Forewords
L’essence du Projet Impossible. FR. En
fait, ce sont les dirigeants de Polaroid qui ont donné son nom à “The Impossible Project”. Plus de 1278 fois, ils ont tenté de nous convaincre d’accepter la réalité nue, le fait immuable qu’il était simplement impossible de redémarrer la production du film instantané. Mais finalement ce sont eux qui ont dû accepter le fait que cette impossibilité ne nous empêcherait pas de poursuivre notre rêve, et surtout ne ferait que jeter de l’huile sur le feu de notre passion pour ces images. Beaucoup de personnes pensent que nous devrions changer le nom de notre projet aujourd’hui en “Possible Project”. Surtout après le lancement des premiers films “Impossible” monochrome basés sur un système chimique entièrement nouveau. Mais ils ont tort. Les nouveaux films “Silver Shade”, tout comme les nouveaux “Films Couleur Impossible” qui seront disponibles dans leur première production très bientôt sont seulement nos tout premiers pas dans cette incroyable aventure, peut être la plus grande aventure argentique des temps présents. Une aventure qui n’a pas la moindre chance de réussite sans la coopération et le support de photographes partout dans le monde, qui croient en nous et à la magique puissance de l’image instantanée. Elle nécessite des gens curieux, comme Valérie et ses photographes, qui ont rendu cette “Impossible Exhibition” possible, en combattant, luttant, explorant, caressant, respirant, punissant, haïssant et en aimant notre nouveau film, encore expérimental, et en le poussant jusqu’à ses dernières limites. Limites du film et du photographe. Sans leur support et leurs retours, qu’il soit amour ou haine, colère ou passion, aucune évolution ne serait possible et “The Impossible Project” serait terminé avant d’avoir eu la moindre chance de se développer. Je vous remercie tellement de croire à l’Impossible. Dr. Florian Kaps, Fondateur et directeur marketing The Impossible Project
— The Essence of the Impossible Project. GB. Basically
it was the Polaroid management that gave “the Impossible Project” its name. More than 1278 times they tried to convince us to accept the naked reality including the proven fact that it is simply impossible to restart the production of instant film. But in the end they had to accept that this impossibility did not stop us from fighting for our visions but - to the contrary - did even spill oil into our burning analog passion. Now - several weeks after introducing the first monochrome “Impossible” instant films, invented within just one year and based on a complete new chemical system, many people think we should change our name to “The Possible Project”. But they are wrong. Because the new “Silver Shade” materials as well as the first new “Impossible Color Films” that are available in a first production run within the very next days are only the very first steps into the maybe biggest analog adventure of present times. An adventure that would not have the slightest chance to succeed without the close cooperation the breathtaking support of photographers from all over the world, who believe in us and the powerful magic of instant photography. It needs brave people like Valérie and her photographers who made “the Impossible Exhibition” possible, fighting, struggling, exploring, caressing, inhaling, punishing, hating and loving our new, still experimental film materials, pushing them beyond all limits. Their limits as well as the obvious limits of the materials. Without their support and feedback, no matter if it is love or hate, anger or passion, no evolution would be possible and “The Impossible Project” would have to end before it even had a chance to grow. Thank you so much for believing in the Impossible. Dr. Florian Kaps, Founder & CMO The Impossible Project
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Forewords
8 juillet 2010 FR. Pour
la deuxième année consécutive, nous voici à Arles tentant d’établir un pont entre l’art officiel et l’art appliqué. L’année dernière nous avions investi un hôtel, avec 11 photographes dans 11 chambres. Cette année nous voulions travailler sur ce support qui disparaissait, le film instantané. Et puis j’ai rencontré Florian, son “Impossible Project”, ses impossibles nouveaux films, son impossible enthousiasme, alors nous avons décidé de faire une exposition impossible : “Impossible Exhibition”. Le travail qui en résulte figure sur les murs de ce Bar de la Roquette, et dans ce catalogue que vous tenez entre vos mains. Ce n’est pas une oeuvre achevée, mais plutôt le départ d’une collaboration entre un fabricant à la fois un brin nostalgique et tourné vers le futur, et une équipe de gens motivés, qui voulaient bien jouer ce jeu qui consiste à essayer un nouveau jouet. Et c’est avec beaucoup de fierté et d’émotions que je vous invite à découvrir ces instantanés pleins de magie que mes photographes nous apportent. Merci à Laurent, Christoph*, Estelle, Louis, Mathieu, Coco, Julia, Michael, Bjorn, Peter, Hervé, Frédéric et Jan. *Une pensée va à Christoph qui a eu ses films et appareil bloqués à la douane et n’a donc pas pu participer.
Valérie Hersleven Agent de photographes
— July 8, 2010 GB. Trying
to establish a bridge between the official art and the applied art. We held an event in a hotel with 11 photographers in 11 rooms, each photographer exhibiting in one room. This year we decided to work with and support analog instant film. And then I met Florian, his “Impossible Project”, his impossible films, his impossible enthusiasm and we decided to make this “Impossible Exhibition” happen. The result of this you’ll find on the walls of the Bar de la Roquette and in the catalogue you are holding in your hands. This is not a final work, rather the start of a new collaboration between a manufacturer, sometimes nostalgic but looking at the future, and a team of motivated people that are willing to play the game of trying out this new toy. I am very honoured and with emotion that I am inviting you to the work of this instant work filled with magic. Magic given by my photographers. Thank you Laurent, Christoph*, Estelle, Louis, Mathieu, Coco, Julia, Michael, Bjorn, Peter, Hervé, Frédéric and Jan. *A special thought goes to Christoph who could not partake as the films and camera were stuck at customs.
