Mediterranée
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Voyage d’étude du 13 au 18 Septembre 2010 Jean Mahaud et Sabine Bouché-Pillon
Marion Godiard 4A Ecole Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage
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Sommaire La
Le
côte d’Azur
Géographie L’homme et ses cités.Nice Paysages naturels ou importés
milieu méditerranéen
Paysage naturel
Le climat Le biome sclerophylle dans le monde L’adaptation à la sècheresse Le feu et les stratégies végétales Ecogéographie du bassin méditerranéen
Sur
Paysage importé
le terrain
Le Massif d’Esterel: milieu acide Le Mont Vinaigrier et la Grande Corniche: milieu basique
Notion d’exotisme
Exotisme ou l’éloge de la méconnaissance
Jardins
exotiques:création,compositions et collections
Introduction Les palmiers du Jardin de Thuret L’arboretum des Cèdres et sa collection prestige La Serre de la Madonne et l’influence anglosaxone Le Jardin Hanbury
Conclusion
Bibliographie
3
4
ljnl
Deux
mots d’intro
La Côte d’Azur... l’appellation du territoire en dit déjà long sur l’éclat de son paysage. Paysages naturels ou artificiels, importés? Le milieu méditerranéen français, accord entre différents paramètres géographiques, climatiques et écologiques, est propice à l’adaptation de plantes originaires de l’autre bout de la terre. Des palmiers de la promenade des Anglais aux collections privées, sans oublier la passion de créateurs... tout cela a composé l’imagerie exotique de la région. Cette semaine de pérégrination autour de la ville de Nice nous a permit d’aborder la question de l’acclimatation. D’abord, d’un point de vue scientifique: quelle est cette capacité de certaines plantes à se conformer aux conditions du climat méditerranéen? Il s’agit d’abord de les observer. Et le regard sur le grand paysage: Comment l’Homme a-t-il confectionné par petites touches d’importations le décor théatral méditerranéen? C’est la problématique principale qui s’offre à nous durant ce voyage. 5
Mont
Italia
La grande Corniche
vinaigrier
Menton Serre de
Monté Carlo Nice
Grasse
Cannes
Antibes Le jardin
Malpey Massif
Thuret
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de l’Esterel
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du
St Jean Cap Ferrat Le Jardin des Cèdres
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Mortola Le jardin Hanbury la
Madone
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Le sud-est de la France, la région Provencealpes Côte d’Azur ou paca, participe au tracé de la frontière avec l’Italie. Elle est composée de six départements. Nous nous attacherons plus à silloner celui des Alpes maritimes (06). La région se caractérise par son littoral méditerranéen où se concentre l’essentiel de la population. Avec une superficie de 31 838 km², c’est la septième région de France métropolitaine. Elle se classe troisième par sa population (4,5 millions d’habitants) après l’Île-deFrance et Rhône-Alpes. Sa densité de population, 144 habitants/km², est un peu supérieure à la moyenne nationale (110). Baigné par la mer Méditerranée et limitrophe avec l’Italie, le département des Alpes maritimes regroupe les villes les plus chics et prestigieuses de France: St Tropez, Cannes et sa croisette, Antibes et Nice. Il entoure par ailleurs l’état de Monaco...le plus densément peuplé au monde.
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Nice présente tout d’abord une position géographique bien particulière. Enchassée entre deux avancées sur la mer méditerranée, la ville s’aglutine sur la côte et se déploie à l’arrière sur toute la longueur de la baie des anges. Le pourtour méditerranéen est jusqu’au XVIè siècle, la région du monde la plus urbanisée; plus de 2 méditerranéens sur 3 vivent aujourd’hui dans des villes dont 24 dépassent 1 million d’habitants (avec deux mégapoles : Le Caire et
Istanbul). Une urbanisation galopante due à une géographie stratégique: nous sommes autour d’une mer intérieure propice au commerce, jouant le rôle d’interface entre deux continents et où circulent non seulement les marchandises mais aussi les savoirs et les techiques nouvelles. La région se développe donc très vite.
son aéroport ( le deuxième plus important de France), la ville se fait reconnaître comme «la porte de l’Europe Sud». Elle profite par ailleurs du climat méditerranéen; chaud et lumineux. Le soleil s’associe à la ville pour lui inspirer des couleurs vives et attirantes. L’attractivité touristique bat son plein depuis longtemps à Nice.
Nice fait partie des grandes cités en avance de cette zone. Avec son port,
Tout cela a conduit la ville à se batir de plus en plus densément, à grimper sur les hauteurs qui l’entourent.
L’Homme et ses cités
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Nice
var
Le
la baie des anges
Le
promenade des anglais
port
la colline du château
Le Mont Boron
l’aéroport
carte réalisée à partir du plan de la ville de Nice donné sur www.plan-nice.org
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Les couleurs vives et authentiques en ville contrastent avec la douceur et le romantisme de celles du large. Les rues sont étroites dans le centre ancien, les habitats sont de trois, quatres étages ..., on créé aussi de larges avenues qui vont s’inscrirent dans ce tissu urbain serré. La ville s’organise en séquences avec des passages, des espaces ouverts ou sombres et d’autres où le bruit résonne. On pourra se perdre dans le paysage agité et vertical du centre ville et d’un coup sortir et se retrouver sur la promenade des anglais, toute proche, face à la mer où l’horizon, le ciel, la mer et les aménagements dessinent un paysage beaucoup plus linéaire et plus calme. Les couleurs sont très variables aussi: vives et authentiques en ville, elles contrastent avec la douceur et le romantisme de celles du large. Je me suis attachée ici à déchiffrer l’évolution du paysage urbain de Nice. L’homme s’installe à Nice dès la préhistoire. Le site le plus reconnu qui en témoigne sont les grottes du Lazaret, situées sur le flanc du Mont Boron qui s’avance sur la mer. Au Moyen-âge, la cité se cantonne presque exclusivement sur la colline du Château. Hauteur voisine également formée en figure de proue sur le littoral. 10
La colline du château et Le Mont Boron (en arrière) de nuit Photo personnelle
On a alors une ville protégée par des remparts bénéficiant d’une position stratégique sur le point de vue commercial et militaire. Aujourd’hui il ne reste que quelques vestiges de cette cité médiévale. C’est seulement dès le début du 18ème siècle que la ville s’étend en dehors des limites des remparts. Ils seront d’ailleurs détruits tout comme le château. Les grandes lignes de la trame urbaine niçoise commencent peu à peu à se dessiner: Les anglais ont déjà tracé le cheminement qui deviendra la célèbre promenade des anglais, le port se conceptualise aussi à cette époque. Les artères de la ville s’esquissent. Dans les années 1830, un conseil d’ornement, le Consiglio d’Ornato est mis en place sur le modèle de la
Le château de Nice. Peintre inconnu
w w w. n i c e r e n d e z vo u s . c o m / c a r / r u e ruelle-pairoliere
Commission d’architecture de Turin pour planifier l’expansion urbaine. Il va décider de grandes interventions, notamment sur la trame verte de la ville. Dans les années 30, l’affluence des touristes, les plus riches en quête de résidences secondaires, vient avec celle de la voiture. L’urbanisation s’étend de plus en plus et la trame viaire s’élargit. Toutefois, le Consiglio d’Ornato tient à conserver les avenues esthétiques et agréables aux promeneurs. Il leur donne de vastes proportions afin qu’elles soit plantées.
On distingue d’autre part les «avenues jardins», plus larges encore et dotées de jardins privatifs en pied de façade. Au fur et à mesure ses jardins ont fini par être construits. Aujourd’hui, la qualité de l’espace public niçois reste une préoccupation très forte pour la commune. La ville s’ouvre de plus en plus sur la mer et de grandes places publiques sont aménagées comme la place Masséna. Tous les soirs nous l’avons traversé pour nous rendre
à la plage...une vrai place urbaine de Luxe! Beaucoup d’effets, en haut, au sol, sculptures titanesques, arches, fontaines, grandes dimensions et magasins chics tout y est! L’héritage arboré niçois rejoint lui aussi ce sentiment d’artificialité. Nice s’est habillée d’essences exotiques dès le début du 19ème siècle. Epoque à laquelle on se plaisait à agrémenter la ville française d’un certain style colonial. Ce patrimoine contraste là encore avec le paysage méditerranéen local naturel.
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Il est organisé par un grand bassin de 300m de long et encadré d’immeubles qui le ferment. On y voit principalement des bateaux de plaisance: Yachts et voiliers exceptionnels. De nuit, les lumières de la ville mettent en scène ces silhouettes élancées et se reflètent sur leurs matériaux lisses et propres.L’eauestelleaussiéclairée et on peut y voir les poissons danser dans leur univers turquoise. Le port n’a cessé de s’agrandir pour accueillir ses activités. Urbanisation sur le Mont Boron
Nice en mouvement par Caroline Mollie, Ed. par la mairie de Nice en 2001
Il ferme le paysage niçois à sa partie orientale. Il a d’emblé été un lieu très convoité pour l’installation de «résidences secondaires avec vue sur la mer». Dès le 18ème, les aristocrates y construisent de somptueuses villas et puis des immeubles s’y implantent. La partie plus en altitude reste encore une forêt. Pendant 1000 ans , les plantations furent interdites sur le Mont comme sur la colline du château pour des raisons militaires. L’espace est donc concédé au pâturage qui dénude le relief jusqu’en 1862. Au 2nd Empire, le reboisement devient une priorité sur toute la France. Prosper Demontzey est l’acteur principal de cette campagne. L’essence principale choisie est le Pin d’Alep qui supporte la sècheresse, les embruns, le vent et le manque de substrat . Sous le couvert des pins, l’Olivier et le Caroubier se sont développés ainsi que des espèces plus rares comme l’Euphorbe épineuse ou le Chamaerops humilis (un palmier). Le Mont Boron La
colline
du château
Le
12
port
Evolution de la configuration du port Id.
Aéroport
Promenade
des anglais
Massif d’Esterel
Hippodrome
Evolution de la configuration de l’aéroport Id.
Cet ouvrage titanesque s’avançant sur la mer marque le paysage de manière très forte. C’est un vaste espace si désert par rapport au reste de la ville et de ses hauteurs qui n’inspire que le sentiment d’artificialité. Par ailleurs, il montre bien le grignotage de l’anthropisation sur des espaces délicats comme la mer, la tendance de l’Homme à s’étendre tant que sa technique de construction le lui permet. En effet, les deux tiers de sa surface sont gagnés sur la mer.
Les
falaises de
moyenne:
800m
urbanisation dense sur
Années 2000
Observatoire
St Jeannet
Altitude
La promenade des Anglais est l’emblème de de Nice. Elle parcours 10km le long de la côte.Elle résulte d’une succession de travaux qui ont tous eu pour objectif la mise en valeur du front de mer. Cependant, sa linéarité ne la partage pas en séquences. Au début du 18ème siècle, on ne voyait là qu’une grève bordée par un chemin de 2m de large aménagé par les anglais. Peu à peu, elle s’est allongée, embellie et élargie en grapillant finalement 15m sur la plage. Pour le confort des promeneurs de plus en plus nombreux mais aussipourlavoiture.Elleconstitue aujourd’hui une des voies de circulation majeure et il m’a semblé que cela contraignait la ville à s’ouvrir sur la mer. Une barrière de circulation agrémentée d’un écran végétal exotique et linéaire qui empêche la pénétration du paysage littoral originel dans la ville
astronomique
de la côte d’Azur
20km
à partir des côtes
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Paysage naturel ou importé ? La Côte d’Azur est ancrée dans l’imaginaire français comme le pays du soleil, des couleurs vives de l’été; le bleu d’un ciel parfaitement sans nuage, l’azur de la mer, le jaune d’une lumière intense et du sable chaud et le vert flashy d’une végétation exotique. Le temps passe depuis la fabrication de ce paysage exotique et pourtant ces images ne semblent toujours pas désuètes. Il fait parti du patrimoine méditerranéen. L’importation de plantes étrangères comme de nombreuses espèces de palmiers est liée aux conquêtes coloniales. A l’époque ces plantes ont beaucoup de valeur. Les riches aristocrates aiment en décorer le jardin de leurs villas. Et puis il devient de bon ton pour la commune d’harmoniser l’espace privé à l’espace public. Ainsi la promenade des Anglais à Nice par exemple va se voir garnie de palmiers comme les jardins privatifs en pieds de façade dans les grandes avenues et ceux des villas sur les hauteurs. Peu à peu , ces plantes acclimatées deviennent communes et perdent de leur saveur exotique et de leur valeur. Elles s’inscrivent abondamment dans le paysage anthropisé mais se retrouvent aussi dans des zones plus naturelles comme la forêt en haut du Mont Boron... 14
Mais qu’a-t-on fait du patrimoine végétal spontané, des ecosystèmes naturels locaux, ont-il été menacés par les importations d’essences étrangères? L’urbanisation due à la pression touristique, le climat assez rude pour la végétation, les incendies engendrés par l’homme et étendu par le vent et la chaleur... tout cela restreint de plus en plus les zones naturelles.
Ces espaces se trouvent coincés entre des zones urbanisées qui n’ont pas su se contrôler. Heureusement des règles de protection ont été mises en place et l’expansion urbaine est maintenant très limitée. Il est question aujourd’hui de préservation et de restauration.
