Les modalités de communication de la ZAC Clichy-Batignolles pour un urbanisme participatif [FR]

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Etudiant : Sylvain Massoué

Communiquer, Informer, Concerter

Les modalités de communication de la ZAC Clichy-Batignolles pour un urbanisme participatif

Mémoire : Constellations Enseignants : E. Mortamais et E. Doutriaux



Etudiant : Sylvain Massoué

Communiquer, Informer, Concerter : Les modalités de communication de la ZAC Clichy-Batignolles pour un urbanisme participatif

Mémoire : Constellations Enseignants : E. Mortamais et E. Doutriaux



Je tiens à remercier mes tuteurs de mémoire E.Mortamais et E.Doutriaux, mon professeur du cours optionnel « communication du projet », A. Dejean de la Bâtie, mes collègues de travail, Evie, Sara, Pauline, Laetitia et Sevan, et les membres du service de communication de Paris Batignolles Aménagement, C. Martin et A.Bourgoin.



table des matières

Avant-Propos ................................................................................................... Introduction ..................................................................................................... 1. Communication par les acteurs sur internet ......................................

2.

1.1.

Paris Batignolles Aménagement : leur manière de parler du projet

et de la concertation

1.2.

L’apport des réseaux sociaux au dialogue territorial

1.3.

Clichy-Batignolles.fr : base d’informations pour connaître la

démarche de la concertation

1.4.

Polymago et l’importance d’une identité visuelle sur l’impact de la

communication

1.5.

CAUE 75 : pour une diffusion pédagogique de l’architecture

Communication In Situ ......................................................................... 2.1.

La Maison du Projet : lieu d’information et de rencontres

2.2.

Les processus de la concertation 2.2.1.

L’atelier de Batignolles

2.2.2.

Groupes d’architecture

2.2.3.

Visites de Chantiers

2.2.4.

Rencontres thématiques de Clichy-Batignolles

2.2.4.1.

Les rencontres de 2012-2013

2.2.4.2.

Les rencontres de 2015-2016

2.2.5.

3.

p.11-12

p.13-22

p.23-32

Sensibilisation des jeunes

2.2.5.1.

Centre d’animation

2.2.5.2.

Sensibilisation des jeunes au projet de Clichy-

Batignolles

2.2.6.

p.9-10

Les Rendez-Vous de Clichy-Batignolles

Communication par la Documentation ............................................... 3.1.

Influence des supports de communication sur la réception de

l’information

3.2.

Glossaire et présentation des supports de communication

p.33-40

3.2.1. Ouvrage 3.2.2. Journaux 3.2.3. Dépliants 3.2.4.

Ressources Numériques

Conclusion ....................................................................................................... Bibliographie .................................................................................................... Sitographie ......................................................................................................

7

p.41-43 p.45 p.46-47



Avant-Propos

Entre le périphérique et l’importante emprise ferroviaire dans le 17e

arrondissement, à la sortie de la station de métro Porte de Clichy desservi par la ligne 13 du métro parisien, deux hautes tours en béton, marquant le chantier gigantesque du Palais de Justice conçu par Renzo Piano, imposent une échelle presque imperceptible au premier regard. Cette impression tend à trouver une continuité à travers un parcours marqués d’ambiances urbaines riches dans le nouveau quartier de Clichy-Batignolles. Ancienne zone ferroviaire de fret et de logistique du Nord-Ouest de Paris, ce quartier, encore en construction à ce jour, est une zone d’aménagement concerté de 54 hectares comprenant un parc de 10 hectares et un programme mixte et riche de 500 000 m² comprenant des logements, des bureaux, des commerces, le Palais de Justice et des services urbains tels qu’un centre de tri de déchets recyclables, un parking autocar, une centrale à béton et un terminal de collecte pneumatique.

Au fil de notre parcours dans cet éco-quartier, nous observons que le parc Martin

Luther King et les rues du nouveau quartier se parsèment de panneaux d’affichage qui annoncent les prochains événements du quartier et invitent les parisiens à participer à la vie du quartier. Notre errance au cœur du quartier nous mène par hasard à la rue Cardinet, où se trouve la « Maison du Projet », lieu d’information sur Clichy-Batignolles et son actualité, accueillant tous ceux qui souhaitent s’informer sur la transformation du quartier et l’avancement des chantiers. L’accueillante permanence de la Maison du Projet m’informe plus en profondeur sur le projet et m’invite à participer à une des rencontres de Clichy-Batignolles. Ces rencontres permettent aux parisiens de débattre et discuter avec les acteurs du projet sur diverses thématiques. Curieux que je suis, j’accepte l’invitation et ainsi, me rends à une rencontre sur les bases de la programmation pour le « centre commercial » de la butte des Batignolles. Avec attention, j’observe l’intervenant faire son discours, les participants réagir et je me plonge alors dans ce processus communément nommé « concertation ».

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Avant-Propos

La concertation est l’action, pour plusieurs personnes, de s’accorder en vue d’un

projet commun. Aujourd’hui, il est clair que cette démarche est plus courante, impliquant de plus en plus les futurs usagers de projets urbains et les poussant à parler de leurs expériences socio-quotidiennes pour affiner et mieux orienter cahier des charges, choix architecturaux et urbains. En participant à l’une des rencontres thématiques de ClichyBatignolles, j’ai pu entrevoir un fragment de la réalité de la concertation.

Ce mémoire tend à montrer mon intérêt pour la communication, prégnante

dans tous les champs de la vie sociale, le domaine des politiques publiques, et plus précisément, de l’action publique en matière d’aménagement du territoire.

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Introduction

La communication du projet urbain auprès du grand public est un aspect fort,

devenu indispensable et d’actualités dans notre milieu. Les projets d’aménagement sont régulièrement encadrés par des ZAC 1. Il est courant de comprendre maladroitement le terme « concerté » par la concertation avec toutes les parties prenantes d’un projet, dont les citoyens.

Historiquement et juridiquement, la concertation avait pour principal objet de

faciliter la relation entre les collectivités publiques et les promoteurs privés qui faisaient preuve de beaucoup de réticence à l’égard des ZUP 2. Selon le code de l’urbanisme 3, les zones d’aménagement concerté sont les zones à l’intérieur desquelles une collectivité publique ou un établissement public y ayant vocation décide d’intervenir pour réaliser ou faire réaliser l’aménagement et l’équipement des terrains, notamment de ceux que cette collectivité ou cet établissement a acquis ou acquerra en vue de les céder ou de les concéder ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés.

Face à la défiance des citoyens, à la démobilisation de ces derniers, il semble

aujourd’hui nécessaire d’étendre l’objet de la concertation aux citoyens. Il est entendu que cette démarche est déjà rendue obligatoire dans le cadre de ZAC accompagnée d’enquête publique, ce qui est le cas pour l’opération Clichy-Batignolles. De plus, avec l’évolution relativement récente des principes démocratiques qui régissent notre société et particulièrement avec l’émergence des pratiques de démocratie participative permises grâce aux nouvelles technologies et formes de communication, les parties prenantes d’un projet attendent bien plus qu’une information sommaire et vulgarisée. Les projets d’envergure telle que Clichy-Batignolles nécessitent de proposer une stratégie d’information adaptée déclinant l’information en trois natures : descendante

1 Zone d’Aménagement Concerté

qui présente et justifie un choix, ascendante qui consulte et recueille un avis avant une

3 Article L311-1, modifié

décision, et mutuelle qui fait participer et qui associe à l’élaboration d’une décision.

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2 Zone à Urbaniser en Priorité par Loi n°2000-1208 du 13 décembre 2000 - art. 7


Introduction

Cette récente structure d’information, dense et complexe, appelée « concertation » révèle chez les porteurs de projet inquiétudes et appréhension. Pour autant cette démarche peut s’avérer bénéfique et vertueuse car nécessaire à la légitimité du projet, à la compréhension des enjeux et à l’adhésion du plus grand nombre. L’intérêt de l’information et de sa diffusion réside ainsi dans ce qu’elle permet aux citoyens de s’approprier les termes de la décision. L’information et la connaissance de l’espace sont au centre de la démocratie participative, mais dès qu’est mise en avant la question de l’information comme base d’une action concertée entre élus et habitants, le spectre de la manipulation de l’information l’accompagne.

Un autre angle d’approche à la problématique de ce mémoire nous amène à notre

perception individuelle et à notre capacité de projection dans l’avenir et l’acceptation des nuisances, des changements d’usage et des mutations imposées que des projets urbains comme l’opération de Clichy-Batignolles impliquent. En effet, rompre avec les habitudes, les usages existants, l’importance insoupçonnée de certains espaces publics et l’attachement au « patrimoine immatériel » 1 répond d’un processus complexe et sensible. Ce constat associé à l’émergence du principe de représentation partagée de l’urbanisme encourage les acteurs des projets urbains à développer les modalités de la communication dans la pratique des projets urbains. Ces derniers promeuvent aujourd’hui une approche transversale de la communication qui accompagne chaque étape du projet et implique chaque partie prenante. Les grands projets d’aménagement, les chantiers et travaux, l’implantation de réseaux de transport, les opérations de requalification urbaine, la soumission d’un plan local d’urbanisme, l’aménagement d’une ZAC, la conduite d’un programme de rénovation urbaine … font l’objet de stratégies qui se doivent efficaces et surtout légitimes. Ces projets constituent un ensemble de leviers qu’il convient d’ordonner, de séquencer et de mettre en œuvre au bon moment vers le bon public.