Valérie Hersleven Photographer’s agent
The Impossible Project
Inventeur d’un nouveau film instantané pour les appareils Polaroid. FR. Dans l’ancienne usine Polaroid d’Enschede (Pays-Bas), une petite équipe
d’experts du film instantané s’est lancée dans la plus incroyable aventure argentique au milieu d’un monde numérique: Après la fin de la production des CR E DITS FROM TOP TO B OTTOM • T H E I M POSSI B LE PROJ ECT’S FACTORY I N E NSCH E DE (N L) • AN DRÉ BOSMAN (FOU N DE R & H EAD OF PRODUCTION AN D DEVE LOPM E NT) • MARTI N STE I N M E IJ E R (CH E M IST) • ALL I MAG ES TAKE N ON PX 600 SI LVE R SHADE FI RST FLUSH E DITION
films Polaroid en 2008, l’équipe d’“Impossible” commence à développer un tout nouveau film instantané.
“The Impossible Project” disposait de 31 536 000 secondes pour changer
le monde de la photographie, et pour développer les 31 composants nécessaires à l’élaboration d’une image instantanée. La mission impossible fut réussie. Après 17 mois de recherches et de développements, “Impossible” a présenté en mars 2010 son premier film : le PX Silver Shade, un film monochrome pour appareils Polaroid SX 70 et 600. En Juillet 2010, une première version du film couleur également présentée : le PX 70 Colour Shade First Flush. Au total ce seront six nouveaux films qui verront le jour au cours de l’année 2010, et qui seront finement optimisés au fur et à mesure de leur utilisation. “The Impossible Project” a réinventé la photographie instantanée depuis la base, empêchant ainsi plus de 300 millions d’appareils Polaroid en parfait état de fonctionnement de devenir obsolètes.
“The Impossible Project” est dédié à tous les gens qui continuent
d’apprécier la magie de la photographie argentique instantanée, et qui croient au pouvoir de la véritable image qui se développe au creux de leurs mains.
— Inventing a new instant film for traditional Polaroid cameras. GB. At the former Polaroid factory in Enschede (NL) a small team of instant
film experts has embarked on the most exciting analog adventure in our digital world: after Polaroid’s production stop of instant film in 2008, Impossible’s team started to develop a brand new instant film material.
“The Impossible Project” had 31.536.000 seconds to change the world of
photography by developing 31 new components that are needed to assemble one single instant picture. And the Impossible mission succeeded. After 17 months of research and development, Impossible presented its first new instant film inMarch 2010: the PX Silver Shade, a monochrome instant film for Polaroid SX 70 and 600 camera models. In July 2010 a first version of color film will also already be released : the PX 70 Colour Shade First Flush. In total, 6 different kinds of new instant films will be released throughout 2010, and on an almost daily basis the Impossible products are being optimized and finetuned. The Impossible Project reinvented instant photography from scratch and therewith prevented more than 300 million perfectly functioning Polaroid cameras from becoming obsolete.
“The Impossible Project” is dedicated to all the people out there who still
embrace the magic of analog instant photography and who do believe in the power of analog pictures that develop in the palms of their hands. www.the-impossible-project.com
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The History of Polaroid
L’histoire quasi-impossible de la photographie instantanée argentique.
The nearly Impossible history of analog instant photography.
FR. “N’entreprenez pas un projet, à moins qu’il ne soit manifestement
GB. “Don’t undertake a project unless it is manifestly important and nearly
important et quasiment impossible.” Edwin Land, inventeur de la
impossible.” Edwin Land, inventor of instant photography.
photographie instantanée.
during a walk and she asked him: “Why can’t I see them now?”. This question
Tout a commencé en 1944, quand Edwin Land prit une photo de sa fille
It all started in 1944, when Edwin Land took a picture of his daughter
lors d’une promenade, et qu’elle lui demanda “Pourquoi je ne peux pas voir la
should change the life of Edwin Land - the inventor of the polarizer and
photo tout de suite ?”. Cette question changea la vie d’Edwin Land, l’inventeur
founder of the Polaroid company. The very same day he started to develop
du filtre Polarisant et fondateur de la société Polaroid dédiée à son
the principles of Instant photography.
exploitation. Si bien que le jour même, il commença à poser les principes de
la photographie instantanée.
originally planned and it was a dramatic presentation to “The Optical
Society” in New York City, where Edwin Land introduced instant
Le challenge se révéla bien plus important qu’il ne l’avait prévu
It soon turned out to be a much bigger adventure and challenge than
originellement, et il fallut attendre le 21 février 1947 pour que Edwin Land
photography on February 21st, 1947. The new system was far away from
puisse enfin présenter son projet de manière solennelle devant la “Optical
being stable and after the war Polaroid was in financial extremis and under
Society” de New York. Le nouveau système n’était pas encore complètement
a lot of pressure to release a final product to the market. Thanksgiving 1948
stable, et Polaroid était en situation financière difficile dans cette période
Polaroid finally introduced the very first 56 Polaroid cameras in Boston
d’après guerre, ce qui mettait une pression extrême pour le lancement du
which sold out within 10 minutes: Only three years later, in 1950, the
produit sur le marché. A l’occasion de Thanksgiving 1948, Polaroid mit en
1 millionth roll of film was produced and Polaroid became one of the most
vente à Boston les 56 premiers appareils, qui furent vendus en 10 minutes.
successful companies from the 60s-90s.
