« Les fantômes de Kurosawa ne font plus peur… ils font l’amour. »
LE 30 SEPTEMBRE
Rétrospective de l’œuvre du cinéaste
KIYOSHI KUROSAWA
au Reflet Médicis de Paris du 16 au 22 septembre À l’occasion de la sortie du film VERS L’AUTRE RIVE, Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2015, un film du réalisateur sera projeté chaque soir de la semaine, suivi d’une discussion avec un spécialiste de son cinéma Kiyoshi Kurosawa est un « postmoderne ». Auteur d’une oeuvre abondante et protéiforme, cinéphile et intellectuel, grand admirateur de Godard mais aussi du cinéma de genre occidental des années 60-70-80 (il voue un culte à Richard Fleischer et Tobe Hooper). Il doit sa notoriété hors du Japon au succès de son angoissant thriller CURE (1997), suivi par une reconnaissance internationale grâce à la sélection de ses films dans les plus grands festivals, jusqu’à une forme de consécration en 2008 avec la sortie de TOKYO SONATA, présenté au Festival de Cannes et distingué du Prix du Jury – Un Certain Regard. En 2000, SÉANCE ausculte brutalement la névrose d’un couple, comme avant lui CURE, et distille une horreur diffuse mais extrêmement efficace. SÉANCE se révèle être un objet formel des plus rigoureux. KAÏRO, réalisé en 2001, participe à la nouvelle génération des films de fantômes japonais. Il débute comme une variation autour de RING de Hideo Nakata, pour déboucher sur un constat final qui n’est pas sans rappeler la conclusion de CHARISMA (1999).
KIYOSHI KUROSAWA
« Merci à Kurosawa de nous rappeler que le cinéma peut aussi être un art. »
L’exploration des états seconds - chers au cinéaste - trouve une variante plus touchante, plus personnelle dans LICENSE TO LIVE, sorti en 2000. En 2008, TOKYO SONATA pourrait facilement être vu comme une rupture dans l’oeuvre du cinéaste. Il ne relève effectivement pas du genre fantastique ou du film d’horreur. Mais le cinéaste de 53 ans, auteur d’une vingtaine de films, a une obsession : faire exploser les genres. Tout comme dans SHOKUZAI présenté au Festival de Venise et sorti en salles en France sous la forme de deux longs métrages en 2013, avec lequel il revient sur le devant de la scène. Prenant à nouveau ses distances avec la réalité, Kiyoshi Kurosawa parvient à nous entraîner dans un monde proche de la science-fiction dans REAL, puis reprend enfin son exploration du monde des fantômes avec VERS L’AUTRE RIVE en 2015 tout en y introduisant une délicate romance. Présenté au Festival de Cannes, son dernier film a reçu le Prix de la mise en scène – Un Certain Regard.
LES INROCKS
- 3, rue Champollion, 75005 PARIS Légendaire cinéma d’Art et Essai, le Reflet Médicis est riche d’une longue histoire. Depuis de nombreuses années, il poursuit une programmation spécifique harmonisant l’exposition de grands classiques du répertoire («Les 100 plus beaux films») et de nouveaux films en sortie nationale. Pour valoriser les œuvres cinématographiques, sont organisés des débats, des rencontres avec des équipes de films, des historiens, des spécialistes ou encore des critiques. Plus qu’une simple séance, c’est un véritable échange qui se crée avec le public. Devenu un des temples de l’Art et Essai, le Reflet Médicis est également spécialisé dans les rétrospectives, les films de recherche, l’accueil de festivals de cinéma étranger et de la prestigieuse rétrospective de la sélection « Un Certain Regard » du Festival de Cannes.
Achetez vos places à partir du 14 septembre auprès du REFLET MEDICIS.
Cette rétrospective sera reprise au Majestic de Lille la semaine du 7 octobre 2015
Mercredi 16 septembre à 20h00
Jeudi 17 septembre à 20h00
CHARISMA (1999) présenté par Jean-François Rauger (Le Monde)
LICENSE TO LIVE (1998) présenté par Laure Adler (France Inter)
Un brillant détective mis en echec au cours d’une prise d’otages où le ravisseur et sa victime ont ete tués se retire dans une forêt. Au milieu d’une clairière, isolé, se dresse un arbre. On le nomme Charisma. Entouré de mysterieux objets, l’arbre paraît aussi énigmatique qu’une oeuvre d’art. En errant dans la foret, le détective découvre que ses habitants s’affrontent et se déchirent à propos de cet arbre...
Yutaka Yoshii sort d’un coma qui a duré dix ans. Il a aujourd’hui vingtquatre ans et se retrouve dans un monde qui a considérablement changé. Sa famille a éclaté, ses parents ont divorcé tandis que sa sœur revient tout juste des États-Unis. La maison familiale qui était un hôtel ranch est devenue une sorte de pisciculture tenue par le très peu conformiste Fujimori, un ami du père. Yutaka aimerait rouvrir le ranch...
Vendredi 18 septembre à 20h00
Samedi 19 septembre à 16h00
REAL (2013) présenté par Damien Aubel (Transfuge)
TOKYO SONATA (2008)
Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d’autant qu’ils s’aimaient passionnément. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l’inconscient de sa compagne. Mais le système l’envoie-t-il vraiment là où il croit ?
