TFE MJ - Les carrières calcaires en Haute-Gironde (Tome 2 - projet)

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LES CARRIÈRES CALCAIRES DE HA U T E - G I R O NDE Reprendre l'écriture de l'histoire d'un site par l'émergence de ses patrimoines

Projet de fin d’études

Maxime Jullien - 2020



État des lieux - des Patrimoines croisés la Lustre - Choix du site et éléments de programme Programme - les fonctions du Jardin Analyse du site - Typologies et Topographie

.4 .8 .10 .12

Plan Masse - Jardin des Carriers Actions - direction de Lieu de vie Actions - principes de Mise en culture Valeurs à porter et Valeur du site

.14 .16 .18 .22

Mise en oeuvre et fonctionnement Ouverture et Conclusion

.24 .26

Composition du jury Olivier Gaudin - Président de jury

Docteur en philosophie des sciences sociales, Responsable éditorial des Cahiers de l'École de Blois, Maître de conférences et Enseignant en Histoire de la formation des paysages à l'École de la nature et du paysage.

Grégory Morisseau - Directeur de Mémoire

Ingénieur paysagiste, Docteur en géographie spécialité urbanisme, aménagement et dynamique des espaces, Enseignant en Géographie rurale et Gestion des risques à l'École de la nature et du paysage.

Sylvie Servain - Professeur associée

Maitre de conférences à la Faculté de Tours, Co-coordinatrice de la Zone Atelier Loire, Enseignante en Géographie à l'Ecole de la nature et du paysage

Bruno Marmiroli, invité reconnu pour ses compétences professionnelles Joséphine Pinatel, invitée diplômée de l'école Marc Martinez, invité représentant d'une Maîtrise d'Ouvrage 3


Patrimoines croisés - état des lieux La recherche pour cet exercice de diplôme a porté sur les carrières calcaires en Haute-Gironde, comment elles ont pris leur place dans ces territoires, quelle place elles occupent aujourd’hui. Elles sont le fruit d’une histoire complexe. Comment d’une richesse spécifique et économique sommes-nous arrivés à un territoire contraint, voir bloqué ? Et finalement, comment leur donner une place de nouveau utile pour la population de leur territoire ? J’ai choisi comme porte d’entrée la dimension patrimoniale que représente chaque étape de son histoire, comme une série d’héritages encore visibles aujourd’hui. De ceux-ci se dessineront les enjeux et les pistes de projet.

XXIe

XXe

XIXe

IIe

±1000000 av.e

Usuel

Déchets par le dépôt sauvage

Écologique

Biodivertsité par l’enfrichement

Industriel

Par la valorisation des ressources

Historique

Par le développement d’un territoire

Géologique

Par la formation d’un socle et de matériaux

Schéma des formes de patrimoine à l'origine des carrières tel qu'elles sont aujourd'hui

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Le socle calcaire est issu de la sédimentation permise par la forme bassin aquitain il y a plus d’un million d’années. Cette pierre a fait l’objet d’une extraction massive sur toute la moitié Est de la périphérie de Bordeaux sur un périmètre de plusieurs centaines de kilomètres, ce dès l’antiquité jusqu’à la moitié du XXe siècle. Cette pierre, le Calcaire à asturies a construit Bordeaux (à l’époque Burdigala). Les monuments, les hôtels particuliers, les échoppes, tout vient de ces territoires, ils portent aujourd’hui par leur vacuité un trace de l’histoire. C’est un patrimoine historique, un patrimoine en négatif. À la manière des usines désaffectées, les carrières sont d’une ampleur industrielle. Ces espace massifs de quelques hectares pour une trentaine de mètres de profondeur, ne sont que le sommet de l’iceberg. Les réseaux de galerie connectés au travers du territoire peuvent atteindre plusieurs kilomètres continus et s’étager jusqu’à 50m sous la surface en 3 à parfois 4 étages, appelés « masses ». Cette entreprise massive a été peu à peu abandonné avec suite à l’édition de lois à partir des années 70, autour de la reconversion des carrières et la protection des ressources naturelles. Par leur abandon soudain, les parties aériennes sont devenues des friches industrielles et les galeries, des labyrinthes silencieux. Après leur abandon, les galeries ont servi de champignonnière, ce qui prolongea très légèrement leur vie économique. Parallèlement, on trouve sur le territoire quelques carrières utilisées par des tailleurs de pierre. Ils subsistent sur les pierres extraites depuis l’arrêt de l’exploitation et des pierres importées de carrières plus au nord, en Charente. Il s’agissait à leur abandon, de trous béants, blancs, inertes ; ce que la nature s’est empressée de combler. La majorité du parcellaire viticole s’est construit en parallèle des carrières ; ce qui fait office maintenant de bocage est très souvent une ancienne carrière. Un écosystème unique s’est installé dans ce contexte, il se dessine lui-même avec une grande diversité de milieux écologiques, liés à la variété de microclimats, de la topographie, de l’hydrographie, de l’exposition, le tout concentré sur des espaces de moins de 10 ha. Une biodiversité intégrée à l’écologie de la région (on a par exemple une zone Natura2000 qui englobe des espèces de chauve-souris qui nichent dans les galeries). Malheureusement, ce qui a autrefois été une source de revenus pour le territoire était devenu stérile économiquement, consommateur d’espace, et dangereux par l’action du temps. D’autant que la pierre était destinée à la bourgeoisie, les citadin.e.s, les châtelains, cela a pu ajouter un sentiment encré de dépossession du sol et du sous-sol. Des tendances qui, conjuguées ont amené les propriétaires et les municipalités à clore les lieux pour protéger d’éventuel.le.s explorat. eurs.ices. Les territoires ont tourné le dos à la majorité des carrières (non sans une certaine nostalgie coupable pour les personnes ayant bravé ces interdictions, dans l’adolescence). Malheureusement il n’a pas fallu longtemps à ces cavités désertes et closes, pour devenir un nouveau lieu de dépôt sauvage, de déchets souvent domestiques, d’encombrants... C’est une pratique ponctuelle mais pour le moins innée, témoignant du mutisme des richesses de la carrière, de l’ignorance les concernant. Localement, le bilan est négatif autour de l’image qu’ont les carrière. Pour les habitant.e.s ce sont des enclos fermés et causes d’aléas graves, pour les élu.e.s se sont des trous béants stériles économiquement. C’est choquant mais finalement peu surprenant qu’on y ait vu se développer des usages dégradants. Lors de mes enquêtes j’ai relevé cependant la conscience répandue de leur beauté enfouie et de l’histoire qu’elles portent. J’y vois un grand potentiel pour améliorer leur image et éradiquer les pratiques qui y sont liées. Leur développement s’est cristallisé dans une situation inconfortable pour tout le monde. Il s’agit de reprendre un récit territorial qui inclurait de nouveau chacun de ces sites d’exception. 5


