BIM Management - Mémoire

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Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon

BIM Manager Missions et compétences pour un nouvel expert de la maîtrise d’oeuvre

Mémoire de Master Année 2014

par sous la direction de

Matthieu BROSSETTE J.-A. CUBA-SEGURA


Je tiens à remercier M. Cuba-Segura, grâce à qui ce travail a pu voir le jour et sans le concours de qui, mon intérêt naissant pour le BIM n’aurait pas trouvé d’écho. Je voudrais également remercier F. A. qui, par ses conseils, ses encouragements et sa participation, a rendu mon travail plus pertinent. Mes remerciements vont aussi à J. L.-B., mon premier contact dans l’univers passionnant du BIM et qui a alimenté ma curiosité pour le sujet. Merci à A. D. M., à R. R., à A. N. ainsi qu’à P. B. qui ont pris le temps de partager avec moi leurs expériences respectives du BIM Management. Merci à mes proches pour leur soutien ainsi que pour leur curiosité et leur regard extérieur sur ce mémoire.


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

Sommaire Sommaire ................................................................................................................... 1 I/ Introduction............................................................................................................ 2

1- Historique ............................................................................................................... 2 2- Définition et Contexte ............................................................................................. 2 3- Champs d’étude, méthodologie et problématique .................................................. 3

II/ La fiche de poste : outil d’analyse des missions, des responsabilités et des compétences............................................................................................................. 6

1- Structuration de la fiche de poste ........................................................................... 6 2- Mise en place du questionnaire .............................................................................. 9

III/ Analyse des résultats : Profils, Missions et Compétences............................ 16

1- Rapprochement et comparaisons de fiches de postes ......................................... 16 2- Synthèse des missions et compétences du BIM Manager ................................... 25 3- L’architecte et le BIM Management ...................................................................... 26

IV/ Conclusion......................................................................................................... 28

Bibliographie ............................................................................................................. 30 Webographie ............................................................................................................ 30 Annexe ..................................................................................................................... 31

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

I/ Introduction 1- Historique

La pratique du projet d’architecture évolue de façon rapide et sans précédent à l’heure d’une informatisation quasi-omniprésente. De nouveaux outils sont mis en place et proposés aux architectes, ingénieurs, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs du projet. De ce fait, en quelques années, les architectes ont vu s’ajouter aux contraintes législatives et règlementaires (RT 2012, Règlementation incendie…) des outils technologiques, orientant (et parfois contraignant) le processus de conception mais surtout la gestion des projets. Parmi ces évènements, l’arrivée des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC) dans le métier d’architecte a profondément changé les pratiques. Déjà en 1975, Chuck Eastman 1 voyait en l’informatique le moyen de combiner le medium dessin et le medium maquette afin de combler leurs lacunes respectives. Il propose ainsi la première définition de ce qui deviendra, dix ans plus tard avec l’apparition du programme Archicad© (1984), les prémices du Building Information Modeling (BIM). Les vingt années qui suivirent ont vu l’augmentation de la puissance des ordinateurs et leur banalisation comme outil de travail, mais également l’évolution des logiciels métiers dédiés aux architectes et aux acteurs de la construction. Le terrain professionnel était alors prêt à accueillir le BIM dans ses pratiques et en moins de cinq ans il a pris une place considérable dans l’économie de la construction aussi bien en Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), qu’en Asie et, plus tardivement, en Europe Occidentale (France, Angleterre, Allemagne) 2.

2- Définition et Contexte

Aujourd’hui la réalité du Building Information Modeling (BIM : première occurrence connue 2002 3), souvent traduit en français par modèle d’information du bâtiment ou encore maquette numérique, prend forme de plusieurs façons. Tout d’abord de nombreux logiciels ont été développés afin de répondre aux multiples besoins des professionnels de la construction. Ceux-ci permettent une simulation informatique 3D d'un projet d'architecture, développée autour d'une base de données, qui permet à l'ensemble des acteurs d'un projet de travailler de façon collaborative autour d'une même maquette numérique paramétrique et évolutive. Celle-ci permet d’appréhender un modèle architectural du bâtiment avec toutes les composantes de volumes, techniques, de coûts et de temps qu’il implique. Afin de garantir l’interopérabilité des logiciels, l’IFC (Industry Foundation Class), un format ouvert d’échange de données, a été créé en 1997 4 par un consensus international d’acteurs de la construction (IAI devenu Building Smart) soucieux de l’interopérabilité de leurs nouveaux outils. L’IFC, à la façon d’un « langage » commun et accessible à tous, permet la communication entre tous 1 2 3

C.Eastman, mars 1975, The use of computers instead of drawings in building design, AIA Journal McGraw-Hill Construction, 2010, La valeur commercial du BIM en Europe, rapport SmartMarket.

Anis NAROURA, Le point sur… BIM (Building Information Modeling), Le Moniteur, N°5756, 21 mars 2014, cahier détachable

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Industry Foundation Class, Dans http://fr.wikipedia.org/wiki/Industry_Foundation_Classes

2

Wikipédia,

repéré

à


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre ces logiciels car il prend en compte les propriétés et les interactions des entités modélisées (ex : murs, sols, canalisations, éléments techniques, etc…) ; par conséquent il autorise des échanges simplifiés entre tous les acteurs de la maîtrise d’œuvre. Ainsi, les outils logiciels changent fondamentalement la façon de travailler le projet. Puisque chaque action sur la maquette numérique a une répercussion sur l’ensemble des éléments de représentation et d’analyse du projet, il faut adapter les méthodes de travail jusqu’alors calquées sur un modèle « pré-informatique » où chaque modification impliquait une révision complète des représentations du projet. Le BIM est donc bien une nouvelle méthode de travail pour les architectes mais aussi pour les ingénieurs, maître d’ouvrage, corps de métier du BTP, ainsi que l’explicite Anis Naroura : « Travailler en BIM ne change pas fondamentalement le travail : il change la manière de le faire. » 5 Le BIM présente donc une grande complexité dans ce qu’il implique de relations à établir et à gérer pour assurer une cohérence dans le temps du processus de projet. Une profession est donc apparue, un peu par la force des choses, celle de BIM manager. Celui-ci a pour rôle la mise en place et la gestion de la méthode BIM et de ses implications matérielles dans une équipe de maîtrise d’œuvre. La définition est volontairement vague puisque c’est justement ce contexte informel dans lequel se situe ce rôle (BIM Management) de la maîtrise d’œuvre que nous allons interroger dans ce mémoire.

3- Champs d’étude, méthodologie et problématique

Il nous faut bien sûr réduire notre champ d’étude aussi bien dans ses intentions que dans son domaine d’investigation. Il nous semble cohérent de travailler sur la question du BIM Management en France, non pas par facilité dans les recherches, mais parce que force est de constater que la France accuse un sérieux retard technologique et logistique dans la mise en place d’une méthode de travail BIM. Le terrain d’étude est donc encore assez vaste. Des études, notamment la thèse de B. Gaudin (2013) 6 sur le BIM montre clairement le manque de connaissance des architectes français sur le BIM ; il n’est donc pas ici question de faire l’état des lieux du BIM en France, mais plutôt de s’intéresser aux pratiques existantes, reconnues et identifiables dans le paysage encore restreint du BIM français. D’autre part l’investissement des pouvoirs publics français dans ce domaine est lancé dans le cadre du programme PREBAT du PUCA et plus récemment avec une annonce de l’ancienne ministre du logement Cécile Duflot 7 sur la volonté du gouvernement d’encourager 5

Anis NAROURA, Le point sur… BIM (Building Information Modeling), Le Moniteur, N°5756, 21 mars 2014, cahier détachable

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B. Gaudin, 2013, Impacts of Building Information Modelling (BIM) on Project Management in the French Construction Industry, Birmingham, 117 p. 7 Julien Beideler et Laurence Francqueville, Logement : Cécile Duflot dévoile les premières mesures