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Le
milieu mĂŠditerranĂŠen
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Le climat La région méditerranéenne se définit avant tout par son climat chaud et sec en été et assez doux à basse altitude en hiver ( la douceur étant cependant variable entre le littoral et l’arrière-pays ). Le point le plus caractéristique de ce climat est la période de sécheresse estivale pouvant s’étendre sur 1 à 6 mois suivant les situations. L’intensité de ce déficit hydrique est variables. Elle est due à une remontée et au gonflement des anticyclones subtropicaux en été. Pourtant, si l’on observe la moyenne annuelle des précipitations, elle correspond à celle du pays... il pleut même plus sur la côte d’Azur ( 767mm d’eau/an à Nice) qu’à Paris par exemple (642mmd’eau/an).(voir carte1). Les pluies sont simplement réparties autrement, plus concentrées et plus intenses
Les estivales sont irrégulières et violentes car elles arrivent sous forment d’orages. Cellesci représentent 12% du total des précipitations annuelles. L’hiver reste lui aussi plutôt sec. Le printemps et l’automne sont quant à eux bien arrosés et représentent près de 80% de la quantité de pluie annuelle. Par ailleurs, la région méditerranéenne profite d’un été plus long tant au niveau des températures saisonnière qu’au niveau du nombre d’heures d’ensoleillement (voir carte 3). Concernant les températures hivernales, on ne descend que très rarement en dessous de 5°C en plaine; en revanche elles s’avèrent bien plus basses dans les montagnes complètement incluses dans le domaine biogéographique ( Corse, Espagne, Maghreb et Proche-Orient).
Les gelées sont rares sur le littoral. Par contre, dans les terres, comme dans le bassin d’Aix, les gels matinaux sont fréquents. Les grands froids sont rares mais en en 1956, 1985 et 1986, les températures se sont considérablement abaissées ce qui a causé des dégats dans les pinèdes et les olivettes. Les vents sont froids et déssechants. Il s’agit principalement du Mistral et de la tramontane. D’origines continentales, venant du nord et du nordouest, ils circulent vers la mer et dominent depuis St Raphaël jusqu’à la frontière espagnole et au-delà. Le Sirocco, vent chaud et sec arrivant du continent africain empire le phénomène d’évapotranspiration des plantes qui doivent donc s’adapter. On qualifie ces plantes de sclérophylles.
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Id.
Pluviométrie
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Températures Id.
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2
Ensoleillement
www.météo-france.com
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Le biome sclerophylle dans le monde
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Qu’est-ce
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Biome?
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Etant donné sa connaissance de plus en plus dense en matière d’écologie, l’Homme a du a un moment classifié et catégoriser les différents écosystèmes parmi lesquels il évolue. Ainsi, dans les années 19101920, Carpenter, Forbes, Shelford et Clement définissent le terme de biome. Plus tard, Ricklefs et Miller concluent: «le concept de biome organise la diversité du monde vivant à grande échelle» Le biome représente en effet un ensemble d’écosystèmes caractéristiques d’une aire biogéographique. Il est nommé à partir de la végétation et des espèces animales qui y prédominent et y sont adaptées. Il exprime les conditions écologiques du lieu à l’échelle régionale ou continentale. C’est à dire différents facteurs abiotiques qui interagissent pour créer un milieu spécial: comme le climat (température, vent, eau, lumière), le sol (la roche et le relief) et les perturbations périodiques. Dans la classe des biomes tempérés, il y a celui des forêts, bois et broussailles méditerranéennes ou sclerophylle. Il nous concerne directement dans le carde de cette approche du paysage de la Côte d’Azur.
Le biome sclérophylle dans le monde D’après ce planisphère, on se rend compte de la distance importante qui sépare les régions caractérisées par un biome sclérophylle. De ce fait, chacune possède des plantes endémiques à leur territoire. Au Chili, par exemple, on a recensé près de 1 500 plantes endémiques à ce biome dont nombre de cactées. On comprend donc facilement que l’importation d’essences venant de ces contrées lointaines et toutes adaptées à nos terres, s’est fait par le biais d’explorations menées par l’Homme.
Le bush Australien (le mallee)
Le
matorral
chilien
Le Fynbos Sud Africain Le
chaparral
californien
21
Le bush Australien (le mallee)
ont évolué presque indépendamment de la végétation du reste de l’île. On distingue les deux zones sur le pays. Au sud-ouest, à l’extrémité de l’île, le bush se caractérise par des forêts clairsemées et des broussailles. Toujours au sud, mais plus à l’est, c’est le mallee australien, des terres arides rougeoillantes, hostiles pour la flore. Ces milieux ont été touchés par le surpâturage. Il est à noter que l’Australie possède des terres très pauvres...Les plantes qui y vivent sont des espèces armées de dispositifs de survie. Néanmoins, selon les régions, elles composent des paysages différents.
Sommairement, la végétation est dominée par : des Myrtaceae: Eucalyptus spp., Melaleuca spp., Callistemon spp., des Fabaceae: Acacia spp., Hardenbergia spp. ... ; des Proteaceae: Banksia spp., Dryandra spp., Grevillea spp. des géophytes herbacées ou arbustives: Orchidaceae, Asteraceae des Epacridaceae, ayant le même rôle écologique que les bruyères (Ericaceae) très répandues dans le milieu méditerranéen. Banksia integrifolia Proteaceae
Contrairement aux autres écorégions du monde de type méditerranéennes, celle d’Australie ne possède pas de hautes chaînes de montagne la privant des précipitations. Elle en reçoit donc plus en période hivernale (juillet et août), entre 25 et 200cm par an. On y observe alors une flore très riche. 8 000 espèces végétales sont recensées, parmi elles, les trois quarts sont endémiques. Certaines familles de végétaux comprennant de nombreux genres sont très représentées: par exemple les Proteaceae comprennent environ 750 espèces réparties dans 40 genres, et la plupart de ces genres sont endémiques d’Australie. Les causes de ce phénomène? le pays a été séparée du supercontinent appelé Gondwana il y a 65 millions d’années environ, les plantes ont donc subit depuis très longtemps des phénomènes d’évolution et d’adaptations sans échange avec les végétaux des autres continents ; d’autre part, la partie sud-ouest est isolée du reste du pays par le désert central d’Australie et par la plaine désertique de Nullarbor; donc là aussi les espèces 22
fleur fanĂŠe de Banksia ericifolia Proteaceae
ForĂŞt de broussailles australienne
fr.academic.ru
Bush Australien
23
www.voyageforum.com
Le
matorral
chilien
La géographie du territoire chilien est très particulière. Il est compressé par la monumentale Cordillère des Andes contre les eaux froides du Pacifique. La forme longue et étroite du pays lui confère deux climats opposés: chaud et désertique au nord et froid au sud. Entre les deux s’impose le Matorral. Une zone gratinée d’une belle biodiversité. Notamment concernant les espèces végétales, car contrairement au bush australien, les terres du matorral sont fertiles. On compte 1500 essences endémiques dont le Jubea chilensis (palmier), Lardizabala biternanta et beaucoup de cactus. Les animaux sont pour la plupart eux aussi endémiques ( plusieurs sortes d’oiseaux ). Seule région représentative du biome méditerranéen en Amérique du Sud, elle est classée «en danger critique» par le réseau WWF. Ce territoire est sujet à l’expansion agricole, au surpâturage, ainsi qu’à une fréquence d’incendies provoqués par l’Homme trop importante.
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Matorral chilien www.worldwildlife.org
Le Fynbos Sud Africain
Cette région se limite à une mince zone côtière et montagneuse. En afrikaans, Fynbos signifie «Buisson fin». Les sols y sont pauvres en matière organique mais leur composition varie selon les situations. Argileux ou sablonneux, ils sont le plus souvent acides. Cependant, la biodiversité végétale est là encore remarquable. Les protéacées, restionacées et éricacées sont les familles les mieux représentées. Une grande diversité de plantes bulbeuses, de géraniums, de composées et de succulentes (Aloès, Euphorbes, Crassulacées, Aizoacées...) existent également. La majeure partie des fynbos a été détruit soit pour le développement agricole, soit pour le développement urbain, notamment en périphérie du Cap. Une autre menace vient de l’introduction d’espèces étrangères comme le mimosa, l’eucalyptus, ou certains conifères, qui concurrencent les plantes indigènes surtout au niveau des réserves en eau.
Un programme sud-africain de déboisement, a été lancé pour éliminer ses plantes et donc protéger les espèces indigènes. Avec plusieurs centaines d’espèces, de genres et même de familles endémiques cette zone nécessite une protection très intense. Aloe elgonia Liliaceae
25 Fynbos Sud africains home.kabelfoon.nl
Le
chaparral
californien
Le Chaparral est défini sur une maigre zone longeant la côte à l’Ouest de la Californie. Le relief y est très montagneux et abrupt, certains pics atteignent 1524m d’altitude. Les précipitations augmentent en fonction de l’altitude. Trois zones caractérisées par leurs altitudes et des formations végétales différentes se distinguent: les prairies de la côte, les forêts intérieures et les forêts montagneuses. Ces trois zones se qualifient par ailleurs par diverses strates végétales; on passe des broussailles côtières aux forêts mixtes peuplées de persistants (Pins) et de caducs (Chênes et Acajous) pour enfin atteindre les grandes forêts de Sequoias géants. On recense en tout 2036 espèces végétales dans le Chaparral. L’Homme a attaqué la biodiversité de cet espace à coup de défrichement... Il a non seulement supprimé nombres d’espèces végétales mais aussi animales, particulièrement les oiseaux. Ce grand nettoyage était le moyen de gagner des terres pour le pâturage en récupérant du bois de chauffage.
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Chaparral américain geo.arizona.edu
L’Adaptation à la sècheresse On dit d’une plante adaptée aux situations de sécheresse qu’elle est sclérophylle. Ce terme, qui peut tout aussi bien qualifier son milieu, nous vient du grec «feuilles résistantes». Il exprime bien les caractères combatifs que doivent adopter les plantes pour survivre. La chaleur, le manque de pluies et la lumière intense provoquent une forte évapotranspiration des végétaux. Le vent participe d’autre par à leur déssèchement. Face à cela, les plantes emploient deux types d’adaptation: soit morphologique, soit liée au cycle de leur organisme. Dans le premier cas, les particularités s’observent donc principalement au niveau foliaire, où la photosynthèse s’opère avec l’H2O que contiennent les limbes. En milieu méditerranéen, les photons abondent mais l’eau n’est pas présente.
On pourra donc constater la réduction de la taille des feuilles du sujet ou parfois leur absence complète. Autrement, la plupart des plantes possèdent un feuillage persistant, limitant ainsi les efforts que demande la création d’une nouvelle robe chaque année. Il existe plusieurs autres adaptations morphologiques foliaires. Concernant l’adaptation du cycle de vie, on pense au repos végétatif dont sont capables beaucoup de spécimens. Il consiste au ralentissement des processus vitaux comme la photosynthèse et à l’entrée en phase de latence voir de dormance de la plante pendant les périodes trop rudes. De façon extrême, certaines plantes meurent après avoir épuisé toutes leurs ressources pour une floraison (Agave americana). 27 inflorescence d’Agave americana
Elle développe des feuilles duveteuses qui limitent l’évapotranspiration et possèdent une bonne réflexion.
Ciste de Montpellier
Massif d’Esterel
Cistus monspeliensis L. Cistaceae
Banksia ericifolia Australie
Ses feuilles collent aux doigts... cette substances qu’elles contiennent exagère l’évapotranspiration durant la période sèche. Son feuillage se déssèche, elle se dénude. Il n’y a plus de feuilles vertes à alimenter en eau et sa consommation est donc largement réduite
Proteaceae
Cette espèce de Banksia a réduit son feuillage en courtes aiguillles. Cette stratégie est assez courante, on pense au pin ou encore au Genêt épineux qui sont des essences avec le même dispositif. Ciste cotonneux
Cistus albidus L.
Massif d’Esterel
Cistaceae
Leucadendron thymifolium Afrique du sud
Proteaceae
La texture cireuse de ses feuilles limite l’évapotranspiration et renvoie des photons en Anthurium sp. Amérique tropicale réfléchissant la lumière.
1. Agave ornithobroma Gentry. 2. 3. Agave ghiesbreghtii K. Koch. 4. Agave bracteosa S. Wats ex. Engelm.
5. Agave nigra 6. Agave macroacantha Zucc. 7. 8. Agave victoria-reginae T. Moore 9. Agave cerulata Trel. Toutes font parties de la famille des AGAVACEAE. Collection du jardin Hanbury
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1
2
Araceae
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4
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Durant les périodes de fortes chaleur, l’Agave entrent en dormance. C’est à dire qu’elle stoppe sa croissance, et donc ne consomme plus d’eau venant de l’extérieur. Elle se maintient avec celle qu’elle a stockée dans ces feuilles charnues. La grande majorité de ces espèces sont originaires du Mexique où les périodes de sécheresse peuvent être rudes. Elles reprennent leur développement en Automne et c’est en cette saison que la plupart vont mettre toute leur énergie à pousser leur inflorescence et produire des fruits et donc des graines. Pour beaucoup, elles y laissent leur vie.
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Le
feu
Le feu fait partie du cycle paysager méditerranéen. Dans toutes ces régions du monde, il constitue un facteur naturel qui caractérise le biome sclerophylle. On a vu que la biodiversité a su s’armer contre les conditions climatiques extrêmes de cet habitat, nous verrons qu’elle a aussi su évoluer en fonction des incendies. Certaines plantes fonctionnent même complètement avec le feu, savent en tirer parti (espèces pyrophytes).