Tokyo Sonata dresse le portrait d’une famille japonaise ordinaire. Le père, licencié sans préavis, le cache à sa famille. Le fils ainé est de plus en plus absent. Le plus jeune prend des leçons de piano en secret. Et la mère, impuissante, ne peut que constater qu’une faille invisible est en train de détruire sa famille.
Samedi 19 septembre à 18h00
Dimanche 20 septembre à 20h00
SHOKUZAI (2012) présenté par un intervenant surprise
SÉANCE (2000) présenté par Jean-Philippe Tessé (Les Cahiers du Cinéma)
Dans la cour d’école d’un paisible village, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde : si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie.
Dans la banlieue de Tokyo, Jun et Koji forment un couple sans histoires. Une fillette est kidnappée. Sans véritables indices pour faire avancer l’enquête, la police piétine. Un inspecteur fait alors appel à Jun, car elle possède des talents de médium. Tout bascule...
Lundi 21 septembre à 20h00
Mardi 22 septembre à 20h00
CURE (1997) présenté par Olivier Père (Arte)
KAÏRO (2001) présenté par Julien Gester (Libération)
Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un ancien étudiant en psychologie, est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il semble fou et avoir d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels...
Taguchi, un jeune informaticien, est retrouvé pendu dans son appartement. Sous le choc, ses collègues cherchent à en savoir plus sur ce suicide inexplicable. La victime a laissé un mystérieux message contenu dans une simple disquette. De toute évidence, celle-ci recèle un virus qui contamine ses utilisateurs et a de graves répercussions sur leur comportement...
Programme sous réserve de modifications - Vérifiez les séances sur www.lesecransdeparis.fr
Découvrez VERS
L’AUTRE RIVE en avant-première au MK2 Odéon Kiyoshi Kurosawa sera présent jeudi 24 Septembre à 20h30
Sens du real
L’amour et ses fantômes
> Vers l’autre rive
Chez Kiyoshi Kurosawa comme chez d’autres, les fantômes effraient le plus souvent. Après Real, histoire d’amour moderne sur fond de coma, ils (ré)apprennent à faire l’amour... Doux et subtil récit d’apprentissage, Vers l’autre rive donne aux spectres une présence rassurante, bouleverse nos repères... et nos cœurs.
de Kiyoshi Kurosawa Sortie le 30 septembre.
E
rio, de manière pragmatique, ne s’encombrera pas de surligner les choses. Tout semble naturel dans Vers l’autre rive, partant du principe de porosité entre le terrestre et l’au-delà. Tout est une question de connexions. Comment vivent les morts ? Pour Kurosawa, probablement comme les vivants, avec les mêmes soucis de contingences et de rapports entre les êtres. Une nouveauté pourtant : si, jusque-là, dans ses films, les spectres se manifestaient (Kaïro, Séance, Rétribution) selon les arcanes classiques du cinéma fantastique, comme une menace ou de redoutables prophéties, ici, ils servent de guide à ceux qui restent, les prennent par la main pour les aider à appréhender ce qu’il va se passer. La chose était déjà en gestation dans Shokuzai, elle est bien plus affirmée ici, jusqu’à l’utilisation - grande première pour le réalisateur- du CinémaScope. Un format poussant à l’ouverture du champ de vision comme des sentiments. Kurosawa en profite pour jouer sur l’idée de distance, spirituellement ou moralement. Au gré des rencontres, Yusuke et Mizuki se redécouvrent, pour devenir un couple éternel, un pied dans les limbes, l’autre dans la réalité, pour mieux marcher d’un même pas vers un futur peut-être incertain, mais plus serein. Vers l’autre rive assurant qu’être hanté ne veut pas nécessairement dire être tourmenté, mais aussi rempli d’amour. A.M
ntre Kiyoshi Kurosawa et les fantômes, c’était déjà une grande histoire d’amour. De Kaïro (2001) à Doppelganger (2003), de Retribution (2007) à Shokuzai (2012), Kurosawa entretient un dialogue au long cours entre le monde des morts et des vivants, comme une présence régulière. La chose est assez classique au Japon, pays dont la culture a historiquement intégré cette passerelle, admis qu’un flux naturel existe entre le naturel et le surnaturel, au point de considérer qu’un défunt est encore présent quelques jours après son trépas, le temps de régler quelques éléments avant de partir définitivement. Vers l’autre rive ouvre ces nouvelles portes dans l’œuvre du cinéaste. Pourquoi ne pas lire ce titre comme un voyage en parallèle de celui de Mizuki et Yusuke, comme celui de Kurosawa qui irait s’aventurer vers d’autres genres que ceux qu’il fréquente usuellement, ici vers le mélo romantique et le road-movie ? Si Mizuki fait des allers-retours entre son quotidien et celui de son mari défunt, Tokyo et la campagne, le film, lui, va et vient entre les registres, avec cette même fluidité. Dans les deux cas, il s’agit d’un voyage, un périple buissonnier délimité par l’identité nippone. Impossible de faire des pas de géants puisque le Japon n’est finalement qu’une île, alors ce couple avancera en douceur, et le scéna-
Au cœur du Japon, Yusuke convie sa compagne Mizuki à un périple à travers les villages et les rizières. A la rencontre de ceux qu’il a croisés sur sa route depuis ces trois dernières années, depuis ce moment où il s’est noyé en mer, depuis ce jour où il est mort. Pourquoi être revenu ? Kurosawa s’essaye au mélodrame avec un brio inouï.