Nourrir la ville : l'agriculture et le paysage comme outils de planification urbanistique

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nourrir

la

ville,

l’agriculture et le paysage comme outils de planification urbanistique Maxence Girard



« L’ordre des villes consiste d’abord en la planification de son extension, puis en la soumission de ses périphéries et de la campagne à un plan universel. » R. Schwartz.

« Tant que les urbains n’auront pas pris à bras le corps cette question de leur campagne, il n’y aura pas réconciliation de ces deux mondes. C’est quantitativement les urbains qui peuvent faire pression. Comment réapprendre à ce que les urbains requestionnent la campagne ? » Michel Corajoud.



Sous la direction de

GÉRY LELOUTRE

nourrir la ville, l’agriculture et le paysage comme outils de planification urbanistique

Mémoire

de fin d’études présenté par :

MAXENCE GIRARD, en vue de l’obtention du grade académique de Master en Architecture Année Académique 2014-2015


- Sommaire Avant-Propos.....................................................................................................9-11 Introduction....................................................................................................12-15 Point sur le contexte contemporain et historique de l’agriculture mondia le....................................................................................................................16-23 - Quelques dates -..........................................................................................16-17 Point mondial.................................................................................................18-23 Point sur le contexte historique et contemporain de l’agriculture en Région de Bruxelles-Capitale.........................................................................24-31 - Quelques dates -...........................................................................................24-27 Point sur la Ville Bruxelloise......................................................................28-33

PARTIE 1 - LE CAS DE LA VILLE BRUXELLOISE.....................34-67 E T U D E D E C A S # 1 - NEERPEDE.....................................................34-51 1 - Introduction.............................................................................................35-43 A/ présentation de Neerpede, historique.........................................................34-37 Croissance démographique et enjeux urbains Bruxelles territoire Maillage et réseau vert bruxellois a) - La Promenade Verte b) - Le maillage vert c) - Le maillage bleu d) - Le plan nature B/ activités présentes à Neerpede, état des lieux......................................37-43 définition de la zone d’étude spatialité et morphologie du territoire

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composantes spatiales du paysage l’agriculture

l’urbanisme en ruban

2 - Analyse : ..................................................................................................43-50 À/ Anderlecht a la croisée de projets d’avenir.........................................43-43 le projet « chaudron-erasme » B/ Analyse structurée..................................................................................43-50 Accessibilité et rapport à la mobilité urbaine Piéton Vélo Bus Tram Métro Voiture - ring Quels outils pour le projet ? Mobilité Gestion de l’agriculture et agriculture élargie : a) - Situation - définition de l’agriculture élargie b) - Viabilité d’un modèle durable d’agriculture? c) - Pérennité des sites agricoles Objectif métropolitain et projet de financement a) - Une valorisation productive du paysage ? b) - Neerpede, nouveau point focal dans pour l’agriculture dans la ville bruxelloise 3 - CONCLUSION..........................................................................................50-51

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E T U D E D E C A S # 2 - LA FERME URBAINE NOS PILIFS À NEDEROVER-HEEMBEEK -....................................................................................52-63 1 - INTRODUCTION : ........................................................................................ À/ présentation de Nos Pilifs, historique : ...............................................53-57 B/ activités de la ferme, état des lieux......................................................55-57 2 - ANALYSE ...............................................................................................57-63 À/ Neder-over-heembeek un quartier en mouvement. .............................57-59 Le plan 1000 logements de la ville de Bruxelles. B/ Analyse structurée ................................................................................50-61 Accessibilité et rapport à la mobilité urbaine Force du site, vues Rayonnement du site Nos Pilifs La ferme Nos Pilifs, un espace «public» ? Collaborations avec d’autres ASBL 3- CONCLUSION ........................................................................................61-63 CONCLUSION GÉNÉRALE / PARTIE 1 ................................................65-67

PARTIE 2 - LE CAS ALLEMAND.................................................68-115 Introduction :.......................................................................................69-71 - La ville paysage de R. Schwarz -..........................................................72-77 - Agrarian Urbanism, la tradition de la ville américaine -......................78-83 - Schreber gartens - Système de planification vert allemand -................84-91 Organisation des jardins potagers et législation allemande...............87-89 Le cas de Berlin : ..............................................................................87-89 Le cas de la Région de Bruxelles-Capitale :...........................................89-91 LE CAS ALLEMAND - #1- Berlin Barnim .........................................92-101 Introduction / Berlin - Une métropole naturelle ..........................93-95 Le parc, présentation .......................................................................95-97 Neue Wiesen (1996)

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Gut Falkenberg (1999) Wartenberger Feldmark (2000) Quels enjeux à travers ce projet ?.................................................97-101 LANDMARK RÉSEAU VIAIRE AGRICULTURE CONCLUSION ................................................................................101-101 LE CAS ALLEMAND - #2 - Munich, la stratégie d’une périphérie BIO?............ ...................................................................................................................102-111 Introduction, présentation du projet...............................................103-105 Historique, mise en place du contrat par la ville :........................105-105 Description des obligations contractuelles :.................................105-107 a) - De l’agriculteur b) - Du distributeur d’eau Contre courant du pollueur-payeur ?...............................................107-109 Promotion de l’agriculture biologique et rayonnement........................109-109

CONCLUSION .................................................................................109-111 CONCLUSION GÉNÉRALE / PARTIE 2 ........................................112-115

- C o n c l u s i o n -............................................................116-125

Bibliographie................................................................................................126-131 Remerciements....................................................................................................133

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- Avant-Propos Durant mes études, j’ai à plusieurs reprises, et dans le cadre de différents projets, été confronté au thème de la grande échelle et du paysage. J’ai toujours essayé de développer certaines continuités entre des espaces publics ou verts, fonctionnelles, qui dépassent la parcelle même du projet ; dans le sens où le projet d’architecture pour moi, est plus une stratégie qu’un objet que l’on propose en ville. Sans que je puisse me l’expliquer, j’ai toujours donné beaucoup d’importance à l’espace public dans mes projets en général, et surtout aux espaces verts. L’architecture et les espaces publics forment pour moi en ville un réseau que l’on appelle urbain, l’urbanisme. C’est au sein de ce réseau que les habitants vivent la ville et s’y déplacent en superposant à ce réseau dur, des flux de circulation. À partir de la BA3, nous sommes initiés à l’urbanisme par le cours de projet, et par des cours théoriques sur l’histoire de l’urbanisme. Ces découvertes et nouvelles expériences m’ont permis d’avoir un regard différent sur la pratique de l’architecture et sur la manière dont on aborde le projet. De la même manière, j’avais été fasciné par les propos de Bas Smets durant une conférence à Anvers en octobre 2013. Durant mon année d’Erasmus à Barcelone en 2013, j’ai dû répondre à l’énoncé d’un master plan sur une immense friche agricole à l’ouest de l’aéroport de Barcelone El Prat, près du delta de Llobregat. Cet environnement très vert et agricole, découpé de manières diverses par du bâti dispersé et différentes trames de transports et de champs, m’a amené à me questionner en général sur la place des zones agricoles en bordure de ville, sur leur fonction effective et sur les enjeux de projet qu’elles suscitent. Sont-elles désormais vouées à devenir les réserves foncières et immobilières de la ville ? Ce projet a fait l’objet d’une étude visant à chiffrer la production locale afin de dimensionner un marché couvert avec son emploi du temps journalier, pour proposer une interaction entre les zones d’habitat de la périphérie et ces espaces verts agricoles. Ce marché se développait sur une place publique entourée de champs et pouvait de par sa configuration accueillir différents événements. Le master plan qui avait pour point focal ce marché, orientait des vues sur la ville de Barcelone en créant des grands axes primaires de circulation plus rapides et un maillage plus fin et plus lent ensuite liant les différentes parties du site. Dès lors,

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l’enjeu de la mobilité urbaine et de l’accessibilité au site se pose comme point de départ du projet à travers la création de station de métro supplémentaire et de pistes cyclables, ainsi que de sentiers piétons. C’est en particulier ce projet qui m’a donné l’envie de développer et d’analyser ces thèmes dans ce mémoire sur la Région de Bruxelles-Capitale, à savoir la production agricole, la manière dont les habitants d’une ville son nourri, comment les marchandises sont acheminées de la production au lieux de consommation, la place physique et la forme que prennent ces sites de production, et leur(s) fonction(s). Dans ce mémoire, nous verrons alors que «nourrir» la ville ne signifie pas simplement produire des denrées alimentaires pour la consommation de ses habitants, mais questionne la manière dont cela est fait ; et que l’agriculture urbaine ne se résume pas aux toitures vertes ou aux potagers de quartiers, mais participe de façon bien plus importante à une réflexion profonde sur la manière dont le paysage peut façonner la ville, et sur les interactions entre la ville et la campagne rurale. L’agriculture et le paysage sont ici pris à témoin pour réfléchir sur de nouvelles dynamiques urbaines fondatrices de la ville durable de demain. Le paysage et l’agriculture qui le façonne souvent en grande partie, sont alors présentés de manière moins romanesque ou encore romantique, dans une réalité bien plus concrète et fonctionnaliste, voire infrastructurelle. La périphérie de la ville bruxelloise semble avoir de nouvelles attentes et représente un potentiel de développement nouveau et méconnu, auquel l’agriculture entre autres semble pouvoir répondre à nombre de ces enjeux.

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- Introduction La planification et l’édification d’une ville à l’aube du siècle du développement durable et des économies d’énergies requièrent une attention toute particulière. La ville moderne consomme une grande quantité de denrées alimentaires, mais n’en produit pas ou très peu. La planification urbaine est confrontée de nos jours à de nouveaux défis, dont celui de faire face à une population urbaine en constante augmentation. Selon une étude de l’ONU, en 2030, 60 % de la population mondiale habitera en ville. La mondialisation et les avancées technologiques notamment en transport ont largement contribué à une différenciation de deux entités, ville et campagne. De ce fait, la proximité immédiate du lieu de production avec celui de la consommation n’est en aucun cas une obligation, et l’éloignement de ces lieux peut être considérable si on regarde l’importation de certains produits de l’alimentation courante. Ce constat pourrait être revu à la baisse en prenant en compte différemment la production agricole et son rapport à la ville (positionnement, proximités, connexions, transport, acheminement des marchandises, etc.) En effet historiquement « toutes les villes, grosses ou petites, se sont développées au milieu de terres fertiles. Toutes les terres autour des agglomérations sont de bonne qualités. Le maraîchage est là parce qu’il y a du monde à nourrir, mais parce que la qualité de terre le permet aussi » dit Henri Baron, ancien maire de Fercé en Loire Atlantique - France. (1) Le but de ce mémoire est de parvenir à identifier les outils et les enjeux d’une planification urbanistique à travers des sites de production agricole en requestionnant les espaces de la périphérie pour édifier et planifier la ville de demain. Dans ce travail de recherche, la région de Bruxelles capitale est prise à témoin afin d’étudier le thème nourrir la ville à travers une production agricole locale éclairée d’un regard nouveau su la périphérie et l’espace ouvert. Afin de planter les bases de ce travail, il convient de définir certains termes qui 1.Extrait d’une interview de l’ancien maire de Fercé en Loire Atlantique - France, dans le documentaire de Dominique Marchais, Le temps des grâces.

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seront utilisés dans ce travail et qui font parfois l’objet de plusieurs définitions dans la littérature à propos. Il me parait aussi important dès le début de dire que le terme « agriculture urbaine » n’apparaîtra pas dans ce mémoire. Cette expression est parfois utilisée pour décrire des situations très différentes et d’importances très variées de l’agriculture en ville, autour de la ville, pour la ville, etc. Elle est régulièrement employée pour décrire des situations allant du jardin potager de quartier, de la jardinière sur un balcon, à une toiture verte, jusqu’à une ferme urbaine de plusieurs hectares, ou encore un parc urbain mettant en scène l’agriculture. L’agriculture est toujours urbaine dans le sens ou qu’elle soit pratiquée à proximité d’une ville ou non, l’agriculture nourrit les urbains. De plus, ce terme amène le plus souvent vers une conception utopique et erronée de la réalité des villes contemporaines, et de leur adaptabilité, voir du succès réel du genre de proposition projectuelles occasionnées. « Pour que chaque habitant de Paris puisse disposer d’un jardin potager, il faudrait étendre la ville de paris a plus de 60 fois sa superficie. Produire chacun ses propres ressources relève de l’utopie totale. Il n’y a pas d’agriculture urbaine, ça n’existe pas ».(2) L’expression la Ville Bruxelloise fait référence à la ville diffuse, concept décrit et analysé pour la première fois par F. Indovina dans La città diffusa, Daest-Iuav, Venezia ; mais aussi et surtout, au livre Urbanisation sans Urbanisme, de Bénédicte Grosjean qui démontre ce phénomène en Belgique. La ville bruxelloise décrit ici une aire urbaine qui ne se limite pas à la Région de Bruxelles-Capitale, mais l’aire urbaine d’influence autour d’elle prenant davantage en compte la géographie et la réalité urbaine de la Région de Bruxelles-Capitale . Le paysage métropolitain fait référence à l’étude de Bas Smets éponyme (Metropolitan Landscape) et désigne dans ce mémoire un territoire dont le rayonnement et l’influence lui font jouer un rôle central et structurant au sein d’une aire urbaine. L’espace ouvert décrit une typologie spatiale observée comme la partie de l’espace urbain non occupée par des constructions. Cette définition prend en considération tous les espaces creux tels que les places, les rues, les zones de recul devant les bâtiments exceptionnels, les espaces verts, les berges de fleuves, etc. « Les espaces ouverts urbains constituent le lieu privilégié de la vie urbaine, 2. Extrait d’une interview diffusée sur France Inter, le 25.11.2014 ; propos repris d’un article de la revue agricole, Déméter.

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en termes d’espace public, d’espaces de rencontres ou simplement de lieu de détente. »(3) La structure de ce travail est la suivante : tout d’abord, en préambule introductif, un point historique sur l’agriculture mondiale et sur la situation de la ville bruxelloise est dressé. Dans les différentes parties de ce travail sont également intercalées des notions théoriques signalées par des pages de couleur. Cet exercice permet alors une mise en contexte de la problématique de la production agricole en ville. Le mode opératoire pour les parties 1 et 2 de ce travail d’analyse est une étude de cas à Bruxelles, puis en Allemagne : - La première partie analyse la Région de Bruxelles-Capitale en proposant une réflexion sur deux situations de l’agriculture : la vallée de la Pède (Neerpede), et la ferme urbaine Nos Pilifs à Neder-Over-Heembeek. Ces cas sont particulièrement représentatifs et intéressants, car ils sont l’un et l’autre assez complémentaires. L’un pourrait constituer à lui seul un paysage métropolitain et un pôle important d’agriculture vivrière, et l’autre être le maillon d’une série de projets «verts» créant des continuités interrégionales. Les questions de l’agriculture, du paysage, et des connexions urbaines prennent une dimension qui pourrait faire appel à d’éventuels projets transrégionaux dans un futur proche ; et certains projets ou études sont d’ailleurs en cours en ce sens. - Dans la seconde partie, nous faisons un parallèle avec la ville de Berlin puis de Munich en Allemagne, à travers le système de planification des espaces verts productifs, et présenterons certains projets comme exemples de dynamique métropolitaine. Ces projets ont pour thèmes centraux : le paysage agricole et la planification territoriale. Nous verrons donc en quoi ces projets peuvent constituer un ensemble de références pour la ville bruxelloise. Une conclusion générale sera ensuite présentée, reprenant l’ensemble des thèmes abordés dans ce mémoire et mettra en évidence les enjeux et pistes de réflexion de l’agriculture et du paysage comme outils de planification urbaine. Le débat se déplace dans l’actualité contemporaine de la situation bruxelloise.

3. D’après une définition du terme sur (Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_ouvert_urbain)

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- QUELQUES DATES -

L’AGRICULTURE MONDIALE : Cette partie s’inspire d’une chronologie réalisée par Joséphine Bia dans son mémoire XVIII - XIXème siècle : Révolution agricole. Elle correspond à l’ensemble des innovations agricoles regroupant les innovations en mécanique, chimie et les bouleversements commerciaux du XVIII et XIXème siècle. Ces avancées sont suivies d’un accroissement significatif de la population mondiale. Tous ces bouleversements représentent notamment le processus transition d’une société à dominance agraire et artisanale vers l’ère industrielle et commerciale que nous connaissons de nos jours. 1820 : Apparition des premiers chemins de fer en Angleterre puis en Europe. Le transport de nourriture connaît alors un essor sans précédent de l’intérieur des terres agricoles jusqu’aux centres-ville. 1840 : Invention des premiers engrais chimiques par l’allemand, Justus Von Liebig. Rapidement, ces engrais sont utilisés dans toute l’Europe. 1898 : Les premières théories sur les cités jardin voient le jour avec Howard Ebenezer. Les cités jardins consistent en le projet de construire un ensemble urbain qui arriverait à concilier les avantages de la campagne et ceux de la ville dans une même entité. L’idée est donc de mettre à disposition des habitants vie sociale et services publics dans un environnement relativement vert et sain. La planification de chaque espace : vert et construit, permet alors une meilleure maîtrise de la croissance urbaine. La campagne entre alors en relation directe avec l’habitat qui est accessible par simple promenade. Ces cités de morphologie concentrique sont liées entre elles afin de former un réseau. 1916 : Construction du premier «supermarché» aux États-Unis dans le Tennessee. 1917 : Adoption de la mesure «Victory Garden» en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Elle consiste en la mise en culture d’espaces publics et constitue alors une production de nourriture supplémentaire en ville pour faire face au rationnement de la nourriture en temps de guerre.

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1930 : CIAM III (Congrès International d’Architecture Moderne III) à Bruxelles. On aborde le thème de la cité jardin. Présentation de projets de Victor Bourgeois. 1933 : CIAM IV, charte d’Athènes, nouvelle manière d’aborder le projet suivant 5 thèmes : habiter, circuler, travailler, se cultiver, se récréer. 1945 : Création de l’Organisation de Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (ONUA ou FAO pour Food Agriculture Organization). Le but de cette organisation est « d’aider à construire un monde libéré de la faim ». 1957 : Mise en œuvre par la direction générale « agriculture et développement rural » de la Politique Agricole Commune, la PAC. Elle consiste en une meilleure régulation des prix du marché et des subventions pour un meilleur développement général de l’agriculture européenne. 1960-1980 : La révolution verte. Elle correspond aux nouvelles technologies qui ont permis une forte amélioration de la productivité agricole. On peut citer à titre d’exemple notamment la sélection variétale, l’utilisation intensive d’engrais minéraux et les produits phytosanitaires. 1995 : Naissance de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’OMC ; qui fixe les règles régissant le commerce international. L’OMC favorise l’ouverture commerciale en réduisant les obstacles au libre échange.

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POINT MONDIAL

De ce fait, l’autoconsommation et l’autosuffisance n’occupent plus qu’une part minime dans le monde. On parle de nos jours de production alimentaire mondiale, plus que par pays. (2) En effet, chaque pays redistribue une grande partie de sa production alimentaire dans le monde entier. L’internationalisation des marchés alimentaires et le développement de l’industrie ont provoqué un éloignement des sites de production et de consommation, certains organismes créés au XXe siècle sont là pour en témoigner comme l’OMC, la FAO, ou encore la PAC.

Se nourrir est un besoin naturel. Le commerce alimentaire aura toujours de ce fait une place importante dans l’économie. Pourtant ce geste s’est banalisé dans notre société consommatrice et surabondante alors qu’il représente plus qu’un simple besoin élémentaire. Il semble étrange de penser que la faim dans le monde est un problème qui trouve largement ses racines dans le domaine de l’économie et de la politique, plus que dans la quantité d’une production agricole même, pourtant c’est un fait. Ceci étant dit, ce ne sont pas tant les problèmes de sécurité alimentaire qui sont à craindre, mais bien plus les effets de l’intensification de la production selon un modèle agressif et de ses effets sur notre environnement.

De ce fait, un lien ancien semble rompu entre la ville et la périphérie rurale. De plus, il y’a eu une multiplication des acteurs, et des intervenants dans les chaînes allant de la production à la consommation. Toute alternative au changement paraît ainsi difficile à envisager tellement les intervenants sont nombreux et semblent difficiles à accorder.

Cette prise de conscience plus ou moins récente est aujourd’hui fortement requesitonnée face à la volonté pour certains de repenser profondément les codes établis au profit d’une transition énergétique vers un modèle durable. « La production actuelle massive semble en effet ne plus répondre aux nouvelles attentes de notre société ; entre : excès, gaspillages et scandales alimentaires d’un côté, pénuries et famines de l’autre, l’agriculture productiviste après s’être exprimée librement pendant des décennies montre sérieusement ses limites. » (1) L’agriculture, le fait de cultiver pour se nourrir a doucement glissé vers le « produire pour vendre ». Ce glissement a entraîné un remaniement dans la manière de concevoir les transaction alimentaire et a totalement modifié les relations de la ville à la campagne. De nos jours, un modèle domine : l’agrobusiness.

Consommation spatiale et pollution La surface agricole mondiale représente 1,5 milliard d’hectares sur 51 milliards.(3) Sur ces terres agricoles, une bonne partie est consacrée à de l’élevage et n’est donc pas immédiatement alimentaire. La culture intensive de la terre et l’érosion épuisent les sols, et chaque année, « 5 à 10 millions d’hectares de terres agricoles disparaissent ». Il faut ajouter à cela aussi le fait que « 19,5 millions d’hectares de terres agricoles sont convertis chaque année en terres pour le développement 2. Enjeux et impacts des fermes urbaines bruxelloises, Joséphine Bia, 2012. 3. Les mutations des campagnes ; paysages et structures agraires dans le monde, Jean Renard, éd. Armand Colin, Paris, 2002.

1. source : www.pierrerabhi.org

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industriel et immobilier », d’après un rapport de l’ONU de 2010. Les terres agricoles aux abords de la ville contemporaine sont de plus en plus en danger du fait de l’augmentation constante de l’urbanisation extensive des villes ; « donc à chaque fois qu’on fait un agrandissement dans ce schéma-là, on ampute encore plus de bonne terre » Henri Baron dans : Le temps des grâces, documentaire de Dominique Marchais. Une réflexion sur la nature de la périphérie urbaine mérite ainsi d’être produite pour parvenir à penser l’agriculture et l’urbanisme de la ville selon un plan d’ensemble en concordance avec un plan d’affectation territorial. Pour nourrir une ville de plus de 10 millions d’habitants, au moins 6000 tonnes de nourriture doivent être importées chaque jour. Les réserves de terres agricoles ne sont pas une ressource inépuisable, l’enjeu est donc de parvenir à les gérer de manière plus efficace dans le souci du respect de l’environnement et de l’établissement d’un paysage de qualité. Il faut 2 à 3 tonnes de pétrole pour produire une tonne d’engrais chimique et 12 calories d’énergie fossile pour obtenir 1 calorie alimentaire.(4) Le système contemporain est donc assez consommateur en énergie fossile. Comme nous l’avons constaté, l’alimentation présente des enjeux environnementaux importants, qui sont également économiques et de santé publique, mais aussi sociaux, de patrimoine, de culture, et d’équilibre Nord-Sud. La ville contemporaine n’est pas autosuffisante et dépend actuellement d’une production agricole mondiale pour nourrir ses habitants. C’est principalement autour de cette probléma-

tique que ce mémoire inscrit son champ d’investigations. Il n’est pas question de faire l’apologie de la ville contemporaine comme un territoire qui vivrait en autarcie, mais de trouver comment, en plaçant l’agriculture au coeur d’une planification du territoire, il serait possible de trouver de solutions aux problématiques environnementales, paysagères, et sociales de la ville contemporaine.

4. l’agroécologie, l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant, Pierre Rhabi, 2007. (http://www.pierrerabhi.org/blog/index. php?post/2007/05/10/Lagroecologie-letre-humain-dans-sa-responsabilitea-legard-du-vivant)

5. http://www.fao.org/news/story/fr/item/74312/icode/

Production et exportation des ressources À travers une demande en produits de qualité et une augmentation croissante de la population mondiale, il est tout à fait paradoxal de constater que : « un tiers de la production agricole mondiale est perdu ou gaspillé », d’après la FAO(5) Ce phénomène de gaspillage peut entre autres s’expliquer par de longs trajets pendant les exportations, sachant que la plupart des pays exportent des ressources produites sur leurs terres à d’autres, et importent ensuite les mêmes pour leur propre consommation. Ce paradoxe est d’autant plus fort qu’il est en partie accentué par certaines subventions à l’exportation accordées par l’état et/ou la communauté européenne. Il en résulte que des pays en voie de développement exportent une bonne partie de leur production alimentaire alors que leurs habitants souffrent de la faim. En Belgique, 50 % des ressources alimentaires produites sont ensuite exportées vers l’Union Européenne et de même plus de 50 % des ressources alimentaires disponibles sont importées ! (6)

6. Pour une meilleure alimentation durable en Région de Bruxelles-Capitale, Programme d’actions de soutien à la demande, Huytebroeck, Avril 2011. (www.bruxellesenvironnement.be/)

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Étant donné les besoins alimentaires à couvrir, il n’est pas non plus question de tomber dans des politiques d’autosuffisance alimentaire, mais bien de maximiser les productions de tous les agriculteurs et de parvenir à rémunérer cette production à son juste prix. Le but serait de soutenir de petits exploitants menacés par l’agrobusiness de masse.

la diversité des espèces (permaculture), nouveaux modèles énergétiques, économie locale, autonomie des consommateurs, réduction des déchets et compostage urbain, discours alternatifs sur la mobilité en ville, etc.(8) Certains projets utopiques imaginent même des fermes urbaines verticales, intégrées dans des tours. Ce type de projet voit le jour depuis 1999, mais aucun d’entre eux n’a cependant été réalisé à ce jour. Il s’agirait en effet d’imaginer une culture intensive de denrées alimentaires hors sol et de manière verticale sur une parcelle restreinte, due à la forte pression immobilière en ville. Nous n’aborderons en revanche pas ce type de projet dans ce mémoire.

