Rapport annuel 2016

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Photo : Sean Hawkey

FORTS ENSEMBLE

RAPPORT ANNUEL ET RAPPORT D’IMPACT 2016

FONDATION MAX HAVELAAR (SUISSE) FAIRTRADE ÖSTERREICH TRANSFAIR E.V. DEUTSCHLAND


Sommaire P. 3

LE PARTENARIAT AU CENTRE

P. 4

L’HISTOIRE D’UN MOUVEMENT MONDIAL

P. 5

PLUS D’ÉQUITÉ – LES PRIORITÉS DE FAIRTRADE

P. 6

LES RÉSEAUX DE PRODUCTEURS

P. 7

INTERVIEW : DES RENCONTRES ENTRE EUPHORIE ET SCEPTICISME

P. 8

L’UNIVERS FAIRTRADE

P. 10

LES LABELS EN UN COUP D’ŒIL

P. 11

INTERVIEW : ACCORDONS PLUS DE VALEUR À UN BON PRODUIT

P. 14

REPORTAGE : NOTRE CAFÉ EST SYNONYME DE QUALITÉ DE VIE

Le système Fairtrade regroupe 1,66 million de paysans et de travailleuses à travers le monde.

Deux tiers de l'ensemble des paysans et des travail­ leurs Fairtrade vivent en Afrique et au Moyen-Orient.

On compte 1 240 organisations de producteurs Fairtrade dans 75 pays.

196 000 personnes, dont 49 % de femmes, travaillent dans des plantations Fairtrade dans le monde.

Les réseaux de producteurs Fairtrade détiennent 50 % des voix pour toutes les grandes décisions.

117 millions d'euros ont été versés à titre de prime fairtrade en 2015

Source : Monitoring Report de Fairtrade International (https://monitoringreport2016.fairtrade.net)

2 Sommaire


Hans-Peter Fricker

Helmut Schüller

Heinz Fuchs

LE PARTENARIAT AU CENTRE Alors que l’Europe ferme ses frontières, Fairtrade les ouvre. Ensemble, nous voulons aller plus loin et devenir plus forts. Fairtrade est devenu un réseau international : les produits certifiés sont vendus en Allemagne, Autriche et Suisse, mais aussi à travers le monde, par exemple en Nouvelle-Zélande. Les matières premières proviennent de grands pays peuplés – dont l’Inde, le Mexique et le Brésil – ou de petits États insulaires, tels que l’Île Maurice et les Îles Fidji. Ce qui distingue notre mouvement, c’est que plus les hommes et pays participants sont nombreux, plus nous sommes proches les uns des autres. Pour la première fois, nous avons établi un rapport annuel et un rapport d’impact commun pour la zone germanophone. Les organisations Fairtrade allemande, autrichienne et suisse vont encore renforcer leur collaboration afin de diffuser l’idée du commerce équitable à un plus large public et de créer davantage de débouchés pour les groupes de producteurs défavorisés. Nous tenons à remercier toutes les familles de petits paysans, les organisations de producteurs et de membres, nos preneurs de licences et bien sûr les consommatrices et consommateurs. C’est grâce à vous tous que Fairtrade s’est transformée en un système exemplaire et fonctionnel au sein du commerce global et en référence pour une économie durable et équitable… une idée qui a réorienté l’attitude de l’économie, la société et la politique et qui met l’effort commun et l’action partenariale au cœur de sa vision. Fairtrade ne se limite pas au prix minimum, à la prime et aux salaires assurant l’existence, mais favorise aussi une structure démocratique et un développement autonome des organisations de producteurs. Elle met l’accent sur les droits des ouvriers, la protection de l’environnement et une production durable. La prime Fairtrade permet des investissements dans des projets 3 Le partenariat au centre

communautaires de toute taille qui améliorent les conditions de vie et de travail en même temps que les infrastructures. Nous avons beaucoup accompli dans un quart de siècle – l’Allemagne et la Suisse fêtent leur 25e anniversaire en 2017, l’Autriche en 2018. Pourtant, nous sommes loin d’avoir atteint notre objectif. De gros défis nous attendent à l’avenir, par exemple comment définir des salaires assurant la subsistance dans les pays en développement ou élaborer des solutions individuelles pour nos partenaires. Mais les milieux politiques et les multinationales sont eux aussi appelés à assumer leur responsabilité et à franchir les prochaines étapes avec Fairtrade, pour donner encore plus d’importance au commerce équitable et donc à une pratique économique d’égal à égal. En signant l’Accord de Paris sur le climat et en adoptant les objectifs de développement durable, la communauté internationale d’États a fait un pas dans la bonne direction. En tant que système efficace, Fairtrade se propose comme partenaire avec de bonnes pratiques pour obtenir une durabilité globale. La globalisation est une réalité et le commerce équitable peut aider à en tirer parti pour le bien de l’humanité. Nous adressons un grand merci à tous ceux qui nous soutiennent. Persévérez, car votre engagement a un impact ! Hans-Peter Fricker, Président du conseil de la Fondation Max Havelaar (Suisse) Heinz Fuchs, Président du conseil d’administration de TransFair e.V. Helmut Schüller, Président du conseil de FAIRTRADE Österreich


Photo : Danielle Villasana

L’HISTOIRE D’UN MOUVEMENT MONDIAL L’idée du commerce équitable est née aux États-Unis. Le commerce équitable prend pied en Europe à partir des années 1960. En 1973, les Pays-Bas importent le premier café du Guatemala. Afin de toucher une clientèle plus large, les Néerlandais créent un label Max Havelaar pour les produits issus du commerce équitable (d’après le personnage du roman du même nom). Ainsi, les produits labellisés peuvent prendre place sur les étagères des supermarchés aux côtés de produits conventionnels. Les clients ont plus facilement accès aux produits issus du commerce équitable et les producteurs ont davantage de débouchés. Au cours des années suivantes, d’autres organisations à but non lucratif seront créées – p. ex. sous le nom de Max Havelaar en Suisse ou de TransFair en Allemagne et en Autriche. La définition des Standards et les activités de conseil auprès des producteurs et productrices ont été organisées par catégories de produits. Les Pays-Bas sont chargés du café, la Suisse du cacao, tandis que l’Allemagne met au point le premier Standard international pour les plantations (de thé, en l’occurrence) en coopération avec l’Autriche, le Japon et les États-Unis. Internationalisation En 1997, les organisations de labels décident de créer l’organisation faîtière Fairtrade Labelling Organizations International (FLO). Cette fédération gère la rédaction des Standards et les activités de conseil. En 2003, FLOCERT débute son activité à titre d’organe de certification indépendant. Plus d’une centaine d’auditeurs vérifient le respect des Standards aux quatre coins du globe, en toute indépendance vis-à-vis des organisations Fairtrade. Un mouvement mondial En 2002, les organisations de labels créent un logo commun 4 L’histoire d’un mouvement mondial

