Mémoire : La flore spontanée en milieu urbain

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HOMME ET NATURE SAUVAGE ~ LA FLORE SPONTANÉE EN MILIEU URBAIN Mémoire de master 2016 Maxime Rouesnel Tuteur : Xavier Lagurgue ENSA Paris Val de Seine

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier tout particulièrement : - mon tuteur, Xavier Lagurgue, ainsi que Mahaut de Laage pour leurs conseils, leur soutien et les pistes qu’ils m’ont donné

- mon amie Olivia Putortí, pour sa patience, son enthousiasme et ses relectures.

- mes parents, qui m’ont transmis le goût des plantes et de la nature.

- Ainsi que tous ceux qui m’ont suivi et éclairé pendant la maturation et la rédaction de ce mémoire

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QUELLES SONT LES RELATIONS QU’ENTRETIENNENT L’HOMME ET LA NATURE SAUVAGE? EXEMPLE DE LA FLORE SPONTANÉE URBAINE.

Introduction

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I. De l’antiquité au mouvement moderne, oscillation des relations Homme-Nature

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A. Époque gréco-romaine

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B. Moyen-âge

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C. Renaissance

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D. Du Romantisme à l’art nouveau

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E. Mouvement moderne

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II. Situation actuelle

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A. Emergence des problématiques écologiques

1. Des dégats importants causés à la biosphère 2. L’Homme accède à l’age adulte

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B. Évolution des manières de concevoir les villes

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1. Apparition et développement des «espaces verts» 2. Gestion différenciée et arrêt des pesticides

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III. Flore spontanée urbaine : Habitats et habitants.

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A. Une population en tant que tel 33 1. Des êtres classifiés 33 2. Des être communs ou exceptionnels 35 3. Des locaux et des immigrés 37 4. Une cohabitation difficile? 38

B. Différents lieux de vie

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1. Trottoir 2. Mur 3. Toiture

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Conclusion

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Bibliographie

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INTRODUCTION

Note d’intention

J’ai grandi à la campagne, dans un ancien moulin au coeur de trois hectares de pâturages, que mes parent ont transformé petit à petit en un parc arboré. J’ai ainsi pu observer la nature grandir, avec son cortège de biodiversité, et venir petit à petit habiter les lieux. Au cours de mes études d’architecture, j’ai évolué dans un environnement plutôt minéral, la ville de Paris, où la plupart de mes projets d’école sont effectués. C’est dans ce contexte que je découvre, au cours de quelques voyages en Italie, l’ampleur des possibilités d’invasion de la flore spontanée. Plus qu’une végétation dessinée, ces plantes illustrent l’irruption du sauvage, de la nature, en ville, partant à l’assaut des bâtiments , souvent dans des endroits où personne n’aurait imaginé que quoi que ce soit ait pu pousser.

Délimitation du sujet

Ce mémoire a pour ambition de dépeindre le rapport de l’Homme à la Nature sauvage, en particulier au sein de son environnement le plus exclusif, la ville. Nous nous concentrerons sur la civilisation occidentale et la France, à partir d’exemples et illustrations provenant de Paris et San Gimignano en Italie. Nous utiliserons le terme de nature comme l’ensemble du réèl échappant aux modifications effectuées par l’Homme. C’est à dire tout ce qui concerne le sauvage en opposition à l’artificiel. Nous nous interesserons de manière spécifique à la végétation (plantes, lichens, mousses, champignons...) mais sans ignorer les relations qu’elle exerce avec le monde animal, minéral ainsi qu’humain.

Pourquoi la Nature ?

Dans la lente évolution de la vie sur Terre, un grand nombre de périodes climatiques se sont succédées. Depuis le XVIIIème siècle et la révolution industrielle, l’Homme participe désormais à l’évolution climatique. Cette période qui s’annonce, nommée anthropocène, prend notamment la forme d’un réchauffement de la température moyenne de la planète, du fait des émanations de gaz à effet de serre. Cet état de fait prend aussi la forme d’un autre phénomène qui nous intéresse, l’étalement urbain, qui menace des habitats naturels importants, marais, tourbières, bords de mer... contenant une biodiversité trés importante, L’insee donne le chiffre d’un département français disparaissant tous les sept ans, contre un tout les dix ans entre 1992 et 20031. La biodiversité étant beaucoup plus pauvre en ville qu’en milieu rural, l’impact est direct. Il est aussi indirect par la fragmentation des espaces naturels que cet étalement engendre. Empêchant les espèces de se déplacer, elle les fragilise génétiquement (consanguinité) et les

1. INSEE. Artificialisation des sols, disponible sur < http://www.insee.fr/fr/insee_regions/poitou-charentes/themes/dossiers/dd/dd8.pdf> (novembre 2011)

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contraint à une extinction locale quand les ressources viennent à manquer. C’est ainsi qu’un grand nombre d’espèces, animales et végétales, disparaissent chaque année. On estime que depuis l’implantation de l’homme sur Terre, depuis environ 100 000 ans, le taux d’extinction n’a cessé d’augmenter et qu’environ la moitié des espèces présentes aujourd’hui sur Terre auraient disparues d’ici 2100. Cela représente la plus grande extinction depuis celle marquant la fin du Crétacé, il y a 65 millions d’années, qui a signé notamment la fin du règne des dinosaures1. Il convient donc de favoriser à tous les niveaux la biodiversité et, pour cela, d’identifier les habitats et comportements des espèces animales et végétales, d’analyser leurs besoins, afin de leur permettre de vivre et se reproduire, tout en leur permettant de circuler facilement.

Pourquoi la ville ?

Pourquoi la végétation spontanée?

Comme le déclarent Philippe Clergeau et Nathalie Machon : « La ville est l’établissement humain par excellence. C’est là où la grande majorité des Hommes vit et vivra. La taille des villes s’accroît et leur impact sur les autres systèmes (naturels, agricoles, marins...) est considérable.»2 De plus, environ un français sur deux semble vouloir vivre plus près de la nature3. Il faut donc, pour maintenir une certaine densité, et limiter justement l’étalement urbain, ainsi que pour garantir une qualité de vie agréable aux habitants, favoriser le plus possible la présence de la nature en ville. La ville, est aussi le lieu de l’architecture par excellence. Ce qui nous intéresse avant tout dans ce mémoire.

La végétation spontanée, contrairement à la végétation des parcs et jardins, pensée et entretenue par l’homme, ne nécessite aucun soin particulier. Venant d’elle-mème, elle prouve qu’il peut exister une cohabitation entre hommes et Nature. Elle est l’objet de nombreuses contradictions, combattue à certaines époques, encouragée aujourd’hui, symbole de la vanité des constructions humaines, sur lesquelles l’herbe finit toujours par pousser, symbolisant l’irruption du désordre et du sauvage dans l’espace artificiel ordonné, elle apporte aussi la preuve que, malgré les dommages que lui infligent l’Homme, la Nature parvient toujours à subsister et à tendre à nouveau vers un équilibre.

1. WIKIPEDIA. Extinction des espèces, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_des_ esp%C3%A8ces> (2016) 2. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 7 3. Selon une étude de l’institut Nielsen, Styles de vie des français du 8 janvier 2016, 44% des français souhaiteraient vivre en milieu rural. Disponible sur < http://www.nielsen.com/fr/fr/insights/ news/2016/style-de-vie-des-francais---le-bonheur-est-dans-le-pre--en-compa.html>

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I. DE L’ANTIQUITÉ À LA RENAISSANCE, OSCILLATION DES RELATIONS HOMME-NATURE Historiquement, la ville a été construite contre la Nature, elle était faite pour se protéger des barbares et des animaux sauvages1. Il y avait donc très peu de végétation, d’espaces verts, on relève seulement quelques jardins potagers privatifs, souvent possédés par des ecclésiastiques ou apothicaires, et quelques arbres, peu nombreux mais majestueux, dans les lieux publics2 Comme le déclare François Couplan dans Plantes urbaines : « Depuis les débuts de l’agriculture au néolithique, l’Homme doit, pour cultiver sa nourriture, couper les forêts, défricher le sol et constamment arracher les plantes que la nature fait pousser spontanément là où il voudrait que vienne uniquement ce qu’il a semé. Depuis quelque 500 générations, il a donc pris l’habitude de se confronter à la nature que la technologie moderne lui a permis de subjuguer (presque) totalement »3 Néanmoins, cette approche de départ, qui était la mienne, mettant l’Homme dans une position de méfiance historique envers la Nature sauvage et qui évolue aujourd’hui est fortement à nuancer. Il semble plutôt s’alterner des époques d’affirmation de l’Homme et de confusion Homme-Nature. Cette frise historique en dent de scie commence à l’Antiquité et se termine avec le mouvement moderne. -9-


