TFE MJ - Les carrières calcaires en haute gironde (Tome 1 - mémoire de recherche)

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LES CARRIÈRES CALCAIRES DE HA U T E - G I R O NDE Retrouver la richesse caractéristique enfouie sous un territoire l’ayant oubliée

Mémoire de fin d’études

Maxime Jullien - 2020


Sauf mention contraire, tout élément graphique ou textuel constituant ce mémoire est un document personnel. Toute reproduction totale ou partielle de ces documents est soumise à l'accord de son auteur, propriétaire des droits. maximejullien.paysage@gmail.com Tous les documents cartographiques sont orientés au Nord. Ce mémoire est écrit de manière inclusive. Je vous enjoins personnellement à vous renseigner sur l'écriture épicène (egalite-femmes-hommes.gouv.fr).


Composition du jury Olivier Gaudin - Président de jury

Docteur en philosophie des sciences sociales, Chercheur rattaché à l'équipe DATE du laboratoire CITERES (U. de Tours), Membre associé du CEMS (EHESS), Responsable éditorial des Cahiers de l'École de Blois, Maître de conférences et Enseignant en Histoire de la formation des paysages à l'École de la nature et du paysage.

Grégory Morisseau - Directeur de Mémoire

Ingénieur paysagiste, Docteur en géographie spécialité urbanisme, aménagement et dynamique des espaces, Enseignant en Géographie rurale et Gestion des risques à l'École de la nature et du paysage.

Sylvie Servain - Professeur associée

Maitre de conférences à la Faculté de Tours, Co-coordinatrice de la Zone Atelier Loire, Enseignante en Géographie à l'Ecole de la nature et du paysage

Également, le jury comportera trois personnalité extérieures Un.e ancien.ne élève de l'école Une personne reconnue pour ses compétences professionnelles Une personne représentant une Maîtrise d'Ouvrage

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Avant-propos - Paysage, Ruralité, Écologie Le paysage comme discipline prend mille et une formes. Avant qu’on en parle en ces termes et lui donne son nom, le paysage était traité comme une série d’espaces non-bâtis, par une variété de corps de métier. C’était alors la continuité logique de la conquête des espaces constructibles. Dès lors qu’une majorité de ces lieux hybrides a trouvé une texture et a commencé à former une trame unie par son anonymat, on l’a identifiée comme étant Paysage. Une trame ni bâtie ni sauvage ; ni totalement artificielle ni totalement naturelle. À mesure que les réflexions passaient de main en main sur l’essence de ce qui fait le Paysage, la discipline s’est emparée de nombreuses autres problématiques. Les usagers et leur expérience du site ; la médiation entre experts, maîtrise d’œuvre et maîtrise d’ouvrage ; le regard sur l’ensemble et au-delà du projet... Le paysagiste loin de n’être que le représentant de la dimension végétale du projet, est devenu dans les 30 dernières années un expert de la pluridisciplinarité. Il a en ça, la vocation de voir les détails comme le global puisque le paysage lui-même et tous les domaines de l’espace s’interpénètrent.

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Par exemple la campagne est elle-même porteuse de problématiques très épineuses. Dès la scission entre « espace producteur » et « espace de pouvoir/commerce », la ruralité a gagné sa seule fonction, celle de l’alimentation de la ville. On l’a rendue dépendante de cette dernière pour tout le reste, la gouvernance, la valorisation de sa propre production, des fois même sa transformation... C’est un poids de plus en plus lourd à porter à mesure que la ville s’étend sur ses espaces de production. Or on y trouve des terres bâties et habitées, des institutions, des espaces naturels vestigiaux ou spontanés et toujours en majorité, des terres agricoles, mais dont la production reste rarement sur place. C’est est épineux réglementairement pour les agriculteurs qui sont de plus en plus contraints ; pour les sols, l’eau, les bocages d’un point de vue écologique ; pour les municipalités d’un point de vue de l’aménagement puisque les communes rurales doivent répondre à la pression foncière des grandes métropoles... Le sujet de la ruralité en soit, fait l’objet de mémoires, de projets, d’études. Il est riche et en pleine mutation. C’est une marche difficile à laquelle les paysagistes doivent participer et une réflexion à laquelle nous avons tous quelque chose à apporter. C’est un travail urgent. Chaque année de la dernière décennie a vu 70 000ha de terre agricole être urbanisée en France, sur dix ans c’est environ la surface d’un Département français de terre arable perdue*. Ce chiffre est alarmant d’autant que c’est une tendance croissante et que la qualité des terres agricoles restantes elle, décroît. Appauvrissement naturellement induit par l’intensification des pratiques pour compenser cette perte, mais aussi par la concentration en eau et en composés chimiques que les sols pouvaient jusque là tamponner et réutiliser. Le contexte du site d’études est particulier. L’expansion urbaine des communes rurales étudiées est bloquée par la présence de carrières. C’est une opportunité unique pour faire place à des projets alternatifs, développer et habiter autrement la campagne, maintenant que bâtir n’est plus une option. Or, les communes subissent cette situation, elles n’ont ni les fonds, ni le personnel pour gérer cette problématique et innover. Ces considérations occultent d’autres problématiques bien plus graves qu’il convient de faire émerger.

* : AFES (Association Française pour l'Etude des sols) : Repères chiffres clés, sols et environnement edition 2015, novembre 2016

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Introduction - Le site Mon travail de fin d’études traitera donc de ruralité. Ce sujet qui me touche par la variété des dimensions que cela implique. D’autant qu’il s’agit de campagne dans laquelle j’ai grandi. Il s’agit de la Haute Gironde, au nord de l’agglomération bordelaise, de la naissance à la moitié de l’Estuaire de la Gironde. Le site d’analyse correspond plus précisément à trois communes, situées sur la rive droite de la Dordogne quelques kilomètres avant sa confluence avec la Garonne. Il s’agit des communes de Bourg-sur-Gironde, Prignac-et-Marcamps et Tauriac. Ce sont deux éléments qui motivent spécifiquement mon choix, ils trouvent leur place plus tard dans le mémoire.

Site BORDEAUX MÉTROPOLE

km 10

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1000000e

km 0.5 10

20

50

Zones humides / Hydrographie

Boisements

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Introduction - Les carrières Plus largement, le site est au sein d’une région creusée de toute part par des carrières. Elles sont visibles à la surface et forment des paysages exceptionnels. Elles sont aussi invisibles, cinq, vingt-cinq, parfois cinquante mètres sous terre, sous forme de réseaux de galeries. Elles sont anciennes et oubliées. Le risque de l’effondrement existe puisqu’elles sont vieillissantes, mais il est difficile d’évaluer l’enjeu puisqu’elles n’ont pas été cartographiées. Simplement sondées et quadrillées depuis la surface. Par la présence de ce risque, de nombreuses communes sont bloquées d’un point de vue urbanistique. Cette caractéristique vécue comme une tare attire toute l’attention des élu.e.s locaux.ales vers le besoin d’accueillir de nouveaux ménages. Ce faisant, passant sous silence les diverses problématiques face auxquelles se trouvent les personnes vivant à l’heure actuelle sur site. Dit avec d’autres mots, les communes concernées ont contourné le besoin d’urbanisation maladif du système économique actuel. Par le projet nous pouvons mobiliser d’autres leviers de développement, de nouveaux, qui n’iraient pas à contre-sens de l’idée même de ruralité. Nous pouvons lui apporter une valeur de lieu rural alternatif témoin, en France. Il s’agit de faire surgir les qualités d’un point de vue spatial et environnemental que les carrières représentent maintenant. Reconnaissons-les pour ce qu’elles sont : un marqueur unique, une richesse caractéristique de ces territoires.

1000000e

km 0.5 10 8

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Ci-contre : Mur de taille dans une carrière surplombant une végétation dense

Carrières visibles Vestiges dispersés



Avant-Propos - Introduction - Sommaire

.4

Premiers horizons

.12

Partie

1 Diagnostic

I PHASAGE HISTORIQUE, DE DENRÉE À DÉCLIN

.20

SAISIR LE SITE, LE JUSTIFIER DANS L'ESPACE ET LE TEMPS

II PAYSAGES SINGULIERS DES CARRIÈRES

.30

IDENTIFIER LES RICHESSES, QUESTIONNER LES CONFLITS

III LES COMMUNES, LES CARRIÈRES : RAPPORT CAUSAL .42 QUELLE PLACE POUR LES CARRIÈRES DANS L'ORGANISATION TERRITORIALE ? Partie

IV PREMIÈRES INTUITIONS

2 Projet

.52

POSITIONNEMENT DU PAYSAGISTE ET PREMIERS ÉLÉMENTS DE PROGRAMME

V TRANSITION DE FAIBLESSE À FORCE

.60

MÉTHODOLOGIE ET MOYENS

VI SPATIALISATION FORMALISATION DU PROJET

Conclusion - Références - Glossaire - Bibliographie .88

.72


I II III

IV V VI

Formation du socle Époques des vestiges Âge d’or Déclin et oubli

.22 .24 .26 .28

Formes .32 Richesses spécifiques .34 Un patrimoine, mais de quelle nature ? .38 Paysages en érosion, risques divers .40 Profil et fonctionnement Contexte politique récent Rapport aux carrières

.44 .46 .48

Économie alternative Faire une richesse du déchet Typologies post-carrière

.54 .56 .58

Réponse aux enjeux Système vertueux

.62 .66

Lecture .74 Schéma directeur .84

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Premiers Horizons En voiture vers le site, je quitte le tumulte de la rocade bordelaise. La voie opposée est une file indienne de voitures. Les dernières strates de banlieue s'effacent et les perspectives s'ouvrent. La brume est encore attachée à la végétation, les rivières se rapprochent. Il est 9h le 22 Octobre. Les courges remplissent les stands sur le bord de la route et les vignes rougeoient abondamment. Nous sommes sur les hauteurs du coteau du val de la Dordogne et de la Garonne. Chaque point haut dégagé étale généreusement le vignoble du bourgeais dans des panoramiques colorés. Le Moron, un affluent de la Dordogne, a une grande réserve sous forme de zone humide au nord de Prignac-et-Marcamps. Ses méandres et sa végétation riche témoignent d'une bonne gestion hydrologique et écologique. On trouve le long de ce cours d'eau, de nombreux sentiers qui peuvent joindre des bocages. Il est possible de randonner sans quitter le couvert végétal. Ces bocages recèlent de nombreux vestiges de carrière.

Ci-contre :

1 2

1 : Réserve du Moron, deux peupliers morts 2 : début de sentier bocager, mur calcaire Prignac-et-Marcamps

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Les murs émergent des sols légers du sous-bois. La masse rocheuse a l'air d'une mousse épaisse dans laquelle on a taillé au couteau. La végétation se dessine au dessus, autour de la pierre, des fois à l'intérieur de ses impuretés. Ce qui apparaît aujourd'hui des carrières sous les bois est de toute évidence superficiel. Les ouvertures ont plus des allures de terrier que de galerie. Elles ont l'air vielles, certaines sont effondrées, d'autres recouvertes par des arbres au moins trentenaires. La fraîcheur et le calme du sous-bois ont l'air d'avoir imprégné la pierre, son aspect spongieux participe à ce sentiment.

Cavité sous boisements Saint-Laurent-d'Arce

Ci-contre : Murs de taille sous bocage Prignac-et-Marcamps

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Certaines grandes carrières ne sont repérables que par repérage satellite. Des carrières à ciel ouvert. Elles sont généralement derrière de hautes ceintures végétales, lovées au cœur du relief. Le seul élément pouvant éventuellement alerter les promeneurs serait la signalétique interdisant leur accès, ou mettant en garde devant leur danger. Une fois passé les divers obstacles, les carrières offrent leurs paysages lunaires, leur flore riche et leur silence. Les fronts de taille dévoilent ici toute leur grandeur. Certains laissent leur exploration possible, donnant accès à des vues imprenables sur le reste de la carrière. La poussière blanche colle aux vêtements, la pierre est lourde visuellement. Le matin elle diffuse l'humidité et le soir, renvoi le soleil qu'elle a reçu. « Elles sont si calmes, aucun parc en ville ne saurait reproduire ça » Habitante à Prignac-et-Marcamps

Ci-contre : L'intérieur d'un mur de taille de la Pierrière de la Lustre Tauriac Mur de taille derrière végétation de friche Tauriac

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Le temps est étrange sous terre, privée de la lumière ou de la température, notre horloge interne n'a aucun repère pour le voir s'écouler. Pareillement, il est très facile d'y perdre son orientation. La géométrie des vides et des pleins est époustouflante, surtout en sachant qu'elle a été faite avec des outils plutôt sommaires. Néanmoins on ressent la manufacture dans l'ouvrage puisque rien n'est parfaitement symétrique ou comparable, chaque angle, chaque nuance de blanc, chaque graffiti, chaque micro-relief. L'échelle des galerie est impossible à retranscrire, tantôt cathédrales, tantôt trous de souris ; tantôt sinueuses, tantôt insondables ; tantôt majestueuses, tantôt étouffantes. Des ouvertures sur l'extérieur nous prennent par moment au dépourvu. Tous les repères reviennent avec la lumière filtrée par les forêts au dessus des carrières. Elles ont des allures de forêt amazonienne et la carrière, de tombeau égyptien.

