Hyper-ruralité : Herboristerie de proximité (mémoire et PFE - DPEA design et innovation )

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L’HYPER-RURALITÉ

HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ MAROUEN HAMMAMI

MÉMOIRE ET PROJET DE FIN D’ÉTUDES 2020-2021 DPEA - DESIGN ET INNOVATION POUR L’ARCHITECTURE



L’HYPER-RURALITÉ

HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ MAROUEN HAMMAMI

MÉMOIRE ET PROJET DE FIN D’ÉTUDES 2020-2021 DPEA - DESIGN ET INNOVATION POUR L’ARCHITECTURE DPEA

dipa

DESIGN ET INNOVATION POUR L’ARCHITECTURE


Illustration de l’auteur


L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 5

SOMMAIRE HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ Introduction

6

1. Appréhender l’hyper-rural

8

1.1. L’évolution de l’imaginaire rural 1.2. La société de l’hyper-ruralité 1.3. L’incarnation de l’éloignement dans les territoires hyper-ruraux 2. Comprendre l’accès aux soins dans l’hyper-rural 2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5.

La voiture comme un moyen indispensable pour aller se faire soigner La propharmacie comme une mesure de rapprochement L’auto-organisation comme une partie intégrante du mode de vie L’adaptation comme une solution, une partie de la réponse Conclusion

3. Expérimentation

9 15 17 22 22 28 33 45 49 50

3.1. S’approprier les plantes pour s’emparer du territoire 3.2. Tester pour explorer 3.3. Storyboard : description du parcours de l’expérience 4. Herboristerie de proximité

50 58 64 111

Conclusion

120

Annexe

121

Bibliographie et webographie

136

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6 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

INTRODUCTION QUESTIONNER LA NÉCESSAIRE PROXIMITÉ DES SERVICES DE SOINS La campagne, l’espace rural ou encore le rural isolé : ce sont autant de termes que l’on utilise aujourd’hui et qu’il reste parfois difficiles à différencier dans une société française fortement urbanisée. Pourtant, on distingue des territoires qui échappent à l’urbanisation et à l’influence des métropoles, ce sont les territoires de l’hyper-ruralité. Loin de l’hyper connectivité, ces territoires peuvent être qualifiés par l’éloignement. Quand on parle de l’éloignement, on évoque l’éloignement des villes, bassins d’emploi, centres universitaires, loisirs ou de décisions. L’accès aux services vitaux comme la santé est toujours une question d’actualité dans les territoires de l’hyper-ruralité. Plusieurs exemples illustrent bien le risque des déserts médicaux dans certaines communes éloignées. Différents indices montrent cette difficulté d’accéder aux soins. Notamment, la polarisation de l’offre de soins, ainsi que le manque de praticiens qui est amplifié par le départ à la retraite du personnel médical. Il s’agit d’un fardeau pesant sur les habitants des communes de l’hyper-ruralité. Il est encore aggravé par le vieillissement de ces populations.

De ce fait, comment peut-on concilier la nécessaire proximité des services de soins avec l’éloignement marqueur de l’hyper-ruralité ?

Avant tout, il est essentiel de définir le terme d’hyper-ruralité. L’arrivée des statistiques dans les années 1970 a transformé la qualification de certains espaces. Un rapport sénatorial paru en 20141 a dévoilé l’existence des espaces éloignés qui sont marqués par le manque d’équipement, de services et de ressources. L’exemple de la désertification médicale dans le département de l’Ardèche a mis en lumière les difficultés propres de ces territoires. Le passage par l’enquête de terrain est également indispensable afin de démêler les différentes questions sous-jacentes à l’accès aux soins. Cela peut s’interpréter comme un travail d’ethnographie par le récit, la photo ou même l’écoute. Les récits et les informations obtenues ont renforcé l’ancrage de la question, mais m’ont aussi aidé à identifier d’autres dimensions du sujet, parfois en concordance ou en opposition, mais en tous les cas révélatrices. L’enquête que j’ai menée dans le Trièves m’a éclairé sur ce qui était déjà en pratique sur ce territoire. Une immersion suite à laquelle j’ai pu tenter d’apporter des propositions dans l’espoir de réussir à composer avec la nécessité de se soigner et la difficulté de l’accès aux soins dans les territoires de l’hyper-ruralité. “Hyper-ruralité”, rapport établi par M. Alain Bertrand, Sénateur de Lozère, remis à Mme Sylvia PINEL, ministre du Logement et de l’Égalité des territoires, le 30 juillet 2014. 1

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Figure 1 : le pittoresque village de La Vinzelle © Office de Tourisme de la Châtaigneraie Cantalienne


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Figure 2 : La Creuse © La Classe hg Numérique

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PARTIE 1 APPRÉHENDER L’HYPER-RURAL 1.1. L’ÉVOLUTION DE L’IMAGINAIRE RURAL 1.1.1. LA MONDIALISATION COMME CATALYSEUR DE LA TRANSFORMATION DU TERRITOIRE RURAL En France, les campagnes ont subi de fortes transformations, et d’autant plus au cours de ces dernières décennies où la mondialisation a eu des effets considérables sur l’évolution des territoires. D’abord, l’automatisation et l’institutionnalisation des liens sociaux ont reconfiguré notre perception du monde dans lequel nous vivons. Les liens informels et les fortes cohésions sociales que l’on retrouvait auparavant s’estompent progressivement afin de laisser place au nouveau mode de fonctionnement planétaire qu’est la mondialisation. Les caractéristiques qui distinguent chacun d’entre nous tendent à se diluer dans un monde de plus en plus marqué par l’esprit de compétition et de performance. Nous observons l’ambition de tous les États du monde de se développer davantage sur plusieurs plans. Certains sont d’ailleurs obnubilés par la nécessité de croissance. Dans ce monde généraliste, la distinction des particularités semble de plus en plus difficile à relever.

nante, amenée à fonctionner selon sa propre logique, en même temps que s’affirme la notion même d’économie, au sens actuel du terme. S’impose également une nouvelle représentation de l’homme, mû par la recherche du gain et agissant pour satisfaire ses désirs.” 2 Les paysans des territoires ruraux furent témoins de ce bouleversement. La campagne française n’a en effet pas été épargnée par ce chamboulement. L’industrialisation de l’agriculture a défiguré sous une certaine forme l’imaginaire de la campagne. Nous pourrions qualifier cela comme une intronisation à la sphère de l’économie mondiale. De plus, nombreux sont les villages qui ont vu leurs paysages changer. Les grandes enseignes internationales se sont massivement implantées dans les territoires les moins peuplés. Par conséquent, certaines activités qui animaient l’économie locale et même la vie sociale ont progressivement disparu. Il s’agit d’un estompage d’un mode de vie relatif à ces territoires.

“L’économie émerge alors comme sphère autonome et domi2

Baschet J., Adieux au capitalisme, 2016, p. 29.

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Figure 3 : La campagne avant l’industrialisation © Marouen Hammami

Certains territoires ont ainsi été laissés à l’abandon par les pouvoirs publics, ou du moins vivent des difficultés dont l’État ne tient pas compte, car il tend plutôt à s’investir énormément dans le développement des aires urbaines, un projet bien plus rentable. Cette stratégie réduit certains territoires à un simple paramètre.

“Le département de l’Ardèche a la particularité d’être le seul

département français à ne compter aucune gare ferroviaire ou ligne voyageur desservie par la SNCF sur son territoire, la dernière ligne ayant fermé en 1973. En 2014, le Réseau ferré de France a estimé que la réouverture au trafic voyageurs de la ligne concernée coûterait 107,4 millions d’euros pour un revenu annuel de seulement 1,76 million d’euros, rendant le projet non rentable.” 3 3

“Wikipédia

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[en

ligne].

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ard%C3%A8che_


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Figure 4 : La campagne d’aujourd’hui © Marouen Hammami

Parallèlement, nous avons entendu parler très récemment de l’exode urbain durant la pandémie de la Covid-19. Celle-ci a provoqué chez les citadins des questionnements en quantité, et le désir de s’échapper du cadre urbain.

Dans le paragraphe suivant, nous allons tenter de défricher l’évolution du milieu rural et de comprendre le contexte de sa mutation.

En résumé, les territoires ruraux ne cessent de se remodeler. (d%C3%A9partement)#Transports

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1.1.2. LES TERRITOIRES RURAUX ENTRE PASSÉ ET PRÉSENT Les traits marqueurs de l’unicité de la campagne se fondent aujourd’hui dans des valeurs et des modalités issues de la standardisation et de la modernisation.

“Le rural d’aujourd’hui n’est plus le rural d’hier. La campagne n’est plus ce monde homogène dont l’identité toute entière tenait à son activité principale, l’agriculture.” 4 Autour des années 1950, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France avait comme objectif de rattraper son retard avec le plan Monnet et le plan Hirsch. De ce fait, il était question d’être efficace dans des domaines indispensables au développement du pays : garantir l’efficacité des ressources, 4

Gucher, C. & Mallon, I. & Roussel, V., Vieillir en milieu rural, 2009.

de la recherche et même organiser d’une manière efficiente les marchés agricoles. Il s’agit d’une période mouvementée pour l’espace rural français, amené à changer avec la généralisation de la modernisation et de l’urbanisation sur l’ensemble du territoire. À ce propos, Claire Delfosse5 nous explique que dans les travaux scientifiques des années 1950, nous parlions de “processus d’urbanisation”, dans l’idée que le changement découle d’un processus permettant d’apporter de nouveaux modes de vie. Plus tard, dans les années 1980, de nouveaux questionnements font surface : existe-t-il encore des paysans au sens 5

Delfosse, C., Au regard de « l’urbanité » : la campagne en France aujourd’hui,

2021.

Figure 5 : Les vendanges à catlar, 1913 © Droit réservé

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Figure 6 : Les vendanges à l’ancienne, 2012 © Mélanie PINTO


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strict du terme ? Certains travaux menés par des sociologues et quelques données statistiques mettent en lumière cette problématique. Des chercheurs de l’époque tentent de déchiffrer la réalité du terrain en mobilisant des hypothèses. Par suite, de nouvelles appellations voient le jour dans le dessein de différencier les types d’espaces. À l’aube des années 2000, nous remarquons un retour à la connotation méliorative du rural, nous parlons désormais de “campagne” dans le but de promouvoir et de valoriser ces espaces de vie. En 1999, l’INSEE et l’INRA révèlent qu’un certain dynamisme se dessine dans quelques territoires ruraux. En parallèle, d’autres connaissent un déclin qui s’accentue de jour en jour.

Figure 7 : La fête de la moisson à Sagy, 2017 © Le Parisien (Journal quotidien)

Aujourd’hui, nous parlons plus précisément de la ruralité en tant que composante à part entière comme l’urbanité. Un nouveau discours émanant de la politique et de l’opinion publique se remet en place, dans l’objectif de reconsidérer notre regard envers ces territoires. Le 26 juillet 2020, un nouveau poste est créé au gouvernement dans cette perspective de reconsidération : le poste de Secrétaire d’État chargé de la Ruralité.

Figure 8 : Portes Ouvertes dans 27 Fermes et Vignobles de Moselle © Getty

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1.1.3. LA NOTION D’HYPER-RURALITÉ

Afin d’être en cohérence avec les définitions européennes, le Comité interministériel des ruralités a publié, en novembre 2020, un nouveau zonage rural qui s’appuie sur le paramètre de la densité. On distingue plus finement les communes “peu denses” et les communes “très peu denses”. Cela gomme les anciennes approches qui jugeaient l’espace rural comme “non urbain”. Aujourd’hui, nous parlons bien d’une “ruralité” comme nous l’avons évoqué dans le paragraphe précédent. Des termes comme “urbain”, “périurbain”, “périphérie” ou même “bourg” n’apparaissent pas sur cette carte.

gnés des villes, et de très faible densité démographique de la France métropolitaine. Il s’agit d’une notion proposée pour la première fois en 2014 dans un rapport parlementaire du sénateur Alain Bertrand.6 Il convient de préciser que certaines communes hyper-rurales gagnent en habitants. Divers paramètres peuvent aussi nuancer cette hyper-ruralité. Les communes de l’hyper-ruralité peuvent aussi bien être perçues négativement que positivement. Nous pouvons évoquer la proximité ou l’éloignement à la ville, la dynamique associative, des territoires pauvres ou gentrifiés.

Dans ces communes très peu denses ressortent les communes de l’hyper-ruralité. Ce sont des territoires isolés, les plus éloi-

6 Wikipédia [en ligne]. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hyper-ruralit%C3%A9

Figure 9 (ci-contre) : Carte récente du zonage rural, 2020 © Agence Nationale De La Cohésion Des Territoires

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1.2. LA SOCIÉTÉ DE L’HYPER-RURALITÉ 1.2.1. LA MORPHOLOGIE SOCIALE DE L’HYPER-RURAL De nombreux territoires hyper-ruraux connaissent un renversement des courants migratoires depuis une trentaine d’années. Néanmoins, la positivité de cet indice n’implique pas pour autant un dynamisme ou un renouvellement de la population. Bien au contraire, elle traduit souvent l’arrivée d’une population urbaine du troisième âge bientôt à la retraite qui provoque une éventuelle augmentation de la moyenne d’âge. La grande

espaces de divertissement, une ségrégation continue rendant la vie plus difficile. En s’appuyant sur une étude réalisée par Isabelle Mallon, maître de conférences et chercheuse en sociologie,7 nous relevons que le département de la Creuse compte 15 % de personnes âgées de plus de 75 ans alors que cette population est de 8,8 % à l’échelle nationale. Dans ce même département, les agriculteurs représentent là aussi un pourcentage très élevé de la population active. Le revenu fiscal moyen par habitant oscille autour de 1 686 €, juste devant celui de la Martinique et la Réunion.8 C’est une fragilité qui vient s’ajouter aux précédentes et qui s’accentue d’autant plus par la réalité géographique. La Creuse est couverte par une surface accidentée et entrecoupée par les montagnes, entraînant ainsi un véritable enclavement. Dans ce contexte, les relations sociales entre les habitants des territoires hyper-ruraux deviennent essentielles.

“Les relations locales, les visites, les coups de main, l’entraide « naturelle », dictée par les conditions socio-géographiques, compenseraient le sous-équipement et des conditions de vie rudes, voire spartiates.” 9 D’ailleurs, Isabelle Mallon10 nous révèle que les habitants de ces territoires continuent de pratiquer des gestes et des coutumes que l’on ne voit, à ce jour, que très rarement dans les milieux urbains.

Figure 10: Substitution de la population © Marouen Hammami

majorité des jeunes cherche en effet toujours à s’implanter dans des territoires où le taux d’emploi est meilleur. Cela suscite un vieillissement inquiétant dans des territoires souvent peu équipés en services de santé. Nous observons aussi une caducité des services publics, un effacement progressif des

7 Mallon I., Vieillir en milieu rural isolé : une analyse au prisme des sociabilités, 2013. 8 Le Journal du Net [en ligne]. https://www.journaldunet.com/business/salaire/classement/departements/revenus 9 Mallon I., op. cit. 10 Idem

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Elle illustre ses propos en nous donnant l’exemple d’une personne qui n’arrive plus à se déplacer et pour qui les voisins font les courses. Nous parlons ici d’une forme de solidarité, un exercice régulier afin de soutenir les autres. De surcroît, les familles sont assez proches et solides, elles maintiennent les liens sous différentes formes : visite, bricolage et ravitaillement sont les expressions d’une sociabilité. Elle se nourrit davantage par les relations indéfectibles entre les habitants du coin grâce au partage d’une réalité commune. Certains peuvent devenir des voisins privilégiés, ce qui leur donne deux attributions : “voisiner” et “pouvoir rentrer chez autrui”. En milieu hyper-rural, les voisins se rendent visite de manière très spontanée, ils ont la responsabilité d’être bienveillant. C’est une solidarité informelle et aléatoire qui peut parfois aller au-delà du pensable. S’ajoute à cela la pièce maîtresse du puzzle : la famille, qui assure la survie des proches.

Figure 11 : Mise en relation entre ceux qui ont besoin d’une aide essentielle, et ceux qui peuvent apporter leur soutien ou service © Dylan Meiffret

1.2.2. LES DISPARITÉS SOCIALES DANS L’HYPER-RURALITÉ Une urbanité discriminante, une citadinité inconstante, une hospitalité sélective, des ségrégations volontaires, des exclusions ciblées et des violences programmées : ce sont autant de termes employés par Thierry Paquet, philosophe, dans un essai intitulé Un philosophe en ville11. Son but était de montrer le déséquilibre et les contradictions apparentes dans les milieux urbains. Le milieu hyper-rural n’en est pas moins concerné : les écarts qu’il décrit sont les conséquences d’un mode de fonctionnement global, comme souligné dans les premiers paragraphes de ce mémoire. Cependant, les disparités sociales dans l’hyper-ruralité sont de nature différente. Par exemple, le parc de logement de ces territoires présente des marques

d’insalubrité notoires et d’absence de confort minimal. La prise de mesures par les bailleurs sociaux est moindre par rapport au milieu urbain. Il s’agit d’une ségrégation territoriale accompagnée d’une pauvreté importée des villes, avec des profils sociologiques variés12. Nous pouvons aussi mettre en évidence les problèmes de mobilités qui entraînent l’usage intensif des véhicules individuels et qui contribuent à l’augmentation des frais. Par ailleurs, la réhabilitation énergétique ne progresse pas aussi rapidement qu’en ville et les habitants des territoires hyper-ruraux consomment beaucoup plus d’énergie pour assurer leur confort en hiver.

11 Paquot T., Un philosophe en ville, 2011, p. 13.

12 Depraz, S., La France des marges, 2017

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Figure 12 : L’image d’un habitat dans le rural isolé © Marouen Hammami

1.3. L’INCARNATION DE L’ÉLOIGNEMENT DANS LES TERRITOIRES HYPER-RURAUX 1.3.1. L’ÉLOIGNEMENT MARQUEUR DE L’HYPER-RURALITÉ Se rendre à la poste ou à la banque, faire ses courses, déposer une demande auprès d’un organisme public... Ce sont des actes du quotidien dont les habitants dépendent, mais qui ne sont pas toujours à portée de main dans les milieux hyper-ruraux. Aujourd’hui, les habitants de ces territoires ont le sentiment d’être mis à l’écart par la société et oubliés par les pou-

voirs publics. D’abord, nous pouvons parler de la dimension spatiale de l’éloignement. Ces territoires sont à une distance telle qu’ils ne parviennent pas à créer leur propre vitalité. La géographie en est souvent la première cause, impliquant des difficultés d’accès par des routes déjà peu nombreuses et parfois dangereuses à cause du relief.