A peine trois ans plus tard, en 1950, le millionième rouleau de film était vendu
et Polaroid était devenue une des entreprises les plus en vogue, position
The first generation of Polaroid’s instant film prints began to curl months after
qu’elle consolidera jusqu’aux années 1990.
use, also the first film produced only sepia prints rather than black & white. It
was tricky and it took a lot of explaining and education before the people really
Malgré tous les triomphes, il y eut également des moments difficiles dans
Despite all the triumphs there were also challenges and dark moments.
l’histoire de Polaroid. Les films de première génération commencèrent à se
understood how to use the revolutionary materials in a proper way. But Edwin
gondoler après quelques mois, et les noirs et blancs devinrent sépia avec le
Land managed to cope with all these challenges, introducing the customers to
temps. Il fallu beaucoup de temps et d’énergie pour expliquer aux clients
the new Polaroid products and therewith pioneering one of the most important
comment utiliser de la bonne manière leur film instantané.
fields in the history of Photography. Polaroid’s downfall started with the
Mais Edwin Land s’accommoda de tous ces challenges, proposant sans
Polavision, which was nothing but an unbelieveable disaster and the main
cesse de nouvelles améliorations aux clients et faisant ainsi largement évoluer
reason why Edwin Land had to resign as a Chairman of Polaroid in 1980.
une des branches les plus importantes de l’histoire de la photographie. Le
déclin de Polaroid commença avec le système Polavision, qui fut un échec et
technology, but was not very successful in doing so. In 2001 Polaroid filed for
conduisit à la démission de Edwin Land du poste de PDG en 1980.
bancruptcy, in 2007 Polaroid stopped production of analog cameras, in 2008
production of instant film was terminated and analog instant photography
La nouvelle direction essaya dès lors d’orienter Polaroid vers les
The new management tried hard to push Polaroid towards digital
technologies digitales, mais ce ne fût pas une réussite. En 2001, Polaroid
was doomed to extinction. But “The Impossible Project” saved the last instant
déposa le bilan, en 2007 la production des appareils argentiques fût stoppée,
film production plant in Enschede (NL) and started to reinvent a brand new
puis celle des films en 2008. La photographie instantanée était vouée à
film for old Polaroid cameras.
l’extinction, mais « The Impossible Project » sauva la dernière usine
d’Enschede (Pays Bays) et commença alors l’élaboration d’un nouveau film
had to find new solutions for replacing and upgrading problematic or
instantané pour les appareils Polaroid.
unavailable components (integral film production has followed the same
recipe since 1972). In 2010, “The Impossible Project” released its first new
Afin d’adapter la production du film instantané aux standards du 21è siècle,
In order to carry instant film production into the 21st century, Impossible
“The Impossible Project” dût trouver de nouvelles solutions pour remplacer et
instant film, featuring 31 brand new components.
améliorer les composants devenus indisponibles (la production du film intégral
suivait la même recette depuis 1972). En 2010, “The Impossible Project” lança
Impossible Project” also faces various challenges in production of its new film
son premier film, contenant 31 nouveaux composants.
materials. The whole venture prooves to be one big adventure that pioneers
the future of analog instant photography one more time – one of the
Tout comme Polaroid dût résoudre de nombreux problèmes lors de ses
Just like Polaroid had to overcome problems in its early years, “The
premières années, “The Impossible Project” se frotta aussi à de nombreux
greatest and definitely most magical inventions in the history of photography.
challenges avec ses nouveaux films. Il semble que la photographie argentique
The “Impossible Exhibition” allows you to witness the first steps of a new
instantanée soit une très grosse aventure qui demande beaucoup
chapter in the history of photography.
d’implication à ses pionniers, mais elle est définitivement l’invention la plus magique de l’histoire de la photographie. “Impossible Exhibition” vous permettra d’être le témoin privilégié de ces premiers pas dans un nouveau chapitre de l’histoire de la photographie.
Louis Gaillard Q’avez-vous photographié en premier ? Je souhaitais travailler initialement sur un sujet en extérieur fait d’images surtout en plan éloigné mais j’ai été au début très déçu par le rendu de ces images. Elles ne comportaient pas suffisamment de details et de contraste pour qu’elles soient utilisables. Sans compter le coté capricieux du comportement du film (température de développement). Comment votre travail a-t-il évolué ? J’ai donc décidé un peu dépité de changer de sujet, mais le désir de faire des photos d’extérieur ne m’avais pas complètement quitté et au fur et à mesure que j’utilisais les films,je m’habituais à leur rendu particulier et aussi j’apprenais à mieux maîtriser leur développement. Le thème choisi des serres du Jardin des Plantes à Paris et des images de végétaux exotiques m’a paru bien coïncider avec ce que pouvais offrir les films. Il y avait une certaine similitude avec des images du début du 20ème siècle réalisées sur le même thème. Etes-vous satisfait du résultat ? Je suis globalement satisfait des résultats compte tenu du coté expérimental des films. Le choix du sujet étant en assez bonne corrélation avec ces derniers. Et maintenant ? Pour la suite, je suivrai l’évolution technique des produits et en fonction des sujets que j’aurais à photographier, il est probable que je réutiliserais ces films à développement instantané.
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Frédéric Guelaff Q’avez-vous photographié en premier ? Mon lit, il était simplement devant moi lorsque j’ai chargé l’appareil. Comment votre travail, idée a évolué ? Après quelques tests (fille, fils, skate-board, arbre, chaise...), j’ai bien réalisé que je ne pourrai pas avoir un résultat visuel intéressant. Trop instable, sans définition, ni contraste, le film PX est encore trop fragile. Au diable, plutôt que me perdre dans une recherche esthétique vaine j’ai préféré choisir de photographier simplement quelqu’un qui à mon sens était en parfaite adéquation avec “l’Impossible Project” ; la chimie, le mystère, l’histoire de la photographie, l’obstination et la persévérance des passions… C’est un homme, un homme que j’aime profondément. Il s’appelle Toros, et depuis plus de 20 ans, il développe et tire les photographies noir & blanc de très grands photographes. Patient, enthousiaste et toujours un peu malicieux, il a découvert avec moi mes premières photographies, m’a guidé, accompagné. Parfois, lorsque, je passe derrière, là au fond du laboratoire, dans la chambre noire, c’est bien un magicien que j’entreaperçois, les mains qui dansent et masquent la lumière sur la papier (des gestes et des regards rares). Alors je suis passé le voir et très vite en riant on a fait quelques images. Circonspect et amusé devant le résultat qui ne se révelait pas, il est parti avant moi. Le PX a fait des siennes, mais n’a pas fait disparaître son sourire resplendissant. À Arles, seule cette photo sera présenté, sous forme d’une impression (recto verso sur 44,5 x 54 cm) éditée à 800 ex. Ainsi les visiteurs pourront emporter librement le portrait de Toros. Etes-vous satisfait du résultat ? Oui, car je suis enchanté de ce sourire. Et maintenant ? Music and dance (et un film sur Toros).