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BORDEAUX

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Pays de vin

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Schémas de cohérence territoriale :

A Médoc viticole

1. Pays de la Haute-Gironde (CC de l’Estuaire + CC de Blaye)

B Blayais C Libournais

2. Cubzaguais Nord Gironde (CC du Grand Cubzaguais + CC Latitude Nord Gironde)

D Entre-deux-mers E Graves

3. Grand Libournais

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F les Landes

4. Bordeaux Métropole

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2. C 3.

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Contextualisation

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Localisation du site, Confluence de la Dordogne et de la Garonne

km

1

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5

25

La recherche a porté en particulier sur trois communes, Bourg-sur-Gironde, Tauriac et Prignac-et-Marcamps. Elles font partie des rares communes ayant évalué le risque structurel que représentent les carrières. Ces dernières s’expriment visuellement par des fronts de taille, des fosses, la pierre elle-même dans l’architecture, mais c’est en sous-terrain qu’elles sont le plus présentes. La région entière est mitée par des réseaux de galeries cyclopéennes, or les techniques de l’époque n’a pas été employée à les cartographier. Si chaque commune avait suivi l’exemple, on ne bâtirait plus sur une grande majorité du territoire. Seulement l’économie moderne de la ruralité repose solidement sur l’accueil de nouveaux ménages pour alimenter les bassins d’emplois des agglomérations, en l’occurrence celui de Blaye, Saint-André-de-Cubzac et surtout Bordeaux. Ces communes se retrouvent donc bloquée par le PPRN (précisément le PPRMT) au sein d’un EPCI récent qui se tourne davantage vers des communes en capacité de construire.

Surfaces hydrographiques

Pôles urbains

Surfaces boisées

Exploitations agricoles

Grands axes

Traces de carrières & galeries (supposées)

Municipalités

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la Lustre : Choix du site et éléments de programme La problématique de l’inexorable urbanisation étant écartée, le projet propose de se concentrer sur la conversion de cette faiblesse en force. Cela devient un enjeu écologique et urbanistique, de démontrer que l’on peut développer une carrière rurale sans nécessairement loger de nouveaux ménages, en construisant de manière systématique et sans qualité. L’horizon sauvage qui s’est développé dans la carrière renforce l’enjeu écologique dans la préservation qu’il demande, c’est un patrimoine naturel à reconnaître. D’un point de vu purement spatial, on ne peut pas voir les carrières comme des espaces inutilisables, des impasses. Leur emprise et leur omniprésence sont telles qu’on ne peut s’offrir le luxe de les rayer des agendas politiques sur le département. Elles représentent un enjeu pratique pour le territoire, elles ont une utilité, il s’agit simplement de reconnaître leur potentiel et tirer profit de ce patrimoine historique comme on le fait de n’importe quelle friche industrielle. Les carrières sont des lieux d’exception pour ces deux raisons (leur taille et leur richesse spécifique), elles peuvent tout à fait devenir des lieux de vie riches. Accueillir une vie lente, à une échelle locale ; et une vie plus intense à à l’échelle du territoire par leur découverte par des personnes extérieures. Il advient de démêler ces patrimoines croisés, non pas pour les aplanir, mais au contraire pour faire exister les carrières par chacune de leurs richesses. Pour répondre aux enjeux soulevés, le projet s’oriente vers les diverses fonctions du jardin : que la carrière choisie soit un lieu d’exploration, d’agrément, de convergence pour les usagers ; qu’elle soit un tampon pour la biodiversité de son territoire. Pour le moment, la plupart des carrières sont des terrains privés, souvent hérités des exploitants initiaux. En trouvant des destinations utiles, voir rentables aux carrières, on peut donner une valeur économique à ce foncier qui malheureusement ne représente qu’un poids. Il s’agit de solidifier l’intention de départ, qui est de réactiver les carrières. Par la création de richesse sur les carrières, les propriétaires pourraient alors être en partie bénéficiaires, sinon à l’initiative de la reconversion ou pourraient même revendre le terrain à la municipalité ou l’interco (suivant le service mis en place) ou aux nouveaux exploitants. En résumé, la carrière choisie pour ce projet doit avoir des dimensions représentatives, pour qu’elle témoigne de la faisabilité de la reconversion. En prenant place sur les trois commune étudiées elle offrira une solution à une problématique actuelle pour les communes. Enfin, le projet doit lui révéler un potentiel économique pour la durabilité et la solidité du lieu de vie créé. 8