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Au niveau intercommunal de ces territoires, les trajets sont souvent très longs pour se rendre chez le médecin ou à l’école par exemple. Dans un article paru dans Le Populaire du Centre, un journal régional, le rédacteur nous explique le cas de la commune de Rempnat, rattachée au département de la Haute-Vienne : Le temps médian pour accéder aux services de la vie courante y dépasse les 19 minutes. Le bourg et ses nombreux hameaux qui s’étendent sur plus de 20 km² comptent 136 habitants13. Par conséquent, les habitants essaient de regrouper plu13 “Comment les communes isolées vivent-elles l’éloignement des services au quotidien ?”, Le Populaire du Centre, 26 janvier 2016 [en ligne].

sieurs activités en même temps. Faire ses courses une fois par semaine et rendre visite à un proche par la même occasion, se rendre à la caisse d’assurance seulement si nécessaire et profiter du fait d’être dehors, etc. Cet éloignement spatial engendre subitement un éloignement par rapport aux centres de décisions, aux services vitaux, aux bassins d’emploi, et une mise à l’écart du système suscitant des réactions irascibles de la part de quelques maires. À ce stade, le discours autour de la culture, du divertissement et de la prévention santé devient secondaire pour ces habitants. Plus encore, cet éloignement est accentué par la complexité d’accéder au numérique, rendant la population techniquement bancale dans un monde de plus en plus connecté.

Figure 13 : Les problèmes de mobilité dans le rural isolé © Perrico

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Figure 14 : L’interprétation de l’éloignement © Marouen Hammami

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1.3.2. L’ACCÈS AUX SOINS MÉDICAUX DANS LA MONTAGNE ARDÉCHOISE Avant tout, la santé constitue un besoin vital. En France, c’est un droit garanti par la Constitution et l’État. Elle est même un facteur déterminant pour évaluer le taux de développement humain (IDH). De ce fait, la santé figure toujours parmi les priorités de la plupart des pays du monde. Dans les territoires hyper-ruraux de France, la question de la santé est constamment pointée pour des raisons diverses et variées. L’exemple de la montagne ardéchoise pourrait nous donner une idée de l’état de l’art et nous éclairer quant aux difficultés propres de ces territoires concernant l’accès aux soins. La géographe Virginie Chasles14 nous avertit que l’offre de soins en Ardèche subit une pression accrue. En effet, celle-ci 14 Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/ sante/SanteDoc4.html

est déjà mal répartie sur le territoire. Les espaces moyennement accessibles et denses ont plus de facilité à répondre aux besoins de soins médicaux de leurs populations. Quant aux communes très peu denses, elles sont très vulnérables face à la désertification. Les médecins locaux sont sollicités en permanence et leurs salles d’attente débordent. Nous sommes face à un département dont le taux de personnes d’âge supérieur à 60 ans est de 26,2 % en 2007 15. En effet, nous observons un désintérêt marqué des jeunes générations de médecins pour ces territoires, s’expliquant notamment par la difficulté d’exercer dans des milieux qui offrent peu en 15 Techno-science [en ligne]. https://www.techno-science.net/glossaire-definition/Demographie-de-l-Ardeche-page-3.html#:~:text=Le%20taux%20de%20 personnes%20d,fonctionnelles%20diminuant...).

Figure 15 : L’Ardèche méridionale confrontée à la pénurie de médecins © France 3 RA

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Figure 16 : Banderole déployée à l’entrée du village de Sainte-Feyre © Droit réservé


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matière de divertissement, de loisirs et de culture. Les médecins contestent l’isolement frustrant qui participe au déséquilibre de la vie des jeunes. La liberté d’installation n’est pas du tout en faveur des habitants hyper-ruraux. Certains maires militent pour drainer quelques professionnels de santé afin d’alléger la pression. Une autre cause de l’inégale répartition des médecins peut être recherchée du côté des changements démographiques que connaissent les professions médicales. En effet, l’âge médian des médecins est passé de 40 à 52 ans sur la période 1990-2012. Ce constat s’avère particulièrement préoccupant, car il est conjugué au vieillissement parallèle de la population française, et donc à une augmentation massive de la demande de soins 16.

L’exemple de l’Ardèche illustre quelques difficultés d’accès aux soins qui pourront être similaires dans d’autres territoires. Dans le chapitre suivant, nous allons découvrir de façon plus approfondie les pratiques locales, afin d’en décortiquer les particularités hyper-rurales. sante/SanteDoc4.html

16 Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/doc/transv/

Figure 17 : Panneau ‘Danger’ © Patrick Forget / Alamy Banque D’Images

Figure 18 : Le désert rural © Mougey

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PARTIE 2 COMPRENDRE L’ACCÈS AUX SOINS DANS L’HYPER-RURAL 2.1. LA VOITURE COMME UN MOYEN INDISPENSABLE POUR ALLER SE FAIRE SOIGNER 2.1.1. UN TERRITOIRE OÙ LA VOITURE RÈGNE Lorsque nous avons défini la notion d’hyper-ruralité dans le premier chapitre, nous avons cité un paramètre important dont il faut tenir compte : la densité. Les habitations dans le milieu hyper-rural sont souvent éparpillées sur le territoire ou regroupées sous forme de hameau. Ce phénomène explique la rareté, voire même l’inexistence, de transport en commun. De ce fait, l’habitant se trouve dans l’obligation de se déplacer par ses propres moyens pour son travail, ses études, ses soins, etc. Par conséquent, plus de 90 % des ménages vivant dans des communes de moins de 5 000 habitants sont motorisés. 50 % de ces mêmes ménages sont même équipés d’un deuxième véhicule17. L’effacement progressif des services publics rend les trajets plus longs et plus coûteux. Nous avons observé le réflexe instantané face à l’augmentation du prix des carburants durant la vague des “Gilets jaunes”.

Un mécontentement qui traduit la dépendance de cette population à la voiture : les dépenses ne peuvent que monter à cause de l’éloignement continu de la plupart des services vitaux. Il s’agit bien d’une lutte pour survivre. La question de la mobilité dans l’hyper-ruralité reste un défi à relever.

17 La Tribune [en ligne]. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/ transport-logistique/mobilites-le-monde-rural-peut-il-se-desintoxiquer-du-

Figure 19 : Affiche du rallye de Monte Carlo 1967, détournée par l’auteur © Droit réservé

tout-voiture-800563.html

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2.1.2. SE FAIRE SOIGNER DANS L’HYPER-RURALITÉ

Dans le prolongement du paragraphe précédent, l’architecture et les modalités qui concernent les soins de santé mettent de l’huile sur le feu. Comme nous l’avons vu précédemment, l’organisation de la vie quotidienne dans l’hyper-ruralité est construite autour de l’utilisation de la voiture. La santé est bien inscrite dans ce schéma. Or, les politiques publiques et les gouvernants ont pris des décisions qui ont augmenté davantage la distance entre quelques habitants hyper-ruraux et les établissements de santé.

Figure 20 : Dans la «France oubliée» © Pierre René-Worms

Roselyne Bachelot18, ancienne ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, nous explique certains aspects de la difficulté

de l’accès aux soins, hormis la dimension spatiale du sujet. Elle souligne l’indisponibilité des praticiens et leur impossibilité à recevoir des patients habitants autour du hameau dans lequel ils exercent. Ce phénomène s’explique par la pression sociale qu’exerce la demande sur les praticiens qui se trouvent dans l’obligation de créer des listes d’attentes afin d’y répondre le plus rapidement possible. Les personnes habitant à l’extérieur des hameaux se trouvent donc exclues du système de santé local, des campagnes de prévention et de dépistage, et observent une distance spatio-temporelle évidente. L’usage de la voiture pour aller se faire soigner est renforcé par la généralisation du concept de la maison médicale pluridisciplinaire, explique Roselyne Bachelot. Nous pouvons constater une concentration des praticiens dans un seul endroit, rendant le reste du territoire dépourvu d’un système qui garantisse à tous ses habitants un accès juste et équitable aux soins de santé. Il s’agit de la loi d’attraction : la règle est simple, tous les habitants sont appelés à être mobiles en cas de besoin en santé. Le cas échéant, un professionnel de santé pourrait se rendre sur place afin d’assurer un soin urgent. Nous assistons bien à une polarisation de l’offre de soins qui suscite l’amertume des personnes les plus vulnérables, les plus éloignées. Conjointement, les pharmacies s’installent dans les milieux les plus denses afin de garantir une clientèle nombreuse. Cette stratégie leur permet de rester compétitives et d’éviter toute situation financière débitrice. Ainsi, nous pouvons mieux comprendre la nécessité de la voiture dans le milieu hyper-rural.

18 Philippe Meyer, “Les déserts médicaux”, Le Nouvel Esprit Public, émission de radio, n° 100, ART19, 8 avril 2019 [en ligne]. https://www.lenouvelespritpublic.fr/ podcasts/166

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Figure 21 (ci-contre) : La polarisation de l’offre de soins © Marouen Hammami


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Comment se déroulent les trajets en voiture pour les personnes les plus âgées ? Et si les personnes ne peuvent plus conduire, comment font-elles ? La personne qui ne possède pas de permis de conduire reste-t-elle toujours dépendante d’un voisin, si elle l’en a un ? Ces questions, cruciales, nous appellent à ajuster quelques modalités. Nous y reviendrons dans la suite du mémoire. Le 3 mars 2021, j’ai réalisé une enquête de terrain à Clelles, dans le Trièves, afin de mieux comprendre l’accès aux soins. Au début, je savais que ma destination était peu connue, peu fréquentée, mais je n’avais pas conscience que le train qui faisait cette liaison (Grenoble-Clelles) était si petit. Je suis monté à bord, nous étions cinq personnes en tout et vers la fin du trajet, j’étais avec une seule personne qui devait prendre une correspondance à Clelles. J’étais donc le seul à voyager jusqu’à cette destination. En arrivant sur le terrain, j’ai interviewé un senior de 70 ans qui n’a pas tardé à me dire, “Par rapport au médecin spécialiste, c’est la galère il faut aller au mieux à Vif, mais généralement, c’est à Pont-de-Claix et puis, c’est en fonction de ce qui vous donne un rendez-vous. C’est la galère d’avoir un rendez-vous, trois mois, six mois. Les ophtalmologues, c’est un an quasiment, c’est aberrant ! ” (Vif est à 40 kilomètres de Clelles). Il a rajouté : “Et puis on ira en voiture quoi !“ À ce moment-là, j’ai bien saisi le point de vue de Roselyne Bachelot qui expliquait l’obligation de prendre la voiture dans le rural isolé. Cependant, j’ai été un peu étonné de constater que certains habitants qualifient, indirectement, l’usage de la voiture de “normal” et surtout pas contraignant. “Pour les spécialistes, il faut aller plutôt à Grenoble, c’est la référence, et pour les laboratoires, c’est à Vif. Ce n’est pas très loin, c’est en une demi-heure en voiture.” Lucianne, 33 ans, céramiste et habitante de Clelles. De son côté, un citadin a quant à lui la possibilité de se rendre chez son médecin à pied sans mobiliser de moyens conséquents et coûteux. Avec du recul, j’ai tenté de comprendre leur raisonnement et je suis arrivé au constat suivant : certaines personnes ne se posent pas la question actuellement, vu qu’elles sont encore jeunes.

Figure 22 (ci-contre) : La course perpétuelle pour prendre un rendez-vous © Marouen Hammami

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2.2. LA PROPHARMACIE COMME UNE MESURE DE RAPPROCHEMENT 2.2.1. CE QU’EST LA PROPHARMACIE Durant l’enquête que j’ai menée à Clelles, un senior m’a parlé de la propharmacie de Clelles. C’est le moment où j’ai pris connaissance de ce mode d’exercice révélateur de la réalité d’accessibilité aux soins dans les milieux hyper-ruraux. Jean-François : “Pour aller chez le médecin, on téléphone et ils ont quand même une secrétaire qui gère aussi la propharmacie, c’est un système fait pour les zones rurales surtout. Les médecins ont le droit de gérer une pharmacie pour leur compte. Suite à une consultation, avec une ordonnance parce qu’il ne faut pas faire de la concurrence.” En France, l’exercice de la propharmacie est très réglementé et limité à la fois. Il s’agit pour le médecin libéral d’être autorisé par le préfet du département à délivrer aux personnes qu’il soigne les médicaments simples et composés dont la liste est établie officiellement. Cette autorisation est limitative à certaines communes dépourvues d’officine de pharmacie. Elle ne doit être accordée que lorsque l’intérêt de la santé publique l’exige19. Ce droit personnel est incessible et intransmissible. D’un point de vue strictement légal, le remplaçant d’un propharmacien n’est pas autorisé à délivrer les médicaments comme le fait le propharmacien titulaire du cabinet20. Autrement dit, cela revient pour le praticien à être à la fois médecin et pharmacien. Historiquement, cette forme d’exer19 Article L4211-3 du Code de santé publique de la République Française. 20 Remplacement médical [en ligne]. https://www.remplacement-medical. com/guide-des-medecins-remplacants/0-centre-d-information-du-remplacement-liberal.html

Figure 23 : Le médecin de campagne © Droit réservé

cice existe en France dès le début du XIXe siècle et elle s’inscrit dans le monde rural. Les médecins propharmaciens de l’époque s’approvisionnaient chez le grossiste ou le droguiste. Ils pratiquaient aussi l’herboristerie selon les saisons et les climats21. Cependant, ce mode d’exercice a connu des évolutions. 90 médecins pratiquent cet exercice aujourd’hui, au lieu de 200 en 1990. En pratique, nous pouvons trouver un propharmacien quand la pharmacie la plus proche est à 10 kilomètres par rapport à un hameau. Dans les zones montagneuses, 21 AMICO R., Le Métier de médecin rural en France : historique depuis la Révolution Française enquête sur l’état des lieux et les perspectives futures, 2005.

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Le Dr Alain Dumont, président du Syndicat national des médecins propharmaciens, déplore en particulier l’obstacle que représente la loi face à quelques situations gênantes pour les habitants : “l’impossibilité de délivrer des médicaments à des patients qui ne résident pas dans les communes concernées par la dérogation. Les personnes âgées doivent aller chercher les médicaments dans une pharmacie avant de venir ici pour que l’infirmière prépare les piluliers.”22

Figure 24 : Médecin de campagne , l’accouchement - Creuse 1950 © Droit réservé

cette distance pourrait descendre à 6 ou 7 kilomètres. À titre d’exemple, nous comptons 9 propharmaciens seulement pour l’Ardèche. Cela se comprend, car toute la partie ouest du département est montagneuse (son altitude moyenne dépasse les 1 000 mètres). Par ailleurs, ce mode d’exercice nécessite un investissement en plus en termes de temps, puisqu’il faut également assurer la gestion du stock des médicaments, parfois effectuée par les secrétaires.

Figure 25 : La propharmacie de Clelles, 2020 © Le Dauphiné Libéré

22 Confédération des syndicats médicaux français [en ligne]. https://lesgeneralistes-csmf.fr/2018/03/07/veut-peau-medecins-propharmaciens/

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2.2.2. LA MISE EN QUESTION DE CETTE PRATIQUE

Le rôle des médecins propharmaciens est essentiel dans les milieux hyper-ruraux. Leur présence est à la fois rassurante et fondamentale afin de maintenir l’accès aux soins médicaux et la prise en charge de la population locale, souvent âgée. De plus, ils occupent une place privilégiée auprès de leurs patients : à force de cultiver une relation durable, le patient sait qu’on se soucie de lui et qu’on ne l’abandonnera pas. Ces médecins représentent même une certaine garantie surtout pour les personnes âgées : « Ici à Clelles, on a de la chance, on a tout ce qu’il faut ! », souligne une dame âgée que j’avais croisée à Clelles lors de l’enquête de terrain. Malgré l’importance et le poids de leur présence dans ces territoires, l’exercice du propharmacien se retrouve couramment menacé par les pharmaciens qui se plaignent du fait que la vente des médicaments par les médecins propharmaciens génère beaucoup de bénéfices. D’autre part, certains pharmaciens voisins constatent une chute de leur chiffre d’affaires. En 2020, quelques officinaux dans la Drôme attaquent un propharmacien en justice quelques semaines seulement après son installation. “Cette activité de propharmacien n’est pas le reflet d’un besoin des habitants de ce village des Hautes Baronnies et des alentours et représente une concurrence. Je pourrais perdre un tiers de mon chiffre d’affaires”, a déploré Françoise Gillet, pharmacienne dans le village voisin de Montbrun-les-Bains23. Thierry Hesnard, co-président du Syndicat des pharmaciens d’Eure-et-Loir, poursuit le même raisonnement et s’insurge en disant : “L’exercice de la propharmacie est anachronique ! Les 23 Celtipharm, pour une santé raisonnée [en ligne]. https://www.celtipharm. com/Pages/Actualites/2020/02/Des-officinaux-attaquent-un-propharmacien-en-justice.aspx

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Figure 26 : Le débat entre médecin et pharmacien par rapport à cette pratique © Marouen Hammami


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routes ont évolué en 40 ans, 12 km c’est 10 minutes en voiture !”24 Par ailleurs, l’État n’envisage pas de remettre en cause le statut de la propharmacie. Une bonne nouvelle pour la population des territoires hyper-ruraux, désormais le maillon le plus faible dans ce débat controversé. Les pharmaciens semblent prioriser un discours relatif à l’argent, tandis qu’en face, des personnes âgées se heurtent quotidiennement à des obstacles importants pour accéder aux soins de santé. Relativement au sujet mentionné du médecin propharmacien de la Drôme, le maire Jean Moullet réagit : ”Dans ce coin reculé, situé à une centaine de kilomètres à l’est de la sous-préfecture drômoise Montélimar, la pharmacie la plus proche de Montbrun-les-Bains se situe à 30 kilomètres aller-retour de Séderon. La deuxième, située à Buis-les-Baronnies, est éloignée de plus de 33 kilomètres. La grande majorité de la population de Séderon est âgée, sans moyen de locomotion. Un médecin qui délivre des médicaments, c’est essentiel.“25

24 Confédération des syndicats médicaux français [en ligne]. https://lesgeneralistes-csmf.fr/2018/03/07/veut-peau-medecins-propharmaciens/ 25 Celtipharm, op. cit.

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2.3. L’AUTO-ORGANISATION COMME UNE PARTIE INTÉGRANTE DU MODE DE VIE 2.3.1. L’ENTRAIDE DANS LE TRIÈVES Le Trièves est une région naturelle qui se situe au sud de l’Isère. C’est une petite région assez isolée notamment à cause de sa géographie, puisqu’elle est entourée par 3 massifs – le Vercors, l’Obiou et le massif du Dévoluy – puis par l’affluent gauche de la rivière de l’Isère au nord. Le Trièves présente plusieurs indices marqueurs du rural isolé. C’est pour cette raison que j’ai mené mon enquête de terrain dans ce territoire afin de mieux comprendre l’accès aux soins de santé.

Figure 27 : Sur le bord de la D1075, à 500 m de Clelles © Marouen Hammami

Le jour de l’enquête, je me suis mis à chercher des villageois de Clelles afin d’en savoir plus sur le terrain. La thématique d’accessibilité aux soins était parlante pour plusieurs personnes. Deux jeunes ont partagé leurs ressentis et leurs vécus avec moi. Nous étions vraiment à l’aise puisque nous avions presque le même âge. Ils s’appelaient Morgan et Gabriel, deux jeunes diplômés qui utilisent beaucoup le service par messagerie “Mon Trièves” : d’après leurs explications, c’est un service qui marche très bien dans la commune, un service qui a beaucoup facilité le quotidien des Clellois. Ce réseau est une diffusion de SMS pour une demande ou offre de covoiturage, ainsi que pour d’autres échanges. Le principe, c’est d’envoyer un SMS dans lequel nous pouvons demander ou exprimer un besoin. Il est seulement possible de vendre à prix libre. En revanche, il est interdit de diffuser une offre de service rémunérée. Ce service très varié encourage les donations, le troc et l’échange de services. Plusieurs personnes sont chargées de diffuser les annonces par messages. Afin d’être plus opérationnel, une liste de personnes a été faite par secteur géographique.