De ce fait, la communication s’adresse à une multitude de parties prenantes,

c’est-à-dire de groupes ou d’individus pouvant affecter ou être affectés par le projet qui deviendront des cibles de communication. Ainsi, dans le cadre de l’opération ClichyBatignolles, nous nous intéresserons aux trois modalités qui font la communication de ce projet urbain, grâce à une analyse et critique systématique de leurs composantes. Ces modalités se présentent de la manière suivante : la communication par les acteurs sur 1

Le patrimoine

immatériel correspond aux traditions socio-urbaines et culturelles enracinées dans un territoire mono ou

internet, la communication in situ et la communication par la documentation. Nous interrogerons alors le rapport sensible entre la communication, l’information et la concertation.

multicommunautaire

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Communication par les acteurs sur internet

Dans le cadre de projets urbains, l’action territoriale s’expose largement et

longuement aux jugements des parties prenantes de son territoire. Outre l’évitement de jugements négatifs, la recherche d’une information continue et de proximité exprime des principes de transparence de préoccupations auxquels le citoyen est de plus en plus sensible. L’essor d’internet permet de répondre à ce besoin et joue alors un rôle considérable dans l’influence croissante des citoyens sur les politiques de la ville.

1.

Paris Batignolles Aménagement : leur manière de parler du projet et de la concertation

Créée en 2010, Paris Batignolles Aménagement est une société publique locale

d’aménagement, concessionnaire de la ZAC Clichy Batignolles et de la ZAC Cardinet Chalabre pour le compte de la Ville de Paris. La société a pour objet unique de mettre en œuvre le projet urbain Clichy Batignolles. L’équipe de Paris Batignolles Aménagement est constituée de 18 personnes, réparties dans divers services dont le secrétariat général, la direction de l’aménagement, la direction de l’ingénierie et la direction de la communication. Paris Batignolles Aménagement possède sa propre identité visuelle, ce qui nous permet de l’identifier sur la documentation de Clichy-Batignolles. Son site internet parle très peu de la concertation. En cherchant un peu sur le site, nous pouvons trouver quelques actualités sur des événements dans le quartier s’inscrivant dans les processus de la concertation.

L’organisme est garante de la concertation : elle définit son cadre, maîtrise son

processus, adapte les mécanismes de gestion, entretient la maîtrise du projet, déploie un dispositif compréhensible, sincère et accessible, maintient la discussion et l’échange de points de vie, et veille à assurer le retour d’informations et les résultats.

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Communication par les acteurs sur internet

Intéressons-nous désormais à la direction de la communication nommée

précédemment. Son rôle est très important dans la relation entre les acteurs et les habitants du territoire. En effet, le service, qui comprend deux personnes à sa charge, Corinne Martin en tant que directrice et Audrey Bourgoin en tant que chargé d’affaire, gèrent et coordonnent toutes les prestations destinées à la communication du projet urbain auprès des publics. Le management de la communication du projet consiste à déterminer qui a besoin de quelle information, quand et sous quelle forme la lui mettre. Les besoin en information et les méthodes de diffusion varient considérablement. L’obtention d’une communication efficace passe par le choix des outils et des supports adaptés au projet. Pour ce faire, plusieurs points doivent être soulevés dont l’urgence du besoin d’information, la technologie disponible, le niveau de qualification des parties prenantes du projet et la durée du projet. La détermination des informations pertinentes du projet à communiquer passe par l’analyse des besoins en communication des acteurs du projet, fait que nous a confirmé le service de communication de Paris Batignolles Aménagement lors de notre entretien. Une communication efficiente favorise le bon déroulement d’un projet et permet ainsi de limiter les pertes de temps qui nuisent souvent au calendrier et au budget. L’anticipation optimise l’action et favorise la réaction. Un plan de communication bien préparé réduira l’impact des forces opposantes en place.

Pour parvenir à une maîtrise globale de la communication du projet, il faut

passer par une double action telle que nous explique Gérard Herniaux dans l’une de ses thèses, gérer la communication du projet 1. Cette double action se définit par la gestion de la communication via un plan de communication efficace pour chaque classe d’interlocuteurs et par la création d’une bonne étanchéité entre les différentes couches pour éviter la confusion. Ces couches sont nombreuses, elles regroupent habitants, usagers, riverains, acteurs économiques, décideurs publics … Dans le cadre d’une concertation, il est plus intéressant de combiner plusieurs formes de moyens adaptées aux publics les plus stratégiques afin d’élargir le public concerné.

2.

L’apport des réseaux sociaux au dialogue territorial

Le projet de Clichy-Batignolles possède une page Facebook avec 546 abonnés,

gérée par le service de communication de Paris Batignolles Aménagement, grâce à laquelle les internautes peuvent suivre l’actualité de l’opération voire même, de 1

Gérard HERNIAUX, «

Gérer la communication du projet », Communication et organisation [En ligne], mis en ligne le 26 mars 2012.

découvrir son histoire grâce aux précédentes publications signalées comme événements marquants. Nous pouvons remarquer une absence sur Twitter et Instagram, réseaux sociaux jugés inappropriés et excessifs aux intérêts du projet : « En choisissant avec

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Communication par les acteurs sur internet

Ci-contre, la page d’accueil du site web de Paris Batignolles AmÊnagement.

Ci-contre, la page Facebook du projet de ClichyBatignolles.

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Communication par les acteurs sur internet

attention notre surface d’action, nous contrôlons alors mieux les différents médias par lesquels nous communiquons. Nous préférons privilégier la qualité de communication sur une surface d’action restreinte, contrôlée et répondant au mieux aux attentes », nous précise Corinne Martin, directrice du service de communication de Paris Batignolles Aménagement.

Il est intéressant de remarquer la réaction des internautes aux publications de la

page car elle renforce notre hypothèse d’un degré d’exigence de citoyens plus ou moins dociles. D’ailleurs, une enquête du cabinet Sociovision 1, réalisée fin 2012, distinguerait quatre groupes d’activistes citoyens dont les « militants cools », ultraconnectés et capables de développer leurs propres projets à défaut d’être associés par la ville, les « activistes planétaires », moins nombreux mais plus radicaux et partisans d’une transparence totale, « les suiveurs actifs », une famille de consommateurs plus que de citoyens, et les « défenseurs de la communauté locale », qui font confiance aux élus mais sont prêts à s’engager dans les conflits locaux si la cause leur paraît légitime. Les « citoyens passifs » n’ont pas pour autant disparu. Pour les inciter à prendre part à la cocréation urbaine, les villes redoublent d’imagination.

Si la participation, du moins, dans la plupart des cas en France, garde un

caractère consultatif, elle a trouvé sa place sur Internet, par la mise en œuvre d’outils variés d’information et de communication avec le public citoyen. Les technologies « d’e-participation » aux projets urbains visent l’information des habitants, mais aussi le recueil d’éléments de connaissance de l’existant, de diagnostic. C’est pourquoi, nous pensons, à ce titre, que la forme du blog ou du forum est actuellement le symbole d’une volonté de mise en discussion de problématiques urbaines diverses. La construction d’une citoyenneté électronique se met place, où le territoire et les projets d’aménagement sont au cœur des débats, par des outils de participation permanente, ou au moins sur le long terme.

3.

Clichy-Batignolles.fr : base d’informations pour connaître la démarche de la concertation

Dès les premiers clics, nous pouvons remarquer que la charte graphique du site

web se détache complètement de l’identité visuelle du projet de Clichy-Batignolles ; il 1

SOCIOVISION,

« Les attentes des citoyens face aux transformations de la ville », La Fabrique de la Cité [En ligne], Août 2012

est sobre et pourtant très clair et lisible. La structure du site se compose d’un modèle de composition graphique commun à chaque page pour créer auprès de l’internaute des automatismes de lecture. Cette composition graphique est faite de la manière suivante :

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Communication par les acteurs sur internet

hormis la partie texte de la page, une colonne sur la droite complète le contenu de la page avec en règle générale des vidéos reportages ou documentaires, puis au centre, une image ou un diaporama annoncent, représentent et suscitent la thématique de la page, et enfin sur la gauche, sont présentes des chiffres-clés à retenir. Le site web de Clichy-Batignolles est une source d’informations utile pour comprendre le projet dans sa globalité. Il consacre une page pour chaque caractéristique de la concertation. Le glossaire sur la concertation est la suivante : -

la démarche ;

-

S’inscrire ;

-

Les groupes d’architecture ;

-

La porte de Clichy ;

-

L’atelier de Batignolles ;

-

Le centre d’animation ;

-

Le suivi des chantiers ;

-

De 2008 à aujourd’hui, comprenant un calendrier des différentes rencontres,

atelier et visites organisées durant cette période, avec pour chacun un compte

rendu téléchargeable ;

-

Les rencontres.