Pour répondre à ces intentions, le projet se base sur la Pierrière de la Lustre. La carrière est située dans lieu-dit dépendant de Tauriac, installé sur la route entre notamment Prignac et Bourg mais surtout entre Blaye et Saint-André-de-Cubzac, et à fortiori Bordeaux. 80 % des acti.fs.ves de la CC travaillent à Bordeaux et une grande quatité traversent ce bourg par la D669. Ce sont des bals interminables de voitures autour des horaires d’embauche et de débauche, qui traverse ce bourg d’à peine 400 habitant.e.s. Celui-ci offre peu ou pas de service et commerce, à l’image de beaucoup de communes rurales. Ils sont devenus des villages dortoirs dans les 40 dernières années. Le travail sur cette carrière illustre le potentiel de tels lieux et à l’avenir, elle rayonnera au sein d’un réseau de carrières reconverties. Aussi, elle doit trouver une utilité suivant son positionnement. Pour répondre à l’enjeux économique, sa valeur ajoutée sera une dimension productive. Il s’agit de tirer parti du volume de la carrière pour y mettre en place une activité créatrice de richesse pour le territoire. Le parti a été pris de se tourner vers une production nourricière, par la mise en culture de la carrière. La campagne bordelaise est certes fortement cultivée, mais ce n’est pas un secret qu’elle est très exclusive : exclusivement viticole. En effet on compte très peu de fermes maraîchères ou même de terrains en agriculture conventionnelle. La majorité des agriculteurs.ices et eleveurs.euses sont autour de Bordeaux (d’autres sont encore à venir, selon les objectifs de la métropole). Une volonté de simplification des circuits de l’alimentation se normalise un peu partout en France dans la décénie. Elle se formalise très localement également : un projet d’installation de ferme maraîchère est en cours à Virsac, soutenue par l’interco. Parallèlement depuis 2017 une champignonnière fonctionne à SaintLaurent-d’Arce en échange mutuel avec des agriculteurs et restaurateurs, où le marc de café, le compost, le substrat et les productions font l’objet d’un cycle vertueux pour tous les partis. Un exemple d’économie circulaire à moins de 5 km du site, d’autant que la champignonnière accueille de manière régulière des guinguettes destinées aux locaux proposant des produits régionaux et des représentations musicales ou théâtrales. Cela témoigne d’aspirations localement à un entre-soit et une alimentation plus locale. Lieu-dit de la Lustre - (commune de Tauriac)

m 25 50

100

200

Couverture boisée

Chaussée

Bâti

Chemin

Vigne

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Programme - Trois axes pour répondre aux Fonctions du Jardin Lieu de vie 1. la Remise Première articulation du jardin, marque l’entrée. Utilise des entrée de galerie comme stock pour le matériel et les récoltes du potager. Sert de lieu d’accueil et de rassemblement. 2. les Troglodytes Massif calcaire au dessus de l’éperon, recouvert de végétation et abritant un espace de repos abrité par la pierre, et une salle de réunion pouvant être close destinée aux travailleurs.ses. 3. la Folie Centralité du jardin pour les visiteurs.ses. Amphithéâtre taillé à même la roche et rejoignant le haut du relief. Espace aloué aux énènements des communes alentours.

Lieu de production 1. le Potager Culture de légumes en pleine terre et quelques tunnels. 2. le Jardin de pierres sèches Culture d’aromates, de plantes médicinales et d’herbes pour les paillages. 3. le Verger terrassé Culture de fruitiers sur les hauteurs du jardin, usant du relief de terrasse existant. 4. les Lisières Culture extensive de baies et d’herbes (aromates, médicinales, paillage) en association avec les diverses strates en place, avec rotation d’un enclos d’ovins pour le compost utile au reste du jardin.

Lieu d’exploration 1. la Ceinture Massif de chênes délimitant une partie du site, arpentable sur un chemin pour tirer partie de vues dégagées sur le site. 2. la Friche Espace de libre circulation, sans itinéraire défini. Invitant à l’exploration des fronts de taille accessibles (sécurisés). 3. la Chênaie des fronts Massif sur les hauteurs du site, longeant les fronts de taille, abritant sous son couvert dense des sites d’exception notamment en souterrain, accessibles par un sentier jalonné. 4. la Forêt des coteaux Massif mélangé et ancien, lissant les reliefs. Majoritairement sanctuarisé, sépare le site du bourg de la Lustre.