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A. ÉPOQUE GRÉCO-ROMAINE Les civilisations grecques et romaines pouvaient poser un regard relativement tranché sur l’environnement. Les romains distinguaient notamment l’ager (le champ cultivé) du saltus (les « incultes » : marais, bois, landes)4. Ils possédaient un pouvoir politique fort, de grandes infrastructures et des volontés de perennité qui leur faisaient organiser un nettoyage minutieux de leurs bâtiments. Ainsi, Alberti nous déclare, très inspiré par l’Antiquité : «J’approuve grandement les anciens qui constituaient, au frais de l’État, des équipes d’ouvriers, pour s’occuper des ouvrages publics et les entretenir. Agrippa en laissa à cette fin deux cent cinquante, et l’empereur Claude quatre cent soixante. Les anciens réservaient tout autour des aqueducs jusqu’à cinquante pieds de terrain destinés à rester vides, afin que les voûtes et les piles des ouvrages ne soient pas minées par les racines des arbres susceptibles d’y pousser.»5 Il déclarera aussi que «le figuier sauvage est [...]un bélier silencieux pour le mur.»5 Il insiste plus après : «On ne me croirait pas si je disais quels énormes blocs j’ai pu voir ébranlés et détruits par la force et le levier que constitue une petite racine née dans une fissure.»5 La méfiance est donc de mise pour les bâtiments pour lesquels «il n’est rien de plus nuisible [...] que la négligence et l’incurie des hommes»5

Figuier - Ficus carica Cette plante robuste s’insère dans les joints des murs, elle pousse exclusivement dans les milieux méditerranéen et notamment les murs des villes italiennes, comme sur la photo ci contre, prise à San Gimignano en Toscane. Elle a besoin d’être exposée en plein soleil, à l’abri des vents froids et affectionne les sols plutôt riches, sableux et secs6. Sa pollinisation est effectuée par un petit insecte, le blastophage, qui visite tour à tour les figues mâles et femelles.6 photo prise le 14 juillet 2015 à San Gimignano - mur en brique/moellon - interstice - plante ligneuse

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 9 2. MUSY Marjorie. Une ville verte, les rôles du végétal en ville, ed. Quae, 2014, p. 16 3. COUPLAN François. Plantes urbaines, Sang de la Terre, 2010, 250 p. 4. SCHROEDER Nicolas. “Nature” et Moyen-âge, Etopia, disponible sur < http://www.etopia.be/ IMG/pdf/r7_schroeder_web.pdf> (2016) 5. ALBERTI Leon Battista. De Re Aedificatoria. traduit du latin, presenté et annoté par CAYE Pierre et CHOAY Françoise, L’art d’édifier, Seuil, 1485. p. 521 6. MACHON Nathalie, MOTARD Éric, Sauvages de ma rue : guide des plantes sauvages des villes de France, Seuil, 2012. p.50

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B. MOYEN-ÂGE Au Moyen-âge, la situation est différente. Cette période est ainsi souvent présentée comme une période obscurantiste, où l’homme cherche à se prémunir contre la forêt sauvage et à élever des villes fortesses, avec des clochers s’élevant plus haut que le plus haut des arbres avoisinants. En réalité l’historien Fabrice Guizard-Duchamp a insisté récemment sur le fait que le Moyen Âge n’a pas conceptualisé le sauvage comme catégorie directement opposée au domestique1. La fin de l’Empire Romain se caractérise notamment par l’arrêt de fonctionnement des infrastructures d’adduction d’eau et par un grand exode urbain au profit de la campagne. Cet état de fait engendre un rapprochement conséquent des populations avec la Nature, et qui vont, pour subsister utiliser plus les espaces sauvages2. Dés lors, l’image de villes médiévales totalement étanches à la végétation spontanée devient moins évidente. On découvre notamment qu’un certain nombre d’espèces, commensales de l’hommes et se développant naturellement sur les murs des villes, telles la pariétaire de judée, sont utilisées de longue date pour leurs vertus3. Ces plantes s’installant tout près de l’homme ne devaient sans doute pas faire l’objet d’une extermination systématique, pour des populations pauvres qui pouvaient les exploiter à leurs fins.

Câprier Capparis Spinosa

Le câprier donne des câpres, qui sont très appréciées dans la cuisine méditerranéenne. Cela tombe bien car les câpriers affectionnent particulièrement les vieux murs ensoleillés des villes du sud. Elle permettent d’apporter un complément gratuit et non négligeable aux plats du quotidien4. photo prise le 14 juillet 2015 à San Gimignano - mur en brique - interstices. 2m50

Pariétaire de judée Parietaria judaica La pariétaire de judée était utilisée pour récurer les casseroles du fait de son aspect rèche et qu’elle contient de la saponine. photo prise le 14 juillet 2015 à San Gimignano - mur en brique - interstices. 2m50

1. GUIZARD-DUCHAMP Fabrice. Les terres du sauvage dans le monde franc (IVe-IXe siècle), Rennes, 2009, pp. 13-21. 2. FUMAGALLI Vito. Paysages de la peur. L’homme et la nature au Moyen Âge, Jean-Pierre Devroey (éd.), Paul-Louis van Berg (trad.), Bruxelles, 2009. 3. MACHON Nathalie, MOTARD Éric, Sauvages de ma rue : guide des plantes sauvages des villes de France, Seuil, 2012. p. 132 4. WIKIPEDIA, Câprier, référence du 4 février 2015 disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/ C%C3%A2prier > (2016)

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C. RENAISSANCE La Renaissance, comme nous l’avons démontré plus avant avec Leon Battista Alberti, se caractérise par une redécouverte de la littérature, de la philosophie et des sciences de l’antiquité. Cette période historique s’étend depuis les XIIIème et XIVème siècles dans quelques villes de l’actuelle Italie dont la plus importante est Florence, avant de se propager dans toute l’Europe aux XVème et XVIème siècles1. Si cette redécouverte est à nuancer, car la plupart des manuscrits étaient bien connus des moines au cours du Moyen-âge, c’est surtout la fin de la confiscation de ces savoirs païens par l’Eglise, et son analyse scientifique qui permettent cette «révolution» Cette époque voit l’émergence d’un courant de pensée, l’humanisme, qui proclame l’Homme comme étant au centre du monde, et non plus Dieu. On assiste donc à la définition d’une Nature en tant que tel, distincte de l’Homme qui est un être de culture. On assiste donc à l’essor de la subjectivité humaine, traduit dans les arts et la technique par l’invention de la perspective par Filippo Brunelleschi au XVème siècle. Les représentations dans l’art de cette période vont montrer des décors ordonnés, souvent symétriques, et une nature calme pour symboliser un univers à l’echelle de l’Homme, créé par Dieu pour son bien-être.

DI GIORGIO MARTINI, Francesco. La cité idéale, Urbino, 1470

BOTTICELLI Sandro, Vierge avec Saints, 1485

DELLA FRANCESCA Piero, Duc D’Urbino, Florence, 1465

1. WIKIPEDIA, Renaissance, référence du 4 février 2016, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/ wiki/Renaissance >

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D. DU ROMANTISME À L’ART NOUVEAU A partir de la fin du XVIIIème siècle, l’humanisme de la Renaissance laisse place à une volonté plus forte de pittoresque. Cette nouvelle image regarde moins les principes de symétrie et de proportions parfaites en se concentrant plutôt sur «l’irrégularité accidentelle» puis vers un concept d’individualisme et de rusticité1. Ainsi plutôt qu’une architecture idéale, de papier, ou rien ne semble dépasser. Les sujets pittoresques sont plutôt de vieux bâtiments, ayant subi des modifications, dont les murs ont bougé avec le temps, et où parfois la végétation a poussé. Du lierre, des plantes rupicoles, des plantes pionnières de friches, tout ce cortège d’envahisseuses vient prendre place sur les tableaux des peintres romantiques. Ce mouvement culturel, né à la fin du XVIIIème siècle et se propageant en Europe jusque vers 1850, est justement «une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme et le passé. Idéal ou cauchemar d’une sensibilité passionnée et mélancolique»1. Cette volonté de contredire les vanités et l’humanisme de la Renaissance, ainsi que des prémices de la révolution industrielle, se traduira en peinture par la recherche de la beauté sublime, c’est à dire d’une dimension du beau déclenchant un étonnement, inspiré par la crainte ou le respect2. Les paysages sublimes dépeindront des paysages de tempêtes, de ruines envahies par la végétation, de catastrophes naturelles, ainsi que d’autres phénomènes qui montrent une supériorité de la Nature sur l’Homme. Nous sommes bien loin des tableaux de la Renaissance, peignant des paysages urbains et pastoraux idéaux et ordonnés. La Nature n’est plus confondue avec l’Homme comme au Moyenâge, mais n’est pas non plus assujetie à ce dernier comme à la Renaissance. Elle semble vouloir le concurrencer, ou le remettre à sa place. L’envahissement par la végétation va souvent de pair avec l’idée de ruine, ou d’exode. Ainsi, Thomas COLE, A view near Tivoli (morning), Metropolitan muun observateur remarque, juste seum of art, New York, 1832, 37.5 x 58.7cm après la Révolution Française, que faute de fréquentation, certains quartiers se sont couverts de végétaux : « En l’an II ou l’an 1. TAYLOR Nicholas. The Victorian City: Images and Realities. London and Boston: Routledge & Kegan Paul.1973. pp. 432–433. «During the mid 18th century the idea of purely scenic pleasure touring began to take hold among the English leisured class. This new image disregarded the principles of symmetry and perfect proportions while focusing more on «accidental irregularity,» and moving more towards a concept of individualism and rusticity.» 2. WIKIPEDIA. Romantisme, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/Romantisme#Th. C3.A9matiques> (2016) 3. WIKIPEDIA. Sublime, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/Sublime>