L’une des interrogations que nous pouvons émettre serait de savoir par

observation quel est le rapport entre la charte graphique de la documentation et celle du site internet de l’opération. Il faut savoir que le site internet est géré par une autre agence que l’agence de graphisme Polymago. Le choix d’un prestataire à la gestion de cette plateforme a été adopté et décidé par le service de communication de Paris Batignolles Aménagement pour des soucis de coordination. En échangeant avec ce dernier, nous apprenons que des maquettes reprenant les mêmes codes de la charte graphique établie par Polymago ont été réalisées mais par ailleurs, ont démontré une latence notable en termes de lisibilité. D’où l’apparence actuelle du site internet plus sobre et plus claire pour les internautes.

La difficile mobilisation des habitants a été à la base d’une dynamique d’invention

et de réinvention des outils et des modalités de la participation citoyenne dans les projets d’aménagement. Dans ce contexte, le recours à des outils de communication informatisés et surtout « en ligne » sur Internet s’est généralisé comme un moyen de rendre la participation plus efficace. Les avantages d’une communication dématérialisée et détemporalisée ont été très largement mis en lumière par les acteurs de la participation comme solution aux difficultés de mobilisation. Si les habitants ne pouvaient venir aux réunions publiques et au débat, c’est le débat qui devait venir à eux. Par l’appropriation

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Communication par les acteurs sur internet

Ci-contre, la page de prĂŠsentation de la dĂŠmarche de la concertation pour Clichy-Batignolles.

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Communication par les acteurs sur internet

de technologies qui sont en constant mouvement, les acteurs publics tentent de mettre en œuvre un idéal de contrat social baptisé « e-démocratie » ou encore démocratie électronique. Les défenseurs de cette nouvelle forme de relation entre citoyen et gouvernement mettent en évidence les qualités de transparence, de coopération ou encore de liberté d’expression que ces moyens de communications apportent.

La diffusion de l’information reste le principal objectif des contenus relatifs à

l’aménagement du territoire que l’on trouve actuellement sur les sites Internet officiels des collectivités locales, autrement appelés sites « vitrines ». Le web public territorial est aujourd’hui très bien développé, dans le sens où les villes se sont déjà dotées de plusieurs générations de sites Internet, qui ont favorisé la mise en ligne d’informations diverses : documents de planifications, délibérations des conseils municipaux, informations sur les projets d’aménagement, contacts avec les services concernés, etc. Ces sites internet s’intègrent dans une stratégie globale de communication menée par les collectivités locales : le site ne remplace pas la presse territoriale, les expositions, les documents consultables en mairie, ou encore les réunions d’information, il s’inscrit en complément dans le paysage médiatique de la communication locale.

4.

Polymago et l’importance d’une identité visuelle sur l’impact de la communication

Polymago est une agence de graphisme, créé en 1985 par Juliette Weisbuch et

Jean-Baptiste Blom. Cette agence est en charge de l’identité visuelle du projet de la ZAC Clichy-Batignolles et a conçu certains des supports de communication. Leurs travaux sont un révélateur de l’importance des outils produits sur la perception du futur quartier par les habitants du territoire.

Pour comprendre l’identité visuelle du projet, il faut naviguer sur le site web

de l’agence. Il est à remarquer dès le départ, sur la page d’accueil, que cette agence parle d’une attitude et une pratique par le regard. D’ailleurs, elle précise à travers sa présentation sur le site : « Notre démarche tend à prouver que la réalité d’une image ne s’estime pas seulement par des paramètres esthétiques, elle procède aussi d’une demande sociale, d’une pensée plastique et d’une éthique ».

En allant plus loin, nous découvrons les actualités liées à l’agence : le dernier

en date se révèle être sur Clichy-Batignolles. Une photo contextualise le projet réalisé avec un petit encart pour indiquer le lieu d’exposition et la date de publication. Dans

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Communication par les acteurs sur internet

la rubrique « travaux », nous pouvons trouver une cinquantaine de travaux réalisés par l’agence. Nous remarquons alors les travaux de l’agence sur Clichy-Batignolles et son identité visuelle ainsi que les nombreux supports de communication qu’elle a conçus dans le cadre du projet : logo, journaux, livrets, feuillets, signalétique, affiches, pancartes et scénographie de la Maison du Projet. L’agence a alors mis en œuvre la charte graphique des outils de communication. Elle a mis en place un style graphique agréable pour la consultation et la lecture.

L’engouement pour l’e-démocratie et le développement très rapide des sites

Internet ont masqué l’appauvrissement que le recours aux images numériques, aux techniques multimédia, pouvait engendrer au niveau de l’information qui y était dispensée sur les projets urbains. Ce contexte de démocratie renouvelée a participé à masquer une utilisation accrue des images virtuelles de l’espace, des vidéos en 3D, qui sont certes, de très bons outils de marketing territorial, mais qui ne permettent pas de rendre compte de la diversité territoriale. L’iconographie territoriale est modifiée par les outils de communication qui sont depuis quelques années à la disposition des collectivités locales, dans le sens où la prégnance des images virtuelles en trois dimensions, représentant l’espace urbain dans sa future configuration, a fait oublier, au fur et à mesure, les plans, cartes et schémas d’organisation spatiale. Le recours de plus en plus fréquent aux bureaux d’étude et aux métiers du graphisme et de la publicité pour concevoir la stratégie de communication et le contenu de l’information sur les projets urbains a favorisé la représentation du territoire avec des logiciels de dessin et de publication assistés par ordinateur qui donnent un fort avantage à la vision 3D par rapport au plan. Comme l’explique Ariella Masboungi, architecte urbaniste en chef de l’Etat, dans un article sur la représentation graphique publié dans un des numéros de la revue Urbanisme en 2007 1, « la plupart des représentations sont réalisées par les mêmes agences spécialisées dont on reconnaît la patte dans les jurys de consultation urbaine, ce qui introduit des confusions dans les projets : même arbres, mêmes immeubles, dont on dispose dans les bibliothèques de projets de logiciels … cela tend à rendre les représentations plus uniformes ».

5.

CAUE 75 : pour une diffusion pédagogique de l’architecture

CAUE 75 signifie le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement

de Paris. C’est une association départementale, créée par la loi sur l’architecture de 1977. 1

A. MASBOUNGI

et B. MCCLURE, « La représentation graphique en questions », 2007, Urbanisme, n°357, pp.39-43

Elle a pour mission la promotion de la qualité architecturale, urbaine et environnementale et le développement de l’esprit de participation du public à travers des actions de conseil, d’information, de formation et de sensibilisation de tous les parisiens. Aussi, le conseil

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Communication par les acteurs sur internet

Ci-contre, la page de présentation des travaux de l’agence de graphisme Polymago sur ClichyBatignolles.

Ci-contre, la page de présentation des centres d’animation animés par le CAUE Paris.

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Communication par les acteurs sur internet

a participé à l’animation et la tenue des ateliers Paris Batignolles Aménagement ainsi qu’aux rencontres thématiques de Clichy-Batignolles en 2013.

Le CAUE consacre deux articles sur son site web : l’un sur les ateliers de

Batignolles et l’autre sur les rencontres thématiques. Il parle de ces évènements en promouvant la sensibilisation du public à l’architecture. Cette communication est plus convaincante car elle crée de l’envie et de l’intérêt à la démarche par la manière dont l’information est diffusée. Dans l’article sur les ateliers de Batignolles, il est décrit les différentes phases de cet événement pédagogique avec un contenu textuel structuré et un contenu iconographique mettant en avant les jeunes qui ont été participants actifs de ce centre d’animation. Pour les rencontres thématiques 2013 que le CAUE a animées, il reprend simplement l’affiche promotionnelle de l’événement.

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Communication In Situ

Pour favoriser le sentiment d’appartenance au territoire, la prise en compte et

l’écoute à l’égard des parties prenantes du projet de Clichy-Batignolles rend légitime la mise en place d’une maison de projet et les processus de la concertation, définis par des événements prenant place au sein du nouveau quartier. De plus, les nouvelles technologies apportent des solutions à l’inclusion de tous dans le débat public. Tout le mode de gouvernance des politiques publiques a été repensé, en favorisant la coopération de la société civile, la transparence des décisions publiques et le partenariat. Ces évolutions ont conduit à celle des dispositifs démocratiques existants, notamment au niveau local, et se sont traduites par un effort pour créer plus d’espaces publics où habitants et gouvernements locaux se rencontrent et débattent des politiques locales, mais aussi, et surtout, par un accès accru et diversifié de l’information.

1.

La Maison du Projet : lieu d’information et de rencontres

La Maison du Projet est le lieu d’information sur Clichy-Batignolles et son

actualité, elle accueille tous ceux qui souhaitent s’informer sur la transformation de ce quartier et l’avancement des chantiers. La maison du projet a eu plusieurs adresses. Elle a évolué au fur et à mesure des déménagements et en s’adaptant aux locaux à disposition. L’adresse actuelle de la maison restera la même jusqu’à la livraison de l’opération, c’està-dire 155 bis rue Cardinet, une des rues formant la limite du quartier de ClichyBatignolles.