L’homme prend de nos jours de plus en plus conscience des dérèglements dont il est l’auteur sur l’environnement, car ils sont de plus en plus visibles. Il apparaît nécessaire rapprocher les conséquences de nos actions en pensant différemment le modèle économique de la production agricole, et d’être ainsi acteurs d’une transition. Selon Rob Hopkins « il est possible de passer à l’action en proposant un avenir plus attirant pour dédramatiser la situation présente et faire de cette prise de conscience un moteur vers une transition du système. Cette prise de conscience offre aux gens un rôle qui leur permet d’entamer des actions collectives dans lesquelles ils se sentent investis en œuvrant pour une cause plus grande qu’eux » (7) Dans ce mémoire, des projets d’initiative collective comme la ferme urbaine de Nos Pilifs, ou encore plus récemment Parck Design 2014 sont analysés dans ce but.

La cas ville Bruxelloise se prête bien à une étude de ce type sur les thèmes abordés précédemment. Ils existent en effet sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale, de nombreux mouvements collectifs encadrés par des ASBL, des projets initiés par L’IBGE ainsi que des situations d’agriculture qui questionnent la planification urbaine sous le prisme de la production alimentaire.

Quels projets pour l’avenir ? De nouveaux(?) modèles émergent et tentent de séduire le grand public en proposant des alternatives fondées sur un respect de l’environnement. Nous citerons par exemple : des projets communautaires d’action commune, production sans pétrole, sensibilisation au Bio, culture fondée sur 7. The Transition Handbook: From Oil Dependency to Local Resilience, Rob Hopkins, Green Books, 2008

8. Enjeux et impacts des fermes urbaines bruxelloises, Joséphine Bia, 2012.

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- QUELQUES DATES -

LA VILLE BRUXELLOISE : Après un point sur l’agriculture mondiale, nous analysons maintenant la ville-région de Bruxelles en son sein. La question est ici de comprendre la nature de la relation qu’entretient la ville de Bruxelles avec ses terres agricoles premièrement par un historique bref sur la région même de Bruxelles, sa morphologie et la place actuelle des sites de production agraire. Enfin, la première partie de ce mémoire analysera en détail deux cas d’agriculture urbaine en Région de Bruxelles-Capitale : La vallée de la Pede et la ferme urbaine de Nos Pilifs. La partie qui suit prend comme référence le site de la ville de Bruxelles, et le mémoire de Joséphine Bia dont une partie retrace aussi cette chronologie.

1015-1020 : 1ère mention de Bruxelles (qualifié de portus, de port fluvial), dans les Miracula Sancti Veroni. À l’époque, la ville a pour nom Bruoscela, c’est-à-dire «hameau dans le marais». Il s’agit au départ d’un petit port. L’établissement de la ville tient à la présence de la Senne qui a permis par la suite son essor. Les marécages de la Senne sont aménagés, drainés afin d’établir du maraîchage. Cette fonction maraîchère urbaine et périurbaine est au départ clé pour la survie de la ville qui se développe jusqu’au début du XIXe siècle. XIème : La restructuration forte des terres et l’urbanisation importante établissent la région dans une configuration ville-périphérie. On constate une extension urbaine jusqu’à 20 km autour de la ville. La distance de 20 km correspondait à l’époque à la distance maximale que les paysans pouvaient parcourir pour acheminer les surplus de denrées alimentaires en ville. Progressivement on assiste à un groupement d’habitat et d’activités diverses qui constituent l’agrandissement de la ville. De grands défrichements sont entrepris pour augmenter les surfaces agricoles et ainsi subvenir aux besoins de la ville. Les produits périssables sont cultivés à proximité du centre urbain, les moyens de transport et de conservation ne permettant pas un déplacement plus long. On remarque déjà l’importance à l’époque du territoire agraire d’Anderlecht. XIIème : Bruxelles croit et la première enceinte est construite. Le marché de la grand place voit le jour vers 1100. L’agriculture se tourne vers des plateaux céréaliers. Un contact étroit s’établit entre les cultures céréalières et les zones humides aptes à faire de bons prés et des parcelles pour la culture maraîchère.

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XIIIème : Dans la première partie du XIIème siècle, il y’a une expansion des parcelles individualisées. Ce développement des appropriations individuelles contre les espaces à usage collectif engendre la création de chartes. À partir de ce moment, l’agriculture en ville entre en concurrence avec l’industrie textile et notamment du drap à Bruxelles qui nécessite des parcelles plates, humides, vastes et dégagées. Le sol urbain subit une forte inflation et donc les terres agricoles se voient relocalisées en dehors de l’agglomération. XIVème : La ville entretient une relation de dépendance en ressource alimentaire avec sa périphérie immédiate. L’autorité de la ville exécute un contrôle de plus en plus important sur l’acheminement des denrées. Une deuxième enceinte est construite dans la seconde moitié de ce siècle et trouve dès lors sa forme connue de pentagone. 3/4 des zones situées entre les remparts sont alors rurales. XVème : Bruxelles compte une population d’environ 45 000 habitants. De grands travaux sur les voies de communication sont entrepris, particulièrement la construction de nouvelles chaussées, l’aménagement des cours d’au, et le creusement du canal vers l’Escaut. L’essor du commerce et de l’artisanat se font aux dépens des agriculteurs et maraîchers. Parallèlement à cela cependant, de nombreux marchés se développent et des halles sont construites en ville. L’eau est utilisée par les brasseurs, par l’artisanat textile et de tannage. Autour de la grand-place ; le quartier compte beaucoup de bouchers, poissonniers et pelletiers. XVIème : Un port est construit dans l’enceinte même de la ville, et assure son pouvoir centralisateur. XVIIème : Bruxelles ne cesse de croître et sa population atteint les 70 000 habitants. La ville voit alors naître de nouveaux quartiers. XIXème : Bruxelles est la plus grande ville industrielle du pays. En 1834, un réseau de chemin de fer est créé. Avec le réseau des canaux, la Belgique est l’un des pays les plus denses en infrastructure. La mise à l’égout de la Senne met un terme aux activités productives alors que la population croissante

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demande toujours plus de denrées alimentaires. À terme, l’industrialisation fait grossir les villes qui attirent beaucoup de travailleurs, et éloigne l’homme des ses zones ressources premières alimentaires. Le maintient de zones productives près ou dans la ville devient alors impossible, car cela engendre des coûts d’infrastructure et de transport trop élevés. Le développement des transports publics et individuels augmente et peu à peu favorise une certaine distance entre lieu de travail et lieu d’habitation. Les classes plus fortunées quittent ainsi peu à peu le centreville pour sa périphérie, plus verte. XXème : La culture de la terre en ville regagne une certaine popularité pendant les périodes de guerre. Les premières cités jardin construites voient jour dans l’entre-deux-guerres dans les années 20. 1970’s : Une réforme divise l’état fédéral en 3 parties : Wallonne, Flamande, puis la Région de BruxellesCapitale, en 1989. 1971 : Création de l’Agglomération bruxelloise. Elle a pour objectif la gestion des communes des 19 communes bruxelloises. 1979 : L’agglomération établit un plan de secteur qui fixe les zones d’activités dans la ville. À partir de là, chaque projet est soumis à l’accord de la région. 1989 : Bruxelles devient à part entière l’une des trois entités fédérées de Belgique. Les premières élections régionales prennent place et la Région de Bruxelles-Capitale est créée. Elle est dotée de son gouvernement et de son parlement. Création de Bruxelles Environnement. Cet organisme informe, prépare, propose, incite, promeut, conseille, prévient, contrôle, sanctionne, entretient et contribue à la mise en œuvre d’une politique intégrée de l’environnement dans la Région et au-delà. Concrètement, ses missions légales interviennent dans différents domaines : la gestion des espaces verts et

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de la forêt, dans les domaines des pollutions, des nuisances et de la lutte contre le gaspillage des ressources naturelles, dans le domaine réglementaire, la sensibilisation, l’énergie et de l’écoconstruction, ainsi que dans le domaine de l’eau.

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Fig. 1

Fig. 2

Fig. 1 : Carte de Bruxelles en 1695

Source : http://www.bruxel.org/2004/ porte_ninove2004/history_prtninove2004/ pages/08bruxel1695.html

Fig. 2 : Carte de Bruxelles par Jacob van DEVENTER réalisée sur base de levées entre 1550 et 1565 sur les ordres de Charles Quint et de Philippe II. Source : http://www.kbr.be/collections/cart_plan/collections/cartes_manuscrites_fr.html

Fig. 3 : Carte de Bruxelles réalisée par W.B. Clarke, Archt. (London : Chapman & Hall, 1844) Source : http://www.ping.be/~ping0522/Brussels_1837_grd.jpg

Fig. 3

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POINT SUR LA VILLE BRUXELLOISE

1.138.854 habitants(3) pour une superficie de 161,4 km². Selon le Bureau Fédéral du Plan, l’augmentation de l’espérance de vie, l’augmentation du taux de natalité et l’immigration internationale soutenue amèneront une augmentation de la population de 35 % par rapport à celle de 2010 d’ici 2060. La RBC compterait environ 1.475.200 habitants, augmentant notamment les besoins en équipements collectifs et en services à la population. Cette pression démographique à laquelle est confrontée la RBC la place au cœur de plusieurs défis majeurs auxquels elle devra répondre notamment en matière de logement, d’équipements communautaires, de mobilité, d’emploi, de formation, mais aussi de protection de l’environnement. Ces dernières années, l’agriculture apparaît comme thématique récurrente et une fonction indispensable liée à la ville durable, présentée dans nombre de projets à travers le monde. Cet intérêt grandissant pour le monde agricole a de nombreuses origines : augmentation de la population, soucis de consommer des produits de qualité, réduire notre impact sur l’environnement, pollution, valorisation paysagère, etc.

«Au 31 décembre 1831, les communes qui composent l’agglomération bruxelloise avaient une population totale de 118 321 habitants, dont 93.574 pour la ville et 27.321 seulement pour les faubourgs. Anderlecht, Scharbeek, Ixelles étaient des villages renommés pour leur beurre, leurs cerises, leurs jardins de plaisance. Saint-Gilles trouvait une source de richesse dans la culture des légumes et spécialement des petits choux, dits de Bruxelles. Depuis lors, les Koolenkappers (surnom des St Gillois) sont devenus des citadins. Bruxelles s’est entourée d’une ceinture de 40 000 maisons. L’agglomération compte plus de 50 000 âmes et la banlieue d’alentour : Jette, Boistfort, Uccle, Forest, ne tardera pas à se confondre avec elle.» (1) « La rapide augmentation de la population du centre et le développement des communes qui l’entourent ont eu pour résultats de faire disparaître, dans les environs immédiats de bruxelles les cotes foncières de plus de 100 hectares qui existaient encore, assez nombreuses à l’époque de la confection du cadastre. En revanche au-delà de cette zone, il y’a eu un déplacement des grandes propriétés et non leur suppression. Comme si tout s’était décalé autour d’un centre nouvellement plus important.»(2)

La périphérie verte n’est pas (plus) une zone ressource, nourricière de la ville, comme il serait possible de l’imaginer. En ce sens, de nouveaux projets tentent de répondre à ces attentes nouvelles des citoyens urbains. Dès lors, la production alimentaire, et son implantation peuvent constituer un angle d’approche pertinent pour étudier ces enjeux environnementaux et urbains.

Croissance démographique et enjeux urbains Au 1er janvier 2012, la Région de BruxellesCapitale (RBC) avec ses 19 communes compte

Bruxelles territoire

1. La Propriété Foncière En Belgique, Émile Vandervelde, éd. Schleicher Frère, Paris, 1900. 2. Ibid.

3. source : SPF Économie

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Cartes reprenant les limites administratives de la Région de Bruxelles-Capitale : la région flamande, et les communes. On remarque que le territoire de la ville Bruxelloise s’étend au delà de ces limites. Source : Documents réalisés à partir de Google maps.

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entre la RBC, la Région flamande ainsi que différentes communes avec un paysage agraire ouvert.

À Bruxelles, la frontière régionale ne coïncide ni avec l’agglomération morphologique ni avec l’agglomération fonctionnelle qui constitue l’un des problèmes les plus difficiles dans la gestion de la ville et de ses espaces verts qui se trouvent à la croisée de ces limites. La lecture du livre Urbanisation Sans Urbanisme : une histoire de la ville diffuse, de Bénédicte Grosjean, permet de mettre en lumière un fait important dans l’histoire de la construction des zones urbaines en Belgique, la ville diffuse. Ce constat fait l’objet de diverses études actuellement, mais c’est en réalité un phénomène ancien jamais décrit précédemment, car ne faisant pas par définition état d’une planification urbanistique. Ce phénomène est mis en lumière à travers le chapitre qui décrit le réseau ferroviaire et vicinal. Depuis la révolution industrielle et le développement des transports, la Belgique n’est pas centralisée historiquement comme elle est parfois décrite. En effet, en 1908, la grande majorité des lignes du réseau vicinal ne se préoccupent pas de rejoindre un centre, mais bien de traverser, de fractionner des vides. Il faut comprendre par là que la Belgique ne subit pas le phénomène de l’étalement urbain caractéristique des grandes villes américaines, mais bel et bien dans une situation de ville diffuse.

Avec la promotion de l’agriculture vivrière de proximité, la recomposition du paysage, la création d’espaces publics ou de parcours « touristiques », ce futur parc pose de nouvelles relations ambivalentes d’échange entre la ville bruxelloise et la périphérie verte.

Maillage et réseau vert bruxellois Comme évoqué précédemment, l’IBGE gère les espaces verts en RBC ; la politique qui vise leur développement et leur encadrement est reprise parmi 4 projets de l’IBGE : la promenade verte, le maillage vert, le maillage bleu et le plan nature. a) - La Promenade Verte La Promenade Verte est un circuit qui forme une boucle de 63 km reliant les parcs urbains, les sites semi-naturels, les réserves naturelles et les bois de la seconde couronne de la région bruxelloise. Ce parcours propose à mesure qu’on l’emprunte des lieux de détente et de loisirs, la possibilité de déplacements fonctionnels suivant une mobilité douce, et garantit la pérennisation des espaces verts. La promenade verte est la partie périphérique en seconde couronne du Maillage Vert et Bleu régional.

Il est important de pouvoir comprendre cet état de la ville-région pour proposer des projets qui répondent correctement aux enjeux des zones périphériques de la Région de Bruxelles-Capitale, comme Neerpede par exemple. Cette zone n’apparaît en effet pas simplement comme faisant partie de la périphérie d’une commune de Bruxelles, mais comme une « transition » entre des alternances ville/paysage ouvert. Cette zone semble présenter d’importants enjeux interrégionaux : elle met en scène des continuités

b) - Le maillage vert Le maillage vert est un projet qui consiste à renforcer les espaces verts en ville ; il crée des espaces verts là où il en manque puis relie les différents espaces par un maillage composé de verdure le long des pénétrantes urbaines, d’alignement des arbres le long des boulevards, améliorer trottoirs et pistes cyclables, profiter des cours d’eau et des

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Cartes reprenant le maillage vert et la promenade verte de l’IBGE, et le maillage bleu Sources : http://lechainonmanquant.be/analyses/enjeux-maillage-vert.html http://www.bruxellesenvironnement.be/Templates/Particuliers/Informer.aspx?id=1850

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leurs berges, des voies de chemin de fer…(4) Ce maillage assure une certaine biodiversité en ville et sert de corridor vert pour le passage d’animaux d’un espace vert à un autre. c) - le maillage bleu Le maillage bleu valorise les cours d’eau de surface : les cours d’eau, étangs et zones humides de la région. « Bien que de nombreux cours d’eau à Bruxelles aient été voûtés, on essaie aujourd’hui de les ramener localement à la surface, notamment par un (ré) aménagement approprié des espaces verts qui peuvent se développer le long de ces points d’eaux. »(5) Le maillage bleu s’occupe aussi de l’amélioration de la qualité de cette eau et de sa distribution à travers les cours d’eau pour prévenir les risques d’inondations, ainsi que de la séparation des eaux propres et usées.

été modifié, remplacé ou abrogé.(6) Dans la région de Bruxelles Capitale, ces maillages participent à renforcer les qualités vertes des espaces publics en villes. Ils passent de la verdurisation des boulevards, jusqu’à la création de nouveaux parcs, ou pôles récréatifs. Certains espaces situés en bordure de la région peuvent être perçus comme des opportunités à projet dans ce sens. Ils font aussi partie d’une réalité verte du territoire, à savoir des continuités constatées, vertes ou urbaines, de la Région flamande dans la Région de Bruxelles-Capitale et vice-versa. Ils pourraient être même considérés comme portes d’entrée dans la ville. Bien que ces «portes» existent, elles n’ont cependant pas au départ fait l’objet d’un projet pour leur création ; mais sont le résultat d’une trace de l’identité agricole de la périphérie (Neerpede), ou l’établissement par une ASBL d’un projet lié à la culture du sol et à la nature (la ferme Nos Pilifs).

d) - Le plan nature Ces enjeux fondamentaux sont « concilier le développement de la ville avec la nature, la rendre accessible à tous et placer l’humain au cœur de ce développement. » Ce plan est un document d’orientation, de programmation et d’intégration de la politique de conservation de la nature en Région de Bruxelles-Capitale au sein du développement urbain. Il détermine les lignes directrices à suivre à court, moyen et long termes, lors de la prise de décision par le Gouvernement, l’administration régionale, les organismes d’intérêt public, les personnes privées chargées d’une mission de service public et, dans les matières d’intérêt régional, les communes. Il a une valeur indicative, et est établi tous les 5 ans. Ce plan reste d’application tant qu’il n’a pas

Nous entamons maintenant le corps de cette analyse en nous penchant sur deux études de cas à Bruxelles : la vallée de la Pède (Neerpede) et la ferme urbaine Nos Pilifs de Neder-Over-Hembeek.

4. http://www.bruxellesenvironnement.be/Templates/Particuliers/Informer. aspx?id=1850

5.http://www.bruxellesenvironnement.be/Templates/Particuliers/Informer. aspx?id=1850

6. http://www.bruxellesenvironnement.be/uploadedFiles/Contenu_du_site/ News/PROG_20140113_ProjetNAPLANfrRes.pdf?langtype=2060

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AN VE

RS

PLAN SITUATION DANS BXL NEERPEDE

Gand

Neerpede Pède

Senne

PARIS

RING

Forêt de Soignes

autoroute voiries métropolitaines voiries principales voiries secondaires Grands espaces verts structurants Senne / Canal

2 Km

Vue aérienne délimitant le quadrilatère de la zone d’étude autour de Neerpede; source : D’après l’étude pour le « plan directeur interrégional pour Neerpede – Vlezenbeek - Sint Anna-Pede », Rédigé à la demande de : l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (Bruxelles Environnement IBGE) et de la Vlaamse Landmaatschappij (VLM), réalisé par Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan.

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PÀRTIE 1 E T U D E D E C A S # 1 - NEERPEDE 1 - INTRODUCTION :

des voies radiales n’ont cessé de morceler le paysage depuis Cependant au cours de ces différentes étapes de développements urbains, Anderlecht a toujours su conserver une importante partie de sa superficie en espaces verts et agricoles. La brochure de Urbanisme en Action, Anderlecht commune verte, commence par la phrase suivante : «espaces verts publics en 1945... 29ha, aujourd’hui... 74ha, et demain 200ha.»(2). Sur 1.784ha, 1/3 de la superficie totale présente encore un caractère rural en 1963. En 1958, le département de l’agriculture a recensé 47 fermettes et 161 exploitations maraîchères. Dans le cadre de l’exposition d’urbanisme de 1956, la commune propose un vaste programme de développement sous l’intitulé, «Anderlecht, commune d’avant-garde».(3) Le programme se base sur le développement des thèmes de la charte d’Athènes : habiter, circuler, travailler, se cultiver, se récréer. Les espaces verts sont toujours très présents à travers ces thèmes : les grands boulevards de circulation sont arborés, le cimetière communal est traité comme un parc urbain et un projet paysager, des quartiers d’habitation sont construits dans la verdure, comme de grands ensembles d’institutions se rapportant à l’alimentation (école CEIRA) ; mais l’accent est aussi mis sur les lieux de promenade verte, des loisirs sportifs de plein air, et sur la conservation de la réserve agricole de Neerpede.

A/ présentation de Neerpede, historique : Neerpede est un espace adjacent ouvert, dans la zone Ouest de Bruxelles. Cet espace situé dans la commune d’Anderlecht, est formé par un ensemble d’activités agricoles et de sites naturels ayant une valeur récréative. Neerpede a depuis longtemps une identité qu’elle a su garder majoritairement agricole et naturelle. En effet, la vallée est mise en culture après déboisement vers le XIIème et XIIIème siècle. Le paysage se caractérise alors par une opposition entre le paysage ouvert dominant sur les parties hautes des collines, et consacrées essentiellement à la culture céréalière, avec d’autre part les fonds de vallée aux parcelles compartimentées où se concentre l’habitat, entouré de vergers et potagers.(1) Le paysage a seulement commencé à évoluer avec l’expansion de Bruxelles au 19ème siècle et l’urbanisation d’Anderlecht puis Dilbeek. Ensuite le territoire s’est profondément modifié au 20ème siècle avec la construction d’infrastructures comme le ring, les voies ferrées, les lignes hautes tensions, etc. Les développements urbains linéaires les longs 1. D’après l’étude pour le « plan directeur interrégional pour Neerpede – Vlezenbeek - Sint Anna-Pede », Rédigé à la demande de : l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (Bruxelles Environnement IBGE) et de la Vlaamse Landmaatschappij (VLM), réalisé par Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan.

2. Urbanisme en Action, Anderlecht commune verte, Bruxelles, 1963.

3. Anderlecht, commune d’avant-garde, Messin, G, Cahiers de l’urbanisme communal, 1956.

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Fig. 1

Fig. 2

Fig. 1 : Extrait des Cartes de Ferraris (Carte de Cabinet des Pays-Bas autrichiens). XVIIIèmes. Source : http://belgica.kbr.be/fr/coll/cp/cpFerraris_fr.html

Fig. 2 : Découpage des zones dont les affectations sont : zones à valeur paysagère, zones agricoles, zones de parc et zones boisées. Les zones récréatives ne sont pas mises en évidence ici. Source : Op. Cit. Sum Research

Fig. 3 : plan topographique, la zone d’étude est déterminée par trois systèmes de ruisseaux et leurs vallées, à savoir ceux du Broekbeek, du Neerpedebeek et du Vogelzangbeek. Source : Op. Cit. Sum Research

Fig. 3

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Les activités agricoles de la commune se développent sur 600 ha, et comportent les gammes de cultures spécialisées, maraîchères, et horticoles ; et seules des constructions dispersées sur des parcelles d’une certaine étendue sont autorisées. De plus, dès 1963 à Bruxelles, on peut observer une préoccupation pour la sauvegarde d’une ceinture verte autour de la ville. Dans le plan Alpha aussi, en 1965, il est prévu une protection rigoureuse de la ceinture verte.

strictes n’est pas facile, et il semblerait alors que les enjeux de ce territoire ne soient que partiellement étudiés, car une des caractéristique de la vallée de la Pede est sa continuité avec le Pajottenland. Ce qui fait la singularité de ce lieu agricole et paysager est sa proximité avec la ville de Bruxelles et de grands ensembles comme Erasme, différents shopping centre, supermarchés, et infrastructures sportives. La ville exerce une pression sur l’environnement ouvert naturel qu’il est important de maîtriser et d’organiser, de planifier. «L’ordre des villes consiste d’abord en la planification de son extension, puis en la soumission de ses périphéries et de la campagne à un plan universel.» R. Schwartz

Nous verrons par la suite aussi que cette notion de ceinture verte est un débat qui se retrouve dans plusieurs autres grandes villes, comme à Munich notamment depuis très longtemps. Déjà alors sont présents pour Neerpede, les objectifs suivants : - «la conservation du caractère agreste de la zone» - «création d’un grand centre sportif et récréatif faisant partie d’un vaste parc populaire suburbain aisément accessible»(4) - le peuplement nord et sud de la zone suivant «des normes draconiennes imposant des bâtisses en ordre très ouvert sur des parcelles de grandes dimensions.»

C’est pourquoi pour cette analyse, un périmètre plus large est défini autour du site de Neerpede prenant en compte une partie du territoire flamand. La zone d’étude s’inscrit ainsi dans un quadrilatère dont les limites sont : - À l’Est la zone d’étude est limitée par le ring de Bruxelles qui marque une transition entre espace urbain et zone rurale. - Au Sud, la zone a pour limite la Brusselbaan, avec une extension qui la relie au canal. - Au Nord, la limite est constituée par la chaussée de Ninove, et à l’Ouest par IJsbergstraat - Vlezenbeeklaan. Les limites des vallées définissent ensuite les souszones du périmètre : la vallée du Broekbeek, de la chaussée de Ninove à l’Itterbeeksebaan ; la vallée du Pedebeek et la vallée du Sobroek/Vogelzangvallei délimitées par la route de Lennik.

