre Lepus 7.Chevreuil Capreolus capreolus 107.

03 Discours d’une campagne viticole menacée

1

2

3

4

5 6

7

L’enfrichement et la fermeture du paysage des vallées sont chose courante depuis plusieurs années en France. La vallée du Né subit ce même phénomène depuis l’abandon de l’exploitation pastorale au profit de la viticulture. Seules quelques peupleraies, champs de maïs et prairies témoignent d’une activité humaine. Depuis les années 70 et avec l’apparition de la PAC, la prolifération des peupleraies, surfaces primables et exploitables, s’est faite au détriment des prairies naturelles. Elles servent aujourd’hui à obtenir la qualification HVE 3 pour les viticulteurs. La fermeture a pour effet la banalisation des paysages de bords de rivières par une généralisation de la flore ; une surpopulation de frênes, d’érables à feuille de frênes et de jussie (considérés comme invasifs). La vallée est pourtant large et inondable avec ses méandres sinueux. Autrefois, les berges du Né étaient conduites en prairies naturelles. Les brochets (poisson endémique) frayaient sur ces dernières en période de crue, permettant aux brochetons de ne pas être soumis aux prédateurs durant leurs premiers jours. Ces pontes avaient lieu de février à mars. La réouverture de la vallée et la diversification culturale permettrait une requalification du milieu : elle favoriserait aussi les crues et la biodiversité. La zone de rencontre entre les domaines viticoles et les coteaux concentre un réel enjeu de sauvegarde de la biodiversité, aujourd’hui altérée par une absence de gestion adéquate et des pressions écologiques environnantes.


cognac

rente La cha ars

Gimeux Segonzac

Carte de vulnérabilité au nitrate La carte ci-contre souligne l’exposition récurrente des communes et habitations aux substances liées à la viticulture comme ici le nitrate.

Gimeux et Ars Les changements de pratiques de la population sont perceptibles au nord des communes. Autrefois, la culture, l’entretien et le rapport à cette vallée étaient tout autre. La vallée d’aujourd’hui se lisse et s’uniformise petit à petit inhibant tout usage.

ARS

1945

De nombreuses substances sont régulièrement retrouvées dans les eaux de surfaces de la vallée. Des molécules de glyphosates, des molécules dégradées de pesticides et de fongicides, de l’arsenic, du cuivre et des nitrates... Même si les doses employées sont depuis quelques années inférieures au seuil réglementaire, un taux élevé est relevé régulièrement dans les nappes. Ce qui pose question quand à la qualité réelle de cette vallée. De plus, le débit du Né, faible en période d’étiage, entraine un manque d’oxygène, ce qui induit des conséquences directes sur la faune aquatique.

Le

0

2,5 km

Sites récemment classés vulnérables Limites communales Source : d’après la carte du SIAH du Né, Agence de l’eau Adour Garonne Cultures et pâturages diversifiés dans le fond de vallée

Gimeux

Enfrichement, fermeture et généralisation de la populiculture

ARS

2018

Gimeux

0

500 m

108 .


Habiter dans la campagne viticole Ci-contre 1. Une photo aérienne de 1945 2. Une photo aérienne de 2017 zonée sur les nouvelles constructions

1 2

Source:Archivesdépartementale

Le Cadastre Napoléonien de Gimeux de 1812

109.

Les communes constituant la campagne viticole de Grande Champagne sont sensiblement similaires. Hormis Segonzac, Cognac et Chateaubernard, elles comprennent en moyenne 700 ou 800 habitants, comportent un ancien bourg, de nouvelles habitations des années 70-80 aux extrémités et s’organisent suivant un « village-rue » le long de la voie qui les traverse. Il en est de même pour Gimeux, construit de 1812 à aujourd’hui. Les nouvelles habitations de type pavillonnaire sont disposées de manière éparse au nord de la commune et comportent de nombreuses dents creuses soumises aux risques d’inondations car situées dans la vallée. Ces zones sont essentiellement habitées par des néo ruraux. Nombreuses sont ces personnes voulant habiter en campagne, notamment prés des villes comme ici à Gimeux (à 15 min de cognac en voiture), pour des raisons économiques ou de confort mais qui ne prennent pas part à la vie communale. A contrario, le centre ville comprend de nombreuses habitations typiques des Charentes dont plusieurs vacantes depuis de nombreuses années. L’ensemble de la ville comprend 22 habitats vacants sur 330, soit 15%. L’enjeu serait de redynamiser les centres bourgs en lien avec l’activité viticole qui dessine leur limites, pour privilégier la vie communale et contenir les habitats déconnectés de l’identité du territoire. Les zones Na (zone d’urbanisation future) à construire ne sont pas attractives pour la population du fait de parcelles en moyenne de 1 200m² et seront revues dans le cadre du nouveau PLUi (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) du Grand Cognac. Cependant, ce PLUi n’est pas encore effectif et le POS (Plan d’Occupation des Sols) actuel ne sera plus valable en 2020. La commune se verra donc bloquée de toute modification pour les 3 années qui vont suivre. 03 Discours d’une campagne viticole menacée

Source : IGN 2017

0

300m


Maison vacante dans le bourg de Gimeux

.


La place des domaines viticoles Cadastre Napoléonien Le cadastre cidessous présente une partie du bourg de Gimeux situé autour en 1812.

Source : Archives départementale

Le cadastre et le registre Napoléonien renseignent sur la nature des parcelles en 1812 de la commune de Gimeux. Ces documents permettent ainsi de vérifier que la vigne est présente sur ce territoire depuis plusieurs décennies, aussi bien sur la partie haute de la commune que jusqu’à Salles-d’Angles. Des boisements le long des coteaux, donnant sur la vallée du Né, se sont progressivement transformés en parcelles viticoles. Le cœur de la vallée, actuellement boisée ou en populiculture, était utilisée par les habitants de la commune. Ces derniers cultivaient ces parcelles humides en prés, en cultures ou même en jardins. La réappropriation de cette vallée permettrait entre autre de diversifier la production dans une optique écologique. La mise en place de lieux de vie communs à usages divers pour la population dégageraient des ouvertures sur les hauteurs viticoles pour créer des cadrages visuelles.