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Il fut un temps où l’on pouvait dire que les incendies se déclaraient naturellement, à cause de la foudre ou de l’activité volcanique. Les feux étaient alors beaucoup moins fréquents qu’aujourd’hui. L’Homme est maintenant responsable de 68% des incendies en France. Que la mise à feu soit volontaire ou non, la fréquence incendiaire devient de plus en plus importante et les écosystèmes n’ont pas le temps de s’y accommoder. D’abord, il s’agissait de favoriser le pâturage aux dépens des ligneux. Puis, le feu est devenu le résultat d’un tas d’imprudences (43% en France). Un simple mégot de cigarette jeté dans un maquis peut dévaster complètement la zone... Par ailleurs, 25% des feux français sont des incendies criminels. Aidée par la chaleur, les vents parfois violents et le déficit hydrique, la propagation des feux de forêt est très rapide dans nos régions méditerranénennes. Et si autrefois, la pratique des feux était totalement assumée par les communautés paysannes pour lutter contre une forêt trop envahissante. Aujourd’hui, dans notre société très urbanisée, l’incendie est toujours perçu comme une menace
et
les Pour résumer le feu fait parti du. processus de dévelop-
pement et de régénération des populations végétales sclerophylles. C’est l’augmentation de leur fréquence par l’Homme qui dérègle ce processus. Le pin est un bon exemple d’espèce dépendante à un régime plus calme des incendies: si le passage des flammes est plus fréquent que le temps que met l’arbre à produire des cônes fertiles, la pinède est vouée à disparaître complètement. Si sans aucun doute le feu transforme le paysage dès son départ, il le modifie aussi à long terme.
stratégies
végétales
D’une part, il y a les plantes qui savent se protéger du feu, et d’autre part, il y a celles qui en plus l’utilise. Ces dernières sont les pyrophytes. Elles tirent parti de l’évènement dévastateur de différentes manières toujours pour assurer leur descendance. Trois phénomènes sont le plus souvent repérés: La régénération végétative ; elle concerne les espèces capables de rejeter de leur souche. Ce redéveloppement est plus rapide que la germination de nouvelles graines car le nouvel arbre profite d’un système racinaire déjà constitué.
Arbutus unedo L.
Massif de l’Esterel France
Ericaceae
La libération d’un grand nombre de graines dont la germination peut être stimulée par le feu La sérotinie, phénomène rare par lequel les graines, protégées par une capsule ligneuse, sont disséminées seulement sous l’effet de la chaleur d’un incendie. Les plantes qui ont cette capacité sont généralement du genre Conospermum, Pinus, Eucalyptus, le Séquoia géant et presque toutes les espèces de la famille des Proteaceae.
Cistus salvifolius L. Cistaceae
Callistemon viminalis Myrtaceae Australie
Massif de l’Esterel France
Pinus halepensis Mill. subsp. Pinaceae Massif de l’Esterel France
Hakea verrucosa F.Muell. Proteaceae Australie
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Ecogéographie du bassin méditerranéen
Le bassin méditerranéen représente 60% en superficie de toutes les écorégions méditérranéennes du monde. Hormis le fait qu’il s’agit de tout le pourtour de la mer Méditerranée, les botanistes ont eu beaucoup de mal à délimiter cette zone dans son épaisseur. L’alternative adoptée a été de l’assimiler à l’aire de répartition de l’Olivier, espèce endémique du bassin méditerranéen.
Si l’on compare cette répartition avec celle de plusieurs espèces méditerranéennes, on reconnaît que la disposition de l’ensemble des parties communes (hachurée sur la deuxième carte) correspond plus ou moins à l’aire de répartition de l’Olivier. Le bassin se définit par ailleurs avec l’altitude des terres. En accord avec les populations
Aire de répartition de l’Olivier Adapté d’après une carte établie par Gaussen et D Philippis
32
Aire de répartition de 4 plantes méditerranéennes classiques Ozenda, 1982
d’Oliviers, en France, il est limité par les plus hauts reliefs du sud (schéma ci-contre). D’autre part, on remarque que l’Olivier est une essence adaptée à presque tous les faciès géologiques du bassin.
En France
Roches dures acides: • maquis (Arbousier, Cistes à feuilles de Sauge, Lavande des Maures)
Calcaires fissurés : • Parcours à Brachypode (Brachypodes rameux) • Guarrigues à Chêne kermès • Taillis ou forêt de Chêne vert
• forêts de Chêne liège (Chêne liège, Bruyère arborescente, Calycotome)
Calcaires argileux: • Pelouses à Brome (Brome dressé) • Guarrigues à Romarin (Orchidées, Lavande aspic) • Pinède (Pin d’Alep, Laurier-tin) Dolomies: • Guarrigues à bruyère multifore • «végétation rupestre» (Genévrier de Phénicie)
Formation végétale et cortège floristique attaché au milieu acide
Formation végétale et cortège floristique attaché au milieu basique
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Les
étages
L’étage Eu-méditerranéen ou Thermo-méditerranéen est à l’altitude adéquate pour le développement de l’Olivier, du Caroubier, le Lentisque, l’Euphorbe arborescente mais aussi le Pin d’Alep et le Pin brutia. On le perçoit sur la bande côtière entre Menton et Nice. L’étage Méso-méditerranéen représente les collines de l’arrière pays. Il est essentiellement constitué de forêts de Chênes sclérophylles.
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L’étageSupra-méditerranéen est au même niveau que les basses vallées cévennoles, qui s’étendent sur près de 100km. Il est largement dominé par les chênes caducifoliés. A partir de là, l’Olivier ne peut plus se développer. Les gelèes nocturnes deviennent fréquentes. On ne parle quasiment plus de milieu méditerranéen.
L’étage Oro-méditerranéen correspond à un environnement montagnard. C’est la zone de développement du Pin Sylvestre et du Hêtre. On retrouvera également le Genévrier. L’étage alti-méditerranéen s’identifie avec ses populations de Mélèze et des landes à épineux. L’étage alti-méditerranéen n’est propice qu’à des formations végétales de pelouses rases.
Petit Lexique
des formations végétales méditerranéennes
Les termes de lande, pelouse, prairie, guarrigue et maquis ne nomment pas tous des formations végétales particulièrement adaptées au milieu méditerranéen. Nous avons tendance à bien trop souvent les confondre.
• lande : vient du celte «landa», • pelouse : formation végétale terre ouverte. Formation très typique, souvent localisée sur sols acides en zones bien arrosées (s’éloigne donc manifestement des caractéristiques climatiques méditerranéennes).Y dominent alors des espèces sous-ligneuses (fréquemment des Ericacées) et des arbrisseaux, au nombre desquels diverses Fabacées. La lande pourrait correspondre à une formation climacique dans les parties les plus océaniques de l’Europe.
• prairie : vient du latin «pra-
tum», pré. On distingue 4 formes de prairie: la prairie naturelle, la prairie pâturée, la prairie de fauche et la prairie artificielle. • Prairie naturelle: Ecosystème dominé par des végétaux herbacés, surtout vivaces, et parmi lesquels les Poacées et les Fabacées ont souvent tendance à dominer. • Prairie pâturée: est livrée au bétail dès le printemps. L’intervention des animaux freine nettement l’essor des Poacées ( qui ne peuvent guère fleurir) et, par contre, favorise les Fabacées dont les inflorescence sont plus proche du sol. • Prairie de fauche: n’est pas visitée par le bétail avant que la fenaison n’est lieu. • Prairie artificielle: véritable culture d’herbe, entrant souvent dans un assolement.
très rase en tapis composées d’espèces herbacées
•
maquis : vient de l’italien «macchia», tache. Formation végétale de la région méditerranéennne qui traduit une dégradation de la forêt d’yeuses (Chênes verts) et de la subéraie (forêt de Chênes lièges). Y dominent, bientôt, des arbustes et, plus encore, des arbrisseaux adaptés aux milieu arides. Nous sommes sur un substrat à tendance acide qui peut être siliceux.
Lande écossaise Holy Island
• guarrigue : formation vé-
gétale plus basse que le maquis. On peut y rencontrer des espèces comme le thym ou le romarin. Nous sommes sur un substrat basique avec des roches de nature calcaire ou marneuse.
Maquis du Mont de l’Esterel
Les définitions des terme de lande, prairie et Maquis sont tirées de l’ouvrage Dictionnaire de Botanique de Bernard Boullard. Ed. Ellipses 1988
Guarrigue de la Grande Corniche
35
36
Sur
le terrain
La grande corniche 37
Le massif de l’Esterel Le paysage de l’Esterel se décrit d’abord par un relief direct et véhément. Ensuite par une lumière intense et chaude qui nous fait plisser les yeux. Les couleurs de ces terres varient entre l’ocre et le vert vivifiant d’une végétation qui boit le soleil. Sa position est signifiée par l’ombre des grands arbres. La texture du tronc des Chênes lièges intrigue; celle de la roche est parfois lourde parfois craquante. Sur le chemin, elle est en miettes. Nous parcourons les hauteurs. Le terrain est de plus en plus escarpé, nous découvrons eu à peu le flanc de la montagne complètement mis à nu. Un incendie l’a attaquée. Et l’horizon... Au nord, un tracé en courbes affirmées, des creux de vallées, des obliques d’altitude parfois des angles de falaises et de pics. Au Sud, la mer. Et la ville de Nice étendue par-dessus comme une nappe.
Le relief peut atteindre 618m d’altitude. La géologie du massif révèle un passé volcanique. Il y a 300 millions d’années le Massif de l’Esterel faisait partie de la même chaîne de montagne que les Maures et le Tanneron. Le Permien fut la période la plus agitée: l’écorce terrestre, entaillée de failles, laisse remonter des laves. Ce magma refroidit instantanément en gardant une couleur rouge chaude. Nous sommes donc aujourd’hui en présence de roches éruptives (ryolithe, pyroméride, dolérite) et parfois sédimentaires (grès, conglomérats, pelites, tufs). Les sous-sols sont variables: tant les couches surfaciques peuvent être peu évoluées (lithosols, régosols, chaos, pierriers, alluvions), tant elles peuvent être riches de transformations (sols bruns acides).
Le Pays ag
La forêt s’allonge sur 7km le long de la côte. Elle comprend un réseau hydrographique de ravins en patte d’oie, 37 sources et 20 plans d’eau. Le climat y est typiquement méditerranéen quoique l’on peu localiser des micro-climats froids et humides dans certains ravins. Quelques stations sont alimentées en eau par un phénomène particulier: la roche chauffe au soleil toute la journée et à l’aube la brume se condense sur sa suface, ce qui rend une buée bien utile pour la flore. Les moyennes annuelles sont les suivantes: Température: 13°C Pluviométrie: 900mm (concentrés en orages, régime torentielle) Insolation: 2900h/ an (élevée) Gelées: 10 à 30 j/an Brouillard: 5 à 20 j/an (rares) Vents dominants du Nord Ouest (Mistral) et d’Est.
Te e est la el et la rre i c e l entre rencontre
38
G. Clément
ment
La
végétation
Le nom Esterel vient du latin «stérile». Un qualificatif bien dur pour des terres habitées d’une biodiversité aujourd’hui protégée. Mais à l’époque, nous les appelons simplement ainsi pour signifier qu’elles sont juste impropres à la culture...
Quercus suber, le Chêne liège, s’identifie facilement grâce à son écorce épaisse, crevassée et boursouflée...liégeuse. Il ne pousse que sur un sol volcanique. Il est plus exploité pour les qualités de son écorce que celles de son bois dense et très dur. Le liège est utilisé pour la fabrication de bouchons, pour l’isolation thermique et phonique ou encore pour faire des balles de baby-foot. L’arbre s’en sert quant à lui pour se protéger des incendies.
La végétation spontanée peuplant les pentes de l’Esterel correspond aux étages Eu-méditerranéen et Méso-méditerranéen. Elle montre une grande diversité de formations remarquables. Les suberaie à Laurier et Chêne pubescent, Chênais verte à Erable et Houx, Chênaie verte à Frêne à fleurs, Châtaigneraie, pelouse à fétuque. Certaines espèces sont endémiques du bassin méditerranéen français; comme le Chêne liège (Quercus suber) ou encore le Pin maritime (Pinus pinaster) . De manière générale, 40% de la végétation de l’Esterel y est endémique Ecorce de Chêne liège
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Bruyère arborescente Erica arborea L. Ericaceae
Pin maritime
Pinus pinaster Aiton.
Pinaceae
Callune
Calluna vulgaris (L.) Hull. Ericaceae
Ciste cotonneux
Cistus albidus L. Cistaceae
Pistachier lentisque
Pistacia lentiscus L. Anacardiaceae
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Le cortège floristique est significativement acidiphile. Par ailleurs, on observe deux formes de densitées végétales sensiblement différentes en fonction de leur exposition. Le versant orienté au sud: l’Adret est le plus pauvre car trop fortement soumis au soleil. La végétation y est beaucoup plus rase et éparse. L’Ubac , orienté au nord accueille des peuplements plus denses.
Les bruyères
Strate
arbustive
e
Bruyère à balai
Erica scoparia L.
Ericaceae
Arbrisseau persistant, il est thermophile, héliophile et acidicline. Ses tiges sont dressées et ont un aspect ramifiées; ses rameaux sont glabres. C’est ce dernier carctère qui le différencie de la Bruyère arborescente hors période de floraison. Ses fleurs sont très petites et surtout très nombreuses, d’une couleur jaune verdâtre. Ses feuilles en aiguilles sont groupées par 3 ou 4, et ne dépassent pas 5mm de longueur. On utilisait cette plante pour la confection de balais rustiques. Il est très inflammable mais son système racinaire en rhizome lui permet de reprendre facilement après le passage d’un incendie.
Bruyère arborescente Erica arborea L. Ericaceae Arbrisseau haut de 1 à 4m, persistant, il est pourvu de rameaux blanchâtres duveteux en partie terminale. Ses feuilles glabres sont verticillées par 3ou 4. A partir de Mars, on y voit apparaître des petites fleurs blanches en clochette très odorantes. La plante était autrefois employée contre les morsures de vipère et son bois de souche, de couleur rouge cramoisi était sculpté pour fabriquer des pipes luxueuses.