Cependant aucun plan de développement n’est concrètement réalisé pour cette zone qui est surtout vue comme une réserve.

B/

activités présentes à

lieux

Neerpede,

état des

définition de la zone d’étude

Dans ce quadrilatère, on peut observer des continuités paysagères entre Pajottenland en Flandres et des communes de la périphérie de Bruxelles (Dibeek et Sint Pieters Leeuw), ainsi qu’avec Bruxelles même, via le parc des étangs notam-

Parvenir à définir précisément les limites du territoire de Neerpede sans qu’elles ne paraissent trop 4. Op. Cit. Messin, G

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Fig. 1 et 2 : Découpage de la carte Ferraris. Source : Op. Cit. Sum Research

Fig. 3 : tableau de Brueghel, «la récolte»

Carte reprenant les différents points de vue pour le reportage photographique; source Sum Research

Photo 1

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Photo 3

Les cartes de Ferraris (XVIIIème) permettent de comprendre la dualité du paysage entre les côtes et les vallées. Le paysage contemporain de la zone d’étude présente toujours ces caractéristiques - côtes : paysage ouvert, occupé en partie par de l’agriculture céréalière - vallées : paysage fermé ou en coulisse où se concentre habitat, potager et culture maraîchère.


ment.

cultivées en grands champs ouverts (kouters)(6), en alternance avec les vallées formées par les ruisseaux. Ces deux mouvements forment un structure d’est en ouest et de ces caractéristiques spatiales et topographiques du lieu naissent ainsi les limites du paysage. Le bâti originel se trouvait le long des ruisseaux, mais celui-ci s’est déplacé en structure radiale autour de Bruxelles ces 2 derniers siècles. Il forme actuellement un bâti en ruban qui bloque les ouvertures sur le paysage selon un axe Nord-Sud. On observe aussi un bâti plus dispersé qui suit ce même axe le long des voiries sur les flancs entre les crêtes et les vallées. Au-delà de ces «barrières» bâties, il en existe d’autres, «naturelles», crées par des haies, forêts de diverses tailles et autres éléments naturels qui ferment le paysage. - On peut observer sur la page de gauche, différents points de vue sur le site qui illustrent le paysage en coulisse, des perspectives qui s’étendent à l’horizon, le bâti en ruban, ou encore des obstacles aux raccords entre certaines parties du site. Ce site est donc tantôt perçu comme un paysage largement ouvert qui s’étend à l’horizon, tantôt comme un espace plutôt clos, car le regard est arrêté par des obstacles visuels à l’horizon comme le bâti ou des barrières vertes.

Dans le soucis d’une approche générale plus cohérente de ce territoire, la Région flamande et de Bruxelles-Capitale travaillent actuellement ensemble afin d’établir un Plan directeur interrégional pour Neerpede – Vlezenbeek - Sint Anna-Pede. « La politique des deux régions concernées fait apparaître que les objectifs pour cette zone périurbaine sont axés sur la préservation et la valorisation du paysage et de sa qualité, du patrimoine écologique et de sa fonction agricole, combinée à la perpétuation durable du développement équilibré de la co-utilisation récréative de l’espace ouvert. »(5)

spatialité et morphologie du territoire

Le paysage de la zone d’étude que l’agriculture façonne en grande partie, est ponctué par différentes variations qui offrent de grandes perspectives sur des espaces plutôt ouverts ou au contraire un paysage plus morcelé en coulisse. Ce paysage naturel s’interrompt de temps en temps par la présence d’un habitat suburbain en ruban le long des pénétrantes urbaines dans la zone d’étude, ou d’infrastructures «dures» comme le ring, ou des viaducs. Le site est caractérisé par des crêtes argileuses

La zone d’étude à de particulier le fait d’avoir sur elle une double influence : celle du contexte urbain et rural ; elle constitue donc en ce sens une périphérie à la fois rurale et urbanisée. 6. Le mot «kouter» se réfère à un paysage caractéristique de la présence de champs cultivés dans la région Nord de Bruxelles dans la province du Brabant Flamand. Kouter est dérivé du latin cultura , ce qui signifie terres cultivées. En Flandre et Brabant, ce terme se rapporte au nom des complexes sur le terrain de la période gallo-romaine et du début du Moyen Age. Un kouter est un grand champ ouvert, comme Groeningekouter des Éperons d’or. Les rivières proches de ces derniers sont souvent des zones légèrement plus élevées. Les zones les plus basses sont désignées par le toponyme meers. - source Wikipedia -

5. Extrait du plan directeur interrégional, Op. Cit. Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan.

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Dans l’espace ouvert, les systèmes opérants sont l’agriculture et la nature. Il faut en outre distinguer la co-utilisation de l’espace à des fins socioculturelles, le milieu physique, le paysage et la production. Il paraît alors nécessaire de pouvoir comprendre les interférences entre deux modèles pour pouvoir déterminer au mieux le développement durable de cet espace ouvert, dans ses composantes à proximité de la ville, face à une pression de l’urbanisation.

- grains - culture industrielle - fruits - légumes - pomme de terre - des pépinières - et des prairies Le cultures sont assez diverses, même si en grande partie, elles sont présentes sur le site des pâturages (39 %), la culture des céréales (30 %), et la culture de plantes fourragères (25 %). l’urbanisme en ruban

l’agriculture

Le second élément qui caractérise ce paysage est la présence du bâti qui segmente l’espace ouvert. « C’est bien à travers l’addition de ces multiples sujets d’observation, actuellement disparates et peu coordonnés entre eux, que l’on peut commencer à construire, de manière «pointilliste», une image des 40 % du territoire compris sous le terme «frange périurbaine». »(8) «Plusieurs raisons sont souvent invoquées pour expliquer que l’offre de foncier a toujours été haute et bon marché ; d’abord, la facilité technique de viabilisation du territoire, contrairement aux Pays-Bas ou à la Suisse, par exemple ; mais aussi par le fait que les zones prévues pour l’habitat dans les plans de secteurs qui régissent l’urbanisation régionale depuis les années 1960, ont été fortement surdimensionnées ; ou encore l’autorisation qui été faite, avant les plans de secteurs, de construire partout à front de rue du moment que celle-ci était «équipée» , ce qui a causé les kilomètres d’urbanisation «en ruban» le long des routes de campagnes qui perturbent tant aujourd’hui les mesures de l’agglomération, en Flandre notamment. »(9)

composantes spatiales du paysage

L’agriculture est le principal gestionnaire et façonne largement le paysage de la périphérie qui entoure la ville bruxelloise. L’importance de la zone agricole de Neerpede et de celles qui sont en continuités avec elle, place les enjeux de ce projet de développement comme faisant partie d’intérêts transcommunaux et transrégionnaux. Le but est d’évaluer puis de révéler les potentialités de cette proximité entre agriculteurs/maraîchers/métropole. Une des hypothèses sur laquelle l’étude pour le plan de développement interrégional base son développement consiste en la création d’un Agrobiopôle. Cette structure servirait de lien entre la périphérie verte, et la ville. Après recensement, 738,3 ha de terres sont exploitées dans le cadre d’activités agricoles professionnelles dans la zone d’étude. (7) Les parcelles des champs sont occupées par les cultures suivantes : - fourragère

8. Urbanisation Sans Urbanisme, une histoire de la ville diffuse, Bénédicte Grosjean, éd. Mardaga, Wavre, 2010.

7. Extrait du plan directeur interrégional, Op. Cit. Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan.

9. Ibid. Grosjean B.

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Types de cultures en présence sur le site ; Source : Op. Cit. Sum Research

Panel des types de cultures en présence dans la zone d’étude Source : Op. Cit. Sum Research

Pourcentage de la superficie par types de cultures, et par communes (1= total, 2=vallée du Broekbeeck, 3=vallée du Pedebeek, 4=vallée du Vogelzang ; Source: Op. Cit. Sum Research

Tableau de répartition du type de culture par communes, source Op. Cit. Sum Research

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logements, commerces, HORECA, bureaux, professions libérales, maisons de soins, équipements de service public…

Il apparaît clé de parvenir à lier davantage les espaces verts en présence sur le site à travers un réseau viaire efficace, face à l’effet «coulisse» produit par l’urbanisation en ruban.

Ce plan trouve aussi sa légitimité dans son implantation selon un communiqué de presse (10): l’environnement du projet « dispose d’un tissu socioéconomique actif et dense composé d’entreprises, d’un centre commercial, de l’hôpital Erasme, de la Faculté de Médecine de l’ULB et d’infrastructures sportives et récréatives bordées par de grandes zones vertes : les terrains de sport de la Commune de Saint-Gilles, le golf situé au-delà du chemin de fer et la zone de Neerpede. » De plus apparemment son accessibilité future semble garantie et efficace : « les projets sont situés à proximité immédiate de la station de métro Erasme. La future desserte RER optimalisera encore l’accessibilité du site avec la station RERCERIA située à deux stations de métro d’Erasme et à moins de 5 minutes de la gare du Midi en RER. En voiture, le site est directement accessible depuis le Ring par le boulevard Henri Simonet. »

2 - ANALYSE : À/ Anderlecht a la croisée de projets d’avenir le projet

« chaudron-erasme »

Un nouveau quartier va être construit autour de la rue du Chaudron et près de la station de métro Erasme. Il comptera 1400 logements. Le site de Neerpede se trouve à la croisée entre une nature à sauvegarder et la réponse à un manque d’espace public et vert, destinés aux nouveaux habitants du quartier. Ainsi, les projets «Erasmus» et «Chaudron» apportent leurs contributions pour répondre à ce défi avec les 210 logements sociaux à développer par le Foyer Anderlechtois et les quelques autres 1160 logements selon une densité raisonnable : 100 logements par hectare, prévue dans le Plan Logement de la Région. Ces projets mettent en avant la quantité de logements construits dans un cadre relativement respectueux de l’environnement naturel (conservation de couloirs verts de 10 mètres minimum de large de part et d’autre de la rue du chaudron), la faible densité bâtie et une certaine mixité amenée par les différents équipements collectifs prévus :

B/ Analyse structurée Accessibilité et rapport à la mobilité urbaine Piéton Deux axes piétons sont primordiaux : le premier relie l’arrêt de tram Marius Renard (terminus) avec la Drève Olympique, le second relie l’arrêt de métro Eddy Merckx aux étangs. La promenade verte est un bon moyen de raccro10. D’après un document en ligne datant du 07.05.2013 : http://en.cfe.be/ media/504164/communiqu%C3%A9%20de%20presse-mai%202013-frversion_def.pdf

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Plan de désenclavement des parties «vertes» de la zone d’étude - potentiel de lien dans la zone étudiée - document réalisé à partir d’informations contenues dans le plan directeur interrégional LEGENDE:

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cher le Parc W au canal, lui-même en liaison directe avec le centre-ville. Si les opérations d’accessibilité sont menées à bien, reste à prévoir leur qualité si l’augmentation des visiteurs est conséquente. Il est même question d’une éventuelle nouvelle gare RER à Erasme même si aucune décision n’a encore été prise à ce jour quant à sa réalisation. Le site se lie aussi différemment avec plusieurs cycles de promenades et randonnées pédestres ou cyclables comme la promenade verte. Il existe une forte potentialité récréative en randonnée vélo, et pédestre. En effet, certains parcours existent, mais sont soit peu sûrs, soit pas assez connectés au réseau de la ville et ni liés entre les différentes zones d’intérêt du site.

Métro 2 métros : Eddy Merckx et Erasme. La connexion depuis la sortie du métro Eddy Merckx en direction de Neerpede est peu aménagée. La distance réelle est de 600 m, or il n’y a aucun signe indiquant à la sortie du métro la proximité d’un espace vert récréatif, ni vues sur lui. En sortant de la station de métro, on arrive sur une large chaussée au trafic intense. Il n’y a pas de lien clair en direction de Neerpede. La distance psychologique est importante alors que la distance réelle n’est que de 600 mètres.

Bus Il est possible de se rendre sur le site avec le bus , même si actuellement aucun bus ne pénètre dans le site du parc en lui-même. Certaines lignes de bus passent par la chaussée d’Itterbeek et la route de Lennik autour du site. Un crochet par le rond-point à l’entrée du Parc W pourrait éventuellement être réalisé par l’une des trois lignes de bus passant par la route de Lennik (n°141, 142, 620). La distance à parcourir alors par le piéton ne serait que de 100 m, en somme passer sous le viaduc, pour se retrouver dans le parc.

- ring Le site est en lien avec la RBC par le ring et des importantes voies de communication. Cependant, il reste peu desservi par les transports en commun et surtout peu perceptible depuis eux. Il est en effet souvent impossible d’imaginer être si proche de ce vaste espace ouvert sans en avoir préalablement la connaissance... Par exemple en sortant de la station du métro Eddy Merckx. Un parking souterrain est prévu sous la future salle de fête, un projet de la commune d’Anderlecht. (11) Le contrôle social et la sécurité sont limités (pas de présence humaine, éclairage déficient, aménagement peu attrayant…) Sous le viaduc se trouve un dépôt de matériaux de voirie de la Région, rendant le passage peu agréable : poches de parkings entre l’avenue du Luizenmolen et le viaduc (sous le viaduc), le long de l’avenue du Luizenmolen et entre le rond-point du Boulevard Henry Simonet et la Drève Olympique (accotements du B201 entres les différents rondpoints)(12)

Tram Deux trams desservent très ponctuellement le site, via le terminus Marius Renard (trams 81 et 31).

11. Extrait du plan directeur interrégional, Op. Cit. Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan.

voiture

Vélo Les ronds-points sont dangereux pour les cyclistes et créent un détour pour les promeneurs ; absence d’itinéraire vert et sûr. Absence de signalisation indiquant le territoire de Neerpede

12. Ibid. Sum Research

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Plan de désenclavement de la zone d’étude - potentiel de lien et continuités avec l’exterieur de la zone - document réalisé à partir d’informations contenues dans le dossier pour le plan directeur interrégional

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Quels outils pour le projet ?

entre certaines parties du site qui renforcent le caractère morcelé de ce territoire, et empêchent une continuité du parc agricole et naturel (pollution sonore, caractère impersonnel des lieux, sentiment d’insécurité).

D’après le plan directeur interrégional, l’ensemble du site trouve sa résolution planologique en une série d’interventions opérant sur de réels tronçons de paysage autour de thèmes comme la mobilité, la connexion de différents réseaux (maillage vert, maillage bleu, promenade verte, circuit cyclable, promenades locales...), la gestion du paysage agricole, la mixité des cultures, l’éducation, etc.

Gestion de l’agriculture et agriculture élargie : a) - Situation - définition de l’agriculture élargie

Mobilité

Une partie des parcelles agricoles du quadrilatère (66 ha, soit 9 % de la partie agricole totale) se trouve hors zone agricole (par exemple, dans la zone d’habitat à la rue du Chaudron à Anderlecht).(13) Les agriculteurs sont à la recherche de terres et semblent les trouver peu ou prou, bien qu’il leur faille parfois aller jusqu’à 10 km. Cette distance ne semble pas être réellement perçue comme un obstacle, d’autant plus que ces parcelles plus éloignées sont souvent plus grandes (moins chères aussi) et donc plus efficaces à travailler. Les terres disponibles ne restent pas en friche, sauf problèmes spécifiques (héritages complexes, usage privé ou refus du propriétaire). Pour mieux développer la zone d’étude, il apparaît important de trouver des solutions pour rendre disponibles des baux de location pour des terres agricoles, de rendre accessibles de terres à des gens qui n’en trouvent pas, car trop coûteuses du fait de la pression de la ville notamment.

La mobilité et l’accessibilité sont capitales dans la plus value de cette zone paysagère. Neerpede peut être considéré comme lien entre ville et périphérie. C’est une porte d’entrée ou de sortie de la ville (et de la nature). Ce site est à la fois en parfaite continuité avec d’un côté la ville et d’un autre le pajottenland, la nature, et l’agriculture. Les enjeux spatiaux, de connexions transrégionales et communales prennent la forme d’acuponcture urbaine sur le paysage. L’ensemble ayant ainsi bénéficié de ces interventions, la création d’un système propice à recevoir l’intérêt de la population ainsi que des activités agricoles, récréatives, et éducatives, est alors permis. Les points mobilité/accessibilité concernent des continuités entre les différents parcours et moyens de transport souvent existants, mais morcelés. Sur le site sont déjà présents certains parcours convenant aux piétons, et cyclistes et automobilistes. Le RER cyclable dans la commune répond notamment à ces objectifs. Comme évoqué précédemment, il faut aussi prendre en compte les coupures mentales, parfois plus importantes que les discontinuités physiques,

L’agriculture élargie travaille sur des cultures diversifiées à la ferme et sur de la vente sur place. C’est le modèle de l’entreprise ; pour qu’il soit viable, il faut un bon contact, garantir la qualité des produits, leur diversité, et proposer des produits transformés : beurre de ferme, yaourts, soupes par 13. Op. Cit. Sum Research

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exemple. La disparition de petits commerces locaux peut donner un rôle certain à l’activité de vente à la ferme de proximité, surtout suite à l’établissement des 1400 logements du projet Chaudron-Erasme, ainsi que pour l’habitant en ruban décrit précédemment. Pour parvenir à établir un nouveau modèle agricole (et paysager dans un sens) sur la zone d’étude, on peut distinguer les points d’intérêt suivants : - réactiver les terres maraîchères à l’abandon - réaliser une transition des exploitations agricoles vers des cultures plus mixtes. - proposer des potagers collectifs en réponse à ceux supprimés par des projets immobiliers passés.

sieurs plantes cultivées sur la même parcelle), soit aux rotations : il tombe alors à respectivement 9 % et 8 % ; contre 19,2 % sinon. « Ces résultats prometteurs, estiment les auteurs, suggèrent qu’un investissement approprié dans la recherche agronomique pour améliorer la gestion des cultures biologiques pourrait fortement réduire ou même éliminer l’écart [avec l’agriculture traditionnelle] pour certaines cultures ou régions. »(14) La polyculture et le bio sont donc des modèles à encourager pour les cultures présentes sur le site.

Qualité et proximité sont deux enjeux de taille dans le développement de la zone étudiée comme infrastructure verte pour la ville entre agriculteurs et citadins. Actuellement, la production alimente principalement les habitants de la zone étudiée ainsi qu’une partie de la Flandre. Le challenge est de proposer ces services aussi en lien à la RBC. Une agriculture mixte est de plus souhaitable pour répondre largement à une demande diversifiée en produits de l’agriculture : activité de grande production spécifique (céréales, pommes de terre…) complémentaire au maraîchage. La mixité de cette agriculture apporte aussi une richesse à un paysage varié en lien avec l’éducation écologique.

Il est important de pouvoir garantir les activités agricoles sur ce site à l’avenir, quelles qu’elles soient. Les obstacles à cela sont par exemple pour les terres maraîchères abandonnées, qu’elles appartiennent à des propriétaires privés et jouxtent l’habitation d’un ancien maraîcher. Cette activité à réintroduire ne peut se faire que sur la base du volontariat en veillant à l’accessibilité et au respect d’une certaine privacité à l’égard de l’habitat voisin.(15) Le prix du terrain également constitue un obstacle à cet établissement ; il est actuellement trop élevé pour permettre un modèle économique viable sur un retour d’investissement. En revanche, il existe des initiatives (Biogrondfonds, par exemple [Fonds foncier biologique] ) axées sur l’acquisition de terres pour l’agriculture biologique.

c) - Pérennité des sites agricoles

b) - Viabilité d’un modèle durable d’agriculture? Le différentiel de rendement entre agriculture «conventionnelle» (avec intrant chimique et produits phytosanitaires) et agriculture biologique, est beaucoup plus faible lorsque les exploitations biologiques ont recours soit à la polyculture (plu-

Les potagers collectifs ont un intérêt à pouvoir s’établir dans le quadrilatère, car dans les situations urbaines où ils existent ailleurs à Bruxelles, 14. Extrait du journal Le Monde du 10.12.2014 15. Op. Cit. Sum Research

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ils créent du lien social et apportent une certaine mixité, des qualités paysagères, et de la biodiversité en ville. Ils ont de plus une fonction récréative et éducative. Pour leurs propriétaires ils constituent aussi un moyen d’avoir une alimentation saine à bas prix. Dans le cadre d’une planification liée au parc de l’agrobiopôle, ils seront alors protégés et encadrés. La croisée de ces différents moyens de travailler la terre et le paysage fait se rencontrer une accumulation d’expériences et d’échanges entre agriculteurs ou maraîchers. C’est ce caractère transdisciplinaire et de rencontre qui est intéressant de mettre en place pour Neerpede afin d’en faire un site riche et où chacun y trouve son compte, acteurs et travailleurs agricoles, ainsi que promeneur, sportifs, etc. Des initiatives locales au sein de l’agrobiopôle futur pourraient aussi permettre d’apporter un soutien aux agriculteurs quand ils souhaitent prendre des initiatives pour l’agriculture urbaine, ainsi que d’identifier des opportunités sur des terres inexploitées et stimuler de projets urbains durables.

L’agrobiopôle devra aussi remplir des fonctions publiques : création d’un HORECA (à proximité du parc, promotion des produits locaux), création d’ateliers d’éducation à l’environnement, organisation d’un marché et un point de vente et/ou un réseau de distribution en ville. Il s’agira d’une part de créer et de réaménager une série d’infrastructures nécessaires pour mener à bien ces différentes fonctions, tels que la ferme régionale de Neerpede, la ferme communale (Tacqui), le Kattenkasteel et une partie du parc de Neerpede et de la Drève Olympique (amélioration de l’accessibilité et espace dédié à un marché ‘boerenmarkt’). L’Agrobiopôle en formera un élément d’attraction essentiel. Dans le contexte du lancement du nouveau programme du Fonds européen de développement régional (FEDER) 2014-2020, la Région de Bruxelles-Capitale souhaite initier des projets sous l’intitulé : « Bruxelles 2020 : Fonds européens pour une ville durable ». Dans le cadre d’une alliance stratégique emploi - environnement, la Région recherche activement des initiatives de projet à grande échelle dans le domaine de l’agriculture urbaine. Cette démarche pourrait constituer une importante source de financement. La commune d’Anderlecht, via son service développement durable et la Région étudient la possibilité d’introduire un projet commun en réponse à l’appel à projets européen.

Objectif métropolitain et projet de financement Selon le plan directeur interrégional pour Neerpede – Vlezenbeek - Sint Anna-Pede, l’agrobiopôle aura pour vocation d’être un site de production agricole et d’éducation à l’alimentation durable en milieu urbain. Ce sera également un centre d’expertise et de référence ; un incubateur qui vise soutenir de nouvelles entreprises agricoles urbaines, les agriculteurs professionnels déjà sur place dans la conversion vers une agriculture plus durable et orientée sur la ville (organisation du cycle d’alimentation court) et aussi l’économie de transformation de produits locaux (alimentation durable).

a) - une valorisation productive du paysage ? Les jardins potagers collectifs constituent un maillon pour la transition ville-campagne d’un point de vue paysager. La trame de la ville petit

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à petit se voit divisée en «carrés verts» mettant en scène la diversité intrinsèque des parcelles jusqu’à ce qu’elles s’agrandissent pour former des champs plus importants, et plus uniformes. La gestion collective, plus simple, et mieux réglementée, permet une attribution du parcellaire plus facile, et la création d’infrastructures collectives pour le plus grand nombre comme des cheminements, des clôtures, des bassins d’eau, compostage…

l’agrobiopôle.(16)

3 - CONCLUSION Malgré le rôle ancien d’approvisionner les marchés urbains, l’agriculture tient désormais plutôt un rôle important dans la grande distribution. La diminution du nombre de maraîchers et d’agriculteurs fait que l’on peut se poser la question de la nature des espaces périphériques dans leur rapport à la région de Bruxelles capitale et de leur devenir. Certains élans collectifs prouvent un réel intérêt grandissant pour les questions d’agriculture urbaine et de développement durable : les salons et événements liés à ces thèmes réunissent toujours beaucoup de visiteurs : «taste of Brussels», la journée de l’environnement, portes ouvertes de différentes fermes urbaines et jardins d’animation, des ASBL liées au recyclage, au compostage des déchets de la ville, aux potagers de quartier, etc. ; et ne cessent de se développer. De plus, une part des consommateurs exige des produits de qualité plus respectueux de l’environnement. La durabilisation de l’agriculture et la stimulation des circuits courts sont possibles moyennant une politique soutenue visant à favoriser la transition et l’innovation. Neerpede est actuellement un lieu plutôt silencieux dans la périphérie bruxelloise. Cette zone de la commune d’Anderlecht est même assez peu connue des Bruxellois. Elle a pourtant un rôle «actif» à jouer dans les échanges entre ville et

b) - Neerpede, nouveau point focal dans pour l’agriculture dans la ville Bruxelloise Le site est, de par sa taille et ses continuités, d’une importance territoriale qui traverse les limites des communes et des régions. Cette zone pourrait servir de point focal concentrant les enjeux d’une agriculture pour la ville, d’autant plus qu’il existe déjà à Bruxelles, une série d’organismes qui souhaitent la solidarité des différents acteurs pour une alimentation locale et durable. En effet, l’ASBL RABAD (Réseau des acteurs bruxellois pour l’alimentation durable) constitue une plate-forme qui réunit divers acteurs de la chaîne alimentaire. Le réseau rassemble un groupe diversifié de 42 organisations (allant d’agriculteurs à des distributeurs, restaurants et ONG) actives dans l’alimentation durable. Sur le site est aussi déjà présent le centre de découverte La Maison Verte Et Bleue. Il s’adresse à tout public, mais en particulier aux jeunes et aux familles des quartiers densément urbanisés. Ce centre initie et sensibilise les visiteurs à travers les thèmes de l’alimentation durable et la biodiversité. Le choix de ces thématiques est lié au projet de préservation de Neerpede, et pourrait être lié à

16. La maison vert et bleue, http://www.maisonverteetbleue.be/

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campagne pour ainsi clarifier son statut agricole qui a su résister à la pression de la ville, mais qui n’a cependant jamais fait l’objet d’un réel projet d’aménagement, pour participer à une définition de la ville durable. L’agriculture trouve en ce sens un rôle à jouer, le paysage devient «utilitaire», on peut parler d’infrastructure verte urbaine. Des services sont ainsi rendus de manière réciproque à la ville, et à la campagne rurale de la ville bruxelloise. Les enjeux de ce territoire sont fédérateurs d’une certaine promotion de l’agriculture durable et visent la création d’un réel lien entre ruralité et urbanité principalement à travers le commerce d’une production locale de qualité. La connexion de la zone du quadrilatère à la ville Bruxelloise passe de manière primordiale par un maillage efficace des différents réseaux : transports en communs, piéton, et vélo. Ces connexions établies, l’accessibilité et sa visibilité affirmeront son statut d’importance interrégionale. Un projet pour Neerpede permet de questionner l’intérêt d’une zone agricole liée à la ville bruxelloise au sein d’une réflexion sur le paysage urbain, d’introduire un nouvel idéal économique et productif plus durable. D’une part lié à la RBC, le projet semble de plus répondre à un manque d’espaces publics à la campagne et pouvoir s’articuler avec le projet «chaudron-erasme», apporter plus de diversité et de mixité, ainsi que de participer à la création d’emplois au sein de l’Agrobiopôle.

