1971 -1973 - Les Flamants et les Aigrettes, Arles 160 logements sociaux, individuels groupés Crédit photo : Archives Départementales de Marseille
Mathilde VOGELAER Lotissements les Flamants et les Aigrettes, Arles Architecte : Mario FABRE René BORRUEY - Monira ALLAOUI - Ana Bela DE ARAUJO
La construction préfabriquée dans l’habitat intermédiaire des années 1970 :
Lotissements les Flamants et les Aigrettes ARLES Histoire du procédé Fiorio chez Mario Fabre.
160 logements sociaux dans le quartier de Barriol 1971-1973
Mario Fabre
Quelles sont les influences d’un procédé industriel préfabriqué sur la manière de concevoir d’un architecte ?
La construction préfabriquée dans l’habitat intermédiaire des années 1970 : Lotissements les Flamants et les Aigrettes Histoire du procédé Fiorio chez Mario Fabre.
Sommaire Introduction I -
7
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat
A- Histoire d’une politique française volontariste : reconstruction de masse et préfabrication
11
1/ Des grands ensembles à l’habitat intermédiaire 2/Préfabrication et procédés industriels
13 17
B- Le procédé Fiorio : un symbole d’innovation pour toute une région
1/ Histoire de l’entreprise et procédé Fiorio 2/ Description d’un procédé
II -
21 23
Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture
La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
27
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles a- De l’élément à la cellule d’habitation, à ses déclinaisons ... b- .... des combinaisons à la création d’un tissu. c- Un tissu support de différents usages
29 33 35
2/ L’opération de Port Saint-Louis et Trets : premier et dernier test du modèle de maison à patio à toit plat
37
3/ L’opération de Calas et Istres: test d’un modèle au caractère régional
39
Conclusion
41
Introduction Ce mémoire s’inscrit dans la thématique de recherche du séminaire de semestre 9 La Fabrique à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, Histoire critique du projet : Habitat intermédiaire et innovation. Ce travail propose d’analyser un corpus d’opérations des années 1960 à 1980 afin de réfléchir à l’intérêt architectural de ces modèles innovants destinés à être répétés. Dans cette logique, les lotissements les Flamants et les Aigrettes de Mario Fabre à Arles, méritent d’être étudiés. Le lotissement des Flamants est situé à deux kilomètres au sud-ouest du centre historique d’Arles, dans le quartier de Barriol. Conçu et achevé en 1970-1971, ce groupe de 128 logements se tient au cœur de la ZUP1 de Barriol, composée principalement d’immeubles à étages R+3 allant jusqu’au bloc R+11. En 1972-1973, le lotissement des Aigrettes, composé de 32 logements, est construit au sud du lotissement des Flamants. Créés sur le schéma d’une nappe proliférante, ils forment ensemble une poche perméable de logements d’un seul niveau de plain-pied. Les deux opérations de logements sociaux s’inscrivent dans la volonté de Mario Fabre de répéter un même modèle préfabriqué : la villa à patio. Ce projet s’inscrit à l’époque dans une dynamique territoriale de relogement composant avec les réalités constructives de l’époque : massification des besoins de logement, industrialisation et standardisation de l’architecture. La préfabrication béton et son industrialisation en masse permettent de réduire les coûts de construction et de construire vite. L’État français lance alors une véritable politique afin de promouvoir l’utilisation des systèmes préfabriqués dans le logement social. L’opération des Flamants représente cette volonté de densification massive et d’industrialisation maximale des procédés de construction ; tout en revenant à une échelle plus réduite, après le rejet des grands ensembles par la population. Ces 160 logements des Flamants et Aigrettes, sont la deuxième opération du genre de Mario Fabre : en effet, en 1969-1970, il réalise l’opération de Mallebarge, 56 logements, à Port St-Louis du Rhône. Une plaquette descriptive du modèle est réalisée en 1975, elle est consultable dans les archives privées de l’architecte aux archives départementales de Marseille. Ce carnet est un cahier des charges précis visant à structurer et ordonner la répétition du modèle selon des règles combinatoires prescrites. Il a été conçu par l’architecte et l’entreprise de construction Travaux du Midi, afin de promouvoir cette volonté commune de créer une nouvelle forme d’habiter. C’est le début de la répétition de son modèle puisque trois autres opérations seront construites ensuite : à Trets et Istres en 1975-1976, puis à Calas en 1976-1977. Le modèle est reproduit jusqu’à former un total de 360 logements dans la région Provence Alpes Côte d’Azur.
1 ZUP : Zone à urbaniser en Priorité, procédure administrative d’urbanisme opérationnel utilisée en France entre 1959 et 1967 afin de répondre à la demande croissante de logements. Les ZUP étaient destinées à permettre la création ex nihilo de quartiers nouveaux, avec leurs logements, mais également leurs commerces et leurs équipements. (cf De VIGAN Jean, Dicobat 9 : dictionnaire général du bâtiment, 2008, voir p.52 page 7 sur 72
Ces logements sociaux à bas coûts ont été commandés par la LOGIREM2 et réalisés par l’entreprise Les Travaux du Midi. Tous les logements sont des maisons à patio individuelles et de plain-pied construites avec des panneaux préfabriqués lourds de procédé FIORIO. Comme le souligne Yvan Delemontey dans sa thèse3, les différents procédés préfabriqués se multiplient et se succèdent rapidement à l’époque. Le procédé FIORIO est créé en 1949, dans une entreprise familiale de l’Aude. Ces panneaux de béton et briques sont les éléments principaux composant les villas de l’architecte Mario Fabre. Entièrement préfabriqués en usine, ils sont acheminés par camion jusqu’au chantier, levés par une grue et assemblés ensemble par clavetage. Il est intéressant de se demander si ce procédé préfabriqué a influencé la conception de l’architecte, et comment ? C’était en effet de la première fois que Mario Fabre utilisait un procédé préfabriqué. Plusieurs études ont été réalisées afin d’analyser les caractéristiques du modèle de villas à patio utilisé dans les 5 opérations de Mario Fabre. On peut citer deux travaux d’étudiants de l’ENSA Marseille, Thomas Bouvier4 et Maxime Grivet5, ayant voulu examiner l’utilisation à répétition du modèle de la villa à patio et de sa combinatoire en nappe urbaine. Il en découle la question de l’influence qu’a pu avoir le système constructif dans les similitudes et différences entre les opérations. En effet, un procédé industrialisé et répété peut-il s’adapter à chaque situation et créer une diversité architecturale ? Du T4 au T6, les 10 typologies fournissent près de 25 combinatoires alternées sur le plan. Les opérations de Mario Fabre sont en général appréciées par les habitants. Pourtant, les besoins évoluent et beaucoup souhaitent adapter les villas à leurs nouveaux modes de vie (cf l’étude pour le CAUE 136, menée par Thierry Durousseau et Marina Agostini en 20097). Les villas subissent plusieurs modifications comme des extensions, des agrandissements de pièces, l’ajout d’isolation thermique etc… Ces modifications apportées au fil du temps, peuvent démontrer les limites du procédé FIORIO et les raisons pour lesquelles il est tombé dans l’oubli. L’étude de la DRAC PACA8, 9, portant sur l’opération de Port St-Louis du Rhône et Arles, est d’ailleurs à l’origine de la question d’intérêt patrimonial de ces opérations architecturales du XXè siècle et de leurs évolutions. Au vu des recherches effectuées et des études existantes, il semble intéressant de placer le mode constructif de ces opérations, le procédé FIORIO, au cœur de cette recherche. Il est important de questionner la place du contexte historique dans la création de l’opération, afin de comprendre l’utilisation de ce système constructif et donc sa possible influence sur ces différentes architectures. 2 LOGIREM : Logement et Gestion Immobilière pour la Région Méditerranée 3 DELEMONTEY Yvan, Reconstruire la France : l’aventure du béton assemblé 1940 – 1955, 2009, voir p.51 4 BOUVIER Thomas, Lotissements les Flamands et les Aigrettes : comment l’architecte Mario Fabre parvient-il à engendrer une morphologie à partir d’un modèle typologique industrialisé ?, 2016, voir p.48 5 GRIVET Maxime, Lotissements les Flamands et les Aigrettes : La maison à patio de Mario Fabre, un modèle à l’épreuve du territoire et du temps?, 2015, voir p.48 6 CAUE 13 : Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement des Bouches-du-Rhône 7 AGOSTINI Marina et DUROUSSEAU Thierry, « Les Flamants, Arles », dans Portofolio Marina Agostini architecte,, 2009, voir p.48 8 DRAC PACA : Direction Régionale des Affaires Culturelles de la région Provence Alpes Côte d’Azur 9 BERTRAND Frédérique, HERAT Arlette et MARANTZ-JEAN Eléonore, Lotissements Les Flamants et Les Aigrettes, 2010, voir p.48 page 8 sur 72
En quoi le contexte historique et une politique étatique peuvent influencer la production architecturale de toute une époque ? La diversité architecturale était-elle réellement possible avec un modèle de construction préfabriqué et industrialisé imposé par l’État français ? Cette question débouchera sur les questions secondaires : quelles sont les influences d’un procédé industriel préfabriqué sur la manière de concevoir d’un architecte ? Et plus particulièrement, nous questionnerons et mettrons à l’épreuve l’utilisation du procédé FIORIO. Quels ont été les avantages et limites du procédé FIORIO ? En quoi le procédé FIORIO a-t-il permit de créer une diversité architecturale ? Mario Fabre a réfléchi sur la question de la diversité à partir d’un seul modèle préfabriqué et industrialisé, qui lui a été imposé. Nous nous pencherons donc dans un premier temps sur l’étude du contexte de la reconstruction, une démarche inévitable afin de comprendre les enjeux de la préfabrication influant les projets de l’époque, ainsi que le revirement des grands ensembles vers l’habitat intermédiaire. Nous verrons ensuite comment la préfabrication lourde s’est adaptée à une échelle plus réduite que les grands ensembles à l’instar du procédé FIORIO dans le projet des Flamants. Nous rechercherons à travers l’analyse de ce système, comment un modèle unique installe une diversité dans cette opération ; puis nous continuerons en comparant les 5 autres opérations réalisées par l’architecte Mario Fabre. Enfin, quelques comparaisons pourraient être effectuées avec des projets à d’autres échelles utilisant le même procédé FIORIO, afin de mettre en exergue l’influence et l’adaptation d’un système constructif à différents modes d’habiter et usages.
