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TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS………………………………………………………………………………………………………………………..……6 INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………………………………7
PARTIE I - PREMISSES: SOCIETE CIVILE ET PROJET URBAIN…………………………………….……13 •. 1. El Campo de Cebada…………………………………………………………………………………………………….…….21 1.1 Une formule expérimentale 1.2 Gestion et durabilité économique
30 •. 2. L’héritage d’une expérience urbaine complexe…………………………………………………………….27 2.1 Une réussite conflictuelle 2.2 Héritage social et humain PARTIE II - MADRID COLLECTIVE MACHINE…………………………………………………………………….….31 35 •. 1. L’Ordonnance de Coopération Publique Sociale de la Mairie de Madrid……………….….33 1.1 Un processus participatif accompagné 1.2 Objets et objectifs 1.3 Le non-étatique: la base d’un nouveau modèle démocratique?
46 •. 2. Empowering: dispositifs de participation et de diffusion…………………………………..………..42 2.1 Foros Locales 2.2 Decide Madrid 2.3 Los Madriles •. 3. Responsabilités et open-source………………………………………………………………………….……………50 54 3.1 À la recherche d’un équilibre: développement social et économique 3.2 Les réseaux sociaux, un nouveau outil urbain?
59 PARTIE III - LE GENIE COLLECTIF A L’ ŒUVRE………………………………………………………………..…55 •. 1. «Lavapiés, le quartier le plus cool du monde»……………………………………………………………..…56 60 1.1 Lavapiés, dynamiques d’un quartier hétérotopique •. 2. Penser avec et depuis la collectivité. Le Solar de Embajadores 18……………………………66 70 2.1 Habiter le conflit 2.2 Culture + sport = engagement des résidents 2.3 Une nouvelle typologie d’espace: l’infrastructure ouverte
77 CONCLUSION………………………………………………………………………………………………………………………..……….73 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………………..………..……77 85
93 ANNEXES Entretiens………………………………………..………………………………………………………….……..………..87 5
AVANT PROPOS Merci tous ceux que j’ai connu pendant ces deux derniers ans de vie à la découverte de Madrid et de l’Espagne, en particulier aux amis des équipes de Ensamble Studio et de Ecosistema Urbano, qui ont contribué à rendre ce voyage inoubliable. Dédié à ma famille.
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INTRODUCTION
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Madrid - une ville créative et mutante - est actuellement un écosystème en ébullition de processus collaboratifs, gestation des communautés, expérimentation culturelle, création et échange de connaissances. Les espaces urbains mutent de pair avec ces processus, ce qui montre qu’il existe un modèle alternatif au binôme de l'espace public-privé: le commun. Ainsi, dans la ville, se multiplient les lieux dans lesquels la communauté surmonte l'individu, vers une gestion collective par rapport aux hiérarchies traditionnelles. Il s'agit d’espaces dont les modèles organisationnels sont horizontaux et favorisent les interactions et les échanges entre les différents acteurs: institutions publiques, associations, groupes et individus. Un exemple, peut-être le plus expérimental est El Campo de Cebada, une parcelle située au cœur du district Centro dans le quartier de La Latina. Cela occupe ce qui était avant l'unique piscine publique et centre sportif municipal du district. L'espace est propriété de la ville de Madrid et après une année en désuétude depuis la démolition du centre sportif, fut cédé en 2010 pour l’usage communautaire. Mais il n'est pas le seul. Il y a des modèles d'espaces co-gérés par des institutions gouvernementales et des associations citoyennes telles que les centres culturels La Tabacalera de Lavapiés, ou La Casa Encendida, et même des endroits où l'occupation a été autorisée comme Esto Es Una Plaza (toujours dans le quartier de Lavapiés). Modèles qui évoluent aussi vers l’aménagement d’espaces à la petite échelle locale de la rue de quartier, comme dans les cas du Solar Almendro 3, géré avec la participation des enfants, ou du Solar Embajadores 18.
Le local n'est pas homogène Les circonstances particulières pour que la communauté locale commence à gérer un espace communautaire elles varient dans chaque cas et sont étroitement liées à l’histoire, au contexte, à la communauté qui habite chaque lieu, et au groupe d’entités impliqués dans sa gestion. Cependant, tous sont reconnus comme des alternatives aux espaces publics urbains - entendus comme les places et les rues traditionnelles - qui ont progressivement souffert des processus de privatisation. Depuis quelque temps et dans la chaleur du climat néolibéral mondial, la métropole a arrêtée être un lieu de rencontre, de discussion, de promenade, d'échange commercial, pour se fragmenter en parcelles conçues uniquement pour le transit et la consommation. «Nous vivons à une époque où les idéaux des droits de l’homme occupent le devant de la scène, politiquement et éthiquement. On mobilise une grande énergie politique pour les encourager, les protéger et en souligner l’importance dans l’édification d’un monde meilleur. Les concepts en circulation sont cependant, pour l’essentiel, individualistes et fondés sur l’idée de propriété ; en tant que tels, ils ne font rien pour remettre en question la logique de marché libérale et néolibérale dominante, ni les modes néolibéraux de
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légalité et d’action étatique»1, décrit David Harvey pour introduire le discours autour du droite à la ville dans son œuvre Villes rebelles: du droit à la ville jusqu'à la révolution urbaine. Madrid, comme la grande majorité des villes occidentales, est devenue une ville où le citoyen fait un usage individualisé de ce qui était traditionnellement commun. Les exemples sont nombreux et faciles à reconnaitre. À La Latina et dans le quartier des Asturias, places et trottoirs s’effondrent avec des terrasses à énorme au profit des bars et des restaurants; sur la Plaza de Callao, il est courant par les griffes de faire de la publicité à travers des grandes structures lumineuses pour des promotions particulières; à Malasaña des rues ont été réformées, comme par exemple la Calle Fuencarral, afin de ne promouvoir que le trafic entre commerce et commerce, mais pas la permanence dans l’espace. Les magasins dans cette rue sont individuels et sont disposés sur les deux cotés, l’un en face de l'autre. Ils ne forment pas entre eux des espaces qui invitent à rester, mais seulement des voies de transit. En périphérie, le panorama n’est pas meilleur. Les quartiers situés en dehors du centre de Madrid, ils n’ont pas beaucoup de lieux de rencontre où la participation des citoyens est encouragée. « […] La question du type de ville que nous souhaitons est indissociable de celle du type de personnes que nous voulons être, des types de relations sociales que nous recherchons, des relations avec la nature que nous apprécions, du mode de vie que nous désirons, des valeurs esthétiques que nous professons.»2, poursuit Harvey.
Espagne, pays en (r)évolution post-crise économique Cependant, ces dernières années et surtout après le 15 mai 2011 et les occupation de la Puerta del Sol à Madrid, avec la manifestation d’occupation de la place qui a donné son nom au mouvement 15M, il y a une affirmation d’une nouvelle conscience collective dans la capitale espagnole pour retrouver des espaces de participation et de gestion citoyenne. «Le droit à la ville dépasse donc largement le droit d’accès individuel ou collectif aux ressources qu’elle incarne : il recouvre également le droit de changer et de réinventer la ville d’une manière plus conforme à nos voeux. Il s’agit, de surcroît, d’un droit collectif davantage qu’individuel ; réinventer la ville ne peut en effet se faire sans l’exercice d’un pouvoir collectif sur les processus d’urbanisation»3 . Ce droit collectif exercé est le signe des villes rebelles. Et Madrid est l'un d'entre elles.
1 D. Harvey, Rebel Cities: From the Right to the City to the Urban Revolution, 2012, New York, p.27 2 D. Harvey, Rebel Cities: From the Right to the City to the Urban Revolution, 2012, New York, p.28 3 ibid.
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Antonio Lafuente décrit le mot "procomún" comme « les biens qui appartiennent à tout le monde et à personne en même temps. Tout le monde convient qu'il est très important de défendre le génome humain en tant que bien de tous; et convient également que la biodiversité doit faire partie du bien commun, et les forêts et le don d'organes; et les places et les rues, ainsi que l'internet; et une grande partie de ce que nous comprenons par notre culture (…). L'un des problèmes clés du procumún est qu'il ne devient visible que lorsqu'il est menacé. Par exemple, l’air est quelque chose que personne ne pensait jamais devenir une grande entreprise sur laquelle des énormes multinationales l’utilisent pour leur propre bénéfice»4 . La même chose vaut pour l’espace public urbain. Cependant, la dualité public-privé dans la propriété et l’administration des espaces communs est en conflit avec les modèles où la communauté et la participation prévalent. La ville, les collectifs conscients, associés dans des morceaux de communauté pour récupérer le commun. Non seulement les espaces physiques, mais l'émotionnel, le créatif, les lieux du quotidien où la vie se produit et se reproduit à Madrid. Les formules sont diverses et chaque espace est conditionné par son contexte, par le quartier dans lequel il se trouve, par la propriété du terrain ou du bâtiment, par la communauté concernée et par les relations avec les institutions et les administrations publiques. Mais toutes les expériences partagent la vocation d'utilisation et d’entretien des espaces délaissés, des non-lieux5, la transformation de la ville ainsi que la mise à disposition des infrastructures et des équipements communs, à travers la transmission des connaissances, la transformation subjective, l’accessibilité et la prise de décision collective. Les différents processus deviennent des prototypes de villes réplicables, source transparente et ouverte. Comme signale le rapport Construyendo escenarios participativos (Construire des scénarios participatifs) dans le dossier Cambio global en España 2020/50 par le Centre Complutense d’Etudes et d’Información Environnementale de Madrid, « il est nécessaire d’innover dans la construction de ces stratégies et introduire dans leur gestation la participation de différents acteurs sociaux qui permettent une combinaison et un dialogue de connaissances, dont les propositions sont résilientes avant les changements, y compris les incertitudes de la planification»6 . L’incertitude, typique de la crise mondiale qui a touché aussi l’Espagne depuis 2008, devient un facteur clé. Paradoxe d'une grande utilité pour la construction de scénarios de participation. Souvent, de ceux incertitudes (combien de temps serons-nous ou
4 A. Lafuente, ¿Qué es el Procomún?, MediaLab Prado Madrid, Archivo multimedia. [http://medialab-prado.es/mmedia/41/view] 5 Un non-lieu est « un espace interchangeable où l'être humain reste anonyme. Il s'agit par exemple des moyens de transport, des grandes chaînes
hôtelières, des supermarchés, des aires d'autoroute, mais aussi des camps de réfugiés. L'homme ne vit pas et ne s'approprie pas de ces espaces, avec lesquels il a plutôt une relation de consommation », définition de Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, Le Seuil, 1992.
6 Consumos y estilos de vida. Cambio Global en España, 2020/50. Madrid. Centro Complutense de Estudios e Información Medioambiental, 2012.
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laisseront-nous dans cet espace? À qui appartient-il cet immeuble? Quel projet urbain est prévu? Quels intérêts envisagés sur ce lieu?) naissent les créativités qui permettent de rêver des scénarios jusque-là inimaginables. Et qui amène à les mettre en œuvre. L’ensemble des dynamiques activistes qui se sont déroulées à Madrid depuis le milieu des années 90 sont liés aux Centres Sociaux Okupados (CSO) et autogérés (CSOA). Le laboratoire I et II de Lavapiés (le dernier expulsé en 2001), La Casika (à Móstoles) ou La Eskalera Karakola également à Lavapiés en sont quelques exemples7. Ces premiers exemples de gestion autonome des espaces se sont multipliés dans le dernières années et ont évolué vers une grande variété de propositions et de formules. L'occupation survit et libère de nouveaux espaces destinés à être des centres sociaux, mais de plus en plus autogérés par la communauté, liée à des processus de dialogue avec des institutions publiques, des associations de quartier, avec des collectifs indépendants et, finalement, avec les communautés, les quartiers et les voisins.
Vers la reprise d’une conscience civique inclusive De plus en plus, les limites de la pratique sociale dans des espaces autogérés sont remises à l’imaginaire des collectifs, et il existe une conscience généralisée que ces processus sont renforcés par le dialogue. Le nombre croissant d’acteurs impliqués voit une interêt qui a bougé des endroits isolés qui font l’intérêt des peu, vers les nœuds du monde quotidien dans la dimension locale, en conscience de leurs conditions. L'inclusion des espaces de ce type après le 15M est en accord avec la logique de faire réseaux et de la possibilité d’imaginer. Nous ne pensons plus à des « îles » de autogestion - bien qu’elles existent toujours - mais aux intersections et engrenages coopératifs qui lient les infrastructures et qui font la ville. Ces nouveaux codes de comportement expansés, liquides, adaptés, organiques et décentralisés se cristallisent dans des connaissances communautaires et par des liens d’affection qui tissent des réseaux bien au-delà de la limite entre espace public et espace privé: des réseaux autonomes qui impliquent et entrelacent des relations de coresponsabilité. Des fissures dans les systèmes de pouvoir et d’exclusion de la ville; des fissures par lesquelles coulent des prototypes d'habitabilité de l'espace urbain reproductibles et résilientes. Comme disait Amanda Burden, conseillère municipale à New York sous l'administration Bloomberg entre 2002 et 2013, « un espace public peut être populaire et avoir du succès, mais il ne peut jamais être considéré comme acquis. Les espaces publics ont toujours besoin de normes de supervision, non seulement pour les revendiquer pour un usage public, mais pour être conçus pour les personnes qui les utilisent. Donc, pour les
7 15Mpedia, Lista de centros sociales de Madrid [http://wiki.15m.cc/wiki/Lista_de_centros_sociales_de_Madrid]
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garder, pour s'assurer qu'ils soient là pour tout le monde. Qu'ils ne soient pas violés, envahis, abandonnés ou ignorés. S'il y a une leçon que j'ai appris dans ma vie d'urbaniste, c'est que les espaces publics ont du pouvoir. Ce n'est pas seulement du au nombre de personnes qui en bénéficient, mais encore plus par les gens qui se sentent bien dans leur ville, sachant simplement qu'ils sont là. L'espace public peut changer le mode de vie de la ville, le mode de percevoir et de sentir de la ville. Pourquoi choisissons-nous une ville plutôt qu'une autre? Les espaces publics sont l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons choisi de rester dans une ville. Je pense qu'une ville prospère est comme une merveilleuse fête: les gens restent parce qu'ils s'amusent et qu'ils vont bien.»8 L'espace public est l'élément à partir duquel nous devons recommencer pour régler les tendances mondiales d’inégalité, de haine et de violence: puisqu'il est un espace de discussion, il est un espace d'interaction sociale, économique et politique. C’est l’espace dans lequel l’individu a la possibilité d’exister en tant que tel, au-delà de toute différence de culture, de sexe, de race, de religion, d’orientation sexuelle, de nationalité. C’est l’espace dans lequel le citoyen a la possibilité pour la première fois de produire des actions pour l’amélioration de ses conditions de vie et de son environnement, et non d’être seulement l’objet de la consommation capitaliste. C'est l'espace dans lequel il peut et doit former sa conscience, non seulement pour le bien individuel et néolibéral, mais suivant cette tendance, il peut contribuer à l'évolution du bien pour la communauté de laquelle il fait partie. L’espace public, qui est donc un espace politique, est le lieu de la communauté et il est nécessaire que chaque citoyen ait la possibilité de former librement l’expression de ses besoins en puissant prendre en charge des responsabilités, dans sa petite dimension quotidienne, mais aussi à toutes échelles et dimensions, pour lui-même et pour le système de fabrique de la ville. Il est devoir des institutions de donner aux citoyens les moyens de participer aux différents processus.
8 A. Burden, How public spaces make cities work, TED Talks, 07/04/2014 [https://www.youtube.com/watch?v=j7fRIGphgtk]
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I. PREMISSES. SOCIETE CIVILE ET PROJET URBAIN
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1. El Campo de Cebada « La característica fundamental del campo de cebada es la alegria»9
El Campo de Cebada était peut-être l’un des endroits les plus intéressants de ce nouveau prototype de ville commune. L’histoire commence en 2006, quand le gouvernement local fait une appelle à projet pour réhabiliter le Mercado de la Cebada et le centre sportif public attenant de La Latina. En 2007, le projet est choisi: un complexe où seraient installés un nouveau centre sportif, un marché moderne avec des nouveaux magasins, un parking sur différents étages et un jardin sur le toit. L’agence d’architecture qui avait gagné le concours était Rubio & Álvarez-Salas. A cette époque, le conseil municipal savait déjà il n’y avait pas assez de financements pour construire le complexe. En 2009, le gouvernement municipal de droite du Partie Populaire (PP), présidé par le maire Alberto Ruíz-Gallardón, reçoit des fonds publics par le gouvernement national de Rodríguez Zapatero, et dispose d’un million d’euros pour la destruction du centre sportif municipal. Ce qui, en théorie, allait signifier la réforme et la modernisation du marché de La Cebada et du centre sportif - l’unique avec piscine couverte dans le centre ville -, mais qui est fini pour laisser un vide de 2.506 m2, clôturé et bétonné, à côté d'un marché municipal en déclin, qui avait environ 50% de ses postes de vente vides à l’époque10 . Un an plus tard, en 2010, le conseil municipal reconnaît son incapacité financière à réaliser le projet initial. Unique sortie, la promesse de permettre à un centre commercial d’occuper une grande partie du marché municipal - pour continuer ensuite avec la mutation du quartier de La Latina vers un centre de loisirs, d’hôtellerie et de consommation au centre de Madrid - en même temps que la promesse de réaliser le nouveau complexe sportif. Le terrain sur lequel ce nouveau bâtiment devrait être construit est une surface de propriété publique: parfaite, par exemple, pour être vendue à des constructeurs et réaliser une entreprise millionnaire. Mais avec la crise économique mondiale avancé, le solar (terrain au soleil, à batir) a vu les jours passer, fermé et en état d’abandon. Pendant ce temps, un groupe de voisins avec des architectes de divers collectifs tels que Todo por la Praxis, Basurama, Zuloark, et l’Association des Voisins de La Latina
9 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec l’association campodecebada.org, 20 février 2018 10 C.L. Bright, EL CAMPO DE CEBADA Y OTROS LABORATORIOS URBANOS, 18 décembre 2013 [https://carmenlozano.files.wordpress.com/2013/12/ ecdc_laboratorio_urbano_carmen_lozano.pdf]
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(AVECLA), se mobilisent pour demander l'utilisation de l’espace, dans l’attente de la réalisation des promesses pour le nouveau centre sportif. Un projet a été rédigé et présenté à la Mairie de Madrid, dans la commission gouvernementale des finances et d'administration publique du conseil municipal. La concession de l’espace est arrivée en septembre 2010, et le Campo de Cebada nait. Depuis la Noche en Blanco (Nuit Blanche) en 2011, avec un premier événement culturel qui voyait l’installation d’une piscine collective, par le collectif d’architectes EXYZT - el piscinazo -, les voisins, les associations et aussi des entités externes (universités, institutions,…) ont commencé à mener toutes sortes d’activités et événements. Jusqu’au 15 décembre 2017, date de la remise des clefs et de la gestion de l’espace à la Mairie de Madrid, pour enfin la construction du nouveau centre sportif municipal prévue en 201911 .
El Campo de Cebada dans l’illustration par le collectif d’architectes ZuloArk, 2013
11 Ecosistema Urbano, Placemaking | El Campo de Cebada, article, 16 janvier 2018 [http://ecosistemaurbano.org/english/placemaking-el-campo-decebada/]
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1.1 Une formule expérimentale La formule de concession de l’espace est complexe et c’est là que le processus du Campo de Cebada devient un prototype de ville et de laboratoire de participation. Le conseil municipal transfère la gestion du site à la Fédération Régionale des Associations de Voisinage de Madrid (FRAVM). Ceci délègue à son tour à une association de quartier dotée du pouvoir et d'influence dans le quartier: La Corrala de Lavapiés. Mais le site est situé dans le quartier de La Latina, et sa gestion est finalement déléguée à l’Association des Voisins de La Latina (AVECLA) voisine12. La convention stipulait clairement que l’autorisation de cession concernait "l'utilisation libre et temporaire" de la propriété municipale située sur la Plaza de la Cebada nª 16. Le terme pour lequel l’espace était initialement concédé était de douze mois, mais la convention a été renouvelé année après année, jusqu’à la date de fermeture définitive. Le solar commence à être habité en 2010. Peu de temps après, il obtient de l'administration municipale une subvention d’environ 40 000 € pour aménager l'espace et financer une partie des dépenses qu'il génère: les matériaux pour la construction de meubles en bois, les fers pour la construction de paniers de basket-ball et des buts de football, des outils de travail, un projecteur et des équipements de base, un réservoir d’eau, le matériel de nettoyage. Une fraction de cette subvention est destinée par AVECLA au contrat d’une personne pendant quelques heures par semaine pour participer activement au groupe moteur du Campo de Cebada, ce qui marque la naissance ensuite de l’association campodecebada.org13 . Association avec laquelle j’ai eu une entretien en février 2018, deux mois après la fermeture du site. Le président, Juan Carlos, dit Jonkar, me raconte: « Il y a 8 ans, le Campo était un terrain vague, celui de la Nuit Blanche de 2011, qui avec un événement culturel du collectif EXYZT avec les "piscines", a vu les voisins l'occuper et l'utiliser, et de là le Campo de Cebada. Ensuite, c’est un projet développé depuis 7 ans, qui est une référence glorieuse de la culture dans cette ville et dans toute l’Europe, tout simplement parce que Madrid est très visitée et que de nombreuses personnes ont été intéressées, ont pris des photos, réalisé des événements, avec des participants de différentes nationalités, de manière similaire dans le reste d'Europe et dans le monde. Alors bien sûr, maintenant nous ne sommes pas à un point zéro»14. L'activité du Campo de Cebada - c'est une caractéristique des espaces autogérés - est engagée dans la culture libre, accessible et non exclusive. On prend soin que le droit à l'espace pour le développement de la culture alternative prédomine, de sorte qu'il ne 12 P. Gonzales, El patio de la Latina, article de El Pais, 28 février 2011 [https://elpais.com/diario/2011/02/28/madrid/1298895863_850215.html] 13 C.L. Bright, EL CAMPO DE CEBADA Y OTROS LABORATORIOS URBANOS, 18 décembre 2013 [https://carmenlozano.files.wordpress.com/2013/12/ ecdc_laboratorio_urbano_carmen_lozano.pdf] 14 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec l’association campodecebada.org, 20 février 2018
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soit pas lié aux industries culturelles du spectacle, mais avec la primauté de l’accessibilité et de la culture partagée. Ce point est intimement lié à la gestion économique, car ce qui est défendu n'est pas du tout une culture libre et purement altruiste, mais une rémunération digne de ceux qui en vivent et un accès gratuit pour tous. En bref, une sorte de relation plus horizontale avec les processus culturels. Par contre, il est issu d’une occupation « autorisée » d’un espace public, ce qui marque aussi sa nature politique comme symbole de lutte pour les droits des citoyens pour avoir au plus vite le nouveau équipement sportif de quartier. Le fait que Madrid soit une ville très visitée, aidé par les moyens de communication sociaux contemporains, a permis de générer une grande visibilité de l’espace pour permettre de défendre l’initiative pendant 7 ans.
1.2 Gestion et durabilité économique Il est rare que les espaces autogérés aient une série de statuts ou de protocoles (ils existent à La Tabacalera, à Lavapiés), mais il existe une série de règles de base de coexistence dans l'espace et avec l'extérieur. Les trois seuls qui réglementent El Campo de Cebada sont que les niveaux de bruit ne dépassent pas un maximum dérangeant les voisins, que l’espace soit tenu propre et respecté par ses utilisateurs, et que l'accès doit toujours être gratuit (aucune activité ne peut être payante). La première était respectée la plupart du temps, et lorsque le volume est dépassé ou en cas de plainte, vous essayez de dialoguer et de conclure des accords honnêtes. « Regardez, à un moment sur le terrain il y avait des jeunes qui venaient jouer de la percussion, du cajón ... et à la fin, nous avons réussi à obtenir que personne ne jouait plus de la percussion. Notant que c'était un sujet excessivement ennuyant pour les voisins. Et en expliquant cela continuellement, à la fin les gens l'ont dit à d'autres personnes. Il n'avais pas besoin de rien de plus que toi pour le dire. Ça nous a couté beaucoup d’effort, mais au final ça a marché! »15 , déclare Jonkar, président de l’association campodecebada.org. La deuxième, a aussi demandé beaucoup d’effort par l’association, incapable de répondre à des besoins qui sont normalement gérés par l’administration publique, comme la gestion des ordures, de la propreté, des toilettes publiques. Continue Jonkar, « C’est la capacité de médiation avec l’environnement vicinal, avec le problème du bruit, avec les gros facteurs de gêne… comme les ordures ménagères. Nous avons pu avoir une propreté, je ne dis pas parfaite, mais suffisante pour pouvoir vivre et se gérer.
