Le BIM et l’architecte Un processus d’échange et de production au service de la maîtrise d’œuvre.
Mémoire 2018 - 2019
Sous la direction de :
Séminaire MN2BIM : De la maquette numérique au BIM
M. BOUTROS Nader
ENSAPVS
M. BOUET Olivier
M. BEAUFRERE Mathias
M. SEHAD Tayeb
Image de synthèse de la Tour HEKLA fait par les Ateliers Jean Nouvel (www.jeannouvel.com)
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« Tout ce que nous faisons et tout ce que nous produisons transforme nos comportements et notre sensibilité. L’invention de nous-mêmes est accélérée en permanence par la modernité elle-même. » ACTION ARCHITECTURE, Alain Guiheux
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Préface
Résumé L’utilisation du BIM a gagné notre quotidien et il est présent dans tous les discours des professionnels de la construction. Un sujet qui n’est pas généralisé au cours de la formation des étudiants, mais qui est essentiel dans la pratique du métier d’architecte et des agences d’architecture. Cela m’a amené à me poser la question : L’architecte a-t’il besoin du BIM en phase de conception ? Un processus qui révolutionne l’organisation du travail par l’intermédiaire de la collaboration et la gestion des échanges de données du bâtiment le tout intégré dans une maquette numérique. Pour y arriver, l’architecte doit prendre place et se positionner dans le processus BIM pour qu’il garde son rôle de concepteur. Avec une telle avancée du numérique, il était important de réaliser une enquête auprès des professionnels architectes, car ils apportent leur point de vue sur la question de l’utilité du BIM dans la conception architecturale. Un panel d’expériences qui définit leurs approches dans ce nouveau processus de travail. Le BIM est en pleine évolution, actuellement en Europe et tout particulièrement chez les Anglosaxons qui eux ont adopté depuis quelques années une dynamique plus importante qu’en France. Le métier est en pleine mutation qui s’accentuera avec la notion d’intelligence artificielle ; celle-ci bouleversera la production et la conception architecturale.
Objectif L’objectif premier est de me familiariser sur la thématique BIM dans le travail de l’architecte. Dans un second temps, le mémoire me permettra de gagner un bagage de connaissances culturelles me donnant un « plus » sur le marché du travail.
Mots-clés BIM - Conception - Architecture - Interview de professionnels – Collaboration entre acteur du projet - Maquette numérique - Créativité – Processus
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Remerciements
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce aux témoignages de sept professionnels, qui ont pris le temps de me donner leur point de vue sur le sujet du BIM. Je tiens à remercier les interviewés : Monsieur Stéphane Vedrenne (Architecte associé) et Madame Méghane Frigelli (Référente BIM) ; Monsieur Maurice Vaquier (Architecte indépendant) ; Monsieur Olivier Celnik (Architecte, enseignant et Expert BIM) ; Monsieur Andrea Balistreri (Architecte) ; Monsieur Germain Troublé (Assistant architecte) ; Monsieur Bernard Desmoulin (Architecte) ; Monsieur Emmanuel Di Giacomo (Autodesk BIM Ecosystem Business Developement Manager).
Je remercie mes encadrants de mémoire Monsieur Nader Boutros, Monsieur Olivier Bouet et Monsieur Tayeb Sehad enseignants chercheurs au laboratoire EVCAU (EnVironnements, Cultures Architecturales et Urbaines) à L’ENSAPVS (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine) pour l’aide apportée sur les orientations dans mes recherches et de m’avoir guidé dans la rédaction de mon mémoire. Je remercie les enseignants du séminaire Domaine d’étude 4 « De la maquette numérique au BIM » composé de Mr. Boutros, Mr. Bouet et Mr. Auger, que j’ai suivi pendant mon master en 2018. Ils m’ont fait découvrir toute la complexité du processus BIM. Je suis reconnaissant envers le corps enseignant pour m’avoir soutenu et conseillé dans mon travail préparatoire du mémoire. Je suis également agréablement surpris des infrastructures mis en place par ENSAPVS sur les nouveaux outils de communication, de la bibliothèque et des salles de travail.
Je tiens à remercier également l’agence des Ateliers Jean Nouvel pour m’avoir permis d’effectuer un stage été en 2017 et d’avoir pu travailler sur la réalisation d’une partie de la maquette numérique de la Tour HEKLA dans le quartier de La Défense en France (92062). Je tiens également à remercier Madame Méghane Frigelli et mes proches qui m’ont aidé et conseillé sur les orientations d’écriture de mon mémoire.
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Sommaire Avant-propos ........................................................................................................................................ 10 Introduction .......................................................................................................................................... 14
1.
Le rôle de l’architecte et comment il doit se positionner dans le BIM ....................................... 22 1.1 Qu’est ce qui pourrait nuire au métier d’architecte ?................................................................. 23 1.2 La conception du projet et le dialogue entre les différents outils de l’architecte ...................... 29 1.3 Les erreurs à éviter en tant qu’architecte. .................................................................................. 33
2. Le déploiement BIM au sein des agences d’architecture en France ............................................... 40 2.1 Le déploiement du BIM sur un projet ......................................................................................... 41 2.2 La différenciation des pratiques et du rôle des architectes selon les tailles des agences .......... 50 2.3 Les avantages et inconvénients sur l’utilisation du BIM en agence. ........................................... 57
3. Un processus qui est en pleine évolution ........................................................................................ 62 3.1 Une Dynamique du BIM chez les architectes anglo-saxons plus importante qu’en France ....... 63 3.2 Vers un travail collaboratif sur une maquette unique ................................................................ 70 3.3 L’intelligence artificielle : un changement de paradigme sur la conception architecturale ....... 74
Conclusion ............................................................................................................................................. 80
Sources et bibliographie ....................................................................................................................... 84
Glossaire................................................................................................................................................ 92
Annexe : les interviews......................................................................................................................... 96 Retranscriptions.................................................................................................................................. 100
Table des matières.............................................................................................................................. 154
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Avant-propos
Le thème du BIM1 m’a interpelé au cours de mon cursus scolaire et c’est pour cette raison que j’ai choisi de faire mon mémoire sur ce sujet. Celui-ci est peu abordé en école d’architecture et c’est à la suite à l’expérience en stage de licence à l’agence OBAA2 en 2016 que j’ai compris qu’il était primordial de suivre des cours d’informatique spécialisé sur le BIM. C’est au cours de ma formation baccalauréat professionnel à L’EBTP à Vincennes3 (2011-2014) et à l’exposition Batimat4 en 2011 que j’ai entendu pour la première fois le mot BIM dans le monde du bâtiment. Puis en 2017, j’ai effectué un stage dans l’agence des Ateliers Jean Nouvel, j’ai travaillé sur le projet de la tour HEKLA à La Défense, ce qui m’a permis de discuter avec des professionnels du BIM sur la maquette numérique du projet en cours. Ayant juste entendu parler du sujet BIM, j’ai compris que l’apprentissage de cette méthodologie de conception du projet architectural nécessite de nouvelles connaissances allant au-delà de l’apprentissage acquis à l’école d’architecture. Il était donc primordial que je me tienne informé sur l’évolution de cette nouvelle méthode de travail. Selon moi, il était important de faire le séminaire MN2BIM5 que j’ai suivi en master à l’ENSAPVS (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val de Seine). Et pour en savoir plus, je me suis rendu au BIM World6 au cours de l’année 2018. Cela m’a permis de comprendre que la formation à l’école est coupée de cette réalité et de réaliser la dimension importante de ce processus comme étant une nouvelle méthode de travail. Pour en comprendre les enjeux, j’ai pris la décision de me tenir informé des évolutions du métier d’architecte depuis plus de six ans afin d’appréhender mon futur parcours professionnel.
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BIM est le sigle en anglais de Building Information Model, Modeling ou Management. Voir Glossaire P.92 OBAA, agence d’architecture Officina Balistreri Arici Architecte 3 EBTP Lycée Claude Nicolas Ledoux à Vincennes - Ecole du Bâtiment et des Travaux Publics 4 Batimat est un salon d’exposition sur le bâtiment 5 Séminaire MN2BIM de la Maquette Numérique au BIM (2018) 6 BIM World est un salon d’exposition dédié à l’univers du BIM dans le bâtiment 2
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Il est important d’écrire un mémoire sur ce qu’est le BIM, mais pas seulement. Mon souhait est de comprendre l’implication que doit avoir l’architecte dans ce processus, afin de connaitre et de comprendre ce tout nouveau mode de collaboration pour la conception d’un édifice dans le monde professionnel. La réalisation du mémoire est complétée de nombreuses lectures, mais plus particulièrement d’une série d’interviews pour mieux connaitre l’implication du BIM auprès des professionnels du bâtiment (Architectes, BIM manager …). C’est grâce aux différents points de vue sur ce sujet que j’ai pu élargir ma vision de pensée.
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Introduction
Le numérique s’est propagé en quelques décennies, il s’est immiscé dans nos pratiques, dans notre vie de tous les jours, dans notre milieu professionnel et dans notre environnement social. Il a envahi notre existence sans vraiment que nous en comprenions les conséquences et les limites. « L’invention de nous-mêmes est accélérée en permanence par la modernité ellemême »7. Le domaine architectural a connu des évolutions en terme esthétique et de prouesses techniques de construction. Toutes ces innovations ont pu être réalisées grâce aux avancées technologiques de représentation. En effet, le processus de conception a connu des évolutions qui ont permis de façonner les nouvelles pensées d’un projet. Nous pouvons créer des formes plus complexes, plus performantes et la structure ne devient plus une contrainte. Pour le monde professionnel, ces avancées numériques ont permis la création de nouvelles professions, mais également la disparition de certaines.
[Fig.01] – Evolution de l’esthétique, des technologies et des techniques architecturaux8
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Alain GUIHEUX, Action Architecture, op. cit P.90 Compilation de plusieurs images, voir Iconographique P.86
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En terme historique, le monde architectural est passé par des étapes de processus bien différentes. A partir du XIXe siècle, suite à la rupture entre architecture et génie-civil, la formation d’architecte était suivie à l’école des beaux-arts. Les étudiants apprenaient l’art de la gravure, de la sculpture, de la peinture et de l’architecture [Fig. 02]. Après les événements de 1968, les étudiants ont réclamé leur indépendance et il en a résulté la création d’une douzaine d’unités pédagogiques d’architecture (UPA) dans lesquelles on avait intégré l’enseignement du dessin à la main, du tire-ligne9 et du rotring. Un travail de représentation graphique manuel qui suscitait de la minutie, de la précision et du temps important [Fig. 03].
Avec l’apparition des nouvelles technologies dans l’architecture en 1980, le métier a dû évoluer, s’adapter et s’améliorer dans son propre processus même de conception. Selon Action Architecture, le monde architectural au XXe siècle a cultivé « la société du vécu de soi »10 par le fait d’être tout le temps informé. Ce style de vie a façonné « l’homme massifié statistique, à l’opposé de l’individu romantique »11. Les premiers ordinateurs avec les logiciels dédiés aux dessins techniques vectoriels ont permis un gain de temps sur la réalisation des projets en terme d’efficacité et de précision. Ces logiciels de DAO et CAO 12 comme par exemple, le logiciel Autocad de la firme Autodesk ont permis d’éditer des dessins techniques sous forme de lignes, d’arc de cercle, ...
[Fig. 02] – Carte Postale, cours beaux-arts
[Fig.03] – Dessin au rotring, plan de la ville
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Le tire-ligne est un instrument destiné à tracer des traits rectilignes ou courbes d’épaisseur variable et très précis. 10 Alain GUIHEUX, Action Architecture, P.95 11 ibid P.95 12 CAO conception assistée par Ordinateur et DAO Dessin assisté par Ordinateur ce sont les logiciels pour modéliser une géométrie afin de concevoir et de réaliser des produits.
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Avec l’utilisation d’outils similaire, cette nouvelle méthode de travail ressemble à celle du dessin à la main. Même si ces outils ont reçu des mises à jour, l’esprit reste le même. Ceci a permis aux architectes d’être plus compétitifs et de cultiver « la société du vécu de soi »13. Nous remarquons qu’actuellement plupart des agences et de nombreux étudiants utilisent ces outils (à part une minorité voulant rester dans la philosophie des beaux-arts).
L’acronyme BIM est apparu il y a quelques années. Il est souvent employé comme un nouvel outil cependant il est plus complexe, c’est une gestion collaborative du projet. Il repose sur les échanges et l’enrichissement de la maquette numérique par les divers acteurs d’un projet. Néanmoins, ce terme BIM est plus ancien que nous le pensons, c’est aux Etats-Unis (Géorgie) en 1975 que Charles M. Eastman, professeur d’architecture et des sciences de l’informatique, qui annonce pour la première fois la gestion informatique du dessin et de la maquette. Il sera le premier à évoquer l’expression « Building Information Model » qui est une méthode de travail en lien avec la technologie qui permet de produire, de communiquer et d’analyser des modèles de construction [Fig. 04]. De nos jours, en Europe le déploiement BIM est bien inscrit chez les Anglo-saxons dans le monde du bâtiment et de la conception « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015.
[Fig. 04] – Charles M. Eastman
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Alain GUIHEUX, Action Architecture, P.96
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En France, l’implantation du BIM dans les agences d’architecture se fit plus tard. Les éléments déclencheurs sont la crise importante de 2008 qui a provoqué la diminution du nombre de constructions, les problématiques liées aux réglementations et contraintes législatives complexifiant la conception pour les architectes. Depuis, l’Etat français propose au secteur du bâtiment un plan transition numérique (PTNB)14 [Fig. 05]. Le gouvernement vise à accélérer le déploiement du numérique afin de pouvoir maîtriser de nouveaux facteurs de qualité et d’environnement, en mettant en place avec le déploiement du BIM, une nouvelle méthode de travail et de nouveaux outils. Les Français sont en retard par rapport à nos voisins anglais, il est important de suivre l’exemple des agences anglaises pour le déploiement du BIM même si notre organisation n’est pas la même. Pour répondre plus efficacement, le PTNB cédera sa place pour devenir « plan BIM 2022 », s’appuyant sur l’association ADN construction qui est créé par des professionnels (dont la Capeb et la FFB)15 en 2017. Le but est de mieux faire entendre la voix des acteurs de la construction dans la mise en place des bonnes pratiques autour du BIM. Le plan 2022 aura notamment pour mission de développer la plate-forme « Kroqi16» [Fig. 06], pour faciliter l’appropriation du BIM par les petites entreprises du secteur de la construction.
[Fig. 05] – Logo PTNB
[Fig. 06] – Logo KROQUI
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Plan Transition de Relance Numérique dans le Bâtiment CAPEB acronyme de Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment et la FFB acronyme de Fédération Français du Bâtiment. 16 Kroqi est de plateforme en ligne publique, gratuite et pérenne, développé par le pouvoir publics, accessibles dès aujourd’hui à l’ensemble de la filière de la construction. 15
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Un changement de méthode de conception s’effectue avec les nouveaux outils numériques, il ne s’agit plus de travailler sous forme de trait ou de ligne en deux-dimensions, mais de manipuler des composants (murs, portes, fenêtres …). Ces éléments incorporent des informations techniques (géométrique, coût, quantitatif …) le tout géré en trois-dimensions. L’ensemble est regroupé dans une maquette numérique qui permet d’avoir des représentations en plan, en élévation, en coupe et 3D. Nous parlons alors d’objet virtuel possédant des données propres où chaque acteur d’un projet doit modéliser sa propre maquette numérique qui sera comparée, synchronisée, enrichie puis fusionnée avec les autres maquettes.
Cependant, dans les sources bibliographiques, il n’est pas expliqué l’intérêt de la mise en pratique du BIM en phase de conception pour les architectes. La formation BIM n’étant pas généralisée dans les écoles supérieures d’architecture par-contre, les écoles d’ingénieurs comme Ponts et chaussées ou l’école ESTP17 proposent une formation « Mastère spécialisé BIM »18. Les architectes spécialisés dans le « process » BIM se font rares ou trop souvent placés comme dessinateur en arrière-plan. Face à ce constat, je porte ma réflexion sur la conception initiale du projet en phase concours ou esquisse : L’architecte a-t’il besoin du BIM en phase de conception ?
[Fig. 07] – Schéma définition BIM19
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ESTP est l’Ecole Spéciale des travaux Publics, du bâtiment et de l’industrie. Mastère spécialisé BIM, dans la conception intégrée et cycle de vie du bâtiment et des infrastructures 19 BIM est le sigle en anglais de Building Information Model, Modeling ou Management. Définition Glossaire P.92 18
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Pour répondre à cette question, le mémoire se composera en trois parties. La première partie porte sur le rôle de l’architecte et comment il se positionne dans le processus BIM. Premier questionnement, qu’est ce qui nuit au métier d’architecte. En second, l’importance du rôle de l’architecte dans la conception architecturale afin de définir la genèse du projet et le dialogue établi entre les différents outils (la main, l’informatique, …). Et troisième point, j’expose (de ce qui est porté à ma connaissance) les erreurs à éviter en tant qu’architecte dans le cadre du BIM. La seconde partie vise le déploiement BIM au sein des agences d’architecture de France. Pour y répondre, je m’appuie sur une base d’interviews comparatives sur l’utilisation du BIM dans des agences de différentes tailles. J’utilise aussi le mémoire réalisé en 2017 sur « L’arrivée du BIM dans les agences d’architecture en France » par Méghane Frigelli ancienne étudiante à l’ENSAPVS. En effet, cela m’aide à comprendre les étapes à suivre pour le déploiement BIM dans un projet. Ensuite, il s’agit de comprendre la différenciation des pratiques du BIM et le rôle de l’architecte abordé selon les échelles des agences. Pour finir, j’esquisse les avantages et les inconvénients sur l’utilisation de cette nouvelle méthode de travail dans les agences. La troisième partie est orientée sur l’avenir du processus BIM, un « process » en pleine évolution. Tout d’abord, j’analyse le modèle anglo-saxon qui a une dynamique du BIM plus avancée qu’en France. En second point, je regarde l’évolution du processus de collaboration qui vise à réaliser un travail commun (de création et de gestion) sur une seule et même maquette numérique et non plus une modélisation de différents modèles qui sont ensuite assemblés. Je termine sur l’intelligence artificielle qui sera un changement de paradigme dans la conception et une nouvelle manière de travailler dans les agences d’architecture.
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1. Le rôle de l’architecte et comment il doit se positionner dans le BIM
Dans leur ouvrage, Olivier CELNIK et Éric LEBERGUE précise : « Hélas, j’en entends déjà certains dire que le BIM serait une atteinte à leur créativité et une entrave supplémentaire » 20. Nous pouvons constater que le BIM crée une forme d’intimidation pour les architectes, voulant repousser au lendemain l’utilisation du processus dans la conception. Nous notons que ce sont les grandes et moyennes agences d’architecture qui s’emparent de cette nouvelle méthode de travail. Pour les autres, soit ils rejettent ce passage au BIM en expliquant une complication de plus à gérer, soit ils attendent d’être guidés et soutenus dans cette démarche. Cependant, la plupart des architectes expriment leur crainte vis-à-vis du BIM qui peut, dans certains cas selon eux, nuire à la profession. Leurs remarques se portent aussi sur la possibilité d’une atteinte à leur créativité et une entrave supplémentaire dans la conception d’un projet.
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CELNIK, O & LEBEGUE, E. ; BIM et maquette numérique pour l’architecture, le bâtiment et la construction. P.194
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1.1 Qu’est ce qui pourrait nuire au métier d’architecte ?
Depuis que j’ai commencé mes études d’architecture, j’entends parler autour de moi du terme BIM de façon négative ou positive selon les points de vue de chacun. En effet, il semble qu’à l’école des groupes poussent à l’utilisation des nouveaux outils informatiques et à la compréhension du BIM. D’autres refusent tout intérêt pour ces nouvelles technologies en les considérant comme une atteinte à leur manière de penser et leur pouvoir de créativité. Certains jeunes étudiants architectes se voient juste obligés de se former à un logiciel afin de travailler en agence. Suite à ce constat, je pose la question en phase de conception ; Est-ce que la prise en main du BIM dans les agences, pourrait nuire au métier d’architecte ? Il existe quatre grands clichés entendus chez les étudiants et les professionnels de l’architecture [Fig. 08] : - La profession ne veut pas s’emparer du processus. - La créativité est en voie de disparition. - Un risque de standardisation. - Qui est gestionnaire de la maquette ?
[Fig. 1.01] – Schémas sur les clichés entendus
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1.1.1 Les architectes qui ne veulent pas s’emparer du processus Les architectes ont peur de la disparition de la profession avec le BIM et pourtant le risque principal n’est pas de s’emparer de ce processus. Trop d’architectes en France n’ont pas pris conscience de ce qu’apporte cette nouvelle méthode de travail et ils restent figés dans leurs habitudes de conception sans même évaluer les risques pour l’avenir de la profession. Nous remarquons donc que si les architectes ne s’emparent pas de ces nouveaux processus, d’autres le feront à leur place et c’est là qu’ils prennent un risque important. Ainsi, la profession aura de moins en moins de pouvoir sur la conception des bâtiments, elle sera placée en arrièreplan par rapport aux autres intervenants du projet, l’architecte ne sera plus le réel maître d’œuvre21 et devra laisser la qualité esthétique de l’édifice par manque de maîtrise du projet. Ce sont les entreprises de construction et les ingénieurs qui eux sont mieux formés au BIM et ils auront plus de pouvoir par rapport aux architectes non-initié au BIM. J’en conclue qu’il est primordial que les architectes doivent savoir maîtriser la modélisation d’une maquette numérique pour ensuite prétendre déployer une future collaboration avec les professionnels du bâtiment. Nous éviterons ainsi que la maîtrise d’œuvre ne soit remplacée par des groupes ou des entreprises de construction et d’ingénierie spécialisées dans le BIM ne comprenant pas d’architectes (comme par exemple le groupe Egis, Artelia22 et bien d’autres…).
[Fig. 1.02] – Interview Stephane Vedrenne, architecte Ameller Dubois, décembre 2018
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Maître ou maîtrise d’œuvre est la personne physique ou morale choisie par le maître d’ouvrage pour la conduite opérationnelle des travaux en matière de coûts, de délais et de choix techniques et esthétiques. 22 Egis : www.egis.fr, Artelia : www.arteliagroup.com
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1.1.2 Une créativité en voie de disparition Le rôle de l’architecte dans la conception est de donner ce supplément d’âme dans la construction d’un bâtiment. C’est lui qui crée et agence les espaces, les volumes et définit les matières, c’est lui qui révèle l’identité du bâtiment. Comme énoncé précédemment, si l’architecte ne s’empare pas du processus de collaboration, quelqu’un d’autre s’en chargera (n’ayant aucune notion d’ordre esthétique et architectural). De ce point de vue, l’architecte risque la perte du contrôle artistique et de son droit d’auteur sur l’œuvre. Une des explications au renoncement à passer le cap du BIM serait l’excuse que celui-ci est une entrave à la créativité. Avec cette nouvelle méthode de travail, il se voit « technicien »23 et non plus artiste. Pour une bonne maîtrise, il faut connaitre des outils informatiques complexes et cela passe par une formation sur une méthodologie technique et non-artistique. D’autre part, d’après les architectes les nouveaux logiciels comme Revit (de la firme Autodesk), ne sont pas des outils assez flexibles dans la conception. Ce type de logiciel propose une méthode de modélisation par composants (murs, portes, fenêtres …) qui contraint l’architecte aux montages d’un modèle en trois-dimensions. Un exemple simple, un projet qui comporte des formes complexes courbes et non-linéaires sera complexe à modéliser. Ceci était peut-être vrai il y a 20 ans, mais à l’heure d’aujourd’hui c’est de fausses bonnes excuses pour ne pas vouloir passer à l’étape BIM. La fondation Louis Vuitton dans le Jardin d’acclimatation à Paris est l’exemple d’une réponse, c’est un bâtiment qui comporte des défis de formes complexes et structurelles réalisés par ces nouveaux processus de travail. Cela montre bien, qu’à l’aide du BIM, il est tout à fait possible d’imaginer un projet comme une boule de papier froissé dans la réalisation du bâtiment. C’est un discours ressemblant à celui du passage de l’informatisation et l’utilisation des outils de DAO et CAO dans les agences d’architecture à la fin du XXe siècle. A cette époque, l’architecte voyait ces outils comme un frein à l’art de la création et l’acte du dessin à la main. Aujourd’hui, les architectes et d’autres intervenants (graphiste, ingénieur, artiste …) utilisent ces outils et ont permis aux agences d’être plus compétitives et de pouvoir mieux exprimer leur style architectural.
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Technicien est employé pour expliquer que l’utilisation des outils et la compréhension du BIM demande des connaissances techniques que l’architecte ne connait pas forcement.
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Il serait donc souhaitable que les architectes résistants aux nouvelles technologies, réfléchissent sur l’avenir de leur profession.
1.1.3 Un risque d’une standardisation A l’origine, la formation des architectes se faisait à l’école des beaux-arts durant laquelle étaient enseignés des travaux manuels, artistiques24. Des réalisations étaient faites à la main ce qui apportait une touche de liberté aux créateurs. Chaque architecte possédait une identité personnelle lors de la réalisation des documents graphiques (plan, coupes, perspectives …). Dès l’arrivée de l’ordinateur en 1980 et l’évolution des outils informatiques dans les agences, les architectes ont vu une transformation de la créativité et une standardisation dans la réalisation de projet architectural. Le coup de crayon qui exprime un croquis donnant les prémices du projet (côté créatif de l’artiste chez l’architecte) diminue au profit de l’utilisation des outils informatiques donnant une impression que le simple coup de crayon s’est robotisé et matérialisé de façon mécanique et artificielle de l’ordinateur. Avec l’arrivée du BIM, une certaine crainte sur le formatage de la pensée au profit d’une réalisation codifiée que nous pouvons remarquer dans certaines constructions du « Grand Paris » [Fig. 1.03].
[Fig. 1.03] Deux projets du grand paris, Ateliers 2/3/4 architecture et Agence TVK
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Voir Introduction. P.14
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Comme nous l’explique dans l’entretien de Stéphane Vedrenne « La standardisation est liée à la limite des performances des logiciels, dans notre agence on utilise dès l’esquisse « Sketchup » pour concevoir en 3D, ce qui nous force à développer des projets ressemblant à nos concurrents (utilisant le même type de logiciels). La cause de cette standardisation n’est pas liée au BIM »25. Ce qui démontre que la cause n’est pas le BIM, car ce processus est là pour faire évoluer et améliorer la conception du Projet jusqu’à la réalisation. L’utilisation du BIM et des logiciels informatiques pourrait nuire au métier par un manque de maîtrise de celui-ci. Vue la complexité des logiciels que nous utilisons en BIM, nous sommes tentés de prendre des raccourcis communs, qui effleurent juste les capacités des logiciels. Les architectes sont tentés d’utiliser le simple outil « copier-coller » d’un projet à un autre qui aurait comme conséquence une simplification extrême de la modélisation. Ce serait de monter une maquette numérique qu’avec des éléments importés, téléchargés sans prendre le temps de se former et de concevoir ces objets. Avec l’explosion de l’internet, nous trouvons des plateformes proposant des bibliothèques d’objets BIM26 mis en ligne et gratuit en téléchargement. Ces sites internet sont comme des catalogues comportant différents produits, d’objets paramétriques issus des fabricants et mis à disposition pour les professionnels. Cependant, tous les objets ne sont pas mis à la disposition gratuitement, nous trouvons juste quelques produits phares. Les utilisateurs du BIM sont tentés de récupérer les objets « gratuits » lors de la conception d’un projet. C’est à ce moment précis que l’on risque de standardiser la construction.
1.1.4 Responsable de la maquette numérique Quand les architectes ont pris la pleine connaissance de l’utilisation du BIM, la création de la maquette numérique lui revient de plein droit. Effectivement, c’est à lui de créer et d’agencer les espaces, les volumes, et définir les matières qui les séparent. L’architecte s’assure la conception des formes spatiales et ainsi, il conjugue harmonieusement les différentes contraintes que ce soit l’intégration au site, la conception bioclimatique, le respect du programme et les différents règlements (comme le PLU) pour satisfaire la maîtrise d’ouvrage.
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Interview de Stéphane Vedrenne, décembre 2018, voir Retranscription P.102 Site : www.polantis.com – www.bimobject.com …
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Grâce à la méthode de travail BIM, ce n’est plus un architecte, mais une équipe qui devient acteur de la création de la maquette numérique. Cela efface toute hiérarchie et permet à l’ensemble d’une équipe d’être responsable et acteur du projet. Suite à ce constat, si l’architecte veut garder la maîtrise du projet, sa propriété intellectuelle comme auteur. Quand il doit passer au BIM, est-il obligé de superviser toute la conception du projet en BIM ? De mon point de vue, il n’est pas nécessaire que l’architecte maîtrise la gestion, la cohésion et le management du processus BIM rajoutant du travail supplémentaire. Il a de nombreuses responsabilités et très peu de temps, la gestion globale est du ressort du BIM manager27. Si l’architecte veut s’emparer de cette nouvelle méthode de travail, il doit au moins monter une maquette numérique précise et informée en interne dans l’agence d’architecture. Cela lui permettra d’en avoir la pleine maîtrise et pourra ainsi être acteur du projet. Grâce à la maquette numérique et de sa base de données, il va pouvoir maîtriser la totalité du projet en prenant en compte des quantités et des coûts lui permettant d’anticiper et se placer en « position de force » lors de la réalisation d’un ouvrage. C’est un effort à faire de la part des agences pour éviter de relayer l’architecte au second plan.