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Qualité d’espace publique Entrée Centralités Axes principaux Capacité productive Parcelles productives Chemins internes

Découverte de la carrière Points de vue Exploration libre Espace sanctuarisé Sentiers jalonnés Sentier extérieur Accès pédestre

Programme et Formes d’action - 4000e Vers Prig

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Le site : Typologies et Topographie La partie de la carrière à ciel ouvert représente 8ha. 5 sont sous un couvert végétal dense lissant le fort relief, les 3 autres sont plus dégagés, avec une strate arborée plus éparse, une pierre et des fronts de taille plus apparents. Parmi les formes de couverts végétaux, la majorité sont des forêts d’au moins une cinquantaine d’année de chênes pédonculés et des Noisetiers de Byzance en dessous, pour les couverts plus récents ce sont surtout des essences associées aux friches et tolérantes au calcaire : Peupliers tremble, Robinier faux-acacia, Aubépine, Buddleia, ronces. Pour les strates herbacées on trouvera des prairies calcicoles à floraison spectaculaire : des orchidées (des Orchis pyramidaux), de la Sauge des prés, de l’Immortelle commune ; et pour les graminées, de la laîche blanche. L’association entre le relief et l’implantation du couvert végétal marque très nettement la distinction entre les différents milieux. La concurrence entre les essences arborées se joue également au travers du relief, des fois sur 10m de dénivelés en moins de 2m. À l’inverse, les landes sont sous des fronts de taille élevés et blancs, réfléchissant toute la chaleur et lumière les touchant. Également, une forte topographie amène une forte hydrographie, et même si le sol est drainant, on trouve des bassins où l’air est emprunt d’humidité, habités notamment par des fougères scolopendres.

Analyse des Typologies de milieux Landes Ceinture arborée Boisements des hauteurs Bois humides (hors carrière) Vignes Ripisylves

12

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100


En ce qui concerne les masses de relief, les landes évoquées sont des plateaux, les fonds de la carrière. On en trouve deux principaux, séparés par un éperon. Cet éperon culmine à une trentaine de mètres au dessus du point bas. Celui-ci est étagé jusqu’au niveau du sol en haut du coteau ; il épouse à son point bas, une pente qui le relie aux deux plateaux. Quant à la circonférence de la carrière, ce sont des pentes adoucies par la végétation et le temps, ou des fronts de taille abruptes. Les boisements ont soit une valeur de ceinture douce, soit de rebord soulignant la dureté du relief, comme coupée au couteau. Dans l’histoire de l’exploitation, il faut imaginer que le niveau 0 actuel descendait au fur et à mesure, on trouve ainsi des entrées de galeries, à 10, 15 mètres du sol, témoignant des étapes du travail gigantesque de décaissement et débitage de la pierre. Il y en a également disséminées autour de la carrière au niveau du sol.

Analyse des Reliefs -

+

Paliers de relief Fronts de taille abrupts Chemins empruntant le relief Entrée de galerie Point de vu dégagé

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100 13


LE JARDIN DES CARRIERS

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les Terrasses

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la Forêt des coteaux

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calcaire souple et poreux, exploitable calcaire compact, inexploitable

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Accès par l’éperon

Forêt des coteaux les Lisières

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L'ensemble du site et son socle m la Chênaie des fronts

les Lisières

Accès par les coteaux

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Découvrir et s’approprier les carrières, Leur donner une place ver

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potager

18 m 7m

Ce site, qui pour le moment est encore isolé dans son écrin, doit s’ouvrir sur le reste du territoire. Sa topographie accidentée est un outil idéal pour cela. Cela demandera de dégager des vues entre les points hauts et les alentours, laisser la pierre apparaître dans l’horizon. Quant à l’intérieur du site, des chemins permettent à l’heure actuelle de traverser les reliefs. Ils donnent accès à des promontoires dominant le reste de la carrière. Certains mènent également à l’intérieur de fronts de taille. L'exploration sera encouragée : entre le dessus et le dessous, le dedans et le dehors. L’aménagement du site les poussera même à l’extrême, en taillant à même la pierre des passages pour rejoindre notamment le sommet de l’éperon central. Par endroit la pierre sera également du mobilier, dans un vocable atypique entre celui de la carrière exploitée et celui de l’espace public habité, appropriable. Ce lien entre la carrière et le public sera porté par une centralité : la Folie, il s’agit d’un amphithéâtre rustique de 300m² sur 8 mètres de dénivelé où prendront place un grande diversité d’évènements. La vente des légumes du jardin, un marché de producteurs.ices et de produits régionaux, des guinguettes, des dégustations de vin, des représentations théâtrales ou musicales, des repas de voisinage, des cours en plein air… Les locaux, les associations, les professionnel.le.s pourront demander à emprunter les espaces comme un équipement municipal, toute fois en prenant en compte le calendrier de la partie maraîchère du jardin.