15 Ibid.
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C'est une question de pédagogie et de respect. Parfois, pour ce faire, nous devons également rendre ce conflit visible. Il était une fois un garçon argentin en train de pisser et on lui a dit "Hein! Que faites-vous devant tout le monde?!" et il a été embarrassé. Avec éducation, on lui a dit de ne pas faire pipi dans un coin du terrain, qu'il y avait un panier pour ça»16. Mais aussi, des inquiétudes et des problèmes au niveau de la sécurité dans l’espace. « Et cette tentation de diriger les gens a également supposé que certains se sont arrêtés contre vous et pourraient également avoir eu des comportements violents, contre lesquels nous n'étions pas préparés. Nous avons dit cela à Marisol, qui travaille à la mairie. Nous leurs avons dit qu’ils ont confié à des citoyens des tâches qui ne nous correspondent pas. Parce que dans ma vie quotidienne, je ne serais pas préparé à des conflits comme ceux-là, et que nous pouvez arriver n’importe quoi. Regardez, ce qu’il s'est passé le jour où nous avons lancé les feux d’artifice (le 14 décembre, dernier jour du champ, ndr). Nous avons lancé les feux, un garçon est venu et il m’a frappé et jété par terre. Imaginez, vous allez là-bas, n’importe qui vient et il vous attaque. Devant cela, que faites-vous?»17 pursuit le président de l’association. La troisième a généré un débat approfondi sur l'autogestion économique de l'espace et de nombreuses formules pour résoudre les pièges des dépenses économiques. Avant tout, un débat approfondi sur les modèles d’économie, de récupération économique et d’investissement aussi de ressources et capacités des usagers; dialogues entre visions traditionnelles et autres alternatives. Les activités culturelles sont autorisées à vendre des boissons non alcoolisées ou des bières en échange de dons pour financer leurs dépenses, mais ces échanges n’apportent aucun avantage supplémentaire18 (bien qu’il en existe parfois, comme dans le cas des fières du livre). Pour le financement des dépenses découlant de l'activité constante du domaine luimême (terrain à aménager, bois de construction, nouveau réservoir d'eau, remplacement des outils, etc.) après l’épuisement de la subvention initiale du conseil municipal, l’assemblée établie une collecte à laquelle tous les groupes impliqués ont participé. Le modèle a continué à faire l’objet d’un débat permanent, mais il y a eu une volonté et une prise de conscience générale de la gestion économique de l’espace, qui s’accompagne toujours d’un exercice de transparence constante. « Le Campo de Cebada devient ainsi une alternative visionnaire et pionnière aux nouvelles dynamiques qui commencent à apparaître dans la ville, selon laquelle les citoyens deviennent des agents actifs et proactifs qui conçoivent et construisent leur
16 Ibid.
17 Ibid. 18 C.L. Bright, EL CAMPO DE CEBADA Y OTROS LABORATORIOS URBANOS, 18 décembre 2013 [https://carmenlozano.files.wordpress.com/2013/12/ ecdc_laboratorio_urbano_carmen_lozano.pdf]
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propre environnement en réponse à barrières, et à l’état des institutions qui régulent actuellement l’espace urbain qui, paradoxalement, sont celles qui s’éloignent le plus de la vie réelle des quartiers, ce qui les conduit inévitablement à se tromper dans les processus et la conception de ces espaces si précieux pour les citoyens »19 , comme énoncé dans article qui décrit le projet du Campo de Cebada sur la plateforme internationale archdaily.com .
19 Archdaily.com, El Campo de Cebada / La ciudad situada, article, 25 juillet 2013 [https://www.archdaily.mx/mx/02-281490/el-campo-de-cebada-laciudad-situada]
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2. L’héritage d’une expérience urbaine complexe Après des années de lutte, dans lesquels les événements des « piscinazos » furent réalisées encore deux fois après l’installation du 2009 de City Island par le collectif d’architectes EXYZT, la Mairie de Madrid a finalement trouvé les ressources économiques pour la réalisation du nouveau centre sportif de La Latina. Il s’agit d’un financement de 8M€ par l’Union Européenne, inscrit dans le cadre d’un maxifinancement de 40M€ pour mettre en place un projet de modernisation et des travaux sur les infrastructures du centre de Madrid dans les années 2018-2019, pour réaliser le réaménagement du centre ville pour sa piétonnisation, avec des nouveaux trottoirs, des nouveaux carrelages pour les sols, l'augmentation de la surface verte, l’installation de lumières LED, plus éléments de mobilier urbain, et pour favoriser l’accessibilité20.
Rendu du nouveau centre sportif et place de La Latina, Mairie de Madrid, 2017
2.1 Une réussite conflictuelle Le projet du nouveau centre sportif a été présenté officiellement par la Maire de Madrid Manuela Carmena, du groupe civique ¡Ahora Madrid!, dans une conférence publique le
20 M. Belver, El nuevo polideportivo de La Cebada se inaugurará en 2019, article de El Mundo, 17 janvier 2017, [https://www.elmundo.es/madrid/ 2017/01/17/587e04a3ca474132638b462d.html]
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17 janvier 201721 . Le processus de conception de ce nouveau équipement a été réalisé en collaboration avec les associations, collectifs, assemblées de citoyens qui habitaient l’espace du Campo de Cebada. La collaboration des collectifs d’urbanistes et d’architectes a été fondamentale dans le processus de traduction des besoins, désirs et volontés pour le dessin du projet dans la Plaza de La Latina. Dans la conférence TEDxRivasVacias à Madrid, l’architecte du collectif Zuloard Manuel Pascual, raconte le rencontre avec le gouvernement citoyen, décrivant le projet pensée pour la Plaza de la Latina et pour le nouveau équipement sportif de La Latina: […] Garcia Castaño (Président du District Centre de Madrid, du mouvement civique ¡Ahora Madrid!, ndr) nous a demandé: on aimerait que tout ce que vous avez appris pendant ce temps, l’on puisse l’appliquer dans le futur centre sportif. Qu’est-ce que vous voudriez? Notre réponse c’était que la question n’est pas par rapport à ce que nous voudrions, mais plutôt de comment nous le voulons. L’on veut pas un centre sportif. L’on veut que ce que va être construit soit quelque chose de different, difficile à définir, pour que il pourrait se passer tout type de choses au même temps. Deuxième chose, l’on veut pas que ça soit inauguré. Car ça garantira qu’il y aura des inaugurations pour quelque chose tous les jours, que l’évolution (du lieu, ndr) soit permanente. Troisième point, l’on veut des infrastructures ouvertes, pour que les citoyens ne doivent pas être demandés de participer, mais qui puissent participer toujours à l’histoire de ce que vous allez construire. Et dernier point, l’on veut que ça continue à être un parlement citoyen, c’està-dire, que la gestion de l’espace dessiné soit une gestion ouverte dans laquelle tout le monde puisse y participer »22 . Le processus de récupération du site, de la relation du voisinage avec celui-ci, a activé un mécanisme qui, par lui-même, a crée la réalité. L'implication de plus en plus d'acteurs qui ont habité l'espace a généré dans El Campo de Cebada un écosystème, un modèle de participation dans lequel chaque individu nourrissait le reste et se nourrissait du reste, en reconvertissant ses connaissances vers le commun. Une structure interconnectée de relations horizontales où celui qui joue du football a le même poids que celui qui projette un film, plante des courgettes ou construit des structures d'usage courant. Ce qui veut être concrètement traduit dans le projet du nouveau centre sportif, qui verra sa réalisation à partir de janvier 2019, avec une année de retard par rapport à ce qui était prévu, à cause des travaux de modernisation des infrastructures du centre ville. Aussi Jonkar, président de l’association campodecebada.org me raconte que « la partie physique du projet est la construction de l'espace sportif. Dans cette partie, il y a eu la participation des citoyens, nous avons donc également participé au processus. Il y a eu
Mairie de Madrid, Presentación del proyecto de La Cebada 17 de enero de 2017, 17 janvier 2017 [https://www.madrid.es/UnidadesDescentralizadas/ UDCMedios/noticias/2017/01Enero/17Martes/NotasdePrensa/Presentación%20La%20Cebada/ficheros/dossiercebada.pdf] 21
22 M.Pascual, Cómo convertir un agujero en una diva urbana en 10 pasos, TEDxRivasVaciamadrid, 28 juin 2016 [https://www.youtube.com/watch? v=IsFSFM0MEew]
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beaucoup de collectifs, beaucoup de voisins qui même au niveau particulier ont fait des propositions qui ont parfois été incluses dans le projet final. Le projet final est une zone sportive et une zone d'utilisation publique qui ne faisait pas partie du développement précédent. La place et un jardin sur le toit feront partie de l'espace public. […]Ce qui n’est ni approuvé ni parlé est, une fois terminé, comment ça sera sa gestion. Le conseil municipal aura toute la gestion technique, mais dans les espaces publics nous aimerons une formule de cogestion entre la mairie et les voisins»23 .
2.2 Héritage social et humain « Pourquoi continuons-nous à nous rencontrer? Parce que nous voulons terminer notre travail, terminer le jour où le modèle est développé et sera opérationnel. Et à partir de ce jour, ce sera une autre étape du Campo de Cebada »24, pursuit Jonkar pendant notre rencontre. Là où l'accès n'existait pas, le Campo de Cebada offrait un horizon de possibilités infinies, qui ne faisait pas partie d'une structure préexistante prédéfinie ni de niveaux de participation hiérarchisés. C'est l'intelligence collective qui a donne de la valeur à l'environnement, qui a habité et construit une ville à partir de la participation. C'est aussi celle-ci qui écoute chaque individu et prend en compte les subjectivités pour l'architecture de cet imaginaire commun, à travers discussions et débats au sein de l’assemblée hebdomadaire. « Ce qui est nécessaire, c’est l’espace de rencontre, l’espace où le débat peut sortir. Et en ce moment, l’espace de rencontre avec la mairie pour leur parler, que les propositions sont entendues et qu’il y aille échange d’idées. Donc, ce que nous allons faire maintenant, c'est prendre une idée concrète, proposer, au lieu de parler, et chercher une date et un lieu de rencontre. C'est précisément ce qui a été fait lorsque nous avons commencé avec le Campo de Cebada. Nous avons pris une proposition spécifique, nous avons cherché un lieu et une date avec le conseil municipal pour la réunion, et à partir de là nous avons dit "Messieurs, voici ce que nous apportons à cette table. C'est ce que nous voulons pouvoir faire. Pouvons-nous le faire?" Et ils nous ont dit "Bon, d’accord" »25 conclut Jonkar. Les récits de chaque personne racontent l'histoire de chacun et créent une communauté, tissent des réseaux de solidarité entre voisins jusque-là inconnus, font ville. C'est la politique du faire, pas celle des promesses, qui marque le chemin. L'installation d'une table nécessite la construction de plusieurs chaises; le fait qu'un 23 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec l’association campodecebada.org, 20 février 2018 24 Ibid. 25 Ibid.
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voisin apporte une plante induit la création d'un jardin urbain collectif; que le graffiti soit peint apporte l'intervention de l'art dans l'espace urbain et la gestion collaborative des murs pour cela; le fait qu'un groupe d'enfants demande de jouer au football ou au basketball commande la construction des buts et des paniers, et de peindre les champs de jeux correspondantes sur le sol; que les gens se réunissent chaque semaine, ou qu’ils veulent regarder un film, demande à un groupe d'architectes de construire des gradins. Qu’une personne ramasse les ordures au sol, invite les autres à faire de même, à prendre soin d'un lieu à l'air libre comme ils s'occuperaient de leur maison. Donc, avec chaque action, comme ça tous les jours. David Bravo, dans la rubrique Espace Public du site du Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, décrit que « pour les habitants du quartier, El Campo de Cebada est un moyen de s’opposer à l’indifférence, preuve qu’il est possible de faire la ville ensemble, qu’il ya une vie au-delà de la planification urbaine top to bottom. Après avoir existé pendant des décennies en tant que site totalement construit, cet espace est redevenu à être perçu comme un place qui dispose désormais d'une surface en plein air disponible pour des usages communautaires. Au lieu d'être laissée comme un espace vide inaccessible à perpétuité, il a atteint le statut d'espace public dans tous les sens du terme. Tout le monde a pu confirmer que cette condition est vécue en proportion directe avec le partage de l’espace »26. Dans cette phase de transition et de transformation de cet endroit, qui marque la fin d’une expérience sociale et urbaine, cette prise de conscience du pouvoir communautaire, quelles conséquences aura-t-elle sur la transformation de l’espace publique de la ville? Quelles seront leur contributions au dessin « administratif » de la ville, après le processus participatif? Comment vont les citoyens s’approprier des espaces de la ville après une telle expérience? Un phénomène qui a amené un vide urbain à devenir théâtre d’une révolution politique, sociale, urbaine, hors des schémas conventionnels. Suite à deux entretiens avec l’Adjoint Maire de Madrid Nacho Murgui Parra et avec le deuxième Adjoint Maire et Président du District Centre de la ville Jorge Garcia Castaño, la découverte d’un dispositif juridique que pour la première fois établie et définit droits, devoirs et responsabilités dans la récupération et gestion partagée des espaces et bâtiments de domaine publique: la Ordenanza de Cooperación Publico-Social del Ayuntamiento de Madrid (Ordonnance de Coopération Publique Sociale de la Mairie de Madrid).
26 David Bravo, The Barley Field, Projet gagnant le Premio Europeo del Espacio Público Urbano, CCCB Barcelona, Barcelona, 16 juin 2018 [https:// www.publicspace.org/es/obras/-/project/g362-the-barley-field]
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II. MADRID COLLECTIVE MACHINE
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« […] Nous devons garder dans l'esprit que toutes les expériences de gestion citoyenne des espaces publics - places, bâtiments, jardins urbains, etc. - tous ceux que nous connaissons ont influencé d'une manière ou d'une autre le processus de rédaction de l'ordonnance sur la coopération entre l’administration publique et la société civile. Ils l'ont influencé à long terme, parce que les personnes qui se trouvent dans ce secteur (secteur de la coordination territoriale et de la coopération sociale-publique du gouvernement de la ville, ndr) qui ont commencé le travail, nous avons été nombreux à participer à des expériences de ce type, d'une manière ou d'une autre. Alors, avec le thème du Campo de la Cebada, nous connaissions le projet, bien sûr, nous connaissions les personnes présentes, parce que nous avons partagé des expériences similaires. À l'époque, j'étais membre de la FRAVM (Fédération des associations régionales d'associations de quartier de Madrid), l'entité à l'origine de la convention avec ceux du Campo, qui a donné lieu à une autogestion, plutôt que la cogestion de cet espace. Évidemment, ces expériences, qui ont une composante très pratique influencent beaucoup, car ce n’est pas seulement la question idéologique. C’est-à-dire, la plupart des gens ont une conception du monde qui implique que l’espace public, ou qu’il existe un espace public - je ne veux pas parler d’un espace physique déterminé, sinon d’une sphère publique qui n'est pas l'État, ce n'est pas purement un État - où tout ce qui est public doit être géré directement par des institutions publiques. Non, sinon il y a une autre façon de comprendre le public qui passe par la communauté, le citoyen, etc. Disons que c'est le « parapluie » idéologique. Ensuite, bien sûr, vous devez spécifier. Parce que cela, quand vous concrétisez et que vous l'atterrissez, cela génère beaucoup de problèmes. Beaucoup de tâches. "C’est très bien mais, hé, qui nettoie? »« Hé, et s'il y a un conflit?» Comment ce conflit est-il résolu? Parce qu'alors, dans la vie réelle, il y a des conflits et soudainement, quelqu'un qui casse des bouteilles entre en scène, et moi, en tant que citoyen, je n'ai pas à faire face à cette personne. Puis reprenez la partie qu'il existent des services publics, qui attendent leurs objectifs et sont comme ça pour quelque chose. Je pense que cela enrichit beaucoup le débat, enrichit beaucoup l'expérience et confère de plus en plus de force aux initiatives politiques que vous prenez. Et il est très intéressant de noter de quoi s’occupera l’administration, quoi s’occupera la citoyenneté de manière très différente, quel rôle pour les différents espaces de participation mises en place, où il y a un contact entre les citoyens et l’institution publique. Et quels papiers occuperont la fonction publique. Donc, cela définit ce à quoi cela ressemble - ce que nous sommes venus définir - un espace de collaboration publicsocial. Ce qui peut aussi être défini comme une coopération publique non-étatique, et une série de choses comme ça. À l’intérieur, la manière dont nous avons envisagé de réglementer cette sphère publique non-étatique était donc le niveau de réglementation le plus élevé pouvant être instauré par une municipalité, qui est une ordonnance. Voilà pourquoi il est nécessaire de réaliser une ordonnance de coopération entre le public et le social.
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Voyons, bien sûr, ce n’est pas la panacée, c’est une tentative de donner une plus grande sécurité juridique aux parties impliquées dans ce type de problèmes»27 , déclare le Maire Adjoint Nacho Murgui Parra, du mouvement civique ¡Ahora Madrid!, dans la conversation que j’ai eu avec sur la nouvelle Ordonnance de Coopération Publique Sociale de la Mairie de Madrid et sur l’évolution du système démocratique de participation de la ville.
1. L’Ordonnance de Coopération Publique-Sociale de la Mairie de Madrid
Au même temps des événements qui ont touché le Campo de Cebada pour laisser la place au futur centre sportif en 201928 , depuis 2015 différents dispositifs de participation citoyenne sont mis en place par l’administration de la ville, sur la base de modèles comme le Campo et autres interventions similaires dans le quartier voisin de Lavapiés. La nouvelle équipe de la maire Doña Manuela Carmena, élue en en 2015 avec le mouvement civique ¡Ahora Madrid! se caractérise par une forte volonté d’ouvrir la politique à la société civile.« Nous sommes une équipe gouvernementale qui croit en la
27 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 28 Mairie de Madrid, Presentación del proyecto de la Cebada, 17 janvier 2017 [https://www.madrid.es/UnidadesDescentralizadas/UDCMedios/noticias/ 2017/01Enero/17Martes/NotasdePrensa/Presentaci%C3%B3n%20La%20Cebada/ficheros/dossiercebada.pdf]
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chose publique, mais qui se caractérise par sa collaboration avec la société civile.»29 , déclare Jorge Garcia Castaño, le Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et second Adjoint de la capitale espagnole. Depuis 2015, l’administration tourne son regard aussi vers les projets de cooperación público-social (coopération publique-sociale)30, ainsi que sur les grands projets d’aménagement de la ville, comme le réaménagement de la Gran Via31, ou le développement du quartier tertiaire de Castellana Norte32. Un modèle transitoire, mais qui marque le premier pas vers une plus grande démocratisation de la ville. L’expérimentation urbaine du Campo de Cebada a effectivement influencé la façon d’imaginer l’espace politique espagnol aujourd’hui: se dirige-t-on vers un modèle de gestion partagée des biens publics? Suite à l’entretien que j’ai eu avec Jorge Garcia Castaño, Président Conseiller du Distrito Centro et 2ème Adjoint Maire, j’ai pu découvrir ce « quelque chose »33 d’extraordinaire: le projet de l’Ordenanza de Coopération Público-Social del Ayuntamiento de Madrid (l’Ordonnance de Coopération Publique-Sociale de la Mairie de Madrid). « […] Pendant les prochains mois nous allons approuver une ordonnance, qui est je crois inédite en Europe, une ordonnance de collaboration publique-sociale pour définir et construire notre collaboration avec la société civile »34, déclare Garcia Castaño. Porté en conseil du gouvernement de la ville le 14 mars 2018, la version préliminaire était rédigée le 19 avril, pour ensuite être approuvé par le conseil municipal le 30 mai. Après la
29 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018 30 Ayuntamiento de Madrid, Experiencias de cooperación público-social, 30 mai 2018 [https://www.youtube.com/watch? time_continue=2&v=G00mw5HndOw] 31 P. Esteban, La nueva Gran Vía nace en Navidad: 30 km/h, dos carriles peatonales y vallas de hormigón, article sur El Confidencial, 13 janvier 2017 [https://www.elconfidencial.com/espana/madrid/2017-11-13/gran-via-peatonal-navidad-carriles-peatones-velocidad-30km-h_1476598/]
32 L. Costantini, Así será el nuevo norte de Madrid: más zonas verdes y una ‘city’ financiera, article sur El Pais, 28 juillet 2018 [https://elpais.com/ccaa/ 2018/07/27/madrid/1532695044_279265.html]
33« Le concept d’hétérotopie de Lefebvre – radicalement différent de celui de Foucault – définit des espaces sociaux liminaux de possibilité où « quelque chose de différent » est non seulement possible, mais aussi fondamental pour la définition de trajectoires révolutionnaires. Ce « quelque chose de différent » ne relève pas forcément d’un plan conscient, mais plus simplement de ce que les gens font, sentent, perçoivent et expriment lorsqu’ils cherchent à donner du sens à leur vie quotidienne. Ces pratiques créent des espaces hétérotopiques un peu partout. Rien ne nous oblige à attendre la « grande révolution » pour constituer de tels espaces. » Extrait trad. de l’anglais, D. Harvey, Rebel Cities: From the Right to the City to the Urban Revolution, 2012, New York, pp. 21-22
34 «[…]en los próximos meses vamos aprobar una ordenanza, que yo creo sea inédita en Europa, una ordenanza de colaboración publico-social para ordenar y armar nuestra colaboración con la sociedad civil », trad de l’espagnol.
Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018
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publication sur le Boletín Oficial de la Comunidad de Madrid le 13 juin 2018, elle devient effective à partir du 14 juin35. « Sur cette ligne, nous avons planifié différents axes de travail, surtout dans le Distrito Centro, qui consistent en la cession d’espaces publics, espaces que soient déjà locaux, mais aussi des bâtiments qui sont aujourd’hui en récupération. Nous avons différents processus ouverts: dans le quartier de Malasaña, un autre de locaux en Lavapiés36, ou en Chamberí, et nous avons demandé pour prendre en charge la co-gestion de Esto Es Una Plaza aussi. De l’autre côté, nous sommes en train de regarder aussi les espaces […] qui ne sont pas publics, pour que ça soit possible d’y avoir une espèce de co-gestion ou de soin par la société civile. », continue Garcia Castaño.37 Un projet, celui de l’ordonnance, qui a trouvé une opposition par le groupe municipal Ciudadanos (Cs) de Madrid. Le document qui permettrait aux associations et aux collectivités sans personnalité juridique d’avoir accès aux instruments et fonctions publics, pourrait être utilisée de manière « arbitraire et discrétionnaire »38, déclare Silvia Saavedra, représentante du parti. La conseillère de Cs, Silvia Saavedra, a présenté à l’assemblée du gouvernement de Cibeles - palais siège de la Mairie de Madrid - la fable de la cigale et de la fourmi. Elle estime qu'avec ce texte normatif, Madrid fait maintenant "la collecte de fournitures pour se protéger de l'hiver froid" en tant que "bons populistes". « Nous n'allons pas collaborer de façon insensée parce que les centres sociaux ne peuvent pas développer les services publics, ils correspondent à l’administration»39, a-t-elle déclaré. La conseillère du PP, Ana Roman, a fait valoir que cette ordonnance « se heurtait au principe constitutionnel de servir l'intérêt général et quelques-uns, et contre le principe d'autonomie municipale ». Elle a ensuite accusé Murgui et l’équipe d’Ahora Madrid de favoriser le recrutement et les subventions accordées à des entités «amicales». Il a
35 Diario de Madrid, Approuvée l’Ordonnance de Coopération Publique-Sociale de la ville de Madrid, trad de l’espagnol. Aprobada la Ordenanza de
Cooperación Público-Social de la ciudad de Madrid, 14 mars 2018 [https://diario.madrid.es/blog/notas-de-prensa/aprobada-la-ordenanza-de-cooperacionpublico-social-de-la-ciudad-de-madrid/] Diario de Madrid, Madrid approuve une Ordonnance de Coopération Publique-Sociale visant à approfondir la démocratie de la ville, trad. de l’espagol Madrid aprueba una Ordenanza de Cooperación Público-Social para profundizar en la democracia de la ciudad, 30 mai 2018 [https://diario.madrid.es/blog/notas-de-prensa/madrid-aprueba-una-ordenanza-de-cooperacion-publico-social-para-profundizar-en-la-democracia-de-laciudad/] Boletín Oficial de la Comunidad de Madrid, ORDENANZA DE COOPERACIÓN PÚBLICO-SOCIAL DEL AYUNTAMIENTO DE MADRID, 13 juin 2018 [http:// www.bocm.es/boletin/CM_Orden_BOCM/2018/06/13/BOCM-20180613-25.PDF]
36 Diario de Madrid, Locaux en Réseau: cession d’espaces municipaux dans le Distrito Centro, trad. de l’espagnol Locales en Red: cesión de espacios municipales en el distrito, 23/01/2018 [https://diario.madrid.es/centro/2018/01/23/locales-en-red-cesion-de-espacios-municipales-en-el-distrito-centro/]
37 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018 38 Article sur Europa Press, Ciudadanos está en contra de la ordenanza de cooperación público social porque podría ser "arbitraria y discrecional", 18 mai 2018 [https://www.europapress.es/madrid/noticia-ciudadanos-contra-ordenanza-cooperacion-publico-social-porque-podria-ser-arbitrariadiscrecional-20180518120543.html]
39 Ibid.
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également mis en cause un pari pour "un système d'assemblage au lieu du modèle représentatif »40. Une ordonnance qui promets une large diffusion entre le citoyens, mais qui en effet pose la question d’un travail beaucoup plus large d’adaptation d'autres apparats administratifs supérieurs.