d’«Objectifs 500 000», Le Moniteur, volume, 18 mars 2014 3


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre le développement de la maquette numérique et son obligation dans les marchés publics en 2017. Mais l’absence de législation laisse un grand flou et une grande liberté d’utilisation des termes BIM Manager et BIM Management. Un groupe de travail du Grenelle de l’environnement 2011 8 a d’ailleurs défini comme une priorité l’encadrement législatif de la profession de BIM Manager (appelé BIM Mandatory). Ainsi on voit les acteurs de l’économie de la construction (Promoteur, BET, économiste ou des rassemblements comme le cluster ESKAL/EUREKA) mettre la main sur cette nouvelle technologie qui permet une anticipation dans le projet (par sa capacité de modélisation) et ainsi une maîtrise beaucoup plus sure des coûts, ce qui est fondamentalement l’objectif d’une entreprise à but lucratif. On note l’écrasante absence des architectes dans ce nouveau marché (Gaudin, 2013) et le manque, jusqu’à très récemment, d’une quelconque certification des compétences du BIM Manageur. Cependant celle existante est délivrée par une autorité commerciale (le RICS) et l’activité n’est, a priori, pas encadrée, faute d’un domaine législatif adéquat. On note malgré tout qu’un mastère spécialisé BIM doit voir le jour à l’école de Ponts en septembre 2014. Ainsi le BIM Management est une activité partagée par des personnes avec des formations, des responsabilités (légal et en terme de charge de travail au sein de l’entreprise) et des parcours professionnels bien différents. Il nous faudra donc déterminer avec précision le ou les profils du BIM Manager, ses responsabilités, ses compétences, son domaine d’action. Nous nous rendons bien compte que l’étendue des possibilités offertes par les technologies BIM est telle qu’il semble difficile de penser qu’une seule personne va pouvoir assurer la gestion de l’ensemble des actions et relations permises par les logiciels. Ainsi nous avons besoins d’interroger les différentes pratiques du management BIM dans l’ensemble des activités économiques de la construction en France. Pour cela, il faut dans un premier temps établir une liste, un panel représentatif des acteurs de la construction (à trouver parmi les signataires de chartes, les membres d’association BIM, etc…) employant des BIM Managers ; puis établir un questionnaire à leur soumettre nous permettant de comprendre les pratiques existantes du BIM Management. Ce questionnaire devra permettre de cerner l’étendue des connaissances du BIM manager, tant du point de vue informatique que de l’architecture. Il se construira de manière à satisfaire à la construction classique d’une fiche de poste. L’analyse des résultats des questionnaires passera par une grille mettant en parallèle les personnes interrogées et les réponses recueillies. Cela permettra de comparer aisément les différentes pratiques professionnelles du BIM Management et d’établir des fiches de postes pour chacune. Ce recoupement doit mettre en évidence les bases communes du BIM Management, dans les missions qu’il recouvre et dans les compétences qui doivent être mises en œuvre par les BIM Managers dans le cadre de celui-ci. Nous serons alors en mesure de montrer les points communs et les différences qui existent dans la pratique de ce métier. Une fois établi ce profil, nous pourrons définir une fiche de poste du BIM Manager qui répondra à notre problématiques :

Quelles sont les missions et compétences d’un BIM Manager aujourd’hui en France ? 8

Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, 31 Mai 2011, groupe de travail innovation, sous-groupe interopérabilité, Maquette numériue, BIM/IFC, processus intégré

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre La dernière étape consistera à proposer un rapprochement de la fonction de BIM Manager avec celle de l’architecte afin de savoir si ce dernier peut remplir la fonction. Nous ouvrirons notre conclusion en posant la question de la pérennité de cette fonction au sein même de l’entreprise d’architecture, notamment au regard des coûts engendrés pour leur mise en place. Cela questionnera l’accessibilité du BIM pour la majorité des agences d’architecture (composées d’une unique personne), et donc de la démocratisation et de la popularisation de ces technologies. Nous limiterons là notre prise de recul, sans prendre en compte la dimension commerciale du BIM entretenue par le lobbying des éditeurs de logiciels.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

II/ La fiche de poste : outil d’analyse des missions, des responsabilités et des compétences

L’émergence de la profession de BIM Manager est largement attestée par l’augmentation importante de leur présence sur internet, les réseaux sociaux de professionnels, les nombreux groupes de pensées et les blogs techniques sur le sujet. Cependant, difficile a priori de trouver deux définitions identiques des missions remplies par ces BIM Managers. Pour pouvoir les comparer et faire émerger des points communs, nous devons figer à un instant donné l’ensemble des missions et des qualités des BIM Managers, pour ainsi dire, il nous faut réaliser une fiche de poste. Pour cela il nous faut mettre en place un outil de comparaison -un questionnaire soumis à un panel de BIM Manager- et un outil de synthèse -une grille d’analyse des réponses.

1- Structuration d’une fiche de poste

A- Cadre légal La fiche de poste est un outil important pour la gestion des ressources humaines, que ce soit dans le secteur privé, public, ou même le milieu associatif. Bien qu’elle ne soit pas encadrée légalement, elle est reconnue par tous pour sa capacité à donner une image précise des fonctions remplies par un employé au moment de la mise en place de ladite fiche. Ainsi, les fiches de postes ont plusieurs rôles 9.

B- Diversité des fiches de postes et des usages L’observation du poste de travail d’une personne est la plus fine que l’on puisse faire d’une situation de travail puisqu’il s’agit de la description précise et méticuleuse, des missions et des tâches à accomplir pour remplir une mission et ce, en mettant en jeu des compétences à différents niveaux. La fiche de poste peut être vue comme une précision ou un approfondissement d’une fiche métier ou fiche emploi. Les fiches de postes sont habituellement établies dans le cadre des politiques de ressources humaines des entreprises, services publics ou associations afin de permettre l’analyse d’une situation de travail. Mais la fiche de poste reste avant tout un outil qui doit servir un but précis, au-delà du simple constat de l’existant. En cela, sa forme et les informations contenues varient d’une fiche de poste à l’autre puisque les objectifs poursuivis lors de cet établissement sont souvent bien différents. Christian Batal, diplômé en psychologie et en gestion des ressources humaines, donne dans son ouvrage une liste assez représentative des finalités rencontrées. Celles-ci peuvent prendre la forme d’une description de situation de travail sous la forme d’une liste aussi exhaustive que possible des champs d’application et d’exercice d’un emploi (sur le modèle de l’annexe 1 : fiche de poste chef de projet). Il s’agit alors de donner 9

Fiche pratique réalisé en 2010 par Héloïse Courty à l’école nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre une idée précise des finalités de l’emploi - le quoi et le pourquoi - mais peu des moyens mis en œuvre pour cela - le comment ? Elles sont aussi utilisées pour le recrutement de personnel, pour donner au candidat une idée des fonctions qu’il devra remplir et son niveau de responsabilité (sur le modèle de l’annexe 2 : Offre d’emploi CAUE). Celles-ci sont centrées sur les missions à accomplir sur le poste à pourvoir et répondent à un besoin plus ou moins urgent d’une entreprise. Elles font suite à une analyse des besoins de l’entreprise ou au départ d’un agent. Les compétences et la formation requises sont généralement décrites de façon succincte, laissant une place plus importante à l’expérience, aux missions et aux interlocuteurs. Ces fiches sont généralement plus proches d’une fiche emploi de par leurs descriptions assez généralistes, on se contente de donner l’environnement et la nature des missions et les exigences en ce qui concerne les compétences sont données de façon subjective et qualitative (par exemple : très bon niveau, maîtrise parfaite, débutant, connaissances appréciées, etc…). Elles se structurent généralement en trois parties : la présentation de l’entreprise, les caractéristiques attendues du candidat, les conditions de l’emploi. Mais elles servent souvent à l’évaluation de l’activité (parfois sur une période précise) pour formuler des objectifs ou apporter une aide, afin d’améliorer les qualités de travail et de relations des salariés (sur le modèle de l’annexe 3 : Fiche de poste de l’académie de Caen. Celles-ci doivent normalement être écrites lors d’un entretien sous forme d’une discussion entre l’employé, le responsable hiérarchique et la personne responsable des ressources humaines ; ceci afin d’en garantir l’efficacité dans son rôle d’image du poste. Ces dernières fiches sont les plus complètes puisqu’elles permettent à l’employeur d’avoir une image des missions réellement menées sous sa direction, dans quel but, ainsi que les moyens mis en œuvres pour remplir une tâche, atteindre un objectif. Elles donnent une idée précise des ressources et des lacunes dont dispose une entreprise, une collectivité ou une association, et permettent à son dirigeant de proposer des formations, de requalifier certains emplois ou de restructurer l’organisation du travail au sein d’un service. Ces fiches de postes sont particulièrement précises et tissent un lien entre le poste et son titulaire puisqu’elles mettent l’accent sur les relations du poste au sein de l’environnement de travail et font un parallèle direct entre les missions remplies et les compétences nécessaires. Christian Batal présente aussi la fiche de poste comme un outil de prévision, de référencement ou encore de management 10.

C- Description des missions et compétences, quel modèle ? Nous avons mis en évidence les différentes possibilités qu’offrent les fiches de poste dans leur rôle de description d’une situation de travail. Il doit donc être possible, en lisant une fiche de poste, de comprendre 11 :

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Batal C. La gestion des ressources humaines dans le secteur public, 1997, Les éditions d’organisation, Paris 11 Fiche pratique réalisé en 2010 par Héloïse Courty à l’école nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques

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les éléments contextuels, qui sont l’ensemble des informations caractérisant l’identité du poste, son environnement et les conditions de l’exercice ; le contenu du poste, qui donne les missions du salarié ainsi que la description des tâches qu’il accompli au quotidien ou de façon exceptionnelle ; les compétences de l’agent, ce qu’il sait, sait-faire, d’après sa formation initiale, et les compétences ou savoirs qu’il met en œuvre pour accomplir sa tâche.