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1. la Folie, lieu de vie central dans la carrière m

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2. Habiter la pierre taillée - Vie troglodyte 16

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10 à 20 m

Pour le stockage des matériaux, des récoltes, des outils, on utilisera les nombreuses entrées de galeries dans le jardin. Certaines ont plus une forme de préau et pourront êtres utilisées comme une grange, certaines pourront être fermées par des portes pour conserver ou protéger, ou servir de salle de repos et de réunion, d’autres pourront être ouvertes pour servir de haut-vent en cas d’intempéries, ou même servir de campement de fortune pour des woofers.euses et backpacker.euses à la manière des Refuges périurbains par Bruit du frigo dans les parcs de la Métropole bordelaise. Pour des raisons de sécurité, les galeries accessibles au public seront condamnées à une certaine distance sous terre, par une grille encastrée dans la paroi.

10

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2.5

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2.

3. 4.

1.

Les cheminements m

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Cheminements de : Lieu de vie Lieu de production

Accès au sommet de l'éperon

Centralités Points de vu

Lieu d’exploration

Pour le reste du jardin, la partie exploratoire sera simplement jalonnée avec occasionnellement des panneaux explicatifs autour de l’histoire des carrières devant des marques de l’exploitation, ou autour de la biodiversité, des espèces remarquables en fonction des saisons. Les chemins seront à la limite fauchés en haute saison, mais laissés le plus intacts possible, soulignés plutôt par l’usage comme la

3 à 5cm Calcaire concassé (6/10) 2cm Chappre (poussière calcaire) Sol battu ou Pierre nue scarifiée

m

5

10

3. Composition du revêtement

plupart des sentiers en campagne. Les grands axes reliant les entrées, la Folie et les lieux de rassemblement seront accessibles aux personnes à mobilité réduite, leur pente est inférieure à 10 %, cas échéant on pourra envisager de réaliser des paliers. Ce sera une chaussée carrossable pour les livraisons en fourniture éventuelles et engins utiles à l’exploitation ou aux évènements. Le matériau sera

plus travaillé que sur le reste du site : il s’agira de dalles de graviers calcaire. On aura utilisé ce que l’on appelle la Chappre en fond de forme et comme gravier, les granulats et les poussières issus de la taille de la pierre sur site et chez les tailleurs de pierre de la région. C’est une pratique courante dans le territoire.

4. Exploration de la carrière, ses jeux de relief, sa pierre et sa vététation


Une nouvelle page pour la pierrière de la Lustre - la mise en culture La mise en culture de la carrière est la clé de voûte de sa valorisation. C’est la rendre utile pour son territoire, c’est le moyen de retrouver la richesse dans la faiblesse. Ici la ressource produite est renouvelable, ne demande pas de fragiliser davantage ces paysages. L’orientation pour ce projet n’est pas gratuite, pourtant cela ne semble pas évident à mettre en place : c’est un sol pauvre, drainant, alcalin (donc à faible capacité d’assimilation de nutriments pour les plantes)… Le sol de la carrière est encore jeune, la colonisation a dû commencer il y a une centaine d’année, or il faudrait 500 ans pour obtenir 5 cm de terre (INRA Orléans). Cependant le sol n’est jamais mort, ou inculte. On le voit bien, le sol est foncièrement calcaire mais il est le support d’une grande biodiversité. Aucun terrain n’est parfait, aucune méthode n’est à jeter ou miraculeuse. Il suffira d’adapter les techniques de production à la forme du site ; les essences cultivées à la nature du sol pour optimiser la productivité, ainsi remporter ce défi de rendre la carrière culte, utile. Pour la Pédogénèse, la création d’un sol, des couches de végétation pionnière s’enchaînent cycliquement et se superposent année après année, alimentant une couche de matière organique, permettant à des plantes aux racines de plus en plus grandes, de s’installer et de se nourrir. Ces racines finalement robustes approfondissent l’altérité de la pierre, alors que la couche de matière organique s’enrichit en surface. Les racines des arbres et arbustes en place ont certainement commencé à éroder en profondeur, déstructurer la roche mère. Il est trop tôt pour parler d’horizons diversifiés, en revanche l’horizon humifère doit atteindre un mètre par endroit.

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La pédogénèse

la formation d'un sol (source : SVTMaroc)

Roche mère

Formation d’un horizon d’altération

Colonisation par des végétaux pionniers et début d’érosion par les conditions météos.

Développement de végétation, érosion accélérée par l’action des racines.

Formation d’un horizon humifère

Diversification des horizons en profondeur

Diversification exponentielle de la végétation permise par le développement d’une terre végétale et d’un humus.

Approfondissement continu du sol, et développement d’horizons par le viellissement, et l’action de la vie du sol.


1.

Jardin de pierres sèches Verger terrassé Potager

1.

Lieux de culture m

25

50

Lisières 3.