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I -
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat : Expérience de l’habitat intermédiaire préfabriqué à Arles
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1.1_ La cité de la Muette à Drancy en région parisienne ( 1934) par Eugène Beaudouin, Marcel Lods et Jean Prouvé, est souvent considérée comme le premier grand ensemble en France. crédit : © Fonds Lods. Académie d’architecture/Cité de l’architecture & du patrimoine/Archives d’architecture du xxe siècle
1951-1965
1946
35 017 habitants
- Reconstruction de la ville - Extension de la ville vers le nord (Le Trebon/Montplaisir) le sud ouest (Chabourlet) et le sud est (Alyscamps / Bigot) - Prévision démographique : 100 000hab en 1975
1954
37 443 hab.
1962
41 932 hab.
1968
45 774 hab. - Urbanisation de Barriol
1.2_ Frise chronologique de la ville d’Arles après la 2nde guerre mondiale : reconstruction et croissance démographique
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1975
50 059 hab.
I -
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat
A- Histoire d’une politique française volontariste : reconstruction de masse et préfabrication
1/ Des grands ensembles à l’habitat intermédiaire Les lotissements les Flamands et les Aigrettes, situés au cœur de la ZUP de Barriol à Arles ont été conçus et achevés en 1970-1971 et 1972-1973. Ces deux projets réalisés successivement par l’architecte Mario Fabre, s’inscrivent à l’époque dans une politique territoriale de relogement et de réalités constructives importantes. Comme le décrit Bruno Vayssière dans son livre Reconstruction - Déconstruction1; le pays entier est contraint au lendemain de la seconde guerre mondiale à reconstruire des millions de mètres carrés d’équipements et de logements. Il faut aller vite et construire à bas prix pour reloger des millions de personnes; mais aussi répondre à la croissance démographique rapide de la France; plus tard appelée «Baby Boom».2 Par conséquent, l’architecture se tourne pour la première fois vers l’industrialisation et la préfabrication béton massives. L’état français, via le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme3 avec à sa tête Eugène Claudius-Petit, s’engage dans une politique volontariste afin de promouvoir le développement de brevets techniques et l’utilisation des systèmes préfabriqués. Il investit financièrement dans la recherche en organisant différents concours4. Depuis 1950, on peut distinguer 3 phases de reconstruction massive pour palier à cette crise du logement. La première phase commence selon les historiens dans les années 1955 avec la création des barres en béton mono-orientées et leur superposition verticale de logements et des réseaux : c’est la naissance des Grands Ensembles5. A l’époque, on assiste à une véritable envie de «tabula rasa» des centres anciens historiques complètement détruits par les bombardements. L’utopie des grands ensembles rêve à construire une architecture moderne où se mêlent logements et équipements dans un esprit de collectivité. Généralement posées au milieu de la parcelle, les cellules de logements se superposent dans des barres ou des tours. Cependant, dès les années 60 commence à monter le rejet de ces «monstres de béton». L’utopie moderne commence à s’effriter face au refus de la population d’un mode d’habiter ne correspondant pas à leurs désirs ; mais répondant uniquement à la crise du logement. Il se dessine alors deux grands courants architecturaux: la barre s’ouvrant désormais sur plusieurs directions; et la nappe proliférante démultipliant la cellule du logement à l’horizontal. 1 VAYSSIERE Bruno, Reconstruction – Déconstruction : le hard french ou l’architecture française des trente sglorieuses, 1988, voir p.51 2 Le nombre de naissances en France est passé de 560 000 avant la guerre à 840 000 en 1946. Sources Insee, Ined, et DUPÂQUIER, Jacques, Histoire de la population française, Paris, PUF, 1988 3 MRU : Le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme est, créé en 1944 au lendemain de la guerre par le gouvernement provisoire de Charles De Gaulle. Il devient en 1955 Ministère de la Reconstruction et du Logement (MRL) puis Ministère de l’Équipement en 1966. 4 cf : le concours Chalandon que FIORIO remportera et que nous évoquerons dans la partie suivante. 5 Grand Ensemble : Selon le service de l’Inventaire du Ministère de la Culture français, un grand ensemble est un «aménagement urbain comportant plusieurs bâtiments isolés pouvant être sous la forme de barres et de tours, construit sur un plan-masse constituant une unité de conception. Il peut être à l’usage d’activité et d’habitation et, dans ce cas, comporter plusieurs centaines ou milliers de logements.» page 13 sur 72
1.3_ Projet 2 de la ZUP de Barriol (5 Janvier 1968, Atelier d’urbanisme d’Arles et Emile Sala), photographie de la maquette ( en vert : la ZUP projetée, en rouge : la ZUP construite ) crédit : Françoise SALA
1.1bis _ Plan masse
1.4_ Villa à patio : Emile SALA, 1968 crédit : Françoise SALA
1.2bis _ Les espaces privés
1.3bis _ Les espaces semi-publics
0
1
5
1.5_ Villa à patio : Emile SALA, 1968; plan de la cellule Type 4
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1.4bis _ Les espaces publics
C’est dans les années 1969-1970, que le rejet des grands ensembles se concrétise et sonne la fin de ces constructions imposantes. Selon Thierry Durousseau dans Architecture du XXè siècle : Ensembles et Résidences à Marseille 1955-19756, la critique des grands ensembles est alors à son paroxysme, et les bidonvilles n’ont jamais paru aussi nombreux. Durant la troisième vague de reconstruction, les architectes et constructeurs se tourneront donc vers un renouveau de la cité-Jardin7 et de ses maisons pavillonnaires : l’habitat intermédiaire8. Ils utiliseront la densification massive et l’industrialisation, poussée à son maximum, notamment dans les ZUP. Bien qu’hostiles à cette manière de produire l’architecture industrialisée, certains architectes se prêtent à l’exercice, à l’instar de Mario Fabre. La ZUP de Barriol, créée officiellement le 21 mars 1968 sur d’anciennes terres maraîchères, devient l’occasion pour la ville d’Arles, la Société de Crédit Immobilier des Bouches-du-Rhône et la LOGIREM, de tester cette nouvelle forme d’architecture dense. Arles passe de 35 000 à 42 000 habitants entre 1946 et 1962, les estimations prévoyaient même 100 000 habitants d’ici 1975. La ZUP de Barriol devient un enjeu capital pour le futur de la ville. Emile Sala (1913-1998), architecte actif dans le domaine du logement et de l’équipement public à Paris et à Arles, propose avec l’ARENA9 les premiers plans d’urbanisation de la ZUP de Barriol. En 1969-1970, alors qu’il est architecte en chef de la ZUP, il présentera aux maîtres d’ouvrages10 des plans organiques pour le nouveau quartier de Barriol. Il imagine un ensemble de logements groupés appelé «lotissement municipal» (1.1Bis) à la place des Flamants et des Aigrettes. Emile Sala prévoit de construire cent treize villas, dont quarante-neuf implantées en bande et quarante-quatre sont des villas à patio (1.4, 1.5, 1.2Bis). Organisées autour d’une rue centrale et de ramifications perpendiculaires se terminant en placettes (1.3Bis, 1.4Bis) , elles forment un tissu irrégulier. Bien que le plan n’ait pas été respecté, car trop dense par rapport à la réelle croissance démographique d’Arles, on retrouve certaines de ses idées dans l’organisation actuelle de la ZUP. L’opération des Flamants cristallisent cette envie de la population, de revenir à des valeurs plus traditionnelles dans des projets à échelle plus réduite. La maison individuelle et son jardin privé, dans une unité de voisinage11 reste le mode d’habitat rêvé par la majorité des français. Mario Fabre répond donc à cette commande en utilisant son modèle de villa préfabriquée en L entièrement tournée vers le patio privé. Cette typologie présente des qualités d’espaces et de vie mais également d’assemblage et de rapidité d’exécution de par la simplicité des volumes. Les espaces communs de type placettes permettent d’obtenir une échelle de voisinage malgré l’étendue de l’opération. L’architecte avoue lui même que les Flamants et ces 160 logements formant une nappe urbaine, marquent la limite de répétition de ces maisons préfabriquées.
6 DUROUSSEAU Thierry, Architecture du XXè siècle : Ensembles et Résidences à Marseille 1955-1975, voir p.49 7 Cité jardin : concept théorisé par l’urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898; il consiste à mêler construction et nature en décentralisant les réalisations du centre des villes. 8 Habitat intermédiaire : ou semi-collectif; il consiste à construire des groupements de logements (max r+3), alliant accès individuel et jardin privé à la vie en collectivité. 9 ARENA : Atelier d’Urbanisme du Pays d’Arles 10 Jacques Van Migom (1907-1980) ; Jean Pélissier (1927-2003) ; Michel Van Migom (1913-2007) 11 Unité de voisinage : concept développé dans les années 1930 aux Etats-Unis, regroupant un ensemble d’habitations autour d’une école primaire (unité de base) dans un rayon de marche acceptable. page 15 sur 72
2.1_ Constitution et Montage de panneaux préfabriqués COIGNET
2.2_ Montage de panneaux préfabriqués CAMUS
crédit : CNAM
crédit : CNAM
2.3_ Exemples d’immeubles collectifs construits avec des panneaux FIORIO crédit : Laurent LEHMANN
2.4 _ Transport par camion des panneaux préfabriqués finis vers le chantier
2.5_ Plaquette descriptive du modèle de villa à patio préfabriquée
crédit : Bruno VAYSSIERE
crédit : Archives Départementales de Marseille
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I -
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat
A- Histoire d’une politique française volontariste : reconstruction de masse et préfabrication
1/ Des grands ensembles à l’habitat intermédiaire.
