Espaces de vies, Espaces publics, Enjeux sociaux et spatiaux, fondements de la rénovation urbaine

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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Travail personnel de fin d’études

EspacesE de vies,

spaces publics

Enjeux sociaux et spatiaux, fondements de la rénovation urbaine des kartyés SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon dans la commune du Port à la Réunion Diplôme paysagiste DPLG - 2016 Maud Nunez encadrée par Michel Boulcourt et Yves Hubert

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille - Séminaire matérialité

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- «Komen i lé ? - La Réunion lé la !»

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Remerciements J’adresse mes remerciements en premier lieu aux personnes qui m’ont fait découvrir la Réunion, son histoire heureuse ou douloureuse et la richesse de sa culture. Parmi elles, Clément Aquilina paysagiste conseil au CAUE de la Réunion, Emmanuelle Payet, architecte chargée d’étude au CAUE également pour leur accompagnement et avoir répondu à mes questions. François Guiot urbaniste, Catherine Morel, architecte tout deux directeurs successifs du CAUE pour les échanges que nous avons eu concernant l’urbanisme à la Réunion. À Gilberte Labache, documentaliste au CAUE pour m’avoir aidée dans mes recherches bibliographiques. Merci à Ariane, Michelle, Sergine, Stéphanie, Catherine A. Je remercie également les professeurs qui m’ont encadrée, encouragée cette année Yves Hubert, Annie Tardivon, Philippe Thomas, Armelle Varcin et Michel Boulcourt. Merci à Sylvain Flipo, paysagiste conseil de La Réunion, et Monsieur Zephy, urbaniste à Agence Up pour leurs conseils et m’avoir apportés leurs points de vue sur le projet de rénovation urbaine de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon. Merci à Chritophe Gaermynck, chef de projet ANRU au Port et à Florence Desnot responsable de la direction de l’Aménagment du Territoire à la ville du Port pour les échanges et les informations qu’ils m’ont apportés. Merci, au service SIG du Territoire de la Côte Ouest pour m’avoir donné les cartographies informatiques et appris à manipuler QGIS. Merci à Leu Réunion, agence d’architecture et de paysage à la Réunion pour leurs conseils.

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Merci aux personnes avec qui j’ai échangé cette année autour du thème de la rénovation urbaine, Pierre Bernard, chef de projet Pile Fertile, Loïc Julienne, collaborateur de Patrick Bouchain pour les projets de rénovation urbaine à Roubaix et Boulogne sur Mer. Merci, à Paul Pernice et à Laurence Siegel pour leur soutien cette année, avoir relu cette plaquette ci présente, mention spéciale pour les arbres Paul! Merci, à Dimitri Seldonne, étudiant à l’ITIAPE Lille pour ses conseils sur l’aménagement paysager en milieu désertique tropical. Enfin merci aux habitants des kartyés de Voie Triomphale, Lepervenche, Vergez, SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon pour leur accueil, m’avoir permise de les saisir dans leur moments de vie quotidienne malgré leur réticence à être photographiés (pour des raisons de confidentialité) et ce qu’ils ont apporté à ce travail personnel de fin d’études et à moi-même.

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« Les Réunionnais descendent des «Blancs», des «Noirs», des «Métis», des «Petits - Blancs» et des milliers d’immigrés: indiens, musulmans, chinois,... Paradoxalement , on leur enseigne que leur passé est uniquement celui de la France, celui des Gaulois et non celui des esclaves, du peuple africain, asiatique indien ou musulman. Or qu’est ce être «Créole» ? (...) Pour chaque réunionnais créole signifie mélange mixité. Car au fond d’eux mêmes chinois, z’arabes, malbars, cafres,... se sentent créoles dans la manière de vivre, de penser de parler... Quand on doit se référer à la «créolisation» de son espace, il ne s’agit pas de faire de l’architecture créole avec des répliques des cases d’antan, des toitures en pente, des lambrequins... Ce n’est pas en imposant un folklore, une pâle image de son histoire et de son style de vie, qu’on réussit à imposer sa culture face à la «banalisation occidentale». L’identité culturelle ne se trouve pas dans l’apparence, dans une technique particulière de construction... Mais c’est un état de fait, une façon de vivre, une manière de penser que nul autre que colonisateurs et colonisés ne peuvent connaitre.»

Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, Le Port une identité une image un projet, travail personnel de fin d’étude, Université de la Réunion, juillet, p.169

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Avant propos Le paysage, à l’inverse de la nature est issu de la culture. La culture, fruit de l’humanité, de son évolution et de son occupation du territoire est directement liée à la population, aux sociétés. Le paysage n’est pas seulement une donnée géographique, un tableau, un territoire délimité par des frontières naturelles, c’est d’abord un lieu, un site habité dont sa connaissance, ses pratiques, son écosystème sont reconnus, nommés et caractéristiques par ses habitants. À l’heure des crises sociales, de la montée de l’individualisme et des inégalités parmi la population mondiale, le paysagiste, l’architecte, l’urbaniste ne doit il pas se poser des questions fondamentales vis à vis de ceux pour qui il aménage, construit, restaure? Le réchauffement climatique, le bouleversement planétaire des écosystèmes ne remet pas en cause l’existence de la planète mais bien la place de l’Homme et de ses modes d’habiter, de vivre, de produire dans un territoire donné, un paysage.

1 / Guillaume Faburel, cité in Bénédicte Martin, Les écoquartiers ne sont pas vraiment écologiques, 20/03/2014, www. reporterre.net 2/ Michel Onfray, Principes de conte-renardie, cité in Patrick Bouchain, Construire autrement Comment faire? , ed. Actes Sud, coll. L’impensé, octobre 2006, p131

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Aujourd’hui, nous parlons d’écologie, de développement durable, de COP 21 mais qu’en sera t-il demain? Le terme «eco» associé à économie ou écologie reste encore au regard des politiques territoriales parfois un faire-valoir électoraliste, l’apposition d’une banderole verte sur des perspectives enchanteresses de quartiers verts et utopiques. Par faute de temps, peur d’innover, nous continuons à construire, appliquer des modèles architecturaux industriels sur tous sites et à tracer des axes de circulations dédiés à la voiture comme l’abandon du projet tram-train à la Réunion pour la construction de la nouvelle route du littoral. Nous continuons l’étalement urbain donc, oui mais davantage planté, et avec une esthétique du bio, du naturel pour donner bonne conscience aux élus, au promoteurs immobiliers et donner l’illusion d’une construction bien veillante aux habitants. La construction montre la capacité d’agir des élus, mais derrière le bois persiste le béton.


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Comme l’illustre les nombreuses critiques du projet d’éco-quartier, Écosité «Montpellier vers la Mer» les éco-quartiers n’attireraient qu’une population ciblée, aisée et ignorant tout de ce qu’est un bâtiment bioclimatique et attirée par l’esthétique d’un imaginaire écologique. Dans ces quartiers sont imposés aujourd’hui des formes architecturales, des types d’espaces publics et de pratiques d’espaces à une population peu éduquée et peu concertée pour de nouvelles manières de vivre «écologiques»1. À cela, s’oppose «l’urbanisme des agencements écosophiques» qui s’interroge sur la perpective des temporalités du projet et de la durabilité écologique. Néologisme, définissant sagesse de la maison ou de l’habitat,2 il sous entend la prise en compte des questions environnementales, des problèmes de société, d’éthique et de politique dans une logique globale. Ces pratiques émergent depuis les années 1980 sous le terme de «Bottom up» ( du bas vers le haut) et s’oppose au mode de production urbano industriel conventionnel et hierachisé dit «Top Down». De nombreux projets notamment dans le domaine de la rénovation urbaine ont montré que relativité, échange, prise en compte des usages, de l’identité du site et de la demande publique se mettent en place, et perdurent car ils ont fait parti du quotidien des habitants en prenant compte du passé et en leur laissant leur gestion dans le futur. Les projets y sont devenus partie prenante de la culture urbaine comme par exemple les projets de rénovation urbaine menés par Patrick Boucahin et Pierre Bernard dans le Nord de la France. Ainsi, pourquoi l’architecture, le paysage devraient continuer à imposer des formes et modèles arbitraires à des habitants appartenant à un territoire unique, particulier ? Le paysage et l’architecture de demain ne devraient-ils pas se mettre au service des habitants, analyser ses besoins, les interpréter pour apporter des solutions durables grâce à la connaissance du site, de sa culture et ses pratiques, des écosystèmes et du changement climatique?

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Introduction

1/ Direction Départementale de l’Équipement, Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement, Université de la Réunion, Plan urbain, Ville habitat aménagement, actes du forum débat, ed. Océan Édition, Sanit Denis (974), Octobre 1994 2/ Bernard Leveneur, 60 de culture urbaine, ed. Société Immobilière du département de la Réunion, Agence Française de développement, Saint Denis (974), 2009 3/ Michel Watin, Eliane Wolff, l’émergence de l’espace public à la Réunion. Un contexte sociohistorique singulier, étude de communication, pdf en ligne sur www.edc.revues.org 1995

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La question de la rénovation urbaine est une problématique très présente à la Réunion. En effet, dans le cadre de l’action de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine, la région réunionnaise compte aujourd’hui près de 11 programmes dont deux sur la ville du Port. La rénovation urbaine à la Réunion est l’occasion de requestionner les modes d’habiter dans les quartiers de logements sociaux aujourd’hui présentant de nombreux problèmes de gestion des espaces communs, d’accès et d’adaptation au climat et mode de vie réunionnais. Construits en masse entre les années 1960 et 1990, ils caractérisent l’entrée de la Réunion dans un système industriel et de consommation1, ils avaient pour objectif de loger une population vivant dans des habitats spontanés précaires, traditionnels à Réunion, mais jugés à l’heure de la départementalisation (1946) comme insalubres. Le boom démographique et la migration agrandissent les bidonvilles autour des villes. En l’espace de 30 ans, il a fallu loger des populations très rapidement selon les normes de la métropole.2 Ceci au travers de constructions massives de quartiers de logements sociaux. La rapidité d’action de ces projets urbains d’actions autoritaires et hierarchiques (venant du haut) aux modèles métropolitains ne s’inscrivent alors pas dans les temporalités et les réalités sociales de la société créole3. Ces constructions de piètre qualité, ne correspondant pas au contexte créole encore basé sur le système d’une société communautaire de plantation, ses manières d’habiter et au climat réunionnais font l’objet depuis les années 1970 d’importants chantiers de rénovation urbaine. La commune du Port n’y fait pas exception et constitue un cas d’école.


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Dans ces quartiers aux logements trop exigus, inadaptés à la population et où l’espace public n’était pas au coeur des projets, l’espace du dehors est pourtant resté un réel lieu de vie où se mêlent divers usages. Ces lieux pourtant peu entretenus où s’entassent des déchets, des carcasses de voitures sont des espaces de réception, de repas, de jeux, d’activités lucratives parallèles et là où les habitants viennent chercher l’ombre et la fraicheur. En effet, l’espace domestique à la Réunion ne se cantonne pas à l’espace privé clôturé. Le «chez soi»4 inclut l’habitation, les espaces collectifs et équipements du quartier de la vie quotidienne. Les sociologues réunionnais, comme Michel Watin parlent de kartyé, espace d’identification spatiale et sociale dans la ville, un espace de sociabilité régit par des rapports d’interconnaissances communautaires propres à la société de plantation. Au regard d’une étude du Centre scientifique et technique du bâtiment menée en 2011 sur la qualité urbaine de 10 projets de rénovation urbaine menés par l’ANRU et du témoignage de Bernard Paris, architecte Conseil de l’État aux projets ANRU entre 2003 et 2015, il semblerait nécessaire d’étudier de près les enjeux sociaux et spatiaux dans les quartiers de logements sociaux à la Réunion. En effet, les projets ANRU semblent appliquer des modèles préconçus parfois peu adaptés au site et avec peu de considération des attentes et façons de vivre des populations en place en proposant des projets souvent trop ambitieux et peu créateurs de lien social entre élus concepteurs anciens et nouveaux habitants5. Ceci, au nom du désenclavement urbain spatial et social, d’une volonté de qualité urbaine égalitaire entre Zones urbaines sensibles et

4/ Michel Watin, B. Vidal, D. Chabrand, Les espaces publics à La Réunion, approche socio-urbaine, Direction Départementale de l’Equipement, Conseil en Architecture Urbanisme et Environnement, URA 1041 CNRS, 1992 5/ Bernard Paris, Rénovation urbaine dans le Nord Témoignage d’un architecteconseil de l’Etat, projets ANRU 2003-2015, document pdf en ligne sur www.nord.gouv.fr, Novembre 2015

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le reste de l’espace urbain qui uniformise la ville et du désenclavement menant à la remise en question totale du foncier en terme de création de logements diversifiés, des espaces publics et à leur ouverture parfois excessive ainsi qu’à d’importantes destructions traumatisantes pour la population. À l’heure du lancement des Nouveaux Programme de Rénovation Urbaine par l’ANRU, un projet est lancé sur les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon sur la commune du Port. Ce projet encore à l’étude, au moment où depuis les années 1990 la Réunion se veut d’élaborer son propre urbanisme1 loin de la répétition des modèles métropolitains est l’occasion de placer au centre de la démarche des réponses possibles d’aménagement urbain avec pour fondement les rapports entre les enjeux sociaux et spatiaux locaux au centre de la rénovation urbaine des kartyés SIDR, SDIR haute et Ariste Bolon. Il convient de rappeler que les villes à la Réunion sont très jeunes et ne partagent pas l’histoire des villes européennes. Cependant, aujourd’hui il faut répondre à la Réunion au contexte de mondialisation en terme de demande de plus en plus importante de logements, de modernité des équipements et de mobilité mais sans recherches et outils adaptés au contexte Réunionnais, l’aménagement du territoire sur l’ile risque de persister dans le sens de la départementalisation. La demande d’égalité sociale faite par les Réunionnais lors de la création

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Source : Emmanuelle Prost, Zorey Dedan, ed. Des bulles dans l’océan, Saint Denis (974), Décembre 2010 un quartier de logements sociaux au Port, La Réunion


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de la région Réunion devrait elle répondre à une norme spatiale importée ou à la considération des réunionnais comme citoyens à part entière? «La citoyenneté peut se définir comme l’égalité des individus en droit. Elle se manifeste par le droit de vote mais peut aussi prendre effet par un rapport d’égalité entre individus : les espaces publics qui seraient de véritables espaces de partage, des espaces de frottement social et de libre accès à la ville pourraient participer à la construction de la citoyenneté.»2 Ceci, peut passer par la prise en compte de la demande publique, la participation des habitants au projet urbain et la reconnaissance de ces derniers comme acteurs du projet. Dans le contexte réunionnais où cohabitent les traditions d’une société de plantation et une construction de la ville d’une société industrielle de consommation, il ne faut pas confondre l’action sociale et technique qu’est la rénovation urbaine avec la normalisation et une volonté de contrôle social.3 Cependant, s’inspirer seulement des modes d’habiter de la société locale de plantation, d’interconnaissance excluant l’étranger comme unique fondement du projet ne risquerait-il pas de créer un gouffre entre les modes d’habiter créoles et la société moderne ? Ainsi, comment en tant que paysagiste concepteur concilier enjeux spatiaux et sociaux tirés d’un mode de vie traditionnel au sein d’un projet de rénovation urbaine contemporain à la Réunion ?

6/ Direction Départementale de l’Équipement, Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement, Université de la Réunion, op. cit. 7/ Ibidem 8/ Ibidem

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Sommaire

01. Pour une rénovation

urbaine kréol

p.17

I. Un projet de rénovation urbaine à la Réunion, sujet p.19 II. Le Port des bidonvilles à la ville Site p.27 III. Enjeux sociaux et spatiaux fondements de la rénovation urbaine p.40 IV. Pour une rénovation urbaine Kréol, Méthode p.66

02 Des quartiers de .

logements sociaux, une culture urbaine qui cohabite

I. Des kartyés qui vont être transformés p. 69 II.Des kartyés enclavés au coeur de projets de mobilités p.70 III. Des espaces collectifs de kartyés oubliés p.93 IV. Des espaces publics habités p. 106

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p.67


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Pour une rénovation urbaine

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03. Une rénovation urbaine

pour des espaces de vies

p. 127

I. Intentions de projet p.128 II. Pour une modernité traditionnelle p.132 III. Aérer, irriguer, habiter et partager p.138 IV. Espaces de vies, espaces publics

p.150

04. Soutenance

p. 152

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I. Un projet de rénovation urbaine à la Réunion Sujet

II. Le Port, des bidonvilles à la ville Site

III. Enjeux sociaux et spatiaux, fondements de la rénovation

urbaine des kartyés SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon Démarche

IV. Pour une rénovation urbaine Kréol Méthode

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Pour une rénovation urbaine

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Pour une rénovation urbaine

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La Réunion lé la !

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* Zorey est un terme créole pour désigner le métropolitain nouveau à la Réunion ** Pays , mot pour désigner la Réunion en terme créole

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Photographie faite lors d’un atelier encadré par le CAUE dans le cadre dun projet ANRU sur les quartiers Lepervanche, Vergès et Voie Tromphale


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I. Un projet de rénovation urbaine

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à la Réunion Sujet

Zorey dedan* Le choix de mon stage de quatrième année a été motivé en premier lieu par la découverte d’un lieu inconnu. L’idée du voyage, m’a conduite à m’interroger sur ma connaissance du territoire français en temps que futur paysagiste concepteur. La métropole oublie bien souvent ses départements d’outre mer qui sont parfois même perçus comme des lieux étrangers, lointains appartenant à d’autres territoires mais éveillent bien souvent un imaginaire idyllique de plages et forêts tropicales,... mais bien souvent éloigné des réalités territoriales et sociales. Le mode de vie créole et sa culture que j’ai abordé pendant ce voyage m’a fortement inspirée et menée à m’interroger sur la manière dont je souhaite exercer mon futur métier. L’hospitalité, le métissage de la population, la tolérance et l’ouverture d’esprit des personnes que j’ai rencontrées m’ont fait me rendre compte de l’insatisfaction que j’ai nourri dans le cadre de l’école ou de mes précédents stages, celle de l’absence de contact avec ceux pour qui on aménage. Durant ce stage au Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement de la Réunion j’ai pu avoir un aperçu de ce qu’est l’aménagement urbain à la Réunion mais aussi constater qu’il existait un décalage entre la culture créole et le système industriel de l’urbanisme importé de métropole au moment de la départementalisation. Depuis les années 70, le CAUE de la Réunion s’efforce de sensibiliser les élus et la population au patrimoine architectural et paysager de l’ile face à une urbanisation galopante changeant radicalement les formes d’habiter et de se déplacer dans le territoire. Cependant, j’ai eu le sentiment que la culture créole était souvent relayée au second plan lorsqu’il s’agissait de parler d’urbanisme opérationnel. Comme s’il s’agissait d’un folklore d’une toile de fond parfois évoquée comme argument sympathique d’action de concertation tel que l’organisation d’une fête à l’occasion d’un projet à l’étude (Carré Bois Noir à l’Éperon en octobre 2015). Pourtant, lors de mes visites sur l’ile, de mes échanges avec les réunionnais cette culture est encore fortement imprégnée et la Réunion dans les mentalités est considérée comme une entité bien distincte de la métropole, un PEi* à part entière avec sa culture et ses propres manières d’habiter le territoire.