Un réseau mondial fortement implanté dans le Sud 1988 : À partir de 1992 : 1996 : 1997 : 2003 : 2005 : 2007 : 2011 :

fondation de Max Havelaar Pays-Bas création de labels nationaux en Europe et aux États-Unis création d’un réseau de producteurs en Amérique latine fondation de l’organisation faîtière Fairtrade Labelling Organizations International (FLO) (aujourd’hui Fairtrade International) FLOCERT débute son activité création du réseau de producteurs Fairtrade Africa création du réseau de producteurs Asie et Pacifique les productrices et producteurs détiennent 50 % des voix au sein du système Fairtrade

afin que les produits Fairtrade puissent être identifiés dans tous les pays. En 2011, les réseaux de producteurs continentaux obtiennent 50 % des voix au sein du système Fairtrade. Aujourd’hui, ils assurent les activités de conseil auprès des groupes de producteurs certifiés Fairtrade. Ils représentent les intérêts de ces derniers au sein de l’assemblée générale et des principaux comités Fairtrade. Aujourd'hui, Fairtrade comporte 25 organisations nationales et trois réseaux de producteurs continentaux.


Photo : Nathalie Bertrams

LES PRIORITÉS DE FAIRTRADE Les familles de paysans et les travailleurs salariés sont confrontés à des défis que les Standards Fairtrade ne peuvent pas suffire à relever. C’est pourquoi Fairtrade International s’est engagé dans cinq domaines afin de mieux soutenir les plus vulnérables : Droits des enfants : les Standards Fairtrade imposent des règles strictes en matière de protection de l’enfance. Le travail des enfants est interdit. La priorité est donnée à la prévention : il convient d’éviter le recours au travail abusif des enfants. Fairtrade soutient les enfants et adolescents en impliquant l’ensemble de la communauté. Droits des femmes : Fairtrade promeut de façon systématique l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Les Standards proscrivent toute forme de discrimination. Par ailleurs, Fairtrade soutient la réussite économique des femmes. Des programmes de sensibilisation et de formation renforcent leur participation et leurs qualifications. Dans la coopérative caféière CECOCAFEN (Nicaragua), l’autonomie des femmes repose sur la participation démocratique de tous les membres. Changement climatique : les effets du changement climatique impactent surtout les pays en développement. Afin de garantir la productivité agricole, Fairtrade propose des services de conseil et d’accompagnement de projet. Près d’un tiers des critères des Standards Fairtrade portent sur des aspects climatiques et environnementaux. Le nouveau Standard Fairtrade sur le climat contribue à la réduction des émissions par le biais de projets d’adaptation locaux. Droits des travailleurs : Fairtrade va nettement au-delà des normes internationales de référence de l’OIT. Le Standard pour les travailleurs salariés améliore les conditions de travail dans les plantations et les usines. La protection sanitaire, le salaire 5 Plus d’équité – les priorités de Fairtrade

minimum et la liberté de réunion en sont les piliers. Les primes sont investies dans des projets sociaux communautaires. Le personnel de Fairtrade conseille les comités des primes sur place. Les comités de différentes structures s’aident mutuellement. Renforcement des petits producteurs : la majorité des producteurs avec lesquels Fairtrade coopère sont des petits paysans. Dès le départ, Fairtrade les a placés au cœur de son action. L’un des plus grands défis est d’assurer leur indépendance face aux fluctuations des cours ainsi qu’un revenu suffisant. Dans le cadre de ses grandes priorités, Fairtrade International a lancé la mise en œuvre d’un catalogue des meilleures pratiques afin de permettre aux organisations paysannes d’échanger des informations sur les projets couronnés de succès. Car le renforcement commence dès lors que les petits producteurs se regroupent et font entendre leur voix.

« LES EXPLOITATIONS AGRICOLES DE PETITS PRODUCTEURS BIEN FORMÉS RÉSISTENT MIEUX AUX EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE. » Cesar Lopez, Membre de la coopérative cacaoyère CONACADO en République dominicaine


Photo : Eduardo Abraços Bluhm

LES RÉSEAUX DE PRODUCTEURS Fairtrade est le seul système de certification au monde au sein duquel les productrices et les producteurs, représentés par des réseaux, ont un droit de décision paritaire. Le système Fairtrade ne certifie pas des particuliers, mais des groupes de producteurs – par exemple des coopératives. Ces entités sont regroupées au sein de réseaux de producteurs régionaux. Les trois réseaux Fairtrade d’Amérique, d’Afrique et d’Asie défendent les intérêts de 1,66 million d’ouvriers et de petits producteurs dans 75 pays. À parité avec le Nord Depuis 2011, les trois réseaux détiennent 50 % des voix de l’organisation faîtière Fairtrade International, c’est-à-dire autant que les 25 organisations Fairtrade nationales de l’hémisphère nord. Ils décident donc à parité de l’orientation stratégique de Fairtrade International et de l’évolution des Standards. Engagés contre le changement climatique Les réseaux de producteurs proposent des services de conseil, des formations, un soutien financier et des programmes de développement sur mesure (p. ex. pour des pratiques agricoles durables) aux groupes de producteurs afin de les aider à remplir les Standards Fairtrade. Par ailleurs, les paysannes et les paysans ainsi que les ouvrières et les ouvriers bénéficient de formations spécifiques pour apprendre à mieux s’organiser. Les réseaux s’engagent également en matière de changement climatique, d’égalité entre les femmes et les hommes, de droits des travailleurs, de droits de l’Homme ou encore de gestion du personnel. Le réseau d’Amérique latine (CLAC) a mis au point sa propre stratégie de lutte contre les effets du changement climatique. Fairtrade Africa propose des formations en agriculture durable aux petites productrices de café du Kenya afin de les 6 Les réseaux de producteurs

aider à améliorer leurs récoltes et par là, leur statut social. Tout ceci montre l’importance du rôle joué par les réseaux de producteurs. Grâce à eux, les paysans et les travailleuses peuvent améliorer leur vie. C’est ce qui fait la spécificité de Fairtrade.