La part des domaines viticoles en Grande Champagne a considérablement augmenté depuis les années 1800. De cette période à la crise du phylloxéra, on estime la superficie des domaines à 10 ha pour les riches propriétaires et négociants. Les petits viticulteurs avaient des surfaces bien plus modestes. Après cette crise, en 1920, la superficie d’un domaine par viticulteur avoisine les 1,2 ha et en 1940 double en passant à 3 ha. Ces données supposent que le nombre de viticulteurs était plus élevé qu’aujourd’hui, du fait d’un travail plus pénible et plus long car réalisé à la main. A partir des années 2000 la surface moyenne d’un viticulteur est de 20ha et pour un grand propriétaire négociant environ 500 ha. Aujourd’hui, sur le grand site de Gimeux à Sallesd’Angles on recense 9 domaines viticoles pour la production de cognac. Le site comporte également plusieurs espaces professionnels en lien avec la création du cognac. Des distilleries dirigées par des bouilleurs de cru professionnels, des industries liées à l’embouteillage ou au packaging des bouteilles. Preuve que le cognac est la principale activité en Grande Champagne puisque en Petite Champagne, la densité de domaines viticoles est plus faible. Cependant, on suppose qu’il y a 200 ans le nombre de domaines était plus important. Ci-contre la carte de situation des activités liées au cognac Activités en lien avec la création de cognac (distillerie, entreprise de verrerie, de bouchon..) Domaine viticole

111 .

03 Discours d’une campagne viticole menacée


GIMEUX

0

300

600 m

Sallesd’Angles

.


Pour synthétiser... Face aux pressions de l’agriculture intensive liées à la viticulture, le paysage n’est pas épargné. La Grande Champagne est soumise à de nombreux risques : - Écologiques avec un appauvrissement des terres, une perte de biodiversité et des sites délaissés - Sanitaires au travers des nombreux traitements et produits chimiques utilisés - Économiques, du fait d’un déséquilibre entre l’exportation qui fait vivre le produit, la région et le local. Mais aussi une stratégie commerciale exclusivement basée sur le luxe - Sociaux avec un délaissement des activités locales, des tensions entre les professionnels de la viticulture et la population et une dépossession du territoire pour ses habitants Toutes ces problématiques se reportent sur la pratique du territoire et donc le paysage, l’appropriation de la campagne et l’image associée au cognac. Il s’avère qu’aujourd’hui les mentalités sont favorables aux changements. La région de Nouvelle Aquitaine souhaite protéger ses paysages viticoles reconnus pour ses caractéristiques exceptionnelles. Elle est désireuse de promouvoir l’attractivité et la création d’emplois.

113 .

La réflexion d’un projet pour une innovation d’un site viticole prenant en compte toutes ses composantes (écologiques, environnementales, paysagères, sociales et culturales...) pour une durabilité face aux risques et une équité entre viticulteurs/ négoces/ habitants, engagerait des pratiques plus saines. Cela contribuerait à façonner une image positive pour l’économie et l’attractivité.


Faire de se territoire viticole un territoire durable et écologique

Permettre une réappropriation par les locaux

Développer des liens et mobilités au quotidien Retrouver une dynamique inter-communale

Rendre ce territoire équitable et accessible pour tous

Les enjeux à retenir

114 .


115 .


116

.


4 .

Vers un projet de territoire Développer une stratégie de cohérence territoriale pour pérenniser un site fragilisé


Les possibles entrées pour agir Équilibrer et rendre équitable Vers un durabilité des espaces viticoles de grande champagne un site représentatif : gimeux et les égaux .


Les possibles entrées pour agir Des projets et documents en construction Appel à projet TIGA

Suite au lancement par l’état, du dispositif « Territoires d’innovations de grande ambition » ou TIGA, la région Nouvelle Aquitaine a été sélectionnée pour sa proposition de développer des projets de territoires autour de la viticulture durable, pour la sortie des pesticides (d’après le communiqué de presse de Nouvelle Aquitaine). Après un appel à projet, 24 propositions seront sélectionnées en janvier 2019. Le socle de ces projets se basera sur la place des viticulteurs et des citoyens, nouveaux acteurs d’une transformation. Une réflexion sur l’innovation et les solutions alternatives est engagée pour transférer les bonnes pratiques à l’ensemble du territoire aquitain. En d’autres termes, la région impulse un nouveau tournant dans le monde de la viticulture pouvant être le moteur de changements en Grande Champagne suivi par l’implication des maisons de négoce. Les projets retenus bénéficieront d’un budget de 450 M€ qu’ils devront se partager. L’ambition de la région est de «devenir en 2050 une terre viticole d’excellence, dynamique et attractive pour ses habitants, ses entreprises, et les touristes».

le SCOT du pays Ouest Charente

119 .

A une autre échelle, le SCOT ou Schéma de Cohérence Territoriale du pays Ouest Charente-Pays du cognac est en construction et a actuellement engagé sa phase de proposition d’aménagement après un diagnostic mené en 2016. Ce SCOT permet notamment la cohérence territoriale sur l’ensemble de la Grande Champagne en terme d’enjeux et d’attentes afin de tendre vers une multipolarité. Il a permis de dégager les valeurs attractives de la région, en soulignant les principales menaces dont le grand paysage fait l’objet 04 Vers un projet de territoire

: comme la fragmentation des espaces, la menace de l’urbanisation ainsi que du recul des terres agricoles pour la reconquête des paysages.

PLUi du grand cognac

La création de la communauté de commune du Grand Cognac amène à de nouvelles initiatives comme la mise en place d’un PLUi sur ses 58 communes (dont la Grande Champagne) effectif dans 5 ans. Cela permet également la simplification des tâches pour certaines petites communes comme Gimeux, qui n’avaient jusqu’ici qu’un POS datant de 1998 et pour qui la réalisation d’un PLU demande beaucoup d’énergie. Ce PLUi leur sera bénéfique puisque le POS est aujourd’hui obsolète et ne correspond pas aux attentes actuelles, avec des parcelles constructibles non inscrites... Les communes bénéficieront d’une réglementation plus stricte concernant les zones industrielles en périphérie, qui est un phénomène de plus en plus généralisé en Grande Champagne avec un impact conséquent sur le paysage, permettant la préservation des terres agricoles. Cependant, il y a un risque de dissolution de l’identité, suggérant l’importance de réfléchir dés aujourd’hui à des propositions adaptées.

le PDIPR

Conformément au code de l’environnement, le Grand Cognac établit un PDIPR ayant pour objectifs la préservation des chemins ruraux, la continuité des itinéraires de randonnée et la protection du patrimoine naturel. L’intérêt pour les habitants est de reprendre possession du territoire et de se sentir plus concerné. Ce plan a quelques difficultés à émerger du fait que certains passages sont privés. Autour de la commune de Gimeux les circuits sont donc discontinus et peu cohérents.


0

Carte de l’ampleur de l’agglomération du Grand cognac par rapport à la Grande Champagne

2 km Limites du site d’étude Communes de la nouvelle communauté d’agglomération du Grand Cognac 120 .