« Quand on voit les Bauxde-Provence, c'est facile d'imaginer tout ce qu'on pourrait faire dans nos carrières mais y en a que pour Bordeaux. » Association de sauvegarde du patrimoine Prignac-et-Marcamps

Ci-contre :

Une des entrée de galerie de la carrière des Neuf Fonds Prignac-et-Marcamps

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Dans les galeries de la carrière des Neuf Fonds. Prignac-et-Marcamps



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PHASAGE HISTORIQUE, DE DENRÉE À DÉCLIN

Afin de se saisir du site étudions sa formation au travers d’une lecture époque après époque, de l’évolution de ses paysages et de ses amers historiques. Nous verrons l’origine et la mutation des carrières ; cela mettra en lumière la complexité du patrimoine qu’elles représentent aujourd’hui.

« Ce monde est aujourd’hui pratiquement mort […] Certes il en reste beaucoup, des carrières, des kilomètres et des kilomètres de galeries qui tournent sans fin sur elles-mêmes et s’enfoncent au cœur de la terre. Mais plus personne ne les prolonge ; même les champignonnistes les ont désertées. Et l’on fait l’inventaire des sites, on les topographie, c’est toujours utile, et puis cela permet de savoir où sont les menaces éventuelles pour la surface. « Mais il faut faire plus, il faut recueillir les souvenirs qui survivent encore, les histoires de vie, les anecdotes, les savoir-faire, toute cette matière humaine du passé récent, plus périssable encore que la matière putrescible ». Extrait de l'ouverture de Pierre Régaldo-Saint-Blancard pour Les carrières de Gironde, 1999

Ci-contre : Galeries donnant sur un bocage



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PHASAGE HISTORIQUE,

DE DENRÉE À DÉCLIN

SAISIR LE SITE, LE JUSTIFIER DANS L'ESPACE LE TEMPS

1.1 FORMATION DU SOCLE La pierre a fait de la région ce qu’elle est aujourd’hui. Pas seulement en termes spatiaux, les deux grandes richesses de la région ont bien été le vin et la pierre. Il s’agit du Calcaire à Astéries, qui doit son nom aux innombrables fossiles qu’on y trouve ; de mollusques, gastéropodes et notamment étoiles de mer.

De grand marécages et un réseau fluvial se dessinent alors que le Bassin Aquitain se voit fermé par le domaine des Landes. C’est par l’action les sédiments charriés par les eaux venant des Pyrénées et du Massif Central.

Site Libourne Bordeaux

Pyrénn

ées

1,8 à 1,6 million d'années

Les marécages subsistent et les cours d’eau s’enfoncent. Les alluvions forment des terrasses autour des lits de rivières. En dehors du Bassin Aquitain, l’eau est proche du niveau actuel.

Après les dernières grandes glaciations, la mer rattrape de nouveau le niveau du bassin. Les terrasses alluvionnaires ont complexifié le réseau fluviatile, ce qui était initialement le lit de grands cours d’eau est aujourd’hui des couches successives de pierre sédimentaire : le calcaire.

do ai n re

0,8 à 0,6 million d'années

r n Co du

5000 ans Le bassin d’Aquitaine au Plio-Quaternaire 22

(à partir de documents du BRGM, 1986)


Les sols calcaires sont riches, leur composition chimique (abondante en calcium et carbone) y associe une flore spécifique. Particulièrement pour ce calcaire qui s’est enrichi de la vie foisonnante du bassin aquitain, alors peu profond. Le dépôt de la matière composant cette pierre remonte à un million d’année et s’est arrêté encore récemment. La couche géologique est de fait, proche de la surface et épaisse d’une cinquantaine de mètres.

S-O

N-E

Gironde

0 NGF

Gironde

-50

OLIGOCÈNE Calcaires ÉOCÈNE Calcaires

-100

TERRAINS TERTIAIRES Marnes et argiles

-150 -200

HOLOCÈNE - PLEISTOCÈNE Argiles, Galets, Graviers

ÉOCÈNE Sables

1 km Coupe géologique sur l'Estuaire de la Gironde

(à partir de documents du BRGM, 2003)

CRÉTACÉ Calcaires

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PHASAGE HISTORIQUE,

DE DENRÉE À DÉCLIN

SAISIR LE SITE, LE JUSTIFIER DANS L'ESPACE LE TEMPS

1.2 ÉPOQUES DES VESTIGES On trouve sur le site un lieu parmi les plus anciens habité par l’humain. La Grotte de Pair-non-Pair fait partie des rares grottes de la préhistoire visitables à ce jour. Sa découverte en 1881 par François Daleau a permis de mettre à la lumière 15000 outils, 6000 ossements d’animaux dont une partie est conservée sur place (une majorité au Muséum d’histoire naturelle de Bordeaux) et 46 gravures remontant à une trentaine de milliers d’années avant notre ère. Elle a été classée monument historique en 1900, c’est le premier vestige préhistorique à avoir reçu cette distinction. Elle accueille chaque année plus de 10000 visiteurs et est située juste à la sortie du bourg de Prignac-et-Marcamps.* Ce vestige est particulièrement notable puisqu’il compte également comme le premier usage du calcaire par l’humain, à l’époque sous forme de cavités naturelles. Mais en étant attentif, l’ancienneté des pierres est apparente partout autour de nous. À l’époque Gallo-Romaine, les constructions étaient plutôt faites de bois mais avec la naissance de Burdigala la romaine, les derniers siècles avant notre ère, sont nés les premiers édifices faits de calcaire à astéries. Il sont nombreux dans Bordeaux et ponctuent la campagne alentour. Puis avec la montée en puissance de la chrétienté, des forces monarchiques et seigneuriales, de l’intérêt militaire sur l’estuaire ; les édifices de pouvoir se sont ancrés dans le territoire par la pierre blanche. Par son vieillissement elle transforme les édifices en vestige et par l’omniprésence de son usage, marque les époques. * : site nationaux

web

du

Centre

des

monuments

Ci-dessus, Grotte de Pair-non-Pair (2011, Philippe Berthé) Ci-à-côté, Palais Galien (2006, Jacques Rouaux)

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at ér om Aggl

io nB ord elaise

BLAYE Site

50 km SAINT-ANDRÉ-DE-CUBZAC

BORDEAUX

IIe Ve IXe XIIIe XIXe XXIe

Expansion de Bordeaux

Édifices de calcaire pré-XVe Édifices de calcaire post-XVe

LIBOURNE SAINT-ÉMILION

CAP-FÉRRET

ARCACHON

CADILLAC CASTILLON

100 km

Localisation de sites historiques

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DE DENRÉE À DÉCLIN

SAISIR LE SITE, LE JUSTIFIER DANS L'ESPACE LE TEMPS

1.3 ÂGE D'OR On estime que les chantiers d’extraction se sont succédés depuis l’Antiquité jusqu’à qu’ils se soient intensifiés drastiquement. Ce changement de rythme est survenu quand a commencé la grande extension de Bordeaux à son apogée commerciale, via le commerce triangulaire. Ainsi les Bâtiments de la bourse, les très nombreuses bâtisses bordelaises de type Hôtel particulier et enfin les Échoppes à la bordelaise sur tous les boulevards sont de la pierre dite de Bordeaux. La pierre de Prignac a rejoint les pierres de taille de référence (au même titre que Frontenac pour l’Entre-deux-mers) cela était en hommage à ses carrières ou à son port, dans ce cas on parlait de Pierre de Bourg puisque c’est de là que l’on exportait les pierres, charriées sur des Gabarres.

Lexique girondin (présent dans la toponymie, lié à la recherche d'un terrain) Artigue : friche Chappre : granulat, poussière issu de la taille, utilisé comme fond de forme Clotte : creux, relief négatif, carrière Coma, Combe : vallon Font : source, fontaine Puch, puy : colline Rui, rieu : ruisseau Seuve : forêt Tuc, truc : hauteur, altitude Les carrières de Gironde, 1999

Les Bâtiments de la Bourse

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Exemple d'Hôtel particulier

Exemple d'Échoppe bordelaise


Site BORDEAUX

RÉGIONS DES CARRIÈRES

LANDES DE GASCOGNE

250 km

Chantiers d'extraction (Carrière de Lanhelin - XIXe, pierre-info.fr)

Les carrières prenaient place sur des sites vierges, achetés par un maître carrier. Il pouvait y avoir 2 à 5 carriers par chantier et suivant les tâches, ils travaillaient seuls ou à deux. La main d’œuvre d’ordre plus exceptionnel pour les moments clés de la manutention était plutôt des marins, de passage. Les femmes et les enfants étaient mis à contribution pour le charriage des blocs une fois débités et prêts à être vendus. Les carrières n’ont pas touché que le territoire mais aussi toute la population de la région à l’époque. Les galeries pouvaient communiquer continuellement sur des kilomètres et sur parfois 3 étages superposés, donc à 3, 15, 25, 50 mètres de profondeur sous le sol, sans distinction aucune de ce qui se trouve à la surface. Toutefois on évitait la « mauvaise pierre », trop friable ou trop compacte. Quand une pierre était extraite mais ne s’avérait pas à la hauteur du marché, on la vendait dans les environs. On retrouve des pierres irrégulières dans toutes les maisons de campagne datant de cette période. Puis comme de nombreuses industries en France, la Première guerre mondiale a marqué une grande pause. Pour qu’ensuite entre la demande de logement et les techniques modernes, l’architecture locale se tourne petit à petit vers le béton et délaisse progressivement les carrières.

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PHASAGE HISTORIQUE,

DE DENRÉE À DÉCLIN

SAISIR LE SITE, LE JUSTIFIER DANS L'ESPACE LE TEMPS

1.4 DÉCLIN ET OUBLI Avec la désertion progressive des sous-sol, l’arrêt de leur exploitation, les carrières du bordelais ont vieilli sans personne pour les faire vivre. Les champignonnières, dernières productions des souterrains se sont éteintes à la manière de beaucoup d’autres métiers impropres à l’automatisation. À l’échelle nationale, la prise de conscience de la fragilité et finalement de la valeur des sous sols a donné depuis des textes de loi, tenant les exploitants de remédier aux changements infligés aux sites. Cette maîtrise du début à la fin de la carrière manque aux carrières en Haute Gironde. Ni cartographie précise, ni réelle évaluation des risques, ni plan pour l’avenir. Les carrières sont subies et de fait, invitent plutôt à ce qu’on leur tourne le dos. On les ferme, laisse la végétation les couvrir et cas échéant on essaye de les combler. Cette méconnaissance due à plus d’un siècle d’inactivité était à prévoir. Les communes ayant hérité de ces points immobiles dans l’urbanisation répondent à d’autres impératifs plus classiques pour les territoires ruraux (comme la construction de lotissements) et n’ont naturellement pas les ressources financières ou techniques pour en plus mettre un terme à cette situation.

"Art. 1er. - Le présent arrêté a pour objet la détermination du montant des garanties financières de remise en état des carrières prévues par la disposition combinée des articles 4-2 et 7 de la loi du 19 juillet 1976 susvisée et de l'article 23-3 du décret du 21 septembre 1977 susvisé." Arrêté du 10 février 1998 relatif à la [...] remise en état des carrières (Légifrance)

Carte postale, exemple de Champignonière dans l'Indre-et-Loire (Cinq-Mars-la-Pile XXe)

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2.5 km Cavités liées aux carrières Présence de galeries Cavités liées aux carrières Cavités naturelles Ouvrages civils BORDEAUX

100 km

Le calcaire est partout sur le territoire, il a été utilisé continuellement sur des siècles. En voyant la trame bâtie de Bordeaux on peut imaginer assez aisément le volume amputé au sol que cela représente, même réparti dans toute la région. Ces « vestiges inversés » sont devenus pour la grande majorité anonymes or, ils sont autant porteurs d’histoire que ces monuments que l’on a construit à partir d’eux.

Schématisation "Volume édifice / Volume matériau" 29


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PAYSAGES SINGULIERS DES CARRIÈRES

La succession des époques étudiées précédemment amène un paysage particulier. Nous allons l’identifier et l’analyser. Les calques historiques sont parfois superposés, parfois mités ; de la même manière que les différents aspects patrimoniaux que les carrières revêtent. Ils ajoutent tous à leur valeur paysagère, par leur reconnaissance un projet cohérent pourra en faire profiter tout le territoire. Les carrières ne sont cependant pas tombées dans l’oubli sans raison. Nous verrons également les problématiques en jeu pour mieux y répondre par la suite.

Ci-contre : Entrée de carrière sous un bocage, ayant servi de lieu de dépôt sauvage



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PAYSAGES SINGULIERS

DES CARRIÈRES

IDENTIFIER LES RICHESSES, QUESTIONNER LES CONFLITS

2.1 FORMES Les carrières revêtent des formes variées dans le paysage. Cela est dû aux différentes manières avec lesquelles on les a exploitées, avec laquelle elles ont vieilli ou encore le contexte topographique dans lequel elles s’inscrivent. L’image de la carrière comme une grande arène blanche a du sens puisqu’elles sont alors très visibles et effectivement les carriers pouvaient décaisser une grande quantité de terre pour accéder à la pierre directement. Néanmoins on trouve aussi beaucoup de fronts de taille ou d’entrée de galerie à même le relief, sans nécessairement creuser verticalement.