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Figure 28 : Diffusion du réseau «Mon Trièves» sur le réseau social ‘Facebook’ - Capture d’écran

Figure 29 : à 20 m de l’épicerie ‘Chez Julie’, Clelles © Marouen Hammami

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“Nous, on a acheté une gazinière comme ça, on a récupéré un matelas. On avait besoin de journaux en quantité pour des trucs. Je pense que cela reflète l’entraide.” Morgan, jeune femme potière de Clelles. C’est un modèle qui permet néanmoins à tous ceux équipé de n’importe quel modèle de téléphone de l’utiliser tel un réseau social. Ce moyen nous montre que la population hyper-rurale est soudée et cherche des alternatives ou des nouveaux moyens plus adaptés à ses besoins. Également, il existe une association qui s’appelle “Temps de parents” qui a favorisé les interactions entre Clellois. C’est une association qui propose des ateliers et des temps d’accueil. Elle offre un lieu pour passer un moment ensemble, lieu d’écoute, de rencontre avec d’autres enfants et d’autres adultes. Grâce à cette organisation, les parents des enfants peuvent renforcer leurs relations.

Figure 30 : En face de la Mairie de Clelles © Marouen Hammami

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Suite à un témoignage d’une maman à Clelles, j’ai relevé certaines interprétations intéressantes comme : la possibilité de compter sur une personne de l’association qui peut partager les mêmes préoccupations que nous, ou la potentialité de développer ces relations en dehors du cadre de l’association. Une amitié et un partage des gestes quotidiens pourront subsister de manière permanente. C’est ce qu’a souligné Lucianne, la maman qui habite à Clelles : “il y a une association qui s’appelle “Temps de parents” qui est sur Mens. Enfants et parents se retrouvent tous les mercredis matins. Il y a vraiment un vrai soutien, on a une liste, on peut demander aux parents s’il y a un souci, de l’aide ou même juste discuter.” Durant ma journée à Clelles, j’ai remarqué un certain dynamisme de la part des villageois. Chacun de son côté essaie de combler ce qui manque. Un kinésithérapeute du village m’a expliqué qu’il voulait mettre en place les voitures partagées de “Citiz”26 dans son village. Son souhait, c’est de faciliter la mobilité pour toute personne et surtout pour les jeunes. Les trajets en train ne sont pas toujours donnés, m’a expliqué un jeune diplômé de Clelles. “Ici spécifiquement, la ligne qui fait Grenoble-Clelles n’est pas donnée. Moi, j’ai une carte de réduction parce que je suis demandeur d’emploi. Toi par contre, tu paieras 11 euros juste pour l’aller. C’est cher !!” L’autopartage de la voiture entre particuliers peut s’effectuer directement entre amis, voisins ou proches. Le kinésithérapeute voulait encore aller plus loin, il m’a parlé de sa tentative de mettre en place le site “MOV’ICI”27 pour les villageois qui font des navettes régulières. 26 Citiz : un réseau qui permet de louer une voiture en libre-service près de chez soi.

Figure 31 : Dans les locaux de l’association «Temps de parents» à Mens © Site officiel de l’association

En guise de conclusion, les habitants des territoires ruraux et hyper-ruraux réagissent à des difficultés afin de s’adapter à leur environnement changeant. Nous pouvons imaginer la rudesse de la vie de ces populations. Sans doute, ils ne sont pas dans une position d’attente : dans les exemples cités, nous relevons une force de proposition et une volonté de la part des locaux. Ils donnent sens à leur engagement par une prise d’initiative dans le dessein d’amener des alternatives qui serviront l’intérêt général de la population. Ce sont des groupes capables de survivre et de s’adapter aux perturbations, tout en travaillant ensemble et à leur propre manière, ce que l’on peut qualifier d’auto-organisation.

27 Mov’Ici : plateforme de covoiturage qui met en relation des conducteurs voyageant avec des places libres dans leur véhicule et des passagers souhaitant faire des trajets quotidiens.

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Figure 32 : Un article sur l’autopartage dans le Trièves© Site officiel de l’association Source : Site officiel de «Citiz Loire et Alpes»

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2.3.2. L’EXPÉRIENCE ZAPATISTE

En 1994, plus loin vers l’ouest, dans l’État de Chiapas au Mexique, le peuple a tenté l’expérience de l’autogestion suite à la formation de municipalités autonomes zapatistes.28 Le premier jour de 1994 fut le premier jour d’une guerre qui a duré douze jours entre les zapatistes et l’armée mexicaine. Un jour à la fois particulier et symbolique puisqu’il marque l’entrée en vigueur de l’ALENA (Accord de Libre-Échange Nord-Américain), traité qui vise à libéraliser les échanges entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.29 Paradoxalement, la population de Chiapas, une population de cinq millions d’habitants, est dépourvue de droits humains élémentaires et la région réunit tous les signes d’un État défaillant. Malnutrition, analphabétisme, propagation des maladies et manque cruel d’équipements domestiques comme l’eau ou l’électricité : ce sont les principales causes qui ont poussé le peuple à s’insurger. Les zapatistes décident alors d’organiser une grande marche des indigènes pour la dignité de près de trois mille kilomètres pour rejoindre Mexico depuis le Chiapas afin de réclamer une réponse à leurs attentes. L’autonomie que ces derniers souhaitent n’apparaît pas dans le projet du gouvernement, qui a pourtant accordé auparavant une plus grande autonomie afin d’améliorer leurs conditions de vie. Les zapatistes décident donc de rompre le dialogue avec le pouvoir : c’est le début de la quête d’autonomie.30 28 Zapatisme : mouvement social mexicain qui peut être pris en deux sens. Il renvoie d’abord à la lutte d’Emiliano Zapata et de l’Ejército Libertador del Sur, dans les années 1910-1919. Mais il est également devenu d’un usage courant pour désigner le mouvement impulsé par l’EZLN (Ejército Zapatista de Liberación Nacional) à partir du 1er janvier 1994 (source : Wikipédia). 29 “L’autonomie zapatiste”, Erwan Bernier, AlterInfos.org, 19 novembre 2007 [en ligne]. http://www.alterinfos.org/spip.php?article1794 Figure 33 : La révolte du peuple © Marouen Hammami

30 Ibid

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La spécificité de l’État de Chiapas, c’est qu’il compte 12 groupes indigènes dans un territoire composé en grande partie de forêts et de montagnes. Une région dont le climat est favorable pour l’agriculture, mais les populations rurales n’ont pu profiter de ses richesses naturelles. C’est ce qui a conduit à construire une politique sans l’État, une forme d’autonomie. Jérôme Baschet, historien français et connaisseur du mouvement zapatiste, nous explique dans son livre Adieux au capitalisme la première ébauche de l’expérience d’autogestion. D’après son vécu et ses déductions, dans chaque commune autonome, les personnes qui occupent les fonctions municipales sont élues par leurs communautés pour des mandats de deux ou trois ans, révocables à tout moment et conçus comme des charges. C’est-à-dire des services rendus ne faisant l’objet d’aucune

rémunération ni ne donnant lieu à aucun avantage matériel. Baschet souligne aussi la lenteur avec laquelle les membres des conseils traitent les problèmes, en raison de longs débats collectifs et de consultations sans cesse. Baschet synthétise ce processus comme une traduction en pratique d’une conception non spécialisée des tâches de gouvernement. Il s’agissait entre autres de mettre en œuvre une dé-spécialisation de la politique. Selon lui, les personnes impliquées dans la gestion des territoires n’étaient des spécialistes en rien, encore moins en politique. Conséquemment, l’autonomie zapatiste est une pratique modeste au ras du sol, sans modèle préalable et sans prétention à créer un monde idéal. Le fonctionnement rotatif des conseils permet d’amorcer une forme de “gouvernement collectif”. Leur objectif est la construction d’une pratique poli-

Figure 34 : Peinture de Camilo, collection privée, GIAP 2013 © Alessandro Zagato

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Figure 35 : Les assureurs de la santé au Caracol, 2014 © Alessandro Zagato


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tique qui ne cherche pas la prise du pouvoir, mais l’organisation de la société, précise Baschet.31

Nous pouvons connaître davantage la réalité du terrain en

étudiant l’autogestion zapatiste dans le domaine de l’enseignement. En effet, Jérôme Baschet nous relate dans son livre que dans les écoles zapatistes, apprendre fait sens, parce que l’éducation s’enracine dans l’expérience concrète des communautés comme dans le souci partagé de la lutte pour la transformation sociale, donnant corps au “nous”. Il approuve que la communauté ait construit des écoles et des collèges. Parallèlement, toute la communauté s’est mobilisée pour élaborer un programme scolaire et pour former des enseignants locaux. Ces futurs enseignants ne vont pas percevoir de salaire. En revanche, ils pourront compter sur l’engagement de la communauté de couvrir leurs matérielles ou de les aider travailler leur parcelle.32

31 Baschet J., Adieux au capitalisme, 2016.

32 Ibid..

“Le fonctionnement des instances d’autogouvernement présente une grande fluidité : non seulement il diffère, dans ses modalités, d’une zone à l’autre, mais surtout il ne cesse de se modifier selon une logique d’essais, rectifications et une acceptation des erreurs comme condition de l’approfondissement de l’autonomie, perçue comme un chemin qui n’a pas de fin.” Jérôme Baschet, “Que faire (de l’État)”, dans Adieux au capitalisme.

Figure 36 : Micro-clinique La Bodega De Salud © Schools for Chiapas

Figure 37 : À l’intérieur de la Micro-clinique La Bodega De Salud © Schools for Chiapas

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Figure 38 : Clinique municipale de San Manuel nommée en l’honneur de la Compañera Lucha © Centre des droits de l’homme Fray Bartolomé de Las Casas

Pour Erwan Bernier, l’éducation zapatiste sert donc avant tout à retrouver une dignité pour pouvoir prendre sa vie en main, alors qu’avant, elle n’était presque que source d’humiliation. Cette éducation, en totale rupture avec celle du gouvernement, s’avère donc être une des bases essentielles du projet zapatiste qui permet à chacun de prendre conscience de l’intérêt du processus d’autonomie.33

“Il est très intéressant de voir que l’ensemble du système de santé et d’éducation fonctionne sans recourir au salaire. Bon nombre d’enseignants restent paysans et cultivent leurs propres terres pendant les pauses du calendrier scolaire et ils 33 Bernier E., op. cit.

bénéficient de l’engagement de la communauté de les aider à les cultiver ou de subvenir à leurs besoins. Pour la santé, ce sont surtout des formes de travail collectif auxquelles tous collaborent qui permettent de faire fonctionner les cliniques. On a donc des formes d’organisation collective qui s’efforcent d’échapper aux catégories capitalistes du salaire et de l’argent.” 34 s’exprime Jérôme Baschet durant un entretien avec Alizé Jeanson, journaliste. Un système de santé autonome fait partie du projet de l’au34 Au Chiapas zapatiste “le peuple dirige et le gouvernement obéit”, Le comptoir, 15 décembre 2017 [en ligne]. https://comptoir.org/2017/12/15/jerome-baschet-au-chiapas-zapatiste-lepeuple-dirige-et-le-gouvernement-obeit/

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Figure 39 : Une clinique locale dans la communauté zapatiste du Chiapas. © Getty

togestion. Bien qu’il y ait peu de documents dans lesquels nous pouvons trouver des explications sur l’organisation et les modalités qui concernent les soins de santé. Néanmoins, en pratique, il est possible d’observer une construction progressive d’un réseau de services qui s’est dessiné au fil de l’expérience. La politique de santé zapatiste est marquée par le respect, elle est définie comme une source de conseils avisés et respectueuse de la culture locale. Elle se base sur une méthode imprégnée de sentiment de camaraderie.35 Dans la médecine des zapatistes, les plantes ont retrouvé leur place dans le but de guérir les maladies. Ils ont organisé des expositions sur les vertus curatives des plantes. Le but était de rappeler les techniques et les méthodes ancestrales. Ils ont mis

en lumière le poireau qui sert à soulager brûlures et piqûres, la bougainvillée qui sert à soigner la toux, la goyave la diarrhée et le bégonia pour l’herpès. Au cas où les plantes ne suffisent pas, ils se contentent de médicaments génériques. Les zapatistes possèdent plusieurs micro-cliniques afin de rapprocher le lieu de soin du lieu d’habitation des populations indigènes. Les zapatistes offrent donc une proximité que le gouvernement ne voulait pas ou ne souhaitait pas procurer aux populations rurales. Les cliniques zapatistes offrent de plus en plus de service : cabinet dentaire, laboratoire d’analyses, laboratoire d’optique, service de gynécologie. Puis, ils sont sur le point de construire un espace qui sera entièrement consacré aux femmes36.

35 Cuevas J., Santé et autonomie : le cas du Chiapas, 2007.

36 Bernier E., op. cit.

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En un mot, l’expérience zapatiste essaie d’interpeller notre capacité de nous gouverner nous-mêmes. La communauté locale qualifie cette aventure comme un exercice d’apprentissage dont lequel l’acceptation des erreurs et des défauts paraisse indispensable afin de monter en compétence. Il est question ici de la construction d’un projet d’émancipation, d’une autre forme de vie collective dans laquelle il est essentiel de s’approprier le territoire et d’être agile pour faire face aux situations critiques dans le contexte de l’État de Chiapas.

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Figure 40 : Une clinique locale dans la communauté zapatiste du Chiapas. © Giles Clarke/Getty Images


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2.4. L’ADAPTATION COMME UNE SOLUTION, UNE PARTIE DE LA RÉPONSE

Figure 41 : Illustration de l’auteur

2.4.1. LE PROJET «MALLU FAIT LE TOUR» Tout d’abord, le projet de “Mallu fait le tour” peut paraître comme une référence puisqu’il interroge d’une manière très claire la nécessaire proximité des services de soins et l’éloignement marqueur de l’hyper-ruralité. Il s’inscrit dans un contexte européen, plus précisément dans le rural finlandais de Carélie où l’accès au soin devient compliqué dans les régions victimes d’exode rural et surtout en hiver. Mallu est le nom du bus de santé mobile, une caravane mobile convertie, un centre de soins qui se déplace vers les patients et sillonne la campagne finlandaise. Il a été conçu par le district de soins sociaux et de santé de Carélie du Sud (Eksote) pour être facile à utiliser par les habitants des zones rurales. Il vise également à collecter les données des patients vivants dans les zones très peu peuplées. L’objectif était de développer une nouvelle façon de répondre aux besoins de santé dans les territoires éloignés.37 Sans oublier la flexibilité de ce service et même la praticabilité de l’exercice que ce soit pour les patients ou l’équipe soignante. D’ailleurs, c’est une proposition qui minimise les coûts pour les individus et de maximiser ainsi la répartition de l’offre qui soit la plus économiquement cohérente. À bord de ce bus, nous trouvons une sorte de pharmacie, car les infirmières peuvent administrer des vaccins contre la grippe par exemple. Aussi, il s’agit d’un espace de conseil en matière de santé. Le personnel soignant peut effectuer de petites opérations comme : enlever les points de suture, effectuer des prélèvements sanguins et nettoyer les oreilles, etc. 37 Le Réseau européen de développement rural, Mallu fait le tour : services de soins de santé rentables dans les zones rurales de la Finlande, 2013. [en ligne]. https://enrd. ec.europa.eu/sites/default/files/fi-mallu-does-the-rounds-gp_web.pdf

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Les infirmières ont élargi également leurs fonctions pour émettre des prescriptions de médicaments et procéder à des évaluations de soins préliminaires. Au niveau des équipements, nous trouvons un ordinateur et un ensemble d’équipements connectés au réseau central. Ces derniers apportent toutes les bases de données de santé au véhicule. Le temps que le véhicule reste à un endroit varie d’une heure et plus, selon les besoins. Les patients peuvent prendre rendez-vous en ligne ou par téléphone. Le bus Mallu a également été utilisé pour réaliser des services thématiques spécialisés, tels que des campagnes de sensibilisation au diabète38. Très clairement, ce projet a apporté de précieuses contributions au bienêtre et à la santé des habitants des zones rurales. C’est une forme d’adaptation de l’offre de soin. Nous sachons que la densité en Finlande est très faible. Se rajoute à cela les milliers de lacs qui couvrent le pays. Par conséquent, il n’est pas suffisant de présenter une offre de soin de santé classique dans un environnement vraisemblablement austère et peu accessible. 38 Ibid.

Figure 42 : Le bus clinique «Mallu» © RFI/Laurent Berthault

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2.4.2. LA TÉLÉMÉDECINE Nous poursuivons le même objectif, celui de l’adaptation de l’offre de soin et surtout le rapprochement des services. Notamment, en ce qui concerne les consultations en médecine. Nous savons que la question de disponibilité des praticiens est le point névralgique de la problématique d’accès aux soins. En 2016 à Oberbruck,39 un dispositif de télémédecine a été expérimentée. À l’aide d’une caméra webcam et un casque, le praticien entre en communication directe avec son patient sans pour autant être à côté de lui. Cela, ne se fait pas directement depuis le domicile de la personne malade ou le patient, mais par l’intermédiaire d’un local situé près du bureau de Poste du village. Une infirmière réceptionne les patients et sera la remplaçante du médecin pour tout ce qui est d’ordre de l’examination. Évidemment, en suivant les consignes du médecin. Elle pourra : prendre la température, la tension, voire même réaliser une échographie. Elle assure le lien avec le médecin à l’aide des caméras et microphones. Cependant, le médecin garanti le suivi derrière son écran, depuis son cabinet ou depuis un autre endroit, souvent loin du lieu de la personne examinée. Néanmoins, il apporte ce premier recours et réduit la distance pour les patients. La télémédecine pourrait pallier cet éloignement territorial, mais elle ne peut en aucun cas rem39 Commune française située dans la circonscription administrative du Haut-Rhin


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2.4.3. DES ALTERNATIVES FACE À LA DISPARITION PROGRESSIVE DE COMMERCES DE PROXIMITÉ DANS L’HYPER-RURALITÉ

Figure 43 : Consultation en télémédecine © AFP

placer une consultation physique. Dr Castera nous présente la plus grande lacune de ce type d’offre : L’impossibilité de palper le patient. D’ailleurs, Dr Pierre Simon, fondateur de la Société française de télémédecine nous assure que “ce dispositif est un moyen pour suivre par exemple des malades chroniques, quand le médecin les connaît déjà bien, mais ça ne peut pas se substituer à une consultation physique 40”.

