Medair Mini Annual Report

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Medair en 2011


Notre travail en 2011 En Afrique, en Asie ainsi que dans d’autres régions se trouvant dans une situation d’extrême précarité, Medair apporte une aide d’urgence et met en place des programmes de réhabilitation lors de catastrophes naturelles, de conflits et d’autres crises, en travaillant aux côtés des populations les plus vulnérables.

Aide d’urgence

Réhabilitation

Dans les cas d’urgence, les équipes de Medair interviennent rapidement pour sauver des vies et soulager la souffrance des familles concernées.

Une fois les besoins les plus urgents satisfaits, Medair continue d’aider les populations à se relever, dans la dignité et dans l’espoir d’un avenir meilleur.

En 2011, nous avons fourni une réponse d’urgence lors de cyclones, de sécheresses, de tremblements de terre, d’inondations, d’épidémies, de famines et de déplacements de populations.

Medair en 2011 • 1 716 964 personnes bénéficiaires • 8 programmes d’intervention • 71 équipiers au siège international en Suisse

Nous travaillons à leurs côtés. Nous leur transmettons connaissances et savoir-faire, afin d’améliorer ensemble la qualité de leurs services de base.

• 5 bureaux affiliés en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis • 110 équipiers recrutés au niveau international • 921 équipiers recrutés au niveau local • 41 nationalités représentées au sein de Medair (y compris doubles nationalités)

AFGHANISTAN • HAïTI •

SOudan • SUD-SOudan •

• SOMALIE/ Somaliland

R. D. CONGO •

ZIMBABWE •

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MEDAIR 2011

• MADAGASCAR

Photos, à gauche : Dans une zone rurale en Haïti,

l’équipe de Medair encourage des femmes à rejoindre les équipes de reconstruction du programme Argent-contre-Travail. ci-contre : Après le passage du cyclone Bingiza sur Madagascar, une jeune fille rapporte chez elle un kit WASH de Medair, grâce auquel elle disposera d’eau potable et améliorera ses conditions d’hygiène. ci-dessus : Au moyen d’une poupée, une sagefemme soudanaise apprend à sauver la vie d’un bébé au cours d’un atelier organisé par Medair. 3


Secteurs d’expertise

Abri et infrastructure Nous avons fourni des abris sécurisés et épaulé les populations en crise à construire ou réparer les infrastructures de base, afin de réduire les risques liés à d’éventuelles futures catastrophes. Dans la province de Bamyan en Afghanistan, nous avons mené un projet d’aide alimentaire innovant, permettant à 6300 personnes touchées par les inondations d’acheter de quoi manger pour leur famille. Tandis que les plus vulnérables ont reçu directement de la nourriture, les personnes vaillantes ont été rémunérées pour leur participation à la réhabilitation des champs et des infrastructures. Elles ont nettoyé les surfaces agricoles, réparé les routes et construit

des centaines de petites digues pour freiner l’érosion, prévenant et réduisant ainsi l’impact de futures catastrophes. « Je suis non seulement fière d’avoir gagné de l’argent pour ma famille mais aussi de protéger mon village contre de prochaines inondations », s’est exclamée Zahra, une jeune mère de famille qui a tressé des gabions permettant de réduire l’érosion.

Eau, assainissement et hygiène (WASH) Nous avons travaillé aux côtés des habitants pour leur fournir de l’eau potable ainsi que des latrines, et promouvoir les avantages de meilleures pratiques d’hygiène.

Santé et nutrition Nous avons répondu à des cas d’urgence tels que des épidémies ou la malnutrition, tout en soutenant les centres de santé et en renforçant les capacités des équipes locales. En R.D. Congo, nous avons fourni des soins de santé gratuits à 246 157 personnes déplacées ou rapatriées dans la province Orientale. Medair a également formé et supervisé près de 700 agents sanitaires. En octobre, nous avons achevé une opération contre la malaria, menée dans 200 centres de santé. Nous avons fourni des traitements gratuits, distribué des moustiquaires et expliqué à la population comment prévenir le fléau. « Ce projet a considérablement réduit le nombre de cas de malaria par rapport aux consultations effectuées dans le passé », 4

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constate le Dr Jean-Pierre Atibu, de l’hôpital général d’Isiro. Nous avons également ouvert un nouveau poste de santé au camp de Linakofo, car la route menant au centre de santé le plus proche était trop dangereuse, surtout la nuit. « Ce poste a changé notre vie », déclare Modeste Agimirungu, habitant de Linakofo. « Nous ne pouvions pas quitter le camp de nuit pour nous rendre à la clinique de Dungu May. Maintenant, tout est plus facile. Il y a deux jours, une femme a eu ses premières contractions pendant la nuit – et elle a juste eu le temps de se rendre au poste de santé pour accoucher ! »