Site de Tavernier, Tailleur de Pierre. Se partageant le site des Hugons avec Barboteau. Prignac-et-Marcamps

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L’image populaire de la mine se dessine comme des galeries discrètes par opposition à la carrière, massive et à ciel ouvert. En réalité on trouve des mines à ciel ouvert et des carrières sans trou spectaculaire. La différence entre mine et carrière réside dans le matériau exploité : on cherche des minerais dans la mine (fer, or, cuivre...) et des matériaux massifs dans la carrière (pierres, sable, craie…). Fatalement les techniques employées varient mais ne correspondent pas nécessairement à une forme précise.


Carrière de plaine - à ciel ouvert La carrière de plaine est creusée verticalement. La terre est décaissée et la pierre accessible directement sous les pieds du carrier. On arrête ensuite d’approfondir la fosse une fois que le volume de l’exploitation est satisfaisant, pour stocker la pierre extraite, préparer le charriage ou quand ce n’est simplement plus possible d’élargir en termes de surface. C’est alors que l’on creuse latéralement à flanc des fronts de taille, se servant du niveau négatif atteint. On a émulé un relief pour créer les masses superposées.

Carrière de coteau - dans le relief Cette manière d’exploiter n’est pas aussi spectaculaire et consommatrice d’espace que la carrière de plaine. Ici on utilise les reliefs existants pour accéder à la pierre. Les masses se superposent à partir des changements naturels du terrain. L’exploitation n’est pas nécessairement centralisée, puisqu’on pourra davantage cibler la bonne pierre. Ainsi, même si elle n’est pas aussi massive que la carrière à ciel ouvert, on peut retrouver des fronts de taille inclus au relief un peu partout sur le territoire calcaire.

20 5 m 10

50 Les deux faciès ne sont cependant pas incompatibles. Ce sont deux caricatures représentées ici. En réalité certaines carrières à ciel ouvert utilisent le relief, certains murs à flanc de coteau ont demandé de décaisser de la terre. Sinon un même réseau de galerie peut joindre un coteau et une fosse de part et d’autre. 33


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PAYSAGES SINGULIERS

DES CARRIÈRES

IDENTIFIER LES RICHESSES, QUESTIONNER LES CONFLITS

2.2 RICHESSES SPÉCIFIQUES L’aspect actuel de la carrière dépend du temps qui s’est écoulé depuis son abandon. Certaines sont couvertes par une végétation pionnière superficielle donc plutôt évidentes à identifier, d’autres sont complètement cachées sous une végétation dense empêchant la lecture de l’espace. Certaines ont une valeur de carrière enfrichée, d’autres ressortent plus comme un bocage sous lequel on trouve des carrières. Ces formes sont bien distinctes, pourtant ce sont simplement deux étapes différentes du même processus. Hypericum calycinum, Millepertuis à grandes fleurs sols secs, ensoleillé

Ruscus aculeatus Fragon faux-houx bois arides

Helichrysum stoechas Immortelle commune sols pionniers

5 34

cm

Asplenium scolopendrium, Fougère scolopendre sous-bois humides

Sous-bois (humide et/ou ombragé) Euphorbia amygdaloides, Euphorbes des bois Polypodium vulgare, Réglisse des bois Rudérales (pionières) Buddleja davidii, Buddleia de David Chelidonium majus, Grande chélidoine Rosa canina, Églantier Très récurrentes Hedera helix, Lierre grimpant Rubus fruticosus, Ronce commune Quercus robur, Chêne pédonculé Plus occasionnelles Pinus sylvestris, Pin sylvestre Cotoneaster dammeri


Carrières à ciel ouvert Les carrières en voie d’être enfrichées sont de merveilleux exemples de colonisation par les plantes. Les reliefs, par extension l’hydrographie du site amène une pluralité de strates et de cortèges végétaux. Ces carrières abandonnées dans les cinquante dernières années sont une concentration de biodiversité, des strates pionnières à arborées.

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Carrières sous bois Dans les bocages, l’humus accumulé par le temps, lisse et recouvre une partie des entrées des galeries, des éboulements en ont bouchées d’autres, la végétation s’infiltre et agrandit les fissures dans la pierre. La verticalité des fronts de taille est le seul élément incontournable des vestiges de carrière. La colonisation avancée des carrières présentent davantage une végétation de sous-bois, de boisement humide dans certains cas, dans la mesure où elles forment une déclivité dans le relief et marquent donc un bassin versant artificiel.

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L’intérêt botanique des carrières est évident, ce sont des friches, des diversités de milieux concentrés, des sols riches et propres de tout engrais issus de l’agriculture. Néanmoins certains y voient également un intérêt zoologique. Les galeries sont des lieux idéaux pour la vie de nombreux chyroptères, des chauves-souris certaines spécifiques à la région. Ces chauve-souris se déplacent et se nourrissent la nuit en utilisant les corridors écologiques. Sur le site ce sont majoritairement des zones humides, la principale sur le site étant une réserve naturelle. Celle-ci est assise sur le cours du Moron qui s'y divise en méandre marécageux. La faune et la flore y sont reconnues d’intérêt communautaire* puisque le site jusqu’au cours de la Dordogne est classé zone Natura 2000 et ZNIEFF.

Espèces d'intérêt communautaire* Myotis bechteinii, Murin de Bechstein

Mustela lutreola, Vison d'Europe

Autres chiroptères Barbastella barbarstellus, Barbastelle Rhinolophus ferrumequinum, Grand Rhinolophe Autres espèces vivant dans la Réserve Lutra lutra, Loutre d’Europe Lucanus cervus, Lucane cerf-volant Chondrostoma toxostoma, Toxostome (poisson) Lycaena dispar, Cuivré des marais (papillon) Emys orbicularis, Cistude d’Europe (tortue) Coenagrion mercuriale, Agrion de mercure (libellule) Sources : Document d'objectifs Vallée et palus du Moron, Natura 2000 FR 7200685, SARL Rivière Environnement 2014

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PAYSAGES SINGULIERS

DES CARRIÈRES

IDENTIFIER LES RICHESSES, QUESTIONNER LES CONFLITS

2.3 UN PATRIMOINE, MAIS DE QUELLE NATURE ? Mises sur le même niveau, les différentes valeurs patrimoniales des carrières sont paradoxales. Il s’agit d’un territoire rural, inclus dans un terroir, entre autre viticulture du bordelais. En parallèle, il s’est fait un lien avec la pierre que l’on retrouve dans l’architecture localement mais aussi jusqu’à Bordeaux. L’exploitation des carrières a donné lieu à une industrie intensive, qui a marqué les paysages autant que la population. Industrie qui après avoir défiguré les espaces initiaux, en a créé de nouveaux. Ils sont similaires à des friches industrielles, au milieux de la campagne du bordelais. Ayant finalement trouvé une place au sein de l’écosystème.

« Les carrières ont beau poser problème d'un point de vu sécurité, ça reste du patrimoine, on en fait quoi en temps normal des vieux monuments et des ruines ? » Commerçante à Prignac-et-Marcamps

38


Apport

Époque de dédut de couche

HORIZON

Pollution

XXIe

DÉPOTS DE DÉCHETS

Biodiversité

XXe

ENFRICHEMENT

Valotisation économique

XIXe

INDUSTRIE

Création d'un territoire

Socle

IIe

±1000000 av.e

CAMPAGNE DU BOURGEAIS

HISTOIRE GÉOLOGIQUE

La science s'inspire du sens commun dans l'utilisation du terme "Horizon". Les horizons géologiques ou pédologiques sont la rupture entre deux couches par la couleur, la nature ou la texture. Ils ont toujours une composition et un âge relatifs, il sont fait pour être lus et identifiés les uns par rapport aux autres. Origine et histoire François Ellenberger

du

terme

Horizon

[...]

Déclinaison sensible des Horizons sur le territoire

-

« C'est le patrimoine des carrières qu'on recouvre avec des déchets actuels, puis on laisse pousser la végétation pour cacher le tout. Ce sont des horizons assez tordus. On est doublement perdants. » Association de sauvegarde du patrimoine - Prignac-et-Marcamps

39


2

PAYSAGES SINGULIERS

DES CARRIÈRES

IDENTIFIER LES RICHESSES, QUESTIONNER LES CONFLITS

2.4 PAYSAGES EN ÉROSION, RISQUES DIVERS La méconnaissance des carrières est un grand facteur de risque. Comme nous l’avons évoqué plus tôt, elles ont été creusées à une époque où la question du devenir des territoires ne rentrait pas en ligne de compte dans la création de richesse. Ainsi on n’a pas pesé les conséquences de l’abandon des carrières. L’incapacité de les situer est fatalement devenu un problème. Dans cette cécité générale, beaucoup de carrières sont victimes de dépôts sauvages de déchets. Les autorités tournent le dos aux carrières, elles sont un problème potentiel pour les locaux, ce sont des trous cachés et isolés, autant de raisons qui ont fait d’elles des décharges sauvages. Cependant, la méconnaissance des carrières ne s’arrête pas là. Dans la volonté de régler le problème, de nombreux propriétaires ont pris l’initiative de combler leurs carrières. C’est une très mauvaise décision. Si on tente de combler avec de la terre végétale il y a des chances que sa concentration en polluants n’ait pas été contrôlée. Elle se retrouve disposée en sous-sol à proximité des nappes phréatiques. De la même manière, des gravats de chantiers BTP, s’ils ne sont pas triés peuvent comporter des matériaux polluants en métaux lourds ou en hydrocarbures. De plus, le comblement total est impossible, puisque les galeries ont pu devenir impraticables et les volumes apportés ne peuvent être acheminés au bout des souterrains. Donc on se contente plutôt de boucher l’entrée de la carrière. Ce qui encore une fois, est une très mauvaise décision. Dans le sens où la carrière reste vide, elle n’a juste plus d’interface avec l’extérieur, donc l’humidité s’accumule en sous-sol et ronge le calcaire, fragilisant d’autant plus son intégrité. Humidité viciée pouvant être à l’origine de contamination sanitaire des nappes, donc de tout l’environnement. 40


Des exemples de ce type ne doivent pas manquer sur le territoire, mais l’un d’entre eux a fait beaucoup couler d’encre en 2003 et n’a toujours pas trouvé de résolution. La carrière des Neuf fonds au nord de Prignac-et-Marcamps. C’est un véritable scandale qui a éclaté quand des membres de l’Association de préservation du patrimoine se sont rendu compte que la Municipalité ayant acquis le terrain en 1995, avait ensevelit les galeries sous des montagnes de déchet. On en décompte environ 150 000 tonnes soit 30000m3*, environ le volume de l’École de la nature et du paysage de Blois (35*45*21m) . Ce sont majoritairement des gravats, à priori inertes mais visiblement, d’autres déchets s’y sont ajoutés au cours de l’exercice : bidons, plastiques broyés… Pour de telles quantités, il a fallu une organisation industrielle.

Carrière des Neuf Fonds

Site d'enfouissement

km

1

* : Sources : Association de préservation du patrimoine prignacais

Pierrières des Hugons

Tailleurs de pierre Barboteau et Tavernier

La situation et les problématiques qu’elle soulève ne m’ont pas échappées. C’est une des deux raisons qui m’ont amené sur site. La lecture des richesses patrimoniales proposée dans le point précédent se retrouve couverte par un autre calque, ternissant ces paysages étranges et fascinants : le manque de considération des carrières. Cela les amène à devenir des déchetteries ainsi que des obstacles aux yeux des élu.e.s locaux.ales. Ce sont là les réels problèmes liés aux carrières, pas le « blocage » qu’elles représentent. 41


3

LES COMMUNES, LES CARRIÈRES : RAPPORT CAUSAL

Après avoir analysé les caractéristiques et les problématiques des carrières, détachons-nous-en dans un premier temps pour lire les communes qui font le site. Qui y vit, qui y travaille, qui s’y déplace ; quelle est l’histoire des villages, quelles sont les tendances pour leur avenir… Cela fera naturellement écho au sujet, l’enjeu ici est de démêler les causes des effets, entre l’évolution de la politique locale et la situation des carrières. Leur évolution relative a mené à un blocage, celui à l’origine de ce mémoire.

Ci-contre : Sortie de village de Prignac et de Bourg, mur de taille, vignes, vielles pierres



3

COMMUNES, CARRIÈRES

: RAPPORT CAUSAL

QUELLE PLACE POUR LES CARRIÈRES DANS L'ORGANISATION TERRITORIALE ?