UNESCO L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la Culture ou UNESCO œuvre pour promouvoir le développement durable et le dialogue interculturel. Le label Patrimoine Mondial de l’UNESCO vise à encourager à travers le monde l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l’humanité.

AOC Un produit est pourvu de ce label quand il est réalisé et transformé dans une même zone géographique, selon un savoir-faire unique.

Charte AOC La charte de l’appellation établit le lien à l’origine, au terroir, aux méthodes d’élaboration, définit et caractérise le produit et prévoit les principaux points à contrôler 121 .

Candidature à l’UNESCO

Après un premier refus à l’inscription de son paysage viticole à l’UNESCO, le pays cognaçais tente d’augmenter sa visibilité avec l’inscription de son savoir-faire pour la réalisation du cognac. L’organisme a jugé que le paysage cognaçais ne méritait pas l’intitulé de « paysage remarquable », pourtant caractéristique puisque c’est un paysage viticole au patrimoine singulier. Ce refus souligne encore une fois le manque de cohérence et de prise en compte du paysage par la région et ses acteurs.

Plantations d’aujourd’hui

Pour une nouvelle charte AOC ?

Comme vu dans le second chapitre, la charte AOC du cognac régit l’ensemble de l’organisation parcellaire ainsi que les pratiques. Essentiellement basée sur une optique de production, elle n’est plus au goût du jour au vu des questionnements d’actualité et omet de répondre à certains points, comme la valorisation du paysage et la préservation de la biodiversité. Investir cette charte entraînerait une homogénéisation de l’implantation parcellaire dans le respect du sol, des viticulteurs, et de la faune et la flore à sauvegarder, mais toujours dans une optique de préservation du goût du cognac. Elle faciliterait la mise en place d’un projet d’intérêt public basé essentiellement sur des parcelles privées. Cette hypothèse est rendue possible puisque le vignoble cognaçais a la particularité d’avoir une durée de vie assez courte. Progressivement, la réorganisation parcellaire pourrait prendre forme avec les viticulteurs aidés d’une nouvelle charte AOC. 04 Vers un projet de territoire

Age moyen d’obsolescence d’un pied de vigne : 30 ans

Nouvelle charte proposée donnant lieu à de nouvelles implantations


Des pistes écologiques Les acteurs impliqués dans une démarche de qualité

Les actions pour la préservation de la biodiversité sont limitées en Grande Champagne, la priorité étant la productivité de la vigne. Plusieurs organismes sont pourtant impliqués, plus ou moins efficacement, dans une démarche « d’excellence » durable du territoire. Des actions, comme la réduction des pesticides de Rémy Martin, la préservation du patrimoine naturel et des inventaires avec le SIAH du Né, ont été menées mais restent localisées dans les secteurs classés ZNIEFF et Natura 2 000. Pourtant, d’autres acteurs ont les capacités d’engager une démarche de qualité sur le territoire viticole de la Grande Champagne en les impliquant dans les réflexions et projets à venir. Leurs compétences et leur influence sur le territoire serviraient au maintient d’une certaine Discussion avec la LPO richesse avec l’aide des viticulteurs. Nous n’y avons jamais pensé, la Grande Champagne n’étant pas un lieu très riche pour l’avifaune. Mais il est vrai qu’il serait intéressant d’étudier leur évolution au sein des parcelles avec un suivi. Se sera pour une prochaine mission...

"

La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) pourrait alors proposer des espaces clés, avec des moyens appropriés pour la préservation d’espèces spécifiques. L’intégration de la Chambre d’Agriculture dans une démarche de qualité et de respect environnemental permettrait une meilleure compréhension des viticulteurs en bio et un appui fort pour les futures adaptations des viticulteurs « conventionnels ». Les associations telles que Perennis et la Fédération des chasseurs œuvrent sur le territoire et ont les compétences afin de suivre les populations et les sauvegarder tout en organisant une sensibilisation pour les habitants et usagers du site.

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Acteur à intégrer Acteur déjà concerné 122 .


L’arbre fruitier comme arbre isolé

Agroforesterie L’agroforesterie est un mode d’exploitation agronomique des terres agricoles associant des arbres et des cultures ou élevage

Une expertise Ouvrage de : Yves Viollier, « Les pêches de vigne », pocket, 1999. L’histoire de paysans qui repartent à zéro pour cultiver la vigne et le cognac. Cet auteur a choisi ce fruit comme symbole de la vigne en Grande Champagne.

123 .

L’arbre et la vigne sont représentatifs de l’image de la Grande Champagne depuis plusieurs décennies. Retravailler cette relation permettrait différents avantages : - Des services écosystémiques bénéfiques pour les viticulteurs en terme d’agronomie et d’écologie. L’arbre empêche le sol de se lessiver avec un système racinaire conséquent et encourage l’avifaune à investir la vigne pour se débarrasser des ravageurs. Cependant, pour éviter une concurrence avec la vigne et une gène pour les engins, un retrait de 2/3m avec les pieds de vigne est nécessaire. - Minimiser l’évapotranspiration des plants de vignes ainsi que l’évaporation du sol, permettant de palier les changements climatiques et d’améliorer les ressources en eau. - Apporter une plus-value au domaine concerné avec une image positive et une diversification des grandes étendues viticoles, pour améliorer le cadre de travail. - Engager une nouvelle économie autour de circuitscourts. - Rendre plus attractive la campagne viticole avec de nouveaux usages. Cette technique d’agroforesterie est déjà expérimentée dans la région Nouvelle Aquitaine. Dans un domaine Bordelais les arbres sont plantés dans les rangs de vignes. Mais généralement ces plantations se font entre les parcelles de manière à être compatibles avec la mécanisation, omniprésente. Les arbres les plus utilisés sont les trognes, les arbres à feuillage léger et peu volumineux ou encore les fruitiers...

04 Vers un projet de territoire


Cavaillon Le cavaillon est le rang de pieds de vigne plus les 20 cm de chaque coté des pieds. Il est l’espace où le désherbage se fait minutieusement.

Mixité de cultures dans la vigne

L’utilité du couvert végétal entre les rangs de vigne a été démontré à maintes reprises. Celui-ci n’exerce pas de compétition avec la vigne car les systèmes racinaires sont différents. Le but est de contenir ces herbes de manière à ne pas faire de compétition avec le fruit. Le cavaillon peut être entretenu grâce à une mécanisation adéquate et sans produits (mais au coût encore élevé). Les avantages sont divers : - Une meilleure vie du sol. - Les herbes contribuent à éviter le lessivage du sol. - Une image plus durable de la filière viticole. - Une plus grande rétention d’eau pour atténuer le réchauffement Des expérimentations sont en cours dans le vignoble de Grande Champagne. Une partie des vignerons laissent l’herbe se développer, et une autre partie, minoritaire, testent la compatibilité de la vigne et des plantes herbacées telles que la moutarde combinée à l’avoine ou des graminées. Les légumineuses sont proscrites car elles pourraient modifier la structure du sol et donc le goût du produit.