Callune
Calluna vulgaris (L.) Hull. Ericaceae
Essence pionnière ou en tout cas très sociale. C’est un sousarbrisseau qui ne dépasse pas 1m. Ses tiges dressées sont plus ou moins tortueuses et ramifiées. Ses feuilles sont en forme de très petites écailles linéaires. La floraison arrive en juillet et se constitue en plusieurs grappes de petites cloches violettes, mauves.
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Strate
herbacée
Ciste cotonneux
Ciste de Montpellier
Nous avons déjà évoqué précédemment les propriétées variées des cistes contre la sécheresse. Elle est sempervirente et se localise d’habitude sur des terrains plutôt calcaires. On la décrit avec sa texture cotonneuse. Ses feuilles sont sessiles, demi-embrassantes,vertes blanchâtres et très tomenteuses sur les deux faces. L’espèce est pyrophyte et la germination de ses graines est favorisée par le passage des flammes.
Cistaceae
Plus acidiphile, cette espèce est aussi plus odorante. Les rameaux et pédoncules sont velus et visqueux (comme je l’ai déjà signalé). Ses feuilles sessiles sont roulées en dessous par les bords et fortement réticulées. Ses fleurs sont blanches.
Toujours sempervirente, celle-ci est peu odorante. Ses rameaux sont aussi visqueux et velus. Ses feuilles sont opposées à court pétiole, gaufrées, velues avec des poils étoilés, grisâtre dessous.
Ibéris des rochers
Lavandula stoechas L. Lamiaceae
Appellée aussi Lavande des îles d’Hyères, elle se caractérise par ses fleurs odorantes réunies en épis serrés et portant vers l’extrémité de grandes bractées violacées. Acidiphile, elle était utilisée pour soigner l’asthme.
Daphne gnidium L. Thymeleaceae
Iberis saxatilis L. Brassicaceae
Lavande stéchade
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Ciste à feuille de sauge Cistus salvifolius L. Cistaceae
Cistus monspelliensis L.
Daphné garou
Cistus albidus L. Cistaceae
Cette plante toxique s’identifie avec ses rameaux cylindriques bruns très feuillés sur toute leur longueur. Ses feuilles sont imbriquées, étroitement lancéolées et acuminées. Ses fleurs blanches sont odorantes et se réunissent en panicule terminale. Son fruit est une baie rouge.
Sa tige à 4 angles, grimpent et trace sur le sol en s’accrochant à l’aide depetits aiguillons crochus présents sur ces angles. Ses feuilles aussi en sont munies. Elles, sont persistantes, ovales lancéolée, verticillées et à une seule nervure.
Ciste ladanifère
Cistus ladaniferus L. Cistaceae C’est une plante très odorante aux tiges noires et glutineuses. Ses feuilles étroitement lancéolées n’ont qu’une seule nervure. Elle est particulièrement acidiphile.
Garance voyageuse
Rubia peregrina
les-vegetaliseurs.com
Rubiaceae
Euphorbe épineuse Euphorbia spinosa Euphorbiaceae Buisson épineux en coussinet. Les jeunes rameaux laissent exuder un latex blanc à la cassure. Ce suc est très toxique. Ses petites feuilles glauques sont lancéolées. On trouve cette espèce encore plus fréquemment dans le nord de la Méditerranée.
helichrysum italicum Iberis saxatilis L. Brassicaceae mandriolu.com
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Des espèces Inconvenues
Au cours des derniers millénaires, cette végétation a été manipulée par l’Homme. Le Chêne liège a été exploité, le maquis pâturé et aujourd’hui encore l’INRA utilise ces terres pour mener des expériences d’acclimatations. Par exemple, plusieurs hectares d’Eucalyptus ont été plantés, arbre tout à fait exotique (australien),
sensé freiner les incendies; sauf que leur couvert empêche la strate végétale inférieure de se développer. Et puis il y a les invasives importées...comme le Mimosa qui s’impose partout et étouffe les écosystèmes. Ces essences transfigurent le paysage de l’Esterel.
Eucalyptus Eucalyptus globulus Labill.
Myrthaceae
Le Mimosa
de nice
Acacia dealbata Link Fabaceae
Elle couvre toute la Côte d’Azur et se retrouve même en Corse. Originaire elle aussi d’Australie, elle a été introduite à Cannes en 1864 puis en 1875 sur le Massif de l’Esterel. La lutte contre cette espèce est très difficile car elle est dotée d’une vigoureuse capacité à rejetter et à drageonner. En plus, elle est très résistante : la plante se met en dormance durant les fortes chaleurs estivales et ne craint pas le gel. Sa fleur jaune vive et odorante est devenue un symbole de la côte méditerranéenne. Utilisé en horticulture et en parfumerie, le mimosa est au coeur d’une activité économique importante dans le massif du Feuilles alternes doublement compo- Tanneron, où il est cultivé sur 350 ha dans une soixantaine d’exploitations. «Le sées de 14 à 24 paires de divisions problème, c’est qu’il a tendance à se disséminer. Sa propension invasive induit Faces inférieures et le rachis recouverts la pauvreté de l’écosystème, car rien ne pousse sous cette plante, où la faune d’une pubescence blanche argentée. ne trouve rien pour se nourrir. C’est une espèce qui en plus épuise les sols en 44 en gousses larges. Fruits pompant énormément d’eau» selon Laurent Marsol, ingénieur à l’ONF du Var.
Les
incendies et la mission de l’ONF
Le plus menaçant ravageur reste encore le feu. Ils sont trop fréquents sur l’Esterel; ils y sévissent tous les 40 ans environ alors qu’il faut attendre 50 ans pour observer une résilience globale et qualitative des écosystèmes. Puis, Ce n’est qu’après 150 ou 200 ans sans feu que l’on observe un fort accroissement du stock de carbone dans le sol et un enrichissement de la structure et de la composition de la végétation. Nous sommes loin du compte...
picasaweb.google.com
Massif de l’Esterel en feu. Juillet 2003
Le dernier grand incendie en date dans le Massif de l’Esterel est celui de 2003 qui a ravagé plus de 850 hectares de forêt. La plupart des espèces comme les bruyères, certaines cistes ou encore le feuillage du Chêne liège sont très inflammables. Aidé par le vent et l’absence de pluies, l’incendie s’est propagé d’abord vers l’Est pour remonter au Nord sur le Mont Vinaigrier.
La mission principale de l’ONF est de surveiller cette menace du feu. Et pour lui faire face, il s’investit non seulment à la sensibilisation du public mais aussi à l’application concrète sur le terrain de dispositifs «anti-incendie». C’est ce que les forestiers appellent les 3P: • les Pares- feu. En fait des tranchées visant à freiner la progression des flammes. • les Pistes. Constituant un tracé de voies carrossables, elles facilitent l’accès aux pompiers. Par ailleurs, elles sont à l’abri du vent ce qui protège les secours du feu. • les Points d’eau. Le massif est divisé en secteur possédant chacun un point d’eau. Un quatrième «P» pourrait s’ajouter: c’est celui des Patrouilles de forestiers qui sillonnent quotidiennement l’Esterel. 7 gardiens seulement sont en charge de gérer, surveiller, protéger la biodiversité et prévenir les incendies sur le massif.
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La
réhabilitation du paysage après le passage des flammes
Au lendemain d’un incendie aussi important que celui de 2003, le paysage a une figure de chaos cendré. On n’y voit plus que la terre brûlée, la roche déshabillée et les troncs noirs des quelques arbres calcinés restés debout. Ce paysage est un autre spectacle, mais ne serait-il pas tout aussi passionnant? Si la catastrophe est terminée, d’autres préoccupations naissent. Premièrement, celle de l’érosion. Tous les végétaux disparus participaient au maintient du sol. D’autant plus que le régime des pluies est torentielles. Les eaux sont capables de sérieux dégâts en emportant le sol avec elle.
Les fascines
Bilan des travaux de reconstitution de la forêt domaniale de l’Esterel. Ed. par l’ONF
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Dès août 2003, l’Agence Départementale constitue un avant projet de réhabilitation, qui incluait les travaux d’urgence anti-érosion. Il a fallut débloquer le budget très rapidement. Les bûcherons ont été chargés de nettoyer l’Esterel de ses arbres calcinés en commençant par ceux encore debout en ligne de crête ( «le paysage est la rencontre entre le ciel et la terre»). On nomme cette opération le «gommage paysager»... . Puis ils se sont affairés à la mise en place des fascines, ouvrage en tronc de Pin maritime ayant pour objectif de retenir les terres soumises à l’érosion. La végétation herbacée reprend vite le dessus. Enfin l’ONF tente des replantations. Le Chêne liège est priortaire car il a un développement très lent.
2004
L’Esterel incendié
Id.
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Le Mont Vinaigrier et la Grande Corniche
Deux collines en surplomb sur la ville de Nice. Elles présentent un substrat calcaire qui a déterminé le cortège végétale qui les habite. Nous sommes au milieu d’une vaste guarrigue. Ces deux sites sont encore un bon exemple d’effort de conservation. Le Conservatoire du littoral, au même titre que l’ONF, s’investit à préserver ces milieux naturels soumis à la pression urbaine.
Après avoir mener des travaux de réhabilitation du milieu, il confie sa gestion aux communes, à d’autres collectivités locales ou à des associations. Ces derniers s’engagent alors à surveiller l’évolution de ce patrimoine naturel dans le respect des directives imposées par le Conservatoire, rédigées par des spécialistes (scientifiques, paysagistes, etc.) .
Etablissement public créé en 1975, le Conservatoire du Littoral agit en rachetant des espaces naturels sensibles pour s’investir à leur protection définitive. Leur mission est de préserver le plus possible les paysages littoraux français, notamment ceux de la Côte d’Azur. L’acquisition se fait à l’amiable, par préemption ou dans des cas extrême, par expropriation.
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Au 1er janvier 2003, le Conservatoire était propriétaire et protecteur de 125 000 hectares sur 500 sites, représentant 861 km de rivages soit plus de 10% du linéaire côtier. 580 gardes du littoral, recrutés par les collectivités locales et les organismes gestionnaires assurent, tout au long des côtes, la surveillance et l’entretien des sites du Conservatoire.
Avec le Mont Vinaigrier et la Grande Corniche, la pointe de Théoule s/mer et le Vaugrenier, le conseil général des Alpes Maritime est en charge d’environ 3500 hectares de parcs naturels départementaux. L’équipe active est constituée de 62 personnes: 32 s’affairent à la gestion et à l’entretien sur le terrain, 25 sont gardes et 3 animateurs ont la mission de sensibiliser public à l’importance de ces milieux fragiles.
Le site est acquit en 1980 par le Conservatoire du Littoral. Il a été confié au département en 1988. Engagés depuis 1992, les travaux se sont déroulés en trois phases. Premièrement, la restauration des restanques (murs de retenue en pierres sèches construit dans le lit d’un torrent) et de l’Olivaie; deuxiémement, la réhabilitation du bâtiment dans le respect de son caractère architectural d’origine et la création d’un logement pour le gardien; enfin, l’amenagement d’outils pédagogiques qui renseignent le visiteur sur le caractère paysager du site.
Le Mont Vinaigrier Ce site de 30 hectares se compose en trois entités paysagères.
Plateau
peuplé de
sommital calcaire
Chênes
verts et de
Pin d’Alep
Falaises calcaire abritant le Hibou grand duc (aux pieds des falaises pousse Terrasses Olivaie
le
Frêne
à fleur)
anciennement cultivées
(19è)
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Chêne vert
Quercus ilex L. Fagaceae Feuilles luisantes qui lui permettent de limiter l’évapotranspiration. Persistants xérophiles Nerprun alaterne
Rhamnus alaternus L. Rhamnaceae
Strate
arborée
et arbustive
Frêne à fleur
Fraxinus ornus L. Oleaceae caducifolé xérocline calcicole
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La culture de l’Olivier autour du bassin méditerranéen date de la plus haute Antiquité. C’est un arbre robuste et quasiment immortel. Il a été planté dans toutes sortes de sols mais le plus souvent dans ce genre de terrains pauvres, là où d’autres cultures n’auraient pas pu êtres envisagées. Il a la particularité de se multiplier facilement et aussi l’avantage de prévenir certains risques naturels, en luttant contre l’érosion du sol et en servant de coupe feu contre les grands incendies. On procède aux plantations généralement en Novembre ou Février-Mars. La récolte commence mi-août à fin Octobre pour les olives vertes et ensuite de mi-novembre à mi-février pour les olives noires. La taille est préconisée tous les ans, entre la fin Février et la mimai. On dit que la c’est l’opération de taille qui est la plus délicate. L’activité agricole construit en partie le paysage français et sur la Côte d’Azur elle se trouve largement inférieur face à l’activité touristique mais liée.
Lavatère maritme
Lavatera maritima L. Malvaceae
Nivéole de Nice
Acis nicaeensis
Amarylliacées protegée nationalement
Strate
harbacée
Chou des montagnes
Scille de mer
Brassicaceae
Liliaceae protegée nationalement
Brassica montana Pourr.
Urginea maritima (L.) Baker.
Osyris blanc
Ophrys de Bertoloni
Lavatère ponctuée
Rhamnaceae
Rhamnaceae
Malvaceae
Osyris alba L.
Osyris alba L.
Lavatera punctata L.
