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ÉCONOMIE CHEZ LES TRANSPORTEURS, LE BOUCHON SAUTE
Les multiples entreprises mahoraises de transport font partie des premières victimes des embouteillages interminables. Pour subsister, les transporteurs ont dû s’adapter à la situation et sacrifier une partie de leur chiffre d’affaires.
supporter, puisqu’un embrayage coûte entre 800 et 4000 euros. Nous avons aussi une surconsommation de carburant qu’on ne peut pas chiffrer. ” De plus, les bus de l’entreprise sont passés de quatre rotations par matinée à seulement deux “ grand maximum ” “ Notre rentabilité est donc moindre, comme notre chiffre d’affaires ” , déplore la cheffe d’entreprise.
Même si elle arbore son calme légendaire, la fatigue se ressent chez Carla Baltus, dirigeante de Carla Mayotte Transports Baltus. Il faut dire que ses bus doivent désormais passer de nombreuses heures sur les routes saturées de Mayotte, provoquant de nombreuses dépenses supplémentaires. “ On s’est rendu compte, par exemple, qu’on changeait des embrayages à 40 000 kilomètres au lieu de 100 000, parce qu’on a toujours le pied dessus, expliquet-elle. Ce sont des frais qui sont lourds à
“ La situation est lamentable ” , tranche Siaka Ali, secrétaire général de l’Union départementale Force ouvrière (UDFO) et délégué FO aux transports. “ Nous ne sommes plus productifs à cause des embouteillages, continue-t-il. Cela provoque encore plus d’insécurité, mais nous sommes surtout obligés de partir très tôt. Si on arrive trop tard, il n’y a plus de travail ! Les embouteillages ont un coût pour tout le monde, tout le monde les subit. ” À cause des bouchons, Carla Baltus a dû augmenter sa flotte de bus, ainsi que le temps de travail de ses employés. “ Notre seuil d’optimisation n’est plus aussi important, admet-elle. Pour autant, les conducteurs n’ont pas plus de temps de repos, puisqu’ils doivent revenir à vide et rentrer chez eux. Ça génère donc plus d’heures supplémentaires, ce qui est également un surcoût pour l’entreprise. ”
Outre cette nouvelle perte, les conditions de travail et de vie des chauffeurs de bus sont en effet directement impactées, ce que Siaka Ali tient à souligner. “ Imaginez le quotidien de ces transporteurs, débute le syndicaliste. Ils fonctionnent en faisant des rotations, et en ont par exemple quatre en matinée, de 4 heures à 8 heures, mais doivent aller de Koungou à Mamoudzou. Ce n’est pas possible, c’est déjà bien si on fait ce tronçon en 1h30 ! ” De quoi léser tout un système, et impacter la vie privée des chauffeurs : “ Quatre à six heures aller-retour, c’est énorme, c’est presque inhumain ! ” , avoue Carla Baltus. Celle qui est aussi présidente du MEDEF Mayotte pense également à la santé des automobilistes, exposés des heures durant aux gaz d’échappement : “ Le temps passé dans les bouchons par les usagers est trop long, à Mayotte. Il ne faut pas le négliger, car cela va empirer dans le temps ”
C’est donc un tableau bien gris que dresse la patronne des patrons mahorais, qui voit cependant une issue à cet étouffement : “ On aurait trouvé une solution, si j’ai bien compris, avec l’arrivée de la barge marchandises, mais ça ne résout le problème que vers Petite Terre ” . Si les navettes maritimes promises par le Conseil départemental voient le jour, si les grands projets liés à l’aménagement du territoire et aux transports sont menés, alors les transporteurs pourraient respirer un peu plus. Mais avec des si, on mettrait Mamoudzou en bouteille. n