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A. D’un stage à un sujet de TPFE Retour sur le projet ANRU 1 à la ville du Port Saint Denis

Le Port

Saint Paul

J’ai fortement ressenti ceci lors d’une intervention du CAUE dans le cadre d’une convention d’aide à l’appropriation des nouveaux logements sociaux issus d’un chantier ANRU 1 sur les quartiers Lepervanche, Vergès et Voie Tromphale. En effet, en observant les habitants du quartier je me suis rendue compte que l’espace public, sa capacité d’appropriation et l’ombre qu’il pouvait apporter est très important dans le quotidien mais aussi en terme d’identification spatiale ainsi l’un disait qu’il venait du quartier SIDR ou SHLMR,... Une toponimie associée aux bailleurs sociaux. Ceci n’est pas anodin quand on sait que les logements sociaux furent les principaux aménageurs du territoire depuis les années 60 jusqu’aux années 1990 à la Réunion.

Saint Leu

Saint Louis

En faisant des recherches sur les actions du CAUE sur ce projet, j’ai consulté le mémoire d’une étudiante qui avait travaillé sur le sujet de la concertation dans le cadre de projets urbains à la Réunion. Cette dernière dans le cadre de ses recherches s’était penchée sur la question des manières d’habiter l’espace public et avait réexploité ses conclusions dans un travail de concertation avec les habitants. Actions venant après l’élaboration d’un plan guide cette dernière concernait trois espaces publics désignés. Une effervescence d’idées en étaient ressorties avec comme éléments forts la présence d’arbres, de fleurs et d’espaces de jeux,...

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Source : Camille Deslandr, S’il te plait dessine moi un kartié, associer le enfants au processus de concertation des opérations de renouvellement urbain, mémoire de fin d’étude, Institut National d’Horticulture et de Paysage, Angers, Octobre 2010


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Projet ANRU 2, à l’étude

Projet ANRU 1, en cour de chantier

Source : CAUE 974,2008, les trois espaces soumis à concertation après proposition du CAUE

Source : CAUE 974,2010, actions de concertation avec les enfants et les adultes habitants le quartier du projet ANRU 1 au Port

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Source :ANRU, Le Port, SHLMR, Projet de rénovation urbaine, quartiers Lépervanche, Vergès et Voie Triomphale, documentation du CAUE de la Réunion, le 28/05/2009 Résidentialisation Démolition d’ilôts entiers Supression d’espaces publics pour agrandir des parcelles ou construire

Source : LEU Réunion, Projet de rénovation urbaine et sociale des quartiers Lepervanche, Vergès et voie Triomphale, Aout 2010

Détail d’un ilôt, disparition de placettes, agrandissment de l’espace privé et construction de logements encore plus petits. Suite à la réduction considérable des espaces publics et à leur conception fortement marquée par un point de vue technique, les paysagistes de Leu Réunion font des propositions d’aménagements.

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Mais pourquoi faire intervenir ces paysagistes à cette phase du projet alors qu’une équipe de paysagiste a participé au dessin des plans du quartier ? Pour planter des arbres ? Rattraper un projet déshumanisé ?


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Mais malgré une importante occupation de l’espace public, j’ai constaté avec effroi que sur les plans finaux du projet les espaces publics étaient réduit à des axes de circulation et que la plantation de ces espaces est importante pour apporter de l’ombre était réduite à hierachiser les voiries. Les extensions spontannées très présentes sur les parcelles ont été détruites et les logements qui n’ont pas été démolis, repeints, surélevés d’un étage et équipés d’une climatisation. Ceci n’est qu’une partie des éléments que j’ai observé, mais très vite en faisant des recherches sur l’habitat social créole je me suis rendue compte que ces choix de projets de normalisation étaient des inepsies à la Réunion. Ainsi Michel Watin, anthopologue explique que l’étage dans le logement est anxiogène à la Réunion et que l’appropriation , la personnalisation de l’habitat est essentielle dans la culture créole, sans parler de l’impact de la climatisation sur le réchauffement climatique! Malgré des actions de concertations au près des habitants lors de l’étude de ce projet, la normalisation, l’aspect technique de VRD semble être omniprésent et d’une extrème violence et l’appellation de «l’action aide à l’appropriation» semble être très évocatrice surtout quand elle vient au terme d’un chantier. En étudiant le dossier de ce projet de rénovation urbaine j’ai également observé que les paysagistes mandataires sont arrivés dans un second temps pour «verdir» les voiries adoucir certaines options d’aménagements. Cela ne m’a pas non plus étonnée de voir que cette mission n’apparait pas sur leur site internet. Pourtant ces derniers, font des projet remarquables et particulièrement adaptés aux contraintes du climat réunionnais en associant référence à l’architecture créole traditionnelle, savoir faire du jardin créole et connaissance écologique.

Source :Agence UP Des habitats personalisés, identifiés

Source :Atelier Cheyssal pour l’ANRU 1 au Port, Des maisons uniformisés, banalisées

Force est de constater que je me suis trouvée dans un contexte où il existe une culture créole de lien social et où la demande d’occupation de l’espace public est formidable et identitaire et des concepteurs qui ont des savoirs adaptés à la Réunion avec un projet de rénovation urbaine fortement marquée par des soucis techniques et des choix de conception importés de métropole ! C’est pourquoi, je me suis rendue au bureau ANRU du Port afin de rencontrer le chef de projet Christophe Gaermynck. C’est alors, que j’ai appris avec inquiétude et néammoins enthousiasme qu’un second projet ANRU était à l’étude sur les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon et que ce dernier dans le cadre d’un Nouveau Programme de Rénovation urbaine intégrait des problèmatiques d’insertion dans des projets intercommunaux. Désireuse d’étudier la question de la Rénovation urbaine à la Réunion suite à mes précédents constats j’ai décidé de me lancer dans cette aventure.

Source : Personnelle Atelier de construction de meubles en palette avec les habitants et le CAUE Lien social, entre aide et entrée dans la quotidien des habitants. Mais pourquoi faire ceci après avoir dessiné les plans du projet?

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Un projet ANRU 2 oubliant les pratiques sociales et spatiales Après avoir rencontrée différents acteurs de ce projet à l’étude, j’ai encore fait plusieurs constats. Florence Desnot, à la direction de l’aménagement du territoire au Port m’a expliqué les principales orientations voulues pour ce second projet de rénovation urbaine sur les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon en réaction à ce premier projet. Une volonté de s’inscrire davantage dans la politique de plantation de la ville, qui a pour objectif principal la qualité du cadre de vie et l’apport de fraicheur en ville. Une réflexion a porté sur la collecte des eaux pluviales car les sols sont très perméables et ne permettent pas d’alimenter la végétation et de rafraichir les quartiers. Une volonté de concevoir les mobilités au niveau du piéton et du cycliste. Et enfin reproduire les actions de participation avec les habitants et l’école d’architecture de la Réunion. Monsieur Gaermynck, sociologue et chef de projet ANRU au Port et Monsieur Zephy, urbaniste à l’Agence UP qui a travaillé sur le dossier d’étude du projet ANRU 2 du Port m’ont confirmé la volonté de reproduire les actions de concertation avec le CAUE. Cependant, malgré les études sociologiques chiffrées présentes dans les dossiers de candidature, un élément principal à mes yeux manquait encore. Qu’en est-il de la réalité des usages, de la demande publique des lieux et pourquoi le plan guide est-il encore dessiné avant d’avoir mené une étude sur les modes d’habiter et les rapports sociaux très caractéristiques à la Réunion ? Aujourd’hui, le chef de projet et l’urbaniste mais aussi Monsieur Flipo (paysagiste conseil de la Réunion) se posent des questions sur un espace central dessiné dans le plan guide. Ceci en terme de programmation, d’occupation et de temporalité. Il semble difficile dans la conception du projet de C.Gaermynck et Monsieur Zephy de ne pas avoir pensé au préalable un projet fini. Le contrôle de l’espace public et la peur de l’appropriation non contrôlée des habitants est manifeste. Bien que les actions de concertations permettent de rendre accessible la question urbaine aux habitants, de les sensibiliser aux façons d’aménager de manière plus respectables de l’environnement, la maitrise d’ouvrage à apprendre de la demande et des façons de vivre des habitants. Voici la raison principale de ce choix de site et de problématique pour mon sujet de TPFE.

Source : Agence Up, site SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon

Source :CAUE 974 Affiches et ateliers de concertation avec les habitants des quartiers Lepervanche, Vergès et Voie Tromphale

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9/ Daniel Vaxelaire, Histoire d’une ile , La Réunion des origines à nos jours, ed. Orphie, Saint Denis (974), 2001 10/ Propos d’un ingénieur cité in Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, Le Port une identité une image un projet, travail personnel de fin d’étude, Université de la Réunion, juillet 1995, p60

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Source : Iconothèque de l’ile de la Réunion. Le Port au début du XXe siècle


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Pour une rénovation urbaine

II. Le Port des bidonvilles à la ville

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Site

La ville du Port est la plus jeune commune de l’ile. Créée il y a moins de deux cent ans, d’abord infrastructure et «porte sur le monde» possède une histoire singulière. L’histoire d’une île, d’une population et de formes d’urbanisations dont les problématiques sont souvent citées en exemple lorsqu’il s’agit de se questionner sur la rénovation urbaine et les futures formes d’habiter à la Réunion.

A. Entrée dans l’aire industrielle Alors que la révolution industrielle est déjà bien avancée en métropole, L’ile de la Réunion, n’offre pas de refuge naturel propice aux bateaux de passage et a longtemps souffert d’importantes difficultés à mettre en place des systèmes de communication à l’intérieur de son territoire (intérieur et extérieure de l’île)1. L’urbanisation progressive de l’ile se concentre principalement sur les littoraux, le relief constituant les régions internes de l’île étant inaccessibles. Jusqu’au XIXème siècle, la Réunion n’est accessible par l’océan que par un système de marines ne permettant pas de véritable échanges commerciaux comparé à sa voisine île Maurice9.

C’est alors, que la construction d’un port est nécessaire.

La construction du Port de la Réunion, se fait avec deux projets connexes, celui du port et d’un chemin de fer reliant le Sud et le Nord Est de l’ile ( Saint Pierre- Saint Benoit) suite à l’adoption de la loi du 23 juin 1877 par le maréchal Mac Mahon. La Société Anonyme créée à cet effet doit ouvrir à l’exploitation le chemin de fer et le port au premier Janvier 1886. Le site de la Pointe des Galets pour sa situation géographique est choisi non sans oppositions. « Vous voulez créer à la Pointe des Galets, battue presque sans cesse par les flots furieux, cap où viennent se briser les inénarrables tempêtes de cette partie de l’Océan Indien, un port. Sur cette lande aride éloignée de toute ressource, de tout centre de population, nue que balayent les cyclones, vous voulez créer un asile, où à l’abri des murailles protectrices, les navires pourront se réfugier, faire sortir une ville où se trouve le désert? Libre à vous...» 10 C’est alors qu’un important chantier de 7 ans débute et fait venir des régions voisines de la Réunion un nombre important d’ouvriers immigrés. Ces derniers s’installèrent sur le site du chantier, furent suivis de leur famille et donnèrent naissance à la commune du Port en 1895 se dotant petit à petit d’un marché, de lieux de cultes et autres équipements urbains.

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B. Une ville en contexte hostile Le site du port, la Pointe des Galets fut avant tout choisi pour sa place stratégique d’avancée sur l’océan. Ce site a permis de mettre en place un des principaux axes de communication entre les communes les plus importante ( de Saint Benoit à Saint Pierre ) mais n’a pas été considéré comme un lieu où naitrait un jour une ville. Nord 360°

Direction d’où vient le vent

Sud 180° Source : Atlas Climatique de la Réunion Rose des Vents shématique de la ville du Port

En effet, la Pointe des Galets est un des sites les plus inhospitaliers de l’ile de la Réunion. C’est une plaine désertique due à l’érosion du cirque de Mafate en raison d’un contexte torrentiel de la rivière des Galets qui a souvent changé de lit au court de l’histoire, cette dernière est aujourd’hui endiguée11 menace peu la ville d’inondation mais ne permet pas l’installation d’une végétation humide stable. Le site est menacé directement par la houle surtout en période cyclonique et les crues de la rivière des Galets lors de forte pluies tropicales. Les pluies sous les tropiques peuvent se faire rares pendant de longues périodes, ce qui est le cas pour la ville du Port enregistrant les plus faibles taux de pluviométrie sur l’ile mais pouvant recevoir de fortes dépressions sur de courtes durées. Les stations métérologiques en place enregistrent également de fortes chaleurs et forts rayonnements lumineux sur une plaine à la végétation de savane aride et peu dense. À ceci s’ajoute une forte exposition aux vents provenant des Alizées venant surtout du Nord Est, des vents intérieurs notamment par la ravine des galets et du Sud Ouest.

11/ Denis Roy, Guillaume Jumeaux,Hubert Quetelard, Atlas Climatique de la Réunion, ed. La documentation française, Paris, décembre 2011 12/ Ville du Port , DICRIM document en ligne sur www.ville-port.re

Le sol d’alluvions caillouteux, le climat aride et le vent engendre de fortes envolées de poussières et particules particulièrement nocives pour les portois. Ces particularités entrainent des problèmes de gestion locale, tel que l’usage abusif de l’eau potable des nappes phréatiques en place pour l’arrosage des espaces paysagers, et d’incendies à proximité des quartiers habités12.

Coupe AA’

Le Port Côte sous le vent Rivière des Galets Cirque de Mafate

Piton des Neiges 3069 m ancien volcan Plaine des cafres

28 Nappes souterraines


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

2002 1989 1989

1996

2000

La Réunion

Tropique du Capricorne

Le Port , une ville qui est née sur une plaine désertique exposée aux cyclones et fortes chaleurs

A

A’ J/cm2

Ensoleillement, Le Port un des lieux les plus exposés aux rayonnements lumineux sur l’ile.

Pluviométrie, Le Port un des lieux les moins arrosés de l’ile. Savane Forêt sèche Forêt humide Forêt humide d’altitude

C° Températures, Le Port un des lieux les plus chauds sur l’ile.

Milieux écologiques, Le Port situé dans une région désertique aride à savane. Côte

au vent

Cratère Dolomieu Plaine des palmistes

Rivière des remparts

29


Le Port La Possession

Rivière des Galets

La Plaine

30


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Riviè

re d e

s Ga

lets

Zone soumise aux aléas cycloniques et à la houle ( source : Atlas de la Réunion )

0

200 m

500 m

PPRI interdiction de construire PPRI zone de prescription(zone à faible risque en cas de rupture de la digue)

Vers le changement climatique ... Aux contraintes actuelles s’ajoutent celles du changement climatique. Aujourd’hui les prévisions dans la région de l’océan Indien et celui de la Réunion sont très imprécises cependant le GIEC est en mesure d’évaluer et donner quelques informations. Ainsi, la Réunion dont les températures ont augmenté de 0,6° C ces 40 dernières années continueraient à augmenter de 1à 3,2°C pour la fin du XXIe siècle avec une diminution des journées et nuits froides contribuant à rafraichir la ville. Enfin, la montée des eaux prévoit à l’échelle mondiale 20 à 60 cm par siècle mais pas de précision pour la Réunion. À ce jour, la Réunion enregistre une montée de l’océan de 3,2 mm par an depuis 1993, soit 3,2 cm en 10 ans, 6,4 cm en 20 ans et 16 cm en 50 ans.12

12/ www.cndp.fr, site internet du réseau Canopé, académie de la Réunion

31


1900, Urbanisme de type colonial autour de la trame Filoz et du chemin de fer.

1960, La ville s’étend de manière spontannée au delà de la trame Filoz.

1970, Première opération de logements sociaux dans un urbanisme de zoning, disparition du chemin de fer.

1980, Poursuite de l’urbanisme massif de logement sociaux de résorption des bidonvilles.

1990, fin des constructions de logements sociaux, construction de ZAC, services et entrepôts pour le nouveau port Est. Bidonvilles

Quartiers SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon

Port / Centre-ville Port de plaisance marché commerces logements

32

1877-1900

1990- 2010, concrétisation de la politique de plantation de la ville pour y apporter de la fraicheur et améliorer le cadre de vie. 0 400 m 1 km

Première couronne

logements spontannés concervés

1900-1960

Deuxième couronne

bidonvilles détruits logements sociaux Peu de commerces de proximité

1960-1990


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

C. Infrastructure, bidonvilles et logements sociaux Le développement et la construction de la ville du Port se sont fait suivant différentes périodes et orientations d’aménagement du territoire caractéristiques à La Réunion. Le Port, devenu ville, les constructions s’organisent alors sur une trame de rues orthogonales appelées le plan Filoz. Ce plan, typique de la forme urbaine coloniale est constitué de deux axes principaux. Le premier Nord-Sud qui est la voie ferrée qui relie le reste de l’ile à la ville et le second Est -Ouest.13 Dès le début du XXème siècle, la commune du Port alors intimement liée aux activités de commerce n’est plus un simple lieu de passage et génère l’arrivée massive d’une main d’oeuvre s’installant autour de la ville historique. Cette population ouvrière, s’installe dans des habitats faits de paille, de tôles typiques de l’habitation traditionnelle créole. Cette couronne d’habitats spontanés se développe au Port jusque dans les années 1980. Cette dernière est faite de constructions non maitrisées et dessine une trame urbaine organique peu hierarchisée et compliquée. Dans le contexte de la départementalisation et d’une politique de résorbtion de l’habitat insalubre, la ville du Port dans les années 60, s’engage grâce à d’importants chantiers de logements sociaux dans un urbanisme de zonage avec pour but la clarification des accès en ville par le tracé de grands axes pénétrants et la construction d’un grand nombre de logements en périphérie de ville. Cela permettra la réalisation d’équipements culturels et sportifs et la création d’écoles. Naissent alors les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon. Cependant, ces chantiers concentrent la population sur les périphéries de villes et le centre historique continue encore aujourd’hui à se vider. En parallèle de cette politique, la ville du Port, pour faire face aux conditions climatiques de la pointe des Galets et sauvegarder la nappe phréatique, une délibération en 1971 préconise la plantation des grands axes de communication, de la ceinture périphérique de la ville et la création d’espaces paysagers tels que le grand parc Boisé14. Une politique suivie encore aujourd’hui dans le Plan Local d’Urbanisme. Des années 1990 à aujourd’hui, la ville poursuit son urbanisme vers l’Est au travers l’aménagement de ZAC, entrepôts et quartiers de logements grignotant la savane et mène une politque de Résorption d’Habitat Insalubre dans les quartiers de la seconde couronne.

Voie périphérique 4 voies

Source : Bernard Leveneur, op. cit. Le marché au Port, une paillote et un ouvrier au Port en 1950. Contraste entre un centre ville aménagé et les habitations précaires.

Source : SIDR Plan d’implantation d’un des premiers sites de création de logements sociaux au Port, Coeur Saignant.