« Le fait de créer une maison du projet était logique au regard du profil du projet.

D’ailleurs, il nous fallait un lieu pour installer notre service et pour organiser les rencontres et débats », nous explique Corinne Martin, directrice du service de communication de Paris Batignolles Aménagement.

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Communication In Situ

Ci-contre, la Maison du Projet, 155 Bis rue Cardinet, 75017 Paris

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Communication In Situ

Grâce à une scénographie conçue par l’agence de graphisme Polymago, ce lieu

offre aux visiteurs des outils complets afin de comprendre l’échelle, les caractéristiques et les enjeux du projet. Ces outils sont des maquettes grande échelle définissant les gabarits et les fonctions de l’environnement bâti, une simulation 3D sur support tactile, un mur orné de mots clés et d’informations sur les caractéristiques du projet, de la documentation à consulter, des vidéos reportages à visionner, des maquettes issues des ateliers de Batignolles et des centres d’animation, et des salles pouvant accueillir réunions et rencontres. Cette diversité d’outils à disposition du visiteur offre une diversité de manières de comprendre et découvrir le projet. Egalement, nous pouvons considérer le premier étage comme étant le lieu des rencontres et des débats, tandis que le rez-de-chaussée est le lieu d’information et de sensibilisation.

Il est bon de noter que dans une logique de transparence de l’action publique, de

nouveaux outils comme les images de synthèse ont pu être développées, et notamment les simulations 3D. Ce type d’image présente des avantages qui résident à la fois dans leur capacité à rendre lisible des projets complexes, et, à la fois, dans leur capacité à valoriser l’espace futur. Les outils de simulation sont des supports à la communication du projet urbain, censés répondre à des objectifs stratégiques et démocratiques. Cependant, nous pouvons déceler une limite importante à ce type de support, à savoir que la nature de ces images introduit une ambiguïté et par conséquent une certaine méfiance lorsqu’elles sont utilisées dans un contexte démocratique. Les outils de représentation influencent la manière dont va être accueilli le projet par les habitants.

2.

Les processus de la concertation

Autant d’outils et de moyens sont mis à la disposition du dialogue territorial :

réunions

publiques,

expositions,

visites

de

terrain,

ateliers

urbains,

centre

d’information, comité de riverains … L’implication des professionnels semble alors primordiale voire obligatoire car en accompagnant le processus de concertation d’une équipe pluridisciplinaire, la démarche est rendue plus crédible et les résultats en terme d’influence sont plus satisfaisants. Les dispositifs de concertation mobilisent en règle générale en plus grande proportion ceux qui sont engagés dans la vie locale. Il constitue en grande partie la tribune idéale pour l’expression des craintes et des résistances citoyennes vis-à-vis du projet.

Le profil de l’opération nous ramène à nos propos en introduction sur la stratégie

d’information adaptée aux projets d’envergures : l’atelier de Batignolles et les centres

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Communication In Situ

d’animation constituent la forme de l’information descendante tandis que les groupes d’architecture constituent par ses composantes la forme de l’information ascendante et de l’information mutuelle.

2.1.

L’atelier de Batignolles

Afin d’établir un dialogue itératif avec l’atelier de conception professionnel, et

pour imaginer l’avenir du quartier de Batignolles situé entre le parc et les voies ferrées, un atelier d’urbanisme a été initié en mai 2012 pour la première phase de l’opération et ouvert en 2013 pour suivre la seconde phase. L’atelier se découle à travers quatre étapes : premièrement, prendre la mesure des enjeux, deuxièmement, faire un récit autour des usages, troisièmement, traduire ces récits en image, et dernièrement, faire un suivi au long cours. En parallèle, le point de vue des jeunes a été récolté par le CAUE 75. L’atelier a rassemblé au total 150 participants sur 10 réunions et permis la réalisation de 27 dessins synthétisants.

Cet atelier d’urbanisme constitue une nouvelle configuration afin de renouveler

les formes du dialogue territorial. Répondant à une logique de projet, ces formes de débat permises grâce à l’atelier de Batignolles offrent les conditions théoriques pour qu’élus et citoyens soient dans une relation de partenariat. Cependant, nous pouvons établir une limite importante à la mise en œuvre de ces débats avec l’attitude et les représentations des acteurs. Ceux-ci peuvent persister dans une logique de conservation de leurs prérogatives, et peuvent avoir des difficultés à partager la décision avec des acteurs « profanes ».

2.2.

Groupes d’architecture

Depuis avril 2010, les habitants ont été incités à donner leur avis en participant aux commissions techniques et aux jurys des concours d’architecture. 11 projets ont été concernés sur Clichy-Batignolles et le secteur Saussure. La méthode de cette démarche des groupes d’architecture se décrit en quatre points : -

Les commissions techniques s’assurent de la conformité des projets concourants

avec le cahier des charges et de la pertinence des réponses apportées. Pour y

participer, 1 à 2 citoyens sont tirés au sort par commission.

-

Les groupes d’analyse permettent la présentation des projets auprès de l’ensemble

des participants, c’est-à-dire 15 à 30 personnes, avant la tenue des jurys.

-

Le jury désigne les lauréats des concours. A chaque jury est désigné un citoyen

qui a droit à une voix délibérative.

26


Communication In Situ

Ci-contre, une table ronde avec les riverains durant un atelier de Batignolles.

Ci-contre, le jury d’un des 11 concours soumis à la concertation.

27


Communication In Situ

-

Les revues des projets d’architecture permettent de présenter les résultats des

concours et de suivre les opérations depuis l’esquisse présentée au concours,

jusqu’au projet finalisé avant le dépôt du permis de construire.

Les citoyens constituent un bataillon de volontaires prêt à se mettre au service de

la ville. La pédagogie ne suffit plus : plus que l’adhésion c’est l’appropriation des projets par les citoyens que doivent rechercher élus et urbanistes. Les groupes d’architecture apportent alors un élément de réponse viable, qui permet alors de confier de plus amples responsabilités aux citoyens.

2.3.

Visites de Chantiers

Pour permettre aux riverains de connaître les étapes, l’organisation et les

impacts sur l’environnement des chantiers en cours de Clichy-Batignolles, des visites sont organisées par Paris Batignolles Aménagement. Un dépliant est d’ailleurs fourni pour l’occasion.

2.4.

Rencontres thématiques de Clichy-Batignolles

Pour poursuivre l’association des citoyens à la conception de Clichy-Batignolles

depuis 2008, deux cycles de rencontres ont été mises en place par Paris Batignolles Aménagement successivement en 2012-2013 puis en 2015-2016 sous forme de dialogues entre citoyens et professionnels en charge des projets.

Durant les dix dernières années, le développement de « dispositifs participatifs »

variés, plus ou moins institutionnalisés, possèdent des limites notables. Parmi ces limites, il peut être plus spécifiquement cité la difficulté à mobiliser les habitants, le désintérêt du public pour des questions trop politiques ou trop techniques qui sont abordées lors des processus de participation aux projets d’aménagement. La faible fréquentation aux ateliers de Batignolles et aux rencontres thématiques en témoignent. Ce manque d’implication peut être considéré comme un obstacle à une concertation globale des habitants, dans un esprit démocratique qui puisse permettre l’expression de toutes les opinions et pas seulement celles d’habitants-experts issus du milieu associatif. L’e-participation devrait, en théorie, permettre de pallier les difficultés de mobilisation rencontrées. L’emploi de technologies, s’il redynamise la communication politique, contribue à renouveler la participation dans ses modalités, mais aussi dans son contenu.

28


Communication In Situ

Ci-contre, des citoyens en cours de visite de chantier.

Ci-contre, des citoyens en cours de visite de site dans le cadre d’une rencontre thÊmatique en 2013.

29


Communication In Situ

2.4.1.

Les rencontres de 2012-2013

Avec la participation du CAUE 75, le cycle possède plusieurs thèmes dont

l’habitat, les espaces publics, la nature en ville, le patrimoine et enfin les continuités urbaines. Un dépliant a été réalisé par l’agence de graphisme Polymago pour chaque thème. Des promenades sur site et des soirées conférences (menées par des experts historiens, des architectes, des paysagistes…) ont été organisées dans le cadre de ce cycle. 2.4.2.

Les rencontres de 2015-2016

Ce cycle se compose de quatre thèmes dont la dynamique commerciale et

culturelle de la butte de Batignolles, une architecture innovante pour trois immeubles de bureaux, les services urbains dans un éco-quartier, et un défi pour les économies d’énergie pour agir ensemble contre le réchauffement climatique.

2.5.