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PLAN SITUATION DANS BXL NOS PILIFS

AN VE RS

ferme urbaine Nos Pilifs

Gand

Neerpede Pède

Senne

PARIS

RING

Forêt de Soignes

autoroute voiries métropolitaines voiries principales voiries secondaires Grands espaces verts structurants Senne / Canal

2 Km

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E T U D E D E C A S # 2 - LA FERME URBAINE NOS PILIFS À NEDER OVER HEMBEEK 1 - INTRODUCTION :

compte 35 personnes dont 30 sont handicapées.

A/ présentation de Nos Pilifs, historique :

- En 2007, elle inaugure une nouvelle section : « la boulangerie – épicerie ».

Les informations concernant de cette partie sont issues majoritairement d’un entretient avec Étienne Duquenne, membre et gestionnaire de la division «entreprise de jardin» à la ferme des Pilifs, ainsi que du site internet de la ferme : http://pilifs.be/ ferme_nos-pilifs.php?idt=136&icat=7.

- En 2009, avec des moyens Financiers du Fonds Social Européen, une cellule d’accueil et d’adaptation pour jeunes travailleurs en forte difficulté d’intégration professionnelle est mise en place. Ces candidats travailleurs sont employés sous statut d’apprentissage spécial proposé et cadré par le service PHARE de la Cocof.

La Ferme Nos Pilifs a démarré ses activités à l’initiative de Madame Filipson - Présidente du Centre de Réadaptation Nos Pilifs - et de Benoît Ceysens, alors objecteur de conscience employé de ce centre en 1984, il y a donc 30 ans. Cette Entreprise de Travail Adapté, (ETA) emploie 150 personnes dont 120 sont porteuses de handicaps et s’étend sur 5 ha.

- En 2010, un nouveau bâtiment est construit pour abriter l’activité de manutention. Ce bâtiment a reçu le prix «bâtiment exemplaire Énergie & Ecoconstruction» de l’IBGE pour sa conception. Le bâtiment est en grande partie enterré et couvert de toiture verte. Une chaudière à bois alimentée par du bois déchiqueté issu de l’exploitation de la ferme assure le chauffage du bâtiment. Les besoins en chauffe ont été réduits par une bonne isolation et une ventilation régulée : ils ne dépassent pas 15 kWh/m²/an (moyenne bruxelloise : 106). 80 m² de panneaux photovoltaïques assurent une partie importante du besoin en électricité : 6.800kWh/an.(1) La gestion de l’eau est assurée par la récupération de l’eau de pluie et un système de filtration naturelle des eaux usées ne nécessitant pas d’énergie.

Les bâtiments se situent sur un terrain loué en bail emphytéotique à la Ville de Bruxelles. Ils sont construits en terre paille (les premiers de cette importance en Belgique) et sont inaugurés en 1991. La Ferme développe rapidement de nouvelles activités et de nouveaux emplois depuis ce jour. - En 2005, elle comptait 110 emplois, dont 80 réservés à des personnes handicapées. En janvier 2006, après un processus d’intégration long et progressif, la ferme Nos Pilifs fusionne avec l’Atelier de Paris, une ETA bruxelloise qui

1. http://www.fermenospilifs.be/index.php?v=

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Ferme Nos Pilifs

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B/ activités de la ferme, état des lieux

clé). »(2) Malgré son nom de «ferme», la politique de la ferme de Nos Pilifs n’est pas directement axée sur un principe de production alimentaire ; d’autant plus que les espaces «productifs» sont en grande partie occupés par des animaux pour la ferme d’animation. Le thème nourrir la ville n’est donc pas le maître mot dans cette organisation. Le but poursuivi par cette ASBL est avant tout de créer du lien et de participer à une certaine réinsertion sociale de personnes handicapées. Le but éducatif de ce lieu fonctionne avec une certaine sensibilisation à l’environnement et à l’écologie en général. Les activités des la ferme sont ainsi laissé à voir à l’oeil du visiteur qui peut déambuler à travers les différents jardins potagers et animaux de la ferme. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment des poules, des ânes, des chevaux, des poneys, des chèvres, des lapins, des porcs, des oies, dindons et canards.

Cette entreprise comporte aujourd’hui donc 6 sections professionnelles : jardinerie, entreprise de jardins, manutention, épicerie, estaminet, ferme d’animation. Des subventions compensent le manque de rentabilité de l’entité et contribuent à pallier aux difficultés de fonctionnement de la structure. 40 % de subsides viennent de la COCOF. Depuis peu la ferme se lance dans la vente de paniers bio. Les produits issus du maraîchage sont en partie vendus dans l’épicerie et cuisinés dans l’estaminet. On y trouve également des produits issus de l’agriculture biologique ainsi que de l’agriculture raisonnée ou/et du commerce équitable : farine, huile, charcuterie, fromages, biscuits, miel heembeekois, cantillon, vin...

Comme dit précédemment, la ferme compte 6 sections ; chacun des employés trouve sont domaine de compétence au sein de Nos Pilifs, et selon son handicap. Malgré une production peu conséquente, 600 paniers bio sont vendus et distribués chaque semaine. Des partenariats existent entre certains producteurs locaux dont la production est labélisée produit d’agriculture biologique, afin de confectionner ces paniers. Pour certains produits qui manqueraient à la confection de ces paniers, nos Pilifs travaille avec Biofraîche pour les compléter.

Les paniers bio sont quant à eux constitués exclusivement de produits certifiés bio. Ces produits sont la matière première du restaurant de la ferme, L’Estaminet. La Ferme Nos Pilifs ne travaille directement qu’avec des producteurs pratiquant l’agriculture biologique en qui elle a toute confiance : « Pour l’instant, nous travaillons surtout avec des coopératives de producteurs pour nos paniers bio. Nous espérons étendre davantage nos collaborations, car une réelle demande existe de la part du consommateur. Le mardi, il y a une livraison de paniers de fruits/légumes bio sur commande dans des entreprises bruxelloises au sein desquelles des employés se sont groupés (livraison gratuite à la

Les paniers sont disponibles à la vente sur place à l’épicerie de la ferme. Afin de toucher un public plus large, la ferme dispose également d’une vingtaine de points relais dans plusieurs communes de 2. http://pilifs.be/ferme_nos-pilifs.php?idt=136&icat=7.

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Ferme Nos Pilifs

Zoom sur le plan de la promenade verts, et des promenades locales - On peut voir ici la volonté de lier des espaces verts dispersés dans le tissus urbain. Ce plan ne montre en revanche pas les connexions au Nord du site qui pourraient faire participer la région flamande à ce maillage. Plan du quartier de la Ferme Nos Pilifs et repérage des accès par le Bus

Source: documents créé à partir de : http://geoportal.ibgebim.be/webmap/

bruxelles_verts.phtml?langtype=2060

Plan d’implantation du projet - BRUYN OUEST [100] Rue Bruyn 7-8 à 1120 Bruxelles Maître d’ouvrage : CPAS de Bruxelles Architecte : Pierre Blondel Architectes sprl Bureau d’études : MK Eng., JZH & Partners, G. Brutsaert Architects Source : http://app.bruxellesenvironnement.be/batex_search/Docs/fs_100_FR.pdf

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Vue 3D du projet Bruyn Nord ; Source : site internet de la ville de Bruxelles;


Bruxelles. Depuis peu, il est également possible de commander 8 sortes de paniers bio sur le site internet de la ferme.

jet de grande envergure qui consiste en l’élaboration et la construction de différents ensembles de logements dans la ville de Bruxelles. À Neder-Over-Heembeek, la ville de Bruxelles et son CPAS possèdent une grande réserve de terrains à bâtir. Le projet «Bruyn Nord» prévoit en ce sens la création de 200 (soit environ un quart des 1000 logements prévus au total) logements basse énergie, d’une salle polyvalente et d’un commerce. L’ensemble des habitations est réparti comme suit : 9 studios 27 appartements de 1 chambre 117 appartements de 2 chambres 27 appartements de 3 chambres 20 appartements de 4 chambres(4) 215 places de parking sont également prévues pour les locataires.

2 - ANALYSE À/ Neder-over-heembeek vement.

un quartier en mou-

Le plan 1000 logements de la ville de Bruxelles. Certains territoires dans la périphérie de Bruxelles présentent des enjeux urbanistiques, économiques et politiques importants. Neder Over Hembeek, est un territoire assez hétéroclite où plusieurs architectures de nature très différentes sont en présence. Ce site a connu successivement des réalisations toujours partielles de différents projets urbains pour l’extension urbaine. Encore beaucoup d’espaces ouverts sont mis en relations par des connexions visuelles les uns avec les autres avec des vues sur Bruxelles ou sur la campagne agricole.

Plus généralement et au-delà du simple plan Bruyn Nord de Neder-Over-Heembeek, le Plan 1000 logements va au-delà de la construction d’habitations puisque ces 1144 logements s’accompagnent d’infrastructures collectives avec la création d’une crèche, de 8 commerces, d’une école, d’une consultation conjointe ONE/Kind&Gezin, de 2 haltesgarderies, d’une maison de quartier, de 17 locaux associatifs/bureaux, d’un espace de stockage pour une association, d’un restaurant social, de flats services, de logements pour l’association le 8ème Jour, d’emplacements de parking, d’espaces verts et de potagers individuels et collectifs.(5)

Entre 2006 et 2011, le nombre d’habitants est passé de 23.743 à 25.716, soit 1.973 habitants supplémentaires et une croissance de la population de 8 %. (3) Afin de répondre aux besoins des nouveaux habitants, la ville de Bruxelles et le CPAS ont initié en 2006 un ambitieux plan de logements. Celui-ci prévoit la construction de 1000 logements, un pro-

Nous pouvons remarquer après la lecture de ce programme, la présence d’équipements collectifs, mais une absence de création d’espaces publics 4. http://www.bruxelles.be/artdet.cfm?id=6323&

5. D’après le blog du comité de quartier de Neder-Over-Heembeek ; (http:// www.nohcomitedequartier.org/article-le-plan-1000-logements-a-atteintson-but-et-apres-109538116.html)

3. D’après le blog du comité de quartier de Neder-Over-Heembeek ; (http:// www.nohcomitedequartier.org/article-le-plan-1000-logements-a-atteintson-but-et-apres-109538116.html)

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Vues de la rue du Bruyn à l’intersection avec Trasseweg : respectivement à droite, au centre, puis à gauche en ayant Trasserweg dans le dos; Source : photos personnelles

Vues de la cour principale de la ferme Nos Pilifs : le bâtiment de l’administration principal, l’entrée de la jardinerie, et lépicerie/boulangerie - Source : photos personnelles

Ces photos présentent les différentes activités, animaux que l’on peut trouver à Nos Pilifs, ainsi que les contrastes entre le bâti et certains éléments vert et paysager du site. Source : photos personnelles

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pour ces nouvelles familles qui viendront habiter ces quartiers et de commerces. À cela la ferme Nos Pilifs trouve ainsi directement écho face au manque d’espaces publics et de lieux de sortie et de rassemblement. Sa fréquentation est importante et ne cesse d’augmenter. Il faut tout de même ajouter qu’est né de concert avec le projet Bruyn Nord, un projet de «Forêt urbaine» à Neder-Over-Heembeek. Il s’agit en effet d’une grande forêt de 40 ha offrant divers avantages au quartier comme par exemple une zone de promenade récréative, une isolation acoustique qui sert d’écran face à l’activité importante du trafic routier environnant, une réserve de faune et de flore en maintenant une certaine biodiversité à proximité de la ville.

venir à la ferme de Nos Pilifs, lui donner une meilleure visibilité.

Force du site, vues Comme il apparaît sur les photos et sur les cartes qui suivent, la ferme se trouve dans un environnement urbain, mais relativement vert. On ne peut en effet pas dire que ce soit les espaces verts qui manquent dans ce quartier. Une caractéristique forte du site réside dans les contrastes qu’il fait se confronter. En effet sur les photos (voir page de gauche) on peut voir plusieurs plans se succéder : un sentier, une palissade en bois, un potager, et une barre de logement contemporaine de 3 étages derrière un coin de potager. De même qu’il est tantôt perceptible de voir se dessiner à travers les arbres de grands ensembles comme l’hôpital militaire. Ces vues permettent de mettre en évidence un certain contraste, mais également un certain rapport entre ville et nature. Visuellement le contraste est fort, mais fonctionnellement il est assez faible. Il est en effet normal de pouvoir imaginer ce type de cadre naturel pour pouvoir se promener en famille par exemple, acheter certains produits alimentaires, aller se restaurer, programmer des sorties éducatives dans le cadre scolaire, ainsi que produire fruits et légumes, le tout à proximité de zone où on retrouve les personnes qui en profitent. C’est en grande partie ce côté «pratique» qui procure le succès de la ferme Nos Pilifs.

B/ Analyse structurée Accessibilité et rapport à la mobilité urbaine Actuellement, l’accessibilité au site par les transports publics semble assez limitée. Seules 3 lignes de bus desservent le site. Le bus 53 s’arrête à «Ferme Nos Pilifs», sinon en amont du site il est possible d’arriver avec les bus 47 ou 57. Le site est également bien accessible par la voiture ainsi qu’à pied et à vélo. Un promenade locale passe au nord de la ferme de Nos Pilifs et la connecte ainsi par ce réseau de sentiers à la promenade verte. L’accent pourrait cependant être ici mis sur une meilleure desserte du site par les transports publics face aux nouvelles constructions, l’augmentation des résidents avec le plan 1000 logements pour Bruxelles, et pour attirer d’avantages de gens à

Rayonnement du site Nos Pilifs

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?

Entrée de l’éstaminet de la ferme ; Source http://www.samenopcafe.be/on%20

line%20foto’s%20maxi%20front/Brussel%20Brussel%20Ferme%20Nos%20Pilifs%203.htm

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Ce lieu est ancré dans le quartier en partie du fait qu’il existe depuis 30 ans, Et qu’il propose à ses visiteurs une diversité et une richesse d’activités. L’arrêt de bus qui dessert ce même quartier porte d’ailleurs le nom «Ferme Nos Pilifs». La ferme n’est pas uniquement visitée par les gens du quartier, mais bien par tout Bruxelles et même d’autres endroits de Belgique. Comme évoquée précédemment, une promenade locale passe sur le site de la ferme Nos Pilifs, ce qui aussi lui donne une certaine visibilité et attractivité pour les promeneurs voulant y faire une halte.

Collaborations avec d’autres ASBL La ferme Nos Pilifs a participé à l’aménagement du potager de la biennale Parck design 2014. La ferme collabore avec Le Début des Haricots, et au départ leur louait le terrain occupé l’ASBL, avant de finalement déménager un peu plus loin. Au-delà de partenariats avec des ASBL, Nos Pilifs travaille aussi avec des écoles pour organiser des visites éducatives de découverte des activités et animaux de la ferme. 3- CONCLUSION

La ferme Nos Pilifs, un espace «public» ?

Pour conclure cette analyse, on peut ici dire que l’agriculture sert de toile de fond et de prétexte : à l’emploi de personnes handicapées (vocation première de l’association Nos Pilifs dont la ferme est une filiale), à l’intégration sociale de ces personnes, et c’est aussi un outil de sensibilisation à l’écologie et au développement durable, ainsi qu’à l’écoéducation. Dans ce cas-ci, on pourrait aller jusqu’à employer le terme proto-espace public pour qualifier Nos Pilifs dans sa fonctionnalité urbaine ; le site remplit diverses fonctions de l’espace public comme l’HORECA, et offre une série de zones récréatives, il est gratuit de s’y promener, elle est accessible selon un plage horaire généreuse, et comme un musée dans une certaine mesure, la ferme à un but éducatif et une approche pédagogique de l’environnement.

Nous pourrions aller jusqu’à dire que c’est un espace public. En effet, la ferme est ouverte au public tous les jours de la semaine et les week-ends. Il est agréable et facile de s’y promener d’autant que c’est gratuit ; on peut donc s’y rendre très souvent. C’est à la fois un lieu de promenade et dans le même temps on peut s’y arrêter pour se restaurer et faire ses courses, qu’il s’agisse d’alimentation ou d’outils et de produits d’entretien pour le jardin, plantes, fleurs... De ce point de vue, la ferme répond à un sérieux manque de mixité et d’espaces publics dans le quartier qui ne va cesser de se faire ressentir avec l’augmentation de la population amenée par le plan Bruyn Nord. Comme pour Neerpede précédemment, mais dans une tout autre échelle et dans un rapport différent à la ville, on peut volontiers qualifier ce site d’infrastructure urbaine, ou plutôt d’équipement de quartier.

Ici la notion de territoire ou d’un projet qui fait le pont entre différentes régions n’est pas représentative de l’ampleur du projet, ou d’un rapport évident au paysage, mais il représente un cas intéressant, car présente une autre situation de l’agri-

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culture pour la ville, l’agriculture de proximité, voir de quartier. Ici elle participe à sa construction, forge son identité et offre une série de services et des zones de détentes. On peut ici observer comment un nouveau quartier se construit et en quoi la ferme répond à un certain manque que les habitants de proximité semblent pouvoir compenser à la ferme. Ce projet de ferme ne fait pas partie d’un projet urbain initié par la commune de Neder-OverHeembeek, pourtant il répond a de nombreuses exigences des habitants du quartier et au-delà. Les espaces verts font partie intégrante du patrimoine culturel des Heembeekois, fondamentalement rural. De nos jours, différents projets d’aménagement urbain ont eu pour résultat de morceler davantage les vestiges de ce patrimoine rural.

partenant déjà. Le parc a été inauguré le 15 octobre 2014. De l’autre côté de la frontière régionale aussi, et même si cela ne fait pas immédiatement l’objet d’un projet en région bruxelloise, la commune de Vilvoorde elle, en Flandre, a proposé de prolonger son parc des 3 fontaines sur le territoire de la ville de Bruxelles, sur 5 ha. Cette connexion verte liera directement le parc à la promenade verte sur la commune de Neder-OverHeembeek grâce notamment, à la réhabilitation d’un tunnel qui passe sous le ring. Depuis peu, de telles initiatives de coopération ou du moins la volonté développer des stratégies de projets Win-Win pour une gestion commune et cohérente des espaces verts semble émerger en RBC et en Flandre. À NOH, la ferme pourrait faire partie intégrante de cette initiative. Tous ces espaces verts davantage liés entre eux constituent un prolongement dans les deux sens du paysage ouvert et naturel et de réelles transitions entre ville et campagne rurale. Les espaces verts qui constituent l’espace ouvert prennent différentes formes dont l’agriculture, qui semble pouvoir répondre aux attentes d’un quartier et parvient à lier entre eux des intérêts divers, mais complémentaires.

Il parait dès lors important de trouver un moyen de lier davantage la ferme aux autres espaces verts via un maillage de ces espaces, présents à NOH. Ce projet vert pour la commune lierait les différents éléments d’espaces publics verts du quartier : les parcs, bois, sentiers, et infrastructures sportives de plein air (il y a des terrains de sports dans la même rue que celle de la ferme traités de manière paysagère en gradins). Cet intérêt pour lier ces espaces verts et les protéger est souligné par l’ASBL «la promenade verte de NOH» qui organise des visites et anime des activités ouvertes à tous. L’itinéraire proposé par l’ASBL fait d’ailleurs l’objet d’une demande de raccordement à la promenade verte de l’IBGE. De même, des projets de parc sont en cours actuellement : le Val du bois des Béguines avec bois des sortilèges, et le parc du Craetbosch. Pour réaliser ce parc, le collège de la Ville de Bruxelles a décidé d’acquérir une série de parcelles privées, qui s’ajouteront aux terrains lui ap-

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CONCLUSION GÉNÉRALE / PARTIE 1 On peux conclure de cette analyse des cas Bruxellois que paysage et l’agriculture peuvent être considérés comme vecteur de transformation à différentes échelles, du quartier à l’espace métropolitain.

être efficaces, que dans la mesure ou une perception régionale et métropolitaine est portée sur la Ville Bruxelloise et sur les projets pour qualifier la périphérie. Penser des rapports autres que la simple juxtaposition aujourd’hui observée entre des agrégats urbains et les espaces ouverts constitue un potentiel latent dont on pourrait tirer parti, et ainsi aller audelà de la simple protection de ces espaces ouverts menacés par la pression immobilière exercée par la ville. À Neerpede, par exemple, on observe des usages très divers : de l’agriculture, des terrains de sports, des petits morceaux de forêt, la présence de l’eau, de grands ensembles urbains (hypermarchés, campus universitaire), des friches, et un cimetière. La nature y est luxuriante, elle a un statut très différent des parcs urbains ou des réserves naturelles de l’hinterland, pourtant il est important de porter un regard nouveau sur cette nature infrastructurelle et multifonctionnelle. Chaque fragment est une figure à la fois paysagère et urbaine, qui se trouve au croisement de plusieurs systèmes. Cette collection fragmentée apparaît comme non hiérarchisée et peu claire. Ces formes complexes et isolées sont la résultante de plusieurs empreintes : géographiques, urbaines, programmatiques, etc. Ces fragments de paysage semblent cependant être en capacité de devenir les pendants contemporains de nouvelles hétéroto-

Faire la ville à partir du paysage, c’est l’un des enjeux majeurs de la ville durable dans laquelle la nature et l’environnement ont une place très importante. Ce «nouveau paysage» urbain et métropolitain est constitué de résidus de différentes natures qui trouvent une cohérence et offrent une lecture claire et définie des zones périphériques à travers le thème de l’agriculture qui permet de fédérer des enjeux pour la ville et l’environnement tels que : la qualité de l’eau, la pollution, l’accès à un réseau de production et de distribution local d’une agriculture vivrière, certains enjeux sociétaux, d’accessibilité à des espaces publics, proposer des zones de loisirs sportifs, ainsi que la sensibilisation et l’éducation à la nature et à l’environnement. C’est à partir du paysage et de sa compréhension que l’on peut développer de nouvelles formes urbaines. À travers le thème de la ville durable, et de l’agriculture pour le servir, c’est la notion de territoire durable qui doit être considéré au sein d’une démarche de projet pour fédérer et orienter le devenir de sites comme Neerpede, ou certaines parties de NOH. Ces idées ne peuvent réellement se concrétiser et

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Photo personnelle rue du Bruyn

Domein_3_Fonteinen,

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/ commons/c/cd/Domein_3_Fonteinen,_d.jpg

photo personnelle, Trasserweg

photo personnelle, Trasserweg

Ferme Nos Pilifs

Extrait du nouveau PRDD, carte cadre de vie, source IBGE

Document personnel - vue aérienne centrée sur la Ferme Nos Pilifs - illustre la nécessité d’une collaboration interrégionale

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pies(1) mêlant nature et ville. Ces lieux ont la capacité de capter et de concentrer l’énergie métropolitaine en dehors du centre et devenir des véritables espaces publics. Il semble en effet naturel qu’avec la dispersion horizontale de la ville et notamment de l’habitat, que l’espace public subisse aussi une transformation analogue en se déformant et se dilatant. Cette transformation s’observe d’ailleurs dans des lieux comme la ferme Nos Pilifs à NOH, au sein même d’espaces qui ne sont «pas publics» à priori. Ils traduisent également la rencontre et la superposition de l’idée de la place publique, et celle de la nature sauvage et rurale.