1.1 Un processus participatif accompagné Après un an de workshops, de projets participatifs, de débats dans les assemblées citoyennes, en 2018 la ville a eu à disposition une énorme quantité de données pour pouvoir developper cet outil de collaboration politique. Le tout aidé par différents collectifs d’artistes, d’architectes, d’urbanistes. « L’ordonnance était le résultat d’un débat entre plusieurs associations, qui ont participé au processus, en proposant allégations, participant en journées de rencontre que nous avons fait à tel effet, aussi avec les partis politiques. Elle à été le résultat d’un grand débat, ça a été une ordonnance largement participé, faite entre un grand nombre de gens. Du coup, expériences comme le Campo de Cebada, et autres, ont été une inspiration, et après aussi, un terrain pratique, et elles ont eu leur importance »41 , déclare le Maire Adjoint Nacho Murgui Parra. Les collectifs de professionnels urbains, ont travaillé avec les citoyens pour la mise en place des différents dispositifs qui sont réglés par l’Ordonnance, comme dans le cas de Imagina Madrid, projet qui a vu la transformation de 9 places publiques dans différents quartiers de la ville en 201742 à travers des processus participatifs. Processus participatifs qui se sont appuyés sur les outils numériques et sur les réseaux sociaux, en utilisant les différentes plateformes - Facebook et Instagram principalement comme principal outil de diffusion rapide et directe des informations. Ainsi, des actions communes démarrées par les citoyens et l’administration locale. Un phénomène qui voit, dans les cadres méthodologiques administratifs et urbains de réponse aux initiatives citoyennes, un progrès qui marque une première importante interaction entre espace virtuel et la transformation des espaces réels. En effet, la Mairie de Madrid regarde dans cette direction, mais il faut du temps pour que le processus soit mis en place. Déclare en fait le Maire Adjoint Murgui Parra, que « le citoyen est exigeant, c'est bien, mais il n'est pas encore formé au sens de "Je suis aussi un producteur de politiques publiques". Mais la première chose à faire pour qu'il se sente 40 Article sur Europa Press, PP y Cs ven "peligrosa" la ordenanza de cooperación público-social y Murgui les dice que es porque "temen a la gente », 30 mai 2018, [https://www.europapress.es/madrid/noticia-pp-cs-ven-peligrosa-ordenanza-cooperacion-publico-social-murgui-les-dice-porque-temengente-20180530104306.html]
41 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 42 intermedia.es, Imagina Madrid, https://www.intermediae.es/programas/imagina-madrid
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responsable, c'est qu'il dispose de toutes les informations, il doit connaître l'appareil administratif. Pour cela, nous allons faire un guide. Ce guide devrait alors avoir sa version numérique et des outils vous permettant de suivre une proposition en cours, en temps réel: sur le web, etc. Ceci si nous devons le concevoir, mais nous n'y sommes pas encore. »43
1.2 Objets et objectifs Dans le titre préliminaire, le document énonce l’objet de l’ordonnance: les bienes comunes44 (biens communs), toutes les propriétés publiques de la Mairie de Madrid, espaces ou bâtiments. La Mairie de Madrid prévoie une partie de son budget (100M€ en 2019)45 pour permettre aux habitants et aux associations citoyennes de réaliser des projets et des actions dans le cadre des biens communs. Le développement des activités dans les biens communs doit être fait en régime de gestion ou co-gestion, avec chacun ses responsabilités, dans l’esprit de concurrence entre les projets proposés, comme dans le cadre d’un marché public. La co-gestion partagée avec plusieurs entités citoyennes est aussi possible, comme dans le cas de la Tabacalera de Lavapiés46, l’ancienne usine de production de cigarettes, aujourd'hui centre artistique et centre social géré par plusieurs associations et collectifs de la ville. Ainsi, l’ordonnance établie 3 objectifs principaux47: • échanges; • innovation sociale;
• co-production de services. Les échanges se fondent sur le partage de compétences et ressources humaines: le génie collectif duquel nous avons déjà parlé dans le projet du Campo de Cebada. En effet, c’est à ce point là que l’ordonnance de collaboration publique-sociale légitime l’échange d’expériences et de connaissances des savoir-faire avec les habitants de Madrid, pour apporter des nouvelles idées et des points de vue depuis leur propre vie
43 Ibid. 44 Ayuntamiento de Madrid, Texto official de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Titulo preliminar, 30 mai 2018 https://sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20 45 Diario de Madrid, La ciudadanía madrileña decidirá en qué invertir 100 millones en los presupuestos participativos 2019, 12 novembre 2018 [https://diario.madrid.es/blog/notas-de-prensa/la-ciudadania-madrilena-decidira-en-que-invertir-100-millones-en-los-presupuestos-participativos-2019/] 46 CSA La Tabacalera, site internet [http://latabacalera.net/] 47 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Preámbulo I, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20]
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quotidienne. Les entités qui participent aux projets doivent être des organisations sans but lucratif, pour bénéficier de la gratuité fiscale, ce qui n’était pas toujours comme ça dans les cas qui précèdent la publication du document. «[…] De quels savoirs nous avons fait trésor comme collectif à partir des professions, des études des gens, des ce que les personnes fonts. Pratiquement on aurait pu monter une station spatiale, faire tout ce que nous aurions voulu, car il y a avait une grande richesse (de savoirs, ndr). Ouvriers, architectes, publicistes, ingénieurs, informaticiens…la société, aujourd’hui […] pose la question du General Intellect48: c’est-à-dire que les capacités, le savoir, la capacité productive qui est dissolue en la société, c’est énorme. Ainsi, le rôle des spécialistes, ce qui bien sûr, au niveau technique est très important […] Cette connaissance qui est déjà dans la société civile, et quand cela est organisé, atteint un pouvoir énorme. »49 , pursuit Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire de la ville, pendant l’entretien que j’ai eu avec lui le 17 septembre 2018. Pour ce qui concerne l’innovation sociale, il s’agit de l’amélioration des processus de développement et d’adaptation de la ville aux nouveau besoins sociaux. Un objectif qui ouvre ses portes aussi vers la constitution de la couche digitale d’interaction avec la ville, formée par différentes plateformes en ligne, qui constituent l’échafaudage solide et silencieux de l’ordonnance, desquelles nous allons ensuite traiter. En effet, l’innovation sociale est définie comme une « forme de satisfaction des nouvelles nécessitées sociales, ou de celles pas encore couvertes (par l’administration, ndr) […] de produire des changements de comportement nécessaires pour relever les défis de la société de Madrid, par la formation des citoyens et l'application de nouvelles formes d'action coopérative »50, décrit le texte du document en objet. La co-production de services s’appuie sur la sphère publique non-étatique, sphère qui constitue une connexion entre la dimension non lucrative des associations, et l’administration. Notamment, grâce à la création du FRT - Fondo de Re-equilibrio Territorial51 (Fond de Rééquilibrage Territorial), qui voit une partie du budget de la ville consacré à l’amélioration du territoire de la province de Madrid. Il’ s’agit d’un dispositif juridique qui permet la création d’un nouveau service au citoyen, pour soutenir avec une forme hybride état-citoyen aussi les activités couvertes par l’ordonnance.
48 « "L'intellect général" est une notion tirée de "Fragments on the Machines" de Marx, qui discute de la primauté de la coopération des esprits en tant que facteur productif, plutôt que du temps de travail des travailleurs. Cela peut également faire référence à l'intelligence incarnée par la société, par exemple dans nos mécanismes physiques et cognitifs et notre organisation sociale », P2P Foundation [http://wiki.p2pfoundation.net/General_Intellect]
49 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 50 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Preámbulo I, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20 51 Ayuntamiento de Madrid, FRT - Fondo de Réequilibrio Territorial, [https://www.madrid.es/UnidadesDescentralizadas/UDCMedios/noticias/ 2017/05Mayo/23Martes/Notasprensa/FRT2017/ficheros/DOSSIER%20FRT%202017.pdf]
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1.3 Le non-étatique: la base d’un nouveau modèle démocratique? La sphère publique non-étatique est l’ « expression de la société civile internationale »52, dans laquelle « les États ne se limitent pas à leurs gouvernements. Sociétés civiles, forces économiques, minorités multiples jouent leur propre partition internationale autant qu’interne. Ceci d’autant plus que dans la période contemporaine une grande majorité d’États ont tendu à se déposséder eux-mêmes de leur emprise économique, politique, culturelle, s’ils conservent un monopole militaire et stratégique […] L’expansion de la démocratie et des droits de l’homme d’un côté, de l’autre le marché, la libération des échanges économiques et financiers internationaux, la suprématie internationale du dollar entravent la liberté d’action des gouvernements, qui sont le visage international de l’État »53 , comme le définit Serge Sur, docteur en droit de l’Université de Caen, dans la revue Questions Internationales du septembre 2013. Depuis le FRT, la création d’un nouveau acteur urbain: les Equipos de Actuación Distrital (Equipes d’Action du District - EAD), qui voit l'établissement des contrats de travail pour les citoyens qui souhaitent se mettre à service de la Maire de Madrid pour le maintient des biens communs. « les Equipos de Actuación Distrital se situent dans cette dimension, la sphère publique non-étatique, car ils s’organisent à travers d’une convention entre la Mairie et les entités citoyennes. C’est les associations citoyennes qui les gèrent. La Mairie réalise une
52 La documentation française, Les acteurs non-étatiques : de nouveaux protagonistes aux intérêts divers, 4 mars 2014 [https:// www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000547-les-acteurs-des-relations-internationales/les-acteurs-non-etatiques-de-nouveaux-protagonistes-auxinterets-divers] 53 Serge Sur, Acteurs et figurants: le monde s’ennuie, revue « Questions internationales », septembre 2013
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convention avec les entités pour qu’ils puissent gérer ces équipes. Après, les Equipos de Actuación Distrital il restent gérés par les citoyens, car ce sont des association de citoyens»54 , déclare encore l’adjoint Maire Murgui Parra. Des équipes qui affinent et s’occupent de l’environnement urbain dégradé de la ville dans le cadre de la politique de rééquilibrage territorial promue par le conseil municipal, dans le 21 districts de la ville. Des équipes qui ont servi de tremplin au marché du travail pour 21855 personnes jusqu’à présent, toutes sans emploi et en situation de vulnérabilité, certains d'entre elles isolées. Les participants sont embauchés pour des périodes minimales de six mois aux conditions fixées par les conventions collectives de chaque secteur56. Le magasin international Europa Press a récolté dans l’article « Les 09:41
madrid
équipes de performance de district changent Madrid "de peu à peu"»
Embajadores
quelque déclaration des membres des EAD. « De ne pas travailler et avoir du travail, en plus de rencontrer d'autres personnes, c'est un autre monde", a expliqué l'un des 174 membres des équipes de performance de district. Un autre a souligné que la citoyenneté est 927 J’aime
"très reconnaissante". "Ils nous remercient car personne n'avait pas nettoyé ces zones depuis longtemps, ils nous ont même apporté des sandwichs parce qu'ils ne l'avaient jamais vu faire»57.
54 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 55 Extrait trad. de l’espagnol, Madrid Diario, La segunda oportunidad que ofrecen los Equipos de Actuación Distrital, article, 18 novembre 2018 [https:// www.madridiario.es/462280/segunda-oportunidad-equipos-actuacion-distrital]
56 Europa Press, Equipos de Actuación Distrital cambian Madrid "de a poquitos": "Nos traen bocadillos porque no lo habían visto nunca », article, 10
juillet 2018 [https://www.lavanguardia.com/local/madrid/20180710/45812551269/equipos-de-actuacion-distrital-cambian-madrid-de-a-poquitos-nostraen-bocadillos-porque-no-lo-habian-visto-nunca.html]
57 Ibid., Extrait trad. de l’espagnol
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Monsieur Murgui Parra nous en parle en prenant en exemple la Fondación Iniciativas Sur dans le Distrito de Usera, situé au sud de la capitale espagnole. « Oui, ce sont des associations. Par exemple, à Usera, il y a la Fondation Iniciativas Sur, une fondation qui est liée depuis des années aux associations de quartier et qui a beaucoup d'expérience dans la gestion de ce type d'expériences liées à l'emploi, à l'insertion travail etc. Qu'est-ce que cela signifie: vous avez une assemblée de personnes, officiellement reconnue par le conseil municipal, qui peut être directement liée à cette entité, avec la Fondation Iniciativas Sur - en fait, dans le forum local, il existe des entités de ce type qui sont - et qui a déjà une équipe de personnes avec une savoir faire dans le maintient de l’espace publique. Si quelqu'un dit: "Hé, dans cette rue, ce bout de jardin, cet espace interloque...» ou "on peut faire cette campagne de sensibilisation dans ce parc, on voit depuis un peu de temps que les gens ne sont pas très civiques? », vous y générez donc une sphère d’intervention publique non étatique, une capacité d’action. Il y a l’intention de progresser dans cette direction. Et puis vous pouvez aussi voir que les Equipos de Actuación Distrital, qui sont également conçues pour cela, peuvent être un soutien, un facteur de soutien, car imaginez aussi le cas du Campo de Cebada: pour le nettoyage, la maintenance , de sensibilisation, pourrait prendre en charge par l'équipe locale. Donc, vous donnez déjà plus de ressources à l'environnement de gestion citoyenne. Dans ce cas, également des ressources humaines »58 . Ce qui marque aussi un point à résoudre par rapport aux espaces publics de propriété privée, qui doivent prévoir, dans le cas spécifique, l’établissement d’un nouveau équilibre entre les acteurs de la ville, et la définition d’un nouvelle typologie de partenariat entre public, privé et société civile (3PS, PPPS). Par rapport a ce sujet, Jesús Lahera, professeur titulaire de droit du travail à l'Université Complutense de Madrid, écrit dans un article dans le journal national El País Économia que « Avec la reprise économique, il est nécessaire de continuer à développer l'Espagne sociale. Mais en étant conscient de notre histoire, des signes d'identité et de réalité. Nous devons récupérer et tirer le meilleur de la collaboration public-privé dans le développement social, en introduisant des incitations dans la société civile et les entreprises pour que tous en bénéficient. Et de ne s‘inventer pas un pays d'exclusivité publique efficace qui n'a jamais existé ».59
58 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 59 Extrait trad. de l’espagnol, Jesús Lahera, Por un Estado social público-privado, El País Économia, 18 février 2018
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2. Empowering Dispositifs de participation et de diffusion
L’ordonnance porte en objet aussi la définitions d’espaces de partage et de mise en relation entre les différents acteurs de la ville, physiques et virtuels. Comment cette gestion va-t-elle être prise en compte dans ce climat de collaboration entre l’administration et les entités citoyennes de la ville? À partir de 2016, la Maire de Madrid commence à mettre en place différents espaces et dispositifs, parfois numériques aussi, qui supportent les relations et les échanges entre institutions, associations et citoyens. Il s’agit principalement de deux plateformes, qui favorisent la mise en place de l’Ordonnance de Collaboration: Foros Locales (Forum Locaux), espace de rassemblement citoyen prévu dans chaque Distrito de la ville, qui permettent aux habitants de partager leurs expériences et problèmes liées au quotidien en ville; Decide Madrid, plateforme en ligne qui est l’outil principal pour les processus de décision et votation de propositions citoyennes, projets et actions sur les biens communs. Grace à ces deux dispositifs, l’administration de la ville commence à comprendre les mesures, soit économiques, soit en termes de services, à fournir pour pouvoir faire face aux nécessités des habitants. Des financements européens aident aussi ces programmes. Un autre « espace » à aménager est le Registre de Coopération Publique-Sociale60 , la base de donnés qui devrait se constituer bientôt pour commencer à rédiger un historique de toutes les actives réalisées: la promesse d’un vrai atlas des activités citoyennes de Madrid, mais qui ne voit encore une développement concret sur le terrain. Ne pouvant pas encore répondre à ce point, l’analyse des conditions suggère une possibilité de création d’outils d’interaction collective (des applications, etc.) avec les espaces publics, personnalisés pour Madrid. Le document établit que l’administration pourra aussi financer des projets qui se portent innovants par rapport au développement de stratégies et/ou outils de communication qui puissent améliorer le cadre de la gestion ou co-gestion d’un bien commun61 . Ainsi, les activités qui ne prévoient pas l’utilisation d’un espace, mais qui encouragent le développement de l’innovation sociale, rentrent aussi dans le cadre des financements prévus par l’ordonnance62. 60 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Título I y Disposition final I, 30 mai 2018 https://sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20] 61 Art. 10.c - Instrumentos de Fomento, Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, 30 mai 2018 62 Art. 20.4, Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, 30 mai 2018
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Néanmoins, l’espace digital à Madrid est en syntonie avec les temps courants. Les jeunes qui peuplent les rues de la ville utilisent les smartphones, et la stratégie gagnante de l’administration s’exprime à travers une communication via les réseaux sociaux, avec ses propres habitants. L’expérience pourrait être amélioré, comme par exemple à travers un outil qui permettrait à l’usager d’interagir directement avec les espaces en objet, pour consulter les donnés et les proposition en cours et déjà réalisées, voir les disponibilités… faciliter ultérieurement l’accès pour encourager encore plus le développement du tissu associatif, ainsi que l’accessibilité aux services citoyens.
2.1 Foros Locales
L’interface du site internet des Foros Locales, 2018
En février 2017, la maire Manuela Carmena, en collaboration avec ses deux adjoints maires Nacho Murgui Parra et Jorge Garcia Castaño, établit la création des Foros Locales au sein des Mairies des 21 Distritos de la ville.63 Les Foros Locales (Forum Locaux) sont le premier dispositif créé en collaboration entre la Mairie de Madrid et les associations citoyennes. Mais de quoi il s’agit concrètement ? Sur les Forums Locaux, l’adjoint Maire Murgui Parra déclare que ce sont des espaces ouverts à tous les voisins, «avec l’idée qu’ils servent de support et contribuent à améliorer les conditions de vie de la ville [...] Les voisins ont une vision plus proche et directe de ce qui les concerne, les forums sont pour eux une occasion de mettre en scène et de déposer des choses qui, selon eux, amélioreront ce que nous faisons grâce à l'action du gouvernement, qui nous permettent d'avoir des objectifs que nous (du gouvernement, ndr) n'attendions peut-être pas»64. L’idée est de donner la possibilité aux différentes communautés de voisins de se réunir, et de donner des réponses poser de questions, faire de remarques de manière directe aux représentants des institutions locales. Cette démarche devrait permettre la simplification du travail des services et bureaux publics qui visent à améliorer la qualité 63 El País, ¿Qué son los nuevos foros locales?, 6 mars 2017 [https://elpais.com/ccaa/2017/02/28/madrid/1488294532_972256.html] 64 Extrait d’entretien à Nacho Murgui Parra, Foros locales, propuestas vecinales que irán a los plenos de distrito, trad. de l’espagnol, El Mundo, 28 janvier 2017 [https://www.elmundo.es/madrid/2017/01/28/588ba3ea46163f813b8b4592.html]
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urbaine de Madrid, ainsi que la prise en charge de nécessitées particulières, et développer des stratégies de résolution. « On ne peut pas revenir en arrière. Une fois que l’on te donne la possibilité de parler, c’est difficile de taire à nouveau »65 me disait Rosalia, une dame de 65 ans que j’ai rencontré le 29 septembre dans le cadre de mon service de volontariat pour le Open House de Madrid, dans le bâtiment de la Tabacalera de Lavapiés. Dans les Forum Locaux, il ne suffit que d’être résident dans la ville pour s’inscrire. Les différentes associations et citoyens se réunissent avec les conseillers municipaux et les présidents des différents Distritos, pour faire les points sur différents questions amenées à l’ordre du jour, pour discuter de la ville à l’échelle du citoyen, mais aussi pour discuter des projets à l’échelle de la ville. Selon un calendrier établi avec la Mairie, les parties se réunissent environ chaque mois66. Un modèle qui semble forcer la mise en relation entre les gens, mais qui s’est montré efficace à la petite échelle de quartier, surtout dans les plus denses et populaires de la ville. Les forums Locaux ont eu une participation très limitée pendant la première année d’activité, avec 3 147 inscrits dans une ville qui compte 3.3 millions d’habitants, pour améliorer Madrid avec l'initiative de voisinage en 201867. Les forums locaux célèbrent le premier anniversaire de ce "rêve collectif" avec une participation "très élevée", selon les mots du délégué à la coordination territoriale et à la coopération social-social, Nacho Murgui, avec 3 147 résidents inscrits et près de 400 entités sociales et de voisinage ils font un "énorme" travail pour améliorer Madrid avec l'initiative citoyenne. « Le défi consiste maintenant à "affiner et adapter les réglementations à cette année d'opération, voir quels éléments de cette réglementation peuvent être améliorés pour mieux s'adapter à la réalité et continuer à approfondir la perspective de la participation »68 , a déclaré ainsi Nacho Murgui dans un article publié par la plateforme d’information européenne Europa Press. Pour ce qui concerne la sphère non-étatique de l’ordonnance, le Président du Distrito Centro Jorge Garcia Castaño précise que « le forum local peut également être compris comme une manière différente d’intégrer les voisins à l’élaboration ou à la conception des politiques publiques et à leur suivi, de sorte que si vous avez déjà un district, imaginez: un forum local, et vous avez une équipe d'action de district, vous disposez d'un espace de discussion, de détection des problèmes, de propositions, et vous avez un outil
65 Extrait trad. de l’espagnol. Déclaration d’une voisine pendant le Forum Local du Distrito Centro, Red de Foros Locales, [https://www.youtube.com/ watch?v=xR2wdlQzJa0]
66 Area de coordinación territorial y asociaciones del Ayuntamiento de Madrid, Foros Locales. Manual de uso, 2018 67 Europa Press, Foros Locales celebran primer cumpleaños con 3.147 inscritos para mejorar Madrid con iniciativa vecinal, article du 25 mai 2018 [https:// www.europapress.es/madrid/noticia-foros-locales-celebran-primer-cumpleanos-3147-inscritos-mejorar-madrid-iniciativavecinales-20180525194238.html]
68 Ibid.
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exécutif administratif (15/10 personnes) pouvant intervenir lorsque le forum local décide de le faire. Le forum local le transmet au conseil de district ou à l'entité qui gère l'équipe d'action de district. Cette équipe peut ensuite intervenir»69 . Un processus qui vient de commencer, qui ouvre effectivement des problèmes par rapport au cadre législatif actuel, car il faut attendre certaines conditions pour demander des avantages à l'administration publique, et que « l'ordonnance donnait naissance à des groupes qui ne remplissaient pas les conditions requises pour accéder aux moyens et aux ressources de la ville », comme déclare Silvia Saavedra, représentante du parti d’opposition Ciudadanos70.
2.2 Decide Madrid Un deuxième dispositif très important qui est mis en place en 2017 est la plateforme en ligne Decide Madrid. Cette plateforme était expérimentée pour la première fois à partir d’une première action de collaboration entre institutions et associations citoyennes, Imagina Madrid, qui a permis la transformation de 9 endroits dans différents quartiers de la ville, à partir de la participation de citoyens71 . Le slogan de Imagina Madrid récitait: « jeux/musique/performance/photos/cartes/imaginaire/sofa/stencils/souvenirs/convois/ art…et toi »72 .
