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« NOUS INVESTIRONS SUR LE MEILLEUR PROJET »
LORSQU’IL S’AGIT D’AVIATION, LE CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE EST POINTÉ DU DOIGT. ACCUSÉ DE NE PAS SOUTENIR LE PROJET ZENA AIR ET DE NE RIEN FAIRE POUR UNE BAISSE DES PRIX DES BILLETS D’AVION, LE DÉPARTEMENT SE DÉFEND DANS CETTE INTERVIEW ACCORDÉE PAR OMAR ALI, LE 3ÈME VICE-PRÉSIDENT CHARGÉ DE L’ADMINISTRATION GÉNÉRALE, DU TRANSPORT ET DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE.
découvert que ce projet n’avait même pas de licence légale. Lorsque l’on sollicite une subvention, la première des choses est de créer sa société et ce n’était pas le cas pour eux. D’autre part, il nous fallait des garanties financières et on ne les avait pas.
Une compagnie aérienne n’est pas une société lambda. Je me suis renseigné auprès des professionnels du milieu sur le fonctionnement et la création d’une compagnie aérienne et j’ai compris que ce n’était pas un projet viable malgré tout ce que les porteurs de projet en disent. Ils ont refusé de nous donner un document officiel sur la société ou quelconque garantie. Il n’y avait rien !
M.H : Pourquoi n’est-il pas viable ?
Mayotte Hebdo : Quelle est la position du conseil départemental pour le projet Zena Air ?
Ali Omar : À notre arrivée on nous a fait part du projet Zena Air. J’ai moi même reçu les porteurs de projet à plusieurs reprises, nous avons eu des discussions et je leur ai demandé des documents. Plusieurs mois plus tard, j’ai
A.O : Le fondateurs ne son pas sérieux et n’ont pas le financement nécessaire. Lorsque j’ai discuté avec eux, ils avaient un capital de 30 000€, on ne crée pas une compagnie aérienne avec cette somme.
M.H : Récemment, le président du département Ben Issa Ousseni, a affirmé qu’il soutiendrait ce projet si les fondateurs de Zena Air répondaient à vos conditions. Quelles sont ces conditions ?
A.O : Nous voulons avoir accès à l’ensemble des documents de ce projet afin de savoir qui est dedans, avec qui nous allons travailler, sous quelles conditions etc. Il faut aussi qu’ils aient un expert garant de l’aviation, ainsi qu’un garage de maintenance agrée par l’aviation civile internationale. Ils n’avaient pas toutes ces garanties lors de nos derniers échanges.
Et puis le département ne peut pas être l’actionnaire majoritaire d’une société. Ni être le garant lorsqu’il y aura des pertes financières. Nous avons toutes ces questions en suspens mais nous n’avons aucune réponse de leur part pour l’instant.
Ce qui nous intéresse c’est de casser les prix sur les lignes Mayotte-Réunion et Mayotte-Madagascar car ce sont les plus fréquentées. Et puis nous voulons que nos commerçants puissent acheter leurs marchandises dans la région, que ce soit à Madagascar, aux Comores ou en Tanzanie et transporter le fret à moindre coûts. L’évacuation sanitaire est également un point important. Fly-li permettra justement de transporter les malades ou les corps des défunts.
M.H : Pensez-vous que la création de la piste longue changera également la donne ?
M.H : À Mayotte les prix des billets d’avion sont beaucoup trop chers. Avez-vous des projets avec d’autres compagnies qui sont à Mayotte, afin de faire baisser les tarifs ?
A.O : Concernant la baisse des tarifs, c’est du ressort de l’État à travers la continuité territoriale. Il doit injecter suffisamment d’argent pour l’assurer.
Quant à la création de la concurrence, la Chambre de Commerce et de l’Industrie ainsi que Mayotte Air Service étaient actionnaires chez Ewa air. Le département avait aidé la CCI à le faire et les acteurs mahorais avaient 48% des actions.
À l’époque il était convenu, qu’Air Austral allait vendre 3% au conseil départemental afin que le territoire de Mayotte soit actionnaire majoritaire. Mais avec les difficultés d’Air Austral, la compagnie a donné une fin de non recevoir au président du conseil départemental. Ils ont refusé l’accord et nous avons commencé à réfléchir à d’autres possibilités.
M.H : Quelles autres possibilités avez-vous envisagé ?
A.O : Les représentants d’une autre compagnie, Flyli, m’ont contacté. Ils nous ont dit qu’ils peuvent nous aider à créer une compagnie si nous sommes prêts à être actionnaires. Nous avons commencé à travailler ensemble. Ils ont déjà crée leur société et ils sont prêts à voler. D’ici le mois prochain, ils desserviront Mayotte. Et il y aura des vols quotidiens à destination de la Réunion. Le seul bémol est que Fly-li ne fera que du régional, du moins sur le moyen terme. Nous n’avons pas encore pris de décisions avec eux, mais si on arrive à collaborer avec Fly-li, ça sera une grande bouffée d’oxygène pour notre territoire. Ewa air nous a également fait une offre pour les longs courriers. Et on négocie aussi avec Corsair pour être actionnaire afin d’avoir des tarifs préférentiels sur le long courrier également. Nous investirons sur le meilleur projet.
A.O : Ce n’est pas la piste longue qui fera baisser les tarifs si Air Austral garde toujours le monopole. Pour cela, il faut plus de concurrence. Autre chose, je sais que certaines compagnies veulent atterrir ou décoller le soir, ça leur coûterait moins cher et par conséquent, les billets coûteraient moins chers. Mais ce n’est pas possible car le personnel refuse de travailler la nuit. Ils inventent des prétextes disant que les avions ne peuvent pas atterrir la nuit, mais c’est faux. Ils le font bien durant la période du pèlerinage. Le vrai problème est qu’il n’y a pas suffisamment de contrôleurs aériens et l’exploitant de l’aéroport ne veut pas embaucher. Ils ont pris notre aéroport en otage et ils nous sortent des prétextes bidons.
M.H : À qui faites-vous référence quand vous dites « ils » ?
A.O : À l’aviation civile, et l’exploitant de l’aéroport. Les Mahorais payent très cher un service qui n’est pas assuré à son maximum. Ce problème doit être réglé.
M.H : Êtes-vous en faveur ou contre la construction d’une piste longue en grande-terre, dans le nord de Mayotte ?
A.O : La possibilité de construire la piste au nord à M’tsangamouji, est un moyen de déstabiliser le projet et bloquer son avancement. Néanmoins, tout le monde s’est mis d’accord sur Petite-Terre. Les résultats des premières études n’ont pas encore été publiés mais selon les échos que l’on a, on sait que ça coûterait beaucoup plus cher de la faire au nord de Mayotte et en plus il y aurait plus d’impact sur la biodiversité de cette zone. La piste longue à M’tsangamouji est un projet qui n’est pas faisable. Ce que nous préconisons est de prolonger la piste déjà existante de Petite-Terre. Je le dis clairement, il y a manifestement une mauvaise volonté de la part du gouvernement à faire la piste longue. Le président de la République a donné son accord mais certains membres du gouvernent bloquent ce projet et on ne sait pas pourquoi.