3.1 PROFIL ET FONCTIONNEMENT Les communes cadrant le site d’étude, Bourg-sur-Gironde, Prignac-et-Marcamps et Tauriac sont trois communes de 1000 à 2000 habitant.es chacune. On estime autour de 4/5e la proportion d’habitant.es actif.ves travaillant sur l’Agglomération bordelaise. Cela donne lieu à un bal spectaculaire de voitures de 7 à 10h du matin dans un sens et 16 à 21h dans l’autre, sillonnant toute la région jusqu’à Blaye. Ce n’est pas très surprenant pour Bordeaux, son bassin d’emploi s’étend sur tout le département et le prix du mètre carré dans le bourgeais est correcte compte tenu de sa distance. On trouve des écoles dans chaque commune et un collège à Bourg. La viticulture est une activité omniprésente sur le territoire. Dans un rayon de 20 km on ne trouve qu’une exploitation maraîchère, les autres sont plutôt tournées vers Blaye, Saint-André-de-Cubzac ou encore Bordeaux. Pour que la ruralité cesse de dépendre des villes, régler la question de l’alimentation en local lui permettra de se détacher de sa valeur « fonction ». Dans le cas présent, elle ne sera plus « fournisseur en vin ou raisin » pour le commerce de vin du bordelais. Elle aura aussi sa propre richesse produite sur place, détachée des grands groupes commerciaux.

44


1000000e

km 0.5 10

20

50

45


3

COMMUNES, CARRIÈRES

: RAPPORT CAUSAL

QUELLE PLACE POUR LES CARRIÈRES DANS L'ORGANISATION TERRITORIALE ?

3.2 CONTEXTE POLITIQUE RÉCENT Le scandale écologique évoqué plus tôt est la raison pour laquelle ce travail s’intéresse aux carrières dans la région. Mais cela aurait pu s’exporter sur tout le territoire faisant face à ces aléas , jusqu’à l’Entre-deux-Mers. Si dans le cadre de la recherche, le choix s’est porté précisément sur ces trois communes c’est parce que leur situation politique est devenue problématique depuis peu.

LESPARRE -MÉDOC

BLAYE

LIBOURNE BORDEAUX

ARCACHON LANGON 100 km Arrondissements et EPCI

(établisse-

ment public de coopération intercommunale)

46


Bourg était le chef lieu d’une communauté de commune, contenant une dizaine d’autres communes. Elle était entre celles de Blaye et de Saint-André-de-Cubzac. À l’époque, Bourg et ses communes ont fait un diagnostic pour localiser les carrières, ce que n’ont pas fait les communes liées à Blaye et Saint-André-de-Cubzac. Analyse qui a révélé que toute la surface des communes était potentiellement sur des galeries. Leur PPRNT (plan de prévention des risques naturels prévisibles et de mouvements de terrain) et fatalement leur PLU (plan local d’urbanisme) se sont totalement bloqués en zone rouge, inconstructible.

Estuaire - Saint-Ciers

Canton de Blaye

Suite à un remembrement des communes en Haute-Gironde, la Communauté de commune de Bourg a été divisée et a rejoint la Communauté de communes de Saint-André. Or ces trois communes furent les seules à avoir des plans d’urbanisme bloqués. Le reste continue de bâtir sans connaissance du risque et donc à produire de la richesse foncière. La communauté de commune a donc placé les communes touchées en PUL (principe d’urbanisation limitée) qui ancre l’inconstructibilité des zones concernées. Finalement cela limite les services et les projets intercommunautaires, puisque les communes ne sont plus productrices de richesse (de foncier peu cher pour répondre à la demande de logement citadine).

CC Estuaire canton de St-Ciers

Canton de Saint-Savin

Canton de Bourg

Cubzaguais

CC de Blaye

CC Latitude Nord Gironde CC du Grand Cubzaguais

50 km EPCI de l’arrondissement de Blaye en 2010

EPCI de l’arrondissement de Blaye en 2017 47


3

COMMUNES, CARRIÈRES

: RAPPORT CAUSAL

QUELLE PLACE POUR LES CARRIÈRES DANS L'ORGANISATION TERRITORIALE ?

3.3 RAPPORT AUX CARRIÈRES Toutes les carrières ne sont pas totalement abandonnées, des locaux ont trouvé par endroit un usage à un terrain ayant été exploité. Certaines maisons sont construites à cheval sur le relief ou même utilisent des entrées de galerie comme garage ou débarras. Dans ce cas, les vestiges n’en sont plus, ils ont trouvé une seconde vie. Il est commun d’en avoir visité, d’avoir randonné sur des sentiers aux carrières, d’en avoir ou avoir une connaissance qui en a chez soit. Du reste, les habitant.es se retrouvent avec plusieurs siècles de galeries sous leur pieds, sans en savoir plus. On entend parler d’effondrement, on est limité dans les chantier domestiques, mais l’omniprésence du risque n’est pas un sujet de préoccupation du quotidien. Il y a une nostalgie généralisée quant aux carrières et un consensus quant à leur valeur. Cela reste flou mais les locaux aiment ces lieux.

Maison dans le relief d'une ancienne carrière Prignac-et-Marcamps

48

« Gamins, on y passait tout notre temps, on les connaît mieux que les propriétaires. » Commerçant à Prignac-et-Marcamps

Abris de jardin dans un vestige de carrière Prignac-et-Marcamps


Devant la complexité de la situation des carrières, pour toutes les raisons vues plus tôt (absence de suivi, ancienneté, échelles immenses...), les communes n’ont pas trouvé d’autres alternatives que de clore les carrières. Ont-elles d’autres possibilités ? Les municipalités en campagnes sont des équipes d’une dizaine d’élu.e.s et fonctionnaires, ils/elles ont déjà plusieurs rôles à assumer et rarement toutes les compétences pour le faire. Jusqu’en 2014, le Département était en charge au travers du Bureau des carrières. En 2014 quand la Préfecture a révisé la dangerosité des carrières et donc les PPRNT, c’est là que les services de l’état se sont désengagés et ont remis la responsabilité localement. En réponse à ce désengagements , un syndicat intercommunal est en train de se former depuis 2019, pour accompagner les propriétaires et les communes. Il s’agit de l’EPRCF 33 (études et prévention des risques carrières et falaises). Il se destine à être une aide pratique aux communes et propriétaires à évaluer la dangerosité des carrières, puis une aide à la décision dans des projets pour y remédier. Par la présente recherche je me suis aperçu à quel point la documentation sur les carrières manque d’un point de vu réglementaire. En tous cas son accessibilité lui fait clairement défaut. Aucune institution tournée vers l’environnement ne semble avoir de service dédié aux problématiques des carrières. Le département a encore son Bureau des carrières mais il se limite exclusivement aux interventions en lien avec les terrains lui appartenant : les routes départementales, ce qui est extrêmement réducteur compte tenu de la taille supposée des galeries. Un syndicat tel que l’EPRCF permettrait de lisser la recherche et de représenter une banque solide de données sur le sujet.

« La mémoire des institutions publiques c'est souvent la durée des mandats, donc 6 à 12ans... » Association de sauvegarde du patrimoine - Prignac-et-Marcamps

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Système actuel, unilatéral Dans le cas précis des carrières sur des terrains privés comme publics (comme les Neuf Fonds), la gestion revient aux communes. L’entretient et la valorisation reviennent bien aux propriétaires mais la force de décision sur les intervention et la gestion à long terme revient bien aux Communes. Or, les propriétaires comme les municipalités, n’ont aucune connaissance ou compétence en la matière et pas ou très peu de fonds pour remédier aux

différentes problématiques. Cette inaction face au problème peut aggraver la situation. On a tendance à fermer la carrière pour protéger d’éventuels visiteurs ou proscrire d’éventuelles décharges sauvages ; c’est ce que je qualifie d’inaction. La carrière elle-même s’éteint et vieillit, lui donnant encore plus une valeur de lieu inutile seulement bon à recevoir des déchets. Situation qui est étudiée par les associations, syndicats ou services concernés. Ceux-cis de par leurs compétences formalisent ces problèmes et sont en position de lancer une alerte. À la DREAL, la DDTM, la DRAAF, le CREN… Seulement la Région et le Département se sont vus amputer de la compétence « carrière ». Cette responsabilité a été déplacée localement, directement aux communes. Ces mêmes communes déjà dans une position statique à la base. Communes responsables

-€

+

Services / Organismes concernés

Services Publics

Sachant.e.s

Désengagés

Mènent des études

Déplacement des compétences

Non-Sachant.e.s

Inaction

Problème décelé sur des carrières Risques structurels et enjeux écologiques

Alerte

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Système transversal (projeté) On suppose que ce choix a été justifié par le besoin de traiter les situations au cas par cas et dans la mesure où les incidents ont plutôt des portées à l’échelle communale cela peut s’entendre. Cependant on observe un désengagement généralisé des services de l’état dans la même époque, c’est un problème discutable ; dans le cas précis des carrières, les problèmes pointus que cela soulève ne peuvent être traités localement pour des raisons techniques évidentes.

Les connaissances techniques et les incidences environnementales demanderaient un traitement centralisé. Un suivi local, la possibilité de lancer des alertes, qui activeraient des processus descendants. L’intercommunalité pourrait tout à fait assumer ce rôle, proposant ainsi la compétence nécessaire aux communes quand le besoin s’en fait sentir, par des expert.es, spécialisé.es sur la question du risque, des carrières et de l’extraction de déchets.

Local (Commune)

Propriétaires Chercheu.rs.ses

(public ou privé)

Central (ComCom EPRCF33)

/ Expert.e.s

Commande Mène Études

Prise en charge

Technique et financière adaptée au cas par cas

Problème décelé sur des carrières

Projet et suivi

Alerte

Solicitations régulières

Risques structurels et enjeux écologiques

51


4

PREMIÈRES INTUITIONS

Les questionnements que ce mémoire soulève touchent à l’urbanisme rural, à des enjeux écologiques forts et à un patrimoine particulier. Par le croisement des problématiques analysées, des solutions émergent. C’est le paysage qui fait cette jonction ; et en tant que paysagiste, le projet que je propose demande l’intervention de filières ou d’autres domaines que le mien. Il prendra la forme d’un projet paysager en intégrant un système inter-filière pour la valorisation locale à la fois des espaces, de déchets et d’une production agricole.

Ci-contre : Cavité dans un bocage dans le vignoble de Saint-Laurent-d'Arce



4

PREMIÈRES INTUITIONS POSITIONNEMENT DU PAYSAGISTE ET PREMIERS ÉLÉMENTS DE PROGRAMME

4.1 ÉCONOMIE ALTERNATIVE "One's trash is an other's treasure"* L’enjeu est de mobiliser les locaux et les visiteurs en les rendant actifs dans la préservation du territoire. Leur investissement serait un levier pour changer les pratiques, faisant d’eux des alliés précieux. En revanche, l’individu.e n’est pas seul.e producteur.ice de déchets sur le territoire. I.elle représente à vrai dire une proportion (bien que non négligeable) minime, compte tenu de son irrégularité. Les acteur.ice.s à toucher dans un projet de valorisation des déchets sont les entreprises locales. À en juger par la nature et la quantité des déchets, la majorité des dépôts sauvages sont issues de l’industrie et des professionnel.le.s. Aller chercher les rebuts à la source et les traiter serait l’action la plus satisfaisante à mettre en place pour préserver non seulement les carrières mais aussi l’environnement. Les entreprises utilisent des matières premières, produisent des richesses marchandes et enfin des rebuts ; le tout sur le territoire. En outre, l’un des principes de l’économie circulaire est de laisser voir aux producteur.ice.s que leurs déchets peuvent être les ressources de quelqu’un d’autre. « Les déchets de l’un font le bonheur de l’autre ». À cela on peut ajouter qu’effectivement, les structures de traitement des déchets ne sont pas dimensionnées dans la région pour l’usage professionnel. Le SMICVAL(Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de VALorisation des déchets) donne la priorité aux ménages qui eux, payent le service dans leurs impôts à contrario des entreprises qui doivent payer à l’usage. Cela n’excuse pas mais explique qu’il ait été plus simple et évident de se tourner vers le dépôt sauvage.