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Hervé Plumet Q’avez-vous photographié en premier ? J’ai shooté devant moi; une petite sculpture sur la table. J’ai été surpris et déçu. Le pola était sépia et peu contrasté. J’ai éclairci, puis foncé, puis développé au soleil, dans le noir, au frigo, dans ma poche... J’ai utilisé plusieurs boites du film PX100. Et puis j’ai reconsidéré la première image et je me suis dit que c’était sans doute la meilleure. Agaçant. Florian nous disait qu’il fallait jouer avec ce film. Mais c’était plutôt le film qui jouait avec moi. Et puis j’ai commencé à comprendre qu’il fallait ne pas chercher à tout maîtriser. Ne pas être en lutte mais s’amuser. Comment votre travail a-t-il évolué ? Pour moi “film instantané” se dit Pola. J’ai l’habitude d’utiliser du Fuji FP100 et j’ai toujours demandé au vendeur — donnez moi 10 boites de “Pola” FP 100. Je sais c’est mal. A partir de ce nom j’ai imaginé une série de photo avec un personnage portant ce nom. J’ai d’abord fait des essais avec une comédienne mais cela ne fonctionnait pas. J’ai donc utilisé une petite poupée que j’ai installé devant des minis-décors. Le propos devenait alors plus étrange et aussi, je l’espère, un peu plus poétique. Voilà. Etes-vous satisfait du résultat ? Ici ce n’est pas le résultat qui doit compter mais plutôt la démarche. Ce qui m’a tout de suite frappé c’est que les quelques minutes nécessaires au développement du film dit «instantané» sont devenues, aujourd’hui, en regard de nos pratiques numériques, une éternité. Notre impatience est là pour en témoigner. Dans la pratique de la photographie, professionnelle ou amateur, le temps a disparu. Ce temps qui existe entre le moment où l’on appuie sur le déclencheur et le moment où l’on redécouvre ce que l’on a shooté. Puis ce temps de la sélection et du tirage où l’on pense a ce que l’on est en train d’accomplir, ce temps si précieux à la réflexion, à la maturation, ce temps qui disqualifie automatiquement les artisans au profit des gens pressés. Ce putain de temps qui nous manque tant, j’avais l’impression de le retrouver un peu. Dans cette attente il y a de l’espoir et dans le résultat parfois de bonnes surprises. Laissons faire un peu le hasard, peut être un peu de vie viendra s’immiscer dans ces nouvelles images. Et maintenant ? J’aimerai suivre l’évolution de ces films car à chaque fois que nous avons de nouveaux outils il en sort toujours de nouvelles choses. J’aime la contrainte car elle me nourrit et ici j’ai été servi. Merci Forian.
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Bjorn Tagemose Q’avez-vous photographié en premier ? Mon premier cliché a été le visage masqué maquillé en noir et blanc. J’ai cherché à ce que le bleu délavé paraisse monochrome. J’ai donc choisi des objets noirs et blancs dans la vie ainsi que des silhouettes à contre-jour enlevant toute couleur ce qui a donné ce résultat bleu monochrome du film couleur PX. Comment votre travail a-t-il évolué ? J’ai voulu confronter l’idée que les pola’s sont souvent associés à des images romantiques et jouer avec le film noir et des inspirations de vieux films de série B. Les images viennent du décor de deux films que je réalise en ce moment, d’ailleurs les sujets de ces films n’ont rien à voir avec ces prises de vues. Ce que j’ai aimé est qu’en sortant les personnages et éléments de leur contexte, l’histoire change complètement vers un nouvel “instant”. Par exemple le cheval romantique du film devient un “cheval noir”. Mais comme le disait Alfred Hitchcock justement “Ne montrez que le couteau, jamais le meurtre !”. Le film instantané est fabuleux pour les insinuations mais pas pour une réalité dure. Je suis certain que le bon Alfred aurait aimé cela. J’ai également beaucoup aimé la phrase du darkslide d’Impossible “Prenez une image d’un rêve”. Je me suis dit, pourquoi n’en pas faire un cauchemar ! Je crois que tout cela relève de l’humour noir. Etes-vous satisfait du résultat ? Je ne suis que rarement satisfait d’un résultat, j’espère toujours pouvoir refaire et refaire. Mais c’est ainsi avec tout ce que j’entreprends. Je soupçonne un peu les artistes qui sont satisfaits de leurs travaux. Est-ce jamais fini ? J’aime l’inattendu de ce film, il n’y a pas de retouche par la suite, aucune excuse. Et maintenant ? Encore ! Et encore, plus de shoots et plus d’expos, toujours plus. Et rendre mon agent fou ! Ce qui est bien avec ce film instantané, c’est qu’il faut l’apprivoiser. J’adore les images faites ainsi. Et puis j’adore faire l’opposé de ce qu’on attend de moi. Etre rebelle me va bien. Je crois que j’attire le travail impossible. Et maintenant ? Un film en stopmotion pola ? Et ce film est rebel ! Il n’écoute pas et c’est ce que je trouve amusant !