LES TROIS RÉSEAUX DE PRODUCTEURS Amérique latine : CLAC www.clac-comerciojusto.org Création : 1996 Siège : Santa Tecla (El Salvador) 347 170 membres, dont la majorité en Membres : coopératives de petits producteurs Principaux produits : café, bananes, sucre, cacao, fleurs, fruits Fairtrade Africa www.fairtradeafrica.net Création : 2005 Siège : Nairobi (Kenya) Membres : 1 062 187 membres (au sein de coopératives et de plantations) Principaux produits : cacao, fleurs, café, thé, sucre, vin Asie : NAPP www.fairtradenapp.org Création : 2005 Siège : Bangalore (Inde) Membres : 252 471 membres, dont la majorité dans des plantations Principaux produits : café, sucre, thé, coton, riz, épices


Max Havela ex. a

Conseil et remise du label Faitrade pour les produits

Exportateur/importateur

Fabricant

Commerce

Dialogue avec la société civile

Consommateurs

Chaîne logistique

Stand

s  Fair t e rad

Représentation, conseil et soutien des productrices et producteurs sur place

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Organisations nationales Fairtrade

Organisation

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Réseaux de producteurs

Producteurs

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Contrôle et certification par FLOCERT

DES RENCONTRES ENTRE EUPHORIE ET SCEPTICISME Grace Karanja est auditrice au sein de la société de certification FLOCERT. Elle travaille pour Fairtrade depuis 2004. Elle vérifie que les organisations de producteurs respectent bien les Standards sur place. Grace Karanja est auditrice au sein de la société de certification FLOCERT. Elle travaille pour Fairtrade depuis 2004. Dans le cadre d’audits réguliers, et parfois inopinés, elle vérifie que les organisations de producteurs respectent bien les Standards Fairtrade sur place. Elle s’entretient avec les employés des plantations ainsi que les petits paysans. Ce faisant, elle constate de ses propres yeux les effets de Fairtrade pour la population.

Quel regard les productrices et les producteurs portentils sur votre travail d’audit ? Certains apprécient mon travail. D’autres, au contraire, consi­dèrent ma présence comme une gêne. Lors d’audits surprises, certains se plaignent d’être dérangés dans leur travail quoti­ dien. Dans ce cas, je leur assure de faire tout mon possible pour ne pas interrompre leurs activités.

Pouvez-vous nous décrire une visite type auprès d’une organisation de producteurs ? Lors de la première réunion, l’organisation de production me présente ses activités. Toutes les personnes concernées par l’audit y participent, notamment les représentants de la direction, du personnel et des comités. Nous déterminons ensemble l’ordre du jour. Nous passons alors à la vérification des documents commerciaux. Ensuite, je m’entretiens personnellement ou en groupe avec les travailleuses et les travailleurs afin de recouper leurs déclarations avec les informations fournies par les documents. J’évalue ensuite si les Standards Fairtrade sont remplis ou non. Des contrôles physiques sont également effectués à tous les niveaux.

À votre avis, quels sont les opportunités et les défis majeurs pour les productrices et les producteurs Fairtrade ? Certains d’entre eux ont du mal à comprendre les exigences des Standards. Cela concerne plutôt les organisations de petits producteurs qui n’ont pas suffisamment de personnel pour étudier en détail les Standards. Mais pour beaucoup, le défi majeur consiste à écouler de plus gros volumes aux conditions Fairtrade. Par ailleurs, la collaboration avec les conseillers Fairtrade locaux me semble être une grande opportunité pour les organisations de producteurs.

Quel impact Fairtrade a-t-il sur la population ? Fairtrade implique des changements qui vont de la liberté de réunion à l’égalité de traitement en passant par le droit du travail et la protection sanitaire. Par ailleurs, les membres des organisations de petits producteurs me racontent qu’ils ont des centres médicaux dans leur village et suffisamment de locaux dans leurs écoles – tout cela est financé par la prime Fairtrade. 7 Interview : des rencontres entre euphorie et scepticisme

« La prime Faritrade permet la mise en place de centres médicaux locaux et de suffisamment de salles de classe. »

Grace Karanja, auditrice au sein de la société de certification FLOCERT


L’univers Fairtrade Les principaux produits Fairtrade et leurs pays de production pour la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche Organisation Fairtrade nationale Pays de production Fairtrade Pays de production Fairtrade et organisation de marketing Fairtrade

Fairtrade International

Bananes Pérou Équateur République dominicaine Café Pérou Honduras Guatemala Fleurs Kenya Éthiopie Tanzanie Cacao Côte d'Ivoire Ghana Pérou

réseau de producteurs

d’Amérique latine et des Caraïbes

Jus de fruits Brésil Inde Mexique Thé Inde Afrique du Sud Sri Lanka Coton Inde Tadjikistan Kirghizistan Sucre Malawi Paraguay Îles Fidji Or Pérou

réseau de producteurs

d’Afrique


Fairtrade International

En 1997, plusieurs labels se regroupent afin de coordonner leurs activités auprès des organisations de producteurs. Cette initiative aboutit à la création de Fairtrade International, une association d’utilité publique siégeant à Bonn. Fairtrade International est l’organisation faîtière de toutes les initiatives Fairtrade. Chargée d’élaborer les Standards Fairtrade, elle représente à la fois les producteurs et le commerce au sein de ses comités.

Organisations Fairtrade nationales Les organisations Fairtrade nationales telles que TransFair, FAIRTRADE Österreich et Max Havelaar (Suisse) sont responsables de l’attribution du label Fairtrade dans les pays de consommation. Ils créent des débouchés pour les produits Fairtrade et sensibilisent l’opinion publique au commerce équitable.

Avec

50 % des voix,

les représentants des familles paysannes, des ouvrières et des ouvriers siègent à parité au sein des principaux organes décisionnaires et comités internationaux de Fairtrade International.

Réseaux de producteurs Les réseaux de producteurs font entendre la voix de 1,66 million de travailleurs et de petits producteurs du système Fairtrade. Ils veillent à ce que les Standards Fairtrade soient praticables pour les organisations de producteurs.

réseau de producteurs

d’Asie et du Pacifique

« Nous coopérons avec le commerce, les gouvernements et la population civile pour obtenir une répartition plus équitable des fruits du commerce global. » Darío Soto Abril, Directeur général, Fairtrade International


Photo : Santiago Engelhardt

LES LABELS EN UN COUP D’ŒIL Le label Fairtrade s’applique aux marchandises issues du commerce équitable et dont la fabrication respecte des critères sociaux, écologiques et économiques donnés. Le label Fairtrade s’engage pour des produits cultivés et commercialisés de façon équitable : tous les ingrédients d’un produit pour lesquels il existe des Standards Fairtrade doivent être certifiés Fairtrade. Cette mesure vaut également pour les produits composés (p. ex. le chocolat* ou les glaces).

Les programmes Fairtrade pour le sucre et le cacao portent sur un ingrédient cultivé et commercialisé de façon équi­ table : seuls le cacao ou le sucre contenus dans le produit com­ posé doit être certifié Fairtrade.

Le label Or Fairtrade garantit que l’or utilisé a été extrait et commercialisé de façon équitable.

Le label du programme Fairtrade Coton signifie qu’une quantité de coton brut convenue a été achetée selon des condi­ tions Fairtrade et qu’elle est indirectement traçable à partir de la filature (moyennant une documentation FLOCERT via Fairtrace®).