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Celui de gérer la bonne collaboration et modélisation des différentes entités pour amener à une maquette numérique optimisée.
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1.2 La conception du projet et le dialogue entre les différents outils de l’architecte
La conception en architecture est l’acte par lequel nous créons et concevons une idée concrète ou abstraite sur un objet (appelée aussi « concept ») grâce à l’esprit humain. Dans le domaine architectural, nous ne parlons pas proprement de conception, mais d’esquisse ou de concours. Ce sont des termes utilisés pour parler d’un lancement de projet. Souvent, cette phase n’a pas d’enjeux techniques, mais seulement d’exprimer l’image architecturale pour convaincre le client à choisir tel architecte plutôt qu’un autre. Dans le domaine du bâtiment, elle fait partie de la première phase du projet, au cours de laquelle d’autres phases distinctes se complèteront pour permettre au projet de devenir de plus en plus précis jusqu’à la livraison du bâtiment. Les deux principaux intervenants tout au long de ces phases sont l’architecte qui devient alors le maître d’œuvre28 et le client le maître d’ouvrage29.
[Fig. 1.03] – Schémas des deux types de conception des architectes
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Maître ou maîtrise d’œuvre est la personne physique ou morale choisie par le maître d’ouvrage pour la conduite opérationnelle des travaux en matière de coûts, de délais et de choix techniques et esthétiques. 29 Maître ou maîtrise d’ouvrage est l’entité porteuse d’un besoin, définissant l’objectif, son calendrier et le budget d’un projet. Le résultat attendu du projet est la réalisation d’un produit, appelé ouvrage.
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1.2.1 La méthode de création d’un projet en phase d’esquisse, concours Le travail de conception est pratiqué de façon différente selon le nombre de collaborateurs et la taille des agences d’architecture en France. L’architecte indépendant fera des projets de dimension plus petite comme des constructions de maisons ou d’extensions … C’est à partir de cinq à huit architectes que les projets de bâtiments seront de dimensions plus importantes et variées entre concours, logements et tertiaire. Quand l’agence atteint cinquante salariés, elle peut se permettre de faire plusieurs projets de grande ampleur. Au-delà de plus de cent collaborateurs, on parlera d’agence de renom, celle-ci pense et construit des édifices de dimensions emblématiques et internationales. L’expérience vécue pendant mes différents stages au cours de mes études d’architecture a permis de faire le constat que même si la conception de bâtiments est variée selon les échelles des agences, les prémices du récit de projet se fait souvent par l’acte d’un simple croquis réalisé par l’architecte. Ce simple trait est tellement puissant que de son expression, peut naître tout le fondement de l’édifice architectural. Deux expériences vécues : 1 - Lors d’un stage réalisé chez OBAA30 en 2016 qui est une agence de dix collaborateurs, j’étais missionné sur un concours de logements précaires dans le Nord de Paris. Toute la conception a commencé par des simples volumes dimensionnés selon les problématiques de la ville et des règlements imposées par le PLU et des exigences du maître d’ouvrage. Une fois la modélisation des volumes faite sur Sketchup, le tout est imprimé pour réfléchir sur les agencements spatiaux avec l’aide du crayon et du kutch (outil de mesure). Un lien s’établit entre les outils informatiques et le dessin à la main jusqu’à trouver la bonne forme architecturale souhaitée par l’architecte. De ce fait, la modélisation est progressive pour aboutir à la production des planches de rendu à présenter au client.
30
OBAA acronyme de Officina Balistreri Arici Architecture, agence d’architecture à Paris 10ème.
30
2 – J’ai fait un stage dans les « Ateliers Jean Nouvel » en 2017 et 2018, l’une des plus grandes agences d’architecture de France, qui comprend plus de cent architectes et collaborateurs. La conception d’un projet d’une marina à Shanghai pour un client chinois, dès l’esquisse, la conception est abordée d’une certaine manière. Les premières lignes de l’expression se font grâce aux quelques mots dit par la « star » Jean Nouvel. Puis les petites mains31 exécutent et doivent adapter les volontés du grand architecte à la réalité en prenant conscience des contraintes, des règlements et des exigences du client. Cette fois-ci, il n’y a pas d’échange progressif entre dessin et informatique, mais il s’agit de réaliser dans un temps réduit les prémices d’un vrai projet en plan, en coupe, en façade et en trois dimensions. Pour ensuite présenter l’avancement du projet à Jean Nouvel esquissant les points qui ne lui conviennent pas afin d’exposer aux prochaines réunions les nouvelles lignes du projet. Il s’agit d’une disparition de l’acte de dessiner chez les architectes, car on dicte les choses à réaliser à l’aide des outils informatiques. La synthèse de ces deux expériences montre que nous avons deux manières de réaliser la conception d’un projet, mais je constate une grande implication des outils informatiques. Cependant, ils ne remplaceront jamais comme précisés dans l’ouvrage BIM et architecture « la conceptualisation en amont qui restera tributaire de sa représentation séculaire, convoquant avec la force de dessin à la main »32.
1.2.2 L’utilisation du BIM dans la conception architecturale Il s’agit ici de mettre en évidence les questionnements sur le BIM qui amèneraient la disparition de la représentation traditionnelle en phase esquisse (plans, coupes, élévations …). En effet, nous remarquons dans l’intitulé d’avant33 que le dessin à la main et les outils informatiques sont bien présents, mais aucun des processus BIM ne prend en compte la conceptualisation représentée par la puissance du dessin à la main.
31
C’est une expression provenant de l’artisanat de la couture, celle-ci signifie un grade hiérarchique qui inclue un ensemble de personnes travaillant pour le compte d’une personne. 32 DE FOUQUET, M & DUCHENE, F & HOYET, N. BIM et architecture. P.11 33
Voir partie 1.2.1 La méthode de création d’un projet en phase d’esquisse, concours P.30
31
C’est un nouveau dialogue qui est un bouleversement majeur entre tradition de la représentation et les outils numériques en lien avec le BIM. D’après le point vue d’Andrea Balistreri de ce qu’il dit sur la simple esquisse faite à la main « sur un morceau de calque » reste fondamentale, car aucun outil informatisé ne pourra remplacer la mécanique de la main qui retransmet le mieux la pensée. Les nouveaux outils proposent une visualisation modélisée en trois-dimensions à partir d’une maquette numérique faisant disparaître toute représentation traditionnelle (Plans, Coupes, Elévations …). Tout l’intérêt du BIM n’est pas de dire qu’il est un gain de temps pour éviter tout travail intense, mais plutôt de permettre une modélisation d’une maquette numérique qui serait la plus exacte et la plus précise de l’édifice à la livraison du chantier. Le facteur temps est sans doute un avantage pour la conception architecturale, inhibant toutes les démarches d’idéation du mot « la charrette » prônée par certaines agences d’architecture. Les outils associés au BIM ne sont pas forcément faciles pour établir un dialogue avec le dessin à la main. En effet, la conception traditionnelle est plus simple avec les outils de DAO et CAO se rapprochant le plus du dessin. En effet sur le logiciel telle AutoCad, la page de travail est l’exacte identique de la feuille papier, mais celle-ci est vectorisée34. Il est important de mettre un nouveau dialogue expliqué par Vincent Gouezou, il exprime une solution en mettant en place « un DialecBIM »35 qui permettrait un échange possible sur l’esquisse exécutée en DAO, CAO. Par exemple utiliser les avancées technologiques comme la tablette tactile ou l’utilisation de la réalité Virtuelle pour esquisser.
[Fig. 1.04] – Interview Meghane Frigelli, décembre 2018
34
Vectorisée famille du mot vectoriel qui est un terme mathématique relatif aux vecteurs et un terme informatique qui désigne un mode de codage des images sous forme de descriptions géométriques et non point par point. 35 BOUTROS, N. & TEULIER, T. Coordinateurs ; A la pointe du BIM. Ingénierie & architecture, enseignement & recherche. (2018) Editions Eyrolles, France, 137p
32
Ce qui démontre bien qu’il est tout à fait possible de faire de la conception avec le BIM, mais néanmoins avec l’esquisse l’architecte doit garder ces deux meilleurs outils, la main et l’esprit créatif. Cependant, il devra essayer de retranscrire cette pensée grâce aux nouvelles technologies informatiques telle la tablette graphique, facilitant le bon dialogue entre le processus numérique et la conception.
1.3 Les erreurs à éviter en tant qu’architecte.
Avec l’arrivée du BIM, certains architectes sont souvent sur l’excitation de mettre en place ce tout nouveau mode de travail. Sans trop réfléchir et dans la précipitation, ils démarrent un projet avec le BIM, provoquant avec le temps de multiples erreurs entrainant une forme de découragement. Même si les étapes semblent être simples et rapides, il existe toutefois des obstacles qu’il faut absolument éviter sous peine de perdre du temps, voire de l’argent. Beaucoup trop d’erreurs sont produites par des architectes. Il est important de révéler les quelques points génériques pour pouvoir faire une bonne conception avec l’aide du BIM et éviter ainsi les découragements.
[Fig. 1.05] – Schémas des erreurs à éviter chez les architectes
33
1.3.1 Rester figé sur l’utilisation d’un même logiciel Beaucoup d’architectes sont têtus et préfèrent rester dans leur confort des logiciels qu’ils savent maîtriser sans vouloir passer sur les nouveaux outils en lien avec le BIM. J’ai déjà entendu autour de moi « je dois tout à sketchup », un logiciel qui permet de faire des formes simples et à portée de tous. Si cette personne reste bloquée sur ce type de logiciel ou un autre, il sera remplacé par quelqu’un qui lui maîtrisera des outils plus multidisciplinaires. Il en résulte que l’architecte doit toujours se former ou évoluer pour s’adapter aux avancées technologiques afin d’être toujours à la pointe et être compétitif vis-à-vis des autres architectes. Celui qui s’obstine aura tendance à dire qu’il ne peut pas faire telle forme, car le logiciel qu’il maîtrise ne lui donne pas cette possibilité. Je m’explique, les architectes qui utilisent « sketchup » auront une architecture rectiligne et droite, car ce type de logiciel ne crée pas des formes courbes. Les outils du BIM ne permettent pas de faire tous les objets complexes, mais grâce à sa méthode de collaboration, il est tout à fait possible d’y associer une forme abstraite. Celle-ci peut être utilisée comme une base ne comportant aucune donnée (objet non-intelligent) afin de modéliser en collaboration un bâtiment avec toutes ses entités techniques comme dans le réel (objet intelligent).
1.3.2 Vouloir faire tout, tout seul et être isolé J’oppose dans cette partie le travail solitaire et le BIM qui lui nécessite une part d’aide auprès de conseillers ou de professionnels de ce milieu. Pour une bonne conception, il ne faut pas rester dans son coin à essayer de trouver seule la réponse, nous risquons de perdre espoir et au final se décourager. Quand nous déployons le BIM sur un projet, il est important de ne pas réduire les coûts sur le choix de revendeurs d’outils informatique ou de formateurs. Une étape importante car à tout moment, il sera possible de demander de l’aide en cas de problème. Il faut mettre le maximum d’atouts pour la réussite du BIM au cours d’un projet. Un autre point important, il n’est pas envisageable que l’architecte soit seul lors de la production architecturale. Dans ce cadre-là, un des objectifs premiers du BIM est de mettre en place un travail collaboratif et productif.
34
De par la complexité et de son apprentissage, il est possible de se décourager et d’abandonner l’utilisation de la méthode BIM. C’est pour cela qu’il est important d’être toujours entouré de conseillers ou des formateurs permettant également à l’agence de tenir ses objectifs. L’autre erreur à éviter, c’est d’accepter des projets qui n’ont pas forcément besoin du BIM comme par exemple une extension de maison pouvant être réalisée avec les anciens outils, engendrant une perte des compétences longuement acquises au cours des formations nécessaires pour ces nouvelles méthodes de travail. Pour conclure, il est important que l’architecte reste ouvert à tout accompagnement afin de réaliser un travail collaboratif. Il ne faut pas revenir sur les anciens outils techniques entrainant un repli sur soi et isolant l’architecte par rapport aux autres.
1.3.3 La précipitation et ne pas structurer son travail Pour mettre en place un processus de collaboration, la précipitation n’est pas recommandée. Faire un projet en BIM trop rapidement est une erreur, car cela risque d’engendrer une accumulation d’erreurs freinant la bonne collaboration de travail.
[Fig. 1.06] – Interview Maurice Vaquier, décembre 2018
35
Au travers de l’interview de Meghane Frigelli « Il est également important de prendre son temps, […] Le choix de l’agence Ameller Dubois de passer au BIM en 10 ans au lieu de 5 n’est pas anodin. Il faut laisser le temps à chacun et surtout tirer tout le monde dans ces nouvelles méthodes de travail »36. Il faut procéder de façon virale, ceux qui savent maîtriser le processus BIM sont la locomotive qui emmène toutes les personnes qui veulent apprendre. Un point important, c’est le choix du premier projet dans le passage du BIM. Les architectes voulant faire du BIM pour la première fois doivent s’expérimenter sur un projet simple, « pas forcément faire une cabane dans un jardin » mais réaliser une conception qui ne comporte pas de complexité de géométrisation technique. Ce qui entraînerait de repasser tout le travail en DAO et CAO (avec les outils que l’architecte maîtrise le mieux). Le BIM nécessite une certaine rigueur pour aboutir à une organisation afin de réaliser une bonne collaboration. Même si le processus est relativement clair, décrit sur l’ordre des architectes37, il est important d’éviter quelques erreurs dans la structuration de son travail. Un petit rappel sur le format IFC38 est un modèle d’échanges et non de travail qui se rapproche du PDF39. Il est développé par BuildingSmart qui voulait un format commun à tous les logiciels comportant « […] des définitions de classes d’objets « entités » pour l’ensemble des éléments de construction ou d’assemblage d’un bâtiment : murs, poutres, poteaux, dalles, étages, espaces (locaux), bâtiment(s), équipements (meubles …) etc. »40. Il est important de ne pas chercher à exploiter un format IFC, mais plutôt de faire évoluer sa maquette numérique en participant au processus BIM. Pour une bonne organisation et collaboration de travail, la première chose est d’établir une convention écrite qui explique la manière dont les équipes vont collaborer. Il décrit les choix, les versions, l’unité de mesure des logiciels contribuant au processus BIM et des formats d’échanges comme l’IFC. Ces choix sont établis dans la convention et tous les partenaires du projet devront la respecter. Travailler sur des modèles avec des versions différentes est un risque lors de la collaboration.
36
Interview de Meghane Frigelli, Decembre 2018, voir Retranscription P.102 http://www.architectes.org/le-bim-un-atout-pour-l%E2%80%99architecture [consulté le 26 septembre 2018] 38 IFC acronyme d’Industry Foundation Classes, voir définition Glossaire P.93 39 PDF acronyme Portable Document Format est un format de fichier permettant de conserver les caractéristiques d’un document, voir définition Glossaire P.93 40 LEBEGUE, E. & CUBA SEGURA, J, A. ; Conduire un PROJET DE CONSTRUCTION à l’aide du BIM. P.15 37
36
1.3.4 Modéliser des modèles trop détaillés L’arrivée des outils informatiques a bouleversé la précision de la conception. L’erreur à éviter en tant qu’architecte est de dessiner des objets inutiles dans le projet architectural en deux dimensions, par exemple une personne qui dessine le gobelet avec la brosse à dents placé sur tous les lavabos du bâtiment. Un détail qui n’est pas perceptif une fois imprimé et qui va simplement engendrer une perte de temps au cours de la conception. Dans la maquette numérique, le projet est modélisé en trois dimensions et entraîne l’envie de vouloir en faire trop dès le début. Beaucoup d’architectes modélisent des maquettes trop détaillées en phase de conception pour un stade du projet encore à l’étude. Placer des objets inutiles comme les luminaires, meubles, radiateurs et bien d’autres … [Fig 1.07] et vouloir modéliser des éléments dans un détail très précis comme le mécanisme d’un store. Ce qui provoque une perte de temps accompagnée d’une perte d’énergie, des fichiers trop lourds et pas de pertinence sauf peutêtre réaliser des images de synthèse photoréalisme. C’est un « process » qui s’avère pour la plupart contre-productif. Pour trouver ce juste équilibre, il faut se référer aux LOD41 qui définissent le bon niveau de détails selon la phase du projet établi dans le BIM.
[Fig. 1.07] – Maquette numérique trop détaillée (meubles, luminaires …)
41
LOD acronyme Level of developpement ou Niveau de développement, voir définition Glossaire P.94
37
38
39
2. Le déploiement BIM au sein des agences d’architecture en France
Après cette première étude sur l’importance du rôle de l’architecte dans le BIM, il est essentiel de comprendre le ressenti des différents types d’agences d’architecture en France. Un panel d’interviews42 m’a permis d’évaluer l’importance, l’utilité et l’apparition du processus au sein de la profession et surtout de connaître les différents avis des professionnels. Des points de vues qui sont impossibles à percevoir dans les ouvrages littéraires et auprès des étudiants en architecture (qui eux ne sont pas capables de comprendre tous les enjeux du BIM dans la conception). Il me fallait une vision de professionnels de terrain travaillant en agence pour répondre à mes interrogations autour de ce sujet. Cette seconde partie commence sur les quelques points génériques du déploiement du BIM pour les agences d’architecture. Ensuite, je me concentre sur les pratiques et les ressentis selon les échelles des agences. Pour finir, je parle des rudiments bénéfiques et les inconvénients sur le travail de conception et d’exécution.
42
Voir Retranscriptions P.100
40
2.1 Le déploiement du BIM sur un projet
Le développement du processus BIM est en pleine progression en France, nous entendons de plus en plus ce terme « BIM » en architecture et grâce aux multiples interviews, il semble primordial de passer par ces nouvelles démarches. En outre, la définition BIM est largement abordée dans tout type d’ouvrage (parlant de ce sujet) mais il est important d’expliquer les étapes du déploiement de ce type de processus de travail chez les professionnels. Un point fondamental, c’est la question des moyens humains, formations, matériels et enjeux financiers que doivent engager les agences. Des points qui complètent les informations nécessaires pour savoir comment les architectes pourront passer au BIM et dans quoi ils s’engagent, l’objectif étant de réaliser une bonne collaboration entre les différents intervenants du projet. Cela permet de parler du BIM en faisant le lien entre la définition et le métier.
2.1.1 L’intérêt du BIM sur la modélisation d’une maquette numérique Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique, mais c’est bien plus qu’un logiciel de modélisation [Fig. 2.01]. Il ne s’agit plus de travailler chacun dans son « coin » qui ne serait que la perte du métier de l’architecte (expliquée dans la première partie43). Avec les multiples interviews, je remarque que le processus permet de travailler à plusieurs en même temps sur plusieurs modèles numériques.
[Fig. 2.01] – Interview Meghane Frigelli, décembre 2018
43
Voir partie 1.3.2 Faire tout, tout seul et être isolé P.34
41
C’est l’idée de l’interopérabilité44 qui procure les mêmes principes d’échanges fluides simplifiés entre les professionnels. Buildingsmart définit le BIM par une norme ISO 19650 qui dit « Organisation et numérisation des informations relatives aux bâtiments et ouvrages de génie civil, y compris modélisation des informations de la construction (BIM) – Gestion de l’information par la modélisation des informations de la construction »45. Cela nous révèle que le plus important est le « I » dans BIM représentant les « informations » comprises dans le modèle créé de façon intelligente grâce aux échanges de données réalisées entre chaque acteur du projet. En effet, ce n’est pas seulement un mode de travail, mais bien plus, c’est une base de données appelée plus communément la « data ». [Fig. 2.02] Une démarche qui change les paradigmes de travail chez l’architecte, lui qui prônait « La charrette », alors qu’avec ce type de processus nous avons au quotidien de la rigueur et de la précision dans le travail. Une visualisation qui permet de passer de deux dimensions à la troisième dimension donnant la possibilité de constater, détecter, visionner rapidement le projet dans sa globalité. Grâce à la dimension technique, nous avons une forme de séduction chez les clients leur permettant d’explorer spatialement tout le projet.
[Fig. 2.02] Schémas des différents modes de travail sans et avec le BIM
44 45
Interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système, unités, matériels à opérer ensemble Normes ISO 19650, www.iso.org/fr/standard/68078.html
42
Dans son interview d’Olivier Celnik remarque que « Beaucoup d’architectes font du BIM sans le savoir en phase de conception […] »46. En effet, beaucoup d’agences élaborent un travail d’échanges internes avec leur propre bureau d’étude sans forcément utiliser des outils BIM qui eux facilitent la collaboration sur le projet. Nous avons les logiciels ArchiCAD, visionneuses et plateformes en ligne qui permettent d’actualiser au dernier moment le projet. En comparaison des anciens outils comme AutoCAD qui eux obligent à tout moment de stopper la conception pour laisser le temps au « Pure grattage »47 permettant de faire une bonne représentation graphique du projet Il ne faut pas confondre le BIM et l’utilisation de logiciel, le premier est un processus de travail collaboratif entre acteurs du projet qui s’appuie notamment sur l’échange de maquettes numériques modélisées grâce à des outils. Il est important pour l’agence de modéliser une maquette facilitant les échanges avec d’autres intervenants. L’ensemble répond à des questions d’efficacité et de productivité permettant de bien faire le travail et ainsi conserver le rôle et la place de l’architecte dans le monde du bâtiment.
46 47
Interview d’Olivier Celnik, décembre 2018, voir Retranscription P.114 Expression qui signifie une production d’éléments non réfléchis et non intellectuel.
43
2.1.2 Les étapes primordiales du déploiement BIM dans les agences d’architectures Avec l’arrivée fulgurante du BIM, certains architectes sont souvent sur l’excitation de mettre en place ce tout nouveau mode de travail. Sans trop réfléchir et dans la précipitation, ils démarrent un projet avec le BIM, provoquant avec le temps de multiples erreurs expliquées en première partie « Les erreurs à éviter en tant qu’architecte » 48. De ce fait, je trouve important de proposer les étapes nécessaires pour se lancer dans la conception d’un projet avec le BIM. L’interview d’Andrea Balistreri montre qu’il est important de mettre en place dès le début un « process » BIM afin d’éviter de refaire le même travail ultérieurement. « Nous montons dès le début une maquette numérique avec Revit […] Quand c’est la question du BIM, c’est pareil nous commençons dès le début (phase esquisse ou concours), c’est pour commencer sur des bonnes bases, un bon gabarit dès le début et d’éviter de refaire plusieurs fois le même boulot […] »49. Nous pouvons alors proposer ces quelques étapes très importantes devant être réalisées dans le bon ordre.
[Fig. 2.03] – Schémas des étapes du déploiement BIM
48 49
Voir partie 1.3 Les erreurs à éviter en tant qu’architecte P.33 Interview d’Andrea Balistreri, décembre 2018, voir Retranscription P.122
44
La première étape est la volonté et l’envie de l’architecte ou du dirigeant de la société à vouloir déployer tout ce qui permet de faire un projet avec le BIM. Il faut bien être conscient que cette décision est un choix qui doit être réfléchi, car il représente un investissement important tant en ressources financières qu’en volonté des architectes à « revenir sur les bancs de l’école » pour être formés. Ce qui nous amène à la deuxième étape, la question des formations, Emmanuel Di Giacomo lors de son interview insiste : « Oui, c’est un point important, Penser pouvoir se former tout seul dans son coin en regardant des tutoriaux sur internet ou en lisant un livre, on peut essayer mais on n’aura pas forcément acquis des bonnes bases.»50. Il est capital pour les architectes de se former, mais il ne faut pas aussi « trop » en faire, dans l’étendue du processus en architecture. Il faut dissocier l’outil et le processus, certains croient être formés à l’utilisation du BIM en faisant la formation sur le logiciel ne représentant en fait qu’une partie. Ce type d’apprentissage est simplement là pour maîtriser un outil (modéliser, exporter, importer des fichiers) mais n’apprend en rien à lire un cahier des charges, rédiger une convention BIM, mettre en œuvre une plateforme collaborative, etc. Ce sont deux types de formation bien différente, pour lesquels il faut faire le bon choix pour éviter des coûts trop importants pour l’agence d’architecture. La question du choix est très importante pour l’architecte et de ce qu’il veut faire dans son métier. S’il veut garder son rôle d’architecte et garder son rôle de concepteur, de dessinateur et modélisateur de projets, il faut privilégier les formations dédiées aux outils BIM comme celle que j’ai suivi sur les composants adaptatifs sur Revit51 à l’école ENSAPVS. Par contre, s’il veut devenir un expert BIM ou BIM manager, il devra s’orienter vers des formations plus spécifiques au BIM par exemple le « Mastère spécialisé BIM » à l’école des Ponts et chaussées.
50
Interview d’Emmanuel Di Giacomo, Décembre 2018, voir Retranscription P.142 Formation réalisé par Emmanuel Di Giacomo sur les composants adaptatifs sur le logiciel Revit à l’ENSAPVS Paris 13ème, le 20 décembre 2018 51
45
Les infrastructures et les nouvelles technologies informatiques sont la troisième étape. Il est important que l’agence se dote d’infrastructures adéquates (logiciel, ordinateur, serveur…). Aujourd’hui, il est proposé aux architectes trois solutions dominantes sur le marché des logiciels et de l’informatique : ArchiCAD, Revit, Allplan52. Le choix du logiciel reste personnel, mais le plus important, c’est qu’il doit suffire pour la modélisation d’une maquette correspondant au premier niveau selon la classification des niveaux de maturité du BIM. C’est une étape qui reste interne à l’agence permettant de réaliser un objet numérique non-intelligent, mais qui comporte une base de données mal renseignée et peu informée pour une future exploitation auprès de la maîtrise d’ouvrage. Pour répondre à ces besoins, il est primordial d’établir une collaboration avec les autres entités du projet afin de faire évoluer la simple maquette architecturale (non-intelligente) en un modèle intelligent incorporant tous les renseignements, les informations, les détails et bien d’autres qui constitueront une maquette ressemblant au plus près du réel. Cette étape de collaboration est la plus utilisée par des agences et correspond au BIM niveau 2, c’est un simple échange de maquettes numérique entre chaque corps d’état du projet. On s’aperçoit qu’il existe un troisième niveau de maturité consistant à travailler en simultanéité sur une seule et même maquette grâce à un serveur distant. Selon moi, la quatrième étape est très importante, c’est la réalisation d’un document écrit pour tout travail de conception collaboratif d’un projet. Pour bien commencer un processus BIM, Il est capital que les membres d’une équipe constituée au moment de l’appel d’offre sont dans la même démarche. Par exemple : Si un des parties est trop exigeant ou ne veut pas discuter, cela risque au cours de la collaboration, d’engendrer d’importants conflits dans l’élaboration du projet. Une convention BIM doit être supervisée par un BIMmanager désigné par anticipation et il restera jusqu’à la livraison de la maquette BIM (bien informée). Il se peut que plusieurs BIMmanager, référents BIM ou experts BIM accompagnent le projet afin d’aider le travail de modélisation, mais ils n’interviennent pas sur le management du processus BIM. La convention est un document très important, car il incorpore tous les éléments tels les unités de mesure, le format d’échanges (PDF, IFC), l’infrastructure informatique de chaque partie et d’autres détails techniques. Outre les informations et ressources du projet, cette convention inclut aussi divers objectifs du projet qui sont choisis, concertés par les intervenants selon le
52
ArchiCAD proposé par Graphisoft, Revit de la firme Autodesk et Allplan par Nemetschek. Des logiciels qui mettent des outils nécessaires au développement d’un processus BIM.
46
type de projet afin de les réaliser lors de la création de la maquette BIM et ensuite seront transmis à la maîtrise d’ouvrage. Le BIM est un processus de travail qui établit divers objectifs qui structurent le bon travail, et peut être accompagné d’expressions graphiques de ces processus aidant à la bonne compréhension de la collaboration en utilisant par exemple le standard BPMN53 [Fig. 2.04]. Cette cohésion donne toute la valorisation à ce processus.