La partie jardinée du projet se divise en trois grandes parties : Au cœur de la carrière et face à l’entrée se trouvent le potager. De la culture en rangs, dessinée pour l’optimisation du cheminement, quatre serres pour les jeunes plants et l’expérimentation dans l’adaptation des essences introduites. Les planches maraîchères seront composées sur des principes d’associations vertueuses en termes de strates, de temporalité, d’enrichissement du sol… Sur les hauteurs sont installés les vergers, pour profiter au maximum de l’exposition. L’éperon central organisé en terrasses fera partie des circuits d’exploration et offrira de nombreux points de vu précieux sur l’ensemble du site. La partie la plus sèche des terrasses abritera un jardin de pierres sèches, cultivant des aromates, des plantes médicinales et autres herbes utiles au fourrage, aux purins et aux mulchs. La lisière des boisements de la partie sud du site est cultivée sur le principe de la forêt nourricière. C’est une vision de l’agriculture inspirée par la Forêt-Jardin, un gradient entre l’habitat de l’humain, travaillé et la forêt, un espace sauvage où c’est la nature qui régit les cycles de la culture. Il s’agit donc d’essences accompagnatrices : des bulbeuses et des petits fruitiers. Les clairières sont clôturées par périodes pour ajouter un élevage d’ovins, quatre têtes maximum pour consommer le fourrage issu du site et produire du fumier. Le mouton d’Ouessant serait un bel exemple d’association, on l’utilise pour nettoyer les sous-bois en zone d’arboriculture fruitière et d’agriculture traditionnelle.

1. Le potager,

au plus proche des autres usages, nourrissant la localité

2. Jardin en terrasses,

tirant parti des conditions du relief, dégageant des perspectives pour l’exploration

3. La lisière,

rencontre d’espaces par la forêt-jardin et la forêt-pâturée

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Les choix pratiques reviendront à l’exploitant.e, cependant en tant que paysagiste, j’ai des préconisations pour répondre aux particularités du site. Pour commencer, pour éviter au maximum le passage d’engins, on pourra économiser le travail du sol. Pour la préparation des planches, on pourra faucher les espaces à cultiver, composer cette matière, puis couvrir. C’est une technique de Faux semis, où on cherche à épuiser la banque de graines du sol, on parlera de solarisation par l’usage de bâches noire, faisant monter la température du sol, stimulant la pousse des plantes en place, permettant d’occulter et finalement tuer l’essentiel des adventices. Cette matière enrichira le sol avant même les premiers semis. Également, faire une culture principale-

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ment de carottes permettra de décompacter efficacement les sols, au moins pour une première saison. Leurs racines sont pivotantes et peuvent creuser aussi profondément qu’une bineuse ou un motoculteur et ce, sans boulverser l’équilibre « aerobie / anaerobie » du sol. Pour l’irrigation du site, des travaux de raccordement ou de forage sont très coûteux et potentiellement risqués. D’autant qu’ils ne sont pas primordiaux. Une agriculture intensive demande énormément d’eau, mais sur une échelle d’exploitation comme celle-ci, on pourra préconiser un arrosage très limité, même par cette nature de sol. Une couverture régulière et généreuse de mulch conservera l’humidité en surface pour la relâcher progressivement, en plus d’apporter des nutriments des-

quels les sols calcaires peuvent manquer. Le mulch est un paillage composté en l’occurrence composé de purin d’accompagnatrices, Bois raméal fragmenté BRF et autres broyats récupérés auprès des déchetteries et entreprises d’espaces verts de la région. On peut ajouter que les semences paysannes, en plus d’être capable de se reproduire, demandent de moins grandes concentrations d’eau, voir pas d’arrosage du tout. On pourra toute fois prévoir deux récupérateurs d’eau de pluie d’1m³ par serre, huit en tout. Cela permettra d’arroser un dixième à un cinquième des quantités recommandée dans un potager conventionnel, pour accompagner les semis et compenser les périodes sèches.


Certains légumes et aromates tolèrent les sols calcaires, quelques uns les préféreront. Notamment pour ses vertus anti-fongiques, profitables notamment aux Bracicacées (brocoli, colza, cresson de fontaine, chou, chou de Bruxelles, chou-fleur, chou-rave, kale, mizuna, moutarde, navet, radis, raifort, rapini, roquette, rutabaga). Les asperges, bettraves ou panais présentent de bons rendements sur des sols calcaires. L’association avec des trèfles, vesces ou lupins peuvent être profitables pour leur capacité à fixer l’azote, enrichir le sol en nutriments desquels peuvent manquer les sols calcaires. Les essences du jardin sec peuvent aller des espèces de rocaille aux essences calcicoles, les achillées, armoise, centaurées, coquelicots, pavots lavandes, œillets, valerianne, sauge, thym. Pour les fruitiers des vergers, abricotier, pêcher, prunier, pommiers (Malus et Prunus), figuier ou encore vignes peuvent toujours s’adapter aux sols calcaires avec les bons porte-greffes. Sous le couvert des lisières, dans la forêt nourricière s’associent des essences forestières comestibles, les noisetiers, les cornouillers et les églantiers, les alliums (ail, ail des ours, oignon, oignon rocambole), ils invitent éventuellement à la cueillette. Typologies des espaces nourriciers

a. Le potager - culture raisonnée, en rang

b. Les terrasses - verger et jardin de

c. Les lisières - forêt cultivée par associa-

Bracicacées - préférence pour sol calcaire brocoli, colza, cresson de fontaine, chou, chou de Bruxelles, chou-fleur, chou-rave, kale, mizuna, moutarde, navet, radis, raifort, rapini, roquette, rutabaga