Le label Coton Fairtrade défend une production et une commercialisation équitables du coton brut, lequel est directement traçable à travers toutes les étapes de production et séparé du coton non Fairtrade durant sa transformation. Le label Fairtrade Textiles s’engage pour le renforcement des ouvrières et des ouvriers ainsi que pour l’amélioration des salaires et des conditions de travail tout au long de la filière textile.

* |

La traçabilité indirecte est autorisée pour le sucre, le cacao, le thé et les jus de fruits à titre d’outil de politique de développement. Ces produits peuvent être commercialisés avec bilan de masse suivant les Standards Fairtrade. La traçabilité physique est en cours d’élaboration.

10 Les labels en un coup d’œil

Le Standard Fairtrade sur le climat défend des projets ciblés de protection du climat visant à réduire les émissions de CO2 sur la base de crédits-carbone Fairtrade. Le projet peut porter aussi bien sur l’ensemble d’une entreprise que sur la fabrication de produits donnés. Nos sites Internet vous renseigneront davantage sur nos labels.


Hartwig Kirner, directeur de FAIRTRADE Österreich

ACCORDONS PLUS DE VALEUR À UN BON PRODUIT 50 % de part de marché, voire plus : un objectif pour les uns est déjà une réalité pour d’autres. L'interview avec les directeurs des trois organisations Fairtrade. Quel était le plus grand succès de votre organisation durant ces 25 années ? Dieter Overath : outre le label Bio et l’Ange Bleu, Fairtrade est l’orientation la plus importante pour les consommatrices et consommateurs allemands. Fairtrade s’est établi comme LE label social. Supermarché, boutique bio ou discompteur : tous les magasins d’Allemagne proposent des produits Fairtrade. Hartwig Kirner : aujourd’hui, un tiers des roses et un cinquième des bananes importées en Autriche sont certifiées Fairtrade. C’est un succès énorme qui agit sur la conscience des responsabilités dans beaucoup d’entreprises. Chez nous aussi, Fairtrade fait partie intégrante du discours sur l’entrepreneuriat responsable, et l’idée du commerce équitable est fermement ancrée dans la société. Nadja Lang : nous avons prouvé que les marchandises durables et équitables ne sont pas des produits de niche, mais peuvent et doivent devenir la norme. Plus de la moitié des bananes vendues en Suisse provient du commerce équitable. Durant ces 25 ans, la Suisse a prouvé à maintes reprises qu’elle était un marché Fairtrade innovateur. L’assortiment Fairtrade comprend aujourd’hui plus de 2 800 produits différents. La consommation annuelle a atteint 75 francs par personne, ce qui fait des Suisses les champions du monde ! En quoi le commerce équitable a-t-il aidé à transformer la société ? Lang : c’est très ambitieux de parler d’une transformation globale de la société. Mais notre engagement en faveur du commerce équitable a certainement contribué à valoriser une consommation 11 Interview : accordons plus de valeur à un bon produit

et un mode de vie durables aux yeux de la société. Cette influence agit sur l’économie dans son ensemble et sur la politique. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à veiller à un approvisionnement en matières premières respectueux de la société et de l’environnement. Fairtrade a fourni un travail de pionnier à cet égard. Kirner : le commerce équitable a contribué à une meilleure compréhension du contexte global. Les consommateurs sont sensibilisés à la provenance d’un produit, à son mode de production, ainsi qu’à la vie des hommes et à leurs problèmes dans les pays en développement. Le succès de Fairtrade prouve aussi que l’idée de créer des conditions commerciales plus équitables n’est pas une pure utopie, mais qu’elle est réalisable immédiatement avec un peu de bonne volonté.

« J’avais déjà travaillé ici avant la certification Fairtrade. Mais c’est seulement maintenant que je peux payer le collège à mes enfants. » Edwin José Gutiérrez Núñez, travailleur à la bananeraie BANAFEM en République dominicaine

Photo : FAIRTRADE Österreich

« Fairtrade a contribué à une meilleure compréhension du contexte global. »


Dieter Overath, directeur de TransFair e.V. Deutschland

Overath : tout à fait. Grâce à Fairtrade, le commerce mondial devient tangible. Nous avons sorti de l’anonymat les produits commercialisés dans le monde entier et augmenté la visibilité des hommes derrière le produit, par exemple moyennant le code Fairtrade. Nous jouissons d’une bonne base dans la société civile. À travers l’éducation et des campagnes comme les villes, écoles et universités Fairtrade, ainsi que la semaine Fairtrade, le commerce équitable donne des impulsions au-delà des rayonnages à augmenter l’équité dans l’activité quotidienne. Quels sont les enseignements mutuels ? Lang : nous avons en Suisse un grand potentiel de mobilisation de la population civile et des communes politiques. Nos collègues allemands et autrichiens ont commencé de bonne heure à sensibiliser les communes et donc à hisser la consommation durable au niveau socio-politique. L’Allemagne présente déjà près de 500 villes Fairtrade ! Pour comparaison : Berne a récemment été distinguée, en tant que troisième ville suisse … Overath : la Suisse a prouvé que le commerce équitable pouvait devenir consensuel. Une part de marché de 50 %, voire plus ? Nous avons un grand besoin de rattrapage ! Les Suisses se sont impliqués de bonne heure à l’échelle internationale pour faire évoluer le système Fairtrade, notamment en lançant de nouvelles catégories de produits comme les fleurs. En Autriche, le grand engagement précoce de Hofer – apparte­ nant à Aldi Sud – était décisif pour ouvrir Fairtrade aux discompteurs. Ce secteur s’est internationalisé. De plus, les Autrichiens ont développé des concepts modèles pour encou­ rager les coopérations entre marques de distributeurs. Kirner : nous observons avec intérêt les grandes histoires à succès écrites par les collègues suisses pour les bananes et fleurs. En Autriche, nous profitons aussi de ce savoir-faire. Quant à Fairtrade Allemagne, il a conquis des marchés difficiles avec persévérance et la volonté d’innover. Il s’attache avec le plus grand professionnalisme à obtenir une chaîne de livraison plus équitable. 12 Interview : accordons plus de valeur à un bon produit

Photo : Jakub Kaliszewski

« Une machine puissante au garage compte plus que des aliments de qualité au réfrigérateur. »

Quelles sont les particularités du marché de votre pays ? Overath : nous avons la notoriété et les consommateurs sont sensibilisés, mais les prix restent déterminants. Une machine puissante au garage compte plus que des aliments de qualité au réfrigérateur. Une part de marché de 3 % pour le café : peut faire mieux ! Et nous sommes loin de là pour des produits tels que le riz, le thé et les jus de fruits. Sans parler des textiles : les conditions de travail suscitent une grande indignation, mais aucun producteur d’une certaine importance ne se penche sérieusement sur le standard Fairtrade pour les vêtements. Kirner : la situation en Autriche est très semblable. Le consom­ mateur moyen ne dépense plus que 10 % de son revenu pour les denrées alimentaires. Pourtant, c’est le secteur où l’on est le plus attentif au prix. Les producteurs et le commerce ont donc peu de chance d’introduire une plus-value pour des mesures écologiques ou sociales.