En cela, elle devrait être clairement axée sur une réalité du poste et non pas sur l’idéalisation de ce que devrait être le poste en question. Pourtant le poste dont nous cherchons à comprendre les caractéristiques dans ce mémoire n’obéit encore à aucune définition précise et celles-ci varient très largement d’une entreprise à l’autre, d’un occupant à l’autre. C’est pour cela que le dernier modèle de fiche de poste (Annexe 3) présenté ciavant nous intéresse particulièrement pour la suite puisqu’il est particulièrement exhaustif dans sa description et est présenté comme un mode d’emploi, un gabarit. L’architecture de la fiche est ainsi claire et explicite, elle se structure en cinq parties très détaillée : -

l’intitulé du poste, en quelques mots ; l’identité du salarié ; la présentation de son environnement de travail, avec le rôle de son service, sa composition et sa place au sein de celui-ci ; les missions du poste, décomposées à partir de la mission principale (finalité du poste), elles donnent les activités, les contraintes, les responsabilités et les relations ; les compétences, nécessaires pour le bon fonctionnement du poste.

Ce qui nous intéresse tout particulièrement dans cette structuration c’est la place accordée aux missions, avec une décomposition précise, mais surtout à la partition des compétences en trois catégories : savoir (compétences cognitives), savoir-faire (compétences techniques), savoir-être (compétences comportementales). Si ce découpage retient notre attention, c’est qu’il semble difficile de définir précisément ce qu’est une compétence. Le dictionnaire (Larousse) nous en donne une approximation très générale : « Capacité reconnue en telle ou telle matière en raison de connaissances possédées et qui donne le droit d’en juger » Cela ne nous permet pas de construire un référentiel objectif de compétence, puisque notre niveau de connaissance dans le milieu ne nous permet pas de faire autorité en « reconnaissant » une expertise remarquable du BIM. Jaques Tardif dans son ouvrage sur les compétences 12 tente d’en donner une définition large et complète en utilisant un processus de cartographie systémique (Annexe 4 : page 8 de L’évaluation des compétences). Il donne un résumé de ce schéma : «Une compétence est un savoir-agir complexe qui prend appui sur la mobilisation et la combinaison efficace d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille de situation » 12

TARDIF Jacques, L’évaluation des compétences, 2006, Montréal, Les éditions de la Chenelière

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre Jacques Tardif introduit la notion d’action dans cette définition et lie ainsi la compétence à la mission. Ainsi décrite, la pluralité des connaissances mises en jeu dans l’utilisation des compétences nous permet d’extrapoler sur l’évaluation et la distinction en valeur de celles-ci. Christian Batal fait un lien historique entre la compétence qu’il juge comme étant une notion principalement post-industrielle, et le savoir-faire en étroite relation avec l’artisanat de la société préindustrielle. Il ne s’arrête cependant pas là et propose, en plus de la décomposition triptyque de notre fiche de poste, une définition également tripartite des compétences nécessaires à un poste qui se resserre et se précise : les compétences générales, les compétences professionnelles, les compétences spécifiques. Si nous le supposions chez Tardif, Batal indique clairement une distinction de niveau dans les compétences. Elles peuvent être évaluées ou hiérarchisées selon plusieurs méthodes. Cela peut-être niveau de précision dans la définition de la compétence, une échelle d’utilisation de la compétence (de la connaissance du vocabulaire, à l’expertise complète dans le domaine), un classement distinguant les compétences bloquantes ou nonbloquantes (qui empêche complètement, partiellement ou non d’exercer l’emploi que l’on occupe) ou encore la durée nécessaire pour acquérir une compétence. Ainsi la fiche de poste que nous avons choisi présente quelques défauts, notamment de s’adresser normalement au secteur public et d’être particulièrement longue à établir au vu de sa précision. Néanmoins, les compléments sur la notion de compétences que nous avons apportés nous permettent de resserrer notre analyse. Les compétences seront ainsi, conformément à notre modèle, organisées en savoir, savoir-faire et savoir-être avec comme critère discriminant d’évaluation la notion de compétences bloquantes. En effet, l’échelle de compétence étant ce que nous cherchons à définir, nous ne pouvons pas nous en servir ici. De plus la durée d’acquisition des compétences est également inintéressante ici puisque, nous allons le voir plus loin, le BIM management est bien plus souvent une affaire d’expérience (donc difficilement quantifiable) que de formation. Une fois apporté ces précisions, l’outil de fiche de poste retenu répond parfaitement à l’objectif de ce mémoire de donner une image exemplaire de ce que peut-être les compétences d’un BIM Manager.

2- Mise en place du questionnaire A- Protocole pour l’établissement du questionnaire et du choix des personnes

interrogées L’objectif de ce mémoire est donc de dresser la fiche « type » d’un BIM Manager. En fait il est antithétique de parler d’une fiche type puisque par nature, elle est censée représenter une situation bien particulière et propre à une personne. Cependant, nous utiliserons ce terme car il recouvre l’idée de définir à la fois des compétences, des responsabilités et un environnement technique et professionnel comme nous l’avons montré plus-haut. La démarche que nous adoptons est donc de faire le postulat qu’il existe de très fortes similitudes, voire une façon commune de pratiquer le management BIM. 9


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, nous devons établir une analyse qui mettra en parallèle les différentes missions du BIM Manager. La récolte des informations se fera par un questionnaire mis en place en fonction des critères d’établissement d’une fiche de poste que nous avons décrit plus-avant. Christian Batal propose un processus pour établir un questionnaire selon des finalités précises et ensuite en assurer la distribution, la participation, le retour et l’analyse (voir Annexe 5). Ce cycle distingue la finalité des objectifs : la finalité est l’usage que servira la fiche de poste tandis que les objectifs sont les éléments à récolter pour l’analyse. Ensuite il faut organiser les informations à recueillir. Ici, la tâche sera facilitée par la structuration de la fiche de poste. L’enjeu du questionnaire se situe dans l’étape suivante : la « traduction en questionnement précis et formalisé ». Ce qui pose le problème de la nature du questionnaire, qui sera soit fermé, soit ouvert, soit mixte. Cependant il est clair que dans notre cas, vu que l’emploi que nous interrogeons n’est pas du tout codifié, il semble peu pertinent de proposer un questionnaire fermé, ce qui entraverait la bonne compréhension et la justesse de notre analyse. Un questionnaire ouvert serait le plus intéressant pour prendre en compte toute la complexité des différentes situations, cependant on peut craindre que le temps nécessaire pour répondre rebute les personnes interrogées. Il nous faudra donc jouer habilement sur un questionnaire mixte pour obtenir le plus de réponses possible tout en restant suffisamment exhaustif. Dans cette optique de réaliser le questionnaire le moins contraignant possible pour ceux qui y sont soumis, nous utiliserons les services de création de formulaire en ligne de Google Drive, qui permettent aux créateurs de mélanger aisément tout type de question, aux personnes consultées de répondre en plusieurs fois et éventuellement de revenir et modifier leurs choix ; mais surtout cet outil permet de récupérer un fichier sous forme de tableur avec l’ensemble des réponses au questionnaire, ce qui nous fera gagner un temps précieux lors de l’analyse des résultats. Interroger des BIM managers sur leur pratique nécessite donc faire un choix parmi les nombreux professionnels de ce milieu et de limiter le nombre de personne sondées pour que l’étude soit réalisable, tout en restant significative. Il nous faut donc établir des critères qui nous permettent de choisir les exemples les plus remarquables de pratiques du BIM management 13 : -

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il est bien entendu que les praticiens du BIM Management devront exercer en France, sur des projets réalisés dans l’hexagone et donc soumis à une réglementation, à un ensemble de contraintes bien identifiées et comparables ; la face émergée du BIM restant le projet d’architecture, il paraît pertinent de s’intéresser aux constructions réalisées ou en cours de réalisation et qui marquent l’actualité du milieu afin de déceler une pratique innovante du projet par une méthode BIM ; les projets réalisés ou en cours de réalisation devront avoir fait l’objet de retour critique, de publication ou de distinction par des entités ayant autorité dans le milieu ; ces projets seront d’une certaine importance, tant du point de vue du programme, que des coûts et de leurs complexité. Cette dimension économique est importante car elle permet d’intégrer le travail du BIM Manager comme composante dans les honoraires de la maîtrise d’œuvre ;

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D’après : Itaï Cellier, Le BIM pour les nuls, http://www.polantis.info/le-bim-pour-les-nuls/, 14 Mars 2014

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre -

la politique de management BIM de l’entreprise doit être clairement affichée ou revendiquée, mais surtout doit être compréhensible et communicable ; ceci afin que chacun puisse se réapproprier les méthodes employées, les critiquer et les améliorer.