Plantations au moulin de Fanaud

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Encourager la polyculture dans la vallée

L’élevage bovin fait partie de l’histoire de la Grande Champagne. Très développé à l’époque de la crise du phylloxéra, la réintroduction de la polycultureélevage peut être bénéfique sur plusieurs points : - Un apport économique pour les viticulteurs propriétaires de terrains dans la vallée. - Apport d’un « nouveau » produit (beurre) distribué en circuit court. - Un gain de temps et de main-d’œuvre pour l’entretien de la parcelle. - Une réouverture de la ripisylve permettant de nouveaux usages. - Une diversification du paysage et des activités avec une plus-value sur toute la Grande Champagne. Comme le démontre l’histoire du pays cognaçais, l’élevage bovin est compatible avec la viticulture. L’incidence ne sera que bénéfique, l’espace délaissé, vide, car non exploité deviendra un site considéré et plein de vie.

125 .

04 Vers un projet de territoire


Développer les frayères naturelles

Les frayères naturelles vont de pair avec la réintroduction de l’élevage bovin dans la vallée. Elles se définissent par l’endroit où se retrouvent les poissons et les batraciens pour se reproduire, c’està-dire le site où les femelles déposent leurs œufs. La mise en place de prairies permet une réouverture des berges du Né tout en préservant la ripisylve. Ces espaces sont indispensables au bon fonctionnement de la rivière mais peuvent apporter d’autres avantages : - Un rééquilibrage des écosystèmes. - Un espace pédagogique pour la sensibilisation des zones à enjeux sur la Grande Champagne. - Une image de qualité pour les viticulteurs et la sensation de promouvoir la biodiversité.

126 .


Des mentalités en marge de changer Minimiser l’impact de l’image de luxe Développer l’éco-toursime Intégrer les autres instances à la valorisation du territoire pour plus de marge de manœuvre

Syndicat du Né

Habitants usagers du territoire Prestations et complexes de luxe Maisons de négoce

Développer les liens sociaux dans les communes de la campagne Apporter de nouveaux résidents et commerces

Viticulteurs

Ci-contre Schéma des enjeux suivant les acteurs de la Grande Champagne et leur différent centre d’intérêt.

127 .

Les questionnements quant aux réalités écologiques et paysagères ne sont pas toujours les plus urgentes pour les professionnels. Pour cela il est indispensable d’intégrer la question des enjeux concernant chaque acteur du territoire, de manière à engager une cohésion territoriale viable. Dans un premier temps, les viticulteurs se doivent de se positionner de manière offensive. Afin, de tirer parti de ce changement territorial, positif pour leur santé, leur avenir professionnel ainsi que les relations avec leur territoire. Sans la pleine implication des viticulteurs, ce nouveau tournant n’est pas possible. Ces viticulteurs, qui ne sont pas réticents à des changements de pratique, doivent trouver dans ce projet un enjeu économique de reconnaissance. Les habitants et communes feront parti du projet et assoiront l’image équitable et durable du territoire 04 Vers un projet de territoire

Intégrer et valoriser le viticulteur dans la vie communale Apporter un plus aux revenus

Connecter l’économie du cognac et ses retombées à l’ensemble des activités du territoire Apporter une plus-value durable

à partir du moment où ses derniers sont intégrés dans le nouveau système, en leur proposant des moyens d’expression. Les négoces, ayant un moyen d’action et de pression très large, doivent y trouver un bénéfice économique. Le principal argument est la sauvegarde du territoire à long terme et la pérennisation de cette agriculture et de l’économie du cognac. Dans un deuxième temps ils pourront jouir d’un image plus durable, profitable à la vente du produit et à son attractivité. Ces maisons comment à prendre conscience des enjeux en déployant quelques actions. Les instances qui œuvrent sur le territoire obtiendraient plus de marge de manœuvre et seraient bénéficiaires quant aux actions qu’ils mèneront, car soutenus et visibles par l’ensemble du territoire.


Vendanges conventionnelles sur le domaine du viticulteur Antony Renouard

128 .


équilibrer et rendre équitable le programme Le projet s’organise autour d’une cohérence territoriale dans le but de palier les crises futures, tendre vers une durabilité, une équité et un équilibre du territoire. Le tout rendu possible grâce à la valorisation de la campagne viticole et de ses paysages, l’intégration des habitants au système agricole, la création de nouvelles pratiques et de nouveaux usages au sein de la campagne agricole. Des pratiques innovantes basées sur le respect des êtres vivants et du sol travaillé, seront favorisées pour pérenniser ce nouveau tournant qui transformera les paysages viticoles du cognac.

129.

Accompagner de nouvelles pratiques viticoles innovantes et respectueuses

Favoriser une redynamisation de la campagne viticole

Engager un dialogue entre les espaces viticoles et les autres unités paysagères

Révéler les richesses du territoire de la Grande Champagne

04 Vers un projet de territoire


leviers spécifiques au territoire Restructuration du vignoble Dans une optique de préservation et de durabilité (rangs dans le sens parallèle à la pente, intégration de l’arbre fruitier dans les parcelles ou dans les inter-rangs, implantation de bandes enherbées, de talus), s’inspirer des pratiques plus durables en engageant des pratiques innovantes. Par qui, impacts Appliqué par les viticulteurs et soutenu par les maisons de négoce qui valorisent la diversité des parcelles et leur viticulteurs sur le produit. Ces intentions ont un impact sur l’image du territoire, avec des retombées économiques positives, pour la vente et le tourisme. Elles ont bien évidement un forte retombée sur la durabilité des espaces viticoles et sur la préservation de la biodiversité, des sols, en favorisant la venue de l’avifaune pour les ravageurs (services écosystémiques). A terme les travaux manuels seront réduits.