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III de la République, les plus beaux quartiers de Paris étaient déserts, l’herbe poussait dans les rues comme sur pré»1. Pierre-Henri de Valenciennes (1750-1819) est un peintre de paysages romantiques et auteur de jardins. Il est contemporain d’une époque où le débat fait rage entre les défenseurs d’un jardin à la française, extrèmement ordonné et d’un jardin anglo-chinois, faisant appel à des formes plus naturelles, bien que tout à fait artificielles. Ces jardins sont ponctués de fabriques, folies architecturales sans autre fonction que leur beauté, faisant référence à l’Antique, à l’Orient, à la mythologie... Ce peintre va prendre, quant à lui, une direction toute différente, il déclare notamment que seuls le temps et l’abandon pourraient donner du vrai aux jardins1. De mème, la dégradation des monuments, des rochers, des grottes et des rivières, embellie par la végétation dans toute sa liberté naturelle, produirait un effet plus pittoresque et plus vrai1. «Ferons-nous encore faire des jardins à l’anglaise, après avoir vu les jardins d’Italie ? Ferons-nous encore des montagnes où la nature voulait des plaines ; des ruisseaux où l’eau croupit, des rochers de pierres blanches, où le sol ne montre que des pierres grisâtres ; des ruines de tous les pays dans quelques arpents de terre?»1. «Les jardins italiens inspirent donc un sentiment religieux et mélancolique, on interroge l’histoire, et l’histoire répond que tel monument existait à l’endroit où il se trouve [...] Cette idée de destruction, si bien sentie en Italie, parce qu’elle est réelle, ne fait aucun effet dans les autres pays où les ruines toutes neuves ont été bâties par de modernes architectes» On a donc ici deux concepts qui se dégagent, celui d’histoire et celui de localité, afin de produire un sentiment tout à fait mélancolique et de la vérité.

DE VALENCIENNES Pierre-Henri, L’ancienne ville d’Agrigente, Louvre, Paris, 1787, 110x164cm

1. PELLEGRINI Patricia, “Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ?” Développement durable & territoires (revue en ligne) , juillet 2012 (réf. du 2 décembre 2015) disponible sur : <https://developpementdurable.revues.org/9329> 1. GALLO Luigi. Soyons plutôt romains ! In : DE BOURGOING Catherine, Jardin Romantiques Français : Du jardin des Lumières au parc romantique 1770-1840, Paris musées : Musée de la vie Romantique, 2011, pp. 89-91.

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Tandis que la révolution industrielle se poursuit, en Angleterre se développe le mouvement Arts and Crafts dans les années 1860, qui donnera naissance, plus tard, à l’Art Nouveau. Ce mouvement fait écho aux préoccupations des artistes-artisans d’alors face au progrès. Il se ressent un besoin d’individualisme, de travail manuel, en opposition aux objets fabriqués de manière industrielle, standardisés et de mauvaise qualité1. Deux personnages sont à l’origine de ce mouvement : John Ruskin (1819-1900) est un poète et un écrivain, passionné par les époques médiévales et gothiques, qui voyage à travers toute l’Europe à la découverte des monuments anciens qu’il dessine. Pour lui, l’idéal artistique naît de la réunion des compétences et non de leur concurrence.

William Morris (1834-1896) est un fabricant de meubles et d’objets d’art qu’il dessine, éditeur, imprimeur et créateur de caractères, mais également chef d’entreprise. Se voulant un fervent défenseur de la classe ouvrière, il contribue à populariser John Ruskin.

Cette volonté de retour à l’individualisation n’est pas sans rappeler la volonté pittoresque des peintres romantiques. La référence au Moyen-âge est forte, époque où comme le déclare Morris «le plus grand artiste restait un artisan ; l’artisan le plus humble était aussi un artiste»2. Ce mouvement artistique produit beaucoup dans le domaine des arts décoratifs (meubles, tapisseries, broderies...) et se caractérise par un fort recours aux motifs floraux. Cette approche ornementale, faisant la part belle à la végétation et à son caractère luxuriant, sera battue en brèche par les mouvements artistiques d’avant-garde du début du XXème siècle et notamment par Adolf Loos, dans son ouvrage Ornement et Crime. Illustrée par la devise «Less is more», cette pensée combattra toute forme d’ornementation et promouvra un minimalisme géométrique.

1. WIKIPEDIA, Arts and Crafts, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_%26_Crafts> référence du 5 février 2016 2. TELERAMA. William Morris, qui fit éclore la beauté dans l’Angleterre victorienne. par Xavier de Jarcy, publié le 03/11/2011, disponible sur < http://www.telerama.fr/scenes/william-morris-qui-fit-eclore-labeaute-dans-l-angleterre-victorienne,74662.php>

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E. MOUVEMENT MODERNE

Le mouvement moderne peut sembler au premier abord très favorable au concept de nature. Ainsi les projets de ville moderne nous dépeignent un environnement très aéré, avec beaucoup d’espace entre les bâtiments où vient se développer une végétation luxuriante. Le Corbusier, dans son ouvrage Urbanisme, nous explique par exemple que sa ville contemporaine est composée de gratte-ciels et hauts bâtiments très espacés ou viennent s’étendre à leurs pieds d’immenses parcs recouverts de jardins, restaurants, cafés...1 De manière générale, cette volonté de sortir de la «rue-corridor» desservant nos villes historiques pour arriver à un urbanisme moderne, typique des grands-ensembles, a pour objectif de décongestionner et faire respirer la ville. Néanmoins, cette Nature là a une vocation esthétique et respiratoire et donc n’a de sens que par sa qualité de service à l’Homme. L’auteur parle d’ailleurs de «zone asservie» pour désigner la ceinture verte de futaies et de prairies qui viendrait entourer la ville contemporaine. En réalité, comme en témoigne la Villa Savoye, ou la Cité Radieuse, réalisés par Le Corbusier, cette place laissée à la Nature est un prétexte pour s’en éloigner. L’idée sousjacente est de se suréléver de l’humidité et des irrégularités du sol afin de s’élever vers le soleil et l’air pur. «La ville actuelle se meurt d’être non-géométrique. Bâtir à l’air libre c’est remplacer le terrain biscornu, insensé, qui est le seul existant aujourd’hui, par un terrain régulier. Hors de cela pas de salut»2 En pratique d’ailleurs, dans les grands ensembles, tous ces espaces, dont personne ne prend en charge l’entretien, sont devenus de vastes zones bitumées, parking ou voirie. De plus, le mouvement moderne utilise en grande partie des matériaux très lisses, comme le béton ou le verre, ce qui ne permet pas l’installation d’une végétation spontanée sur le corps mème du bâtiment.

LE CORBUSIER. Villa Savoye, Poissy, 1931

1. LE CORBUSIER, Urbanisme, éditions Vincent, Fréal et compagnie, 1966, p.163 2. Ibid p. 166 3. GUILLOT Gérard. Guide des plantes des villes et des villages, ed. Belin, 2012, p. 112

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II. SITUATION ACTUELLE Illustration : Maison à Port-Blanc (22) mur pignon, et toit de lauses épaisses. Source : Fons de Kort, Tiez-Breiz, maisons et paysages de Bretagne, disponible sur < http://www.tiez-breiz.org/lesmurs.php>

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A. ÉMERGENCE DES PROBLÉMATIQUES ÉCOLOGIQUES 1. Des dégats importants causés à la biosphère Depuis la révolution industrielle, l’activité de l’Homme n’a cessé d’augmenter. les capacités techniques se sont développées de façon importante et sa population, profitant de ces conditions de vie accrues, augmente considérablement. Cet état de fait a permis d’asseoir la domination humaine sur la planète. Cette domination s’accompagne d’une série de problèmes qui se présentent désormais comme des défis que l’Homme devra relever au cours du XXIème siècle. Le premier problème est bien évidemment celui des émissions de gaz à effet de serre. L’Homme a besoin d’énergie pour produire, se déplacer, se chauffer et se rafraîchir. La demande d’énergie primaire mondiale était satisfaite en 2010 à plus de 80 % par les énergies fossiles. Le pétrole est la première source d’énergie, assurant 33 % des besoins mondiaux, suivi par le charbon (27 %) et le gaz (21 %). Les énergies renouvelables satisfont quant à elles 13 % de la demande, dont 10 % pour l’hydraulique. La part du nucléaire dans la consommation d’énergie primaire s’établit à 6 %.1 De plus, la consommation énergétique devrait continuer à augmenter ces prochaines décennies, tirées par le développement économique des pays en voie de développement (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud...). Le principal souci de l’utilisation d’énergies fossiles est que l’on brûle des combustibles enterrés depuis des millions d’années, augmentant par conséquent le taux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Ce gaz, ainsi que par exemple le méthane, provoque une augmentation de l’effet de serre, ce qui engendre une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère. Ainsi, entre 1880 et 2012, la température moyenne a augmenté de 0,85°C et si rien n’est fait, elle pourrait atteindre 4,8°C en 21002. Cette augmentation de température déclenche une montée du niveau des mers et déplace les habitats des végétaux et animaux vers le nord. Ces changements étant brusques, il est fort probable que beaucoup d’espèces ne parviennent pas à se déplacer suffisamment rapidement. Comme l’explique Grégory Beaugrand, à propos de la biodiversité marine, l’évolution des espèces va être trop rapide pour que celles-ci puissent s’adapter. « L’adaptation n’est pas possible à l’échelle interdécennale : ce qui s’est produit en centaines ou en dizaines de milliers d’années ne se fera pas en un siècle ou deux »3