Sensibilisation des jeunes

Dès le départ, la stratégie de communication de Paris Batignolles Aménagement

s’est composée d’un axe fort par le travail sur les champs de jeune public, en réponse aux objectifs du Ministère de la Culture et de la Communication. En effet, nous pouvons émettre l’hypothèse que si un individu a une bonne appréhension de son espace lorsqu’il est enfant, il s’en souviendra une fois adulte. Avec la mise en place d’un centre d’animation et des ateliers pédagogiques auprès d’établissements scolaires, l’opération Clichy-Batignolles offre les outils nécessaires pour sensibiliser les plus jeunes à l’architecture et à la transformation urbaine de leur environnement. 2.5.1.

Centre d’animation

Ayant pour objet de penser la programmation et le fonctionnement de l’opération

Clichy-Batignolles au plus près des publics concernés, le centre d’animation animé par le CAUE 75 a permis à 80 jeunes âgés de 13 à 18 ans de rencontrer 15 professionnels dans le cadre du Lot 08 en proue du secteur ouest à l’angle du boulevard Berthier. L’objectif du centre a été de réfléchir à une maison de quartier pour tous, répondant en particulier aux attentes des jeunes, en plus des autres publics. Sa démarche a été représentée par une méthode en trois étapes : d’abord écouter les jeunes dans leur diversité, puis entendre les professionnels et enfin piloter la démarche. Les recommandations issues de cette concertation ont été transmises par le biais d’une synthèse aux architectes qui

30


Communication In Situ

Ci-contre, des jeunes écoliers présentant leur projet de coeur d’ilôt pendant l’un des ateliers pédagogiques animés par le CAUE 75.

Ci-contre, des citoyens profitant des activités proposées par le RendezVous de Clichy-Batignolles, édition 2015.

31


Communication In Situ

ont travaillé sur le Lot 08 ainsi qu’aux services de la Ville en charge de ce projet. Les visiteurs de la Maison du Projet peuvent aussi apprécier le fruit de cette démarche par le biais d’une exposition des travaux réalisés par les jeunes. 2.5.2.

Sensibilisation des jeunes au projet de Clichy-Batignolles

Depuis 2009, la sensibilisation des jeunes au projet de Clichy-Batignolles a

concerné 19 écoles, 2 collèges, 2 lycées et 11 centres de loisir, soit plus de 6000 élèves concernés. Animée par le CAUE 75, cette démarche se caractérise : -

par des ateliers pédagogiques invitant à découvrir Clichy-Batignolles, son

histoire, son patrimoine, ses ambitions urbaines, paysagères et écologiques ;

-

par des outils tels que des maquettes, des grands plans manipulables, des jeux de

construction ; et des visites commentées.

2.6.

Les Rendez-Vous de Clichy-Batignolles

Depuis 2008, Paris Batignolles Aménagement, la Ville de Paris, les acteurs du

projet en partenariat avec des associations du 17e arrondissement s’associent chaque année pour les journées Portes Ouvertes de Clichy-Batignolles, durant lesquelles sont organisées nombre d’activités pour tous les âges, tels que des ateliers de sensibilisation à la biodiversité, des lectures, des initiations sportives … Ce sont des journées d’information pour découvrir et suivre l’actualité de l’un des plus grands projets de la Capitale.

« Ce type d’événement ressemble à une fête de quartier. Les locaux sont les personnes

les plus présentes en règle générale puisque c’est une occasion de rencontrer ces voisins, de comprendre les enjeux du projet et de constater l’évolution de leur quartier », nous précise Corinne Martin, directrice du service de communication de Paris Batignolles Aménagement.

Cette manifestation populaire permet un entretien avec les habitants. Ces

entretiens réactivés annuellement montrent qu’un rapport à l’espace est impliqué dans la réception du projet. En effet, dans l’élaboration de leur jugement, les individus comparent l’espace futur, ils sont amenés à identifier les impacts qu’il aura sur leur mode de vie actuel, et à comparer les opportunités que leur offre l’espace futur avec leurs habitudes et leurs pratiques actuelles. Ils envisagent les changements qu’apportera le projet, à la fois sous l’angle des pratiques mais aussi en fonction de l’identité que leur quartier aura dans l’avenir.

32


Communication par la Documentation

Tous les projets récents d’urbanisme intègrent des dimensions politiques,

sociales, économiques et environnementales. Dès lors il est fondamental de présenter ces caractéristiques de la manière la plus compréhensible sans négliger l’opportunité pédagogique d’un tel engagement. Les supports de communication dont nous faisons l’analyse et la critique sont autant d’éléments de réponse et dont la « concertation » paraît être l’outillage, destiné à une population locale ou plus large.

1.

Influence des supports de communication sur la réception de l’information

Dans la partie précédente de ce mémoire, nous avons évoqué l’influence des

supports de communication dans la manière dont va être accueilli un projet par les habitants. En effet, la réception de l’information par les habitants met en jeu des mécanismes d’interprétation et de jugement qui sont fortement liés à leur rapport à l’espace en projet. Les mécanismes subjectifs d’interprétation influencent la manière dont les habitants se représentent les changements intervenant dans leur espace de vie. Une enquête de terrain réalisée par Hélène Bailleul dans le cadre d’une thèse sur la communication et les projets urbains 1 a permis de mettre en évidence que les habitants construisent une connaissance partielle du projet urbain : dans l’ensemble des informations qui leur sont transmises grâce à des plans, des schémas, des photographies, des images de synthèse … Ils opèrent une sélection des éléments pertinents de leur point de vue. Cette interprétation des informations dépend également de la manière dont ils perçoivent le contexte de la communication. Les destinataires repositionnent

1

Hélène BAILLEUL, «

l’information dans son environnement : ils identifient les émetteurs et leur attribuent

Les nouvelles formes de

une stratégie. Cette « remise en contexte » de l’information conditionne les attentes des

des projets urbains :

habitants et guide leur jugement du projet. Nous mettons plus spécifiquement en avant

pour un débat participatif »,

ici le rôle ambigu des images dans les dispositifs participatifs. Les travaux de Kant sur

33

la communication autour modalités, impacts, enjeux Métropoles [En ligne], mis en ligne le 22 septembre 2008


Communication par la Documentation

le jugement 1 sont d’ailleurs très intéressants à ce sujet, notamment sa définition du « jugement de goût » par rapport à une œuvre. Le rapport à l’espace en projet est très étroitement lié à la représentation de soi, et que la capacité des individus à s’identifier à l’espace est très largement impliquée dans la réception des images d’un projet urbain. L’individu fonde son jugement sur un positionnement « spatial » entre le dedans et le dehors, et sur une identification du « nous » et du « eux » qui conditionne sa capacité à s’identifier à l’espace en projet et son positionnement pro ou anti-projet. Le jugement de l’espace en projet se focalise ici sur la dialectique espace vécu et représenté / espace conçu et communiqué avec une importance du référentiel identitaire. L’activité de réception d’une information par l’individu identifie plus que ce qui est seulement « visible » ou explicite. Elle est déjà une interprétation mais qui est ressentie comme « contrainte ». En effet, l’image virtuelle, jugée comme « parfaite », ne laisse pas l’individu « entrer », elle est entière et favorise la perception du futur espace comme un « microcosme » à part.

Les outils de représentation de l’espace futur réalisés à partir d’images de synthèse

sont ainsi de très puissants vecteurs de l’information, qui apportent un caractère ludique et attractif. La volonté de rendre attractif un territoire en devenir pour y attirer populations et entreprises implique un certain type d’images et une stratégie ciblée de communication. D’un autre point de vue, la même stratégie globale de communication vise les habitants actuels et le débat sur l’espace en projet.

Nous pouvons établir également la relation de la coproduction du projet

urbain et de la communication. En effet, l’action d’aménager implique la production d’un discours sur le projet. Cette mise en récit de l’espace et de l’action est réalisée sous différentes formes, comme nous pouvons le constater avec les supports de communication présentées par la suite. Qui plus est, au cours du temps, le contenu du récit sur l’espace évolue. Cette évolution est dépendante à la fois des événements et opportunités qui jalonnent la démarche du projet, et à la fois de la dynamique de communication territoriale. Cette mise en récit du projet est également influencée par les objectifs que poursuivent les acteurs et les partenaires auxquels ils s’adressent : « Notre service suit des objectifs à atteindre et de plus, la concertation n’existe pas sans l’information. Nous souhaitons donner de l’intérêt à notre communication, et ne pas produire une communication trop simple, pas assez réfléchi et pas assez stratégique. Car la communication doit servir le projet », tel que nous explique Corinne Martin, directrice du service de communication de Paris Batignolles Aménagement. Le récit du projet 1

Emmanuel KANT,

« Critique du jugement », 1790

urbain est ainsi fortement influencé dans sa forme et son contenu, par les finalités de la communication.

34


Communication par la Documentation

2.

Glossaire et présentation des supports de communication 2.1.

Ouvrage

# DE GRAVELAINE Frédérique, L’atelier de Batignolles, Septembre 2014, éditions Gallimard, collection Alternatives

Cet ouvrage de commande présente l’opération de Clichy-Batignolles et notamment tous les processus de la concertation, qui ont permis d’aboutir à la forme du projet connue ce jour. C’est un ouvrage complet avec des visuels de qualité présentant avec fidélité la concertation et il peut être considéré comme le meilleur outil de communication pour en saisir ses particularités. Il se compose de 3 axes : le premier étant un atelier pour concevoir la butte des Batignolles, le deuxième étant fabriquer ensemble un morceau de ville pour le Paris du XXIème siècle, et le dernier étant les premiers enseignements et questions pour l’avenir. 2.2.