[Fig. 2.04] – Diagramme du standard BPMN
53
BPMN acronyme de Business Process Model and Notation ce qui veut dire Modèle de Procédé d’Affaire et Notation. Voir Glossaire P.93
47
2.1.3 Quels sont les moyens humains, formations, matériels et financiers qui doivent être engagés ? Une fois la décision prise par l’architecte ou le gérant de l’agence, il faut qu’ils prennent conscience des questions sur les moyens humains, les formations, les matériels et le financement important qui vont être engagés54. Il est primordial de prendre son temps et surtout de bien choisir son premier projet « pilote » et il doit impérativement être suivi par des personnes connaissant le BIM. Un autre point est de prendre conscience aussi que dans cette période de transition, il y aura une perte de productivité et de chiffre d’affaire, mais avec le temps, il y aura du retour sur investissement. Pour l’agence qui veut modéliser une maquette numérique ou faire du BIM, la demande de financement est importante pour l’employeur. En effet, il ne s’agit pas simplement d’acheter des licences de logiciel, mais toute une infrastructure qui va derrière, pouvant répondre à la puissance, la complexité des outils et du serveur (un réseaux internet). Cela permet d’effectuer une bonne collaboration en interne et vis-à-vis des demandes extérieures. Pendant son interview, Andrea Balistreri, nous confie le lourd financement engagé par son agence [Fig 2.05]. A part la partie infrastructure de l’agence, il y a les formations qui coûtent souvent chères pour des professionnels. Pour être au bon niveau de compétence selon la demande du marché et être à l’aise avec les mises à jour des outils informatiques. Le patron doit comprendre les réels besoins de son agence d’architecture, choisir les bonnes formations adaptées pour lui et ses collaborateurs. Il existe deux types d’apprentissage, l’une pour les formations aux outils BIM qui revient chère aux agences (environ 2 000 euros par personnes et par année) et l’autre correspondant aux formations sur le processus BIM.
[Fig. 2.05] – Interview d’Andrea Balistreri, décembre 2018
54
Se référer, partie 2.1.2 Les étapes primordiales du déploiement BIM dans les agences d’architectures. P.44
48
Comme nous a confié Oliver Celnik lors de l’interview, la meilleure formation est le « mastère spécialisé BIM » de l’école des Ponts et Chaussés coûte environ 15 000 euros qui dure une semaine par mois pendant un an55. Je remarque que cela demande un investissement important pour l’agence celle-ci se voyant obligée de passer à ces nouvelles méthodes de travail. Certes, au début il y a une perte de chiffre d’affaire, mais qui dans le temps se rentabilise et permet d’être plus compétitif et plus exigent dans la conception. Je terminerai sur les mots d’Emmanuel Di Giacomo, « C’est comme un enfant à qui on apprend à faire du vélo. Au début on lui met les petites roulettes, un jour on lui retire les petites roulettes, il commence à être un peu autonome, puis après petit à petit le vélo va évoluer, on va commencer à utiliser le frein avant et arrière et ensuite la notion de vitesse et comment aller plus vite, comment on s’adapte en fonction du contexte. Formation, accompagnement c’est primordial pour le succès d’une implémentation BIM. »56
55 56
Interview d’Oliver Celnik, décembre 2018, voir Retranscription P.114 Interview d’Emmanuel Di Giacomo, décembre 2018, voir Retranscription P.142
49
2.2 La différenciation des pratiques et du rôle des architectes selon les tailles des agences
Grâce à l’ensemble des interviews réalisés dans le cadre de ce mémoire, j’ai pu établir un panel de points de vue sur les pratiques du BIM selon les tailles des agences. Pour l’ensemble des professionnels, j’ai pu constater qu’ils utilisaient au moins un des « process » BIM dans leurs pratiques de travail avec un aspect positif mais négatif aussi. Pour bien comprendre cette différenciation des pratiques du BIM, il était important de réaliser une enquête allant de l’architecte indépendant jusqu’aux agences d’architecture de plus ou moins grandes tailles dépassant pour les plus importantes 50 collaborateurs. Malgré les nombreuses revues ou les différentes informations mises en place par l’Ordre des architectes et le Gouvernement, le BIM ne fait pas l’unanimité dans toutes les agences. En effet certaines attendent d’être convaincues de ses avantages et d’autres dénoncent le coût trop élevé.
[Fig. 2.06] – Schémas des différentes échelles d’agences d’architecture 50
2.2.1 Etre un architecte indépendant Sur les 7 professionnels, l’interview de Maurice Vaquier architecte-ingénieur à son compte indépendant installé dans une région du sud de la France. Il a fait à une formation d’ingénierie structure de l’ESTP57 en 1973 et architecte DPLG58 en 1980, ce qui lui a permis d’acquérir dès le début une culture de l’informatique assez développée par rapport à ses confrères architectes. Il utilise le premier niveau BIM qui est tout simplement de monter une maquette numérique grâce au logiciel ArchiCAD. Il a essayé quelques tentatives de collaboration, de cogestion de ses projets avec les BET59, mais à chaque fois cela n’a pas fonctionné. En effet se trouvant dans une région de France où les bureaux d’étude se font rares, la plupart reste avec les anciens outils 2D comme AutoCAD. Par contre dans son environnement de travail, la création d’une maquette numérique est un gain de temps immense. Maurice Vaquier nous confie que « J'ai longtemps prétendu que la conception ne pouvait bien se faire qu'à la main. Je ne le pense plus. […] Oui, pour le gain de temps et la précision que cela apporte, avec la possibilité de toutes les modifications que l'on souhaite. La conception se fait dans la tête.»60. Outre le gain de temps, ce type d’outil permet de monter d’un côté une maquette numérique, mais de l’autre d’incorporer une base de données qui permet de sortir des plans, des coupes, des tableaux de surfaces, ... sans besoin de changer de logiciel. Nous avons un logiciel qui répond aux besoins des architectes en terme d’efficacité.
[Fig. 2.07] – Interview d’Oliver Celnik, décembre 2018
57
ESTP acronyme : Ecole Supérieur des Travaux Publics DPLG acronyme : Diplômé par le gouvernement 59 BET acronyme : Bureau d’étude technique, voir Glossaire P.93 60 Interview de Maurice Vaquier, décembre 2018, voir Retranscription P.108 58
51
Maurice Vaquier nous confie aussi que la mise en place d’une infrastructure pour permettre de faire du BIM, n’est pas relativement chère, compte tenu des services rendus. Pour la formation, elle est prise en charge par le FIF-PL61 (de 14 000€ HT en 2018) qui est une organisation prenant en charge les fonds interprofessionnels de formation des professionnels libéraux et travailleurs indépendants. Pour terminer, je remarque qu’un jeune architecte (comme moi en sortant de l’école) souhaitant s’installer en indépendant pourra le faire en prenant en compte le BIM. Un point important, il devra choisir son logiciel en rapport à son environnement de travail afin de gagner en efficacité par rapport à ses concurrents. Le derniers point, l’architecte doit être passionné, curieux, et apprendre en permanence pour éviter d’être distancé.
2.2.2 Les agences d’architecture en France de plus de 5 architectes Dans ce type d’échelle, l’agence développe des projets assez diversifiés qui peuvent aller de la petit construction (extensions, maisons, villa …) jusqu’aux projets de plus grande envergure (immeubles, cinémas, musées, aménagement urbain …). Deux interviews d’agences m’ont interpellé, car leurs points de vue sont opposés dans leur manière de concevoir. 1 – L’agence Posto 29 d’Andrea Balistreri réalise l’ensemble des projets en maquette numérique avec le logiciel Revit ce qui lui permet une collaboration simple entre architectes mais aussi vis-à-vis de ses collaborateurs de l’agence et de l’extérieur (Secrétaire, Economiste de la construction, Bureaux d’études, Client …). Néanmoins, pour faire du processus BIM cela dépend des projets. Pour faire des petites constructions comme une maison, une boutique de luxe où un immeuble, il ne voit pas trop l’intérêt de livrer une maquette numérique intelligente comme il nous le confit « […] les bailleurs sociaux, qui dans leur esprit théoriquement devraient prendre la maquette numérique faite en BIM, pour pourvoir l’exploiter pour tout ce qui est de l’exploitation future […] Alors dans l’esprit, c’est pouvoir prendre cette maquette et se rappeler dans 10 ans que pour telle poignée là, on peut faire ci et on pourrait faire ça. Dans la vraie vie, ça leur coûterait « une fortune » de former les gens pour faire ça car les gens qui font de la maintenance chez les bailleurs sont des gardiens d’immeubles »62.
61 62
FIF-PL acronyme de Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux Interview d’Andrea Balitreri, décembre 2018, voir Retranscription P.122
52
L’équipe Posto 29 le fait quand même, car la maîtrise d’ouvrage veut anticiper une éventuelle gestion numérique du bâtiment. Par-contre réaliser une collaboration BIM est principalement primordiale pour la conception extrêmement complexe, comme la construction d’un hôpital, d’un cinéma, d’un hôtel … qui demande beaucoup de contraintes techniques et structurelles comme le passage de gaines de ventilation, d’eau, de gaz mais de la gestion de flux du public, des travailleurs dans un seul et même bâtiment. Ce qui devient extrêmement intéressant, c’est de pouvoir collaborer en simultanée avec d’autres intervenants du projet et permettant un gain d’efficacité et de résolution de problèmes en anticipation du chantier. Pour Andrea Balistreri, faire du BIM dépendra du projet et de la demande du client la maîtrise d’ouvrage.
Croquis concept du projet
Rendu réaliste du projet
[Fig. 2.08] – Concours 110 logements collectifs à Rosny-sur-Seine, Posto 29
53
2 – Pour son agence « Bernard Desmoulin architecte », l’architecte Bernard Desmoulin cherche encore à être convaincu des apports de cette nouvelle méthode de travail. Pour lui, la conception devient progressivement réduite à la limite du formatage liée au nouveau dialogue entre l’outil et la pensée. Il nous confie : « je ne veux pas dire que les écrivains qui travaillent avec le traitement texte doit retourner à la plume mais je pense qu’il y a certaines œuvres qui n’auraient jamais pu être écrites sur l’ordinateur, à partir du moment on change la manière de produire le résultat change »63. Il n’est pas contre, mais le processus de conception n’est plus le même. La philosophie de l’agence est de concevoir en gardant une part de flou, de mystère jusqu’à la livraison du chantier. En effet au cours d’un chantier, l’architecte peut s’apercevoir de quelque chose qui ne lui plaît pas (couleur, revêtement de façades, brillance des tuiles …) car l’architecte n’a pas la science infuse et c’est au moment de l‘édification que l’on peut réaliser sa dimension. Donc Bernard Desmoulin aime garder cette expérimentation qui laisse une marge de manœuvre pour toutes modifications. Tout l’inverse du BIM qui dès le début, le projet est synthétisé pour entrer dans une dimension technique. Avec ce processus de travail, il ne se sent plus maître du temps pour qu’il puisse expérimenter, maintenant, il faut tout suite modéliser, rentrer dans le détail, sortir les quantitatifs. Ce n’est plus l’architecte qui mesure le temps, mais le maître d’ouvrage qui nous surveille lors de la conception. En effet, il peut voir tout de suite en temps réel, regarder les petits détails de la maquette qui n’ont pas pu être réfléchis par les architectes. Bernard Desmoulin le dit bien qu’il s’est vu obligé de passer au BIM pour la réhabilitation de l’hôpital Lariboisière.
[Fig. 2.09] – Maquette du nouvel hôpital Lariboisière, Brunet Saumier – Bernard Desmoulin
63
Interview de Bernard Desmoulin, décembre 2018, voir Retranscription P.134
54
Actuellement, les appels d’offre pour les projets d’envergure demandent de travailler dans un processus BIM pour créer une maquette numérique intelligente. L’agence préfère garder les « petits » projets afin de pouvoir réaliser des petits laboratoires d’expérimentation, ce qui permet de tester, élaborer, des choses qu’il ne peut plus faire avec le BIM. En résumé, nous avons deux points de vue assez distincts, mais qui ont des rapprochements. En effet, nous voyons un « process » BIM selon le type de projet demandé, le plus souvent ceux qui sont complexes dans la conception, la différence est la base de travail employée ; Chez Posto 29, on utilise dès le début un logiciel de type BIM en comparaison à Bernard Desmoulin architecte qui garde les logiciels de CAO numérique pour concevoir.
2.2.3 Les agences de grande ampleur de plus de 50 collaborateurs Suite à l’expérience vécue au cours de mon stage en 2017 chez les Ateliers Jean Nouvel et des interviews dans deux grandes agences d’architecture, je me suis aperçu qu’ils travaillaient plus au moins avec la même logique de processus. Que ce soit chez les Ateliers Jean Nouvel, chez Ameller Dubois64 ou Chez Willmotte & Associés architectes65 , ils déploient un processus BIM à partir des études de phasage APS ou APD66. Cela s’explique par l’organisation des équipes caractéristiques des « big » agence. En effet, nous avons un groupe de personnes qui ne suit pas le projet dès la conception jusqu’à la livraison de chantier à part le chef ou le directeur de projet. Nous avons des équipes spécialisées selon le type de phasage du projet (Equipes concours, équipe permis de construire …). Comme Stéphane Vedrenne pour l’agence Ameller Dubois m’a confié pendant son interview : « Nous déployons un processus BIM à partir des études, en phase APS. En effet, nos collaborateurs n’étant pas parfaitement à l’aise avec ces nouvelles méthodes, se sentant très vite bloqués par la maquette numérique en phase concours. »67.
64
Interview de Meghane Frigelli et Stéphane Vedrenne, décembre 2018, voir Retranscription P.102 Interview de Germain Troublé 2018, voir Retranscription P.130 66 APS acronyme d’Avant-Projet sommaire, APD acronyme Avant-Projet Déterminé, voir Glossaire P.92 67 Interview de Stéphane Vedrenne, décembre 2018, voir Retranscription P.102 65
55
Cela veut dire que les équipes qui ont en charge les phases de conception, ne sont pas forcément formées aux nouvelles techniques de travail et préfèrent le plus souvent rester dans leur zone de confort avec l’utilisation des outils classiques de CAO-DAO sans essayer d’utiliser les nouveaux outils pour modéliser une maquette collaborative. Ayant eu l’expérience chez les Ateliers Jean Nouvel sur le projet de la Tour HEKLA à la Défense en France, on avait deux maquettes numériques l’une réalisée en concours avec Rhino68 qui a permis de réaliser les différentes images photo réalistes et axonométries schématiques. Puis la seconde réalisée en phase APD avec Revit pour qu’on puisse réaliser une maquette intelligente pour la livrer au client. Au final, nous avons deux mêmes maquettes qui ont été modélisées à deux périodes différentes, mais le plus gros problème est la perte de temps à réaliser deux fois le même travail. Si cela a pu fonctionner chez les Ateliers Jean Nouvel, c’est grâce aux équipes en charge du projet et qui sont constituées d’un nombre important de collaborateurs. En effet en phase APD chez les Ateliers Jean Nouvel, on était sept architectes (stagiaire compris) dont un chef de projet. Selon moi, c’est une aberration, il faudrait que l’équipe formée aux outils BIM soit présente dès la conception et accompagne le projet jusqu’à la livraison de l’édifice.
[Fig. 2.10] – Organigramme des différentes possibilités d’avancement d’un projet selon le type d’agence
68
Rhino ou Rhinoceros 3D est un logiciel de CAO utilisé pour le milieu du design industriel ou de l’architecture développée par Robert McNeel & Associates.
56
2.3 Les avantages et inconvénients sur l’utilisation du BIM en agence.
Dès l’esquisse, l’utilisation du BIM chez les architectes permet de réaliser un projet avec de nombreux avantages comme de vérifier automatiquement le respect des règles du PLU et des contraintes que le concepteur s’impose (l’image architecturale) et bien d’autres. Mais il y a aussi des inconvénients qui m’ont été confiés lors des interviews en expliquant essentiellement que certaines complications sont liées à des risques de mauvaise pratique du BIM. En première partie, j’expliquerai tous les avantages dont ceux revendiqués par les professionnels du BIM. Mais aussi de ceux perçus par les professionnels interviewés. En deuxième partie, j’exposerai les inconvénients sûrement minimes, mais qui existent d’après les points de vue des architectes interviewés.
2.3.1 Les avantages du travail en collaboration La conception avec le BIM procure de multiples avantages que ce soit pour les architectes, la maîtrise d’ouvrage, les bureaux d’études, les ingénieurs et d’autres intervenants. Grâce au processus de collaboration entre chaque acteur du projet, il permet d’ajouter, de modifier des informations très tôt sans causer de conséquences financières graves69.
[Fig. 2.11] – Schémas des différents avantages du BIM
69
Se référer, partie 2.1.1 L’intérêt du BIM sur la modélisation d’une maquette numérique. P.41
57
Le principal avantage réside essentiellement sur l’efficacité et la productivité des logiciels d’outils BIM qui permettent de détecter très rapidement les conflits et de réduire fondamentalement des erreurs de conception. Comme une poutre qui traverse une porte ou bien le nombre de marches qui ne correspond pas au bon nombre de marches demandé. Mais aussi dès le début, d’entrer dans un travail de précision qui permet une séduction auprès du client, quand on lui présente une exploration du projet en 3D de pouvoir lui répondre sur toutes les demandes de détails. Pour avoir moi-même utilisé ce type d’outil, je peux dire qu’il permet avec un simple « clic de la souris » de réaliser des axonométries, des éclatements, des perspectives, des plans et bien d’autres types de sorties. Un autre point tout aussi important est la maîtrise possible des coûts selon Emmanuel Di Giacomo « L’architecte va maîtriser tout cela et il va devenir, redevenir le « chef d’orchestre ». Puisque à partir du moment où il va créer une maquette BIM, c’est lui qui va ordonner aux autres acteurs pour qu’elles s’adaptent à son projet plutôt que l’inverse. »70. L’avantage classique, c’est la collaboration et pouvoir travailler à plusieurs sur une maquette numérique71. Ce qui permet dès le début avec les autres corps de métier : -
De réfléchir et participer sur la conception
-
De gagner du temps et de monter en compétences en rentrant dans une précision du projet
-
De réaliser une représentation précise du projet et d’éviter à contrario toute perte de temps.
Effectivement, avec ces outils BIM, nous avons une automatisation de la représentation graphique et de la documentation écrite (Exemple : La génération automatique des ombres sur les façades, sortir les quantitatifs et métré …). De nombreux avantages qui n’étaient pas possibles avec l’ancien processus de travail (utilisation des outils de CAO-DAO). Avec le « process » BIM, nous avons une fiabilité permettant d’accélérer le processus de conception architecturale et il redonne à l’architecte une position de force vis-à-vis de ses collaborateurs en interne, mais également avec les collaborateurs extérieurs.
70 71
Interview d’Emmanuel Di Giacomo, décembre 2018, voir Retranscription P.142 Pour plus de précision, partie 2.1.1 L’intérêt du BIM sur la modélisation d’une maquette numérique. P.41
58
2.3.2 Les inconvénients sont principalement des risques Au premier regard, dans la conception, je ne vois pas d’inconvénients. En effet, c’est un processus de travail qui permet de limiter ou d’élimer un grand nombre de problèmes liés le plus souvent à des contradictions de représentation (fenêtre qui ne correspond pas au même emplacement sur la façade et sur le plan) ce qui provoque un surcoût lors de la réalisation de l’édifice au moment du chantier. Néanmoins, dans les interviews, il est précisé que l’un des plus grands inconvénients est l’investissement apporter par l’architecte ou l’agence pour pouvoir pratiquer un processus BIM. Outre les financements, les formations et les ordinateurs largement rentabilisés au cours du processus72, il y a la mise en place de la première maquette numérique modélisée par les architectes qui demande un surinvestissement pour réaliser un objet 3D précis. En effet pour pouvoir réaliser un bon processus de collaboration avec les acteurs du projet, il faut rentrer dès le début dans une précision de modélisation. Maurice Vaqiuer lors de son interview nous dit que c’est un « Énorme investissement intellectuel nécessaire au départ : il m'a fallu dix ans pour commencer à être à l'aise sur ArchiCad et je suis loin d'en utiliser toutes les fonctions ! »73.
[Fig. 2.12] – Schémas des principaux inconvénients
72 73
Se référer, partie 2.1.2 Les étapes primordiales du déploiement BIM dans les agences d’architecture. P44 Interview de Maurice Vaquier, décembre 2018, voir Retranscription P.108
59
Les autres inconvénients sont principalement des risques pris par les professionnels voulant utiliser ce type de processus de travail. Le plus important ce n’est pas d’avoir une confiance aveugle dans la maquette numérique et de penser que tout est précis, étudié et calé sans prendre la bonne et juste mesure selon le phasage du projet. Il faut bien comprendre les besoins du maître d’ouvrage pour que l’architecte puisse répondre au réel besoin. Un exemple d’Oliver Celnik pour comprendre la bonne mesure des besoins : « Si on fait le relevé du local se situant dans un vieil immeuble parisien et si on prend cette fenêtre qu’on la duplique à côté. Si c’est juste pour faire le plan d’aménagement ce n’est pas grave par-contre pour faire un ravalement ça devient plus gênant de changer la vitre ou des barreaux et cela ne marche pas du tout. Pourtant on aura une maquette comprenant des fenêtres, barreaux qui seront précis au millimètre près »74. Ce qu’il faut comprendre, c’est de bien mesurer les fonctions selon les besoins que pourra fournir une maquette numérique et d’éviter toute mauvaise compréhension ou mauvaise interprétation des demandes du projet. Un autre point expliqué par Germain Troublé, c’est le manque de souplesse du logiciel qui est lié souvent à un manque de compétence d’un des acteurs travaillant sur la maquette et qui peut parfois impacter tout le modèle et le travail en collaboration. En effet, certains logiciels comme Revit sont tellement complexes qu’ils exigent une très bonne maîtrise de celui. Toute personne qui s’en sert et non formée sur ces logiciels, pourra en effet ralentir la perfection de la maquette numérique.75 Nous voyons pour l’ensemble des inconvénients, qu’il n’y a pas de points négatifs en effet pour la plupart nous avons un retour sur investissement permettant de répondre à toutes les questions de surcoût. Mais si le processus de conception est bien maîtrisé, il n’y aura pas de risque, au contraire cela ne sera que bénéfique.
74 75
Interview d’Oliver Celnik, décembre 2018, voir Retranscription P.114 Se référer, partie 1.1.2 Une créativité en voie de disparition. P.25
60
61
3. Un processus qui est en pleine évolution
Depuis plus de 20 – 30 ans l’informatique a bouleversé le monde architectural et les approches du processus de conception. Le BIM est arrivé en France et change une nouvelle fois les méthodes de travail en proposant un processus établi essentiellement sur la collaboration entre chaque intervenant du projet. Mais c’est un « process » qui est encore très récent, en évolution constante et plus rapidement implanté chez les architectes que l’ancienne évolution informatique d’il y a 20-30 ans. Il est important de comprendre que notre gouvernement ne réalise pas toujours que nos voisins européens comme l’Angleterre ont une avance plus efficace dans ces démarches de travail numérique. En premier point, je m’intéresserai à ce modèle anglo-saxon et pourquoi ils sont en avance par rapport à notre modèle français. Dans un second temps, je regarderai le processus de travail collaboratif simultané de tous les intervenants du projet à partir d’une maquette. Je terminerai par la question de l’intelligence artificielle dans la conception qui changerait les techniques de travail chez les architectes.
62
3.1 Une Dynamique du BIM chez les architectes anglo-saxons plus importante qu’en France
En Europe et plus particulièrement chez nos voisins anglais, il existe une dynamique gouvernementale qui vise la recherche de progrès dans le domaine du BIM. Depuis 2011, l’Angleterre s’est donné pour objectif l’amélioration du processus sur l’ensemble des acteurs du bâtiment afin de devenir l’un des pays leader du BIM. Au travers des interviews, je remarque que l’utilisation du BIM chez les Anglais met en avant de nombreux avantages comme ceux renseignés dans la partie précédente76 et d’autres (réduction de coût de la construction et des émissions de carbone). Nous pouvons nous poser la question : pourquoi tout le secteur du bâtiment en France n’utilise pas encore ce type de processus qui serait par ailleurs bénéfique ? Ce qui en ressort, c’est que le modèle français de la construction n’est pas similaire au système anglo-saxon.
[Fig. 3.01] Dynamique du BIM en Angleterre
76
Voir partie 2.3.1 Les avantages du travail en collaboration P.57
63
3.1.1 Un gouvernement plus impliqué sur les questions des nouvelles technologies Le gouvernement britannique a eu une prise de conscience ; il a obligé l’utilisation de la méthode de travail BIM en proposant un vaste plan de transformation sur le développement des nouvelles technologies proposé en Mai 201177. L’objectif principal de ce dernier était de diminuer de 20 % les coûts et les émissions de carbone dans le domaine de la construction. Mais les Anglais ne restent pas sur cette position car en 2016, ils obligent de travailler en maquette numérique du BIM niveau 2 pour les bâtiments publics et il prévoit un investissement de plus 5 millions de livres sterling (5 560 000 €) afin d’atteindre ces objectifs. Un autre point important constaté dans une enquête annuelle sur le BIM78 de l’année 2012 en Angleterre : il y avait 43 % des professionnels interviewés qui utilisaient la méthode de travail BIM et sur les 57 % la plupart (environ 97 %) voulait l’utiliser dans les 5 ans à venir (entre 2012 et 2017). Le gouvernement britannique a su réagir très vite et au bon moment sur la transition numérique et estime que depuis 2012 il a économisé plus d’1.7 milliard de livres sterling. Progressivement, tous les professionnels ont réagi face au déploiement du BIM et d’après le rapport NBS (national BIM report) en 2014, les acteurs sont de plus en plus dans une conscience universelle et de plus en plus à l’aise avec le BIM. Toujours dans sa quête d’évolution, le Royaume-Uni réfléchit aujourd’hui sur de nouvelles solutions, sur une simplification du processus collaboratif, sur un nouveau système d’appel d’offre en temps réel. Comme annoncé dans le Moniteur en 2015 « Le Royaume-Unis travaille sur une extension de l’usage de la maquette numérique aux phases de financement et d’opération des bâtiments et infrastructures, en impliquant les banques et organismes financiers dans le processus. Le pays planche également sur la mise en place d’un nouveau système d’appels d’offres en BIM en temps réel pour favoriser la transparence de l’attribution des marchés ».79 [Fig. 3.02]
77
Rapport national NBS BIM 2014. NBS [en ligne], www.thenbs.com/knowledge/nbs-national-bim-report-2014 [consulté le 07 Janvier 2019] 78 Hovorka, F, MIT Pierre. Un avatar numérique de l’ouvrage et du patrimoine au service du bâtiment durable : le « bâtiment et l’informations modélisés » (BIM) Tome 1 : rapport et proposition.2014, Plan Bâtiment durable. Paris, 64p. 79 Guerineau, J. BIM : les anglais ont tiré les premiers. 2015 Le moniteur [en ligne] www.lemoniteur.fr/article/bim-les-anglais-ont-tire-les-premiers-26830882 [consulté le 07 janvier 2019]
64
Cela démontre que le gouvernement et les professionnels ont une dynamique d’évolution des technologies plus anticipatrice en comparaison à la France. Lors de l’interview d’Emmanuel Di Giacomo, « On voit par exemple que chez les Anglo-saxon il y a un pilotage par le gouvernement comme en France. Par-contre chez les Britanniques, 72 millions de Pound (80 millions d’euros) sont investis par le gouvernement pour la transition du secteur de la construction en comparaison de la France […] est de 5 millions d’euros investis »80. Un écart important qui est lié aux exigences de chaque pays et à de sa volonté d’investissements et des dispositions numériques pour le secteur du bâtiment. Ce n’est pas seulement sur l’échelle de l’entreprise, mais l’ensemble du secteur du bâtiment qui doit être à la hauteur par rapport à la concurrence européenne et internationale.
[Fig. 3.02] – Chronologie des objectifs du gouvernement Anglais
80
Voir interview d’Emmanuel Di Giacomo, décembre 2018, voir Retranscription P.142
65
3.1.2 Le modèle mixte ou intégré des agences anglaises dans la conception d’édifice En Angleterre, les agences sont fondées sur le modèle intégré ou mixte qui combine des architectes, des ingénieurs et d’autres professionnels (pas forcement du milieu du bâtiment) dans une même société. Un standard « BIM Task Group » définit par le cabinet du Premier ministre insiste sur la collaboration entre les acteurs du BTP81, les ministères concernés, les architectes et les ingénieurs … C’est de créer une société où tout le monde travaille ensemble pour avoir une méthode de travail efficace. Je ne pense pas qu’on arrivera au système américain avec des entreprises comportant un très grand nombre de collaborateurs, mais il est certain que dans les prochaines années les grosses agences d’architectures de plus 50 architectes commenceront à s’hybrider pour constituer des sociétés multidisciplinaires. Nous voyons que les plus grandes agences d’architecture comme celle d’AREP à Paris sont en réalité des sociétés qui proposent de l’architecture, de l’expertise, de l’urbanisme, de l’ingénierie et bien d’autres.
[Fig. 3.03] – Site internet d’AREP, les bureaux de l’agence à Paris 13ème.