Nadja Lang Nadja Lang a décidé de mettre un terme à ses fonctions auprès de Max Havelaar fin avril 2017, après douze ans d’activité au sein de la Fondation. Son successeur, Andreas Jiménez, est entré en fonction au 1er mai 2017. Auparavant, il occupait le poste de directeur de Bio Partner Suisse. Hartwig Kirner Il s'est engagé dès son jeune âge pour le commerce équitable. Il est à la tête de FAIRTRADE Österreich depuis dix ans. Dieter Overath Il est à la tête de TransFair depuis sa fondation, il y a 25 ans. 2017 est aussi un date anniversaire pour lui.


Photo : màd

« Les marchandises durables et équitables ne sont pas des produits de niche, mais peuvent et doivent devenir la norme. » Nadja Lang, directrice de Max Havelaar Suisse

Lang : je trouve réjouissant que la durabilité soit devenue une préoccupation des entreprises. Mais il faut savoir faire la différence, car presque toutes les entreprises se disent « durables ». Les compagnies cherchent des solutions durables taillées sur leurs besoins individuels et des partenariats souples. Ce sont ces demandes sans cesse plus exigeantes qui nous posent un grand défi, d’une part pour la mise en œuvre, d’autre part en termes de communication : il faut que les consommateurs puissent se retrouver dans ce grand choix de partenariats divers et connaître leur valeur. Quels sont les plus grands défis au Sud pour votre organisation ? Kirner : notre vision implique un revenu assurant la subsistance de tous les paysans et un salaire qui assure l’existence pour toutes les ouvrières travaillant sur une plantation certifiée Fairtrade. Cet objectif n’est malheureusement pas atteint. Nous devons donc concentrer et orienter notre action sur cet enjeu. Lang : Fairtrade doit investir des sommes considérables dans des programmes spécialisés sur le terrain, dont la réaction au changement climatique et la diversification des cultures. C’est le seul moyen d’obtenir une réussite à long terme. Overath : pour ce faire, il faut disposer d’une structure interne stable. Cela s’applique aux organisations de producteurs pour qu’elles deviennent des partenaires fiers et professionnels, et aussi à nos réseaux de producteurs qui doivent donner des impulsions au développement. Et quels défis voyez-vous pour Fairtrade au Nord? Kirner : les bases sont jetées. Fairtrade doit maintenant entre­ prendre des démarches qui vont plus loin pour faire des relations commerciales équitables une norme au lieu d’une exception. Il nous faut de nouvelles approches pragmatiques en ligne avec notre vision. Le programme d’approvisionnement du cacao est un pas dans cette direction qui révèle l’importance d’un effort concerté de Fairtrade avec les entreprises sur les chaînes de livraison. 13 Interview : accordons plus de valeur à un bon produit

Lang : il est devenu difficile, voire impossible pour les consom­ mateurs de saisir et comparer autant d’approches durables. Fairtrade Max Havelaar s’engage pour que les standards élevés puissent s’imposer sur le marché de masse. L’impact sur le terrain figure au premier plan : renforcer les petits producteurs de manière durable. Pour cela, il faut un engagement à long terme des entreprises… et aussi des consommateurs disposés à payer le prix juste pour un produit issu du commerce équitable. Overath : en d’autres mots, il faut valoriser davantage le travail et un bon produit. Par principe ! Il y a naturellement une différence entre les producteurs de lait d’Europe et les caféiculteurs du Pérou. Les personnes que nous voulons atteindre à travers Fairtrade n’ont pas de lobby. Et plus le produit vient de loin, mieux nous pouvons ignorer les problèmes. Mais les dommages collatéraux d’une telle attitude se font sentir aussi chez nous : des conditions de travail précaires et des dégâts causés à l’environnement. Nous devons accorder plus de valeur à l’alimentation.

« L’achat de produits Fairtrade nous permet de continuer à développer notre coopérative. »

Phawadee Suphansai, rizicultrice de la coopérative Fairtrade OJRPG en Thaïlande


Photo : Nicolas Martin

« NOTRE CAFÉ EST SYNONYME DE QUALITÉ DE VIE » « Cette activité a longtemps été réservée aux HOMMES », NOUS explique Luz Emilia Rojas Sanchez, 48 ans, en enfonçant son sombrero sur son visage tanné par le soleil. Face à sa véranda, les cerises vertes et rouges luisent sous les feuilles des caféiers. Tapissant les flancs de la colline tels une mer scintillante, les arbrisseaux s’étendent jusque dans la vallée. La saison de la récolte commence, et avec elle, la période la plus difficile de l’année pour les Rojas. Aidés d’un cueilleur saisonnier, Luz et ses deux fils vont travailler pendant plusieurs semaines sur les coteaux abrupts. Ils récoltent environ 300 kilogrammes de cerises par jour qui doivent être lavées, décortiquées puis séchées dans une installation située derrière la maison. De la coopérative à l’Europe La plantation de Luz se situe dans le département d’Antioquia. Cette région concentre la majeure partie du café cultivé en Colombie qui est le troisième producteur mondial de café. Tout comme près de 10 000 petits producteurs de café, les Rojas sont membres de la coopérative « Caficultores de Antioquia ». La fédération qui siège à Medellín, capitale de la province, est une véritable porte sur le monde pour les Rojas. En effet, c’est elle qui exporte le café de leur plantation vers l’Europe et les États-Unis. Faute de demande suffisante, la coopérative n’écoule qu’une partie des récoltes sous le label Fairtrade. Les Rojas vendent la totalité de leur production en équitable. Ainsi, leur coopérative obtient un prix minimum garanti pour leur marchandise. Elle est donc plus à même de planifier, sans dépendre des fluctuations du cours mondial du café. Et conformément aux Standards, la coopérative obtient 20 centimes de prime par livre de café pour des projets communautaires. Luz estime que bien des choses ont changé grâce à Fairtrade. « Notre exploitation familiale réussit à s’en sortir. Nous ne nous 14 Reportage : notre café est synonyme de qualité de vie

contentons pas de cultiver du café – nous élaborons un produit de qualité qui est synonyme de qualité de vie. J’en suis fière », déclare-t-elle. En effet, Luz a beaucoup appris des collaborateurs de la coopérative, p. ex. à propos des méthodes de culture ou encore des techniques d’irrigation ou de protection du sol. Le changement climatique en Colombie Des contrôles réguliers sont effectués chez les Rojas afin de vérifier la mise en œuvre des Standards Fairtrade. Ces derniers comportent des prix minimums garantis, mais aussi des normes écologiques et l’interdiction du travail abusif des enfants. L’agronome Gonzalo David Rueda rend souvent visite aux Rojas. Il est responsable du développement durable au sein de la coopérative. Il nous montre une petite station d’épuration des eaux usées. « Elle nettoie et recycle l’eau. » Beaucoup de petits producteurs de café de la région se plaignent des longues

Coopérative de café « Caficultores de Antioquia » Colombie, région d'Antioquia Fondation: en 2000 Certifiée Fairtrade depuis 2010 9 800 exploitations familiales gèrent 18 000 hectares


Photo : Didier_Gentilhomme

Le café est le premier produit équitable qui a été commercialisé en Suisse, en Autriche et en Allemagne.