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Michael Schnabel Q’avez-vous photographié en premier ? J’ai joué avec le film dans et autour du studio dans un environnement connu. Photographiant des choses que je pouvais répéter afin d’appréhender et sentir le film. On m’avait prévenu que le film était spécial… pour le dire gentiment. Comment votre travail a-t-il évolué ? J’avais l’idée de shooter une série sur laquelle je travaille déjà qui est un projet de paysages. Mais vu l’aspect non contrôlable du film, c’était impossible. J’ai joué avec plusieurs idées et développé des concepts tout en réalisant qu’aucun ne marchait avec ce film PX. Il me semble qu’il faut lâcher prise et ne pas essayer de tout contrôler. Les images n’apparaissent que très lentement et le film est incontrôlable. Et puis on me dit que le film n’est pas stable… Donc lâcher prise pour moi c’est d’avoir l’esprit ouvert, un esprit enjoué et ne pas essayer de contrôler. J’ai donc finalement travaillé sur un projet “personnages” avec une approche positive tout en ne connaissant pas le résultat. Etes-vous satisfait du résultat ? À cet instant j’aime beaucoup le résultat, je pense qu’il y a une sensation agréable avec ce film qui est très inattendue. Et maintenant ? Il y a quand même des “bugs” importants dans ce film PX. J’espère que ceux-ci vont être résolus et si oui je serai heureux de continuer à utiliser ce film. Même si je pense que ce film est un support très intéressant à utiliser. Sans parler que c’est juste incroyable que quelques gars tentent de reproduire ce film à nouveau. tentent de reproduire ce film à nouveau.
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Laurent Humbert Q’avez-vous photographié en premier ? Le premier visage qui s’est présenté à moi au moment où j’ai chargé mon appareil. A cet instant je n’ai pas voulu me préoccuper de la lumière, des conditions de prise de vue. Je cherchais une totale spontanéité, avec l’impatience de découvrir le rendu de ce nouveau film et de retrouver le plaisir de “l’objet pola” loin de la froideur des fichiers numériques. C’est à partir de ce premier cliché que j’allais commencer à penser au projet. Comment votre travail, idée a évolué ? Dès le départ du projet, je désirais travailler sur le portraitbeauté. Au vu des différents test que j’ai effectué (changement de lumière, variations d’expositions, intérieur, extérieur) j’ai souhaité me concentrer sur le film Silver 100 qui allait être le plus adapté. Au départ j’avais envie de traiter le portrait polaroid comme on traite celui issu d’un fichier numérique avec ce que cela comprend d’intervention et de retouches, pour obtenir l’image “parfaite”. Mais très rapidement le rendu, le modelé et les imperfections du pola allaient devenir un atout, un parti pris. J’ai donc eu envie d’aller à l’essentiel du portrait dans sa spontanéité et sa simplicité, en faisant abstraction de la technique. Contrairement au numérique dont on perçoit le résultat immédiatement, le polaroid allait me permettre une toute autre démarche. Je me suis donné quelques minutes seulement pour photographier mes modèles, et n’ai regardé le résultat que plusieurs heures après (temps de développement oblige). Je souhaitais avoir la “surprise” de ce nouveau rendu. Et commencer à travailler ensuite sur la base qui m’était offerte. Etes-vous satisfait du résultat ? Le fait de devoir m’adapter au film pour mener à bien mon idée originelle m’a permis de chercher de nouveaux “codes” du portrait et du rapport au sujet : première satisfaction. Une fois les atouts et les inconvénients de ce film maîtrisés, j’ai envie d’aller plus loin dans le traitement de la “beauté” au polaroid, et de travailler autour de son rendu inattendu. Et maintenant ? Le résultat final me satisfait donc. Et je souhaite poursuivre cette recherche.
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Peter Granser Q’avez-vous photographié en premier ? Une statue grecque assez étrange que j’avais repérée à Kobe au Japon. J’ai d’ailleurs sélectionné cette image pour l’expo pour ce coté surréaliste. Comment votre travail, idée a évolué ? Comme toutes mes idées, elles évoluent en observant ALL COLOR PICTU R ES TAKE N WITH TZ-ARTISTIC
le monde autour de moi. Etes-vous satisfait du résaltat ? Oui sinon je ne montrerai pas mon travail. Cela n’a pas été facile de photographier avec ce film et j’ai été frustré, mais quand j’avais un résultat qui me plaisait j’oubliais tout de suite le souci initial. Et maintenant ? J’aimerais travailler ce film PX beaucoup, donc je réfléchis à un projet complet.
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Jan Van Endert Q’avez-vous photographié en premier ? Ma toute première photo, je l’ai faite petit enfant avec le Zeiss Nikon de mon père. Je l’avais shootée en été et vu que mon père n’avait développé le film qu’un mois plus tard, j’ai trouvé que photographier était ennuyant. Puis en tant qu’adolescent j’ai shooté au Polaroid et j’ai trouvé cela vraiment cool car on avait le résultat deux minutes plus tard. Le fonctionnement de l’appareil polaroid me paraissait aussi miraculeux. Puis je me suis remis au polaroid il ya quelques année, et l’effet est resté le même… . Etant un photographe professionnel j’ai travaillé sur du polaroid avant l’argentique et c’est quand tout autre qu’aujourd’hui. Mais en plus c’est tout autre aussi de shooter sur un Polaroid compact ; par la forme, la lentille, le déclencheur, le poids … Tout est différent comparé à un appareil de professionnel, mais le résultat est magique et cela ne changera jamais. Comment votre travail a-t-il évolué ? L’idée était tellement simple, parce que je pensais à la magie du Polaroid. Les gens sont toujours heureux et attendent le développement avec un sourire sur leur visage ; d’uns vont secouer le cliché, d’autres vont le mettre au chaud sous leur pull ou manteau et puis il y a ceux qui frottent … mais cela reste toujours positif et les images sont toujours d’une simplicité vu le système simple de l’appareil. Il ne faut jamais réfléchir à la technique, donc difficile de faire des erreurs. Cela était mon idée, de shooter des choses simples avec l’appareil Polaroid. J’ai découvert des coins non connus dans mon appartement, des ombres et j’ai vu des choses nouvelles avec cet appareil en plastique. Etes-vous satisfait du résultat ? Je suis ravi du résultat parce que c’est une autre façon de photographier. C’est facile, c’est un vrai cliché et on n’a pas besoin d’un ordinateur, d’un scan ou d’un laboratoire. On fait sa photo tout seul en attendant le résultat. La batterie est dans le film, donc sans film on n’a pas besoin de batterie, et sans batterie on n’a pas de film. Et maintenant ? Je vais surement continuer à shooter avec le Polaroid. J’ai pleins d’idées...à suivre.