En France, depuis le milieu des années 1990, le secteur de commerces de proximité dans le rural isolé connait des difficultés aigües. L’augmentation de la distance entre les commerces alimentaires et les domiciles isole non seulement les personnes âgées, mais plus globalement tous les habitants exclus de la mobilité automobile, nous explique Céline Massal, professeure de géographie.41 Ceci est dû en grande partie à l’installation de supermarchés qui est de plus en plus récurrente dans les territoires hyper-ruraux. Cela entraîne une certaine promiscuité avec les épiceries locales et mêmes avec les boulangeries et les boucheries qui approvisionnent la population locale. Nous constatons une fermeture graduelle de ces commerces. Un seuil critique a été atteint et un changement se dessine. Conséquemment, nous commençons à observer une nouvelle proximité récemment. Les distributeurs automatiques constituent ainsi un cas parfait d’innovation répondant au recul des petits commerces. Si le milieu rural n’est pas le lieu d’invention qu’a constitué le distributeur, son usage a rapidement été détourné pour pallier le manque de commerçants dans certains villages, faisant apparaître des distributeurs de pain ou de lait.42 Villereversure43 était le terrain d’expérimentation de ce type de détournement d’usage. Les villageois témoignent l’importance de ce modèle, car Il permet aux habitants des lotisse41 Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/france-espaces-ruraux-periurbains/ articles-scientifiques/disparition-commerces-proximite

40 Sciences et avenir, dans ce village isolé d’Alsace, le médecin consulte par webcam [en ligne]. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/e-sante/dans-cevillage-isole-d-alsace-le-medecin-consulte-par-webcam_105204

42 Ibid. 43 IUne commune française dans le département de l’Ain.

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Figure 44 : Distributeur de pain à Villereversure © Céline Massal

ments pavillonnaires proches de prendre leur pain aux heures de déjeuner ou tard dans la soirée. Plus encore, il répond donc à l’incompatibilité des horaires d’ouverture de la boulangerie traditionnelle et des horaires de travail des habitants.44 Pareillement, nous notons la réapparition de formes de vente anciennes, c’est-à-dire une concentration de plusieurs services en un seul lieu. Par exemple, un lieu qui pourrait être à la fois : bar, restaurant, boulangerie et pâtisserie. Auparavant, c’était une tradition qui a deux origines : d’une part, le « dépannage », selon les termes des commerçants, de l’autre, la rentabilité. La conseillère municipale de la commune de Domsure nous rapporte que le restaurant de son village vende du pain, plutôt pour les habitués. À un moment donné, il va falloir commander pour avoir du pain.45 Autre exemple, le commerce de la commune de Pirajoux incarne bien ce renouveau de cette 44 Massal C., op. cit 45 Ibid

Figure 45 : Le camion de Patrice, épicerie Popeye à domicile © Céline Massal

forme de vente. Épicerie et boulangerie à la fois, il a permis de rendre l’approvisionnement plus facile. Le but, c’est d’apporter de l’aide, un dépannage que de faire plus de profit.46 Finalement, nous pouvons illustrer le modèle des camions qui font « des tournées », c’est-à-dire ces camions d’épicerie, de boulangerie ou encore de boucherie effectuant des itinéraires réguliers ponctués d’arrêts chez les habitants. Ils répondent parfaitement au manque de mobilité des clients isolés, puisqu’il s’agit de déplacer la mobilité du client vers le vendeur. C’est ce phénomène d’adaptation à une population isolée qui explique un renouveau du commerce itinérant. Ce mode de vente est ainsi sollicité non seulement par les habitants, mais également par les autorités, afin de pallier la fermeture d’un commerce, explique Céline Massal dans son article.47 46 Ibid 47 Ibid

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Figure 46 : Rayon épicerie de la boulangerie de SaintAndré-sur-Vieux-Jonc (1 125 habitants) © Céline Massal

2.5. CONCLUSION En guise de conclusion générale, nous avons compris que le milieu hyper-rural pourrait proposer un mode de vie plus au moins austère. En effet, le discours politique en France tient beaucoup plus en considération la ruralité en tant que composante à part entière. Les traits marqueurs de l’unicité de la campagne impliquent une réactivité constante de la part de la population locale afin de s’acclimater avec les changements. D’où les exemples cités prennent sens et signification tels que : L’entraide et la force de proposition des habitants du Trièves, la volonté des zapatistes de changer la réalité et d’amener des alternatives avec l’expérience de l’autonomie. De plus, d’autres initiatives ont apporté de précieuses contributions comme le bus de santé mobile qu’il s’agit d’une adaptation d’un service publique.

Néanmoins, nous avons relevé d’autres semblants de solution à l’éloignement par exemple la démocratisation de la voiture pour faciliter les déplacements. Dans la même perspective, nous avons étudié la controverse soulevée par les pouvoir publics et les pharmaciens autour de la pratique du propharmacien, qui est fondamentale afin de maintenir l’accès aux soins médicaux de la population. Certes, cet exercice de fin d’études au sein du DPEA design ne va pas résoudre tous les problèmes relatifs à la primauté de la santé et à l’accessibilité de l’offre de soins. Cependant, nous allons saisir un bout et nous allons tenter de trouver des liens qui se remettent avec le complexe.

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PARTIE 3 EXPÉRIMENTATION 3.1. S’APPROPRIER LES PLANTES POUR S’EMPARER DU TERRITOIRE 3.1.1. PARTAGER LA SANTÉ : SE SOIGNER AVEC LES PLANTES En admettant que l’hyper-ruralité comporte des singularités qui nous poussent à réfléchir en prenant en compte notamment la dépendance du contexte géographique et social, qui sont des données majeures pour la faisabilité de n’importe quelle proposition. Nous avons soulevé la question de la généralisation du concept de la maison médicale pluridisciplinaire. De ce fait, l’habitant se trouve dans l’obligation de se déplacer et à être mobile que ce soit les conditions. D’ailleurs, l’accès aux pharmacies semble identique, elles se trouvent dans les communes les plus peuplées. Pareillement quant au l’exercice de la propharmacie, il y a une remise en cause de ce statut. Les villageois sont désormais le maillon le plus faible dans ce combat. Pourtant, nous commençons à observer une nouvelle proximité quant à l’approvisionnement en produits alimentaires dans ces milieux. Le détournement des distributeurs automatiques en est le parfait exemple d’innovation répondant au recul des petits commerces. C’est ce point-là qui m’a intéressé lors de l’exploration dans le deuxième chapitre : Le concept

“d’aller vers” ces territoires et d’auto-organisation. Aussi, le système de santé zapatiste m’a interpellé par sa dimension sociale et son rapport à la terre et au territoire. Par exemple : tenter de guérir des malades par des plantes et utiliser le poireau pour soulager brûlures et piqûres. Par conséquent, j’ai commencé par avoir une réflexion autour du partage de la santé comme chez les zapatistes de Chiapas où chacun contribue depuis sa position : appliquer des méthodes de guérison ou offrir de l’aide pour le bien-être de tout le monde. Des mécanismes de santé sans corps médical commence à prendre forme dans mes pensées, dans une hyper-ruralité qui manque des praticiens à proximité de la population âgée. Le projet émancipateur zapatiste fait rêver, car il propose une accessibilité à une médecine à tout le monde. Par suite, une idée de projet commence à apparaître. L’intention que j’avais est de remplir un service quotidien qui offrirait des soins préliminaires sans médecin. Il tirera sa force de son territoire afin qu’il soit faisable de le mettre en œuvre. L’appropriation des plantes endémiques me paraît une oppor-

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tunité pour monter en compétence et établir une légère autonomie en matière de santé. Le but est d’alléger un fardeau pour la population locale. Dans le dessein d’approfondir davantage mes connaissances au sujet de soins par les plantes médicinales. Il me semble évident de définir ce qu’est l’herboristerie et être herboriste. Un herboriste est un professionnel qui, dans une officine ou dans une herboristerie en ligne, vend des plantes médicinales et des préparations à partir de plantes médicinales et ingrédients naturels utilisés comme médicaments. Il fabrique des produits à la demande ou commercialise ses préparations en tant qu’indépendant. Avec une connaissance approfondie dans divers domaines des thérapies naturelles, il peut agir comme consultant en santé et bienêtre. Un herboriste pratique l’herboristerie (science pratique) mais étudie l’herbologie (science théorique)48. L’herboristerie consiste à la préparation et la commercialisation de plantes médicinales ou de préparations dérivées. Par métonymie, le terme désigne la boutique dans laquelle sont vendues les plantes médicinales, tenue par un herboriste. L’herboristerie a un but strictement pratique, la science qui d’une manière purement théorique étudie les vertus médicinales des plantes est l’herbologie.49 48 Wikipédia [en ligne]. https://fr.wikipedia.org/wiki/Herboriste

49 Wikipédia [en ligne]. https://fr.wikipedia.org/wiki/Herboristerie

Figure 47 : Les pratiques de guérison à base de plantes, Irlandaise à son rouet, 1900 © Droit réservé

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Figure 48 : L’armoise et le paludisme : L’émergence de l’artémisinine extraite d’ Artemisia annua L. comme traitement contre le paludisme à la fin des années 1970 est un cas bien connu de plantes médicinales utilisées dans la pharmacie du XXe siècle. © Panax-Ginseng.fr

Figure 49 : La cigarette Potter’s contre l’asthme, fin 19ème siècel et début 20ème : comporte 8 parties defeuilles de stramonium, 8 parties de feuilles de thé vert, six parties de feuilles de lobelia et deux parties de feuilles de plantain. © Droit réservé

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3.1.2. L’ANECDOTE DE ANAÎS KERHOAS : ÊTRE HERBORISTE AUJOURD’HUI Anaîs est une femme combattante et pleine d’énergie, elle était au cœur du documentaire “Anaïs s’en va-t-en guerre”. Une jeune agricultrice bretonne, témoigne de son combat pour trouver un terrain où cultiver ses plantes. Elle voulait être nez, puis fleuriste. C’est après son bac et suite à un voyage de six mois en Inde qu’elle se décide à suivre une formation de deux ans pour devenir herboriste50. Elle nous explique dans une vidéo51 que la dernière herboriste qui a été formée avant 1941, date de la dernière promotion officielle d’étudiants en herboristerie, est morte depuis quelques années. Elle déplore également le fait qu’il n’y a plus d’herboriste en France, plus personne ne connaît l’usage des plantes officiellement. Elle nous cite dans la vidéo les bienfaits des plantes suivantes : Thym, sarriette, romarin, sauge, menthes, mélisse, verveine, etc. Elle nous apprend que les plantes médicinales sont inscrites à la pharmacopée et que la vente et le conseil sont sous le monopole des pharmaciens sauf quelques plantes qu’ils ont libérées, souligne-t-elle. Elle donne l’exemple de l’aubépine (juste un exemple parmi une longue liste) qui n’a pas droit de vendre. C’est une plante qui peut aider pour s’endormir, lutter contre l’anxiété, l’insuffisance cardiaque, elle est sous le monopole des pharmaciens. 50 En Bretagne, le combat d’une jeune paysanne crée un buzz inattendu, Le Monde, juin 2014 [en ligne]. https://www.lemonde.fr/blog/alternatives/2014/06/25/en-bretagneune-jeune-paysanne-cree-le-buzz-malgre-elle-avec-son-combat/comment-page-1/ 51 Se soigner avec les plantes | Le Speech d’Anaïs Kerhoas, Konbini news [en ligne]. https://www.dailymotion.com/video/x7uifxx

Figure 50 : Portrait d’Anaîs Kerhoas © Christophe Le Dévéhat pour Télérama

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Elle nous révèle son parcours d’étude supérieur qui se résume en une formation d’herboriste sur deux ans par correspondance, formation non reconnue par l’état. Puisque, aujourd’hui pour être herboriste, il faut être pharmacien, pour avoir l’autorisation de vendre les plantes. Elle nous alerte qu’en France il y a beaucoup de traditions écrites, mais n’empêche que ça ne remplace pas la pratique, l’expérience d’un herboriste qui a fait des essais avec les plantes, avec les mélanges, avec les patients, etc. Ce qui a poussé Anaîs de se lancer dans cette direction est sa petite histoire d’enfance. Quand elle était petite, elle avait beaucoup de migraine, sans médicament, elle a essayé un mélange d’huile menthe poivré52. 52 Ibid

Figure 51 (en haut) : Anaîs dans son monde de plantes aromatiques © Anne-Cécile Juillet

Figure 52 (ci-contre) : L’affiche du documentaire «Anais s’en va-ten guerre» © Equateurs

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3.1.3. L’ÉTAT DE L’ART DE LA PRATIQUE AUJOURD’HUI

Tout d’abord, il me semble primordial d’éclaircir le cadre réglementaire avant d’interroger la pratique. La vente des plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée 53 est réservée aux pharmaciens sous réserve des dérogations établies par décret. Un décret pris en 2008 a modifié l’article D4211-11 du Code de la santé publique, portant de 34 à 148 le nombre de plantes ou parties de plantes médicinales inscrites à la Pharmacopée qui peuvent être vendues par des personnes autres que les pharmaciens. Cet article précise la ou les formes d’utilisation autorisées pour ces plantes (en l’état, en poudre et/ou sous forme d’extrait sec aqueux)54. D’ailleurs, il existe des lois-cadre qui correspondent à la cueillette pour toute personne désirant cueillir des plantes dans la nature. Sur le site internet d’une association connue dans ce domaine, on trouve des clarifications afin d’informer les amateurs de leurs responsabilités et leurs droits de cueillir.

“ Même si les plantes ne sont pas protégées, vous n’avez pas forcément le droit de les cueillir. Toutes les terres de France ont un propriétaire, qu’il soit public ou privé. Léga53 Une pharmacopée est un ouvrage encyclopédique recensant principalement des plantes à usage thérapeutique, mais également des substances d’origine animale ou minérale et, plus récemment, des substances chimiques. Source : Wikipédia

54 Article D4211-11, modifié par Décret n°2008-841 du 22 août 2008

Figure 53 (en haut) : Pharmacopée française - Liste des plantes médicinales, 2007. Éditeur : AFSSAPS

Figure 54 (ci-contre) : La Cueillette des fruits par François Boucher.

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lement, tout ce que vous prendrez sur un terrain sans avoir eu l’autorisation du propriétaire est considéré comme un vol. Pour des cueillettes d’un volume inférieur à 10 litres, vous risquez une contravention forfaitaire de 135€. Au-delà de 10 litres, vous commettez un délit, passible de 45 000€ d’amende et 3 ans de prison !” 55. Donc, il est très recommandé de se diriger vers les instances gouvernementales ou directement sur le site geoportail.gouv.fr dans le but d’être dans la légalité et de ne pas commettre des infractions. Après cette mise au clair, nous pouvons maintenant illustrer ce qui se pratique actuellement sur le territoire. L’association “Le Chemin de la nature” est exemplaire dans la promotion de l’usage médicinal des plantes endémiques. Elle a pour objectif de transmettre la connaissance des plantes sauvages, des champignons et de leurs usages au plus grand nombre. Pour y parvenir, elle organise de nombreuses initiatives pour les professionnels comme pour les particuliers56. Elle propose des formations sous différents 55 Le chemin de la nature [en ligne]. https://www. lechemindelanature.com/2021/03/14/regles-et-precautions-pour-la-cueillette-de-plantes-sauvages/ 56 Le chemin de la nature [en ligne]. https://www. lechemindelanature.com/a-propos/

supports : Vidéos, cours, fiches de plantes, accessibles à n’importe quel moment et au rythme de chaque apprenti. Plusieurs participants au différents programmes de l’association témoignent le partage d’expérience sur terrain et approuvent la somme de connaissances qui peuvent être partageable sur internet ou sur terrain. Ils affirment une compréhension globale des plantes : Usage botanique / comestible / médicinal. Pour résumer, la mission et le désir de cette association est d’apprendre les personnes désirant cueillir en toute autonomie, en sécurité, sans risques de confusion possibles, apprendre à connaître les plantes : compositions moléculaires, les contre-indications, les usages précis, comment les transformer en remèdes57. C’est pour ces raisons, j’envisage de prendre en compte les activités de cette association puisque cette dernière se place comme porteuse de connaissances. Elle articule autour d’elle plusieurs partenaires capables de promouvoir des nouveaux projets. Cette association a acquis une notoriété suffisante ce qui va me permettre de se projeter en ayant une certaine certitude que ma proposition pourrait prendre forme dans la réalité. 57 Des témoignages sur la chaîne Youtube de l’association. https://www.youtube.com/channel/UCDRv_dbkaa6b1kXxsokstpg

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Figure 55 : Sac à dos d’un participant à une formation de l’association © Christophe BERNARD

Figure 56 : Photo à usage publicitaire sur le site de l’association, formation «Faire ses remèdes» © Le Chemin de la nature


L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 57

Figure 57 : Carnet d’un participant à une formation de l’association © Christophe BERNARD

Figure 58 : Photo d’une sortie d’expérimentation © Le Chemin de la nature

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3.2. TESTER POUR EXPLORER 3.2.1. UNE PREMIÈRE ESQUISSE : EXPLICATION DU PRINCIPE Dans cette ébauche, j’ai tenté d’élaborer un premier chemin, un scénario qui met en lumière la reprise de la pratique d’herboristerie suite à l’appropriation des plantes endémiques. Dans un premier temps j’ai imaginé un lieu, un hameau dans lequel on trouvera un dispositif qui va contenir deux kits : un kit de soins primaires et un kit de matériels de base de l’herboristerie. Ce dispositif est à porter de main pour les habitants du lieu. Il est censé servir les hameaux isolés. On pourrait prétendre que la mairie la plus proche contacte un spécia-

liste dans l’herboristerie. Ce dernier va suivre, transmettre ses connaissances aux habitants de ce hameau. Par la pratique sur leur propre territoire, les habitants peuvent acquérir les bases élémentaires comme le principe et les règles de la cueillette. À un moment donné, ils pourront partir en autonomie. On peut imaginer qu’une personne se dirige d’abord vers le dispositif pour prendre le nécessaire tel que : un guide pratique, carte, loupe de précision, gants, etc. Puis, elle part pour explorer et cueillir. Chaque pratiquant doit passer par des

Figure 59 : S’approprier le territoire pour faire médecine

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L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 59

Figure 60 : Proposition 1 du dispostif qui comportera les deux kits - un mobilier de grande taille

niveaux différents avant de cueillir quoique ce soit. L’observation de l’environnement immédiat est cruciale pour repérer si l’endroit est pollué ou pas, si les plantes sont malades, etc. L’usage d’une loupe sophistiquée, du guide de référence sera la clé pour vérifier et être certain de la plante à trouver. Les dessins et les images présentées dans le référentiel permettront l’identification de la plante. On ne peut pas pratiquer cet exercice sans recours à ces outils, car on peut facilement se tromper et collecter une plante toxique à la place.

Figure 61 : Proposition 2 du dispostif qui comportera les deux kits - un mobilier plus petit par rapport à la proposition précédente

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Figure 62 : L’illustration complète de la première proposition



Figure 63 : L’illustration de la première proposition avec les moyens de mise en œuvre

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3.2.2. LES POINTS À AMÉLIORER

Avec du recul, je suis parvenu avec l’aide précieuse de Monsieur Eric Fache et Monsieur Christophe Séraudie à dégager les points de vigilance à prendre en compte durant cette phase d’avant projet : - Comment les futurs usagers seront autonomes ? - Comment perdurer et prolonger la pratique en absence d’un spécialiste ? - Faut-il atteindre un premier pallier de connaissance avant d’être indépendant ? - Tester encore d’autres mécanismes et dispositifs. - L’usage d’un guide de 500 pages sur terrain devrait être pensée davantage. - Comment peut-on enseigner les bases de l’herboristerie aux non-sachants ? - Imaginer une personne porteuse de connaissance qui jouera un rôle dans sa communauté. - Pousser encore la question d’un environnement de soins préliminaire par les plantes endémique. - Décrire avec détail le parcours d’utilisateur.