13/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit. , p.63 14/ Luc Salvaire, Histoire de la ville du Port, La ville du Port et SIDR, média IS, film en ligne sur www.ville-port.re, octobre 2003

Troisième couronne

Route Nationale 4 voies

Entreprises Entrepôts

1980-2010

0

80 m

33

200 m


15/ Ville du Port , service Aménagement, Plan Local d’Urbanisme, document en ligne sur www. ville-port.re 29/07/2004 16/ Ville du Port, Ti somin gran somin, ed. ville du Port, coll. Le Port sa mem mem, Le Port, Juin 2001 Source : Ville du Port, Ti somin gran somin, ed. ville du Port, coll. Le Port sa mem mem, Le Port, Juin 2001 Mail de l’océan Projet redynamisation du centre-ville et ouverture de la ville vers l’océan

34

1877-1900

Projet résorbtion de l’habitat insalubre

1900-1960

Projet de rénovation urbaine (ANRU)

1960-1990


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

D. Villes en projet Refaire la ville sur la ville Les principales orientations du Plan Local d’urbanisme aujourd’hui sont l’ouverture de la ville vers le Port et l’océan avec notamment l’aménagement du Mail de l’océan. La Résorbtion de l’Habitat insalubre dans les quartiers de la seconde couronne (urbanisme spontanné entre 1900 et 1960) mais aussi depuis les années 2000 d’un projet de rénovation urbaine. La favorisation de la mixité sociale au travers ces projets et les nouvelles constructions. La favorisation des mobilités douces, pitons et cyclistes ( il y a une voiture pour trois personnes au Port)15. Enfin, la poursuite de la politique environnementale avec depuis les années 1970 la création de plus de 150 hectares d’espaces paysagers.16

Mail d

e l’océ

an

13/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit. , p.63

Projet ANRU 2 à l’étude Projet ANRU 1 en cours de réalisation Voie périphérique 4 voies

Opération de Résorption d’Habitat Insalubre Redynamisation du centre ville

14/ Luc Salvaire, Histoire de la ville du Port, La ville du Port et 200en m ligne 500 0 IS, film SIDR,vers média sur m Ouverture de la ville www.ville-port.re, octobre 2003 l’océan

Construction dans les ZAC

Route Nationale 4 voies

1980-2010

0

80 m

35

200 m


Sources Agence UP, Le Port étude urbaine et sociale du quartier Ariste Bolon/SIDR Haute, Dossier de candidature pour un NPRU, 09/07/2015

Orientations d’aménagements de l’Écosité - Une ville jardin - Une ville dense réunionnaise - Une ville connectée, mobile, accessible et intelligente - Une ville écosystémique et résiliente en milieu insulaire tropical - Une ville solidaire, moteur du développement local

Ateliers Lion, Écosité insulaire et tropicale Ile de la Réunion, 20132023, www.atelierslion.com

Projet redynamisation du centre-ville

36

1877-1900

Mail de l’océan et extension de la trame verte Projet résorbtion Projet de rénovation de l’habitat insalubre urbaine (ANRU)

1900-1960

1960-1990


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

L’intercommunalité de demain un territoire en transformation La Ville du Port au sein de l’intercommunalité du Territoire de la Côte Ouest est aujourd’hui au centre du Schéma de Cohérence Territorial et de projets intercommunaux. Avec par exemple un projet de création de TCSP moyen de moderniser et de rendre plus efficace le réseau de transports à l’échelle de l’intercommunalité et du reste de l’Ile. Un projet de nouvelle traversée de la rivière des Galets viendra répartir les flux de circulations pour ne pas surcharger la périphérie de la Ville du Port. L’intensification urbaine, la densité, la construction de nouveaux logements et la mixité sociale voulue par le SAR et le SCOT se matérialise dans l’intercommunalité par le projet de l’éco sité et de Zacs sur la commune du Port ainsi que l’étude pour la création d’un Zénith à proximité des quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon.

ZAC Mail de l’océan

Création d’une nouvelle entrée de ville et de l’Écosité secteur arrière portuaire à l’étude

Transformation de la ZI Sud et de l’ancienne centrale ZAC Environnement

ZAC Mascareignes

Création d’un Zénith à l’étude

ZAC Moulin et rivière des Galets Création d’une nouvelle traversée de la rivière des Galets Création de l’Écosité, 5000 hectares, 15 000 logements Poursuite de la constitution d’une trame végétalisée anthropisée

Trame verte existante

TCSP 1

Trame verte projetée

TCSP 2eme phase

Voie périphérique 4 voies

Création de ZAC : activités, logements

Nouvelles ZAC

Route Nationale 4 voies

1980-2010

2020 - + 0

80 m

37

200 m


Sources Agence UP, Le Port étude urbaine et sociale du quartier Ariste Bolon/SIDR Haute, Dossier de candidature pour un NPRU, 09/07/2015

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Ateliers Lion, Écosité insulaire et tropicale Ile de la Réunion, 20132023, www.atelierslion.com


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Le Port est la commune la plus importante de l’intercommunalité et un des principaux pôle économique de l’ile. Bien que sa démographie soit en baisse, son terrain particulièrement plat présente un site plus aisément constructible et à proximité des grands axes de communication.

Ateliers Lion, Écosité insulaire et tropicale Ile de la Réunion, 2013-2023

Cependant, l’urbanisation de cette plaine désertique caractérisée par un urbanisme longtemps non maitrisé passe par la création de nouveaux quartiers pensés en corrélation avec les quartiers rénovés, la nécessité de densifier la ville et de diversifier les offres de logements pour une mixité sociale, la constitution d’une trame verte apportant fraicheur pour rendre les lieux vivables et penser les systèmes de transports doux et communs sachant que 42% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté à la Réunion et n’a pas les moyens de posséder une voiture. Les projets urbains par le biais du projet Écosité sont en voie d’être pensés de façon congruente à l’échelle du SCOT et de la ville. C’est pourquoi il est primordial que le projet de rénovation urbaine s’incrive à l’échelle de ce projet.

Ateliers Lion, Écosité insulaire et tropicale Ile de la Réunion, 2013-2023

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Le projé lé ici !

- Nana in projÉ pou moin é pou nout kartié il y a là un projet pour moi et pour notre kartié

40


01

Pour une rénovation urbaine

III. Enjeux sociaux et spatiaux

KrÉol !

fondements de la rénovation urbaine des kartyés SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon Démarche

Comme annoncé dans l’introduction, la démarche de ce travail personnel de fin d’études a pour objet de questionner le projet de rénovation urbaine à l’heure du lancement des études des Nouveaux Programmes de Rénovation Urbaine (ANRU 2). Mais un projet, un paysage est lié à une culture, un peuple, une histoire et des modes d’habiter, ... Dans un contexte aujourd’hui de la multiplication des démarches de projet Bottom Up face au Top Down, ce projet de fin d’études tend à s’incrire dans ce premier mode de production de projet cependant avec les moyens que permet un TPFE.

A. De bas en haut ! Face à un urbanisme industriel issu d’un mode de production de la métropole, a persisté la culture issue de la société de plantation à la Réunion. Une culture dans ses modes d’habiter est régie par des relations de solidarité de voisinage et de constructions spontannées. Le partage d’espaces de vies précis à l’extérieur de la maison, les lieux d’interconnaissance et d’exclusion de l’étranger sont très opposés à l’urbanisme moderne de l’espace public, de l’espace privé, de la planification et la construction par quelqu’un d’autre que l’habitant lui même. Par ce travail personnel de fin d’études je souhaite traiter de la question de la culture urbaine créole et y adapter le projet de rénovation urbaine. Il s’agit de construire pour une culture et ses habitants et non de faire rattraper un quelconque retard sur un modèle étranger d’un autre peuple, d’un autre climat, d’un autre continent situé à près de 10 000 km du Péi (La Réunion). C’est pourquoi je souhaite mener comme je le mentionne dans l’avant propos une démarche de projet «Bottom up» (du bas vers le haut), faire que les manières de vivre en ville, le quartier l’espace public deviennent ciment du projet.

41


B. Rénovation urbaine, deux manières de faire projet

source : www.gpvlyonduchere.org La Duchère, La transformation totale d’un quartier pour le relier à la trame urbaine.

17/ Bernard Paris, op. cit 18/ Conférence rénovation urbaine : l’espace public comme «problème» de la rencontre, Fondation Abbé Pierre

À l’heure de la rédaction des dossiers de candidatures des Nouveaux Programmes de Rénovation Urbaine, de nombreuses critiques et demandes de modification de procédés de projets sont formulées 17. Les projets ANRU touchent dans le cas des PRU les Zones Urbaines Sensibles, c’est à dire des espaces urbains souvent de grands ensembles des années 50. Là où seule une population dans une grande précarité continue de vivre dans des espaces peu déterminés en périphérie urbaine 18. Ces sites possédant dans les formes urbaines des similitudes ont aboutit aux principes fondamentaux de l’ANRU qui sont la mixité sociale par le questionnement du bâti, l’uniformisation avec la ville par la refonte des espaces publics et l’implantation d’équipements de proximité 19,... Ces objectifs, se matérialisent par l’aménagement urbain et semblent répéter des modèles et des méthodes de travail ayant du mal à fonctionner dans la réalité urbaine et humaine 20. En effet, de nombreux retours d’expériences sur les projets ANRU montrent qu’à vouloir créer de l’espace urbain ordinaire, les principaux acteurs du projet sont oubliés. On détruit les immeubles de la honte image d’un quartier qui pose problème pour planter, reconstruire mais sans réellement concerter les habitants 21. La concertation est faite souvent après le plan guide, alors on demande aux «jeunes» aux «parents» ce qu’ils aimeraient dans ces espaces publics vides sur le plan. Mais nombre d’entre eux ont peur de l’autorité, du maire. Parce qu’ils ne parlent pas la langue ou ne se sentent pas dignes d’intérêt 22. Alors, sont aménagés des équipements pour quelques poignées d’habitants qui ne sont plus toujours là 5 ans après la fin du chantier. Les nouveaux habitants ne côtoient pas les habitants du quartier 23. Ceux qui n’ont pas été délogés par la destruction d’une tour jugée laide, sans prendre en compte la valeur historique, sentimentale et identitaire qu’elle représente pour des familles qui logent ici depuis 30-40 ans 24.

Mais au milieu de ces projets trop ambitieux de la forme

19/ Ibidem 20/ Centre scientifique et technique du bâtiment, Évaluation de la qualité urbaine de dix projets de rénovation urbaine , Paris, Juin 2011 21/ Entretien avec Pierre Bernard architecte, chef de projet Pile Fertile à Roubaix, le 7/01/2016 22/ Entretien sur le projet ANRU Cannes-Nice à Lille avec Silvain Flipo paysagiste, agence Empreinte. 23/ Conférence rénovation urbaine : l’espace public comme «problème» de la rencontre, op. cit.

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21/ Entretien avec Loïc Julienne architecte, collaborateur de Patrick Bouchain sur trois projets de rénovation urbaine.

Montage : vue aérienne géoportail, plan Empreinte, Une trame urbaine reliée à la ville et des espaces de parcs et jardins ouverts sur les autres quartier


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

urbaine, existe quelques exceptions, des projets alternatifs qui créent le possible là où d’autre tentatives de rénovation urbaine ont échouées. Des projets menés par des architectes, paysagistes, urbanistes, sociologues, élus, techniciens,... et des habitants ! Là où la lourde hiérarchie verticale du projet urbain s’éloigne des réalités de la demande publique, la hiérarchie horizontale (maitrise d’ouvrage, maitrise d’oeuvre, maitrise d’usage) elle en fait projet non pas pour créer des espaces urbains ordinaires mais bien extraordinaires ! Celle -ci par la participation, l’échange saisit les dysfonctionnements urbains mais aussi les priorités et les aspirations des habitants 17. La participation devient gouvernance du projet et la gestion de ce dernier est transmise comme un savoir, un droit de citoyen. Ceci change la place accordée à l’habitant, ce dernier dont les maitrises d’ouvrages souvent se méfient, considèrent ingérable, pas digne de confiance parfois, il devient acteur du projet avant , pendant, et après la rénovation urbaine. Cela inscrit le projet dans des temporalités humaines et pas opérationnelles. Le projet devient une culture partagée entre les habitants, les concepteurs et les élus qui ont échangé au sein de groupes de travail, de discussions dans la maison de chantier ou à la fête organisée pour une journée de concertation,... Alors le projet est dessiné par chacun, l’image du quartier change et le lien social est créé, l’estime des habitants également.

Source : La Fabrique des quartiers réunion d’habitants

C’est dans cette mouvance donc que ma démarche de travail personnel de fin d’études s’inscrit.

Source : Atelier Construire. Participation des habitants au chantier à Boulogne sur Mer. Insertion professionnelle et économie de moyens

Source : Atelier Construire, Atelier collectif à Tourcoing, la maquette un outil de travail et de communication entre acteurs

43


C. La rénovation urbaine à la Réunion Rénover les anciens bidonvilles 2004 :

5 Programmes de Rénovation Urbaine 2014 :

6 Nouveaux Programmes de Rénovation urbaine 11 Projets ANRU en cours La Rénovation urbaine, une problématique très présente à la Réunion.

Saint Denis

Le Port Saint Paul

2

2

Sainte Suzanne

2

Saint André

2

Saint Benoit Sainte Anne

Saint Leu

Saint Louis

1

2

Saint Pierre

Saint Philippe Saint Joseph

Des bidonvilles aux logements sociaux... ... des espaces urbain insalubres d’hier à aujourd’hui Les projets de rénovation urbaine à la Réunion touchent particulièrement des quartiers de logements sociaux conçus dans les années 60 dans le contexte de la départementalisation de La Réunion. Ces derniers avaient pour but de résorber l’habitat insalubre où se logeait près de 80 % de la population avant les années 50. Ceci a donné des chantiers d’aménagement du territoire sans précédent et une avance dans le confort et l’hygiène révolutionnaire mais présente de nombreuses malfaçons et problèmes d’adaptation de populations à ces nouvelles manières d’habiter. Aujourd’hui, ces quartiers, véritables morceaux de ville sont comme dans le cas de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon des Zones Urbaines Sensibles au regard de l’administration territoriale française. Comme de nombreux projets ANRU, ce sont des quartiers en périphérie de ville où sont massées les populations pauvres, où les jeunes et ceux qui ont les moyens partent et les autres restent. La qualité des aménagements y est déplorable et peu adaptée au contexte réunionnais, les quartiers sont enclavés dans leur situation urbaine et sont stigmatisés par l’image de quartiers «chauds» peu fréquentables. Les similitudes urbaines avec les quartiers des projets ANRU en métropole pourraient mener les maitrises d’ouvrages et les concepteurs à appliquer la «méthode conventionnelle projet ANRU» comme ce fut le cas

SIDR

44


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

pour le premier programme de rénovation urbaine au Port (voir partie sujet plus haut) . Cependant, la culture urbaine à la Réunion est bien particulière et montre qu’au-delà de l’aménagement urbain à La Réunion, la prise en compte du contexte et des manières d’habiter le territoire par les habitants est un fondement pour une écosophie du projet (voir avant propos), nous allons développer celà dans cette démarche de projet

SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon, des quartiers figés dans la misère? Les opérations de logements SIDR, SDIR Haute et Ariste Bolon on été édifiées entre 1963 et 2003 (derniers logement construits) et ont résorbé un des plus gros bidonvilles du Port, Coeur saignant.

0

Quartiers SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon projet à l’étude Quartiers Lepervenche, Voie Triomphale

Source : Agence Up, site SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon

200 m

500 m

Mais la misère persiste. Le taux de chômage est de 54 % et les familles monoparentales y sont très nombreuses. Beaucoup de personnes ne vivent que grâce aux aides sociales. Les offres de travail sur la ville du Port existent mais exigent une main d’oeuvre qualifiée ce qui n’est pas le cas des habitants. Les logements y sont plus petits que la moyenne des logements sociaux sur l’ile et parfois sous peuplés ou sur peuplés. Les quartiers se vident petit à petit (- 441 habitants entre 1999 et 2010) alors que la demande de logements sociaux est croissante dans l’intercommunalité TCO. Aujourd’hui ces quartiers sont dans l’imaginaire des habitants mal fréquentés et des lieux où l’on peine à se sortir de la misère. Entre peur, enclavement spatial et social, quel projet est-il possible pour ces lieux semblant figés?

SIDR Haute

Arsite Bolon

0

20 m

45

50 m


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Chinois

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Navigation par le Cap de Bonne Éspèrance Navigation par le Canal de Suez à partir de 1879

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Flux Migratoires


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

D. La Réunion n’est pas française, La Réunion lé kréol ! Longtemps nommée «bout du monde»17, la Réunion, située au milieu de l’océan Indien resta longtemps difficilement accessible jusqu’à l’ouverture du Canal de Suez au XIXe siècle. Son histoire, sa colonisation, son peuplement et sa culture y furent influencés par son éloignement à la métropole jusqu’à la départementalisation (1946). Sa population métissée a contribué à la naissance de la culture créole Réunionnaise.

Un territoire habité de communautés métissées L’ile de La Réunion, répertoriée en 1186 dans l’archipel des Mascareignes éloignée, peu accessible reste sauvage, inhabitée et une simple escale occasionnelle pour des navires marchands jusqu’en 1638. Cette année, les français prennent possession de l’ile de la Réunion, les hollandais de l’île Maurice et les portugais de Rodrigues. Mais Madagascar représentait aux yeux de la compagnie des Indes une place beaucoup plus stratégique que la Réunion. Alors que les colons de Fort dauphin à Madagascar succombaient du paludisme, de piqûres d’insectes et attaques d’animaux sauvages, Les mutins qui revenaient d’exil de la Réunion étaient eux, contre toute attente, en très bonne santé. L’île décrite alors comme un paradis terrestre et un lieu d’abondance accueille alors ses premiers colons le 22 septembre 1654. L’île de la Réunion, commençe alors à se peupler d’une colonie à la population métisse. Un fonctionnement très marginalisé de la France et des autres colonnies. L’organisation sociale en place se compose alors de «hierarchies ethniques verticales, caratérisées par l’interconnaissance due au contexte réduit du territoire. Une petite élite instruite et dirigeante et une autre partie de la population qui a été éduquée pour tenir sa place soumise de paysan, ouvrier,...» 18.

Lo Mahavéli ou l’étoile qui mène au beau péi en malgache est le drapeau non officiel de la Réunion mais le plus utilisé sur l’ile. Dessiné par Guy Pignolet en 1975, le bleu représente le ciel de la Réunion, le rouge le volcan du Piton de la Fournaise et le jaune le soleil et chaque rayon les populations venues habiter la Réunion au cours de son histoire. Source : www.iledela réunion.net

17/ Daniel Vaxelaire, op. cit 18/ Michel Watin, Eliane Wolff, op. cit, p.2

Source : Emmanuel Prost, op. cit. La Réunion, la réunion de communautés.

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L’aménagement de la ville est alors très caractéristique de l’organisation de la société de l’époque. Les villes organisées sur une trame orthogonale dessinent les grandes propriétés coloniales alors qu’ouvriers, petits paysans s’organisent en petites communautés en périphéries des villes ou dans les hauteurs de l’ile.

Source : Bernard Leveneur, op.cit. 1950, La Réunion, une société de plantation

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L’éloignement et l’indifférence de la France entraînent d’importantes migrations volontaires ou forcées (esclavage) et donnent naissance à la culture créole, celle d’un peuple rural, d’une société de plantation (café, vanille, canne) faite de mélanges et de cultes multiples se cotoyant de manière pacifique. Différentes communautés se dessinent sur l’ile, les câfres ( noirs noir Bantou d’Afrique Australe) , les tamouls ou bengalis venant des Indes, les gros blancs qui sont les maîtres colons et les yabs exploitants blancs déshérités. Ceci fut amplifié avec l’abolition de l’esclavage en 1848 qui contribua à l’arrivée d’ouvriers volontaires pour travailler dans les champs pour remplacer les esclaves ne désirant plus y travailler et qui constitua la plus grande vague migratoire à la Réunion. Alors, l’ile accueille une importante communauté malbare (indiens hindous), câfres travaillant dans les exploitations agricoles, des chinois (asiatiques) et zarabes (musulmans d’Indes) qui se spécialisent respectivement dans les commerces de type épiceries (boutiks chinoises) et le textile.


01

Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Mais cette période d’essor démographique, s’arrête brutalement avec la chute de l’industrie sucrière. L’importation massive des populations entraine alors une grande pauvreté dans l’ile. Les habitats de la majeure partie de la population fait de paillotes, de cases sous tôle et le manque de médecins ne permettent pas des conditions d’hygiène empêchant la propagation d’épidémies extrêmement meurtrières telles que la peste, le choléra, le paludisme,...19. Des familles entières continuent cependant à se masser autour des villes dans des habitats spontannés. Entretenu, planté mais correspondant à des images du tiers monde, la départementalisation transformant la Réunion en un territoire français sonne le glas cet urbanisme fait de traditions, d’entre-aides et de récupération et le juge de bidonville. L’heure de l’industrialisation, de planification et des démolitions et constructions a sonné. Avec la départementalisation il s’agit de moderniser le pays, et de ratrapper le retard sur la métropole. Il y a 50 ans l’eau courante, l’electricité n’existaient pas dans les foyers. Mais l’entrée dans la modernité a engendré des répercutions dans la société et ses modes d’habiter à la Réunion aujourd’hui au coeur des réflexions de l’aménagement urbain20.