L’interface du site internet de Decide Madrid, 2018
69 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018 70 Article sur Europa Press, Ciudadanos está en contra de la ordenanza de cooperación público social porque podría ser "arbitraria y discrecional", 18 mai 2018 [https://www.europapress.es/madrid/noticia-ciudadanos-contra-ordenanza-cooperacion-publico-social-porque-podria-ser-arbitrariadiscrecional-20180518120543.html] 71 Intermediae, Imagina Madrid. 9 Lugares por transformar, 2017 [https://www.intermediae.es/programas/imagina-madrid] 72 Prospectus trouvé au Matadero Madrid, Imagina Madrid. 9 Lugares por transformar, 2017
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Decide Madrid est un site internet, un compte Instagram, Facebook, Youtube, des affiches dans la ville, des pamphlets dans les centres culturels citoyens: largement publicisé, c’est l’endroit virtuel où les citoyens peuvent présenter, des propositions, des idées et des projets pour la ville et la communauté, par les citoyens. Des outils de communication qui sont marqués par contre d’une faiblesse de réponse à la grande échelle: les profils dans les différents réseaux sociaux sont très peu suivi par les internautes, ce qui démontre que la plateforme est encore en phase d’expérimentation et d’écriture. Le site ressemble et réglemente le cinq points principaux de la stratégie de collaboration publique sociale: débats, propositions, budget participatif, votations, processus. Ainsi, l’accès est accordé seulement aux inscrits à la plateforme. Dans la section « débats », il est possible d’exposer et partager son opinion avec d’autres personnes sur des questions et problèmes qui vous concernent et qui sont liés à la ville de Madrid. C'est également un espace pour générer des idées qui, à travers les autres sections de Decide Madrid, mènent à des actions concrètes du conseil municipal. Il est possible d’ouvrir des débats, les commenter et les noter avec des boutons qui expriment son accord ou pas sur un sujet. Dans la section « propositions citoyennes », est possible faire des propositions à la mairie de Madrid pour les réaliser. Les propositions cherchent un soutien et, si elles atteignent un soutien suffisant, elles sont soumises au vote des citoyens. Les propositions approuvées lors des votations des citoyens sont assumées par le conseil municipal et sont exécutées. Les propositions qui obtiennent le soutien sur le web de 1% des personnes ayant le droit de vote (27662 aides de personnes de plus de 16 ans enregistrées à Madrid) sont soumises au vote. Pour mettre en place sa propre campagne promotionnelle, l’association culturelle La CocTELLera, issue d’un des principaux centres culturels de la ville, le MediaLab Prado, a mis au point le Kit.Decide, un kit qui explique et rassemble les démarches bureaucratiques pour aider à lancer des campagnes, faire connaître le propositions, et réussir le mieux possible. La section de « budgét participatif » est utile pour que les gens décident directement la destination du budget municipal. Dans ce processus, chaque année, les gens soulèvent, soutiennent et votent des projets. Les plus votés sont financés avec le budget municipal. En 2017, 311 projets ont été sélectionnés pour un total de 100 millions d’euros. Les projets peuvent concerner toute la ville (projets à dépenses importantes ou touchant une grande partie des habitants de Madrid) ou chacun des 21 districts. Entre janvier et début mars, la soumission des projets. En mars, les promoteurs doivent obtenir un soutien lors de la phase de présélection. Entre avril et début mai, les techniciens du conseil municipal de Madrid évaluent les projets par ordre de priorité, du plus au moins soutenu, et vérifient leur viabilité. Enfin, du 15 mai au 30 juin, tous les
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citoyens de Madrid peuvent voter pour les projets qui les intéressent le plus. Dès l'approbation des budgets l'année suivante, le conseil municipal commence à mener à bien les projets gagnants. La section de « votation » est activée chaque fois qu'une proposition atteint un soutien de 1% et passe au vote ou lorsque le conseil municipal de Madrid propose un sujet à décider. Toutes les personnes inscrites à Decide Madrid de plus de 16 ans peuvent voter. Les résultats de tous les votes sont contraignants pour le gouvernement municipal. À travers la votation publique, les différents projets sont triés, et les gagnants obtiennent un montant de financement estimé sur la base de la proposition faite selon les tableaux établis par les bureaux techniques de la mairie, qui s’occupent du calcul estimatif. Jusqu'à présent, deux votes ont eu lieu. En février 2017, les citoyens ont approuvé les propositions "Madrid 100% durable" et "Ticket unique pour les transports en commun". Il a également posé des questions sur la réforme de la Plaza de España, la mobilité de la Gran Vía et des problèmes dans six districts. En octobre 2017, les citoyens ont décidé de réaménager onze places de la ville: Lucero, San Blas, Mar de Cristal, Duquesa de Osuna, Emperatriz, Remonta, La Vaguada, El Encuentro, Los Misterios, Puerto de Canfranc et Place de Villaverde et Ágata. Dans la section des « processus », les citoyens participent à la préparation et à la modification des réglementations qui affectent la ville de Madrid et peuvent donner leur avis sur les politiques municipales lors de débats antérieurs. Pour participer à un processus, il faut être inscrit à Decide Madrid et consulter la page du processus périodiquement, pour voir quels règlements et quelles politiques sont discutés et consultés73. La plateforme de participation citoyenne utilise l'application CONSUL, qui est un logiciel sous licence libre AGPLv3. En termes simples, cela signifie que n'importe qui peut librement utiliser le code, le copier, le voir en détail, le modifier et le redistribuer au monde avec les changements qu'il souhaite, mécanisme qui se met en relation avec les pratiques open-source, pour la production d’outils et dispositifs évolutifs, adaptables et améliorables. Depuis la création de CONSUL, la Mairie de Madrid encourage les municipalités, les régions et tous les types d’institutions à utiliser le code pour promouvoir la participation des citoyens et la prise de décision directe dans le monde. Decide Madrid à gagné en 2018 le Public Service Award de l’ONU pour “services publics rendus à la communauté”, et pour avoir aussi conçu un modèle répliqué depuis dans plus de 80 villes dans le monde.74
73 Decide Madrid, site internet [https://decide.madrid.es/] 74 Pablo Soto, Delegado área de participación ciudadana, transparencia y gobierno abierto (https://www.youtube.com/watch?v=6EY4pgZUcMQ)
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2.3 Los Madriles et CIVICS
La barre d’options du site internet de CIVICS
Le troisième dispositif non officiel est le Mapa de Los Madriles - Atlas de Iniciativas Vecinales (Carte de Los Madriles - Atlas d’Initiatives du Voisinage). La première version de la carte a été imprimée en format géant et exposée au Matadero Madrid, l’ancien abattoir de la ville réhabilité en centre culturel et des arts visuels en 2015, pendant la présentation du projet Imagina Madrid. Il s’agit d’une carte virtuelle développée en 2017 par Intermediae, agence municipale pour le développement de l’interaction urbaine issue d’un partenariat public-privé avec la Mairie de Madrid75. Cette société s’occupe, entre autres activités liées à l’innovation sociale, d’étudier et de représenter les initiatives citoyennes des ses inscrits, qui s’appuie sur une carte interactive modifiable par les utilisateurs inscrits, sur la plateforme CIVICS76.
La carte nous permet d’explorer les endroits qui nous intéressent par typologie d’espace, type d’activité sur l’espace, ainsi que de trouver des données historiques et sociales. Une plateforme encore en phase d’expérimentation, qui pourrait se produire sous la forme d’une application de partage de données cartographiques, à travers un système de modérateurs. Dans ce sens, et sur la base des systèmes open source tels que CONSUL, il est envisageable une évolution des Systèmes d’Information Géographiques (SIG) 77 utilisés par les urbanistes, qui mettent en relation plusieurs couches de données à travers des cartes, avec la participation citoyenne pour la collecte de données et la diffusion de l’état actuelle des propositions et projets dans les espaces concerné par
75 Intermediae, Mapa de Los Madriles - Atlas de Iniciativas Vecinales, 2017 [https://losmadriles.org/mapas/] 76 Plateforme CIVICS Impulsa tu ciudad [http://www.viveroiniciativasciudadanas.net/civics/iniciativas/] 77 « Un Système d’Information Géographique (SIG) est un logiciel informatique capable d’organiser et de présenter des données alphanumériques
spatialement référencées. Le SIG permet d’acquérir, d’organiser, de gérer, de traiter et de restituer des données géographiques sous forme de plans et cartes (cartographie intuitive et évolutive). Il s’agit d’un système de gestion entrepreneurial qui permet à toute organisation (entreprise ou collectivité) de gérer spatialement son activité. » Définition par SIG-géomatique.fr [http://www.sig-geomatique.fr/sig-sig.html]
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l’ordonnance. En effet, le site internet de CIVICS permet d’avoir l’historique et les informations par rapport aux associations citoyennes qui lancent des projets dans les espaces et les bâtiments publics mis à disposition par la mairie. Par contre, elle manque d’intégration avec les dispositifs institutionnels de l’ordonnance, Foros Locales, mais surtout Decide Madrid. Sur ce point spécifique, l’adjoint Maire Nacho Parra déclare qu'en effet, il n’y a pas encore une corrélation établie et définie entre la sphère physique et celle virtuelle des outils qui structurent l’ordonnance. « Eh bien, ici vous m'attrapez. Je ne sais pas! Bien entendu, je pense maintenant que nous avons beaucoup progressé dans la question de la création d'outils numériques facilitant, par exemple, le positionnement ou la participation à la prise de décision et la formulation de propositions de la part des citoyens. Bien entendu, cela diffère de la gestion des politiques publiques. Une chose est, je vous propose, et je me positionne, et je vote, et une autre chose est que je délibère avec les autres. C'est-àdire que la fonction qui est effectuée principalement dans les forums locaux n'a pas de co-récit numérique. Et ce serait un moyen intéressant d’exploration. Et puis la question de la gestion, du suivi de la gestion des propositions n’a pas non plus sa histoire commune. Nous travaillons actuellement sur un guide de gestion du citoyen »78 .
Carte de Los Madriles - Atlas d’Initiatives du Voisinage, exposée au Matadero Madrid, 2015
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Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018
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3. Responsabilité et open-source79 L’ordonnance marque aussi une autre intéressante évolution par rapport au Campo de Cebada80 . Au lieu de remettre directement à la gestion des usagers toutes responsabilités et services garanties pour le maintien et l’habitabilité de l’espace public, la Mairie de Madrid garantie un partage des taches selon les compétences. « […] oui, il existe une autre façon de faire politique qui passe par la communauté, par le citoyen. Disons que ça c'est le parapluie idéologique. Ensuite, bien sûr, vous devez spécifier. Parce que cela, quand vous concrétisez et que vous l'atterrissez, cela génère beaucoup de problèmes. Beaucoup de tâches. "C’est très bien mais, hé, qui nettoie?" "Hé, et s'il y a un conflit?" Comment ce conflit est-il résolu? Parce qu'alors, dans la vie réelle, il y a des conflits et soudainement, quelqu'un qui casse des bouteilles entre en scène, et moi, en tant que citoyen, je n'ai pas à faire face à cette personne. Ici rentre la partie pour laquelle existent des services publics, qui attendent leur objectif et sont comme ça pour quelque chose. Je pense que cela enrichit beaucoup le débat, et enrichit beaucoup l'expérience et donne l'avantage aux initiatives politiques, qui prennent de plus en plus de corps »81, avait dit Murgui Parra. La/les citoyennes qui gagnent la gestion d’un domaine public sont responsables des dommages matériels, mais s’il y a un état d’urgence ou une bagarre, la police et le SAMU garantissent leurs interventions. Ainsi, l’administration s’engage à garantir des financements publics. Le nettoyage des espaces est remis soit aux citoyens, soit à la Mairie, soit aux Equipos d’Actuacion Distrital, dans les compétences et les moyens de chacun. Pour ce qui concerne les services hygiéniques, la ville s’engage à installer, par exemple, des toilettes sèches82. La Mairie a aussi introduit des services accessoires, comme le CRAS! - Centro de Recursos para el ASociacionismo y la ciudadania activa83 (CRAS! - Centre de Ressources pour l’ASsociationnisme et la citoyenneté active). Il s’agit d’un service de prêt gratuit de matériaux pour des événements et des activités pour les projets concernés par 79 « La désignation open source, ou « code source ouvert », s'applique aux logiciels (et s'étend maintenant aux œuvres de l'esprit) dont
la licence respecte des critères précisément établis par l'Open Source Initiative, c'est-à-dire les possibilités de libre redistribution, d'accès au code source et de création de travaux dérivés. Mis à la disposition du grand public, ce code source est généralement le résultat d'une collaboration entre programmeurs. » wikipedia.fr, Open Source, https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_source
80 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec l’association campodecebada.org, 20 février 2018 81 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 82 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Título III, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20]
83 Distrito de Fuencarral-El Pardo, CRAS! el servicio de préstamo de material para asociaciones, 16 octobre 2018 [http://tucuentasfep.madrid.es/crasservicio-prestamo/]
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l’ordonnance. Un service offert par le Área de Gobierno de Coordinación Territorial y Cooperación Público-Social de Madrid, par lequel qui prévoit une action dans les biens communs, peut accéder à toute sorte d’outils qu’il lui faut pendant 5 jours, de l’audiovisuel jusqu’à des chaises. C’est l’évolution de la boite à outils84 déjà présente sur le site du Campo de Cebada. Les jours de prêt peuvent être étendus, en fonction de la disponibilité et des projets.
3.1 À la recherche d’un équilibre: développement économique et social85 Les fondations et associations citoyennes sans but lucratif qui font objet de l’ordonnance disposent de la possibilité de proposer toute sorte d'activité dans les biens communs, sur une période de maximum 30 jours par action, éventuellement sujet à prorogation si particulièrement utile au développement de l’intérêt public. Une règle pour permettre une participation la plus large possible par les associations et entités citoyennes aux projets communs. Le conseiller socialiste Ramón Silva a par contre précisé que « l'ordonnance régit la coopération entre le Consistoire et le tissu social dans des activités qui seront toujours différentes des services publics. De plus, l'accès aux subventions est limité aux fondations et associations, à l'exclusion des collectifs, et la prise en gestion de biens immobiliers ne sera ponctuel que pour certains collectifs»86 .
84 TodoXLaPraxis, Campo de Cebada - Taller Almacenamiento Herramientas, [https://todoporlapraxis.es/020-campo-de-cebada/] 85 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Título II, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20]
86 PSOE Madrid, Ramón Silva: “Con esta ordenanza no se pueden prestar servicios públicos ni otorgar subvenciones”, site du Parti Socialiste de Madrid, 30 mai 2018, [http://www.psoeaytomadrid.es/notas_de_prensa/view/ ramon_silva_con_esta_ordenanza_no_se_pueden_prestar_servicios_publicos_ni_otorgar_subvenciones.html]
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Le but des actions et événements est en fait surtout la formation de la société civile au respect et à la prise de conscience de la dimension publique et économique qui demande la réalisation et le maintient des espaces publics de la ville. La Mairie de Madrid envisage une contribution importante du savoir collectif de ses citoyens dans la fabrique de la ville, grâce à la diversité de situations mises en place, et à la capacité de faire et d’imaginer de ses usagers, avec des ressources limitées. Ces activités sont divisées en 3 catégories, qui vont du prendre soin d’un espace, à la récupération de son usage, à l’aménagement d’un équipement public, comme dans le cas du Campo de Cebada. Les actions réalisables prévoient des usages culturels ou civiques, environnementaux - comme pour les potagers partagés -, activités pour la santé, événements sportifs. Une stratégie qui propose la mixité d’usages dans l’espace public87. L’ordonnance intègre aussi la réglementation de projets pour promouvoir le développement du commerce local et l’interaction sociale dans les biens publics: c’est le cas d’actions comme Pinta Malasaña88 (Peints Malasaña, qui a vu plein d’artistes peindre les façades des rues commerçantes du quartier homonyme), ou Locales en Red89 (prêts de locaux de propriété de la ville pour démarrage d’initiatives citoyennes), ou des marchés municipaux qui sont présent dans les différents Distritos. Le document encadre aussi des autres typologies d’action, comme les fêtes et les festivals de quartier, comme la Fiesta de la Paloma à Lavapiés, ou toutes sortes de performances artistiques, qui font partie de la culture populaire de Madrid, et qui sont sujet d’innovation sociale et de construction de la communauté. L’adjoint maire Nacho Murgui définit ces phénomènes urbains comme une école de citoyenneté. « […] Je pense que cela soit un bon rôle, celui de l'école de la citoyenneté, qui favorise également l'auto-organisation et la génération de la communauté, parce que nous avons besoin de le faire, nous sommes obligés de le faire d'une certaine manière, parce que sinon la relation que nous créons avec l'espace est une relation de consommation. Je vais quelque part, quelqu'un nettoie pour moi, et c'est tout. Je pense donc qu'une partie de l'expérience très positive des centres sociaux est perdue. Par exemple, les gens qu’y vont, font tout, et le lien est également généré par cette gestion plus matérielle de l’espace. Ensuite, bien sûr, lorsque l’administration apparaît, nous tendons à la délégation. "Bien alors, laissez-les faire." Je pense que cela va bien jusqu'à un certain point, mais il faut rechercher un équilibre. »90
87 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Título II, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20]
88 ¡Pinta Malasaña! vuelve a transformar el barrio más cool de Madrid, traveler.es, 15 avril 2018 [https://www.traveler.es/viajes-urbanos/articulos/pinta-malasana-2018/12374] 89 Diario de Madrid, Locales en Red: cesión de espacios municipales en el distrito Centro, 23 janvier 2018 [https://diario.madrid.es/centro/2018/01/23/ locales-en-red-cesion-de-espacios-municipales-en-el-distrito-centro/] 90 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018
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L’ordonnance interroge aussi les modalités de la participation à l’aménagement des espaces publics à Madrid. Le document vise à faire converger l’aménagement d’espaces délaissés et certaines demandes citoyennes. D’autres cessions d’espaces publics pour des usages collectifs avaient déjà eu lieu dans le passé, mais la Mairie répondait alors à la demande d’un collectif. L’instauration de ce cadre normatif lui permet d’avoir la maîtrise des cessions temporaires au profit d’une approche globale. Elle choisit les espaces à céder avec les représentants des districts et sélectionne, à travers la commission de collaboration publique-sociale, dont seulement un tiers des membres sont externes à la municipalité, les activités et les organisations qui lui semblent les plus adéquates.
3.2 Les espaces virtuels, un nouveau outil de gestion urbaine? La rédaction de cette ordonnance, ainsi que les expériences urbaines de participation citoyenne réalisées pendant les années après la crise économique du 2008, ont créé une base de savoir faire collectifs, immatériels. Une ensemble d’informations qui devraient être enregistrées dans l’officiel Registre de Coopération Publique-Sociale, définit aussi par l’ordonnance. « En pratique, la participation citoyenne peut toutefois se révéler complexe, voire, lorsqu’elle se résume à une fausse promesse, contre-productive pour enrayer la crise démocratique. De fait, la volonté de « faire participer » peut désigner des objectifs radicalement opposés, allant de l’opération de communication à la recherche d’une démocratisation des modes d’élaboration des politiques publiques, en passant par l’encouragement à l’activité associative. Les plus critiques en dénoncent les dérives : une professionnalisation de la participation qui se concentre sur la communication et le marketing, une ingénierie qui s’apparente sur les connaissances de la population ou encore des accointances entre chercheurs, consultants et pouvoirs publics spécialisés en démocratie participative » (Gourgues, 2012)91. Devoir de la recherche est de comprendre pourquoi et comment le projet de l’ordonnance a été inspiré par la vie commune pour s’enrichir à partir des expériences quotidiennes des « usagers » de Madrid. Les outils des réseaux sociaux ont constitué une bonne moyen d’information pour mener l’étude à distance. Notamment, les account Instagram92 et Facebook93 tenus par la Mairie de Madrid et les différentes associations, et citoyens, soulignent le pouvoir de l’image au sein de l’imaginaire collectif des habitants de Madrid. Le style graphique est très communicatif, avec des beaux couleurs et sympa à lire, surtout pour les affiches qui sont dans les rues et dans les établissements publics.
91 Guillaume Gourgues, Sandrine Rui et Sezin Topçu, Gouvernementalité et participation. Lectures critiques, dans Participations 2013/2 (N° 6) [https:// www.cairn.info/revue-participations-2013-2-page-5.htm] 92 Compte Instagram de la Mairie de Madrid [https://www.instagram.com/madrid/] 93 Compte Facebook de la Mairie de Madrid [https://www.facebook.com/ayuntamientodemadrid/]
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Pourtant, c’est aussi remarquable la quantité de matériel informatif physique que nous trouvons dans la pluralité de centres culturels et centres de quartier de la ville. L’accessibilité à l’information dessert bien la population de Madrid, grâce à la présence de centres sociaux sur le territoire municipal. Une population qui participe avec idées et projets innovants, par contre presque exclusivement dans le centre ville. Il ne suffit de penser que en 2017, l’année de la coopération publique-sociale, environ 260094 activités et projets ont été approuvées et menées seulement dans les biens publics pertinents au Distrito Centro de Madrid. « […] Je pense que nous avons beaucoup progressé dans la question de la mise en place d'outils numériques facilitant, par exemple, le positionnement ou la participation à la prise de décision et la formulation de propositions de la part des citoyens. Bien entendu, cela diffère de la gestion des politiques publiques. Une chose est, je vous propose, et je me positionne, et je vote, et une autre chose est que je délibère avec les autres. C’est-àdire, par exemple, la fonction qui est effectuée dans les Forums Locaux n'a pas de corrélation numérique. Et ce serait un moyen intéressant d’exploration. Et puis la question de la gestion, du suivi de la gestion des propositions n'a pas non plus sa même histoire »95 , conclut l’ adjoint maire Nacho Murgui. Un début d'intégration technologique à la gestion de la ville de plateformes numériques et des outils communication sociaux contemporains. Une volonté encore en phase expérimentale, qui se mets en place a quasiment à l'échelle du centre-ville de Madrid, et qui manque d’une réelle participation citoyenne (1%)96 . Le rêve de faire évoluer ce modèle vers une concrète collaboration entre institutions publiques et société civile. « La participation, alors, « beaucoup de bruit pour rien »? (Blondiaux et Fourniau, 2011). Non, si les pouvoirs publics se donnent les moyens de dépasser l’ »injonction participative" qui organise la remontée d’informations et l’évacuation des conflits ! Il s’agit d’innover pour que la participation citoyenne contribue à la fois à améliorer les politiques sociales et à déclencher des dynamiques d’émancipation des personnes. Ce n’est pas seulement une question de méthode, mais bien plus une révolution dans la manière de construire l’intérêt général […], de croiser les expertises, d’articuler la participation et la représentation et de faciliter l’émancipation des publics précaires »97.
94 Données depuis l’entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018 95 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 96 Decide Madrid, site internet [https://decide.madrid.es/] 97 Marion Carrel, La gouvernance est-elle démocratique ? Les enjeux de la participation citoyenne, dans Informations sociales 2013/5 (n° 179), p 148, [https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2013-5-page-144.htm]
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III. LE GENIE COLLECTIF À L'ŒUVRE
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« Au-delà des théories normatives qui l’ont accompagné, le développement au concret de l’offre publique de participation est allé de pair avec le déploiement d’une critique de différentes factures, visant tant ses principes, ses traductions pratiques que ses usages ».98 Ce qui a évidence l’analyse de la Ordenanza est que dans la communauté circonscrite à l’échelle de quartier, ce système marche de façon solidaire avec les associations de citoyens, ou avec les représentants qui parlent pour eux. Une situation qui trouve terrain fertile dans le quartier de Lavapiés, qui voit ses portes juste à coté du site de l’ex-Campo de Cebada. « Découvrez le nouveau quartier préféré des Madrilènes ! Cosmopolite et coloré, le "barrio" de Lavapiés attire de plus en plus les artistes, les jeunes et les gays. Il y règne une ambiance conviviale et festive jusqu'à tard dans la nuit. Avec ses ruelles étroites, ses places et ses terrasses, Lavapiés est un quartier typique de Madrid. Il est réputé pour sa douceur de vivre mais aussi pour ses lieux culturels. Ici, c'est un savant mélange de cultures et de personnes où les nouveaux cafés branchés côtoient les plus anciens établissements de la ville. Explorer Lavapiés, c'est sortir des sentiers battus et vivre un séjour authentique à Madrid »99, récite le site expedia.fr, une des plus connues plateformes internationales de réservation de voyages.
1. «Lavapiés, el barrio mas guay del mundo» 100 «Lavapiés, le quartier le plus cool du monde» Lavapiés a été élu en 2018 le quartier le plus cool du monde, selon le magasin international Time Out101. Un quartier qui s’est développé historiquement autour de La Tabacalera, l’ancienne industrie de production de cigarettes construite en 1790, qui employait principalement des femmes avant de fermer définitivement en 2000. Un quartier qui a ainsi hérité d’un passé très engagé, notamment pour les luttes féministes et pour les droits du travail des ouvrières. En 2009, l’espace est donnée en co-gestion à des associations de citoyens, qui forment le Centre Social Autogéré (CSA) La Tabacalera. Bâtiment qui héberge aussi le musée d’art visuels de la ville102 .
98 Guillaume Gourgues, Sandrine Rui et Sezin Topçu, Gouvernementalité et participation. Lectures critiques, dans Participations 2013/2 (N° 6), p. 5 99 expedia.fr, 7 choses à ne pas manquer dans le quartier de Lavapiés à Madrid, 21 décembre 2015 [https://www.expedia.fr/explore/7-choses-a-ne-pas-
manquer-dans-le-quartier-de-lavapies-a-madrid]
100 El País, « ’Time Out’ chooses Madrid neighborhood as “coolest in the world” », 24 septembre 2018 [https://elpais.com/elpais/2018/09/24/inenglish/ 1537792078_027175.html] 101 Ibid. 102 Centro Social Autogestionado (CSA) La Tabacalera, CSA La Tabacalera de Lavapiés, [http://latabacalera.net/c-s-a-la-tabacalera-de-lavapies/]
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Carte illustrée de La Latina et de Lavapiés, Cerveza Mahou Madrid, 2017
L’esprit “révolutionnaire” de cette époque se ressent encore aujourd’hui: rues couvertes de murales, fêtes de quartier, performances et oeuvres artistiques qui se produisent tous les jours. Ses habitants sont des enfants, des personnes âgées, des familles, de jeunes, d’une grande pluralité ethnique et sociale. Un quartier qui dispose par contre d'espaces publics de taille limitée, malgré ils soient bien distribués sur son territoire. Un quartier qui présente la plus haute densité de population dans le centre ville (443 habitantes/ hectare103 , presque plus que le double des autres quartiers). À la fin des années 1980, Lavapiés était un quartier dans lequel vivaient exclusivement des personnes âgées qui habitaient de vieilles maisons de dimensions modestes construites autour d'une cour. C'est pour cette raison que l'on a pu parler de bidonville (chabola) vertical. L'abondance de bâtiments abandonnés et de logements à faible loyer attira à cette époque puis dans les années 1990 une multitude de jeunes gens disposant de peu de ressources, et parmi eux de nombreux adeptes du mouvement
103 10 DATOS ESTADÍSTICOS DEL BARRIO DE EMBAJADORES-LAVAPIÉS, lacasaenlavapies.com, 11 novembre 2014 http://www.lacasaenlavapies.com/el-faro-de-lavapies/10-datos-estadisticos-del-barrio-de-embajadores-lavapies/
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squat (ou okupas) : Lavapiés a certainement été la partie de Madrid avec la plus grande densité de logements squattés et de "centres sociaux occupés" ouverts au public dans lesquels eurent lieu les toutes premières expériences d'occupation de la capitale. De nos jours, la spéculation immobilière et la répression policière ont quasiment eu raison du mouvement squat, mais le quartier continue à être celui qui possède l'activité associative et politique la plus dynamique, mêlée à une vie de quartier des plus denses104. Pour des raisons identiques, nous assistons à l'arrivée de centaines d'immigrants de provenance diverse (Amérique hispanique, Chine, Afrique du Nord, Afrique noire, souscontinent indien, etc.) : l’on estime qu'environ 50% des habitants du quartier n'est pas d'origine espagnole. De fait, certains événements comme le Ramadan ou le nouvel an chinois ont une résonance plus importante dans Lavapiés que, par exemple, les fêtes de Noël. « Déjà le Distrito Centro, pas par l'action de ce gouvernement, présentait un dessin urbain très intéressant, qui permettait cet espace public de qualité, un usage intensif de la rue, une forte densité. Je crois que Madrid, comme Rome, de ceux villes méditerranéennes denses, je pense que cela fait partie de ses vertus. »105 déclare Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire. En effet, grâce à ses rues étroites, et aux différentes places qui intercalent l’infrastructure publique, le quartier présente une morphologie adapté à l’échelle humaine. La topographie de la zone aide aussi à rendre équilibré et proportionnée la présence d’espaces publics de petite et moyenne dimension, toujours vivants et actifs, 24 heures sur 24.