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3.3. STORYBOARD : DESCRIPTION DU PARCOURS DE L’EXPÉRIENCE 3.3.1. LA FEUILLE DE ROUTE Suite à la première expérimentation, qui était essentielle dans l’intention d’identifier les points névralgique dans la scénarisation du projet, j’ai creusé davantage les questions citées précédemment par l’usage des méthodes et outils de design comme le storyboard. Ce dernier planifiera les besoins de l’ensemble des éléments qui constitueront le projet. Dans ce récit par le dessin, il y aura une mise en valeur de ce qui existe déjà comme l’association “Le Chemin de la nature” qu’on a abordé antérieurement dans ce dernier chapitre ‘Expérimentation’. Nous allons voir aussi une exploitation d’un service récemment mis en place en France qui est le SAS (service d’accès aux soins). Il s’agit ici d’une constitution d’un scénario qui pourrait être exécutable et qui possède des points d’ancrage dans le territoire. L’urgence d’offrir une proximité de soins m’a aiguillé à imaginer une expérience tangible, proche du moment actuel.

exactement à Tréminis. Elle va s’approprier les plantes avant d’atteindre une certaine autonomie. Elle trouve de l’encouragement qui l’amène à proposer son projet. Elle accepte l’encadrement d’un pharmacien phytothérapeute pour rester dans la légalité. Suite à deux ans de persévérance, elle pratiquera enfin sa nouvelle passion. Elle répondra aux besoins ponctuels de son village. Par la maîtrise du savoir faire vernaculaire nous pouvons alléger la fragilité en besoin de santé dans l’hyper-ruralité.

Nous rappelons que ce storyboard présentera un parcours de soins préliminaires par les plantes médicinales relatives au territoire. Nous verrons que notre protagoniste “Morgane” va accomplir sa tâche sans se décourager. Elle découvre l’herboristerie suite à une formation pratique et théorique et garde une attitude qui démontre ses ambitions d’offrir les soins préliminaires à sa communauté dans le Trièves et plus

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Quelques personnages ci-contre étaient imaginés suite à l’enquête de Clelles (voir annexe).


L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 65

3.3.2. LES PERSONAS

Morgane, 23 ans

Personnage principal Ceramiste et poursuit une formation d’herboriste

Herve, 75 ans

aude, 75 ans

christophe 38 ans

Aide soignant retraite et originaire de Treminisé

Biologiste retraite et Conjointe d’Herve

Specialiste dans l’herboristerie et fondateur de l’association «Le chemin de la nature»

chantal, 78 ans

julien, 42 ans

Oliveir, 47 ans

Hugo, 39 ans

Villageoise de Treminis et Amie de Morgane

Representant du SAS «service d’acces aux soins»

Representant du Ministere Des Solidarites et de la sante

Pharmacien Phytotherapeute de Grenoble et tuteur De Morgane dans sa pratique

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66 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

3.3.3. LES GRANDES ÉTAPES DU STORYBOARD

2. Transmission des connaissances et immersion dans la pratique

1. Avoir les moyens nécessaires pour s’emparer du territoire La protagoniste explore et saisit l’opportunité d’avoir un apprentissage dans l’herboristerie à travers ‘Le Chemin de la nature’.

L’entrée en contacte avec l’association et le commencement des cours et stages de pratique jusqu’au développement d’une vocation.

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L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 67

Notre protagoniste maîtrise les techniques exigées du domaine. Elle assure une proximité de soins primaires incontestable. Elle joue le rôle d’un héros vivement souhaité dans l’hyper-ruralité.

4. Prendre soins de la communauté locale.

3. Pratiquer sous-tutelle

l’herboristerie

Validation de l’alternative d’assurance de soins de proximité par les plantes. Création d’un satellite dans l’hyper-ruralité. Pratiquer de l’exercice sous la responsabilité d’un pharmacien phytothérapeute. DPEA DIPA / MÉMOIRE & PROJET DE FIN D’ÉTUDES / MAROUEN HAMMAMI


68 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

ÉTAPE 1/4 AVOIR LES MOYENS NÉCESSAIRES POUR S’EMPARER DU TERRITOIRE RÉSUMÉ D’ACTIONS : - Découverte d’une formation d’herboriste gratuite. - Comprendre les objectifs de cette formation comme le fait de se soigner par des plantes. - Encouragement de la part d’Hervé et Maude

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Les services intermédiaires et artéfacts qui réalisent les besoins

L’association Le chemin de la nature


Commune de Treminis, Isere

Vous êtes intéressé par notre formation d’herboriste gratuite ?

Formation proposee par l’Association «Le Chemin de la nature»


1.1

NAVIGATION SUR INTERNET ET PRISE DE CONNAISSANCE DE DERNIÈRES NEWS. Descriptif de l’action : Morgane lit des articles depuis son domicile et découvre ce qui se passe sur le territoire à l’aide de l’internet. Les besoins pour réaliser l’action : Afin de savoir ce qui se passe, il faut repérer et lire des articles et magazines numériques. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Morgane aura besoin de son ordinateur et d’une connexion internet pour arriver à ce souhait. Les questions qui se posent : Qu’est-ce qu’elle a pu trouver sur internet ? Le résumé du but global poursuivi : Dans l’hyper-ruralité, la moindre opportunité pourrait alléger un fardeau et facilité la vie quotidienne des villageois.

1.2

DÉCOUVERTE D’UNE FORMATION D’HERBORISTE GRATUITE. Descriptif de l’action : Morgane étale ses recherches et prend connaissance d’une offre exceptionnelle. Il s’agit d’une formation gratuite dans l’herboristerie. Elle commence déjà à imaginer la formation. Les besoins pour réaliser l’action : Approfondir les recherches dans l’intention de détecter les opportunités. Suite à la bonne nouvelle, Morgane devra lire en détail l’intégralité de l’offre dans le dessein de se plonger un peu dans l’avenir. Les questions qui se posent : Est-ce qu’elle va poursuivre et tenter sa chance ? Le résumé du but global poursuivi : Le fait de creuser et d’avoir l’ambition d’approfondir nos connaissances, nous aidera à croire et repérer des occasions. Morgane a intérêt de saisir cette chance.

1.3

COMPRENDRE LES OBJECTIFS DE CETTE FORMATION COMME LE FAIT DE SE SOIGNER PAR DES PLANTES. Descriptif de l’action : Morgane continue la navigation et apprend les objectifs de la formation. En même temps, elle a déterminé l’organisme d’accueil. Les besoins pour réaliser l’action : Détermination de l’organisateur et l’appréhension des objectifs de la formation. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Morgane aura besoin de son ordinateur et d’une connexion internet pour arriver à ce souhait. Les questions qui se posent : Est-ce qu’elle va poursuivre et tenter sa chance ? Le résumé du but global poursuivi : Le fait de creuser et d’avoir l’ambition d’approfondir nos connaissances, nous aidera à croire et repérer des occasions. Morgane a intérêt de saisir cette chance.

71


En vrai .. c’est une bonne idee En vrai.. c’est une bonne idee


73

1.4

RÉFLEXION AUTOUR DE LA FORMATION. Descriptif de l’action : Quelques jours plus tard, Morgane continue à réfléchir encore. Les besoins pour réaliser l’action : Morgane est censée constituer une base de réflexion pertinente pour son avenir. Les artéfacts qui réalisent les besoins : --Les questions qui se posent : Est-ce qu’elle va poursuivre et tenter sa chance ? Le résumé du but global poursuivi : Morgane devra foncer et décrocher cette chance. Elle devra penser aussi à ses voisins et amis de Tréminis. Elle pourra contribuer à l’autonomie et à l’autogestion du village.

1.5

DISCUSSION AVEC HERVÉ ET MAUDE, VOISINS ET AMIS DE MORGANE Descriptif de l’action : Un échange autour de la fameuse formation. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir le souhait et l’envie d’échanger sur le sujet. Accepter les avis des autres personnes. Les artéfacts qui réalisent les besoins : --Les questions qui se posent : Vont-ils encourager Morgane ? Le résumé du but global poursuivi : Morgane devra foncer et décrocher cette chance. Elle devra penser aussi à ses voisins et amis de Tréminis. Elle pourra contribuer à l’autonomie et à l’autogestion du village.

1.6

ENCOURAGEMENT DE LA PART D’HERVÉ ET MAUDE Descriptif de l’action : Les seniors brisent l’hésitation de Morgane et offrent leurs soutiens sans réserve. Morgane commence à comprendre le rôle qu’elle pourrait jouer dans un futur proche. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir le souhait et l’envie d’échanger sur le sujet. Accepter les avis des autres personnes. Les artéfacts qui réalisent les besoins : --Les questions qui se posent : Finalement, va-t-elle se porter candidate ? Le résumé du but global poursuivi : Morgane devra foncer et décrocher cette chance. Elle devra penser aussi à ses voisins et amis de Tréminis. Elle pourra contribuer à l’autonomie et à l’autogestion du village.


74 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

ÉTAPE 2/4 TRANSMISSION DES CONNAISSANCES ET IMMERSION DANS LA PRATIQUE RÉSUMÉ D’ACTIONS : - Un premier contact avec l’association organisatrice du projet formateur. - Un suivi individuel avec un spécialiste dans l’herboristerie et mise au courant du stage. - Exercice : expérimenter son autonomie - Atteindre un pallier dans le domaine

MAROUEN HAMMAMI / DPEA DIPA / MÉMOIRE & PROJET DE FIN D’ÉTUDES


75

Les services intermédiaires et artéfacts qui réalisent les besoins

L’association Le chemin de la nature

Le kit d’herboristerie


Commune de Treminis, Isere

Formation Une semaine proposee plus tard par l’Association «Le Chemin de la nature»

Votre candidature pour la formation « Se soigner par les plantes» a ete acceptee


2.1

CONSTITUTION DU DOSSIER ET ENVOI DE LA

77

CANDIDATURE PAR COURRIER. Descriptif de l’action : Morgane finalise sa candidature et prépare le courrier tout en sachant les documents demandés (sur internet) afin de profiter de cette offre. Les besoins pour réaliser l’action : Suivre la démarche et fournir un dossier complet tout en expliquant les motivations pour suivre la formation. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Morgane aura besoin d’un stylo, les papiers nécessaires, enveloppe, ordinateur et d’une connexion internet pour réaliser son souhait. Les questions qui se posent : Va-t-elle être acceptée ? Le résumé du but global poursuivi : Montrer sa motivation pour bénéficier de l’offre afin d’être acceptée.

2.2

RÉCEPTION D’UN E-MAIL DE LA VALIDATION DU DOSSIER. Descriptif de l’action : Des cris de joie dans la maison de Morgane suite à l’acceptation de la candidature. Les besoins pour réaliser l’action : Ouvrir l’e-mail et lecture du contenu. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Ordinateur et connexion internet Les questions qui se posent : Comment va se dérouler la formation ? Le résumé du but global poursuivi : Une prise de confiance et cultiver un engagement personnel pour bien suivre le programme et s’emparer du territoire dans un futur proche.

2.3

UN PREMIER CONTACT AVEC L’ASSOCIATION ORGANISATRICE DU PROJET FORMATEUR. Descriptif de l’action : Un entretien téléphonique entre la secrétaire de l’association et Morgane. Le but de la discussion est de se disposer de toutes les informations nécessaires avant le début des cours théoriques et pratiques. Les besoins pour réaliser l’action : Bien écouter l’interlocuteur et suivre les instructions pour un bon démarrage. Il est souhaitable d’exprimer davantage ses motivations. Services et dispositifs intermédiaires : L’association “Le Chemin de la nature” Les questions qui se posent : Sous quelle forme va être les premiers cours ? Le résumé du but global poursuivi : Une prise de confiance et cultiver un engagement personnel pour bien suivre le programme et s’emparer du territoire dans un futur proche.


1 mois plus tard, Treminis

Christophe le specialiste, depuis le siege de l’association

Morgane en direction de Paris pour son premier stage d’herboriste


2.4

DÉMARRAGE DES COURS À DISTANCE AVEC

79

UN SUIVI INDIVIDUEL Descriptif de l’action : Morgane enchaîne les cours en format vidéo (déjà obtenues) et PDF. Elle s’investit énormément depuis un mois. Il est évident d’apercevoir sa satisfaction. Les besoins pour réaliser l’action : Appréhender le contenu des cours et avoir un rythme de suivi constant pour bien assimiler les nouvelles connaissances. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Ordinateur, cahier, casque, les cours (en vidéo et PDF) et de quoi noter Les questions qui se posent : Prend-elle du plaisir ? À quel moment, elle va être sur terrain ? Le résumé du but global poursuivi : Une prise de confiance et cultiver un engagement personnel pour bien suivre le programme et s’emparer du territoire dans un futur proche.

2.5

UN SUIVI INDIVIDUEL AVEC UN SPÉCIALISTE DANS L’HERBORISTERIE ET MISE AU COURANT DU STAGE. Descriptif de l’action : Échange et débat autour de la pratique. Christophe, le spécialiste informe Morgane de la prochaine étape qui sera encore plus amusante et formatrice. Les besoins pour réaliser l’action : Être déterminée à apprendre. Services et dispositifs intermédiaires : L’association “Le Chemin de la nature” Les questions qui se posent : Quelles sont les modalités de ce stage ? Le résumé du but global poursuivi : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.

2.6

DÉPART VERS PARIS POUR ASSISTER AU PREMIER STAGE SUR TERRAIN. Descriptif de l’action : Morgane quitte Tréminis pour quelques jours de formation. Les besoins pour réaliser l’action : Être mobile Les artéfacts qui réalisent les besoins : Moyen de transport et bagage indispensable. Les questions qui se posent : Quelles sont les modalités de ce stage ? Le résumé du but global poursuivi : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.


Premier jour de decouverte du territoire

Observation et verfication de la plante en se servant du guide

Observation des details a l’aide de la loupe de precision

Carte du territoire et conseil pratique pour cueillir

Observation et verfication de la plante en se servant du guide

Les etapes de la cueillette des plantes medicinales Observation des details a l’aide de la loupe de precision

Carte du territoire et conseil pratique pour cueillir

Les etapes de la cueillette des plantes medicinales


2.7

PREMIER JOUR

81

D’IMMERSION. Descriptif de l’action : Morgane commence par cultiver une bonne observation des plantes (feuillage, l’environnement de la plante, etc). Elle est accompagnée par Christophe et un autre apprenti. Les besoins pour réaliser l’action : Observer l’environnement immédiat. Services et dispositifs intermédiaires : L’association “Le Chemin de la nature” Le résumé du but global poursuivi : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.

2.8

AU COURS DE LA PHASE IMMERSIVE Descriptif de l’action : Morgane entame une nouvelle étape qui est la cueillette, recherche et identification des plantes avec l’aide de Christophe. Elle utilise du matériel adéquat. Les besoins pour réaliser l’action : Cueillir, identifier, chercher et observer. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Loupe de précision, guide pratique, carte, couteau et gants, etc. Le résumé du but global poursuivi : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.

2.9

EXERCICE : EXPÉRIMENTER SON AUTONOMIE Descriptif de l’action : Morgane part tout seul pour identifier une plante précise comme énoncé dans l’exercice. Elle se sert du guide pour vérifier. Les besoins pour réaliser l’action : Se lancer tout seul et être connecté avec l’environnement. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Loupe de précision, guide pratique, carte, couteau et gants Le résumé du but global poursuivi : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.


La fin du premier stage Apres une annee de formation pratique et theorique


83

2.10

FIN DE L’EXPLORATION Descriptif de l’action : Dialogue entre Morgane et Christophe par rapport à l’expérience Les besoins pour réaliser l’action (formulés à partir de verbes d’action) : Avoir le souhait et l’envie d’échanger sur le sujet. Accepter les avis des autres personnes. Les questions qui se posent : Que va être la suite ? Le résumé du but global poursuivi (les attendus / vision et intention) : Avoir les bases pratiques pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux ainsi les techniques de la cueillette.

2.11

ATTEINDRE UN PALLIER DANS LE DOMAINE Descriptif de l’action : Morgane approfondit ses compétences pour monter en puissance. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir une certaine autonoie et un certain amour de la pratique. Avoir des connaissances solides. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Ordinateur, loupe de précision, guide pratique, carte, couteau, gants, pots, entonnoir, etc. Les questions qui se posent : Est-elle capable à fabriquer des remèdes ? Le résumé du but global poursuivi : Consolidation des bases pratiques et théoriques pour atteindre l’autonomie et transmettre le savoir-faire.

2.12

CULTIVER UNE VOCATION Descriptif de l’action : Échange entre Morgane et les seniors du village. Une espérance commence à se construire : avoir une personne à proximité capable de produire un remède à base de plante Les questions qui se posent : Est-elle capable à fabriquer des remèdes ? Le résumé du but global poursuivi : Consolidation des bases pratiques et théoriques pour atteindre l’autonomie et transmettre le savoir-faire.


84 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

ÉTAPE 3/4 PRATIQUER L’HERBORISTERIE SOUS-TUTELLE RÉSUMÉ D’ACTIONS : - Suggestion de pratiquer l’herboristerie à part entière. - Transmission de l’idée aux représentants. - Explication de la démarche de la tutelle. - Les protocoles et les recommandations à suivre. - Perdurer la pratique et persévérance - Gagner la confiance du pharmacien

NB : Le Service d’accès aux soins (SAS) est un élément clé du modèle de prise en charge des patients. Objectif : répondre à la demande de soins vitaux, urgents et non programmés de la population partout et à toute heure, grâce à une chaîne de soins lisible et coordonnée entre les acteurs de santé de l’hôpital et de la ville d’un même territoire.

MAROUEN HAMMAMI / DPEA DIPA / MÉMOIRE & PROJET DE FIN D’ÉTUDES


85

Les services intermédiaires et artéfacts qui réalisent les besoins

L’association Le chemin de la nature

Le kit d’herboristerie

Pharmacien phytothérapeute


Chez Chantal

Chez Chantal

Christophe le specialiste, depuis le siege de l’association


3.1

SUGGESTION DE PRATIQUER L’HERBORISTERIE

87

À PART ENTIÈRE Descriptif de l’action : Échange entre Morgane et Chantal par rapport à l’engagement dans la pratique. Morgane était contrainte de reconnaître la réalité des choses. Les questions qui se posent : Morgane va s’arrêter à ce niveau ? Comment va réagir Chantal ? Va-telle être compréhensive ? Le résumé du but global poursuivi : Rendre claire le cadre légale de la pratique de l’herboristerie et tenter de le questionner.

3.2

UN COUP DE POUCE Descriptif de l’action : Chantal motive Morgane et offre son soutien inconditionnel dans le souhait d’atteindre le but. Les besoins pour réaliser l’action : Croire au changement et force de motivation et de proposition. Les questions qui se posent : Cette ouverture sera-t-elle suffisante ? Le résumé du but global poursuivi : Basculement et inversion de la réalité par la formation d’une hypothèse de changement.

3.3

PASSAGE À L’ACTION ET ESPOIR Descriptif de l’action : Morgane suit l’idée de Chantal et ose proposer son projet à Christophe, fondateur de l’association “Le Chemin de la nature” . Christophe ne s’attarde pas à penser à un organisme qui est le SAS “service d’accès aux soins” qui est un projet de “service” pilote vient d’être mis en place sur le territoire français récemment. Les besoins pour réaliser l’action : Le dévouement et agilité des protagonistes Services et dispositifs intermédiaires : Le SAS “service d’accès aux soins” et l’association “Le Chemin de la nature” Le résumé du but global poursuivi : L’immersion au sujet de légalité de l’exercice.