81
BTP acronyme de Bâtiment et Travaux Publics
66
Stephane Vedrenne lors de son interview, il nous informe : « Il faut que la France suive l’exemple des Anglo-saxons même si notre organisation n’est pas la même. »82. En effet dans les écoles françaises d’architecture, nous apprenons les sciences humanistes, le relationnel et le côté artistique et comme nous confie Andrea Balistreri « […] par rapport à l’Italie où les facultés sont associées à l’ingénierie. »83. Ce qui peut dans certains cas engendrer ce phénomène d’hybridation architecte ingénieur entraînant la création des organismes mixtes regroupant les acteurs selon la spécificité. D’un côté, nous avons les architectes qui s’associent avec des designers, des urbanistes, des économistes de la construction … Et de l’autre les agences d’ingénierie ont besoin des experts de la construction, des spécialistes techniciens de la construction, des ingénieurs spécifiques (acousticiens, fluides, mécaniques …) et bien d’autres. Ce qui conduit à un grossissement d’agence devenant de plus en plus multidisciplinaires. A mon avis comme celui de Germain troublé « je ne pense pas qu’il soit intéressant de reproduire exactement ce qui est fait chez nos voisins »84. Mais selon Bernard Desmoulin, on peut craindre que ce modèle mixte ou intégré arrive chez les architectes en France et ils doivent en avoir conscience. Si c’est le cas, les grosses agences vont se développer au détriment des petites agences d’architecture qui vont se raréfier, ressemblant de plus en plus au modèle Américain. L’interview de M. B, Desmoulin nous révèle « Aux Etats-Unis la commande publique est plus rare qu’en France et je me suis aperçu que les « petits » architectes, les petites agences comme nous n’existent pas aux Etats-Unis ou celles qui sont rares à exister font essentiellement des petits projets comme des extensions de maisons. Mais elles n’ont pas accès à la grande demande des maîtres d’ouvrage »85. Ce qui m’amène à réfléchir sur la question des petites agences (TPE/PME86) qui pourraient sans doute disparaitre par manque de financement et des demandes d’appels d’offre.
82
Interview de Stéphane Vedrenne, décembre 2018, voir Retranscription P.102 Interview d’Andrea Balistreri, décembre 2018, voir Retranscription P.122 84 Interview de Germain Troublé, décembre 2018, voir Retranscription P.130 85 Interview de Bernard Desmoulin, décembre 2018, voir Retranscription P.134 86 TPE acronyme Très Petit Entreprise / PME acronyme de Petite ou Moyenne Entreprise 83
67
3.1.3 Un risque de disparition des petites agences TPE/PME Dans l’ensemble du mémoire et des interviews, nous voyons que les plus touchées par le BIM sont les petites agences qui ont du mal à se procurer l’investissement nécessaire imposé par le processus, mais qui une fois le déploiement réussi, bénéficient du retour sur investissement87. Mais Le principal risque de disparition ne réside pas sur l’utilisation du BIM, très clairement expliqué par Emmanuel Di Giacomo « En effet il y a justement ce risque, si l’architecte ne s’approprie pas le BIM et ne monte pas assez suffisamment en puissance comme ce qui est en train de se faire dans les entreprises de construction-ingénierie, il y aura un risque de la diminution (pas la disparition car le rôle de l’architecte est primordial) de son pouvoir sur le projet […] »88. En réponse, le gouvernement français a pris conscience que la démarche de transition numérique sera compliquée pour les petites agences et propose le PTNB et qui va être remplacé bientôt par le « plan BIM 2022 ». Une démarche qui vise à aider au bon déploiement du BIM pour les petites agences en proposant des aides de l’Etat, des guides des bonnes pratiques et le plus important une plate-forme « Kroqi » gratuite qui facilite l’échange d’informations numériques entre acteurs. Par contre nous voyons que certaines petites agences se démarquent grâce à leur facilité à maîtriser les outils numériques BIM et de la culture BIM par rapport à d’autres concurrents. Prenons l’exemple de l’agence Z.STUDIO gérée par M. O, Celnik et M. P, Vincent qui dès la création de l’agence en 1996, utilisait ArchiCAD et ainsi l’agence s’est développée dans un esprit de collaboration de travail. Ce qui a permis aujourd’hui à l’agence d’être plus importante en utilisant la méthode de travail BIM, c’est dans ce cas particulier qu’on retrouve M. O.Celnik co-directeur du mastère spécialisé BIM proposé par l’ENPC et l’ESTP89 afin d’être constamment engagé et informé des nouvelles démarches et évolutions. Il nous confie qu’il faut aller au-delà de la modélisation d’une maquette numérique pour atteindre un processus d’échange avec les acteurs du bâtiment. « Le BIM au sens large, les outils numériques nous poussent à évoluer […] permettent aussi à trois personnes isolées de dire on travaille en France ou trois agences de 5 personnes de répondre ensemble de façon crédible à un maître d’ouvrage et faire comme s’ils étaient 15. »90.
87
Détaillée dans la partie 2.1.2 Les étapes primordiales du déploiement BIM dans les agences d’architecture. P.44 Interview d’Emmanuel Di Giacomo, décembre 2018, voir Retranscription P.142 89 ENPC et ESTP Acronyme d’Ecole nationale des Ponts et Chaussées et d’Ecole supérieur des Travaux Publics 90 Interview d’Oliver Celnik, décembre 2018, voir Retranscription P.114 88
68
Le plus important, c’est d’évoluer en même temps que les technologies qui vont nous amener dans un processus collaboratif de plus en plus efficace. Pour les architectes qui n’arrivent pas à monter en compétences ou à réaliser des projets assez rentables, mais qui veulent quand même travailler sous un processus BIM, le mémoire de Meghane Frigelli nous informe qu’une autre solution est possible « […] de s’orienter vers le patrimoine en lien avec la notion de BIM. En effet, avec la volonté de l’Etat de numériser la totalité des constructions du patrimoine français, une réelle opportunité s’ouvre sur la modélisation 3D réalisée par drone ou par scanner 3D. Cette reconversion permettrait aux architectes de faire un premier pas vers le BIM. »91. Sur ce sujet, je vous conseille de consulter le mémoire de ma consœur Meriem Meziani92. Nous comprenons que selon les cas le modèle français est en concordance avec le travail que propose la méthode BIM. Cela implique en effet une volonté et un courage de la part des agences et des architectes pour revoir leur manière de travailler. Les architectes ne doivent pas rester figés à l’inverse, ils doivent toujours être informés de ce qui se passe autour d’eux, répondre en conséquence, évoluer, monter en compétences par rapport à la concurrence.
[Fig. 3.04] – Image du passage du relevé laser à la maquette numérique sous Revit
91
Interview de Meghane Frigelli, décembre 2018, voir Retranscription P.102 M.Meziani, HBIM – Historic Building Information Modeling Processus BIM pour la modélisation de l’édifice historique. 2018, Mémoire master à l’ENSAPVS, sous la direction de N. Boutros, O. Bouet, T. Sehad. 92
69
3.2 Vers un travail collaboratif sur une maquette unique
De mon expérience du stage effectué dans les Ateliers Jean Nouvel sur le projet de la tour HEKLA, mais aussi lors du séminaire MN2BIM93 suivi en première année de master en 2018, j’ai pu m’apercevoir que le processus de collaboration le plus simple et le plus utilisé, c’est celui fait par des échanges de plusieurs maquettes différentes (maquette architecturale, maquette structure, maquette fluide …) qui par la suite seront assemblées pour réaliser une base de données bien informée « intelligente » utilisable par tous les acteurs du projet. Ce processus de travail correspond alors au niveau 2 de maturité d’utilisation du BIM94. Mais un autre processus existe et correspond au BIM niveau 3 que je n’ai pas eu l’occasion d’expérimenter [Fig. 3.05]. Toujours dans une démarche de collaboration, mais cette fois l’ensemble des acteurs travailleront simultanément sur une seule et même base de données grâce à un serveur à distance à l’inverse de ce qui se passait avant où nous avions plusieurs maquettes distinctes (chaque maquette a sa propre base de données selon le corps de métier). Par contre cela demande une infrastructure et un investissement de la part des professionnels.
[Fig. 3.05] – Schémas des deux niveaux de maturité sur l’utilisation BIM
93 94
MN2BIM acronyme Maquette numérqiue vers le BIM Se référer, partie 2.1.1 L’intérêt du BIM sur la modélisation d’une maquette numérique. P.44
70
3.2.1 L’intérêt d’un travail collaboratif simultané sur un serveur à distance Le BIM de niveau 3 ou iBIM95 est une base de données unique stockée sur un serveur à distance, qui peut être synchronisé en temps réel et ouvert à tous les partenaires durant toute la vie d’un ouvrage. Cela permet de profiter de tous les avantages que propose le BIM96 notamment le travail en collaboration qui est total avec ce niveau de maturité. Par contre cela pose de nombreux problèmes par exemple, le format d’échanges lorsqu’un des acteurs n’utilise pas ce type de processus. D’après le site objectif BIM97 « Cette collaboration […] n’est pas sans poser de nombreux problèmes de propriété intellectuelle, de responsabilité et de réglementation de l’accès/modification/enregistrement de la maquette numérique unique ». Pour les questions de format d’échanges nous avons des solutions de IFC/IFD/IDM98 (développées par Building SMART [Fig. 3.06]) celles-ci exigent une certaine connaissance sur ce type d’utilisation. Si une personne n’est pas motivée à utiliser ou pratiquer ce type de format, il n’est pas conseillé de travailler dans ce niveau de collaboration en BIM avec elle. Pour les autres problématiques qui relèvent des questions de propriété intellectuelle et juridique, cela devra être établi sur de nouveaux contrats spécifiques à la collaboration, l’accord multi-parties et le partage des risques et bénéfices entre tous les acteurs. Ce qui est important dans ce genre de partenariat est d’établir un historique de chaque acteur travaillant sur ce modèle unique permettant de faire la traçabilité de tous. Un procédé qui ne cache plus les « bourdes » pour des raisons de responsabilité, un exemple simple : Une personne qui a modélisé, supprimé, touché le projet numérique et qui a engendré un modèle non-exploitable grâce à la traçabilité, pourra être retrouvée.
95
iBIM acronyme anglais de Integrated Building Information Modeling, Model and Management Se référer, partie 2.3.1 Les avantages du travail en collaboration. P.57 97 Les différents niveaux du BIM, www.objectif-bim.com/index.php/bim-maquette-numérique/le-bim-enbref/les-niveaux-du-bim. [Consulté le 8 Janvier 2019] 98 IFC acronyme Industry Foundation Classes, IFD acronyme de International Framework for Dictionnaries, IDM acronyme Information Delivery Manual. Voir Glossaire P.93 96
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3.2.2 Un investissement important à prévoir C’est un procédé qui demande un investissement conséquent chez les architectes et des infrastructures plus importantes que celui d’un projet réalisé en BIM niveau 299. Pour la réalisation de ce type de travail en commun, il faut adhérer à une pensée collective et abandonner l’individualisme. En effet, tout le monde devient acteur de la modélisation du modèle informé. C’est une autre façon de travailler dans la conception et peut poser problème chez les architectes. Dans ce type de partenariat, c’est dès le début qu’il faut dessiner, modéliser et faire des choix décisifs, car plus tard ils ne seront pas modifiables. En effet changer tel type de finition serait possible, mais pour des questions de changement d’agencement de pièces, les volontés spatiales, l’image architecturale peut dans certains cas remettre tout le projet à son point de départ. Lors de l’interview de Bernard Desmoulin, dans l’esprit de son agence, avec un processus dit « classique » avec l’utilisation de la CAO et DAO, nous confie : « […] que des choses qu’on voit s’élever ne me plaise pas forcément car je n’ai pas la science infuse aussi je me réserve le droit de me corriger et de rediscuter avec l’entrepreneur »100. Pour l’architecte qui veut garder son esprit créatif, il sera possible pour lui de faire une maquette numérique « concept » par anticipation en conception lui permettant de juger si le projet est convenable pour ensuite le réaliser en collaboration intégrée. Même si les architectes ont pris du temps pour faire ce modèle « concept » ce n’est pas du temps perdu, au contraire cette maquette servira de modèle de base « d’image architecturale » qui pourra être mis en ligne sur ce fameux serveur de travail. Grâce à cette base, les acteurs du bâtiment pourront modéliser. Les architectes pourront adapter, rajouter des informations selon les exigences techniques (structure, flux, climatique …). L’architecte doit avoir conscience d’apporter un investissement personnel important pour pouvoir réaliser ce type de processus. Un autre point concernant l’infrastructure en plus des systèmes d’ordinateur à prévoir pour une bonne utilisation des outils, il faut un réseau et un accès à internet assez puissant pour pouvoir travailler, échanger des données et modéliser ; que l’ensemble soit fluide sur le serveur à distance. Un autre point qu’il faut noter : ces serveurs ne sont pas gratuits et demandent à tous les intervenants un coût d’investissement non-négligeable.
99
Se référer, partie 2.1.3 Quels sont les moyens humains, formations, matériels et financiers qui doivent être engagés ? P.48 100 Interview de Bernard Desmoulin, décembre 2018, voir Retranscription P.134
72
Actuellement, ce type de niveau en France est uniquement pratiqué sur de grands projets et par peu d’acteurs. En effet, les technologies actuelles ne permettent pas encore l’accessibilité à tous car souvent le modèle est lourd et demande une infrastructure importante et difficile à fournir pour certains. Un processus en cours de développement aujourd’hui est réservé pour des projets extrêmement complexes, il permettra grâce à cette méthode de travail, un gain de temps de production et des réductions d’erreurs de conception et technique.
73
3.3 L’intelligence artificielle : un changement de paradigme sur la conception architecturale
Depuis le début, j’ai abordé la thématique du BIM qui s’implante et génère un retour positif, aussi bien en terme d’investissement, qu’en qualité de la conception des bâtiments. Un processus de travail adopté deux fois plus vite que celui du passage de l’informatique en architecture d’il y a 20 – 30 ans101. Nous sommes dans un système d’évolution de croissance exponentielle, la société et les technologies sont en évolution rapide et constante pour toujours être à la pointe de la technologie. L’exemple des industries du téléphone portable voulant présenter pour chaque génération un produit plus performant et des nouvelles fonctionnalités. Depuis quelques temps, nous entendons que l’intelligence artificielle devrait dans le futur révolutionner notre mode de vie et de travail. Cela nous conduit à réfléchir sur ce thème pour les techniques de travail chez les architectes qui vont changer et le BIM ne sera–t-il pas remplacé par un nouveau processus plus performant lié à l’intelligence artificielle. Un sujet qui pourrait être la thématique d’une nouvelle démarche de recherche, car à ce jour (2018-2019), il m’a été difficile de trouver des articles sur cette problématique.
[Fig. 3.06] – Schémas autour de la notion de l’intelligence artificielle dans le processus de conception 101
Voir introduction P.14
74
3.3.1 Une conception architecturale réalisée avec l’intelligence artificielle Sur ce sujet, la question à se poser, l’ordinateur sera-t-il capable dans le futur de faire le travail de l’architecte ? De mon point de vue, il est difficile de déterminer si l’architecture sera plus sensible lors d’une réalisation faite soit par la machine ou par l’Homme. Je suis certain que le mode de conception sera différent et comme nous explique Philipp Dohmen (chercheur de l’EPFZ102) « […] Les hommes, en principe, travaillent de manière top-dow, afin d’aborder des problèmes complexes comme un projet d’architecture. […] Les machines, du moins jusqu’à récemment, font exactement l’inverse. Elles sont très mauvaises pour penser de manière globale, structurelle. En revanche, elles sont très fortes pour les opérations répétitives : l’intérêt de la machine réside d’abord dans l’automatisation. »103. C’est un système d’algorithmes « évolutifs » qui dans ses formules pourra adapter les demandes de l’architecte (par exemple l’outil grasshopper pour le logiciel Rihno). Je ne suis pas spécialiste de ces questions de développeur ou de formulation d’algorithmes, je ne vous expliquerai pas comment réaliser telle formulation pour pouvoir concevoir à partir de données d’entrée. Mais nous avons le site testfit.io104 basée sur l’intelligence artificielle qui permet une automatisation de la création de volumes simples (surface, cube, parallélépipède, sphère, pyramide …) selon les exigences du client, de l’architecte, et même de la réglementation du lieu du projet. [Fig. 3.07]
[Fig. 3.07] – Image du site testfit.io
102
EPFZ acronyme Ecole polytechnique fédérale de Zurich Citation site internet, www.espazium.ch/vers-une-architecture-automatique [consulté le 08 Janvier 2019] 104 Site : testfit.io [consulté le 8 Janvier 2019] 103
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Actuellement ce qui est en cours de développement en France, c’est des maquettes numériques urbaines qui comportent une base de données d’informations de réglementations spécifiques du PLU105 de la ville. En effet, grâce à cela l’architecte pourra directement modéliser et vérifier sa propre maquette à celle de la ville qui révélera toutes les non-conformités qu’exige le PLU. L’Intelligence Artificielle pourra automatiquement modéliser différentes propositions de gabarit architectural. Par contre, nous sommes loin d’un simple « clic » pour avoir tout le projet réalisé. L’IA106 permet de réaliser des volumes programmatiques, mais elle n’est pas encore capable de réaliser un projet dans sa globalité et c’est en cela que le rôle de l’architecte sera toujours important, car c’est à lui de donner l’âme d’un élément primitif « froid » en un édifice habitable. Il faut bien comprendre qu’actuellement ce type de procédé existe, mais il prendra plus d’importance dans l’avenir constituant ainsi une nouvelle approche de la conception. L’architecte devra apprendre à maîtriser ce bon médium en fonction de ce qu’il veut obtenir. Aujourd’hui, nous parlons de ce procédé, mais demain ce sera sans doute autre chose.
3.3.2 Un nouveau processus qui remplacera celui du BIM ? Dans l’intitulé précédent, je parle essentiellement de l’intérêt pour l’architecte de l’intelligence artificielle utilisée dans la conception, mais je ne parle pas du processus BIM. Estce que cette IA pourra remplacer le BIM et amener un tout nouveau processus ? Selon moi, ce sont deux composants bien distincts. Le BIM dans sa définition la plus simple est un processus collaboratif dans lequel différents corps de métier travaillent ensemble autour d’une maquette numérique107. A l‘inverse de l’intelligence artificielle dont le but est d’aider ou de remplacer des actions humaines pour l’automatisation du travail et la mise en œuvre des fonctions cognitives (dans le domaine du bâtiment). Ce sont deux approches du travail qui vont coexister, mais qui ne pourront pas se remplacer mutuellement à contrario du passage de la CAO-DAO vers le BIM qui eux sont des processus de travail distincts. Par-contre, je peux supposer que la signification du BIM (Building Information Model, Modeling, Managment) changera ou sera complétée avec la notion de l’IA (Intelligence Artificielle).
105
PLU acronyme de Plan Local d’Urbanisme, définition voire Glossaire P.94 IA acronyme d’Intelligence Artificielle 107 Définition du BIM voir Glossaire P.92 106
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Un autre point intéressant associé à l’IA est la robotique sur le chantier. Nous pouvons imaginer grâce à une maquette numérique bien renseignée (informations), un nouveau moyen de production de construction du bâtiment. Un exemple possible : nous avons une machine-outil qui fabrique des pièces de bois ou d’acier et grâce à des bras robotisés, il assemble ses éléments sur le chantier le tout guidé par l’IA [Fig. 3.08]. Un procédé qui permettra de diminuer le pourcentage de défauts de construction et de risques d’accidents. Ces nouvelles approches permettront à l’architecture de réaliser des formes plus complexes, plus performantes qui bouleverseront le monde professionnel par ses avancées numériques et nous devons prendre conscience que certaines professions disparaîtront au profit de nouvelles plus spécifiques sur ces approches naissantes. Je pense que ce sera la prochaine étape de l’évolution du métier qui arrivera plus vite qu’on ne le pense. De mon point de vue, on parle d’un avenir IA - BIM combinant l’ensemble pour monter en puissance des compétences techniques architecturales.
[Fig. 3.08] – Schéma du futur chantier autonome
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78
79
Conclusion
J’ai abordé beaucoup de sujets qui ont été principalement enrichis grâce à l’ensemble des interviews de professionnels de la construction. Un panel qui a permis d’avoir des témoignages sur la pratique du BIM et des questions qui tournent autour de la conception architecturale avec ce nouveau type de processus. La première remarque, la future génération formée dans les écoles d’architecture, mais aussi celle en ingénierie ne sont pas suffisamment préparées et formées sur ces questions d’utilisation ou de maîtrise de l’outil pour réaliser le « process » de collaboration dans le travail. C’est pour cette raison que je me suis emparé de ce thème comme objectif de mémoire, sujet qui n’est pas généralisé dans la formation de mon école (ENSAPVS, paris 13ème) pour ensuite être plus qualifié et de ce fait me donnera plus de possibilités sur le marché du travail.
[Fig. Conclu.] – Schéma des deux possibilités sur le marché du travail
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Un autre point sur la question de la conception chez les architectes. Il est important de garder sa sensibilité architecturale lors de la conception, l’architecte ne doit pas être un dessinateur projeteur108, mais un modélisateur de maquette numérique. L’architecte doit donc trouver la juste mesure entre son savoir et la maitrise des logiciels en phase de conception. Il faut arrêter de faire un amalgame entre logiciels modélisation 3D et le BIM, car un logiciel de modélisation ne fait pas BIM, c’est un logiciel de modélisation géométrique. Au final, c’est un enjeu important de préparer la future génération afin qu’elle soit prête sur le marché du travail. Dans les quelques interviews, il ressort que le modèle français est en retard sur le développement de nouvelles méthodes de travail en collaboration. Il ne s’agit pas forcément d’un blocage de la part des agences françaises à toute adaptation, mais plutôt de notre philosophie en France architecturale qui ne correspond pas à celle de nos voisins anglo-saxon. Le modèle anglais favorise l’hybridation de plusieurs corps de métier au sein d’une même agence, ce qui engendre un grossissement d’entreprise et qui réduit les petites agences d’architecture. Un modèle qui touche plus les grosses agences d’architecture en France les poussant à s’associer avec des ingénieurs et d’autres (exemple de l’entreprise AREP). Nos études d’architecture en France s’attachent beaucoup aux sciences humanistes, le relationnel et le côté artistique, mais ce n’est pas le cas des facultés européennes qui sont associées le plus souvent à l’ingénierie. Je pense que le risque reste minime pour les petites agences françaises même si les investissements nécessaires sont complexes et importants pour appréhender les connaissances sur l’utilisation d’outils informatiques et de la compréhension du BIM.
108
Dessinateur projeteur est la personne qui conçoit les documents graphiques nécessaires à la construction du bâtiment en collaboration avec l’architecte.
81
Pour répondre à la question : « L’architecte a-t’il besoin du BIM en phase de conception ? » De mon point de vue, je dirai que l’architecte a vraiment besoin d’utiliser des outils performants de modélisation 3D permettant de modéliser une maquette numérique en collaboration entre architectes. Des logiciels comme Revit, ArchiCAD sont les leaders pour ce genre d’outils de collaboration et grâce à leurs puissances technologiques paramétriques, ils réduisent de nombreuses erreurs de conception. Mais vouloir déployer le BIM dès le début en phase de conception, je rejoins les quelques points de vue des interviewés. Dans l’absolu, l’architecte n’a pas forcément besoin du BIM pour concevoir, il a besoin essentiellement de son savoir, de sa sensibilité. Utiliser un « process » de collaboration entre chaque corps de métier dès le début dépendra de la complexité du projet. Pour les réalisations d’extensions de maisons, de la petite promotion n’a pas forcément besoin en phase de conception une collaboration avec tous les acteurs du projet. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire du BIM sur ce type de projet, mais en phase de concours ou esquisse, l’architecte doit garder la maitrise et ne pas brider la maquette sur des contraintes. Il faut que cela soit léger, prendre le temps de la réflexion, tester les choses et pouvoir modifier en un quart de tour. Et c’est à partir du permis de construire ou de l’APS quand le projet doit être affiné que le BIM devient utile pour l’architecte.
Par-contre pour des réalisations complexes comme un hôpital, un cinéma ou bien aussi une maison passive (maison qui est auto-productrice pour ces consommations énergétiques) demandent une réflexion plus technique que seuls les ingénieurs sont capables d’y répondre efficacement. C’est à ce moment précis que ce processus faisant intervenir les différents corps de métier prend toute sa place et répond efficacement pour des fins de fiabilité et d’accélération du processus de conception architecturale complexe.
82
83
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CHENAFI, S ; Le BIM : vers un nouveau paradi(s)gme ?. (2016) éd. Villeneuve-d’Ascq : Master, ENSAPL.
FRIGELI, M L’arrivée du BIM dans les agences d’architecture en France. (2017), Master, ENSAPVS. 84
Articles
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DIDELON, V. L’empire du BIM. Criticat. (2014), n°13, pp.70-77.
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Documents
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www.bimforum.org/lord/ [consulté le 24 janvier 2019]
test.io [consulté le 08 janvier 2019] 85
Salons et expositions
BATIMAT (2011 – 2015, Paris), Le salon international des innovations pour le bâtiment et l'architecture.
BIM WORLD (2018, Paris), Promoteur de la transformation digitale pour la construction, l'immobilier et aménagement urbain.
Formations
Séminaire MN2BIM, (2018) Master ENSAPVS, encadrés par N. BOUTROS, O. BOUET, Y. AUGER.
Formation Composants adaptifs sur le logiciel Revit (20 décembre 2018) à l’ENSAPVS, encadrée par E. Di GIACOMO et N. Boutros
Cinématographiques et enregistrements vidéos
BORREGO CUBERO, A. The compétition a documentary. (2013) Producteur OSS, www.o-s-s.org.