Source : Bernard Leveneur, op.cit. Bidonvilles aux alentours de Saint Denis. Urbanisme spontanné de communauté. 19/ Ibidem 20/ Direction Départementale

de l’Équipement, Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement, Université de la Réunion, op. cit

Source : Emmanuel Prost, op. cit. Habitat spontanné traditionnel encore existant aujourd’hui.

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Source : www.témoignages.re Claude Hoarau maire de la commune du Port dans le journal témoignage. La lutte contre les bidonvilles le logement social comme unique solution pour loger les populations précaires.

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1950, plan directeur de la ville de Saint Denis pour l’aménagement des futurs quartiers de logements sociaux. La surface de la ville est presque doublée.


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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

E. Le logement social, rupture avec la société traditionnelle ? Le contexte urbain à l’aube des années 50 à La Réunion est catastrophique. En effet, en 1949, trois cyclones successifs des années 1944, 1945 et 1948 ravagent l’ile et les habitations précaires qualifiées de bidonvilles au moment de la départementalisation. C’est alors, que se créée à la Réunion la première société d’économie mixte (SEM) de la Réunion. La Société Immobilière du Département de la Réunion) chargée de mettre en oeuvre les programmes de logements sociaux à la Réunion.21 Elle fut par la suite accompagnée d’autres SEM telles que la SEMADER, la SHLMR qui deviennent alors les grands aménageurs du territoire des années 1950 jusque dans les années 1990. En effet, l’urbanisme à la Réunion, se fera par le logement social jusqu’à la fin du XX e siècle.22 Les SEM, sont alors les premiers outils de réglementation d’urbanisme et importent le modèle du plan directeur, et de l’architecture normée, une conception de l’urbanisme inconnue à la Réunion et échappant aux élus et techniciens locaux. C’est alors qu’en plus de répondre aux enjeux du logement à la Réunion ces dernières sont un moyen de mise en place d’outils d’urbanisme. d’élaborer les plans directeurs et de modernisation des réseaux modernes (routes, égouts, électricité,...)

Source : Bernard Leveneur, op.cit. Centre ville de Saint Paul après le cyclone de 1948

Source : Bernard Leveneur, op.cit. Destruction de bidonvilles dans les années 1960. 21/ Bernard Leveneur, op.cit. 22/ Direction Départementale

de l’Équipement, Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement, Université de la Réunion, op. cit

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Avec la politique de résorption des bidonvilles à partir des années 60, les projets de logements sociaux s’intensifient. L’urbanisme de zonage est utilisé dans le but de clarifier les accès en ville par le tracé de grands axes pénétrants et la résorption de l’habitat insalubre par la création d’un grand nombre de constructions de logements et d’équipements en périphérie de ville. Cependant, la société créole traditionnelle n’est pas prête à rompre avec son mode de vie et les opérations de logements conçus à partir de modèles occidentaux importés sont les avatars de l’inadaptation des principes urbains et politiques de la métropole au contexte Réunionnais. Source : Bernard Leveneur, op.cit. Le Camp Ozoux dessiné par Hanning selon une fine connaissance de la vie domestique réunionnaise mais jugé utopie irréalisable dans les années 1950.

Malgré des premières tentatives par l’architecte Hanning de construire le logement social en accord avec la vie domestique créole qui resteront sur le papier, la hierarchie en place exige une rentabilité et mise en oeuvre rapide. Du modèle traditionnel sera conservé uniquement l’image de la maison individuelle avec jardin mais l’organisation des espaces collectifs et des espaces privés sont très éloignés des cases créoles.

Source : Bernard Leveneur, op.cit. Logements ou bingalows de vacances dupliqués? 23/Michel Watin, Eliane Wolff, op. cit, p.2 24/ Direction Départementale de l’Équipement, Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement, Université 25/Michel Watin, Eliane Wolff, op. cit, p.2

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Source : Bernard Leveneur, op.cit. Contraxte entre logements de production industriel et une société de plantation dans la précarité tenue par des relations sociales traditionnelles et non occidentales.


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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Pour un urbanisme créole Ceci au-delà de la question de l’habitat est une question de société et d’aménagement du territoire actuel. Par la construction, la recherche du modèle européen s’exprime en de grandes zones géographiques et non des petites communautés d’habitants. La modernité occidentale alors «implique une sociabilité de l’anonymat où le contact avec l’autre se gère à partir d’une connaissance partielle et d’un engagement relationnel limité. Elle suppose l’organisation d’un contrôle social médié, d’une solidarité anonyme gérée par l’État et les Institutions»23. Ceci sous-entend un mécanisme de passage d’une forme sociale à une autre consistant en une rupture avec l’organisation traditionnelle. Ce dernier encore appliqué aujourd’hui à la Réunion est en perte de vitesse car inadapté, basé sur la modification des conditions sociales et économiques mais faisant face à l’absence de travail sur l’île et un retard à la modernisation de l’île en terme de technologie, de communication,... 24 Et dès les années 1960 une résistance des références issues de la tradition crée une situation de co-présence. «Dans cette hypothèse, la modernisation ne consiste plus en une destruction pure et simple de la société traditionnelle ou en une rupture avec une structure sociale et mentale jugée inapte à intégrer la modernité. Au contraire, on assiste plutôt à une interpénétration des formes et des pratiques sociales où le nouveau se mêle à l’ancien, où la tradition s’incorpore et s’adapte à la modernité émergente.»25.

Projet de l’architecte, appartement pour une famille de 4 personnes

C’est pourquoi, ce projet de fin d’études s’applique à étudier ces imbrications culturelles et se propose de faire un projet où la modernité doit se plier aux pratiques créoles de la ville. Réalité habitée des appartements. Plusieurs générations vivent sous le même toit et parfois la même chambre

Source : Emmanue Prost, op. cit. Habitat spontanné et pratiques issues de la société de plantation dans des quartiers de logements sociaux

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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

F. La résistance créole Cette adaptation de la culture créole à la modernité, a été étudiée dans ce projet de fin d’étude par les observations de terrain en particulier sur les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon et des recherches basées sur des documents rédigés par des anthropologues de la Réunion. « Les Réunionnais descendent des «Blancs», des «Noirs», des «Métis», des «Petits - Blancs» et des milliers d’immigrés: indiens, musulmans, chinois,... Paradoxalement , on leur enseigne que leur passé est uniquement celui de la France, celui des Gaulois et non celui des esclaves, du peuple africain, asiatique indien ou musulman. Or qu’est ce être «Créole» ? (...) Pour chaque réunionnais créole signifie mélange mixité. Car au fond d’eux mêmes chinois, z’arabes, malbars, cafres,... se sentent créoles dans la manière de vivre, de penser de parler... Quand on doit se référer à la «créolisation» de son espace, il ne s’agit pas de faire de l’architecture créole avec des répliques des cases d’antan, des toitures en pente, des lambrequins... Ce n’est pas en imposant un folklore, une pâle image de son histoire et de son style de vie, qu’on réussit à imposer sa culture face à la «banalisation occidentale». L’identité culturelle ne se trouve pas dans l’apparence, dans une technique particulière de construction... Mais c’est un état de fait, une façon de vivre, une manière de penser que nul autre que colonisateurs et colonisés ne peuvent connaitre.» 26

Espace public des quartiers delogements sociaux, peu d’aménagements mais beaucoup d’usages.

Source : Emmanue Prost, op. cit. Scène de jeu dans l’espace public d’un quartier. On y rapporte une plaque de bois et l’espace est aménagé pour l’activité.sociaux

Les manifestations de créations spatiales spontanées, «hors cadre», dans les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon témoignent d’une non conformité au modèle métropolitain voulu à travers les grandes politiques urbaines de logements sociaux entre les années 1960 et 1990. L’appropriation des espaces publics, parfois leur privatisation, la construction d’extensions avec des matériaux précaires ou encore la modification et personnalisation des bâtiments à l’origine normalisés témoignent d’une résistance identitaire. Un des fondements majeurs différenciant la culture européenne des espaces normés et anonymes est celui de l’appropriation. Dans la culture créole, un espace existe que s’il est approprié et maîtrisé. La représentation spatiale commence à l’échelle de l’habitation et s’arrête là où l’espace n’est plus appropriable. Ainsi les espaces dit de représentation, de l’anonymat (parvis église rue pietonne,espaces publics de centre villes,...) sont utilisés pour attendre, se retrouver, acheter mais pas habités.

Source : photographie Agence Up Une ombre, une racine d’arbre, deviennent un lieu de flânerie et d’observation.

26/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit., p 169 Ci dessous détail d’une coupe sur le quartier Ariste Bolon montrant les extensions construites par les habitants

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«Les territoires, les lieux, les projets sont imprégnés de la conscience, de l’intentionnalité humaine, de l’identité. Il s’agit de la capacité d’une société à se donner des représentations, des symboles de son identité, transposés au niveau des espaces créés.»27


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Pour une rénovation urbaine

Le Réunionnais occupe l’espace de façon ostentatoire. Il s’installe s’expose. Il reste septique face aux étrangers et ce qu’il ne contrôle pas. Il a besoin de parler de communiquer. Il a besoin d’un espace commun ouvert agréable qui reflète sa personnalité qu’il pourra s’approprier28.

KrÉol !

27/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit., p 160 28/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit., p 170

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Source : Bernard Leveneur, op. cit.


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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

G. Du bidonville au quartier La départementalisation et l’importation des modèles métropolitains ont bouleversé les manières de vivre des réunionnais. Depuis l’organisation de l’espace domestique à la vie de quartier, ce sont les manières de pratiquer l’espace et les relations de voisinages qui deviennent imposées alors qu’elles étaient auparavant choisies. Afin de mieux saisir les différences entre l’espace de vie créole et l’espace de vie des logements sociaux aujourd’hui, nous pouvons en analyser la constitution à partir de ce qu’est l’espace domestique créole.

L’habitation traditionnelle

Le bidonville créole est régi par des règles de solidarité de voisinage. La vie de communauté fait de l’espace public un espace collectif partagé d’interconnaissances où l’étranger n’est pas toléré. Ainsi les maisons s’organisent autour d’espaces de proximités semis-privatifs (venelles, placettse, chemins).

Espace de sociabilité d’interconnaissances entre voisins Lieu entretenu, de vitrine sociale lieu de reception, espace fleuri.

L’organisation traditionnelle de l’espace de vie privée est constituée de la kour (le jardin) et de la caze (la maison). La maison individuelle en rezde-chaussée sépare le jardin en deux dissociant vitrine sociale et espace intime. La taille du jardin permet l’évolution familiale, il est courant de vivre avec différents membres d’une même famille à la Réunion (oncle, grand mère, filles et enfants,...) Le jardin apporte fraicheur, fruits et plantes médicinales. Le baro (portail) protège la cellule familiale et l’espace de sociabilité avec la communauté de voisins et celui du seuil, de l’espace collectif, il est partie intégrante de l’espace domestique.

Habitation Extension Lieu de vie intime Cuisine

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La construction des quartiers de logements sociaux a modifié l’organisation de l’espace de vie. Notamment par le fait de ne pas pouvoir choisir son voisinage. Par ailleurs nombre de familles refusèrent en premier lieu de quitter les bidonvilles pour les logements sociaux. Malgré une qualité de vie meilleure ( eau, électricité, sanitaires) ces derniers craignent de ne pas retrouver les rapports de solidarité des bidonvilles.

1961 60


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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

Pourtant, dans les quartiers de logements sociaux, l’organisation de l’espace en logements individuels ressemble à celle des bidonvilles. On y retrouve des systèmes de placettes, ruelles, chemins collectifs,...29 Bien que les logements sociaux, correspondent à des normes occidentales en terme de distribution de l’espace, de réduction de l’espace privé pour une plus grande densité et proportion donnée à l’espace privé, la culture créole des bidonvilles perdurent et a repris place dans ces nouveaux quartiers.

Sources photographiques, www. geoportail.gouv 29/ Michel Watin, Habiter, Approche anthropologique de l’espace domestique à la Réunion, Thèse, Université de la Réunion faculté des lettres et des sciences humaines, Février 1991

2003 61


Adaptation du mode de vie créole dans le logement social individuel

Espace de sociabilité d’interconnaissances entre voisins Lieu de reception , espace fleuri Extension Habitation Extension Cuisine Lieu de vie intime ?

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L’espace domestique créole demeure dans ces nouveaux logements . Le «chez soi» n’est pas comme dans la norme métropolitaine à l’intérieur de la clôture ou des murs du logements. «Il se compose des espaces domestiques dans le kartyé à la fois d’une partie des différents espaces domestiques implantés dans le kartié, généralement l’arrière des kour, et des lieux collectifs (le sentier) qui les relient.».30 Ainsi, le mode de vie traditionnel perdure dans des logements peu adaptés où l’espace extérieur collectif remplit au fure que la parcelle privée se construit de plus en plus de fonctions en terme d’espace de vie familiale, de sociabilité et d’apport de fraicheur.


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Pour une rĂŠnovation urbaine

KrÉol !

30/ Michel Watin, Eliane Wolff, op. cit, p.5

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Pratique spatiale de l’entité kartié dans le quotidien d’une famille depuis leur domicile. De l’espace de proximité d’interconnaissance (communauté de voisins) en orange aux espaces de mobilité en orangé jusqu’aux espaces partagés avec les autres habitants du kartié, du reste de la ville et des étrangers

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Espaces parcourus au quotidien Communautésd’habitants constituées par le partage des espaces collectifs constituants du Kartié de proximité 0 20 m 50 m Espaces partagés différents des espaces collectifs de proximité


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Pour une rénovation urbaine

KrÉol !

F. Quartier ou kartyé ?

affaire d’identité et de représentation spatiale Le kartyé, dans sa définition créole est bien plus forte que celui de la forme urbaine le quartier propre à l’urbanisme métropolitain. Le kartié est un espace d’identification social et spatial dans la ville. Comme cité plus tôt ce dernier est lié à la vie quotidienne des habitants et leurs pratiques des espaces de proximité directs faisant partie de l’espace domestique. Ce dernier a plusieurs définitions. Kartyé : l’espace de proximité immédiate, un lieu social et un environnement défini par les habitants. un espace défini à partir de sa résidence, tout le monde y connait tout le monde. Il a une dimension de groupe social et de rapport d’interconnaissance 31. Kartiyé : un agrégat de gens occupant un territoire commun et délimité à l’intérieur duquel ils établissent des institutions communes auxquelles ils participent. Une agrégation qui forme une trame de réseaux sociaux solidaires. Une entité précise pour que les habitants puissent s’y identifier et se différencier d’autres personnes d’autres quartiers 32.

Appropriation, reconnaissance du lieu comme espace de vie.

Le Kartyé est reconnu à plusieurs échelles, il peut définir un lieu proche de la forme urbaine du quartier mais aussi une agglomération mais nous nous interessons ici à celui s’apparentant au quartier. Avec la construction de logements sociaux, ces derniers se sont fortement encrés dans la culture créole et les lots des bailleurs sociaux donnent leur nom à certain kartyés33 comme par exemple SIDR et SIDR Haute. Les kartyés sont reconnus comme tels dans les ensembles de logements sociaux car ils sont construits par blocs avec des dessertes communes, constituant les espaces de proximités propices au fonctionnement social créole des bidonvilles avec des groupes d’habitants arrivant simultanément mais ici avec un propriétaire commun auquel les habitants sont redevables. Le kartyé définit des espaces collectifs et non des espaces publics. Les espaces collectifs, d’interconnaissance sont le fondement de l’identification à un groupe de personnes et à un lieu dans la ville. La structure urbaine, l’implantation d’un boulevard urbain, de logements sociaux jouent un rôle important dans le processus de division de l’espace et des représentations. 34 L’espace public partagé avec les étrangés du kartyé, lui est défini par d’autres facteurs dans la culture créole. Celui de l’accessibilité (présence de routes, chemins) de l’ouverture du lieu et de ses fréquentations. Cela sous entend une stratification des espaces. 35

31/ Michel Watin, Habiter, op. cit., p. 255 32/ H.Gans, cité in, Michel Watin, Habiter, op. cit. , p. 252 33/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit, p.167 34/ Bertrand Bouteilles, Mutations urbaines : pratiques et perceptions. un quartier de Saint Denis de la Réunion : La Source, mémoire de master 1, université de la Réunion 35/ Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion, Les espaces publics à la Réunion, approche sociourbaine, ed. CAUE 974, 1992

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Cette démarche amorçant le travail de méthode est une introduction au diagnostic de terrain et au projet. Pour une rénovation urbaine prenant les enjeux sociaux et spatiaux comme fondements du projet sans pour autant oublier la nécessité de s’intégrer dans les enjeux des projets urbains futurs à l’échelle de la ville et de l’intercommunalité, la méthode se propose: D’observer les caractéristiques et défaillances urbaines afin de comprendre où se situent les enjeux urbains à l’échelle des quartiers SIDR, SDIR Haute et Ariste Bolon, de leur situation dans la ville et leur intégration au projet de la commune et de l’intercommunalité à l’aide des études techniques de l’Agence Up et d’un diagnostic personnel de terrain. De manière plus sensible ensuite, de saisir la manière de vivre et d’occuper les espaces de Kartyés SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon, d’en comprendre les besoins, les enjeux spatiaux et sociaux, par une

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Scène de vie dans le kartié SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon


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Pour une rénovation urbaine

IV. Pour une rénovation

KrÉol !

urbaine Kréol Méthode

approche sensible et des apports théoriques d’anthropologues et études sur le logement social à la Réunion. Ceci pour que ce diagnostic sensible soit l’outil principal des orientations d’aménagements à accomplir en fonction de ce que le diagnostic urbain aura révélé. Ce choix d’ordre de réflexion est dû à la capacité d’action du tpfe, en effet ne pouvant organiser des réunions de participations, la rencontre avec les habitants étant difficile en raison des distances physiques entre la métropole et la Réunion, la réalité des problématiques urbaines physiques expliquées dans un premier temps permettent par la suite de mieux comprendre comment la culture créole s’y est adaptée et comment, elle, aujourd’hui, peut devenir ligne directrice du projet. Ainsi, le projet se voudra de chercher à partir de l’outil diagnostic sensible et de la demande publique, dans la culture créole et les savoirs faire locaux des partis pris spatiaux et des modes de mise en oeuvre pour une rénovation urbaine créole.

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I. Des kartyés qui vont être transformés II. Des kartiés enclavés au coeur de projets de mobilités III. Des espaces collectifs de kartiés oubliés IV. Des espaces publics habités 68


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

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Des quartiers de logements sociaux, une culture urbaine qui cohabite

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Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

I. Des kartyés qui vont être transformés

Des transformations foncières remettant en cause l’organisation spatiale Le Port : 38 313 habitants 1660 ha de superficie

Une densité urbaine non uniforme La densité à la ville du Port est étroitement liée à son urbanisation successive. Les quartiers du centre ville et de la première couronne se vident au profit des commerces depuis les années 1980 alors que les plus récents (ZUP et ZAC) se densifient. Ainsi, la densité de la population se concentre sur les quartiers en périphérie composés aujourd’hui encore d’une majeure partie de logements sociaux construits ces 40 dernières années.36

Densité de population de 50 à 300 habitants / ha2

Densité de population de 900 habitants / ha3

0

200 m

500 m

A. Une forte demande de création de logements sociaux SIDR, SIDR HAUTE et Ariste Bolon à l’image des quartiers de logements sociaux est un des quartiers les plus denses de la ville et concentre la population portoise dans la plus grande pécarité. Seulement selon l’Insee, entre 2000 et 2010, ces quartiers ont perdu près de 400 habitants alors que la demande de logements sociaux et la population sont en forte augmentation dans le Territoire de la Côte Ouest37 . De plus, le Programme Local de l’Habitat préconise la création de 900 logements sociaux sur la ville du Port pour les années à venir. Bien que la création de logements sociaux ne soit pas uniquement adressée au programme de rénovation urbaine des quartiers SIDR, SIDR HAUTE et Ariste Bolon, il est important de considérer les potentialités de création de logements au sein du quartier et de saisir les difficultés locales menant à la baisse de la population dans le périmètre d’étude.

