PUBLICATIONS MÉDICALES Missions - France Année 2012 / 1er semestre 2013
Table des matières Abstracts & Posters
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- VIème Conférence francophone sur le VIH/SIDA, Genève (Suisse) / 25 - 28 mars 2012. p.5 Prévention du VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST) chez les migrants consultant dans les Missions France de Médecins du Monde (MDM) - 3ème Congrès annuel des internes de Santé Publique et Médecine Sociale, 5 juillet p.7 2012. Vaccination of Rroma population in France: coverage and obstacles - European Centre for Disease Prevention’s conference, “Inform, protect, immunise: p.8 engaging underserved populations”, Dublin, 4-6 Septembre 2012. - XIIIème Congrès de la Société Française de Lutte contre le Sida « La coïnfection p.9 VIH/VHC dans tous ses états », Marseille, 25 - 26 octobre 2012. Prévention du VIH et des hépatites chez les migrants consultant dans les programmes de Médecins du Monde (MdM) en France : l’exemple du Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) de Paris - 4èmes rencontres de la Réduction des Risques, Association Française pour la p.10 Réduction des Risques, 25 – 26 octobre 2012.
Actes
p.12
- Actes du colloque de Médecins du Monde, Congrès de la Société Française de Santé p.13 Publique, Novembre 2011. Santé publique et grande précarité : état des lieux et questions éthiques
Articles
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- Bulletin de la Société de pathologie exotique, Volume 105, Issue 2, p. 123-129, Mai 2012. La réalité de l’accès aux soins des enfants de migrants à Mayotte. - Revue Soins pédiatrie / puériculture - no 264, p35, Janvier/février 2012. La tuberculose infantile, actualités et perspectives. Dépistage et prévention de la tuberculose, une expérience à Marseille. - Revue Après-demain n°23 (NF), p.24-26, « Le Droit des Immigrés », Juillet 2012. Accès aux soins : le parcours du combattant des étrangers en situation précaire - Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, Numéro thématique (p. 41-44), « Santé et recours aux soins des migrants en France », 17 janvier 2012. L’accès aux soins des migrants en situation précaire, à partir des données de l’Observatoire de médecins du Monde : constats en 2010 et tendances principales depuis 2000. - « La santé pour tous: innover contre les inégalités de santé » (p.4-5), Sous la direction de : Bréchat PH, Lebas J., Presses de l’EHESP, Rennes / 2012. Médecins du Monde, entre résistance et innovation: le rôle d’une ONG médicale dans le champ de la santé publique et de la précarité en France - La Revue Humanitaire # 33, « Migration : une chance à saisir », 6 novembre 2012. Médecine humanitaire, stéréotypes sanitaires et xénophobes : contributions de Médecins du Monde à la déstigmatisation des migrants.
p.15
Thèse
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p.16
p.17 p.20
p.21
p.22
- Université de Strasbourg - Diplôme de Docteur en Médecine – Diplôme d’État – p.24 Médecins générale (2012). Les tests rapides d’orientation diagnostique du VIH en structure de soins 2
associative. Mise en route et réalisation au Centre de Soins de Médecins du Monde à Strasbourg.
Communications médicales
p.26
- XVIIIème Congrès des Observatoires Régionaux de la Santé, Bordeaux, 4-5 avril 2013 p.27 Conditions de vie et état de santé des personnes en situation de précarité et/ou d'exclusion en France : l'observation dans les Centres de MdM, 2011
A paraître en 2013
p.29
Abstracts
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- International Harm Reduction Association’s Conference, “The Values of Harm p.30 Reduction”, Vilnius (Lithuania) / June 9th – 12th 2013 Drug checking in France: Current situation and development of “Medecins du monde” project based on skills transfer to national harm reduction structures and network. Study from an interactive educational pilot program aiming to reduce hepatitis C transmission among active injecting drug users through behavioural changes developed in Paris and Colombes in France since 2011. Articles p.32 - Revue d’épidémiologique et de santé publique, Volume 61 – Juin 2013 (p.199-203) p.32 Campagne de vaccination hors centre contre la rougeole des populations précaires en période de pic épidémique, Marseille 2011
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ABSTRACTS & POSTERS
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VIEME CONFERENCE FRANCOPHONE SUR LE VIH/SIDA GENEVE (SUISSE) / 25 - 28 MARS 2012 Prévention du VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles (IST) chez les migrants consultant dans les Missions France de Médecins du Monde (MDM). Par M.D. Pauti ; E. Corp ; J. Nau ; C. Bouviala ; J. Rochefort ; J. Bouzid ; A. Kartner ; J.F. Corty.