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La Grande Corniche
La Grande Corniche s’avance en figure de proue sur la Méditerranée. Nous sommes à environ 700m d’altitude en surplomb sur la mer. La guarrigue, qui est une formation végétale clairsemée, permet un large panoramique sur l’Horizon. De ce fait, le lieu était un ancien site appartenant à l’armée. Acquis en 1985 par le Conservatoire du Littoral, celui ci entreprit des travaux de réhabilitation des anciens dortoirs militaires. Ils accueillent aujourd’hui des expositions temporaires et permanentes. L’endroit autrefois fermé a ouvert ses portes au public. Les 660 hectares du Parc Départementale s’étalent sur les communes de Eze, Turbie, la Trinité et Villefranche-sur-mer; il rejoint aussi le Mont Leuse au Mont Bataille. En parcourant le parc, on découvre des points de vue constratés, changeant avec la lumière et le relief.
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Le Sagapedo ou La Magicienne dentelée est une sauterelle à large répartition mondiale, puisqu’on la rencontre du Portugal jusqu’à la Chine. En raison de ses mœurs discrètes, cet animal fut longtemps considéré par les entomologistes comme une espèce rarissime. C’est pourquoi l’insecte est aujourd’hui intégralement protégé à l’échelle française, européenne et internationale. En fait, la Magicienne dentelée est encore largement répandue dans les garrigues et les pelouses thermophiles du sud de la France.
Eze
Depuis la Grande Corniche, les montagnes du Parc Nationale du Mercantour
53
P
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s
a
m
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p o
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t é 54
g
Notion
de l’exostisme
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L’exotisme ou l’éloge Les théories phylosophiques sur la notion d’exostisme ne s’essoufflent pas. La plupart se basent sur l’histoire de ce mot qui a mené à une confusion générale concernant sa vraie définition. L’exotisme vient du grec tardif exô- « au-dehors », exôtikos « étranger, extérieur ». On désigne donc tout ce qui n’appartient pas notre terre ou à notre expérience comme exotique. Ce terme apparraît en même temps que les grandes conquêtes territoriales avec l’empire romain et l’empire Grec... Le rêve de l’ailleurs s’associe au désir perpétuel de conquête, d’avoir ce que l’on a pas encore, d’avoir vu ce que l’on a pas encore vu et enfin de donné à voir ce que les autres n’ont pas idée. Ce phénomène ou sentiment complètement humain se retrouve à l’époque coloniale. Et c’est certainement à partir de là que la signification du terme a dérivé. Nous sommes au début du 19ème et les expéditions ont pour mission de découvrir et produire des plantes d’intérêt économique (café, vanillier, épices), des plantes d’activité thérapeutique (Quinquina, Iboga) et des plantes d’utilité alimentaire. Les colonies d’exploitations sont principalement l’Afrique, les Indes et l’Amérique, des régions chaudes ou les chercheurs botanistes se heurtent au biome tropical. C’est l’habitat d’une flore et d’une faune extraordinaire, d’espèces originales, par leurs morphologies, leur couleurs, leurs systèmes de développement.
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On assista au plus grand essor dans l’histoire des découvertes botaniques. Palmiers, Dracena, Aloe, Cordylines et des milliers d’autres sont importées en Europe. Dès lors, il y a eu confusion entre l’«exotisme» et le «tropicalisme». Des termes à la mode (qui masquaient bien les horreurs parallèles des colonisations...); une tendance hallucinante qui fait encore des siennes aujourd’hui... Par exemple, cet article publié sur le blog de Mr Bloom (www.fleurs-en-blog.info)
: «Depuis les années 90, on assiste à un regain d’intérêt pour les fleurs exotiques. Couleurs éclatantes, formes surprenantes, symbole de découverte et de dépaysement, longue tenue sont autant d’atouts qui séduisent les amoureux des fleurs, adeptes également des larges feuillages tropicaux très en vogue dans les décorations comme les philodendrons, les palmiers, les dracena, les pandanus, les cordylines... Poussées par cet effet mode et aidées par les avancés technologiques et le développement du transport aérien, les plantes et fleurs exotiques sont revenues au premier plan dans les jardineries et chez les fleuristes.» Ce qu’il dit est vrai mais en parlant de plantes exotiques, MR Bloom pensent particulièrement aux fleurs tropicales. La distinction de ces deux qualificatifs n’est pas clair dans les esprits communs et le concept d’exotisme n’étant pas vraiment saisi, est mis à la sauce de chacun.
Au début du 20ème siècle, Victor Segalen, dans son Essai sur l’exotisme remet les choses au clair et apporte son renouveau. Il écrit déjà simplement : « L’exotisme est tout ce qui est autre ». Puis il explique qu’il n’est nullement question de l’affillier aux cocotiers, ni même de le limiter à des frontières géographiques. Le passé, l’avenir, deviennent exotiques. Il ne s’agit pas non plus de traiter forcément d’un peuple marqué culturellement, il peut y avoir une rencontre exotique entre homme et femme, mais aussi entre les êtres humains et les règnes animal ou végétal… C’est que l’exotisme n’est pas un thème, un « contenu », mais une expérience. Dès lors, il peut y avoir un exotisme des sens (dans la mesure où les expériences visuelles sont profondément étrangères à celles de l’ouïe, par exemple) et des arts (la peinture est exotique pour le musicien), enfin, à l’intérieur même d’un art, l’emploi d’un style inhabituel peut produire le même effet d’exotisme. En ce qui concerne les plantes il faut se rendre compte d’un autre phénomène: l’exotisme varie selon les époques d’importations. Aujourd’hui, plus personne ne se rappelle que le pommier est originaire d’Asie Mineure, tout comme le châtaigner… et de même, les géraniums qui fleurissent nos balcons viennent d’Afrique du Sud. Enfin, la notion d’exotisme pour le végétal est forcément lié à la terre, à
de la méconnaissance l’environnement qui lui a permit d’exister . On rattrape alors l’idée d’appartenance à un territoire et de conquête. Si vous mangez un ananas à Paris, on peut dire que vous mangez un fruit exotique; affirmation qui devient fausse si vous mangez ce même ananas en Martinique...enfin ...devientelle réellement fausse étant donné que l’Ile est un département d’outre mer français et que vous êtes aussi français? Les subtilité sont perfides. Enfin il me semble qu’Homère, dès le départ, avait bien résumé la situation en disant que «l’exotisme voudrait être l’éloge de la méconnaissance».
Le rêve de Henri Rousseau aspedacier.fr
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Les Jardins
exotiques
En Europe, on cherche donc rapidement à reproduire les paysage de l’ailleurs, celui des colonies conquises. Les essences exotiques importées, très chères à l’époque, car très rares vont d’abord être implantées dans les grandes résidences aristocrates. On réussit à les acclimater et le monde de l’horticulture s’en mêle. Le marché des précieuses étrangères commence alors. Le paysage se modifie petit à petit. Dans un premier temps, ce sont les personnes fortunées qui décorent leur propriété et puis les espaces publics et collectifs viennent à bénéficier eux aussi d’un habillage exotique à la mode (comme à Nice). Enfin le rôle des jardiniers dans cette histoire n’est pas négligeable. En travaillant dans les grands domaines bourgeois, ils ne se sont pas privés de voler quelques graines des sujets les plus rares pour les revendre à un prix défiant ceux des pépinièristes. Ainsi, le végétal exotique se mit à coloniser la Côte d’Azur en se vulgarisant au fil du temps. Il est rapidement associé à l’urbain, puisque son implantation ne peut être l’oeuvre que de l’Homme ici. Les jardins exotiques sont devenus une partie du patrimoine de la Côte d’Azur. Il reflètent d’abord l’histoire de ces espèces spéciales avec leurs origines; et d’autre part, l’angouement de l’Homme à vouloir recréer son environnement. Collectionneurs et créateurs ont été atteint de cette passion.
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Les palmiers du jardin de Thuret
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Présentation
du jardin
La Villa Thuret est un jardin d’acclimatation ou «d’élimination», le Jardin d’un scientifique. Gustave Thuret , alguologue et spécialiste des plantes méditerranéennes l’aménage en 1856. Il n’était pas collectionneurs comme on pourrait le croire en se promenant dans la Villa, mais savant et ses epériences consistaient à tester les plantes sur leur résistance au climat méditerranéen. Avec les explorateurs de l’époque, partis en mission, il créé un véritable réseau d’échanges de graines et de specimens dans le monde entier. Lui, se place au rang de conseillers pour les botanistes. Il a l’expérience de l’acclimateur. Les débuts du Jardin de Thuret ont d’ailleurs été difficiles. En achetant ce terrain de 5 hectares pour y implanter ces nouveautées, le scientifique s’est heurté aux conditions climatiques et en particulier à la sécheresse, qui a ruinée ces travaux. Cependant, il persevère et finit par habiller le Jardin de sa Villa d’un paysage tout exotique. En 1877, le Jardin devient propriété de l’Etat par donnation. Char les Naudin, à qui on doit la découverte des fondements de la génétique, puis Georges Poirault , agronome se succèdent la direction du Jardin scientifique. En 1927, il est confié à l’INRA qui poursuit des travaux d’acclimatation mais aussi tout un tas de cultures florales. Le devenir du Jardin est sujet aux inquiétudes, l’INRA n’a pas vraiment les moyens de l’entretenir et l’acclimatation n’est plus un objectif majeur dans les recherches de l’Institut.
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Depuis la naissance du Jardin, 80 000 espèces végétales y ont été introduites ou testées.
Présentation
des palmiers,
Le palmier est l’emblême du paysage importé que nous avons pu décrire auparavant. Il est l’une des premières idées populaires lorsque l’on parle de paysage exotique... Gustave Thuret s’est attardé à étudier leurs cas. Son jardin en est maintenant paré d’une bonne collection. Les palmiers sont des arbres très anciens, leur histoire remonte au Jurassique. Bien plus tard, l’Homme l’a toujours considéré comme un arbre honorable ou même sacré. Le titre de la Palme d’or est inspiré des feuilles cet essence. Par ailleurs, il joue un rôle économi-
Clé
Morphologie
et reconnaissance
Pinnule
que mondiale car il est source de nourriture Rachis et de matériaux. Le palmier est largement cultivé en Inde par exemple. On produit des fruits: dattes et noix de coco (Phoenix dactylifera; Cocos nucifera), de l’huile de palme Palme (Elaeis guineensis), du sucre (Borassus flabellifer), du Sagu, sorte de fécule à réhydrater (récupéré dans les troncs des Caryotas Stipe urens), du vin de palme (Jubaea chilensis), les coeurs de palmiers (Euterpe edulis pour la Guyane et le Brésil; Livistonia australis palme pour l’Australie; Roystonea oleracea pour les Caraïbes); enfin du rotin ou du rafia (peuvent être fait à partir de plusieurs types de palme palmiers) . Tous membres de la famille des Arecaceae qui comprend 190 genres, on en dénombre près de 3000 espèces.
indupliquée redupliquée
de détermination des principaux palmiers de climat tempéré
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P al m i e rs
à f e u i ll es p e n n é es
Syagrus Romanzoffiana
(Cham.) Becc.
Son nom est donné en l’honneur de Nicolas Romanzoff (1754-1838), noble russe qui a financé plusieurs expéditions. Il est plus communément appellé le Palmier de la reine. Découvert et décrit en 1816 par A. de Chamisso, alors directeur du jardin botanique de Berlin, il est rapidement introduit en Europe Cette espèce couvre de grandes régions d’Amérique du Sud: du Centre au sud-est du Brésil en passant par le Nord de l’Argentine et l’Est de l’Uruguay. La grande diversité de ses habitats lui ont conféré une multitude de variantes morphologiques. Ce qui a compliqué sa classification.
Description Stipe: Allant jusqu’à 18m de hauteur, les plus larges peuvent atteindre 50cm de diamètre. Sa couleur grise terne s’assombrit en vieillissant et devient presque noir. Lisse, il s’élargit à la base. feuilles: Pennées longues de 3 à 4,5m sont vertes brillantes sur la partie supérieure et plus terne en partie inférieure. Les pinnules se déploient sur plusieurs plan ce qui donne à la palme son aspect plumeux. Inflorescence: intrafoliaire et longue de plus d’un mètre, elle porte une multitude de fleurs femelles et seulement deux fleurs mâles. fruits: les fruits , jaunes à oranges, sont pulpeux et leur chair est sucrée.
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Phoenix dactilifera
L.
Le terme «dactilifera» vient du latin «dactylus» qui signifie en forme de doigt. Ceci rappelle son fruit. On ne sait pas si cette essence fut introduite ou déjà présente en Europe. En effet, les archéologues on retrouvé sa trace à l’Oligocène. Le palmier dattier est solitaire mais le plus souvent cespiteux. Son habitat naturel n’est pas encore décrit très précisément. On le présume endémique du Moyen Orient et d’Afrique du Nord. Il préfère les zones arides où les nappes phréatiques sont assez superficielles.
Description Stipe: Il atteint 15 à 20m de haut et 30 à 40m de diamètre.Il reste toujours couverts de moignons, vestiges du pétioles des anciennes feuilles. Comme signalé précédemment, il est cespiteux et en drageonnant il peut émettre d’autres stipes le long du principal. Feuilles: Pennées, les pinnules sont insérées sur le rachis en plusieurs plans. Inflorescence: très ramifiée, les petites fleurs sont de couleurs blanccrème. L’arbre étant dioïque, l’une des méthode pour accélérer l’apparition des fruits et de secuée la hampe florale mâle sur les inflorescence femmelles pour les polliniser. Fruit: les dattes sont connus de tous...elles font aujourd’hui l’objet d’un important commerce international.