En Haïti, dans la région isolée de Côtes-de-Fer, les habitants n’ont qu’un accès limité à l’eau et aux services d’assainissement. De plus, la pratique de la défécation en plein air, encore très répandue, augmente le risque de choléra. En août 2011, notre équipe a organisé des rencontres de motivation. Plus de 2000 personnes ont ainsi réalisé que leurs excréments se retrouvaient souvent dans l’eau qu’elles buvaient et dans leur nourriture, ce qui les a incitées à construire des latrines. A la fin de 2011, elles en avaient déjà terminé 30, de nombreuses autres étant encore en construction. « L’écho a été positif dans presque chaque village », explique Dana Brosig, équipière de Medair. « Cette approche présente l’avantage d’engendrer chez les bénéficiaires un sentiment plus fort d’appropriation, plutôt que de confier la responsabilité de l’assainissement à une organisation extérieure. »

Photos, à gauche : Une femme souffrant de la malaria

est soignée dans une clinique soutenue par Medair en R.D. Congo. ci-dessus : Anite Jean Paul, ici avec sa fille Babylove, a construit ses premières latrines après avoir participé à des rencontres sur l’assainissement à Côtes-de-Fer, Haïti.

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Somalie/Somaliland

GOLFE D’ADEN

DJI.

Hargeisa

Nombre de personnes bénéficiaires : 166 017 Equipiers recrutés au niveau international : 7 Equipiers recrutés au niveau local : 49

Somaliland

ETHIOPIE

Somalie OCEAN INDIEN

Mogadiscio KENYA

0 100 200 km 0

Au Somaliland, plusieurs sécheresses consécutives ont causé une crise humanitaire sans précédent. En septembre, Medair a déclenché une importante réponse d’urgence et lancé un programme d’aide complet pour les familles vulnérables des régions de Sool et de Sanaag. « Aucun autre étranger n’était jamais venu dans ce village auparavant. Nous sommes trop loin de tout », nous confie Sayneb Mohamed. Autrefois propriétaire d’un grand troupeau à Gumburu Xangeyo, elle a perdu tout son bétail pendant la sécheresse. Son fils a tant souffert de la malnutrition qu’il pouvait à peine bouger. « Il était sur le point de mourir. De nombreux enfants sont morts ici avant l’arrivée de Medair. » En octobre, nous avons lancé un programme nutritionnel pour les enfants malnutris de 12 villages. « Ce projet a sauvé la vie de nos enfants, affirme Sayneb. Avant, ils étaient faibles et incapables de digérer le peu d’aliments que les adultes avaient à leur donner. Les rations 6

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100

400 mi

alimentaires apportées par Medair sont bonnes pour eux. » Tout au long de l’année, Medair a fourni des soins de santé, de la nourriture ainsi que des services WASH (eau, assainissement et hygiène) aux habitants des camps de déplacés de Burao et des villages d’accueil, tout en apportant également son aide dans les zones isolées du sud de la région de Togdheer. Plus de 500 enfants gravement malnutris ont été admis au centre de stabilisation de Burao, soutenu par Medair. Plus de 80% d’entre eux se sont rétablis. « Le centre de soins est un endroit incroyable. On y voit des miracles chaque semaine », raconte Sayneb Husein, infirmière. « Bien que la situation soit actuellement difficile au Somaliland, je suis certaine que les conditions à Burao s’amélioreront grâce à l’aide de Medair. »

Photos, à gauche : Sayneb Mohamed avec son

fils de 3 ans, Jimcale, bientôt guéri de la malnutrition grâce à la réponse d’urgence de Medair à Gumburu Xangeyo. en haut, à droite : Au village de Jama Qabar, Khadija Hassan Mohamed (à droite) et son amie viennent chercher de l’eau à la berkad récemment réparée.