Afin d’avoir une vision précise des missions et des compétences de chaque BIM manager interrogé, le questionnaire portera donc sur les différentes connaissances mises en œuvre sur un de leur projet phare.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre B-

Présentation des protagonistes retenus

Les recherches de professionnels à interroger ont été menées dans le monde du BIM français via des réseaux sociaux (LinkedIn, Viadeo, Amplement), les sites des associations du milieu (BIM-France.fr, Mediaconstruct.fr), des sites spécialisés du secteur du bâtiment (CSTB.fr par exemple) et par la lecture de magazines (Le Moniteur). C’est ainsi que certaines personnes se sont distinguées par la fréquence de leur apparition, leur participation (groupes de discussion ou article) et les nombreuses références qu’ils pouvaient mettre en avant. Quatre personnes se sont distinguées : François Amara est architecte et président fondateur de l’association BIM-France. Il est depuis deux ans BIM Manager chez Majorelle, société française leader en space planning. Avant cela, il a occupé de nombreuses fonctions en tant que chef de projet, chef d’études, mais le plus important ici, CAD et BIM Manager dans plusieurs agences. Il justifie ainsi d’une longue expérience d’architecte et du management des technologies 3D au service de l’architecture. Paul Boireau, ingénieur ESTP, co-fondateur et directeur de BIM Solution Center, pratique le BIM Management en externe des agences d’architecture, il déploie avec sa société des solutions d’accompagnement et de mise en place de méthode BIM pour des professionnels qui n’intègrent pas encore complètement cette façon de travailler, notamment sur de très gros projets. BIM Solution Center a fait ses premières armes en NouvelleZélande, puis à Singapour. Elle travaille maintenant en Australie, aux Etats-Unis et attaque le marché européen avec l’Allemagne et la France. Anis Naroura, architecte et vice-président de BIM France, expert des solutions BIM travaille aujourd’hui principalement comme consultant dans l’implémentation du BIM dans les entreprises de la construction (agence d’architecture, BET, …). Il a participé à de nombreux gros projets d’infrastructures et d’IGH et fait partie de la communauté de développeurs Autodesk©. Rafik Remal, architecte de formation est le gérant R-BIM, membre de l’association BIM-France, il intervient en tant que BIM Manager et expert des solutions BIM pour l’implantation de méthode de travail et logistique BIM dans les entreprises, notamment autour de la solution Autodesk© Revit© Notre choix se limite donc volontairement à un nombre très réduit de protagonistes à interroger. Dans le cadre de notre mémoire, et au vue du travail d’analyse que vont demander les réponses aux questionnaires fournies par les BIM Managers interrogés, nous préférons en effet réduire le panel d’individus sondés. De plus, il prend en compte le fait que cette profession, notamment en France est très récente et a donc peu de représentants. Durant notre travail de listing, nous avons repéré, à première vue, une cinquantaine de BIM Managers. Nous pouvons estimer d’après ce premier recensement, qu’on ne compte pas beaucoup plus d’une centaine de personnes exerçant ce métier dans l’hexagone. La raison à cela est que le BIM est majoritairement méconnu des architectes français et donc n’est pas utilisé, mais également parce qu’il reste l’apanage des grosses agences à cause de sa mise en œuvre complexe et parfois onéreuse.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre C- Questionnaire

L’établissement du questionnaire doit se faire en s’appuyant sur la structure de la fiche de poste mise en place en II.1. et dans le but de récolter les informations les plus précises possibles de la part des personnes interrogées, afin de construire, non pas une idée générale du BIM Management mais bien de proposer un référentiel de compétences de qualité, ce qui se fait de mieux en quelque sorte. Pour cela, nous approfondirons chaque question générale sur le BIM Management par les mêmes questions mais ciblées sur un projet d’envergure auquel ont participé les personnes interrogées. De plus, il nous faut prendre en compte le fait que les personnes interrogées ne sont pas seulement des BIM Managers, ils sont avant tout architecte ou ingénieur. Notre questionnaire doit donc nous permettre de faire la distinction entre ces différentes casquettes. i - Définir le profil Les deux premières parties de la fiche de poste qui sont le nom du poste et l’identité de l’agent intéressent moins notre travail, nous les adapterons sous une forme nous permettant de comprendre le profil professionnel des personnes interrogées. • • • •

Quelle est votre formation initiale ? Quel est votre parcours dans le monde professionnel ? Au sein de l’entreprise (expérience/ancienneté) ? Quel est l’intitulé du poste que vous occupez actuellement ? Avez-vous éventuellement suivi une ou des formation(s) complémentaire(s) pour assurer le rôle de BIM Manager ?

ii – Comprendre l’environnement de travail Les questions suivantes doivent permettre de comprendre dans quel environnement professionnel se situe le BIM Manager, cela nécessite de comprendre les différents acteurs avec lesquels il interagit, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise. • •

• • • •

Pouvez-vous décrire succinctement votre entreprise ? Dans quelle branche de l’entreprise travaillez-vous ? Quelle est sa fonction, ses objectifs ? Depuis combien de temps existe ce service ? Combien de personne le compose ? A qui rendez-vous des comptes ? A qui donnez-vous des directives ? Avec qui sont prises les décisions quotidiennes ? Au quotidien, avec quelles personnes (Maître d’ouvrage, BET, économiste, service public, etc…) êtes-vous en contact à l’extérieur de l’entreprise ? et de façon exceptionnelle (sousentendu sur un projet phare) ?

iii – Les missions et responsabilités du BIM Manager Les missions d’un poste se décomposent en missions principales, qui sont les raisons d’être du poste, et en missions secondaires, qui sont toutes les activités à mener

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre pour accomplir la mission principale. Cette partie doit aussi prendre en compte les contraintes du poste et les responsabilités qui y sont associées. • •

• •

En une phrase, pouvez-vous définir votre poste ? Dans ce cadre : o Quelle(s) mission(s) effectuez-vous au quotidien ? o Quelle(s) mission(s) effectuez-vous de façon exceptionnelle ? o Pouvez-vous les classer par ordre d’importance ? o Pour chaque mission, quelles sont les tâches à mener pour les accomplir ? Au sein de ce poste, quelle place occupe le BIM Management ? En pourcentage de temps, en pourcentage de mission ? Dans le cadre du BIM Management : o Quelle(s) mission(s) effectuez-vous au quotidien ? o Quelle(s) mission(s) effectuez-vous de façon exceptionnelle ? o Pouvez-vous les classer par ordre d’importance ? o Pour chaque mission, quelles sont les tâches à mener pour les accomplir ? Engagez-vous des responsabilités (personnelles et professionnelles) dans l’exercice de votre métier ? Si oui, sur quelle durée et auprès de qui ?

iv – Les compétences du BIM Manager Les compétences du BIM Manager seront classées en trois catégories : Savoir, savoir-faire et savoir-être. A cela nous devons ajouter la fréquence d’utilisation des compétences ainsi que leurs importances relatives. •

Au quotidien, quelles sont les compétences théoriques mobilisées (les savoirs)? (En Architecture, en économie, en gestion de projet, en ingénierie, en ressources humaines et management, en informatique, autres ?) exemple : Connaître le fonctionnement d’une base de données ou encore connaître la législation relative à la profession d’architecte. o Pouvez-vous les classer par ordre d’importance ? Au quotidien, quelles sont les compétences techniques utilisées (les savoir-faire) ? exemple : Savoir utiliser le logiciel X ou encore savoir mener une équipe pluridisciplinaire. o Pouvez-vous les classer par ordre d’importance ? Au quotidien, quelles sont les compétences relationnelles et sociales nécessaires (savoir-être)? Exemple : qualité d’écoute ou encore respect de la confidentialité. o Pouvez-vous les classer par ordre d’importance ? De façon exceptionnelle (sous-entendu sur un projet phare), mobilisez-vous d’autres compétences ?

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre •

Parmi toutes les compétences que vous avez citées, lesquelles sont des compétences dites bloquantes, c’est-à-dire indispensable pour un BIM Manager sous peine de ne pas pouvoir remplir son rôle ?

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

III/ Analyse des résultats : Profils, Missions et Compétences L’enquête réalisée auprès des professionnels du BIM Management a finalement touché un public un peu plus restreint que prévu. Cependant le panel de profils et d’origines professionnels est suffisamment riche et varié pour être intéressant et donner une bonne image de ce qu’est la profession. Les premiers contacts ont été très fructueux en ce qu’ils nous ont permis d’être plus pertinent sur les personnes à interroger et sur la façon de présenter le questionnaire. Ainsi, le questionnaire s’est, dès le premier retour, concentré sur les compétences du BIM Manager, en coupant largement dans la partie du profil des personnes interrogées. Ces dernières informations sont en effet facilement accessibles sur internet sur les pages personnelles des BIM Managers. Il s’est aussi amputé des questions relatives à un projet d’architecture précis sur lequel aurait travaillé le BIM Manager. Cette dernière étant souvent redondante avec les autres questions, elle aurait été plus pertinente lors d’un entretien oral avec les professionnels concernés. De cette façon le questionnaire était bien plus court à remplir et surtout plus simple à analyser. Le nouveau formulaire allégé est le suivant : • • • • • • • • • • • • • •

Quel est l’intitulé du poste que vous occupez actuellement ? Avez-vous suivi des formations complémentaires pour assurer le rôle de BIM manager ? Pouvez-vous décrire succinctement votre entreprise ? Avec quelles personnes êtes-vous en contact au sein de l’entreprise ? Avec quelles personnes êtes-vous en contact à l’extérieur de l’entreprise ? En une phrase pouvez-vous définir votre poste ? Au sein de ce poste quelle place occupe le BIM management ? Quelles missions effectuez-vous dans le cadre du BIM management ? Engagez-vous des responsabilités dans l’exercice de votre métier ? Quelles sont les compétences théoriques mobilisées ? Quelles sont les compétences techniques mobilisées ? Quelles sont les compétences relationnelles et sociales mobilisées ? De façon exceptionnelle mobilisez-vous d’autres compétences ? Parmi les compétences citées, lesquelles considérez-vous comme bloquantes ?