M. Frigelli. L’arrivée du BIM dans les agences d’architectures : Interview d’Emmanuel Di Giacomo, (2017), [Vidéo en ligne] www.youtube.com/watch?v=hzujjrotxR8&vl=fr [consulté le 21 décembre 2018]
M. Beaufrere. L’architecte a-t-il besoin du BIM en phase de conception : Interview d’Emmanuel Di Giacomo, (2018), [Vidéo en ligne] youtu.be/LOJ4DLO5Xa8
Iconographies Page de couverture
Image de synthèse de la Tour HEKLA, réinterprétation colorimétrique, [En ligne] www.jeannouvel.com [consulté 01/02/2019] Logo Ecole Nationale Paris Val de Seine, réinterprétation colorimétrique, [En ligne] fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Ensapvs_logo.png Logo EVCAU (EnVironnement Culturelles Architecturales et Urbaines), réinterprétation colorimétrique, [En ligne] sig2010.escrifrance.fr/armature_urbaine.aspx [consulté 01/02/2019] Logo MB Mathias Beaufrere, réalisation personnelle 86
Introduction
[Fig. 01] - Evolution de l’esthétique, des technologies et des techniques architecturaux 1 - Dessin du Panthéon de Paris, Jacques-Carmain Soufflet, [En ligne] www.gallica.com 2 - Dessin 2D, plan AutoCAD, [En ligne] www.autodesk.fr/solutions/2d-cad-draftingdrawing 3 - Pavillon boxed par Grasshopper3d, www.grasshopper3d.com 4 - Maquette numérique, Fondation Louis Vitton, [En ligne] wwoaq.com/esquisses [Fig. 02] - Carte Postale, cours beaux-arts, [En ligne] www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/ [consulté 12/12/2018] [Fig. 03] - Dessin au rotring, plan de la ville, [En ligne] www.facebook.com/ARCFLY/ [consulté 18/11/2018] [Fig. 04] – Photo de Charles M. Eastman, [En ligne] www.biblus.accasoftware.com/fr/naissance-du-bim-eastman/ [consulté 05/11/2018] [Fig. 05] – Logo PTNB, [En ligne] www.batiment-numerique.fr/ [consulté 05/11/2018] [Fig. 06] – Logo KROQI, [En ligne] www.kroqi.fr/ [consulté 13/12/2018] [Fig. 07] – Schéma définition BIM, Interprétation personnelle (logiciel « Illustrator ») sur la définition du BIM voir Glossaire P.92
Partie 1. Le rôle de l’architecte et comment il doit se positionner dans le BIM
[Fig. 1.01] – Schémas sur des clichés entendus, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 1.02] – Pictogramme, Interview de Stephane Vedrenne, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 1.03] – Images de deux projets du grand Paris : 1 – Ateliers 2/3/4, projet Le parallèle, [En ligne] www.a234.fr/architecture/projects/leparallele-courbevoie/ [consulté 04/02/2019] 2 – TVK, projet îlot B2, [En ligne] www.tvk.fr/architecture/aubervilliers [consulté 04/02/2019] [Fig. 1.04] - Schémas des deux types de conception des architectes, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 1.05] – Pictogramme, Interview de Meghane Frigelli, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 1.06] – Schémas des erreurs à éviter chez les architectes, Réalisation personnelle [Fig. 1.07] – Pictogramme, Interview de Maurice Vaquier, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 1.08] - Maquette numérique trop détaillée (meubles, luminaires, …), [En ligne] www.lightzoomlumiere.fr/interview/bim-revit-ont-ete-utilises-eclairage/
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Partie 2. Le déploiement BIM au sein des agences d’architectures de France
[Fig. 2.01] - Pictogramme, Interview de Meghane Frigelli, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.02] – Schémas des différents modes de travail sans et avec le BIM, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.03] – Schémas des étapes du déploiement BIM, Réalisation personnelle [Fig. 2.04] – Diagramme du standard BPMN, Réalisation personnelle (logiciel « yED Graph Editor ») [Fig. 2.05] – Pictogramme, Interview d’Andrea Balistreri, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.06] – Schémas des différentes échelles d’agences d’architecture, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.07] – Pictogramme, Interview d’Olivier Celnik, décembre 2018, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.08] – Deux images du Concours 110 logements collectifs à Rosny-sur seine, Posto 29, [En ligne] www.posto29.com/110-logements-collectifs-a-rosny-sur-seine/ [consulté 04/02/2019] [Fig. 2.09] – Image de la Maquette du nouvel hôpital Lariboisière, Brunet – Bernard Desmoulin, [Document en ligne] deep-impact-agres.cloudinary.com/images/v1/holcimpartnernet/96cbe9f0-7229-4e66-a206a91220e61e24/Jacques_Lévy-Bencheton_BSA_BIM_a936lj/Jacques-LévyBencheton_BSA-BIM.pdf [consulté 04/02/2019] [Fig. 2.10] –Organigramme des différentes possibilités d’avancement d’un projet selon le type d’agence, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.11] – Schémas des différents avantages du BIM, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 2.12] – Schémas des principaux inconvénients, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator »)
Partie 3. Un processus qui est en pleine évolution
[Fig. 3.01] - Schémas, Dynamique du BIM en Angleterre, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 3.02] – Schéma, chronologie des objectifs du gouvernement Anglais, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 3.03] – Capture d’écran, Site internet d’AREP, les bureaux de l’agence à Paris 13ème, [En ligne] www.arep.fr/projets/7-11/cat_tertiaire_et_commerce/îlot_panhard [consulté 02/02/2019]
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[Fig. 3.04] – Images du passage du relevé laser à la maquette numérique sous Revit, [En ligne] www.archiexpo.es/prod/faro/product-66338-1791442.html [consulté 02/02/2019] [Fig. 3.05] –Schémas des deux niveaux de maturité sur l’utilisation du BIM, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 3.06] – Schémas autour de la notion de l’intelligence artificielle dans le processus de conception, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator ») [Fig. 3.07] – Capture d’écran, Image du site testfit.io, [En ligne] testfit.io [consulté 02/02/2019] [Fig. 3.08] – Schémas du futur chantier autonome, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator »)
Conclusion
[Fig. Conclu.] - Schéma des deux possibilités sur le marché du travail, Réalisation personnelle (logiciel « Illustrator »)
Les retranscriptions A. Image de Meghane Frigeli et stephane Vedrenne, Site : www.ameller-dubois.fr/fr/architectes/equipe [consulté 24/01/2019] B. Photo personnelle de Maurice Vaquier C. Réinterprétation personnelle de l’image d’Oliver Celnik, site : www.mies.fr [consulté 24/01/2019] D. Réinterprétation personnelle de l’image d’Andrea Balistreri, site : www.posto29.com/agence/ [consulté 24/01/2019] E. Réinterprétation personnelle de l’image de Germain Troublé, site : www.issuu.com/germaintrouble/docs/issu [consulté 24/01/2019] F. Réinterprétation personnelle de l’image de Bernard Desmoulin, site : www.lepoint.fr/biographie-invite//bernard-desmoulin-30-05-2011-1336636_78.php [consulté 24/01/2019] G. Image d’Emmanuel Di Giacomo extraite de l’interview réalisé lors de mon mémoire
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Glossaire APS (Avant-Projet Sommaire) : C’est l’une des phases préliminaires avant la réalisation d’un projet. Le but de l’APS est notamment de déterminer l’estimation du coût du projet et permet de fournir des propositions techniques sur les problèmes posés. BCF : BIM Collaborative Format est un format de données développé par BuildingSMART qui permet d’annoter ou de faire des commentaires sur une maquette numérique BIM109.
BET : Bureau d’étude technique, c’est un acteur de la construction et il a pour mission d’assister la maîtrise d’œuvre sur les spécificités techniques relevant de ses compétences. Il existe autant de types de Bureaux d’étude technique que de spécialités d’ingénierie.
BIM : Acronyme de trois termes distincts : - Building Information Model désigne la base de données des objets BIM dont on tire notamment la maquette numérique, mais pas seulement. - Building Information Modeling désigne les processus de travail collaboratif autour de la base de données BIM. Autrement dit, il s’agit de modélisation collaborative. - Building Information Management désigne les processus de gestion proprement dite de la base de données BIM, mais également les processus d’une collaboration impliquant toutes les parties prenantes, tout au long du cycle de vie du projet (conception et construction) et du bâtiment (exploitation et maintenance, déconstruction et recyclage).110 BIM manager : Métier dans lequel la personne développe et met en place le BIM, dans ses dimensions humaines, technologiques et économiques.
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LEBEGUE, E & CUBA SEGURA, J, A. ; Conduire un PROJET DE CONSTRUCTION à l’aide du BIM. Editions Eyrolles, CSTB éditions, France, 84p. 110
LEVAN S. ; Management et collaboration BIM. Eyrolles, Septembre 2016. 179p. 92
BPMN : Acronyme de Business Process Model and Notation ce qui veut dire Modèle de Procédé d’Affaire et Notation. C’est un modèle de processus d’affaires et de notation pour expliquer les chaînes de valeur et les activités d’une organisation sous forme d’un document graphique standardisée.
CAO (Conception Assistée par Ordinateur) : Ensemble de logiciels et de techniques de modélisation géométrique utilisés pour concevoir et réaliser des produits.
COBie : Construction Operations Building Information Exchange est un format qui permet d’échanger les données non-géométriques dans le BIM.
DAO (Dessin Assisté par Ordinateur) : Système composé de logiciels permettant de réaliser des dessins techniques généralement sous forme de vecteurs.
Dessinateur projeteur : C’est la personne qui conçoit les documents graphiques nécessaires à la construction du bâtiment en collaboration avec l’architecte. Il conçoit les documents nécessaires à la construction du bâtiment.
DWG : DraWing (dessin) est un format natif issu des fichiers de dessin AutoCAD de la firme Autodesk
IFC : Industry Foundation Classes est un format informatique développé par BuildingSMART. C’est un modèle orienté-objet qui facilite l’échange des données entre les logiciels BIM.
IFD : International Framework for Dictionnaries, est une sorte de format langagière commun afin que les applications comprennent les propriétés textes échangées.111
IDM : Information Delivery Manual, est un format qui fournit une référence commune dans le travail d’échanges de données du BIM. Toutes les informations de chaque acteur doivent être disponibles au moment et au format opportun. Les IDM sont généralement représentés par une cartographie des processus.112 www.objectif-bim.com/index.php/openbim/idem-le-manuel-des-echanges-d-informations [consulté 08-01-2018] 112 Ibid [consulté 08-01-2018] 111
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Maquette numérique : est constitué de multiples types de composants, qui sont organisés et décrits dans une base de données structurée et qui représentent des éléments réels de la construction. Elle contient des objets BIM portant l’ensemble des informations et des propriétés de projet. Cette base de données peut être exploitée de différentes façons : représentation géométrique 3D, tableaux, nomenclatures d’objet, quantitatifs …
Niveau de maturité : Etapes à franchir afin de s’orienter vers le BIM collaboratif. L’objectif à atteindre est le niveau 3, le niveau, 1 et 2 doivent être considérés comme des étapes et non pas une fin en soi.
LOD : Level Of Development (ou NDD : Niveau De Développement). Terminologie utilisée pour le niveau de détail de la maquette qui correspond à la phase du projet dans laquelle vous vous trouvez.
PDF : Portable Document Format, c’est un format de description de pages permettant de conserver les caractéristiques d’un document pour impression développé par Acrobat Reader d’Adobe.
PLU (Plan Local d’Urbanisme ou Plan Local d’Urbanisme intercommunal) : est le document de planification de l’urbanisme au niveau de la commune ou intercommunal.
PPBIM : Product Properties for BIM (Propriétés des produits BIM). C’est une norme XP P07150, elle consiste à caractériser une méthode de gestion normalisée d’un dictionnaire de propriétés des produits de constructions.113
Processus : Un processus est une suite d’opérations ou d’événements qui sont un ensemble d’actions ayant un but précis.
PTNB : Plan de Transition Numérique du Bâtiment développé par le gouvernement qui vise à accélérer le déploiement du numérique afin de pouvoir maîtriser de nouveaux facteurs de qualité et d’environnement, en mettant en place avec le déploiement du BIM, une nouvelle méthode de travail et de nouveaux outils.
113
www.cobuilder.com [consulté 19-12-2018 94
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Annexe : les interviews Pourquoi réaliser des interviews ? Dans le cadre de mon mémoire, il m’a paru nécessaire de me tourner vers les professionnels du bâtiment et plus particulièrement vers les architectes qui ont des points de vues abordant le sujet de la conception avec le BIM de manière réaliste et honnête. Les interviews sont là pour avoir une vision concrète de personne de terrain à l’opposé des différentes revues ou expositions telle BIM World 2018. Ces différentes retranscriptions vont servir à sensibiliser et conseiller mon point vue sur le BIM. Le plus important a été de constituer un panel de professionnels regroupant principalement des architectes bossant dans des différentes échelles d’agences. L’ensemble des interviews a montré que tous étaient au courant et non réfractaire à la nouvelle méthode de travail que propose le BIM.
Les choix des interviewés. Il était important pour ma rédaction d’échanger avec des professionnels issus de différentes échelles d’agences d’architecture (de l’indépendant à plus de 50 salariés). J’ai ainsi pu envoyer un questionnaire à un architecte indépendant au sud de la France : -
Maurice Vaquier, architecte, ingénieur travaillant seul avec ArchiCad
Ainsi qu’à plusieurs architectes qui travaillent en agences d’architectures de plus de 5 salariés : -
Andrea Balistreri, architecte gérant de l’agence Posto29 travaillant essentiel sur Revit.
-
Bernard desmoulin, architecte gérant de l’agence Bernard Desmoulin architecte
-
Meghane Frigelli, référente BIM, Stephane Vedrenne architecte associée de l’agence Ameller Dubois.
-
Geramin Troublé, architecte junior pour l’agence Wilmotte & associés architectes
J’ai pu interviewer deux experts spécialisés dans le BIM : -
Olivier Celnik, Architecte gérant de l’agence Z.STUDIO
-
Emmanuel Di Giacomo, responsable du développement des écosystèmes BIM chez Autodesk
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Trame des questions pour les interviews Avant toutes questions autour du sujet du BIM, il est important de commencer par une description de la personne interviewée et de l’agence : -
Bonjour, Madame, Monsieur avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ?
Pour les choix des questions, il m’a tout d’abord semblé primordial de savoir si les professionnels ont déjà été informés ou ont déployé le BIM : -
Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? Si oui, depuis combien de temps ? Si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? Si c’est non, pourquoi ?
-
Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ?
-
A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ?
La suite des questions est axée autour de la pratique de cette nouvelle méthode de travail et le ressenti des professionnels : -
L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ?
-
Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ?
-
Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ?
-
Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ?
-
Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ?
-
Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? 97
-
La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ?
-
Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ?
-
Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015.
La dernière question est ouverte afin que l’interviewé(s) puisse(nt) rajouter des remarques et des suggestions par rapport au questionnaire : -
En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ?
Comment interviewer ? Pour la réalisation des interviews, j’ai opté pour une solution simple en allant directement voir les professionnels. La prise de notes n’étant pas fiable, je prends la décision d’enregistrer la conversation avec l’accord de la ou les personne(s) concernée(s). Un enregistrement audio effectué par un téléphone avec une sortie audio sous le format mp3. Grâce à ce système, je peux retranscrire les interviews de façon précise, efficace. Pour écrire la conversation enregistrée que j’écoute, il faut ralentir la bande sons à 0.75 %, ce qui permet de ralentir la parole et d’écrire en même temps. Un travail qui consiste à me familiariser avec un logiciel en ligne de retranscription « oTranscribe114 » qui est gratuit et développé par Eliot Bentley. C’est un outil numérique qui facilite le réglage de la bande sonore qui s’accompagne d’une page texte.
114
www.otranscribe.com
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Retranscriptions
A.
Interviews 04 Décembre 2018 : Meghane Frigelli et Stephane Vedrenne ............................. 102
B.
Interviews 06 Décembre 2018 : Maurice Vaquier................................................................... 108
C.
Interviews 14 Décembre 2018 : Olivier Celnik ........................................................................ 114
D.
Interviews 17 Décembre 2018 : Andrea Balistreri .................................................................. 122
E.
Interviews 18 Décembre 2018 : Germain Troublé .................................................................. 130
F.
Interviews 21 Décembre 2018 : Bernard Desmoulin .............................................................. 134
G.
Interviews 28 Décembre 2018 : Emmanuel Di Giacomo ......................................................... 142
100
101
A. Interviews 04 Décembre 2018 : Meghane Frigelli et Stephane Vedrenne
Nom de l’agence : Ameller Dubois Date de création de l’agence : 1990 Effectifs / tâches : 60 salariés Architectes Urbanismes Localisation : 8 Impasse Druinot, 75012 Meghane Frigelli
Stephane Vedrenne
Référente BIM
Architecte associé
Bonjour, Madame, Monsieur avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? L’agence Ameller Dubois & Associés est fondée à Paris en 1990, elle est active dans la conception et la construction d’équipements publics complexes et d’immeubles pour le secteur privé. Plus de quarante collaborateurs participent chaque année à une vingtaine de concours nationaux et internationaux, au développement des projets et au suivi des chantiers. Les projets de plus anciens au plus récent se veulent révélateurs d’une pratique d’un parcours, d’une évolution. SV : Bonjour, Stéphane VEDRENNE, Architecte associé chez Ameller Dubois depuis 18 mois. Je suis diplômé de l’ENSAV&T de Marne la Vallée depuis 2005. Après une première longue expérience chez SEURA j’ai rejoint l’agence Ameller Dubois en 2011. MF : Bonjour, Méghane FRIGELLI, je suis référente BIM chez Ameller Dubois depuis Septembre 2018. J’ai réalisé mon mastère en architecture à l’ENSA Paris Val de Seine et j’ai obtenu ma HMONP en 2017 à l’ENSAV&T de Marne la Vallée.
102
1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? si oui, depuis combien de temps ? si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? SV : Oui nous avons développé des méthodes BIM au sein de l’agence Ameller Dubois depuis 2012. En sachant qu’il faut environ 5 ans pour déployer à 100% ces nouvelles méthodes de travail, nous devrions en ce moment même atteindre ce pourcentage. Cependant, dès le début avec la direction, nous avons décidé d’étaler ce changement sur 10 ans dans le but de pouvoir laisser le temps à chacun de prendre ses repères.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? MF : Le BIM c’est bien plus qu’un outil de modélisation d’une maquette, c’est loin d’être qu’un logiciel. Le BIM est un processus collaboratif dans lequel les architectes et leur bureaux d’étude travaillent ensemble autour d’une maquette numérique. Les méthodes de travail sont essentielles dans ce processus. Nous ne devons plus travailler chacun de notre côté, mais ensemble. Nous avons d’ailleurs en interne un BIM manager qui nous aide à dialoguer au sein de la maîtrise d’œuvre grâce à la maquette numérique mais également avec la maîtrise d’ouvrage.
3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ? SV : Nous déployons un processus BIM à partir des études, en phase APS. En effet, nos collaborateurs n’étant pas parfaitement à l’aise avec ces nouvelles méthodes, se sentent très vite bloqués par la maquette numérique en phase concours.
4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? SV : Fondamentalement non, on a su construire des bâtiments même très complexes sans. Maintenant c’est un plus dans le processus de conception, et d’optimisation des bâtiments. Il permet surtout d’élaborer plus facilement des bâtiments en phase avec les enjeux environnementaux actuels. MF : Pour moi, le processus BIM me semble essentiel en conception. Il permet d’éviter et/ou de résoudre rapidement de nombreuses erreurs. Il permet d’apporter une qualité supplémentaire à l’architecture que nous produisons.
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5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? SV : Tout d’abord, jusqu’à preuve du contraire on ne dessine pas à la main toujours avec un medium, il peut être rudimentaire, comme un crayon de papier ou très élaboré comme une souris d’ordinateur. La vraie plus-value est de maitriser le bon médium en fonction de ce que l’on souhaite obtenir. Un schéma rapide passera toujours par un simple crayon de papier quand l’élaboration d’un projet complexe imposera de passer par des médiums plus aboutis. La bonne question est est-ce que l’on va vers un changement d’outils de représentation (plan, coupe, façade…) je pense que oui, l’appréhension d’espace virtuel en réalité augmentée ou immersive nous poussera probablement dans quelques années à ne plus passer par des représentations bidimensionnelles. MF : Aujourd’hui, nous parlons de Revit, FormIt, ArchiCAD, All Plan … et demain ? Ce sera peutêtre autre chose, je n’en doute pas. Mais pour moi, la représentation à la main ne doit pas se perdre. Elle fait partie de notre métier. La main est l’outil le plus simple pour retranscrire une idée. Les codes classiques de rendu permettent à tous les professionnels sachant de se comprendre, d’échanger. Selon moi, ces codes seront peut-être complétés comme le dit Stéphane mais ne disparaîtront pas. 6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? SV : Pour ce qui est des esquisses, nous fonctionnons toujours avec des logiciels CAO / DAO. Pour ce qui est des études, le processus de travail est totalement différent. En effet, nous pouvons travailler à plusieurs en même temps sur un même fichier ce qui permet de gagner en efficacité. L’interopérabilité permet des échanges simplifiés avec les bureaux d’étude lorsque ces derniers travaillent également avec un processus BIM.
7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? SV : Le BIM nous apporte au quotidien de la rigueur et de la précision en architecture. Il nous permet également en interne de former des équipes efficaces guidé par notre BIM manager. MF : En tant qu’architecte, je dirais que le principal avantage c’est que l’on apprend à dessiner en 2D et à le visualiser directement en 3D ce qui nous permet de détecter très rapidement les conflits. Notre cerveau n’avait jusqu’à présent par l’habitude de cette instantanéité. L’inconvénient principal réside dans la complexité de la maîtrise du logiciel de maquette numérique ce qui bloque encore certains architectes.
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8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? SV : Non il n’y a pas d’atteinte à la créativité tant que le médium est maîtrisé… On peut mettre un crayon de papier dans la main de beaucoup de gens ils seront incapables de faire un croquis, il ne maitrise pas cet outil. A force d’entrainement, certains y arriveront, ils vont apprendre à maitriser l’outil. Il en est de même pour beaucoup de choses. Je fais souvent l’analogie avec la musique, mettez un violon dans les mains de quelqu’un, il ne sortira quelque chose d’audible qu’au bout de beaucoup d’heures d’entrainement, puis il arrivera à jouer un morceau, les plus doués en feront une interprétation de morceaux existants on commence à toucher la créativité, et seuls quelques-uns, les meilleurs arriveront à faire des improvisations… ceux-là dominent leur instrument et sont créatifs car l’instrument n’est plus un frein mais un médium d’expression. Il en va de même pour l’architecture…
9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? MF : Il est possible de faire du BIM même lorsque l’on est seul architecte dans son agence car en réalité l’architecte n’est jamais seul dans le processus de construction. Il est très rapidement amené à échanger avec l’équipe de maîtrise d’œuvre ou même de maîtrise d’ouvrage. Le développement de méthodes BIM est totalement indépendant du nombre de collaborateurs au sein d’une agence. En revanche, une autre question entre en jeu, c’est celle du budget en fonction de la taille de l’agence !
10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? SV : Comme toute nouvelle technologie, les premières années coûtent très cher, formation du personnel, investissement en matériel, logiciel… sans compter que les écoles d’architecture Françaises ont comme à chaque fois été très à la traine et nous avons pu engager des jeunes diplômés étrangers bien plus aguerris sur ces nouvelles méthodes que les jeunes français qui encore aujourd’hui sortent avec un bagage beaucoup trop léger sur le sujet. Exception faite de ceux qui ont une vraie appétence pour le sujet.
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11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? MF : Lors du passage au BIM, il est important pour une agence d’être encadré par des professionnels du BIM. Aussi bien pour être guidé dans des formations ou encore éviter de rester bloqué dans la manipulation du logiciel. L’abondons est un risque car le BIM implique des changements profonds de nos méthodes de travail. Il est également important de prendre son temps, de ne pas se précipiter. Le choix de l’agence Ameller Dubois de passer au BIM en 10 ans au lieu de 5 n’est pas anodin. Il faut laisser le temps à chacun et surtout tirer tout le monde vers ces nouvelles méthodes de travail. Je dirais que le plus difficile pour un architecte dans le passage au BIM est d’apprendre à structurer son travail. Le BIM nécessite une certaine rigueur qui va permettre de s’organiser et d’échanger.
12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. SV : Il faut que la France suive l’exemple des Anglo-Saxons même si notre organisation n’est pas la même. Il faut peut-être pour cela redonner un coup de jeune à la loi MOP qui aujourd’hui reste un frein au développement du BIM en France.
13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? MF : Le BIM est un sujet de plus en plus abordé. Au fil des années, nous observons que ce n’est pas une simple mode. C’est aux jeunes d’aujourd’hui de sortir formés des écoles, avec un point de vue bien précis sur la question. Ma génération n’avait pas encore compris le réel intérêt du BIM. C’est aux futurs diplômés de mesurer l’importance du changement qui est en train de se mettre en place. SV : Le BIM est un épiphénomène qui cristallise toutes les angoisses des architectes quant à leur position au sein d’une maitrise d’œuvre de plus en plus complexe. Il est vraisemblablement le point d’arrêt au fantasme encore très présent de « l’architecte artiste » issu de la tradition Beaux-Arts. L’architecte est aujourd’hui un technicien du bâtiment. Il doit avoir une sensibilité à l’esthétique des environnements bâti qu’il génère tout en ayant une connaissance très pointue sur l’ensemble des techniques constructives.
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B. Interviews 06 Décembre 2018 : Maurice Vaquier
Nom de l’agence : Maurice Vaquier architecte Date de création de l’agence : 1980 Effectifs / tâches : 1 personne-l’ensemble Localisation : St-andré de Roquelongue, 11 200 Meghane Frigelli Référente BIM Maurice Vaquier Architecte / Ingénieur
Bonjour, Monsieur avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Je suis de formation scientifique, ingénieur structure ESTP en 1973, architecte dplg (Diplomé Par Le Gouvernement) en 1980. Installé à mon compte dès la sortie de l'école, j'ai travaillé tout seul pendant une dizaine d'années, puis j'ai embauché des collaborateurs (jusqu'à 5) : secrétaire, dessinateurs, projeteurs. En parallèle à mon activité d'architecte, et pour l'améliorer, j'ai constitué une base de documents informatiques regroupés ensuite dans un système géré par un logiciel unifié, ARCHI, écrit en VBA (Visual Basic for Application).. En 1995, devant les difficultés à gérer du personnel dans notre métier (où toutes les tâches nécessitent des prises de décision, les tâches répétitives étant assurées par l'informatique), je me suis séparé de tous les salariés et pendant vingt ans, j'ai développé et distribué mon logiciel dans tous les pays francophones. Fatigué de tant de déplacements, et confronté à la crise de 2008, j'ai abandonné en 2010 Paris pour m'installer comme architecte dans ma maison natale du Midi. En zone rurale, ma principale activité a été au service des Communes et des particuliers, dans le neuf comme dans l'ancien. J'ai 69 ans.
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1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? si oui, depuis combien de temps ? si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? Oui, depuis 2010.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? Pour moi, c'est uniquement cela, sous ArchiCad. Mes quelques tentatives de co-gérer les projets avec les BET (Bureau d’Etude Technique) n'ont pas abouti. On fonctionne par import/export avec AutoCad. 3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ? Tous mes projets commencent à partir du plan topo du géomètre. J'ai longtemps prétendu que la conception ne pouvait bien se faire qu'à la main. Je ne le pense plus. 4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? Oui, pour le gain de temps et la précision que cela apporte, avec la possibilité de toutes les modifications que l'on souhaite. La conception se fait dans la tête.
5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? Non ! La communication est déjà bien assez difficile en 2D ! Dès qu'il y a besoin de précision (au mm près pour un métallier) la 2D est irremplaçable pour les professionnels. Par contre, les clients ne comprennent en général rien aux plans et "réalisent" mieux en 3D. 6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? Autour de moi, le BIM n'est pas utilisé. Par contre tous les échanges (imports/exports) avec les BET et quelques entreprises se font en DWG, avec tout le travail de reconfiguration que cela suppose (stylos, lignes, hachures, polices, etc.).
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7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? En agence, je ne sais pas car je travaille tout seul. Par contre, grandes modifications dans la façon de travailler : + import quasi-instantané de la topo en 2D et 3D à partir du fichier de points ; + facilité d'import de quantité de plans (IGN, routes, cadastre, etc.) et bonne gestion des photos ; + Précision de travail dès le début ; - Surinvestissement au niveau de l'esquisse (on se dit toujours : si la proposition est acceptée, le travail est terminé) ; + Une fois que la maquette numérique est montée, possibilité prodigieuse d'explorer le projet et de répondre à toutes les demandes de détails ; + Séduction des clients quand on leur présente la maquette en 3D et qu'on leur permet de l'explorer spatialement en orbite ; + Facilité de modifications ; + Pour les éléments graphiques, la notion d'échelle n'a plus de sens ; - Par contre, la gestion des textes aux différentes échelles est compliquée ; + L'intégration des objets (personnages, véhicules, objets divers) informatiques est commode, réaliste et occasionne une appropriation du projet par les utilisateurs ; - La gestion de la maquette numérique oblige à une très grande rigueur dans la gestion du processus (tous les attributs du fichier, calques, stylos, hachures, surfaces, matériaux, composites, ainsi que les mises en page, la numérotation…) + L'archivage est dématérialisé ; + L'envoi de plans sous forme de fichiers économise des déplacements physiques (tirages, envois par la poste) ; - La facilité de modification conduit à une prolifération des versions. Personnellement, j'utilise deux lettres : aa, ab, ac… pour avoir à peu près 700 possibilités de modif ! - Les changements de version du logiciel de dessin se font dans la douleur : intégration des nouvelles fonctionnalités, formation à chaque fois nécessaire, conversion des anciens fichiers + Au regard des services rendus, je ne trouve pas le BIM onéreux : les dessinateurs humains le sont beaucoup plus ; + Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'informatique ne rend pas le projet plus rigide géométriquement, à condition de bien connaître les options de déformation ; + La facilité de duplication informatique évite le côté épuisant qu'il y avait autrefois à répéter x fois un objet quel qu'il soit : barreaudage, chevronnage, modénature répétitifs ; + Automatisation de calculs scientifiques : surfaces, métrés - Énorme investissement intellectuel nécessaire au départ : il m'a fallu dix ans pour commencer à être à l'aise sur ArchiCad et je suis loin d'en utiliser toutes les fonctions !
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8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Au contraire ! le projet se fait dans la géométrie pure, sans limite. Que les vieux se rappellent comment, jadis, tracer un cercle de 1 m de rayon (réel)
9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? Je pense que l'apprentissage nécessite l'exploration personnelle du logiciel qui renferme des centaines de milliers de ramifications. Par contre, c'est une grande angoisse de n'avoir personne pour répondre à ses questions. Un formateur, un conseiller sont indispensables… pour répondre à des questions ponctuelles. Les forums sont utiles.
10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? Je ne trouve pas que le BIM soit cher, compte tenu des services rendus. Mais il faut de bonnes machines pour que les calculs soient rapides. Encore une fois, les sauvegardes sont indispensables, le plus souvent possible. Compte tenu de la taille des fichiers (souvent 500 Mo), bien veiller à la mémoire vive. La formation est largement prise en compte par le FIF-PL (Fonts Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux) : 1.400 €HT cette année.
11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? L'amateurisme ! Si qqn n'est pas passionné par l'outil, il vaut mieux abandonner. Une grande curiosité intellectuelle est nécessaire… et pas d'abonnement aux 35 heures ! Dans une agence, il est nécessaire de mutualiser les bibliothèques d'objets et la possibilité de travailler en réseau sur le même projet pour les jours de charrette. C'est là que la méthode de structuration et l'organisation est indispensable pour que tout le monde se plie aux mêmes règles.
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12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Compte tenu de la complexité actuelle de l'utilisation du BIM (compatibilité entre les plateformes, les logiciels et la structuration même des projets), je pense que la généralisation de cette pratique va prendre un… certain temps.