Journaux

# Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Journal de Clichy-Batignolles #1, Avril 2013

Le journal de Clichy-Batignolles est un périodique publié annuellement et rendant compte de l’actualité sur l’état d’avancement du projet. Il aborde à chaque numéro diverses thématiques sur le quartier. Seulement 2 pages parmi les trois numéros sortis jusque lors sont consacrées à la concertation. Qui plus est, la proportion de certains contenus iconographiques semble incohérente par rapport à l’objet du contenu textuel. Les images de projet ne font que contextualiser un débat, au lieu de mettre plus en avant des photos de l’événement montrant les échanges vivants entre citoyens et professionnels en charge des projets. # Conception : PAVILLON DE L’ARSENAL, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Les Batignolles, Paris, octobre 2014

Le journal Les Batignolles a été réalisé à l’occasion du Rendez-Vous de ClichyBatignolles en 2014 et distribué gratuitement auprès du public pendant l’événement. Il traite de toutes les caractéristiques principales du projet par le biais d’interviews des acteurs et d’articles de fond. Nous remarquons que le style graphique respecte des codes classiques et laisse davantage la place au contenu textuel plus que le contenu iconographique. Comparé à l’autre journal que nous critiquons précédemment, nous pouvons noter la présence parfois excessive de publicités des partenaires de l’opération de Clichy-Batignolles. Leur place sur certaines pages est prépondérante aux articles

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Communication par la Documentation

ÉDITORIAL

AVRIL 2013 N° 1

élue de ce quartier depuis  dix ans, c’est avec fierté  et enthousiasme que  je participe activement  à sa transformation en un  éco quartier unique à Paris.  Exemplaires sur le plan  énergétique et écologique,   nourries par le poumon  vert du Parc Martin Luther  King, ces anciennes friches  de la SNCF réaménagées  préfigurent l’urbanisme de  demain. Fruit de nombreuses  concertations, ce projet s’est  construit autour de l’idée  simple : garantir le bien-être  et la qualité de vie de tous  les habitants.  Logements, équipements  publics, bureaux, transports  en commun, commerces  et cinémas s’installeront  progressivement.  L’arrivée du futur Palais  de justice, annoncée  par le Premier ministre,  apportera dynamisme  et rayonnement, au delà  du 17e arrondissement.  Je suis sûre que les quartiers  des Batignolles et des  épinettes seront un pôle  d’activité et d’attractivité  majeur au cœur de la  métropole parisienne.

Ci-contre,

Je remercie celles et ceux  qui permettent de  concrétiser ce projet  ambitieux et précurseur.

à gauche, la couverture de l’ouvrage sur l’atelier des

ANNiCK LEPEtit, Députée et conseillère de Paris,  Présidente de Paris Batignolles  Aménagement

Batignolles,

PORTE DE CLICHY

À L’OUEST DU PARC

LOGEMENTS

Des attentes clairement exprimées pour les espaces publics.

Promoteurs, architectes et habitants réunis pour travailler. page 4

Les premiers habitants de Clichy-Batignolles sont là. page 5

page 3

JOURNÉES PORTES OUVERTES Rendez-vous le 30 juin prochain. page 12

LE PARC MARTIN LUTHER KING S’AGRANDIT

Le chantier de l’extension du parc, de la petite ceinture jusqu’au boulevard  Berthier, à démarré en octobre dernier. Sur 2,8 ha supplémentaires, de nouveaux paysages seront créés qui prolongeront le spectacle des saisons avec la mise en scène de l’automne et de l’hiver et offriront des espaces de repos et d’activités ludiques ou sportives complémentaires à celles qui existent déjà. Le franchissement de la petite ceinture se fera par le biais d’un bâtiment belvédère, point dominant qui offrira une vue d’ensemble sur le parc et permettra de s’y restaurer. Dans moins d’un an, la superficie du parc aura augmenté de plus de la moitié. La troisième et dernière étape est prévue, à partir de 2017, sur la partie ouest, une fois que les chantiers de constructions et de la RATP seront terminés. L’allée diagonale, axe majeur du projet urbain, sera alors achevée permettant de relier le square des Batignolles à la Porte de Clichy.

EN bREf LES ÉTUDES CONfIRMENT LA fAISAbILITÉ DE LA GÉOTHERMIE

LE fUTUR PALAIS DE JUSTICE EN MARCHE

2 PRIx POUR fRANçOIS GRETHER ET JACqUELINE OSTY

LIGNE 14 APPRObATION DU fINANCEMENT

La production de chaleur pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire proviendra de la géothermie. L’eau, puisée à 28° dans l’albien (à 650 m de profondeur) fournira la chaleur requise grâce à un système de pompes à chaleur et d’échangeurs.

Lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour de cassation, le Président de la République a confirmé le démarrage de la construction du Palais de Justice en 2013. Le permis de construire a été délivré le 31 janvier dernier.

L’architecte urbaniste et la paysagiste du projet Clichy-Batignolles ont respectivement remporté fin 2012 le Grand Prix de l’Urbanisme et le prix spécial « Quand le jardin construit la ville » des Victoires du paysage, salués pour leurs réalisations sur le renouveau des friches urbaines et le parc.

Après la déclaration d’utilité publique du 4 octobre 2012, le STIF a approuvé le 15 décembre 2013 le protocole de financement de la désaturation de la ligne 13 par le prolongement de la ligne 14.

à droite, la Une de la première édition du Journal des Batignolles.

pavILLon dE L’aRSEnaL

L’innovation numérique pour découvrir La viLLe de demain évènement — Lire page 11

hans walter müller l’architecte des structures gonflables évènement — Lire page 10

Vendredi 10, samedi 11, dimanche 12 octobre 2014 — Gratuit —

rendez-vous avec la vi(ll)e batignolles

© a. espinasseau

Rendez-vous dans le Paris du xxi e siècle

Batignolles, la dynamique métropolitaine

L

e quartier de Clichy-Batignolles marque une étape décisive dans la renaissance de la ville de Paris. Entre les voies ferrées de la gare Saint-Lazare et le boulevard périphérique, structuré

éditorial autour du jardin Martin-LutherKing et du futur Palais de justice, apparaît un nouveau territoire parisien de 53 ha, à la fois dense

Batignolles LES CHIFFRES CLéS

Ci-contre, à gauche, la Une du journal Les Batignolles, à droite, l’un des dépliants pour les rencontres

et divers, architectural et végétal, moderne et capable d’accueillir chacun et toutes les activités économiques. La réalisation d’un tel projet résulte d’un processus de coproduction inédit, qui a mobilisé tous les acteurs de la ville : les promoteurs, les investisseurs, les architectes, les paysagistes, les ingénieurs, les services municipaux et les citoyens. Au cours d’un travail d’atelier unique en son genre, toutes les forces vives de l’aménagement ont

ainsi été amenées à imaginer ensemble le quartier. Aux premières idées ont succédé les premières esquisses, puis les volumétries et les programmations donnant progressivement forme et cohérence au projet d’urbanisme. Cette construction, fondée sur l’intelligence, le partage, l’écoute et la confiance, a permis de porter très loin l’ambition urbaine, et de remettre au cœur des débats les plaisirs simples et évident d’habiter et de travailler à Paris. Par-delà son efficacité, constatée à mesure que

3 400 logements

se dessine la nouvelle silhouette urbaine, la méthode utilisée vaut aujourd’hui par sa vocation de manifeste d’un urbanisme contemporain, fondé sur la souplesse de la conception collective et la fermeté de l’exigence démocratique. En retraçant les grandes étapes de ce chantier, les Rendez-vous avec la Vi(ll)e aux Batignolles présentent quelques perspectives appelées à se prolonger dans les prochaines opérations de reconquête urbaine de la métropole du Grand Paris.

32 000 m² de commerces, culture, loisirs

● Vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 octobre 2014 ● Trois jours pour donner à comprendre toutes les étapes de la création d’un nouveau quartier à Paris, de la conception du projet à sa réalisation ● Expositions, visites guidées, ateliers enfants, chantiers ouverts...

RencontRes thématiques

habiteR

à découvrir Batignolles : une aventure collective Le projet urbain de ClichyBatignolles est une aventure collective engagée par la Mairie de Paris depuis une douzaine d’années. Le programme et le développement de ce projet vivant ne cesse pas d’évoluer et de s’enrichir à partir d’un principe simple : un grand espace ouvert, le parc Martin Luther King urbanisme — Lire page 2

Futur palais de justice : un équipement emblématique Étagée, fine, d’une élégance intemporelle, sa silhouette de 160 m de haut s’inscrit dans le grand paysage entre la Défense et Montmartre, et imprime au futur palais de justice une identité unique. architecture — Lire page 4

53 hectares 10 hectares de parc

140 000 m² de bureaux

120 000 m² pour le futur palais de justice et la direction régionale de la police judiciaire

Petite leçon de ville

Rendez-vous avec la Vi(lle) Batignolles

42 000 m² d’équipements publics

1

JeUdi 28 FÉvRieR 2013

Retrouvez le programme de la manifestation de ce Rendez-vous avec la Vi(ll)e exceptionnel aux Batignolles qui investit les 53 hectares de ce projet métropolitain.