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Julia Fullerton-Batten Q’avez-vous photographié en premier ? Une photo de mes enfants et nièces dans notre jardin un jour ensoleillé. Comment votre travail a-t-il évolué ? J’aime la profondeur du champ étroit que donne l’appareil photo Polaroid et j’ai pensé que ce serait amusant d’avoir des personnages miniatures faisant des choses étranges. Etes-vous satisfait du résultat ? Je me rends compte que ce film est très incontrôlable. J’ai donc gardé des images très simples graphiquement sinon on ne voit rien. Cela demande encore du travail… Et maintenant ? J’attendrai que le film s’améliore et puis je shooterai plus. Oh et je dois acheter un SX 70.
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Estelle Rancurel Q’avez-vous photographié en premier ? Un fantôme ? Comment votre travail a-t-il évolué ? Ce sont les films qui ont decidé pour moi…; le PX 100, le PX 600, le monochrome, le silver shade…, je les ai tous promené dans mon sac pendant quelques jours, un SX 70 d’une main et un Polaroid 680 de l’autre. Rien de valable ne sortait de mes appareils. Et puis un jour du soleil, des jolies filles lors d’un casting, et le 600 ASA m’a donné cette série de close-ups… Etes-vous satisfait du résultat ? Je m’y fait, j’aime l’unité que donnent tous ces visages. J’aime le fait d’avoir shooté ces portraits très instinctivement, et le fait de n’avoir pris qu’un seul polaroid par fille… ce que nous ne faisons malheureusement plus en numerique ! Et maintenant ? L’espoir qu’“Impossible Project” nous produise de bien meilleur film !
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Mathieu Bernard-Reymond Q’avez-vous photographié en premier ? J’ai photographié ma fille de 4 ans qui se trouvait là. J’en ai profité pour lui expliquer comment marchait un Polaroid, elle qui n’a utilisé toute sa vie que des appareils numériques. Comment votre travail, idée a évolué ? Je voulais travailler en rephotographiant des images depuis le début. J’ai rapidement pensé que la photographie de famille, pas de la mienne, mais de familles anonymes, serait un bon sujet notamment à cause de l’histoire du Polaroid. Définir quelles portions photographier était un peu plus long. Petit à petit, je me suis concentré sur les mains des personnages, uniquement dans les photographies de famille où les membres sont alignés devant l’appareil et se tiennent les uns derrière les autres quelques instants. Des mains se posent sur les épaule, sur les hanches, elles tiennent, retiennent, soutiennent les membres entre eux. Elles racontent des histoires ou des légendes sur les rapport entre eux des membres d’une même famille. Etes-vous satisfait du résaltat ? A cause de la spécificité de ce film, j’ai du retrouver des reflexes d’expérimentation, qu’il me faut de toute manière entretenir régulièrement. Je n’ai pas tout à fait abandonné ma méthode habituelle, puisque j’ai photographié un écran d’ordinateur. Globalement, c’était un défi excitant. Le résultat me semble en résonance avec le sujet, tout en apportant un degré d’abstraction, qui permet de se tromper à loisir sur le sens des images. Et maintenant ? Un petit livre ?
26 I M POS S I B LE X H I B ITI O N / AR LES 2010
English version
Louis Gaillard
Frédéric Guelaff
What was your first shot? I initially wanted to shoot
What was your first shot? My bed. It was simply in front
What was your first shot? I photographed what I had in
outdoors, images built out of remote elements. But when
of me when I charged the camera.
front of me, a small sculpture on the table. I was surprised
I looked at my first shots, I was very much disappointed.
Hervé Plumet
and disappointed; the shot was sepia with almost no
I could not find any details and contrast without even
How did your work, idea evolve? After a couple of tests
contrast. I enlightened, darkened and developed the shot
mentioning the instability of the film (temperature and
(daughter, sun, skateboard, tree, chair…) I realised I would
in sunlight, in the dark, in my fridge, in my pocket, with
development).
not obtain an interesting image. So unstable without a
a neutral filter. I used several boxes of PX 100 film and
definition, lack of contrast the PX film is still too fragile.
started to realize that my first shot was probably the most
How did your work, idea evolve? I was very stressed I
O Hell – instead of trying to search an esthetic result I
successful. Annoying.
had to change my idea, and the desire of outdoor shots did
decided to photograph a person who is in perfect
Florian said we had to play with the film, but I felt the film
not leave me. So I continued to test this strange film and
adequacy to “Impossible Project” ; the chemicals, the
was playing with us. And I slowly realized I had to stop
slowly I got used to this unusual depiction and I started to
mystery, the history of photography, the obstinacy and
wanting to control. I had to stop to be in fight and I had
master the development.
perseverance of passions… It is a man, a man I deeply
to start enjoying this adventure.
I feel the theme of the greenhouse at the Parisian “Jardin
love. His name is Toros, and he has been a black & white
des Plantes” and exotic vegetal coincide quite well with
printer of the best photographers for more than 20 years.