1- Rapprochement et comparaisons de fiches de postes D’après les réponses fournies à notre questionnaire (Disponible sous forme de grille en Annexe 6), nous pouvons donner pour chaque professionnel les fiches de postes ciaprès. Grâce à cette forme clarifiée, il est aisé de comparer les profils des différents BIM Managers et de trouver des typologies de réponses dans chaque catégorie de la fiche de poste (profil, environnement professionnel, missions et compétences).

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

Tableau 1 : Fiche synthèse BIM Manager F. A.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

Tableau 2 : Fiche synthèse A. N.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

Tableau 3 : Fiche synthèse R. R.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

Tableau 4 : Fiche synthèse P.B.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre i-

Le profil du BIM Manager

Ainsi dans les parcours et formations, nous trouvons principalement des architectes ou des ingénieurs. Cette culture commune du monde de la construction est d’ailleurs soulignée par Anis Naroura dans un dossier très complet sur le BIM : « Le BIM manager doit maîtriser les domaines suivants : − le monde de la construction et du processus d’exécution de projet. […] » 14 Cependant, et cela est aussi précisé, le BIM Manageur doit être sensible aux conséquences d’un changement de méthode de travail des professionnels, avoir une bonne connaissance des nombreux outils et techniques informatiques qui sont liés au BIM et être conscient des enjeux tant pratiques qu’économiques lorsqu’une entreprise veut franchir le pas du BIM et s’y installer durablement. Les BIM Managers qui nous ont répondu pour ce mémoire justifient ainsi tous d’une expérience notable dans le domaine de l’architecture (en tant qu’architecte, chef de projet, responsable d’agence, dessinateur, …). Ils ont également une culture importante et appuyée par de nombreuses réalisations d’implémentations réussies des méthodes BIM ; soit de façon ponctuelle sur certains projets d’architecture, soit de façon pérenne dans une équipe de projet ou une entreprise du bâtiment. Cette expérience est largement mise en avant et partagée par ces professionnels grâce aux nombreux blogs, groupes de réseaux sociaux et autres journaux (papiers ou virtuels) spécialisés. Ainsi, les praticiens font avancer par leur retour d’expérience les définitions et les limites encore floues de l’univers du BIM et améliore constamment les méthodes de travail BIM. Cette veille technologique est un trait commun à tous les profils interrogés pour notre mémoire, elle est nécessaire à l’enrichissement et à l’amélioration de la profession. Les formations en France n’existant pas encore, c’est parfois à l’étranger que ces praticiens peuvent faire leurs armes. Dans la plupart des pays anglo-saxons et asiatiques, des formations sont en place pour permettre aux professionnels d’acquérir des bases dans la gestion du BIM dans les entreprises. Ainsi les enjeux (notamment économiques) du BIM sont explicités, mais également la gestion des problèmes (humains ou techniques) qui découlent de l’implémentation du BIM. Pour cela, ils reçoivent entre autres une formation sur les principaux outils techniques qui leur permettront de mener une méthode de travail BIM jusqu’à l’aboutissement d’un projet. Ces formations restent cependant très techniques, et ne sont pas adaptées au contexte législatif et économique français. ii-

L’environnement de travail

Les environnements de travail sont principalement de deux types. Certains BIM Managers sont salariés d’une agence d’architecture ou d’un bureau d’ingénieur et gère au sein de l’entreprise la mise en place des méthodes de travail BIM, les relations extérieures relatives à la maquette numérique et assurent la gestion de cette dernière dans le groupement de la maîtrise d’œuvre. D’autres interviennent comme consultant (soit en tant qu’entreprise de service, soit comme indépendant) et assurent aux entreprises la formation des équipes et le suivi du BIM de façon ponctuelle sur un projet. Dans tous les cas, le BIM Manager a comme interlocuteurs principaux les chefs de projets, auxquels il ne se substitue jamais. Cette relation est nécessaire et permet la naissance et la viabilité d’un projet axé sur des méthodes de travail BIM. En effet, il n’y a pas une unique méthode ou façon de « faire du BIM », celle-ci dépend en fait des objectifs qui sont liés au projet (organisation du projet et des outils, niveau d’implémentation du BIM, type 14

Anis NAROURA, Le point sur… BIM (Building Information Modeling), Le Moniteur, N°5756, 21 mars 2014, cahier détachable

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre de livrable…). C’est donc ce dialogue interne qui permet au BIM Manager de proposer la meilleure procédure de travail. Il peut sur cette base orienter les « techniciens BIM » (qui seraient l’équivalent des dessinateurs CAD) et plus largement, l’équipe de projet amené à utiliser ces nouveaux outils. Le BIM Manager gérant toutes les interactions sur la maquette numérique (voir ciaprès III-1-iii les missions du BIM Manager), il est amené à rencontrer la plupart des acteurs de la maîtrise d’œuvre (Architecte, BET, économiste, géomètre, entreprise de construction, …) ; mais aussi les maîtres d’ouvrage, pour de la visualisation mais surtout lors de la remise de la maquette finale, une fois la construction achevée, afin de permettre la gestion de patrimoine. iii-

Les missions du BIM Manager

Ce qu’il faut tout d’abord noter, au vu des profils et des réponses, c’est que le BIM management n’est pas nécessairement une activité à part entière. En effet, selon que le BIM Manager soit salarié ou en freelance, peuvent venir s’ajouter d’autres missions d’architecture, d’ingénierie ou plus généralement de gestion d’entreprise. Nous avons pu voir au travers des réponses à notre questionnaire que les missions et responsabilités du BIM Manager sont très nombreuses. Même si la profession est axée sur des bases communes, la pratique professionnelle diffère selon les protagonistes, leur profil et leur environnement professionnel. Ainsi l’éventail de missions couvert par ce qu’on appelle aujourd’hui le BIM Management est large et ne se limite pas à la mise en place et à la gestion des moyens informatiques (logiciels et matériels) et financiers nécessaires à la production d’un projet en BIM. Les BIM Managers sont amenés à assurer la mise en place d’un protocole, d’une méthode de travail afin d’optimiser l’usage de outils BIM. Ce plan d’exécution du BIM (traduction du concept de « BIM execution plan », très utilisé à l’étranger), ou convention BIM, doit définir les objectifs et les moyens mis en œuvre pour assurer le BIM. Cela se traduit par une phase très amont dans le projet avec la création dans des logiciels adaptés d’une base de travail saine. Cela implique l’élaboration de gabarits de travail qui sont, en somme, des chartes de représentation graphique et de normalisation de l’environnement logiciel pour assurer l’homogénéité et la cohérence des documents produits. A cela s’ajoute l’arborescence de la maquette numérique c’est-à-dire son organisation et qui reflète généralement la structuration de la construction du projet. Enfin, et comme chaque projet est nécessairement unique, le BIM Manager doit enrichir les possibilités de modélisation du projet par la création de bibliothèques d’objets numériques (par exemple : mobilier, élément de finition et d’aménagement) et de contenus spécifiques (par exemple : typologie de mur et de matériau de construction) pour répondre au programme. Le BIM Manager est avant tout le responsable de la bonne collaboration des acteurs du projet autour de la maquette numérique, en véritable administrateur, il gère l’accès à celle-ci par les parties prenantes du projet en veillant à ce que les actions des uns n’interfèrent pas avec les actions des autres. Ainsi il est à même de résoudre les conflits et interférences des éléments au sein du modèle, ce qu’on appelle les collisions, via des outils adapté (voir III-1-iv). Pour cela il doit s’assurer de l’intégrité du modèle partagé qui peut comporter des erreurs ou des incohérences. En effet, les acteurs du projet utilisent des solutions logicielles différentes pour assurer leurs missions (architecte, ingénieurs ou BET divers) et il est courant que des éléments de la modélisation soient mal interprétés d’une plateforme à l’autre et conduisent à des erreurs ; parfois grossières comme la hauteur d’un mur, mais pouvant devenir très gênante notamment lors de l’analyse du modèle à des fins thermiques ou structurelles. Le BIM Manager est en charge de la bonne transmission des données relatives à la maquette (Workflow) et de la sécurisation de ces flux, tout au long du projet. Il assure 22