Objectif La Mission France de MDM a pour objectif de faciliter l’accès aux soins et aux droits dans le système de droit commun des populations vulnérables et de témoigner. Un programme pour renforcer la prévention du VIH, des IST et des hépatites, améliorer l’accès au dépistage pour la population reçue à MDM, à 92 % migrante et vivant dans des conditions très précaires, a été mis en place en 2003. En 2009, la prévalence du VIH en France est de 0.22 % en population générale et 47 % des patients découvrant leur séropositivité sont de nationalité étrangère. Les prévalences des hépatites B et C en France sont estimées à 0.84 % pour le VHC (Ac anti- VHC) et 0.65 % (AgHbS+) pour le VHB mais respectivement 3 et 3.5 fois plus élevées chez les bénéficiaires de la CMU complémentaire que chez les non bénéficiaires soulignant l’influence de la précarité sociale sur ces prévalences. Méthode Le protocole permettant d’assurer au quotidien des actions de prévention, dans 14 programmes « pilotes » ( 9 Centres d’Accueil de Soins et d’Orientation (CASO), 2 programmes auprès des personnes se prostituant, 2 auprès des personnes sans-abri, 1 auprès des usagers de drogues), est le suivant : formation d’une équipe de prévention dans chaque programme, messages de prévention délivrés aux patients lors d’un entretien individualisé avec accès à l’interprétariat professionnel ou d’animations en salle d’attente, dépistages proposés au décours de l’entretien (partenariats avec des centres de dépistage anonyme et gratuit et des laboratoires de ville), accompagnement physique et psychologique des patients dans cette démarche. Résultats En 2010, la file active des bénéficiaires du programme est d’environ 22 000 personnes, 4188 entretiens individuels ont été réalisés, 3 188 patients ont bénéficié de messages de prévention délivrés en groupe. Plus de 1700 dépistages ont été réalisés dans nos 2 CASO d’Ile de France. Les prévalences du VIH, des hépatites B et C parmi ces patients sont respectivement de 2.57%, 6.49 % et 6.49%. Conclusion Les programmes de MDM, accueillant en majorité une population migrante, jeune, en situation de précarité, sont des lieux privilégiés pour informer, prévenir, proposer un dépistage et accompagner vers les soins ces personnes particulièrement vulnérables.
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3EME CONGRES ANNUEL DES INTERNES DE SANTE PUBLIQUE ET MEDECINE SOCIALE 5 JUILLET 2012 Vaccination of Rroma population in France: coverage and obstacle By C. Lazarus, S. Laurence, N. Drouot, JF Corty. July 2012.
Medecins du Monde (MdM) is working since 1992 with Rroma settled in and around major cities. The objective of this study is to assess as accurately as possible immunization coverage for all vaccines required or recommended in France. The study seeks also to identify the causes and factors of nonvaccination. This cross-sectional study used questionnaires covering living conditions, access to health insurance, immunization status and reasons for non-vaccination. Univariate analysis was performed using appropriate parametric tests. For categorical variables, odds ratios are presented with their confidence intervals. 281 persons from the Rroma community were interviewed from July 2010 to June 2011 on 3 fields (Nantes, Strasbourg and Bordeaux). The immunization coverage is generally satisfactory for the only vaccine mandatory, the DTP (84.3% ; 95%CI = 76.0% - 90.6%). But the coverage rates are much lower against measles, mumps and rubella (50.9% ; 95%CI = 41.1% - 60.7%), against Haemophilus Influenza B (48.1% ; 95%CI = 95% 38.4% - 58.0%), against Tuberculosis (38.9% ; 95%CI = 29.7% 48.7%), against Pneumoccocus (12.6% ; 95%CI= 6.6% - 19 , 7%), against Meningococcus C (3.7% ; 95%CI = 1.0% - 9.2%) and against Hepatitis (Hép B : 43,5%: 95%CI=34,0% - 53,4%). Children followed by the services of maternal and child protection or in school age are supposed to be more protected and consequently more vaccinated, though only 52.7% (95% CI=42.0% - 40.4%) of children in school age were vaccinated. Also, less than a third of children under 6 years (30.2%) 95%CI=21.3% - 40.4%) were actually followed by maternal and child protection. A majority of people has probably benefited from vaccination at some point, but the objective data is difficult to verify, or unavailable. The main reason for non-vaccination remains the lack of information: they didn’t know where to go for vaccination (43.8%; 95%CI= 33.3% - 54.7%), they didn’t know their status or if they needed booster vaccination (19.1%; 95%CI= 11.5% -28.8%). Given the low rates of immunization coverage and the barriers identified, it is needed to adapt the strategies for prevention and vaccination, in close partnership with the key public services concerned (maternal and child protection and vaccination centers).