Développer des zones d’expérimentations et de sensibilisation des habitants Concilier les exploitations et les usages résidentiels en travaillant les interfaces habitées et viticoles de manière à créer des zones tampons et diversifier les usages des communes, aujourd’hui dortoirs. (Dessiner une épaisseur sur les espaces à construire et/ou sans usage défini avec un programme d’expérimentation de culture entre viticulteurs et habitants pour une cohabitation des usages : manger dans les parcelles viticoles comme autrefois ?). Permettre ainsi aux habitants de se sentir concernés et de se réapproprier ce territoire dont ils ont été dépossédés lors de l’industrialisation. Par qui, impacts Les communes développent ces zones grâce au rachat des terres à préserver. Les échanges entre professionnels et habitants sont facilités pour engager un climat d’apaisement et de soutien avec les viticulteurs. Ces espaces à usages multiples servent à créer une vie communale autour de leur identité en développant les liens sociaux.

Diversifier les usages pour se réapproprier la campagne viticole Permettre une réappropriation du territoire par ses habitants en diversifiant les usages : organiser des plantations par les écoles communales pour les sensibiliser, en planifiant des fêtes de campagnes liées aux saisons viticoles comme la gerbaude (fête des vendanges Charentaise liée à la gerbe de fleurs accrochée à une charrette), des spectacles en plein air ou encore des visites de chais ou des vendanges gratuites. Cela connecte les communes de la Grande Champagne à travers la mise en place de circuits pédestres donnant lieu à des zones tampons entre les domaines viticoles. Par qui, impacts Le projet est porté par l’agglo du Grand cognac et par l’association Pérennis et mis en place par les propriétaires (viticulteurs et commune concernée). Permet l’appropriation de l’espace par les habitants et leur sensibilisation aux richesses de la Grande Champagne. Ces circuits ont également une influence sur le dynamisme en campagne viticole et sur la valorisation d’un autre type de tourisme pour agrandir l’accessibilité à ce site. 130 .


Développer des transitions entre les unités du paysage Engager un dialogue entre les coteaux viticoles et les éléments paysagers caractéristiques. Restructurer le vignoble par une transition entre la vallée végétale qui s’infuse dans le vignoble (favoriser des espaces de repos pour l’avifaune et la microfaune, ouverture des vallées sur l’interfluve), pour ouvrir et amplifier le territoire. Par qui, impacts Les transitions sont implantées par les communes et propriétaires concernés, accompagnés par le CREN, la LPO ou la DRAAF. Ces actions peuvent être financées par les négoces. Cela engage une harmonisation du territoire et une diversification du paysage. Elles favorisent la biodiversité au sein des parcelles et sur les espaces délaissés pour tendre vers un équilibre écosystémique. De plus, elles permettent de dynamiser la Grande Champagne au travers des circuits, et d’engager une connexion avec les crus alentours.

Valoriser le patrimoine lié à la filière viticole Mettre en valeur le patrimoine et les domaines viticoles en marquant leur situation dans le paysage. Valoriser ces bâtisses caractéristiques qui serviront d’inspiration pour les nouvelles formes de bâtiments industriels dédiés au cognac. Par qui, impacts Développé par les communes et soutenu par les négoces, des retombées seront visibles sur la qualité du cadre de vie et la fierté de leur identité. Cette action valorise le patrimoine architectural directement lié au processus de vinification en mettant en avant les viticulteurs, principaux «jardiniers» de la Grande Champagne et en équilibrant la visibilité négoces/viticulteurs. Elle a également un poids dans l’oenotourisme.

Signifier les entrées du site Mettre en scène les portes d’entrées sur la Grande Champagne pour se différencier qualitativement auprès de la population. Ces portes serviront de repères pour les visiteurs. Par qui, impacts Cette action serait engagée par l’agglo, un comité départemental du tourisme, un syndicat intercommunal ou de l’office du tourisme. Pour valoriser l’identité et l’image du territoire, qui aura une retombée économique positive sur l’attractivité touristique et l’appartenance à la Grande Champagne.

valoriser le paysage Identifier les zones d’intérêt paysager, afin de mettre en place des points d’appels et belvédères. Par qui, impacts Portée par le CREN et mis en place par l’agglo afin de diversifier les points de vue paysagers pour les usagers au cours des circuits et activités, cette action redonnerait goût aux espaces viticoles dans un esprit de respect à l’environnement. Puis dans un second temps, ces points de vue permettront de vendre une image du cognac durable, avec un produit exploité sur un territoire de qualité. Cet enjeu a un impact sur l’économie liée à cet alcool. 131 .

04 Vers un projet de territoire


Enjeux généraux Impliquer les habitants Intégrer les habitants à la gouvernance de leur territoire viticole et développer les liens identitaires et sociaux aux paysages viticoles (sensibilisation, médiation, cohésion...). Par qui, impacts Organisé par l’agglo du Grand Cognac, en planifiant des tables rondes pour écouter leur opinion sur les décisions et aménagements du territoire. Le but est de les concerner pour que le pouvoir décisionnel ne revienne pas qu’à une seule personnalité.

Faciliter les déplacements Rendre accessible les petites communes au quotidien, depuis cognac, par d’autres moyens de circulation en développant des circuits piétons et cyclables sur l’ensemble de l’interfluve. Par qui, impacts Engagé par l’agglo du Grand Cognac et développer d’autres usages pour redynamiser en rendant plus accessible et plus attractives les communes de Grande Champagne. Ces dernières pourraient ainsi valoriser leur patrimoine architectural.

Protéger le patrimoine architectural Mettre en place une politique plus stricte concernant l’extension des bourgs quant à l’architecture et l’organisation parcellaire des habitations. Retrouver l’ambiance caractéristique des bourgs de Grande Champagne et de la région. Par qui, impacts Rédigée par l’agglo et inscrite dans le PLUi pour influer sur l’identité des communes et leur attachement à l’image portée par le produit.

Favoriser les productions locales Valoriser les productions locales au travers d’une mobilisation des ressources de la Grande Champagne (bois de Grande Champagne, circuit court pour l’élevage avec le développement de nouvelles cultures). Par qui, impacts Dirigé par la DRAFF, pour développer l’appartenance au territoire en créant des circuits courts et en valorisant l’économie locale. Ces productions locales comprennent celle du bois, des produits laitiers (beurres, fromages, lait...), du chanvre, des fruits, des produits dérivés des céréale (pâtes, bière...). Ces produits servent aussi bien les uns aux autres : chanvre, fruit et céréales pour les élevages, chanvre, fruits, céréales pour des produits alimentaires ou encore chanvre et bois pour la filière (construction et isolation de bâtiments viticoles, réalisation de fûts...). Des dérivés de produits peuvent également valoriser le cognac avec des pâtes ou de la bière au cognac. Ces produits existent déjà mais pourraient être généralisés à l’échelle de la région ou de l’export.