Plus de la moitié des producteurs Fairtrade sont des caféiculteurs

périodes de sécheresse suivies de pluies violentes. Beaucoup attribuent ces phénomènes au changement climatique. « Nous sommes en train d’analyser l’impact du changement climatique sur la production et les récoltes », ajoute l’ingénieur. En attendant, lui et son équipe veillent à préserver la nature. L’épuration des eaux provenant du lavage des cerises et l’entretien des caféiers font partie de cette démarche.

montré comment fonctionne l’égalité entre les sexes. » Luz a passé son baccalauréat à presque 40 ans. Aujourd’hui, elle est déléguée de la coopérative. Sur les 85 personnes chargées de représenter les petites productrices et petits producteurs, seules six sont des femmes. Ce comité décide notamment de l’utilisation de la prime Fairtrade. Il serait d’autant plus important d’intégrer davantage de femmes, estime Luz.

La démocratisation de la culture du café Cet aimable ingénieur de 39 ans nous indique que son employeur est la plus grande organisation mutualiste du pays dans le secteur du café. La coopérative a été fondée en 2000. Gonzalo l’a intégrée en 2010. C’est la même année que les Standards Fairtrade ont commencé à y être appliqués. Gonzalo est responsable de leur mise en œuvre. Sa mission consiste principalement à soutenir les petits producteurs de café qui manquent souvent de tout. « Pour une organisation comme la nôtre qui rassemble 98 % de petits producteurs, il est fondamental de pouvoir s’appuyer sur des initiatives internationales comme Fairtrade. » Pour les paysannes et les paysans, l’essentiel est de pouvoir cultiver leur terre euxmêmes ou avec l’aide de leur famille. La plupart d’entre eux possèdent moins d’un hectare. C’est le cas de Luz Emilia Rojas Sánchez qui a élevé seule ses enfants. Rien ne la prédestinait à devenir propriétaire d’une plantation. Sa famille travaillait dans le secteur minier. Mais Luz s’est tournée vers la culture du café après la mort de sa mère, il y a un peu moins de dix ans. Elle a d’abord été l’objet de moqueries, car les femmes étaient peu nombreuses à exercer cette activité. « On a longtemps considéré que la culture du café et l’adhésion à une coopérative étaient réservées aux hommes. En tant que femme, je me suis donc sentie inférieure et mes possibilités étaient très limitées. » Mais les choses ont changé : « Beaucoup de femmes ont leur entreprise et assument l’entière responsabilité de leur plantation. La culture du café se démocratise et devient plus participative. » Fairtrade a joué un rôle essentiel à ce niveau. « Fairtrade nous a

Un manque de perspectives pour les jeunes générations Mais son plus grand souci est de voir disparaître les petites exploitations. Les jeunes de la région partent s’installer en ville. « Peu d’entre eux voient des perspectives dans le secteur du café. » Luz souhaite transmettre ses connaissances sur la culture du café à la nouvelle génération. Les choses s’annoncent bien. Luz suit ainsi un cours en compagnie de l’un de ses fils afin d’apprendre comment développer leur propre marque de café. Il faut que les consommateurs européens et états-uniens achètent davantage de café Fairtrade. Si la demande est reine, l’offre est déjà disponible. Mais actuellement, la coopérative ne vend qu’une petite partie du café sous le Label équitable. « À long terme, notre objectif est de commercialiser la moitié des récoltes aux conditions Fairtrade », explique l’ingénieur. Luz ajoute : « Il est juste de nous verser un prix équitable pour nos produits. »

15 Reportage : notre café est synonyme de qualité de vie

« Je suis fière d’élaborer un produit de qualité qui est aussi synonyme de qualité de vie. »

Luz Emilia Rojas Sanchez, caféicultrice de la coopérative « Caficultores de Antioquia » en Colombie

La café Faitrade est présent dans

30 pays

80 /

du café Fairtrade vient d'Amérique du Sud


Photo : Gerhard Wasserbauer

Photo : Luca Rinaldini Impressum: Fondation Max Havelaar Éditeurs : (Suisse) FAIRTRADE Österreich TransFair e.V. Deutschland Rédaction : Kristina Eggers, Peter Ehrenberger, Patricio Frei, Edith Gmeiner, Alexandra Spaeth, Tobias Thiele Mise en page : Dreimalig Werbeagentur, Cologne Impression : climatiquement neutre par Thiekötter, Münster Situation : avril 2017

Un réseau international La Fondation Max Havelaar (Suisse), Fairtrade Österreich et TransFair e.V. Deutschland sont membres de la fédération Fairtrade International e.V. qui réunit les organisations Fairtrade de 25 pays ainsi que les trois réseaux de producteurs continentaux. national a la mission d’élaborer les Standards Fairtrade Inter­ Fairtrade internationaux. www.fairtrade.net

Certification et contrôle L’ensemble des acteurs impliqués tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont contrôlés régulièrement par FLOCERT GmbH. La société FLOCERT s’appuie sur un système de cer­tifi­cation indépendant et uniforme à l’échelle mondiale, confor­mé­ ment à la norme ISO 17065 (DIN EN 45011). www.flocert.net

Photo de couverture : Coopérative caféière CODECH (Guatemala) Crédits photos : p. 3 en partant de la gauche en haut vers la droite en bas : Gaëtan Bally, Nathalie Bertrams, FAIR­TRADE Österreich, Linus Hallgren, Rainer Holz, David Macharia Portraits en bas à droite : p. 5 : Zoe Stephenson p. 7 : FLOCERT p. 9 : Alexia Perrotti p. 11 : Erika Santelices p. 13 : Santiago Engelhardt p. 15 : Nicolas Martin Directeurs de publication : Claudia Brück (TransFair e.V. Deutschland) Elie Peter (Fondation Max Havelaar Suisse) Veronika Polster (FAIRTRADE Österreich)

FAIRTRADE Österreich

Fondation Max Havelaar (Suisse)

Neulinggasse 29/17 A - 1030 Vienne Tél. : +43 1 533 09 56 Fax : +43 1 533 09 56-11 office@fairtrade.at www.fairtrade.at ZVR 881545394

Limmatstrasse 107 CH - 8005 Zurich Tél. : +41 44 278 99 00 Fax : +41 44 567 89 59 info@maxhavelaar.ch www.maxhavelaar.ch