13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? Sur le fond, je pense qu'être architecte sans avoir les moyens de réaliser ses propres projets ne fait que des architectes hâbleurs. L'information des collaborateurs, les explications à leur donner sur le projet, puis la vérification de ce qu'ils ont fait… prend plus de temps que de faire soi-même, encore une fois dans un métier où les prises de décision sont permanentes : il faudrait donc que tous les étudiants soient impérativement formés au dessin informatique de haut niveau. Est-ce que nos instances professionnelles (Ordre, Syndicat) n'ont pas intérêt à réfléchir sur une uniformisation des procédures et l'organisation de stages appliqués ? L'inconvénient des formations est que l'on fait souvent "comme si…"
Maurice Vaquier, le 6 décembre 2018
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C. Interviews 14 Décembre 2018 : Olivier Celnik
Nom de l’agence : Z.STUDIO Date de création de l’agence : 1996 Effectifs / tâches : 6 architectes et 1 assistant manager Localisation : 6 rue de Savoie, Paris, 75006 Meghane Frigelli Référente BIM
Olivier Celnik Architecte, Enseignant Expert BIM
Bonjour, Monsieur avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Olivier Celnik, architecte DPLG, fondateur et directeur associé de Pierre Vincent pour l’agence d’architecture Z.STUDIO, je suis directeur du Mastère spécialisé BIM à l’école des Ponts ParisTech, à l’ESTP. Aussi Maitre-assistant à l’école nationale supérieur d’architecture Paris Val de Seine et Elu au CROAIF. L’agence travaille sur des projets : -
Des projets industriels, qui sont de grandes échelles. Comme la reconstruction d’anciennes usines EDF Peu de constructions neuves, beaucoup de reconstructions de locaux existants. A l’inverse en tant qu’architecte, on a une activité de boutique ou enseigne commerciale. Nous travaillons avec les boutiques de la filière La forêt.
L’agence s’occupe aussi de toute l’activité proprement BIM, ou nous ne sommes pas le maître d’œuvre. On s’occupe du management BIM pour nos confrères architectes. Ils nous prennent comme associé architecte spécialisé BIM et pas comme technicien expert.
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1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? Si oui, depuis combien de temps ? Si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? On utilise le BIM sur les projets d’architectures, on modélise tous les projets en maquette numérique sans avoir eu la demande du maître d’ouvrage. Pas forcément de transfert de maquette avec les ingénieurs ou bureaux d’étude. On n’a pas forcement de transfert de maquette ou de travail consistant de la part des ingénieurs et des entreprises. Bizarrement, on est plus à un niveau réel du fait du client sur l’utilisation poussée de la maquette numérique que réellement d’un processus BIM. Nous avons commencé la modélisation de la maquette numérique en 1984, c’est suite à l’invention de l’informatique avec le BIG brother et naissance du premier mac avec ArchiCAD et Allplan.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? Suite à un échange dans le groupe de travail de l’ordre des architectes et selon Buildingsmart, on a une norme ISO 19650 qui définit ce qu’est le BIM. « Organisation et numérisation des informations relatives aux bâtiments et ouvrages de génie civil, y compris modélisation des informations de la construction (BIM) ». Officiel pour la modélisation d’information de la construction, il se pose la question de garder l’acronyme Building car en Français c’est un bâtiment, et pour le BIM ce n’est pas un bâtiment mais un ensemble. C’est un processus de travail collaboratif entre acteurs du projet qui s’appuie notamment sur l’échange de maquettes numériques. Il n’y a pas une maquette, il y en a plusieurs, si on pousse un peu « le truc » on peut faire du BIM sans maquette. L’Angleterre a imposé le BIM en 2016 mais véritablement ils ont imposé de livrer un fichier COBie, qui est un fichier Excel comprenant toutes les informations du projet exporté depuis une maquette mais ça peut se faire autrement. Le BIM n’est pas de faire une maquette numérique dans son coin.
3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ? Tous les projets sont montés en maquette numérique mais pas forcément en BIM. Donc on commence à modéliser une maquette sans passer par un outil de trait. Pour chaque projet, tous les documents sortent de la maquette.
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4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? Vitale ! Beaucoup d’architectes font du BIM sans le savoir en phase de conception, certains croient faire du BIM. Beaucoup d’autres découvrent qu’ils en font déjà et disent « donc tout va bien ». D’autres, ont leurs propres définitions du BIM mais en réalité ils ne se savent pas ce que c’est ; Ils en font tout un monde ; Des prétextes ! En effet ce sont des comportements physiologiques humains qui changent. Il faut être conscient que c’est une stratégie, c’est une montée en puissance petit à petit et ce n’est pas de se lancer tout d’un coup. Utiliser les anciens outils n’est pas de la conception, avec les outils numériques telle ArchiCAD, cela permet d’actualiser au dernier moment le projet. Avec AutoCAD, il faut stopper la conception pour laisser une semaine à faire du « pure grattage ».
5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition des représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? Une vraie question, autres questions : est-ce que ? c’est quand ? Aujourd’hui, on est encore dans les pratiques et les contrats « classique ». Les documents contractuels rendus au client sont les plans, coupes, des façades, des perspectives, tableaux de surface … Maintenant, on exige que cela soit rendu à partir d’une maquette est en rend en plus la maquette. Mais la maquette et simplement indicative. Les documents contractuels de base sont les plans coupes et façades … et la maquette est juste indicative. On est dans les deux, à vouloir faire des visualisations en vue immersive, visualisations virtuelles mais à côté de ça nous avons les planches qui sont les plans. Le permis de construire, en France sera une simple dématérialisation où on remettra sur un site une maquette numérique uniquement et puis les « instructeurs » (urbaniste de la mairie) manipuleront en plaçant les coupes ou une vue de haut pour faire un plan de masse ou bien on déposera nos propres documents, je ne sais pas on verra …. 6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? Nous, on est sur ArchiCAD depuis le début, donc on ne subit pas de nouveaux dialogues. Mais nous avons un enseignement assez scientifique et assez rigoureux, en phase de conception nous n’avons pas qu’une seule façon de faire, plein d’architectes ont leur propre moyen de faire de la conception. Le fait de répondre au programme reste le même que ce soit à la main ou sur ordinateur. La seule réponse réelle et crédible : « ça dépend » et après on explique.
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Nous, dans nos pratiques, avec la pleine maitrise des outils et en étant dans cette état d’esprit, nous n’avons pas de limite. C’est plutôt quand les gens qui se sentent libres de dessiner sur AutoCAD ou sur Sketchup alors ils sont libres de faire du « n’importe quoi ». Par contre c’est le moyen de production qui va changer, par exemple en construction bois ou acier, la maquette numérique qui passe dans la machine-outil, qui débite les morceaux de bois ou d’acier en mettant des codes et qui seront exécutés et montés sur le chantier.
7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? Pour nous c’est une question d’efficacité et de productivité, ça nous permet de bien faire notre travail. Ça nous permet de bien tenir notre rôle et notre place d’architecte. Pour à la fois récupérer la maitrise du projet au sens conception et développement et la maitrise de notre rôle en tant qu’architecte mandataire de l’équipe et de chef de projet. Et si ce n’est pas vous qui faite ça ou qui revendiquez du faire du BIM management ou de travailler en BIM, ce sont d’autres qui le feront, ce sont d’autres qui vous le diront que ce soit les ingénieurs de l’équipe ou que ce soit un BIM manager extérieur. C’est eux qui vous diront comment vous organiser et gérer les informations du projet, vous perdez de la conception du projet et la maitrise du processus de conception et la maitrise d’œuvre globale de l’édifice. Dans la mesure, dans la forme, quand on connait bien les outils, les inconvénients, en tant que tel « non ». Selon les choix techniques, selon les échelles, ceux qui ont choisis, ArchiCAD est un outil facile et souple. Revit est plus puissant mais plus complexe à appréhender et à mettre en œuvre. On est obligé de mettre des tas de paramètres et de renseigner plein de « trucs ». Les gens me disent le temps qu’il faut pour former ou commencer un nouveau projet, en disant il faut consacrer du temps à créer des gabarits, des sous-projet, des familles etc … Avec ArchiCAD, je peux commencer directement le projet, éventuellement le structurer après ou je peux me contenter d’un minimum. C’est comme si, c’était impossible de commencer à écrire sur Word si on n’a pas passé deux heures à avoir obligatoirement avant la nécessité configurer des mises en tête, des notes de bas de page, des styles mais non au mieux des cas nous avons un gabarit qui me va bien et après je le structure. Les paramètre par défaut me suffise pour écrire au commencement. Les inconvénients sont principalement des risques. Dans certains cas, on voit qu’on dérive pour nous car globalement des acteurs du projet nous contraigne à faire du BIM trop tôt ou à outrance. Des demandes de maitres d’ouvrages et des cahiers des charges qui sont trop rapides, trop tôt et ils s’imaginent qu’avec la maquette numérique ils auront un meilleur projet plus vite. Au contraire si on est en BIM il faut plus de temps dans l’avant-projet et après ça ira plus vite.
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Le risque que certains croient qu’on est en BIM, je vais leur donner 20% moins d’honoraires et 10% de planning et gagner 20% de coût de la construction et que ces gens en croyant ça ils demandent. « Il faut arrêter de croire au Père Noël » Ils veulent tout, jouer avec la maquette et si on est obligé de leur répondre que ce n’est pas utile pour le projet en tout cas pas maintenant. Le problème, la crainte que certains comprennent mal et fassent des demandes inappropriées parce que trop importantes ou prématurées, c’est un vrai risque qu’on constate. Un autre risque c’est la confiance aveugle dans la maquette numérique, de penser parce qu’on a une maquette alors tout est précis, tout est étudié, tout est calé, sans voir dans certains cas dans des phases en avant-projet, que s’il y a des clashs ou des incohérences c’est logique pour cette phase. Donc de croire si on fait vite on aura des plans d’exécution avec une maquette BIM de concours car tout est là, Si on fait le relevé du local se situant dans un vieil immeuble parisien et si on prend cette fenêtre qu’on la duplique à côté. Si c’est juste pour faire le plan d’aménagement ce n’est pas grave par-contre pour faire un ravalement ça devient plus gênant de changer la vitre ou des barreaux et cela ne marche pas du tout. Pourtant on aura une maquette comprenant des fenêtres, barreaux qui seront précis au millimètre près. Donc le risque n’est pas mesuré qu’en fonction des besoins de la maquette ni une mauvaise compréhension de ce qu’est la maquette à un moment donné.
8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Aucune, je pense que ceux qui disent ça, ils ne savent ce qu’est le BIM. Si tu connais Bernard Desmoulin, un super architecte qui fait des bâtiments modernes dans des lieux historiques. Suite d’une rencontre dans la rue en allant à l’école pour une conférence BIM en HMONP, Desmoulin disait « A le BIM, ce truc-là, c’est la dernière attaque qui nous tombe dessus, quelle horreur, quelle angoisse, c’est débile, ça sert à rien » Il ne sait pas ce que c’est le BIM ! C’est à lui qui faudrait poser ce genre de questions et l’interroger de ma part. Ce serait intéressant de connaitre son point vu sur ce sujet et de connaitre les arguments pourquoi il est contre et de connaitre sa définition du BIM et de ce que ça signifie concrètement.
9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? Oui, je ne vois pas ce qui est compliqué. Je cite souvent, l’exemple de l’un de mes amis qui a maintenant une agence de 10 personnes que j’ai connu. Au début il a monté sa propre structure tout seul, il faisait des projets en région parisienne.
Il disait, « j’ai un scooter je passe de mon agence, à rendez-vous client à un chantier, j’ai un scooter, j’ai un sac à dos, dans celui-ci il y a mon ordinateur, je suis seul à l’agence il faut que 118
je fasse des plans, des coupes, des façades, des devis, des tableaux de surfaces, des tableaux Excel surfaces, je n’ai pas de collaborateurs j’ai pas dix bras, si j’ai pas un logiciel qui sait faire pour faire tout ça à la fois, je ne peux pas le faire ». C’est à l’inverse parce qu’il est seul qu’il a besoin d’un outil efficace.
10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? Dès le départ, la création d’une agence c’est de travailler avec les bons outils efficaces. Il faut prendre les outils qui servent vraiment dans le travail d’architecte et ne pas prendre tous les logiciels. Il faut dissocier l’outils et le processus. Il y en a beaucoup qui se trompent et croient se former au BIM en faisant une formation d’ArchiCAD ou Revit ou même entre deux suivait une formation. Un outil pour le BIM c’est juste une partie mais ce n’est pas le tout et loin de là. Une formation sensibilisation au BIM, c’est juste de la culturation. Une formation pour utiliser les logiciels c’est une ou trois semaines pour savoir à maitriser. Puis savoir utiliser un de ces logiciels pour le BIM ce sont des formations qui durent deux journées pour apprendre à modéliser, exporter, importer des IFC et autres mais là ce n’est pas le BIM. Ce genre de formation n’apprend pas à lire le cahier des charges, à rédiger une convention BIM, à mettre en œuvre une plateforme de collaboration organisée, à gérer les échanges avec les autres cela c’est apprendre le BIM. Si on prend la formation phare qu’est le mastère BIM à l’école des Pont et Chaussée dont Val de Seine est partenaire. Le prix de la formation est environ 15 000 euros, c’est une semaine par mois pendant un an, 30% d’architectes font cette investissement. Pendant, une semaine par mois l’architecte n’est pas e agence, il ne produit pas, donc oui c’est un coût certain mais si on y croit, il y a un retour sur investissement. Par contre, on n’apprend pas du tout l’utilisation d’outils dans cette formation. On apprend à travailler en équipe et côtoyer des personnes différentes permettant ainsi de connaitre leurs différents rôles dans un projet. Les moyens d’infrastructures, ordinateurs c’est infime dans l’investissement en agence. Un calcul que je tiens depuis des années explicité dans le document de l’ordre est le suivant : remplacer un poste de travail, un logiciel et se former aux outils, je fais en sorte que ça dure trois ans en prenant un contrat de mise à jour de logiciels et des petites formations de mise à niveau ça me coûte environ 10 000 euros et je rembourse 300 euros par mois pendant 3 ans. C’est comme mettre de l’essence pour aller sur les chantiers soit je paye et je fais mon travail ou sinon je ne paye pas et je ne peux pas aller donc je ne peux pas facturer mon suivi de chantier, je n’ai pas le choix et ça devient incontournable pour faire du bon travail. C’est surtout, 300 euros pour un architecte qui est salarié dans une journée de travail, on doit vendre au client 700 euros et 100 euros de l’heure c’est un ordre de grandeur bien sûr pour 119
une structure d’agence comme la nôtre. Les 300 euros que cela nous coûte équivalent à 3h de travail donc au bout de quelques semaines, ce salarié à changer de matériels, d’outils, la formation de travail mais a t’il gagné 3h de productivité par mois par rapport à ce qui faisait avant ; c’est évidemment que oui. C’est un investissement qui trouve une rentabilité immédiate.
11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? Ce n’est ne pas savoir ce que c’est, ne pas comprendre ce qu’on nous demande ou d’en faire trop ou peu. En faire trop c’est une part de mettre des meubles qui alourdissent les fichiers. C’est aussi en phase d’esquisse ou avant-projet en cherchant à résoudre tous les problèmes ou mettre toutes les informations pour ce type de phase et si ce n’est pas demandé ou décrit dans un document, il ne faut pas le faire. A l’inverse en phase APD, ne pas mettre les matériaux, je n’ai pas la maquette 3D des fluides c’est pas à faire assez pour ce type de phase. C’est comprendre et il n’y a pas une façon de faire du BIM stricte et unique, ce n’est pas de comprendre ce qu’on nous demande, ne pas le faire, ne pas discuter. C’est en faire trop peu ou trop, c’est surtout ça le risque, l’erreur à éviter. C’est aussi de se tromper d’outils et de méthodes, c’est de prendre des outils trop puissants, trop lourds alors qu’on n’en a pas un besoin explicite et qu’il existe d’autres outils plus adaptés à nos besoins.
12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Le modèle anglo-saxon il semble de ce que je vois, il n’existe pas tant que ça forcément. On dit beaucoup que le modèle anglo-saxon ce sont des structures de maitrise d’œuvre intégrées, des agences de 100 personnes avec architectes ingénieurs et économistes. Mais j’ai vu une jeune d’architecte établi à Londres qui explique que : nous sommes 20 - 50 salariées soit une grosse agence d’architecture en comparaison avec la France, mais dans cette agence il n’y a que des architectes et ils font appel à des bureaux d’études extérieurs. Ce qui change par contre en France peu d’architectes et maitres d’œuvre font des plans d’exécution en phase de conception comparer à d’autres pays, où ils font des projets plus avancés techniquement et plutôt dans les phases du projet (en France ça peut amener à évoluer). Le BIM au sens large, les outils numériques nous poussent à évoluer donc on peut dire à l’inverse comme avec mon copain qui était seul sur son scooter, les outils numériques permettent aussi à trois personnes isolés de dire on travaille en France ou trois agences de 5 personnes de répondre ensemble de façon crédible à un maitre d’ouvrage et faire comme s’ils étaient 15.
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13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? Beaucoup de sujets réels ont été évoqués, pour moi c’était comme était l’informatique il y a 30 ans. Aujourd’hui on ne se pose pas de questions ou du moins si j’ai une remarque c’est peutêtre de me re-intéresser beaucoup à la philosophie ces derniers temps, c’est aussi un réflexe qu’on a en HMONP, c’est de garder et d’avoir un regard critique sur tout. C’est tout faire, développer ces activités en ayant conscience de ce qu’on fait, d’assumer ces choix sans que le monde extérieur qui nous impose « des trucs », il faut être critique mais constructif. Et même si les équipes en face que ce soit de la maitrise d’ouvrage ou des entreprises qui ne pensent pas à la bonne pertinence parce que c’est trop lourd ou « si ou ça », on peut en discuter et pour autant cela ne va pas dire qu’on n’est en train d’abandonner ce qui a été écrit dans le cahier des charges. Le regard critique permet de se poser les bonnes questions pour commencer un projet. Comment j’y vais ? De qu’elle façon ? Qu’est-ce que je fais ? Comment je fais, a quels moments, comment je maitrise le processus ? Et bien d’autres et il ne faut pas être naïf non plus.
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D. Interviews 17 Décembre 2018 : Andrea Balistreri
Nom de l’agence : Posto29 Date de création de l’agence : 2017 Effectifs / tâches : 10 architectes, 1 assistant manager et 1économiste de la construction Localisation : 9 rue de Meaux, Paris, 75019
Andrea Balistreri Architecte
Bonjour Monsieur, avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Je suis Andrea Balistreri, originaire de la ville de Rome en Italie, j’ai eu mon diplôme d’architecture à l’université d’architectures de Palerme en Italie. Bref historique de l’agence : Elle a grandi en plusieurs étapes et sous plusieurs noms depuis 2005. Créée la première agence sous le nom d’Andrea Balisteri architecte en 2005, puis en 2014 le nom change pour devenir Officina Balisteri Arici associés (OBAA). En Juin 2017, OBAA a changé de dénomination sociale et est devenue Posto29. L’activité est séparée en deux parties principales dont 70 – 80% est consacrée aux logements. Aujourd’hui on doit avoir 400 logements en production et en chantier. Concernant le logement, on travaille à côté pour la plupart avec des promoteurs français, plus des bailleurs et concours. Depuis 3 ans on fait de plus en plus de concours en tout genre. Deuxième partie de l’activité c’est de la boutique, hôtellerie de luxe et depuis 2 ans du cinéma, on est en partenariat avec PATHE GOUMONT. Depuis sa création l’agence travaille sur l’axe de la construction durable avec une préférence pour les chantiers « Hors-site ». L’agence utilise le plus souvent la technique de la préfabrication bois, des constructions avec structures mixtes béton-bois ou totalement en bois massif.
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1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? Si oui, depuis combien de temps ? Si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? Je suis formé et travaille sur Revit depuis 2009. Tous les dossiers sont montés en maquette numérique on fait du BIM niv1 sur la plupart des dossiers et on a un ou deux projets sur lequel on est sur du BIM Niv 2 collaboratif.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? Il y a deux cotés et différents niveaux, et selon différents projets. En réalité pour ce qu’on fait nous aujourd’hui, ça veut dire du logement simple, le BIM en soit à une utilité assez relative aujourd’hui. Dans un sens que, aujourd’hui le BIM peut servir ou pour créer des maquettes numériques pour vendre, ça veut dire des promoteurs qui veulent un système de maquette numérique où leur modèle 3D est exploité pour la vente. Ce qui veut dire que l’acquéreur voit, joue, veut cette variante par rapport à une autre du modèle 3D, notre maquette numérique et travailler avec un BIM manager pour créer ce type de model. La deuxième possibilité d’exploitation c’est avec les bailleurs sociaux, qui dans leur esprit théoriquement devraient prendre la maquette numérique faite en BIM, pour pourvoir l’exploiter pour tout ce qui est de l’exploitation future. Ça veut dire que la maquette a bien toutes les informations, les matériaux, les produits, les portes, les poignées et d’autres identifications. Alors dans l’esprit, c’est pouvoir prendre cette maquette et se rappeler dans 10 ans que pour telle poignée là, on peut faire ci et on pourrait faire ça. Dans la vraie vie, ça leur coûterait « une fortune » de former les gens pour faire ça car les gens qui font de la maintenance chez les bailleurs sont des gardiens d’immeubles, s’ils savent déjà envoyer une photo avec leurs smartphones ça sera déjà beaucoup. Tous les bailleurs demandent à travailler en BIM pour anticiper la demande future mais il n’y a pas beaucoup de gens capables d’utiliser l’exploitation de la maquette aujourd’hui. Après pour moi, le BIM pour les logements ça n’a pas forcément du sens aujourd’hui, la constitution des bâtiments est tellement standardisée qu’aller faire en 3D des gaines des WC, ça sert à rien. Par contre en tertiaire ou en bâtiment mixte ou complexe comme par exemple des EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), des hôpitaux ou autres. Le BIM a du sens pour savoir comment se constitue, comment on fait les réseaux, d’airs, de fluides. Là ça a du sens pour deux choses : la première c’est pour le chiffrage parce que tu as les vrais métrés, des quantités de choses pour le client c’est important de vérifier constamment. Et en deuxième avec les croisements de flux (électrique, fluides, aires …) qui devient très complexe dans ce genre de bâtiment et tu évites des erreurs.
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Avant ça, tu as la partie chantier avec la fameuse notion qui est la quatrième dimension qui prend la notion de temps. Avec le BIM utilisé par des BIM manager où ils insèrent, dans la maquette numérique, la conception de temps, ça veut dire il peut faire des couches de chantiers et imaginer comment tu avances. Du coup à travers ce travail, se rendre compte s’il y a un problème de chantier, les étapes qui avancent et qui peut faire quoi pour être dans le planning. Il faut vraiment que cela soit des projets très complexes pour que cela soit vraiment justifié. Seul avantage que tu peux avoir, ce n’est pas du BIM, c’est la maquette numérique, si elle est bien faite, bien renseignée tu sais vite faire sortir certaines quantités et de vérifier les prix des entreprises en appel d’offre.
3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM et sur quel type de projets faits par l’agence ? Nous montons dès le début une maquette numérique avec Revit, il n’y a qu’en étude de faisabilité qu’on reste encore tributaire de simples documents fait par des simples lignes pour juste justifier les intentions du projet car le gabarit du BIM doit être bien renseigné et demande un temps important pour juste une simple faisabilité. Mais tout suite après on passe à la modélisation de la maquette. Quand c’est la question du BIM, c’est pareil nous commençons dès le début (phase esquisse ou concours), c’est pour commencer sur des bonnes bases, un bon gabarit dès le début et d’éviter de refaire plusieurs fois le même boulot ou du bricolage. Autre exemple, chez nous quand tu dessines, en phase DCE, les détails de construction sont en 2D pour les entreprises et ça leurs suffit car elles ne regardent que des documents en 2D, donc dessiner en 3D ça pèserait trop lourd, ça ne bouge plus, les ordinateurs ne fonctionnent plus et ça n’a pas de sens. Donc beaucoup de détails sont faits en 2D et ça nous suffit largement pour ce qu’on fait. . 4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? Ça dépend des projets, après aujourd’hui oui, nous par exemple jusqu’il y a quelque temps, on travaillait beaucoup sur Sketchup en phase de conception, aujourd’hui on a laissé de côté Sketchup pour faire directement sous Revit. En fait, je trouve aussi que Revit a bien évolué et dans la bonne direction : quelqu’un peut facilement travailler en volume puis on découpe et on fait le bâtiment. Ce qu’on faisait avant sur Sketchup, Revit peut le faire aussi. Donc on utilise Revit beaucoup plus tôt qu’avant. Mais pas forcément du BIM, c’est vraiment s’il y a un projet complexe. La phase de conception doit rester encore la maîtrise de l’architecte et ne pas se brider sur des maquettes qui ont trop de contraintes. Il faut que ça soit léger, qu’on puisse modifier en un quart de tour, qu’on puisse chercher et le BIM lui alourdit le processus de conception. Donc en phase de conception pour moi, il faut apprendre à mesurer, imprimer, avoir des bonnes échelles et ne pas forcément rester en AutoCAD. 124
Moi, formé à la vieille école, je n’avais pas d’ordinateur et j’ai commencé avec AutoCAD à la fin des années 80-90 mais je trouve que les choses importantes à faire en phase de conception c’est d’imprimer. Tu mets ton calque et tu dessines, tu utilises ton cerveau. Le problème des nouvelles générations sous l’enseignement de l’architecture, c’est beaucoup de problèmes d’échelles le fait de Zoomer et Dé-zoomer, on n’a jamais la proportion d’échelle qui est toujours la même. Tu imprime au 100ème, tu te mets sur la table, tu dessines à la main et tu moulines, tu moulines. Autre chose aussi, c’est le problème de Sketchup et non Revit, tu te rends compte tout suite avec les nouveaux bâtiments si c’est une architecture Sketchup ou pas. Tu vois les actions de Sketchup de torsions, d’extrusions, de boîtes, de trucs et tu te rends compte que c’est dessiné sur ce logiciel.
5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? Aujourd’hui non, la représentation 3D est déjà là avec d’autres logiciels pour les clients qui ne comprennent pas, les non professionnels (par exemple). Mais dans le cercle professionnel du bâtiment, le plan, les coupes continuent toujours à être la base et surtout sur les chantiers ce sont les plans qui sont la base. La réalité virtuelle sur le chantier, il y a Bouygues qui a mis en place des lunettes où on est dans l’espace et on voit dans l’espace qui est géo-localisé mais tout ceci c’est un coup de pub, du gadget à mettre sur LinkedIn.
6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? Personnellement à l’agence, on imprime toujours des plans puis on travaille sur calque après mais on je ne vois pas de changement de conception. Ça permet juste d’anticiper et éviter de ne pas dessiner une chose et puis redessiner la même chose après. Mais la part de l’inconnue du croquis que fait l’architecte on ne pourra jamais le retirer à l’architecte. Après cela dépend si on travaille seul en équipe. Tout seul, on imprime moins et on modifie directement sur l’ordinateur mais on perd la notion d’historique, d’échelle, un moment donné tu te perdras un peu.
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7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? Déjà la réduction des erreurs, c’est fondamental. Je suis retourné sur un chantier en 2007, un confrère qui avait tout fait sur AutoCAD et en fait il avait dessiné ses fenêtres avec ses volets sur la façade et quand tu ouvrais les volets les deux fenêtres qui étaient côte à côte, les volets se chevauchaient et du coup il a décalé les volets mais en oubliant de déplacer sur le plan. Mais sur le chantier on construit par rapport au plans qui commande les distances et tout donc en réalité l’erreur était toujours présente. Avec Revit tu ne peux pas avoir ce type d’erreur, car si tu bouges une fenêtre en plan, elle bouge simultanément sur la façade et en coupes. L’avantage majeur c’est la réduction d’énormes erreurs. Puis après c’est la maîtrise des coûts. Mais si tu connais bien ton dossier cela ne change pas grand-chose sauf si c’est un dossier très complexe. L’avantage classique c’est de pouvoir travailler à trois sur le même fichier même si la collaboration peut être complexe si elle est bien mise en place ça fonctionne bien. La question des bureaux d’études qui ne sont pas au point dans le BIM. Pour nous ça ne change rien pour la modélisation de la maquette numérique car si un bureau d’étude qui est toujours sur AutoCAD, nous avons juste à exporter des DWG de la maquette pour les envoyer vers les BET. Il n’y a pas forcement d’échanges pour des projets de logements mais sur des projets plus complexes ça dépend. L’autre inconvénient c’est le coût, c’est exorbitant pour les licences des logiciels par an pour notre agence, car nous devons répondre au monopole de logiciels qui existe maintenant, j’en compte trois, nous avons ArchiCAD, Revit, quelques personnes utilisent Allplan et d’autres Vectorworks. Même s’ils sont performants, ça fait mal aux petites agences.
8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Une bonne maitrise du logiciel, il n’y a aucune limite.
9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? On parle entre les collaborateurs et beaucoup de problèmes sont résolus car un collaborateur a vu quelque chose qui permet de répondre. C’est un échange continu si c’est sur une personne seule, elle ne peut pas connaitre à fond ce genre de logiciel. La personne qui connait tout le logiciel n’est pas un architecte mais un informaticien. L’échange aide à avancer et être tout seul dans son coin c’est difficile.