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre l’extraction des données de représentation du projet d’architecture (Plans, coupes, élévations, etc…) à partir du modèle commun BIM en fonction des phases d’avancement, puis la remise de la maquette numérique au maître d’ouvrage. Toutes ces données lui permettent également de s’assurer du bon déroulement du projet dans le temps et du point de vue financier, tant pour les commanditaires que pour les maîtres d’œuvre. Cette partie très pratique du métier a un penchant théorique et pédagogique important. En effet, les équipes amenées à travailler en BIM doivent non seulement changer d’outils, mais aussi de méthodes de travail collaboratif. Le rôle du BIM Manager est ici essentiel puisque c’est lui qui s’assure que chaque personne ait les outils et acquière les connaissances nécessaires pour mener à bien le projet. Il doit donc tout d’abord réaliser un audit des moyens déjà en place et de l’étendue de ses connaissances théoriques et pratiques du BIM. Suite à ce diagnostic, et en accord avec les objectifs définis en amont, il peut orienter, améliorer les processus de travail existant, voir en proposer des nouveaux. Cette pédagogie passe nécessairement par des sessions de formation des équipes assurées par les BIM Managers dont l’objectif est de sensibiliser aux méthodes du travail collaboratif autour de la maquette numérique, aux enjeux du BIM dans la maîtrise d’œuvre et plus largement dans l’industrie de la construction. iv-

Les compétences du BIM Manager

Si l’on s’en tient aux définitions établies dans la première partie, les compétences peuvent être des savoirs (théories), des savoirs faire (techniques et pratiques) et des savoirêtre (relationnel). Nous avons cependant noté dans les réponses obtenues qu’il était parfois compliqué dans ce domaine de distinguer à quelle type de compétence pouvait se rattacher un savoir. Les compétences théoriques mises en œuvre dans l’exercice du BIM management et soulignées par les professionnels interrogés font tout d’abord appel aux connaissances propres aux métiers de la construction, principalement celles des architectes et des ingénieurs. Parmi elles, les connaissances de bases de la gestion de projet qui permettent de comprendre le jeu d’acteurs au sein de la maîtrise d’œuvre sont essentielles au BIM Manager afin notamment de hiérarchiser l’accès à la maquette numérique. La connaissance de l’environnement législatif d’un projet d’architecture et du montage d’une opération est également essentielle. Un des objectifs du BIM étant la réduction des coûts de la construction par une anticipation des pertes éventuelles liées à la mise en œuvre, des notions d’économie sont requises, mais surtout de l’organisation d’un chantier, puisque le BIM Manager doit en assurer la planification au travers de ces outils de revue. Mais encore une fois, tout dépend du mode d’exercice du BIM Management. Dans l’ensemble les BIM Managers s’accordent sur l’importance de savoir gérer les conséquences de l’implémentation du BIM dans un projet, une entreprise, d’être capable d’accompagner ce changement tant au niveau financier pour l’entreprise qu’humain avec la capacité de former les intervenants. Pour cela, il est nécessaire de connaître les méthodes de travail que l’on pourrait qualifier de classiques afin de proposer de façon pertinente une méthode de travail BIM qui soit adoptable dans les meilleures conditions. Les savoir-faire sont dans l’ensemble les mêmes quel que soit le profil. Connaître et pratiquer les principaux logiciels de maquette numérique est évidement essentiel, il faut cependant maîtriser leur logique et leur architecture (base de données) pour les exploiter au mieux. Mais les compétences informatiques ne s’arrêtent pas là, de nombreux autres logiciels peuvent être nécessaires à un BIM Manager, comme des logiciels de contrôle et de gestion de projet mais également des logiciels de visualisation et de rendu qui permettent une communication efficace avec la maîtrise d’ouvrage. La finalité étant d’être capable d’exploiter les données fournies par ces différents logiciels à la fois pour transmettre des documents d’architecture mais aussi pour vérifier et planifier très en amont le bon 23


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre déroulement de la construction. La maîtrise large des palettes d’outils informatiques proposées par les différents éditeurs de logiciel est essentielle pour le BIM Manager. Cela lui permet d’intervenir de la façon la plus pertinente en fonction de chaque projet, chaque programme, chaque client, dans l’optique d’améliorer les méthodes de travail et la rentabilité des logiciels. Dans cette logique, il est d’ailleurs nécessaire pour le BIM Manager de connaître les outils classiques de CAO, afin d’accompagner au mieux la transition vers le BIM mais aussi parce que le dessin 2D reste essentiel tant pour les esquisses que pour les vues de détails. Avec toute cette logistique, il est essentiel pour le BIM Manager de maîtriser les problématiques de l’interopérabilité des outils informatiques et des échanges de données. Pour cela, il doit être à même de mettre en place toutes les procédures pour le bon déroulement du travail collaboratif. Dans cette profession toute nouvelle, les savoir-être ou compétences relationnelles sont essentielles. En effet, les méthodes de travail BIM change fondamentalement le quotidien professionnel des personnes concernées. Faire accepter le BIM demande une certaine pédagogie, beaucoup d’écoute et de communication de la part des BIM Managers. La complexité inhérente à la mise en place de la maquette numérique exige que les consignes soient claires et précises en ce qui concerne l’usage des outils. Le BIM Manager doit être vigilant et contrôler le respect des étapes d’implémentation des méthodes BIM dans le projet, sous peine de voir échouer cette intégration. De plus l’informatique, même largement popularisée et employée dans le monde professionnel est parfois difficile d’accès pour certaines personnes, bienveillance, adaptabilité et pédagogie sont donc parfois de mises en ce qui concerne le BIM Management. La maquette numérique faisant la synthèse de tous les intervenants du projet, le BIM Manager doit être capable de fédérer la maîtrise d’œuvre autour de celle-ci, parfois d’user de négociation afin que chacun puisse s’y retrouver. La maquette numérique est une expression graphique et visuelle d’une base de données riche et complexe, cette dernière contient parfois des informations financières qui peuvent être sensibles et qui nécessite de la part du BIM Manager une certaine confidentialité. Nous constatons donc que les compétences se recroisent bien souvent. Ainsi le savoir lié à l’univers du BIM va rarement sans une pratique assidue de l’ensemble de ses composantes. Les compétences mises en œuvre par le BIM Manager ne sont en fait pas dissociables des missions qu’il exerce. Ainsi un BIM Manager salarié ou un consultant ne seront, par exemple, pas amenés à développer et à utiliser les mêmes compétences ni les mêmes méthodes de travail, puisqu’ils n’interviendront pas forcement au même moment du projet et n’auront pas tout à fait les même interlocuteurs.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

2- Synthèse des missions et compétences du BIM Manager

Tableau 5 : Fiche synthèse Métier

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre L’ensemble des réponses fournies nous a permis de comprendre l’étendue du domaine d’intervention du BIM Manager et son implication dans la maîtrise d’œuvre à toutes les étapes du projet. En cela, il est difficile de proposer une fiche de poste à proprement parler puisque l’ensemble des tâches à accomplir pour remplir une mission est tellement large qu’il est plus intéressant et plus pertinent de proposer un document général, une fiche métier. Elle est une synthèse abordable et explicite pour comprendre le rôle du BIM Manager au sein de la maîtrise d’œuvre. Celle-ci n’a pas pour vocation d’être exhaustive quant aux compétences mobilisées, puisque nous les avons largement développées plus avant.

3- L’architecte et le BIM Management

Ce que nous avons constaté au fil de notre analyse, c’est que le nouveau rôle de BIM Manager tend à prendre une place considérable dans la maîtrise d’œuvre. Il est en passe de devenir le nouveau chef d’orchestre lorsqu’il a à intervenir sur un projet. Le BIM est encore loin d’être généralisé en France et l’intervention du BIM manager se fait principalement sur des projets de très grande ampleur. Cette profession est donc peu représentée au sein des agences d’architectures. Le coût de l’implémentation des méthodes et de la logistique du BIM nécessite un investissement important de la part des entreprises qui en font le choix. Le BIM management a donc plutôt tendance à s’externaliser et à être proposer comme un service par des sociétés de consulting spécialisées. En effet, proposer une offre complète de compétences à un public le plus large possible est pour l’instant le moyen le plus sûr de rentabiliser ce nouveau segment d’activité. Ainsi les entreprises d’architecture et les bureaux d’ingénierie de moyenne taille peuvent accéder aux bénéfices du BIM et s’ouvrir à un marché de gros voir très gros projets. Il ne faut cependant pas penser que ces sociétés livrent un BIM « clé en main ». Nous l’avons montré plus avant, le rôle de formateur est très présent et même indispensable pour réussir une intégration même ponctuelle du BIM dans une entreprise. L’architecte qui était pendant longtemps l’élément central de la maîtrise d’œuvre, véritable coordinateur du projet, voit peu à peu ses missions lui échapper. En effet le monde de la construction s’est largement complexifié en quelques années. En cause on peut citer l’augmentation des lois, normes et contraintes qui viennent peser sur l’architecture. Pour parer à cela, le nombre d’experts à même de résoudre et de synthétiser ces nouvelles problématiques a largement augmenté. L’architecte délègue donc de nombreuses missions, et par là quelques une de ces compétences, à un panel d’acteurs qui gravitent autour du projet. Le jeu d’acteurs se complexifie ainsi considérablement et l’architecte tend à devenir un corps d’état de la maîtrise d’œuvre au même titre qu’un autre. Au-delà des nouvelles méthodes de travail induites par le BIM, son rôle comme méthode de gestion des inters acteurs du projet est essentiel dans cette nouvelle complexité, puisqu’il devient l’élément fédérateur dans le projet. C’est là que se pose la question essentielle de la position de l’architecte par rapport à la maîtrise de ce nouvel outil. Dans le vaste univers du BIM il y a une place centrale à prendre pour l’architecte s’il veut rester dans la course. 26