Préserver les terres de valeur Préserver les espaces agricoles des zones industrielles et pavillonnaires en expansion, par le biais d’une politique foncière pour le maintien des terres agricoles. Par qui, impacts Cette politique serait développée par l’agglo et soutenue par le CREN pour influer sur la préservation des terres de valeur pour les cultures et sur l’image générale du cognac. Cela développe l’image d’un territoire soucieux de son patrimoine et de son paysage en préservant le paysage de l’artificialisation des sols de la Grande Champagne. 132 .


le projet dans le temps

Impliquer les habitants

Préserver les espaces agricoles par une politique foncière

Travailler les interfaces habitées/viticoles

Restructurer le vignoble 133 .

04 Vers un projet de territoire

Connecter les communes pour une réappropriation quotidienne du territoire

Valoriser les domaines viticoles

Connecter les entités par les transitions des vallons Développer de nouvelles ressources énergétiques respectueuses de l’environnement, en accord avec l’image de qualité du produit

conforter des pratiques durables


Temps 1 0-5 ans

Mettre en scène les portes d’entrée sur le territoire

Chaque proposition est organisée suivant la période à laquelle elle peut s’appliquer pleinement. Ainsi, sur une échelle de temps d’environ 30 ans, les aménagements pourront se compléter les uns les autres. Toutes les propositions peuvent être engagées dés aujourd’hui, mais certaines, comme la restructuration du vignoble, ne pourront prendre fin que dans une trentaine d’années lors du roulement complet de toutes les plantations viticoles. D’autres actions, comme l’implication des locaux et la mise en place d’un réseau de produits locaux, doivent acquérir une certaine inertie pour être totalement effective.

Temps 2 Développer les produits locaux

5-10 ans

Temps 3 30 ans

134 .


Vers un durabilité des espaces viticoles de grande champagne intentions spatialisées Aujourd’hui, la question de la sauvegarde du territoire est récurrente. Pour cela le projet propose d’accompagner les viticulteurs vers de nouvelles pratiques culturales, soutenus par les maisons de négoce et les chambres d’agriculture. Ces pratiques visent à développer un équilibre en réorganisant le parcellaire viticole. Elles comprennent aussi une diversification des productions via de nouvelles cultures dans les fonds de vallées oubliées du Né et de ses affluents. En diversifiant les espaces agricoles et en prenant compte leurs abords, la biodiversité sera favorisée.

135 .

Accompagner la grande champagne vers une innovation culturale Le paysage rural de la Grande Champagne est peu valorisé au travers de l’économie du cognac, des Encourager une diversification des cultures et pratiques politiques touristiques ou de l’organisation générale Gérer le développement des zones industrielles et territoriale aujourd’hui, ce qui lui a valu son refus protéger les terres viticoles au classement de l’UNESCO. Afin que les habitants Souligner les intersections entre vallée et vignoble puissent se réapproprier leur territoire, tout en Restructurer le vignoble par l’innovation d’implantation dynamisant la campagne, des portes d’entrée sur des parcelles ce dernier seront soulignées. Les principaux atouts paysagers de la Grande Champagne seront offerts Mettre en scène le paysage viticole par des belvédères et vues stratégiques. Marquer les points de vue en hauteur L’unipolarité de la Grande Champagne sur cognac axée sur la production de l’alcool a valu le Orchestrer les portes d’entrée sur le territoire basculement en communes dortoirs de l’ensemble Dégager des vues stratégiques des espaces de vie de la Grande Champagne, allant même jusqu’à la désertification pour certaines. Faire cohabiter habitants et cultures viticoles pour une équité Les petites communes en arrière plan de Cognac seront « irriguées » par de nouvelles mobilités, Travailler les interfaces habitées et viticoles, pour une cohabitation des usages dont une piste cyclable reconnectée à la Flow vélo. Dans l’optique de rendre ces circuits attractifs, des Connecter les communes entre elles pour se réapproespaces à usages multiples borderont les limites prier le territoire (favoriser les piétons et cyclistes) urbanisation/viticulture afin de donner la possibilité Diversifier les mobilités entre la ville et la campagne d’organiser des événements et de rassembler la Créer un circuit inter-communal population. 04 Vers un projet de territoire

Valoriser les domaines viticoles


Cognac

mainxe Gensac-lapallue

Gimeux Genté

salles-d’angles angeac champagne

Segonzac

Julliac-le-coq Saint-fort-surle-Né

0

1

2 km

136 .


Représentation de l’ambiance dans la campagne viticole de demain

2

1 Les coteaux de la vallée du Né

137 .

04 Vers un projet de territoire


4

7

5 6 3

Le plateau viticole vallonné de Salles-d’Angles

Projection des intentions de projet :

1 2 3 4 5 6 7

Polyculture-élevage sur les coteaux pour valoriser les affleurements calcaires Liaisons quotidiennes entre les communes traversant les parcelles viticoles Épaisseur dédiée au passage des viticulteurs Réorganisation parcellaire pour préserver l’intégrité des sols de culture Réintroduction de l’arbre isolé avec l’arbre fruitier et accompagner les circulations Mixité de culture 1 rang sur 2 pour favoriser la biodiversité et diversifier les parcelles Valorisation des cabanes viticoles et moulins au travers d’espaces d’accueil pour les événements et prestations

138 .


un site représentatif : gimeux et les égaux intentions spatialisées

139.

Le grand site de Gimeux comprenant une partie de la vallée du Né et les plateaux viticoles jusqu’à Salles d’Angles, est un site représentatif de l’ensemble des composantes de la Grande Champagne. Cet espace concentre tous les types d’intersections géomorphologiques (plateau du campanien, dépression du santonion) et paysagères (viticulture, vallons, coteaux, ripisylve, limite de site...) afin d’aborder un maximum de points applicables sur tout le territoire étudié. Les coteaux viticoles qui dessinent les vallons du plateau seront réorganisés suivant la charte AOC, de manière à préserver le sol ; ils souligneront la topographie. Les espaces viticoles seront réfléchis en prenant en compte leurs abords , tels que les vallons, le bas des coteaux ainsi que la ripisylve. Chaque élément bénéficiera d’une transition paysagère vers l’élément suivant de manière à valoriser la diversification du paysage. Les espaces productifs ne seront pas les seuls à bénéficier d’une réflexion. Les points bas (fond de vallée, vallon) seront réinvestis grâce à des pratiques culturales adéquates et respectueuses, de manière à étoffer la biodiversité au service de la production viticole. Des points de vue seront dégagés sur la Petite Champagne, les usagers et promeneurs profiteront de belvédères remarquables sur cette nouvelle campagne viticole. Les balades connectant les communes, seront accompagnées de pratiques culturales d’antan telle que «manger le paysage viticole» (arbre fruitier, mixité de cultures nourricières...). Des places fortes autour de ces pratiques culturales et cette valorisation des ressources du territoire rendront attractives les communes et égayeront la vie quotidienne des habitants. 04 Vers un projet de territoire