À noter que le pôle libournais du SMICVAL est dans une démarche éclairée sur le sujet : « Plutôt que de traiter les conséquences, et donc le traitement des déchets de façon très technique, nous investissons dans le changement de comportements pour réduire la production de déchets. Et pour y parvenir, nous proposons localement des outils, des alternatives » Nicolas Sénéchau – À l’occasion de l’ouverture du Smicval Market, un super marché inversé, traitant et redistribuant d’anciens déchets. Extrait de l'Aricle de la Tribune Bordeaux 19/11/19

*:Proverbe anglo-saxon, réutilisé dans les traités d'Économie alternative Ci-contre : Schémas faisant l'apologie de l'économie circulaire © OFEV (Office Federal de l'Environnement - Suisse) - CF. p92

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Système d'économie linéaire

Système d'économie circulaire

La valorisation des carrières et leur remise en état sur le devant de la scène est au centre du sujet, c’est à ne pas perdre de vue. Mais il y a manifestement une problématique à traiter dans la gestion des déchets sur le territoire. Ce TFE continuera sur sa lancée de travail sur les carrières, mais ne peut ignorer les sources de leurs problèmes. Il est donc nécessaire de participer à l’élaboration d’un système éliminant les déchets et la pollution en place et prévoit ceux qui sont à venir. 55


4

PREMIÈRES INTUITIONS POSITIONNEMENT DU PAYSAGISTE ET PREMIERS ÉLÉMENTS DE PROGRAMME

4.2 FAIRE UNE RICHESSE DU DÉCHET Pour apporter une réponse ingénieuse aux problèmes de pollution du territoire, la recherche s'est tournée vers l'ingénierie écologique et les méthodes de dépollution par les plantes :

La phytoremédiation est une famille de processus de dépollution, elle tire profit de la capacité des plantes à décomposer, stocker ou assimiler les matières polluantes. On parle respectivement de phytodégradation, phytoextraction et phytoépuration, chaque technique dépend du polluant en place. Les hydrocarbures (comme le pétrole par exemple) sont des surconcentrations de matière organique. Par l’action de leurs racines, les plantes dégradent ces molécules complexes ; rendant ces dernières assimilables par le reste du règne végétal. En vérité, elles font même du substrat en question un sol très riche et sans danger. Les métaux lourds ne sont malheureusement pas divisibles. En revanche, les plantes peuvent les extraire du sol, en les déplaçant jusqu’à leurs parties aériennes. Elles sont alors chargées en polluant, il faut donc les évacuer pour faire sortir les composés polluants du cycle biologique du site. Enfin, la pollution sanitaire, microbiologique ou encore bactériologique, se développe dans l’eau. Elle contamine les formes de vie sur le site par la surabondance de bactéries, virus, parasites... L’assimilation par des plantes adaptées permet de « filtrer » l’eau alors qu’elles s’en nourrissent. Processus inspiré par l’épuration naturelle des zones humides, souvent pour la création de projets de stations biologiques d’épuration des eaux usées.

Phytoremédiation

+ Substrat pollué en hydrocarbure

Banc de culture 56

+ Paille

+ Compost

Spores (Pleurotte Cèpes Shiitake)

La mycodégradation repose sur le même principe que la phytodégradation et remédie aux pollutions par hydrocarbure Consommation Emploi pour culture (ex. maraîchage)


Phytomine

Exemple de dépollution par des Amorpha fruticosa d'un sol pollué en plomb

La phytoextraction a l’inconvénient de seulement déplacer le problème. La phytomine va plus loin en s’ajoutant au processus. Ici, non content de déplacer les agents polluants, on les extrait ensuite pour les réutiliser dans des laboratoires de chimie verte. Les minéraux sont de précieux catalyseurs, essentiels pour la synthèse dans l’industrie chimique.

Emploi pour culture

« L’écocatalyse a créé un changement de paradigme : [...] des déchets sont devenus des objets chimiques utiles, innovants et motivants : les écocatalyseurs. »

Le site des Neuf Fonds et par extension, la réserve de pêche du Moron représentent des enjeux de pollution l'Actualité chimique de Janvier Utilisation pour écocatalyse en laboratoire de chimie verte massifs. En l’occurrence, un projet 2017 - © CNRS Claude Grison technique autour de l’épuration dans le passe de l’un à l’autre est nécessaire. Un projet de dépollution à grande échelle gagnerait à diversifier ces modes de traitement. Cela, mis au service d’un système vertueux permettrait de mutualiser les ressources nécessaires et de produire des richesses diverses. On peut ajouter à cela que les autres enjeux du territoire reposent aussi sur la valorisation de la carrière comme un lieu de vie et un pôle multimodal. La remédiation des eaux du Moron est un autre projet. 57


4

PREMIÈRES INTUITIONS POSITIONNEMENT DU PAYSAGISTE ET PREMIERS ÉLÉMENTS DE PROGRAMME

4.3 TYPOLOGIES POST-CARRIÈRE Devant la fin d’une carrière ou d’une mine, trois postures dans le projet post-exploitation ont été théorisées*. Les possibilités que ces volumes déploient sont nombreuses et peuvent mener à la création d’espaces uniques. C’est aujourd’hui un devoir auquel répond directement les exploitant.es. Dans le cas de notre travail, les carrières se sont éteintes bien avant que l’on ne se pose les questions auxquelles ces formes de projet cherchent à répondre. Les carrières représentent surtout un poids pour leurs propriétaires, et leur âge un frein aux projets. Prenons un peu de distance, car les concepts employés pour d’autres situations sont de bonnes sources d’inspiration. * : Site web de l’UNICEM (Union nationale des Industries de Carrières et de Matériaux de construction).

Restauration Ces projets touchent davantage des exploitations de grande taille, bien au-delà des échelles que l’on peut trouver en Europe occidentale. La réponse apportée part du postulat que la terre exploitée a été stoppée dans son évolution. Donc après avoir extrait les ressources, on doit lui rendre son aspect initial. Ce sont alors d’immenses quantités de terre végétale qui sont déployées (ou redéployées quand elles ont été stockées) pour combler les galeries et les déblais. L’origine de ces projets est souvent

58

réglementaire. C’est souvent le gouvernement concerné qui obtient des exploitants qu’ils s’engagent à prévoir techniquement et financièrement la restauration avant même le début du chantier. La Restauration a de problématique qu’elle relève de la « renaturation » qui est par essence artificielle (donc incomplète, partielle). D’autant que le reste du territoire a continué d’évoluer sur ces 20, 50, 100 ans

Mines d'Agaçli (charbon) Province d'Istanbul


Réhabilitation La réhabilitation prend le total contrepied de la Restauration. Ces projets sont motivés par la valeur de la mémoire : la carrière a marqué un territoire sur nombre de facettes, il est question de la valoriser. On réalise des expertises pour s’assurer de l’intégrité de la structure, mais on investit la carrière comme telle, avec ses cortèges de biodiversité et en mettant en avant son architecture étrange. Cela donne difficilement lieu à autre chose qu’un parc ou lieu lié à la culture. Ici on ne pose pas la ques-

tion de l’utilité d’une telle surface. La consommation de l’espace a déjà eu lieu, la carrière est là, on la fait vivre dans la mesure du possible.

Carrières antiques - Junas (30)

Reconversion La troisième posture est un entredeux, dans le sens où elle ne laisse pas le site tel quel, sans pour autant chercher à simuler l’état initial. La surface grandiose de la carrière et son aspect lunaire deviennent plutôt une opportunité. Ici on intervient sur la forme de l’espace et le sculpte pour donner autre chose. Souvent un parc ou une réserve, où on mettra à profit la richesse écologique des carrières. S’ajoute à la volonté de transformer le site, une caractéristique qui ne touche pas toutes les carrières. Dans certaines

exploitations l’absence d’eau peut être artificielle : certaines carrières devraient être naturellement en eau, par la remontée de nappes phréatiques. Le temps de l’exploitation on draine mécaniquement et constamment. À la fermeture de la carrière, on laisse le site se remplir. La mise en eau est représentative des projets de reconversion qui en tire profit, mais n’est pas systématique.

Sentier des Carrières Barbezieux (17)

C’est pertinent que les exploitants s’engagent à restaurer le site mais c’est une consommation gigantesque de ressources. Pour le projet, nous devrions opter pour une alliance juste entre réhabilitation pour la valorisation du site déjà en place ; et reconversion pour lui donner une autre valeur offrant une place à un pluralité de filières et pas le seul usage récréatif. Garder une mémoire du site tout en le rendant actif au sein de son territoire, producteur de ressources à nouveau. 59


5

TRANSITION DE FAIBLESSE À FORCE

Passer des intuitions aux intentions demande des précautions. Les concepts évoqués ci-avant sont forts et peuvent avoir des liens trop fins pour le moment. Donnons-leur de la matière par des leviers de projet solides. Nous verrons ici des méthodes et des moyens ayant fait leurs preuves et une proposition de système qui par sa cohérence, lissera les avantages et les inconvénients de chacune des idées soulevées jusque-là.

Ci-contre : Halle de Champi Bordelais et le Marché aux Délices, SaintLaurent-d'Arce cf. page 96



5

TRANSITION DE

FAIBLESSE À FORCE MÉTHODOLOGIE ET MOYENS

5.1 RÉPONSES AUX ENJEUX Rapport relatif des enjeux principaux ptôme de dysfonctionnement Sym duit, mais peine à traite Pro r

Ordre de lecture :

4

2

3

Solution Solution technique technique àà trouver trouver

Pro b lé ma

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lo isa tio

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Solution possible, après dépollution

Po llu tio n

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62

Solution Solution trouvée trouvée d'elle-même d'elle-même

Es

pa

1


Enjeux principaux La transversalité de la réponse apportée par le projet ne peut pas reposer sur la seule dépollution de la carrière des Neuf Fonds. Aussi, aucune autre forme d’installation ne saurait y trouver sa place, précisément à cause du risque que la pollution représente. Le projet ne prendra donc pas place à cet endroit. Ce qu’il faut, c’est trouver un espace cohérent, isolé de ces problèmes de pollution justement pour qu’il puisse y offrir une solution, par les techniques de phytoremédiation abordées plus tôt. Un espace qui permette de créer un lieu de vie qui fasse briller les carrières pour ce qu’elles sont, des paysages atypiques. Une carrière qui en même temps, présente des avantages pour une valorisation économique, qu’elle soit support d’une nouvelle activité. Une activité qui manque dans la région comme par exemple le maraîchage. Une carrière sur la route entre Prignac et Bourg, située dans un lieu-dit de la commune de Tauriac, correspond à cet espace nécessaire, il s’agit de la Pierrière de la Lustre

RURAL

CARRIÈRES

DÉCHETS

Préserver les ressources, les sols, trouver de nouvelles manières d'habiter et consommer.

Préserver leurs valeurs en termes de biodiversité et de richesse caractéristique. Protéger les habitants, tout en proposant des usages alternatifs, faire vivre ces lieux.

Réparer l'abus en sous-sol et stopper la pollution mettant en danger une plus large région. Néanmoins ce site est symptômatique d'un système dysfonctionnel, il faut également gérer les déchets avant leur production

La limite du point de vu de l'urbanisation est une opportunité pour faire émerger les carrières et les faire briller dans le contexte qui pour le moment les laisse dépérir.

Ce projet proposera un système qui réponde au traitement des déchets extraits des souterrains et des déchets futurs, produits sur ce territoire

RÉPONSES Par la remarquabilité des carrières et la limite qu'elles représentent dans l'aménagement, proposer des lieux insolites pouvant être support de nouvelles activités propres à ce territoire.

63


Détail des enjeux

64

ENJEUX PRINCIPAUX

Enjeux sous-jacents

RURAL

Urbanisation

CARRIÈRES

Image

CARRIÈRES

Richesse

DÉCHETS

Pollution

RURAL

Alimentation

DÉCHETS

Production

Arrêter la consommation abusive de terres arables pour accueuillir de nouveaux.elles habitant.e.s. Jouir de l'incapacité d'urbaniser et pointer du doigt les problèmatiques plus graves. Les sortir de l'image de lieu dangereux à clore. Leur donner de nouveau une fonction dans le territoire.

Protéger et valoriser la richesse écologique que représentent les carrières. Encrer cette place qu'elles occupent sur les corridors écologiques. Éradiquer la pratique de dépôts sauvages dans les carrières. Régler le problème de pollution de la carrière des Neuf Fonds. Rendre indépendant.e.s localement, les habitant.e.s de communes rurales, se détacher des cycles de dépendances des grands groupes commerciaux. Limiter la production de déchets, à la source. Chez grands producteurs : les entreprises.


Réponse

Action

Concevoir d'autres manières de valoriser la ruralité. En l'occurence tirer parti de l'incapacité d'urbaniser, pour valoriser localement par la richesse que représentent les carrières.

Faire de la faiblesse que représentait la carrière, une force. Par son intégration dans un projet de lieu de vie local, créateur de richesses sur un lieu à valeur d'exemple.

Ouvrir autant que possible les carrières, révéler la potentialité insolite et sublime des lieux des carrières. Sous leurs diverses formes.

Réaliser un projet de parc d'exploration dans une carrière. Un projet témoin qui puisse donner un élan d'ouverture des carrières sur tout le Bordelais.

Protéger et classer leurs galeries comme lieu de vie des chiroptères. Représenter et valoriser la richesse de la végétation en place au sein des atlas de paysages du CAUE33.

Conserver la palette végétale dans l'aménagement de la carrière, la mettre en scène. Limiter l'exploration dans les galeries pour préserver les lieux de vie des chiroptères.

Changer les moeurs par l'amélioration de l'image et carrières et la sensibilisation. Trouver un système qui évacue, trie, traite et éventuellement valorise les déchets et la pollution souterraine.

Participer au système de traitement et dépollution des volumes enfouis aux Neuf Fonds. Lancer une nouvelle filière et inviter à la développer.

Tirer parti des dents creuses dans le vignoble pour favoriser l'implantation de filières d'alimentation locale. Des producteurs.rices qui resteraient sur des principes de circuits courts.

Comprendre dans le projet, l'implantation d'une production alimentaire. Entre autres un.e maraîcher.ère. et des champignonnières (qui participeront aux processus de dépollution).