à l’initiative du Vlaams Bouwmeester, et de la VLM (Vlaamse Landmaatschappij). 6 organismes se sont ajoutés à cette démarche, la suivent et la financent : Vlaamse Landmaatschappij, Team Vlaams Bouwmeester, l’Equipe du Maître-Architecte pour la R.B.C, Bruxelles Développement urbain, Ruimte Vlaanderen, et Bruxelles Environnement. Indirectement via cette étude donc, différents acteurs de deux régions se mettent en relation pour réfléchir sur la périphérie et les espaces ouverts autour de la ville bruxelloise. 4 bureaux d’études sur 4 périmètres différents interrégionaux proposent une réflexion sur des espaces ouverts, verts, structurants. Il semblerait que l’on assiste à la naissance d’une collaboration plus intense entre les régions et à un projet commun métropolitain pour l’espace ouvert et la ville bruxelloise.

À travers le projet de prolongation du parc des 3 fontaines de Vilvoorde dans la RBC, le maillage vert bruxellois tend vers un nouveau maillage vert, interrégional. Ce nouveau point de vue sur la RBC et sur ces voisins permet de «créer des opportunités et de rendre la ville plus viable et plus saine. Les espaces verts récréatifs (tourisme, vélo...), peuvent servir de lien entre Bruxelles et la périphérie. Celle-ci est trop souvent considérée comme la ‘plaine de jeux de Bruxelles’, tandis que les habitants de la périphérie se rendent à Bruxelles pour des activités culturelles. Une meilleure interaction et harmonisation s’impose.»,(2) comme en témoigne l’ASBL «BRAL» (Brusselse Raad Voor het Leefmilieu vzw, le Conseil Bruxellois pour l’Environnement).

Dans une lecture alternative, l’espace ouvert de la périphérie peut être vu aussi comme le moyen de liaison par excellence pour la fusion de l’habitat, du travail, de la récréation, de l’agriculture, de la mobilité, de la biodiversité/des valeurs naturelles, de la gestion de l’eau. Cela est particulièrement mis en place dans divers projets en Allemagne où ces thématiques sont présentes et récurrentes depuis plus longtemps qu’en RBC. L’espace ouvert n’est alors pas considéré comme un vide, littéralement un espace vide, mais un élément vital dont la structure spatiale peut rassembler de manière intégrée des intérêts différents et même contradictoires, par delà les frontières ; et c’est qu’il sera proposé d’aborder dans la seconde partie de ce mémoire.

Actuellement, une étude sur le territoire métropolitain («Metropolitan Landscape») a été lancée 1. Expression faisant référence à un concept forgé par Michel Foucault. Une héterotopie peut se définir comme une localisation physique de l’utopie. Ce sont des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire, comme une cabane d’enfant ou un théâtre. 2.http://bralvzw.be/fr/bruxelles-et-la-p%C3%A9riph%C3%A9rie%C3%A0-la-recherche-dune-meilleure-collaboration

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PÀRTIE 2 LE CAS ALLEMAND Introduction

ricier n’est pas nouveau, « faire de la trivialité agraire un agrément pour la promenade oisive apparaît chez quelques aristocrates éclairés du XVIIIe et XIXe siècle sous le vocable de Landschaftspark. Au lendemain de la Grande Guerre, cette idée resurgit dans l’urbanisme fonctionnaliste, puis de nouveau aujourd’hui. » Cahier Thématiques n°11.

L’Allemagne est ici prise à témoin pour différents projets « exemplaires », ou en tout cas comme complémentaire à une réflexion sur la situation de la périphérie verte de la ville-région de Bruxelles Capitale. Ces projets mettent en scène la périphérie urbaine et le paysage de différentes manières : production agricole soutenable, épuration de l’eau, valorisation paysagère, espaces publics périphériques, dialogue et lien social... Il paraît important d’avoir conscience de ces projets qui ont été réalisés pour en tirer des réflexions supplémentaires qui peuvent permettre une approche plus riche pour définir à l’avenir ces nouvelles hétérotopies périurbaines en RBC.

D’un point de vue contemporain, cette prise en compte a pu donner lieu à des projets comme celui de l’épuration de l’eau pour la ville de Munich ou plus récemment dans les années 2000 au parc Berlin-Barnim en bordure de la ville de Berlin. Au-delà de grands projets territoriaux, les potagers urbains ont su garder une certaine importance, ils ont un statut légal qui vise à les encadrer et à les protéger. Ils peuvent même faire partie d’un plan de quartier. De grandes villes allemandes comme Berlin, Francfort ou encore Munich en comptent toujours un nombre important. De ce fait la « nature » en ville, son importance, le paysage, voire la production agricole, semblent faire partie d’une conscience collective partagée et planifiée. En Allemagne, les potagers sont appelés Schreber Gartens en hommage à Moritz Schreber, un médecin et pédagogue allemand ; ils sont l’équivalent de ce qu’on retrouve dans le reste de l’Europe sous les termes community gardens, Victoria gardens, jardins collectifs, jardins ouvriers,

L’Allemagne est l’héritière de grands projets d’urbanisme prenant sérieusement en compte le paysage et la verdure dans la reconstruction de certaines villes au sortant de la Seconde Guerre mondiale. Certains projets et travaux comme ceux de Rudolf Schwarz sur la ville-paysage peuvent en témoigner. Même si cette réflexion existe dans d’autres pays comme les États-Unis (avec les travaux d’Henry Ford, et de Frank Llyod Right notamment), c’est globalement l’Allemagne qui semble avoir depuis plus longtemps et de manière plus concrète su faire germer ces thèses sur la production agricole et le paysage liés à une planification urbaine et de son développement. Le principe de donner forme à un paysage nour-

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familiaux ou encore potagers urbains. Les points théoriques suivants correspondent aux grandes lignes d’un courant de pensée sur la ville paysage, sur une agriculture liée au projet urbain comme la ville américaine, l’urbanisme agraire. Il apparaît important de les connaître pour pouvoir comprendre comment ils sont développés et sont réutilisés pour construire une partie d’une idéologie récente sur la ville durable. Par la suite, afin de pouvoir mieux comprendre les mécanismes et les dynamiques de réalisation des projets exposés dans l’étude de cas sur l’Allemagne, il est nécessaire de décrire aussi les outils de leur planification au sein de la machine juridique allemande. Cet exposé permettra alors une meilleure étude comparative des cas mis ici en relation.

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Rudolf Schwarz, plan d’extension pour Thionville, 1943 - Source La Ville-Pay-

Schwarz, schéma représentant l’idée de centres alternatifs pour Thionville, 1943 - Source Op. Cit. Schwarz

sage. Rudolf Schwarz et la dissolution des villes, Panos Mantziaras, Novembre 2008

Rudolf Schwarz, plan général pour la ville de Cologne - - Source Op. Cit. Schwarz

Rudolf Schwarz, le concept du «Tout» et de ses éléments constitutifs, 1949 - Source Op. Cit. Schwarz

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La ville paysage de R. Schwarz

paysage sur un milieu urbain de faible densité, avec des constructions à taille humaine dans lequel se mêlent ensemble de façon discontinue ville et nature. La ville est nouvellement ordonnée, intégrant cœurs historiques, nouvelles zones résidentielles, industries et paysage dans un système unifié et structuré par les réseaux de transport. La traduction la plus appropriée pour le terme serait d’ailleurs «le paysage de la ville» par opposition «au paysage urbain» qui se réfère généralement à l’image et aux qualités de la ville, plutôt qu’à l’idée de mélanger la ville et le paysage dans une nouvelle entité, comme c’est le cas avec Schwarz. Stadtlandschaft, deviens une figure du projet urbain en Allemagne, et le terme apparaît pour la première fois en 1930. Il désigne tantôt la ville paysage, rend compte de ce qui désigne tantôt un modèle urbain décentralisé, tantôt une fabrication esthétique hybridant l’architecture au paysage. Sa vision et l’ébauche des concepts théoriques de Stadtlandschaft apparaissent dans son livre Von der Bebauung der Erde (1949), suivi un an plus tard par son rapport officiel sur les plans de reconstruction, Das neue Köln, pour Cologne. (3)

Cette partie théorique est basée sur le livre de Panos Mantziaras, La Ville-Paysage, Rudolf Schwarz et la dissolution des villes. (1) Après la Première Guerre mondiale, de nouveaux débats émergent parmi les urbanistes qui s’interrogent sur la reconstruction des villes, et remettent ainsi en question certains principes fondamentaux pour (re)construire la ville de demain : quelle est sa taille ? Sa forme ? Comment y vivre ? Quelles sont ses fonctions ? Parmi les visions proposées alors, celles de l’architecte Rudolf Schwarz (1897-1961) sur la reconstruction de Cologne ont été exprimées sous le terme «Stadtlandschaft», littéralement la villepaysage. Ce thème, latent depuis le début du siècle, avait déjà occupé un certain nombre de projets. En effet, en 1911, l’ingénieur Robert Schmidt procède à une étude qui a pour but de mettre en cohérence la conurbation de la Ruhr. L’accent est alors mis sur le transport avec un métro régional et un système paysager dans un plan-programme qui servira de base à la constitution du syndicat d’aménagement de la Ruhr en 1920 dont il prend la direction.

Contemporain de Schwarz et pendant le Seconde Guerre mondiale, Hans Bernhardt Reichow propose un modèle de ce type pour la reconstruction de Settin ; Konstaty Gutchau fait de même pour la ville d’Hambourg et Rudolf Schwarz pour renfoncer le réseau de petites villes et villages de la région de Thionville dans la Lorraine française annexée. Ces projets prennent la forme de grappes urbaines le long d’infrastructures. Des morceaux d’urbanisme émergent comme des collines dans le paysage offrant une relation consubstantielle entre ville et campagne. Ce lien est premièrement établi par l’habitat, pris

Rudolf Schwarz peut être considéré comme un « Paysagiste Fonctionnaliste », terme que l’on doit à Dorothée Imbert, qui désigne le paysagiste moderne, conscient de ses implications sociales.(2) En effet, Schwarz base sa conception de la ville 1.La Ville-Paysage. Rudolf Schwarz et la dissolution des villes, Panos Mantziaras, Novembre 2008 2. Corine Jaquand, 2012 - Cahier thématiques #11

3. Op. Cit. Mantziaras

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Rudolf Schwarz, plan de Bollingen, Lorraine, 1941-1942 - Source Op. Cit. Schwarz

Rudolf Schwarz, second plan de la citĂŠ industrielle, 1949 - Source Op. Cit. Schwarz

Rudolf Schwarz, troisième plan: la ville paysage, 1949 - Source Op. Cit. Schwarz

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comme objet de réflexion pour remédier à une crise sociale ; il s’exprime ailleurs en Europe à travers les cités jardins, qui sont en quelque sorte une première série d’expérimentation de ce modèle de la décentralisation.

unique. Il propose un nouveau zoning comme alternative à la charte d’Athènes. Ce dernier est basé non pas sur une analyse fonctionnelle de la ville, mais plus sur une analyse ontologique et historique. 4 éléments sont toujours présents dans le domaine urbain : souveraineté, éducation, culte, et économie ; de nouveaux critères vont venir construire la ville avec eux sans toutefois qu’on renie ce passé. La critique d’une trop grande centralité de la ville ancienne l’amène à créer une ville dotée de «centres alternatifs». Ce qui rend singulière la proposition de Schwartz est que les fonctions distribuées dans la périphérie permettent de rendre plus lisibles et identifiables les fonctions de chaque quartier faisant ainsi partie d’un tout. La planification de Schwartz avec ces cellules, réelles grappes dans le paysage sont des entités vivantes en constante évolution ainsi, la forme urbaine n’est pas figée.

En Allemagne c’est l’échelle du territoire qui est utilisée pour cette réflexion sur la ville. Les mots d’ordre de cette réflexion seront par exemple : l’efficacité comme système de production, la répartition de la population suivant des normes d’hygiène, la mise en place d’une administration efficace. Ces questions remettent en cause l’agencement des fonctions urbaines : non pas leur existence, mais bien leurs qualités. La ville est vivante et elle se doit d’évoluer de manière cohérente avec le paysage. Le point commun des différents projets d’urbanisme de l’époque en Allemagne réside dans le fait de concevoir la ville de manière décentralisée. Elle est constituée de cellules séparées par de la verdure. Chaque cellule est sensée procurer à ses habitants les qualités de vie élémentaires : équipements collectifs, services, travail, espaces verts à proximité. Cette notion de bonheur et de tradition relative à une communauté est appelée Heimat. La ville pour R. Schwartz peut s’organiser comme une succession de bandes, en strates : Logement, - culture - loisirs - espaces verts - , travail, -cultureloisirs-espaces verts- , logement. Ce type d’agencement se modifiera par la suite pour donner une structure plus organique comme on peut le voir sur les schémas ci-contre, la ville est davantage perçue de manière cinétique.

La crise économique de 1929 a joué un rôle important dans la promotion de l’idée qu’un certain degré d’autonomie dans la production alimentaire pourrait être atteint grâce à une nouvelle conception de l’habitat, dans lequel la vie urbaine et nationale de l’agriculture à petite échelle ont été combinées. Dans les administrations de planification de Berlin et de Francfort, l’idée de combiner la ville et la campagne semble avoir acquis un statut visionnaire et s’exprime en terme de paysage de la ville. Ces développements ont eu lieu avant la prise du pouvoir par le parti national-socialiste et l’intégration qui ont suivi de la période dans la construction idéologique de la ville nationale-socialiste.

Dans son plan pour Cologne, Schwartz se place en opposition avec le modèle préexistent d’une ville radioconcentrique rejetant l’idée d’un centre

Comme porteur de cette pensée en Allemagne on peut aussi citer Martin Wagner (1885-1957) qui a

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été directeur des services de l’urbanisme du Grand Berlin entre 1925 et 1933. Durant cette période, il a développé un système de parc et de coulées vertes qui réunissent diverses activités récréatives le long des berges des lacs de Grunewald et de Köpenick. Wagner a commencé se carrière comme directeur du service des espaces verts du Syndicat intercommunal du Grand Berlin. Ce dernier a été mis en place en 1911, suite au vote de la loi prussienne sur l’intercommunalité.(4) La thèse de Martin Wagner porte sur le vert urbain et sur le fait de relier des parcs de différentes échelles aux investissements en transport public et en relation avec la politique foncière. Plus loin dans le temps, ainsi qu’au début du XXème siècle, la ville américaine avec l’urbanisme agraire est conceptualisé de l’autre côté de l’Atlantique. Des vastes parcs urbains comme Central Park à New York (1857) servent aussi à nourrir cette pensée allemande sur la ville paysage pour certains parcs urbains en Allemagne. Ces concepts refont surface de nos jours en Belgique et prennent activement place parmi les préoccupations des urbanistes ; à Bruxelles notamment, à travers le programme de l’IBGE comme la promenade verte, les maillages vert et bleu et même dans certains projets de potagers collectifs de quartier, ou dans l’organisation de biennale organisée depuis 4 ans autour du thème des espaces verts en ville ou de l’agriculture urbaine.

4. Corine Jaquand, 2012 - Cahier thématiques #11

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American-Gothic, Grant Wood, 1930 huile sur isorel mou, 78 × 65,3 cm, Institut d’art de Chicago, Chicago

Multiples usages de la Ford T - Source : Reynold M. Wik, Henry Ford and Grass-roots America, The University of Michigan Press, 1973

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Agrarian Urbanism,

la tradi-

pour accéder au même confort que celui dont les Américains étaient en droit d’attendre à l’époque.

tion de la ville américaine.

Selon Henry Ford : « the real future of America is in the land ». Il voit à l’époque la Ford T comme un moyen de faciliter des déplacements ainsi que de proposer aux agriculteurs la possibilité de rester à la campagne tout en pouvant aller chercher du loisir, dont la campagne est alors dépourvue à l’époque, après une dure journée ; c’est un moyen de combler l’ennui que l’on ressentait hors de la ville, et permet une vie sociale plus riche. Au départ, l’industriel Henry Ford aspirait à un ordre industriel horizontal, à une décentralisation spatiale pour abandonner la cité industrielle traditionnelle ; ce modèle se voulait en continuité et comme une transition entre la cité industrielle traditionnelle et les campagnes agraires. Dans ce système de mélange entre agriculture et industrie, les ouvriers pourraient alterner entre travail en usine et travail de la terre selon les saisons.(2) La ville et l’urbanisme se rapporteraient alors plus à un projet unique de grande envergure et feraient l’objet d’une planification régionale, pour le territoire.

Aux États-Unis existe une tradition ancienne de la terre, de vivre dans des grands espaces ouverts, la prédominance d’une nature luxuriante. Plusieurs personnes portent et revendiquent ces idées dans l’Histoire, comme Thomas Jefferson, ou encore Henry Ford. Cette idée se retrouve par la suite dans quelques grands projets, Américains d’architectes qui imaginent leur pays comme une société agraire et industrielle. Les États-Unis sont à ce même moment la première puissance agricole mondiale. L’idée du travail de la terre et d’une ville paysage se retrouve ainsi déclinée, éclairée d’enjeux contemporains et par les avancées technologiques de l’époque, notamment en matière de transport (publics et individuels) ainsi qu’industriels, et techniques. 60 % de la population est rurale en 1900. Pendant la crise de 1920-21, ce chiffre baisse à 43 %. (1) La valeur des terrains baisse, ainsi que le besoin en main-d’oeuvre et on assiste progressivement à une désertion des campagnes. Fort de ce constat, depuis plusieurs années, un courant de décentralisation naît parmi des politiques, défenseurs du régional planning. Pour eux il est essentiel de mettre en oeuvre le moyen de rétablir le grand équilibre entre ville et campagne ; de faire en sorte que les agriculteurs vivent mieux

L’idée de la décentralisation alimente les débats défendus par les mouvements «agrariens», «distributists», «decentralists» à l’époque. « Décentralization is not dispersal, that is wrong… it is reintegration… » F. L. Wright.(3)

1. Making the Metropolitan Landscape: Standing Firm on Middle Ground, Jacqueline Tatom (sous la direction de), Jennifer Stauber, éd. Routledge, Avril 2009

2. Ibid.

Broadacre City, une des grandes utopies de Frank Lloyd Right se veut la cité naturelle de la liberté plongeant ses racines dans la tradition de la pensée américaine. Cette ville serait composée de plusieurs unités fonctionnelles dispersées, «in3. An Organic Architecture: The Architecture of Democracy, Frank Lloyd Wright, MIT Press, Cambridge, 1970

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Broadacre City - Frank Lloyd Wright Fig. 1 : Vue aérienne de l’utopie agraire de Frank Lloyd Wright, Broadacre City. On remarque la forte composante paysagère de l’agriculture dans un environnement très peu dense et relativement horizontal. Des objets volant animent le ciel, projetant l’utopie dans un monde technologique. Source : http://utopies.skynetblogs.be/archives/2008/12/index-1. html

Fig. 1

Fig. 2

Fig. 2 : Une autre vue aérienne de l’utopie agraire de Frank Lloyd Wright, Broadacre City. Source : http://utopies.skynetblogs.be/archives/2008/12/index-1. html

Fig. 3 : Photographie de la maquette du projet Broadacre City. Celle-ci mesurait 3,7x3,7 m ! Source : http://www.mydstudio.com/blog/frank-lloyd-wrightsbroadacre-city.html

Fig. 3

Illustrations montrant différentes vues du projet Futurama, de Norman Bel Geddes, présenté en lors de la Foire internationale de New York 1939-1940. À ce moment, Geddes travaille à l’époque pour General Motors comme designer industriel. Source : (https://www.flickr.com/photos/glenhsparky/4478606014/) - (http://exhibitions.nypl.org/biblion/worldsfair/enter-world-tomorrow-futurama-and-beyond/story/story-gmfuturama)

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tégrées» les unes aux autres de telle façon que chaque citoyen puisse, selon son choix, disposer de toutes les formes de production, distribution, transformation et jouissance, et qu’il puisse en disposer dans les délais les plus brefs. «Cette distribution intégrée des modes d’existence, en liaison intime avec le sol, constitue la grande cité que je vois, recouvrant notre pays tout entier. Ce serait la «Broadacre City» de demain. La cité devient la nation et les classes socialement défavorisées pourront acheter l’unité de logement individuelle complète. Toutes ces unités standard pourront varier dans leur mode d’assemblage, de façon à s’harmoniser, selon les cas, avec une plaine ou un horizon de collines.»

familles américaines. Ce n’est pas un retour en arrière, mais bel et bien l’exposition de principes organiques d’un nouveau mode d’habiter allant au-delà des principes artificiels de la ville et de son habitat à l’époque, ainsi que de l’antithèse urbainrural. Pour Wright, une utilisation intelligente de la conjonction agriculture-industrie-progrès scientifique nous permettrait un développement harmonieux des conditions de vie « It is true that landscape becomes architecture just as architecture becomes landscape. But both are integral with the ground and are an orchestration of form according to nature» (5) La question de l’urbanisme paysage (landscape urbanism) a été initiée par la désindustrialisation du nord des États-Unis et de l’Europe de l’Ouest. Ces théories prennent place parmi une réflexion globale sur le fait de placer le paysage agraire au centre d’une planification urbanistique dans un contexte radical d’industrialisation décentralisée. Dans un sens, et si l’on s’appuie sur la thèse de Bénédicte Grosjean, ce contexte «radical» existe en Belgique, sauf que la campagne agraire ne fait pas l’objet d’une planification ; la ville diffuse existe déjà sans qu’elle soit réellement constatée ou étudiée. L’industrie est dispersée sur l’ensemble du territoire, tout comme l’habitat. Le réseau vicinal est très développé et découpe finement le territoire belge ; par la suite en grande partie démantelé, on observe depuis que la Belgique se «centralise» et se hiérarchise à travers des quartiers résidentiels sans mixité autour de Bruxelles notamment. Il semblerait alors que certaines opportunités aient été manquées quant aux projets de la SNPPT, aux cités jardins et à certains plans de décentralisation, ou encore plus récemment dans certains projets de quartiers.

Les bureaux nécessaires aux personnes exerçant les diverses professions libérales sont construits spécialement pour chaque cas : ils jouxte­nt généralement les habitations, mais peuvent aussi constituer des éléments plastiques secondaires pour la cité. «Optimiste, non politique, non urbaine, campagnarde, elle est effectivement tout cela, notre image de la cité. Voici l’idée réalisable d’une cité organique, sociale et démocratique ressortissant de la Société créatrice - bref de la cité vivante. Ainsi non seulement on abolit «l’appartement loué», et l’esclavage du salaire, mais on crée le capitalisme véritable, le seul capitalisme possible si la démocratie possède le moindre avenir.» On retrouve ce thème de la propriété ouvrière et d’ancrage à la terre aussi en Belgique au même moment, et plus tard aussi avec les opérations de la SNPPT(4), et de la ligue du coin de terre notamment. Ce modèle signifie pour Wright la fin du chômage et de l’enfer que connaissent alors beaucoup de 4. SNPPT, société Nationale de la Petite Propriété Terrienne.

5. Op. Cit. Wright

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Vues de New Regional Pattern de Ludwig Hilberseimer. Cette utopies est infrastructurelle et le bâti vient séquencer et morceler la verdure. La ville s’oriente selon de façon à bénéficier de conditions naturelles favorables à l’agriculture et à la vie urbaine. Sources : https://placesjournal.org/article/notes-toward-a-history-of-agrarian-urbanism/

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Pour Wright, il apparaît nécessaire de rétablir un certain ordre urbain dans un contexte historique du développement rapide et globalisé de l’industrie économique. Le projet pour Broadacre City est vu comme une stratégie pour réconcilier la demande de culture et de lien social avec la métropole industrielle.

- Dans Futurama, la décentralisation est possible grâce à un réseau national d’autoroutes grande vitesse à voies multiples. L’accent est mis sur la sécurité de ces structures grâce à leur conception ingénierique de qualité. - Comme Futurama et Broadacre City, The New Regional Planning est organisé autour d’un réseau de transports et de communication à travers du paysage, des terres largement agricoles. Sur elles sont disposées des fermes, du logement, de l’industrie légère, des commerces, et des bâtiments publics. Les éléments s’organisent autour de caractéristique naturelles structurantes du territoire : topographie, hydrographie, végétation, vents.

3 projets phares illustrent les utopies d’un urbanisme agraire : Broadacre City F L Wright, Futurma Norman Bel Geddes, New Regional Pattern Ludwig Hilberseimer. La mobilité et les autoroutes à grande vitesse sont au coeur des 3 propositions sans quoi la décentralisation n’a pas de sens. Toutes 3 proposent un refus de la tradition de la ville industrielle rétablissant un lien évident entre ville et campagne, campagne et paysage agraire, urbanisme et paysage. Le paysage vu comme médium pour la forme urbaine contemporaine. Particulièrement évident même dans la communication de ce projet dans lesquels la vue aérienne est beaucoup utilisée. C’est un outil de représentation qui permet d’apprécier les aspirations territoriales de ces projets post-urbains et de mettre tout de suite en valeur les impératifs technologiques de l’avion comme objet fétiche. Cette ville et ce paysage semblent souvent s’étendre à perte de vue, mais peuvent être mis en relation avec d’autres portions importantes de paysage éloigné, et de différentes natures, grâce à de grosses infrastructures pour la mobilité.