Tendre vers une innovation et une durabilité culturale Créer une transition entre la vallée et les coteaux viticoles Restructurer le parcellaire viticole Développer des espaces nourriciers dans la vigne Diversifier les pratiques pour une durabilité et souligner le vallon Renouveler les pratiques culturales dans les fonds de vallée Valoriser les domaines viticoles

Révéler le paysage viticole de la Grande Champagne Infuser la vallée par le vallon et souligner le caractère humide Dévoiler les coteaux en valorisant les affleurements calcaires Mettre en valeur des points de vue et belvédères Mettre en scène l’entrée sur le territoire

Accompagner les usagers pour se réapproprier ce territoire Instaurer des places pour la vente en circuit court Travailler les interfaces bâties et viticoles en zone d’expérimentation agricole Donner à voir les sites à intérêts liés à la viticulture Développer des liaisons quotidiennes entre les communes par de nouvelles mobilités douces Créer un circuit inter-communal Connecter la ville de Cognac aux communes par de nouveaux circuits


gimeux

Sallesd’angles 0

300

600 m

.


Représentation des ambiances sur le grande site de gimeux

1 Centre ville de Gimeux Projection des intentions de projet :

1 2 3 4 5 6

Vente et repas communaux autour des récoltes faites sur les franges urbaines L’aménagement des franges bâties est réfléchi pour une intégration au paysage et de nouveaux usages Liaisons quotidiennes reliant les communes par des mobilités douces Zone agricole expérimentale entre urbain/viticole construite par les habitants et les professionnels Combiner les usages résidentiels et agricoles par une réflexion pour chacun d’eux Réintroduction de l’arbre isolé pour diversifier les parcelles

2 4 3

1 141 .

Fond de vallée du Né 04 Vers un projet de territoire

Transition vallée/plateau


6 2 Franges viticoles de Gimeux

3 4 Franges urbaines de Gimeux

5

Projection des intentions de projet :

5 Franges urbaines de Gimeux

1 2 3 4 5

Polyculture-élevage en fond de vallée pour ouvrir et diversifier les habitats écologiques Ouverture de la ripisylve donnant un point de vue depuis le coteau viticole Cultures de verger en bas de pente et liaisons végétales pour connecter la vallée aux vignobles Les coteaux calcaires, socle du territoire, prennent la forment de belvédères Circuit intercommunal mettant en valeur tous les paysages de Grande Champagne

142 .


Conclusion

143 .

. Conclusion


La Grande Champagne a façonné son identité à travers la filière du cognac, modelant des paysages ruraux caractéristiques. Au fil des décennies, l’invention de ce spiritueux, les crises, les innovations mécaniques et culturales impactant cette économie ont contribué à transformer le paysage entre le XVIII eme et le XX eme siècle. La vigne est un motif récurrent dans la vision des habitants du pays cognaçais. Seulement synonyme de production, elle en est devenue invisible et impraticable pour ces derniers. La production du cognac d’aujourd’hui est synonyme de banalisation du cadre de vie, de perte de biodiversité et de problèmes sanitaires. A l’heure où le respect des écosystèmes et de la préservation de nos environnements sont primordiaux, il est d’autant plus important de se questionner sur l’avenir de ce paysage viticole. Il convient également de se pencher sur l’innovation des pratiques culturales, sur les relations entre l’ensemble des êtres vivants présents et le territoire, de manière à assurer sa pérennité pour faire face aux bouleversements imminents qui se profilent. Par le biais de ce projet, je propose de réinventer le paysage viticole de la Grande Champagne de demain, en réfléchissant à l’utilité et l’appropriation de chaque espace suivant les usages que peuvent en tirer les locaux et les « jardiniers de la terre » (d’après Natalie Leroy dans Les 101 mots du paysage). Dans ce site divisé économiquement et socialement, les politiques publiques doivent œuvrer pour léguer plus de place aux locaux et développer ce lien fort qui existe entre le cognac et son territoire. Les parcelles viticoles seront réorganisées dans une optique durable et écologique, en concordance avec les espaces non productifs de la campagne. L’interfluve et ses cultures deviennent des espaces de divertissements et d’usages au quotidien pour ses habitants et des lieux attractifs visant une autre forme de tourisme. L’image de cet alcool renommé sera basée sur l’équité, un paysage d’excellence, certes séduisant pour l’étranger mais plus particulièrement appropriable par ses habitants. 144 .


Bibliographie Les ouvrages • JEAN-CHARLES CHAPUZET, Mauvais plan sur la comète : L’étrange odyssée d’un haut saintongeais, Marchialy, 2018 • ÉTIENNE DAVODEAU, Les ignorants: Récit d’une initiation croisée, Futuropolis, 2011 • GILLES BERNARD, Le cognac: À la conquête du monde, Presse universitaire de Bordeaux, 20 juillet 2011 • GREH GROUPE DE RECHERCHE ET D’ÉTUDES HISTORIQUES DE LA CHARENTE SAINTONGEAISE, Les annales n°2-5-7, 1980-2018

Les articles et revues • EUDES GIRARD, Le cognac : entre identité nationale et produit de la mondialisation, 2016 • AGRESTE POITOU-CHARENTES, Le Cognac s’enflamme, principalement en «Grande Champagne», n° 2 - février 2012 • RAPHAËL SCHIRMER, Les vignobles et leurs patrimoines : cépages, architectures et paysages au cœur de la mondialisation, p.30-50, 2010 • REVUE GÉOGRAPHIQUE DES PYRÉNÉES ET DU SUD-OUEST, territoires et paysages viticoles (Coordonné par Michel Réjalot), Sud-Ouest Européen, 2006 • GILLES BERNARD, Les mutations de l’agriculture charentaise de l’après-guerre, Norois, p. 141-152, 1983 • GILLES BERNARD, Une production de renommée mondiale en difficulté : le cognac, Norois, p. 431-440, 1978 • VÉRONIQUE GOUY, JEAN-JOEL GRILL, Contamination des eaux de surface par les pesticides et rôle des zones tampons pour en limiter le transfert: état des connaissances et conséquences pour l’action, Ingénieurie n°spécial, p. 49 à63 • CHAMBRE AGRICULTURE CHARENTE Guide de la viticulture durable des Charentes 17 août 2017 • CHAMBRE AGRICULTURE CHARENTE Livret simplifié de la carte des pédopaysages de Charente (mars 2012) • ANNE BOESCH, Reconversion de populicultures et biodiversité Schweiz Z Forstwes, 2007 • VIGNERON INDÉPENDANT, n°56 - 3ème TRIMESTRE, 2015 • REVUE DES OENOLOGUES, n°167, avril 2018 • TERRES DE COGNAC, Revue, septembre/octobre 2018 • LES PAYSAN VIGNERON, ISSN 1638-4976 N°1209, novembre 2018

Les films • LES DESTINÉES SENTIMENTALES , OLIVIER ASSAYAS, tiré de Jacque Chardonne, 2000 • VINO VERITAS, PASCAL OBADIA, 2016 • CE QUI NOUS LIE, CÉDRIC KLAPISCH, 2017

La presse • CHARENTE LIBRE • SUD OUEST 145 .