Mettre en place un système sur les principes d'économie circulaire, faire disparaître autant que possible le déchet, en le valorisant comme une ressource.

Participer à ce programme par les champignonnières, qui revaloriseront des sols pollués par la pousse de champignons.

65


5

TRANSITION DE

FAIBLESSE À FORCE MÉTHODOLOGIE ET MOYENS

5.2 SYSTÈME VERTUEUX Le projet prend ici une dimension systémique. Avant de s’incarner sur un site précis, nous allons étudier la mise en place d’actions sur divers aspects du territoire, pour assurer la durabilité de l’action. Réciproquement, le site sur lequel le projet va s’ancrer, participera à ce système. Les trois propositions qui vont suivre s’inspirent de processus en plein essor. Les principes d’économie circulaire ou de phyto/mycoremédiation tendent à être médiatisés et vulgarisés, ils gagneraient à être normalisés et à trouver leur place dans la société. Pour l’heure ils nourrissent ce travail avec un regard de paysagiste. « À l’OFEV, ce sont David Hiltbrunner et Bernhard Hammer qui se consacrent à ce sujet au sein de la division Déchets et matières premières. Comme le souligne Bernhard Hammer, le recyclage des déchets de chantier contribue largement à réduire notre empreinte écologique. En effet, la construction joue un rôle central dans l’économie circulaire, car le bâtiment et les travaux publics sont les secteurs qui génèrent de loin le plus de déchets dans notre pays. Actuellement, la quantité des matériaux de déconstruction s’élève à quelque 17 millions de tonnes par an, dont environ deux tiers sont recyclés. Selon David Hiltbrunner, ce résultat est bon, mais pourrait être amélioré. Un volume de 25000 maisons indivi-duelles s’avère toujours mis en décharge ou incinéré. Pour David Hiltbrunner, le problème ne se résume pas à l’absence de durabilité [...] .Les experts de l’OFEV commencent donc à parler d’un concept qui va au-delà du simple recyclage: le réemploi d’éléments de construction entiers, comme des fenêtres, des portes, des revêtements de façades, des escaliers ou des structures métal-liques en bon état. » Extrait du magazine d'Avril 2019 l'Environnement - Rien ne se perd Article à propos de l'Urbanmining (ou Mine Urbaine) en Suisse

66


Économie

Objets (Portes, fenêtres, réseaux...)

Ferraille

Construction Démolition Projet

Pierre Bois

Ressources triées Granulats

Chantiers Ciment, béton

Entreprises

km

1

2.5

Entreprises

Chantiers

Les entreprises du milieu du bâtiment sont nombreuses, elles construisent sur le territoire et se partagent l’offre de la Métropole Bordelaise. Elles méritent d’être mises en relation. De fait, en triant la matière au fur-et-à-mesure sur le chantier de démolition, on n’a plus qu’à déplacer des ressources réutilisables. Le temps employé dans le tri serait rapidement mis à profit, même face aux performances des chantiers du système du tout jetable. 67


Dépollution La boucle que la dépollution ferme est la réponse qu’il faut apporter aux galeries de la carrière des Neuf Fonds par l’utilisation de celle de la Lustre. Ce sera l’occasion d’innover en créant une nouvelle filière qui soit incluse dans un système plus large, devenant pourquoi pas, exemplaire en matière de dépollution ; une référence qui inspirera des régions touchées par les mêmes problématiques. Pour l’heure, l’articulation de projet, offerte par les volumes souterrains de la carrière de la Lustre invitent davantage à leur donner une valeur. L’usage des galeries en champignonnières a du sens sur ce territoire. Du reste, la matière qui arrivera à la Lustre sera stockée sur place, pour être répartie sur des bancs de culture de champignon donc fatalement pour procéder à une mycoextraction. Une fois les hydrocarbures éliminés et le substrat enrichi, il restera sur site pour servir de substrat aux autres cultures, ou pourra repartir dans les mêmes camions vers d’autres exploitants, ou encore être vendue à des entreprises ayant besoin de substrat. La filière dépollution du site pourra même accueillir des volumes de terre d’autres lieux pollués, leur redonnant ainsi une valeur. Dans l’excavation des masses ensevelies, seule la matière polluée sera conservée pour être acheminée vers le site. Les déchets inertes trouveront une seconde vie et malheureusement les déchets non recyclables seront envoyés en décharge.

Site

La phytomine serait très intéressante puisqu’elle offre une valorisation de la matière polluante. Seulement la culture des plantes accumulatrices se fait à même le sol touché, qui ici est plusieurs mètres sous terre. La culture pour la phytomine demanderait alors de déplacer les volumes de terre et d’être capable de les stocker en surface, ce qui dans l’optique de la création d’un lieu de vie, est impossible. Aussi, pour un autre projet qui traiterait de la pollution du milieu aquatique, on peut préconiser la mise en place d’une station de phytoépuration en aval du site. Les polluants organiques et microbiologiques rejoignent les nappes et refont surface dans la Réserve de pêche du Moron, peut-être même au niveau des habitations sur la route. À terme, la région pourrait offrir un service remédiant à tous les types de polluant. Écoulement souterrain Écoulement en surface interface sous-sol / surface Zone de pollution souterraine

km 68

1

Zone potentiellement affectée


Carrière Pollution / Déchets Substrat Dépollution / Valorisation Finalité

Cela prendra du temps. Avec de larges approximations des proportions de déchets, on peut supposer que pour 7500 tonnes (5 % de la quantité totale des déchets des Neuf Fonds), à raison d’une centaine de rangs d’1m 3 chacun, cela demanderait 50 à 75 ans, avec la manutention que cela implique. Cette technique n’est pas miraculeuse. Gérer la pollution n’est pas facile, la remédiation écologique a simplement l’avantage de changer les choses sans pour autant déplacer le problème ou en créer d’autres.

Inerte et/ou Réutilisable

Plastique, Ménager

Utilisation sur site pour maraîchage et champignonière (consommation)

Polluants lourds, Polluants organiques

OU

Vente pour maraîchers ou entreprises espace vert

« Régler le problème est un grand enjeux, mais il ne faut pas non plus laisser entendre que c'est facile, "Pollueur-Payeur". » Syndicat de gestion des bassins versants du Moron, Blayais, Virvée et Renaudière

69


Projet Mutualisme dans la production Les volumes de substrat issus de la carrière des Neuf Fonds seraient dépollués par la pousse des champignons et même enrichis en matière organique. En parallèle, par leur croissance, les légumes se nourrissant de la matière organique chargeraient le sol de minéraux nécessaires à la croissance du champignon. Un échange durable pour un rendement nettement meilleur, demandant de la manutention mais pas d’engrais chimique.

Substrat enrichi par les champignionières

Carrière de La Lustre

Production nourricière

Substrat pollué

Matières inertes

Déchets non valorisables

Carrière des Neuf fonds

Les déchets triés et jugés non-valorisables seront mis en décharge, gérées par le SMICVAL.

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La production des maraîcher.ère.s et champignonnistes seraient mis en commun et mis sur le marché local, sous forme de paniers à la commande ou aux cantines scolaires. Maraîcher.ère.s

Substrat enrichi par le maraîchage

Production nourricière

Entreprises d'espace vert

Le substrat dépollué excédent de l’échange maraîchage/ champignonniste pourrait être vendu à des entreprises d’espaces vert. De même que la matière inerte issue des Neuf Fonds pouvant être réutilisée comme fond de forme par des entreprises de terrassement, de bâtiment ou de VRD.

Valorisation, Créateur de richesse

Vigilance

Habitant.e.s

Valorisation, Créateur de richesse

Non-Valorisation Déchets non valorisables

Investissement habitant Entreprises deConstruction

Déchetterie, Centre de Tri

Dans le processus d’ouverture des carrières, on mettra à portée des usagers un dispositif de lancement d’alertes. On ne leur demanderait pas de juger de l’état structurel des carrières, il s’agit plutôt d’offrir aux services en charge des carrières, une vigilance régulière contre les dépôts sauvages. C’est un moyen d’impliquer personnellement les usagers, qu’ils soient locaux ou de passage. L’effort à fournir serait minime, ils signaleront au moyen d’une carte interactive en ligne ou un standard téléphonique. C’est un moyen de tendre vers l’éradication des pratiques de dépôt sauvage sans passer par la culpabilisation, plutôt une responsabilisation morale envers ce patrimoine commun.

Carrière, partout sur le territoire 71


6

SPATIALISATION

Par toutes les étapes de ce mémoire, nous avons analysé un paysage et les problématiques de son territoire ; nous avons formalisé les conflits en jeu, avancé des propositions, conceptualisé un système. Cela justifie le dessin d’espace sur ce territoire. Ce ne sera pas la réponse à toutes les questions soulevées, un projet spatial ne peut résoudre seul des questions d’urbanisation du rural, d’économie linéaire ou même de pollution. Seulement par ce projet, nous créerons un lieu témoin, il reposera sur les concepts revendiqués et s’y inscrira.

Ci-contre : Landes et Murs de taille de la carrière de la Lustre, lieu dit de Tauriac



6

SPATIALISATION FORMALISATION DU PROJET

6.1 LECTURE Analysons d’abord le site, à une échelle plus resserrée. Le lieu qui par la recherche s’est identifié de lui-même comme étant le sujet idéal, répondant localement à toutes les questions soulevées, est une carrière à ciel ouvert situé au lieu-dit de La Lustre. Le lieu-dit est rattaché à la commune de Tauriac et se trouve sur la route entre Bourg et Prignac-et-Marcamps. La Lustre se trouve sur la D669 qui les relie, on y voit s’y succéder en début et fin de journée la file interminable d’automobilistes travaillant sur Bordeaux. C’est un village-route d’un peu moins de 400 habitant.es, il possède un bar-tabac-pompiste-laverie et un bureau de poste, ils complètent modestement l’offre de Bourg, à la demande des communes rurales alentour. Le bourg-village-route de la Lustre est tourné vers la départementale qui le traverse. Elle est bordée par le Ruisseau des Marguerites avant qu’il ne se jette dans la Dordogne. Ce dernier dessine une petite ripisylve et en aval du bourg, on trouve des prairies humides. Le village est adossé à un coteau encrant le lit majeur de la Dordogne. Sur ce coteau est assise une forêt protégée (ZNIEFF type 1). C’est au cœur du coteau, sous la forêt qu’est lovée la carrière. De toute évidence, c’est le point de départ d’une grande quantité de galeries, l’une des quatre grandes concentrations sur le site d’étude. Pour le moment elle appartient à plusieurs propriétaires particuliers, certains en font entretenir une petite partie par un gardien. Aucune valorisation foncière n’est possible. Les propriétaires actuels n’en font rien pour le moment et n’ont certainement pas d’alternative. L’intercommunalité pourrait leur racheter le terrain et le rendre créateur de richesse. km

74

1


5000e

m 50 100

200

500


Les reliefs Ce document se base davantage sur des ressentis et l’expérience que j’ai eu du site. Il présente par paliers, les espaces franchissables sur un même relief. Le changement de couleur peut représenter 5 comme 15 mètres. Les chemins sont des sentiers arpentables et certains joignent les différentes masses. On lit encore la carrière exploitée, par ses larges accès, certaines routes, par la platitude du sol travaillé et des nombreux fronts de taille. Ces murs laissent des ouvertures béantes à des hauteurs absurdes, témoignant des hauteurs auxquelles s’est retrouvé le « »niveau zéro » du sol au cours de l’exploitation. Ainsi le niveau actuel du sol donne accès au cavités de fait, les plus récents. Celles-ci sont souvent bouchées soit par une végétation dense soit par la main des propriétaires pour protéger d’éventuel.le.s explorateur.rice.s téméraires. Certaines hauteurs que le relief accidenté permet de rattraper, donnent lieu à des vues dégagées sublimes. Les visions panoramiques aident énormément à saisir la complexité des espaces. Des fois au sommet d’un relief ou des fois par des fenêtres des fronts de taille, on assemble pièce par pièce une cartographie mentale. On la corrige sans arrêt face à ce paysage imprévisible. Au-delà des vues, le cheminement se fait également par à-coup. Les voies sont souvent bloquées par la végétation ou le relief. On peut trouver par endroit des cavités donnant sur des galeries. Je n’ai pour le moment pas trop osé m’y aventurer, mais celles auxquelles j’ai pu accéder elles m’ont amené vers des vues imprenables, ou encore vers d’autres issues. Le réseau semble interminable. - +

Gradient des paliers d'altitude, délimités par le relief Mur de taille

Sur la page suivante :

Chemin empruntant une pente

1

Chemin entrant sous terre Point de vue 76

2

3

4


2

4 1

2500e

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100

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3




Les typologies d'espaces En termes d’espaces, le site totalement dissimulé par des murs de végétation. Le boisement au sud du site s’élève sur le coteau et domine de larges étendues couvertes de vignes et de prairies humides au sud du bourg de la Lustre. Les boisements n’ont cependant pas le même âge sur tout le site. Ils seront plus vieux sur les hauteurs et plus jeunes sur la ceinture. À l’intérieur de la carrière les essences ligneuses peinent encore à prendre place, l’humus est fin, inexistant par endroit. Les pionnières et espèces rudérales sont très présentes. En revanche dans les déclinaisons du relief, les impluviums naturels on trouve des sous-bois riches. L’air y est lourd et frais, la mousse et les fougères abondent.La transition d’un espace à l’autre peut être brutale, elle peut être le témoin des caractéristiques physiques du terrain ou de l’histoire du site. Sur le site

Les quelques landes sont sur les plateaux, on les remarque de loin dès lors qu’on est sur le site. Elles dégagent la visibilité d’un front de taille à l’autre, et depuis leur sol on peut voir toutes les hauteurs alentour. Ce que j’appelle la ceinture arborée peut être l’orée plus jeune des bois denses ou au contraire, la bordure plus âgée d’une lande. C’est un entre-deux qui dans tous les cas marque une transition dans la densité. Pour le boisement des hauteurs, c’est une nature de sol qui marque la distinction. L’humus y est ancien et la forêt très dense. Ce sont les masses qui sont les plus repérables de l’extérieur. Enfin, les bois humides ne sont pas nécessairement les plus denses ni les plus hauts, leurs essences ont simplement moins besoin de lumière. C’est leur enclave qui les rend moins accessibles. Hors site

80

Sur la page suivante :

La vigne dégage les horizons, sa linéarité souligne les reliefs plus ou moins doux sur lesquels elles s’étendent. Les ripisylves sont légères, il est rare qu’elles soient assez denses pour obstruer la vue. Néanmoins elles marquent de loin le ruisseau et les fossés de prairie.