Reunion entre Christophe , Morgane et le SAS au sujet de l’heroristerie et son cadre legal.

Une semaine plus tard, echange entre un representant du SAS et un representant du Ministere des solidarites et de la sante


3.4

RÉUNION

89

IMPORTANTE Descriptif de l’action : Discussion entre Morgane, Christophe et le SAS. Présentation de l’idée et tentative de trouver des facilitateurs. Le SAS semble adopter le projet . Les besoins pour réaliser l’action : Croire aux idées nouvelles et avoir l’ambition d’innover. Services et dispositifs intermédiaires : Le SAS “service d’accès aux soins” et l’association “Le Chemin de la nature” Le résumé du but global poursuivi : Donner une perspective positive et montrer que c’est possible.

3.5

TRANSMISSION DE L’IDÉE AUX REPRÉSENTANTS. Descriptif de l’action : Julien le représentant du SAS défend le projet de Morgane parce que c’est dans l’intérêt de son service et c’est dans l’intérêt de la population. Les besoins pour réaliser l’action : Convaincre Services et dispositifs intermédiaires : Le SAS “service d’accès aux soins” et le ministère des Solidarités et de la santé Les questions qui se posent : Le ministère va-t-il donner une piste ? Le résumé du but global poursuivi : Montrer que le cadre légal de la pratique de l’herboristerie pourrait se renouveler.

3.6

LA BONNE NOUVELLE Descriptif de l’action : Olivier le représentant du ministère présente le chemin à suivre pour rester dans la légalité. Il propose la tutelle d’un pharmacien phytothérapeute le plus proche de Morgane. Morgane représentera une satellite des services de la santé. Les besoins pour réaliser l’action : Donner des perspectives d’avenir. Services et dispositifs intermédiaires : Le SAS “service d’accès aux soins” et le ministère des Solidarités et de la santé. Le résumé du but global poursuivi : Être le point de relais de la pharmacie par l’herboristerie.


Hugo, pharmacien phytotherapeute de Grenoble, part vers Treminins

Commune de Treminis, Isere Chez Morgane


3.7

EXPLICATION DE LA DÉMARCHE

91

DE LA TUTELLE Descriptif de l’action : Olivier facilite la compréhension à Julien et lui présente les étapes à suivre : être intensivement accompagné par exemple... Les besoins pour réaliser l’action : Donner des perspectives d’avenir. Services et dispositifs intermédiaires : Le SAS “service d’accès aux soins” et le ministère des Solidarités et de la santé. Le résumé du but global poursuivi : Être un point de relais de la pharmacie par l’herboristerie.

3.8

LE DÉBUT DE LA TUTELLE ET PREMIER CONTACT AVEC LE PHARMACIEN Descriptif de l’action : Hugo le pharmacien phytothérapeute quitte son lieu de travail et part pour rencontrer Morgane et pour lui donner la feuille de route pour cette première année de coopération. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un pharmacien prêt à collaborer avec une praticienne d’herboristerie et prêt à s’engager dans le but de faciliter l’accès aux soins aux habitants hyper-ruraux. Services et dispositifs intermédiaires : Pharmacie Le résumé du but global poursuivi : Prouver que les différents corps du métier pourront contribuer à l’accès aux soins. Les conseils et les protocoles à suivre établies par le pharmacien vont légitimer le droit et le devoir de Morgane.

3.9

RAPPROCHER LES CONNAISSANCES Descriptif de l’action : Un échange entre Hugo et Morgane autour de la pratique Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un pharmacien prêt à collaborer avec une praticienne d’herboristerie et prêt à s’engager dans le but de faciliter l’accès aux soins aux habitants hyper-ruraux. Services et dispositifs intermédiaires / artéfacts : Pharmacie, le kit et les outils d’herboristerie de Morgane. Le résumé du but global poursuivi : Prouver que les différents corps du métier pourront contribuer à l’accès aux soins. Les conseils et les protocoles à suivre établies par le pharmacien vont légitimer le droit et le devoir de Morgane.


Le pharmacien explique et Morgane note

Le lendemain, Morgane dans la nature

Morgane applique Elle retourne chez elle et commence la preparation d’un melange destine pour un drainage intestinal


3.10

LES

PROTOCOLES

ET

LES

93

RECOMMANDATIONS À SUIVRE Descriptif de l’action : Hugo encadre Morgane et applique sa responsabilité envers elle. Les besoins pour réaliser l’action : Être doté d’un esprit collaboratif et veille à partager ses compétences et expériences Le résumé du but global poursuivi : Monter en compétence et acquérir le savoir essentiel pour gagner de l’autonomie.

3.11

PERDURER LA PRATIQUE ET PERSÉVÉRANCE Descriptif de l’action : Morgane réagit et fait ce qu’il faut afin d’être réactive suite au premier contact avec Hugo. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Le kit : loupe de précision, guide pratique, carte, couteau, gants, pots, entonnoir, etc. Les questions qui se posent : Est-elle capable à fabriquer des remèdes ? Le résumé du but global poursuivi : Monter en compétence et acquérir le savoir essentiel pour gagner de l’autonomie.

3.12

APPLICATION ET PRATIQUE Descriptif de l’action : Morgane réalise le mélange pour le drainage intestinal comme prévu. Il s’agit d’un exercice qui va être examiné. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Le kit : loupe de précision, guide pratique, carte, couteau, gants, pots, entonnoir, etc. Les questions qui se posent : Est-elle capable maintenant à fabriquer des remèdes ? Le résumé du but global poursuivi : Monter en compétence et acquérir le savoir essentiel pour gagner de l’autonomie.


Morgane envoie la preparation a Hugo pour l’examination

Formation 4 jours plus proposee tard par l’Association «Le Chemin de la nature»

Morgane recoit un mail de la part d’Hugo, ce dernier a affirme la conformite du melange par rapport aux exigences

2 mois plus tard


3.13

ENVOYER POUR

95

L’EXAMEN Descriptif de l’action : Morgane prépare l’envoi de la préparation pour le drainage intestinal. Il s’agit d’un exercice pratique qui va être examiné. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Cartons, étiquettes, enveloppe, etc. Les questions qui se posent : Est-elle capable maintenant à fabriquer des remèdes ? Le résumé du but global poursuivi : Monter en compétence et acquérir le savoir essentiel pour gagner de l’autonomie.

3.14

GAGNER LA CONFIANCE DU PHARMACIEN Descriptif de l’action : Morgane reçoit les analyses de la part d’Hugo et montre sa joie suite à la réussite dans cette épreuve. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Ordinateur Le résumé du but global poursuivi : Annoncer que ce domaine n’est pas seulement l’affaire du pharmacien ou du médecin. N’importe quelle personne souhaitant explorer ce domaine pourrait avoir la chance d’en réussir.

3.15

HUGO PART UNE NOUVELLE FOIS Descriptif de l’action : Hugo apprécie cette collaboration et dévoile son contentement. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un pharmacien prêt à collaborer avec une praticienne d’herboristerie et prêt à s’engager dans le but de faciliter l’accès aux soins aux habitants hyper-ruraux. Le résumé du but global poursuivi : Annoncer que ce domaine n’est pas seulement l’affaire du pharmacien ou du médecin. N’importe quelle personne souhaitant explorer ce domaine pourrait avoir la chance d’en réussir.


Le pharmacien explique et Morgane note

un an d’accompagnement avec Hugo, le pharmacien Phytotherapeute


3.16

LES PROTOCOLES ET LES RECOMMANDATIONS À

97

SUIVRE “NIVEAU SUPÉRIEUR” Descriptif de l’action : Hugo ne laisse aucun doute quant à la transmission des connaissances. Il montre encore une fois sa capacité à encadrer l’herboriste. Son but est de former une personne opérationnelle et compétente dans son domaine. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un pharmacien prêt à collaborer avec une praticienne d’herboristerie et prêt à s’engager dans le but de faciliter l’accès aux soins aux habitants hyper-ruraux. Le résumé du but global poursuivi : Perdurer la pratique et atteindre un haut niveau d’expérience afin d’aider la communauté.

3.17

FIN DE L’ANNÉE INTENSIVE ET DÉBUT DE LA PRATIQUE SOUS SURVEILLANCE Descriptif de l’action : Hugo encourage et avoue le progrès exceptionnel réalisé par Morgane Les besoins pour réaliser l’action : Réussir et achever les épreuves et les expérimentations durant une année. Gagner la confiance du tuteur. Exercer d’une manière continue et régulière. Services et dispositifs intermédiaires / artéfacts : Pharmacie, le kit et les outils d’herboristerie de Morgane Les questions qui se posent : Comment va être cette expérience de l’autonomie surveillée ? Le résumé du but global poursuivi : Perdurer la pratique et atteindre un haut niveau d’expérience afin d’aider la communauté.


98 / L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ

ÉTAPE 4/4 PRENDRE SOINS DE LA COMMUNAUTÉ LOCALE. RÉSUMÉ D’ACTIONS : - S’approprier les plantes : parcours cueilleur. - Maîtrise de la technique - Voisins malades - Engagement - Revenir à la référence - Préparer et délivrer - Prendre soins

MAROUEN HAMMAMI / DPEA DIPA / MÉMOIRE & PROJET DE FIN D’ÉTUDES


99

Les services intermédiaires et artéfacts qui réalisent les besoins

Le kit d’herboristerie

Pharmacien phytothérapeute


Apres 3 mois de la derniere rencontre avec Hugo.

Morgane cueille comme d’habitude

Collecte et coupage des branches

Chez Morgane


4.1

S’APPROPRIER LES PLANTES :

101

PARCOURS CUEILLEUR Descriptif de l’action : Morgane fait des prélèvements suivant la technique “Bouquet par bouquet” Les besoins pour réaliser l’action : Sortir dans un temps favorable à la cueillette. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Sécateur, bâche, escabeau, panier, loupe de précision, guide pratique, carte, couteau et gants, etc. Le résumé du but global poursuivi : Consolidation des bases pratiques

4.2

MAÎTRISE DE TECHNIQUE

LA

Descriptif de l’action : Morgane collecte les bouquets à maturité et coupe les branches au sécateur. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir les équipements nécessaires et être passionné pour ce travail. Sortir dans un temps favorable à la cueillette. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Sécateur, bâche, escabeau, panier, loupe de précision, guide pratique, carte, couteau et gants, etc. Le résumé du but global poursuivi : Cultiver une routine de la pratique.

4.3

SÉCHAGE DES FLEURS/PLANTES Descriptif de l’action : Morgane commence à préparer le produit fini après d’être attentif à la maturité de la fleur. Elle assure l’alignement et laisse la récolte pour le séchage. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un endroit à l’abri de la pluie et couvert. Avoir les équipements nécessaires et être passionné pour ce travail. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Treillis d’osier à claire-voie Le résumé du but global poursuivi : Cultiver une routine de la pratique.


Le lendemain Morgane continue la cueillette

Appel d’urgence de la part de Chantal


4.4

PASSAGE AU SÉCHOIR

103

À GRANDE CAPACITÉ Descriptif de l’action : Morgane place le produit fini pour le séchage. Les besoins pour réaliser l’action : Avoir un endroit à l’abri de la pluie et couvert. Avoir les équipements nécessaires et être passionné pour ce travail. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Treillis d’osier à claire-voie Le résumé du but global poursuivi : Cultiver une routine de la pratique et maîtrise des principes.

4.5

APPEL IMPRÉVU Descriptif de l’action (en train de ce faire) : Morgane reprend la collecte des plantes dans la région et puis elle s’aperçoit que son téléphone sonne Les besoins pour réaliser l’action (formulés à partir de verbes d’action) : Avoir son téléphone avec soi. Le résumé du but global poursuivi (les attendus / vision et intention) : Répondre à une urgence.

4.6

CHANTAL MALADE Descriptif de l’action : Chantal informe son état de santé et souhaite avoir de l’aide afin de mettre fin à sa fièvre. Les besoins pour réaliser l’action : Répondre à l’appel d’urgence. Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.


Chez Morgane

Morgane prepare le melange pour Chantal


105

4.7

ENGAGEMENT Descriptif de l’action (en train de ce faire) : Chantal ne perd pas une seconde, elle part pour répondre à la détresse de Chantal. Les besoins pour réaliser l’action (formulés à partir de verbes d’action) : Le dévouement et agilité Le résumé du but global poursuivi (les attendus / vision et intention) : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.

4.8

REVENIR À LA RÉFÉRENCE Descriptif de l’action : Avant de passer chez Chantal, Morgane passe chez elle d’abord et récupère ce qu’elle a noté pendant ses séances avec Hugo. Elle trouve la fiche qui correspond à la fièvre. Les besoins pour réaliser l’action : Il faut prendre des notes lors des explications d’Hugo afin de constituer un corpus. Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.

4.9

RÉALISER LA PRÉPARATION Descriptif de l’action (en train de ce faire) : Morgane passe à l’action et suit à la lettre la fiche écrite. Les besoins pour réaliser l’action (formulés à partir de verbes d’action) : être attentif lors du dosage et l’identification des plantes. Les artéfacts qui réalisent les besoins : Pots, entonnoir, mortier et pilon, etc. Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.


Chez Chantal

3 jours plus tard, Morgane dans la nature


107

4.10

DÉLIVRER Descriptif de l’action : Morgane passe Chez Chantal. Enfin le soulagement ! Elle donne le mélange de tisane à infuser. Les besoins pour réaliser l’action : Se rendre chez le malade s’il ne peut pas se déplacer. Les artéfacts qui réalisent les besoins : La préparation de la Tisane. Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.

4.11

DEUXIÈME APPEL IMPRÉVU Descriptif de l’action (en train de ce faire) : Morgane reprend la collecte des plantes dans la région et puis elle s’aperçoit que son téléphone sonne . Les besoins pour réaliser l’action (formulés à partir de verbes d’action) : Avoir son téléphone avec soi. Le résumé du but global poursuivi (les attendus / vision et intention) : Répondre à une urgence.

4.12

AUDE MALADE Descriptif de l’action (en train de ce faire) : Aude informe Morgane de son état de santé et souhaite de l’aide afin de proposer quelque chose de temporaire avant son rendez-vous avec le médecin. Les besoins pour réaliser l’action : Répondre à l’appel d’urgence. Le résumé du but global poursuivi (les attendus / vision et intention) : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.



4.13

LE SOUTIEN DU TUTEUR :

109

GUIDER PAR LA TÉLÉCONSULTATION Descriptif de l’action : Morgane comprend la vulnérabilité d’Aude. Elle lui propose de passer chez elle afin d’être en direct avec Hugo. Son accompagnement est indispensable pour des besoins précis et pour les personnes très vulnérables. Les besoins pour réaliser l’action : Inviter la malade dans le but d’assurer une liaison entre la satellite “l’herboristerie de proximité” et la structure mère “Pharmacie” Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.

4.14

DÉLIVRER LES FLACONS D’HUILES POUR LES MASSAGES Descriptif de l’action : Morgane passe Chez Aude et donne les huiles essentielles. Les besoins pour réaliser l’action : Se rendre chez le malade s’il ne peut pas se déplacer. Les artéfacts qui réalisent les besoins : La préparation. Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.

4.15

REMERCIEMENT

Descriptif de l’action : La reconnaissance de tout le monde. Les artéfacts qui réalisent les besoins : La préparation. Services et dispositifs intermédiaires / artéfacts : L’association “le Chemin de la nature”, le SAS, le ministère des Solidarités et de la santé, Pharmacie-phytothérapeute, le kit et les outils d’herboristerie de Morgane Le résumé du but global poursuivi : Mettre au clair le rôle qui pourrait être joué par l’herboriste de proximité dans la lutte contre l’indisponibilité des praticiens de santé dans l’hyper-ruralité. Elle offrira les soins préliminaires par les plantes.



L’HYPER-RURALITÉ / HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ / 111

PARTIE 4 HERBORISTERIE DE PROXIMITÉ LES PLANTES RETROUVENT LEURS PLACES AFIN D’ATTÉNUER LES FRAGILITÉS EN ACCÈS AUX SOINS DANS L’HYPER-RURALITÉ.

Nous arrivons maintenant à cette étape qui synthétise l’expérience illustrée précédemment. Nous pouvons résumer chaque phase en une illustration qui nous projette vers l’essence de ce projet expérimental. Ce projet met en œuvre une démonstration autour du partage de la santé par la pratique de l’herboristerie. Il propose un mécanisme de santé qui pourrait faciliter l’accès aux soins primaires dans l’hyper-ruralité. Inspiré de l’expérience zapatiste, ce projet tire sa force du territoire par l’usage des plantes endémiques comme un moyen de rapprocher l’offre de soins primaires. Il permettrait une réappropriation des savoirs faire vernaculaire. L’herboristerie de proximité a pour objectif de répondre à des besoins immédiats et ponctuels. Au cas de non-disponibilité de médecin ou d’éloignement de l’offre de soins, la pratique de l’herboristerie pourrait soulager les habitants de l’hyper-ruralité et estomper le sentiment d’être démuni face à la fragilité du système de santé rural, souvent due à la géographie du territoire. Cette proposition s’ancre dans le territoire grâce aux services intermédiaires déjà mis à l’épreuve comme le SAS, en plus le recours aux ressources du lieu assurera une pérennité de la pratique.

DPEA DIPA / MÉMOIRE & PROJET DE FIN D’ÉTUDES / MAROUEN HAMMAMI



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AVOIR LES MOYENS NÉCESSAIRES POUR S’EMPARER DU TERRITOIRE Avoir une envie d’explorer des nouvelles choses nous permet de détecter les opportunités tel que la formation d’herboristerie proposée par l’association «Le Chemin de la Nature» . Le fait d’avoir les ambitions de jouer un rôle dans sa communauté nous donne la détermination de saisir cette offre. Elle permettra de se familiariser avec les plantes et puis dans un second temps, d’avoir des compétences pratiques.



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TRANSMISSION DES CONNAISSANCES ET IMMERSION DANS LA PRATIQUE Lorsqu’on est motivé pour bénéficier de l’offre et pour acquérir un savoir faire nouveau. On cultivera un engagement personnel qui s’enracinera par la pratique. Le programme de l’association «Le Chemin de la nature» propose en quelque sorte des outils pour s’emparer du territoire. Il s’agit d’un enseignement de base pour la bonne utilisation des plantes et étudier par la même occasion les usages médicinaux et les techniques de la cueillette.


PRATIQUER L’HERBORISTERIE SOUS-TUTELLE Lorsqu’on croit aux changements et lorsqu’on a une force de proposition chargée de motivation, on pourra créer le basculement. Cette inversion de la réalité, autour du cadre légale, pourrait prendre forme grâce au dévouement de l’association «Le


Chemin de la nature» envers la pratique d’herboristerie et grâce aux Services d’Accès aux Soins (SAS) qui existe déjà et qui doit garantir cet accès partout et à toute heure en France. Le projet d’herboristerie de proximité prend son sens suite à une mise sous-tutelle. Un pharmacien phytothérapeute assurera le bon suivi des protocoles et des recommandations .

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PRENDRE SOINS DE LA COMMUNAUTÉ LOCALE.