Futurama a été clairement conçue comme publicité d’entreprise par le biais de divertissement populaire (Geddes travaillant à l’époque pour General Motors comme designer industriel ; le projet est de plus présenté lors de la Foire internationale de New York 1939-1940) ; Broadacre City et New Regional Pattern quant à elles ont été conçues davantage comme des réponses critiques, au moins en partie, aux injustices et pathologies sociales, économiques de la ville industrielle. Ces projets se placent en faveur de la proximité et du lien ente différentes entités : travail, famille, nourriture et vie sociale. Ce qu’on peut retenir de cette pensée américaine est que le paysage est vu comme moyen d’ordination spatiale d’espaces publics et privés. Il n’est plus un élément «silencieux» ou de décoration, d’ornement non bâti. La consistance de ce paysage est en revanche nuancée selon les 3 projets, pour Wright, elle est agricole ; pour Bel Geddes, elle est une large route à paysage vert aménagé, et pour Hilberseimer elle est occupée par de grands parcs verts.

- Broadacre est un réseau de transports et de communications reposant sur la grille de Jefferson comme élément d’organisation. C’est une grille variée de parcelles de logements et de culture alternée avec de l’industrie légère. La majeure partie du sol étant utilisé pour l’agriculture.

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Eva, Hilde, et Lisa dans leur Schreber Garten, Hambourg, 1934 Schreber Garten à Bockenheim, Francfort. Source : http://mrsralf.wordpress.com/2014/07/21/schrebergarten/

Source : http:// mrsralf.wordpress. com/2014/07/21/schrebergarten/

Carte répertoriant les types de jardins potages (schreber garten) à Munich Source : http://maps.muenchen.de/rgu/urbane_gaerten

Schreber Gartens à Anlage, Berlin. Source :http://mrsralf.wordpress.com/2014/07/21/schrebergarten/

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Schreber gartens - Système de planification vert Allemand -

En effet, 10 % seulement de ceux-ci appartiennent à des privés(2). Les ensembles de jardins prennent de plus en plus fréquemment la forme de jardins familiaux permanents (Dauerkleingärten)(3), dont la base légale se situe dans le Code de l’urbanisme, ce qui leur assure une certaine pérennité. Dès les années 1920, Berlin est une métropole verte. Le document de planification nommé Jansen-Plan réserve alors près de 40 % du territoire municipal à des parcs, des espaces verts et des espaces naturels. Les outils d’aménagement récents contribuent à conforter ce système historique de ceintures vertes. Au fur et à mesure, la fonction des jardins évolue, tout comme les personnes qui s’en occupent. Avant 1950, les jardins sont un complément important pour l’alimentation de tous les jours ; ils sont à plus de 60 % fréquentés par des ouvriers. Au début des années 90, ce rapport tombe à moins de 20 %(4). Jusqu’à aujourd’hui, la fonction économique s’était fortement estompée pour laisser davantage la place à l’éducation, au délassement. (5) On observe cependant une recrudescence de cette fonction première éclairée par différents enjeux contemporains comme la place des espaces verts dans en ville, leur fonction, l’importance de la biodiversité... De même qu’ils peuvent faire partie d’un programme de valorisation de déchets ménagers de quartier et ainsi proposer un programme durable.

La tradition du paysage en Allemagne est ancienne et a évolué au cours du temps autour d’une pratique de jardinage privatif vers un urbanisme vert engagé par les autorités publiques. Les villes allemandes sont de fait aujourd’hui dotées de formes multiples et organisées d’espaces verts. Ces espaces verts vont du parc national, régional, urbain, jusqu’au jardin familial en passant par les jardins privatifs. Dès la seconde moitié du XIXè siècle en Allemagne, un médecin et pédagogue, Moritz Schreber promeut l’idée des jardins ouvriers dans la lignée de ses travaux sur la santé publique. Le but est à la base davantage une pédagogie populaire et la pratique d’une activité physique, le jardinage, qui permet aussi à des familles dans le besoin de bénéficier d’un lieu de détente. Ces jardins sont encore très implantés à Liepzig, ville natale de Moritz Schreber, où 14 % des habitants disposent d’une parcelle.(1) Pendant la Première Guerre mondiale et durant la période d’après-guerre, ces jardins sont un moyen de subvenir à l’alimentation de la population des villes, alors en pleine crise économique mondiale. De nos jours, les communes, les Églises et autres personnes morales de droit public ainsi que les chemins de fer (la Bundesbahn) sont les principaux propriétaires de jardins familiaux en Allemagne.

2. Ibid.

3.Op. Cit. Monédiaire 4. Op. Cit. Monédiare

1. Agricultures urbaines et ville durable européenne : Droits et politiques du jardinage familial urbain en Europe, Gérard Monédiaire, Édité par Presses universitaires de Limoges, 1999

5. http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/stadtgruen/geschichte/en/ kleingaerten/index.shtml

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Organisation Allemande

espaces verts et le paysage font aussi l’objet d’une planification hiérarchisée.

des jardins potagers et législation

- Les jardiniers se regroupent pour former 13.100 associations locales (Kleingärtnervereine), ellesmêmes groupées en 390 associations régionales (Regionalverbände) et 19 associations au niveau des Länder(6). (l’Allemagne étant un état fédéral)

Le cas de Berlin : Pour Berlin, il existe plusieurs plans à des échelles différentes qui régissent la planification du territoire :

- Celles-ci sont représentées au niveau national par le Bundesverband Deutscher Gartenfreunde (Union fédérale des amis des jardins)(7). Le 1er avril 1983, la loi fédérale sur les jardins familiaux (Bundeskleingartengesetz, abrégé en BKleinG) entre en vigueur en Allemagne. Elle définit le cadre légal du « jardin familial », le rôle des organisations de jardiniers et fixe les pratiques en matière de baux (durée, loyer, résiliation, etc.).

FNP : C’est le plan d’aménagement du territoire (Flächennutzungsplan / FNP Berlin 1:25 000 et 1:50 000). Il s’agit d’un document de cadrage général de planification. Il est décliné à un niveau local par des plans de développement (Bebauungspläne 1:1000) et des orientations d’aménagement. Dans ces plans sont notamment prises en compte les données paysagères de la ville. Il est établi un schéma directeur des espaces verts de Berlin. La ville a comme spécificité d’être dotée d’une double ceinture verte et d’une croix verte suivant l’axe des rivières. Sur cette carte sont également pointés les projets liés à des mesures environnementales compensatoires selon 3 niveaux. Ces lieux correspondent à des zones prioritaires pour des mesures compensatoires paysagères ou environnementales. C’est notamment le cas pour le parc Naturpark Bernim. Le FNP est opposable au tiers, il détermine par arrondissement, les densités et l’utilisation des sols. Il peut notamment indiquer l’emplacement de zones vertes : les parcs, les jardins familiaux permanents (Dauerkleingärten), les zones de sport, de jeux, de camping et de baignade, ainsi que les cimetières

- Globalement ce sont en revanche les pouvoirs locaux qui disposent de la plus grande influence sur la politique de jardinage familial. En effet, les communes possèdent un droit d’auto-administration, défini à l’article 28 de la Loi fondamentale: « Les communes ont le droit de régler sous leur propre responsabilité, dans le cadre des lois, toutes les affaires de la communauté locale. » L’aménagement du territoire leur est donc intégralement octroyé par le Baugesetzbuch(8). Il impose aux communes d’établir des schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme (Bauleitpläne). On remarque donc que la réglementation des jardins familiaux est très encadrée en Allemagne et intervient à différents niveaux. Plus largement, les

BEP : C’est un document qui ne couvre pas toute la ville.

6. Op Cit. Monédiare 7. Op Cit. Monédiare 8. Op Cit. Monédiare

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Il s’agit d’un outil de planification réglementaire sur une zone spécifique. Il impose juridiquement des zonages et des destinations de sol.

Des guides d’urbanisme et de paysage complètent ces documents de planification d’échelle locale (Städtebauliche Konzepte und Rahmpläne).(10)

LaPro : (Landschaftprogramm) Mis en place dès les années 1980, il est basé sur une réglementation environnementale spécifique à Berlin. C’est un programme paysager. Il propose des programmes d’action comme : - les écosystèmes - le paysage - la protection des biotopes et des espèces - les loisirs de plein air dans les espaces publics - la compensation écologique. Ce plan se décline aussi à l’échelle du quartier. Ce plan est souvent contraignant pour le propriétaire et l’investisseur. StEP : (Stadtenwicklungspläne) mis en place dans les années 2000, il encadre la planification urbaine et le paysage à différentes échelles : - la ville avec des documents de développement de secteurs (StEP 1:125 000 et 1/50 000). C’est un guide non contractuel qui sert de référence en ce qui concerne les projets d’aménagement : les services, logements sociaux, zones industrielles à l’échelle de la ville. - à l’échelle des quartiers ou des zones spécifiques avec des documents intermédiaires de planification, le BEP comme énoncé plus haut.(9)

Le cas de la Région de Bruxelles-Capitale : En Région bruxelloise : Le code bruxellois d’aménagement du territoire (COBAT) définit quatre types de plans : - le plan régional de développement durable (PRDD) promeut une gestion de l’environnement régulée de manière globale, afin de développer un métabolisme urbain moins consommateur de ressources et d’énergie et moins producteur de déchets.(11) Les enjeux travaillés par le PRDD permettent de définir le projet de Ville reprenant d’une part l’identification des objectifs prioritaires et d’autre part les lignes du développement territorial permettant d’y répondre. Le PRDD fait face à 6 défis majeurs : l’essor démographique, le défi de l’emploi, de la formation et de l’enseignement, le défi environnemental, le défi de la lutte contre la dualisation de la ville et la pauvreté, le défi de la mobilité, et le défi de l’internationalisation. - le plan régional de développement (PRD) : outil de planification qui, sur l’ensemble de la Région, établit les grandes lignes de l’aménagement du territoire sur la durée d’une législature - le plan régional d’affectation du sol (PRAS) : il complète le PRD et définit les différentes zones du territoire

Ces plans ne couvrent pas l’ensemble de la ville, ils sont à une échelle intermédiaire avec d’une part le FNP Berlin à l’échelle de la ville, et le Bebauungsplan à l’échelle de la parcelle. Le StEP est un instrument de planification juridiquement contraignant pour l’administration.

10. D’après une série de fiches thématiques : «Trame verte et bleue» - Expériences des villes étrangères Berlin, métropole naturelle Le Naturpark Schöneberg Südgelande, mai 2012 - (http://www.environnement-urbanisme. certu.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_tvb3_Berlin_version_longue.pdf)

9.http://newrur.grenoble.cemagref.fr/newrur_cd/doc_pdf/p3etape4_ sp2com_fr.pdf

11.http://www.prdd.be/le-prdd-mode-demploi/pourquoi-un-prdd/und%C3%A9veloppement-environnementalement-soutenable

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- le plan communal de développement (PCD) : il s’agit, à l’échelle communale, d’un outil de législature qui précise dans le détail les enjeux urbanistiques, comme le PRD. - le plan particulier d’affectation du sol (PPAS) : sur le territoire d’une commune, le PPAS définit de manière détaillée toutes les zones et le prescrit urbanistique qui s’y rapporte.(12)

mande d’utilité publique ;(13) Le Maillage Vert est un programme issu de l’IBGE qui doit être en principe respecté par les plans inférieurs (PRAS, PCD, PPAS). Lors de la révision du PRAS, une attention particulière devrait être apportée pour intégrer le Maillage Vert à ce niveau. Le Maillage Vert doit être aussi correctement intégré dans les PCD ou tout autre règlement communal. Comme dit précédemment, on constate donc qu’un grand nombre de recommandations passent dans les plans d’aménagement urbain tels que le PRAS, le PCD, ou le PPAS.

De cet exposé des différents plans, la gestion des espaces verts et de l’environnement ressort assez peu, même si le PRDD semble mettre tout cela en avant. En vérité, bien que séparée juridiquement, l’urbanisme et l’environnement font bien partie d’une conception «intégrée». L’IBGE et son influence, ses conseils et recommandations, en effet, percolent à différents niveaux de la planification urbaine.

l’IBGE a pour qualification : - L’étude de l’application et la transposition des règles européennes en matière d’environnement ; - L’assistance aux pouvoirs locaux en matière d’environnement (schémas directeurs, audits, avis...) ; - La remise d’avis en matière d’octroi des autorisations d’exploiter ; - La participation de droit à toutes les commissions de concertation dans le cadre des procédures d’urbanisme et de permis d’environnement ; - La délivrance des permis d’environnement des classes IA et IB et également de classe II dans le cas d’un demandeur de droit public pour une de-

La Région de Bruxelles-Capitale semble globalement parvenir à faire passer sa vision concernant la politique des espaces verts et de la gestion de l’eau dans les plans d’urbanisme grâce à de nombreux partenariats. Ceci étant dit, on peut tout de même se demander si les relations et certains automatismes ne seraient alors pas facilités ou plus évidents, si tout faisait partie d’un même tout, l’IBGE avec l’urbanisme, comme c’est notamment le cas en Allemagne. À Bruxelles en effet, une constellation d’instances (l’IBGE, des comités de quartier, des ASBL) se mobilisent pour avoir un propos (ou revendiquer une partie du débat) sur les espaces verts parmi une population engagée. De cette manière par exemple, les potagers sont très peu gérés, voire encadrés et protégés par la loi en RBC. Entre elles-mêmes, pour ce qui est des potagers urbains, il n’existe pas de représentant ou d’ASBL «présentes, ou influentes» comme on voit que cela se décline en Allemagne, au sein du débat public, et à différentes échelles. À Bruxelles, 9 potagers sont gérés par l’IBGE au sein de parcs, dans 6 communes. Mais il en existe bien plus en ville.

12. http://www.curbain.be/fr/renover-construire-et-conserver/reglementations/plans-damenagement

13. D’après le rapport d’activité de l’IBGE, 2013.

L’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE) ; dans le domaine réglementaire :

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Vue d’oiseau sur la ville de Berlin - Document réalisé à partir de Google maps. On remarque que la limite entre la ville de Berlin et le paysage agricole est assez floue. La verdure pénètre en divers points dans le tissus urbain et vice-versa.

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LE CAS ALLEMAND - Berlin Barnim Introduction / Berlin - Une relle

métropole natu-

(296 ha) desservis par le métro (S-Bahn) réunissent des vergers, des champs de céréales, de pommes de terre et des prairies, sans pesticides, qui ont été rachetés par le Sénat de l’Environnement(1). Aménagés par des paysagistes, les parcs sont ouverts au public qui emprunte des cheminements piétonniers et cyclistes mettant en scène les caractères paysagers locaux (des lignes électriques, des châteaux d’eaux, des silos agricoles, un bunker, des observatoires d’oiseaux, etc.). Ces espaces sont en vue de devenir de nouvelles hétérotopies, de plus en plus décrites et étudiées. La thèse de cette étude est que les zones périphériques agricoles semblent pouvoir recréer un dialogue entre la ville et sa périphérie. Ces nouvelles hétérotopies permettent le tissage d’un lien entre plusieurs entités hétérogènes. Elles ont en communs de lier une agriculture soutenable à la détente des citoyens. « Le paysage agricole y est souvent convoqué pour donner un sens culturel à la vie en périphérie et contribuer à créer du lien social entre des populations qui ont pu subir un déracinement territorial ou symbolique(...) ou ayant traversé une mutation industrielle (...). »(2) « Dans tous les cas, l’agriculture urbaine ne se réduit pas à la mise en paysage de résidus cultivés, vestige d’une production économique en déshérence. La fréquentation régulière de ces espaces publics « dans les champs », y compris en semaine, témoigne aussi d’une attente sociétale sous-esti-

Avec plus de 6 400 hectares de parcs et jardins ouverts au public Berlin c’est : Une superficie de 892 km² Une densité de 3878 hab/km² 40 % du territoire sont des espaces verts dont : 43 % forêts et bois 14 % Friches 11 % Jardins ouvriers 10 % Parcs urbains ; soit un ratio de 26 m2 par habitant. Berlin se classe parmi la moyenne européenne des métropoles vertes. Elle possède un patrimoine arboré conséquent (430 000 arbres urbains) et de vastes forêts périurbaines. La ville de Berlin comprend beaucoup de dents creuses, de terrains vagues et de friches qui lui fournissent énormément de réserves foncières pour verdir les quartiers. Après la chute du Mur, les zones industrielles désaffectées, la fermeture de l’aéroport de Tempelhof (2007) et l’abandon des gares de triage obsolètes, ces espaces offrent autant d’opportunités pour réfléchir à la place des espaces verts en ville. Ainsi, les larges avenues de Berlin ont facilité l’aménagement d’un réseau dense de pistes cyclables (650 km en 2010) et de voies de transports en commun en site propre (tramways). À Berlin (3 450 000 habitants en 2010), les parcs publics périurbains (landschaftpark) du Barnim

1. Corine Jaquand, 2012 - Cahier thématiques #11 2. Ibid.

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Carte analytique de la ville de Berlin reprenant les espaces publics et verts, par quartiers et par niveaux de richesse en biodiversité -

Source : https://cdn.fbsbx.com/hphotos-xaf1/v/t59.270821/10738969_102 04065245605876_153848424_n.pdf?o h=7bd68dc5442c2ea58795cd8cb2ee5 284&oe=54ABF390

Plan général reprenant les différentes phase de projet pour le parc de Berlin -Barnim - Copyrights, Plancontext

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mée par les professionnels de l’aménagement. »(3)

De réelles questions se posent lors du concours pour ce parc. Notamment sur la gestion du budget octroyé à la réalisation du parc, et sur l’image de celui-ci : Est-ce qu’il est juste de faire des interventions saisissantes qui contrastent délibérément avec le paysage agraire existant ? Ou sont les solutions moins remarquables qui s’harmonisent avec la situation existante préférable ? Quel langage pour le parc, quels matériaux ? Avec la considération d’un financement limité disponible, doit-on réaliser un effet intense dans quelques emplacements de sélection, ou les ressources devraient-elles être réparties de manière plus égale sur le site ? (4)

Ce parc constitue un cas intéressant, car c’est le premier de cette nature. Le projet Berlin-Barnim représente un nouveau modèle pour le parc régional. Il s’est constitué sur un territoire hétérogène par sa nature et par l’utilisation diverse du sol. Il s’agit de réaliser un parc moderne qui relie des jardins familiaux, des champs agricoles et répond à des exigences programmatiques données de loisirs urbains. Une séquence claire des différents espaces paysagers, et des utilisations différentes constitue la transition de la ville au paysage ouvert. La nouveauté de ce projet réside aussi dans le fait qu’il allie une série d’aménagements paysagers, des espaces récréatifs, avec des zones productives liées à une économie territoriale. C’est cette «nouvelle» alliance et l’importante étendue du parc qui font sa singularité.

Neue Wiesen (1996) Il a pour enjeu la liaison entre différentes fonctions du paysage : les jardins familiaux , les champs agricoles et les exigences données de loisirs urbains. Le caractère spécial de l’espace ouvert est préservé et dans le même temps renforcé par la réponse proposée sur le territoire. Un projet de 65 mètres de large et 700 mètres de long « bande Park» est situé sur le bord d’un développement de logements existants en bordure de la ceinture verte du canal de drainage Karow. Les zones de loisirs sont principalement concentrées sur cette zone. Le projet offre des espaces de déambulations de différentes natures, d’un espace public central minéral au milieu des champs, à des chemins qui définissent des axes. Là un pavillon très minéral sert de mur de graffiti, on peut faire sur cette place du skate. La matérialité du sol marque des vues choisies sur la ville de Berlin. Le parc comporte différentes entrées, et itinéraires qu’il est possible de choisir en fonction du temps

Le parc, présentation Ce vaste parc s’est construit par phases de 1999 à 2007 suite à 3 concours, chacun portant sur une partie distincte du projet global : - Neue Wiesen, 86 ha (Schrimer & Kernbach) - Gut Falkenberg, (atelier Loidl) - Wartenberger Feldmark, 210 ha (Plancontext) Le projet de ce parc a été initié par le Département du Sénat pour le développement urbain et de l’environnement. Deux lignes de S-Bahn desservent ce site, le connectant ainsi efficacement à la ville de Berlin. Ce parc constitue en lui- même une liaison estouest entre plusieurs villes et villages : Karow, l’ensemble périphérique de Wartenberg et le village-rue de Falkenberg.

4. Journal of young architects (JoLA), Profession/Identity/Periphery/Flux: Adding Third Nature to Second Nature Design strategies for peripheral landscapes, Almut Jirku, 2007

3. Op. Cit. Jaquand

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Fig. 1

Fig. 2

Projet Phase 1 : Neue Wiesen - Fig. 1 : Vue sur la «place» du parc de Berlin-Barnim et sur le pavillon en béton. Source : http://www.wasistlandschaft.de/was-ist-landschaftsarchitektur/galerie/ neue-Wiesen.html

- Fig. 2 : Vue sur le paysage agricole, un champ de céreales. place et le skatepark Source : http://www.wasistlandschaft.de/was-ist-landschaftsarchitektur/galerie/ neue-Wiesen.html

Fig. 3

- Fig. 3 : Vue sur la place et le skatepark Source : Op. Cit. Jirku

- Fig. 4 : Vue qui oriente un point de vue sur l’AlexanderPlatz par une texture différente devant le pavillon sur la place. Source : http://www.wasistlandschaft.de/was-ist-landschaftsarchitektur/galerie/ neue-Wiesen.html

- Fig. 5 : Plan directeur pour Neue Wiesen - dans la zone en gris : la partie plus dense de forêt le chemin principal Fig. 4

Source : Op. Cit. Jirku

Fig. 5

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que l’on souhaite passer à se promener dans le parc. L’utilisation de la forme est claire et simple dans le découpage des parcelles ; la grille des anciens champs d’épandage sous-jacente est réinterprétée à grande échelle. Les matériaux utilisés sont principalement le béton, le granit, et des murets en gabions.(5)

Wartenberger Feldmark (2000) Cette dernière partie du projet, au centre des deux précédentes réalisations, avait pour but de structurer l’étendue du paysage sans rompre sa continuité Est-Ouest, à travers des forêts. La structure assez géométrique du terrain et des parcelles a été reprise, mais remplie avec un nouveau contenu. Plutôt que traditionnellement pittoresque, ce projet de parc amène une approche singulière qui démontre une nouvelle qualité esthétique. Il ne s’agit pas ici de masquer les éléments techniques de la périphérie, mais de les prendre en considération pour aménager le parc, et les mettre en valeur. Un skatepark a été aménagé en 2006, comme dans le premier concours, des activités récréatives plus «urbaines» coexistent avec d’autres, plus empruntes de la ruralité.

Gut Falkenberg (1999) Il est possible plus facilement ici de se raccrocher à certains éléments contextuels en présence sur le site, comme un vieux manoir, le peuplement d’arbres fruitiers, une frange de village intact, plus de mouvement topographique et de précieuses réserves naturelles dans les domaines des eaux usées. Le projet se développe suivant 3 caractéristiques lues sur le site : - la diminution progressive de l’urbanisation du sud au Nord ; - les lignes du paysage qui suivent la topographie d’Est en Ouest sur l’ensemble du paysage du pac ; - les réserves naturelles mentionnées ci-dessus. Le concept repose sur la mise en relation de ces composants les uns avec les autres. Les lignes du paysage ont été soulignées avec des chemins arborés et, dans la zone proche de l’ancien domaine du manoir, par «des ailes»qui séparent les caractéristiques nouvellement introduites de celles qui existent déjà.(6) De nouveaux arbres fruitiers ont été ajoutés pour compléter les arbres existants. La manière de disposer les arbre renforce d’Est en Ouest cet axe, plus que du Nord au Sud.

Quels enjeux à travers ce projet ? Pour Berlin-Barnim les trois réponses aux différents concours proposent un certain nombre d’outils qui permettent de façonner le projet et d’organiser le territoire. Il s’agit de penser une stratégie pour le design du grand espace périphérique dans le Barnim. Une sorte de boîte à outils est ainsi développée par chacun des lauréats du concours. Celle-ci comporte comme éléments : - points de repère dans le paysage : landmark. - maillage viaire - maillage agraire - loisirs LANDMARK Ces repères permettent de créer différents points focaux dans un paysage et de donner un caractère

5. Op. Cit. Jirku

6. Op. Cit. Jirku.

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Master plan pour le projet Gut Flakenberg - Source : Op. Cit. Jirku

Zoom au coeur du projet sur la zone qui a été réalisée, le concept général

Source : site internet de la «Architektenkammer», la chambre des architetes : http://www.ak-berlin.de/publicity/ak/ internet.nsf/tindex/de_ww_freiraeume.ht m?OpenDocument&7D646ECAEE4B25 BAC12571B6006C0BFC#preis1

Vue sur un champs dans le projet Gut Flakenberg - Source : Op Cit. Jirku

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particulier à une zone du projet. Ils permettent une orientation dans un paysage «vide» à première vue non structuré, ils annoncent un panorama, une vue ou une activité. Ces éléments produisent un effet de contraste fort à l’endroit où ils sont implantés, par leurs formes qui tranchent avec certains objets architecturaux ou paysager présents sur le site, ou/ et par une couleur ou matériaux particulièrement identifiables.

pratique un mélange entre cultures traditionnelles agricoles telles que : des prairies, champs de blé et de colza comme on en trouve ailleurs dans le pays, et des cultures plus périurbaines comme le maraîchage et des fermes à cheval, avec des écuries à louer. De nouveaux contenus pour le paysage nécessitent de nouvelles formes. Longtemps la nature du paysage agricole est perçue de manière romantique comme pittoresque, statique, comme un décor rural.(7) La nature du paysage agricole façonne notre paysage sans que nous en ayons parfois conscience ou même la conscience qu’il est possible de la changer, qu’il peut aussi faire l’objet d’une recherche formelle et programmatique. « This leads to a concomitant loss of will or desire to forge new landscapes, a ‘cultureless’ nature is aimed at, but this is of course impossible. »(8) De cette manière ce parc fait l’objet d’un design sans précédent, et sa réalisation subit parfois la critique de personnes actives dans la conservation du patrimoine naturel, jugeant la «nature du parc artificielle» ; que la ligne droite ne peut s’inscrire dans un paysage naturel. Le modèle du jardin à l’anglaise prévaut encore beaucoup parmi les populations, de même que chez quelques architectes paysagistes, les formes irrégulières sont perçues davantage comme représentatives de la nature. De nouvelles formes et probablement un nouveau modèle pour le monde rural de la périphérie est à envisager afin de répondre aux nouvelles exigences de la ville durable, en terme de production alimentaire, de recyclage, du rapport à la mobilité, voire de production de biocarburants ?