How did your work, idea evolve? For me “analog instant
what the film can give you. I found a resemblance with
A man full of patience, enthusiasm and always a bit
film” is Pola. I am used to Fuji FP 100 and I always asked
images at the beginning of the 20th Century shot on the
malicious, he was with me when I discovered my first
the salesman “give me 10 boxes of Pola FP 100”.
same theme.
photographs. He was with me, guided me.
I know it is bad. This was my starting point and I invented
Sometimes when I enter the back of his laboratory, into the
photographs of a person wearing this name on her T-shirt.
Are you happy with the result? I am entirely happy with
dark room it is a magician I discover, hands that are
I tried with a real actress but it did not work out.
the experimental aspect of the films. And I am very happy
dancing and hiding the light on the paper (rare gestures
I decided to use a small doll that I put in front of mini
with the correlation of it.
and glances). So I went to see him with my PX film and
decors. It became strange but strangely more poetic. Voilà.
rapidly we had fun and I started to shoot him. What’s next? As to what’s next, I will follow the
Cautiously and amused we were waiting for a result that
Are you happy with the result? This is not about result
development of the films and I might consider reshooting
did not appear and Toros had to leave. Left alone, the PX
but about a working process. What struck me is that the
depending of my subjects
film was playing games on me but it eventually could not
couple of minutes for the development seemed an eternity
beat Toros’ radiant smile…
in this fast digital world. Our impatience is here to testify.
At the show this image is printed on a poster
Time has disappeared, for professional and amateur
(44,5 x 54 cm) on an edition of 800 and Toro’s portrait is
photographers. That moment when you push on the button
given away for free.
and you rediscover what you shot. The time of selecting and printing when you are creating, this precious time. This
Are you happy with the result?
time that enables you to mature your thoughts, this time
Yes the smile enchants me.
that automatically disqualifies craftsmen to people in a hurry. This time we all lack. Well I had the impression I
What’s next? Music and dance (and a movie on Toros).
found this time when I was shooting this film. When waiting hope exists and in results you get nice surprises. Let fate do its work, and maybe some life will interfere with these new images. What’s next? I’d like to follow the evolution of this film because each new tool gives something new. I love to be constrained because it nourishes me and I have been served here. Thank you Florian.
28 I M POS S I B LE X H I B ITI O N / AR LES 2010
English version
Bjorn Tagemose
Michael Schnabel
Laurent Humbert
What was your first shot? My first shot was the masked,
What was your first shot? I played with the film in and
What was your first shot? The first face I had in front of
black and white make-up face. I wanted the faded blue of
around the studio in a controlled environment, shooting
me when I charged my camera. At that moment I was not
the color PX film to be monochrome, so I picked make-up
things I could repeat to get a feel for the film. I had been
bothered by light nor shoot conditions, I was searching for
and subjects that where black and white in reality and
warned that it is special, to phrase it gently.
complete spontaneity. I was also very impatience to
silhouettes against the sky that where backlit, leaving
discover the result of this new film and to rediscover the
all color out this resulted in a monochrome blue-ish version
How did your work, idea evolve? There was an idea
pleasure of shooting instant film far away from the
of the color PX film.
based on a series I am working on, which is a landscape
coldness of digital files. It is from this first image I started
project, yet due to facts I wasn’t in control of, this was
to think to what I could shoot.
How did your work, idea evolve? I wanted to counter
impossible. I then played with various concepts and
the idea that pola’s are always associated with romantic
approaches, while at the same time learning more about
How did your work, idea evolve? Since the very
images and play with film noir and old B movie inspirations.
the film. As well it occured to me that a lot of my ideas
beginning of my project I wanted to work beauty portrait
The shots are set pictures of two different movies I am
appeared not suitable for the PX film.
shots. I tested the films on numerous facts like change of
directing, they have completely different topics than this
It seems like it is a lot about letting go with these
light, different exposures, interior, exterior… . And I decided
shoot. What is great is that by putting the characters and
“instant” images. Neither the pictures appear quickly nor
to concentrate on the Silver 100 film that looked adapted to
elements out of context, the whole story changes into a
the film feels controllable. And I am told it isn’t really stable.
my needs. I initially wanted to treat the Polaroid portrait like
new «instant» one, just like the film.
So letting go to me meant shooting open minded, playful
you would when shooting digitally, which implies
For instance, rather than a romantic horse in the movie
and not trying to take too much control. I eventually
retouching the image to obtain a perfect portrait. But fast I
this one becomes a “dark horse”. As Alfred Hitchcock put
decided on a “people” based project, approaching it
discovered that the PX film imperfections were adding
quite rightly: “Always show the knife, never the murder”.
positively, but not really knowing the outcome.
something stronger to my image. I thus went to the
Instant film is great for insinuations rather than cold reality.
essential of the portrait, its simplicity and spontaneity and I
I’m sure good old Alfred would have liked that. I also liked
Are you happy with the result? At this point I do very
left behind the technical aspect.
one of the baselines of “the Impossible Project”, “take a
much like the result. I think there is a nice feel to it and it’s
Contrary to a digital shot where you get your image
picture of a dream”. I was thinking: “Why not make it a
something unusual as well.
‘instantly’ the new PX film was introducing me to a new
nightmare!”. I guess it’s all about dark humor!
way of working. I allowed myself a couple of minutes What’s next ? There are some major “bugs” in that PX
shooting my model and looked at the result only a couple
Are you happy with the result? I’m rarely happy with
film. I am hoping these will be taking care of, then I am
of hours afterwards (developing time of the PX film).
a result, I always wish I could do it over and over again!
happy to continue using it. It remains in my opinion a very
I used the “surprise effect” of the result to work further my
With everything I do. I always suspect artists that are
special interesting material to shoot with.
image.
happy with their work. It’s never quite finished.. What I like
And I think it’s awesome that some guys attempted to
is the unexpected with this film, there is no retouching later,
manufacture such a film again.
no excuses.