1. PERCEBOIS Jacques (président de commission) . Rapport Energies - 2050. Ministère de l’Industrie, de l’Énergie et de l’Économie numérique, février 2012 2. Selon le cinquième rapport du Groupe International d’Experts pour le Climat (GIEC) publié le 2 novembre 2012. 3. BEAUGRAND Grégory, du laboratoire d’océanologie et de géosciences du CNRS, in Le réchauffement climatique va bouleverser la biodiversité marine, Le Monde du 1er juin 2015. disponible sur <http:// www.lemonde.fr/biodiversite/article/2015/06/01/le-rechauffement-climatique-va-bouleverser-la-biodiversite-marine_4645108_1652692.html#6UGcayQHO3VZu7hL.99>

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Le deuxième problème qui se pose est celui de l’étalement urbain. Comme il a été dit en introduction, l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) donne le chiffre d’un département français disparaissant tous les sept ans, contre un tout les dix ans entre 1992 et 20031. 9% du territoire est ainsi artificialisé, soit 51 000 km2. Le reste du territoire français se partage entre terres agricoles (51%) et espaces naturels (40%)2. Les surfaces artificialisées comprennent les surfaces bâties mais aussi recouvertes d’enrobés (bétons, bitumes, asphaltes). La plupart des grandes villes se sont développées anciennement car elles pouvaient disposer à proximité de sols fertiles pour nourrir leurs populations comme c’est le cas pour Paris et le bassin parisien, comprenant la Beauce, la Champagne, la Picardie. Ainsi, l’étalement urbain menace des terrains agricoles très fertiles, parfois des espaces naturels, comme avec l’urbanisation sur la côte méditerranéenne. L’étalement urbain menace donc la biodiversité et l’autonomie alimentaire. Il accentue aussi les crues, l’eau ne pouvant plus s’infiltrer. Abordons désormais la question de l’agriculture intensive. L’agrandissement des parcelles agricoles et la monoculture réduit de fait la biodiversité. Au milieu d’un champ d’agriculture intensive, il y a souvent 3 à 4 espèces maximum, ce qui est équivalent à une zone dense de métropole3. Cette grande concentration de peu d’espèces différentes, ce déséquilibre, est maintenu par l’utilisation de grandes quantités de produits phytosanitaires. Ces produits menacent la faune et la flore du sol ainsi que celle des environs (menace sur les abeilles par exemple). Enfin, ils infiltrent le sol et viennent polluer les nappes phréatiques. A cela s’ajoutent des pollutions diverses et variées, locales ou généralisées, métaux lourds (plomb, mercure, aluminium...) qui ne sont pas dégradés par l’environnement et s’accumulent petit à petit, nitrates et phosphates, avec l’utilisation d’engrais pour l’agriculture, Aérosols, pertubateurs endocriniens comme les bisphénols contenus dans le plastique, pesticides etc.

1. INSEE. Artificialisation des sols, disponible sur < http://www.insee.fr/fr/insee_regions/poitou-charentes/themes/dossiers/dd/dd8.pdf> (novembre 2011) 2. TERUTI, LUCAS. Utilisation du territoire. ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, mars 2015, disponible sur < http://agreste.agriculture.gouv.fr/enquetes/territoire-prix-des-terres/> 3. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 70

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Pripyat, ville nouvelle envahie par la nature après son évacuation en 1986 suite à la catastrophe de Tchernobyl.

Immeubles abandonnés et envahis par la végétation à Hong Kong

GOLDENMOUSTACHE, Lorsque la nature reprend ses droits, 19 mars 2015 (réf. du 24 décembre 2015) disponible sur : <http://www.goldenmoustache.com/lorsque-la-nature-reprend-ses-droits-81927/>

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2. L’Homme accède à l’age adulte

Cet ensemble de problématiques, dues uniquement à l’activité humaine, font prendre conscience à l’être humain qu’il doit prendre une nouvelle place dans le monde. On peut tenter de faire une analogie à ce qui serait l’âge adulte, si l’on comparait l’ère pré-industrielle à l’enfance et l’ère industrielle jusqu’à aujourd’hui à l’adolescence. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités et on ne peut plus se comporter comme on l’a toujours fait, uniquement en pensant à nos besoins sans en évaluer les conséquences à court ou long terme. Cette nouvelle place dans l’Univers tranche avec l’idée de l’Humanisme de la Renaissance. L’Homme est désormais au sein d’un écosystème complexe avec lequel il doit composer.La place de l’Homme est importante, puisqu’il peut influer consciemment sur son environnement, mais cela ne l’exempt pas de devoir le connaitre et le respecter. Si la notion d’écologie en tant que science date du XIXème siècle, avec des scientifiques comme Alexander von Humboldt, Charles Darwin, Henry David Thoreau ou Henry Chandler Cowles, il faut attendre les années 1970-1980 et la démonstration criante du mal fait pour voir croître un regard écologique, des propositions politiques et finalement une nouvelle manière d’appréhender le monde. En 1972, les Nations unies ont tenu la première conférence internationale sur l’environnement humain à Stockholm, préparée par René Dubos et d’autres experts. Cette conférence fut à l’origine de la phrase « penser globalement, agir localement ». Aussi, si les constructeurs et utilisateurs ne laissent pas pour autant la nature envahir les constructions humaines, un regard plus poétique s’impose, notamment sur internet où de nombreux sites emblématiques de la culture geek, tels minutebuzz, goldenmoustache ou novaplanet, recensent des photos de lieux abandonnés par l’homme où «la nature y reprend ses droits». Dans les deux photos ci-contre, on voit de la végétation repousser dans des lieux qui semblaient très stérilisés par l’homme, comme Tchernobyl en Ukraine, dont la région a été gravement empoisonné par les fuites du réacteur radioactif en 1986. Une zone interdite a été créée dans un rayon de 30km autour de Pripyat, ville nouvelle édifiée pour héberger les employés de la centrale. Libérée de l’intervention humaine, la Nature a su s’adapter à ce nouvel environnement radioactif et recréer une forêt, ainsi que des populations de loups, chiens et chats sauvages, bref tout une chaîne alimentaire complexe et viable... mais irradiée1. Aussi, mais d’une manière moins tragique, le paysage urbain d’Hong Kong, l’une des villes les plus denses au monde, est très artificialisé. La reconquète par les plantes de cet immeuble abandonné, comme de la zone interdite de Tchernobyl, nous rassure sans doute, en tant qu’humain, sur la capacité de la Nature à se regénérer malgré nos abus au cours de ce siècle.

1. RIOLON Luc. Tchernobyl, une histoire naturelle ? France, 2010, 1h30

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Nausicäa cultivant des plantes de la Fukaï, la forêt toxique qui a envahi le monde suite à un conflit mondial qui a détruit la civilisation. Elle tente de convaincre les habitants de son village, qui vivent en se protégeant de la forêt, qu’elle n’est pas toxique par essence mais qu’au contraire, elle retraite la pollution issue de l’ancien conflit. L’ambivalence de la relation Nature-Homme est un thème de prédilection de Miyazaki. source : MIYAZAKI Hayao, Nausicäa de la vallée du vent, Japon, 1984, 1h56

L’humanité est quasiment anéantie par un virus, tandis qu’une société de singes devenue intelligente se développe dans les collines près de San Francisco. Quelques survivants réfugiés dans la ville désormais envahie par la végétation tentent de recréer une civilisation quand une confrontation avec la société des singes advient. On assiste ici au face à face de Malcolm, ambassadeur des Hommes et de César, chef des singes. Civilisation et sauvagerie vont s’affronter, mais de quel côté se situent-elles? source : REEVES Matt. Dawn of the Planet of the Apes. USA, 2014, 2h11

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Un autre aspect de cet engouement pour la Nature toute puissante est le succès des créations dites «post-apocalyptiques». Ce genre littéraire et cinématographique issu de la science-fiction dépeint le monde dans le futur, peuplé par quelques humains «chanceux» qui ont survécu à un cataclysme (astéroïde, guerre nucléaire, pollution généralisée, montée des eaux, épidémie...) ayant entrainé la fin de la civilisation. Ce mouvement culturel traduit tout d’abord les craintes de la société dans lequel il s’enracine. Ainsi les causes desdits cataclysmes sont nombreuses, elles peuvent être d’origine militaire (notamment pendant la Guerre Froide, où la peur d’un conflit nucléaire généralisé est à son paroxysme), écologique (crise énergétique mondiale, pollution généralisée, dérèglement climatique...), bactériologique (pandémie), extraterrestre (invasion d’aliens violents, chute de météorite) ou géologique (raz-de-marée, éruptions volcaniques). En mème temps qu’elle représente les craintes des Hommes, elle montre aussi la fragilité de notre civilisation ainsi que sa dépendance à la biosphère. Les films et mangas de Hayao Miyazaki, expriment bien cet équilibre de forces, entre le sauvage et l’artificiel, auquel on devrait tendre pour vivre en paix.