19h30 - 21h00

PRomenade URbaine

dimanChe 3 maRS 2013

Programme— Lire page 12

PAVILLON DE L’ARSENAL — Centre d’information, de doCumentation et d’exposition d’urbanisme et d’arChiteCture de paris et de la métropole parisienne — 21, bd morland — 75004 paris — info@pavillon-arsenal.Com www.PAVILLON-ARSENAL.cOm

thématiques de ClichyBatignolles en 2013.

36

14h30 - 17h30


Communication par la Documentation

qui deviennent alors visuellement moins importants. Les seuls éléments qui parlent de la concertation se trouvent aux deux dernières pages. Le premier élément parle brièvement des nouveaux outils numériques pour concevoir, fabriquer et appréhender la ville de demain, auxquels profitent notamment les visiteurs de la Maison du Projet grâce à la simulation 3D sur support tactile. Le second élément établie un calendrier des futurs événements de la vi(ll)e de Batignolles. 2.3.

Dépliants

# Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Dépliants thématiques pour les rencontres de Clichy-Batignolles, 2013

Conçus par l’agence de graphisme Polymago, les dépliants permettent de thématiser graphiquement les cinq débats principaux des rencontres de Clichy-Batignolles en 2013 : Habiter, Prolonger, Pratiquer, Diversifier et Franchir. Chaque thématique est composée de deux rencontres : la première est une visite du quartier, annoncée dans le dépliant par un texte explicatif, une carte du quartier avec le tracé du parcours, et des photos miniatures contextuelles ; le second est une soirée rencontre entre citoyens et professionnels à la Maison du Projet pour échanger sur la thématique. Le contenu iconographique permet de contextualiser chacun des débats, et nous pouvons remarquer les premières pages dont le style graphique linéaire rend le document plus accessible et ludique auprès du public. # Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Dépliant pour les rencontres de Clichy-Batignolles, 2015

Ce feuillet informe sur le programme et le contenu des rencontres de Clichy-Batignolles. Depuis 2008, Parisiens et Clichois sont associés à la conception du quartier ClichyBatignolles. Leurs contributions, avis et points de vue alimentent la fabrication de l’écoquartier conçu autour du parc Martin Luther King. Pour poursuivre la démarche et éclairer l’avenir, Paris Batignolles Aménagement a ouvert un cycle de rencontres sous la forme de dialogues entres les citoyens et les professionnels en charge des projets. Ce cycle est composé de 4 thématiques : dynamique commerciale et culturelle de la butte de Batignolles, une architecture innovante pour trois immeubles de bureaux, les services urbains dans un éco-quartier, et un défi pour les économies d’énergie afin d’agir ensemble contre le réchauffement climatique. A chacune des thématiques, est consacrée une à plusieurs rencontres. Le feuillet décrit succinctement l’objet des débats. Une image des projets en question contextualise les thématiques. Leur qualité et leur pertinence reste cependant à contester, car elle ne permet pas de comprendre et d’appréhender pleinement le débat.

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Communication par la Documentation

# Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Rendez-Vous de Clichy-Batignolles, septembre 2015

Ce livret se compose d’une première de couverture avec l’objet de l’événement, le lieu, la date, les horaires, et une image contextuelle. Nous pouvons critiquer cette image car à part représenter un lieu, elle aurait pu être une des nombreuses photos prises lors du Rendez-Vous de l’année précédente par exemple. Ce souci de produire des documents graphiquement beaux et agréables à la consultation ainsi que de contextualiser l’événement dans un lieu semble prendre le dessus encore une fois sur l’objectif réel de l’événement qu’est de mettre au courant les citoyens sur le projet et les informer sur les innovations architecturales, urbaines et paysagères. 2.4.

Ressources Numériques

Clichy-Batignolles possède un compte Youtube sur lequel nous pouvons

consulter des vidéos pour notamment comprendre les processus de la concertation. # CAUE 75, Les espaces partagés de l’îlot 08 vus par CM1 Epinettes, publié le 6/08/2013, réalisé en 2013, 4min38sec

Dans cette vidéo, où est présenté un atelier pédagogique sur l’aménagement des espaces partagés de l’îlot 08, il nous est mis en avant les travaux réalisés par les écoliers, plus que les phases de réflexion qui ont aboutis aux propositions. # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Rendez-Vous, 4min, publié le 1/07/2013, réalisé en 2013

La vidéo est structurée en fonction des outils de communication présentés et des activités proposés lors de la Journée Portes Ouvertes 2012. Nous avons observé un rythme grâce à des prises de vue proches sur les outils, et des prises de vue éloignées sur les échanges entre professionnels, animateurs et les citoyens participants. Nous pouvons définir deux phases dans cette vidéo : la première présente les activités et outils de découverte du projet de Clichy-Batignolles, et la seconde présente les activités proposées par des stands au cœur du parc.

# PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Participation des enfants à un concours d’architecture, 6min10sec, publié le 2/07/2013, réalisé en 2011

Cette vidéo présente le déroulé d’une journée de sensibilisation auprès de jeunes écoliers. Nous remarquons le soin de Paris Batignolles Aménagement de mettre en avant

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Communication par la Documentation

RENDEZ VOUS À CLICHY-BATIGNOLLES DIMANCHE 27 SEPTEMBRE PARC MARTIN LUTHER KING (17e) ENTRÉE LIBRE DE 10 H À 19 H

Ci-contre, à gauche, le dépliant pour les rencontres thématiques de Clichy-Batignolles en 2015, à droite, la page de couverture du dépliant pour le Rendez-Vous annuel de Clichy-Batignolles en 2015.

Ci-contre, à gauche, extrait de la vidéo sur un Rendez-Vous annuel de Clichy-Batignolles, à droite, extrait de la vidéo sur la participation des enfants à un concours d’architecture.

Ci-contre, à gauche, extrait de la vidéo sur les paroles d’habitants, à droite, extrait de la vidéo sur les extraits de la concertation.

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Communication par la Documentation

les propos de chacun à travers la présentation de projets collectifs. En fin de vidéo, un bilan clair est établi sur les atouts de chaque projet afin de faire le point sur l’ensemble des propositions. # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Paroles d’habitants, 8min08sec, publié le 02/07/2013

Il nous est présenté ici le point de vue des habitants des quartiers qui pensent que Clichy-Batignolles est un village populaire, isolé et en perte d’ambiance. Les nouveautés apportées par le projet donnent un souffle nouveau pour le quartier, ce qu’évoquent nombre de riverains interviewés. # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Extraits de la concertation, 5min08sec, publié le 2/07/2013

Cette vidéo décrit l’ensemble de la démarche de la concertation. Elle met en avant des échanges et l’avis des citoyens. # CAUE 75, Le porche de l’îlot 06A imaginé par CM1 Saussure, 4min27sec, publié le 2/07/2013, réalisé en 2013

Dans cette vidéo, où est présenté un atelier pédagogique sur l’aménagement du porche de l’ilôt 06A, il nous est mis en avant les travaux réalisés par les écoliers. La vidéo est notamment marquée par les brèves phases de réflexion aboutissant aux projets de groupe. Ces phases permettent d’apprécier aussi le rôle et l’importance de l’animateur du CAUE 75. # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Concevoir un éco-quartier, 13min55sec, publié le 1/07/2013, réalisé en 2013

Intitulée également “Regard de jeunes sur le quartier de Clichy-Batignolles”, la vidéo fait le récit d’une journée de sensibilisation animée par le CAUE 75 auprès d’une classe de CE2 d’un établissement proche du site. Cette journée a été composée de cinq temps : d’abord définir et comprendre les enjeux, puis les visites guidées et activités ludiques de découverte en plein air, après la sensibilisation aux gestes et aux enjeux écologiques, ensuite les projets individuels et de groupes présentés oralement avec des votes et des débats, et enfin la réalisation des maquettes. Pour chaque partie de la vidéo, une introduction et conclusion est faite par l’animatrice.

40


Conclusion

La communication est indispensable à la réussite d’un projet, mais elle peut

devenir envahissante en raison du nombre d’interlocuteurs à prendre en compte. Dans le cadre du projet de Clichy-Batignolles, elle accompagne la concertation et nous a montré une maîtrise globale du service de communication de Paris Batignolles Aménagement, soucieuse d’intervenir qualitativement sur une surface d’action ciblée et caractérisée par trois modalités de communication.