Are you happy with the result? That I had to adapt myself to this new fim in order to pursue my initial idea offered me new working codes : first satisfaction.
What’s next? More! More films, more shoots and more
Once I’ve mastered the assets and inconvenient of this film
shows, always more haha! And driving my agent crazy!
I will go further in my work of PX film beauty portraits.
What is good with instant film, it’s from the hip! I love things
I want to work more the surprises.
shot from the hip. And I love doing the opposite of what is expected from me. Being a rebel has been good for me!
What’s next? I am very happy with the final result and will
It is the kind of work I attract, the impossible! And now?
continue this research.
A pola-stopmotion movie? This film is surely a rebel! It doesn’t listen and that is what is fun about it!
English version
Peter Granser
Jan Van Endert
Julia Fullerton-Batten
What was your first shot? A weird, kind of greek style
What was your first shot? The first shot I made, was with
What was your first shot? A snap of my children and
statue I found in Kobe, Japan. I even chose it for the
a Zeiss Nikon camera I got from my father when I was a
nieces in our garden on a sunny day.
exhibition, because I like the surreal feeling of this photo.
little kid. I shot in the summertime, and my father developed the film a month later, so I had to wait for a long
How did your work, idea evolve? I love the narrow depth
How did your work, idea evolve? Like all my work
time. At that time I thought that shooting a picture was
of field the polaroid camera gives, and thought it would be
(ideas) evolves: by observing the world around me.
really boring. Then as a teenager I made my first shot with
fun to have miniature people doing odd things.
a Polaroid camera, which was really cool, cause you see Are you happy with the result? Yes, otherwise I wouldn´t
the result two minutes after doing the image and it was
Are you happy with the result? I realised that the
show it. It wasn´t easy to shoot with the material and I was
always like a wonder, to see how it works. I started again to
polaroid is very ‘hit and miss’. I kept the images simple and
soemtimes frustrated, but when I had a good result, I forgot
shoot on Polaroid a couple of years ago, and the effect for
uncluttered on purpose as otherwise you cant really see
about the trouble.
me never changed…
what is going on. It still needs some work…
As a professional photographer I have been working with What’s next? I would like to work with this “Impossible
Polaroid film before using standard analog film and it was
What’s next? Wait for it to improve and then shoot some
Project” instant film a lot, so I am thinking about
totally different to the way of photography of today. But it
more. Oh, and to buy a SX 70 camera.
photographing a whole project with it.
is also totally different to the way of shooting with a normal compact Polaroid camera: the shape of the camera, the lens, the shutter, the weight..... Everything is different compare to a professional camera...but the result is like magic and that will never changed! How did your work, idea evolve? The idea was so simple, because I was thinking about the magic of a Polaroid. People are always happy and they have a smile in their face, while waiting for the developing process; some people shake, some people put it under the jacket or pullover to keep it on a warm place for some minutes and some people rub on it........ but it is always something positive and the images are mostly really simple, because it is a simple system and you don’t have to think so much about technical things, it is difficult to make a mistake. That was my idea, to shoot something really simple but with the idea of using a Polaroid camera … so I found some corners in my flat I never saw before, I shot shadows on the floor, saw different things I never had seen before using this plastic camera. Are you happy with the result? I am really happy with the result because it is a different way of photography. It is easy, it is a real photo, and you don’t need a computer, a scanner or a lab. You alone shoot it and you just have to wait for the result. The battery is in the film, so if you don’t have a film, you need no battery, if you have no battery, you have no film. What’s next? I definitely go on with shooting on Polaroid. I have a lot of different ideas...... we will see.
30 I M POS S I B LE X H I B ITI O N / AR LES 2010
English version
Estelle Rancurel
Mathieu Bernard-Reymond
What was your first shot? A phantom ?
What was your first shot? I photographed my daughter of four who happened to be there. I took the opportunity to
How did your work, idea evolve? It are the films that
explain and show her how a polaroid camera works. So far
decided for me…; PX100, PX600, monochrome, silver
she only has used digital cameras in her life.
shade, I had them all in my bag for a couple of days, together with the SX 70 and the Polaroid 680. No result
How did your work, idea evolve? I always had in mind I
that made me happy. And then a nice sunny day, pretty
would reshoot existing images. I rapidly considered family
girls for a casting and the 600 ASA offered me this series
portraits, not my family, but unknow families. I thought this
of close ups…
would be a good link to the history of Polaroid. It took me some time to identify what portion I would
Are you happy with the result? I am getting used to it, I
photograph but slowly I started to concentrate on the
love the unity of the faces. I love the idea of having worked
hands of those those big family shots when everyone tries
very instinctively and that I’ve only shot one Polaroid per
to find a stand during an instant. Hands are being put on
girl…something we never do digitally anymore !
shoulders, they hold, they keep, they support and help each other. These hands tell us a bit more on the legend and
What’s next? The hope that “Impossible Project”
relationships of members of one family.
will produce much better film ! Are you happy with the result? Because of the
W W W. VA L E R I E H E R S L E V E N . C O M — A R T D I R E C T I O N & D E S I G N : M AT H I E U O L L I T R A U T- B E R N A R D — M @ M O N S I E U R M O B . C O M
specificity of this film, I had to find experimental reflexes that are anyway important to maintain. I did not give up completely my usual method because I shot computer screens. Globally it was an exciting challenge ! The result is in resonance with the subject adding a degree of abstraction that pushes you to play with the sense of the images. What’s next ? A small book.
www.the-impossible-project.com www.valeriehersleven.com
www.impossiblexhibition.com