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Suite à la transmission des connaissances et l’encadrement de l’apprenti. La commune de Tréminis fini par avoir une personne opérationnelle et compétente dans l’herboristerie. Sa collaboration avec le pharmacien phytothérapeute perdurera sa pratique et de suite assurera un soins de proximité en cas d’urgence. En effet, notre protagoniste pourra être appelée notamment, pour trouver des solutions temporaires afin d’atténuer la fièvre par exemple, tout en basant sur l’usage des plantes endémiques.


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CONCLUSION

Pour conclure, ce projet de fin d’études tente à travers un scénario réalisable, de mettre en lumière la reprise de la pratique d’herboristerie suite à l’appropriation des plantes endémiques. L’herboristerie de proximité me paraît comme un moyen de s’acclimater avec l’environnement et avec le contexte d’hyper-ruralité. Cette proposition tente d’interpeller la singularité et les caractéristiques du monde rural tel que la richesse de la flore. On pourrait tirer profit des plantes médicinales dans le souhait d’amener des alternatives qui serviront l’intérêt général de la population. On pourrait qualifier cette expérience d’un exercice d’apprentissage qui rappellera les potentialités du territoire. La dimension spatiale de l’éloignement de ces territoires nous pousse à réappréhender les particularités du milieu afin de re-créer une éventuelle vitalité. Ce qui est présentée dans ce livret ne va pas résoudre tous les problèmes relatifs à la primauté de la santé et à l’accessibilité de l’offre de soins. Cependant, il avance des perspectives qui sont le fruit de l’exploration dans le Trièves et la compréhension de l’expérience Zapatiste présentée par Jérôme Baschet, ainsi les modèles d’adaptation et de détournement expliqués dans ce document.

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ANNEXE - LES VÉRITÉS DU TERRAIN Le passage par le terrain me semblait important afin de décrypter l’accès aux soins dans le milieu rural français. Je suis passé par le recueille des récits et puis par la tentative d’obtenir des informations sur les dimensions qui sont impliquées dans le sujet.

RÉCIT DE MA JOURNÉE À CLELLES À la veille de mon voyage à Clelles, j’avais préparé mes affaires, j’avais pris avec moi le nécessaire. Quelque chose à manger, de quoi noter et surtout mon chargeur de portable, indispensable pour telles excursions. Le lendemain, je suis allé à la gare pour prendre le train vers 8h00. Je savais que ma destination était peu connue, peu fréquentée, mais je ne croyais pas que le train qui faisait cette liaison était si minuscule. Un autorail monocaisse, pas loin de faire les mêmes bruits qu’un bus ! Je suis monté à bord, nous étions 5 personnes en tout et vers la fin du trajet, j’étais avec une seule personne qui devait prendre une correspondance à Clelles. Ce que je veux dire, j’étais le seul à voyager jusqu’à cette destination. Le trajet a duré une heure, cela reste court. En descendant du train, j’ai essayé tout de suite d’entamer les entretiens, je me suis rapproché d’un agent de la SNCF, puis il m’a vite expliqué qu’il n’était pas de la commune. Ensuite, j’ai quitté la gare en direction du centre de la commune. Le trajet était un peu effrayant, à chaque passage devant une maison ou

un domaine, il y avait des chiens qui n’arrêtaient pas d’aboyer. De mon côté, je regardais à chaque fois s’il existait une clôture ou un grillage qui pouvait empêcher la sortie des chiens. Les habitations autour de la gare n’étaient pas regroupées et donc il fallait faire attention. Au milieu du chemin, j’ai traversé une route nationale. À ce niveau, il fallait être plus prudent, car les fourgons roulaient à 130 km/h. En 20 minutes, j’étais au centre, vers 10h15 exactement. Devant la boulangerie, j’ai remarqué qu’il y avait pas mal de personnes, pour moi, c’est l’occasion de bien commencer mon petit travail d’enquêteur. J’ai attiré l’attention d’un senior, je pense que la thématique était parlante pour lui. Il m’a demandé d’attendre 5 min le temps qu’il achète son pain. Par la suite, on a bavardé au moins vingt minutes, c’était une réussite pour moi. J’ai appris beaucoup de choses sur l’accès aux soins (voir les interviews) à Clelles. Je n’ai pas imaginé que je pouvais arriver à collecter autant de matières si rapidement. Vite après, j’ai senti que c’était juste un jugement prématuré puisque je me suis vite retrouvé seul. Tout le monde sont rentrés chez eux.

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Le Mont Aiguille en arrière plan, localisé sur la commune de Chichilianne Prise par l’auteur

À ce moment-là, je me suis dit que c’était l’occasion de découvrir un peu le périmètre. Parallèlement, j’étais toujours prêt à poser des questions aux passants, parfois avec hésitation. Le petit tour fini, je me suis reconcentré sur mon objectif principal. Je n’ai pas tardé à m’approcher d’une nouvelle personne. En revanche, elle était opposée à ce que je l’enregistre et donc, j’ai posé mes questions tout de même sans vraiment noter beaucoup de choses. Ses retours étaient brefs et manquaient de spontanéité. J’ai souhaité une bonne journée à la dame et je suis allé directement au magasin d’alimentation parce que j’avais remarqué une certain mouvement. Au moment où il fallait aborder les personnes, je commençais à perdre confiance en moi. En plus de ça, les gens étaient vraiment pressés. Cela ne m’a pas empêché d’entendre “ Ici à Clelles, on a de la chance”, “on a tout ce qu’il faut à Clelles”. Suite à ces rapides retours et sans vraiment interviewers ces personnes, j’étais un peu perplexe puisque cela s’oppose d’une manière non négligeable avec les paroles de Jean-François (le senior de la boulangerie). Après une petite réflexion, j’ai compris que la différence au niveau des paroles était de l’ordre du ressenti,

Gare SNCF de Clelles Prise par l’auteur

de la perception et donc c’est normal qu’on sent une nuance dans les estimations des gens. Dans la foulée, une personne m’a suggéré d’aller directement à la mairie et d’essayer d’entrer en contact avec les agents. J’ai suivi son conseil, je me suis dirigé vers l’établissement qui se trouve à 100 m de mon dernier arrêt, j’ai pu remarquer l’existence d’un défibrillateur qui est collé sur le mur de la mairie, j’ai pris une photo et puis j’ai ouvert la porte de l’établissement. Aucune personne à l’intérieur à part un agent qui essayait de me convaincre que tout est bien ici. Elle m’a proposé de prendre en photo la carte “Se soigner en Trièves”. J’avoue qu’à ce moment-là, j’ai commencé à douter de la qualification hyper-rurale de Clelles. En ce qui concerne l’entretien, c’est une autre tentative échouée. Il était midi, c’est le temps de manger, j’ai fini par trouver un banc à côté de l’église. Pendant que je mangeais, j’ai aperçu une jeune femme qui marchait avec sa petite fille. J’ai vite compris qu’elle va finir par passer devant moi, et donc, j’étais prêt pour cette occasion. On a parlé ensemble brièvement et elle m’a promis de

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revenir dans 15 minutes pour l’interview. C’est ce qu’elle a fait, j’étais très content de ce deuxième entretien. J’étais un peu étonné par le fait qu’elle ne connaissait rien en premiers secours contrairement à Jean-François. Juste après l’échange avec Lucianne, j’ai décidé de retourner au magasin d’alimentation pour une énième fois. En peu de temps, j’ai interviewé une troisième personne et puis j’ai gardé ma position devant le magasin. À cette heure, j’ai rempli mes objectifs, j’avais assez de matière à travailler, néanmoins, j’avais encore du temps, le train que je devrais prendre est dans quelques heures.

Pour finir, cette première immersion m’a éclairci ce qui est déjà là. Cette enquête va surement me projeter en se basant sur ce que j’ai pu saisir du terrain. Il était 15h, l’heure de mon train est arrivée.

Je me suis remis à chercher d’autres villageois afin de tester le terrain. Encore de nouvelles personnes, Deux jeunes ont partagé leurs ressentis et leurs vécus avec moi. Nous étions vraiment à l’aise puisque nous avons presque les mêmes âges. Ils s’appelaient Morgan et Gabriel, des jeunes diplômés qui utilisent beaucoup le service par messagerie “Mon Trièves”, d’après leurs explications, c’est quelque chose qui marche très bien dans la commune, un service qui a beaucoup facilité le quotidien des Clellois. Également, il existe une association “Temps de parents” qui a amélioré les interactions entre Clellois. C’était Lucianne qui m’a expliqué un peu le fonctionnement. Certes, il y a une certaine fragilité à Clelles surtout l’accessibilité aux différents services de l’État. L’usage de la voiture individuelle est nécessaire pour un certain nombre de besoins quotidiens. Cependant, j’ai remarqué un dynamisme de la part des villageois. Chacun de son côté essaie de combler ce qui manque. Le kinésithérapeute du village m’a expliqué qu’il voulait mettre en place les voitures partagées de “Citiz” dans son village. D’ailleurs, il m’a accordé un quart d’heure pour réaliser un entretien.

Défibrillateur cardiaque contre le mur de la Mairie Prise par l’auteur

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Panneau dans l’espace public en face de la Mairie Prise par l’auteur

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INTERVIEW 1/5 DURÉE DE L’ENTRETIEN : 17 MINUTES LIEU : EN FACE DE LA BOULANGERIE, 38930 CLELLES DATE : 03/03/2021 À 10:27 LA PERSONNE INTERVIEWÉE : JEAN-FRANÇOIS SCHNEIDER, 70 ANS, IL A TOUT FAIT, PSYCHOLOGUE DE FORMATION.

Auteur : J’aimerais bien que vous me parliez un peu de l’accès aux soins dans votre commune, cela est-il possible ? (vous pouvez me raconter des anecdotes, des histoires, du vécu, vos difficultés si vous en avez, etc.) Jean-François : On est limite ici, c’est-à-dire que, au Trièves en tout il y a 8500 habitants depuis Vif jusqu’au Col et puis jusqu’à La Mure. On est vraiment limite si on compare avec le Vercors il y a la même population, mais c’est plus serré quoi ! Là, il y a 50 kilomètres quoi et donc il y avait trois pôles. Trois communautés de commune Monestier, ici et Mens. Maintenant, il y plus qu’une. Du point de vue médicale, à Mens, ils sont plusieurs médecins, je pense il y en a 3 et Monestier un peu la même chose. Il y a des Kinés. Ici il y a trois kinés, c’est un peu compliqué parce qu’ils font un peu Mens, un peu Clelles, mais enfin il y a trois noms quoi ! Il y a aussi beaucoup de personnes âgées donc plus de sollicitation. Du point de vue toubib, pendant longtemps il y a eu un seul médecin dans toute l’ancienne communauté de commune de Clelles. Là, ils sont deux mais on peut dire un en plein temps, puisque un il fait trois jours et l’autre il fait deux jours. Au moins c’est plus fiable, si un a

empêchement au moins son collègue peut le remplacer quoi ! Mais pendant toute une période, il y avait qu’un seul toubib. Mais ça n’a pas l’air simple de trouver de médecin qui veuille aller dans une rurale. Pour finir sur l’état des lieux, il y a un truc d’infirmiers qui fonctionne bien. On a quatre infirmières qui tournent. Donc, c’est une permanence, puisque il faut être là le matin, soir et dimanche. C’est quand même bien organisé. Auteur : Comment faites-vous pour aller chez médecin le plus proche ? Jean-François : On téléphone et ils ont quand même une secrétaire et puis elle gère aussi la propharmacie, c’est un système fait pour les zones rurales surtout. Les médecins ont le droit de gérer une pharmacie pour leurs comptes et donc la secrétaire gère aussi la pharmacie quoi ! Suite à une consultation, avec une ordonnance parce qu’il ne faut pas faire de la concurrence, toujours les conneries de libéralisme à la con. Il ne faut pas faire une concurrence à la pharmacie de Mens, c’est ridicule. Par rapport au médecin spécialiste, c’est la galère il faut aller au mieux à Vif, mais généralement, c’est à Pont de Claix et puis, c’est en fonction de ce qui vous donne un rdv.

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C’est la galère d’avoir un rdv, trois mois, six mois. Les ophtalmologues, c’est un an quasiment, c’est aberrant. Pour aller, il y a le train quand il marche, si le rdv à Échirolles ou Pont de Claix faut passer par Grenoble d’abord, c’est la galère. En général, lorsqu’on je descends avec ma femme à Grenoble on fait si, on fait ça, et puis on ira en voiture quoi ! pas de miracle. Nous, on est retraités on a le temps, pour les autres courage ! Alors, il y a eu des velléités pour qu’il y aura des consultations de cardiologue, ophtalmo.. pour qu’ils viennent faire de permanence. Ce ne serait pas une mauvaise idée, comme toute façon, c’est la pénurie. Ceux qui sont à Grenoble ne vont pas venir ici. J’ai un problème de, cancer de la peau, peut être pas grave, mais il faut que j’aie un suivi parce que ça peut se reproduire. Donc, il me faut un dermatologue, et bein ma dermatologue est parti en retraite, et elle ne s’occupe même pas de savoir chez qui je vais aller. Toutes les lignes sont prises. ça fait 15 jours que je cherche un rdv pour avoir un nouveau dermatologue, toujours pas. C’est forcément à Grenoble. Auteur : Comment ça se passe l’aide mutuelle au sein de votre commune ? Jean-François : Oui, ça se fait beaucoup, il y a un truc qui s’appelle “mon Trièves”, un truc par SMS. “J’arrive de la gare de Grenoble est-ce qu’il y a qqn qui peut m’aider ?” Une espèce de bourses de services, c’est très intéressant. “Je cherche un jeu pour les enfants…” et ça peut être pour des déplacements, c’est un peu comme Blablacar mais pour plusieurs services. C’est plutôt les jeunes qui utilisent ça. Sinon, les amis et les voisins qui sont là, c’est un peu du réseau personnel. Par

exemple, pour aller à un examen ou le jour ou je ne pourrai pas conduire..L’entraide est bien présente ici à Clelles. Auteur : Qu’est-ce que vous connaissez en premiers secours ? Comment vous organisez-vous face à une situation d’urgence ? (Et si vous vous souvenez d’une histoire, ce serait bien apprécié si vous pouviez)? Jean-François : Moi, j’ai un diplôme de premier secours, j’ai entendu parler d’un truc qui s’appelle “SAUV life” j’essaye d’avoir des éclaircissements, ça fait une éternité que j’ai envie de dire aux services, ce serait bien d’avoir une carte des gens qui ont des diplômes de premiers secours quoi ! Pour que dans chaque quartier, on sache, on peut s’adresser un tel, un tel et puis qu’ils organisent des formations parlantes, des choses comme ça. Et je vois apparaître cette application, “SAUV Life” et apparemment, c’est un truc privé, une initiative même pas liée aux services de secours. Donc, j’aimerais bien avoir des éclaircissements là-dessus. Et c’est censé faire une alerte et puis pouf il envoie un message.. Puis les pompiers, c’est à Mens et Monestier, C’est quand même à 20 minutes. Le temps qu’ils se préparent, analysent l’alerte et puis ils sortent de chez eux.. Quand je dis 20 min, c’est plutôt 30 min au moins pour venir. Ceux qui sont plus loin, ils ont le temps pour crever. Il y a ici des défibrillateurs, il y a deux, un juste là au niveau de la mairie, le deuxième vers la salle des fêtes. Je n’ai jamais eu l’occasion d’intervenir, non. J’ai eu une courte initiation à Monestier d’une durée de 2 heures, ça fait un moment qu’on même, c’est une initiative de la part des pompiers.

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INTERVIEW 2/5 DURÉE DE L’ENTRETIEN : 7 MINUTES ET 11 SECONDES LIEU : À CÔTÉ DE L’ÉGLISE, 38930 CLELLES DATE : 03/03/2021 À 12:30 LA PERSONNE INTERVIEWÉE : LUCIANNE, 33 ANS, CÉRAMISTE Auteur : J’aimerais bien que vous me parliez un peu de l’accès aux soins dans votre commune, cela est-il possible ? (vous pouvez me raconter des anecdotes, des histoires, du vécu, vos difficultés si vous en avez, etc.) Lucianne : ça fait trois ans que nous sommes sur le Trièves avec mon mari, quatre ans bientôt. Et j’étais très étonnée de trouver autant en fait d’accès aux soins juste à proximité, je ne pensais pas du tout que j’aurais tout ça, à portée de main quoi, au début on était vers Mens et maintenant à Clelles et c’est la même chose. Il existe un service médical où il y a des infirmières qui prennent les prises de sang le matin qui envoie les analyses. Par exemple, avant j’étais enceinte en étant ici et je n’ai pas eu de souci, je n’ai pas eu besoin de descendre à Grenoble tout au long de ma grossesse. Tout ce fait directement sur le territoire. Voilà après, c’est sûr que quand il y a des petites choses un peu plus précise, on a besoin de chercher ailleurs. Il n’y a pas de pédiatre, ici, il y a des médecins généralistes et c’est vrai pour des questions précises, c’est un peu plus compliqué, il faudra descendre à Grenoble pour avoir des professionnels et pareil quand j’ai allaité ma fille, c’est vrai que c’est un peu particulier d’allaiter, ça marche pas toujours. Et pour avoir une consultation, il fallait aller à Grenoble, il y a personne ici dans le coin spécialisé là-dedans. Une autre fois, pour une infection urinaire il n’y a pas longtemps, c’est pareil il faut descendre à Vif pour faire des analyses. D’une manière générale, il n’y a pas de souci sauf pour des choses particulières. On est sur un suivi normal, on a tout ce qu’il faut ici. Auteur : Comment faites-vous pour aller chez médecin le plus proche ?

Lucianne : On demande au secrétariat ici. Pour les spécialistes, il faut aller plutôt à Grenoble, c’est la référence. Et pour les laboratoires, c’est à Vif. Ce n’est pas très loin, en une demiheure en voiture. On prend forcément la voiture pour faire ces trajets. Auteur : Comment ça se passe l’aide mutuelle au sein de votre commune ? Lucianne : Je pense que c’est assez facile, si on a besoin de l’aide on demande au voisin. Après sur Clelles, ça fait qu’un an qu’on est ici, on ne connait pas forcément tout le monde. Mais, quand même entre parents, on commence à se connaître. Il y a la crèche, des organismes comme ça qui nous permettent de se connaître. Et puis, il y a une association qui s’appelle “Temps de parents” qui est sur Mens. Enfants et parents se retrouvent tous les mercredis matins. Il y a vraiment un vrai soutien, on a une liste, on peut demander aux parents s’il y a un souci, de l’aide ou même juste discuter. Auteur : C’est seulement sur Mens ? Lucianne : En fait, ça regroupe des parents qui sont de partout sur le Trièves. Juste le rendez-vous physique se fait à Mens. Auteur : Qu’est-ce que vous connaissez en premiers secours ? Comment vous organisez-vous face à une situation d’urgence ? (Et si vous vous souvenez d’une histoire, ce serait bien apprécié si vous pouviez) ? Lucianne : Pas du tout, j’ai fait le truc au lycée, c’est tellement loin, peut-être une heure ou deux de premiers secours. J’avoue, je ne sais pas beaucoup. Je n’étais jamais face à une situation particulière, sinon, j’aurai cherchée un stage ou qqch pour palier ce manque de connaissances.