Chaque goutte d’eau est précieuse « C’est la pire sécheresse que j’aie jamais connue », explique Suleman Mohamed Jirde, 70 ans, habitant du village de Jama Qamar. « Lors des précédentes sécheresses, nous avions toujours un peu d’eau, mais cette fois-ci, il n’y en a plus nulle part. » Au Somaliland, les bergers ont depuis des générations survécu grâce à l’eau de pluie stockée dans des citernes appelées berkads. Telles de grandes piscines, elles permettent, lorsqu’elles sont remplies, de répondre aux besoins en eau de 250 personnes pendant six mois. « Chaque goutte d’eau est précieuse », affirme Mohamed Mohamed, qui vit au village de Kaladhac. « Toute notre vie dépend de l’eau. Ces berkads sont la raison pour laquelle nous restons ici. Sans elles, nous partirions tous. » Au fil des années, les berkads du Somaliland se sont fissurées et ne peuvent désormais plus

stocker d’eau. En réponse, Medair a commencé, en 2011, à réhabiliter ces citernes et les puits dans les villages reculés, assurant ainsi aux familles et à leur bétail un approvisionnement en eau. A Jama Qamar, nous avons réparé une gigantesque berkad d’une capacité de 750 000 litres. A Sibidley, Mark Toews, équipier de Medair, a été surpris par le niveau d’eau d’une berkad après une seule averse. « Je n’en croyais pas mes yeux, dit-il. Celle que nous venions de réparer était plus qu’à moitié remplie après une forte pluie. Cinquante mètres plus loin, une citerne endommagée n’avait pas une seule goutte d’eau à l’intérieur. Voilà le résultat d’une berkad réparée ! » « Lorsque la pluie est tombée sur Kaladhac et que l’eau a rempli notre berkad, nous étions très heureux et enthousiastes, » déclare Mohamed. « C’était comme si nous avions perdu notre bien le plus précieux et que nous venions de le retrouver, comme si nous étions pauvres et que tout à coup nous devenions riches. » 7


R.D. Congo

SUD-SOUDAN

Doruma Congo

REP. DU CONGO

GABON

Ango Poko

E quat o r

Isiro Bunia Kisangani

OUG.

RWA BURU.

ab a

Kinshasa

Rép. Dém. du Congo

Dungu

Lual

Nombre de personnes bénéficiaires : 574 260 Equipiers recrutés au niveau international : 18 Equipiers recrutés au niveau local : 101

R.C.A. CAMER.

Soudan

EGYPTE LIBYE

Nombre de personnes bénéficiaires : 361 086 Equipiers recrutés au niveau international : 18 Equipiers recrutés au niveau local : 197

TCHAD

Soudan

TANZ.

Khartoum

ERYTHREE

Geneina

Darfour occidental

Muglad ANGOLA

0 0

La violence des milices a provoqué le déplacement de 425 000 personnes de la province Orientale. Dans le territoire reculé d’Ango, les familles déplacées n’avaient reçu quasiment aucune aide humanitaire jusqu’à cette année. L’état désastreux des routes et des ponts empêchait les camions d’aide d’arriver à Ango. En 2011, Medair y a donc créé une base afin de fournir une aide d’urgence aux familles délaissées et de lancer des projets de réhabilitation.

200

SUD-SOUDAN

explique Jean-Pierre Abakazige. « Avant qu’ils nous soignent, on utilisait la médecine traditionnelle. Parfois, on guérissait, mais beaucoup mourraient, surtout des enfants. » Nous avons réhabilité des puits et des latrines, et sensibilisé plus de 7000 personnes à l’importance de l’hygiène. « Grâce aux activités de promotion de l’hygiène de Medair, les cas de diarrhées diagnostiqués à la clinique étaient deux fois moins nombreux à la fin de l’année », témoigne Chantal Gopita, infirmière au centre de santé de Dakwa. Medair a également reconstruit 15 ponts qui permettent dorénavant aux camions d’aide humanitaire de parvenir à Ango. « Vous n’imaginez pas l’impact de ces ponts sur notre vie », se réjouit Bernard Poly, ouvrier.

Nous avons réapprovisionné les cliniques d’Ango en médicaments et fourni des soins gratuits à plus de 37 000 personnes dans six centres de santé. « Les médicaments sont gratuits à la clinique, c’est pourquoi nous y venons, parce que nous n’avons pas les moyens de les acheter ! », 8

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0

ZAMBIE

0

400 mi

Dans d’autres régions de la province Orientale, nous avons fourni des soins de santé gratuits à plus de 200 000 personnes. « Sans Medair, les cas de décès auraient été plus nombreux, car les malades seraient restés chez eux et y seraient morts », affirme Amon Ndaima, infirmier à la clinique de Dungu May.

Photo : G ravement malade, Jean-Pierre Abakazige

est transporté sur un vélo par ses amis et sa famille pour être soigné gratuitement dans une clinique soutenue par Medair.