1 4 2

3


2

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6

SPATIALISATION FORMALISATION DU PROJET

6.2 SCHÉMA DIRECTEUR Le jardin des carriers - La Lustre Le Jardin des carriers trouve son nom dans la mise en culture de la carrière et dans son ouverture à l’agrément. Dans un premier temps, la priorité est de ne pas dégrader le paysage et la biodiversité du site choisi : ce n’est pas sa valeur de site « témoin » ou « fonction » qui devra donner lieu à sa dénaturation. Ainsi, l’ouverture du site sera partielle. Les boisements denses seront préservés, si on les arpente ce sera par des sentiers légers ; si on ouvre des percées ce sera par une taille superficielle. La richesse du site se trouve également sur les parties plus à nu, les essences rudérales seront incluses dans l’aménagement. Celui-ci s’inspirera des principes de Forêt-Jardin, où la nature et l’habitat sont deux extrêmes d’un gradient et où se succèdent des espaces intermédiaires plus à moins cultivés et finalement, nourriciers. Le respect de la richesse du site saura également tirer parti de son sol et de sa surface. La motivation initiale de ce travail est bel et bien d’utiliser ces espaces oubliés. Aussi, l’introduction de terres maraîchères dans le bordelais est bienvenue, à côté de la vigne omniprésente. Le commerce des légumes se ferait sur le principe de l’AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), c’est à dire en lien direct avec d’autres agriculteurs et à la commande hebdomadaire. S’associer permet aux agriculteurs de varier et dimensionner régulièrement leur offre, mais aussi d’amortir les fluctuations de productions de chacun des associés suivant les saisons et les aléas possibles. De plus cela invite à consommer localement, la vente se fait même sur site toute l’année. Des lieux de vie seront dessinés sur les espaces incultes. Cela dégagera une surface généreuse et modulable. De nombreux événements y prenndront place à la belle saison, à 30 comme à 300 personnes. Des marchés d’artisans, des dégustations de vins, des guinguettes, des scènes ouvertes, ou des repas de voisinage. Deux niveaux seront réellement aménagés mais seulement avec du mobilier déjà en place : la pierre. Assises, scène, escaliers, abris, il suffira de la tailler un peu plus qu’elle ne l’est déjà. Pour la circulation, en plus des sentiers initiaux, d’autres pourront se créer d’eux-mêmes par les explorateurs. Les champignonnières serpenteront dans les galeries sous le Jardin. Leurs issues seront contrôlées pour des raisons de sécurité et l’accès se fera par un autre « versant » de la carrière. C’est une filière innée dans la région, elle mériterait de reprendre place dans nos sous-sols. Cependant elle prendra dans ce projet une dimension visionnaire, par l’inclusion de principes de dépollution : la Mycoremédiation. On répondra ainsi à la pression des pollutions souterraines localement, tout en l’introduisant dans une boucle plus vertueuse large sans simplement déplacer le déchet. 84


2500e

m 20 50

100

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LÊgendes ci-après


Ceinture entretenue

Accès entre niveaux

Boisement fermé Lieu de vie

Ouverture Le boisement dense sur les hauteurs restera fermé : la définition actuelle de ce lieu, c’est déjà sa luxuriance. La ceinture elle, pourra être entretenue pour qu’elle n’évolue pas dans la même direction, elle gardera sa valeur d’écran mais on trouvera par endroit des sentiers et des percées. Au cœur du site se trouve une lande, à cheval sur un front de taille. Ce sera un lieu de vie pour les passants occasionnellement et les locaux sur des évènements. La végétation spontanée fera partie de l’aménagement, de même que la pierre. On l’aura simplement creusée pour former du mobilier, de la même manière que des accès entre les niveaux. Ces passages relieront des chemins jalonnés utilisant intelligemment la topographie pour dégager des vues, mettant en scène la carrière et ses environs. 86


Jardin sec et fruitier

Voie d'accès pour véhicules (camionnettes/remorques max)

Forêt - jardin Culture en butte / en rang

Dimension nourricière Les sols en place sont purs de tout engrais chimique ou hydrocarbure, de plus la terre végétale travaillée par l’exploitation en souterrain offrira sur place tout ce dont on peut avoir besoin pour produire de la nourriture. Les dimensions des exploitations réparties offriront une surface équivalente à celle d’une ferme maraîchère modeste (3000m²). Une partie exploitera en butte pour compenser le manque d’humus et tamponner les changements de température. Sur les hauteurs se trouvera un jardin sec de plantes aromatiques et un verger pour profiter au mieux du soleil, quand l’épaisseur du sol le permettra. On pourra également à terme, imaginer l’aménagement d’une serre incluse dans le relief. Sur un principe de transition, la liaison de la lande et du boisement humide accueillera au pieds des arbres, des essences herbacées choisies selon les savoirs apportés de l’agroforesterie et les concepts de la « forêt jardin ».


Voie d'accès pour véhicules (poids lourds) Champignionnières (souterrainnes)

Interface sol / sous-sol Stockage arrivée / départ

Tradition et innovation Le projet revient aux essentiels régionaux. La filière de la culture de champignons dans les galeries avait disparu, elle se relance timidement depuis peu. Il y a toujours eu un échange vertueux entre agriculteurs et champignonnistes pour l’enrichissement mutuel de leur terre végétale : ce sera un objectif sur site, à terme. Pour le moment la nouvelle filière de dépollution de terre et traitement de déchets occupera tout l’espace et la main d’œuvre sous terre. C’est progressivement que les galeries pourront vendre leur production à la consommation de pleurotes, cèpes, shiitakés. La transition du substrat de base, pollué à nourricier se fera progressivement sur une centaine d’années. Un accès pour poids lourd se fera le long de la vigne après consolidation en sous-sol pour accueillir les bennes de matière prête à dépollution, puis pour évacuer la terre purifiée (la partie qui ne sera pas utilisée en maraîchage, sur site). 88


Espaces appropriés Dans le bordelais, le maraîchage est extrêmement rare, trouver une terre disponible et riche est presque impossible, devant l’omniprésence de la vigne. La carrière est un espace vacant peinant à trouver une place dans le territoire. Si bien que le propriétaire privé n’a rien à en faire pour le valoriser. Il suffit de tirer autant que possible parti des espaces plats en les reliant intelligemment, pour que la personne s’installant en maraîchage au Jardin des Carriers ait tout ce qu’une parcelle classique a normalement à offrir, malgré la topographie accidentée du site. À cela on peut ajouter l’offre régulière de terre enrichie par les champignonnière avec en somme un lieu très atypique. La forêt jardin est un concept de jardinage et de production venant d’Asie du sud, où on décrit l’environnement comme un gradient. Celui-ci va de la maison, le domaine de l’humain jusqu’au plus profond de la forêt, domaine de la nature. La progression va donc d’un espace jardiné à sauvage, toujours producteur sur des modes variés. L’espace de forêt productrice sur le site pourrait être un entredeux. Des arbres et arbustes sauvages avec à leurs pieds des petits fruitiers ou des herbes. L’entretien peut se faire de manière très épisodique vu que la zone est au cœur du bassin versant de la carrière. Ce serait en quelques sortes un bassin d’exhaure, un point bas de la carrière recueillant les eaux de pluie. Cette partie de la carrière est donc d’elle-même alimentée en eau. L’irrigation sur le site passera d’abord par la retenue partielle des eaux d’écoulement avant leur arrivée dans le talweg. Également, le raccordement au Ruisseau des Marguerites qui se trouve à 150m du site ou encore le forage d’un puis (ou vers de potentielles citernes sous sol) sont deux options à peser dans le dessin de l’esquisse, c’est beaucoup de ressources et d’énergie consommées. Ce même ruisseau subissant une forte pression du fait de l’agriculture intensive mérite une valorisation de son cour. Comme par exemple le Moron qui est représenté par un syndicat de préservation. À ce propos il apparaît fort heureusement et de manière très claire que le site dépend totalement du bassin versant du Ruisseau des Marguerites et non de celui du Moron.


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Sentiers des crêtes


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Conclusion Le projet apporte le plus de réponses rendues plausibles par leur cohérence, à la plus grande diversité de questions possible soulevées lors de la recherche. Il a pour but d’ouvrir les yeux sur la gravité de la situation des carrières et des sols. Laisser entendre aux élu.e.s que l’accueil de nouveaux ménages n’est pas la vraie priorité, mais bien de garder les habitant.es sur place, surtout quand leur santé même, est en danger. Il répond par l’implantation d’un.e maraîcher.ère à un besoin clair en alimentation et diversification des cultures, tout en donnant une place à une carrière, sur le même territoire. Elle pourra briller dans la région comme un jardin - friche – parc de retraitement innovant. Pas seulement atypique mais aussi fonctionnel et producteur de richesses et facteur d’innovation. Naturellement, la beauté de ces paysages est mise en scène dans un projet de parc arpentable, invitant à l’exploration et offrant des vues imprenables sur le site mais aussi sur les paysages alentour. L’ouverture au public se fait au moyen de cheminements jalonnés. Enfin, l’aspect innovant du projet réside dans les traditionnelles champignonnières en souterrain, qui apportent des éléments de réponse aux aléas de la Carrière des Neuf Fonds qui mérite qu’on mette en place une solution durable.

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Références Champi bordelais - Saint-l'aurent-d'Arce Champi bordelais est une entreprise ayant ouvert il y a deux ans et demi. Il s'agit du nouveau-dernier champignonniste de la région, basé dans une carrière de Saint-Laurent-d'Arce. Le champignonniste est parti de zéro et a tout appris de lui-même. L'entreprise est aujourd'hui bien implantée et a ses client.e.s fidèles. Il s'agit majoritairement de restaurants de Bordeaux intra-muros desquels sont récupérés des sacs de marc de café pour le substrat. Le dit substrat est également échangé avec une ferme maraîchère du nord de Saint-André-de-Cubzac. Pour avoir échangé avec le champignonniste, Guy-Serge Nkoghe, sa volonté de bien faire m'est apparue évidente. Cela prend beaucoup de formes : le mutualisme dans la production, la sensibilité aux causes environnementales, la transparence avec les consommateur.ice.s, l'ambition de réduire au plus court possible le circuit de son économie tout en multipliant les contacts avec les autres agriculteur.ice.s. Non content de refaire émerger cette filière, la carrière de Champi bordelais est aussi le théâtre de moments de vie. À l'occasion de visites des champignonnières, du Marché aux délices, mais aussi d'évènements culturels... J'ai été charmé par l'esprit et par les potentialité hybrides entre production intelligente et lieu de vie. Le Jardin des Carriers se teinte totalement de ces couleurs dans l'ambition d'attiser cet élan vertueux dans la région. Il ne s'agira pas de concurrence, les deux commerces se complèteront et pourront s'entraider.