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Jubaea chilensis Chilensis signifie son pays d’origine, le Chili. Appelé aussi le cocotier du Chili, il possède le plus gros stipe de tous les palmiers. En 1653, dans son Histoire du Nouveau monde, l’Espagnol Barnabas Cobo écrit « ce palmier est un de ceux qui pousse le plus lementement : des pieds provenant de graines que j’ai semé en 1608 n’avait pas encore fleuri 40 ans plus tard» Aurait-on importé les premières graine de l’espèce en 1608? Ceux du Jardin de Thuret sont parmi les plus vieux naturalisés français (1863) description
Stipe: unique, il peut atteindre 30m de hauteur au Chili. En France il dépasse rarement 10 à 12m. Lisse avec simplement la marque plus foncée de ses anciennes palmes. Il est gris terne. Il est le plus gros troncs de palmier.( près de 5m de circonférence). feuilles: pennées avec pinnules bien rangées de part et d’autre du rachis inflorescence bractée pédonculaire de 1,50m hampe florale très compacte multituide de fleurs purpurines foncées. fruits : de la grosseur d’un abricot, ils ressemblent à des noix de coco miniature.
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Phioenix canariensis Son nom désigne son origine: ce palmier est endémique des Iles Canaries. Kew en reçoit les premières graines au milieu du 19ème siècle, identifiées sous le nom de Phoenix reclinata. En 1862, M. Linden, horticulteur de grand renom belge fournit tous les jardins, importants ou non, en flore exotique la Riviera française et italienne. Ce sont ces palmiers que l’on retrouve majoritairement sur la Promenade des Anglais de Nice. descriotion
Stipe: unique et colonnaire il est recouvert de la base des anciennes feuilles. Il s’élève jusqu’à 15-18m de haut avec un diamètre de 40 à 50m.
Chabaud
Feuilles: Pennées, les feuilles sont longues de 5 à 6m. Il n’est pas rare de compter près de 200 pinnules de chaque côté du rachis. Le pétiole, large à la base est armé de fortes épines jaunes. Inflorescence: Dioïques, les palmiers mâles portent des hampes florales robustes et tassées, alors que les femelles laissent apparaître des hampes en grands panicules. Les fleurs sont de couleur blanc- crème et surtout très nombreuses. Fruit: il peut être de différentes couleurs: jaune, rouge, il devient marron à complète maturité.
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Butia capitata (Mart.) Becc.
Son nom latin fut choisi en raison de sa couronne de feuilles arquées relativement dense («capit» signifiant tête). Il est appellé aussi le Cocotier du Brésil. On ne sait que très peu de chose concernant son introduction. On suppose seulement que les premières plantations françaises datent de 1855 ( signalé en 1889 à la ville de Hyères). Son aire de répartition naturelle se définit au sud du Brésil et en Uruguay. Son habitat est généralement les plaines ouvertes et les étenduessableuses de basse altitude. description
Stipe: trapu et solitaire, son diamètre dépend du substrat sur lequel il pousse et du climat. Il se situe entre 25 et 50cm. Il s’élève jusqu’à 6m maximum. De couleur gris foncé, il conserve assez longtemps la base des anciennes feuilles autour de lui. Feuilles: pennées et arquées, rigides et longues d’environ 2m, ses palmes sont de couleur bleu franc si le sol et acide; tire sur un bleu jaunâtre sur terrain calcaire. Le rachis est épineux. Les pinnules sont indupliquées. Inflorescence: la hampe florale porte des petites fleurs crème en épis. Fruit: jaune-orangé, rond et charnu
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Dessin tiré des Palmiers ornementaux de Daniel Jacquemin Ed.Champflour 2000
Phoenix reclinata Son nom vient du latin «reclinatus» qui signifie incliné, tourné vers le bas. En effet, ses palmes arquées obliquement penchent vers la terre. Le dattier du Sénégal apparaît dans le catalogue horticole de Desfontaine de 1868. Cependant, ce n’est qu’en 1868 que sont signalées les premières plantations en plein air, à Cannes.
description
A l’état sauvage, il pousse sur une large partie du continant africain: du Sénégal à l’Afrique du sud; du niveau de la mer à 3000m d’altitude. Il préfère les endroits humides et même inondables.
Feuilles: Pennées, arquées et gracieusement révolutées. Les pinnules vertes claires sont toutes sur un même plan.
Stipe: Il y en a plusieurs et c’est un cas cespiteux, c’est à dire qu’il forme à sa base une touffe compacte. Les stipes érigés atteignent 10 à 12m. La base des anciennes feuilles et des fibres brunes entourent les troncs. Il garde sa jupe si on ne coupe pas ces vieilles feuilles.
Jacq.
Inflorescence: Erigée, la hampe florale est chargée de petites fleurs blanches crèmes. Fruit: jaunes-orangés et charnue, il est le régal des oiseaux.
bioweb.uwlax.edu
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Chamaeodora radicalis Son nom vient du latin «radix» qui se traduit par racine, souche; et de «calli» qui signifie beau, large. Ces termes ont été choisi à cause de la base élargie de la plante d’où part une grosse racine principale. Récolté par W. Karwinski sur la face atlantique de la Sierra Madre au Mexique, il a été mis en culture dans les jardin de Kew à Londres avec un faux nom...jusqu’à la fin du siècle dernier. Solitaire et excepetionnellement cespiteux, il reste un très petit arbre qui ne dépassera pas 3m de haut. Au Mexique, il habitait les forêts humides de Chênes au nord de la Sierra Madre orientale.
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Mart.
Description Stipe: Généralement acaule, c’est à dire qu’on ne le voit pas, il peut être souterrain. Feuilles: Pennées, 6 à 8 feuilles maximum émergent en même temps du sol. Le rachis est habillé de part et d’autre de 8 à 10 pinnules lancéolées d’un beau vert foncé. Inflorescence: intrafoliaire, elle dépasse largement les feuilles et reste verte durant la floraison et la fructification. Fruit: vert et virant à l’orange à maturation, il finit rouge brillant à terme.
P a l m i e rs
à f e u i ll es p a lm é es
Whashingtonia filifera
(Linden ex André) H. Wendl.
En latin, «filifera» se traduit par «qui porte des fils». En effet c’est l’une des caractéristique remarquable sur les feuilles du Palmier jupon. Linden , en 1871, ne se prive pas d’exhiber son tout nouveau spécimen de palmier de Californie aux diverses expositions. Il prit son nom définitif en 1879, lorsque Hermann Wendland, botaniste palmiériste publit sa description et le classe dans le genre Washingtonia.
Description Stipe: Il peut s’étirer jusqu’à 18m de hauteur et mesurer 1m de diamètre! ( seul le Jubaea peut être plus gros). Gris, il est marqué par des gerçures verticales très prononcées et par des cicatrices circulaires. Feuilles: Palmées, grandes et vertes, elles forment une couronne. Le pétiole est épineux mais se lisse avec l’âge de l’arbre. La palme peut atteindre 3,50m de longueur. Les feuilles mortes restent attachées au tronc et forment une longue jupe. Inflorescence: la hampe florale dénudée s’élève puis s’arque. Elle est plus grande que les feuilles.Ses rameaux, nombreux, portent de petits bouquets denses de fleurs blanches -rosées. Fruit: noir et brillant à maturité.
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Washingtonia robusta
H. Wendl.
En latin, «robusta» signifie, robuste, ce qui qualifie le port de cet espèce. Le belge, L. Van Houtte introduisit ce spécimen par hasard en 1881. Ce célèbre horticulteur avait reçu des graines de l’arbre sous le nom de Washingtonia filifera. Il les sema et en vendit des plants sans se rendre compte de la différente texture et forme du stipe (distinction la plus visible). C’est Hermann Wendland qui reconnut cette nouvelle espèce du même genre.
Dessins tirés des Palmiers ornementaux de Daniel Jacquemin Ed.Champflour 2000
Son tronc est plus fin et élancé que son cousin W. filifera. Il est par ailleurs couronné d’une gerbe de palmes un peu plus petite.
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Il est originaire des états de Basse Californie et de Sonora au Mexique. On le repère dans les canyons et près des petits torrents bien ensoleillés.
Description Stipe: brunâtre et teinté de gris, il présente de très fines marques annulaires rapprochées. Il peut dépasser 22m de haut et est souvent élargi à la base. Feuilles: Palmées. Vertes brillantes, les feuilles juvéniles portent de longs fils qui disparraissent avec l’âge. La palme entire est longue de près de 2,80m. Les bases de segments au départ du pétiole sont recouvertes d’une peluche molle et cotoneuse. Le pétiole rouge-brun est épineux Inflorescence: Plus longue que les palmes, elle se compose de 5 à 6 rameaux pendants. Fruit: ovoïde et noirs brillants.
Livistonia australis
(R. Br) Mart.
Appellé aussi Konda ou faux-latanier, son nom latin fut choisi en raison de son habitat au sud de l’Australie. Arrivé en Angleterre en 1824, le curateur Aiton du jardin botanique de Kew le distribue aux jardins d’Europe et auprès d’acclimateurs. Sur la Côte d’Azur, c’est M. Denis de Hyères qui plante le premier, mais il gela en 1870. C’est un palmier très élégant et en même temps robuste. La tête de cette espèce se présente comme une sphère presque parfaite. Sa couronne de feuilles peut atteindre 6m d’envergure. Il occupe dans son pays d’origine une très large partie de la côte Sud-Est.
Description Stipe: unique et imposant, dans son habitat naturel, il peut s’élever jusqu’à environ 25 à 30m avec un diamètre de 50cm. En Europe, il n’atteindra que 18m maximum. Celui du Jardin de Thuret monte à 10m. Gris foncé, il présente des fissures verticales et d’autres horizontales dues à la chute des palmes. Feuilles: Palmées, elles sont vertes foncé au-dessus et en dessous. Le pétiole rougeâtre des jeunes feuilles est très solide et armé d’épines noires acérées. Cependant, il deviennent inernes sur les feuilles adultes. Inflorescence: Elle est assez grande, ramifiée et intrafoliaire. Les fleurs, de couleur crèmejaunâtre, sont installées sur des rameaux floraux flexibles et pendants. fruits: Ils sont brun-rouges, deviennent pourpre à maturité. Globuleux, ils renferment une simple graine ronde. 73
Brahea edulis
L. En latin, «edulis» signifie comestible. En effet, le fruit du Palmier de Guadeloupe peut être consommé. C’est le Dr. Palmer qui le découvre sur l’Ile en 1875. Il arriva vite en Europe. Il est malheuresement considéré en voie d’extinction à l’état spontané, car les chêvres, introduites en Guadeloupe en 1830, dévastèrent la végétation naturelle. Il sait s’adapter au différentes sortes de terrains. Son site naturel se caractérise par un sol rocailleux peuplé d’une végétation désertique. Il peut pousser sur des lieux situés à 1000m d’altitude.
Dessin tiré des Palmiers ornementaux de Daniel Jacquemin Ed.Champflour 2000
Description
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Stipe: unique, il peut s’élever jusqu’à 12m de haut. Cette espèce possède le tronc plus large que les autres membres de son genre. Certains sujet atteingnent 50cm de diamètre. Il est marqué par les cicatrices de la base des anciennes feuilles. Il conserve une jupe. Feuilles: Très grandes costapalmées, ses belles palmes sont vertes sur le dessus et glauque en dessous.Elles sont rigides et coriaces. Leurs pinnules se divisent en leur moitié. Le pétiole triangulaire est recouvert d’une pruine laiteuse jaune. Il est épineux lorsque la palme est adulte. Inflorescence: Intrafoliaire, courte et ramifiée. Elle est engainée par des bractées recouvertes d’un tomentum abondant.Les nombreuses petites fleurs sont jaunes pâle. Fruit: rond, il est vert tacheté de points blancs et devient noirs à maturité ( environ 2ans après la floraison)
Brahea armata
S. Watson
En latin, «armata» signifie armé. Nom inspiré par la denture importante du pétiole. Il est introduit en Belgique en 1869 par Benito Roezl et distribué aux hoticulteurs en 1876. Les premiers furent plantés sur la Riviera française en 1883. On le trouve dans les prairies septentrionale de la péninsule californienne. Il pousse dans les oueds sableux et rocheux, pauvre en eau. description
Stipe: Unique et imposant, il peut atteindre 15m de hautavec un diamètre de 45 à 50cm. Gris foncé, le stipe semble marqué par la cicatrice des vieilles feuilles. Feuilles: costapalmées, comme tous les membre du genre Brahea. En éventail et entièrement glauques. L’ensemble de la palme sont recouvert d’une matière cireuse blanchâtre qui lui donne cette couleur. Les segments sont profondément bifides. Les pétioles sont épineux, courbe et large à la base. Inflorescence: Elle peut s’allongée jusqu’à 6m. Très ramifiée, elle retombe en un long panache couverts de petites fleurs blanc crémeux. Fruit: rond et charnu, il est jaunebrun à maturité.
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Trithrinax campestris Il vit en Amèrique du Sud, plus précisément dans les régions peu élevées d’Argentine et d’Uruguay. Là bas, e Trithrinax campestris s’implante essentiellement dans les plaines herbeuses qui bordent les oueds ( d’où son nom «campestris» du latin champs, plaine). Il y pousse en groupe relativement dense. En France, les premiers spécimens auraient été plantés par le Dr. Robertson Proschowski dans son Jardin des Tropiques en 1885.
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Drude & Griseb.
description
Stipe: Il est multi-stipe. Rarement plus de 3 ou 4, ils peuvent atteindre 5 à 6m de haut avec un diamètre de 25 à 30cm. Ils sont recouverts des bases des feuilles mortes ainsi que des fibres. Une de ses caractéristique est sa jupe de vieilles feuilles. Les extrémités de ces fibres forment des épines trifides très grandes et recourbées sur le stipe. (d’où son nom latin).