TransFair – Verein zur Förderung des Fairen Handels in der Einen Welt e.V. Remigiusstraße 21 D - 50937 Cologne Tél. : +49 221 94 20 40 - 0 Fax : +49 221 94 20 40 - 40 info@fairtrade-deutschland.de www.fairtrade-deutschland.de Registre des associations de Cologne : VR 16551


RAPPORT ANNUEL 2016 FONDATION MAX HAVELAAR (SUISSE)


UNE ANNÉE RÉUSSIE À TOUS POINTS DE VUE En 2016, les ventes de produits Fairtrade ont progressé d’environ 21 % en Suisse, pour atteindre un total de 628 millions de francs. En sus d’un prix équitable, les produc­teurs ont ainsi reçu près de 10 millions de dollars de primes Fairtrade. En Suisse, la consommation durable a le vent en poupe et les produits Fairtrade y remportent un succès sans précédent. Les ventes (628 millions de francs) connaissent une croissance de 20,7  % par rapport à 2015. En moyenne, chaque Suisse a dépensé 75 francs en produits Fairtrade – et ce en dépit d’une conjoncture morose voire en recul. Ces excellents résultats reposent sur des centaines de preneurs de licence et de partenaires restaurateurs, fleuristes ou orfèvres qui s’engagent en faveur de Fairtrade et proposent plus de 2 800 produits Fairtrade au total. Les ventes de cacao, de café et de jus de fruits ont enregistré une croissance exceptionnelle qui s’explique notamment par de nombreuses conversions dans le commerce de détail (chocolats saisonniers, capsules de café, jus de fruit, fruits exotiques et produits à base de sucre de canne). En dépit de résultats record, les bananes perdent leur place en tête des ventes Fairtrade qu’elles occupaient depuis des années. En effet, les produits composés constituent désormais la catégorie la plus performante. Ce faisant, les produits de boulangerie, les glaces ainsi que d’autres produits laitiers jouent le

rôle de moteurs de croissance, avec des ingrédients tels le sucre de canne, le cacao et les fruits. Pour Max Havelaar, l’année 2016 a également été placée sous le signe du 15e anniversaire des fleurs Fairtrade. Les fleurs demeurent une des catégories les plus fortes malgré un recul des ventes et du chiffre d’affaires. Cette baisse s’explique principalement par le tourisme d’achat et le succès des fleurs saisonnières. La gamme d’articles en or Fairtrade continue à se diversifier. En particulier, les nouveaux bijoux et les petits lingots ont remporté un franc succès pendant la période des fêtes. En dépit de ces résultats réjouissants, il reste beaucoup à faire. Beaucoup de producteurs Fairtrade ne trouvent pas suffisamment de débouchés et seuls 40 % des organisations de producteurs parviennent à vendre plus de 40 % de leur récolte aux conditions Fairtrade. La mise en place de relations commerciales durables et partena­ riales est au cœur de l’action de Fairtrade. Le prix minimum assure la sécurité financière des familles de producteurs. La prime Fairtrade permet de réaliser des investissements essentiels. À elles seules, les ventes de produits Fairtrade en Suisse ont généré, en 2016, près de 10 millions de dollars de primes Fairtrade pour les organisations de producteurs certifiées en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Les petits producteurs et les travailleurs utilisent cet argent pour financer des projets qui profitent à toute leur communauté (p. ex. la construction d’écoles ou d’hôpitaux).

COMPTES ANNUELS ET RAPPORT FINANCIER 2016 La Fondation Max Havelaar affiche de nouveau de très bons résultats financiers en 2016, avec une forte hausse des volumes associée à un partage des économies d’échelle avec ses partenaires commerciaux sur la base d’un système de tarification dégressif. Tout au long des dernières années, l’orientation stratégique choisie par la Fondation Max Havelaar a permis de diminuer le montant des licences. Depuis début 2016, l’aspect dégressif des systèmes de tarification a été renforcé. Aussi les revenus de licence (7,5 millions de francs au total) ont-ils reculé de 6 % par rapport à 2015. Néanmoins, la forte hausse des volumes a compensé la baisse attendue des revenus de licence. Les autres produits d’exploitation sont passés de près de 83 000 à 404 000 francs. Cette position découle principalement de la réimputation de prestations au système Fairtrade international. La Fondation Max Havelaar ayant obtenu l’affectation d’un certain nombre de rôles clés au niveau international en 2016, les recettes générées par cette réimputation ont augmenté. Avec un total de 2,1 millions de francs, les dépenses pour la coopération internationale ont diminué de 21 %. Cette baisse s’explique principalement par le fait qu’en 2015, la Fondation Max Havelaar avait fourni 290 000 francs supplémentaires pour le financement de projets dans les domaines du café et de l’or. Par ailleurs, des provisions avaient été constituées en 2014 et 2015 afin de couvrir les charges rétroactives pour les cotisations de membres de l’organisation faîtière Fairtrade International. Après obtention des décomptes finaux pour ces deux années en 2016, les provisions ont été annulées, réduisant ainsi de 204 000 francs les dépenses pour la coopération internationale. Les charges de personnels, à hauteur de 3,8 millions de francs,

ont augmenté de 6,8 % (204 000 francs). Ces charges comprennent les dépenses engagées dans le cadre des nouvelles missions pour le système Fairtrade international, pour un montant de 220 000 francs. Les provisions pour les crédits d’heures supplémentaires et de congés des collaborateurs ont diminué de 31 000 francs. Tout comme l’année passée, les charges d’administration ont pu être revues à la baisse (-10,2 %, pour un total de 601 000 francs). Pour la première fois, la réunion des sites de Bâle et de Zurich s’est répercutée sur l’ensemble de l’exercice. Par ailleurs, les frais de déménagement ne s’appliquent plus. Les charges de marketing et de communication ont enregistré une légère hausse (2 %), pour un total de 849 000 francs. Parallèlement aux activités habituelles, un événement de plusieurs jours a été organisé dans la gare centrale de Zurich en coopération avec des partenaires à l’occasion du 15e anniversaire des fleurs Fairtrade afin de sensibiliser la population au commerce équitable. Les amortissements sur les immobilisations corporelles (102 000 francs) ont chuté de 44,6 %. L’année précédente, des amortisse­ ments uniques avaient été imputés suite au changement de locaux. Le résultat financier positif reflète avant tout les gains réalisés sur des monnaies étrangères détenues provisoirement. Le résultat ordinaire s’élève à 512  000 francs, c’est-à-dire légèrement en deçà de l’exercice précédent. La Fondation Max Havelaar a placé 408 000 francs dans un fonds au capital de l’organisation pour le travail réalisé au sein du réseau international Fairtrade dans les domaines du café et du développement commercial. C’est pourquoi le résultat annuel (133 000 francs) est inférieur à celui de l’exercice précédent. Ce résultat annuel conforte la Fondation Max Havelaar dans le choix de son orientation et renforce sa certitude de pouvoir continuer à développer le commerce équitable.