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Parc des Jalles - Bordeaux, Blanquefort, Bruges, Eysines, Le Haillan, Le Taillan-Médoc, Martignas-sur-Jalle, Parempuyre, Saint-Aubin de Médoc et Saint-Médard-en-Jalles

Ce à quoi le "Parc des Jalles" fait référence n'est pour le moment qu'un projet. S'est finie en Septembre dernier sa phase de co-construction, à laquelle la Métropole de Bordeaux a tenu à laisser beaucoup de place. En revanche, l'idée du parc repose sur des lieux bien existants. Il s'étend sur dix communes différentes, tout le nord de la Métropole dans une continuité de milieux naturels riches et de lieux de production agricole. Ces milieux remarquables sont essentiellement des zones humides. Du marais à la prairie humide, à des champs canalisés. Des paysages somme toute devenus rares dans la région. Une partie du projet portera sur la refonte des réseaux hydrographiques et le tampon des eaux de ruissellement. Sur cette mosaïque se trouve un peu moins d'une centaine d'exploitations agricoles très diverses : maraîchage, élevage, horticulture, céréaliculture, viticulture, sylviculture... inclus dans l'aire urbaine de la métropole. Le projet intervient pour reconnaître la continuité massive (6000ha) d'un seul tenant cohérent, pour sa propre préservation. Il s'agit de la reconnaître aux yeux de la Métropole et finalement, qu'elle prenne une valeur de parc. Ici l'agrément donnera à voir ce mélange atypique mais durable, sans pour autant chercher à mettre en scène le monde de l'agriculture. C'est une démarche volontaire, proche de ses habitant.e.s, producteur.ice.s alliant également lieu de vie et de production ; une union qui me parle. source : Bordeaux-métropole.fr Espaces naturels, d'agrément, de production confondus.

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Glossaire Horizon .12, .39 : Sa définition est imprécise et continue encore d'évoluer de nos jours. La constante étant que l'horizon est la limite distinguant ce que l'on voit de ce que l'on ne voit pas. Définir l'Horizon est essentiel dans la pratique du paysage puisque ce sont les domaines de la perception. Par exemple des obstacles ne coupent pas la vue, ils appellent à un déplacement, ils appellent des déductions, ils appellent nos autres sens, ils font parti de l'horizon. Le parallèle avec la science des sols est intéressant, puisque cette dernière participe à l'évolution sémantique, dans l'idée où ici les horizons du sol sont systématiquement le début d'une phase et la fin d'une autre. Comme si une limite en appelle toujours d'autres. La rectitude des reliefs, le rapport à la vue et au souterrain ont mené le travail de recherches sur ces notions croisées Écologie, ingénierie écologique, hydrologie Humus .36 : Couche supérieure du sol, du sol vivant. Enrichit et enrichissant par les plantes, les animaux et les bactéries. Intérêt communautaire .37 : Directive Habitat de l'Union Européenne (à l'origine du réseau Natura 2000), de 1992. Il s'agit de la dénomination des espaces naturels et des espèces de la faune et de la flore qui présentent un certain nombre de critères de remarquabilité, signifiant l'importance de leur préservation. Phytoremédiation .56 : repose sur le principe de la combinaison de l’utilisation de plantes et de microorganismes pour réduire les niveaux de ces contaminants.- Indescience. com - Il s'agit de la démarche de dépollution par les plantes, au sens large. Parmi lesquelles : Phytodégradation .56 : la concentration des contaminants est atténuée in situ pour des contaminants organiques sans nécessité de récoltes des plantes. - Indescience.com Phytoextraction .56 : les contaminants de type métaux sont extraits par les plantes qui sont récoltées jusqu’à dépollution du site. - Indescience.com

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Phytoépuration .56 : au sens large l'épuration par les plantes. Celles-ci peuvent contribuer à épurer ou dépolluer les trois grands milieux que sont l'air, les sols et l'eau. Wikipédia - En réalité, l'épuration peut assimiler aussi des métaux lourds par exemple, ici il s'agit surtout de la finalité de la démarche qui est de rendre l'état initial aux milieux traités. AMAP .84 : Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne. Groupement technique, commercial et/ou solidaire entre agriculteur.ice.s. Impluvium .84 : Un impluvium est un système de captage et de conservation des eaux pluviales. - Wikipédia Eaux d'exhaure .84 : Désignes les eaux issues du captage, pompage ou drainage notamment lors d'une exploitation. Talweg .84 : Ligne dessinée par les points les plus bas à la rencontre de deux bassins versants, (souvent une vallée). Par opposition à la Ligne de crête, qui en étant dessinée par les points les plus hauts, partage les eaux entre l'un ou l'autre bassin versant


Économie circulaire .54 : Par opposition à " La société du tout-jetable [qui] est une conséquence du système économique linéaire, fondé sur l’extraction de nombreuses matières premières, ainsi que sur la fabrication, la consommation et l’élimination des produits. Résultat : les matières premières se raréfient, les déchets s’accroissent, de même que les problèmes environnementaux qui les accompagne.", " L’économie circulaire a pour objectif de supprimer les problèmes liés à la société du tout-jetable. Au lieu de jeter les produits une fois consommés (voir graphique ci-dessus), elle prévoit de créer des cycles par le biais du partage, de la réutilisation, de la réparation, de la rénovation et du recyclage (flèches vertes dans le graphique à droite). Dans l’économie circulaire, produits, matériaux et ressources sont (ré)utilisés aussi longtemps que possible et leur valeur est ainsi maintenue, ce qui permet de consommer moins de matières premières primaires et de produire moins de déchets par rapport au système économique linéaire".- L'environnement, périodique, Avril 2019

Politique, réglementaire Département .46 : Création de la Révolution (loi du 22 décembre 1789), le département est une circonscription administrative de l’État. Le Préfet représente les différentes administrations de l’État au niveau territorial. - Insee Arrondissement .46 : L'arrondissement est une circonscription administrative de l'État dont le chef-lieu est la sous-préfecture. Le sous-préfet est chargé de son administration ; il relaie le préfet en assurant le contrôle administratif des communes de son arrondissement. - Insee EPCI .46 : Les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sont des regroupements de communes ayant pour objet l'élaboration de « projets communs de développement au sein de périmètres de solidarité ». - Insee Communauté de commune .46 : La communauté de communes est un EPCI regroupant plusieurs communes d'un seul tenant et sans enclave. Elle a pour objet d'associer des communes au sein d'un espace de solidarité en vue de l'élaboration d'un projet commun de développement et d'aménagement de l'espace. - Insee PPRNT .46 : Plan de prévention des risques naturels prévisibles de mouvement de terrain

PLU .46 : Plan local d'Urbanisme PUL .46 : Principe d'Urbanisation Limitée EPRCF 33 .49 : Étude et prévention des risques carrière et falaise, Gironde. Syndicat intercommunal DREAL .50 : Direction régionale de l'environnement et de l'aménagement et du Logement DDTM .50 : Direction départementale des territoires et de la mer DRAAF .50 : Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt CREN .50 : Conservatoire Régional des Espaces naturels SMICVAL .54 : Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères UNICEM .58 : Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction CAUE .63 : Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement 99


Bibliographie Mémoires de fin d'étude

Réhabilitation de la carrière barytine de Chaillac - Emmannuelle Bodet, 2003 Le parc de la Carrière Saint-Pierre, maillon d'une continuité verte péri-urbaine - Julien Blanquet, 2013

Idées d'horizon et de paysage

François Ellenberger. Origine et histoire du terme Horizon en Géologie et Paléontologie : un exemple d'éclatement sémantique. Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie, Comité français d'Histoire de la Géologie, 1979, 1ere série (16), pp.1-7 hal-00956667 L'Horizon fabuleux - Michel Collot, 1988 L'alternative du paysage - Sébastien Marot, 1995 L'Horizon - Interwiew de Michel Corajoud par la revue "Face" du 05 Mars 2004 Le paysage, c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent - Michel Corajoud, 2010

Histoire des carrières et de la pierre

Les carrières de pierre de Crazannes, Anne Bocquet, Zoé Valat 1993 Les carrières de Gironde, Table ronde 1999 La pierre de construction dans le département de la Gironde, Jean-Paul Deroin 2001

Sols, environnement et technique

Sous les pavés, la terre connaître et gérer les sols urbains, Chantal Gascuel, Claude Cheverny 2009 Repères sols et environnement, chiffres clés, Commissariat général au développement durable, Véronique Anoti 2015 Phytotechnologies remédiatrices et chimie verte : une symbiose d'avenir, A. Stanovych, P.-A. Deyris, C. Grison 2017

Documents réglementaires et techniques

Base de donnée des carrières souterraines de la Gironde, R 40733 BRGM 2000 Schéma départemental des carrières de la Gironde, BRGM 2003 Inventaire départemental des cavités souterraines hors mines de la Gironde, RP 59137-FR BRGM 2010 Plan de Prévention des Risques Naturels prévisibles de mouvements de Terrain des communes BAYON-SUR-GIRONDE, BOURG, GAURIAC,PRIGNAC-ET-MARCAMPS, SAINT-SEURIN-DE-BOURG, TAURIAC et VILLENEUVE, Alp' Géorisques 2013 Document d'objectifs Vallée et palus du Moron, Natura 2000 FR 7200685, SARL Rivière Environnement 2014

Textes de loi

Loi n°76-663 du 19 Juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l'environnement, Art. 7.5 Arrêté du 10 Février 1998 relatif à la détermination du mandat des garenties financières de remise en état des carrières prévues par la législtation des installations classées Article L515-12 du Code de l'Environnement 27 Mars 2014 Loi n°2014-366 du 24 Mars 2014, Art173 100


Revues, références, concepts

Les carnets de l'École du paysage n°29 Déchets, École du paysage de Versailles 2016 l"environnement, les ressources naturelles en Suisse, Rien ne se perd, l'économie circulaire au profit de l'environnement et des entreprises, Avril 2019

Sitographie IGN - Géoportail - cartographie, imagerie GoogleMaps - localisation, imagerie Wikipedia - définitions - chronologie Data.gouv / Géorisques / BRGM - localisation, définitions Légifrance - textes de loi nouvelle-aquitaine - Schéma départemental des carrières - PPRN - PLU... Grand Cubzaguais / Haute Gironde - SCoT AIDA.INERIS - commission départementale des carrières HAL.archives-ouvertes - articles scientifiques divers france3-regions / SudOuest / Gironde - articles faits divers liés aux carrières pierres-info.fr/anciens_outils - histoire des carrières et imagerie gauriac.fr - histoire des carrières calameo.com - brochures touristique / informations munuments locaux carrierebarboteau.fr - informations art des pierriers latribune - article SMICVAL pair-non-pair.fr - informations grotte de Pair-non-pair mineralseducationcoalition.org - post-carrière mineralinfo - post-carrière carrieres-lumieres - post-carrière unicem-bretagne.fr - post-carrière bafu.admin.ch - graphique et infos économie circulaire arte.tv - champignonnières et projets liés steviefamulari.net - base de données dépollution agromine.org - informations phytomine senat.fr - pollution sanitaire fondation-lamap.org - pollution sanitaire bordeaux.fr - projet du parc des Jalles toffu.co / laurabeulens.be - imagerie / montages 101


Remerciements Pour avoir participé à la réalisation et la rédaction de ce mémoire, de loin ou de plus près, je remercie chaleureusement : Les différents Syndicats sur les territoires étudiés, Préservation du Patrimoine prignacais, des Bassins versants du Moron, de l'EPRCF et les vraies personnes derrière, qui m'ont apporté la critque comme la technique dont j'avais besoin pour faire ma propre analyse. Les habitant.e.s impliqué.e.s aussitôt que j'évoquais le sujet de l'étude, qui ont cherché à participer et à échanger avec bienveillance. Sylvie et Grégory pour l'encadrement, le suivi, les mots dont j'avais besoin pour mener mon travail à bien ; pour ceux qui vont sans aucun doute suivre pour la deuxième partie. Céline, Balthazar, Madeline, Raphaelle, Lucas, Léa qui même loin, trouvent le moyen d'être là. Mes camarades de l'école pour les nombreuses discussions, mises et remises en question, pour l'atmosphère de travail et la bonne humeur dont on a tous besoin. Salomé et Maman pour le soutien infaillible, encore une fois. Et enfin Céline Collin-Bellier et Marc Martinez, sans qui aunce réflexion de ce travail n'aurait été la même.

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S’aventurer dans les carrières est une expérience formidable. Leurs galeries comme leurs friches sont les fruits d’une histoire complexe qui, force est de constater, leur a visiblement bien réussi. Elles sont aujourd’hui inscrites dans l’écosystème local ainsi que dans les paysages du quotidien de petites communes rurales du bordelais. Seulement leur omniprésence en souterrains pose problème en surface. Leur abandon remontant à plusieurs décennies a causé l’oubli de la plupart d’entre elles et finalement la méconnaissance de leur comportement. Le manque de connaissance a entraîné leur condamnation maladroite provoquant par la même d’autres problématiques : fragilisation, perte de valeur et finalement pollution. Ce travail de fin d’étude dresse un état des lieux de la situation et met à plat les liens de causalités entre les éléments qui ont mené à l’état actuel, pour finalement prendre une carrière comme témoin et y esquisser un projet. Le dessin de cet espace a pour vocation de préserver la beauté naturelle de la friche tout en offrant une valeur fonctionnelle au site autrement stérile pour l’économie du territoire. Le Jardin des carriers a pour ambition de mettre sur le devant de la scène la carrière comme un lieu d’agrément et d’exploration, d’être un lieu de production pour le territoire et en même temps d’offrir une solution technique à une problématique de déchets et de pollution évidente. Il s’agit de retrouver la richesse spécifique enfouie oubliée de son territoire qu’étaient et finalement, sont devenues les carrières.

École de la Nature et du Paysage - INSA CVL 3 Rue de la Chocolaterie CS 23410 41034 BLOIS Cedex


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