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Rue du Mont Aiguille, Clelles Prise par l’auteur

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INTERVIEW 3/5 DURÉE DE L’ENTRETIEN : 6 MINUTES ET 30 SECONDES LIEU : À CÔTÉ DE L’ÉGLISE, 38930 CLELLES DATE : 03/03/2021 À 12:47 LA PERSONNE INTERVIEWÉE : HERVÉ, AIDE-SOIGNANT ET MAINTENANT EN REPOS FORCÉ, 58 ANS Auteur : J’aimerais bien que vous me parliez un peu de l’accès aux soins dans votre commune, cela est-il possible ? (vous pouvez me raconter des anecdotes, des histoires, du vécu, vos difficultés si vous en avez, etc.) Hervé : Ici, à Clelles il y a des médecins, des kinés et les infirmières pour les soins à domicile. Donc on est assez bien pourvu et puis pour tout ce qui spécialité, de toute façon ça se passe à Grenoble. Moi, je vais au CHU par exemple, pour tout ce qui est cardiologie et respiratoire et puis ce qui manque ici dans le Trièves c’est un dentiste, depuis l’autre est parti en retraite il y en a plus. Alors que pour le reste tout va bien quoi même pour les urgences. En cas de besoin l’hélicoptère arrive, se pose à côté de mon immeuble et hop il repart. Donc, ici ça va, on a de la chance. On a tout ce qu’il faut. Je ne vois pas d’autre chose à dire. Auteur : Comment faites-vous pour aller chez médecin le plus proche ? Hervé : Donc, comme vous l’avez vu, notre généraliste est par là. Pour les spécialistes, c’est au CHU comme j’avais dit. Auteur : Qu’elle est votre moyen de transport pour aller au CHU ? Hervé : On prend la voiture, les transports en commun ne sont pas au point. Au CHU, c’est parfait ! Auteur : Comment ça se passe l’aide mutuelle et l’auto-organisation qui existe dans la commune ? Hervé : Là-dessus je ne suis pas au courant. Je dirais, ce n’est pas encore au point. Parce que, c’est une question de communication, et d’un autre côté, on a du mal. Si je vais aller au CHU, je ne vais pas aller au grand surface, c’est un détour en plus et vite compliqué pour moi. Si je vais aller au CHU, c’est

seulement au CHU, en cas de besoin de santé. Auteur : Sinon il y a de l’entraide dans la commune d’une manière générale ou non ? Hervé : Oui, bien sûr. Bon, ça reste entre nous, même s’il y a différent type de personne. Les familles originaires du coin, d’autres familles qui sont venus après. Auteur : Qu’est-ce que vous connaissez en premiers secours ? Comment vous organisez-vous face à une situation d’urgence ? (Et si vous vous souvenez d’une histoire, ce serait bien apprécié si vous pouviez) ? Hervé : Oui, mais c’est un peu usé hein. Pour les situations d’urgence, on appelle les pompiers. J’ai fait ça dans le cas de mon fils. Dans le cadre d’une crise d’épilepsie. Après, pour les crises cardiaques, si on n’est pas proche de quelqu’un, d’un médecin par exemple, on y passe. Pareil pour les défibrillateurs, il ne faut pas être seul. D’ailleurs, je suis un peu étonné parce que le défibrillateur, il défibrille. Pour une crise cardiaque, c’est le machin qu’il faut faire. Après, il faudrait tous les ans faire de révisions parce que ça s’oublie, on ne le fait pas tous les jours. J’ai jamais vu en ville ou en campagne des gens qui font une crise cardiaque sous mes yeux. Voilà, d’un côté, c’est quand même rare et de l’autre côté j’ai vu, c’était chez le médecin qui appel lui-même les pompiers et puis l’hélicoptère.

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La maison médicale de Clelles à quelques mètres de l’Église Prise par l’auteur

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INTERVIEW 4/5 DURÉE DE L’ENTRETIEN : 10 MINUTES ET 24 SECONDES LIEU : RUE DE JEAN GIONO, 38930 CLELLES DATE : 03/03/2021 À 13:02 LES PERSONNES INTERVIEWÉES : GABRIEL, ARCHITECTE À LA RECHERCHE D’EMPLOI / MORGAN, EN DISPONIBILITÉ DE L’ÉDUCATION NATIONALE ENTRE TEMPS, ELLE FAIT DE LA POTERIE.

Auteur : J’aimerais bien que vous me parliez un peu de l’accès aux soins dans votre commune, cela est-il possible ? (vous pouvez me raconter des anecdotes, des histoires, du vécu, vos difficultés si vous en avez, etc.) Gabriel : Spécifiquement à Clelles, je pense qu’on a pas mal de trucs. Là, il y a deux généralistes qui divisent la semaine en deux. Sachant que le centre, il fait la parapharmacie et il y a des infirmiers, kinésithérapeutes, un ostéopathe. Donc, je trouve que c’est hyper complet. Après, comme d’habitude, il faut être à l’aise avec le généraliste de ton village, mais ça, c’est super. Il n’y a pas de dentiste, c’est le truc qui manque. Morgan : Il y en a à Mens, après le truc, c’est qu’il y a seulement un. Après, s’ils sont pleins, il faut aller ailleurs. Gabriel : Oui, c’est vrai, niveau dentiste, c’est hyper saturé ici. Morgan : Pour aller voir des spécialistes, il faut aller à Grenoble, quoi. Gabriel : Après, c’est vite loin. Après, je ne sais pas à Mens, il y a un généraliste ou non ? Morgan : Oui, il y en a plusieurs. Gabriel : Ok, ouais. Sur Clelles, je trouve ça cool ! Auteur : Avez-vous rencontré des difficultés lors d’une prise de rendez-vous ici ? Gabriel : Pas du tout, c’est hyper-rapide ici, même s’il y en a que deux, il y a toujours de la place soit pour une urgence, soit pour une prise normale. En général, en 2 ou 3 jours, une semaine au maximum. Morgan : S’il le faut on peut aller à Monestier, donc pas de

souci. Gabriel : En vrai, je trouve ça, c’est bien. Auteur : Comment faites-vous pour aller chez le médecin le plus proche ? Morgan : à pied. Auteur : Et pour aller chez un spécialiste ? Morgan : En voiture. Auteur : Il n’y a pas d’autres moyens ? Morgan : Le train serait mieux, mais quand on n’a pas d’aide, quand on est étudiant. Cela, a un certain coût quand même. Gabriel : Ici spécifiquement, la ligne qui fait Grenoble-Clelles, elle n’est pas donnée.. Moi, j’ai une carte de réduction parce que je suis demandeur d’emploi. Mais tu la paies 11 euros juste pour l’aller. C’est cher, je trouve ça complétement con. Morgan : Après, c’est une expédition si on doit aller voir un médecin Grenoble on en profite pour faire des courses et pour faire d’autres choses. Ce n’est pas seulement un aller-retour. Gabriel : Si on est deux dans la voiture, le trajet il est déjà mutualisé. Voilà, on va tout faire en bagnole. Auteur : Vous avez évoqué l’auto organisation d’une manière implicite. Pouvez-vous me dire plus ? Morgan : Oui, on s’arrange entre amis. Par exemple, je demande à quelqu’un s’il a besoin de quelque chose puisque je vais aller faire des courses. Gabriel : On le fait mais pas beaucoup ! Morgan : En profite aussi pour aller voir les amis à Grenoble. Gabriel : Aussi, ouais ! Je ne sais on descend à Grenoble deux

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fois par mois au max ? Morgan : Même pas. Gabriel : En fait, On essaie de tout faire au même temps, tout mutualisé quoi. Auteur : Et l’entraide dans le village ? Gabriel : Après, ça dépend un peu des gens. Morgan : Je ne connais pas tout le monde ici, mais avec les personnes qu’on connait oui clairement. Gabriel : Moi, dans mon ressenti je ne le sens pas en terme d’auto organisation comme pourrait avoir en ville si par exemple, je voudrais aider des personnes défavorisées ou même des structures associative ou quoi, j’en vois pas. Morgan : Après, l’entraide ce n’est quelque chose de formaliser ici. Gabriel : Il y a le réseau de SMS qui s’appelle “Mon Trièves”. En fait, c’est une diffusion de SMS le principe, c’est envoyer un SMS ou en fait tu demandes ce que tu as besoin dans le SMS, en général, c’est du don, de l’échange. La demande de service, ça peut pas être quelque chose comme de l’argent, de vente. Et ça peut être du covoiturage.. En fait, c’est très varié et il y a du plusieurs personnes qui sont chargés de diffuser ça, il y a une liste de SMS qui font par secteur un peu géographique et ça marche vachement bien. Je ne sais pas, nous on a acheté une gazinière comme ça, on a récupéré un matelas. On avait besoin de journaux en quantité pour des trucs comme ça. Je pense que cela reflète l’entraide. Auteur : Qu’est-ce que vous connaissez en premiers secours ?

Comment vous organisez-vous face à une situation d’urgence ? (Et si vous vous souvenez d’une histoire, ce serait bien apprécié si vous pouviez) ? Morgan : On a vécu les pompiers qui nous ont emmené à Grenoble, moi je n’ai pas des connaissances en premiers secours. Après on a deux amis médecins, mais sinon c’est les pompiers. Auteur : C’est quoi l’histoire des pompiers ? Morgan : Je me suis cassé la rotule, du coup dès qu’il y a un accident on appelle les pompiers en urgence. Gabriel : Tu appelles les pompiers, et je ne sais ils arrivent en un quart d’heure, vingt minutes. Auteur : C’est rapide ! Morgan : Il y a des pompiers à Mens et à Monestier. On n’est pas isolé, je trouve que ça ne change pas beaucoup par rapport à une zone péri-urbaine par exemple. La prise en charge ici, je ne sais pas si ça reflète les espaces hyper-ruraux. Après comme tu disais, il y a qu’un généraliste, mais non il y a une pharmacie à Mens, à Monestier et la propharmacie du village, je trouve que c’est bien.

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INTERVIEW 5/5 DURÉE DE L’ENTRETIEN : 10 MINUTES ET 26 SECONDES LIEU : MAISON MÉDICALE, 38930 CLELLES DATE : 03/03/2021 À 13:24 LA PERSONNE INTERVIEWÉE : OLIVIER DODINOT, KINÉSITHÉRAPEUTE, EXERCE DEPUIS 20 ANS DANS LE TRIÈVES

Auteur : J’aimerais bien que vous me parliez un peu de l’accès aux soins dans votre commune, cela est-il possible ? (vous pouvez me raconter des anecdotes, des histoires, du vécu, vos difficultés si vous en avez, etc.) Olivier : L’accès aux soins, on n’est pas mal pour la plupart des professions, pour les médecins ça reste assez tendu, l’orthophoniste ça reste assez tendu, mais au niveau kiné, infirmières, il y a ce qu’il faut. Je pense pour les médecins il reste encore des listes d’attente un peu compliqué. Donc, ça concernant la disponibilité. Après, il y a l’accès géographique pour les personnes âgées, ça, c’est plus difficile au niveau des transports. Parce que soit, ils viennent au cabinet, soit on va à domicile. Les personnels de santé n’aiment pas toujours aller à domicile. On fait beaucoup, mais on n’aime pas trop. S’ils ne peuvent pas obtenir un soin à domicile, c’est à eux de se déplacer et pour les personnes âgées qui n’ont pas le permis, c’est compliqué. En général, les familles ici sont soudées, en quelques fois si les personnes âgées on un enfant en Australie et puis l’autre en Birmanie, souvent ils ont des enfants pas loin. Il y a aussi ceux qui habitent dans les communes un peu au centre comme Mens, Clelles ou Monestier bein là il y a des professionnels de santé. Quand on habite dans des communes à 5,6 et 10 kilomètres de ces petits centres, c’est plus compliqué. Chichilianne, Tréminis ça c’est quand même au diable quoi. Donc, là pour les personnes âgées dans ces villages là qui n’ont pas de famille sur place ça pourrait être compliqué. Auteur : Comment faites-vous pour aller chez médecin le plus

proche ? Olivier : Moi j’habite à Mens, et donc ce n’est pas compliqué ou je téléphone la maison médicale qui est ici, pour moi ce n’est pas compliqué. Auteur : Comment ça se passe l’aide mutuelle au sein de votre commune ? Olivier : ça, c’est de l’informel, après on essaie de mettre en place des systèmes de co-voiturage. Il y a déjà un système par SMS ou les gens peuvent mettre un truc “Je pars à Grenoble demain est ce que ça intéresse quelqu’un” cela marche pas mal. Moi j’essaie de mettre en place dans le coin un site internet qu’il propose la région qui s’appelle “MOV’ICI” pour les gens qui font des navettes régulières. Auteur : Qu’est-ce que vous connaissez en premiers secours ? Comment vous organisez-vous face à une situation d’urgence ? (Et si vous vous souvenez d’une histoire, ce serait bien apprécié si vous pouviez) ? Olivier : Il faut que je me réactualise, j’ai fait ça à l’école de Kiné il y a 35 ans mais voilà. Donc, ça ne serait pas honnête de dire que je me souviens de beaucoup de chose. Par rapport à votre question, je n’ai pas vécu une situation particulière, je pense qu’il faut mettre la personne allongée et sur le côté et puis appeler les urgences. Je ne peux pas prétendre plus quoi ! Se protéger, alerter secourir et voilà ! C’est ça. Je ne peux pas dire que j’ai des notions de secourisme, c’est vraiment des connaissances défraîchi. Auteur : Si vous êtes un soignant (médecin, pharmacien,

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Route reliant la gare et le centre de la commune Prise par l’auteur

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infirmier..), pouvez-vous me parler un peu de votre exercice ? Olivier : Nous, on est quatre kinés, on a deux cabinets, on a un cabinet principal à Mens, ici, c’est le cabinet secondaire. On fait beaucoup de domicile dans tout le secteur de Mens et de Clelles et puis aussi beaucoup à la maison de retraite de Mens. Il y a trop de bazar, il y en a 80 personnes et voit la plupart. Donc, c’est cabinet, domicile avec la voiture dans le village et on va partout et à la maison de retraite. En gros, au cabinet, c’est plus des personnes de 50 à 70 ans, à domicile, c’est une population entre 70 et 80 ans et à l’EHPAD c’est plutôt de 80 jusqu’à 90 ans. ça fait 20 ans que je suis là, mon collègue depuis 40 ans, on a vu les gens au cabinet ensuite chez eux et puis dans la maison de retraite et après ils meurent, c’est un peu la démarche classique. Nous sommes beaucoup sollicités, puisque il s’agit du cabinet du coin. Après, moi je préfère être dans la campagne loin des embouteillages, chacun son truc, je suis bien là quoi.

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BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE ARTICLES - Le Journal du Net [en ligne]. https://www.journaldunet. com/business/salaire/classement/departements/revenus - “Comment les communes isolées vivent-elles l’éloignement des services au quotidien ?”, Le Populaire du Centre, 26 janvier 2016 [en ligne]. https://www.lepopulaire.fr/ limoges-87000/actualites/comment-les-communesisolees-vivent-elles-l-eloignement-des-services-au-quotidien_11755418/ - Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.enslyon.fr/doc/transv/sante/SanteDoc4.html - Techno-science [en ligne]. https://www.techno-science. net/glossaire-definition/Demographie-de-l-Ardechep a g e - 3 . h t m l # : ~ : te x t = Le % 2 0 t a u x % 2 0 d e % 2 0 p e rsonnes%20d,fonctionnelles%20diminuant...). - Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.enslyon.fr/doc/transv/sante/SanteDoc4.html - La Tribune [en ligne]. https://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/mobilitesle-monde-rural-peut-il-se-desintoxiquer-du-tout-voiture-800563.html

- Remplacement médical [en ligne]. https://www.remplacement-medical.com/guide-des-medecins-remplacants/0-centre-d-information-du-remplacement-liberal. html - Confédération des syndicats médicaux français [en ligne]. https://lesgeneralistes-csmf.fr/2018/03/07/ veut-peau-medecins-propharmaciens - Celtipharm, pour une santé raisonnée [en ligne]. https:// www.celtipharm.com/Pages/Actualites/2020/02/Des-officinaux-attaquent-un-propharmacien-en-justice.aspx - “L’autonomie zapatiste”, Erwan Bernier, AlterInfos.org, 19 novembre 2007 [en ligne]. http://www.alterinfos.org/spip. php?article1794 - Au Chiapas zapatiste “le peuple dirige et le gouvernement obéit”, Le comptoir, 15 décembre 2017 [en ligne]. https://comptoir.org/2017/12/15/jerome-baschet-auchiapas-zapatiste-le-peuple-dirige-et-le-gouvernementobeit/ - Le Réseau européen de développement rural, Mallu fait le tour : services de soins de santé rentables dans les zones rurales de la Finlande, 2013. [en ligne]. https://enrd.ec.europa.eu/sites/default/files/fi-mallu-does-the-rounds-gp_

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VIDÉOS ET PODCASTS web.pdf - Sciences et avenir, dans ce village isolé d’Alsace, le médecin consulte par webcam [en ligne]. https://www.sciencesetavenir.fr/sante/e-sante/dans-ce-village-isole-d-alsace-lemedecin-consulte-par-webcam_105204 - Géoconfluences [en ligne]. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/ france-espaces-ruraux-periurbains/articles-scientifiques/ disparition-commerces-proximite - En Bretagne, le combat d’une jeune paysanne crée un buzz inattendu, Le Monde, juin 2014 [en ligne]. https://www.lemonde.fr/blog/alternatives/2014/06/25/ en-bretagne-une-jeune-paysanne-cree-le-buzz-malgreelle-avec-son-combat/comment-page-1/

- Delfosse, C., Au regard de « l’urbanité » : la campagne en France aujourd’hui, 2021 - Philippe Meyer, “Les déserts médicaux”, Le Nouvel Esprit Public, émission de radio, n° 100, ART19, 8 avril 2019 [en ligne]. https://www.lenouvelespritpublic.fr/podcasts/166 - Se soigner avec les plantes | Le Speech d’Anaïs Kerhoas, Konbini news [en ligne]. https://www.dailymotion.com/video/x7uifxx - Des témoignages sur la chaîne Youtube de l’association. https://www.youtube.com/channel/UCDRv_dbkaa6b1kXxsokstpg

- Le chemin de la nature [en ligne]. https://www.lechemindelanature.com/2021/03/14/regles-et-precautions-pourla-cueillette-de-plantes-sauvages/

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LIVRES ET MÉMOIRES - Baschet J., Adieux au capitalisme, 2016 - Gucher, C. & Mallon, I. & Roussel, V., Vieillir en milieu rural, 2009 - Mallon I., Vieillir en milieu rural isolé : une analyse au prisme des sociabilités, 2013. - Paquot T., Un philosophe en ville, 2011 - Depraz, S., La France des marges, 2017 - Article L4211-3 du Code de santé publique de la République Française. - AMICO R., Le Métier de médecin rural en France : historique depuis la Révolution Française enquête sur l’état des lieux et les perspectives futures, 2005 - Cuevas J., Santé et autonomie : le cas du Chiapas, 2007 Article D4211-11, modifié par Décret n°2008-841 du 22 août 2008

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Herboristerie de proximité Marouen HAMMAMI

ENSAG DPEA Design et innovation pour l’architecture Mémoire et projet de fin d’études Juin 2021


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