2/Préfabrication et procédés industriels Comme l’explique l’architecte Mario Fabre dans une interview menée par Eve Roy en 2017, les procédés préfabriqués étaient imposés sur chaque projet de logements sociaux de l’époque afin de bénéficier d’aides financières de l’Etat. Le procédé était donc très rarement choisi par l’architecte et donc inclus au processus de conception. Yvan Delemontey démontre pourtant dans sa thèse Reconstruire la France : l’aventure du béton assemblé 1940 – 195512, que période historique, mise en œuvre et matériaux sont plus que jamais liés. En effet, c’est l’histoire qui permet d’expliquer cet essor de procédés techniques industrialisés. La mécanisation, l’organisation rationnelle du chantier et la préfabrication en béton ne sont plus seulement des moyens de construire plus efficacement, mais deviennent les nouveaux principes générateurs du projet. Ainsi, on ne peut parler des Grands Ensembles sans évoquer les panneaux préfabriqués en béton. Conçus et réalisés pour être assemblés avec un maximum de rendement sur le chantier par une main-d’œuvre peu qualifiée et peu nombreuse, la plupart de ces procédés préfabriqués obéissent à des règles strictes de mise en œuvre. La préfabrication consiste à produire en usine dans des conditions optimales, de grands éléments complexes. Ils réunissent ainsi pendant le processus de fabrication, l’ensemble des corps d’état principaux et secondaires intervenant habituellement sur le chantier. Ce dernier se réduit exclusivement à un lieu de montage. Les procédés industriels béton tels que Camus, Coignet, Pico-Fabre (2.1 à 2.3) etc ... se développent sous forme de panneaux de murs entiers en béton : c’est la préfabrication lourde. Par la suite, les constructeurs chercheront à alléger ces panneaux en les remplaçant par un procédé mixte béton et terre cuite : à l’instar du procédé Fiorio (1949), utilisé dans l’opération des Flamants. La place de l’architecte dans le choix de la conception est à cette époque réduite : l’architecture se dessine entièrement selon les procédés utilisés et il est difficile pour les architectes de s’accorder avec les entreprises. En ce qui concerne l’opération des Flamants, la D.D.E.13 a d’abord organisé un concours de modèle reproductible afin de construire un ensemble de 400 logements dans la commune d’Arles et autour. D’abord sceptique face à la création d’un modèle industrialisé et répété dans des contextes différents, Mario Fabre14 se prête au jeu. Il sera lauréat en proposant, en association avec l’entreprise Travaux du Midi, son modèle de villa à patio préfabriquée et combinée afin de former un tissu de nappe urbaine proliférante (2.4).
12 13 (DDT) 14
DELEMONTEY Yvan, Reconstruire la France : l’aventure du béton assemblé 1940 – 1955, 2009, voir p.51 D.D.E. : Direction Départementale de l’Equipement, aujourd’hui appelé Direction départementale des Territoires alors architecte conseil auprès du Crédit Immobilier d’Arles, l’un des futurs financeurs des Flamants. page 17 sur 72
2.1Bis_ Vue aérienne des Mallebarge 1, Port Saint-Louis (1969-1970), 56 logements
2.2Bis_ Vue aérienne des Flamants à Arles (1971-1973), 160 logements
2.3Bis_ Vue aérienne des Audrics, Trets (1975-1976), 41 logements
2.1 Bis2_ Vue aérienne de la Pedina, Istres (1975-1976), 55 logements
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2.2 Bis2_ Vue aérienne des Genets, Calas (1976-1977), 48 logements
En 1969, la LOGIREM et la Société de Crédit Immobilier, maîtres d’ouvrage délégués du projet; commandent donc à Mario Fabre et les Travaux du Midi, 400 logements préfabriqués FIORIO pour la région. Port Saint-Louis est le premier projet réalisé avec le procédé FIORIO; après la commande passée par le maire de la ville, on y construit 56 logements destinés à loger les dockers (2.1Bis). Les Flamants et les Aigrettes représentent la deuxième opération de ce modèle (2.2Bis). Elle est l’opération la plus étendue et marque la limite maximale de répétition du modèle afin de garder la sensation d’une échelle de quartier. Avec des maisons vendues à 80 000 Francs, le pari du logement social individuel à bas prix est gagné. Trets (41 logements) (2.3Bis), Istres (55 maisons) (2.1 Bis2) et Calas (48 logements) (2.2 Bis2), suivront en 1975, 1976 et 1977 portant le nombre de villas réalisées à 360; toutes utilisant le procédé FIORIO. On notera dans la partie suivante, que Calas et Istres se détachent du premier modèle en proposant une toiture à double pente au lieu d’une toiture terrasse. Ce changement témoigne de la volonté de l’architecte de s’intégrer dans le contexte et d’ajouter un caractère régional à ces opérations. Le modèle et ses deux variables, sera lauréat du concours régional de 1975; une plaquette descriptive du modèle, du procédé et de la combinatoire, est disponible aux archives départementales de Marseille15. On peut se demander alors quelle a été la place du procédé préfabriqué dans ces variations afin de s’adapter à chaque situation : le procédé FIORIO a-t-il été un frein ou au contraire un support efficace à ces variations ?
15 Fonds d’archives 250J sur Mario Fabre : Dossier n°272, Dossier intitulé «Modèle à patio : présentation du projet pour le concours régional 1975.» page 19 sur 72
1.1 _ Publicité pour les panneaux préfabriqués Fiorio crédit : Technique et Architecture, 1965
LIMOUX
PLAN DE CAMPAGNE
1.2 _ Carte schéma des entreprises de Limoux et Plan de Campagne, fournisseur des panneaux pour les 5 opérations de Mario Fabre et des Travaux du midi. L’entreprise rayonne dans toute la France et possède deux usines à l’étranger.
1.3 _ Photo de la Briqueterie Tuilerie du Languedoc à Limoux, tenue par la famille Fiorio
1.4 _ Photo de la Briqueterie Tuilerie du Languedoc à Limoux, tenue par la famille Fiorio
crédit : La Dépèche, Jean BENAZET
crédit : La Dépèche, Jean BENAZET
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I -
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat
B- Le procédé Fiorio : un symbole d’innovation pour toute une région
1/ Histoire de l’entreprise et procédé Fiorio Créées en collaboration avec les entreprises TRAVAUX DU MIDI, toutes les maisons de Mario Fabre de la région sont réalisées grâce au procédé FIORIO, inventé par l’entreprise du même nom. En raison de sa présence dans le paysage architectural de l’Aude, l’entreprise FIORIO est un symbole pour la ville de Limoux. La première mention du nom FIORIO est celle de Louis Fiorio, entrepreneur à Grenoble en 1868, immigré italien avec sa femme et son fils Segondino (1879 - 1950). D’abord peintre en bâtiment, spécialisé dans la réalisation de fresques, Segondino Fiorio vient à Lézignan-Corbières pour y créer, avec quelques membres de sa famille, une petite entreprise qui excelle rapidement dans la construction de grottes artificielles. Maçon, il se rend fréquemment à Limoux pour se ravitailler en tuiles chez M. Guiraud, exploitant d’une briqueterie déjà renommée, située route de Chalabre. Il y rencontre Honorine, la fille du propriétaire, qu’il épousera et dont trois enfants naîtront de ce mariage : Lina, puis Georges (1908) et Henri (1911). Après la première guerre mondiale de 1914-1918, il obtient la succession de la prospère entreprise de son beau-père, et la développe encore, avant de la transporter route de Pieusse, où il crée en 1919, la Briqueterie et Tuilerie du Languedoc. Il se lance dans des constructions importantes, comme le théâtre Jean-Alary et «l’ancienne mairie» à Carcassonne, l’hôpital psychiatrique de Limoux etc... ; avec les techniques les plus récentes de l’époque. À sa mort en 1950, il lègue l’entreprise à ses fils Georges et Henri, tous deux ingénieurs de l’Ecole Centrale des arts et manufactures. C’est principalement Georges Fiorio qui reprend la tête de la briqueterie-Tuilerie du Languedoc. Il y met au point le procédé de murs préfabriqués béton-briques portant son nom : le procédé Fiorio. L’entreprise fait partie des précurseurs en France dans ce domaine. Les brevets et licences qu’il dépose alors, lui permettent de donner à l’entreprise familiale une dimension internationale et de créer le « Groupement des Entreprises licenciées Fiorio ». En 1965, l’entreprise comprend trois usines de fabrication dans le Sud-Ouest et emploie 850 personnes, dont 200 à la Tuilerie limouxine. En 1969, Albin Chalandon, ministre de l’Equipement lance le concours «Chalandon1» afin de proposer des maisons individuelles bon marché. Lauréat du concours, Fiorio réalise près de 3 500 maisons de ce type. Il réalise alors une villa en quatre mois; et livre les pièces de six logements par jour, un record pour l’époque. Ce succès l’amène, afin d’élargir ses débouchés, à s’associer l’année suivante à des sociétés plus grandes qu’elle. L’entreprise Travaux du Midi, une des plus grosse entreprises de la région Provence Alpes Côte d’Azur, achète alors la licence afin d’utiliser le procédé Fiorio pour leurs projets. C’est une petite entreprise située à Plan de Campagne qui leur est associée, qui fabriquera les panneaux de murs préfabriqués FIORIO nécessaires pour toutes les opérations dans la région; dont les Flamants et les Aigrettes.