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre Nous avons vu que le BIM Management, par sa complexité et sa richesse, peut-être considéré à lui seul comme un métier. Les missions sont très particulières, à la limite entre la gestion de projet et l’administration de systèmes d’informations. Néanmoins, les compétences qui ont été évoquées par les professionnels interrogés ne sont pas du tout étrangères à celles mises en œuvre par les architectes dans l’exercice de leur métier. Si l’on reprend les compétences établies précédemment, un certain nombre fait déjà partie de la palette d’outil qu’utilise l’architecte. En effet, lors de sa formation (principalement en deuxième cycle) le futur architecte acquiert déjà des bases théoriques de la gestion de projet et de l’environnement législatif et juridique du métier d’architecte. Il est en effet amené à étudier les jeux d’acteurs de la maîtrise d’œuvre, il appréhende des notions d’économie de la construction mais également du droit et des relations contractuelles. Par la suite, l’architecte en exercice est quotidiennement confronté à cette facette de son métier. La compréhension des complexités et subtilités inhérentes vient aussi avec l’expérience acquise auprès des architectes et professionnels de la construction. Cette expérience est nécessaire pour l’enrichissement de la culture constructive et pratique que l’étudiant en architecture a exploré au cours de ses études. De par l’enseignement de projet qui nécessite un réalisme technique, mais également grâce à des initiations aux questions structurelles, acoustiques et thermiques. Ces connaissances, largement soulignées comme indispensables au BIM manager permettent d’utiliser au mieux les outils de représentation et d’analyse. L’architecte, dans sa pratique quotidienne et avec suffisamment d’expérience, est amené à gérer des équipes de projet, à organiser et planifier un chantier et à fédérer la maîtrise d’œuvre autour du projet. Cette compétence de véritable manager est partagée par de nombreux chefs de projet et directeurs d’agence. En se référant la fiche métier du BIM manager, on constate donc que l’écart entre les compétences du BIM Manager et celles de l’architecte n’est pas insurmontable. A cela, nous pouvons ajouter que les architectes étant aujourd’hui (quasiment) tous informatisés, ils ont développés des méthodes et des processus de travail adaptés à ces outils. La contrainte est bien évidement économique lorsqu’il s’agit de muter d’une technologie à une autre et même si les mentalités sont bien ancrées dans la CAO, le processus d’intégration est tout à fait connu de la plupart des agences d’architecture. Le fossé qui existe certainement et qui rend difficile les transitions réside dans le fait que la CAO était une transcription littérale à l’informatique des méthodes de dessin manuel qui ont toujours fait le métier et les compétences de l’architecte, tandis que le BIM est une modélisation de données physiques, une simulation à des fins d’analyse du projet d’architecture. Ce changement de mentalité et de méthode de travail préfigure le passage, pour la majorité des architectes, d’une activité et d’un mode de production artisanale à un mode de production industriel, plus en phase avec la réalité, notamment économique, de la construction.

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre

IV/ Conclusion

Dans ce mémoire nous avons pu appréhender la notion de mission et de compétences puis de traiter d’un des métiers émergents du monde de l’architecture et qui est amené à devenir omniprésent dans quelques années : Le BIM Manager. Nous avons pu, grâce à la participation de certains de ces professionnels, établir un premier aperçu des missions du BIM Manager mais surtout une base pour nous permettre de comprendre les compétences mises en jeu dans ce métier. Le questionnaire, après une adaptation conséquente, était suffisamment ouvert pour permettre à chacun de décrire son métier. Le panel de personnes interrogées, même suffisamment varié dans les profils, n’était pas du tout aussi important que prévu. Nous escomptions deux à trois fois plus de réponses, ce qui nous aurait permis de proposer un référentiel des missions et compétences bien plus exhaustif et donc plus juste. Nous aurions aimé rencontrer un ou deux BIM Managers afin de recueillir le sentiment de professionnels sur ce milieu en développement et pour construire une réflexion plus pertinente et plus fine sur son évolution. Cependant nous pouvons dire que le travail effectué nous a au moins permis d’appréhender les possibilités et les limites du rapprochement des fonctions de l’architecte et de celles du BIM Manager. Les enjeux sont importants et les barrières qui se posent entre ces deux métiers devront à l’avenir se lever pour assurer, à notre avis, la pérennité du rôle de l’architecte. En cela, il nous semble que la solution la plus pertinente se trouve dans la formation initiale des architectes. Si le BIM management nécessite beaucoup d’expérience, il est impératif de s’armer d’un bon bagage théorique bien en amont et d’acquérir tôt une sensibilité aux problématiques inhérentes à l’intégration du BIM. Les jeunes architectes sont donc un vivier intéressant pour apporter rapidement des nouvelles méthodes de travail et la maîtrise de nouveaux outils. L’intégration du BIM n’est pas pour autant majoritaire aujourd’hui dans les agences d’architecture, loin de là. Les exemples concrets d’usage du BIM et d’application des méthodes de travail qui y sont liées ne sont pas légion en rapport avec le nombre de projets de construction qui voient le jour chaque année. Nos lectures ainsi que les résultats de notre analyse nous ont montré que la maquette numérique est loin d’être infaillible et qu’aujourd’hui, de nombreux problèmes restent à résoudre pour mettre en place une véritable interopérabilité autour du modèle BIM. L’avènement du BIM Manager est donc loin d’être venu. De plus, dans les années à venir, d’autres métiers seront amenés à se développer autour de la maquette numérique ; ainsi les techniciens, coordinateurs et autres experts BIM accompagneront et encadreront la pratique du BIM Manager. Ces nouveaux métiers de l’interopérabilité auront une place à prendre au cœur de la maîtrise d’œuvre, tout l’enjeu est de savoir s’ils seront un corps d’état à part entière et donc une ligne de plus d’honoraires pour le maître d’ouvrage ou bien s’ils se grefferont sur les professionnels déjà existants pour améliorer l’offre de services. De ce positionnement découlera la démocratisation ou non pour les petites et moyennes entreprises d’architecture de la maquette numérique. En effet, on peut se demander si les coûts et les moyens logistiques à mettre en œuvre pour le BIM sont accessibles aux petites structures. Le concept de « Low hanging fruit » venant du monde du 28


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre business et de l’industrie est une métaphore intéressante pour décrire les premiers objectifs à atteindre pour une entreprise nouvelle sur un marché. Il s’applique notamment aux plus petites d’entre elles. A l’avenir, nous aimerions profiter des connaissances acquises grâce à notre travail pour étudier cette part de l’industrie BIM et proposer des solutions viables et pérennes pour les plus petites agences d’architecture souhaitant franchir le pas de l’intégration de cette nouvelle technologie. Ce mémoire a été pour nous la possibilité d’élargir notre point de vue au-delà de nos connaissances a priori de ce milieu. Ainsi, nous avons vu que le BIM constitue une mutation technologique et logistique. Il bouleverse les modes de représentation et les façons de travailler. Il tire son fonctionnement des procédés de conception industrielle et en ça, il est primordial pour l’architecte de s’en saisir afin de faire face efficacement au modèle économique actuel. Mais le BIM remet également en cause le contexte normatif et législatif. En effet les étapes de la production architecturale imposée par la loi MOP sont quelque peu en décalage avec les façons de concevoir le projet d’architecture permises par le BIM. Le modèle américain s’est très bien saisi de ce problème et a mis en place des niveaux de développement (LOD) correspondant à des étapes d’avancement de la construction de la maquette numérique. Après le travail que nous venons de faire, cette question et les enjeux autant politiques qu’économiques qui y sont liés nous paraissent fondamentalement intéressants, mais particulièrement sensibles et délicats.