Dans un premier temps, la communication par les acteurs sur internet a

montré l’apport des nouvelles technologies de l’information aux dialogues territoriaux, permettant la « e-démocratie ». A travers l’analyse et critique des plateformes de chaque acteur, nous avons pu déceler des faiblesses. En effet, sans juger la qualité de l’information, Paris Batignolles Aménagement parle très peu de la concertation, malgré quelques actualités sur des événements qui s’inscrivent dans le processus. Seuls les communiqués de presse et comptes rendus de réunions, téléchargeables sur le site, soutiennent la démarche par une mutualisation de l’information. Quant au site internet de Clichy-Batignolles, celui-ci informe et décrit simplement les caractéristiques de la démarche. Selon nous, seul le CAUE 75 qui a animé quelques ateliers et des rencontres thématiques parle de la concertation avec pertinence et honnêteté, prônant l’image d’une concertation comme un moyen pédagogique et sensible de rapprocher pratiquants et futurs usagers dans un but commun.

Dans un deuxième temps, la communication in situ représente l’aspect le

plus important de la concertation car elle tend à prouver la force du dialogue et de l’appréciation vécue de l’habitant sur son futur quartier, selon des références identitaires. La Maison du Projet offre des outils complets pour comprendre les particularités et les enjeux du projet de Clichy-Batignolles. D’ailleurs, des événements donnent l’occasion, chaque année, de découvrir l’avancement du projet et de participer aux nombreuses

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Conclusion

visites de chantiers.

Dans un dernier temps, la communication par la documentation nous a

permis d’observer la qualité des documents à disposition du public, graphiquement agréables à consulter, lisibles, claires et complets. Or, nous pouvons remettre en question l’iconographie de la documentation. En effet, quand le citoyen est invité à un événement lié à la concertation, la contextualisation d’un débat par des images de synthèse de projets « produits » doit-elle prendre le dessus sur les avantages bénéfiques des processus de la concertation montrées avec un reportage photographique de débats et rencontres passées ? Nous pouvons alors et souvent comparer la communication faite par la documentation à du marketing, ce qui perturbe notre perception et bonne appréciation du futur quartier.

En règle générale, nous pouvons noter des contradictions apparentes dans

les modalités de communication, difficiles à définir, qui apportent confusion sur la réception de l’information.

Ainsi, associer les habitants à l’aménagement de leur ville permet de réinventer

l’urbanisme. Le temps où la ville était réservée aux seuls urbanistes et architectes est révolu. Grâce à internet et aux réseaux sociaux, elle s’invente désormais en cocréation avec les citoyens. Aujourd’hui, des villes s’inventent de nouveaux modèles d’urbanisme « participatif » et des exemples tels que Laval, Amsterdam et Strasbourg semblent nous le prouver.

La démocratie participative a trouvé dans l’urbanisme son territoire d’expression

naturel. C’est à l’échelle locale que les citoyens entendent désormais apporter leur pierre à l’édifice. Une révolution qui tardait encore à décoller en France, pays traditionnellement attaché à la prise de décision verticale et institutionnelle. Pourtant, la démocratie participative n’est pas une idée neuve dans notre pays. En 1983 déjà, le rapport Dudebout affirmait que « rien ne se ferait sans la participation active des habitants ». Une reconnaissance des vertus de la démocratie participative est inscrite également dans la fameuse loi SRU, une loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbains, votée en 2000 par la France, qui prévoit l’association des citoyens à la prise de décision dès le diagnostic du plan local d’urbanisme, puis à chaque étape des projets d’aménagement. De plus, les élus ont longtemps ignoré ces vertus de la concertation citoyenne. Les expériences de celles et ceux qui « font » la ville n’étaient pas prises en compte. Mais la révolution numérique et l’émergence de la civilisation du partage ont bouleversé les modes de gouvernance à l’échelle municipale : désormais, impossible

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Conclusion

d’imposer des décisions d’en haut sans consulter et associer les citoyens à la conception de leurs espaces de vie.

« Demainlaville.fr », site sérieux d’actualités sur les nouveaux modes de

l’urbanisme, cite d’ailleurs le sociologue urbaniste Eric Hamelin dans un de ses articles sur l’urbanisme solidaire et participatif 1 : « L’urbanisme participatif est encore loin d’être la norme car la plupart des décisions sont irréversibles, engageant l’avenir de la ville sur plusieurs décennies. Mais jusqu’alors, on était dans l’expertocratie, tandis qu’aujourd’hui les acteurs de la ville commencent à se convaincre que l’expertise d’usage, celle des habitants, est aussi utile. Cette intelligence collective peut permettre de faire émerger les meilleures idées ».

La concertation, alors expression de l’urbanisme participatif, doit valoriser les

échanges pour permettre des solutions urbaines justes et réfléchies. L’architecture, c’est aussi de percevoir comment l’homme capte sa façon d’être dans l’espace, c’est un « ressenti » dont les dialogues territoriaux doivent se soucier. A l’échelle du projet de ClichyBatignolles, cette démarche récente qui implique les habitants d’un territoire représente sans nul doute une nouvelle manière de pratiquer et faire la ville. Or selon Gérard Herniaux 2, on constate encore souvent qu’il ne suffit pas de vouloir communiquer, mais qu’il faut surtout savoir bien communiquer. Ainsi, nous soumettrons l’hypothèse suivante : faut-il bien communiquer pour bien faire la ville et alors assurer sa pérennité, son appropriation et son acceptation par les habitants ?

Aussi, il faut réinterroger la place et le rôle de l’architecte et de l’urbaniste à

cause de ces nouvelles pratiques. En effet, l’évolution rapide des modes de vie, des pratiques sociales et professionnelles et la médiatisation de projets rendent de plus en plus complexe la définition et l’identité de leur territoire d’activité. Nous pouvons alors nous demander dans quel sens et comment l’urbanisme participatif changera leur manière de pratiquer.

1 USBEK & RICA, « Quand l’urbanisme devient participatif », Demain la ville [En ligne], mis en ligne le 15 avril 2013 2

Gérard HERNIAUX,

« Gérer la communication du projet », Communication et organisation [En ligne], mis en ligne le 26 mars 2012

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Bibliographie -

Ouvrage

# DE GRAVELAINE Frédérique, L’atelier de Batignolles, Septembre 2014, éditions Gallemard, collection Alternatives

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Journaux

# Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Journal de Clichy-Batignolles #1, Avril 2013 # Conception : PAVILLON DE L’ARSENAL, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Les Batignolles, Paris, octobre 2014

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Dépliants

# PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Dépliants thématiques pour les rencontres de Clichy-Batignolles, 2013 # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Dépliant pour les rencontres de ClichyBatignolles, 2015 # Conception : POLYMAGO, conception éditoriale : PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Rendez-Vous de Clichy-Batignolles, septembre 2015

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Sitographie -

Sites internet

# www.paris-batignolles-amenagement.fr/pba/ # www.clichy-batignolles.fr # www.caue75.fr # www.facebook.com/Clichy-Batignolles-261596723955760/?fref=ts # polymago.fr

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Articles

# C. CORNIC, « Communication du projet », La gestion du projet [En ligne]. Disponible sur : www.gestiondeprojet.net # Gérard HERNIAUX, « Gérer la communication du projet », Communication et organisation [En ligne], mis en ligne le 26 mars 2012. Disponible sur : communicationorganisation.revues.org/2022 # Hélène BAILLEUL, « Les nouvelles formes de la communication autour des projets urbains : modalités, impacts, enjeux pour un débat participatif », Métropoles [En ligne], mis en ligne le 22 septembre 2008. Disponible sur : metropoles.revues.org/2202 # Citoyenneté et Développement Durable, Un nouveau regard sur l’éco-citoyenneté. Disponible sur : cabinet-proxite.over-blog.com/tag/concertation/ # Dispositif de communication de valorisation des projets urbains. Disponible sur : www.epiceum.com/references/dispositif-de-communication-de-valorisation-projetsurbains # USBEK & RICA, « Quand l’urbanisme devient participatif », Demain la ville [En ligne], mis en ligne le 15 avril 2013. Disponible sur : www.demainlaville.com/quandlurbanisme-devient-participatif/ # Sensibiliser tous les publics à l’architecture, Ministère de la Culture et de la Communication [En ligne], mis en ligne le 6 juillet 2015. Disponible sur : www. culturecommunication.gouv.fr/Actualites/En-continu/Sensibiliser-tous-les-publics-al-architecture

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Ressources numériques

# CAUE 75, Les espaces partagés de l’îlot 08 vus par CM1 Epinettes, publié le 6/08/2013, réalisé en 2013, 4min38sec # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Rendez-Vous, 4min, publié le 1/07/2013, réalisé en 2013 # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Participation des enfants à un concours d’architecture, 6min10sec, publié le 2/07/2013, réalisé en 2011 # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Paroles d’habitants, 8min08sec, publié le 02/07/2013 # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Extraits de la concertation, 5min08sec, publié le 2/07/2013 # CAUE 75, Le porche de l’îlot 06A imaginé par CM1 Saussure, 4min27sec, publié le 2/07/2013, réalisé en 2013 # PARIS BATIGNOLLES AMENAGEMENT, Concevoir un éco-quartier, 13min55sec, publié le 1/07/2013, réalisé en 2013

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