Feuilles: Divisées en 25 segments, le limbe est coriace et très rigide. Une poudre blanchâtre recouvre les deux faces de la jeune feuille. A maturité, elles sont vertes ou bleutées. Elles mesurent 80 à 90 cm de long avec le pétiole. Inflorescence: La bractée s’ouvre en un grand cornet qui présente 4 grosses ramifications. Celles-ci sont couvertes d’une multitude de fleurs couleur jaune soufre. Fruit: De plus de 2cm de diamètre et de couleur jaunâtre ont un noyeau ligneux.
Nannorrhops ritchiana
(Griff.) Aitch.
Description Il tient son nom de l’explorateur anglais David Richie qui était le premier collecteur. Les botanistes explorateurs partis pour les Indes en auraient envoyé des graines au Jardin botanique de Kew. Le premier specimen planté en France est issu de ces quelques graines. ; c’est celui du Jardin, planté en 1871. Il a fleuri en 1985.
Stipe: il est couvert de fibre et conservant la base des vieilles feuilles, il peut , lorsquil est érigé atteindre 5m de hauteur.
Il est la seule espèce du genre Nannorrops. Il a été repéré dans les régions désertiques de l’Ouest de Thar dans le Sind, au nord de la Penjab, sur les monts semiarides d’afghanistan ( 1600m) mais aussi en Iran et en Arabie. Il ne craint pas les endroits caillouteux si les nappes phréatiques sont peu profondes.
Inflorescence: Erigée et ramifiée, longue de 2m environ, elle émerge du coeur. La hampe florale est chargée de petites fleurs blanches aux étamines pouirpres.
Feuilles: Costapalmées, longues et larges de 80cm à 1,30m, elles sont très rigides. Le pétiole inerne est assez court et épais. De couleur plutôt glauque, ou gris vert. les pinnules sont indupliquée
fruits: ovoïdes lisses charnus et comestibles. marrons à noirs
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Chamaerops humilis
L.
Il porte son nom en raison de son développement naturel très bas ( «humilis» signifie en latin humble, peu élevé). Communément on l’appelle tout simplement le Palmier nain. Il est originaire d’Afrique du Nord. Introduit en Europe à la fin du 16ème siècle, on le retrouve spontanément présent sur une grande partie du bassin méditerranéen ( recensé dans les forêts du Mont Vinaigrier). Parmi tous les palmiers, il est sûrement celui qui présente le plus de variations morphologiques. description
Stipe: solitaire ou multiple, ils sont recouverts d’un tissu fibreux brun et des bases persistantes des anciennes feuilles. Ils peuvent atteindre 6 à 8m. Feuilles: palmées, rigides et érigées, elles se caractérisent par un limbe en éventail presque circulaire. Elles sont vertes sur le dessus et souvent recouvrestes d’une pruine blanche sur le dessous. Le pétiole est épineux. Inflorescence: courte et très tôt tassée au printemps, la hampe florale émerge de plusieurs petites bractées pédonculaires avec une masse de fleurs jaunes. Fruit: En billes noires, les fruits sont portés en grappe serrées comme le raisin. Sa pulpe est fibreuse et légèrement sucrée.
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Dessin tiré des Palmiers ornementaux de Daniel Jacquemin Ed.Champflour 2000
Sabal palmetto
(Walt.) Loddiges
Son nom latin est simplement inspiré du fait que ses feuilles soient palmées. De nombreux specimens semblent avoir été plantés dans les jardins botaniques dès 1850. Il est endémiques Bahamas, de l’Est de Cuba et du Sud-Est des Etats unis. On le trouve sur les dunes des régions côtières et auprès des rivières. description
Stipe: très droit, il a un diamètre de 35cm et réussit à atteindre une hauteur de 15 à 20m dans son aire naturelle. En France, il ne dépasse pas 10M. L’une de ses principales caractéristiques est la régularité et la symétrie des bases des pétioles qui se fendent en deux et qui le recouvrent. Feuilles: Fortement costapalmées (le rachis se prolonge presque jusqu’à la fin de la feuille), ses palmes sont d’un vert légèrement bleuté. Inflorescence: La hampe florale est ramifiée en trois et s’allonge presque autant que les palmes.
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Fruit: tout rond, il est noir luisant.
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Trachycarpus fortuneii
(Hook. f.) H. Wendl.
Dessin tiré des Palmiers ornementaux de Daniel Jacquemin Ed.Champflour 2000
Son nom est en l’honneur de Robert Fortune, botaniste qui contribua largement à la popularité de ce palmier en Europe. C’est cependant M. de Siebold qui l’y introduit en 1830. Nommé plus communément le Palmier de Chine, il est le premier palmier que l’on plante en pleine terre au Jardin des Plantes et au Jardin d’Acclimatation du Bois de Boulogne à Paris. Ceci témoigne de sa grande résistance au froid. Si celui du Jardin des Plantes succombe au gel de l’Hiver 1860, ceux du Jardin d’Acclimatation redémarrent après avoir subit plusieurs jours à -16°C. M. Decaisne l’importe en méditerranée où il se porte très bien. Il se développe très rapidement.
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description
Stipe: garni d’une épaisse couche de fibres grises-marrons, il peut s’élever jusqu’à 15m de haut. Feuilles: costapalmées et persistantes (elles ne tombent jamais si on ne les coupe pas), elles sont vertes glauques à la face supérieure et parsemées d’écailles blanchâtres à la face inférieure lorsqu’elles sont jeunes. Le pétiole est finement denticulé. Ses segments ont leurs extrémités bides (se terminent séparés en deux). Inflorescence: Intrafoliaire, les fleurs femelles se différencient des fleurs mâles par leur couleurs. Les femmelles sont jaunes verdâtres tandis que les mâles sont jaune d’or. Fruit: bleu foncé
du palmier dans l’histoire de l’art et des civilisations
Si nous avons maintenant une petite idée de ce à quoi référence l’image du palmier dans la société contemporaine, j’ai trouvé très interressant de regarder qu’elle était sa signification symbolique et son historique dans les civilisations passées. Et d’autre part, comment il a participé à l’inspiration des artistes. Dès l’Ancien Empire égyptien, le palmier dattier est considéré comme le symbole de la fertilité. Dans la Grèce ancienne, il est un des attributs d’Appollon; Homère raconte que sa mère Léto accoucha de lui en se tenant à un palmier. Récompenses des athlètes aux Jeaux Olympiques, les palmes sont, à Rome, le signe de la victoire, au même titre que pour les généraux vainqueurs ou pour les gladiateurs triomphant dans l’arène. On retrouve cette connotation victorieuse dans les figures allégoriques de la Renaissance. Dans le christianisme, les Evangiles racontent comment Jésus est rentré à Jerusalem: monté sur un ânon, il s’avançait dans la foule qui agitait des palmes. Pour célèbrer ce jour, l’Eglise instituat le dimanche des Rameaux, journée encore bien connue. La figure du palmier dans l’art arrive aussi dès l’Egypte ancienne,. Aux murs des tombeaux, palmiers-dattiers et Palmiers Doum, lourds de fruits, sont déssinés ombrageant un jardin. De nombreuses peintures et mosaïques romaines évoquent des Villas du Sud de l’Italie ou de Sicile avec leurs cours ornées de palmiers. Certains artistes de la fin du
Moyen âge et de la Renaissance placent des palmiers dans leurs oeuvres parce qu’ils s’inspirent de l’Italie à ce moment là. La découverte de l’Amérique suscite des expéditions scientifiques qui étudient le Nouveau Monde. Frans Post et Albert Eckout accompagnent le prince Nassau au Brésil et en rapportent des croquis de paysages, de plantes et d’animaux exotiques. Offertes à Louis XIV, ces oeuvres serviront de modèles pour Desportes et ses séries de tapisseries des Indes. Au 19ème siècle, les peintres sillonent le Maghreb et le Moyen Orient pour y brosser des scènes de rue et des paysages. Ils s’attachent à rendre la luminosité des ciels sur lesquels se détachent les panaches élégants des palmiers. Paul Gauguin fait parti de ceux qui prennent plaisir à représenter l’exotisme de l’arbre, tout comme Henri Rousseau (voir p.57). Ils influenceront les décorateurs des années 30. Un peu plus tard, Matisse, Picasso et Dufy s’installent sur la Côte d’Azur et font apparaître la silhouette du palmier urbain sur leurs toiles.
Paysage Thaitien P. Gauguin
Images tirées de la Revue des Hommes et des Plantes N°29 Printemps 1999 Ed. CCVS p.40, 41,42
Représentations
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L’arboretum des Cèdres et sa collection prestige
Victoria cruziana Fabacées
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La
petite histoire
Il y a un siècle et demi, le paysage du Cap Ferrat se décrivait comme un vaste maquis, habillée de Pins et de plantations d’Oliviers. Son nom lui allait bien... «ferus» signifiant en latin sauvage. En 1830, au point le plus haut, on y construit une belle demeure de style classique et typique de l’époque sarde. Ce fut la propriété d’une grande famille, les Pollonais. C’est à ce moment là que les lieux commencent à s’accomoder de quelques formes et couleurs exotiques. Désiré Pollonais plante dans son domaine des arbres qui font rêver à l’époque: des Araucarias, le désespoir des singes australiens et des Cupressus lusitanica, arbre tellement associées aux aventures des naviguateurs portuguais que l’on en oublie presque son origine mexicaine. Puis la descendance des Pollonais cède le domaine à Léopold II, petit fils du Roi Belge Louis Phillipe Ier en 1904. C’est lui qui nomme sa propriété Les Cèdres en raison des grands sujets présents sur ces terres. Son premier objectif fut de transformer la demeure et de réaliser de grands aménagements architecturaux. Il fit appel à Harold Peto et Jules Vacherot, architectes, qui dessinèrent les terrasses à l’Italienne, les échelles d’eau, les pièces d’eau et escaliers monumentaux. On sent tout à fait l’influence d’un esprit royale sur la propriété. Lorsque Léopold décéda, la villa des Cèdres se
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Leopold II sur le pas de sa porte. Jardin botanique d’exception, les Cèdres de Jean Pierre Demoly Ed. 1999
transforma en immense pâture d’hiver pour les bergers du village. Pendant la première guerre mondiale, le domaine était utilisée comme hôpital pour les soldats belges victimes de gaz asphyxiants. Après ça, les grandes entités habitables qu’avait fait construire Léopold II furent vendues par lots séparés. En 1924, Les Cèdres trouvent un nouveau propriétaire: Alexandre Marnier-Lapostolle, le créateur du Grand Marnier. Grand amateur de plantes rares, il en avait déjà décoré sa Villa Africaine à Nice. Les Cèdres lui permirent s’agrandir sa collection prestige tout en pensant à ses projets d’alcool...il agrandit ses plantations d’agrumes et notamment d’Orangers. Le domaine prend alors des allures de véritable parc. C’est avec son fils Julien, qu’il planta les grands palmiers que l’on peut admier aujourd’hui. Palmiers, Cactées mais aussi Broméliacées agrémentent son jardin... Alexandre et Julien s’inspire des Jardins exotiques qui fleurissent sur la Côte d’Azur. Pendant la seconde guerre mondiale, la Villa fut occupée par les allemands qui posèrent 600 mines antipersonnel dans le parc dont l’entretien devint impossible. Mû par sa passion, Julien parvint à faire reconnaître l’intérêt scientifique de ses collections et les Allemends acceptèrent de faire déminer un passage réservé à un unique jardinier... Les plantations reprirent dès 1946,
La collection devient très sérieuse: on compte 13 000 essences en 1960 à la Villa. Les premières serres se dressent en 1953, il y en a déjà 9 sept ans plus tard. Julien MarnierLapostolle est un des seuls de son époque à s’interresser aux succulentes. C’était pour lui un défi de les faire vivre ici et de réussir à les multiplier. Il a toujours entretenu des relations suivies avec de nombreux scientifiques qui l’ont aidé. Des chercheurs comme Roger Heim, André Guillaumin, Jacques Millot ou Jean Henri Humbert, et des explorateurs comme Raymond Montagnac (Sud de Madagascar), Peter Bally ( Est Africain, Maroc et Mexique) et Werner Rauh (Pérou, Equateur) qui lui envoyaient une partie de leurs récoltes....En contre parti, Julien leur ouvrait la porte de ses serres précieuses.
Lié à sa passion pour les plantes, il s’intéressait aussi beaucoup aux papillons, aux oiseaux et aux poissons du monde entier. Aux Cèdres, il poussa ses envies d’exotisme jusqu’à ramener la faune qui se marier avec sa flore. Ainsi, jusqu’à la fin de sa vie, il observait des singes, des guépards et des oiseaux exotiques. Julien composait en fait un tableau exotique vivant sur ses terres pour assouvir sa passion. Il devait quand même être un peu fou pour vouloir décorer son jardin de morceaux de la planète. En fait il était surtout très riche, et le désir de s’imaginer faire le tour du monde en fesant le tour de son Jardin le pousser à acquérir toujours plus de specimens rares, toujours plus. Julien devait être insassiable...et plus qu’un trésor botanique c’est surtout ce que moi je voyait en me promenant dans son domaine. Paysages de rèves devant sa maison pour lui ou pour l’exhibition?