1.1 Lavapiés, dynamiques d’un quartier hétérotopique106 Beaucoup des espaces qui étaient occupés ont été reconvertis dans les dernières années en centres sociaux et espaces publics co-gérées entre mairie et associations citoyennes. Des espaces nées avec et après le Campo de Cebada. Esto Es Una Plaza107, le potager partagé et galerie d’art urbaine, le Solar Almendro3108 , espace co-géré avec les enfants et leurs familles, CSA La Tabacalera, centre des arts visuelles et centre social, le centre culturel La Casa Encendida109 , entre entre autres. 104 wikipedia.fr, Lavapiés, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Lavapi%C3%A9s] 105 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018
106 « […]La théorie de Lefebvre d’un mouvement révolutionnaire suit le cheminement inverse : il s’agit pour lui d’un rassemblement spontané se
produisant dans un moment d’« irruption » et où des groupes hétérotopiques disparates voient soudain, ne fût-ce que fugacement, les possibilités d’une action collective pour créer quelque chose de radicalement différent. » Extrait trad. de l’anglais, D. Harvey, Rebel Cities: From the Right to the City to the Urban Revolution, 2012, New York, pp. 21-22
107 Red de Huertos Urbano de Madrid, Esto Es Una Plaza, [https://redhuertosurbanosmadrid.wordpress.com/esto-es-una-plaza/] 108 Mairie de Madrid, Los Martes de Almendro3, (https://vimeo.com/158608357) 109 La Casa Encendida, ¿Qué es La Casa Encendida?, [https://www.lacasaencendida.es/]
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Ce sont des espaces désormais établis dans le tissu social du quartier, qui voient toujours une variété de propositions et activités culturelles, sportives, artistiques, ainsi que des services comme bibliothèques et espaces de travail. Très connus et appréciés, par la communauté espagnole, ainsi que par les touristes et la communauté internationale, ce sont des espaces qui fournissent aussi des services publics aux citoyens, et qui s’appuient aussi sur la sphère non-étatique pour leur gestion et maintient. Mais surtout, Lavapiés est un quartier qui se nourrit de la variété sociale qui le compose: principalement des espagnols provenants de toute l’Espagne, des latino-américains, des européens, des africains, des bangladais, des indiens, des chinois, des japonais, des américains, selon les statistiques110. Une richesse culturelle qui a vu l'impulsion de la production culturelle, grâce à la pluralité d’expériences, d’origines et de styles de vie de ses habitants. La participation citoyenne à ces expériences de gestion et co-gestion de bien publics rend le quartier socialement inclusif, une « escuela de ciudadania »111 (école de citoyenneté). Un lieu de rencontre et de mélange, mais aussi un lieu de défis et conflits. L’hétérotopicité du quartier est aussi marqué par une tradition hebdomadaire historique de la ville de Madrid: le très connu Mercado Del Rastro, qui voit un grande quantité de citoyens ainsi que de touristes se reverser dans les rues de Lavapiés chaque dimanche matin. Le marché fonctionne comme un dispositif urbain qui s’installe à partir de la place Cascorro, pas loin de la place de La Cebada, pour traverser du nord au sud toute la partie ouest du quartier, jusqu’à la place de la Ronda de Toledo. Un parcours traditionnel qui voit plein de banquettes s’installer dans la rue, pour vendre toutes sortes d’objets et d’outils. La présence d’un flux touristique habituel, a fait si que les habitants du quartier ont déjà fait face à ce que cela concerne: l’augmentation de la quantité de logements convertis à Airbnb et l’augmentation conséquente des loyers112 . Importantes problématiques qui frappent les communautés des centre villes d’autres capitales européennes aujourd’hui Paris, Berlin, Londres Rome, Athènes -, mais qui dans ce cas ont fait objet d’intérêt partagé et de collaboration entre citoyens et institutions. Le développement d’une autre ordonnance du gouvernement citoyen, qui essaye de limiter les Viviendas de Uso Turístico (Résidences à Utilisation Touristique)113, issue directement du Foro Local du Distrito Centro et financé grâce à une proposition gagnante sur la plateforme citoyenne Decide Madrid114.
110 10 DATOS ESTADÍSTICOS DEL BARRIO DE EMBAJADORES-LAVAPIÉS, lacasaenlavapies.com, 11 novembre 2014 http://www.lacasaenlavapies.com/el-faro-de-lavapies/10-datos-estadisticos-del-barrio-de-embajadores-lavapies/
111 Extrait de l’Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 112 Moratoria EU: Vente immobilière et "touristisation" du centre ville, Plateforme en ligne (http://moratoria.eu/) 113 J.M. Calvo, Madrid ante el problema de la turistificación, 24 janvier 2018 [https://ctxt.es/es/20180124/Firmas/17388/Madrid-turistificacion-viviendasuso-turistico-Jos%C3%A9-Manuel-Calvoturismo-vivienda.htm]
114 Moratoria turística en el centro de Madrid, Projet issu de la plateforme Decide Madrid, 16 janvier 2018 [https://decide.madrid.es/proposals/20657-moratoria-turistica-en-el-centro-de-madrid]
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Les quartiers de La Latina et Lavapiés, espaces communs urbains
Lavapiés se configure comme un ensemble très varié, par typologies d’actions, d’espaces, d’habitants, qui voit l’interaction de différents acteurs sur un même territoire. Une situation qui a vu quand même des conflits entre les habitants historiques du quartier et l’administration, comme dans le cas de la proposition de construire un centre commercial115 au lieu de la nouvelle piscine à La Latina. Une caractéristique de ses vétérans, qui ont toujours gardé un esprit de lutte pour la défense de l’espace public, et pour les traditions de leur quartier: l’esprit de pueblo, l’esprit de village. Le quartier comptait en effet sur de petits espaces pour la pratique sportive, comme celui revendiqué dans le Campo de Cebada. Pour cette raison, en 2016, le conseil municipal de Madrid a ouvert le lot appartenant à la municipalité et situé au numéro 18 de la rue Embajadores116. Un lieu qui a été transformé en espace polyvalent destiné aux activités citoyennes. Depuis lors, il accueille différentes activités culturelles et sportives.
115 « […] Nous avons besoin d'un changement dans le plan d'organisation urbaine, qui a été investi parce que cela a changé le PP quand ils allaient faire le projet du centre commercial (sur la Place de La Cebada, ndr) […] »
Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Jorge Garcia Castaño, Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid et II Adjoint-Maire, Casa de la Villa, 27 avril 2018
116 Europa Press, El mercado ecológico 'La buena vida' pasa al solar de la calle Embajadores cada domingo, 10 janvier 2016,
[https://www.europapress.es/madrid/noticia-mercado-ecologico-buena-vida-pasa-solar-calle-embajadores-cada-domingo-20160110123204.html]
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2. Penser avec et depuis la collectivité. Le Solar de Embajadores 18 Sans peur: récupérons nos quartiers. Libérer les espaces pour le quartier - C / Embajadores, 18 "Le fait que les limites de ce site s'étendent à tout Madrid ne dépend que de nous." C'était la fin du communiqué que l'Assemblée populaire de Lavapiés avait publié il y a deux ans à l'occasion de la libération du solar de la calle de Valencia. C’est ainsi que nous avons commencé le communiqué d’aujourd’hui pour continuer à concrétiser ce désir d’extension et à annoncer aux voisins du quartier qu’ils disposent désormais d’un espace en plus libéré. Pendant des mois, nous nous sommes battus avec l'IVIMA117 pour la défense de Solarpiés, le solar de la calle de Valencia géré par les voisins du quartier. Malgré l'expulsion, tout en continuant à travailler ensemble, nous pouvons continuer à développer nos projets où bon nous semble. C'est pourquoi nous tenons à réaffirmer qu’"ils ne pourront jamais se débarrasser de nos idées". Dans cette parcelle de la rue Embajadores, un palais du XVIIe siècle a été construit, déclaré en ruine en 1963 et exproprié par le conseil municipal en 1999. Au cours des quatorze dernières années, le Consistoire n’a fait aucun effort pour préserver ce bâtiment; au contraire, cela lui a permis de continuer à se dégrader peu à peu jusqu'à finalement, au début de cette année (2013, ndr) , il a ordonné sa démolition. En libérant cet espace, nous pourrons poursuivre une multitude d’activités que les voisins ont mené à Solarpiés et qui vont de la projection d’un film, au théâtre, en passant par les repas populaires et le jardin urbain. Au contraire, le Consistoire déclare que cet espace doit accueillir des services administratifs municipaux. Rien, cependant, n’est plus difficile à croire pour une municipalité qui nie avoir de l’argent pour le transport, l’éducation ou la santé de ses citoyens. Rien de plus difficile à croire d’une municipalité qui utilise le bien public pour encourager toutes sortes d’activités spéculatives sans autre destination que celle d’enrichir les poches de quelques-uns et d’appauvrir la vie des autres. Manque de
Le Instituto de la Vivienda de Madrid (IVIMA) - Institut du logement de Madrid -, est un organisme commercial et financier de la Communauté de Madrid, chargé de répondre aux demandes organisationnelles et fonctionnelles en matière de logement transférés de l’État à la Communauté de Madrid. Ses fonctions sont la promotion de la construction de logements sociaux, pour l'accès des groupes à plus haut risque d'exclusion sociale, tels que les jeunes ou les personnes dont le revenu est particulièrement bas. Cette institution accomplit des actions telles que l'octroi d'une aide financière pour la réhabilitation de logements et d'immeubles, la fourniture de conseils juridiques sur toutes les questions liées à l’aménagement d’espaces communautaires, l'achat-vente d'appartements, les communautés de propriétaires et en général tout ce qui concerne l’immobilier.
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Extrait trad. de l’espagnol, Wikipedia, Instituto de la Vivienda de Madrid, [https://es.wikipedia.org/wiki/Instituto_de_la_Vivienda_de_Madrid]
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transparence, destruction du patrimoine historique, expropriation forcée ou expulsion de personnes de leurs propres maisons ne sont qu'une description fidèle de l'activité immobilière exercée dans nos quartiers par la mairie et la communauté, propriétaires sur le papier des solares libérés. Comme il y a deux ans, nous continuons aujourd'hui de penser que la libération de ces espaces n'est qu'une réponse sensée et collective à la politique désordonnée et antisociale de nos institutions. Aujourd'hui comme alors nous avons sauvé ce site des griffes du système pour le rendre où il aurait toujours dû être: entre les mains de nos voisins. Vive les voisins du quartier de Lavapiés! Longue vie aux assemblées populaires!
Assemblée populaire de Lavapiés - 10 mai 2014118 2.1 Habiter le conflit Solarpiés 2119, ou Solar Embajadores 18, est un lieu issu d’une démolition d’une maison blasonnée du XVIIe siècle était déclaré inhabitable en 1963, et exproprié par le conseil municipal en 1999. Démolie en 2013 par l’administration du Partido Popular (de la droite), le site a été ensuite occupé par l'Assemblée Populaire de Lavapiés et d'autres collectifs du district de Lavapiés de Madrid. En 2013, la Mairie de Madrid prévoyait de construire un bâtiment pouvant accueillir des services municipaux, administratifs, sociaux ou culturels, sur le site du bâtiment numéro 18 de la rue Embajadores. La directrice générale de la gestion urbaine du gouvernement de droite du Partido Popular, Isabel Pinilla, avait précisé à l’époque que le bâtiment démoli, par une déclaration de ruine imminente, faisait partie des biens de propriété publique. Projet qui n’a pas trouvé des financements pour être réalisé, et qui a laissé un nouveau terrain inutilisé dans le centre historique de Madrid120. Le site a subi une premier tentatif d’occupation le 27 octobre 2013, qui a été réglé le même jour par la police municipale. L’action a finalement été achevé le samedi 10 mai 2014 après un défilé dans le cadre des célébrations de la première année d’occupation du centre social CS(R)OA La Quimera, sur la place voisine dédiée à Nelson Mandela121 .
118 Asemblea Popular de Lavapiés, SE LIBERA EL SOLAR DE EMBAJADORES 18, article, 12 mai 2014, [https://lavapies.tomalosbarrios.net/ uncategorized/se-libera-el-solar-de-embajadores-18.html]
119 15MPedia, Solarpiés 2, [https://15mpedia.org/wiki/Solarpiés_2] 120 E. Sánchez, Demolida una casa blasonada del XVII, article sur El Pais, 21 juillet 2016 [https://elpais.com/ccaa/2013/06/06/madrid/ 1370543752_536811.html] 121 15MPedia, Solarpiés 2, [https://15mpedia.org/wiki/Solarpiés_2]
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Un espace qui reste très connecté à l’échelle locale, qui fait partie du projet de récupération des solares impulsé par la Ville de Madrid après 2015, qui s’appuie aussi sur l’ordonnance de collaboration publique-sociale. Un grand espace libre de 712 m2, dédié à des activités variées, principalement culturelles et sportives, où les résidents et les visiteurs peuvent participer122 . Depuis 2013, le solar voit une grande participation d’artistes et collectifs à la réalisation de murales et interventions artistiques dans les espaces publics, ainsi que sur les façades et les locaux commerciaux dans le quartier. C’est le cas du Festival C.A.L.L.E.123 , qui marque les espaces de la Calle de Embajadores, une rue historique au sein de Lavapiés. Un espace de quartier et des citoyen présidé par une immense peinture murale réalisée par El Rey de la Ruina, un artiste urbain du quartier. Composé par la silhouette d'une femme accompagnée de 2 cœurs avec la phrase "socialement égaux, humainement différent, totalement libre" de la féministe Rosa Luxemburg. Un oeuvre qui à contribué à définir le statut du lieu, et qui contribue à le rendre de plus en plus visible à travers les réseaux sociaux, utilisées par la jeune population d’étudiants et travailleurs qui habitent le quartier aujourd’hui.124
2.2 Culture + sport = engagement des résidents En tant que projet culturel, le site de Embajadores 18 a accueilli l'exposition 'Here be dragons' du photographe Jesús Gabaldón, du 18 octobre au 18 novembre 2017125. Il est l’un des lieux habituels du festival du film de Lavapiés, qui a atteint cette année sa 15e édition avec un grand succès, tant du public que des œuvres présentées. « Dans le quartier central de Lavapiés, la proposition de quelque chose de différent puisque le festival du film de Lavapiés se tient pour la quinzième fois, avec un concert sur le site de la rue Embajadores 18, jusqu'au 1er juillet, qui se termine avec la projection du film primé du Goya pour le Meilleur Documentaire « Muchos hijos, un mono y un castillo ». Le cycle, qui se déroulera sur des places et des parcs ainsi que dans des espaces fermés (par exemple dans la banque expropriée La Canica ou La Ingobernable), s'articulera autour de trois thèmes: le féminisme, le voisinage et l’immigration »126.
122 Ibid. 123 Madrid Street Art Project, C.A.L.L.E. Lavapiés 2018 | Los artistas, 7 mai 2018 [http://madridstreetartproject.com/calle-lavapies-artistas/] 124 El Faro de Lavapiés, DISTRITO CENTRO Y FUNDACIÓN ATLÉTICO DE MADRID IMPULSAN EL FÚTBOL SOCIAL EN LAVAPIÉS, article sur La Casa
en Lavapiés, http://www.lacasaenlavapies.com/el-faro-de-lavapies/distrito-centro-y-fundacion-atletico-de-madrid-impulsan-el-futbol-social-en-lavapies/
125 D. Galindo, HERE BE DRAGONS: EL FOTÓGRAFO Y EDUCADOR JESÚS GABALDÓN PRESENTA UNA MIRADA NO CONVENCIONAL AL MUNDO
DEL FÚTBOL EN UNA EXPOSICIÓN PREMIADA POR FARE, article, 8 octobre 2017, [https://dragonesdelavapies.com/2017/10/08/territorio-de-dragonesel-fotografo-y-educador-jesus-gabaldon-presenta-una-mirada-no-convencional-al-mundo-del-futbol-en-una-exposicion-premiada-por-fare/] Diario de Madrid, El festival experimental Proyector en Solar Embajadores 18, article, 13 septembre 2018 [https://diario.madrid.es/centro/2018/09/13/ el-festival-experimental-proyector-en-embajadores-18/] 126
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Mais aussi, une réponse des voisins du quartier qui comptaient sur les petits espaces pour la pratique sportive. La parcelle a été transformé en un espace polyvalent destiné aux activités citoyennes. Depuis ce moment, l’espace accueil différentes équipes sportives, qui utilisent l’espace en tant que lieu d’entraînement. L’espace est généralement dédié à la promotion du sport dans la pratique du football et de la pétanque. Un exemple en est l’utilisation par l’équipe Los Dragones de Lavapiés, sponsorisée par la Fundación Atlético Madrid.« […] Grâce à un accord signé avec la Fondation Atlético de Madrid, un gazon artificiel sera bientôt installé pour permettre aux équipes de quartier désireuses de s'entraîner de bénéficier d'une surface plus confortable et plus appropriée pour leurs joueurs »127 . La présence d’un entité externe aux cadres de l’ordonnance de collaboration publique-sociale, mais qui rentre toujours dans le cadre de financements privés pour le soutien d’une initiative sociale, réglementés par l’établissement d’un contrat conventionnel entre personnalités juridiques.
Los Dragones de Lavapiés, 2018
Los Dragones de Lavapiés sont issus d’une initiative de quartier, qui voit enfants de 43 nationalités différentes et de tranches d’âges différentes jouer sur un même terrain. Une action lancée par un groupe de mères et de pères, afin que ses enfants aient leur propre 127
Ibid.
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terrain de jeu, depuis une demande existante et palpable des petits et des petites. Au même temps, la promotion d’un projet sportif de base adapté aux caractéristiques de l’environnement, ouvert et participatif, que les familles considéraient comme leur propre espace. Un service pour une grande partie du quartier populaire, qui voit un manque d’équipements sportifs de proximité, contre les prix élevés des centres sportifs des autres Distritos. « Dragones de Lavapiés a pour mission de tisser, à partir du sport et de la compétition, des liens de solidarité, de respect et de communauté, en favorisant le dialogue entre des personnes de cultures très diverses, provenant de tous les coins de la planète. Leurs programmes consistent en la formation, l’accompagnement et le mentorat axés sur les études et la transition vers la vie adulte »128.
2.3 Une nouvelle typologie d’espace: l’infrastructure ouverte Le 25 février 2018, suite à une proposition faite sur Decide Madrid, le projet atteint l’1% des votants comme établi par l’ordonnance de collaboration publique-sociale, et gagne un financement de 48.000€ pour son aménagement. « Il est proposé de réaménager le site de Embajadores 18 pour que ce soit un espace de coexistence de quartier où se déroulent des activités culturelles ouvertes et fluides, et qu’il serve également d’espace de repos, de divertissement et d’enrichissement social. Nous pensons que l'aménagement de cet espace est important car il est situé dans un quartier où peu de lieux publics sont ouverts, mais où il y a beaucoup d'activités sociales et de densité de population. Nous vous proposons de réaliser des activités liées à des jeux de proximité pour adultes et enfants, jardins urbains, aires de pique-nique, activités culturelles variées. Pour tout cela, il serait nécessaire, entre autres: traiter le sol et l'égaler, créer une infrastructure de tables et de chaises, verdir le site, des toilettes, un support couvert pour occuper une partie de la zone à protéger du soleil et de la pluie. », comme nous pouvons lire sur le site de Decide Madrid129. « La proposition faite dans les budgets participatifs est parfaitement compatible avec ce qui est fait, c'est-à-dire de continuer à avancer et de doter ces espaces de plus en plus d'éléments: un support couvert, etc. Le préparer pour qu'il soit un espace polyvalent et de libre utilisation. Comme vous savez, il existe maintenant un espace de piste sportive réalisé avec les Dragons de Lavapiés, auquel collaborent également des clubs sportifs comme la Fondation Atletico Madrid. Et c'est un bon exemple de collaboration publicsocial, ainsi que un association de voisins. C’est le Fonds de Rééquilibre Territorial qui vont être utilisés pour réhabiliter l’espace. Même l'équipe d'action de district est intervenue là-bas. Vous voyez, tous les éléments de la collaboration public-social sont
128
Dragones de Lavapiés, ¿Quienes somos?, https://dragonesdelavapies.com/quienes-somos/
129 Proposition de l’usager « Cayetanero » sur la plateforme Decide Madrid, Crear espacio de convivencia vecinal en el Solar de Embajadores 18, 25 février 2018 [https://decide.madrid.es/presupuestos/presupuestos-participativos-2018/proyecto/12039].
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réunis »130 , déclare l’adjoint maire Nacho Murgui par rapport au projet approuvé pour le solar. Une typologie d’espace qui avant tout, nécessite d’un processus bien cordonné entre la grande quantité d’acteurs qu’y participent. Le schéma suivant montre ce processus, tel qu’il est établi à partir de l’ordonnance de collaboration publique-sociale, ainsi que des données récoltés dans les différents entretiens et témoignages (Légende: rouge administration; bleu - associations citoyennes; vert - équipe d'action de district).
Au lieu de rédiger un plan stratégique pour l’aménagement des espaces libres à usage collectif, la municipalité de Madrid teste les possibilités d’une formule de planification urbaine flexible, cas par cas, qui favorise principalement la création d’infrastructures ouvertes. Nous y repérons trois éléments d’innovation. En premier lieu, le site doit s’adapter au contexte d’austérité budgétaire, constituant non seulement une réponse au manque de ressources économiques, mais aussi une façon d’aborder l’utilisation d’espaces vides en garantissant l’équilibre des finances locales. Le programme veut tester aussi une nouvelle manière de mettre en rapport l’administration municipale, les organisations externes et les résidents. Enfin, il s’agit d’un tentatif de formaliser la gestion temporaire des espaces délaissés131 , sans usage : par la procédure de votation sur la plateforme Decide Madrid, la municipalité garde la maîtrise de la définition des usages et des acteurs légitimes. Cette nouveauté mène à une remise en cause des règles
130 Extrait trad. de l’espagnol, Entretien avec Nacho Murgui Parra, Adjoint Maire à la Mairie de Madrid, 17 septembre 2018 131 « Le délaissé procède de l'abandon d'un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes ». Définition par Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage, p.13, Sens&Tonka éditeurs, Paris, 2014
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urbanistiques adaptées aux usages pensés comme définitifs au profit d’une flexibilisation en faveur des usages provisoires des espaces libres. Ce qui mène aussi à la conclusion que dans le cas des solares, le document de l’ordonnance de collaboration publique-sociale réponds comme alternative aux espaces publics urbains - entendus comme les places et les rues traditionnelles - qui ont progressivement souffert des processus de privatisation dans la ville et dans le quartier de Lavapiés.