Source : Agence UP, évolution population entre 2000 et 2010, INSEE

36/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit., p 92 37/ Territoire de la Côte Ouest, Shéma de cohérence territorial, document pdf en ligne sur www.tco.re

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02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

B. Des logements ne permettant pas une grande densité La particularité des logements sur les quartiers étudiés sont la conservation du modèle de la maison individuelle. Au vue de la densité des quartiers périphériques du Port cela induit une forte concentration de constructions sur un périmèttre réduit mais ne permettant pas une grande densité de population. Le périmètre d’étude représente près de 2000 logements sur 50 ha. Ceci représente une densité de logements de 40/ha, bien en-dessous des objectifs du Schéma d’Aménagement Régional qui est de 80/ha. Cet élément n’étant pas une donnée programmatique mêne néammoins à une nécessité de densifier le quartier mais aussi de penser la création de logements sociaux et autres offres foncières dans le but d’installer une mixité sociale et de retirer l’image d’un quartier stigmatisé par la pauvreté.

Habitat individuel

Habitat collectif

0

40 m

100 m

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C. Un état du bâti contrasté L’étude menée par l’Agence UP montre un état du bâti inquiétant, hétérogène et fortement concentré sur les habitats individuels.

1 État bâti bon

État bâti moyen

Cependant, il est notable que plusieurs secteurs notamment sur SIDR Haute et les limites de Ariste Bolon mènent à reconsidérer des sites au delà de l’échelle du particulier. C’est-à-dire à l’échelle des quartiers, de la ville et de l’intercommunalité.

2

38/ Entretien avec Monsieur Zephy, urbaniste à l’Agence UP 39/ Entretien avec Monsieur Gaermynch, sociologue, chef de projet ANRU au Port

Coupe AA’

Cela sous-entend une procédure de rénovation urbaine par endroit au cas par cas avec les résidents mais également de possibles démolitions au coeur d’une trame complexe.

Ces possibles futures réserves foncières permettraient également de densifier le quartier, de proposer d’autres offres de logements que du locatifs social pour y installer une mixité urbaine tout en relogeant décemment les habitants en place dans le quartier, la ville ou l’intercommunalité. Par ailleurs, de nombreux locataires en place sont intéressés par des offres de relogement dans les communes voisines (Saint Paul, Saint Gilles, La Possession, ...),38 39 du fait de l’exiguité des bâtiments (voir les nombreuses extensions parfois occupant la totalité de la parcelle) ou de la recherche d’un autre cadre de vie.

Av. Georges Politzer

Av. Georges Politzer

Coupe BB’

Av. Georges Politzer

Coupe CC’

Av. Pasteur

Coupe DD’

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Av. Georges Politzer Extensions spontannées


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

A’

A

3 B’

C

5

B

4

2

C’

1

D’

4

6 D

3

D’après le repérage de l’étude de l’Agence UP pour le NPRU État bâti moyen

0

40 m

5

100 m

État bâti préocupant

État bâti préocupant

État bâti mauvais SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

6

État bâti mauvais

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Cité Herbert Spencer démolition programmée

Av. Rico Carpaye

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye 0

40 m

100 m

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02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

D. Cité Herbert Spencer

D’un coeur de quartier traumatisé à de nouvelles opportunités foncières Le cas de la cité Herbert Spencer, ensemble de logements collectifs en charge du bailleur social la SEMADER est le témoin d’un coeur de quartier meurtri. En effet, ces immeubles inaugurés en 1993 témoignent de l’obsolescence prématurée des bâtiments de logements sociaux à la Réunion. Dès l’année 2013, en raison de la grande insalubrité des bâtiments, les locataires en s’associant à la mairie et à la Confédération Nationale des Locataires demandent leur relogement suite à de nombreuses plaintes à la SEMADER. Demande soldée par de nombreux reports, plusieurs recours à la justice et des habitants condamnés à vivre dans des logements menaçant de s’effondrer pour certains jusqu’en 2015. Du sentiment de vol, d’abandon de la part de la SEMADER, de la qualification «d’immeuble de la honte» par la justice à l’affichage de permis de démolition alors que 200 personnes vivaient encore à Herbert Spencer, la libération d’un hectare de foncier autrefois résidentialisé apparait comme l’opportunité d’apporter un autre destin, une autre qualité de vie au coeur du quartier SIDR.

Source : www.ipreunion.re

Source : www.zinfos974.re Cité Spencer une population de locataires en logements insalubres laisés par leur bailleur social la SEMADER.

Source : www.ipreunion.re La dernière famille expulsée par les forces de l’ordre, fin d’une histoire traumatisante

- 144 logements créés en 1993 - La justice ordonne la démolition de «l’immeuble de la honte» en 2014 - Dernière famille expulsée en 2015

- Une réserve foncière d’1 ha au coeur du quartier SIDR

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I. Des kartyés qui vont être transformés >Bilan

Ainsi, SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon de par l’état du bâti actuel, la demande de mixité sociale et de densification des quartiers, le Schéma d’Aménagement territorial présente de nombreuses pistes potentielles d’orientations foncières. Il sera primordial de considérer les ensembles bâtis les plus critiques tels que la cité Herbert Spencer menant à la modification de grands espaces au sein des quartiers, ceci en terme de mobilité, de logements et d’espaces publics potentiels. Mais également la volonté de certains habitants d’être relogés dans d’autres logements sociaux dans les communes voisines, ceci étant une opportunité de créer d’autres offres foncières.

Logements dans un état inquiètant Logements à reconsidérer voir à détruire en raison d’un état sanitaire trop alarmant

Av. Pasteur

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Coupe DD’

Av. Georges Politzer État bâti moyen

État bâti mauvais

État bâti préocupant


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Possibilité de création de logements sociaux dans les futurs sites aménagés

0

200 m

500 m

Possibilité de création de logements sociaux dans le cadre de la revitalisation du centre ville.

«Il faut créer du mouvement»

Monsieur Zephy, urbaniste Agence UP, chargé d’étude pour la candidature au PNRU des quartiers SIDR, SDIR Haute et Ariste Bolon.

La rénovation bâtie du quartier doit également être considérée à l’échelle de chaque quartier et même à celle de l’habitant du fait de la diversité foncière locale. La rénovation urbaine ne doit pas être le fruit de démolitions systèmatiques au profit du désenclavement du quartier, mais être pensée en lien avec les pratiques spatiale et sociales et les impréatifs de viabilité des kartyés gâce à la rénovation urbaine.

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye 0

40 m

100 m

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II.Des kartyés enclavés au coeur de projets de mobilités La ville du Port se trouve sur l’axe du littoral le plus empreinté chaque jour par les personnes et marchandises. C’est un des principaux foyers d’emplois et seule porte notoire sur la mer de l’île. Aujourd’hui, les migrations pendulaires et les transports de marchandises sont fortement concentrés sur les périphéries de la ville. Le SCOT de l’intercommunalité de la Côte Ouest y prévoit par ailleurs le renforcement des infrastructures existantes notamment par la construction de la nouvelle route du littoral entre Saint Denis et la Possession. Avec celle-ci la mise en place de TCSP pour améliorer le service de transports en commun encore mal développé sur l’île.

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Saint Denis Sainte Suzanne Le Port

Saint André

Saint Paul Saint Benoit Sainte Anne

Saint Leu

Saint Louis

Saint Pierre

Saint Philippe Saint Joseph

Ville à forte attractivité d’emplois Ville à faible attractivité d’emploi Pôles de transports et de marchandises

Trafic 20 à 60 milliers de véhicules par jour Nouvelle route du littoral ouverte en 2018

0

10 km


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

À l’échelle de la ville, cet important trafic impacte directement le périphérique et la façade Sud du quartier Ariste Bolon.

Saint Denis

N1

Saint Paul Saint Pierre

Centre ville du Port Futurs quartiers, ZAC,...

Renforcement d’infrastructures ou projets de franchissement

0

200 m

Cependant, des projets d’amélioration de la Nationale 1 et d’une nouvelle traversée de la Rivière des Galets devraient à terme pouvoir alléger le trafic routier à proximité du quartier et répartir les flux de transport. D’autant plus que les nombreux projets de ZAC incluent eux aussi des projets de création de logements, qui, si aucune modification n’est apportée seront soumis aux même problèmes de nuisances sonores, de levée de poussière par les poids lourds, et de vitesse des véhicules.

500 m

Source Google street view Vue sur le Port depuis la route Nationale 1 au dessus de la rivière des Galets. Voie étroite sur un pont anciennement chemin de fer.

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A. Des quartiers enclavés le long d’axes structurants Comme dans le cas des quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon, les quartiers de logements sociaux à la Réunion très souvent aménagés en bordure de ville sont l’occasion dans le plan directeur d’aménager les entrées et accès au centre ville de manière hierachisée contrairement à l’urbanisme spontané et non planifié des premières couronnes d’extention des coeurs historiques. Cependant les choix architecturaux et processus d’aménagements engendrent des problèmes de cohabitation entre résidence et circulation mais également de déplacement entre le quartier et le reste de la ville. Ainsi , les observations sur terrain et l’étude de l’agence UP montrent un quartier résidentiel aux franges urbaines exposées à des contextes d’entrée de ville, de boulevard urbain et d’axe de circulation périphérique à échelle intercommunale. Alors que les quartiers SIDR Haute et Ariste Bolon sont accessibles par voiture seulement par trois endroits et deux axes de circulation traversant entre quartiers, la circulation interne par voiture n’est pas aisée et est ponctuée de ruptures de pente, ruelles et impasses aux gabarits parfois faibles et destinations d’usages peu déterminées (pas de trottoir, de signalisation,...).

Av. Georges Politzer Boulevard urbain

Coupe AA’

Coupe BB’

Coupe CC’

Av. Pasteur

Coupe DD’

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Av. Georges Politzer Boulevard urbain

Av. Monseigneur Roméro Axe entre quartiers

Av. Georges Politzer Boulevard urbain

Av. Georges Politzer Boulevard urbain

Entrée de ville

Av. Monseigneur Roméro Axe entre quartiers

Av. Georges Politzer


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

A’

A

B’

C

X

B

X

X

C’

X

D’

Av. Monseigneur Roméro Axe entre quartiers

X D

X

X X

X

X

Axe de circulation principal Axe de circulation secondaire

Accès par voiture sur SIDR Haute Ariste Bolon

0

40 m

100 m

X Ruptures de pente

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Monseigneur Roméro Axe entre quartiers

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain Rupture de pente

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain 0

40 m

100 m

83


B. Ici on va à pied, en bus ou en vélo La population portoise parmi les plus pauvres de l’ile, ne possède pas de voiture pour près de 50 % des 38 313 habitants40. De ce fait les transports en communs existants sont très importants pour se déplacer dans la ville et le reste de l’île. Mais ils sont encore jugés aujourd’hui mal structurés et synchronisés aux échelles communales et intercommunales41. Concentrés sur les axes structurants, ce sont des liens essentiels pour le déplacement des habitants de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon en terme d’accès aux services, travail et loisirs.

Réseau de bus sur la commune du Port

0

200 m

500 m

0

200 m

500 m

Arrêts de bus

Par ailleurs, dans sa politique urbaine la ville souhaite développer les transports doux tels que les déplacements pietons et les pistes cyclables. Rares à la Réunion en raison du relief, ces dernières peuvent être en revanche bien développées sur la Côte Ouest au littoral plus plat que sur les autres parties de l’ile et jouer un rôle fort dans les déplacements entre communes importantes sur ce secteur en terme de tourisme et travail.

40/ Plan Local d’urbanisme de la

ville du Port, 2004

84

41/ Agence UP, Le Port étude urbaine et sociale A.Bolon/SIDR Haute, Dossier de candidature pour un NPRU, 09/07/2015

Réseau de pistes cyclables sur la commune du Port

Projet de pistes cyclables sur la commune du Port d’après le shéma directeur vélo de la ville du Port


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Source : journal en ligne, Témoignages, par jour, 22 000 réunionnais empreintent le réseau de transport régional

Les futurs projets de transports en commun énoncés dans l’étude de l’Agence UP montrent une véritable réflexion en terme de mobilité en rapport avec les futurs projets urbains. Ces futurs réseaux passant sur les axes de boulevard urbain à proximité des quartiers à l’étude pour le NPRU mènent à les considérer de manière forte dans le cadre de la rénovation urbaine. Ceci en terme de rapports de services entre communes, de travail mais aussi de limites directes avec les franges de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon.

Source : Agence Guy Julien, Ville du Port étude urbaine et sociétale Ariste Bolon / SIDR Haute Projet de transport express régional TCSP 1 TCSP 2eme phase

85


C. Un manque de commerces de proximité pourtant fortement demandés Les kartyés SIDR, SDIR Haute et Ariste Bolon sont aujourd’hui bien éloignés des commerces et équipements nécessaires à la vie quotidienne. Ainsi, le marché et les principaux commerces sont en centre-ville, et les grandes surfaces à une longue distance des kartyés pour une population à majorité piétonne. Il en est de même pour les principaux foyers de travail sur la commune. Les futurs projets urbains fortement résidentiels devraient créer de nouveaux commerces de proximités mais surtout la création d’un Zénith à proximité de l’entrée de ville sur la frange Sud Ouest du site Ceci couplé au projet de transport en commun, l’Agence UP évoque la forte nécessité de penser de futurs équipements en lien avec le PNRU, l’intercommunalité et la venue d’un projet d’une telle ampleur sur l’ile.

Futur Zénith

Lycées

Établissements sportifs

Hôpitaux

Grandes surfaces

0

400 m

3 min

4 min

1 km

Marché, commerces, restaurants Principaux foyers d’emplois sur la commune

86

Équipements de l’avenue Rico Carpaye

6 min

15 min


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Futur TCSP Stade

Quartier SIDR Haute, Ariste Bolon

5. 3 m trottoir enherbé

7m voirie

1. 8 m 4 m trottoir trottoir enherbé

Sur cette voie destinée à accueillir le TCSP, le rapport entre les résidences et les arrières de jardin est à considérer. D’autant plus que les limites sont accentuées par les ruptures de pente augmentant l’enclavement.

18.10 m Futur TCSP Quartier SIDR Haute, Ariste Bolon

2m 3m trottoir stat.

6.5 m voirie

2m trottoir

16.5 m pelouse 35 m

Futur TCSP Quartier SIDR Haute, Ariste Bolon

4.5 m bordure enherbée

2 m 6.5 m trottoir voirie

L’avenue Rico Carpaye a la particularité d’accueillir en plus des commerces de proximité le prochain TCSP et les réseaux de bus et vélos des commerces itinérants (snacks, marchands ambulants). C’est également le lieu de pique nique et de rencontre de nombreux riverains. La qualité d’accueil de ces lieux devrait être 5m stat. et desserte conservée, voire améliorée (nouveaux commerces, espaces ombragés,...) . Le sud de l’avenue pourtant destinée aux piétons et arborée, fait face à une vitesse trop excessive des voitures entrant en ville. De plus l’absence de trottoir ou l’appropriation d’espaces par les habitants viennent compléter les dysfonctionnements.

2m 15 m stat. bordure enherbée 30 m

Mur anxiogène, trafic et usine Quartier SIDR Haute, Ariste Bolon

1m 3m 4.5 m chemin trottoir enherbé

Usine de ciment

6m voirie 23 m

3m 6m bordure voirie

La façade sud fermée par un mur cachant la voie périphérique à grande vitesse termine d’enclaver le quartier Ariste Bolon. Long de 600 m et haut de plus de 3m ce mur crée des espaces délaissés et une maigre promenade piétonne exposée au soleil, peu empreintée et anxiogène à cause du trafic.

87


II.Des kartyés enclavés au coeur de projets de mobilités > Bilan

Les enjeux de mobilité et d’accessibilité aux équipements couplés aux projets de transports, à l’enclavement et le manque de commerce de proximité sont des outils à prendre en compte dans la rénovation urbaine des quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon. Ainsi, le diagnostic ci-présent et les suggestions de l’agence UP encouragent la création de nouveaux commerces et équipements qui pourraient bénéficier des flux engendrés par les TCSP, l’aménagement des pistes cyclables et parcours piétons en ville mais aussi permettre de répondre au manque d’équipements.

École

É

Stade Lycée

TCSP 1 TCSP 2eme phase Équipements existants et futur Limites à reconsidérer Flux de circulation douces (pietons et vélos) à concerver ou améliorer.

Av. Pasteur

88

Coupe DD’

Entrée de ville

Futur Zénith

Av. Georges Politzer


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

TCSP 1 TCSP 2eme phase

0

200 m

500 m

École

École

Usine de ciment Lafarge

Ces éléments de projet passent pas la redéfinition des limites des franges des quartiers présentant parfois des «façades arrières» et devant devenir des «façades avant,» mais aussi aux modes d’accès internes à ces derniers actuellement enclavés en terme de morphologie urbaine et dont le traitement des espaces collectifs et très différent de celui des grands espaces d’accès à l’échelle de la ville et intercommunale.

Mur séparateur de 600 m de long et de plus de 3 m de hauteur

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye Boulevard urbain 0

40 m

100 m

89


Construction du quartier

90

1961

1971

1972

1973

1978

1981

1992

1996 --2000


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

III. Des espaces collectifs

de kartyés oubliés

Du fait de la construction par lots des logements, il n’y a pas eu au préalable de véritable réflexion portée sur les espaces publics comme étant de véritables lieux de vie ou espaces paysagers à l’intérieur des quartiers.

L’enclavement spatial de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon est du à une circulation difficile d’un espace de desserte à un autre et pas de réel intérêt pour les habitants extérieurs de s’y rendre. Cependant, l’importance au quotidien de la pratique de ces espaces de proximité dans la vie des habitants doit être un fondement du projet.

Espaces exigus, peu déterminés

X X

X

X X

Espaces collectifs Venelles

X X

X

X

Espaces de desserte

X

X Ruptures de pente

0

40 m

100 m

91


A. Des espaces collectifs peu qualifiés Les espaces publics à l’intérieur des quartiers sont beaucoup moins qualifiés, identifiés et structurés que les espaces des grands axes de communication. 1

2

3

Coupe BB’

Ces espaces sont pourtant importants pour ce qui est de l’apport de fraicheur en ville et du cadre de vie du fait du nombre considérable d’extensions sur les parcelles parfois totalement bâties.

Av. Georges Politzer Extensions spontannées

voitures stationnées

92

L’aménagement est souvent résumé au dessin de places de parkings voire de trottoirs, parfois quelques bancs mais peu entretenus. Ces espaces collectifs sont davantage des accès dans leur traitement spatial et sont des lieux de stationnements plus ou moins maitrisés à l’intérieur des quartiers. Quelques équipements publics font figure d’exception et donnent un véritable caractère d’espace public aux lieux, car fréquentés, entretenus et indentifiés comme tels. On notera que la grande proportion de ces espaces sont dédiés à la voiture et ont une qualité très minérale, ne permettant pas la perméabilisation des sols pour l’écoulement des eaux de pluie et génèrant la réverbération du soleil et la présence d’ilôts de chaleur.