En tant que première ONG internationale présente et opérationnelle au Darfour occidental, Medair a travaillé en étroite collaboration avec le Ministère de la Santé Publique (MoH) pour fournir des soins de santé gratuits en 2011. Nous avons soutenu 26 centres de soins, vacciné plus de 27 000 enfants et assuré 18 réponses d’urgence. « Je me sens en sécurité, parce que Medair nous fournit en médicaments et en eau potable, confie Asha Bacheed. Medair m’a donné l’espoir dont j’ai besoin pour continuer à vivre. » Notre équipe WASH (eau, hygiène et assainissement) a foré 30 puits dans des villages isolés, soutenu la construction de plus de 2000 latrines et sensibilisé à l’hygiène plus de 170 000 personnes. Après 10 années passées dans la région du Darfour, Medair a pris la décision de mettre fin à son programme au Darfour occidental en 2012.

Kadugli Nil Bleu

R.C.A.

400 km 200

Kordofan méridional

300 km

ETHIOPIE

300 mi

« Medair a été la première organisation à venir au Darfour occidental », rapporte Abdu Salam, membre du MoH. « Ses équipiers ont considérablement amélioré les soins de santé, mais se sont aussi investis pour renforcer la population, en sensibilisant les personnes aux bons comportements sanitaires et en les encourageant à prendre leurs responsabilités quant à leur santé et à leur système de santé. Medair laisse beaucoup de choses positives derrière elle. » Au Kordofan méridional, Medair fournissait également des service de santé et WASH. Mais en juin, l’accès à la région est devenu trop difficile pour son équipe, en raison du conflit qui a éclaté avant la sécession du Sud-Soudan. Cette situation a motivé la décision de mettre fin à l’ensemble du programme au Soudan en 2012. Medair a passé la dernière partie de l’année à déléguer ses activités aux ministères concernés, aux populations ainsi qu’à d’autres ONG. « Medair a prouvé qu’elle se soucie réellement des populations, conclut Abdu Salam. Elle les implique dans ses programmes et traite les personnes avec respect. Ses équipiers n’ont pas seulement amélioré les soins de santé au Darfour occidental, ils nous ont apporté l’espoir. » Photo : Formée par Medair à la promotion de l’hygiène,

une animatrice reçoit son certificat lors d’une cérémonie spéciale. © Medair / Odile Meylan

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Madagascar

Zimbabwe Maroantsetra

CANAL DE MOZAMBIQUE

Nombre de personnes bénéficiaires : 273 057 Equipiers recrutés au niveau international : 6 Equipiers recrutés au niveau local : 64

Mananara Toamasina

Antananarivo

Za

0 0

Nembudziya

Nombre de personnes bénéficiaires : 56 064 Equipiers recrutés au niveau international : 4 Equipiers recrutés au niveau local : 11

Si Madagascar est l’un des plus beaux pays du monde, il est aussi l’un des plus vulnérables. Des cyclones et des tempêtes tropicales frappent régulièrement l’île, laissant derrière eux un paysage entièrement dévasté.

Le 14 février 2011, le cyclone Bingiza a ravagé Madagascar. L’une de nos équipes de réponse d’urgence s’est immédiatement rendue à moto dans le nord-est de l’île pour évaluer les dégâts, pendant qu’une autre s’envolait vers les villages du sud-est où, suite aux inondations, de nombreux puits étaient contaminés. Nous avons rapidement distribué 8000 kits WASH (eau, assainissement et hygiène) aux familles touchées puis, après que les eaux se sont retirées, nous avons désinfecté plus de 600 puits et réparé 10 pompes à eau. Au nord-est, 7020 habitants ont été embauchés pour réparer 61 kilomètres de routes et nous avons rémunéré leur travail par de la nourriture. 10

MEDAIR 2011

Harare

Gokwe

Zimbabwe BOTSWANA

OCEAN INDIEN

0

100 200 km 100

èze

ZAMBIE

Madagascar Vangaindrano

mb

0

200 mi

« Cela nous a réellement aidés dans cette période de crise et de famine », se souvient Yang Chankee Mesmin, maire du village de Rantabe. Les réponses d’urgence ne sont qu’un aspect de notre travail à Madagascar. Tout au long de l’année, nous travaillons en collaboration avec les populations locales pour réduire les risques liés aux futurs cyclones. Le cyclone Bingiza nous a permis de tester l’efficacité de notre travail. « Grâce à la formation et aux consignes fournies par Medair, nous avons pu mettre en œuvre notre plan d’urgence en cas de cyclone dès que l’alarme a été donnée par la radio », explique Jean Chrétien, chef de village à Ankadibe. Une fois la tempête passée, les habitants d’Ankadibe ont constaté l’efficacité des mesures de sécurité. Tout leur bétail était encore en vie ! « Pour la toute première fois, nous avions résisté à un cyclone, » dit Jean. « Pour nous, il s’agissait d’une vraie victoire et nous avons ressenti une joie profonde. Vos dons nous ont redonné espoir, ils ont apporté de la lumière dans nos foyers et dans nos villages. » Photo : D es villageois apprennent à mieux se protéger

contre les terribles cyclones qui ravagent régulièrement Madagascar.