Fruitiers - sur porte-greffe adapté au calcaire (à associer aux fixateurs d’azote) abricotier, pêcher, prunier, pommiers (Malus et Prunus), figuier ou encore vignes

Fruitiers forestiers - invitation à la cueillette noisetiers, cornouillers et églantiers

Asperges, bettraves ou panais - rendement satisfaisant sur sol calcaire

Plantes de rocaille calcicoles purin (engrais naturel), mulch (paillage construit) et usage médicinal achillées, armoise, centaurées, coquelicots, pavots, lavandes, œillets, valerianne, sauges, thym

et sous serre

Fixateurs d’azote - essences accompagnatrices trèfles (tous), lupins (sauvage et cultivé), luzerne, faux-Indigo bleu et jaune, astragale du Canada - Essences arborées : Aulne blanc et Robinier faux-acacia

pierres sèches

tion d’essences, et pâturage itinérant d’ovins

Alliums - bulbeuses forestières ail, ail des ours, oignon, oignon rocambole Pâture - nettoyage écologique, compostage et fertilisation Mouton d’Ouessant

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La transmission et la sensibilisation sont deux aspects invités par l’association de lieu de vie à un lieu de production. Des cours destinés aux enfants, aux jeunes et aux locaux en général par des naturalistes ou les exploitants valoriserait les lieux cultivés et protégés. On apprendrait pourquoi on protège, comment on cultive, que cueille-t’on… Ce lien essentialiserait le rapport que l’on entretient avec la carrière. Cette richesse spécifique permise par la longue histoire des carrières est à préserver. C’est un milieu propre à ces territoire et à ces conditions si particulières. La mise en culture ne sera pas une table rase de la richesse de la carrière, ce sera un clôt où on contrôlera la prolifération des les adventices du potager et les migrations des plantes caractéristiques de la carrière. Mais cet espace contrôlé représente peu de surface à l’échelle du site, d’autant que la vie sauvage n’a pas besoin d’être totalement absente. Les chemins et les bordures n’ont par exemple pas à être désherbés ; et les planches, pas systématiquement. Parallèlement, l’ouverture du reste de la carrière au public ne suppose pas nécessairement un accès libre et total. Les chemins seront jalonnés, le reste sera une végétation dense de sous bois ou d’herbes hautes et d’arbustes buissonnants, donc peu arpentables. On pourra préconiser une gestion écologique par les services des entités territoriales dédiés, comme pour toute réserve naturel, et par ces action la majorité de la carrière sera sanctuarisée. Les valeurs transmises lors des ateliers liés au potager pourraient également se tourner vers la richesse spécifique de ce milieu, pour éveiller à celles d’autres milieux caractéristiques. Les panneaux pédagogiques informeraient et de fait, responsabiliseraient la population, dans son exploration de cette carrière-ci, mais aussi de toutes les autres.

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16 m

7m

m

1

2.5

5

La Folie, 10 m

construite à même la pierre Lieu de vie à s’approprier, découverte du site et fluidité dans l’usage

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À l’heure actuelle, la carrière appartient à des propriétaires privés, il y a fort à parier qu’ils.elles le restent parce qu’il n’y aura jamais d’acheteur.euse. Comme pour n’importe quel Espace test agricole, la commune pourrait racheter les parcelles pour un prix symbolique, avec pourquoi pas l’aide de la communauté de commune. Il serait alors lancé un Appel à manifestation d’intérêt, les professionnel.le.s y répondant pourront alors louer le droit d’exploiter pour un loyer avantageux ou contre un pourcentage des récoltes (pour les cantines par exemple). Une plateforme telle que RENETA est faite pour accompagner ce genre d’initiatives, elle organise un suivi de la mise en place de l’exploitation, peut soutenir d’un point de vu technique, servir de passerelle vers d’autres partenaires, comme les Fédérations régionnales d’agriculture biologique, ou des Grainetiers, par exemple dans le Périgord ; ou même mettre en lien vers d’autres projet comme celui de Virsac. Ces moyens sont autant d’aides qui peuvent représenter des coûts ou des services, ce sont simplement des alternatives qui pourront faciliter l’installation de l’exploitant.e, il.elle peut ou ne pas en avoir besoin. De la même manière, ce sera l’exploitant.e qui décidera de son ouverture vers le public. Le Jardin des Carriers gagnera à être le lieu de vente en direct pour sa propre image, ce sera également plus attrayant pour les consommateurs.ices. Il serait aussi très préférable pour l’enseignement et la transmission qu’ils soient faits en personne par le.a exploitant.e, mais si ce n’est pas une envie ou une fibre pour lui.elle, la commune ou la CC pourront engager des médiateurs.ices pour animer ces atelier et ces cours. Rien dans l’enceinte du jardin cultivé n’est invariable, ce sont des suggestions et des recommandations.