Conan est l’un des derniers survivant de l’Humanité qui a péri à la suite d’un conflit mondial. Dans son épopée, sous forme de série, il va rencontrer les gens d’Industria, et leur comité directeur de scientifiques qui tente de faire renaître la grandeur passée, et les habitants d’Edenia qui vivent en harmonie avec la nature dans une société paysanne. Cette oeuvre est emblématique des années 1970, où l’on imaginait un futur entièrement machinisé, où mème la production alimentaire serait déconnectée du sol. source : MIYAZAKI Hayao, Conan le fils du futur. Japon, 1978, 26 x 25’

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Jardin du Luxembourg à Paris, composition typiquement à la française source : Traktominze, WIKICOMMONS, 2011

Parc du Thabor à Rennes, conçu par les frères Bühler en 1868 source : TRIPADVISOR, 2011

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B. ÉVOLUTION DES MANIÈRES DE CONCEVOIR LES VILLES «Dans les villes les humains aménageaint l’espace pour leur seul intérêt, ce qui avait pour avantage de les protéger contre une faune sauvage parfois dangereuse mais aussi pour inconvénient d’encourager la propagation des épidémies et de poser de graves problèmes d’hygiène et de santé publique. En fait, la dynamique de la ville s’est mise à favoriser la végétalisation seulement depuis la fin du XIXème siècle, notamment avec l’apparition des grands parcs publics et du courant de pensée hygiéniste.»1

1./ Apparition et développement des «espaces verts» L’histoire des jardins publics français ne commence que vers les années 1850. Auparavant, les villes ne comptent que quelques mails plantés et quelques places arborées. Avec l’essor de la révolution industrielle au début du XIXème siècle, la population des villes s’accroit énormément et à ceci s’ajoutent des pollutions aériennes toujours plus importantes, du fait des industries fonctionnant au charbon et situées aux abords immédiats des villes. A cette époque en effet, l’absence de voiture individuelle contraint le peuplement humain à une grande densité. Cet «entassement» et des conditions de logements insalubres (pas d’eau courante, réseau d’égout embryonnaire, rues étroites...) créé les condtions de développement d’épidémies mortifères (choléra, tuberculose...) C’est ainsi qu’émerge l’idée, relayée par les hygiénistes, que l’on doit aérer la ville, faire des rues plus larges, des logements plus ventilés, et des squares et parcs pouvant endosser le rôle de «poumon» de la ville. On installe donc une végétation ordonnée en square, parcs, arbres d’alignement. A l’ordre de la ville et des hommes doit répondre un ordre végétal1. Les frères Bühler, paysagistes de renom, dessinent alors les premiers grands parcs publics (Thabor à Rennes, Tête d’Or à Lyon, Borély à Marseille etc.). Ces parcs demandent une gestion précise et coûteuse pour constituer un cadre agréable aux promenades de la bourgeoisie, ils comportent en effet des plantes exotiques, des statues et de nombreuses essences fleurs. Plus tard, les parcs deviendront plus accueillants pour la population et auront un usage plus récréatif (aire de jeux pour enfants, boulodromes..) tandis que de nouveaux squares accompagnent l’étalement urbain et servent de coeur à la requalification de quartiers insalubres.3 Enfin, de nos jours de plus en plus de parcs intègrent une dimension écologique par la présence de zones plus naturelles (bois, lacs, milieux humides...). Ces espaces sont conçus pour pouvoir servir de refuge à des espèces animales et végétales sauvages, en provenance de la campagne proche.

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 142 3. Ibid p.143 2. MENOZZI M.J, MARCO A., LÉONARD S., Acceptation de la flore spontanée en ville, Plante et cité, 2011. 20 p.

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Corridor écologique Source : CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 142

Gestion différenciée avec prairie de fauche au parc François Mitterand à Cergy Pontoise. Plutôt que de tondre tous les espaces en pelouse, ce qui engendre une biodiversité très pauvre, certains espaces, qui ont un usage moins pregnant, sont fauchés une fois par an, en octobre (fauche tardive) ou en juin (fauche précoce), le mieux étant d’alterner les deux dans le temps et l’espace. Cela favorise une grande biodiversité de graminées, astéracées, fabacées... qui multiplie la masse et les types de pollinisateurs et enrichit donc tout l’écosystème. source : Nature en ville à Cergy-Pontoise, disponible sur < https://natureenvilleacergypontoise.wordpress. com/tag/prairie/ >, 2016

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2. Gestion différenciée et arrêt des pesticides Dans les années 1960, avec l’expansion de l’industrie chimique, les municipalités généralisent l’utilisation des pesticides et intrants chimiques, développés par l’industrie agricole. Dans les années 1990, une nouvelle manière de concevoir l’entretien des espaces verts est imaginée : la gestion différenciée. Cette nouvelle approche de gestion des espaces verts en milieu urbain a pour objectif de ne pas appliquer à tous les espaces la mème nature ni la mème intensité de soin. Ceci afin de favoriser la biodiversité, de limiter l’usage des pesticides et de réduire les couts d’entretien et la consommation d’energie fossile résultante. De nombreuses municipalités se sont donc lancées dans des démarches «zéro pesticides», sous la pression des habitants, sensibilisés aux effets néfastes de ces derniers, qui voyaient d’un mauvais oeil un épandage juste à côté de leur lieu de vie. Ce choix de stopper l’utilisation de pesticide qui est laissé pour le moment à la décision de la municipalité sera d’ailleurs bientôt obligatoire (2020). La présence de quelques «mauvaises herbes» n’est finalement pas si grave au regard de ce que l’on y perd en les combattant. Cet arrêt à provoqué un bond de la biodiversité urbaine. Les nouvelles pratiques de jardinage ont favorisé l’apparition de plantes spontanées et d’insectes et logiquement, d’autres espèces, consommateurs et prédateurs (comme les oiseaux)1. Une autre stratégie intervient aussi, avec le Grenelle de l’Environnement de 2007, qui a permis une prise en compte non plus seulement de la qualité des sites mais aussi de leur disposition et des connections qui pourraient exister entre eux, au sein des territoires. On utilise désormais le terme de «trames vertes» et «trames bleues» que doivent prendre en compte toutes les échelles de collectivités territoriales. Les schéma de cohérence territoriale (SCOT) et plans locaux d’urbanisme (PLU), qui sont les documents de référence en terme de planification urbanistique, intègrent ces trames. On considère donc désormais qu’il y a des «noyaux primaires d’habitat» qui peuvent être un parc, un bois, une prairie... et que ces noyaux sont reliés ou non par des corridors, qui permettent aux espèces de circuler. La trame bleue est pratiquement équivalente à la trame verte à ceci près qu’elle suit les cours d’eau. La fracture étant déjà effective dans les villes avec les rivières et fleuves, il est alors plus aisé de planifier un élargissement du corridor, d’autant plus qu’elle peut en ce cas concerner aussi des espèces aquatiques. Ces corridors écologiques répondent de plus à une volonté des citadins de végétation de proximité. Les corridors sont en effet au plus près des habitants, afin de relier les parcs, d’une emprise foncière plus importante.2 «On assiste donc a une modification essentielle des paysages urbains, beaucoup moins gérés, permettant la présence de touffes de plantes plus fleuries sur les trottoirs ou les murs. Le plus important, c’est le changement progressif de perception des citadins, qui acceptent de mieux en mieux cette incursion de la nature dans leur environnement urbain.»1

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 142 2. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 150

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III. FLORE SPONTANÉE URBAINE : HABITATS ET HABITANTS Les villes ont longtemps été considérées comme hostiles à la vie. Les relevés effectués par les naturalistes, botanistes et écologues sont ponctuels et suscitent un faible intéret bien que les plus anciens datent du XVIème siècle. Les milieux les plus étudiés sont les décombres, les friches ainsi que les murs, qui sont envahis de plantes rudérales (du latin rudus : décombres). L’intéret pour la flore spontanée s’accroit à partir de 1970 avec le développement de l’écologie urbaine. Cette discipline, qui nait en 1925 avec l’école de Chicago, courant de pensée sociologique, prend un grand essor dans les années 70-80 avec les premières préoccupations environnementales. Cette discipline s’intéresse tout particulièrement aux différentes relations que le citadin entretient avec son environnement, bâti, végétal et animal, et à déterminer les meilleurs moyens à mettre en oeuvre pour qu’elles soient harmonieuses. Illustration : Coulée verte à Paris le 11 novembre 2015, mur de soutènement en pierre meulière, sud-est, photo personnelle

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Sisymbre officinal Sisymbrium officinale Cette plante affectionne particulièrement les sols nitrophiles1. On la trouve donc en pied de mur où les sources d’azote sont nombreuses (pollution atmosphérique, déjections animale et humaine...) Elle développe une tige mesurant jusqu’à un mètre et comportant de petites fleurs jaunes. photo prise le 16 janvier 2016 à Paris (berge de Seine) - pied de mur- interstice - 0m- pierre de taille

Porcelle enracinée - Hypochoeris glabra Cette plante est de même famille que le pissenlit. Ses feuilles plaquées au sol lui permettent de bien resister au piétinement et au passage de la tondeuse photo prise le 11 novembre 2015 à Paris (Coulée verte) - pied de mur- interstice - 0m