En 2008-2009, l’épidémie mortelle de choléra qui a frappé le Zimbabwe, faisant plus de 4000 victimes, a mis en évidence les conditions dramatiques d’approvisionnement en eau dans ce pays. En 2010, une équipe d’évaluation de Medair s’est rendue à Gokwe, dans le nord du pays, et a rencontré des femmes qui s’approvisionnaient en eau dans le lit asséché d’une rivière. « C’est à peine si nous distinguions une flaque d’eau, et l’endroit était infesté de mouches », se souvient Sandra Alefsen, équipière de Medair. Nous avons réalisé que la plupart des habitants s’approvisionnait à des points d’eau souvent insalubres, sources possibles d’épidémies.

50 100 km 50

100 mi

MOZAMBIQUE AFRIQUE DU SUD

En 2011, nous avons donc soutenu la construction et la réparation de puits de villages, permettant ainsi à près de 27 000 personnes d’accéder à de l’eau potable. Nous avons fourni les outils et le savoir-faire, les habitants ont procuré la main-d’œuvre et des matériaux de construction – une méthode participative qui a engendré un sentiment plus fort d’appropriation et de responsabilisation de la population locale. « Leurs puits sont très solides comparés aux nôtres », constate Dhanisa Dude, maçon à Chakazamba. « Ces travaux m’ont beaucoup appris et j’espère pouvoir partager ces connaissances avec mes collègues et améliorer ainsi la vie dans nos villages. » Nous sommes également intervenus au centre de Gokwe, où une infrastructure inadaptée obligeait les habitants à se ravitailler en eau auprès de sources insalubres. Nous avons collaboré étroitement avec les services des eaux du Zimbabwe pour l’installation de l’infrastructure et la réhabilitation du système de distribution d’eau de la ville. À la fin du projet, nous nous sommes aperçus que l’impact était bien plus important que prévu. Dorénavant, 25 000 personnes profitent de la rénovation du système de distribution d’eau. Photo : D es femmes de Gowke s’approvisionnent en

eau à une source insalubre.

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Sud-Soudan

0

Khartoum

300 km

0

300 mi

SOUDAN

Nombre de personnes bénéficiaires : 232 114 Equipiers recrutés au niveau international : 30 Equipiers recrutés au niveau local : 243

Renk

Manyo

Melut Malakal

Ni

lB leu

ETHIOPIE

R.C.A.

Sud-Soudan

Awerial

Juba REP. DEM. DU CONGO

Après des années de guerre, le Sud-Soudan a accédé le 9 juillet à l’indépendance, un statut politique source d’espoir pour des millions de rescapés. En 2011, 350 000 rapatriés ont retrouvé leur pays, certains après plus de 20 années passées dans le nord. « Il est difficile de se représenter l’ampleur de cette migration », explique Stella Chetham, équipière de Medair. « Nous voyons partout d’énormes camions, croulant sous le poids des meubles et des passagers… Des abris de fortune sont construits en toute hâte avec des branches et de l’herbe tressée. » Arrivées à destination, les familles se sont retrouvées dans un pays ravagé par des décennies de conflits. « Je m’attendais à voir le Sud-Soudan en pleine expansion et avec de nombreux bâtiments. Mais il n’en est rien », raconte Teresa Riak Moyik, résidente du camp d’Abayok. 12

MEDAIR 2011

KENYA OUGANDA

« Au nord, nous avions notre propre maison, nous vivions bien. Ici, tout est à construire. » Nos équipes de réponse d’urgence (ERU) se sont attelées à la tâche, apportant une aide vitale aux rapatriés sur le chemin du retour. Tout au long de l’année, nous avons fourni des soins de santé gratuits et un soutien nutritionnel aux plus vulnérables, ainsi qu’amélioré l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène (WASH).

La vie est un don Ruth Creber, responsable santé des équipes ERU, partage avec nous une histoire riche en émotions, survenue pendant une épidémie mortelle de kalaazar à Jiech, au Sud-Soudan.

Nos équipiers ERU ont répondu à de nombreuses crises majeures dans le pays en 2011, menant 35 interventions destinées à aider aussi bien les rapatriés que les personnes touchées par les inondations, les conflits et les épidémies.