. Bibliographie


Études et rapports • ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE LA NATURE ET DU PAYSAGE, Projet Atelier A4 Jarnac à Chateauneuf, 2006 • ECOLE DE VERSAILLES, Étude paysagère de la vallée de la Charente entre Cognac et Angoulême, 1999 • COMITÉ TECHNIQUE VOLET AGRICOLE BASSIN VERSANT DU NÉ Données Qualité Eau, 2012 • CARINE HERBIN Paysages viticoles : enjeux pour la filière, 2013 • CHAMBRE AGRICULTURE DE LA CHARENTE, La Biodiversité dans les vignobles, 2017 • PAYS OUEST CHARENTE - PAYS DU COGNAC, Charte paysagère et architecturale, juillet 2011 • CHAMBRE AGRICULTURE DE LA CHARENTE ,PANORAMA AGRICOLE Du Pays Ouest Charente – Pays du Cognac ,2010 • ATLAS DES PAYSAGES DE LA RÉGION POITOU–CHARENTES, Secteur N° 401, 2009 • AGRESTE NOUVELLES AQUITAINE, Analyses & Résultats Données territoriales du PLUi de la communauté d’agglomération de Grand Cognac, numéro 48 , Décembre 2017 • SCOT DE LA RÉGION DE COGNAC, Rapport de présentation – Diagnostic – Pièce 1.1, mars 2016

Les sites internet • • • • • • • • • • • • •

BNIC http://www.bnic.fr INFOTERRE http://infoterre.brgm.fr/ GÉOPORTAIL https://www.geoportail.gouv.fr/ CARTOGRAPHIE DE COGNAC https://cognac-citoyen.blogspot.com/2010/01/cartographies-cognac.html FLORE RÉGIONALE http://www.environnement-poitou-charentes.org/La-Flore-regionale,3150.html DONNÉES ISEE https://www.insee.fr/ PHOTOS ANCIENNES https://remonterletemps.ign.fr/ ARCHIVES DÉPARTEMENTALES http://www.archives16.fr/ EPTB http://www.fleuve-charente.net/ GESTION DES EAUX http://sigespoc.brgm.fr/ DONNÉES PAR COMMUNES https://datafrance.info/ INSTITUT FRANÇAIS DE LA VIGNE ET DU VIN http://www.vignevin.com/ FÉDÉRATION RÉGIONALE DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE https://www.bio-nouvelle-aquitaine.com/

Les témoignages et entretiens • ANTONY RENOUARD, Viticulteur conventionnel, entretien le 20 septembre 2018 • ANTOINE HERAUD, Viticulteur raisonné, entretien le 22 septembre 2018 • LEGER PASCAL, ancien viticulteur, entretiens réguliers • GILLES BERNARD, président du GREH, Docteur en géographie historique et Docteur d’État en Géographie et Aménagement, entretien le 13 octobre 2018 • M. AMBLARD, directeur de Charentes tourismes, entretien le 2 octobre 2018 • JOSEPH STOLL, service viticole du BNIC, Responsable Vignoble, Vins, Distillation, entretien le 13 octobre 2018 • LAETICIA FOUR, service viticole du BNIC, Responsable développement durable, entretien le 19 octobre 2018 • ANGÉLIQUE QUÉRAUD, syndicat du Né, Responsable pollution, entretien le 15 novembre 2018 • SECRÉTAIRE DE MAIRIE DE GIMEUX, entretien le 02 décembre 2018 • JEAN-BAPTISTE PINARD, viticulteur bio, entretien le 08 janvier 2019 146 .


remerciements Je tiens à remercier en premier lieu mes deux encadrantes, Catherine Farelle et Claire Cambeau, pour leur bienveillance et leurs conseils avisés durant ce travail. Merci à Brigitte Lucas, documentaliste du BNIC, pour m’avoir aidé dans mes recherches. Et à tous les membres du BNIC m’ayant reçu. Merci à Antony Renouard, Antoine Heraud et Jean-Baptiste Pinard pour m’avoir révéler leurs secrets de viticulteurs et m’avoir permis de comprendre les réalités du site. Je remercie également le personnel de mairie de Gimeux pour leur gentillesse. Merci au passionné d’histoire et de géographie, Gilles Bernard, pour le temps accordé à mes recherches et ses riches apports. Mais encore à mes amis blésois, Floriant, Alice et les autres pour leur bonne humeur, leur soutien et les moments passés avec eux. Merci aussi à Philomène par ce qu’elle est mignonne. Un immense merci à mes parents pour leur soutien sans faille, leur regard sur le site, leurs nombreuses relectures et pour m’avoir accompagné durant toutes ces années.

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Pour ce mémoire de fin de d’études, j’ai souhaité m’interroger sur les réalités des territoires de production et la place des êtres vivants, dans un contexte de mondialisation. C’est face à une accumulation de pollutions, à l’agriculture intensive, face à une perte notoire de biodiversité et de richesse du sol, face aux changements climatiques ou encore à la transition énergétique, que la campagne viticole de demain va devoir s’armer. J’ai choisi de me concentrer sur la Grande Champagne, cœur du pays cognaçais, où la problématique est d’autant plus forte que la production est à son comble. La Grande Champagne a façonné son identité à travers la filière du cognac, modelant des paysages ruraux caractéristiques. Quels moyens mettre en œuvre pour que ce territoire de production, bénéficie de l’excellence d’un produit de luxe, et dans quelle mesure celui-ci peut favoriser sa pérennité à la hauteur de son prestige ? En d’autres termes, comment rendre ce commerce « équitable » et durable ? Comment les richesses du territoire peuvent-elles constituer un atout pour le produit et son identité ?

École de la Nature et du Paysage INSA Centre Val de Loire 9 rue de la Chocolaterie

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