Cymbalaire des murailles Cymbalaria muralis Originaire de Méditerranée, elle apprécie les climats doux et craint les grands froids, d’où son affection pour les villes. Elle apprécie les murs ombragés photo prise le 10 février 2016 à Paris (rue du dessous des berges) - pied de mur- interstice - 0m

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A. UNE POPULATION EN TANT QUE TELLE 1/ Des êtres classifiés Tous les êtres vivants font l’objet d’une classification binominale en latin (ex Homo sapiens sapiens pour l’homme ou Panthera leo linnaeus pour le lion). Cette classification a été inventée par Carl von Linné au cours du XVIIIème siècle. Elle permet de donner un nom unique à un taxon (entité de classement regroupant les individus possédant des caractéristiques communes). Ces noms internationaux viennent compléter les multiples noms vernaculaires. Une autre classification existe, moins scientifique, on distingue les plantes ornementales, disposées dans les parcs et jardins, choisies par l’Homme pour leurs qualités esthétiques, des plantes alimentaires, dans les potagers et champs, pour leurs qualités gustatives, et enfin, des «mauvaises herbes», nom usuel de la plantes sauvages. Ces parias de la société sont trop vigoureuses, s’installent d’elles-mêmes et ne présentent pas un intérêt très grand pour les êtres humains. Une enquête de l’association «Plante et cité», sur la perception de la végétation spontanée1 met en évidence que les mauvaises herbes sont qualifiées comme étant des «plantes qui ne sont pas à leur place»1. Ce n’est donc pas tant la qualité de ces plantes très résistantes, de formes et de caractéristiques variées, mais leurs localisations qui posent problème. En effet, quand elle sont disposées dans les interstices des trottoirs ou près des habitations, elles sont parfois assimilées à de la saleté, tandis que lorsqu’elles sont mises en valeur dans des espaces spécifiques (jachères fleuries, prairies de fauches) issus d’une nouvelle manière de gérer les espaces verts, elles sont plus acceptées.

1. MENOZZI M.J, MARCO A., LÉONARD S., Acceptation de la flore spontanée en ville, Plante et cité, 2011. p.14

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Ombilic nombril de vénus Umbilicus rupestris Cette plante grasse tient son nom du creux présent au centre de la feuille, rappelant un nombril1. Cette plante pousse sur les murs ombragés et humides comme ce mur de soutènement de l’ancienne voie de chemin de fer de Bastille, qui est aujourd’hui un parc linéaire nommé Coulée verte, dans le douzième arrondissement de Paris. photos prises le 11 novembre 2015, Coulée verte mur de soutènement plein nord - meulière - 1m50

Chélidoine grande éclaire Chelidonium majus Cette plante est de la même famille que le coquelicot. Elle est très commune au pied des haies, sur les bords des chemins et dans les fissures des murs. photos prises le 11 novembre 2015, Coulée verte - mur de soutènement ouest - gouttière - 4m

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2. Des êtres communs ou exceptionnels On distingue en ville deux types d’espèces, les espèces généralistes et les espèces spécialistes. Les plantes généralistes sont des plantes très robustes qui peuvent endurer des conditions de vie très variées. Elles apprécient l’eau mais supportent la sécheresse, elles aiment la chaleur mais tolèrent le froid. Elles ont en général de grandes capacité de reproduction et sont plus petites que les autres. Les spécialistes, quant à elles, sont adaptées à un seul type d’environnement, dans lequel elles sont très performantes. Les études montrent qu’en milieu très stable les spécialistes finissent par l’emporter, alors qu’en cas de changement de conditions environnementales, les généralistes gagnent. En ville, les conditions changent en permanence, c’est pourquoi il y a une majorité de généralistes. Néanmoins quelques plantes spécialistes s’accomodent bien de certaines conditions particulières.1 En milieu urbain, la durabilité des milieux (façade de bâtiment, paroi d’infrastructure) étant de quelques siècles maximum, elle ne permet pas le développement d’espèces endémiques (présentes exclusivement dans une zone géographique délimitée2). Les espèces spécialistes viennent donc d’un milieu équivalent dans la nature, le milieu rupicole (habitat rocheux). Dans ces biotopes, l’ascétisme contraint des espèces en présence donne les conditions d’une innovation biologique très importante3. Le dryas à huit pétales (dryas octopetala) est par exemple une plante de toundra qui a été piégée en altitude après la dernière glaciation4. Une fois isolée, ces plantes banales s’adaptent à leurs nouvelles conditions et forment une nouvelle espèce endémique Le sol désigne la couche superficielle de la roche-mère, la croûte terrestre, dégradée et enrichie par les processus vivants5. Il présente des caractéristiques physico-chimiques (texture, acidité) et des caractéristiques biologiques. Le sol urbain est particulier à plusieurs égards. Tout d’abord à force d’être remué, mélangé à des gravats et creusé, il est complètement destructuré6. Il n’est plus capable d’offrir les conditions de la vie de nombreuses espèces. Par contre, du fait de la pollution atmosphérique et des déjections canines, il est très riche en nitrates6, il est par conséquent très apprécié d’espèces dites nitrophiles, en général robustes et pionnières. Ce sont des plantes tout à fait généralistes.

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 71 2. WIKIPEDIA, Endémisme. réf. du 16 janvier 2016, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/End%C3%A9misme> 3. PECH Pierre, Les milieux rupicoles : les enjeux de la conservation des sols rocheux. Quae, 2013, p. 12 4. Ibid p.139 5. WIKIPEDIA, Sol (pédologie). réf. du 25 janvier 2016, disponible sur < https://fr.wikipedia.org/wiki/ Sol_%28p%C3%A9dologie%29#Constituants_des_sols> 6. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 32

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Buddleia davidii Le Buddleia est une plante typiquement généraliste qui apprécie les milieux nitrophiles et destructurés. Elle affectionne donc particulièrement les friches, les talus. Elle peut se nicher dans la moindre fissure et y végéter au stade de plantule. Elle est aussi particulièrement appréciée pour son caractère ornemental de par sa ressemblance physique et odorante avec le lila. Surnommée «arbre aux papillons», elle attire en effet beaucoup les lépidoptères1. Elle est néanmoins considérée comme invasive, et peut venir menacer des espèces installées dans un milieu plus stable. Le buddleia n’a pas de propriétés particulières ni de toxicité reconnue2 photo prise le 11 novembre 2015 Coulée verte - corniche - 6m - nordest

1./ MACH0N Nathalie, MOTARD éric, Sauvages de ma rue : guide des plantes sauvages des villes de France, Seuil, 2012. p. 44 2./ COUPLAN François. Plantes urbaines, Sang de la Terre, 2010, p.58

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3. Des locaux et des immigrés La ville, habitat des hommes, est le théatre de sa mobilité toujours plus grande. C’est donc le lieu prioritaire où viennent s’installer des espèces, animales et végétales, exotiques. Selectionnées par les Hommes pour la culture, l’élevage ou l’alimentation, elles peuvent aussi être transportées à son insu, dans les cargaisons des bateaux, sur la carrosserie des voitures et des trains (graines collantes). Certaines espèces sont dites commensales de l’Homme, c’est à dire qu’elle tirent profit d’un voisinage de ce dernier pour se nourrir. C’est le cas du rat surmulot, qui a colonisé la planète en se déplaçant avec l’Homme1 ou du coquelicot, qui affectionne particulièrement la terre fraîchement retournée des labours. On distingue donc les espèces autochtones des espèces allochtones (qui se développent hors de leur aire de répartition d’origine). Certaines de ces plantes peuvent devenir invasives. On estime qu’une plante introduite sur 100 pourra donc poser problème1 et menacer les autres espèces, les écosystèmes voire les activités humaines

Ailanthe Faux Vernis du Japon Ailanthus altissima L’ailanthe est originaire de Chine et s’est parfaitement acclimaté à nos régions. Il résiste à la pollution et peut survivre sans sol, sans eau, sans lumière. Il peut devenir très grand mais se rencontre plus fréquemment à l’état de plantule ou de petit arbuste. Il a colonisé l’Europe du fait d’un fort engouement, il a en effet largement été planté comme arbre d’alignement.2 Photo : Jeune ailanthe des bords de Clain, Poitou, disponible sur < http://www.sauvagesdupoitou.com/rech/faux>

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 112 2. COUPLAN François. Plantes urbaines, Sang de la Terre, 2010, p.32

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4. Une cohabitation difficile ? Il semble que la proximité des plantes sauvages soit une clé de compréhension fondamentale pour expliquer la tolérance, ou l’intolérance des usagers à leur égard. Ainsi, une plante sauvage peut revêtir pour un visiteur un caractère pittoresque de «bout de Nature» comme peut être considérée comme «de la saleté» pouvant abriter «de la vermine» pour un riverain1. «Les plantes recèlent d’une vigueur insoupçonnée, ne dit-on pas que, laissés à l’abandon, les bâtiments sont détruits par la végétation en quelques décennies?»2 Les fibres végétales contiennent en effet du cellulose, de la lignine et de la pectine, molécules ayant de très bonnes propriétés mécaniques. Certains végétaux peuvent ainsi arriver à percer certains matériaux et arrivent à se nicher dans la moindre fissure qui se présente. Ces végétaux peuvent parfois altérer la structure qui les porte, c’est le cas de quelques fougères, les aspléniums notamment. Certaines plantes sont jugées indésirables car elles provoquent un désagrément physique. C’est le cas des orties ou de l’ambroisie et de son pollen fortement allergisant3. Néanmoins, la cohabitation est de plus en plus souhaitée, dans l’optique d’une relation quasi-symbiotique. « Les services rendus par la nature aux activités humaines sont maintenant de plus en plus identifiés et l’avenir de la ville durable ne semble pas pouvoir se dessiner sans la prise en compte d’une biodiversité qui rafraîchira sa température, régulera ses pollutions atmosphériques ou hydrologiques, limitera la gestion de ses sols et des invasions biologiques, abaissera le CO2 tout en maîtrisant l’apparition de maladies et en fournissant aux citadins un indispensable bien-être.»3

Photo prise le 14 décembre 2015, Paris (rue de la réunion), trottoir.