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Pour le reste, même si l’exploitant.e est fermé.e aux visiteurs.ses, la partie exploratoire et la qualité d’espace public sont elles, invariables. La limite entre le jardin cultivé et le jardin d’agrément sera marquée par une haie palissée. La limite entre ce qui est comestible de ce qu’il n’est pas autorisé peut être dans la canalisation, avec une invitation implicite à cueillir dans la forêt jardin, mais pas dans le reste du jardin. Pour le reste la responsabilisation se fera par l’usage et la fréquentation du lieu. La carrière sera ouverte le matin et fermée le soir, confiée à des responsables lors d’évènements. Ces usages, la pratique du site et la confiance accordée permettront au Jardin de trouver une place, pas nécessairement de manière unanime, mais au moins significative pour la vie locale. La fréquentation et l’usage au quotidien appellera à une vigilance vis-à-vis de l’état de la carrière : en l’habitant on y prêtera naturellement plus d’attention. Il y a cependant un syndicat d’étude et de prévention des risques autour des carrières (EPRCF) qui contrôle l’état des carrières à l’échelle départementale et contacte les personnes concernées. Dans l’optique de la reconversion des carrières, ce syndicat aurait totalement sa place dans le travail et l’habitation de ces lieux. La démarche reste bien sûr incomplète, l’aménagement des carrières n’est pas le seul travail. Il y aurait certainement des collectifs à créer, des travaux lourd de nettoyage et de consolidation à mettre en place, une ingénierie de la dépollution à faire intervenir d’autres destinations à trouver aux carrières… Ces idées émergeraient par la mise en commun d’expertises, d’idées, d’usages, de réflexions...

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Conclusion : la carrière dans le territoire Après des années de réappropriation, de reconversion, d’adaptation des carrières partout dans le département, un véritable réseau de lieux atypiques dans les carrières verrait le jour. On pourrait parcourir le territoire à la recherche des carrières et des différentes manières de les habiter, tantôt en surface, tantôt en souterrain, sur un itinéraire en parallèle de ceux de la découverte des pays de vin. Si le territoire reconnaît les carrières comme une richesse, si des usages vertueux s’y développent, l’image et le rapport que les locaux entretiennent avec les carrières évoluerait. Leur richesse serait reconnue. La carrière trouve une vie à deux vitesses. En haute saison touristique elle est un lieu atypique, sur un itinéraire de découverte du territoire et d’autres anciennes carrières reconverties ; et dans le quotidien des communes, elle est utilisée comme un espace public. On y trouve des utilités de l’ordre de l’ordinaire comme de l’extraordinaire, comme n’importe quel patrimoine commun et encré dans le récit d’un territoire. Pour ouvrir sur un élément de contexte récent, l’isolement, la restriction des déplacements a interrogé notre manière de vivre et d’habiter. Notamment en campagne, y faire le confinement était enviable pour le grand air, les jardins, la faible exposition au virus. Pourtant l’exposition au risque reste élevé et relativement constant en ville que l’on aille travailler, faire des courses ou à son domicile, alors qu’en campagne, on prend beaucoup plus de risque en allant sur son lieu de travail ou dans les grandes surfaces que chez soit. La densité reste minime mais on se rassemble massivement dans les pôles urbains pour travailler et s’alimenter. En période de crise, ce bond se fait davantage sentir, mais il est témoin d’une centralisation bien présente depuis des décennies. 1km de déplacement maximum n’a pas de sens en campagne, la faire à vélo non plus, un enfant qui y a grandit trouvera à s’occuper dans le périmètre atteignable, peut-être devrions-nous imaginer des manières d’occuper lieux de vie potentiels potentiels plus proche. Peut-être que reprendre un récit territorial serait respecter les caractères propre à chaque bourg, à chaque élément du dit territoire, moins lisser les représentations, moins vivre de manière centralisée. Arrêtons d’habiter à la campagne, vivons-y.

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La campagne du bordelais est assise sur un réseau cyclopéen de galeries. Ces galeries sont issues de la complexe histoire des carrières calcaires. Elles ont été une des grandes richesses économiques de ces territoires, aujourd'hui elles se sont mues en d'autres formes de richesses que l'on se voit pas forcément. Cette ignorance est une des concéquences de l'image négative que l'on a d'elles localement. Ce document prend la suite de mon travail de fin d'études, dans la première partie j'ai étudié les causes et les effets de la présence et l'abandon des carrières. Le constat concluant le mémoire est que leur image les desservant mérite et peut être changée, pour leur redonner une place dans la vie du territoire. Je répond ici à ces intuitions par un projet d'aménagement d'une carrière située dans le lieu dit de la Lustre (commune de Tauriac). La proposition étant d'accoler les fonctions d'un jardin à la carrière choisie : on s'y retrouve, on flâne, on explore, s'y émerveille et finalement on s'y nourri. Le triple enjeu étant de valoriser ce foncier "stérile", préserver ces lieux en alertant localement de leur fragilité et en même temps de leur beauté, et montrer de nouvelles manières de développer la vie à la campagne autrement qu'en logeant. On parle ici de Récit territorial comme fil à tisser sur des trames imbriquées. Une manière d'inclure plusieurs vitesses de vie, plusieurs territoires macro et micro pour leurs richesses propres.

École de la Nature et du Paysage - INSA CVL 3 Rue de la Chocolaterie CS 23410 41034 BLOIS Cedex


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