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CONCLUSION
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« Même si elles changent de registre argumentatif, ces analyses connaissent une certaine actualité, certains auteurs avançant dans une posture souvent scientiste que la démocratie participative ferait courir le risque d’une manipulation d’opinions marginales et crédules – et reposant largement sur des fantasmes – au détriment de l’intérêt général et de la clairvoyance scientifique (Bronner, 2013) »132 . Du côté des recherche empiriques, il s’agit moins d’un modèle qui vise à réparer les trahisons démocratiques, mais plutôt que la participation prolonge les rues du système de gouvernement représentatif à travers l’institutionnalisation. Les processus d’inclusion de la citoyenneté dans la fabrique de la ville, que nous observons également dans d’autres capitales européennes - telles que Paris, Rome, Berlin, Londres, Athènes - ne se sont pas traduits par une véritable relation d’échange mutuel entre l’institution citoyenne et la citoyenneté, et ont souvent provoqué un désintérêt vers les espaces délaissés133 , « résiduels ». Espaces qui constituent la conséquence naturelle du processus d’évolution et d’adaptation de la ville aux besoins d’une société colorée et changeante, influencés par un progrès technologique et des échanges de plus en plus rapides. En effet, l’institution municipale a toujours tendance à jouer le rôle de mécanisme qui veut contrôler ces processus en donnant peu de possibilités aux citoyens d’agir activement et de ne pas être des utilisateurs passifs des services et des politiques publics. « La participation ne doit pas s’effectuer en bout de chaîne de la décision : « La participation des personnes doit s’exercer tout au long des processus de mise en œuvre des politiques publiques : diagnostic initial, élaboration, mise en œuvre opérationnelle, évaluation des impacts », préconise le CNLE (2011) »134 . Au delà les efforts que l'administration publique peut faire pour relancer et améliorer la situation d’une ville, aucun système n'est à ce jour plus efficace que l'inclusion de la citoyenneté dans les processus récupération particulière des espaces résiduels et sans usage. Une participation qui voit encore une affluence très limitée de citoyens, qui développe lentement la conscience de la recherche d’une alternative aux espaces de consommation et de transit. Le cas pose effectivement la question de l’origine de ce désintéressement et de cet abandon de lieux et d’espaces de domaine publique, qui découle du manque de connexions entre les deux parties de la même réalité, entre administrateurs et administrés -les citoyens -, dans la fois que l'homme politique possède toutes les
132 Guillaume Gourgues, Sandrine Rui et Sezin Topçu, Gouvernementalité et participation. Lectures critiques, dans Participations 2013/2 (N° 6), [https:// www.cairn.info/revue-participations-2013-2-page-5.htm]
133 « Le délaissé procède de l'abandon d'un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes ». Définition par Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage, p.13, Sens&Tonka éditeurs, Paris, 2014
134 Marion Carrel, La gouvernance est-elle démocratique ? Les enjeux de la participation citoyenne, dans Informations sociales 2013/5 (n° 179), p 148, [https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2013-5-page-144.htm]
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compétences nécessaires pour répondre à toutes sortes de problèmes: un modus operandi qui tarde à s'adapter à la société actuelle, influencé depuis 2008 par la diffusion à l’échelle mondiale des espaces numériques sociaux, tels que Facebook et Instagram, qui favorisent et célèbrent l’expérience individuelle, donnant un aperçu "filtré" de l’expérience générique collective. Le développement de modèles participatifs doit être reflété dans une dimension sociale qui est aujourd'hui touchée par des processus d'hyper-connexion, tels que ceux théorisés physiquement par les architectes radicaux florentins SuperStudio, avec leur travail Monument Continu135 . Aujourd'hui, nous voyons entre nos mains une infrastructure virtuelle qui nous permet de voir de nos propres yeux ce qui se passe dans le monde, mais à travers les yeux d'un utilisateur qui pourrait aussi être nous-mêmes. Ces nouveaux modèles sont « en cours de développement dans des villes telles que Bologne, qui a approuvé un règlement sur la collaboration entre la citoyenneté et l'administration pour le traitement et la régénération des biens communs urbains . A Naples, où des formes d'autogestion citoyenne des biens communs ont été appliquées; à Amsterdam, à New York et dans d'autres pays tels que le Canada ou le Brésil, qui ont également développé des expériences de coopération entre le public et le social »136 . Il est donc important que les grandes villes du monde s’inspirent de ces modèles, qui sont à la base des processus comme celui de Ordonnance de Coopération PubliqueSociale de la Mairie de Madrid. Une inspiration pour que la gestion partagée des biens communs urbains - qui comprends aussi les places et les rues traditionnelles - soit confiée de plus en plus aux citoyens, afin d’alléger le nombre toujours croissant de demandes adressées à l’administration citoyenne, et simplifier les processus de gestion à l’échelle locale des espaces publics dans l’aire métropolitaine. Le modèle de Madrid, au delà de vouloir produire un processus inclusif entre l'administration et la citoyenneté, ainsi que l'établissement de formes hybrides nonétatiques, pour la première fois marque la reconnaissance juridique des hypothèses décrites ci-dessus, en premier lieu le respect des organisations citoyennes. Des groupes de citoyens, qui sont impliqués de manière pratique dans l’expérience de production de la ville. Un modèle qui reste ouvert à la réalisation de grands projets urbains et qui souhaite ajouter un mécanisme supplémentaire de contrôle du processus de construction grâce à la participation des citoyens.
135 « Absorbant tout sur son passage, transcendant toute notion d’échelle et de localité, réduisant la Terre à un paysage unitaire et infrastructurel, le « Monument Continu » offre une image immuable et inaltérable, sans début ni fin. Forgeant ces projections « dystopiques » sur le constat intuitif et réaliste d’une époque, Superstudio construit la représentation synthétique et critique d’une humanité entrée dans l’ère de l’image, du réseau et de la communication totale. »
A. Vernant, SuperStudio. Monumento Continuo, 1969-1970, FRAC Centre Val-de-Loire
136 Ayuntamiento de Madrid, Texte officiel de l’Ordenanza de Cooperación Público - Social del Ayuntamiento de Madrid, Preámbulo I, 30 mai 2018 https:// sede.madrid.es/FrameWork/generacionPDF/ANM2018_35.pdf? idNormativa=eb53ebd8dfcf3610VgnVCM2000001f4a900aRCRD&nombreFichero=ANM2018_35&cacheKey=20]
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L'expérience des solares du Campo de Cebada et de Embajadores 18 montre que, dans le même quartier et à une courte distance, l'importance de la cogestion des processus de fabrication de la ville conduit aussi à la mise en place de politiques publiques transversales. Une volonté de participer à l'éducation de la citoyenneté, afin de les responsabiliser par rapport à leurs besoins quotidiens. Un processus impliquant des interventions qui montrent leur efficacité à l’échelle locale et circonscrite des communautés des résidents de chaque quartier. Des expériences qui tendent principalement à se réaliser dans un quartier de la ville historique, né après la deuxième révolution industrielle, cas que nous pouvons aussi constater dans autres métropoles européennes et non-européennes. Des espaces qui envisagent un certain degré de liberté d’action par ses usagers, qui sont encore des interventions très marginales, qui démontrent le manque de dispositifs adaptés - physiques et/ou numériques - pour la diffusion des processus participatifs au delà des frontières physiques de ces endroits particuliers. « Frontières rendues toujours plus étanches, censées conjurer l’afflux de migrants pauvres vers les pays nantis ; pulsions libertariennes amenant les plus individualistes de nos congénères à s’exiler sur des îles excentrées où vivre une existence sécessionniste hors la proximité des gueux ; gated communities en nombre exponentiel (elles regroupent à cette heure 15 % de la population des États-Unis et la quasi totalité des classes supérieures au Mexique ou en Afrique du Sud) dont l’accès commande de pouvoir franchir un maquis de contrôles électroniques sous vidéosurveillance, en mains ce sésame que représente la liste des codes d’accès levant l’écrou de sas chaque jour plus nombreux… Décidément non, le monde actuel n’est pas inclusif. Pire (ou mieux, selon le point de vue adopté), il cultive l’art du rejet avec ampleur et générosité, toute honte bue bien souvent. Voyez la campagne Build that Wall de Donald Trump, soutenue par des dizaines de millions d’Étasuniens enthousiastes. Voyez le mur toujours plus étanche et sophistiqué ceignant en Palestine les Territoires occupés, appelé de ses vœux par une majorité d’Israéliens. Voyez la frontière anti-migrants qu’aménagent comme un dispositif de containment guerrier des maires hongrois plastronnant au sommet de miradors en brandissant des pistolets automatiques. Des situations où triomphe l’esprit de l’espace « libre », du « free » space ? On en doute. Que comprendre ? Le « freespace », rien ne presse. Plutôt jamais qu’aujourd’hui et si oui, le moins possible»137 .
137 P. Ardenne, Y A-T-IL ENCORE DES « ESPACES LIBRES » ?, article sur Archistorm, Juillet 2018 [http://www.archistorm.com/y-a-t-il-des-espaceslibres/]
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BIBLIOGRAPHIE
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DEFINITIONS • Antonio Lafuente décrit le mot "procomún" comme « les biens qui appartiennent à tout le monde et à personne en même temps. Tout le monde convient qu'il est très important de défendre le génome humain en tant que bien de tous; et convient également que la biodiversité doit faire partie du bien commun, et les forêts et le don d'organes; et les places et les rues, ainsi que l'internet; et une grande partie de ce que nous comprenons par notre culture (…). L'un des problèmes clés du procumún est qu'il ne devient visible que lorsqu'il est menacé. Par exemple, l’air est quelque chose que personne ne pensait jamais devenir une grande entreprise sur laquelle des énormes multinationales l’utilisent pour leur propre bénéfice» A. Lafuente, ¿Qué es el Procomún?, MediaLab Prado Madrid, Archivo multimedia. [http://medialab-prado.es/mmedia/41/view] • « "L'intellect général" est une notion tirée de "Fragments on the Machines" de Marx, qui discute de la primauté de la coopération des esprits en tant que facteur productif, plutôt que du temps de travail des travailleurs. Cela peut également faire référence à l'intelligence incarnée par la société, par exemple dans nos mécanismes physiques et cognitifs et notre organisation sociale » P2P Foundation [http://wiki.p2pfoundation.net/General_Intellect] • « Un Système d’Information Géographique (SIG) est un logiciel informatique capable d’organiser et de présenter des données alphanumériques spatialement référencées. Le SIG permet d’acquérir, d’organiser, de gérer, de traiter et de restituer des données géographiques sous forme de plans et cartes (cartographie intuitive et évolutive). Il s’agit d’un système de gestion entrepreneurial qui permet à toute organisation (entreprise ou collectivité) de gérer spatialement son activité. » Définition par SIG-géomatique.fr [http://www.sig-geomatique.fr/sig-sig.html] • « La désignation open source, ou « code source ouvert », s'applique aux logiciels (et s'étend maintenant aux œuvres de l'esprit) dont la licence respecte des critères précisément établis par l'Open Source Initiative, c'est-à-dire les possibilités de libre redistribution, d'accès au code source et de création de travaux dérivés. Mis à la disposition du grand public, ce code source est généralement le résultat d'une collaboration entre programmeurs. » wikipedia.fr, Open Source, https://fr.wikipedia.org/wiki/Open_source • Le Instituto de la Vivienda de Madrid (IVIMA) - Institut du logement de Madrid -, est un organisme commercial et financier de la Communauté de Madrid, chargé de répondre aux demandes organisationnelles et fonctionnelles en matière de logement transférés de l’État à la Communauté de Madrid. Ses fonctions sont la promotion de la construction de logements sociaux, pour l'accès des groupes à plus haut risque d'exclusion sociale, tels que les jeunes ou les personnes dont le revenu est particulièrement bas. Cette institution accomplit des actions telles que l'octroi d'une aide financière pour la réhabilitation de logements et d'immeubles, la fourniture de conseils juridiques sur toutes les questions liées à l’aménagement d’espaces communautaires, l'achat-vente d'appartements, les communautés de propriétaires et en général tout ce qui concerne l’immobilier. Extrait trad. de l’espagnol, Wikipedia, Instituto de la Vivienda de Madrid, [https:// es.wikipedia.org/wiki/Instituto_de_la_Vivienda_de_Madrid]
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• « Le délaissé procède de l'abandon d'un terrain anciennement exploité. Son origine est multiple : agricole, industrielle, urbaine, touristique, etc. Délaissé et friche sont synonymes ». Définition par Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage, p.13, Sens&Tonka éditeurs, Paris, 2014 • Absorbant tout sur son passage, transcendant toute notion d’échelle et de localité, réduisant la Terre à un paysage unitaire et infrastructurel, le « Monument Continu » offre une image immuable et inaltérable, sans début ni fin. Forgeant ces projections « dystopiques » sur le constat intuitif et réaliste d’une époque, Superstudio construit la représentation synthétique et critique d’une humanité entrée dans l’ère de l’image, du réseau et de la communication totale. » A.Vernant, SuperStudio. Monumento Continuo, 1969-1970, FRAC Centre Val-de-Loire
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ENTRETIENS • ENTRETIEN AVEC L’ASSOCIATION CAMPODECEBADA.ORG, Association citoyenne chargée de la gestion du Campo de Cebada • ENTRETIEN AVEC JORGE GARCIA CASTAÑO, II-Maire Adjoint et Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid • ENTRETIEN AVEC NACHO MURGUI PARRA, Maire Adjoint et Conseiller de Coordination Territoriale et Coopération Publique-Sociale
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SITOGRAPHIE • 15Mpedia, Lista de centros sociales de Madrid [http://wiki.15m.cc/wiki/ Lista_de_centros_sociales_de_Madrid] 84 91
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IMAGES • Intermediae, Mapa de Los Madriles - Atlas de Iniciativas Vecinales, 2017 [https:// losmadriles.org/mapas/]
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ANNEXES ENTRETIEN AVEC L’ASSOCIATION CAMPODECEBADA.ORG Association citoyenne chargée de la gestion du Campo de Cebada ENTRETIEN AVEC JORGE GARCIA CASTAÑO II Maire Adjoint et Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid ENTRETIEN AVEC NACHO MURGUI PARRA Maire Adjoint et Conseiller de Coordination Territoriale et Coopération Publique-Sociale
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ENTRETIEN AVEC L’ASSOCIATION CAMPODECEBADA.ORG Association citoyenne chargée de la gestion du Campo de Cebada
Como es eso que habéis vuelto las llaves al ayuntamiento, como es posible que los vecinos tienen todavía las llaves, y los trabajos no han empezado ya? JK: Por dos motivos. Como sabes, las obras no han empezado todavía, porque para empezar antes tenemos una propuesta para el ayuntamiento, que es, hasta que la obra no sea efectiva, volver a abrir el espacio como plaza. Y el otro motivo, es que desde principio, hemos ido haciendo la reclamación del polideportivo. Entonces esta tarea no va acabar realmente hasta que el polideportivo no sea acabado, y el proyecto sea desarrollado. C: De hecho, formaremos parte de la comisión de seguimiento, juntos a otros colectivos vecinales, para el desarrollo de las obras, y luego de su puesta en marcha, y de como sera la parte que sera co-gestionada entre vecinos y ayuntamiento. Estará una parte tecnica que solo sera gestionada para el ayuntamiento: taquillas, abonos, mas o menos todo lo que sea servicios del polideportivo. Con la parte del Campo, queremos que se quede una parte abierta, como era con el Campo de Cebada hasta ahora, sin que se quede el espacio cerrado. Entonces el proyecto del Polideportivo ya esta dibujado. C: Si, esta aprobado por Maria Carmena, el ayuntamiento ha aprobado el proyecto arquitectónico para la construction del polideportivo. Lo que no esta ni aprobado, ni hablado, es, una vez acabado, como va ser. La gestion del ayuntamiento, como que toda la gestion técnica sera del ayuntamiento, pero en los espacios públicos en que haya una co-gestion del ayuntamiento e de los vecinos. JK: La parte fisica del proyecto es la construcción del espacio deportivo. En esta parte, ha habido participación ciudadana, entonces nosotros también fuimos parte del proceso de participación ciudadana. Hay habido muchos colectivos, muchos vecino a nivel particular han hecho propuestas que en algunos casos se han visto recogidas en el proyecto final. El proyecto final es una zona deportiva, y una zona de uso publico, que no había en el desarrollo anterior. Como parte del espacio publico, estará la plaza y un jardin en azotea. Entonces, este espacio, de la plaza y del jardin en azotea, van a ser de co-gestion entre vecinos y ayuntamiento. El modelo no esta desarrollado. Porque seguimos reuniéndonos? Porque queremos acabar nuestro trabajo, que acabara el dia que el modelo esta desarrollado y que estará en funcionamiento. Y a partir de ay, sera otra etapa del Campo de Cebada.
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C: El Campo de Cebada punto 2. Sera otra etapa del Campo de Cebada, que estaremos o que no estaremos. Entonces, la obra no se va a desarrollar hasta que el modelo de co-gestion no sea desarrollado? C: Hasta que todo el proceso burocrático no sea completado. Esto puede llevar meses, pero pensamos que si las elecciones son en Mayo de 2019, el ayuntamiento actual por lo menos ponga la primera piedra y una grúa, y que hayan dado inicio a las obras. Ellos querían terminarlo antes, inaugurar antes de las elecciones, porque tiene mas valor electoral, mucho mas que poner la primera piedra. Pero es ya prácticamente imposible. Pero bueno, también si no inauguran, si tienen medio edificio construido, o han empezado las obras, todo el mundo ve que esto se va a realizar, que es un hecho. Pero es que el Campo queda como estaba hace dos meses. C: Bueno, mas limpio, mas recogido, se han tirado muchas cosas. Ha habido un equipo del ayuntamiento de refugiados de diferentes lugares que han estado limpiando, tirando trastos, tirando todo aquello inservible…y también del interno del contenedor se han salido muchas cosas. Entonces ahora esta como estaba hace 8 anos? C: No, hace 8 anos el Campo era un solar vacío, que a partir de la Noche en Blanco en 2011, con un evento cultural del colectivo EXYZT con los « piscinazos », los vecinos han querido ocuparlo y utilizarlo, y a partir de allí empezó el Campo de Cebada. Luego es un proyecto que se ha desarrollado durante 7 anos, que es un referente glorioso de cultura en esta ciudad y en toda Europa, sencillamente porque Madrid es muy visitada y muchas personas se han interesados, hecho fotos, hecho eventos, con participantes de diferentes países, de todo lo que esta ocurriendo similar en el resto de Europa, y en el mundo. Entonces claro, ahora no estamos en un punto zero. Estamos en un punto en que, por diferentes motivos, políticos, burocráticos, se ha retrasado. Pero el solar debería ser cerrado en enero de 2018, porque supuestamente las obras tenían que empezar en enero. Había un calendario previo con el ayuntamiento, en que entregábamos las llaves, y nos desvinculabamos legalmente del Campo a partir de diciembre. Llegamos con ellos a una reunión en la cual decimos, que si ellos se ocupaban de abrir y cerrar y garantizar la seguridad, nosotros nos ocupábamos de la gestaron cultural del Campo durante el tiempo que pasase desde este momento y el empezar de los trabajos. Esta es la situación actual. Y ahora que? C: El ultimo acuerdo es que el 15 de Diciembre de 2017 que cerramos al 15 de Enero de 2018 había un periodo de un mes en el cual este equipo de trabajo limpiaría, ordenaría, 89 97
para a partir del 15 de Enero reabrir el Campo. Como que eso se ha retrasado todo, no sabemos nada por los propios problemas, tensiones, conflictos dentro del propio ayuntamiento, o si hay cosas que son mas importantes, que le dan mas valores, que están encima de una carpeta de una mesa y que nuestra carpeta esta abajo… Y vosotros participáis a las decisiones del ayuntamiento ahora, en cualquier manera? C: Ahora nosotros estamos en una situación que no es legal, ya no nos pertenece el usufructo del Campo. Ahora es el ayuntamiento el que tiene que decidir si abrir el Campo, y si aceptar nuestra formula. Que ellos se ocupen de abrir y cerrar, se ocupen de la limpieza, y nosotros nos ocupamos de la gestion cultural. Que puede ser de diferentes maneras, puede estar abierto siempre, como antes, o puede ser abierto para eventos concretos. Ya hay una serie, en cola, de eventos concretos, como las ferias del libro, que se ha hecho cada ano durante los últimos 5 anos, la lucha libre, el press and catch. La lucha libre fue el primero. Si el Campo va estar vacío hasta que no empecen las obras, porque no celebrar por ejemplo la feria del libro, como feria alternativa a la gran feria en el parque del Retiro, porque no celebrarla en el Campo de Cebada por la ultima vez? JK: El Campo de Cebada viene como espacio para eventos culturales, el Campo de Cebada quiere ser una terraza vecinal. Y para eso no hace falta mas que reventar su puerta. Ahora, también si todavía tenemos las llaves, seria illégal. Si ahora abrimos la puerta, vamos a tirar la atención de los vecinos, si dejamos abierta la puerta 24h del dia creamos un problema vecinal. Eso no es nuestro objetivo. Por eso, queremos que haya una abertura y una cerrada por el ayuntamiento. Esto no puede seguir así hasta eterno, se va haber un momento en que alguien se va a cansar de esta situación. Ademas que no se ha pasado nada malo en el Campo, nadie nunca ha cometió vandalismo. Va a llegar el dia que alguien va a romper la cadena. Nosotros nos ocupamos de decidir como gestionar el uso publico del nuevo espacio, con el ayuntamiento. C: Dentro de nuestro grupo no tenemos dos opciones, tenemos una, que es la cogestion del espacio publico con el ayuntamiento. La otra opción es la opción del ayuntamiento. JK: Abrir el espacio durante del evento y darnos toda la responsabilidad de lo que se pasa durante del evento, y luego cerrar y no dejar el espacio abierto como antes. C: Esto seria nuestro plan B, que el ayuntamiento nos hagas responsables del espacio, por lo menos, siempre que haya un evento. JK: Pero es que esto se llama trabajar gratis y sin garantías por el ayuntamiento. Seriamos funcionarios públicos sin cobrar nada.
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Lo que pasa es que seria mejor si nosotros fuimos intermediarios y no responsables, y que el ayuntamiento tome su responsabilidad también. C: Y nosotros por detrás. Es lo mas astuto políticamente, porque garantizaría una conexión entre vecinos y instituciones. JK: Esperamos que ellos vayan a respetar los que los habemos propuesto, que es que ellos se encarguen del mantenimiento del espacio, que abra, cierre, y entre medio limpie. Y nosotros nos encargamos del mantenimiento del huerto, que no hay huerto ya…Y la gestion cultural. C: Menos mal que regalamos las plantas del huerto a la gente, sino el ayuntamiento hubiera dejado que se murieran. Quien haría irrigado eso? Nadie. JK: El huerto se puede rehacer, en fin de cuentas. Ahora el problema es que nunca van a poner a un funcionario que abra y cierre el espacio, no lo van hacer. C: Ni un policía municipal que este haciendo su trabajo haría el esfuerzo. En los parque publico la gestion es diferente. En el Retiro por ejemplo hay policía, que hace su trabajo. JK: En el Retiro hay funcionarios específicos para abrir, cerrar y limpiar. Eso conviene. Pero un funcionario de carrera te va a decir que no es su competencia. Pues no tiene sentido que hayan cerrado el Campo. Haber devuelto las llaves no tiene sentido. C: Es que el proyecto era empezar las obras en enero. Nosotros el calendario los hemos cumplido. El que no ha cumplido el calendario es el ayuntamiento, por sus problemas internos. Porque el proyecto lo presentaron aquí, con un buen platillo. Los arquitectos municipales, para ahorrar dinero, y representantes de los colectivos que participaron al Campo. Y ahora esos colectivos de arquitectos, como Zuloark, Basurama…donde están? JK: Ya no están. Hay mucha gente disposta a construir, pero es que el Campo de Cebada ya no tiene futuro. Cuando se empezó, conseguimos que nos dieran dinero para hacer cosas, con lo cual esta gente ha podido desarrollar ideas, pero es que ahora quien va a investir aquí si dentro de tres meses hay que tirar todo a la basura? Es que esta gente ahora esta en otros sitios. No es que nos hayan abandonado, es que no tiene sentido. C: Y por el espacio que la propia burocracia te obliga, no te daría tiempo.
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Por ejemplo, hay el ayuntamiento de Barcelona que tiene su plan para los espacios baldíos, el Plà Buits. Es que se me parece que aquí en Madrid la situación sea diferente, porque el Campo de Cebada no esta inscrito en una planificación. Y entonces, en Barcelona esos espacios ya saben que tienen su fecha de caducidad, pero ya saben lo que van a desarrollar luego en esos lugares. Es verdad que hay un tiempo burocrático, pero también el ayuntamiento tiene que saber arreglar su calendario. C: Si, el Plà Buits. En realidad aquí se pasa lo mismo, solo que hay habido un tempo vacío no previsto por el calendario, que no era previsto. JK:Fuimos a hablar con ellos. Durante ese tiempo de transición, entre que hemos dejado las llaves y la nueva apertura, pero que ha ocurrido: no sabemos que problemas tienen los internos. Entonces esas reuniones previstas no se han ido produciendo, y por mucho que se lo recuerdes, no conseguimos a hablar con ellos, y a entender como se esta desarrollando la situación del futuro del Campo. C: El concejal del Distrito Centro, Jorge García Castaño, que era también el concejal de Chamberí, por una crisis en el gobierno del ayuntamiento, ha sido nombrado en diciembre, Concejal de Economía y Hacienda, que es una concejalía tremendamente llena de trabajo. Y encima, ha tenido que trabajar en la programación de los presupuestos del ano 2018. A parte de la concejalía del Distrito Centro. Es obvio que ha tenido que delegar su trabajo en el Distrito Centro. Sabéis que el Ayuntamiento de Madrid ahora tiene fundos europeos para la modernización del Distrito Centro: 40M€, de los cuales 8M€ para el Campo de Cebada y su polideportivo. C: De hecho va hacerse un proyecto que traversa el Campo de Cebada, el eje Anton Martin - San Francisco. Eso va empezar en verano, o antes incluso. Son 4M€, que San Millan, Duque de Alba… que todo ese quede medio peatonal. Van a quitar todos los aparcamientos en batería. Es que esto es muy complejo, porque hay por ejemplo el Teatro de La Latina, que cuando descargan decoraciones para las escenografías, ocupan todo el espacio de los aparcamientos en batería delante del teatro. Entonces, si los nuevos aparcamientos delante del Campo van a ser en linea, tienen que gestionar con el teatro también. El kiosco de periódicos…no puedes cambiar algo sin joderle la vida a alguien. Y eso trabajo va ser antes del Campo de Cebada. Esa obra, si que termina antes de las elecciones, y puede ser que coincida en el tiempo con parte de las obras del nuevo Campo de Cebada, del polideportivo.