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EUROPEAN CENTRE FOR DISEASE PREVENTION’S CONFERENCE “INFORM, PROTECT, IMMUNISE: ENGAGING UNDERSERVED POPULATIONS” DUBLIN, 4-6 SEPTEMBRE 2012 Access to vaccination of vulnerable populations in Europe Experience of Medecins du Monde R. Laporte, S. Laurence, N. Simonnot, JF. Corty Medecins du Monde, France
Background
Actions (projects/programs)
Data are extracted from several Medecins du Monde - Doctors of the World (MdM) activity reports and studies on different fields in France and European MdM programs (Belgium, Amsterdam, etc.) in 2010-11. Poor vaccine coverage in deprived population: - 8% up to date on the main vaccinations according to their vaccination documents (1) - Vaccination status unknown for 15 to 25% of children and 30 to 40% of adult patients, depending the type of vaccine in MdM health centers (MdM-hc) in France (2) - 70% patients ignoring where to get vaccinated in Amsterdam and Nice MdM-hc (3) - 93% Bulgarian Roma women requesting vaccination for their children.
1. Example of Mobile Vaccination campaigns in (squats, slums, industrial wastelands) Marseille, France (May – Sept 2011)
Measles epidemic increased in early 2011 in France. MdM and local health services organized a mobile vaccination campaign targeting the populations living in slums. Communities were firstly sensitized in every site. 32 mobile clinics (1 doctor, 1 nurse, 1 translator) went to the 24 identified sites. A moratorium on expulsions from living spaces and territory was demanded to the mayor and prefecture.
- Maternal and child protection following only 13% of children under 6 years seen in MdM programs targeting Roma people in France (2)
326 first MMR vaccinations were realized (45% of the target population) but only 37 (11%) second doses. During the vaccination campaign period, populations underwent expulsions in 21 (88%) sites. The campaign was interrupted because of that.
- 5% prevalence of Zinc deficiency and 11% of Vitamin A deficiency in children in Marseille (4).
2. Example of health mediators in Nantes, France
- 7% hepatitis B prevalence among people tested in MdM-hc in France (2) - Public health services rarely adapted to the needs of mobile population: opening time, appointments, communication...
(2011-12)
A multisite research-action program is being currently experimented. This program aimed to act on the principal determinants of the health status of Roma women and children: improving the physical environment of people with stabilization in decent housing and access to healthcare. This included developing knowledge in prevention of health risks and how to access to health facilities. One mediator in health education was hired to visit the families in their living place, to follow women when consulting and in their administrative registrations. She kept tracking of 25 families (121 persons) distributed on 4 sites. After one year per-protocol follow up: 108 people were accompanied to health facilities, 4 information sessions organized upon health and social health protection (SHP) scheme, 17 families opened or renewed their SHP, all minors obtained SHP and 3 families reached common law health facilities.
Recommendations
Conclusions Although vaccine coverage after the campaign remained far from the target, this showed that directed mobile action is feasible and well accepted by the population. Several institutions worked together to reach vulnerable populations left out from common health services. Innovating public health action targeting the most vulnerable groups showed its high relevancy especially during epidemic circumstances.
Expulsion from living places and territory were not interrupted
although the request for a moratorium was supported by health authorities. In addition to worsening the living conditions of the population (and increase the risk of contamination and complication), they clearly compromised the effectiveness of the campaign. Coordination of all actors involved remains crucial.
Mediation project under experiment showed an improved health care access for families accompanied by the mediator in only 1 year of action. This can be a new way of intervention with vulnerable populations. With communication within families, the action of the mediator also had an impact on people not directly involved in the study. A lower interest of the families to the mediation was associated in cases of instability of the sites. In these cases, the families rather asked for accompaniment to the health care system and entitlement to SHP scheme.
1. Health systems should increase adapted programs for destitute people with specific needs: health mediator, vaccination out of the structures should be considered. 2. The use of interpreters should be encouraged up to be systematic. 3. Public health issues and security policy need to coordinate in order to protect the population and to respect human rights (including respect of personal documents), 4. Vaccination and other determinants of health (primary needs, human right and dignity) should be integrated in other global health plans, 5. Every vaccinated person should obtain a personal certificate (at best with schedule). References 1. MdM Vaccination in Rom population study in France (2010-2011) - Submitted to publication 2. MdM Observatoire de l’accès aux soins de la mission France - 2011 3. MdM Access to health care for vulnerable groups in the European Union - 2012 4. Unpublished personal data collected by the Pediatric Consultation for Social & Environmental related Diseases. North Hospital, Marseille, France.