Terrains multisport

Av. Monseigneur Roméro Espaces collectifs


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

4 5

B

1

4

2

B’

6

5

3

6 Espaces végétalisés Espaces minéralisés

Equipements sportifs et aires de jeux

0

40 m

100 m

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

Terrain de pétanque

0

100 m

40 m

93


Aire de jeux et équipement sportif, espaces entretenus et aux usages identifiés

1

2 Poche de stationnement, placette indéfinie au dessin peu défini. Dépôt d’ordures sauvage et sols dégradés

Source : agence UP. Les venelles sont souvent Source : EMO. Grille EP saturée et inondations d’eaux insalubres des dégradées et non accessibles aux secours espaces collectifs

94

Source : EMO. Absence de ligne d’eau pour diriger les eaux vers les avaloirs ou les absorber Source : EMO. Carte des bassin versants dans les espaces perméables.


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

B. Une faible qualité de cadre de vie et des dysfonctionnements dangereux

La qualité des espaces publics est très hétérogène à l’intérieur du quartier. Malgré le rammassage des ordures 3 fois par semaine , il existe de nombreux dépôts d’ordures sauvages non évacués. Ces derniers, ainsi que plusieurs points de refoulements d’eaux pluviales lors d’inondations peuvent engendrer des maladies et pollutions. D’autant plus que de nombreuses canalisations doivent être repensées en raison de présence d’amiente et d’une zone à proximité des écoles non couverte par le réseau incendie et difficlement accessible par les secours. Nous pouvons remarquer dans ce diagnostic personnel en complément de celui fait par l’Agence UP lorsque l’on rapproche la carte d’inaccessibilité aux secours et celle de l’état bâti que les zones où les bâtiments sont insalubres sont là où les espaces collectifs sont mal entretenus ou inexistants. Le projet de rénovation urbaine pourra s’appuyer sur ces documents outils pour réaménager ces espaces de proximité en correlation avec les problèmatiques d’accessibilité et de rénovation ou construction de bâtiments

Diagnostic personnel

Diagnostic Agence UP

2

1

Espaces de mauvaise qualité Dépôts d’ordures sauvages Refoulements de réseaux d’eau pluviales

Zones difficilement ou inaccessibles au secours Venelles

Source : EMO. Présence d’amiente dans les canalisations Bouches d’égout saturées lors de fortes pluies Zone hors couverture réseau incendie

État bâti moyen État bâti mauvais

État bâti préocupant 0

100 m

95


96

1 Avenue Raymond Vergès. Alignements et espaces «verts» entretenus.


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

C. Une trame verte anthropisée pour apporter de la fraicheur en ville. La politique de plantation en place, visant à apporter un cadre de vie agréable et de la fraicheur en ville, en raison du climat aride est également un moyen de hiérarchisation des espaces en ville, avec la proposition de grands alignements et de parcs mais est de ce fait très inégale en ville. Un des soucis majeurs de l’entretien de ces espaces est la forte consommation en eau qu’ils demandent du fait du climat et des caractéristiques du sol d’alluvions très perméables et alimentant une nappe phréatique aujourd’hui polluée. De plus, les espaces publics auraient tendance à être considérés comme tel et avec une importance d’entretien en terme de densité végétale et de soins beaucoup plus forts sur les grands espaces urbains que dans les quartiers.

2 Boulevard des Mascareignes, un lieu planté mais constituant un îlot de chaleur.

1

2 Znieff 2

Espaces plantés anthropisés Grands alignements plantés Savane, zone aride souvent incendiée Forêt tropicale semi sèche

Végétation sèche souvent perturbée par la montée des eaux de la rivière des Galets

0

200 m

500 m

Champs de cannes

97


D. Les espaces collectifs de proximité, des potentiels moyens d’apporter de la fraicheur dans les quartiers À l’intérieur des quartiers, les espaces publics étant beaucoup moins plantés et entretenus par la commune ne permettent pas un refroidissement et ne contribuent pas à des espaces agréables en terme de cadre de vie. Le couvert végétal actuel laisse de grands espaces minéralisés exposés au soleil. 1

Alors que les riverains ont parfois des parcelles saturées en constructions ( sols bétonnés pour les voitures, extensions diverses), se sont pourtant eux qui contribuent le plus à l’apport d’ombre dans les espaces collectifs depuis des plantations dans leur jardin ou leurs abords de parcelle. Cependant, tous les riverains ne possèdent pas de jardin et un travail sur la végétalisation serait le moyen de faire profiter à chacun d’un cadre de vie et environnement plus agréable au quotidien.

2

Av. Pasteur

Coupe DD’

Av. Georges Politzer Extensions spontannées

Espaces privés

D

Plan d’ombres, au solstice d’hiver austral, Août, 14h

D

98

Plan d’ombres, au solstice d’été austral, Février, 14h


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

3

3

4

D’

2 1 D Arbres de plantations publiques Arbres de plantations privées Espaces végétalisés Espaces minéralisés

0

40 m

100 m

4 SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

D’

D’

0

40 m

100 m

99


Des initiatives des particuliers pour planter les espaces collectifs

1

Des grands espaces plantés apportant peu d’ombre et gourmands en eau potable

3

Une végétation exotique et non endémique

Nerium oleander origine méditerranéenne

Eucalyptus origine australienne

2

Enterolobium cyclocarpum orignie amérique

Terminalia arjuna origine indienne

Pandanus utilis origine indigène

Des figures remarquables propres à la ville Réunionnaise

Ficus benghalensis 100 origine océan Indien

4

Caesalpinia pulcherrima origine Iles pacifiques

5

6 Roystonea regia origine Iles atlantiques


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Par ailleurs, certains riverains prennent l’initiative aujourd’hui d’entretenir eux mêmes certains espaces publics disponibles. Bien qu’il s’agissent parfois de sources de privatisation de l’espace, la majorité des ces initiatives sont partagées avec les voisins dans les espaces de proximité. Ceci montre bien une véritable demande des habitants à l’apport de végétation à l’intérieur des quartiers. Ces initiatives particulières peuvent être des leviers autour de la participation des habitants et nouveaux habitants au projet de rénovation urbaine en terme de valorisation du cadre de vie, d’appropriation du projet et de désenclavement social du quartier par des activités partagées. 2

Par ailleurs un travail de plantation en lien avec le patrimoine végétal de la Réunion et de la culture du jardin créole pourrait donner lieu à une pédagogie et des échanges pour alimenter le projet.

5

6

1 2

4

3 Appropriations habitants

et

entretiens

des

Espaces collectifs fortements exposés au soleil

0

40 m

100 m

101


III. Des espaces collectifs > Bilan

de kartyés oubliés

Le bilan à porter sur les espaces internes du quartier sont l’importance qu’ils ont au quotidien en terme de cadre de vie, de salubrité des espaces bâtis et de possibilité d’apport de fraicheur en ville. Le projet de rénovation urbaine des quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon doit avant tout prendre en considération ces espaces faisant partie intégrante de la vie quotidienne des habitants.

Espaces de desserte

X

Venelles Ruptures de pente Espaces de mauvaise qualité Dépôts d’ordures sauvages Refoulements de réseaux d’eau pluviales Zones difficilement ou inaccessibles au secours

Av. Pasteur

102

Coupe DD’

Av. Georges Politzer Extensions spontannées

Espaces privés


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

0

Trame verte anthropisée existante

200 m

500 m

Trame verte anthropisée projetée

En effet, la pratique des espaces publics à la Réunion est bien différente qu’en métropole et les espaces de proximité plus que des espaces collectifs sont considérés comme non pas comme des espaces publics mais des lieux domestiques.

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye 0

40 m

100 m

103


IV. Des espaces publics habités 42/ Agence pour l’observation de la Réunion, l’aménagement et l’habitat (AGORAH), Plan de relance du logement social, approche sociétale, pdf en ligne sur www.agorah.com 43/ Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion, op. cit.

104

L’occupation des espaces entre l’intérieur des kartyés et des espaces de communication à l’échelle de la ville est très différente sur le plan des rapports sociaux, des âges, des sexes et des modes d’usages. Mais un point commun nécessaire à l’appropriation des lieux est l’ombre. À la Réunion il existe 3 sortes d’espaces en fonction de leur occupation42. Les espaces de proximités, espaces domestiques semis privés. Les espaces intermédiaires, des lieux de rencontres généralement sur de grands axes de communication en ville où se situent des commerces. Enfin, les espaces publics du type européens, des espaces d’anonymat où l’appropriation n’existe pas et propre à la représentation symbolique de la ville, comme des parvis d’église, des parcs publics, des rues commerçantes de centre ville, 43... Ne sont présents dans le secteur d’étude que les deux premiers types d’espaces.

Ombres au 16/06 à 12h. Un des moments où les espaces sont le plus occupés et au moment de l’année où il y a le moins d’ombre à cette heure.


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Espaces de proximité, Acceuillent des individus qui se connaissent et vivent à proximité. Espaces de kartyé prolongeant l’espace domestique, ils ont valeur de sociabilité semi-privés. Espaces intermédiaires, Rassemblent des individus qui se sont déplacés sur des lieux de rencontre. On y rencontre des individus que l’on connait ou non. Sites en bordure de kartié ce sont des espaces de sociabilité semi publique. Espaces extérieurs au kartyé. Leur caractère de sociabilité est public.

0

40 m

0

100 m

100 m

40 m

105


106

Source :Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

A. Les micro-espaces de kartyé Évoqués plus haut, ces lieux à l’intérieur du kartyé sont liés à la proximité de l’habitation, ont une dimension restreinte, propice à l’intimité et à l’accueil d’un petit nombre d’usagers, ils se situent à l’écart des axes de circulation. Ils sont appropriés par des groupes stables de personnes qui se connaissent et faisant partie du voisinage. Ils sont généralement occupés par des petits groupes de 10 -15 personnes de genre masculin qui se réunissent pour parler ou jouer (dominos, cartes, pétanque). Les femmes ne s’y mélangent pas aux hommes. Les hommes entre eux sont généralement occupés à jouer, discuter et ne sont pas forcément à proximité du domicile. En revanche, les femmes, jeunes femmes, personnes âgées et les enfants restent sur le seuil du domicile. Des activités liées à l’éducation,

3 2

4

1

5

Espaces de proximité

Espaces zoomés

0

40 m

100 m

107


la cuisine, la discussion et le jeu y sont propices 44. Les activités restent dans un cadre d’interconnaissance. Tels que le jeu, le bricolage, la discussion, l’observation des autres ou encore des activités économiques marginales. La tenue vestimentaire témoigne d’un immobilisme dans ces espaces. Elle est apparentée à une tenue de «kour» c’est-à-dire une tenue décontractée comme chez soi (short, sandales, teeshirts) car les micro-espaces sont des «extensions extériorisées de la case» 45.

1

Par ailleurs, les déplacements s’y font surtout à pied, quelques fois en vélo. La voiture ou le bus, qui ne sont utilisés que pour sortir des ces lieux réfèrent à d’autre usages et rapports sociaux. Ces espaces souvent peu entretenus par les collectivités sont dégradés (mobilier cassé, pelouses brulées dépôt d’ordures,...). Ils sont investis et appropriés par les habitants. Ces derniers y apportent parfois leur propre mobilier (chaise, table, plateau de jeu,...)

2

44/Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine, op. cit., 45/ Ibidem

3

Entre soi Discussion

Flânerie

Observation

4

Mobilier apporté

Appropriation 5

Ombre 108

Espaces de appropriés Stationnements

Ombres au 21/07 à 17h. Moment où les espaces sont le plus occupés et au moment de l’année où il y a le moins d’ombre à cette heure.


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Passage Plantations garage sauvage (récupération de piéces)

4m

5m

voirie

stat.

Ombre

10 m Stationnements sauvages lieu de discussion, d’observation et de jeux

9m

2m

5m

trottoir

stat.

voirie

Garage sauvage (récupération de piéces)

2m

Espaces restreints Plantation des riverains

4m

stat. trottoir

22 m Jardin sur espace public Extentions

Lieu de discussion, d’observation et de jeux plantations

5m trottoir

10 m voirie

2m 11,5 m trottoir privatisation espace public 20,5 m

Lieu de discussion, d’observation et de jeux

5,5 m chemin

Garage sauvage (récupération de piéces)

34 m

8m

On constate que les femmes restent à proximité de l’habitation (3) et que les équipements sont très utilisés par les hommes(4). En revanche, si un espace reste indéterminé, large et sans ombre il est peu fréquenté et est propice aux dépôts d’ordures (5). La proximité des stationnements bien qu’étant une gène n’empêche pas l’appropriation des espaces (3).

chemin

terrain de pétanque 47,5 m

Épave de voiture brûlée détritus

Garage sauvage (récupération de piéces)

Lieu de discussion, d’observation et de jeux

64,5 m voirie et stationnement 65,5 m

109


Entre soi

Activités marginales

Flânerie

Interconnaissance Observation Mobilier apporté

Ombre

Groupes

Hommes Femmes et enfants

Jeux

110


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Lieux domestiques Collectif

Discussion

Appropriation Éléments de programmation à déduire : - Apporter de l’ombre dans les espaces de proximité, pour un cadre de vie plus agréable et de plus grandes possibilités d’occupation des espaces collectifs par les groupes d’habitants. - Éviter une trop grande spécialisation des espaces pour permettre l’appropriation. - Mieux contenir les stationnements de véhicules pour éviter les conflits d’usages avec les riverains. - Rendre possible des activités telles que la plantation spontanée de l’espace collectif par les habitants. - Écarter les voies de circulation de ces espaces et y privilégier les déplacements piétons et en vélos.

Questionnement du projet

- Est-il possible que ces lieux ne soient plus perçus comme des enclavements, d’interdiction de passage par les étrangers et une privatisation de l’espace ?

111


112

Source :Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

B. Les espaces intermédiaires, entre kartyés Les espaces intermédiaires sont moins nombreux que les espaces de proximité. Pourtant dans les usages ceux-ci réfèrent davantage à la définition de l’espace public «pour tous». Ce sont des lieux ouverts, caractérisés par le passage, les réseaux de communication en ville, la mobilité. Ils sont propices à l’appropriation encore mais dans le sens de la rencontre, de l’ouverture à l’étranger et sont des interfaces entre les kartyés. Ils sont situés en bordure de kartyé ou dans le kartyé même. Ces espaces contrairement aux micro-espaces sont des lieux situés en «avancée» et non pas en retrait. On voit et on y est vu. 46/ Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion, op. cit., p59

«Les espaces intermédiaires permettent l’articulation entre des territoires et espaces sociaux différents» « Ils garantissent la fluidité sociale entre kartyés et kartyés et centre ville.» 46

École primaire

École maternelle

Pharmacie 2

École primaire

Snack

Station service Pharmacie 1 Camions snacks Pharmacie

Boulangerie Snack 3

Lycée

Snacks Snack

Établissement sportif École primaire Futur Zénith Espaces intermédiaires

Espaces zoomés

École maternelle Usine de ciment 0

40 m

100 m

113


La mixité sexuelle y est bien plus importante bien qu’il y ait une majorité d’hommes. Les riverains se retrouvent autour d’activités ou d’un centre d’intérêt commun. Les commerces tels que les snacks, camions bar participent à cette vie particulière de ces espaces publics et sont très importants dans le quotidiens de l’espace de vie créole. Des marchands ambulants y font commerces de fruits, légumes ou encore viandes cuisinées dans une illégalité tolérée. S’y passent également des moments de pèlerinage ou rites de dévotion ou encore des fêtes, kermesses ou activités sportives,... . Les personnes s’y retrouvent pour des occasions précises.

1

La tenue vestimentaire dans ces espaces témoigne d’une plus grande mobilité, ainsi s’y mêlent habits de kour et et habits de ville (pantalon, robe, chaussures fermées, chapeau, coiffures,...) Caractérisés par la mobilité, ils concentrent les réseaux de transports en communs et autres modes de déplacements motorisés en cohabitation avec les déplacements à pied et à vélo.

2

Dans le cas de la ville du Port certains de ces espaces ont une réglementation particulière sur le Plan Local d’Urbanisme en matière de prescription foncière et d’aménagements et sont entretenus avec soins surtout dans le cas d’entrées de ville ou d’équipements sportifs et de loisirs aménagés et non spontanés. 3

Appropriation

Espaces de appropriés Stationnements Ombres au 21/07 à 17h. Moment où les espaces sont le plus occupés et au moment de l’année où il y a le moins d’ombre à cette heure.

Marchands ambulants

La présence des équipements et commerce est très importante dans l’animation et la fréquentation de l’espace public.

Ombre 3m 6m trottoir voirie

114


Appropriation Partage

Ombre

Barnum

02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Convivialité

Odeurs Cuisine traditionnelle Camions bar Barnum et pique-nique spontannés Vendeurs de fruits, légumes,...

2m 3m trottoir

6,5 m voirie

Pique nique Snack

3m trottoir

Le Banyan est un arbre repère lieu de rendez vous, rencontre, discussion, observation et de jeux

10 m stat.

7m trottoir

5m voirie

10 m pelouse

5m voirie

Terrain de sport lieu de rendez vous, rencontre, discussion, observation et de jeux

10 m trottoir

5m voirie 105 m

Jeux de boules lieu de rendez vous, rencontre, discussion

119 m pelouse, terrain multisport et de pétanque 140 m

35 m

16,5 m pelouse

5m stat.

Jeux de boules lieu de rendez vous, rencontre, discussion

50 m jardin

Animation et appropriation des trottoirs

Snack

6m 2m 4m voirie stat. trottoir

115


Les espaces intermédiaires sont des lieux d’articulation en ville. Espaces parcourus au quotidiens pour se rencontrer, faire la fête ou accéder aux commerces, c’est également par eux «qu’on va en ville».

> Aller en ville

Aller en ville ne fait pas parti de la vie de tous les jours. Les réunionnais particulièrement dans les périphéries urbaines s’y rendent pour des choses précises. On y va pour y faire des achats anticipés et lorsque l’on a de l’argent. Contrairement au kartyé avec des limites précises et un territoire approprié, les espaces symboliques sont des lieux qui ne sont pas appropriables. «La ville appartient à tout le monde alors qu’un kartyé comme un terrain n’appartient pas à tout le monde. Le terrain est à nous». 47 La ville, l’anonymat et les inconnus sont angoissants dans la culture créole, c’est pourquoi il est de coutume de s’y rendre en groupe ou pour retrouver des personnes que l’on connait ou pour un but précis. Itinéraires observés dans les espaces de kartyé

Domicile et espace collectif associé Itinéraire empreinté par les femmes Itinéraire empreinté par les hommes

116

Itinéraire empreinté par les enfants Itinéraire empreinté par les jeunes adultes et lycéens

0

100 m


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

47/ Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion, op. cit., p59 Source :Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion

117


Lieu de rencontre

Sortir de son territoire Activités tolérées Commerces Échanges Snack Buvette

Flânerie Mobilier apporté

Observation

Ombre

Se rassembler 118


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

Appropriation Aller en ville Éléments de programmation à déduire :

- Affirmer ces lieux comme des repères et des lieux de rencontre en ville. - Poursuivre la politique de la ville de mise en valeur de ces espaces. - Favoriser l’existence de ces espaces contre l’enclavement des kartyés. - Éviter une trop grande spécialisation des espaces pour permettre l’appropriation. - Mieux contenir les stationnements de véhicules pour éviter les conflits d’usages avec les riverains. - Aménager les lieux de manière à concilier les différents modes de transports sans privilégier le TCSP pour réduire les espaces piétonniers.

Questionnement du projet:

- Est il possible que ces lieux favorisent l’ouverture des kartyés sur le reste de la ville sans perturber l’équilibre de ce dernier ?