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Hoy han empezado los trabajos en la estación de Atocha, y las obras de Santa Isabel, Duque de Alba, empiezan en nada. Porque esa es una obra mucho menos compleja que una piscina. Cambiar luces, aceras…es mucho menos complejo. Son problemas de indole interna y son problemas de intereses económicos y de lobbys. El martes, un intimo enemigo nuestro, que se llama Saturnero, a estas alturas, todavía le dijo a Jorge (Martinez), que en el Campo de Cebada cave un aparcamiento para 8 coches. Subterráneo para 8 coches. Y el suyo es el primero. El suyo, de su hermano, de su cuñado…todavia. El poco espacio que va a quedar como plaza de gestion vecinal, todavía hay gente que insiste, por que sea un aparcamiento. Aquí interviene el presupuesto. Te obligas a pensar que para que te sobra dinero, tienes que hacer de manera que la gente se acuerde. Tienes que modificar todo económicamente, y tienes que sacrificar cosas. Hay gente radical fanática y hay gente con sentido común, entonces si tienes que recordar, es mas fácil recordar lo pequeño y todo lo que sea visible, y que sea muy electoralista, y lo que continuar. El mismo tiempo te cuesta licitar una obra de nada, que un polideportivo, que la Gran Via. Es lógico que todos los presupuesto pequeños de han jodidos. Después de las elecciones en las cuales Ahora Madrid! sacó cerca del 50% de los votos, donde con esas pequeñas promesas de pequeños cambios te vas a ganar votos. Construir un campo para los niños, son 150 votos de los padres de los chavales. La Gran Via, son 350 votos. Tienes que sacrificar, para hacer los números y ganar. Es triste. Y con esta ética, vas a acabar a volver a hace 50 anos al proyecto anterior de los conservadores, con un super centro comercial de gestion privada. Eso es lo que consigues con la ética, o con el purismo ético. Creo que sea impresionante esta voluntad de querer un espacio publico que sea publico y gestionado para los vecinos. Ahora en Francia, en Italia, se esta privatizando todo. C: Bueno pero que haces, te mantienes puro, pierdes las elecciones, que gane el partido conservador, y construyes un macro-centro deportivo, o eres astuto, haces una política electoralista, vuelves a ganar las elecciones o a gobernar en coalición con los socialistas, y continuas todos los proyectos que tienes a medio? JK: Hacemos la revolución o primero ganamos la guerra y luego hacemos la revolución? Hoy, la guerra se puede ganar solo si es una revolución en si misma. C: El posibilísimo, si es lo mismo que le critican a Carmena. Carmena y yo, somos posibilitas. Vamos hacer posible y real lo que es posible hacer real. 93 101
Bueno, pero con el 15-M ya fue una revolución. C: El 15-M no fue ninguna revolución. El 15-M fue un show mediatico. El 15-M sin las redes no se hubiera replicado. Y las redes no las controla el pueblo, las controlan grandes empresas. Muy bien hecho: aquí en Madrid vino Coca-Cola a ofrecer contratos en blanco a los que manifestaron en el 15-M. Nunca con menos impresión económica estuvo tanta resonancia mediatica. Y el distrito centro de Madrid no tiene ningún derecho sobre la gestion del Campo? C: No no tiene derecho. No tiene gestion directa. Porque los distritos de Madrid y la política municipal. Las competencias de los distritos son mínimas. Ademas que en dos anos de gobierno no puedes reestructurar 26 anos de burdeles púnica. Es imposible. Es que no hay tiempo! Eso requiere un cambio de tale dimension…requiere, primero, la participación del PSOE para que hay una mayoría aplastante al interno del ayuntamiento. Y segundo, tiempo! Y recorrido para poder planearlo y llevarlo a cabo. JK: Son 40 anos de mierda democracia mas 40 anos de franquismo. Son 80 anos, falta un ciclo entero para rehacer esto. C: Un ciclo no, pero medio si, medio mínimo. El problema es que aquí la mafia son los propios partidos políticos. JK: A que se dedica la mafia? Viven de construcción y reciclo de basura. Aquí es lo mismo, con los contratos para los edificios públicos. C: Y al lavado del dinero y al trafico de droga de la mafia. Y vosotros, a frente de toda esta complexidad, tenéis alguna idea de como simplificar este processo de co-gestion del Campo? C: No es que no tengamos idea, es que no podemos ni siquiera intervenir. Tomarte una cana con alguien de influyente y decirle « hoye, que te parece si vamos hacer de esta manera o de esta otra? » Juan: El Campo ahora esta buscando la parte pro-activa, que es lo se va a proponer ahora, para no esperar que solo el ayuntamiento busque, también nosotros vamos a proponer. JK: Lo que se necesita es el espacio del encuentro, el espacio donde el debate pueda salir. Y en esto momento, el espacio de encuentro con el ayuntamiento para hablar con ellos, que la propuestas sean escuchadas y que se haya un intercambio de ideas. Entonces, lo que vamos hacer ahora va ser llevar una idea concreta, proponer, en vez de
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hablar entre nosotros, y buscar una fecha y un lugar de encuentro. Que es precisamente lo que se hizo cuando se empezó con el Campo de Cebada. Se llevo una propuesta concreta, se busco un lugar y una fecha con el ayuntamiento para la reunión, y a partir de eso hamos dicho « Señores, esto es lo que traemos a esta mesa. Esto es lo que queremos poder hacer. Nos dejan hacerlo? » Y ellos nos han dicho « Bueno, vale ». Eso fue posible porque había esto espacio de encuentro, que se han perdido. Cual era este espacio? JK: Nos juntábamos en la junta de distrito, o en Cibeles también, hay habido varias reuniones. Y porque ahora no se puede mas? C: Porque este no le es prioritario, esto es un cachito de ciudad. En que situación política nació entonces el Campo de Cebada? C: Mira, el Campo de Cebada surge con un gobierno conservador en el ayuntamiento. Gallardón. Que presume de hippie con nosotros. La oposición de izquierda…no hay ningún problema con ella. Pero ahora cambio el ayuntamiento, entra ¡Ahora Madrid!, y estamos peor porque tenemos a los conservadores machacándonos desde el minuto uno. Si antes presumían de nosotros, y se sentían orgullosos del Campo de Cebada, por sus premios internacionales, se sentaban orgullosos. Aquí se han celebrado las TED… Ahora los mismos que se sentían orgullosos hacia la oposición nos machacan desde el primer momento. Y nosotros no podemos consentir y ser la pelota entre unos y otros. En la película « La hora del cambio », que estrenamos en italiano durante los cinemas de verano en el Campo. Si veis la película, es un retrato perfecto de lo que pasa con el Movimento 5 Stelle en Italia y lo que pasa con el Partido Popular en España. Juan: Había una cosa que yo no entiendo, o bueno, quiero aclararme, es que en el proyecto de Locales en Red, una de las problemáticas que surge es que carece un espacio donde agregarse, como este. Y es un proyecto del ayuntamiento. C: Si, es un proyecto del ayuntamiento, desesperado de participación ciudadana. De unir colectivos, de formar colectivos. Es el presupuesto participativo de los foros locales. JK: La constitución de un banco común de recursos para poner las decisiones de los colectivos y incluso la ciudadania. Entonces esto que ya estaba organizado, ese hace a travieso de las redes sociales, que tienen una amplia visibilidad. A partir de este efecto platea para el proyecto Locales en Red, la idea es la construction de espacios vecinales donde se hayan relaciones, es lo mismo del Campo de Cebada.
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Yo estoy colaborando en la constitución del documental donde el objetivo primero es la creación de redes de relación. El segundo, hacer una película, y el tercero difundirla. Pero el primero es la relación. Y se prioriza eso, en cualquier de los sentidos que sea. C: El problema es que cuando se fuerzan las relaciones, siempre salen mal. Los teóricos en los papeles lo dibujan todo bonito. Que no entienden que los seres humanos nos llevamos muy mal, los colectivos los queremos y nos odiamos, ósea, nos llevamos fatal con el colectivo vecino, o no. Por ejemplo, nosotros nos llevamos bien con todo el mundo. Pero que no podemos impedir que se lleven mal con nosotros. Es imposible que todos se lleven bien contigo. Y ademas es impossible con prisa, los calendarios, los políticos que tienen que cumplir…no se llevan las relaciones de una forma natural. Hay amigos de amigos y amigas de amigas que han sido amigos durante de 40 anos y al final se casaron. Después de 40 anos! Es un conjunto de asociaciones y movimientos, y eso no funciona. O si, funciona cuando juntas a un trans, con una lesbiana heterofluida. Pero si juntas una católica apostólica y romana con alguien radicalmente distinto, por lo mucho que quieran no va a funcionar. Como llevas sus relaciones con las otras asociaciones, como la AVECLA etc.? C: Son buenas, siempre que nos han usado y servido de nosotros. Son buenas. JK: A nivel de las relaciones personales, pues depende de cada persona. Yo por ejemplo con la gente de AVECLA y con la gente de la Corala no tengo problemas. Luego pues, los proyectos traen conflictos, pero ne se ha roto la relación personal de momento. C: El problema es ver que interese tiene cadauno. Pero nosotros siempre hemos trabajado para los vecinos, y hemos dejados las asociaciones hacer. En esos días hablé con amigos y gente que ha vivido el Campo. Mucha gente me ha dicho que echan de menos el sitio, porque no tienen mas un sitio para estar libres dentro de la ciudad, para ir hacer deporte, tomar una copa… JK: Pues si esa gente considera que el espacio es el suyo, no entiendo porque todavía esta la puerta allí. Si es tanta la gente que cree que este espacio es suyo, que hagan algo. C: Es que una cosa que nos ha llamado la atención en estos 2 últimos meses es que estos 300-500 chavales y chavalas, que habitualmente estaban en el Campo, han desaparecido. Yo los he buscados por los parques del entorno, y por otros lugares afines mas pequeños. Y aquí no están! Es que ya se ha olvidado. En una epoca donde no te gusta mas tu telefono, lo tiras y el dia despides ya tienes otro. JK: Por ejemplo yo vivo en Cascorro, y me encanta mi plaza el invierno, pero es que en verano es imposible porque viene un montón de gente energumena a beber y a liarla.
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Entonces de repente, la plaza no es plaza. Es un botellodromo! Y tampoco es eso. Se trata de convertir espacios concretos en lugares de conflicto concreto. Juan: Lo que pasa es que los jóvenes quizás no se identifican con la filosofía del Campo, lo ven de otra perspectiva. JK: Mira, hacia un momento en el Campo en cual había unos jóvenes que venían a tocar las percusiones, el cajón…y al final, conseguimos a que nadie tocara la percusión. Haciendo notar que era un elemento excesivamente molesto para los vecinos. Y explicándole eso continuamente, al final ya la gente lo decía a otra gente. No hacia mas falta que eras tu que tenias que decirlo. Costo mucho, pero al final funciono! C: En el Campo nunca hay habido abusos, asesinos…nunca hay habido una violencia que ha causado un problema, nunca. JK: Esa es la capacidad de mediación con el entorno vicinal, con el tema de los ruidos, con los grandes factores de molestia…como la basura por ejemplo. Fuimos capaces de tener una limpieza no digo perfecta, pero suficiente para que se pudiese vivir y gestionar. Es una question de pedagogia y de respecto. A veces, para hacer eso tenemos también que rendir visible este conflicto. Una vez estaba un chico argentino meando, y se le dicho « Joder tío! Que haces » delante de todo el mundo, y el se puso vergüenza. Con educación se le he dicho de no mear en un rincón del Campo, que había un cesto para eso. C: Tienes que poner visible el conflicto a veces para que sea pedagógico. Entonces, el tío estaba meando afuera del cesto, y tienes que ensenarle y decirle si puede mear dentro del cesto para que no huela todo a pis. JK: Y eso tentar de conducir a la gente suponía también que algunos se frenaban contra ti y podían también tener comportamientos violentos, frente a los cuales no estábamos preparados. Lo decimos a la Marisol esta, que trabaja al ayuntamiento. Les hamos dicho que habéis puestos a ciudadanos tareas que no nos corresponden. Porque en mi vida cotidiana yo no estaría preparado para conflictos como aquellos, y se me haría podido pasar de todo. Fijase, que paso el dia que tiramos los bengalas (el 14 de diciembre, ultimo dia del Campo). Estábamos tirando los bengalas, vino uno y me hizo una barriga, y me tiro al suelo. Imagina, tu vas allí, viene un tío y te agrede. En frente a eso, que hicimos? C: Un dia también entraron 3 chavales a matarse, con cadenas, con cuchillos…vino la policía 5 veces. Había una niña llorando sobre la puerta del Campo, no se pueden ver escenas así. Que hacia ella allí? Una niña de 14 anos. LA question de la seguridad es primaria, y el ayuntamiento no nos puede dejar solos a gestionar eso. 97 105
Tengo dos ultimas preguntas. La primera es: quien es que gestiona las redes sociales del Campo de Cebada? Como Facebook, Instagram, Twitter… JK: Bueno a ver, a tu mail te contesté yo. Luego, para las redes sociales, lo hacemos todos. Hay varia gente que tiene acceso a la cuenta y vamos a poner informaciones cada uno de nosotros. No hay alguien de especifico. Porque por ejemplo he visto que en el Twitter hay mas informaciones. Las redes sociales son también elementos de sensibilización de la gente, de visibilidad. Os digo eso porque he visto que todavía hay mucha gente de todas edades que sale del metro La Latina y se pone a mirar a través de las portillas lo que pasa en el Campo. Pues también el hecho que no hay mas información sobre lo que se pasa en el Campo, yo creo que sea también por eso que la gente no se entera de la situación actual. JK: Mira, yo me acuerdo de gente que nos pregunta en Facebook « El Campo esta abierto mañana? » y les hemos dicho que desde el 15 de diciembre esta cerrado. El Campo estaba abierto el dia 23 de enero por ejemplo. Son casos casi irreales. Otras preguntas como « Abres mañana? » o « Abres el dia tal…? » o por ejemplo « Me interesa el Campo, como puedo acceder? »…es que todo esta escrito en el Facebook del Campo, esta contado todo el proceso, todas las informaciones. Yo es lo que le digo. Hemos cerrado el Campo de Cebada el 15 de diciembre. la gente no tiene ni un minuto para ver lo que esta escrito en 15 lineas de texto. Esta todo escrito! C: La gente no pasa mas de un metro de móvil. Tampoco hace el esfuerzo de leer 15 lineas de texto de la descripción antes de escribirnos. JK: Es que no hay interés realmente, solo quieren venir aquí con la idea de « Bueno pues, estoy con mis colegas, vamos a tomar una cerveza sentados en el Campo de Cebada ». Y la policía no va entrar, porque la policía no entra. Ahora, porque no entran? Porque hay un señor, o una señora que son los responsables del sitio, y si hay un problema los van a ver a ellos. C: Por ejemplo, en el Campo siempre hay habido trafico de estupefacientes, y no se ha pasado nada en 7 anos. Hay que ser muy finos. JK: Esto es porque la policía estaba de acuerdo por que los chavales fumaban. Y yo hable con uno de los jefes de la policía, y le he dicho que el problema no era que los chavales fumaran. Yo estoy de acuerdo que los chavales fumen, no me molesta. No vale la pena de venir y sacar multas a los que fuman. Le he dicho que tenemos un problema con los camellos. Eso es el problema. Y no porque vendan, sino porque como que son territorialistas, están estableciendo el espacio como suyo propio. Y el mayor problema viene ahí, con la privatización del espacio publico.
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ENTRETIEN AVEC JORGE GARCIA CASTAÑO II Maire Adjoint et Conseiller Président du Distrito Centro de Madrid
El punto de partida de mi investigación es el Campo de Cebada. En su opinión, después de experiencias como la del Campo, de Esta Es Una Plaza, o de la Tabacalera, como ha cambiado el enfoque de la política de la ciudad en términos de gestion del espacio publico? Digamos que somos un equipo de gobierno que cree mucho en lo publico, pero que se caracteriza por la colaboración con la sociedad civil, no por la colaboración publicosocial o por la publico-privada, de hecho en los próximos meses vamos aprobar una ordenanza, que yo creo sea inédita en Europa, una ordenanza de colaboración publicosocial para ordenar y armar nuestra colaboración con la sociedad civil. En esta linea, hemos planteado distintas lineas de trabajo, sobre todo en Centro, que consiste el la cesión de espacios públicos, espacios que ya sean locales, o algún edificio que estamos ahora a medio. Tenemos varios procedimientos abiertos: en Malasaña, otro de locales en Lavapies, o en Chamberi hemos pedido otro que tu también has contestado, y también estamos sacando la gestion de Esto Es Una Plaza. Por otra parte, también estamos en espacios que no se han cedidos, que no sean públicos, que haya una especie de co-gestion o de cuidado por parte de la sociedad civil. Te voy a decir eso: en todos los parque del centro pequeños parques que son muy complicados, con una intensidad de uso brutal, estamos intentando que haya una participación de la sociedad de vecinos. Digamos que en todos estos espacios como Esta Es Una Plaza, o Campo de Cebada, o tipo el solar de la calle almendro (Alamendro3), también, yo creo que sea una de las experiencias mas bonitas que esta habiendo, yo creo también que nos da una idea de como avanzar en espacios que si fueran simplemente un parque público abierto, seguramente hubieran sido mas problemáticos. Esta Es Una Plaza, o el solar Almendro3, si que no se habían abierto para hacer un botellón o un sitio residual horrible. Sin embargo, consigues a crear sitios con bastante encanto, con poco coste municipal, y que para espacios asi, igual que por otros distritos mas amplios con otro tipo de estructura, tendría menos sentido. Por eso yo creo que sean espacios que no van ser los últimos.
Las obras para el nuevo polideportivo de La Latina deberían haber comenzado en enero de 2018, pero nada se ha movido todavía; eso se debe al proyecto de modernización del eje Atocha-Latina? O hay otros proyectos mas prioritarios? No, serian dos cosas basicamente: una, necesitamos un cambio en el plan de organización urbana, que estaba invertido porque lo cambió el PP cuando iba hacer el proyecto del centro comercial, entonces teníamos pendiente al procedimiento para el plano especial para cambiar los usos, que se ha aprobado el otro dia (7 abril) y eso e ha 99 107
atrasado mas de lo que pensábamos; y luego hay habito otro elemento, otra causa presupuestaria, que es cuando se produce el desencuentro o la intervención por parte del por parte del ayuntamiento, y el nuevo enfoque de reglas, esto que plantean…hay unos meses donde no tenemos opción presupuestaria a hacerlo, sin embargo ya la tenemos. Ya hay habido las reformas, yo creo absolutamente justificables, y tenemos la capacidad financiera para hacerlo. Entonces empezaremos solicitar ahora, en la segunda mitad del ano, y el ano que viene empezaran las obras, que se debutaran durante 2019. Yo he hablado con los de la asociación del Campo de Cebada que planteaban « Bueno ya están modernizando las calles, los nuevos aparcamientos, muchas obras… » El proyecto del Polideportivo también se va hacer, pero vamos, esperemos que seamos capaz de gestionar la concentración de obras que tenemos a la vez.
Porque Madrid es una ciudad que concede tanto sus lugares publico a sus ciudadanos? Algunos dicen que se debe al aumento de pisos alquilados como AirBnb y al vaciado del centro historico. Porque por un lado Madrid tiene y esta desarrollando un espacio publico bastante cualitativo en el Centro, y después de este ano se vera mucho mas, con muchas de las intervenciones en esta linea. Ya el Centro, no por la action de este gobierno, tenia una trama urbana muy interesante, y que permitía esto espacio publico de cualidad, un uso intensivo de la calle, una densidad fuerte…Yo creo que esta ciudad, como Roma, de esas ciudades densas mediterráneas, creo que sea una parte de sus virtudes. Y luego, la voluntad de este equipo de gobierno de hacer espacios ya sea permanentes o ya sea también de uso del espacio publico que hacemos constantemente. Yo creo que en Centro hemos autorizado como 2500-2600 ocupaciones de espacio publico al ano, que son de organizaciones comerciales, puramente publicitarias, hasta 1000es de intervenciones de comerciantes locales o organizaciones de los vecinos…podemos decir que creemos que es uno de nuestros puntos fuertes y que es algo que le gusta mucho a la gente de Madrid, vivir el espacio publico. Porque también la propuesta de Locales en Red es muy interesante, porque dejar espacios de propiedad del ayuntamiento que no están utilizados a la gente… También el espacio de encuentro feminista, que no ha sido un espacio reglado, dirigido por el ayuntamiento, sino que es un espacio en que nosotros hacemos lo mínimo, y gestionan las entidades feministas.
De que manera se esta produciendo una tendencia contraria a la turistificacion y reapropiación del centro ciudad por parte de sus habitantes? Vuestra respuesta esta en
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actividades como « Pinta Malasana », o lo de pintar las fachadas de las tiendas en Lavapies, y otras formas de arte urbano, como las estatuas de la meninhas de Valdes? Tenemos muchas dificultades. Pero bueno, lo que tenemos que hacer nosotros con la turistificacion en el centro, es que esta Digamos que son dos casos, Pinta Malasana o Pinta Calle Lavapies, que tienen dos objetivos distintos, uno es apoyar al comercio local, y otro los artistas locales. Hay muchos artistas de barrio, hay muchas intervenciones de arte, porque son barrios donde viven muchos artistas, entonces no solo tenemos que sujetar el lado amoroso, idílico de la cultura, sino también apoyar a vecinos nuestros que trabajan de eso. Digamos que contra la turistificacion se están haciendo muchas cosas, pero lo mas importante va ser el plano especial de usos turísticos que estamos desarrollando ahora, y que lo que va hacer es prohibir los cambios de uso de residencial a terciario en el centro de la ciudad. A partir de ahí nos quedara mucho trabajo que hacer, frente a la disciplina, al incumplimiento des otros , eso va ser el paso fundamental. También es cierto que en Madrid hay una atracción muy fuerte por el centro del conjunto de habitantes de la comunidad, pero no pasa tanto como en las ciudades de costa: el uso tan intensivo del espacio publico, por un lado, porque no tenemos cruceros, y por otro lado porque aquí en Madrid se da, al revés que en Barcelona - en Barcelona o en San Sebastian o en Venecia, por ejemplo hay mucha excursión de dia, que pasan el dia y luego duermen en otro sitio; en Madrid por ejemplo es al reves, la gente duerme en Madrid y hay una. Parte importante del turista que sale hacia Toledo o hacia Alcala, o hacia el Escorial, o hacia Avila, o hacia Segovia, entonces digamos que se produce el efecto inverso. Lo que si hay en Madrid es un uso muy fuerte del espacio publico por mucha gente de toda la comunidad. Por ejemplo yo ahora voy a alquilar un piso muy cerca del Campo de Cebada, y voy a pagar por un cuarto 450€; y he escuchado mucha gente que se planteaba de la subida de los precios del alquiles en el centro ciudad. Este aumento se debe solo a la turistificacion? Sube por muchas cosas, porque se esta subiendo en todo el mundo, y en las capitales brutalmente, y hay infinitos factores que influyen sobre eso proceso.
Habéis pensado de algún modo en la evolución del proceso de co-gestion del espacios y equipamientos públicos con los ciudadanos? Me refiero en particular modo a los Foros Locales: se le parece una herramienta adecuada para desarrollar un nuevo modelo de gestion? Nuestra idea es que todo esto se consolide en el tiempo, no que sea solo una posta del equipo de Ahora Madrid. Si has estado aqui, veras lo que estan haciendo a Sangrifuego, contra los de Ciudadanos, contra el Partido Popular. Sobretodo contra los de 101 109
Ciudadanos, porque el PP es el partido esencialmente privatizador, anti-participación y anti-cogestion, contra todos los medios de comunicación, que consigue generar una red de corrupción con nuestra « clientela ». Eso es mas difícil de lo que pensábamos, porque creíamos que eran cosas muy naturales, pero lo vamos a ordenar a travers la reforma de la ordenanza de participación, el reglamento de los distritos, el reglamento de participación, la ordenanza de colaboración publico-social: queremos dejar un esqueleto muy montando y muy articulado. Pero para eso falta voluntad politica. Por ejemplo, si nosotros hacemos una ordenanza, si mañana al gobierno viene alguien del PP, se acabó la co-gestion. Entonces, en caso de nuestro fracaso, nosotros pensamos a dejar todo estabilizado, que va hacer difícil de echar por atrás por incluso el Partido Popular. El PP en esto tuve algunas buenas experiencias; en esto el PP es bastante mas civilizado que un partido extremista de derecha, como Ciudadanos. Pero por ejemplo el Campo de Cebada nació con el Partido Popular, y también Esta Es Una Plaza: eso es muy fuerte, porque nunca se había visto hacer eso a un partido de derecha. Si, aquí con Galardón, el PP hizo cosas bastante progresistas, nada a que ver con lo que son los de Ciudadanos, que piensan que los medias se sitúan en el centro y su programa politico en Madrid es de extrema derecha, desde los carriles bicis…es como una cosa de locos.
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ENTRETIEN AVEC NACHO MURGUI PARRA Maire Adjoint et Conseiller de Coordination Territoriale et Coopération Publique-Sociale
Mi investigación tiene como punto de partida la experiencia realizada en el Campo de Cebada, el solar reclamando por los vecinos de La Latina, en el cual se realizo por primera vez el desarrollo de un modelo de co-gestion del espacio publico a partir de la experiencia ciudadana. Yo tuve una entrevista con la asociación y colectivos que gestionaron este espacio, realizándolo con medios propios, viviendo y construyéndolo juntos con la ciudadania, los vecinos, los habitantes de forma temporal y extranjeros en Madrid. Esa experiencia ha contribuido a la formación de una nueva forma de gestion urbana de respuesta a la crisis económica mundial, que hace unos meses se ha concretizado en redacción de la Ordenanza de Cooperación Publico-social del Ayuntamiento de Madrid. 1. A frente de las experimentaciones realizadas en el solar del Campo de Cebada, donde la ciudadania fue protagonista acompañada por profesionales - me refiero a colectivos de arquitectos principalmente, como Zuloark - sin mucha contribución de las instituciones locales -Gallardon alcalde con el PP -, en que mesura usted cree que la experiencia del Campo de Cebada haya influido en la creación del proyecto de la ordenanza, junta con otras fuentes de referencia legislativas como el Reglamento dei Beni Comuni de Bolonia? Pues, bueno, hay que tener en cuenta que todas las experiencias de gestion ciudadana de espacios públicos -plazas, edificios, huertos urbanos, etc. - todas las que conocemos han influido de alguna manera en el proceso de la redacción de la ordenanza de cooperación publicosocial. Han influido en el largo plazo, porque la gente que estamos en el área [Area de Gobierno de Coordinación Territorial y Cooperación Publico-Social, ndr] que hemos puesto en marcha el trabajo, de alguna manera muchos hemos participado en experiencias de este tipo, de una
manera o de otra, pues, con el tema del Campo de la Cebada conocíamos al proyecto, por supuesto conocíamos a la gente que estaba ahí, entre otras cosas porque compartimos. En ese momento yo estaba en la FRAVM [Federacion de Federación Regional de Asociaciones de Vecinos de Madrid], digamos la entidad que dió lugar a este convenio, que daba lugar a la cogestion, que mas bien al principio fue mas autogestion, ósea ha sido mas autogestion que cogestion de ese espacio.