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10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? La licence par an, plus la formation, plus les ordinateurs qui doivent fonctionner, cela nous coûte environ 2 000 euros par personne et par an, donc multiplier par 12, ça revient 24 000 euros. Donc d’un côté nous avons les logiciels, les ordinateurs qui doivent être toujours être mis à jour, il y a l’autre côté la formation continue car chaque année tu dois former un peu sur la bonne pratique des mises à jour des outils. A l’agence, on fait quatre jours de formations par an, avec une aide de l’Etat mais il faut le faire.
11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? L’erreur classique : C’est d’en faire trop ; Il faut savoir de quoi on a besoin ; Pourquoi on le fait et savoir où s’arrêter, selon les exigences du projet. Ce n’est pas facile d’expliquer, de discuter avec le maitre d’ouvrage même si parfois c’est parce qu’ils veulent quelque chose de très exigent. Il faut leur faire comprendre que certaines demandes sont à discuter pour réaliser quelque chose qui nous intéresse et qui l’intéresse.
12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Je connais peu le modèle anglo-saxon. Peu d’agences mixtes en France, en Angleterre et en Italie il y en a beaucoup mais c’est pour des questions de cumul de budget pour les appels d’offres. En Angleterre, il suffit de voir les grands groupes Comme « Foster » ou il y a 80% ingénieurs et 20% d’architectes en réalité, c’est vraiment pour les grosses boites mais je ne connais pas les petites agences d’architecture. En France, il y a déjà un changement au comment on utilise le BIM et selon les projets, comme on disait juste avant. J’apprécie encore les études d’architecture en France par rapport à l’Italie où les facultés sont associées à l’ingénierie. En France nous sommes encore dans une science humaniste, le relationnel et le côté artistique. Si l’architecte utilise le BIM alors c’est un moyen et non une prérogative.
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13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? « Courez !! » par-contre, de mon point de vue fondamentale je vois qu’il n’y a pas assez de personnes formées correctement à la sortie d’école sur les utilisations des logiciels, ni vraiment au métier de l’architecte avec la pratique des logiciels en tout cas pas autant qu’on le souhaite. Selon moi, pour embaucher il faut avoir les personnes compétentes pour ne pas perdre de temps bêtement à former sur les fondements sur la conception architecturale et sur les logiciels. Il faut que ces nouvelles générations soient curieuses et ne pas rester coincées. Aujourd’hui il y a également beaucoup d’agences qui ne veulent pas sauter le pas et restent sur l’utilisation de AutoCAD. Dans 5 ans elles disparaitront. Je vois avec mes confrères plus âgés, ils ont du mal à vouloir passer le cap des nouvelles technologies et on voit que pour les appels d’offres il y a de plus en plus qui demandent du BIM et si tu ne sais pas justifier pourquoi à ne pas vouloir faire du BIM tu seras vite dépassé par d’autres agences. La même chose pour la construction bois, des agences qui ont eu l’intelligence de passer le cap il y a 10 ans et maintenant ils foncent sur ça aujourd’hui. Pour mon agence concernant le bois, nous n’avons pas su prendre le « train »au bon moment pour des questions de volonté à l’époque et aujourd’hui on a du mal à se remettre dans le monde du bois et développer les systèmes et c’est quelque chose qu’on aimerait bien faire.
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E. Interviews 18 Décembre 2018 : Germain Troublé
Nom de l’agence : Wilmotte & associés architectes Date de création de l’agence : 1975 Effectifs / tâches : 225 collaborateurs
Localisation : 68 Faubourg St-Antoine, Paris, 75012
Germain Troublé Assistant architecte
Bonjour, Monsieur avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Diplômé en 2016/2107 à l’ENSAPVS, je suis actuellement en HMO dans le même établissement. Passé par les Ateliers Jean Nouvel, je travaille depuis maintenant un peu plus de 5 mois au sein de l’agence Wilmotte et Associés. C’est une agence d’architecture pluridisciplinaire, dont la force est de travailler sur une diversité de projets et des échelles très variées. Je travaille actuellement sur la conception du siège sociale d’Arcelormittal au Luxembourg.
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1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? Si oui, depuis combien de temps ? Si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? Les équipes choisissent en fonction de l’échelle et de la complexité des projets le logiciel approprié à leurs besoins. L’agence utilise depuis un certain temps le BIM, le projet sur lequel je participe et travaille avec une équipe dans un système de collaboration BIM. Nous travaillons avec nos partenaires (ingénieur structure, ingénieur façade, ingénieur fluide…) sur un modèle numérique grâce au logiciel Revit. 2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? Comme je l’ai dit dans la question précédente le BIM est pour moi un processus collaboratif qui facilite bien des échanges. Le model numérique en lui-même n’est intéressant que si tous les acteurs de la construction participent à ces échanges. 3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ? A l’agence le développement du BIM se fait à partir des phases APS ou APD. Plutôt sur des projets de grandes tailles où le nombre de participants pour la construction est important. (Exemple : Stade, tours de bureaux ou de logements…) . 4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? Est-ce un besoin ? Non, je ne pense pas. Les architectes ont su élaborer l’art de la construction sans outils informatiques. Aujourd’hui c’est devenu une nécessité mais je ne pense pas que le BIM se substituera un jour à la matière grise qu’utilise l’architecte pour concevoir. Est-ce une aide à la conception ? Oui, certainement. 5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? Effectivement la question peut se poser. Personnellement je dessine à la main que pour esquisser ou mettre en forme des idées rapidement, que je traduis ensuite sur ordinateur. Je ne fais plus de rendu à la main depuis ma première année en école d’architecture. Je ne pense pas que les documents techniques comme les plans ou les coupes vont disparaitre, ils seront toujours des documents de travails précieux. Mais seront-ils toujours intégrés à nos systèmes de rendu ?
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Pas sûr les codes de la représentation ont beaucoup évolué avec l’apparition de l’informatique, je pense que l’évolution de l’ensemble de nos outils informatiques (pas seulement le BIM) feront muter nos modes de représentation, aujourd’hui je retrouve de plus en plus de rendus en VR (Réalité Virtuelle) devenus possibls grâce à nos machines toujours plus puissantes. 6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? Le fait de pousser une modélisation 3D complète et détaillée pour produire la maquette numérique du bâtiment permet de se rendre rapidement compte des volumes créés et des erreurs de conception que nous aurions loupé en 2D (Exemple : la superposition des noyaux, gaines, escalier). 7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? Le fait de pouvoir participer et travailler sur une seule maquette 3D, les corps de métier de la construction participent plutôt dans la conception du projet et les échanges sont facilités. Le manque de souplesse du logiciel ou le manque de compétence d’un des artisans de la maquette peut parfois impacter tout le modèle et donc le travail de tous les collaborateurs 8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Non pas d’atteinte à la créativité, Il est possible de s’affranchir des standards ou des normes de base que proposent la plupart des logiciels BIM mais cela demande certaines aptitudes. Comme toujours la clef est la maitrise du process de conception et de construction. 9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? Honnêtement, je ne sais pas trop, je ne me suis jamais retrouvé dans ce cas. Mais je ne vois pas pourquoi cela ne serai pas possible, comme je l’ai dit dans la précédente question c’est une question de maitrise du processus.
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10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? Oui, de nouvelles licences (366€/mois pour le logiciel revit seul), la formation (et même l’embauche de collaborateurs compétents) cela à un coup. Et en plus cette mise en place demande souvent du temps avant que l’utilisation du BIM soit optimum donc cela demande une transformation que certaines petites structures ne peuvent se permettre.
11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? Faire attention aux avertissements sur la maquette. Je dirai le manque de coordination, il est important que les échanges d’informations sur la maquette ou dans le projet soient toujours fluides. 12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Pas nécessairement je ne pense pas qu’il soit intéressant de reproduire exactement ce qui est fait chez nos voisins. Notre modèle est bien différent des anglo-saxons. La structure même de nos agences est différente la majorité des architectes en France exercent leur profession en tant qu’associés dans une petite structure ou en tant qu’architecte libéral. Il est donc difficile de faire évoluer ce système sans le faire courir à sa perte. Je ne pense pas que rendre le processus BIM obligatoire soit judicieux dans notre cas mais Il est sûr que notre modèle doit évoluer.
13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? Peut-être un ajout sur une partie formation du BIM. Aujourd’hui nous ne sommes pas préparés en école d’architecture à travailler dans le cadre d’un réel processus BIM, nous avons des cours de modélisation sommaire et à la sortie nous ne sommes pas aptes à collaborer correctement. C’est aussi peut-être à cause de ça que nous sommes en retard sur le développement du BIM par rapport à nos amis anglo-saxons.
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F. Interviews 21 Décembre 2018 : Bernard Desmoulin
Nom de l’agence : Bernard Desmoulin Architecte Date de création de l’agence : 1987 Effectifs / tâches : 6 architectes
Localisation : 49 Faubourg Poissonnière, Paris, 75009
Bernard Desmoulin Architecte
Bonjour, avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Je suis architecte diplômé en 1981, enseignant à Paris Val de Seine depuis 1999. Ma conception architecturale est une approche sensible du patrimoine et amateur de l’histoire, je me spécialise essentiellement dans les équipements culturels. L’agence est créée en 1987 et nous avons commencé les premiers vrais projets autour des années 90. Nous travaillons essentiellement sur des projets culturels, beaucoup avec des musées, conservatoires mais on travaille sur une diversité de programmes comme l’aménagement urbain à Ajaccio, l’hôpital Lariboisière à Paris et on nous appelle souvent pour des questions patrimoniales, d’extensions (comme le musée de Cluny).
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1. Est-ce que vous utilisez, le BIM dans votre agence ? si oui, depuis combien de temps ? si non, à quelle échéance prévoyez-vous le déploiement du BIM dans l’avenir ? si c’est non, pourquoi ? Moi j’utilise le BIM selon les appels de candidature ; comme pour répondre à un concours le maitre d’ouvrage demande qu’on désigne un BIMmanager et si l’agence n’a pas d’équipement adéquate, il refuse notre appel pour motif qu’on est pas organisé pour faire le projet demandé. Il faut suivre l’évolution, il n’est pas question pour notre agence d’être contre l’évolution de la normale des choses. Le métier s’oriente sur ce type de production donc nous sommes obligés de suivre. Cette question du BIM m’intéresse, car je cherche à savoir ce que cela va m’apporter, j’essaie de comprendre, un peu comme l’informatique au début. Il y a 20 ans, je n’étais pas forcément chaud mais quelqu’un qui est passionné en informatique a réussi à me convaincre et du coup on a été informatisé assez rapidement. Progressivement, j’ai vu qu’il y avait certains avantages mais j’ai vu aussi beaucoup d’inconvénients. Le BIM c’est un peu près pareil, je ne suis pas quelqu’un de passif mais je suis méfiant parce-que je ne suis pas convaincu. Je pense que dans l’espace 20-30 ans entre l’informatique et le BIM il y a autre chose demain, nous changerons de métier et notre rôle ne sera plus le même. Je trouve que le rôle de concepteur disparait de plus en plus, et nous devenons une sorte de chef d’orchestre qui n’a plus de spécialité pour certains projets. J’ai l’impression que l’on gère des bureaux d’étude, des maîtres d‘ouvrage mais la part de conception diminue. Ce qui me fait peur et je m’aperçois que ce l’on fait souvent nous les architectes, des ingénieurs pourraient le faire. C’est un débat plus large qui dépasse le BIM, le maitre d’ouvrage ne fait plus la différence entre l’ingénieur et l’architecte. Il y a une sorte de confusion dans son esprit et comme l’ingénieur a historiquement une autorité que l’architecte n’a pas naturellement l’ingénieur prend du poids. Il y a presque une sorte de crédibilité et légitimité que l’architecte n’a pas. Il existe car la loi l’impose mais il n’y a pas chez les maîtres d’ouvrage d’envie d’architecturale. Donc naturellement plus rien n’est distingué, on travaille de la même façon avec les mêmes logiciels. Peu à peu on se dissout dans quelque chose qui est la maitrise d’œuvre où l’ingénieur apparait comme une personnalité dominante.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? C’est simplement un logiciel ou une méthode de travail, je ne sais pas très bien, je ne suis pas spécialisé dans ça mais il permettrait de faire dès le début une forme de synthèse de tous les intervenants dans tous les composants du bâtiment. Dès le début on ne hiérarchise plus les proportions, il y a une égalisation. Avant à l’agence, on travaillait la conception puis après on allait voir les bureaux d’étude qui nous dimensionnaient, distinguaient les choses du possible à l’impossible. Maintenant, on est tous ensemble dès le début sans pouvoir dominant.
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Et quand j’assiste à des réunions, le maître d‘ouvrage à tendance à s’adresser en priorité aux ingénieurs et donc il nous relègue comme simple dessinateur de façades et je ne sais pas comment reprendre le pouvoir. Quand nous montons la maquette numérique en réseau, le client peut voir la modélisation simultanément donc il contrôle tout et dit souvent « ça non » avant même de bien finir le projet. Le temps disparait, le temps de réflexion était notre force à nous les architectes. J’ai fait certains projets en étant assez flou sur ce que j’allais faire pour me donner le temps de convaincre le maître d‘ouvrage. Maintenant je ne peux plus le faire, il voit tout tout de suite c’est ce qui pour moi est le plus gros inconvénient car nous ne sommes plus les maitres du temps.
3. A partir de quelle phase de conception, utilisez-vous un des processus BIM sur quel type de projets faits par l’agence ? Tout dépend de la demande du maître d’ouvrage. . 4. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? J’ai une amie architecte qui dit : « un logiciel conçu par des ingénieurs pour des ingénieurs ne peut absolument pas être un logiciel pour les architectes ». Mais encore une fois, je l’utilise, j’arrive à une forme d’efficacité qui est un vrai un gain de temps mais après pour la conception j’ai des doutes sur la notion de temps, notion des gens qui travaillent sur le BIM qui ne sont pas des concepteurs et plus souvent des informaticiens. Je vois à l’école, des gens qui ont une sorte de facilité à produire des images puis il y en a d’autres qui ont un type de réflexion plus personnel ce ne sont pas les mêmes et c’est très rare que ce soient les mêmes. Aujourd’hui, je pense qu’on peut trouver du travail facilement en étant utilisateur du BIM sans avoir une réflexion architecturale. J’ai des étudiants qui ont une démarche personnelle et je sais que cela va être plus dur pour eux comparés à ceux qui sont dans le système. Le BIM accentue ce phénomène et nous formons aussi des jeunes plus spécialisés pour les bureaux d’études ou pour de la maîtrise d’ouvrage. C’est peut-être un peu caricatural mais je pense qu’il y a une part de vrai. C’est aussi en fonction de l’offre au niveau du marché du travail que le jeune architecte devient un « informaticien ». Même moi, Je demande à l’étudiant qui souhaite faire un stage d’un mois et ma première question sera de savoir s’il travaille sur Revit ou ArchiCAD et je n’ai pas le choix.
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5. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? C’est ce qui se passe déjà, pour moi les rapports avec le maître d‘ouvrage ont complément changés. Aujourd’hui ils nous demandent rapidement des images, des exigences et il voit tout tout suite. Avant il y avait des parts d’ombre qui n’étaient pas cachées mais qui n’étaient pas encore au point et alors que là, il veut voir la maquette tout suite. Je suis mal à l’aise encore une fois paradoxalement on va beaucoup plus vite et on travaille de plus en plus en urgence et de plus de nombreux maîtres d’ouvrage ne savent pas ce que c’est le BIM. Ils demandent mais ils ne savent pas et ils imaginent souvent qu’on appuie sur un bouton et tout sort par magie.
6. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? J’étais assez attaché au dessin, le texte tout ce qui pouvait accompagner le projet, tout le système d’élaboration et je m’aperçois que tout ça disparait, ce n’est que début. La future génération sera dans une évolution qui ira encore plus vite. Nous on l’utilise sur un gros projet qui est l’hôpital Lariboisière à Paris. Un bâtiment historique qui fait 50 000 m², le maitre d’ouvrage nous impose de travailler en BIM, donc ça a permis d’avoir une expérience et c’est vrai aujourd’hui je cherche des gens pour travailler qui ont cette expérience ou alors je suis obligé de le former. Et j’ai ressenti ça comme un dictat, ça ne fait pas partie de ma culture. « On a réussi à construire l’opéra Garnier sans BIM donc on peut faire de l’architecture sans BIM ». Il se trouve que cette méthode modifie complétement notre méthode de travail de l’architecture, car pour l’architecte la matière première c’est le temps qui permet à l’architecte d’avoir une certaine autonomie, autorité, pour ensuite savoir quand on montre le projet une fois terminé et prêt à être dévoilé. Maintenant ce n’est plus du tout la même méthode de travail. On travaille en réseau avec les bureaux d’étude y compris le maitre d’ouvrage qui à tout moment peut contrôler et minuter le nombre d’heures de notre travail. Cela devient pour les architectes peu à peu un travail d’ingénieur (à l’inverse d’Olivier Celnik qui dit « non non, c’est une forme de reconquête »). Les personnes que l’on forme en architecture et je le vois bien autour de moi puisque je suis obligé de prendre des personnes qui ont une culture informatique plus importante que celle en architecture. Je ne dis pas qu’on ne peut avoir les deux mais je dis simplement qu’on n’a pas le même profil.
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7. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? Surtout dès que je veux modifier quelque chose sur le projet, je suis obligé d’avoir l’accord de nombreuses personnes qui sont en train de travailler comme moi sur le projet et en générale c’est à ce moment-là que naissent les conflits avec la logique des ingénieurs qui eux veulent être dans la réduction, la répétition. Avec cette logique on ne peut pas tester les choses car souvent pour les ingénieurs nous disent que ça coûte trop chère et direct on nous dit « non » alors que les projets sur lesquels on travaille sans le BIM nous allons tester tranquillement puis on essaie de convaincre le maitre d‘ouvrage puis enfin discute avec les bureaux d’étude. Le temps, la méthode, la démarche ne sont pas les mêmes. Avec le BIM c’est tout suite, on commence, on rentre dans le détail, avec un degré de précision extrême. Certe il y a un gain de temps pour les agences d’architecture et c’est positif mais pour le projet c’est une mauvaise chose, il n’y pas le temps d’esquisse, pas le temps que les peintres appellent « repentir » qui est de corriger. C’est comme sur une maquette en carton où on ne peut pas changer les choses sans changer de maquette. Donc peu à peu on nous autocensure, progressivement on ne cherche plus à convaincre. Autre importance pour moi c’est le Chantier. L’agence a l’habitude de laisser un certain flou pour adapter le projet au chantier, c’est à dire que des choses qu’on voit s’élever ne me plaise pas forcément car je n’ai pas la science infuse aussi je me réserve le droit de me corriger et de rediscuter avec l’entrepreneur. Avec la maquette numérique tout est synthétisé, il n’y a pas plus à changer quoi que ce soit, on donne ça à l’entreprise et après le chantier échappe des mains de l’architecte. La seule chose que l’on fait c’est de vérifier que tout est bien mis en œuvre. Notre rôle devient plus de celui d’un inspecteur des travaux, moi mon métier d’architecte c’est d’intervenir sur le chantier et de modifier les choses. On n’a pas comme je le disais la science infuse, on peut se tromper, cela nous donne le droit à l’erreur. Que là non ! Car on remet en cause le travail de tous les ingénieurs, de tout le monde, donc je suis très critique et en même temps c’est un dictat que le maitre d‘ouvrage nous impose. Aujourd’hui effectivement sur un point d’organisation du travail c’est hyper efficace, donc c’est un plus pour les agences à part qu’il y a moins de maitrise décisionnelle pour les architectes.
8. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Je crois que cela formate les esprits, il y a forcément un lien entre l’outil et l’objet qu’on crée avec l’outil, je ne veux pas dire que les écrivains qui travaillent avec le traitement texte doit retourner à la plume mais je pense qu’il y a certaines œuvres qui n’auraient jamais pu être écrites sur l’ordinateur, à partir du moment on change la manière de produire le résultat change, de cette partie j’en suis persuadé. Là, je pense que ça touche à la créativité alors il ne faut pas être pessimiste ça peut être aussi une autre créativité, ça peut déboucher sur autre chose qu’on ne connait pas. Pour moi, cela modifie vraiment la façon de travailler.
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Moi ça me pose aussi une autre question, la nécessité de l’architecture ? Nous sommes dans une époque où on a plus besoin de bâtiments, la société a besoin de plus de m² que d’architecture. Je fais partie des gens qui considère qu’il ne faut pas de l’architecture partout, le BIM permet de faire des bâtiments, construire des m² de façon rationnelle, de façon intelligente, économique où la notion de l’architecture n’est pas forcément indispensable. Je ne pense pas qu’il faut de l’architecture partout. Deux choses qui se dissocient, c’est-à-dire il y a des démarches un peu marginales comme celle de Zumthor par exemple où on aborde de façon très métaphysique puis il y a une production de m² qui correspond au besoin de logements, de bureaux, d’hôpitaux …. La demande n’est plus la même, c’est là où l’ingénieur revient car lui répond parfaitement à cette démarche de rationalité, de production économique …. Et pour l’architecture si vous voulez être créatif à mon avis vous passez à une autre méthode de production et ce sera un autre type d’agence. J’ai connu des agences qui font la conception et d’autres qui travaillent avec le BIM. Donc il y a des BIMer puis il y a ceux qui pensent c’est un peu caricatural qui ressemble beaucoup au startup entre les développeurs et les créatifs ce ne sont pas les mêmes. Je ne pense pas que ce soit négatif ou positif, mais c’est une division du travail qui est en train de s’opérer.
9. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? Pas de réponse
10. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? Ça dépend du projet, sur lequel on travaille mais ce qui est vrai à terme c’est rentable. Notre force à l’agence c’est que nous travaillons à la fois sur des petits projets et des gros projets. Moi j’ai toujours voulu garder des petits projets car ce sont des petits laboratoires et c’est évident qu’on ne va pas travailler avec le BIM dessus. Donc uniquement le BIM pour les gros projets qui devient rentable car nous avons moins besoin d’employer de dessinateurs (architectes, stagiaires, dessinateurs projeteurs …) qu’avant.
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11. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? L’erreur c’est de croire que l’architecte vont être sauver et encore une fois le BIM pour les bâtiments c’est une bonne chose mais pour la réflexion des architectes c’est une mauvaise une chose. Pour le bâtiment ça rationalise, séduisant, une vision où on ne peut plus mentir. Comparée à Olivier qui a vision très positive du BIM, moi je suis dubitatif. Je pense que le dessin disparait, où j’enseigne à l’école plus personne ne dessine. Il y en a qui disent le contraire mais moi ce que je constate mais en même temps les étudiants ne dessinent plus et ils ne lisent plus non plus. C’est-à-dire, le cerveau résonne différemment et alors après ça peut être positif aussi mais je ne sais pas ce que ça va donner. Je vois aussi que la société, elle évolue positivement donc je ne peux pas être négatif, moi je pensais sincèrement pouvoir échapper au BIM mais il se retrouve qu’on a eu des gros projets qui obligent d’y passer. J’ai joué le jeu et je me suis très vite aperçu que c’était plus facile que ce que je pensais.
12. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Je pense que l’évolution en France va se rapprocher de celle du modèle anglo-saxon. Les grosses agences qui se structurent entre architectes eux-mêmes mais aussi des architectes ingénieurs, ce qui permet d’arriver à une concurrence internationale pour des projets. Aux Etats-Unis la commande publique est plus rare qu’en France et je me suis aperçu que les « petits » architectes, les petites agences comme nous n’existent pas aux Etats-Unis ou celles qui sont rares à exister font essentiellement des petits projets comme des extensions de maisons. Mais elles n’ont pas accès à la grande demande des maitres d’ouvrage. En France nous arriverons sur ce modèle et les grosses agences vont se développer. Aujourd’hui les Bureaux d’étude comme Egis font de la maîtrise d’œuvre et embauchent des architectes, C’està-dire juste pour signer des permis de construire. Et ça se développe beaucoup en ce moment. Mais à côté de cela, il existera des artisans qui pourront encore travailler sur des projets culturels où il y a une demande d’architecture. Du coup on retrouve encore bien présent la différentiation entre faire un bâtiment et faire de l’architecture ce qui n’est pas de tout le même métier pour l’architecte. Demain on aura de plus en plus de grosses agences et de moins en moins d‘agences comme la mienne. Toute fois elles continueront à exister pour les petites demandes.
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13. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? Un sujet ou ma réflexion porte les positions nous devons avoir et que nous devons prendre dans cette évolution de la société. Les gens de votre génération devront choisir dans quel camp ils sont ou soit ça sera une évolution naturelle : considérer le comme une chose normale et tout le monde s’y mettra. Je vois beaucoup d’étudiants car j’interviens aussi à l’école de Chaillot et beaucoup se réfugient à Chaillot car ils ont l’impression que c’est l’un des rares endroits où on parle encore d’architecture, un rapport à l’histoire en ne voulant pas affronter le monde. L’architecture d’aujourd’hui se réalise avec le BIM mais aussi la notion de la gestion de la comptabilité analytique, c’est en gros une méthode qui ressemble à la production de voitures. Alors que le système de production rationnelle touche la France ressemblant, pour moi, au monde anglo-saxon. A part ça les architectes qui travaillent sur des projets auront une demande d’architecture qui se raréfie. A l’agence nous avons de la chance car nous faisons ça depuis des années mais je sens bien que cela ne va durer pas éternellement. La future génération est remarquable car elle devient rapidement très professionnel. Ils sont conscients de tous ces contraintes, économiques, organisationnelles etc. Moi je pense que c’est inéluctable, il y a encore quelques poches de résistants mais cela ne résistera pas très longtemps. Vous et moi on ne fera pas le même métier mais qui sera tout aussi bien et il ne faut pas être pessimiste.
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G. Interviews 28 Décembre 2018 : Emmanuel Di Giacomo
Nom de l’entreprise : Autodesk France Date de création de l’agence : 1995 Effectifs / tâches : 100 – 199 salariés
Localisation : 89 Quai Panhard et Levassor, 75013
Emmanuel Di Giacomo BIM ecosystem Business
Bonjour, avant de commencer l’interview, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Sur quels types de projets votre agence travaille-t-elle ? Je suis responsable du développement des écosystèmes BIM chez Autodesk pour le marché Européen même s’il m’arrive de voyager dans d’autres pays que sur le territoire européen. Je suis architecte de formation cela fait 16 ans que je suis chez Autodesk et que j’enseigne Revit. C’est un logiciel BIM qui est utilisé par de nombreuses sociétés et de nombreux projets. Je me suis occupé du suivit de la méthodologie et technique pour notamment de grandes agences d’architecture et d’autres moins importantes, aussi je me suis occupé des entreprises de construction et de société d’ingénieur. Je suis l’un des expert BIM pour Autodesk.
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1. Vous arrive t’il de travailler sur des projets architecturaux ? Je l’ai fait à une époque pendant 6 ans, je me suis occupé du suivi méthodologique et technique pour un certain nombre d’agences et de sociétés. Donc j’ai travaillé notamment avec Ateliers 2/3/4, Zaha Hadid au Royaume-Unis. On a travaillé ensemble sur des projets mais plus sur l’aspect méthodologie que sur l’utilisation des solutions BIM. Par ailleurs, je fais quand même de la modélisation par passion et pour comprendre finalement les possibilités de ces nouvelles approches. J’ai une chaine utopique qui est « Revit architecture et utopique city » sur Facebook et suivit par 90 000 personnes dans le monde et donc je continue à modéliser.
2. Le BIM est souvent considéré comme un outil de modélisation d’une maquette numérique. Mais selon vous, qu’est-ce que le BIM ? En France on entend beaucoup dire que le BIM est un outil mais le BIM n’est pas un outil, c’est un processus qui est une manière de collaborer et de travailler ensemble entre tous les acteurs du projet. Cela inclut bien entendu la collaboration, c’est-à-dire la capacité depuis les premières esquisses du projet jusqu’à la gestion de la maintenance et la destruction du projet ce qui revient à travailler ensemble. C’est un processus collaboratif où l’on va être tous à échanger autour d’une ou plusieurs maquettes, on va être capable de faire évoluer cette maquette et de détecter des incohérences et de la faire évoluer dans le temps et capable également de s’en servir pour gérer la construction, la gestion et la maintenance du projet. Point important, on constate depuis 3 à 5 ans un fort intérêt de la part des acteurs du projet pour les données qui seront tenues dans la maquette. Puisque en fait BIM veut dire « Building Information Modeling » c’est le processus mais c’est aussi « Building Information Model » qui est en sorte la résultante. En France on parle de maquette numérique c’est très réceptif mais c’est ce qui est fait depuis plus de 30 ans sous forme géométrique. Donc parler de maquette numérique dans le processus BIM n’est pas approprié, on parle plutôt de maquette intelligente et on se rend compte que le « I » du BIM est très important car il représente « les informations » ce que les Anglo-saxon appellent la « data ». La maitrise d’ouvrage s’intéresse fortement à cette « data » qui est contenue dans les maquettes pour pouvoir exploiter le bâtiment de manière à gérer de façon optimale le coût, la consommation énergétique, l’entretien, les dates de changements d’ampoules, le remplissage des extincteurs ou les quantités etc. Le processus va jusqu’à l’exploitation des données structurelles qui se trouveraient dans les maquettes, c’est ce qui est le plus important.