1. MENOZZI M.J, MARCO A., LÉONARD S., Acceptation de la flore spontanée en ville, Plante et cité, 2011. p.14 2. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 65 3. Ibid p.39 3. Ibid p.7

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B. DIFFÉRENTS LIEUX DE VIE La ville est très interessante en terme de biotope car elle représente une mosaïque de petits habitats dispersés. Cohabitent ainsi de manière très rapprochée des lieux aussi différents que les berges de la Seine, les murs des bâtiments, les trottoirs, les espaces verts. Cela, ajouté à l’apport d’espèces allochtones mené par l’Homme engendre une grande richesse floristique1 malgré une pression anthropique très forte. Les espaces les plus conséquents en terme de biomasse et de biodiversité sont bien évidemment les parcs, squares et jardins, où les végétaux sont plantés en pleine terre et bénéficient pratiquement de conditions naturelles, à ceci près que la pression des usagers et jardiniers est forte et peut empécher la flore et faune sauvage de s’épanouir. En ce qui nous concerne, nous nous intéresserons plutôt aux autres lieux, plus informels : Trottoirs, murs, toitures, qui, s’ils n’ont absolument pas été prévus pour recevoir de la végétation sont tout de même habités par quelques espèces.

photos prises le 11 novembre 2015 - Coulée verte - trottoir

1. MENOZZI M.J, MARCO A., LÉONARD S., Acceptation de la flore spontanée en ville, Plante et cité, 2011. p.5 1. PECH Pierre, Les milieux rupicoles : les enjeux de la conservation des sols rocheux. Quae, 2013, pp.136-137

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Grille haussmanienne où l’on a laissé la végétation se développer.

Pied d’arbre laissé intentionnellement sans grille Photos personnelles du 10.02.2016, prises devant l’Eglise Jeanne d’Arc, Paris 13ème

Gasinloga Le gasinloga est originaire d’Amérique du Sud et a été introduit à la fin du XIXème siècle. Les inflorescences ressemblent à de petites marguerites. Elles se trouvent sous les plantations ou au pied des arbres et murs et apprécient donc l’ombre comme sur cette photo où la plante est au pied d’un mur exposé au nord. Photo personnelle du 15.11.2015, prises dans la rue des Grands Moulins, nord-nord-ouest, Paris 13ème

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1. Trottoir Si le milieu est complètement étanche, aucune plante ne peut pousser. Théoriquement donc, les surfaces recouvertes de bitume et ciment sont impropres à la végétalisation1. Néanmoins, ces matériaux s’altèrent avec le temps et finissent par se fissurer, ce qui permet à quelques plantes de s’insérer. «Du fait de la pollution atmosphérique liée aux poussières, particules fines en suspension, aux gaz azotés auxquels il faut ajouter les apports directs d’engrais dans les espaces verts et les déchets qui se décomposent (dont les défections canines!), les sols des villes sont très riches en éléments nutritifs du type nitrates. Or ces nutriments en excès favorisent les plantes gourmandes et capables de résister à des taux d’azote élevés : l’essentiel de la flore urbaine se compose donc d’espèces dites rudérales»2 Ces espèces nitrophiles ont donc besoin d’une fissure pour se développer. On les trouvera donc plus facilement à l’interface trottoir- mur, en pied de mur. On peut les trouver également dans la fissure séparant la roche de bout de trottoir et l’enrobé principal. Enfin, depuis quelques années, les services d’entretien de la voirie laissent place a de nouvelles pratiques, notamment concernant l’entretien en pied d’arbre. Historiquement, l’arbre d’alignement parisien comporte un pied d’arbre circulaire laissé en terre, permettant l’apport d’eau. Cette cuvette est équipée d’une grille en fonte, afin de permettre le passage piétonnier. Les recommandations sur l’entretien de l’arbre d’alignement que fournit Lefebvre3 traitent de la plantation de l’arbre, de son élagage, du soin des plaies et de l’entretien de la cuvette. Il ne fait aucune mention de la flore qui pourrait se développer dans la terre mais préconise en été, dans les entretiens courants, de biner au pied des plantations nouvelles. On peut donc supposer que lorsque la végétation s’était installée dans la cuvette, elle était enlevée à cette occasion4. L’apparition de nouvelles pratiques, telles la la loi anti-tabac de 2007, amenant les fumeurs à l’exterieur des bars et restaurant ont entraîné la prolifération de petits déchets sous la grille4, l’entretien des grilles est de surcroît très coûteux car il nécessite trois personnes et parfois un engin de levage pour l’effectuer4, or la plupart des municipalités se sont lancés dans des politiques de réduction des dépenses publiques. Ces nouvelles problématiques font émerger de nouveaux protocoles comme celui de ne plus désherber par exemple. D’autres revêtements font aussi leur apparition comme les bandes stabilisées4. Ces sables mélangés à des liants permettent de garder une porosité du sol tout en maintenant une surface balayable, lessivable et marchable. Certains stabilisés possèdent des liants à base de sel, ce qui a pour objectif d’empêcher le développement de végétation spontanée. Sur d’autres, la végétation peut se développer quand même au bout d’un certain temps4.

1. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. p. 67 2. GUILLOT Gérard. Guide des plantes des villes et des villages, ed. Belin, 2012, p. 9 3. LEFEBVRE Georges, 1897, Plantations d’alignement, promenades, parcs et jardins publics, Paris, P. Vicq-Dunod et Cie Éditeurs. 4. PELLEGRINI Patricia, “Pieds d’arbre, trottoirs et piétons : vers une combinaison durable ?” Développement durable & territoires (revue en ligne) , juillet 2012 (réf. du 2 décembre 2015) disponible sur : <https://developpementdurable.revues.org/9329>

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Les murs lisses, enduits ou en verre récent ne permettent pas le développement d’une flore spontanée photo prise le 9 novembre 2015 à Paris, ZAC Masséna

Asplenium cétérac Asplenium ceterach photo prise le 11 novembre 2015 - Coulée verte pierre meulière - 1m

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photo prise le 25 août 2015 à Vannes - mi-paroi interstice - 1m- brique


2. Mur Le mur est un milieu particulièrement rude, peu d’eau est disponible et les apports nitreux sont moins importants que sur le trottoir. De plus, contrairement à ce dernier où la plante peut toujours trouver un peu de sol sous les couches de bitumes et pavés, il y a peu de chances de trouver du sol sur les murs des villes. Un exception réside dans les murs de soutènement, comme ceux de la Coulée verte à Paris. Ces ouvrages d’art sont en effet très humides et comportent un sol, néanmoins destructuré, derrière l’appareillage de pierre. Le type de construction influe fortement sur les possibilités d’installation spontanée de végétation. L’utilisation de pierre meulière permet le développement de plantules au sein même du matériau. Pour les murs en pierre et brique, celles-ci doivent se contenter des joints, qui deviennent de plus en plus friables avec le temps. Dans les façades lisses, en béton ou en verre, ou comportant des enduits, il faut attendre qu’elles se fissurent ou profiter du moindre interstice disponible. Les mousses, quant à elles, peuvent se développer sur des murs humides, dont la rugosité est suffisante pour l’accroche des radicelles. Enfin, les plantes grimpantes (lierre, vigne vierge...) peuvent se développer sur les supports les plus lisses qui soient. Pierre Pech, nous explique qu’il existe une technique de refection des vieux murs qui permet de ne pas détruire les habitats rupicoles de tête de mur. Il suffit de placer un liant à base de chaux à deux rangées de pierre du sommet et de replacer les pierres au dessus comme avant2. De cette manière, le corps principal du mur reste étanche mais les pierres de tête continuent de pouvoir héberger une végétation rupicole. La technique utilisée actuellement est plutôt de bétonner la construction afin de clore tout interstice. et toute possibilité de développement1.