RÉSEAU VIAIRE Il représente un enjeu important du projet, car il doit permettre un cheminement qui peut convenir à différents types de visiteurs, différents modes de transports et de temporalités souhaitées. En effet il est nécessaire de pouvoir choisir un chemin plus rapide ou plus lent pour faire la visite du parc ; de même qu’il existe différents chemins ou textures sur le sol pour spécifier un itinéraire vélo, roller, différent de celui des piétons, ou axer des vues. Les chemins existants sont complétés par un nouveau maillage plus fin, qui apporte plus de lien entre les différents itinéraires. L’accessibilité des projets est garantie par le SBahn, ce qui facilite son appropriation par les habitants des autres quartiers de Berlin. AGRICULTURE Le maillage des chemins forme ainsi de grandes parcelles, occupées par des forêts, prairies, et terres agricoles. L’agriculture occupe la grande majorité de ces parcelles après la forêt, et fonctionne bien. Les terres sont louées via des baux. Lorsque ceux-ci arrivent à échéance, les parcelles sont immédiatement relouées, la demande étant plus forte que l’offre pour ces terrains. Les terres sont autant que possible attribuées aux agriculteurs qui produisent BIO. Sur place, on

7. Recovering landscape as a cultural practice, James Corner, éd. James Corner, publié par Princeton Architectural Press, 1999 8. Ibid.

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Fig. 1

Fig. 3

Fig. 2

Fig. 4

Fig. 5

Projet Phase 3 : Wartenberger Feldmark - Fig. 1 : Vue aérienne du master plan pour le projet Wartenberger Feldmark, qui met en évidence les percées du parc sur la ville de Berlin et sur le paysage ouvert - Source : Op. Cit. Jirku - Fig. 2 : Zoom sur une pénétrante urbaine dans le parc - Source : Op. Cit. Jirku - Fig. 3 : Master plan - Source : Op. Cit. Jirku - Fig. 4 : Vue sur le site, ligne à haute tension - Source : Op. Cit. Jirku - Fig. 5 : Zoom sur un «landmark» du projet - Source : Op. Cit. Jirku Fig. 6

- Fig. 6 : Vue sur le site, champs - Source : Op. Cit. Jirku

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LOISIRS Les loisirs occupent une place importante dans la stratégie de chaque projet de parc. L’intérêt pour le public, autre que de se promener, d’un parc réside aussi dans ce qu’il propose comme activités. Ce projet répond à certains manques dans les quartiers de la périphérie en ce qu’il propose des espaces publics de réunions appropriables (places), des activités sportives, des loisirs urbains comme le skate ou autres sport de glisse, ainsi que des lieux d’expression aussi comme le pavillon de Neue Wiesen, couvert de graffiti. Ces loisirs sont de plus proposés dans un cadre particulier qui peut susciter l’intérêt des usagers.

On peut aller jusqu’à dire qu’il lui donne même un sens et une valeur économique nourricière. Cette valeur ajoutée à la périphérie coexiste avec des espaces plus «urbains» comme des places publiques, de l’HORECA, des loisirs sportifs, et récréatifs. L’expérience montre aussi que ces nouveaux «types» de paysages sont tout à fait acceptables pour les personnes qui vivent dans le quartier, de même que pour les agriculteurs qui y travaillent et qui les utilisent fréquemment, qu’il s’agisse du réseau viaire, des nouveaux chemins ou stations de S-Bahn.(9) Le projet de Berlin-Barnim permet de se poser la question de ce que signifie un parc urbain contemporain en bordure de ville ; la nature pittoresque et romantique est volontiers laissée au passé. Cette nouvelle héterotopie se veut multifonctionnelle, voire simplement fonctionnelle par opposition à l’image passive qu’on pouvait avoir de la périphérie ou de la campagne ; elle est évolutive, les cultures sont diverses, le paysage et par lui, l’agriculture, revêtent un nouvel intérêt qui peut toucher un public plus large et ainsi expliquer un certain succès.

CONCLUSION Cet exemple concrétisé du parc agricole urbain à Berlin démontre les enjeux et l’intérêt que peuvent constituer ces espaces pour la ville et pour la périphérie. Ils sont le théâtre de nouvelles hétérotopies qui mettent en scène des caractéristiques empruntes des espaces urbains et ruraux sur le territoire dans lequel elle se formalise. Le parc de Berlin-Barnim est un première dans ce type d’organisation du paysage. Il s’inscrit dans la continuité de la pensée allemande sur la planification urbaine. Celle-ci se caractérise par l’inclusion de deux dimensions qui sont parfois étrangement séparées, l’urbanisme et le paysage, même si elles sont prises en compte à certains niveaux dans des contrats de quartier ou parc urbains, en région bruxelloise. Celui-ci fait en effet parti à chaque étape du développement urbain, planifié par les autorités allemandes. Cette inclusion permet sans hiérarchiser ou centraliser l’agglomération de Berlin, de donner une certaine importance, ou valeur, à la périphérie.

9. Journal of young architects (JoLA), Profession/Identity/Periphery/Flux: Adding Third Nature to Second Nature Design strategies for peripheral landscapes, Almut Jirku, 2007

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ee

Isaa

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Speichers

autoroute voiries métropolitaines voiries principales Starnberger See

voiries secondaires Grands espaces verts structurants Principaux points d'eau

2 Km

Vue d’oiseau sur la ville de Munich - Document réalisé à partir de Google maps. On remarque que la ville est très fortement entourée de forêt et de champs. Particulièrement au Sud de l’agglomération, des formes singulières, circulaires constituées de champs, et entourées de forêt.

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LE CAS ALLEMAND - Munich, la stratégie d’une périphérie BIO ? Introduction, présentation du projet

de drainage. Cette forêt est gérée par le service forestier de la ville et s’étend alors sur 1 500 ha. Une lagune permet ensuite de purifier l’eau grâce à la filtration par les plantes. De nos jours les exploitations agricoles sur les terres acquises par la ville de Munich sont BIO, ce qui permet de ne pas polluer le sol, ni de contaminer l’eau. « En effet, l’activité agricole des autres exploitations situées entre Munich et les Alpes avait entraîné une augmentation de certains polluants. Ainsi, de 1953 à 1991, la teneur en nitrates des eaux captées dans la vallée du Mangfall est passée de 0,8 à 14,2 mg/l4 , tandis que la teneur en pesticides s’élevait, en 1991, à 0,065 μg/l5. L’entrée en vigueur de la directive « nitrates » , qui impose une limitation des polluants, a obligé la Ville à agir, et cela, d’autant plus qu’il était difficile de prévoir s’il y aurait une stabilisation, et à quel niveau. » (1)

La Ville de Munich a réussi à tirer avantage de sa situation géographique et de l’engouement à l’égard de l’agriculture biologique pour développer un système d’alimentation en eau potable favorable à l’environnement. Cette ville propose aux agriculteurs situés dans une zone de captage de son eau potable, une compensation financière pour la reconversion en agriculture biologique de leur exploitation. Pour y arriver, elle s’est appuyée sur le droit communautaire, sur lequel elle a construit un ensemble contractuel. Le contrat type qu’elle soumet aux agriculteurs oblige ces derniers à adhérer à une association d’agriculture biologique. L’agriculteur sous contrat est ainsi lié par un double lien : il doit respecter le contrat conclu avec le distributeur d’eau potable et il doit honorer un engagement pris avec une association d’agriculture biologique.

Malgré les mesures préventives instaurées par la plantation des forêts, on constate une augmentation de la pollution des sols. Il a donc été mis en place une politique de contractualisation par la ville de Munich afin d’avoir la main mise sur la gestion de l’agriculture se trouvant dans les aires de drainage de l’eau de la ville. L’administré joue alors un rôle actif, plus ou moins important selon les circonstances. Le contrat implique l’accord, non la contrainte. En plus, le

L’eau de Munich provient des Alpes. Avant d’arriver à Munich, l’eau traverse en amont les PréAlpes, plus particulièrement, la vallée de Mangfall, la plaine caillouteuse de Munich, et la vallée de Loisach, dont l’activité principale de la zone est une agriculture soutenue (traditionnelle). Dès la fin du XIXème, la ville adopte une politique de protection de l’eau potable. Cette politique consiste en l’acquisition progressive de terres agricoles, et en la plantation de grandes forêts en amont de la ville, dans les aires

1. Extrait de l’article de Ingeborg Krimmer, Les Cahiers de droit, vol. 51, n°3-4, 2010, p. 705-728. ; La protection de l’eau potable grâce à l’agriculture biologique : l’exemple de la Ville de Munich.

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Comparaison des choix effectuÊs en matière de protection de la ressource en eau et des captages, pour la ville de Munich.

*source, colloque AICEF, 1999

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contrat permettrait de remédier aux dysfonctions d’un système administratif cloisonné ou au contraire éclaté en de multiples centres de pouvoirs. Il est possible d’obtenir une compensation financière pour les exploitants qui se trouvent entièrement ou en partie dans la zone de protection de l’eau, à condition qu’ils adoptent des procédés qui limitent leur impact sur une éventuelle pollution de l’eau. Les agriculteurs qui acceptent sont liés par une double obligation : satisfaire les obligations imposées par le distributeur d’eau potable pour préserver la pureté de l’eau ; et d’autre part, de répondre aux exigences de l’association d’agriculture biologique. Cela permet à la production locale de s’inscrire dans le marché du BIO. La ville de Munich s’est dotée en 1998, d’un schéma de planification, la «München Perspektiv». L’idée directrice de ce plan est de garder l’aire urbaine de Munich compacte, urbaine et verte. Il couvre tous les domaines du développement urbain : l’économie, les problèmes sociaux, le transport, l’environnement et l’urbanisme. Ce plan permet donc de maîtriser l’expansion urbaine en réutilisant les friches urbaines et en promouvant la mixité fonctionnelle (résidentielle, commerciale et des services) afin de garder la ville compacte. Le plan définit des grandes lignes d’action pour le développement de Munich : la prospérité économique, la coopération régionale, l’apaisement social à travers des politiques sociales au niveau local, l’aménagement des quartiers, le développement du centre en priorité au développement périphérique, une architecture mêlant tradition et

modernité, une mobilité adaptée à la ville.(2) Historique, mise en place du contrat par la ville : La mise en place des négociations a démarré en 1992 par des réunions publiques d’information, dans le but de convaincre les agriculteurs concernés d’adopter les propositions exposées. Au fur et à mesure, les agriculteurs se convertissent aux recommandations faites par la ville. De nos jours, plus de 100 agriculteurs gèrent leurs fermes selon les principes de l’agriculture BIO. Le total de la zone ainsi exploitée représente 2 500 ha ; elle représente la plus grande superficie cultivée de manière biologique en Allemagne. « En 1999, 92 exploitants avaient passé un contrat avec la Ville, soit 2 200 ha, dont 1 600 situés dans la zone de conversion, correspondant à 70 % des surfaces agricoles de cette zone. »(3) Description des obligations contractuelles : a) - De l’agriculteur Les obligations de l’agriculteur concernent les quantités et la qualité du lisier possible d’utiliser par hectare de terre cultivée, ce qui évite la surcharge en engrais du sol et ainsi la pollution de l’eau par les nitrates ; ainsi que le peuplement des zones agricoles «vulnérables» imposé par la directive nitrates. Cette directive « prévoit une quantité maximale d’azote de 170 kg par an et par hectare. En ce qui concerne les aliments pour le bétail, au moins 70 % de ces aliments doivent être produits de façon biologique sur l’exploitation même. L’agriculteur doit donc adapter la taille de ses 2. D’après un colloque de 1999 de lAICEF (Association des Ingénieurs et Cadres de l’Environnement et de la Forêt) - http://www.penser-bio.fr/IMG/ pdf/munich.pdf ; Ville de Münich : acquisitions foncières et agriculture biologique. 3. Ibid.

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troupeaux aux capacités fourragères de sa ferme. L’élevage hors-sol est impossible. Le reste des aliments (30 %) peut être acheté à l’extérieur, mais il doit provenir de l’agriculture biologique » ; la nourriture des animaux ayant une influence sur la qualité polluante de leurs déjections. Cet ensemble de recommandations met en grande partie en place la philosophie de l’agriculture biologique qui consiste à être autant que possible autosuffisante ; ainsi que la rotation pluriannuelle des cultures. Le contrat impose ainsi à l’agriculteur des règles strictes quant à la durée du cycle des cultures.

Pour les années civiles suivantes, elle est réduite à 230,08 €/ha. Ces sommes sont complétées par une aide de l’état de Bavière de 150 €/an/ha.(4)

L’agriculteur suit les recommandations établies par le contrat qui le lie au distributeur d’eau, mais doit aussi choisir de se plier au contrôle et à la réglementation d’une association d’agriculture biologique. Il choisit alors un cocontractant parmi trois associations : Bioland, Demeter ou Naturland. Ces dernières s’organisent en associations régionales, dont chacune correspond généralement à un des états fédéraux de l’Allemagne, et qui sont chapeautées par une union fédérale.

Le contrat vaut pour une durée de 18 ans. La seule possibilité de le résilier est la cessation de l’activité agricole sur les terrains qui y sont mentionnés. Il est possible alors pour un nouveau contracteur de reprendre le contrat antérieur. La durée de l’engagement pris auprès des associations d’agriculture biologique elle est variable, selon celle qui est choisie pour des durées plus courtes.

Les prestations compensatoires deviennent exigibles à la fin de chaque année civile, à condition que l’organisme de contrôle fournisse le certificat de conformité. Le coût de ce contrôle est assuré par le distributeur d’eau.(5) Il se réserve le droit de refuser le paiement de la prestation compensatoire s’il apprend le non-respect des conditions techniques d’exploitation ou de contrôle.

Contre courant du pollueur-payeur ?

b) - Du distributeur d’eau Pour le distributeur d’eau, l’engagement pris en échange des obligations contractuelles de l’agriculteur consiste en la compensation financière afin de palier à une quantité de production moindre, du fait de la production biologique, et à des investissements importants en vue de la conversion des activités agricoles traditionnelles en système d’exploitation biologique. Selon la Ville de Munich, le montant des compensations a été négocié entre elle, l’état de Bavière, la société Stadtwerke München GmbH et les organisations paysannes. Pendant les six premières années civiles, elle s’élève à 281,10 €/ha et par an.

Par ce contrat, les pouvoirs publics ne sanctionnent pas les agriculteurs qui ne respectent pas le fait de minimiser leur impact sur la pollution du sol et sur l’environnement, mais subventionnent des productions biologiques ; l’agriculteur est payé pour changer ses pratiques et en adopter de nouvelles, favorables à l’eau, et à l’environnement. Certains 4. Sylvain Caylet, Conventions conclues entre collectivités publiques et agriculteurs en vue du développement par soutiens publics incitatifs, de pratiques favorisant une meilleure qualité des eaux, Nanterre, Agence de l’eau Seine-Normandie, 2009. 5. Extrait de l’article de Ingeborg Krimmer, Les Cahiers de droit, vol. 51, n°3-4, 2010, p. 705-728. ; La protection de l’eau potable grâce à l’agriculture biologique : l’exemple de la Ville de Munich.

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Extrait de document trouvÊs dans un document en ligne d’information sur les produits bio que promeut la SWM sur leur site internet Source : (http://www.swm.de/privatkunden/m-wasser/produkte.html#oeko-produkte) - (http://www.swm.de/dms/swm/dokumente/m-wasser/mdirekt-unser-land.pdf)

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auteurs la qualifient d’ailleurs d’incitation financière positive. De même, le règlement de développement rural prévoit l’octroi d’aides aux agriculteurs qui doivent changer de pratique en raison de l’évolution de la réglementation environnementale.(6) De plus, la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union européenne de 2003 redéfinit les aides agricoles pour valoriser le respect de l’environnement.(7)

L’agriculteur doit suivre le cahier des charges, payer sa cotisation, accepter le contrôle. L’association d’agriculture biologique, de son côté, met à la disposition de l’agriculteur son signe distinctif et ses conseils. «Les produits biologiques de la vallée de Mangfall sont en partie commercialisés à Munich (viandes, charcuteries, oeufs, pain, lait et produits laitiers, fruits et légumes). De plus, la SWM cherche à valoriser cette expérience et la faire connaître aux munichois par la mise en place de pistes cyclables partant de Munich vers la vallée. Les circuits passent notamment au coeur de la zone de captage. Chaque site est expliqué sur des panneaux, et des aires de pique-nique ont été aménagées.»(10)

Promotion de l’agriculture biologique et rayonnement. Le contrat conclu entre le distributeur d’eau et l’agriculteur stipule que c’est l’agriculteur qui se charge de la commercialisation de ses produits. Toutefois, le site des SWM(8) vante les bienfaits des aliments biologiques, produits dans les environs de Munich comme le lait par exemple, grâce à ces contrats.(9) Cette initiative s’accompagne d’une campagne de sensibilisation à l’intention des habitants de la ville, mais aussi des touristes, sur les bienfaits de l’agriculture biologique, de la qualité de l’eau

CONCLUSION Grâce au contrat mis en place entre des agriculteurs et la SWM, l’eau de Munich, propre à la consommation, ne subit aucun traitement de la source au robinet... Cette association de grande envergure basée sur le long terme permet aussi de faire des économies à la ville sur le traitement et la distribution de l’eau, en considérant que l’eau prélevée ne fait pas l’objet de dépollution en station d’épuration. En effet, «les coûts de collecte et de distribution de l’eau potable de Munich sont les plus faibles d’Allemagne : 1,22 €/m3 pour la distribution de l’eau potable et 1,56 €/m3 pour l’assainissement des eaux usées soit 2,78 €/m3. »(11) Ce succès repose sur les conditions suivantes :

6. CE, Règlement (CE) 1698/2005 du Conseil du 20 septembre 2005 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), [2005] J.O. L 277/1 (entré en vigueur le 22 octobre 2005). art. 20 et art. 31.

7. Le rapport de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA ) / Cemagref, Pesticides, agriculture et environnement. Réduire l’utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux, par Jean-Noël Aubertot et autres (dir.), Rapport d’expertise scientifique et collective, Paris, INRA / Cemagref, décembre 2005, chap. 3.1 « Devenir et transfert des pesticides dans l’environnement et impacts biologiques », [En ligne], [http:// institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Expertises/Toutes-les-actualites/Pesticides-agriculture-et-environnement]

10. Benoit d’Humières, Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole : Lutte contre la pollution agricole : utiliser tout le potentiel de l’Agriculture Biologique (http://www.memoireonline.com/07/07/529/m_ obstacles-juridiques-economiques-exploitation-agriculture-biologique37. html)

8. Cette société est la Stadtwerke München GmbH (SWM), qui s’occupe des services communaux de la ville de Munich, comme l’eau, le gaz, le chauffage, l’électricité.

9. http://www.swm.de/privatkunden/m-wasser/produkte.html#oeko-produkte

11. source : SWM voir site Internet

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- l’existence d’associations de producteurs fortes et impliquées dans la commercialisation - la présence d’une agriculture homogène et basée principalement sur l’élevage - des soutiens financiers significatifs et durables pour les producteurs. - une approche durable et pragmatique du sujet du traitement de l’eau. L’analyse de la situation repose sur des faits établis scientifiquement dont les conclusions peuvent convaincre le plus grand nombre. - un bon relais assuré par les élus - un intérêt important pour les produits issus de l’agriculture biologique(12)

Moves Mountains»(13), peut en quelque sorte illustrer ce phénomène ; plus de personnes s’engagent, plus le débat sur ce thème est légitime d’autant qu’on peut aussi être incité par d’autres à y prendre part. Ce basculement n’est cependant pas envisageable sans soutien financier ; « au lieu donc de « saupoudrer les crédits réservés aux mesures agro-environnementales dans des actions visant à inciter les agriculteurs à mettre en oeuvre des pratiques moins polluantes, politique dont le résultat est contestable, on devrait miser davantage sur l’agriculture biologique, médaille d’or de la durabilité.»(14)

Le projet a permis de dépasser la « fatalité » de la pollution de l’eau potable et d’adopter une posture active dans la préservation, et sur la qualité de celle-ci.

Ce projet pour le territoire de Munich est exemplaire dans le sens où comme le parc de BerlinBarnim il concrétise, démontre, et révèle certains enjeux de l’agriculture en tant que telle, de la sylviculture et du respect de l’environnement : intérêt économique et financier, environnemental, paysager, récréatif, ainsi qu’urbanistique dans le sens où ces plans participent à la définition de la ville à travers sa périphérie et vice-versa.

En outre, cette intervention mérite de montrer que lorsque l’on prend les choses en main, on obtient des résultats durables. L’exemple de Munich le montre, la conversion à l’agriculture biologique suppose un soutien financier important au départ. C’est en effet cet argument, central dans le processus de conversion, qui permet de séduire les agriculteurs locaux ; mais aussi que le retour sur investissement devient au fur et à mesure très satisfaisant. On peut de plus ajouter que le fait de pouvoir produire bio est gratifiant, que de prendre part activement à quelque chose de plus «grand» que nous donne un sentiment certain de fierté. Cette performance de Francis Alÿs, «When Faith

13. Performance disponible sur : http://vimeo.com/14129166 Dans ce film, Francis Alÿs, parvient à réunir environ 500 volontaires dotés de pelles sur la cime d’une dune de Ventanilla, au nord de Lima, et à participer à un événement qui consiste à déplacer de quelques centimètres, une dune de sable... La symbolique de l’action collective engage une réévaluation de la notion subjective et politique de la carte et du territoire. C’est aussi pour l’artiste une façon de « dé-romantiser » le Land Art, confrontant son intervention à celle de la marche (rectiligne) de Richard Long dans le désert péruvien en 1972, et qui mettait à distance le contexte social de l’époque. Francis Alÿs crée ainsi une fable contemporaine qui implique dont 500 personnes participent à sa création, une histoire qui se transmettra à l’oral, et renoue ainsi avec une tradition millénaire.

12. Benoit d’Humières, Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole : Lutte contre la pollution agricole : utiliser tout le potentiel de l’Agriculture Biologique (http://www.memoireonline.com/07/07/529/m_ obstacles-juridiques-economiques-exploitation-agriculture-biologique37. html)

14. Op. Cit. site SWM

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CONCLUSION GÉNÉRALE / PARTIE 2 Bruxelles et Berlin ont comme point commun le fait que l’on puisse les comparer à des îles. En effet ces villes-régions se retrouvent encerclées par une autre région, plus grande qu’elles. (Bruxelles dans la Région flamande et Berlin est un land dans le land de Brandebourg) De ce fait, on pourrait considérer cette caractéristique d’enclave comme un frein à d’éventuels projets prenant en compte des parties du territoire qui sont à cheval sur les limites administratives. Dès lors, la périphérie et le territoire métropolitain seraient contraints par des frontières «imaginaires» alors qu’elles sont ignorées par la géographie, ou les aires d’influences. Berlin à la différence pour le moment de la RBC, est parvenue à réaliser une série exemplaire de projets transfrontaliers qui permettent de qualifier les espaces ouverts (les espaces d’entre-deux) et de redonner sens à la périphérie urbaine. Ceci a été rendu possible grâce à un plan de développement commun au land de Berlin et au Brandebourg. Encore une fois, ces exemples prennent l’agriculture vivrière comme prétexte pour le projet métropolitain et paysager, comme moyen de définir l’aire métropolitaine et de proposer un nouveau modèle d’un paysage «utile et utilitaire».

diverses activités sportives et récréatives. L’agriculture et la manière dont elle est nouvellement pensée et proposée à la ville permettent d’affirmer sa place dans la planification urbaine pour la ville durable. Ainsi, les exemples allemands illustrent et proposent des solutions à des situations similaires au territoire de la périphérie de la ville bruxelloise. Ces exemples répondent particulièrement aux caractéristiques suivantes : - D’être des lieux où la nature n’est pas mise sous cloche, mais s’exprime et se lit à une échelle territoriale. Le projet permet d’orienter de manière franche l’évolution de la structure urbaine environnante en donnant au paysage un rôle actif et suffisamment puissant. Le romantisme de la campagne et l’aspect pittoresque est laissé au passé. - Le plan de développement commun atténue les limites physiques et administratives, et aide à formuler des propositions communes dans les zones transfrontalières ; - Générer une mixité sociale et programmatique importante et devenir des lieux de destination à une échelle élargie, en compensant leur position excentrée par une accessibilité et porosité importante. - Gérer efficacement les conflits d’usage, d’exploitation et de systèmes. - Produire des écosystèmes en équilibre qui permettent de consolider la biodiversité, de lutter contre la pollution et de contribuer à l’améliora-

Parfois, et même au-delà d’un seul projet (et c’est le cas dans l’exemple de la ville de Munich), des objectifs contractuels permettent de concrétiser une stratégie à l’échelle du territoire, de manière à assainir l’eau potable, développer l’agriculture biologique, le commerce de proximité, ainsi que

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tion du cycle de l’eau à l’échelle métropolitaine. - Supporter la croissance démographique bruxelloise en guidant la densification et en offrant des lieux de récréation. - Faire évoluer les mentalités par rapport aux modes de déplacement en qualifiant les lieux de la mobilité. Dans la RBC, si de tels lieux existent, c’est un constat qui relève plus de l’«accident» que de la planification. Cependant, actuellement des projets sont à l’œuvre en matière de collaboration transrégionale, et une planification verte de l’espace ouvert basée sur des consensus planologiques entre différentes régions semble naître. L’exemple allemand montre l’expression et le fonctionnement d’une pensée, ancienne puis réactualisée, sur la ville paysage et sur les infrastructures vertes et bleues. La notion du paysage et de l’environnement, visible et claire dans la planification du territoire, s’illustre par des projets qui utilisent l’agriculture pour différentes raisons allant de sa simple valorisation et de celle du paysage, à une stratégie de filtration et de dépollution du sol. L’agriculture permet ainsi par ces projets d’avoir un regard nouveau sur l’espace ouvert et sur la territorialisation du fait de se nourrir. L’agriculture permet d’intégrer cette activité à d’autres, de manière à encourager des coopérations entre différents systèmes. Il s’agit de penser ces éléments ensemble et non pas de manière détachée.