Elle est arrivée sur un brancard, bougeant à peine. Mon cœur s’est serré. Lorsque quelqu’un est sur un brancard, on sait que c’est grave. Nyapieth présentait l’une des pires pneumonies qu’il m’avait été donné d’observer depuis longtemps. Elle souffrait aussi d’une forte fièvre, de malnutrition et était atteinte du kala-azar. Je me suis vraiment demandé si elle survivrait à tout cela.

En 2011, nous avons achevé nos projets de santé et WASH dans les comtés de Melut et de Manyo dans l’Etat du Nil Supérieur, et lancé de nouveaux programmes à Renk et Awerial, deux des comtés les plus délaissés du Sud-Soudan.

Cependant, après trois jours de traitement, Nyapieth a commencé à montrer des signes encourageants de guérison. Elle n’était pas encore capable de s’asseoir seule, mais dans les deux semaines qui ont suivi, sa santé s’est lentement améliorée.

« Vous, les équipiers de Medair, vous avez réellement aidé les habitants de notre région et nous vous en sommes reconnaissants », déclare Francis Nyok, commissaire du comté de Melut. « Nous comprenons qu’il est maintenant temps pour vous d’apporter votre aide à d’autres régions du pays qui en ont le plus besoin. »

Chaque jour, je l’aidais à se lever et à faire quelques pas. En l’espace de quelques jours, elle marchait, me tenant juste la main, toujours désireuse d’aller plus loin. Elle me regardait en disant « Gwalong ? », ce qui signifie « C’est bien ? ». Et je répondais à sa

question : « Oui ! Gwalong, gwalong, gwalong ! » Je me souviendrai toujours de ces instants merveilleux, de nos promenades main dans la main sur la piste et de son sourire. « Gwalong, gwalong ! » A partir de ce moment, la page de la maladie fut tournée. Nyapieth était sur la voie de la guérison. Un après-midi, je marchais vers le centre de santé, luttant contre un vent violent qui menaçait de m’emporter. J’ai soudain entendu des chants et des tambours. Qui donc jouait du tambour dehors par ce temps ? Elle venait vers moi, riant, chantant, frappant avec enthousiasme sur son instrument. C’était bien elle, Nyapieth, entourée de jeunes enfants qui dansaient. « Dieu est bon ! », chantait-elle. J’ai encore les larmes aux yeux en y pensant. Elle est un miracle, resplendissante de santé, débordant de la joie d’une jeune femme qui mesure à quel point la vie est un don. Photos, à gauche : Dans le camp d’Abayok, Asher

Bray, membre de l’équipe de Medair, apporte de l’eau potable aux rapatriés. © Medair / Bernard Henin ci-dessus : Ruth Creber (à gauche) accompagnée de Nyapieth, pour qui le kala-azar ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir.

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OCÉAN ATLANTIQUE

OUZBEKISTAN

Haïti

CHINE TAJIKISTAN

Yawan

TURKMENISTAN

Faizabad

Nombre de personnes bénéficiaires : 40 410 Equipiers recrutés au niveau international : 14 Equipiers recrutés au niveau local : 121

MER DES CARAÏBES GOLFE DE LA GONÂVE

Afghanistan

Bamian Waras

Behsud

Afghanistan

Kabul

Jalâlâbâd

Ghazni

Jacmel

s

RÉPUBLIQUE

Port-au-Prince DOMINICAINE

Kandahâr

du

Nombre de personnes bénéficiaires : 13 956 Equipiers recrutés au niveau international : 13 Equipiers recrutés au niveau local : 135

CUBA

In

Haïti

Côte de Fer PAKISTAN

0 0

20 40 km 20

Medair a été la première ONG à nous demander quels étaient nos besoins en logement », se souvient Linante.

Linante et ses 10 enfants vivent dans la région isolée et montagneuse de Côtes-de-Fer. Leur maison a été détruite pendant le tremblement de terre et, un an après, ils n’ont toujours pour seul foyer que la pièce unique d’une cabane, dont le toit de fortune laisse passer l’eau.

Notre équipe a rencontré les chefs de village, afin d’identifier les familles les plus vulnérables. Nous avons commencé à construire avec eux des maisons permanentes équipées de latrines et de systèmes de récupération de l’eau de pluie. En 2011, nous avons construit 100 abris à Côtes-de-Fer et y avons amélioré l’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène. Dans sa nouvelle maison, Linante a retrouvé l’espoir. « Mes enfants sont en meilleure santé, ce qui me rassure. Ils sont plus heureux, et moi, je me sens plus en sécurité », déclare-t-elle. Depuis son arrivée dans la région de Jacmel, Medair a fourni 1333 abris provisoires. Destinés à être transformés en maisons permanentes, ceuxci sont conçus pour résister aux cyclones et aux tremblements de terre. « La région a bien changé depuis les mois qui ont suivi le séisme », constate Florance Paul, un Haïtien qui travaille pour Medair. « Maintenant, on voit partout des maisons Medair ! » Photo : L inante Sampeur avec son compagnon, Idenier

Jean, et six de ses 10 enfants sur le seuil de leur nouvelle maison à Côtes-de-Fer, Haïti.