1 Concours Chalandon : Environ 65 000 maisons à prix modestes ont ainsi été construites dans toute la France entre 1970 et 1972; elles sont surnommées «chalandonnettes». page 21 sur 72
1
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3
3
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2.1 _ Détails du procédé FIORIO crédit : Technique et Architecture, 1965
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BANDEAU DE TOIT EN BÉTON PEINT
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2.2 _ Fabrication des panneaux FIORIO dans des moules crédit photo : Bruno VAYSSIERE
5 6 7 8
GRAVILLONS LAVÉS DES FACADES
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10 11 12
9
10 11 12
9 2.3 _ Séchage des panneaux crédit photo 10 : Technique et Architecture, 1965 1 2 3
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10 11
11
ACROTÈRE EN BÉTON, ASPECT BÉTON BALAYÉ 12 ALUMINIUM
DALLE AUTOPROTÉGÉE EN BÉTON
BANDEAU EN BÉTON PEINT (BORDEAUX OU COULEUR OCRE)
PANNEAU PRÉFABRIQUÉ EN BÉTON
REMPLISSAGE BRIQUES CREUSES À 7 TROUS ENDUIT EN PLÂTRE
PAREMENT DE FACADE EN GRAVILLONS LAVÉS PLINTHE EN PLASTIQUE BLOC ISOLANT
SOL EN GRANITO BÉTON
RADIER EN BÉTON
2.4 _ Coupe sur un panneau FIORIO
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crédit : Mathilde VOGELAER
1
ACROTÈRE EN 1BÉTON, AC
3
DALLE AUTOPROTÉGÉ 3 DA
2 4
ALUMINIUM 2
AL
ARCHIVES REVUE TECHNIQUE ET A
BANDEAU EN BÉTON P 4 BA
5
PANNEAU PRÉFABRIQ 5 PA
7
ENDUIT EN PLÂTRE 7 EN
6 8 9
10 11
REMPLISSAGE 6BRIQUE RE
PAREMENT DE8FACAD PA
PLINTHE EN PLASTIQU 9 PL BLOC ISOLANT10
BL
SOL EN GRANITO 11 BÉTO SO
Toutefois, les accords conclus par les Limouxins avec les grandes entreprises entraînent la chute de leur société. De plus, le prix très bas qui a été imposé par l’Etat et les sociétés immobilières, explique des malfaçons ouvrant la voie à de coûteux procès dont est victime le constructeur Fiorio. En effet, de nombreux problèmes d’infiltration d’eau par la toiture seront relevés; le lotissement des Flamants est également victime de ce défaut. Selon Henri Fiorio, les difficultés commencèrent en 1974, l’obligeant à vendre la Tuilerie en 1979 puis, l’année suivante, à déposer le bilan, synonyme de la disparition, à terme, d’une entreprise qui avait constitué l’un des plus beaux fleurons de l’industrie de la région audoise.
I -
Reconstruction d’après-guerre en France et industrialisation de l’habitat
B- Le procédé Fiorio : un symbole d’innovation pour toute une région
1/ Histoire de l’entreprise et procédé Fiorio
2/ Description d’un procédé Le procédé Fiorio est créé en 1949. Il est issu d’un procédé mixte béton-terre cuite. L’utilisation de produits céramiques incorporés à des éléments préfabriqués est apparue en 1947. Appliquée déjà précédemment à des éléments de plancher, cette solution s’est étendue à tous les éléments d’une préfabrication totale de logements et d’écoles. Ce procédé est mis en œuvre dans des usines fixes et permet de fabriquer un panneau préfabriqué d’un étage de haut. Une fois finis, les panneaux sont acheminés par camion sur les chantiers et mis en place grâce à des machines de levage. De plus grandes dimensions d’éléments ou de moins puissants moyens de levage ont été rendus possible par l’emploi de produits céramiques, permettant d’alléger l’ensemble fini. Sur le plan technique, les produits céramiques rentrent dans le calcul de l’ouvrage et le panneau de mur est envisagé comme une poutre cloison. Les produits céramiques comportent de nombreuses alvéoles et leur forme en T est étudiée pour qu’il y ait continuité de l’élément céramique à l’intérieur des panneaux. Selon les calculs et besoin des projets, les nervures des éléments céramiques sont orientés verticalement ou horizontalement. L’épaisseur d’un panneau varie le plus souvent entre 21.5 et 26.5 cm. Le parement de façade ne mesure que 3 cm; c’est identique à l’épaisseur des nervures entre les éléments céramiques. L’enduit intérieur en plâtre est fait en usine. La fabrication des panneaux se réalisent à plat dans des moules de la dimension voulue (2.2). Selon les deux historiens Thierry Durousseau2 et Claude Marquié,3 certains panneaux pouvaient également être recoupés par la suite.
2 3
D’après l’interview de Thierry DUROUSSEAU réalisée à Marseille le 16 Octobre 2017, par Mathilde Vogelaer, voir p.48 D’après l’interview de CLAUDE MARQUIÉ, réalisée à Carcassonne le 08 Décembre 2017, par Mathilde Vogelaer, voir p.51 page 23 sur 72
VUE D BRIQU
PORT
PORT PLAN DE DETAIL_ECH 1/10
2.5 _ Plan sur un panneau FIORIO dans l’opération des Flamants, Arles crédit : Mathilde VOGELAER
ENSA MARSEILLE_S9_ LA FABRIQUE _TRANSMISSION DES FORMES MUTATION DES USAGES _ENSEIGNANT : FREDERIC BREYSSE
RÉSIDENCE LES FLAMANTS + LES AIGRETTES, ARLES_ MARIO FABRE
2.6 _ Montage en usine des portes et fenêtres sur les panneaux, crédit : Laurent LEHMANN
2.7_ Stock et assemblage des panneaux préfabriqués FIORIO crédit : Laurent LEHMANN
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Dans le moule, on coule d’abord le plâtre formant la paroi finie intérieure; les briques sont ensuite disposées horizontalement ou verticalement selon les besoins. Au droit des joints verticaux armés de deux fers et d’une épingle, une plaquette céramique enduite au plâtre est utilisée en finition. La terre cuite et les 7 alvéoles permettent à l’époque d’isoler la maison avec un coefficient raisonnablement efficace ( K=1.15). On coule ensuite le béton par dessus (2.3) en incorporant les ferraillages et crochets métalliques qui permettront de soulever mais aussi de lier les panneaux entre eux et à la dalle (2.). Les panneaux sont ensuite livrés entièrement finis sur le chantier. Dans le projet des Flamants, il a été possible de mesurer le panneau Fiorio, d’après un relevé effectué sur un échantillon de mur disponible dans une des maisons en travaux. Les maisons de Mario Fabre sont constitués de panneaux préfabriqués de 25.5cm d’épais. Les murs mitoyens sont épais de 20cm car constitués de briques de 17cm et d’enduit plâtre sur les deux faces. Les murs trop longs possèdent un joint de dilatation formés par deux murs de 15.5 cm (brique de 14cm + enduit plâtre). Les fenêtres, directement montées sur le panneau préfabriqué en usine, sont en bois du nord avec pièce d’appui métallique. Des volets à battants persiennés en bois vernis sont également installés sur le panneau. Les menuiseries intérieures possèdent une huisserie métallique directement incorporée au coulage du mur (2.6). Les panneaux finis sont ensuite emmenés par camion (2.7) depuis l’usine de Plan de Campagne sur le chantier et assemblés ensemble et à la dalle par clavetage (2.8). Le ferraillage des murs et des dalles s’entremêlent dans une réserve où est coulé le béton sur le chantier afin de sceller les panneaux (2.5). Une villa est ainsi montée en 4 jours; l’opération des Flamants est livrée en un an. L’opération des Aigrettes, après une demande de permis de construire déposée en juin 1972 et une rectification du plan masse en septembre 1972, sera livrée en octobre 1973. Le procédé FIORIO qui compose le lotissements des Flamants, a donc été créé en réponse au contexte de reconstruction rapide de l’époque. Il permet grâce à ses éléments préfabriqués légers béton-briques, d’offrir un moyen industriel simple à la construction d’opérations denses et à échelle réduite composant l’habitat intermédiaire des années 1970. Nous verrons dans la partie suivante comment ce procédé préfabriqué a réussi à être le support d’opérations répétées mais variées.
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II - Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture
La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet ; de l’objet au tissu urbain
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garage
1.a.1_ Le panneau préfabriqué forme le mur, il est l’élément de base
zone jour
services
espace privatif patio
zone nuit
1.a.2_ Schéma de concept de l’objet
T4 A
T5 D
T4 B1
T5 E1
T4 C2
T5 F2 T4 C1
T4 B2
T5 F1
T5 A
T5 B1
T5 C2
T6 T5 C1
T5 B2
1.a.3_ Plans des différentes typologies : les cellules d’habitation forment 16 déclinaisons
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T5 E2
II -
Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles
a- De l’élément à la cellule d’habitation, à ses déclinaisons ...
b- .... des combinaisons à la création d’un tissu.
c- Un tissu support de différents usages
Plusieurs études1 existant déjà sur la composition morphologique du lotissement des Flamants et des Aigrettes; l’analyse suivante se propose de réaliser une synthèse de ces dernières auquelles s’ajoute l’influence du procédé préfabriqué sur cette manière de construire la ville. Afin de comprendre le processus de composition du projet, il est nécessaire de le décomposer afin d’appréhender toutes ses étapes. La plaquette descriptive du modèle de Mario Fabre, décrit une ébauche de ce processus de composition. Les schémas ci-contre permettent de montrer les différentes étapes qui le composent. Le lotissement des Flamants et des Aigrettes se compose de 160 villas préfabriquées. On ne peut séparer l’élément : panneaux préfabriqués FIORIO; de l’objet : la villa à patio. L’industrialisation d’un objet tel que la villa à patio nécessite une rationalité constructive dès sa conception afin de parvenir à son exécution rapide et à bas coûts. Les cellules d’habitations possèdent une forme élémentaire et sont de plain-pied. Elles permettent un assemblage simple et efficace de leurs éléments sur le chantier. Chaque cellule d’habitation est individuelle; elle se compose d’une villa en L, d’un patio privé, d’un garage et parfois, d’un jardin avant. Ces cellules d’habitation proposent trois typologies, déclinées en quatre types (1.a 3) : la cellule de type IV (85m²), la cellule de type V et V Bis (98m²), et la cellule de type VI (112m²). Les éléments préfabriqués des murs sont donc déterminés par le dessin de Mario Fabre et ses typologies. Il a notamment pu choisir les dimensions des murs ainsi que la finition de certains matériaux. L’architecte décrit la construction du modèle comme «un véritable combat»2. Il est difficile d’avoir la liberté de choisir les matériaux comme le bois pour les portes de garage ou d’éviter la finition extérieure en gravillons lavés, qui font partie des matériaux plébiscités par le MRU3. Chaque panneau de mur s’élève à 2.5m intérieur et 3m du côté extérieur. Un bandeau horizontal à 2.20m sépare le parement extérieur de l’acrotère. La finition du parement est réalisée en blocs verticaux de 80cm de large en gravillons lavés ou en béton frotassé à peindre (de couleur ocre) pour les murs du patio, le bandeau, et l’acrotère (1.a.1).