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Bibliographie

Batal C. La gestion des ressources humaines dans le secteur public, 1997, Paris ,Les éditions d’organisation TARDIF Jacques, L’évaluation des compétences, 2006, Montréal, Les éditions de la Chenelière

Webographie www.mediaconstruct.fr www.bim-france.fr www.cstb.fr www.polantis.info http://codebim.com http://www.cad-magazine.com www.lemoniteur.fr http://fr.scribd.com/doc/76835106/BIM-The-Summary-of-a-Long-History http://www.architectureresearchlab.com/arl/2011/08/21/bim-history https://www.linkedin.com/groups/Pratiques-BIM

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Annexe

Annexe 1

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Annexe 2 32


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Annexe 3

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Annexe 4

Annexe 5 34


BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre Annexe 6 : Réponses au questionnaire Quel est l'intitulé du poste que vous occupez actuellement? -Consultant BIM Indépendant -technical director -Architecte BIM manageur -Bim Manager Avez-vous suivi des formations complémentaires pour assurer le rôle de BIM Manger? -J'ai entrepris une certification en tant que Bim Manager à Singapour -Elles n'existent pas encore en France -Non -Etudes : Architecturales, Managériale, technologiques (logiciels et matériel informatique)voir mon CV online sur doyoubuzz.com Pouvez-vous décrire succintement votre entreprise? -Leader en space planning -Je suis consultant en Freelance. Je travaille pour des architectes ainsi que des BET -X-XXX est une entreprise spécialisée dans la délivrance de services de consulting dans le domaine du BIM Conseil en stratégie BIM: -BIM Management -Personnel qualifié -Infrastructure nécessaire pour réussir l'implémentation BIM-Revit Revit Implémentation: -Guide et Protocoles -Normes -Procédures -Best Practices Création de bibliothèque de composants -Accompagnement Client, (sur place / à distance) -Création de stratégie de Formation / Formation Revit Consulting Projets: -Travailler la main dans la main avec le client afin de déterminer la stratégie appropriée pour chaque projet et pour chaque phase. -Réalisation de plans d’exécution BIM. -Documentation de maquettes numériques -Création et Gestion de process BIM -Coordination Projet multidisciplinaire (Détection de conflits, réalisation et analyse de rapport de conflits ) -Audit de maquettes Revit Création de composants et de bibliothèque objets -Acccompagnement des équipes de production -Spécialisée dans les services et conseils pour optmiser les projets de construction Avec quelles personnes êtes-vous en contact au sein de l'entreprise? -Project managers et direction -La direction de projet et les collaborateurs de la maquette numérique -avec tous les participants au projet ainsi qu'avec les preneurs de décisions directeur d'agence, chef d'agence... -Directeur & chef de projet. Projeteurs Partenaires projets. Avec quelles personnes êtes-vous en contact à l'extérieur de l'entreprise? -Maitrise d'ouvrage, maitrise d'œuvre, entreprises de construction, facility managers -MO Architectes BET -BET, Maître d'ouvrage délégué, AMO, -économiste, rétroconcepteur-géomètre, BIM management entreprise générale Selon la nature, la taille et le montage juridique du projet, il peut y avoir plusieurs scénarios. En une phrase pouvez-vous définir votre poste? -implantation et management du BIM dans l'entreprise -Le Bim Manger fait office de chef d'orchestre en matière de BIM à l'échelle du bureau et/ou du projet. Consultant BIM indépendant garantir la bonne livraison des projets avec la qualité et les délais prévus

Au sein de ce poste, quelle place occupe le BIM Management? -une place importante à hauteur de 50% de mon temps -50% -il est entre la DSI et la direction de projet et ne substitue jamais à cette dernière

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre Quelles missions effectuez-vous dans le cadre du BIM Management? - Création d'une équipe avec mise en place des formations si nécessaire S'assurer des moyens techniques Contrôle des ressources financières et du planning Mise en place de la gestion des dossiers et des chartes du projet Mise en place de gabarit de projet, arborescence de la maquette, Intégration du programme dans la maquette Gestion des droits sur les modèles ou sur la maquette Bibliothèque d'objets spécifiques au projet Création des tableaux nécessaires - Mise en place de stratégies BIM Création et optimisation de process BIM Création de Guides BIM Rédaction de procédures et de bonne pratiques Formation et accompagnement des équipes de production affectés au projet Coordination des différentes maquettes des différents corps d'état Création de composants spécifiques au projet (objets de bibliothèque) ... - Implémentation du BIM Gestion des maquettes numériques Veiller à la production des livrables BIM Interface avec l'équipe projet Création de contenu spécifiques Programmation - Identifications des objectifs BIM audit des partenaires Élaboration du BIM exécution plan Implémentation du BIM exécution plan Management des opérations Engagez-vous des responsabilités dans l'exercice de votre métier? - Ma responsabilité professionnelle est engagée quand il s'agit de délivrer des process, méthodes, techniques qui serviront dans la production et dans le contrôle qualité. et ceci pour toute la durée de ma mission - Responsabilité civile Financière dans certains pays Pendant la durée du projet Auprès de notre client signataire du contrat - Le BIM manageur salarié est sous la responsabilité de l'entreprise. Dans l'exercice de consultant la MAF par exemple n'a pas encore proposé d'assurance spécifique pour le BIM management. Je vérifierai cela. - Etant donné qu'en France "Bim manager" est un nouveau rôle en apparition, la question de responsabilité et risques liés à ce rôle restent encore à définir de manière précise. En général la responsabilité civile est engagée. Quelles sont les compétences théoriques mobilisées? - Connaître le monde de la construction ainsi que le déroulement d'un projet. - Processus classique de travail et de collaboration - Processus de travail et de collaboration en BIM - Flux, qualité et sécurité des données L'interopérabilité - Savoir gérer l'impact du travail en BIM sur les utilisateurs etc.. - Ingénieur ou architecte. Savoir analyser une situation et élaborer des solutions - Participer à la rédaction de la convention de maîtrise d'oeuvre pour le volet BIM - Mettre en place la charte graphique, la gestion des dossiers et des documents, la nomenclature, l'arborescence dans la maquette numérique, les bibliothèques d'objets, pour le compte de l'agence ou de l'entreprise en charge du BIM management mais aussi pour l'ensemble de la maîtrise d'oeuvre. - S'assurer de la capacité de chacun des maîtres d'oeuvre à mettre en place la maquette numérique, il conseillera-accompagnera les changement nécessaires (formation, équipement, direction) - Suivre la gestion financière du projet dans son volet BIM, en particulier lorsque ce procédé est nouveau pour l'entreprise ou que le nombre de projet est restreint, mode de financement du changement - Amener l'ensemble des données de l'ouvrage à l'exploitation de celles-ci par le Maître d'Ouvrage ou le gestionnaire de patrimoine. -Connaissance métier (Architecture, ingénierie (structure, fluide et électricité...sans en être spécialiste L'Expérience dans la production afin de connaitre les contraintes de cette dernière -Connaissances technologiques (informatique): logiciels et matériel -Connaissances juridiques et de montage de projet (loi MOP, les PPP,...) Quelles sont les compétences techniques mobilisées? - Compétence sur les outils de pilotage, les formats d'échanges - Compétence sur les outils de gestion des données - Connaissance des familles d'outils chez les 3 éditeurs - Compétence sur les outils de gestion de projet (coût et temps), gestion de l'équipe et des tâches - Connaître le fonctionnement et savoir exploiter une base de données. - Savoir mettre en place et exploiter l'information dans le modèle BIM. - Gestion des problématiques liées à l'échange de données. - Savoir utiliser un logiciel de revue de projet. - Savoir contrôler le contenu d'une maquette numérique. - Savoir mettre en place les procédures de collaboration. etc.. -les outils de production comme Autodesk Revit -Les outils de contrôle de la qualité de production comme Navisworks et Design Review. -Les outils de visualisation comme 3dsMax et Show Case -Les outils de detailing et de dessin 2D comme Autocad -Les problématiques d'interopérabilité entre les différentes technologies et solutions logiciels sur le marché. -Mettre en place et gérer une plateforme collaborative afin de partager d'une

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BIM Manager, missions et compétences d’un nouvel expert de la maîtrise d’œuvre manière sécuriser les données entre les différents intervenants projet se trouvant dans différents site, et surtout garantir une parfaite traçabilité des échanges et dépôts et ceci durant toute la vie du projet. -Compétences de base de modélisation Project management Compréhension des contraintes de la construction Quelles sont les compétences relationnelles et sociales mobilisées? -Un bon contact avec les gens Un bon niveau d'élocution Un bon niveau de rédaction Un bon sens de négociation Savoir résoudre les conflits - Savoir fédérer une équipe. - Savoir gérer l'impact du BIM sur les utilisateurs en particulier les plus réticents au passage au BIM. -Écoute Communication Claire et précise Réactivité Adaptabilité Confidentialité -Fédératif - Collaboratif - Organisation - Contrôle - Bienveillance De façon exceptionnelle, mobilisez-vous d'autres compétences? -Contrôle du support informatique, réseau, serveur, bande passante intra et inter-entreprise -Trouver les bons interlocuteurs sur le marcher pour des tâches qui nécessitent des compétences autres que les miennes pour mener ma mission à terme, comme le développement d'applications complémentaires et création de passerelles entre solutions technologiques. -Conseils de design Parmis les compétences citées, lesquelles considérez-vous comme bloquante pour un BIM Manager? -élaborer des solutions adaptées au projet -la vision globale, la bonne compréhension des mentalités, des pratiques métier et des nouvelles technologies -collaboratif -Si le Bim Manager ne dispose pas de la connaissance du monde de la construction et de l'exécution de projet, s'il ne dispose pas des compétences nécessaires en matière de gestion de l'information il ne pourra pas jouer son rôle d'une manière efficace. Avez-vous des remarques, des suggestions sur ce questionnaire? -C'est un questionnaire qui donne à réfléchir sur son travail, merci. -non pas vraiment, bonne continuation !

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