119


Culture créole Mémoire

Traditions

Fête

Religion Repas

Concerts

Ombre 120

Appropriation

Être ensemble


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

C. «

lambians le kartyé »

fêtes et activités associatives

La culture créole réunionnaise, culture métissée est faite de «contacts de cultures comme une circulation de pratiques, qui créent une constante imbrication de formes symboliques et d’activités empiriques à travers différentes cultures en interaction».48 La culture créole non régie par des critères physiques ou une religion est avant tout un état d’esprit. Celui de vivre ensemble et de partager. Les traditions y prennent d’ailleurs beaucoup d’importance et se manifestent surtout dans l’espace public. La convivialité et la tradition de l’hospitalité demeurent une réalité et transparaissent au niveau des espaces. La convivialité inclut l’accueil, la discussion, le plaisir de la table... 49

Source : www.ville-port.re

Parmi ces traditions ont lieu les fêtes, défilés festivals et kabars. Des événements symboliques en lien avec l’histoire de l’île, telle ou telle religion, événements de kartyé ou de la ville. Ces dernières, proposent surtout des activités autour de la musique traditionnelle, de la cuisine, d’histoires lontan (contes) parfois le sport mais surtout autour d’activités de groupe qui sont très populaires à la Réunion. Au Port parmi les nombreux événements festifs qui ont lieu (environ un à deux par mois), au sein du kartyé Ariste Bolon ont lieu deux grands événements festifs reconnus par an. Celui de la fête de kartyé en Mai et celui commun à toute l’ile la fèt Caf (abolition de l’esclavage) nommé 20 Desanm dan kartié (20 Décembre dans le kartié). Ces derniers comprennent concerts, cours de danses populaires (maloya), grands repas, promotion de la culture et des pratiques créoles.

Source : www.témoignages.re Activités associatives à l’occasion de la célébration de l’abolition de l’esclavage et de la fête du kartié Ariste Bolon en 2012

Malgré une ferveur pour «le vivre ensemble», il n’existe pas de réelle association de quartier à SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon. La dernière n’a pas d’organisation stable et ne tient pas. Un organisme a pris le relais un certain temps, l’association Passe Port aidant les associations de quartier à se concrétiser, créant des événements festifs dans les kartyés et aidant à l’éducation populaire. Cette dernière existant encore mais avec beaucoup moins de moyens depuis le changement d’équipe municipale pourrait être un des acteurs du projet surtout dans le cadre de la gestion de proximité, de la concertation, de l’animation du chantier et de la vie de ce dernier après le projet.

Éléments de programmation - Garder et encourager ces manifestations festives et artistiques. - Aider à la mise en place d’une maison des associations en lien avec le projet. Celle-ci pourrait avoir un lien avec la maison de chantier sur le futur projet ANRU de SIDR SIDR Haute et Ariste Bolon et ainsi faire participer les habitants au projet pour qu’ils se l’approprient et générer des événements festifs marquant les étapes d’avancée du chantier.

48/ Laurent Médéa, op. cit 49/ Ah-Tiane Marie Joelle, Rochefeuille Christine,op. cit.

121


IV. Des espaces publics habités > Bilan

La rénovation urbaine des quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon si elle ne prend pas en compte les représentations sociales et spatiales risque d’être vécue comme un traumatisme, un projet arbitraire pouvant reprendre des modèles spatiaux européens loin des enjeux locaux. C’est pourquoi les données spatiales et les pratiques observées dans ce diagnostic ne doivent pas être entravées mais être outils du projet.

Kartyés SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon Espaces de appropriés Espaces intermédiaires Espaces extérieurs au kartyé, lié à l’anonymat, à l’espace symbolique européen Déplacements et échanges entre habitants pouvant être modifiés par le projet de rénovation urbaine, pour désenclaver les kartyés.

122

Coupe CC’

Av. Georges Politzer

Av. Monseigneur Roméro


02

Des quartiers de logements sociaux une culture urbaine qui cohabite

kartyés de ville

Local associatif

0

200 m

500 m

En outre, la rénovation des kartyés et non des quartiers, par des modifications foncières peut aboutir à la création d’espaces favorisant le désenclavement de ces derniers et à favoriser l’existences d’espaces tels que les espaces intermédiaires véritables lieux de rencontres entre habitants et pratiques de l’espace public. SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

0

40 m

100 m

123


I. Intentions de projet II. Pour une modernitĂŠ traditionnelle III. AĂŠrer, irriguer, habiter et partager IV. Espaces de vies, espaces publics 124


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

03

Une rénovation urbaine pour des

espaces de vies

127


I. Intentions de projet A. Enjeux

Une réserve foncière à reconsidérer à deux Des projets de mobilités douces et d’équipements à lier à la rénovation urbaine échelles, les kartyés et la parcelle

B. Intentions à l’échelle de la zone d’étude de rénovation urbaine

Traversée de kartyé crée Mobilité à encourager Ouvertures d’espaces vers les espaces intermédiaires Espaces de proximités à valoriser végétalisation Equipements existants et futurs TCSP 1

128

TCSP 2eme phase


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Des espaces publics dégradés, un cadre de vie Des pratiques sociales et spatiales particulières enclavant les kartiés mais pouvant être les à améliorer fondamentaux du projet

1

. Aménager les espaces en mutation pour désenclaver spatialement et socialement les kartyés et les intégrer au projet intercommunal.

2

. Créer une écologie urbaine à l’intérieur des kartyés alternatif à la politique de plantation existante apportant fraicheur et qualité dans les lieux collectifs.

129


C. Intégrer le projet de rénovation urbaine à l’intercommunalité Au-delà des problèmatiques de rénovation urbaine à l’échelle de la zone d’étude, il s’agit dans ce projet de diplôme de questionner la ville à la Réunion au travers de la ville du Port.

Futur Zénith

Possibilité de création de logements sociaux dans les futurs sites aménagés Possibilité de création de logements sociaux dans le cadre de la revitalisation du centre ville.

Futurs quartiers, ZAC,...

TCSP 1

Autres commerces et équipements existants.

TCSP 2eme phase

Création de services de proximité

>Pour une mixité sociale

>Pour des services de proximité

La présence de nombreux projets en cours, permet de créer de nouvelles offres de logements. Aussi, dans un souci de mixité sociale et de demande de changement de localité par les habitants de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon, il sera possible de reloger des locataires sociaux dans les nouveaux quartiers créés et de proposer d’autres offres foncières dans le projet de rénovation urbaine.

Le projet intercommunal, intégrant la création de TCSP, projet de mobilités douces mais aussi de nouveaux équipements tel qu’un Zénith à proximité de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon est l’occasion d’intaller de nouveaux commerces et services bénéficiant de ces nouvelles potentialités de fréquentations et de répondre aux besoins des habitants des kartyés.

130


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Ainsi, le projet se veut d’être pensé en lien avec les projets urbains à l’échelle de l’intercommunalité et d’y insuffler des dynamiques urbaines nouvelles.

plan espaces proxi mobilités principales et espaces pratiqués projet de mobilité

kartyés de ville

Créer des échanges entre les kartyés de la ville pour un désenclavement spatial et social

Trame verte anthropisée existante

Ecologie urbaine des espaces collectifs internes aux kartyés SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon, un projet pilote pour la recherche d’une écologie urbaine en milieu desertique tropical.

Trame verte anthropisée projetée

> Pour un désenclavement social et spatial

>Pour une écologie urbaine alternative

La réflexion autour de l’ouverture des espaces publics dans leur mode d’usage de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon, pourra être un moyen au travers la forme urbaine et les pratiques sociales de désenclaver les kartyés de ville. Ceci à l’image de se qui se fera dans les choix d’aménagement pour la rénovation urbaine de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon.

La végétalisation des espaces collectifs internes des kartyés pensée en lien avec le site pour une gestion durable pourra être un projet pilote et engager des projets de même type dans les autres kartyés de la ville. Ceci dans l’optique d’apporter de la fraicheur en ville et de créer un apport de cadre de vie.

131


II. Pour une modernité traditionnelle

Comment la tradition devient parti pris de la modernité ? Un des enjeux majeur des projets ANRU est le désenclavement spatial, mais à quel prix ? Au vu des pratiques sociales et spatiales en place dans les kartyés et les transformations foncières futures, le désenclavement de SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon, au delà de l’échelle du périmètre ANRU peut s’incrire dans une chaine d’espaces publics existants et futurs. Ceci pour acceder aux réseaux de bus, aux équipements et commerces à l’échelle de la ville mais aussi pour aider aux modes de circulations douces (vélos et piétons) dans des espaces à l’abri du soleil et des circulations motorisées parfois contraignantes.

kartyés de ville

Échanges

de la ville.

entre les kartyés

1 hectare en coeur de kartyé à requestionner Des limites à redéfinir

Espaces de proximité Espaces intermédiaires Espaces extérieurs au kartyé, lié à l’anonymat. État bâti moyen État bâti mauvais État bâti préocupant

X

132

Ruptures de pente Refoulements de réseaux pluviales Dépôts d’ordures sauvages

d’eau


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Trame verte anthropisée existante Trame verte anthropisée projetée kartyés de ville Liaisons douces possibles en lien avec les espaces publics à l’échelle de la ville

Futurs quartiers, ZAC,...

0

1 km

400 m

TCSP 1 TCSP 2eme phase Autres commerces et équipements existants. Futur Zénith

4 min

6 min

15 min

133


A. Quelles possibilités dans le cadre de la rénovation urbaine ? Périmètre élargi suggéré par l’Agence UP pour le NPRU

Le périmètre aujourd’hui suggéré pour le programme de rénovation urbaine répond à des données statistiques de la population, du logement mais aussi à des secteurs gérés par des bailleurs sociaux. Bien que cela représente des réalités appuyées par des données scientifiques, la donnée des pratiques sociales et spatiales manquent. Cependant, la suggestion de ce périmètre élargi à prendre en charge dans les aménagements spatiaux le tracé des TCSP est à poursuivre et très importante à intégrer la représentation actuelle qu’ont les habitants des kartyés.

Kartyés SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon Espaces de proximité Espaces intermédiaires Espaces extérieurs au kartyé, lié à l’anonymat.

R.CARPAYE

SIDR

E.ZOLA

SIDR HAUTE ARISTE BOLON

134

Ainsi, la définition de ce périmètre ne prend pas en compte les découpages des kartyés, risquant de mener à une non reconnaissance des habitants et de leur mode de vie mais également de leur manière de d’habiter l’espace public et de parcourir la ville.


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Périmètre élargi suggéré par le travail personnel de fin d’étude La démarche de ce travail personnel propose en revanche de dessiner ce périmètre d’intervention de rénovation urbaine à partir des représentations spatiales des habitants et des données scientifiques du premier périmètre. C’est pourquoi, les kartyés formés par SIDR, SDIR Haute et Ariste Bolon ainsi que les futurs projets définissent les limites du périmètre d’étude. Cela, pour intégrer les nouvelles installations aux pratiques spatiales et ouvrir les espaces en mutation pour désenclaver les kartyés.

Ceci, dans le but de travailler des liaisons avec les autres kartyés et à l’avenir pousser la ville du Port à prendre en compte les kartyés commes des entités urbaines fortes avec des enjeux bien plus importants en terme de cadre de vie que les grands axes de communication.

kartyés de ville

Échanges

de la ville.

entre les kartyés

135


B. Désenclaver les kartyés La conciliation des enjeux de rénovation urbaine et des pratiques sociales et spatiales en place est une problématique centrale en ce qui concerne la mobilité à l’échelle des kartyés. Pour travailler dans une recherche d’équilibre entre les pratiques existantes et le désenclavement des Kartyés, la remise en question du secteur Spencer et la démolition des logements les plus vétustes pourront venir ouvrir les espaces, proposer des équipements et occupations spatiales en lien avec les futurs projets alentours et la

Traversée de

kartyé crée Mobilité à encourager

Ouvertures d’espaces vers les espaces intermédiaires Equipements existants et futurs TCSP 1 TCSP 2eme phase Espaces intermédiaires créés Espaces de proximité créés

Coupe CC’

136

Av. Georges Politzer

Av. Monseigneur Roméro


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

politique de la ville. Ainsi l’ancien site Cité Spencer jusque là fermé aux personnes autres que ses habitants pourra devenir un espace intermédiaire sans perturber et dénaturer des espaces de proximité. Ce lieu pourra être un lieu de rassemblement et de dessertes des kartyés mais aussi des équipements existants (écoles, commerces) et futurs (TCSP, commerces,...) et accueillir la maison de kartyé du projet au cour du chantier puis une maison des associations. Maison de kartyé et des associations en lien avec le projet ANRU

La proposition de nouveaux espaces de proximités viendront faciliter l’accessibilité et l’aération des kartyés.

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

0

40 m

100 m

137


III. Aérer, irriguer, habiter et partager

Quelles solutions possibles pour des kartyés en milieu désertique tropical ? Permettre l’installation d’une écologie urbaine durable alternative à la gestion des espaces verts existants signifie trouver des moyens d’installer des ilots végétalisés au sein de la ville du Port au climat aride et où les précipitations annuelles n’excèdent pas plus d’un mètre par an. De plus le sol alluvionnaire est très perméable et remplit aujourd’hui une nappe phréatique qui alimente la ville en eau potable. Mais cette dernière est aujourd’hui menacée en raison de sites pollués sur la commune du Port et une forte imperméablisation des sols qui lors de fortes pluies entrainent les eaux qui ont lessivé les routes et parkings dans les sols et pas dans le réseau unitaire alors sur-chargé. Les études de sols sur les quartiers SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon devront êtres faites pour déterminer si ils sont pollués ou non. Ecologie urbaine des espaces collectifs internes aux kartyés SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon, un projet pilote pour la recherche d’une écologie urbaine en milieu desertique tropical. Nord 360°

Pour pallier à celà ce projet se propose de s’inspirer de l’arido culture, de l’agroforesterie et plus loin du jardin créole. Des techniques de culture en milieu aride faisant leurs preuves.

Direction d’où vient le vent

A

A’

Sud 180°

Le Port

Ensoleillement, Le Port un des lieux les plus exposés aux rayonnements lumineux sur l’ile.

Pluviométrie, Le Port un des lieux les moins arrosés de l’ile.

Côte sous le vent Rivière des Galets Cirque de Mafate

Nappe phréatique

138


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Pour conserver de l’humidité au niveau des sols, les différentes strates herbacées par leur système racinaire et une couverture du sol sont un moyen empreinté à l’agroforesterie et au jardin créole, par ailleurs, ceci peut être amélioré par l’apport de matières organiques (type terreau de composte, paillage) en surface. Le nivellement en pentes douces des sols pour récupérer les eaux de pluies en aridoculture pourrait être également réutilisé. Cependant les ressources en eau pouvant être insufisantes, un système de récupération sur les toits peut être envisagé mais aussi l’utilisation des eaux de la station d’épuration Le Port-La Possession aujourd’hui produisant des eaux de qualité de baignade

Sites pollués

0

2 km

Source : www.ville-port.re www.ars.ocean-indien.sante.fr

Source : www.afd.fr La station dépuration Le Port-La Possession, aujourd’hui cherche des moyens pour rétuliser les eaux traitées.

En cas de sols pollués, ces derniers peuvent être dépollués de manière biologique par des plantes par exemple se nourrissant de métaux lourds ou par intrant de bactéries. Mais ceci dépend de la nature des sols actuels qui sont à analyser.

139


A. Aérer les kartyés La circulation des éléments et la ventilation dans l’architecture créole d’hier et d’aujourd’hui est un des fondements du bien-être dans la construction sous les tropiques. Le rafraichissement de l’air par son passage dans des espaces ouverts et ombragés puis dans l’espace domestique sont des moyens ancestraux et plus responsables que les climatiseurs pour rafraichir les lieux habités. Les espaces de ventilations ne sont pas vastes et les ouvertures ne sont pas édifiées pour créer de grands courants d’air mais pour laisser passer une brise dans des logements compartimentés. Les principes de circulation d’air, sont aujourd’hui à la Réunion toujours utilisés dans les projets de constructions bioclimatiques. Etendus aux projets de logements collectifs voire de quartiers, les paysagistes et architectes de la Réunion mettent au service du rafraichissement de l’air les espaces de circulations internes et les espaces publics. Ceci par l’apport d’ombre, mais aussi la végétation et la récupération des eaux de pluies. Bien que le projet de fin d’étude de paysage ne traite pas directement de l’architecture, ces principes peuvent être repris dans les aménagements des espaces publics.

Paln et coupe Nord/ Sud de la case Bourbon, maison clonial traditionnelle à Saint Denis (974). Dans l’architecture traditionnelle, l’aération et le rafraichissment de la maison se fait grâce à l’ombre du jardins et de la circulation douce de l’air par les persiennes des fenêtres et des varangues.

140


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Coeur d’ilôt, Zac Coeur de ville, Leu Réunion projet de logements collectifs à Bras Panon (974). L’ombrage des espaces publics contribuent à rafriachir l’air et à les rendre plus agréables dans leurs occupation.

Coursives de l’Ilôt Saint Jacques, Leu Réunion opération Alabara à Saint Pierre (974). Les coursives jouent le rôle de seuils et permettent l’aménagements de petits jardins individuels où l’eau pluviale est reversée depuis les toits.

Détail logements et coursives de l’Ilôt Saint Jacques, Leu Réunion projet de logements collectifs à Saint Denis (974). Les désertes de logements ouverte et ombragées rafraichissent l’air extérieur

Coupe Nord/ Sud de l’Ilot Saint Jacques, Leu Paysage projet de logements collectifs à Saint Denis (974). Coursives et coeurs d’ilôts arborés comme moyen de climatisation naturelle.

141


Afin, de penser les espaces publics comme des moyens de rafraichir les espaces domestiques de proximités et les logements mais aussi comme des lieux de mobilité à l’échelle de l’espace public créole. Ces principes pourront être repris dans l’aménagement des kartyés et de leurs espaces adjacents.

Écoulement des eaux pluviales Circulation de l’air et des habitants Espaces pouvant jouer le rôle de ventilation

Av. Pasteur

142

Coupe DD’

Av. Georges Politzer


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Au vu des contraintes climatiques et géographiques, en terme d’exposition aux vents, de chaleur et de rayonnement solaire, les espaces publics pensés pour la ventilation des kartyés devront permettre une aération mais non une surexposition au vent. Cela sous-entend une protection de ces derniers par les constructions, leur plantation ou encore leurs dimensions. Le rafraichissement de l’air, signifie aussi un apport d’ombre sur les espaces ventilés voire un travail sur les sols concernant la circulation, la conservation ou l’absorption des eaux pluviales. SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye 0

40 m

100 m

143


B. Des «jadens Kreols» de Kartyé, pour un meilleur cadre de vie Le jardin créole est un lieu bien particulier dans les anciennes colonies françaises comme la Réunion. Lieu de repos, d’agrément et de légendes c’est aussi un espace où se côtoient plantes d’ornement, plantes médicinales et cultures vivrières. Opposé en tous points à l’espace «vert» associé à l’espace public de grandes pelouses tondues parfois arborées mais surtout vides, ce dernier est caractéristique encore aujourd’hui du paysage rural de la Réunion et souvent perçu comme un lieu de fouilli, désordonné, peu lisible et caché.

Manguier

Ananas

Canne à sucre

Citronelle

144

Pourtant, ces derniers conçus et cultivés de manière ancestrale sont au contraire très organisés et chaque espèce y est plantée en fonction de son usage, de ses besoins biologiques et de ses apports pour les autres végétaux. Ce sont des niches de biodiversité, des micro écosystèmes artificiels liés à la case et au besoin d’autosuffisance de son propriétaire. Ces derniers, couvrent généralement 100 ou 200 m2 et fonctionnent par rotation avec des techniques de cultures et de choix de plantes transmis de génération en génération. Le fruit de sa production sur de petites surfaces est abondante, répartie dans le temps est lié à la consommation de la famille mais constitue aujourd’hui un des modèles en matière de recherche sur l’agroécologie et les façons de cultiver de demain des laboratoires scientifiques tels que l’INRA. Des enseignements, repris notamment par certains acteurs pour la biodiversité à la Réunion comme le jardinier et agronome Luca Piccin, Isabelle Joly ou encore les architectes et paysagistes de l’agence Leu Réunion dans nombreux de leurs projets de logements et aménagements paysagers.