Evidentemente esas experiencias que tienen una componente muy practica influyen mucho, poque ya no es solo la cuestión ideológica, es decir « Oye, nosotros tenemos una concepción del mundo que implica que el espacio publico, o que hay un espacio publico - ya no me refiero a un espacio físico, si no a una esfera publica que no es la estatal propiamente dicha, que no es puramente estatal - o que todo lo publico se tiene que gestionar directamente por las 103 111
instituciones publicas. » No, si no que hay otra manera de entender lo publico que pasa por lo comunitario, por lo ciudadano etc. Eso digamos que es el paraguas ideológico. Luego, claro, eso lo tienes que concretar. Porque eso, cuando lo concretas en la practica y lo aterrizas, genera un montón de problemas. Un montón de tareas. « Esto esta muy bien pero, oye, quien limpia? » « Oye, y si hay un conflicto? » Como se soluciona esto conflicto? Porque luego en la vida real hay conflictos, y de repente se mete alguien que le da por romper botellas contra el suelo, y yo como ciudadano no tengo porque enfrentarme a ese alguien. Entonces vuelve a entrar la parte de que hay servicios públicos, que cumplen su cometido y son así por algo. Yo creo que eso enriquece mucho el debate, y enriquece mucho la experiencia y va dotando a las iniciativas políticas que vas tomando de cada vez mas cuerpo. Y va definiendo de manera muy interesante que papeleo va ocupar la administración, que papeleo va ocupar la ciudadania organizada de muy diferentes formas, que papeleo van ocupar diferentes espacios de participación que se ponen en marcha,
donde se produce un contacto entre ciudadanas e institución pública, y que papeleo van ocupar los servicio públicos. Entonces eso va definiendo como es ese - lo que nosotros hemos venido a definir - espacio de colaboración público-social. Que puede definirse también como cooperación publica no estatal, y una serie de cosas así. Por dentro, la manera que se ha ocurrido a nosotros de regular esa esfera publica no estatal, era, pues, el máximo nivel de reglamentación que puede establecer un ayuntamiento, que es una ordenanza. Por eso surge la necesidad de hacer una ordenanza de cooperación público-social.
A ver, por supuesto eso no es la panacea, es un intento de dar mayor seguridad jurídica a las partes que se involucran en este tipo de cuestiones.
Y también el hecho que hay muchas asociaciones en Madrid, que hay un fomento de esa tendencia al asociacionismo, es algo de muy importante en ese proceso. Si, de hecho, hay un elemento que tiene relación con lo que has preguntado tu: hasta que punto experiencias como el Campo de Cebada han influido en la redacción de la ordenanza de
cooperación público-social? La verdad es que nosotros desde el Area hemos puesto digamos el cauce para que se tuviera el debate. Y la ordenanza ha sido el fruto de un debate con muchas asociaciones, que han participado en el proceso, bien poniendo alegaciones, bien participando en jornadas de encuentro que hemos hecho a tal efecto, también con los partidos políticos. Ha sido el resultado de un amplio debate, ha sido una ordenanza muy participada, una ordenanza que se ha hecho entre muchísima gente. Entonces, experiencias como el Campo de Cebada, como muchas otras, han sido como inspiración, y luego también, en el terreno practico, pues han tenido su importancia. 2. El Ayuntamiento de Madrid, para realizar el proyecto de la Ordenanza, se ha apoyado a nuevos dispositivos de gestion urbana, que juntan los ciudadanos mismos en la toma de decisiones. Me refiero en modo particular a los Foros Locales, y a las plataformas para los
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presupuestos participativos, como Decide Madrid. Algo que pero también me ha sorprendido es la creación de los los nuevos Equipos de Actuación Distrital. En que manera esos nuevos actores urbanos contribuyen efectivamente a la realización y gestion de proyectos de co-gestion del espacio publico? [Fondo de Reequilibrio Territorial] Pues, en los propios Equipos de Actuación Distrital se sitúan dentro de ese ámbito, de esfera publica no estatal, porque bueno, se organizan a través de un convenio entre el ayuntamiento y entidades ciudadanas, y son las entidades ciudadanas las que gestionan. El ayuntamiento realiza un convenio con las entidades ciudadanas para que gestionen esos equipos. Luego, los Equipos
de Actuación Distrital en realidad están gestionados por la ciudadania, por entidades ciudadanas.
Y esos Equipos de Actuación Distrital no vienen del Fundo de Reequilibrio Territorial [FRT]? Si, se paga. El FRT es el que financia estos convenios. Con esos convenios, el ayuntamiento,
digamos, subvenciona a entidades para que contraten a estas personas del colectivo vulnerable para los Equipos de Acción Distrital. Entonces, esos equipos en realidad pasan a formar parte de esta esfera publica no estatal, que te comentaba, muy potenciado por el ayuntamiento, pero gestionado por los vecinos.
Que relaciones tiene eso con los Foros Locales? Pues, el Foro Local se puede entender también como una manera distinta de integrar a los vecinos en la conformación o en el diseño de las políticas publicas y en su seguimiento, de modo que si tu ya tienes en un distrito, imagínate: un Foro Local, y tienes un Equipo de Actuación Distrital, tienes un espacio de deliberación, de
detección de problemas, de propuestas, y tienes una herramienta ejecutiva - 15/10 personas que pueden intervenir donde el Foro Local decide que pueden intervenir. El Foro Local se lo transmite a la Junta de Distrito o se lo transmite a la entidad que gestiona el Equipo de Actuación Distrital, y este equipo puede intervenir.
Y esta entidad, puede ser una asociación? Si, son asociaciones. Por ejemplo, en Usera, esta la Fundación Iniciativas Sur, que es una fundación muy vinculada desde hace años a las asociaciones de vecinos de la zona, del barrio, y que tiene mucha experiencia en gestionar ese tipo de experiencias relacionadas con el empleo, inserción laboral etc.
Lo que supone eso: tienes una asamblea de gente, que esta reconocida oficialmente por el ayuntamiento, que se puede relacionar directamente con esta entidad, con la Fundación
Iniciativas Sur - de hecho, en el Foro Local hay entidades de ese tipo que están - y que ya cuenta con un equipo de gente con un recurso publico. Dice « Oye, en esta calle, este trozo de jardin, este espacio interloque… » o « Podemos hacer esta campana de sensibilización en este parque, que últimamente se ve que la gente no esta siendo muy cívica?» Entonces, tu ahí estas 105 113
generando toda una esfera publica no estatal de intervención, de capacidad de acción…que es un poco la idea de ir avanzando en este sentido.
Y luego también se puede dar caso que los Equipos de Actuación Distrital, que también están pensados para eso, puedan ser un apoyo, un factor de apoyo, pues también para imagínate, el caso del Campo de Cebada: por cuestiones de limpieza, de mantenimiento, de sensibilización, podría hacerse cargo el Equipo de Acción Distrital. De modo que, tu estas dotando ya, al ambiento de la gestion ciudadana, de más recursos. En esta caso, también de recursos humanos.
3. En la ordenanza se habla de régimen de responsabilidad, que implica también diferentes maneras de gestion de un espacio cedido. Esos criterios dependen, en linea general, del espacio, y de la actividad a la cual el espacio cedido se ha consagrado. Vista la experiencia del Campo de Cebada, donde los ciudadanos y las asociaciones tuvieron que afrontar algunas situaciones incomodas, cuales son las responsabilidades que el Ayuntamiento de Madrid se encarga de gestionar, y con cuales servicios responde a las diferentes necesidades? Me refiero en manera particular a la cuestión de la seguridad y limpieza. Depende. Tiene en cuenta que la Ordenanza de Cooperación Público-Social luego se plasmará en una serie de convenios. Y en esos convenios es donde se fijan y se concretan esos regímenes de responsabilidad, mas concretos.
Depende del caso, no es lo mismo un solar, un huerto, una plaza, que un edificio. Osea, que si demos un edificio a un grupo de colectivos para que monten un centro cultural, o un centro social, ahí generalmente la responsabilidad de la limpieza y tal suele ser de los colectivos. Depende mucho del caso. En experiencias como la del Campo de Cebada por ejemplo conviene tener el apoyo de los Equipos de Acción Distrital.
El Campo de Cebada era tan auto-gestionado que la gente limpiaba directamente. Claro. Eso yo creo que tiene una parte buena, que es la parte de escuela de ciudadania, que ademas se favorece la auto-organización y la generación de comunidad, porque tienes necesidad de hacerlo, te ves obligado a hacerlo de alguna manera, porque sino la relación que creas con el espacio es una relación mas de consumo. Yo voy en un sitio, y me lo limpian, y ya esta. Entonces yo creo que se pierde parte de la experiencia muy positiva de los centros sociales por ejemplo, la gente va, lo hace todo, y se genera el vinculo también a partir de esa gestion mas material del espacio.
Luego claro, cuando aparece la administración, tendemos a la delegación. «Bueno pues, que lo
hagan ellos». Yo creo que hasta un cierto punto esta bien, pero hay que buscar un equilibrio. Creo que lo de los Equipos de Actuación Distrital puede contribuir a este equilibrio, de modo que se
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echa un cable, se echa una mano, pero al final la responsabilidad es de colectivo que gestiona. Que yo creo que es también parte de la gracia que tiene.
Luego hay cuestiones de seguridad que no puede y no debe asumirse un colectivo, o según que tipo de limpieza, o según que hora…En los centros sociales pasan cosas que a veces te dices « Ostia, pero… » En esto tipo de sitios se trata de que no ocurra, pero bueno, dentro de ceros
márgenes yo creo que se pueda establecer ese tipo de cooperación, que dependerá mucho del caso.
4. Segundo la Ordenanza, se prevé la creación de una Comisión de Cooperación PublicoSocia y del Registro de Cooperación Publico-Social, que se realizaran a partir de 2 meses y 6 meses respectivamente, después de la publicación de la ordenanza misma en el Boletín Oficial de la Comunidad de Madrid - que fue el 14 de junio de 2018. A que punto estáis con esa parte del proyecto? El registro, siempre actualizado en tiempo real, sera hecho tomando como base de dados las plataformas ya existentes, como el mapa de Los Madriles? Mi interés es comprender el nivel y maneras de interacción que el ciudadano puede haber con la información y el historial de las actividades realizadas. [Instrumentos de fomento] Con respecto a la comisión de cooperación publico-social es una comisión de control de los convenios, es decir, de aquellas iniciativas que, de algún modo, impliquen dinero. Que el ayuntamiento tenga que poner mucho dinero en manos de los colectivos. Entonces, hemos decidido - porque ademas como tenemos que conseguir el apoyo, para llevarlo a Pleno, de los otros grupos [politicos, ndr] - que el Pleno tuviera un cierto control, o que los grupos políticos tuvieran un cierto control.
He visto que la comisión se compone de representantes de los diferentes partidos políticos. Claro, la cuestión que hemos hecho es que la comisión se compone de modo que los grupos, digamos, los miembros de la comisión que son del equipo de gobierno, y los miembros de la
comisión que son de la oposición, están empatados. De modo que hay un miembro mas que pertenece al consejo de asociaciones, que es el que desempata. Digamos que el desempate esta en manos, en caso de de desacuerdo, quien tiene la capacidad de desempatar es el que representa las asociaciones. Entendíamos esto como algo bueno, porque también da cierta presencia, o cierto poder, a las asociaciones. Y esto ahora esta en la fase de conformación de esta comisión, se esta formando.
El tema del registro, claro, tiene que ser voluntario: no puedes partir de algo que existe ya, y darlo como un registro hecho. Al registro se tienen que apuntar las organizaciones, las iniciativas, que lo consideren.
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Eso entonces tomara tiempo para desarrollarse.
Pero también es una manera de, a parte hacer el seguimiento de las iniciativas y tal, de que se vaya viendo, de que se vaya haciendo visible esta esfera publica no-estatal. Tipo los Madriles, el ejemplo que has puesto creo que es muy bueno. En Madrid hay una realidad que no es el mercado, y que no es el estado.
Bueno porque por ejemplo Los Mandriles tendría que estar actualizado por las asociaciones mismas, de maneras que la gente pueda acceder y contribuir a esas informaciones. Eso también seria algo de interesante a ver. Ya, claro, tiene que ser un mapa vivo, porque ademas esas iniciativas se caracterizan muchas veces por lo efímero, y por lo dinámico. Es decir, que a veces duran poco, y que otras veces
proliferan a una velocidad tremenda, como en el caso de los huertos urbanos. Precisamente alli, ahora al otro lado de la puerta - que me ha dado mucha alegría verlo, que hacia mucho tiempo que no lo veía - esta Mikel, que es uno de los que empezó en Madrid con los huertos urbanos, en su barrio. En el barrio del Pilar, en un espacio interloque que había, se puso con otros poquitos a hacer un huerto, hace 10-15 años. Y ahora mira cuantos huertos urbanos hay en Madrid. Pero que eso ha sido una pasada, que en poco tiempo ha sido una especie de revolución de los huertos urbanos en Madrid.
Como lo que se ocurrió en Barcelona, donde hicieron el Plá Buits. Pero son solo huertos. Ya, hay que echar un poco mas de imaginación también.
5. Mi investigación se concentra en manera particular sobre un otro espacio que tiene también una historia récente muy relevante por el barrio de Embajadores: el solar de la calle Embajadores 18, muy cerca de la Plaza Cascorro. Este espacio, después la demolición de una casa blasonada, fue ocupado, utilizado para un mercado ecológico local, hasta hoy, donde este « Espacio Polivalente para Actividades Ciudadanas » esta cedido de manera temporánea como terreno de juegos a la asociación deportiva de fútbol « Los Dragones de Lavapies ». Después de las votaciones ciudadanas de febrero de 2018 de los presupuestos participativos, el espacio ha ganado su transformación con un proyecto para la creación de un espacio de convivencia vecinal, con 48.000€ asignados a su realización. Con que criterios se ha valorado el coste del proyecto, y que tipo de transformaciones están incluidas en esto presupuesto, de manera que este espacio sea realizado para evolucionar
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con la ciudadania, adaptándose a sus necesidades? Me refiero en particular modo a la noción de freespace, como espacio libre y polivalente. La propuesta que se hace en los presupuestos participativos es perfectamente compatible con lo que se está haciendo, es decir, seguir avanzando y dotando esos espacios de mas cositas: un
soporte techado y tal. Prepararlo para que sea un espacio polivalente y de libre uso. Ahora, como sabes, hay una espacie de pista deportiva, que se ha hecho con los Dragones de Lavapiés, a que ademas colaboran los clubs deportivos como la Fundación Atletico Madrid. Y es un buen ejemplo de colaboración publico-social, y ademas en un solar del barrio. Ha sido el Fundo de Reequilibrio Territorial lo que se ha utilizado para rehabilitar la pista deportiva. Incluso, el Equipo de Acción Distrital ha intervenido ahí. Sabes, como que se juntan todos los elementos de la colaboración publico-social
Ya, he visto que estuviste usted y Jorge Garcia Castano también. Es que es un ejemplo muy bueno. Que criterios se utilizan para avalorar los proyectos? Se utilizan criterios meramente técnicos. Osea, de viabilidad tecnica.
Porque el Solar de Embajadores 18 esta muy relacionado con lo que era el Campo de Cebada: también el hecho que sea muy cerca del Campo, me parecía algo parecido a un Campo de Cebada 2.0. Es decir, puede evolucionar en el mismo sentido, también si el espacio es mucho mas pequeño. Mas pequeño, y no esta tan en medio de todo. Porque es verdad que el Campo de Cebada tiene unas características particulares. Lo que pasa a veces con los espacios sociales, es distinto un
espacio social de un espacio ciudadano, mas vinculado al territorio, mas local, al barrio, que son referencias de la ciudad. Es muy distinto. Tu de que ciudad italiana eres?
De Roma Pues, lo típico, los centros sociales a Roma. Hay centros sociales que están muy vinculados al barrio, y de repente el Forte Prenestino. Que es, vamos, de Roma y de Europa, lo conoce todo el mundo y que me imagino que allí pasaran cosas que son de toda la ciudad. Entonces, claro, la plaza de Embajadores 18, en cuanto a filosofia, en cuanto a esencia digamos, si, puede ser como la Plaza de la Cebada, pero a una escala mas local.
Pero ya esta por ejemplo es una evolución de la Cebada también, es decir, este espíritu que se muda hacia algo mas local, radicado ya en la comunidad y en la manera de hacer ciudad. Un espacio social, y ciudadano también, mas local. 109 117
6. Como sera estructurado y quien sera encargado de la realización de los trabajos de transformación de un espacio como lo del Solar de Embajadores 18? Quien se ocupara de diseñar el lugar, proyectar el proceso de diseño, de colocar y integrar los diferentes usos que se harán de este espacio? Los vecinos. Los vecinos, con sus asociaciones, con el Foro Local, con el ayuda del Equipo de Acción Distrital, con el ayuda de la Junta de Distrito. Y también los equipos técnicos de la Junta, pero el protagonismo tiene que ser de los vecinos. Porque sino pierde de autenticidad. Ademas, hemos pedido que en todas las Juntas de Distrito seleccionen algún solar que pueda dedicarse a esto. Para intentar hacer como un programa mas ambicioso, mas amplio, en todos los Distritos. Y claro, depende mucho de cada tejido ciudadano que se pueda acercar a eso. Porque no se trata de que lo demos ya hecho, por eso hay otros tipos de intervenciones. Lo de que se trata es de que sea la propia ciudadania la que haga el proceso de diseño.
Pero las entidades ciudadanas se podrán apoyar a profesionales, colectivos de arquitectos, urbanistas… Si si, se apoyaran, pero dentro del ámbito, digamos, tiene que ser dentro del ámbito de la redes sociales de cada sitio. Es decir, no es que el ayuntamiento vaya a poner arquitectos, puede si poner unos servicios tecnicos - sabes, en cada Junta de Distrito hay una oficina de servicios
técnicos, donde están los arquitectos, que están siempre hasta arriba de cosas, pero se pueden poner a echar un cable dentro del marco de la mesa del Foro Local y tal. Pero es importante que sea la propia comunidad la que se organise. Yo por hoy, las asociaciones de vecinos, los colectivos de todo tipo, siempre hay arquitectos, gente que tiene capacitación tecnica para desarrollar este tipo de trabajo.
Porque en la ordenanza se habla del hecho de que dar un convenio a una entidad ciudadana sea como una especie de licitacion, o, a veces, sea como un concurso. En plan, como en todo tipo de procesos publicos. Lo que me preguntaba yo es también cual va ser el rol del urbanista o del arquitecto en este proceso de diseño del espacio. Porque bueno, se pueden organizar talleres propuestos para el ayuntamiento en colaboración con los Foros Locales, pero a ver también como pueden contribuir las oficinas de arquitectura que están en Madrid a este proceso de producción de espacio publico.
Depende de cada caso, porque en cada distrito dependerá de los recursos con los que se cuente. Las Juntas de Distrito tienen las oficinas técnicas que pueden siempre apoyar, siempre echar un cable.
Casi siempre cuando hay un proyecto con estas características, pues también hay gente del barrio o gente de asociaciones que tienen estas capacidades.
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Hay también una cuestión que casi nunca se tiene en cuenta, y que yo creo que sea fundamental, cuando hablamos de tejido social, hay una imagen del tejido social muy conservadora, que es tejido social - gente que no sabe de nada. Yo me acuerdo que en el Centro Social donde estaba yo, una de las cosas que hicimos fue una especie de curriculum del Centro Social. Es decir, que saberes había ahí, que saberes atesorábamos como colectivo a partir de las profesiones, lo que habían estudiado, lo que hacían las personas. Osea, que prácticamente podíamos montar una
estación espacial, podábamos hacer lo que quisiéramos, porque había absolutamente de todo.
Desde albañiles, hasta arquitectos, pasando por publicista, ingenieros, informáticos…la sociedad hoy por hoy, no se, me iba poniendo un poco la cuestión del General Intellect: digamos que la capacidad, el saber, la capacidad productiva que hay disuelta en la sociedad es tremenda. Entonces, el papel de los especialistas, que claro, a nivel tecnico es importantísimo, pero que
claro estos especialistas conforman. Este saber que ya esta en la sociedad civil, y cuando esto se organisa, llega a una potencia tremenda.
7. El Ayuntamiento de Madrid se apoya mucho en las redes sociales, y a unas plataformas Decide Madrid, Coopera Madrid, Imagina Madrid,…- creadas para dar accesibilidad a toda la ciudadania al sistema de toma de decisiones, animarlos a participar y a formarse una consciencia civil y política. Madrid en ese sentido es una ciudad escuela: cuales podrían ser las posibles evoluciones de esos sistemas de comunicación para la co-gestion de ese tipo de espacios? -En el sentido, gestion digital del espacio Bueno, aqui me pillas. No lo sé! Desde luego, ahora yo creo que hemos avanzado mucho en la cuestione de ir habilitando herramientas digitales que facilitan, digamos, el posicionamiento o la participación en la toma de decisiones y de hacer propuestas de parte de la ciudadania. Claro, eso es distinto a la gestion de las políticas publicas. Una cosa es, yo te propongo, y me posiciono, y voto, y otra cosa es, delibero con otros. Es decir, la función que se hace
principalmente en los Foros Locales no tiene un co-relato digital. Y eso yo creo que seria una via interesante de explorar. Y luego la cuestión de la gestion, del seguimiento de la gestion de las propuestas tampoco tiene su co-relato. Nosotros ahora estamos trabajando en una guía de gestion ciudadana. Es decir, un manual que le diga a la gente como es la administración publica, o cuando ellos hacen una propuesta, que ocurre con esta propuesta, como hay que hacer. Para que se lleve a cabo dentro del aparado administrativo. Esto forma parte de esto que decías tu, de ciudad-escuela. Claro, la administración publica no esta diseñada para que la gente interviniese tanto, pero la gente tampoco estaba diseñada para intervenir tanto. Entonces, yo lo que he
detectado, es que se genera una suerte de relación de consumidor de políticas publicas, en lugar de una relación de productor de políticas publicas. Y tendemos a eso. Yo como politico, el cliente siempre tiene razón. Entonces yo no me voy a mostrar exigente con los ciudadanos porque me votan y « encima me vas a exigir… ». El ciudadano se mostra exigente, eso esta bien, pero no se mostra responsable en el sentido de « yo también soy productor de políticas publicas ». Pero lo 111 119
primero para que se sienta responsable es que tenga toda la información, tiene que conocer el aparado administrativo. Por esto estamos haciendo una guía. Esta guía luego debe tener su version digital, y debería haber herramientas que te permitieran hacer seguimiento de una propuesta que esta en marcha, a tiempo real: a través de la web y tal. Esto si que habría que diseñarlo, pero no estamos en ello todavía.
Porque yo lo que pensaba es que por ejemplo, una vez que el Registro de Cooperación Publico Social estará puesto en marcha, utilizar estos dados para, que se yo, hacer una app, un poco rollo Los Madriles, a través de la cual la gente pueda acceder, que sea publicitada por el ayuntamiento. En el estudio donde estoy trabajando ahora se piensa mucho en la interacción directa del ciudadano con el espacio publico, que no es simplemente poner el wifi publico para todos. Es decir, también cosas como la realidad aumentada…Pero a través de unas investigaciones, he visto como puede ser útil también de analizar en Instagram, como la gente ve los espacios: que tipo de hashtags pone, para un determinado tipo de evento, en un tal espacio…Seria como juntar el todo, y con las bases que ya habéis puesto en marcha, yo creo que se pueda sacar algo interesante. Madrid es una ciudad que quiere ser inclusiva, con todas las diferencias que hay. Eso es también algo que un turista o alguien que viene de paso, que no sabe nada sobre las políticas municipales, se pueda enterar mejor, pueda sentirse todavía mas incluido en la ciudad. Yo me siento muy incluido, es algo que esta en el espíritu de la ciudad. Cuanto tiempo llevas en Madrid?
Son 6 meses en total. Y ahora me vuelvo a Paris. Pero si que se vive muy bien a Madrid. La parte electrónica es muy interesante.
Es un nuevo nivel de acceso: por ejemplo, he ido a la Bienal de Venezia, y el tema de esta edición es FreeSpace. Que bueno, ves unas gradas y dices que eso es freespace, pero todo es vacio. Porque falta la sociedad, la politica -como polis, yo ciudadano como politikon que hago política-. En este sentido, yo creo que hoy con las herramientas digitales hay una capa mas que anadir al proceso de fabricación del espacio y políticas publicas. Y ya Madrid hace un trabajo estupendo, con todas las plataformas que hay.
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