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3. L’architecte a-t’il besoin du BIM dans la conception ? En fait je l’exprime peut-être pas comme ça, je dirais que le BIM est un processus qui permet de fiabiliser et d’accélérer le processus de conception. Je m’explique, l’architecte dans l’absolu n’a pas besoin de BIM pour concevoir. Il a besoin de son cerveau, de son imagination, de son savoir, de sa poésie, de sa compréhension des besoins des personnes, de son écoute etc. Il peut travailler de façon classique mais le problème d’une approche classique qu’elle soit de la CAO numérique ou qu’elle soit manuelle, c’est que l’on va mettre dix fois ou cent fois plus de temps que si on utilisait un processus telle que celui du BIM. Je dirais que pour son efficacité et voir même de sa survie, l’architecte a besoin de travailler en BIM. Pourquoi ? Parce que la majorité des projets qui sont fait dans le monde, se font sous forme BIM c’est devenu même une obligation dans la majorité des pays du monde. La France fait exception mais il y a obligation des acteurs dans le sens où un maître d‘ouvrage ou une entreprise de construction demande à travailler sous le BIM. De tout façon quand bien même l’architecte ne ferait pas de maquette BIM pour la discipline d’architecture, vous aurez toujours les bureaux d’études ou les entreprises de construction qui viendront en recréer une pour justement éviter les erreurs de conception ou bien d’autres (par exemple des réservations oubliées pour le passage de gaines). Les erreurs de ce type-là seront génératrices de surcoût sur le chantier et il en résulte que l’architecte qui ne travaillera pas de cette manière-là, se trouvera en position de faiblesse car il sera responsable finalement d’un certain nombre de problèmes et de coûts supplémentaires sur le chantier. D’un point vue architecturale pure, l’architecte a besoin de sa sensibilité et de son savoir pour concevoir. Ensuite, peu importe l’outil mais il y a des outils qui vont accélérer, aider etc. Ce qui est important pour le BIM, c’est de vous apporter une maitrise sur tous les quantitatifs du projet et les coûts associés finalement à ces quantités. L’architecte va maitriser tout cela et il va devenir, redevenir le « chef d’orchestre ». Puisque à partir du moment où il va créer une maquette BIM, c’est lui qui va ordonner aux autres acteurs pour qu’elles s’adaptent à son projet plutôt que l’inverse. S’il se retrouve à discuter avec les ingénieurs, bureaux d’étude ou des entreprises qui lui disent : « votre projet devra être construit comme ci ou comme ça ». Alors il pourra tout suite prouver que sa conception est la bonne approche dès le début, s’il conçoit le projet entre 3D ou en BIM. Il ne se fera pas imposer des choses ou des directions constructives par les autres intervenants. Il y a vraiment cette notion de pouvoir important dans le BIM. Si l’architecte ne passe pas au BIM, il perdra tout pouvoir sur le Projet. 4. Pensez-vous que le BIM amène à la disparition de représentations à la main et aux codes classiques de rendus (Plans, coupes, élévations …) pour faire place à une autre mode de représentation en trois dimensions ? Je ne pense pas que cela va remplacer les modes de représentation classiques mais les banaliser, J’entends l’acte de représenter, l’acte du dessin qui est tiré des traits, des lignes et des arcs de cercle etc. qui va s’automatiser comme une tâche qui dans l’absolu ne sont pas des tâches à valeurs ajoutées. 144
Etant passé typiquement de la table à dessin à l’ordinateur, j’ai eu de la chance de ne pas passer par les logiciels 2D. A l’époque pendant mes études il y avait déjà des technologies 3D sur Mac donc il y avait déjà une forme d’automatisation de la représentation. C’est ce qu’on trouve au niveau du BIM actuellement. Là où dans un processus CAO classique comme par exemple AutoCAD faire des lignes de rappel, on va faire un plan, des rabats etc. pour faire des coupes pour faire des façades pour tracer des ombrages etc. le BIM lui va automatiser tout ce processus-là, prenons une solution BIM comme Revit, les documents du projet sont extraits automatiquement de la base de données, donc nous avons une banalisation de l’acte de la représentation géométrale. Après d’un point de vue sensibilité de la représentation, on aura toujours ce travail important, si on prend une vue extraite a « froid » d’une maquette elle est quand même brute de fonderie, elle est « laide » sans sensibilité. L’architecte va pouvoir apporter cette touche finalement sensible de la représentation du bâtiment de sa diversité, des colories, des ombrages, des épaisseurs de trait etc. ce n’est pas le logiciel qui peut faire ce rendu mais peut être à terme cela le deviendra. Sur la question finalement est-ce que la représentation géométrale va disparaitre au profit de la représentation tridimensionnelle ? Je ne pense pas parce que il y aura toujours un besoin de pouvoir représenter finalement à plat une coupe, une façade etc. pour des besoins qui sont liées à la cotation, la notation qu’on peut faire effectivement sur des axonométries ou des perspectives mais qui sont moins faciles. Par contre ce qui est évident, c’est que de cette facilité qu’on a à extraire des morceaux de vues, ou vues complète 3D d’une maquette BIM ça va aider à la communication du projet. Ça veut dire typiquement qu’autrefois ou même dans un dialogue avec un son client ou maitre d’ouvrage là où on avait tendance à imprimer des plans en grand format et à les accrocher sur un mur. Ce sera maintenant remplacer de plus en plus par des écrans numériques sur lesquels on va pouvoir manipuler une maquette à la main, la bouger, la scinder, l’éclater, la découper. Ce qui permet de pouvoir décortiquer le bâtiment et d’expliquer aussi bien à un client ce que sera le projet, qu’à des ouvriers comment ils doivent construire un mur, un sol etc. Parce que on sera capable de décortiquer ces informations et on rajoute à cela toutes les nouvelles approches typiquement réalité virtuelle, réalité augmentée ou réalité mixte. On augmente le niveau d’excellence de la représentation du projet que l’on n’a pas de manière classique. Mais par contre il ne pourra jamais remplacer une représentation « Bidimensionnelle » même si on regarde une vue de ce qui nous parait en 2D (coupes, façades etc.), derrière il y a toute une base de données 3D, c’est simplement placer une caméra qui viendrait parfaitement cadrer le bâtiment. En fait ces modes de représentation vont continuer à vivre mais effectivement la partie 3D avec toutes ses déclinaisons viendra complétement enrichir toutes ces approches de communication du projet. Les études disent que les avantages du BIM sont perçus à 97% par la communication du projet qui est liée fortement par la partie 3D.
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5. Avez-vous remarqué un nouveau dialogue entre esquisse et informatique ou un changement du processus de travail avec le BIM par rapport aux anciens outils de CAO/DAO ? Oui, jusqu’à il y a très peu de temps, c’est toujours le cas parce qu’il faut un temps d’adaptation dans les agences d’architecture. On estime qu’il y a 30 à 35 % d’agences d’architecture en France qui travaillent en BIM, donc par déduction on va dire que c’est en 3D, cela veut dire, il reste en gros 65% des agences qui travaillent encore en 2D. Donc le premier gros avantage de la 3D est bien évidement quand on travaille en tridimensionnelle, nous ne travaillons plus du tout de la même manière. Le processus même intellectuel qui tourne autour de la conception n’est plus le même, cela change complétement la donne du fait qu’on puisse travailler en 3D. Déjà en travaillant avec des plans, des coupes etc. en 2D et une maquette carton ça change beaucoup de choses. Travailler avec des outils basiques de modélisation 3D, cela apporte quelque chose en plus. Travailler en 3D en BIM cela apporte encore plus de choses puisque justement on détecte tout suite les incohérences du projet, on est toute de suite entrain de manipuler une maquette du bâtiment qui va se construire et tout suite nous avons une réalité au projet. Mais il existe aussi la quatrième dimension qui comprend les quantités et alors très rapidement on est capable t’estimer une enveloppe grossière du coût de notre projet. Nous pouvons prendre les bonnes décisions dès le début. Le plus important c’est l’aspect collaboratif, en faisant l’exception des mono agences où nous avons une à deux personnes qui ne collaborent pas ensemble. On parlera des agences ou des structures qui ont plus de 5 personnes, le BIM permet alors de travailler ensemble en temps réel, on travaille tous autour de la maquette et on la voit évoluer sous nos yeux. Des personnes travaillent sur un morceau du projet, d’autres sur d’autres parties et cela change totalement l’organisation même du projet. Autrefois dans un processus classique, on avait des organisations qui étaient tels qu’une équipe travaillait sur les façades, une autre sur les plans et une autre sur des détails. Le BIM change radicalement les choses, à partir du moment où on travaille ensemble sur un projet, en collaboratif sur un serveur distant, cela change les rapports entre les personnes. Cette notion de pouvoir, elle est fortement présente, exemple d’un chef de projet qui dirait à un architecte « tu travailles que sur les façades ». Ces personnes doivent être conscientes que de travailler sur cette façade n’est plus un document graphique mais une réflexion car déplacer, supprimer une fenêtre va forcément impacter tout le projet. Donc on appréhende le projet de manière globale, effectivement ça responsabilise encore plus les personnes qui travaillent sur le projet.
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6. Qu’a apporté le processus BIM à votre travail ? Quels sont les avantages et inconvénients de cette nouvelle méthode de travail pour vous architecte mais aussi en agence d’architecture ? Dans les avantages, il y a effectivement l’automatisation de la documentation du projet, la maitrise des quantités et le coût du projet car on est capable d’affecter des notions de phasages du projet dans le temps. Il y a dans les avantages, une fiabilité indéniable qui est liée à l’utilisation de technologies paramétriques du type Revit. Quand on fait une erreur de conception le logiciel nous l’informe, c’est-à-dire si on met une cloison devant une fenêtre ou une porte, le logiciel va nous le dire. Donc on a cette notion de fiabilité autour du projet qui est liée à l’anticipation des erreurs. Une autre notion, l’avantage de la collaboration en sein de l’agence mais aussi dans son rapport avec les autres partenaires qui seront les bureaux d’études, les entreprises de constructions qui définitivement facilite la communication entre chaque acteur et avec la maîtrise d’ouvrage aussi. Il y a cette puissance qui est liée à l’exploitation des informations qui se trouve dans les maquettes. Après pour les inconvénients, C’est quand on a travaillé depuis très longtemps en bidimensionnelle, il y a toujours cette phase de transition qui est difficile à passer, comment est-ce que je passe à un modèle classique finalement à un modèle BIM élaboré ? Comment je me forme ? Combien cela va me coûter ? etc. Ce sont des écueils qu’il faut arriver à franchir. C’est une résultante, si je n’effectue pas cette transformation numérique de mon entreprise, quel risque je prends par rapport aux autres acteurs du marché ou par rapport au fait que de plus en plus d’appels d’offres ou de concours sont demandés en BIM ? Quels sont les risques que je prends par rapport à tout ça ? Le problème, c’est aussi le fait que les nouvelles générations ne sont pas suffisamment formées sur ces nouvelles technologies. Je pense que le plus gros risque est vraiment sur la non transformation. En France on a tendance à penser que le fait que cela ne soit pas obligatoire, je le ferai plus tard … quand j’aurai un peu d‘argent … quand j’aurai le temps mais c’est un risque gigantesque car nos voisins sont en train d’effectuer cette transition numérique. On voit par exemple que chez les anglo-saxon il y a un pilotage par le gouvernement comme en France. Par-contre chez les britanniques, 72 millions de Pound (80 millions d’euros) sont investis par le gouvernement pour la transition du secteur de la construction en comparaison de la France pour le deuxième plan de transition annoncé est de 5 millions d’euros investis. On voit que les moyens ne sont pas les mêmes, donc le risque est énorme de voir tout un environnement d’entreprises ou d’agences d’architecture ne plus être à la hauteur par rapport à la concurrence européenne.
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7. Est-ce que vous voyez une atteinte à la créativité de construire, de concevoir en utilisant cette nouvelle méthode de travail ? Pas du tout, finalement par exemple : quelqu’un comme Jean Paul Viguier, d’après lui c’est 80% l’ADN d’un projet qui est inclus dans les premiers croquis qu’on fait d’une idée d’un projet. Si on prend des grands d’architectes comme Renzo Piano quand on regarde ses premiers croquis et tout l’esprit du projet est dedans. Finalement une atteinte à la créativité ou à la capacité de créer avec le BIM je n’en vois pas. C’est sûr que si on parle d’outils assez rigides et si on pense pouvoir créer totalement des formes à partir d’un outil BIM qui serait plus au moins rigide, il y aurait des risques qu’on soit moins créatif que dans un processus classique dans lequel on ferait des croquis etc. Mais le risque est complétement mesuré car il existe des technologies 3D assez puissantes qui s’intègrent dans le processus BIM et qui permettait d’aller très très loin en terme de créativité. Si on prend l’exemple comme Zaha Hadid de sa complexité de leur bâtiment travaillé en BIM et on ne voit pas du tout de problème de créativité. Après c’est simplement, quel processus à mettre en place pour toujours garder ce niveau de créativité. D’ailleurs une des questions qui revient assez souvent par rapport à l’enseignement de l’architecture, c’est faut-il supprimer l’enseignement des matières comme la géométrie descriptive, des croquis ou la pratique du nu avec d’avantages d’enseignements sur l‘utilisation du BIM ? Je pense qu’il ne faut pas opposer les deux, ils doivent être complémentaires, il faut continuer à faire du croquis, continuer à faire du nu, continuer la géométrie descriptive et apprendre à représenter le bâtiment etc. mais aussi apprendre ces nouvelles approches à la nouvelle génération pour justement lui permettre de trouver le juste équilibre entre technique et conception à un mode de représentation. Le BIM est aussi un mode de représentation et un mode d’anticipation de la construction du projet. Il faut arriver à trouver ce juste équilibre. Il y a des gens qui créent totalement sous le numérique, ils partent d’un logiciel de modélisation 3D et sont capable de produire des formes et de faire évoluer dans le temps au sein d’un environnement BIM. Il y a des gens qui vont vouloir concevoir en commençant par un croquis et très rapidement basculer dans un environnement BIM.
8. Lors de la création d’une agence d’architecture est-il possible de faire du BIM quand on est seul architecte de l’agence, ou est-il préférable d’être à plusieurs collaborateurs ? C’est possible quand on est tout seul, je pense même que les toutes petites agence de deux personnes peuvent commencer à faire des maquettes BIM car il ne faut pas oublier que ce n’est pas que pour nous mais c’est le BIM vis-à-vis de l’extérieur. Donc je peux le faire tout seul, je ne peux pas le faire tout seul forcément avec effectivement sans des entités extérieures, un stagiaire ou quelqu’un qui me rejoint mais déjà être capable de dire je suis capable de faire une maquette BIM, je suis capable de travailler avec une entreprise de construction : c’est déjà gagné. On a rentabilisé son investissement.
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9. La mise en place et/ou de la formation sur l’utilisation du BIM, ont-elles un coût important ? Quelles sont les moyens humains, les formations et financiers engagés dans l’agence ? Oui, c’est un point important, Penser pouvoir se former tout seul dans son coin en regardant des tutoriaux sur internet ou en lisant un livre, on peut essayer mais on n’aura pas forcément acquis des bonnes bases. Il vaut mieux faire des formations, elles ne sont pas compliquées dans l’absolu c’est 5 jours au cours desquels on va apprendre toute les bases, tout ce qu’implique de faire du BIM, de modéliser un projet d’architecture, comment faire la représentation, extraire les informations etc. Apprendre des notions comme l’interopérabilité, c’est-à-dire comment est-ce que je suis capable de partager mon projet avec d’autres partenaires qui n’ont pas forcément le même logiciel. Cela va me pré former à tout cela, c’est incontournable car si on n’a pas toutes ces connaissances, vous risquez très rapidement d’être bloqué et de ne pas pouvoir finalement échanger avec d’autres partenaires. Quand on a les moyens et le temps, l’idéal est de faire un projet pilote et de se faire suivre pendant 3 à 6 mois d’avoir un expert BIM qui vient vous voir une fois par semaine après la formation pour contrôler de ce que vous avez sur la maquette. Il va te dire : « tient ici améliore telle ou telle chose, dans la représentation tu vas plutôt procéder de telle manière », en gros il va accélérer la montée en compétence en parallèle. C’est comme un enfant à qui on apprend à faire du vélo. Au début on lui met les petites roulettes, un jour on lui retire les petites roulettes, il commence à être un peu autonome, puis après petit à petit le vélo va évoluer, on va commencer à utiliser le frein avant et arrière et ensuite la notion de vitesse et comment aller plus vite, comment on s’adapte en fonction du contexte. Formation, accompagnement c’est primordial pour le succès d’une implémentation BIM.
10. Quelles sont les erreurs à éviter dans l’utilisation du BIM en tant qu’architecte ou dans une agence ? L’une des erreurs justement est de penser qu’on peut apprendre tout seul, dire juste aller acheter le logiciel et me lancer en regardant 2-3 vidéos et puis je m’y mets. La deuxième est si on est dans une plus grosse agence, c’est faire du BIM dans son coin et dire que moi je m’y mets et tout le reste va suivre, ça ne fonctionne pas. Le BIM est un décision d’entreprise, c’est le dirigeant qui doit comprendre de ce que cela va apporter comme avantage à sa société et qui doit décider des moyens, des ressources, des formations des personnes etc. L’autre erreur c’est de tout vouloir tout basculer d’un seul coup, imaginons qu’on est dans une agence de 15 personnes, l’ensemble travaille sur AutoCAD et du jour au lendemain, on jette tout ça on passe tous sur processus BIM et on va former tout le monde et on va mettre des logiciels partout et ça va marcher. C’est l’erreur à ne pas faire.
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Ensuite c’est de dire on va se former, donc on forme des gens et puis après il ne se passe plus rien car on n’a pas choisi le projet pilote ou ils attendent un jour un projet qui va se dégager et travailler dessus. Ce qu’il faut, c’est dès qu’on est formé, c’est tout suite définir le projet pilote par anticipation, en sachant que durant les 6 mois qui vont suivre, il y aura une perte de productivité liée au temps d’adaptation nécessaire pour être au niveau mais ensuite la courbe de productivité remontra. La dernière erreur, ne pas avoir penser à tout, typiquement investir dans des logiciels mais ne pas avoir changé ces machines qui ne sont pas assez puissantes et alors les personnes vont avoir du mal à se servir de leurs logiciels car la machine n’est pas adaptée. Cela fait partie de la stratégie à réfléchir, à mettre en place quand on passe au BIM. Il ne faut pas rester dans l’économie.
11. Le BIM est-il l’avenir du processus de travail pour l’acte de construire en France ? En comparaison du modèle anglo-saxon ? « Au Royaume-Uni, tous les acteurs ont désormais une très bonne connaissance du BIM » Julie Guérineau, Janvier 2015. Concernant le modèle intégré, vous avez les architectes et les ingénieurs dans une société. Forcément cela va modifier beaucoup de choses. Je ne pense pas qu’on arrivera au système américain avec des boites avec un très grand nombre de collaborateur où il y a un mélanges d’architectes, d’ingénieurs, d’entreprises de constructions parce que nos métiers ne s’y prêtent pas forcément. Mais il est clair que je vois de plus en plus de profils hybrides comme architecte ingénieur et certains architectes intégrés dans les entreprises. En effet il y a justement ce risque, si l’architecte ne s’approprie pas le BIM et ne monte pas assez suffisamment en puissance comme ce qui est en train de se faire dans les entreprises de construction-ingénierie, il y aura un risque de la diminution (pas la disparition car le rôle de l’architecte est primordial) de son pouvoir sur le projet parce que on va aller dans des systèmes intégrés comme le modèle anglo-saxon. Les architectes et ingénieurs et autres comme chez AREP avec une intégration de plusieurs disciplines et métiers etc. Donc il y a toujours ce risque-là, malgré tout mais je pense qu’il est minime.
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12. En conclusion, avez-vous des remarques, des suggestions, des ajouts à faire par rapport à ce questionnaire ? Nous avons abordé plusieurs moments la thématique de la formation, de l’enseignement mais peut-être pas assez suffisamment en profondeur. Je pense qu’il faudrait une véritable prise de conscience de la part des école d’architectures et aussi celle d’ingénieur car elles ont aussi cette problématique de l’importance du processus BIM et de son impact sur les métiers. Pour l’instant il n’y a pas cette prise de conscience, de ce que je vois, puisque chaque école d’architecture en France, à sa propre politique d’enneigement. Même s’il y a eu des séminaires autour de la réflexion de l’enseignement du BIM et de maquette numérique malgré tout dans les faits même si on peut voir ponctuellement ici et l’indécision pour former les jeunes étudiants en architecture ou en ingénierie sur les outils types. Il n’y a pas cette ambition qu’on peut trouver au niveau du ministère de l’éduction comme les filières BAC STI ou BAC PRO ou là il y a un vrai politique volontariste qui oblige les étudiants et avec une intégration de sujet du BAC pour maitriser plusieurs outils BIM etc. et à comprendre qu’est-ce un processus BIM. Parce que d’abord la base sera d’expliquer aux étudiants comment on enseigne le droit, la résistance des matériaux, d’expliquer ce qu’est quoi le processus classique actuellement d’exécution d’un projet. Le processus actuel moderne d’exécution d’un projet de construction c’est le faire en BIM, c’est quoi le BIM ? Le BIM est un processus collaboratif qui regroupe tous les acteurs du projet. Quelles sont les impacts organisationnelles, juridiques en terme d’investissements, en terme de formation etc. Sans parler même de logiciels A, B, C … et ensuite les élèves comprennent que cela sera leur quotidien quand ils sortiront 6-7 ans après. Ensuite quelle politique, stratégique d’enseignement de telle ou telle outils qu’on met en place sur 5 à 6 ans d’études pour que les jeunes soit préparés en sortant de l’école à ce type de processus. Apprendre un logiciel de type Revit, savoir utiliser une visionneuse, expliquer à quoi sert une visionneuse, comment ouvrir manipuler une maquette, comment utiliser le BIM pour faire des simulations de facteur de lumière ou de valider des concepts etc. Tout cela, encore une fois parler au détriment de tout le reste, c’est quel est ce savant équilibre qu’on va trouver entre les matières classiques traditionnelles et ces matières-là qui sont des matières nouvelles finalement. Surtout pour conclure, d’arrêter de faire un amalgame entre des logiciels modélisation 3D et les outils BIM qui permettent de faire du processus BIM, car un logiciel de modélisation 3D ne fait pas du BIM c’est un logiciel de modélisation géométrique. Il faut bien faire comprendre, cet enjeu et absolument préparer la future génération pour qu’elle soit prête sur le marché du travail.
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Table des matières Préface .................................................................................................................................................... 4 Résumé ................................................................................................................................................ 4 Objectif ................................................................................................................................................ 4 Mots clés ............................................................................................................................................. 4 Remerciements ....................................................................................................................................... 6 Sommaire ................................................................................................................................................ 8
Avant-propos ........................................................................................................................................ 10 Introduction .......................................................................................................................................... 14
1.
Le rôle de l’architecte et comment il doit se positionner dans le BIM ....................................... 22 1.1 Qu’est ce qui pourrait nuire au métier d’architecte ?................................................................. 23 1.1.1 Les architectes qui ne veulent pas s’emparer du processus ................................................ 24 1.1.2 Une créativité en voie de disparition ................................................................................... 25 1.1.3 Un risque d’une standardisation .......................................................................................... 26 1.1.4 Responsable de la maquette numérique ............................................................................. 27 1.2 La conception du projet et le dialogue entre les différents outils de l’architecte ...................... 29 1.2.1 La méthode de création d’un projet en phase d’esquisse, concours................................... 30 1.2.2 L’utilisation du BIM dans la conception architecturale ........................................................ 31 1.3 Les erreurs à éviter en tant qu’architecte. .................................................................................. 33 1.3.1 Rester figé sur l’utilisation d’un même logiciel .................................................................... 34 1.3.2 Vouloir faire tout, tout seul et être isolé .............................................................................. 34 1.3.3 La précipitation et ne pas structurer son travail .................................................................. 35 1.3.4 Modéliser des modèles trop détaillés .................................................................................. 37
2. Le déploiement BIM au sein des agences d’architecture en France ............................................... 40 2.1 Le déploiement du BIM sur un projet ......................................................................................... 41 2.1.1 L’intérêt du BIM sur la modélisation d’une maquette numérique ...................................... 41 2.1.2 Les étapes primordiales du déploiement BIM dans les agences d’architectures ................ 44 2.1.3 Quels sont les moyens humains, formations, matériels et financiers qui doivent être engagés ? ....................................................................................................................................... 48
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2.2 La différenciation des pratiques et du rôle des architectes selon les tailles des agences .......... 50 2.2.1 Etre un architecte indépendant ........................................................................................... 51 2.2.2 Les agences d’architecture en France de plus de 5 architectes ........................................... 52 2.2.3 Les agences de grande ampleur de plus de 50 collaborateurs ............................................ 55 2.3 Les avantages et inconvénients sur l’utilisation du BIM en agence. ........................................... 57 2.3.1 Les avantages du travail en collaboration ............................................................................ 57 2.3.2 Les inconvénients sont principalement des risques ............................................................. 59
3. Un processus qui est en pleine évolution ........................................................................................ 62 3.1 Une Dynamique du BIM chez les architectes anglo-saxons plus importante qu’en France ....... 63 3.1.1 Un gouvernement plus impliqué sur les questions des nouvelles technologies ................. 64 3.1.2 Le modèle mixte ou intégré des agences anglaises dans la conception d’édifice ............... 66 3.1.3 Un risque de disparition des petites agences TPE/PME ....................................................... 68 3.2 Vers un travail collaboratif sur une maquette unique ................................................................ 70 3.2.1 L’intérêt d’un travail collaboratif simultané sur un serveur à distance ............................... 71 3.2.2 Un investissement important à prévoir ............................................................................... 72 3.3 L’intelligence artificielle : un changement de paradigme sur la conception architecturale ....... 74 3.3.1 Une conception architecturale réalisée avec l’intelligence artificielle ................................ 75 3.3.2 Un nouveau processus qui remplacera celui du BIM ? ........................................................ 76
Conclusion ............................................................................................................................................. 80
Sources et bibliographie ....................................................................................................................... 84 Livres.................................................................................................................................................. 84 Mémoires d’étudiants ....................................................................................................................... 84 Articles ............................................................................................................................................... 85 Documents ........................................................................................................................................ 85 Sites internet ..................................................................................................................................... 85 Salons et expositions ......................................................................................................................... 86 Formations ........................................................................................................................................ 86 Cinématographiques et enregistrements vidéos .............................................................................. 86 Iconographies .................................................................................................................................... 86 Glossaire................................................................................................................................................ 92
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Annexe : les interviews......................................................................................................................... 96 Pourquoi réaliser des interviews ? .................................................................................................... 96 Les choix des interviewés. ................................................................................................................. 96 Trame des questions pour les interviews.......................................................................................... 97 Comment interviewer ?..................................................................................................................... 98 Retranscriptions.................................................................................................................................. 100 A.
Interviews 04 Décembre 2018 : Meghane Frigelli et Stephane Vedrenne ............................. 102
B.
Interviews 06 Décembre 2018 : Maurice Vaquier................................................................... 108
C.
Interviews 14 Décembre 2018 : Olivier Celnik ........................................................................ 114
D.
Interviews 17 Décembre 2018 : Andrea Balistreri .................................................................. 122
E.
Interviews 18 Décembre 2018 : Germain Troublé .................................................................. 130
F.
Interviews 21 Décembre 2018 : Bernard Desmoulin .............................................................. 134
G.
Interviews 28 Décembre 2018 : Emmanuel Di Giacomo ......................................................... 142
Table des matières.............................................................................................................................. 154
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Un processus qui révolutionne l’organisation du travail par l’intermédiaire de la collaboration et la gestion des échanges de données du bâtiment le tout intégré dans une maquette numérique. Pour y arriver, l’architecte doit prendre place et se positionner dans le processus BIM pour qu’il garde son rôle de concepteur. Avec une telle avancée du numérique, il était important de réaliser une enquête auprès des professionnels architectes, car ils apportent leur point de vue sur la question de l’utilité du BIM dans la conception architecturale. Un panel d’expériences qui définit leurs approches dans ce nouveau processus de travail. Le BIM est en pleine évolution, actuellement en Europe et tout particulièrement chez les Anglo-saxons qui eux ont adopté depuis quelques années une dynamique plus importante qu’en France. Le métier est en pleine mutation qui s’accentuera avec la notion d’intelligence artificielle ; celle-ci bouleversera la production et la conception architecturale.