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Jardin potager de l’agronome Luca Piccin, Le Tampon, La Réunion

Jardin créole des Affouches de la famille Courtis, visite avec l’ethobotaniste Isabelle Joly, La Montagne, La Réunion

Aménagements de l’agence Leu Réunion pour la ZAC Beauséjour, visite avec l’architecte botaniste Michel Reynaud, Sainte-Marie, La Réunion

145


Bougainvillier

Passiflore

Bien que caractérisés par l’entretien et l’apport de nature privée de ces jardins, les pratiques observées à l’intérieur des kartyés et surtout dans les espaces collectifs constituant des lieux domestiques pour les habitants auxquels ils servent de lieu de desserte de leur logement la référence à ces derniers pourraient être une manière de donner ces lieux collectifs à leurs habitants. En effet, par l’entraide, la coproduction de ces jardins d’ornements et de subsistance la création de Jardens Kreyols de kartyé pourraient être une solution venant améliorer le cadre de vie, apporter de l’ombre répondre au désir de vivre en communauté et apporter une aide alimentaire à ces familles pauvres. Organisation traditionnelle d’un jardin créole. Le devant espace d’ornement et vitrine sociale, l’arrière , lieu de vie intime et espace vivrier.

Haie de croton ou sandragon, arbres d’ornement Oranger, arbre fruitier et d’ornement

Oiseau du Paradis

Fleurs et plantes médicinales Potager Manguier arbre fruitier et d’ornement Arbre à pain arbre fruitier et d’ornement Palmier arbre d’ornement et d’entretien du jardin Gingembre

Canne à sucre, plante nourricière Petit élevage, nourriture, entretien du jardin

146

Banadier

Potager

Bananier, arbre fruitier Cocotier arbre fruitier, arbre d’ornement et d’entretien du jardin


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Source :Leu Réunion, ZAC Beauséjour, créer des écosystèmes indépendants en eau et endémiques à la Réunion

«- Bat pou nout lang, nout kiltir, nout tradision !»

50

Caz Marron est une association multipliant les actions en faveur du maronage (alternative au régionalisme et modèle métropolitain). C’est en 2014 à la Saline, située un peu plus au Sud sur la côte Ouest que le Port qu’a ouvert le jardin Eucalyptus qui a aujourd’hui beaucoup de succès. Ce dernier créé pour pallier au fait que les habitants de ce quartier ne possédaient pas de potager invite les intéressés à renouer avec la culture du jardin de la case traditionnelle. Situé dans une zone sur laquelle une opération de 1300 logements, l’association en lien avec le maire et le bailleur a reçu 330 m2 pour aménager ce jardin. Association mêlant pédagogie, promotion de la culture créole par l’organisation de kabars tous les mois (fête musicale créole). Aujourd’hui, rencontrant un franc succès, des terrains sont en cours de négociation pour agrandir le jardin. 50/ Source : www. reporterre.net

147


Une maison de kartyé en plus d’être un lieu de vie et de relater l’avancée du projet pourrait donner des cours participatifs de jardinage et fédérer des groupes d’habitants autour d’associations à l’image de l’association caz marron. De plus un des éléments immatériels les plus importants aux projets de rénovation urbaine est l’image du quartier et surtout l’estime des habitants qu’ils ont d’eux même et de leur kartiyé. Les projets de rénovation urbaine alternatifs vus dans la première

Jadens Kreols de Kartyé Espaces de proximités et groupes d’habitants concernés

Av. Georges Politzer

148

Coupe BB’

Espaces publics à potentiellement végétaliser plus densément

Av. Monseigneur Roméro


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

«- Na poin un ti parcelle la ?»

partie intègrent d’ailleurs des groupes de travail autour de thèmes comme le jardinage et montre que cela fait projet par le biais de la demande publique, qui devient élément de programmation.

Maison de kartyé et des associations en lien avec le projet ANRU

Cela recrée du lien entre voisins et donne une autre image au quartier. De plus les habitants en participant à la mise en oeuvre du projet permettent une économie de main d’oeuvre mais aussi des projets qui perdurent et évoluent dans le temps avec les habitants une fois le concepteur parti.

SIDR- SIDR Haute- Ariste Bolon

Av. Rico Carpaye

0

40 m

100 m

149


IV. Espaces de vies, espaces publics À partir des pratiques de l’espace urbain et des soucis techniques repérés, la rénovation urbaine des kartyés SIDR, SIDR Haute se veut de faire un projet avec une écologie locale. Non pas en appliquant les grands principes de la rénovation urbaine visant à uniformiser la ville pour créer des «espaces urbains ordinaires»51 mais en rendant chaque espaces de vie partagés uniques pour un faire des espaces urbains extraordinaires. Ces derniers racontant des histoires de familles, d’habitants et de visiteurs autour de ce qu’est l’espace urbain et identitaire créole dans les kartyés SIDR, SIDR Haute, Artiste Bolon. En désenclavant les kartyés, en laissant entrer le jardin dans l’espace public et au vu des différentes strates spatiale, le projet se doit de penser à trois échelles. Celle de l’espace de proximité, de l’espace partagé entre kartyés et son articulation dans l’étendue de la ville et de l’intercommunalité. Il ne s’agit pas d’émettre des hypothèses et des programmations pour créer «du lien social, du partage» ces mots chers aux projets ANRU qui n’existent pas toujours dans les réalités vécues du projet. Il s’agit de laisser la place, aménager pour une culture réunionnaise existante, résitante et non une hypothétique adaptation des réunionnais à des formes urbaines métropolitaines qui d’ailleurs ne fonctionnent pas sur le continent.

C’est en «réapprenant à inscrire les problématiques sociétales du présent à l’échelle et sur le socle d’un héritage local (naturel et édifié) que seront inventées les nouvelles entités spatiales»52 .

«-Pou in urbanism kreol!» 51/ www. anru.fr

150

52/ Françoise Choay, Le Patrimoine en question, Anthologie pour un combat, Paris, ed du Seuil,, 22 octobre 2009, p.47


03

Une rĂŠnovation urbaine pour des espaces publics hbitĂŠs

151


152


03

Une rĂŠnovation urbaine pour des espaces publics hbitĂŠs

04 Soutenance

153


EspacEs dE viEsE , Enjeux sociaux et spatiaux, fondements de la rénovation urbaine des kartyés SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon dans la commune du Port à la Réunion

Projet d’infrastructure puis projets de villes

Le Port une ville en contexte hostile

Diplôme paysagiste DPLG - 2016 Maud Nunez encadrée par Michel Boulcourt et Yves Hubert

Nord 360°

Le Port, infrastructure crée en 1877, commune en 1905

spacEs publics

Direction d’où vient le vent

Un projet de rénovation urbaine à la Réunion Saint Denis

Le Port

2

2

Sainte Suzanne

1877-1900 1900-1960 1960-1990

Projets encours et à l’étude ANRU

Côte sous le vent

Ensoleillement, Le Port un des lieux les plus exposés aux rayonnements lumineux

Piton des Neiges 3069 m ancien volcan

Rivière des Galets Cirque de Mafate

2

J/cm2

Températures, Le Port un des lieux les plus chauds sur l’ile.

Pluviométrie, Le Port un des lieux les moins

Côte au vent

Cratère Dolomieu

Plaine des cafres

Saint Paul

Plaine des palmistes

Rivière des remparts

Saint André Nappes souterraines

2

Saint Benoit

Rafraichir la ville, rénover la ville

Sainte Sainte Anne Anne Projet ANRU 1 LepervencheVergez-Voie Triomphale

Saint Leu

Saint Louis

La Réunion lé la !

Sud 180° Source : Atlas Climatique de la Réunion

1

La Possession

2

Saint Pierre

Le Port

Projet ANRU 2 SIDR-SIDR Haute Ariste Bolon

Saint Philippe

Mail d

e l’océ

an

Saint Joseph 200 m

0

X

500 m

L’espace du kartyé, lieu identitaire et urbain

Des bidonvilles aux logements sociaux... Quartier Quartier ... des espaces urbain insalubres d’hier à aujourd’hui

Les espaces collectifs de proximité

Kartyé !

Ombre

Appropriation Entre soi

Un Unmodèle modèlemétropolitain, métropolitain,une uneculture culturecréole créole persistante persistante qui qui cohabite

Projet ANRU 2 à l’étude

Lieux domestiques

Projet ANRU 1 en cours de réalisation

Opération de Résorption d’Habitat Insalubre Redynamisation du centre ville

Ouverture de la ville vers l’océan

200 m

0

500 m

Densifier, circuler, projet urbain intercommunal

Extentions

5m trottoir

Espaces de proximité

10 m voirie

2m 11,5 m trottoir privatisation espace public

64,5 m voirie et stationnement

20,5 m

D

65,5 m

Nouvelle entrée de ville

Les espaces intermédiaires de kartyé Pharmacie

1960

École primaire

2016

École primaire

École maternelle Snack

Pharmacie

D’

Appropriation Ombre Aller en ville

Saint Denis Traversée de la rivière Des Galets

Lieux de rencontre

Camions snacks

Snack

Écosité : 5000 hectares 15000 logements

N1

Pharmacie Boulangerie

Lycée

Snacks Snack

Établissement sportif École primaire Source : Bernard Leveneur, 60 de culture urbaine, ed. Société Immobilière du département de la Réunion, Agence Française de développement, Saint Denis (974), 2009

Futur Zénith

Saint Paul

École maternelle Usine de ciment

Ateliers Lion, Écosité insulaire et tropicale Ile de la Réunion, 2013-2023 3m 6m trottoir voirie

Espaces intermédiaires de kartyé

119 m pelouse, terrain multisport et de pétanque 140 m

6m 2m 4m voirie stat. trottoir

Lycées Hôpitaux Centre-ville

Foyers d’emplois

Saint Pierre

0

1 km

400 m

Établissements sportifs Grandes surfaces 3 min

4 min

6 min

Trame verte existante

TCSP 1

Trame verte projetée

TCSP 2eme phase

Création de ZAC : activités, logements

15 min

Mail de l’océan et extension de la trame verte Projet redynamisation du centre-ville

1877-1900

Projet résorbtion de l’habitat insalubre

Projet de rénovation urbaine (ANRU)

1900-1960

Voie périphérique 4 voies

1960-1990

Route Nationale

Nouvelles ZAC

1980-2010

2013-2023 Coupe DD’


vent

Des enjeux de projet de kartyé E

Appropriation de l’espace public par les habitants E’

Espaces de desserte Venelles X Ruptures de pente Espaces de mauvaise qualité Dépôts d’ordures sauvages Refoulements de réseaux d’eau pluviales Zones difficilement ou inaccessibles au secours

Poche de stationnement, placette indéfinie au dessin peu défini. Dépôt d’ordures sauvage et sols dégradés

Trame verte anthropisée existante Trame verte anthropisée projetée

0

200 m

500 m

Des kartyés enclavés au coeur de projets de mobilités E’

Des franges urbaines sur le point d’être modifiées, arrières de jardins sur entrée de ville

TCSP 1 TCSP 2eme phase

E

Équipements existants et futur Limites à reconsidérer Flux de circulation douces (pietons et vélos) à concerver ou améliorer.

Usine de ciment Mur séparateur

0 TCSP 1 TCSP 2eme phase Création de ZAC : activités, logements

Un mur comme frontière entre le kartyé et le périphérique

Futur Zénith

Des kartyés qui vont être transformés

200 m 500 m

Cité Herbert Spencer Une réserve foncière d’1 ha au coeur du quartier SIDR

Logements dans un état inquiètant Un état du bâti contrasté, entre logement individuels hétérogènes aux parcelles sur construites et logements collectifs insalubres

Logements à reconsidérer dans un état sanitaire trop alarmant

Des espaces publics habités

Possibilité de création de logements sociaux dans les futurs sites aménagés Possibilité de création de logements sociaux dans le cadre de la revitalisation du centre ville.

0

200 m

500 m

B’

Espaces de proximité Espaces de rencontre Espaces extérieurs au kartyé, lié à l’anonymat Déplacements et échanges entre habitants pouvant être modifiés par le projet de rénovation urbaine, pour désenclaver les kartyés.

Source :Direction Départementale de l’Environnement, Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement de la Réunion

Différentes qualités d’usages, différentes qualités spatiales et sociales

SIDR

SIDR Haute

kartyés de ville

0

200 m

500 m

Ariste Bolon

156 0

20 m

50 m

Coupe EE’


03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

X

Espaces de proximité

État bâti moyen

Espaces intermédiaires

État bâti mauvais

Espaces extérieurs au kartyé, lié à l’anonymat. Ruptures de pente

État bâti préocupant

Refoulements de réseaux pluviales Dépôts d’ordures sauvages

d’eau

157


Pour une rénovation urbaine en lien avec la culture urbaine créole

«- pou in urbanism kreol» !»

Intentions

kartyés de ville

Créer des échanges entre les kartyés

Trame verte anthropisée existante Trame verte anthropisée projetée Ecologie urbaine des espaces collectifs internes aux kartyés SIDR, SIDR Haute, Ariste Bolon, un projet pilote pour la recherche d’une écologie urbaine en milieu desertique tropical.

Traversée de kartyé crée Mobilité à encourager

1

. Aménager les espaces en mutation pour désenclaver spatialement et socialement les kartyés et les intégrer au projet intercommunal.

Ouvertures d’espaces vers les espaces intermédiaires Espaces de proximités à valoriser

2

. Créer une écologie urbaine à l’intérieur des kartyés alternatif à la politique de plantation existante apportant fraicheur et qualité dans les lieux collectifs.

végétalisation Equipements existants et futurs TCSP 1 TCSP 2eme phase

Transformer, préserver

Considérer le périmètre de projet en lien avec les kartyés Périmètre de projet reconsidéré avec les espaces intermédiaires de kartyé

Un périmètre de projet initial de projet élargi, mais prenant uniquement en compte le TCSP et les emprise SIDR, SIDR Haute et Ariste Bolon

Traversée de kartyé crée Mobilité à encourager Ouvertures d’espaces vers les espaces intermédiaires Equipements existants et futurs TCSP 1 TCSP 2eme phase

Maison de kartyé et des associations en lien avec le projet ANRU

S’inspirer du patrimoine architectural créole

Aérer, irriguer

Espaces pouvant jouer le rôle de ventilation Circulation de l’air et des habitants Écoulement pluviales

des

Plan et coupe Nord/ Sud de la case Bourbon, maison clonial traditionnelle à Saint Denis (974).

Coursives de l’Ilôt Saint Jacques, Leu Réunion opération Alabara à Saint Pierre (974).

Des jardins créoles de kartyé Haie de croton ou sandragon

eaux

Habiter, partager

Oranger

«- Bat pou nout lang, nout kiltir, nout tradision !»

Fleurs et plantes médicinales

Bougainvillier

Potager

Passiflore

Manguier

Arbre à pain

Palmier

Oiseau du Paradis

Bananier

158

Cocotier

Jadens Kreyols de Kartyé Espaces de proximités et groupes d’habitants concernés

Gingembre

Canne à sucr Banadier

Potager

50/ Source : www. reporterre.net


é

03

Deux échelles de programmation «- NANA in projé pou moin é pou nout kartyé» !» 1 Ouvrir le kartyé et l’intégrer au projet intercomunal Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

Désenclaver le kartyé et apporter de services de proximité dont une maison de kartyé

Commerces de proximité Commerces de proximité

Espaces privés ouverts pour désenclaver les kartyés Espaces de proximité ouverts Espaces publics ouverts, de rencontres, de rassemblement.

Maison de kartyé et des associations en lien avec le projet ANRU

TCSP 1 TCSP 2eme phase

Associations, commerces et services de proximité, logements

Équipements Flux entre espaces en bordure de de kartyés à encourager

Trame verte anthropisée existante kartyés de ville Liaisons douces possibles en lien avec les espaces publics à l’échelle de la ville

Trame verte anthropisée projetée

0

TCSP 1 TCSP 2eme phase Futurs quartiers, ZAC,...

400 m

4 min 6 min 15 min

Futur Zénith

2 Valoriser les espaces collectifs et les donner aux habitants

Faire un projet partagé avec les habitants du kartyé autour du thème du jardin créole.

Espaces conçus avec les habitants pour une prolongation de l’espace domestique et un apport dans la vie quotidienne (ombre, ornement, potager,...) Venelles Flux entre espaces collectifs de kartyés à encourager

Vers une gestion durables des espaces de proximité

1 km

159 Ateliers avec les habitants des quartiers Voie Triophale, Lepervenche Vergez dans le cadre du projet ANRU 1 avec le CAUE de La Réunion


Une traversée pour aménager des espaces de vie dans le Kartyé Ouvrir le kartyé

S’orienter

Circuler

Aérer, irirguer

«- NANA in jaden dan kartyé !» Garder les eaux de pluie et réutiliser les eaux de la station d’épuration

Un meilleur cadre de vie, changer l’image du kartyé Alignements de Palmiers royaux, Roystonea oleracea

Frangipanier Plumeria alba Palmiers royaux, Roystonea oleracea

G

Banian, arbre sacré dans la communauté F malbare (rassemblements), Ficus benghalensis

Alignement de Flamboyants Delonix regia

Lilas de Perse Melia azedarach

Abres fruitiers choisis avec les habitants à proximité. De type Manguier, Litchi, Bananier, Papayer,...

Frangipanier Plumeria alba Palmiers royaux, Roystonea oleracea H’

F’ H

Bois noir, Samanea saman

Baobab, arbre sacré Adansonia digitata Arbre du voyageur Ravelana madagascariensis

Par différentes strates végétales Tabebuia jaune Tabebuia serratifolia

Espaces intermédiaires de kartyé Espaces de proximités cogérés par les habitants Commerces et services de proximité

TCSP 1 TCSP 2eme phase Voies partagées Nouveaux accès voitures

Réseau de bus extistant Pistes cyclables Venelles crées Venelles existantes Grande traversée entre kartyés pour les transports doux

Espaces publics minéraux, Grands pavés béton clairs carossables Venelles, Petits pavés béton carossable

Espaces publics perméables plantés

Faire circuler l’air Capter l’eau de pluie

Espaces publics perméables en stablilisé

G’

Espaces dégagés par le projet de rénovation urbaine Bassins versants

Places plantées et pergolas pour l’appropriation de l’espace

1

Sens de la pente

Grâce aux hydrorétenteurs biologiques dans le sol

Récupération des eaux de pluie sur les toits

Allées ombragées pour circuler, flâner,...

2

Halle commerçante et maison de Kartyé

Flamboyant bleu Jacaranda mimosifolia

Flamboyant bleu Jacaranda mimosifolia

3

Une place pour les fêtes de Kartyé

4

Attendre le TCSP à l’ombre ou se donner rendez-vous

1

4

2

Coupe FF’

Du Bosquet à l’arbre en forêt, en attendant que le Banian devienne grand

Coupe GG’

Se diriger vers le parc boisé, une promenade y faisant référence

3 N 0

25 m

50 m

Espaces plantés

Stabilisé

Voies piétonne

Voies partagées

Route

0

4m

Coupe HH’ 10 m


Maquette de projet - travail sur la façade des grandes voies - travail sur les transitions d’échelles de l’espace public ouvert aux espaces collectifs - Création de repères dans la ville et le quartier par le dessin de nouveaux espaces publics, l’implantation d’équipements de Karyés et d’arbres symboles.

162


03

Une rĂŠnovation urbaine pour des espaces publics hbitĂŠs

163


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164

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03

Une rénovation urbaine pour des espaces publics hbités

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166


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