1 notamment celle de l’étudiant BOUVIER Thomas, Lotissements les Flamands et les Aigrettes : comment l’architecte Mario Fabre parvient-il à engendrer une morphologie à partir d’un modèle typologique industrialisé ?, 2016, voir p.48 2 d’après une interview de Mario FABRE menée par Eve ROY, Marseille,, 16 Mai 2017, voir p.49 3 Le ciment étant devenu la valeur de production par excellence. Voir : VAYSSIERE Bruno, Reconstruction – Déconstruction : le hard french ou l’architecture française des trente glorieuses, 1988, voir p.51 page 29 sur 72
610.0000
Pièces de jour Pièces de nuit Pièces de services 1.a.4_ Schéma de la répartition des usages dans la villa
1.a.5_ Un patio privé non discernable depuis la voirie. crédit : Mathilde VOGELAER et Archives Départementales de Marseille
1.a.6_ Des cellules combinées forment 25 combinatoires différentes
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Les éléments préfabriqués sont donc conçus par l’architecte; en accord avec les faisabilités du panneaux mais surtout, selon la demande de la LOGIREM. La préfabrication ne semble donc pas être le frein à la diversification. Les éléments sont ensuite assemblés afin de former l’objet : la maison à patio. La conception de l’élément et donc indissociable de la conception de l’objet, et vice versa. Dans la vie professionnelle de Mario Fabre, le modèle de la maison à patio est une typologie qui sera souvent travaillée car elle correspond aux modes de vie méditerranéen. Comme l’a démontré la partie précédente, on peut également imaginer que l’architecte décide d’utiliser ce modèle après avoir analysé les plans de la ZUP de Barriol réalisés par Emile Sala en 1969. Mario Fabre évoque dans une interview réalisée par Thierry Durousseau4, l’envie de s’inspirer de l’architecture japonaise pour concevoir des villas aux volumes bas s’étalant en nappe, afin de magnifier l’horizontalité. Chaque maison est construite sur une base carrée de 15x15m (1.a.2). Quelque soit sa taille, l’habitation s’organise en L5 autour du patio privé. Les pièces de jour occupent une aile; et les pièces de nuit, l’autre (1.a.4). Les surfaces des chambres varient de 9 à 14m². L’articulation des deux ailes accueillent les pièces de services (entrée, salle de bain, cellier). Le procédé constructif FIORIO fonctionnant en mur plein, l’unique mur de refend de la maison renforce la séparation des deux ailes. Mario Fabre dessine ainsi de façon très nette la séparation entre les différents usages; et confirme la rationalité de son modèle. La maison semble s’enrouler autour du patio privé. Trois des six murs préfabriqués la composant, sont aveugles et ne disposent d’aucunes fenêtres; deux s’ouvrent sur le patio. Le toit est un toit-terrasse en béton préfabriqué. Les murs préfabriqués refermant le patio, forment un claustra aux motifs géométriques dessinés par Mario Fabre, afin de donner l’intimité nécessaire à l’espace privé que représente le patio. Le garage peut être considéré comme un élément préfabriqué indépendant. Il se fixe sur la cellule d’habitation de cinq manières différentes : dans la continuité des pièces de services (type A), des pièces de vie(type B1), ou des chambres(type B2) ou en face de ces deux dernières (type C1 et C2). Il permet ainsi une liberté d’assemblage, et pas moins de seize déclinaisons (1.a.3). Une large diversité en plan masse est produite en combinant ces déclinaisons. On dénombre 25 combinaisons (1.a.6) sur le lotissement des Flamants. Elles permettent ainsi d’obtenir un tissu urbain dense et varié malgré un procédé industriel répété.
4 Interview de Mario FABRE, réalisée par Thierry DUROUSSEAU, à Marseille, le 7 août 2008, voir p.48 5 avec deux ailes de 5.6m de large, correspondant à 7 blocs de parement extérieur en gravillons préfabriqués de 80cm de large, constituant le panneau FIORIO. page 31 sur 72
1.b.1_ Les éléments constitutifs : 16 déclinaisons
1.b.2_ Les combinaisons : 25 variantes
1.b.3_ Le terrain : la ZUP de Barriol
1.b.4_ Les voiries
1.b.5_ Répartir les combinatoires
1.b.6_ Résultat : la ZUP de Barriol
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1.b.7_ Les Flamants : une nappe urbaine à traverser
II -
Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles
a- De l’élément à la cellule d’habitation, à ses déclinaisons ...
b- .... des combinaisons à la création d’un tissu.
c- Un tissu support de différents usages
Aucune morphologie architecturale n’est due au hasard. Certaines sont même utilisées par différents architectes. Dans les architectes français contemporains à Mario Fabre, on peut citer les travaux de Georges Candilis (1913-1995). Certaines des combinaisons de villas à patio sont communes aux Flamants et aux travaux de recherches menés par Candilis dans son ouvrage Recherches sur l’architecture des loisirs publié en 19736. Le processus de composition du tissu urbain commence avec l’utilisation des 16 déclinaisons qui forment l’élément constitutif (1.b.1). Par jeu de symétrie et d’assemblages des différentes typologies, on décompte 25 combinaisons dans le lotissements des Flamants (1.b2). Ces combinaisons seront disposées sur le terrain plat de la ZUP, une fois ce dernier aménagé selon une «notice de montage» stricte. La notice de montage de la ZUP se base sur le concept de séparation des flux routiers et piétons, si cher à l’habitat intermédiaire des années 70. Sur le terrain (1.b3), s’ajoutent des voiries en impasse terminées par un élargissement. Ces dessertes routières de 5m de large, distribuent chaque entrée des garages individuels des habitations. Elles sont catégorisées en trois sortes : droites, en coudes ou croisées; et ne permettent pas de contourner les groupes de logements (1.b.4). Elles sont donc disposées de manière logique et rentable afin de desservir un «bandeau» de parcelles large de 15m : c’est la trame urbaine (1.b.5). Les routes servent également durant le chantier à se repérer : on distingue ainsi 4 zones de travail. La règle consiste à positionner un maximum de deux maisons entre deux dessertes automobiles (1.b.6). Entre ces deux villas, se forme les placettes communes, reculées de la circulation automobile. Des décalages dans les alignements de villas offrent également de nouveaux espaces protégés. Ces placettes sont desservies par des venelles de 2m de large, longeant les habitations, de manière labyrinthique. Cet écart minimum est défini par la capacité des machines de levage à accéder à certaines des villas. Les îlots ainsi créés, peuvent facilement être traversés et utilisés par les habitants (1.b.7). Les combinaisons de cellules de logement permettent une diversité d’espaces publics et semi-publics, que nous étudierons dans la partie suivante. Le modèle préfabriqué se repère aisément sur le plan masse. Bien qu’inflexible, ce sont les combinatoires multiples du module qui permettent de proposer une variété d’espaces.
6
CANDILIS Georges, Recherches sur l’architecture des loisirs, 1973, voir p.52
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3Bis
1Bis
1.c.1_ Coupé générale sur les différents types d’espaces qu’offrent le lotissement
1.c.1Bis_ Les espaces privés : patios
1.c.2Bis_ Les espaces semi-publics: jardins avant et décalages de trame
1.c.3Bis_ Les espaces publics: placettes irriguées de venelles
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crédit : Mathilde VOGELAER et DRAC PACA
2Bis
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Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles
a- De l’élément à la cellule d’habitation, à ses déclinaisons ...
b- .... des combinaisons à la création d’un tissu.
c- Un tissu support de différents usages
Les maisons préfabriquées bien que conçues sur le même module, permettent donc de créer une multitude d’espaces, prêts à être utiliser. On distingue trois catégories de «vide» : les espaces privés, offerts par les patios (1Bis), les espaces semi-privés, formés par les jardins avant des villas (2Bis) et les espaces collectifs (placettes), que composent la disposition des maisons entre deux voies automobiles (3Bis). Tous ces espaces sont supports d’appropriation de la part des habitants. Les patios sont très appréciés des habitants pour leur taille généreuse: de 41 à 84m². A l’inverse les claustras sont quant à eux pour la plupart obstrués, malgré le peu de passage dans les venelles. Beaucoup des espaces semi-publics (contenus entre habitations et voiries), seront végétalisés. Cela provoquera des différences d’entretien : de soutenu, à laisser en friche pour certains. Pour palier à ce manque d’entretien, la Société de Crédit Immobilier des Flamants et des Aigrettes revend ces parcelles aux actuels propriétaires des villas des Flamants. Malheureusement, cette décision entraîne la plantation de végétaux et/ou la fabrication de murs hauts; obstruant totalement la vue et rendant ces espaces totalement privés. Les espaces publics, placettes sont des endroits qu’affectionnent les habitants. Bien que peu appropriés, ils sont le support de quelques communautés de voisinage7 comme durant la fête des voisins, et d’appropriation sur les placettes : jeux d’enfants et jardins plantés partagés. Dans les années 1970, la place du piéton et de la voiture font partie des problématiques majeures. En effet, l’habitat intermédiaire amène les architectes à penser la gestion de ces flux de manière plus poussée; en accordant très souvent la priorité aux piétons. Mario Fabre pense cette séparation entre vitesse de la voiture et nonchalance du piéton en créant le réseaux secondaires de venelles à l’intérieur des îlots. Ce système permet ainsi de protéger les piétons mais aussi d’offrir des circulations et des placettes piétonnes beaucoup plus calmes et agréables. C’est pourtant dans ces venelles que peut se ressentir la limite de répétition du procédé préfabriqué FIORIO. En effet, les venelles se suivent et se ressemblent le long des murs en gravillons lavés si les usagers ne s’approprient pas ces lieux de passage. Il est intéressant désormais de comparer ce système de composition et l’influence du procédé, dans les morphologies des autres opérations de Mario Fabre utilisant ce modèle.