Les mousses sont des végétaux particuliers qui ne possèdent pas de vaisseaux pour transporter l’eau d’un bout à l’autre de la plante (comme avec la sève pour les arbres). Elles doivent donc se trouver dans un environnement assez humide pour hydrater toute leurs cellules. Elles ont la capacité de se dessecher sans mourir et de reverdir à la première pluie. Elles ne possèdent pas de racines mais de petites structures très grèles1. N’ayant pas besoin de beaucoup de sol, on les trouve sur les vieux murs et toitures exposés au nord. Elles ne menacent en rien l’integrité du bâtiment. photos prises le 27 décembre 2015 à Coulommiers-la-tour (41) - toiture tuiles - rampant - est

2./ PECH Pierre, Les milieux rupicoles : les enjeux de la conservation des sols rocheux. Quae, 2013, p. 136

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Plantes grimpantes Les plantes grimpantes ont pour caractéristique essentielle de pouvoir se développer sur n’importe quel type de support, ceux à fortes anfractuosités comme ceux complètement lisses. Elles necessitent juste d’avoir un peu d’espace en pied de mur pour y planter leurs racines. Ensuite, grâce à leurs crampons, elles se hissent sur le mur sans y plonger de racines, ce qui occasionne très peu de dégat, sauf dans le cas où le mur est très dégradé, dans ce cas il existe un risque que la plante y voit un milieu favorable au développement de ses racines. Les plantes grimpantes peuvent participer à une protection du mur contre les intempéries, Elles le protègent de la chaleur et rafraîchissent la rue l’été par transpiration.

Vigne vierge à cinq folioles Parthenocissus quiquefolia photos prises le 14 juillet 2015 à San Gimignano mur en brique - pied de mur - plante grimpante

Lierre Hedera Helix

photo prise le 9 novembre 2015 rue Eugène Oudiné - pied de mur - plante grimpante béton enduit - plein nord

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3. Toiture Les toitures végétalisées peuvent comporter différents types de végétations selon l’épaisseur de substrat mise en oeuvre. Les épaisseurs les plus fines permettent l’installation d’une végétation muscinale (mousses et sédums), puis en augmentant elles permettent le développement d’une strate herbacée, puis arbustive. La version minimaliste de la toiture végétale est d’un intérêt limité pour la biodiversité, tant les végétaux sont minces

Végétalisation des toitures en fonction de Certaines toitures non végétalisées finissent l’épaisseur du substrat quand mème par accueillir de la végétation MADRE Fréderic, VERGNES Alan. La végétalisation du bâti: support de la biodiversité urbaine? Disponible sur <http://www.cotita.fr/IMG/pdf/S3-P3_TV-biodiversite-urbaine.pdf>

photo prise le 11 novembre 2015 - Coulée verte

Giroflée des murailles Erysimum cheiri L. Originaire de l’est du bassin méditerranéen, la giroflée des murailles est depuis longtemps au plus près de l’homme et de ses constructions. C’est une plante typique des vieux murs, vieux chateaux en ruine, des grands monuments jusque sur les talus arides et rocailleux. Elle est constante dans les vieux villages. Elle se développe depuis peu en colonisant les dépôts de matériaux. Elle apprécie être en plein soleil donc on la trouve régulièrement plein sud ou en tête de mur, comme sur la photo ci-contre. photo prise le 11 novembre 2015 à Paris - tête de mur - interstice - 9m- moellon

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Mur Skyflor, développé par Creabeton, disponible sur < http://www.skyflor.ch/fr/home/ >

Wild On Wall, développé par Topager, Terreal, XTU, Paris&Co disponible sur < http://topager.com/portfolio-item/wild-on-wall/ >

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CONCLUSION Un certain nombre d’espèces végétales s’accomodent des installations humaines, qui ne sont finalement pas aussi stériles qu’on l’aurait pensé. Si l’élimination de cette végétation spontanée, comme on arrache les mauvaises herbes d’une pelouse, était gage d’ordre et de propreté, on voit que les comportements évoluent. La nature est de plus en plus encouragée, et devient mème un argument de vente type «greenwashing». On voit ainsi la végétation envahir les perspectives des agences d’architecture, végétation parfois opportune venant masquer les bâtiments eux-mèmes... D’autres pays, comme l’Italie, au climat plus clément et aux murs plus vieux sont plus tolérants avec la végétation spontanée, il n’est ainsi pas rare de voir des figuiers côtoyer les statues d’un fronton d’église. Ce n’est peut-être pas du goût de tout le monde mais cela se marie en l’occurence bien avec les ruines romaines, les monuments centenaires et les détails pittoresques de leurs villes. Ces différences dans l’acceptabilité de la Nature selon la culture seraient à étudier, sur le plan sociologique et philosophique. Un certain nombre de dispositifs sont imaginés de nos jours, comme alternatives aux murs végétalisés membranaires ou modulaires, gourmands en eau et en entretien. On trouvera le Skyflor mis au point par Creabeton, ou les éléments en céramiques Wild on Wall de l’association de Terreal, Topager et X-TU. Ces éléments de façades préfabriqués contiennent un substrat ensemencé et faiblement irrigué derrière un parement en céramique ajouré. Natural grass et Bioemco développent aussi de nouveaux substrats stabilisés à base de sable, liège et fibres pour être placé en pied d’arbre, resistant au piétinement, poreux et végétalisable. Les innovations sont de plus en plus adaptées et utilisent des plantes de plus en plus locales et robustes, voire intègrent des notions d’écologie urbaine pour participer à la biodiversité urbaine. L’expérience et le temps nous dira quelles innovations sont les plus pertinentes. Les techniques de végétalisation, l’écologie urbaine comme science et plus généralement tout ce qui concerne les sciences du vivant ont donc actuellement le vent en poupe. On peut leur souhaiter que ce ne soit pas qu’une mode et que cela continue, afin que nos villes soient toujours plus agréables pour les Hommes et toujours plus accueillantes pour la Nature.

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BIBLIOGRAPHIE

Enquètes :

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Internet :

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Ouvrages :

ALBERTI Leon Battista. De Re Aedificatoria. traduit du latin, presenté et annoté par CAYE Pierre et CHOAY Françoise, L’art d’édifier, Seuil, 1485. 598 p. SOULIER Nicolas. Reconquérir les rues, Ulmer, France, 2012, 285 p. BLANC Patrick. Le bonheur d’être plante, Seuil, France, 2005, 110 p. BONTE Hugo. Réaliser et entretenir son mur végétal, Eyrolles, France, 2008, 87 p. CIAMPI M., LEENHARDT J., LAMBERTINI A. Jardins verticaux dans le monde entier, Citadelles et Mazenod, Paris, 2007, 239 p. CLÉMENT Gilles. Manifeste du Tiers-paysage, éd. Sujet Objet, 2004, 73 p. CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Où se cache la biodiversité en ville? 90 clés pour comprendre la nature en ville, éditions Quae, 2014. 167 p. COLLECTIF. La Nature dans la ville ; biodiversité et urbanisme, avis et rapport du Conseil économique et social français, rédaction Bernard Reygrobellet ; Éditions des Journaux officiels, 2007, 182 p. COUPLAN François. Plantes urbaines, Sang de la Terre, 2010, 250 p. DAUDET Alphonse. Wood’s Town, ed. Mame, Tours, 1936 GALLO Luigi. Soyons plutôt romains ! In : DE BOURGOING Catherine, Jardin Romantiques Français : Du jardin des Lumières au parc romantique 1770-1840, Paris musées : Musée de la vie Romantique, 2011. 206 p. GUILLOT Gérard. Guide des plantes des villes et des villages, ed. Belin, 2012, 271p. HARLAN, J.R. Les plantes cultivées et l’homme. CILF, 1987, 414 p. HUNDERTWASSER. Manifeste de la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture, 1958 LE CORBUSIER. Urbanisme. éditions Vincent, Fréal et compagnie, Paris, 1966, 285 p. LEFEBVRE Georges, Plantations d’alignement, promenades, parcs et jardins publics, Paris, P. Vicq-Dunod et Cie Éditeurs, 1897 MACHON Nathalie, MOTARD Éric, Sauvages de ma rue : guide des plantes sauvages des villes de France, Seuil, 2012. 415 p. MUSY Marjorie. Une ville verte, les rôles du végétal en ville, ed. Quae, 2014, 195 p. NOUGARET Marie-Paule. La cité des plantes en ville au temps des pollutions, Actes Sud, Paris, 2010, 309 p. - 50 -


PECH Pierre, Les milieux rupicoles : les enjeux de la conservation des sols rocheux. Quae, 2013, 159 p. TAYLOR Nicholas, The Victorian City: Images and Realities. London and Boston: Routledge & Kegan Paul,1973, 800 p.

Radio :

CLERGEAU Philippe, MACHON Nathalie. Les mondes de la biodiversité urbaine, in Continent sciences, présenté par Stéphane Deligeorges, France Culture. 4 janvier 2016, 55’, disponible en podcast sur < http://www.franceculture.fr/emissions/continent-sciences/ les-mondes-de-la-biodiversite-urbaine>

Documentaire :

RIOLON Luc. Tchernobyl, une histoire naturelle ? France, 2010, 1h30

Série Naturopolis, Arte: COTTENCEAU Isabelle. Et si Paris se mettait au vert... France, 2013, 52’ GUERRINI Bernard, SCHMITT Mathias. New York, la révolution verte. France, 2012, 52’

Cinéma :

LAWRENCE Francis. Je suis une légende. USA, 2007, 1h40 MIYAZAKI Hayao Nausicäa de la vallée du vent. , Conan le fils du futur. Japon, 1978, 26 x 25’ Princesse Mononoké. Japon, 2000, 2h15 REEVES Matt. Dawn of the Planet of the Apes. USA, 2014, 2h11

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