Julien Marnier Lapostolle et Marcel Kroenlein, directeur du Jardin exotique de Monaco Jardin botanique d’exception, les Cèdres de Jean Pierre Demoly Ed. 1999
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Plan du Jardin Cèdres amélioré à partir de celui de l’ouvrage Jardin botanique d’exception, les Cèdres de Jean Pierre Demoly Ed. 1999
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Jardin du Bas
Terrasses Italiennes
Jardin sauvage
Le Lac
Jardin Mexicain
Jardin des Agrumes
Carrés du Sud E F G H K R S U V W Y Z
Grande Allée Court d’Honneur Jardin de la Pergolas Jardin du Puit Serres à Succulentes Abri à Philodendron Poterie Serres à Aracées Grand abri Grande serre Tropicale Palmarium Allée des Nolina
a. Entrée b. Cascades c. Allée circulaire d. Porte romaine e. Allée des Communs g. Allée de Villefranche h. Allée des Bambous i. Terrasse du Sud
Jardin de Bacchus
Jardin Tropical
Les Bambous
Le Centre
Carré de la Volière
Palmeraie
14 hectares dont 1 hectare de Serre et 4 hectares sauvages; 40 000 espèces, 1/3 en plein air et 2/3 à l’abri; 14 jardiniers
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Les
précieuses étrangères du
Décrire chacun des espaces composant le Jardin serait le récit d’un lourd ouvrage (qui a déjà était écrit d’ailleurs). D’autant plus que la plupart des zones sont comme un bout de territoire découpé de l’autre côté du monde et recollé ici. J’entend par là qu’ ils sont la reconstitution très très proche d’un biome, d’un biotope mais aussi d’une ambiance associés à des paysages lointains. Il faudrait donc presque faire la comparaison entre ceux-ci, naturels ailleurs et artificiels ici. Le jardin des Cèdres est donc une mosaïque très architecturée de petit bout de monde. Je m’y suit attachée en regardant les essences qui m’inspirait le plus l’idée d’exotisme... les plantes qui m’étaient en fait complètement inconnues. Des formes, des couleurs et des textures insolites mises en scène comme dans un spectacle vivant et qui donnent une représentation à laquelle nous sommes invités. On peut sentir et toucher les acteurs, on lève la tête pour mesurer leur hauteur ou on l’a baisse pour les éviter. C’est un peu ici le parc d’attraction du botaniste... ou la vitrine d’un riche seigneur des plantes.
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Jardin
des
Cèdres
J’ai choisit de raconter le décor des Cèdres à travers ses couleurs, les lumières, les textures, les dimensions et l’originalité des plantes collectors. Julien est décédé depuis un bout de temps et plus personne ne s’interresse vraiment à la science des plantes rares chez les Marniers. Ils sont toujours les propriétaires de cette collection et l’entretiennent pour les chercheurs, mais s’ils viennent à vendre leur domaine...qui prendra l’engagement de soignées les précieuses étrangères de Julien?
1. 2.Chamaedorea microspadix Palmacées 3.Ensete ventricosum Musacées 4. Gomphocarpus physocarpus Apocynacées 5. 6. Victoria cruziana Fabacées 7. Alocasia macrorrhiza (L.) Aracées
La
2
lumière et les couleurs
3
1
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5
6
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Catalogue
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de textures
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1. Cactacées 2. Doryanthes palmeri Agavacées 3. Tillandsias resneoides Broméliacées 4. Ceratonia siliqua (caroubier) Fabacées 5. Araucaria bidwillii Araucariacées 6.Anthurium sp. Aracées 7. Cleistocactus strausii Cactées 8. Gomphocarpus physocarpus Apocynacées 9. Orlliale Férox Fabacées 10. Phyllostachys viridis Poacées 11. Aloe aristata aloeacées 12. Aeonium arboreum Crassulaceae 13. Callistemon citrinus Myrtacées 14.Crassulacées 15.Ceiba speciosa bombaceae 16.Crassula ovata crassulacées 17. Aeonium arboreum var. atropurpureum Crassulacées 91
ac ée s
Fab Mu cun ap rur ien s
92 Dendrocalamus asper
Poacées
Ficus benghalensis Moracées
Moustique tigre portdehyeres.com
Les
gĂŠants de la forĂŞts tropicale 93
. Tillandsias resneoides Broméliacées Fille de l’air
Platycerium superbum Polypodiaceae
94
plantes en l’air
Les
Cr as
Cr su la as s h u e l ac rre ée i s Fe idr .
. ssp lla hy lop pa ho ar an str ne s Fe acée Aiz
Co Cr tyled as on su la lad cé ys es mi thi en sis
serres: laboratoire des insolites
Les
95
96
Les serres de la Madonne et l’influence anglosaxone
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Histoire
du
Jardin
Il est créé en 1924 par le Major Lawrence Johnston. Un homme cultivé avant d’être militaire. Après avoir vécu à Paris, il fait des études d’histoire de l’art en Angleterre. Ferru de botanique et sensible au mouvement Art & Craft des jardins anglais, il créé son premier jardin, en 1907, en Angleterre: Hidcote Manor dans les Costwolds. Un lieu qui devint la mecque des amateurs de jardins et de plantes. Il connut Gertrude Jekill et Laura Lindsay, grandes figures du paysagisme de cette époque. Johnston avait son style. Il était pourtant particulièrement réservé sur sa passion du jardin, on ne retrouva pratiquement aucune archives sur ses inventions paysagères. Hidcote Manor fut racheté par le National Trust en 1949, célèbre organisme de protection du patrimoine paysager anglosaxon soucieux de garder l’esprit de son créateur et de le faire connaître. Au fil d’expériences botaniques et de nombreux voyages Johnston avait progressivement acquis une connaissance approfondie du monde végétal. Devenu un grand chasseur de plantes, il voulut acclimater les végétaux rapportés de ses expéditions en Afrique du Sud et en Chine à Hidcote. Il se rendit vite compte que le climat rude de l’Angleterre ne lui permettait pas. C’est dans l’optique de voir grandir ses exotiques qu’ il acquérit à Menton d’anciennes cultures en terrasses dénommées La Serre de la Madone.
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Un terrain de 6 hectares qu’il transforma tout en prenant le parti de conserver la structure en terrasse. Il n’est pas adepte de l’exhibition de richesse, comme cela se fait sur la Côte d’Azur. Secret comme son créateur, le jardin reste caché en retrait de la mer et à l’écart du tapage de la Côte. Après avoir légué son jardin d’Hidcote qu’il géré en même temps, c’est ici qu’il décida de finir ses jours. Il décède en 1958 en emportant avec lui tous les secrets de sa conception. Il légua La Serre de la Madonne à Nancy Linsay, peut être sa fille cachée, qui brula les archives et revendit le jardin et ses sculptures sans trop tarder... Le jardin passe de propriétaire en propriétaire plus ou moins interressés à la botanique. En 1986, le domaine est entre les mains d’une société monégasque qui prévoit la mise en place d’un gigantesque projet immobilier. Le maire de Menton et le Ministre de la Culture de l’époque (Jacques Lang) s’alarment du devenir de ce site patrimoniale et le font classer monument historique en 1990. Il est finalement racheté par le Conservatoire du Littoral en 99. Au fil de ces années passées, le domaine s’est manifestement dégradé. La réhabilitation fut laborieuse mais rapide. Il fallait ouvrir le Jardin au public le plus vite possible pour amortir les 3-4 millions d’euros investit dans la restauration. Aujourd’hui, les Serres de la Madonne est un jardin de grâce et de simplicité où se mêlent tout en finesse quelques mignonnes adventices à de rares exotiques.
Lentilles d’eau d’un
99
bassin
Fenêtre de la serre
Reflet
Subtilités
dans le miroir d’eau près de la propriété
paysagères
Le
bassin de
Venus Venus
lotus Nelumbo nucifera Fabaceae
Papyrus du nil Cyperus papyrus Cyperaceae
Papyrus du nil Cyperus papyrus Cyperaceae
100
terrasses
cultivées
Pour la plupart, les restanques ont été réaménagées seulement l’année dernière. Ces petits murs de soutennement en pierres sèches ont été reconstitués avec des pierres retrouvées sur le terrain. Un travail presque archéologique...les ouvriers auraient même retrouvé d’anciennes étiquettes en plomb avec le nom de plantes marqué par Lawrence lui-même. Ces petites découvertes aident à la restauration du jardin dans l’esprit de son créateur.
La première intention de Johnston fut d’intégrer son jardin au paysage existant en conservant son caractère. Il respecta la modestie des petites cultures agricoles installées sur quelques terrasses
Exotiques
Plus près de la propriété, les restanques sont aménagées d’essences exotiques, précieuses récoltes du Johnston de ses voyages ou issues de graines que ses amis explorateurs ou horticulteurs ont pu lui envoyer. Chacune des terrasse met en scène une ambiance végétale différente.
Anigozanthos flavidus Haemodoraceae Australie
Cussonia paniculata Araliaceae Afr. du Sud
Les
leonotis leonorus Lamiaceae Afr. du Sud
Hakea victoria Proteaceae Australie
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DĂŠambulation
Aeonium arboreum Crassulaceae Canaries et Afr. du Nord
Amaryllis belladonna Liliaceae Afr. du Sud
Eucalyptus globulus Myrtaceae Australie
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Le Jardin Hanbury de la Mortola
Bananier
Musa sapientum Musaceae
vue sur le coteau 105
Un
brin d’histoire
Ce jardin est créé en 1867 par Sir Thomas Hanbury, lui aussi anglais. Lui et son frère Daniel sont l’un comme l’autre passionés de botanique. A l’époque, le domaine Hanbury de la Mortola est un jardin de renom notamment grâce aux travaux de scientifiques comme Gustav Cronemayer, kurt Dinter et Alwin Berger qui viennent y étudier les agaves (voir page 28). Sir Thomas , comme Lawrence Johnston, voyage beaucoup et rapporte nombre de specimens dont il s’éprend. Lui et son frère, participent par ailleurs à un réseau d’échange de graines rares. A sa mort, Thomas lègue le domaine à son fils, Cecil. C’est son épouse, Lady Dorothy qui continuera à entretenir et à aménager ce petit paradis. Durant la seconde guerre mondiale, le jardin est mis à sac, bombardé et piétiné. Cecil et sa femme tentent de reprendre les rennes mais sans succès car ils manquent cruellement de moyens. En 1960, Lady Dorothy vend le jardin à l’Etat italien. Actuellement géré par l’Université de Gênes, il retrouve peu à peu sa grandeur. Enfin, l’équipe de jardinier se composent de personnes en réinsertion sociale pas forcément interressées à la valeur du lieu. Quelques zones se dégradent sans que personne ne s’en préoccupe. Parfois c’est dommage, parfois ces petites enclaves ont un certaincharme. D’un coté, les plantes y montrent ce qu’elles ont de plus beau: leur autonomie.
106
N
Nous sommes sur un cap entre Vintmy et Menton, à la frontière italienne. Le jardin fait face à la mer et s’étage tout en hauteur avec là encore un système de terrasses. Il est donc particulièrement bien exposé et bénéficie en même temps de l’humidité d’un petit torrent qui le traverse avant de rejoindre la Méditerranée. Le domaine s’étend sur 18 hectares dont la moitié sont réservés aux végétaux exotiques. En parcourant les allées sinueuses du domaine, on se sent un petit peu explorateur. Le jardin est en fait immense et ressèle de nombreux passages discrets, escaliers et chemins presque dangereux colonisés par des essences originaires de l’autre bour de la planète. C’est un jardin initiatique, de découverte du monde.
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AFRICA
AloĂŤ elgonica Aloeaceae Afr. Tropicale
Haemanthus coccineus Haemanthaceae Afr. du Sud
Cyphostemma juttae Vittaceae Namibie
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Sedum brevifolium Crassulaceae Afr. du Nord, Maroc
AUSTRALIA
e
Maleuleca preissiana Myrtaceae Australie
Ficus rubiginosa Moraceae Australie
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MEXIQUE
Justicia brandegeana Acanthaceae Mexique
Cupressus lusitanica Cupressaceae 110 Mexique
Sedum x rubrotintum Crassulaceae Mexique
ASIA
Phyllostachys nigra Poaceae Chine orientale
Citrus maximus Rutaceae Asie du S-Est
Cycas revoluta Cycadaceae Asie du S-Est et Japon
L’allée
des
Cycas
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Devant
la propriĂŠtĂŠ
Conclusion
La Méditerranée est associée à l’exotisme; déjà dans l’imaginaire de tout à chacun, et puis, comme nous avons pu le voir, réellement. En important des végétaux originaires de pays lointains, l’Homme s’est façonné un paysage «artificiel» qu’il confronte à son environnement naturel. Au cours de ce voyage, j’ai pu me faire une idée de la «mondialisation des paysages» et du rôle qu’y jouent les Hommes. Elle date d’il y a bien longtemps. Les conquêtes et les enjeux économiques, tous les deux étant liés, ont participé a ce que ce paysage paradoxal, contrasté entre exotisme et naturel, devienne le vrai patrimoine de la Côte d’Azur.
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Bibliographie Ouvrages • Les Palmiers ornementaux Daniel Jacquemin Edition Champflour 2000 • Jardin botanique d’exception Les Cèdres Jean Pierre Demoly Edition Franklin Picard 1999 ISBN: 2-913863-00-0 • Revue Des Hommes et des Plantes N° 29 Printemps 1999 Edité par le Conservatoire français des Collections Végétales Spécialisée (CCVS) • Nice en mouvement Caroline Mollie Edité par la mairie de Nice en 2001 • Brochure concernant Bilan des travaux de reconstitution de la forêt domaniale de l’Esterel. Edité par l’ONF en 2004 • Brochure concernant le Milieu méditerranéen: Côte d’Azur Esterel Constituée par Sabine Bouché-Pillon • Flore forestière française Tome 3 Région méditerranéenne J.-C. Rameau, D. Mansion, G. Dumé et C. Gauberville Edition Delachaux
Sites
web
• www.sophia-inra. fr Jardin de Thuret • www.geoconfluences.ens-ish.fr Brève n°5 2004 La France méditerranéenne • www.serredela madonne.com • wwf.panda.org • www.billbook.free.fr Jardin Hanbury • www.fleurs-en-blog.info • www.giardinihanbury.com
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