7 d’après l’interview d’habitants du lotissement les Flamants, réalisée par Mathilde VOGELAER, à Arles, le 25 Septembre 2017, voir p.48 page 35 sur 72
2.1 _ Vue aérienne de Malebarge, Port-Saint-Louis (1939-1970, 56 logements
2.1 Bis_ Vue aérienne des Audrics, Trets (1975-1976), 41 logements
2.2 _ 8 combinatoires
2.2 Bis_ 9 combinatoires
2.3 _ Plan Masse
2.3 Bis_ Plan Masse
2.4 _ Les espaces publics
2.4 Bis_ Les espaces publics
2.5 _ Les espaces publics et venelles page 36 sur 72 crédit : Thomas BOUVIER
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Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles
2/ L’opération de Port Saint-Louis et Trets: premier et dernier test du modèle de maison à patio à toit plat Dans cette étude, on analysera particulièrement les conditions d’implantation du modèle et les similitudes et différences avec le lotissement des Flamants. En 1969-1970, la LOGIREM et la SCI8 des Bouches-du-Rhône utilisent pour la première fois, le modèle à patio de Mario Fabre et des Travaux du Midi, à Port Saint-Louis. Le projet de 56 maisons individuelles se situe dans la ZAC de Mallebarge 1, à proximité du port de la ville. Il aura pour but de loger les dockers de la ville. Cependant, cette opération est en réalité un test afin de vérifier la fiabilité du modèle de Mario Fabre et sa future utilisation à Arles à une plus grande échelle. Situé non loin du port, le lotissement s’insère dans un tissu urbain mixte de logements sociaux et de pavillons. Les principes de composition, la disposition des patios, les espaces semi-public et le système de venelles et de placettes renvoient clairement aux principes utilisés à Arles. Le modèle des villas à patio est identique, les mêmes typologies, les mêmes matériaux et le même procédé industriel FIORIO seront utilisés. On retrouve donc les combinatoires employées à Arles, bien que moins nombreuses ( 8 combinatoires contre 25) (2.2). Cette opération en nappe est très similaire aux Flamants, qu’il est facile de les confondre. En effet, rien n’est fait pour adapter le modèle à sa situation précise. Il en est de même pour l’opération de 41 logements des Audrics réalisés à Trets en 19751976. Après avoir tenté d’adapter le modèle à Calas et Istres comme nous le verrons dans la partie suivante, Mario Fabre fait le choix de revenir au modèle de maison à toiture-terrasse dans la ZAC de Trets. De part la forme du terrain, l’architecte tentera d’adapter la morphologie de la nappe, en étalant les villas en rangée à l’ouest du terrain (plutôt qu’en doublant les maisons sur chaque îlot, cela menant à la création des placettes) (2.1Bis). Le procédé étant en tout point similaire; on remarque que les plans fournis pour les permis de construire sont exactement les mêmes. La diversité semble donc uniquement présente au sein de chaque opération; aux détours de chaque placette grâce à l’appropriation des habitants. En revanche, le modèle et la répétition du procédé semble atteindre leurs limites lorsqu’il s’agit de proposer des adaptations à chaque contexte.
8
SCI : Société anonyme de Crédit Immobilier des Bouches-du-Rhöne
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3.1 _ Vue aérienne de la Pedina, Istres (1975-1976), 55 logements
3.1 Bis_ Vue aérienne des Genets, Calas (1976-1977), 48 logements
3.2 _ ,Plan Masse Istres
3.2 Bis_ Plan Masse Calas
3.3 _ Espaces publics Istres
3.3 Bis_ Espaces publics Calas
3.4_ Plaquette descriptive et photos de chantiers de Calas crédit : Archives Départementales de Marseille
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Influence d’un procédé préfabriqué sur l’architecture La préfabrication FIORIO dans les projets de Mario Fabre : de l’élément à l’objet; de l’objet au tissu urbain
1/ L’opération des Flamants et Aigrettes à Arles 2/ L’opération de Port Saint-Louis et Trets:
3/ L’opération de Calas et Istres: test d’un modèle au caractère régional Les cinq opérations de Mario Fabre comportent des ressemblances mais également des différences. Les projets de Port Saint-Louis (1969-1970), d’Arles (1971-1973), et de Trets (19751976) sont similaires et utilisent le modèle de villa à patio avec toit-terrasse. Malgré l’insertion dans des tissus pavillonnaire ou de ZAC, la logique d’industrialisation et de production en série d’une nappe de maisons est toujours la même comme nous venons de le voir précédemment. Cependant, les deux opérations postérieures d’Istres (1975-1976) (3.1) et de Calas (19761977) (3.1Bis) montrent une évolution du modèle de Mario Fabre. Les maisons à patio possèdent des toits à double pente en tuile, inclinés à 25° (3.4). Ce changement confirme la volonté de l’architecte de s’inscrire avec cohérence dans un site, en lui donnant un caractère régional. On peut supposer que les règles en vigueur dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de ces villes, ont également été l’élément déclencheur à cette adaptation du modèle. En effet, rien ne fait état de la possibilité de modifier la toiture plate avant la publication de la plaquette descriptive en 1975 : les deux projets sont alors déjà en cours de réalisation et de construction. Le modèle de maisons préfabriquées permet donc d’accueillir un toit en pente sans grande modification de l’élément du panneau. En effet, l’acrotère est supprimé afin de laisser reposer une ferme en W en bois sur le bandeau en béton. Les typologies ainsi que la composition du tissu restent ensuite inchangées : on retrouve toujours la même formation d’espaces publics en placettes irriguées de venelles piétonnes situées à l’écart des voies de desserte automobiles (3.3, 3.3Bis). A Mallemort, une opération similaire était prévue comme en témoigne les plans disponibles aux archives Départementales de Marseille; pourtant il n’y a aucune trace de ce projet sur cette commune, ni permis de construire. Il est intéressant de voir que le modèle a pu être modifié pour s’adapter à un contexte au caractère régional et conservateur. Le procédé FIORIO a ainsi été modifié afin d’accueillir une nouvelle toiture : il prouve donc que la variété est possible même avec des éléments entièrement préfabriqués et industriels.
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Conclusion Pour conclure ce mémoire, il est important de rappeler que c’est l’histoire de la France qui engendra cette politique de reconstruction préfabriquée et industrialisée. Malgré la perte de contrôle des architectes sur la conception des Grands Ensembles, nous avons vu que le rejet de la population de ces derniers, a permis aux concepteurs de revenir dans les années 1970 à des constructions à l’échelle réduite : l’habitat intermédiaire; à l’instar du lotissement des Flamants de Mario Fabre. Poussé par des contraintes d’économie de temps et d’argent, Mario Fabre se prête donc en 1968 à la création du modèle de villa à patio construite en panneaux préfabriqués FIORIO. S’intéresser à ce modèle, c’est se pencher sur un travail élaboré sur dix ans (1968-1978) en collaboration avec l’entreprise les Travaux du Midi. Les projets de Mario Fabre ne sont pas des projets s’adaptant à une trame urbaine plaquée sur un site; au contraire, ils témoignent d’une volonté de l’époque de séparer le réseau routier, du réseau piéton; et d’offrir de nombreux espaces de collectivités, les placettes. Ce mémoire a permis de démontrer que le procédé préfabriqué est en réalité un support de variété, en témoigne la diversité des espaces publics, semi-publics et privés. On peut dire que le procédé Fiorio a impacté la manière de concevoir de Mario Fabre. Il offre en effet la possibilité de créer une morphologie et un tissu de nappe urbaine complexes, malgré sa répétition identique. Il est, avec le choix des typologies, le point de départ de toute la composition urbaine. La production en série de ce modèle a également été l’occasion de tester différents modules à partir d’un même panneau de mur : en témoignent les deux types de toitures visibles à Arles et à Calas. Pourtant comme nous venons de le voir, la répétition de ce modèle préfabriqué possède une limite. En effet, l’opération des Flamants est deux fois plus étendue que les autres projets de maisons à patio réalisés dans la région. Mario Fabre décrit lui-même l’opération comme «le projet témoin» de cette limite. L’ensemble des Flamants offre aujourd’hui un paysage monotone et froid de par la répétition nombreuse de murs en gravillons lavés; renforcé par la non-appropriation des espaces publics et la privatisation des espaces semi-publics. De même, la répétition d’un même système (Port Saint-Louis, Arles, Trets) questionne la réelle capacité d’adaptation d’un modèle à un site. Il serait intéressant de se pencher sur l’impact de ce procédé sur d’autres types d’architecture et d’usages. Après avoir commencé quelques recherches; il paraît opportun d’étudier comment le procédé FIORIO a été adapté, ou non, afin de construire des logements collectifs comme les Aygalades à Marseille, réalisé par Jean Rozan, ou encore un équipement scolaire, comme celui de l’école Castella, en Charente Maritime, réalisé par Louis Simon; et d’en tirer les avantages et inconvénients de son utilisation, ainsi que son influence sur la conception. La pensée d’un système répété n’est donc pas une manière néfaste de penser l’architecture, à condition que la variété soit possible dans le module, lui permettant de s’adapter au contexte et d’offrir des espaces de vie agréables et uniques aux habitants. page 41 sur 72
Annexes
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FICHE RÉSUMÉE 1.RÉFÉRENCES DOCUMENTAIRES Commune : Marseille - Luminy Auteur du dossier : Mathilde VOGELAER Date d’enquête : 2017 2.DÉSIGNATION Appellation d’origine : Les Flamants, Les Aigrettes, Z.U.P. Arles sur Rhône Appellation courante : Lotissement les Flamants et les Aigrettes 3.LOCALISATION Adresse : Rue des Flamants, 13200 Arles, France. Coordonnées géographiques : Latitude 43°39’59 N ; Longitude 4°36’59 E Référence cadastrale : Les Flamants - BK 154 à 253 Les Aigrettes - BH 294 à 331 4.HISTORIQUE ET DESCRIPTIF Date les Flamants : Dépôt de demande de permis de construire : Novembre 1970 Début des travaux : 1971 - Fin des travaux : Novembre 1972 Numéro de PC : 13 004 19 494 Date les Aigrettes : Date de déclaration préalable à l’exécution de travaux : Janvier 1972 Dépôt de demande de permis de construire : Juin 1972 Début des travaux : 1972 - Fin des travaux : Octobre 1973 Numéro de PC : 13 004 22 109 Maître d’œuvre : Mario FABRE architecte Maîtres d’ouvrage : Société anonyme de Crédit Immobilier des Bouches du Rhône (organisme d’H.L.M) L.O.G.I.R.E.M (Logement et Gestion Immobilière pour la Région Méditerranéenne) Entreprise : générale : Entreprise Les Travaux du Midi Concepteurs associés : Aucun Inscription éventuelle : Aucune Utilisation originelle : Accession à la propriété Utilisation actuelle : Logements
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Matériaux et systèmes constructifs : Fondations : radier général armé Murs extérieurs : panneaux béton-briques préfabriqués - FIORIO Toiture terrasse : dalle béton - polystyrène expansé étanchéité multicouche - gravier. Cloisons : sèches de type SAMIEX Menuiseries extérieures : bois du Nord Menuiseries intérieures : huisseries métalliques incorporées au coulage - portes isoplanes Revêtements de sol : granito coulé ou en carreau de 0.25x0.25 5.ANALYSE SYNTHÉTIQUE Contexte Les lotissements Les Flamants et Les Aigrettes, sont disposés sur un terrain plat situé dans la partie sud de la ZUP de Barriol. Elles se trouvent au sud d’un groupe d’immeubles collectifs en barres R+5 et de plusieurs tours en R+11. Les alentours sont constitués de maisons pavillonnaires. C’est à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, que la municipalité projette de faire d’Arles une ville moderne. Entre 1951 et 1965 s’engagent d’énormes travaux afin de restituer les bâtiments endommagés. Charles Privât (1914-1990), maire d’Arles de 1947 à 1971 lance une ambitieuse politique de construction de logements et d’équipements, en plus des travaux de reconstruction. La croissance démographique importante de la ville, conduit à une forte extension urbaine, modifiant en profondeur la morphologie de la ville, notamment au nord de la ville. C’est en 1968 que les quartiers sud se développent avec l’urbanisation de Barriol. Ce quartier est une ancienne zone agricole maraîchère située au sud de la ville ancienne, dont elle est séparée par le canal de navigation d’Arles à Port-de-Bouc. Sa proximité avec le Rhône en fait une terre alluvionnaire très riche, propice au développement de l’agriculture. Le premier Plan d’Urbanisme du quartier de Barriol est élaboré entre 1947 et 1951 par l’architecte Pierre Vago (1910-2002), c’est ensuite l’urbaniste Charles Delfante (1926-) qui travaille à une seconde étude de ce plan entre 1958 et 1961. Il propose des solutions qui vont permettre d’accueillir l’essentiel de l’extension de la ville entre 1969 et 1970 et ainsi loger les 50 000habitants supplémentaires que prévoit d’accueillir la ville d’ici 5 ans. La Zone d’Urbanisation Prioritaire (ZUP) de Barriol est officiellement créée par arrêté, le 21 mars 1968. En 1969, l’architecte Emile Sala (1913-1998) est désigné architecte en chef de la ZUP. Il proposera un « plan organique» de la zone à urbaniser, mais ce projet, quoique servant de base au lancement des premières opérations, ne sera finalement pas respecté. L’urbanisation de Barriol se fera de façon moins étendue et moins dense. Au cours des années 1970, les principaux opérateurs de logement social, dont la Logirem, profitent des opportunités foncières et des aides financières du gouvernement pour lancer des opérations de logement collectif. Mario Fabre est contacté pour réaliser le lotissements des Flamants, après avoir remporté le concours de modèle préfabriqué organisé par la D.D.E. Le nouveau quartier est doté d’un centre commercial ainsi que de divers équipements publics dont un groupe scolaire, une maison de quartier, une Chambre de Commerce et d’industrie, un centre oecuménique et un hôtel.