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MEDAIR 2011

IRAN

40 mi

Alors qu’Haïti se relève peu à peu du terrible séisme de 2010, la priorité est restée la même : continuer à fournir un abri aux personnes déplacées.

En arrivant dans cette région reculée en 2011, Medair a rencontré de nombreux villageois qui, comme Linante, résidaient dans des poulaillers, des cabanes ou sous tente. « Depuis le séisme,

0

MER DES CARAÏBES

L’Afghanistan détient depuis quelques années le triste record mondial de mortalité infantile et se place au 2e rang pour le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Plus d’un décès sur quatre est dû aux diarrhées, une statistique révélatrice du manque de services d’assainissement et de l’insalubrité de l’eau dans ce pays.

0

100 200 km 100

INDE 200 mi

En avril, Danial a emmené son fils Fardin à la nouvelle clinique de Yawan. A 18 mois, il souffrait de malnutrition et d’une forte fièvre. En moins de quatre semaines, la santé de l’enfant s’est considérablement améliorée.

En 2011, Medair a mené des projets WASH (eau, hygiène et assainissement) dans 136 villages isolés des provinces de Bamyan et du Badakhshan. Les villageois ont fourni les matériaux et la main-d’œuvre, les équipiers de Medair ont assuré la formation, la supervision, et les fournitures. « C’est la première fois qu’on vient nous aider », nous a dit Kabir, cultivateur au Bamyan. « Mon petit garçon est si souvent malade à cause de l’eau. » Tout au long de l’année, nous avons pu voir à quel point l’eau potable pouvait transformer un village. « Grâce à vous, nous avons retrouvé l’étincelle de joie dans nos yeux », nous a déclaré Sufi Tayeb, 85 ans. « Les choses ont tellement changé ici. Ce village a plusieurs centaines d’années et c’est la première fois que nous avons de l’eau potable. Désormais, plus personne n’est malade à cause de l’eau. » En 2011, nous avons continué notre programme nutritionnel au Raghistan et l’avons étendu à deux districts. Nous avons ainsi soigné 5200 femmes et enfants malnutris.

« Incroyable ! Il a fait beaucoup de progrès », constate Danial avec un sourire de reconnaissance. « Mon enfant était sur le point de mourir, car nous habitons dans une région isolée, sans personne pour nous aider. Mais Medair nous a aidés. Nous sommes fiers de les avoir à nos côtés. »

Photo : K abir et sa famille disposent à présent d’eau

potable dans leur village.

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Partenaires financiers 2011 Par ordre décroissant des dons pour chaque catégorie (≥ USD 19 000) Partenariats multidonateurs • Fonds pour les services de base • Fonds humanitaire commun • Fonds d’affectation spéciale multidonateurs (y compris la Banque mondiale) • Le Fonds mondial Partenaires des Nations Unies et intergouvernementaux • C. E. Direction générale de l’Aide humanitaire et de la Protection civile • Programme des Nations Unies pour le développement • Fonds des Nations Unies pour l’enfance • Programme alimentaire mondial Partenaires gouvernementaux • Agence des États-Unis pour le développement international • Département pour le développement international (GB) • Direction du développement et de la coopération (CH) • Agence suédoise de coopération internationale au développement

• EO Metterdaad (NL) • Word and Deed (NL) • Help a Child (NL)

Partenaires de dons en nature • Fonds des Nations Unies pour l’enfance • Programme alimentaire mondial • Organisation mondiale de la santé • World Vision International • Fonds des Nations Unies pour la population

Un grand merci à toutes les personnes qui ont fait un don à Medair cette année. Nous ne pourrions tout simplement pas financer nos réponses d’urgence sans des donateurs tels que vous. Cette année, vos dons nous ont permis de répondre rapidement aux différents besoins des plus vulnérables. Merci du fond du cœur,

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MEDAIR 2011

« La valeur du travail humanitaire, c’est l’espoir que vous créez. Vous sauvez des vies, tout en risquant la vôtre. Vous nous rendez fiers d’appartenir à la grande famille de l’humanitaire. »