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RĂŠvision et orientations nouvelles du PRDD, 2014. source, IBGE

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- Conclusion « L’ordre des villes consiste d’abord en la planification de son extension, puis en la soumission de sa périphérie et de la campagne à un plan universel. » R. Schwartz. Cette citation de Schwarz peut en quelque sorte résumer ce travail de recherche ; en effet elle met l’accent sur le fait que la ville se formalise sur un territoire avec lequel elle doit avoir une planification consubstantielle. Cette prise de position est plus évidente en Allemagne, malgré parfois certains obstacles comme les limites administratives des länder, des régions, ou communes. Il existe en Allemagne des projets qui semblent réussir à dépasser ces obstacles et à construire des projets efficaces qui visent à répondre à certaines attentes urbaines et de la périphérie, notamment grâce à une alliance entre länder, ou encore par des contrats entre agriculteurs et une société privée œuvrant pour la communauté urbaine. Il semble que la thèse de ce mémoire à savoir « l’agriculture et le paysage comme outils de planification urbanistique » se précise à travers l’étude des cas allemands et bruxellois. L’agriculture apparaît alors comme un outil permettant l’interaction de nombreux domaines de la planification urbaine, et de repenser certains usages et fonctionnalités liés : à l’économie, à la mobilité, à l’habitat, aux relations sociales, à l’emploi, à l’environnement, à la pollution, et au concept même de manger en territorialisant la production agricole. Ce nouveau regard sur la ville et sur l’espace ouvert encourage notamment la mutualisation de certains usages, et le recyclage, qui permettent à l’agriculture d’affirmer sa place dans la planification d’une ville, et de la ville durable de surcroît. Il est possible dès lors d’identifier les domaines avec lesquels elle entre en interaction et permet de questionner : la mobilité, l’habitat, les relations interrégionales, et la typologie de l’espace ouvert.

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La mobilité À Bruxelles, la frontière régionale ne coïncide ni avec l’agglomération morphologique ni avec l’agglomération fonctionnelle ; et la législation actuelle tend à accentuer une certaine inertie de projets qui se cantonnent aux limites des communes, ou de la Région de Bruxelles-Capitale. Pire encore, « la planification dans la périphérie flamande n’est pas coordonnée avec celle de la Région de Bruxelles-Capitale. (...) Des projets transfrontaliers comme le réseau express régional (RER), qui ont une vision de planification cohérente, ne cessent d’être reportés. Le secteur immobilier préfère en effet les zones d’extension résidentielles dans la périphérie verte à la densification autour des gares RER. »(1) La mobilité des personnes et des marchandises est un enjeu clé dans la planification urbaine ainsi que dans la création d’espaces verts. Pour la vallée de la Pede notamment, son accessibilité et sa visibilité constituent des enjeux majeurs pour sa reconnaissance et son succès en tant que paysage métropolitain. La STIB et De Lijn pourraient toutes deux mieux gérer la desserte de ce site en transports publics, et apporter des meilleures correspondances, plus faciles, permettant de passer de la Région flamande à la RBC et vice versa. La mobilité a d’ailleurs fait l’objet d’un concours d’idées en 2014, Bruxelles Mobil 2040. L’un des projets finaliste au classement a proposé la mutualisation du réseau du métro pour acheminer une production maraîchère localisée sur les toits d’un bâtiment du dépôt de la STIB à Haren. La production agricole permettait de lier l’énergie solaire, la récupération d’eau de pluie, le cycle des eaux usées, à la culture locale ; ainsi que d’utiliser l’énergie dégagée par les divers équipements du bâtiment pour chauffer une piscine communale. Le projet proposait aussi du loisir sportif et un point de vente de la production pour devenir en somme un réel équipement collectif de quartier. Si l’on considère ce concept novateur, historiquement pourtant, « les tramways n’étaient pas destinés qu’au transport des voyageurs, tandis que les lignes vicinales avaient la possibilité d’accueillir des trains «mixtes». Les fourgons de marchandise sont généralement attachés aux trains de voyageurs, sauf lorsque le trafic de marchandises est très intense »(2). On peut désormais constater que certaines notions historiques exposées dans les points théoriques de ce mémoire, points de vue, propositions, voire utopies, se prêtent peut être de nos jours davantage à la situation actuelle de la ville qu’auparavant, et particulièrement pour le cas de la ville durable. 1. Extrait d’un article de la revue BrU n°4 : PLanning A Capital : Collaboration, du 06.08.2008. 2. Land and Labour, Lessons from Belgium, Benjamin Seebohm Rowntree, 1910.

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Pour la ville bruxelloise, témoin de la ville diffuse en Belgique, l’agriculture offre de nouvelles perspectives comme structure de l’espace ouvert, et comme infrastructure verte. Les espaces verts sont perçus comme un réel potentiel de connexion, comme des portes d’entrée ou de sortie à la ville contemporaine. Ils constituent une transition entre différents systèmes urbains.

L’habitat La proximité d’espaces verts à une distance raisonnable à pied fait l’attrait de certains quartiers. Ils proposent un cadre de vie et récréatif valorisant et confortable. L’habitat, lié à la proximité de lieux verts et paysagers est très important dans l’appréciation collective du «bon vivre d’une ville». C’est en pensant différemment la notion même d’espace vert qu’il devient possible de lier l’agriculture aux espaces verts avec l’habitat. Cette interaction devient alors intéressante, car le paysage et les espaces verts proposent une production vivrière de proximité. Comme cela a été montré pour Nos Pilifs notamment, cette proximité profite aux habitants premièrement du quartier, car ils trouvent au sein de cette structure : un espace public, un espace vert, un espace récréatif et éducatif, une épicerie, et des fonctions HORECA ; mais constitue aussi un pôle récréatif à l’échelle de la ville par le rayonnement du site pour ses qualités. Pour preuve aussi, le projet du nouveau quartier Chaudron-Erasme à Neerpede, semble vouloir profiter de l’attrait de cette zone verte. Si un projet est lancé sur la zone d’étude, les logements construits pourraient bénéficier d’une importante plus-value.

L’enjeu typologique C’est une nouvelle typologie de l’espace public et des espaces verts qui pose question dans la réflexion sur l’agriculture de nos jours. Même s’ils sont présents dans le PRAS dans une couleur spécifique, les espaces agricoles font partie de la catégorie espaces verts. Pourtant ils ne font pas encore, ou très peu, l’objet par exemple de projet paysager ou de développement quelconque. Il a été montré aussi dans ce mémoire que la mixité fonctionnelle des zones d’agriculture en périphérie (qui propose : éducation, sensibilisation, sport, HORECA) dans les projets en Allemagne, ou encore dans les études lancées à Bruxelles, per-

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mettraient d’aller vers un modèle plus durable pour la ville contemporaine. La typologie nouvelle issue d’une réflexion sur l’espace ouvert de la ville bruxelloise offre un potentiel inestimable de développement. Cette nouvelle conception permet à nouveau de territorialiser la production et de réfléchir sur le concept même de manger. Le paysage et l’agriculture peuvent dès lors être considérés comme une infrastructure urbaine. De même qu’une collaboration plus importante semble naître entre les deux régions, si l’urbanisme semble tendre davantage vers la ville durable et sur des questions liées à l’écologie, à la nature, et à la pollution, peut-être faudrait-il aller vers une hybridation des pratiques de l’urbanisme et du paysagisme, ou en tout cas vers plus de collaboration.

La collaboration interrégionale C’est en effet en allant vers des collaborations accrues qu’il est possible de réaliser des projets efficaces pour la ville bruxelloise, qui ne s’arrête pas aux limites administratives. Ainsi, une vision générale sur la gestion et la planification d’espaces potagers permettrait de respecter davantage l’équilibre des intérêts. Les besoins des personnes concernées seraient mieux pris en compte, alors qu’ils sont actuellement revendiqués par une série d’ASBL. Le but est de pouvoir proposer à tous un cadre de vie satisfaisant. Le système allemand se base sur l’équilibre des intérêts. En effet, les plans d’urbanisme servent au bien commun, et permettent d’établir l’équilibre entre les divers intérêts de chaque partie en rapport avec les usages des sols. La notion de bien commun est formulée dans le Code fédéral de la construction (Baugesetzbuch) au niveau communal. Celui-ci stipule que « les plans d’urbanisme doivent viser à assurer la durabilité du développement des zones urbaines et garantir que, d’un point de vue social, les sols sont correctement utilisés au bénéfice de l’ensemble de la collectivité, de façon à offrir un cadre de vie où l’homme puisse se sentir à l’aise et à protéger ou à améliorer les bases de la vie naturelle. »(3) De plus, il existe un plan de développement commun entre Berlin et une zone qui l’entoure comme une seconde couronne imaginaire. Ce plan permet ainsi à une série d’initiatives et de projets de voir le jour plus facilement, tandis que la Région de Bruxelles-Capitale semble davantage insulaire. 3. Extrait du Baugesetzbuch, le Code fédéral de la construction allemand.

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Berlin, au coeur du Brandebourg, entourée d’une zone urbaine de planification commune - source : document personnels

Region de Bruxelles-Capitale, entourée par la Région Flamande - Source : document personnel

À l’échelle de la région de Bruxelles Capitale, il semble que l’éclatement des gestionnaires, des interventions très ponctuelles, et une diversité sur le débat ou les intérêts, rendent difficile une planification des espaces verts et de leurs équipements. De ce fait, il faudrait passer à la notion de bien commun qui serait généré par un équilibre des intérêts, pour concevoir le territoire de la ville bruxelloise et sa planification, ce pour quoi l’IBGE œuvre de manière active. « Il faut une nouvelle conception de l’aménagement : les pouvoirs publics formulent les exigences urbanistiques pour le «bien public». Ils équilibrent l’économie, l’écologie et la mobilité ! C’est nettement plus simple que la simple addition des intérêts privés (les plus puissants). »(4) . Il faut donc retenir de cela que c’est l’équilibre des intérêts de chaque partie qui prône, et non pas l’intérêt économique et spéculatif, au détriment de l’intérêt écologique ou de la mobilité par exemple. L’exemple allemand le montre assez bien, c’est en allant vers davantage de collaboration et au-delà des frontières administratives, que la ville bruxelloise gagnerait en cohérence et en clarté. Le tout est de parvenir à doser ces connexions de manière à ne pas alimenter une concurrence entre les deux régions « Bruxelles et sa périphérie se développent actuellement à des vitesses différentes. Chaque région a sa vision propre de son développement économique et spatial. Il règne une concurrence générale, qui se transforme parfois en crainte de perdre la course à long terme. Mais pour rester économiquement compétitives dans un environnement vivable, Bruxelles et sa périphérie doivent être considérées comme un espace complémentaire. Il faut une 4. Extrait de l’article «Bordures sans Murs», issu de la revue BrU n°4 : PLanning A Capital : Collaboration, du 06.08.2008.

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vision par-delà les frontières. Une lecture objective des menaces et des opportunités s’impose si l’on veut éviter l’implosion prochaine de ce modèle spatial. »(5)

Quel devenir pour la ville bruxelloise ? Des projets pionniers comme Park design 2014 surfent sur l’intérêt grandissant pour l’agriculture en ville. Cette biennale a lancé un projet qu’on pourrait qualifier de laboratoire urbain pour l’agriculture. Ce dernier teste et confirme la création de davantage de lien social entre habitants d’un quartier, et l’implication citoyenne, avec l’agriculture comme liant de diverses activités récréatives et éducatives. Ce projet fait partie d’un développement en plusieurs phases d’une coulée verte qui prendra place à Tour & Taxis créant alors un grand parc urbain. Actuellement, tant le nouveau PRDD, ou encore différents projets pionniers (l’étude pour le plan directeur interrégional de Neerpede, l’étude Metropolitan Landscape, le projet du parc des 3 fontaines à Vilvoorde notamment) révèlent la volonté croissante de donner plus de cohérence au territoire de la ville Bruxelloise ; ceci en matérialisant des connexions à travers le paysage vert, et en valorisant des coopérations et une vision pour une aire métropolitaine transrégionale. L’avenir laisse présager l’aboutissement de certains de ces projets pionniers et plus de collaborations entre les deux régions. Les enjeux de la ville durable, la préservation de l’environnement, ainsi que la lutte contre la pollution permettent de laisser penser que la question de l’agriculture pour la ville sera de plus en plus présente au sein du débat urbanistique, certains projets étant en cours ou encore à l’étude... 5. Extrait de l’article «Espace Pour Le Développement», issu de la revue BrU n°4 : PLanning A Capital : Collaboration, du 06.08.2008.

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- 70 collection points in metro stations by metro-cargo - 150 baskets per day and per station - 10 500 baskets per day, delivered by metro cargo - tennis courts, hockey field, fishing,... - swimming-pool - leisure and shopping

Légende : Documents issus de la présentation du projet pour le concours Bruxelles Mobil2040. Équipe : Julien Vandevoorde - Arthur Lachard

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Programme d’un week end animé à Parck Design sur le site du projet à Tour & Taxis

Parck Design - photo personnelle #1

Parck Design - photo personnelle #2

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Parckdesign Flyer présentant les différentes activités dus site - Source IBGE

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- Bibliographie OUVRAGES : Agricultures urbaines et ville durable européenne : Droits et politiques du jardinage familial urbain en Europe, Gérard Monédiaire, Édité par presses universitaires de Limoges, 1999 Urbanisation sans Urbanisme, une histoire de la ville diffuse, Bénédicte Grosjean, éd. Mardaga, Wavre, 2010 The Transition Hndbook: From Oil Dependency to Local Resilience, Rob Hopkins, Green Books, 2008 Journal of young architects (JoLA), Profession/Identity/Periphery/Flux: Adding Third Nature to Second Nature Design strategies for peripheral landscapes, Almut Jirku, 2007 La Ville-Paysage. Rudolf Schwarz et la dissolution des villes, Panos Mantziaras, novembre 2008 Anderlecht, commune d’avant-garde, Messin G., Cahiers de l’urbanisme communal, 1956. L’agroécologie, l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant, Pierre Rhabi, 2007 Les mutations des campagnes ; paysages et structures agraires dans le monde, Jean Renard, éd. Armand Colin, Paris, 2002 Land and Labour, Lessons from Belgium, Benjamin Seebohm Rowntree, 1910 Making the Metropolitan Landscape: Standing Firm on Middle Ground, Jacqueline Tatom (sous la direction de), Jennifer Stauber, éd. Routledge, Avril 2009

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La Propriété Foncière En Belgique, Émile Vandervelde, éd. Schleicher Frère, Paris, 1900 An Organic Architecture: The Architecture of Democracy, Frank Lloyd Wright, MIT Press, Cambridge, 1970 Plan directeur interrégional pour Neerpede – Vlezenbeek - Sint Anna-Pede, Rédigé à la demande de : l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (Bruxelles Environnement IBGE) et de la Vlaamse Landmaatschappij (VLM), réalisé par Sum Research, urban consultancy, en collaboration avec : Denis Dujardin et Hydroscan Baugesetzbuch, le Code fédéral de la construction Allemand

REVUES, PÉRIODIQUES : de l’agriculture périurbaine à l’agriculture urbaine, André Fleury et Pierre Donadieu, Courrier de l’environnement de l’INRA n°31, août 1997 revue BrU n°4 : PLanning A Capital : Collaboration, du 06.08.2008. Les Cahiers de droit, vol. 51, n°3-4, La protection de l’eau potable grâce à l’agriculture biologique : l’exemple de la Ville de Munich. Extrait de l’article de Ingeborg Krimmer, 2010. Cahier thématiques #11,Agriculture Métropolitaine / Métropole Agricole, publication du LAboratoire Conception Territoire Histoire (LATCH), éd. de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, Décembre 2011. Cahier Thématique #13, Paysage VS Architecture : (in)distinction et (in)discipline, publication du LAboratoire Conception Territoire Histoire (LATCH), éd. de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, Février 2014. Urbanisme en Action, Anderlecht commune verte, Bruxelles, 1963. Extrait du journal Le Monde du 10.12.2014

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MÉMOIRES : Enjeux et impacts des fermes urbaines bruxelloises, Joséphine Bia, Faculté d’Architecture - ULB, Bruxelles, Bruxelles, 2012. Les sites potagers bruxellois : intérêt régional et analyse de la situation, Julie Bingen, Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire - ULB, Bruxelles, 2005 Ville et Alimentation, quelle place pour l’agriculture dans le projet urbain ? Émilie Collavet, Ecole Supérieur Nationale d’Architecture de Lyon, 2010. Recovering landscape as a cultural practice, James Corner, éd. James Corner, publié par Princeton Architectural Press, 1999 L’habitat productif : le modèle de la société nationale de la petite propriété terrienne ; historique et contexte d’actualité, Catherine Mernach, Faculté d’Architecture - ULB, Bruxelles, 2013. Dynamiques d’exploitation d’un site potager urbain : la jardin du quadrilatère de Bruxelles-Nord, Manoëlle Vanschepdael, Institut de Gestion de l’Environnement et d’aménagement du territoire - ULB, Bruxelles, 2009.

SITES INTERNET, DOCUMENTS EN LIGNE : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/12/10/l-agriculture-biologique-plusproductive-qu-on-ne-le-pense_4537494_3244.html#wW7wsO5ZVXwV2lUu.99 Site internet de la ville de Bruxelles http://www.bruxelles.be/artdet.cfm/5999 Site internet de l’aménagement du territoire et urbanisme en région de Bruxellecapitale : http://urbanisme.irisnet.be/pdf/pras-sitex_fait/affectation-du-sol http://www.anderlecht.be/environnement/developpement-durable/promenades-aneerpede-et-environs

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Site du Département du Sénat pour le développement urbain et de l’environnement de Berlin : http://www.stadtentwicklung.berlin.de/planen/stadtentwicklungsplanung/de/klima/download.shtml http://www.goethe.de/kue/arc/dos/dos/sls/zup/en1488502.htm Fiches thématiques : «Trame verte et bleue» - Expériences des villes étrangères Berlin, métropole naturelle Le Naturpark Schöneberg Südgelande, mai 2012 http://www.environnement-urbanisme.certu.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_ tvb3_Berlin_version_longue.pdf http://newrur.grenoble.cemagref.fr/newrur_cd/doc_pdf/p3etape4_sp2com_fr.pdf http://www.np-barnim.de/ http://www.symposcience.org/exl-doc/colloque/ART-00001438.pdf http://paleofuture.gizmodo.com/broadacre-city-frank-lloyd-wrights-unbuiltsuburban-ut-1509433082 Blog de Pierre Rabhi : www.pierrerabhi.org http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?post/2007/05/10/Lagroecologie-letrehumain-dans-sa-responsabilite-a-legard-du-vivant Pour une meilleure alimentation durable en Région de Bruxelles-Capitale, Programme d’actions de soutien à la demande, Huytebroeck, Avril 2011. www.bruxellesenvironnement.be/ l’agroécologie, l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant, Pierre Rhabi, 2007. http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?post/2007/05/10/Lagroecologie-letrehumain-dans-sa-responsabilite-a-legard-du-vivant Site internet de la FAO : http://www.fao.org/news/story/fr/item/74312/icode/ Site internet de l’IBGE : http://www.bruxellesenvironnement.be/Templates/Particuliers/Informer.

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aspx?id=1850 http://www.bruxellesenvironnement.be/uploadedFiles/Contenu_du_site/News/ PROG_20140113_ProjetNAPLANfrRes.pdf?langtype=2060 Communiqué de presse sur le projet Chaudron-Erasme, en ligne et datant du 07.05.2013 : http://en.cfe.be/media/504164/communiqu%C3%A9%20de%20presse-mai%20 2013-fr-version_def.pdf La maison vert et bleue : http://www.maisonverteetbleue.be/ Le site internet de la femre Nos Pilifs : http://www.fermenospilifs.be/index.php?v= http://pilifs.be/ferme_nos-pilifs.php?idt=136&icat=7 D’après le blog du comité de quartier de Neder-Over-Heembeek ; http://www.nohcomitedequartier.org/article-le-plan-1000-logements-a-atteintson-but-et-apres-109538116.html http://www.bruxelles.be/artdet.cfm?id=6323& http://bralvzw.be/fr/bruxelles-et-la-p%C3%A9riph%C3%A9rie-%C3%A0-la-recherche-dune-meilleure-collaboration http://www.stadtentwicklung.berlin.de/umwelt/stadtgruen/geschichte/en/kleingaerten/index.shtml D’après une série de fiches thématiques : «Trame verte et bleue» - Expériences des villes étrangères Berlin, métropole naturelle Le Naturpark Schöneberg Südgelande, mai 2012 http://www.environnement-urbanisme.certu.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_ tvb3_Berlin_version_longue.pdf h t t p : / / w w w. p r d d . b e / l e - p r d d - m o d e - d e m p l o i / p o u r q u o i - u n - p r d d / u n d%C3%A9veloppement-environnementalement-soutenable Rapport d’activité de l’IBGE, 2013 : http://documentation.bruxellesenvironnement.be/documents/RAP_20140521_ Jaarverslag_FR.pdf?langtype=2060

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D’après un colloque de 1999 de lAICEF (Association des Ingénieurs et Cadres de l’Environnement et de la Forêt) http://www.penser-bio.fr/IMG/pdf/munich.pdf Ville de Münich : acquisitions foncières et agriculture biologique. Le rapport de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA ) / Cemagref, Pesticides, agriculture et environnement. Réduire l’utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux, par Jean-Noël Aubertot et autres (dir.), Rapport d’expertise scientifique et collective, Paris, INRA / Cemagref, décembre 2005, chap. 3.1 « Devenir et transfert des pesticides dans l’environnement et impacts biologiques » http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Expertises/Toutes-les-actualites/Pesticides-agriculture-et-environnement http://www.swm.de/privatkunden/m-wasser/produkte.html#oeko-produkte http://en.wikipedia.org/wiki/Allotment_(gardening) Benoit d’Humières, Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole : Lutte contre la pollution agricole : utiliser tout le potentiel de l’Agriculture Biologique : http://www.memoireonline.com/07/07/529/m_obstacles-juridiques-economiques-exploitation-agriculture-biologique37.html

FILMOGRAPHIE : Francis Alÿs, «When Faith Moves Mountains», 2002, performance disponible sur : http://vimeo.com/14129166 documentaire de Dominique Marchais, Le temps des grâces.

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- Remerciements Je tiens à remercier en premier lieu particulièrement mon promoteur, Géry Leloutre, qui m’a guidé et qui a su m’aider à cadrer ce travail de recherche. Mes remerciement vont ensuite, et très sincèrement aux personnes que j’ai pu rencontrer à l’IBGE, notamment Frank Vermoesen et Martine Cantillon qui m’ont accordé du temps et fournit des informations précieuses lors de mes recherches ; ainsi que les personnes de la ferme Nos Pilifs, en particulier Étienne Duquenne. Pour terminer, je remercie vivement toutes les personnes, amis, et famille, mes parents, ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire ; pour leur soutien, leur aide, et leur patience, merci.

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« Les espaces ouverts étudiés ici se trouvent pour une grande partie, adjacents ou tra-

versés par la frontière régionale. Ils sont par conséquent soumis à un regard différent et à des politiques d’aménagement divergentes. (...) C’est un espace d’interpénétration entre les logiques rurales et urbaines, entre habitat individuel et collectif. Ces espaces ne sont pas totalement cohérents, ni continus, mais ils présentent de caractéristiques récurrentes. La nature y est luxuriante, en jachère : elle a un statut très différent des parcs urbains ou des réserves naturelles de l’hinterland. Elle est autre chose, elle

est l’ailleurs à l’intérieur de la ville. » Bas Smets - Metropolitan Landscape -


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