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La municipalité désire mettre en place une certaine mixité sociale dans la ZUP en faisant cohabiter différentes typologies de logements : les logements sociaux, les petites copropriétés de standing, les lotissements de villas individuelles de type 11 économique et familial « ou des habitations particulières plus cossues. En annexe de ces logements sont construits les équipements nécessaires à la vie de la population, notamment des écoles et des infrastructures sportives. Architecte Mario Fabre (né en 1933) est un architecte DPLG exerçant en France, et principalement dans le Sud (Bouches-du- Rhône, Var, Vaucluse, Gard, Hérault, Pyrénées-Orientales, Corse) de 1961 à 2004. Il est diplômé en 1960 à Marseille (sujet : Une académie d’artistes). Mario Fabre commence à travailler en février-mars 1961 avec un ancien camarade d’étude, André Degonin, avec qui il conduit quelques opérations ponctuelles dans les Landes. La vie professionnelle de Mario Fabre commence réellement en 1963, lorsqu’il s’associe à un ancien camarade d’étude, Bernard Laville (né en 1928). Ils réalisent ensemble des résidences et ensembles d’habitation, pour la plupart de standing : Le Murillo (1963) ; Le Vélasquez (1965) ; Château-Sec (1965-1969, 500 logements) ; Les Jardins de Thalassa (1969-1973). Les deux associés se séparent au premier janvier 1969, année durant laquelle Mario Fabre ouvre sa propre agence. Il considère son agence d’architecture comme une « post-école» dans laquelle une dynamique d’équipe règne avec comme objectif affiché une recherche de projets qualitatifs. La standardisation de l’architecture le rebute, pourtant Mario Fabre sera contraint dès le début des années 1970 à composer avec la réalité constructive de l’époque : massification des besoins, standardisation et industrialisation de l’architecture. Ses projets reposent sur l’utilisation de deux modèles de cellules d’habitation qu’il met au point : l’un ; la maison à patio (procédé Fiorio, 1969) ; est destiné au logement individuel groupé. L’autre ; la cellule HLM (modèle Pico-Fabre, 1972) ; est destiné aux immeubles collectifs. Mario Fabre travaillera principalement sur le programme du logement social, notamment pour le compte de la Logirem, au travers de la construction de lotissements de maisons individuelles à patio (Mallebarge, Port-Saint-Louis-duRhône, 1969-1970 ; Les Flamants (1971-1972) et Les Aigrettes (1972-1973) à Arles ;Trets ; Calas). Au cours des années 1980-1990, Mario Fabre construit également, seul ou en association, des équipements publics, des immeubles de bureaux, des établissements scolaires. Il mènera également une série d’études d’urbanisme sur Marseille et diverses communes des Bouches-du-Rhône; mais aussi dans le Var, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales et la Corse. Au tournant des années 2000, il co-signe plusieurs opérations avec son fils, Philippe Fabre (né en 1963, diplômé en 1991), et Jean-Luc Mollard.. C’est finalement en 2004 que Mario Fabre se retire et cède l’agence à son ancien collaborateur, Yves Malaisé (né en 1949). Édifice Les Flamants et Les Aigrettes sont deux lotissements attenants, situés dans le quartier de Barriol, respectivement construits en 1971-1972 (Les Flamants) et 1972 -1973 (Les Aigrettes). Représentant un corpus de cent soixante maisons individuelles (cent vingt-huit pour Les Flamants ; trente-deux pour Les Aigrettes), ils constituent un ensemble résidentiel homogène. Ils ont été édifiés selon le projet établi par l’architecte Mario Fabre, à l’initiative de la Société anonyme de Crédit Immobilier des Bouches du Rhône et de la société anonyme d’Habitation à Loyer Modéré (HLM) Location et Gestion Immobilière pour la Région Méditerranéenne (LOGIREM), par le biais de Sociétés Civiles Immobilières (SCI Les Flamants, SCI Les Aigrettes). page 46 sur 72
Ces deux lotissements utilisent un modèle de maison individuelle, standardisé et préfabriqué : la villa à patio. Ce modèle a été élaboré en 1969 par Mario Fabre avec l’entreprise les Travaux du Midi, et voit pour la première fois le jour à Port-Saint-Louis (lotissement Mallebarge 1, 1969-1970, 56 logements). Considérant ce modèle comme une réponse architecturale adaptée au programme du logement individuel groupé proposé en accession à la propriété, les maîtres d’ouvrage réitèrent l’expérience à Arles. Cette cellule d’habitation individuelle se développe de plain-pied et se décline en trois typologies allant de 85 m2 à 112 m2.. Ces habitations présentent toutes les caractéristiques de la maison individuelle avec toutes ses commodités. Chaque villa offre un garage ainsi qu’un espace extérieur privatif : le patio, généralement orienté sud/sud-est. Ces habitations étant très basses (h=3m), les patios plantés bénéficient d’un bon ensoleillement tout en restant protégés du mistral. Mario Fabre veille à différencier, sans totalement les séparer, les réseaux automobiles et piétonniers. L’accès automobile se fait par des pénétrantes en impasse, qui desservent les garages individuels et se terminent par de petites places. Ces dernières se développent en un vaste réseau piéton composé de chemins, de sentiers et de ruelles. Il traverse les îlots d’habitation et donne accès aux logements. Il est ponctué par un réseau de placettes, support de vies collectives et d’appropriations. Parties détruites et modifications Aucune partie de l’ensemble n’a subi de destructions. Malgré les appropriations individuelles dont les maisons à patios des Flamants et des Aigrettes ont fait l’objet (tels que la couverture du patio, l’occultation des claustras, la privatisation des semi-publics à l’avant des villas, ...), l’ensemble résidentiel a conservé une assez grande homogénéité. La trame urbaine a été respectée et n’a pas fait l’objet de modifications importantes. Les cheminements piétonniers et les espaces collectifs extérieurs souffrent par contre d’un manque évident d’entretien qui nuit à leur lisibilité et leur appropriation. 6.PROTECTION ÉVENTUELLE ET INTÉRÊT PATRIMONIAL : Une étude a été menée sur Les Flamants et Les Aigrettes par la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence Alpes Côte d’Azur, au sein du Service Architecture et espaces protégés. Il propose un inventaire de la production architecturale et urbaine de la période 19001980 sur les communes d’Arles et de Tarascon. L’équipe chargée de cette étude se compose de Eléonore Marantz-Jaen, Frédérique Bertrand et Arlette Hérat. Pour l’instant, aucune protection n’a été accordée au lotissement des Flamants ou aux autres opérations du même type. 7.STATUT JURIDIQUE : Logements 8.RÉFÉRENCES IMPRIMÉES ET SOURCES D’ARCHIVES : Cf bibliographie
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Bibliographie L’objet : Les Flamants et les Aigrettes OREAM, « Maisons à patio : Mallebarge (Port-Saint-Louis-du-Rhône); Les Flamants (Arles) » dans Cahiers de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne, n°36-37 (Ouvrage en 5 tomes : Tome1 : Les ensembles de logements individuels, exploitation et synthèse : faible densité 5 à 15 log/hectare. Tome2 : moyenne densité 15 à 25 log/hectare. Tome3 : forte densité 25 à 50 log/hectare. Tome4 : logements semi-collectifs. Tome5 : Iconographie, cartes), Paris, I.AU.R.P., 1972, p.?.