BILAN Actifs CHF

COMPTE D’EXPLOITATION Annexe1 31.12.2016 31.12.2015

Annexe1 2016 2015

Actifs circulants

Produits des licences tierces

Liquidités

Produits résultant de

4.1 3 844 758

3 961 666

Créances résultant de livraisons/prestations

4.2

2 104 132

1 769 953

7 487 784

7 968 029

livraisons/prestations

7 487 784

7 968 029

Produits des dons affectés

333

333

Produit des dons 333 333

Autres créances envers des tiers

90 181

90 543

Autre produit d’exploitation

404 538

321 797

510 088

31 404

Pertes résultant de créances

(1 685)

71 943

6 549 159

5 853 566

Total produit d'exploitation 7 890 970

8 362 102

Actif de régularisation

4.3

Actifs immobilisés

Charges de personnel

(3 782 479)

(3 542 430)

Immobilisations corporelles

4.4

261 302

351 227

Charges d’administration

(601 533)

(669 500)

261 302

351 227

Coopération internationale

(2 085 630)

(2 636 041)

Charges de marketing et communication

(849 173)

(831 943)

Amortissements sur immobilisations 4.4

(102 009)

(184 180)

Passifs CHF

Autres charges d’exploitation - -

Total actifs

6 810 461

6 204 793

Annexe 31.12.2016 31.12.2015

Fonds étrangers à court terme

Charges d’exploitation (7 420 824)

Dettes résultant de

Résultat d’exploitation 470 146 498 008

livraisons/prestations

5.1

421 817

274 817

Autres

(7 864 094)

Produits financiers

51 672

187 229

(33 920)

(131 595)

dettes

5.2

230 337

155 744

Charges financières

Provisions

5.3

243 045

297 226

Passif de régularisation

5.4

350 330

428 508

Résultat financier 7 17 752 55 634

1 245 529

1 156 295

Fonds liés Fonds de dons

2 168

26 723

2 168

26 723

Retrait de fonds étrangers

24 888

-

Dépôts en fonds étrangers

(333)

(333)

24 555

(333)

Résultat des fonds liés

Résultat ordinaire 512 453 553 309

Fonds étrangers 1 247 697 1 183 018

Revenu extraordinaire

34 502 -

Capital de l'organisation

Dépenses extraordinaires

(5 965)

-

Capital de fondation versé

Résultat extraordinaire 28 537

-

6

190 002

190 002

Fonds mobilisé pour le développement de la catégorie café

327 833 -

Fonds mobilisé pour le développement de l’innovation et du business

80 000 -

Capital libre généré

4 831 772

4 278 464

Résultat annuel

133 157

553 309

5 562 764

5 021 775

Total passifs 6 810 461 6 204 793

Résultat avant variation du capital de l’organisation 540 990 553 309 Affectation aux fonds mobilisés

(407 833) -

Prélèvement sur les fonds mobilisés - Résultat des fonds/capital de l’organisation (407 833) Résultat de l’exercice 133 157

553 309

PRÉSENTATION DES COMPTES SELON LES SWISS GAAP RPC Les présents comptes annuels ont été intégralement vérifiés dans le cadre d’un contrôle ordinaire exécuté par Pricewaterhouse­ Coopers (Bâle), qui les a certifiés sans réserve. Ils fournissent une image du patrimoine, de la situation financière et des résultats conforme aux recommandations Swiss GAAP RPC et satisfont à la loi suisse, à l’acte de fondation et aux règlements.

1

Le rapport d’expertise complet, les comptes annuels, le rapport de performance ainsi que toutes les annexes peuvent être consultés sur www.maxhavelaar.ch/rapportannuel


MARCHÉ ET MATIÈRES PREMIÈRES EN 2016 Exemples de volumes de ventes

BANANES CACAO1 FLEURS CAFÉ BRUT SUCRE DE CANNE1 COTON 3 100 tonnes 6 503 tonnes 34 709 tonnes 71 488 734 unités 5 897 tonnes 113 tonnes +5.9 % par rapp. 2015 +37.9 % par rapp. 2015 -8.3 % par rapp. 2015 +12.5 % par rapp. 2015 +108 % par rapp. 2015 -59.1 % par rapp. 2015

CHIFFRE D’AFFAIRES PAR CATÉGORIE DE PRODUIT Produit

Chiffre d’affaires Changement (CHF) par rapp. 2015

Produits composés2

127 656 703

60.3 %

Bananes

109 404 755

6.8 %

Cacao/chocolat

77 079 760

46.6 %

Fleurs

69 226 958

-7.2 %

Jus de fruits

68 844 748

8.3 %

Café

60 036 650

19.7 %

Autres fruits exotiques3

28 790 388

44.4 %

Fruits prêts à consommer

20 755 375

31.3 %

Riz/quinoa

16 552 451

5.0 %

Fruits secs/noix

15 696 527

38.7 %

Ananas

7 918 586

-4.6 %

Sucre de canne

6 998 465

90.3 %

Produits en coton

4 346 684

-47.0 %

Miel

3 921 123

-6.3 %

Thé

3 449 485

4.7 %

Epices

3 412 607

-40.0 %

Or (or fin)

3 189 219

463.5 %

310 731

-19.7 %

Ballons de sport

PART DE MARCHÉ

4

Sucre de canne

89 %

Bananes

54 %

Ananas

37 %

Jus de fruits

36 %

Café

10 %

Riz/quinoa

8 %

Miel

7 %

Cacao/chocolat

6 %

Thé

5 % 0

PART DE BIO

10

20

Plantes Total

223 594

5.0 %

81 535

171.8 %

627 896 344

20.7 %

40

50

60

70

80

90

100

5

Coton

92 %

Thé

72 %

Riz/quinoa

60 %

Bananes

58 %

Café

25 %

Sucre de canne

21 %

Cacao/chocolat

17 %

Ananas

4 %

Miel

2 % 0 %

Jus de fruits 0

10

20

1

30

40

50

60

70

80

90

100

Contient également du cacao et du sucre dans les produits composés P. ex. produits laitiers comme les desserts, les glaces ou les yogourts et boissons rafraîchissantes comme les limonades 3 P. ex. mangues, avocats, fruits de la passion, oranges, limes, noix de coco, physalis, papayes 4 Part de marché estimée du commerce de détail, basée sur les quantités vendues. Source : AC Nielsen 5 La part de bio repose sur les quantités vendues 2

Vin

30

Fondation Max Havelaar (Suisse) I Limmatstrasse 107 I 8005 Zurich +41 44 278 99 00 I info@maxhavelaar.ch I www.maxhavelaar.ch


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