Partenaires du secteur privé • Demaurex & Cie SA – Marchés Aligro (CH) • Fondation Pierre Demaurex (CH) • Oak Foundation (CH) • David Weekley Family Foundation (US) • Mission to the World (US) • Procter & Gamble (GB/US) • Fondation Coliver (CH) • Maclellan Foundation (US) • Reed Foundation (GB) • National Christian Foundation (US) • Fondation Jeriko (CH) • Fondation PAX (CH) • Gereformeerde Kerk vrijgemaakt Leiden (NL) • Fondation du Protestantisme (FR)

Partenaires institutionnels • La Chaîne du Bonheur • Comité Central Mennonite, avec Canadian Foodgrains Bank

Quelques mots de nos partenaires

Jim Ingram, CEO

John Ging (à gauche), directeur de la division de la coordination et de réponse du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies, s’adressant aux équipiers de Medair lors d’une visite à Ango, R.D. Congo, le 12 octobre 2011.

« Le travail de Medair au Somaliland répond à une grave crise humanitaire qui nécessite une attention immédiate. Au Somaliland, Medair a pris la décision courageuse de se rendre dans des endroits très reculés, là où il n’y a ni caméras ni autres ONG, alors que la population a grandement besoin d’aide. Cela fait naître l’espoir au milieu de la misère et montre aux habitants du Somaliland ce que signifie vraiment la compassion. » Edwin Visser (à droite), directeur de Partenaires et Programmes, Word and Deed (NL), s’est rendu en octobre 2011 dans le village de Gumburu Xangeyo, Sool, Somaliland où Medair apporte une réponse d’urgence. On le voit ici en compagnie de l’un des chefs du village. © Edwin Visser

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Statistiques financières Dépenses opérationnelles 2011

Recettes et dépenses des programmes 2011 (USD) Recettes totales Afghanistan

Dépenses humanitaires (directes) 78,67%

3 629 089

3 283 893

5 731 629

5 417 165

Madagascar

1 516 304

1 441 888

R.D. Congo

6 533 426

5 881 091

Somalie/Somaliland

4 606 274

3 540 968

Soudan

8 745 886

8 874 888

Sud-Soudan

8 693 100

8 335 393

Zimbabwe

1 985 394

1 844 146

Haïti

Dépenses humanitaires (indirectes) 8,34%

Collecte de fonds 5,71%

Administratif 7,28%

Recettes opérationnelles 2011 Gouvernements, UE et ONU 67,21%

Dépenses totales

Dépenses opérationnelles 2011 (USD)

Recettes opérationnelles 2011 (USD)

Dépenses humanitaires (directes)

Gouvernements, UE et ONU

34 917 698

30 901 577

Dépenses humanitaires (indirectes)

3 702 756

Dons privés

Administratif

3 230 858

Fondations et ONG

4 271 525

Collecte de fonds

2 532 449

Dons en nature

1 949 090

44 383 759

Autres recettes

Total

Total

8 273 858

583 243 45 979 293

Dons privés 17,99% Fondations et ONG 9,29% Autres recettes 1,27%

Dons en nature 4,24%

Dépenses des programmes par secteur 2011 Eau, assainissement et hygiène 29,37%

Dépenses des programmes par secteur 2011 (USD) *

Agriculture et sécurité alimentaire 2,69%

Abri et infrastructure 22,11% Autres 0,83%

Prévention des risques en cas de catastrophes 3,91%

Nutrition 2,57%

Services de santé

4 843 170

Eau, assainissement et hygiène

3 692 426

Abri et infrastructure

2 779 636

Prévention des risques en cas de catastrophes

491 630

Agriculture et sécurité alimentaire

337 655

Nutrition

322 794

Autres Total

104 497 12 571 809

Services de santé 38,52% * Ce total exclut les dons en nature

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MEDAIR 2011

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Photos,  première de couverture : Khadar Mahamoud, 4 ans, mange la pâte nutritive fournie par Medair dans le cadre de

sa réponse d’urgence en faveur des enfants malnutris du Somaliland.

quatrième de couverture : Pour la première fois, Sufi Tayeb, 85 ans, et tous les autres habitants de son village en

Afghanistan peuvent facilement s’approvisionner en eau potable.

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www.medair.org

ARFRA52011

Medair France 5 avenue Abel 26120 Chabeuil France Tél. : (+33) 04 75 59 88 28 france@medair.org

Publication juin 2012

Medair (siège international) Chemin du Croset 9 1024 Ecublens Suisse Tél : +41 (0) 21 695 35 00 suisse@medair.org


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