Rapports de recherches et travaux universitaires
ABDULAC Samir, « Les maisons à patio, continuités historiques, adaptations bioclimatiques et morphologies urbaines », dans ICOMOS 17th General Assembly, 2011-11-27 / 2011-12-02, Paris, Icomos, 2011, p.282-305 (document issu d’une conférence et mis en ligne : opensourceicomos.org). AGOSTINI Marina et DUROUSSEAU Thierry, « Les Flamants, Arles », dans Portofolio Marina Agostini architecte, CAUE 13, 2009, p.14-17. BERTRAND Frédérique, HERAT Arlette et MARANTZ-JEAN Eléonore, Barriol / Plan-du-bourg, DRAC, 2010, p.43-50 BERTRAND Frédérique, HERAT Arlette et MARANTZ-JEAN Eléonore, Lotissements Les Flamants et Les Aigrettes, DRAC, 2010, 17p. BOUVIER Thomas, Lotissements les Flamands et les Aigrettes : comment l’architecte Mario Fabre parvient-il à engendrer une morphologie à partir d’un modèle typologique industrialisé ?, mémoire de Master S9, ENSA Marseille, Laboratoire INAMA, 2016-2017, 34p. GRIVET Maxime, Lotissements les Flamands et les Aigrettes : La maison à patio de Mario Fabre, un modèle à l’épreuve du territoire et du temps?, mémoire de Master S7, ENSA Marseille, Laboratoire INAMA, 2015-2016, 21p. Interview Interview de Mario FABRE, réalisée par Thierry DUROUSSEAU, à Marseille, le 7 août 2008
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Mario Fabre et son œuvre Ouvrages SBIRIGLIO Jacques, Guides d’architecture : Marseille 1945-1993, volume 1, Parenthèses, 1993, p.75-93-95-96-110-141-142-161 DUROUSSEAU Thierry, Architectures à Marseille 1900-2013, MAV (Maison de l’Architecture et de la Ville) PACA, 2014, 246p. Revues « ZAC sud de Barriol », dans Prado Architecture, n°8, 1972, p.14-17, p.42-43 « Lettre du Conseil de l’Ordre des Architectes à Monsieur le Président du Syndicat des Architectes des Bouches-du-Rhône contenant un dialogue entrepreneurs-architectes », dans Prado Architecture, n°9, décembre 1973, p.50-53. « Ville nouvelle de Vitrolles, ZAC de Griffon : le quartier des gorges de cabries », dans Prado Architecture, n°12, décembre 1976, p.71-81. « Habitat social et équipement », dans Prado Architecture, n°13, novembre 1977, p.66. « Maisons individuelles », dans Prado Architecture, n°12, décembre 1978. Rapports de recherches et travaux universitaires BERTRAND Frédérique, HERAT Arlette et MARANTZ-JEAN Eléonore, Barriol / Plan-du-bourg, DRAC, 2010, 62p. BERTRAND Frédérique, HERAT Arlette et MARANTZ-JEAN Eléonore, Lotissements Les Flamants et Les Aigrettes, DRAC, 2010, 17p. BOUZIDI Meriem, L’opération de logement « Le lézard vert » de Vitrolles : A la recherche d’une nouvelle typologie, entre tradition et modernité, mémoire de master, ENSA Marseille, Laboratoire INAMA, 2011, 27p. CURMI Lucie, Habiter une nappe de logements à patio, entre collectif et individuel, mémoire de master, ENSA Marne la Vallée, janvier 2012, 96p. THEVENET Coline, Le lézard vert : épisode singulier dans l’architecture de Mario Fabre, mémoire de master S9, ENSA Marseille, Laboratoire INAMA, 2015-2016, 25 p. Interview Interview de Mario FABRE, réalisée par Eve ROY, à Marseille, le 16 Mai 2017
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Fonds d’archives 250 J sur Mario Fabre Rédigé par Emmanuelle Reimbold en 2013 _ archives privées des projets (1964-2001) Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille Dossiers sur les maisons individuelles et logements collectifs
Dossiers n°256, 399, Arles, Bouches-du-Rhône, ensemble de 160 logements : permis de construire, descriptif, plans d’exécution (masse, niveau, fondation, façades, coupes, détails), dossier de présentation. Dossiers n°257, 258, 259, Calas, Bouches-du-Rhône, ensemble de 48 logements : permis de construire, descriptif, plans d’exécution (masse, niveau, façades, coupes, détails), dossier de présentation. Dossiers n°261, Istres, Bouches-du-Rhône, ensemble de 55 logements : accords de permis de construire (1973-1975), descriptif, plan de situation, plan de masse, niveau, façades, coupes, détails), dossier de présentation. Dossier n°267, 397, Port Saint-Louis, Bouches-du-Rhône, ensemble de 89 logements : permis de construire, plans d’exécution (masse, niveau, fondation, façades, coupes, détails), dossier de présentation. Dossier n°244, 245, Trets, Bouches-du-Rhône, ensemble de 41 logements : permis de construire, descriptif, plans d’exécution (masse, niveau, fondation, façades, coupes, détails), dossier de présentation. Dossier n °272, Dossier maisons à patio intitulé “Modèle patio” : présentation du projet pour le concours régional 1975.
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Contexte historique de reconstruction et procédés préfabriqués industriels Ouvrages DELEMONTEY Yvan, Le béton assemblé : préfabriquer la France de l’après-guerre (1940-1955), Paris, Université Paris 8 Genève, 2009, 436p. DUROUSSEAU Thierry, Architecture du XXè siècle : Ensembles et Résidences à Marseille 19551975, Marseille : Bik et Book, 2009, 79p. LAMBERT Guy, NEGRE Valérie, Ensembles urbains, 1940-1977 : les ressorts de l’innovation constructive, Centre d’histoire des techniques et de l’environnement, rapport CNAM, 2009, 115p. VAYSSIERE Bruno, Reconstruction – Déconstruction : le hard french ou l’architecture française des trente glorieuses, Paris, Ed. Picard, 1988, 326p. Revues « Voie pour une industrialisation ouverte » dans Technique et architecture, n°293, Novembre 1973, p.48 « Industrialisation ouverte » dans Technique et architecture, n°327, Novembre 1979, p.60 « Technique d’Amérique » dans Technique et architecture, n°5-6, Novembre 1945, 70p. Rapports de recherches et travaux universitaires DELEMONTEY Yvan, Reconstruire la France : l’aventure du béton assemblé 1940 – 1955, Paris, Université Paris 8 Genève, 2009, 624p. LEHMANN Laurent, Un prototype d’architecture industrialisée : la société civile d’architectes Lods-Depondt-Beauclair, le procédé GEAI et l’opération de la Grand’Mare à Rouen (1968-1969), Paris, Ecole d’Architecture de Paris Belleville, 2002, 297p. RESENDIZ-VAZQUEZ Aleyda, L’industrialisation du bâtiment : le cas de la préfabrication dans la construction scolaire en France ( 1951-1973), Paris, Conservatoire National des Arts et Métiers, 2010, 468p. Interview Interview de Claude MARQUIE et Jean BENAZET, réalisée par Mathilde VOGELAER, à Carcassonne, le 08 Décembre 2017 Interview de Thierry DUROUSSEAU réalisée par Mathilde VOGELAER, à Marseille le 16 Octobre 2017
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Maisons à patio et question de la nappe urbaine Ouvrages CANDILIS Georges, Recherches sur l’architecture des loisirs, Ed. Eyrolles, Paris, 1973, 144p. CANDILIS Georges et KERSCHKAMP François, Candilis, Josic Woods : une décennie d’architecture et d’urbanisme, Paris, Eyrolles, 1968, 226p. CANDILIS Georges, JOSIC Alexis et WOODS Shadrach, Toulouse le Mirail, la naissance d’une ville nouvelle, Stuttgart, Karl Krämer Verlag, 1975, 120p. De VIGAN Jean, Dicobat 9 : dictionnaire général du bâtiment ; 18e année 7e édition, Paris, Ed. Arcature, 2008, 1213p. GUINCHAT Pierre et PERLIN Annie, Exemples de maisons à patio en milieu urbain : architecture et logement social, Paris, Eyrolles, 1972, 75p. KLEIN Richard, Les années ZUP, architectures de la croissance 1960-1973, Paris, Ed. Picard, 2002, 301p. MACINTOSH Ducan, The modern couryard house, Londres, Architectural Association Publications, 1973, 56p. PAULHANS Peter, Maisons nouvelles à patio, Paris, Eyrolles, 1966, 103p. POLYZOIDES Stefanos, SHERWOOD Roger, TICE James et SHULMAN Julius (photographe), Courtyard housing in Los Angeles, New York, Princeton Architectural Press, 1992, 216p. REYNOLDS John, Courtyards: Aesthetic, Social and Thermal Delight, New York, John Wiley and sons, 2001, 224p. YAMAMOTO Riken, Cell city, la ville cellulaire, Paris, Institut Français d’Architecture, 1999, 28p.
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Tableau comparatif réalisé par BOUVIER Thomas , 2016
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Fiche n° 39, Maisons à patio : Mallebarge 1, OREAM PACA, 1972
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Retranscription de l’interview de Mario FABRE,
réalisée par Thierry DUROUSSEAU, à Marseille, le 7 août 2008
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Remerciements Au fil de ces longs mois de recherches, plusieurs personnes méritent d’être remerciées car elles ont amplement participées à l’écriture de ce mémoire. Tout d’abord, il me faut remercier nos professeurs René Borruey, Monira Allaoui, et Ana Bela De Araujo, pour avoir encadré ce séminaire et nous avoir fait prendre goût à la recherche en Architecture. Je suis très reconnaissante aux personnes ayant acceptées de me rencontrer afin de discuter de ce projet, aussi je remercie Thierry Durousseau, Claude Marquié et Jean Benazet; pour m’avoir offert un peu de leur temps et de leurs connaissances durant nos interviews. Je dois également beaucoup aux archives Départementales de Marseille, où j’ai passé nombres de mes mercredis matins; et notamment à Emmanuelle Reimbold et la directrice Marie-Claire Pontier, pour avoir gracieusement accepté que je consulte les photos d’archives de l’opération des Flamants. Enfin, rien ne vaut un mémoire sans fautes (normalement) alors merci à Claude, Eric et Julie. Mathilde Vogelaer
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