Contacts Sophie Laurence ; Medecins du Monde, Direction of missions in France; Email: sophie.laurence@medecinsdumonde.net ; Nathalie Simonnot ; Medecins du Monde, International Network Coordination for Domestic Programmes, Network's Communication and Advocacy Email: nathalie.simonnot@medecinsdumonde.net ; Website: http://www.medecinsdumonde.org/
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XIIIEME CONGRES DE LA SOCIETE FRANÇAISE DE LUTTE CONTRE LE SIDA « LA COÏNFECTION VIH/VHC DANS TOUS SES ETATS » MARSEILLE, 25 - 26 OCTOBRE 2012 Prévention du VIH et des hépatites chez les migrants consultant dans les programmes de Médecins du Monde (MdM) en France : l’exemple du Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) de Paris. Par M-D. Pauti (1), E. Corp (2), J. Nau (2), V. Lavarde (2), A. Boisivon (2), J-F. Corty (1). (1)Direction des Missions France, Médecins du Monde, 62 rue Marcadet, 75 018 Paris (2)Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation, 62 bis avenue Parmentier, 75 011 Paris Rédigé en septembre 2012.
La Mission France de MDM a pour objectif de faciliter l’accès aux soins et aux droits dans le système de droit commun des populations vulnérables et de témoigner. Un programme pour renforcer la prévention du VIH et des hépatites, améliorer l’accès au dépistage pour la population reçue à MDM, à 93 % migrante et vivant dans des conditions extrêmement précaires, a été mis en place en 2003 au CASO de Paris, précurseur du projet. Le protocole permet d’assurer au quotidien des actions de prévention : formation d’une équipe, messages de prévention délivrés aux patients lors d’un entretien individualisé avec accès à l’interprétariat professionnel ou d’animations en salle d’attente, dépistages proposés au décours de l’entretien ou lors de la consultation médicale, accompagnement physique et psychologique des patients dans cette démarche. En 2011, 39 % de la file active du CASO a bénéficié d’un dépistage du VIH et des hépatites, soit plus de 1340 dépistages. Les prévalences du VIH, des hépatites B (AgHbS+) et C parmi ces patients sont respectivement de 2.4%, 6.8 % et 4.9%. Sur les 32 patients diagnostiqués séropositifs au VIH, 4 sont VHC+. Entre 2006 et 2011, sur les 191 patients séropositifs au VIH, 11 patients sont co-infectés par le VHC (5.8%), 22 patients par le VHB (11.5%). Les prévalences du VIH, des hépatites B et C (respectivement 11, 10 et 6 fois la moyenne nationale) ainsi que les co-infections, sont extrêmement élevées parmi les patients reçus, justifiant de proposer ces 3 dépistages dans le même temps. En 2011, 16 missions participent au programme. Les programmes de MDM, accueillant une population migrante, jeune, en situation de précarité, sont des lieux privilégiés pour informer, proposer ces dépistages et accompagner vers les soins ces personnes particulièrement vulnérables. Comme pour le VIH, les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique des hépatites, seraient des outils particulièrement adaptés dans nos programmes.
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4EMES RENCONTRES DE LA REDUCTION DES RISQUES ASSOCIATION FRANÇAISE POUR LA REDUCTION DES RISQUES 25 – 26 OCTOBRE 2012
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ACTES
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ACTES DU COLLOQUE DE MEDECINS DU MONDE CONGRES DE LA SOCIETE FRANÇAISE DE SANTE PUBLIQUE NOVEMBRE 2011 Santé publique et grande précarité : état des lieux et questions éthiques. Sous la direction des Drs Olivier Bernard et Jean-François Corty et de Caroline Izambert. Juillet 2012. Lien : http://www.medecinsdumonde.org/Publications/Actes-des-colloques-et-forum/Sante-publique-et-grandeprecarite-etat-des-lieux-et-questions-ethiques
TABLE DES MATIERES Introduction Table ronde I : État des connaissances et dispositifs de prise en charge : place de l’innovation médico-sociale. Modérateur : Laurent El Ghozi, médecin, président de l’association Elus, Santé Publique et Territoires. -
Les associations, dernier lieu d’expérimentations de l’Etat dans la lutte contre les inégalités de santé. Par Caroline Izambert, doctorante à l’EHESS, (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales au Centre de Recherche Historique).
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Constats et Actions de Médecins du Monde en France : entre résistance et innovation. Par le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France de MdM.
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Handicap, précarité, fragilité : les enjeux actuels en France au regard de la convention internationale des Nations Unis relative aux droits des personnes handicapées. Par Bruno Gaurier, Association des Paralysés de France, conseiller politique au Conseil Français des Personnes Handicapé es pour les questions européennes et internationales.
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Le rôle des ARS dans la prise en charge de la précarité. Par le Dr Laurent Chambaud, directeur de la santé publique à l’agence régionale de la santé d’Ile de France.
Table ronde II : Droit, éthique médicale et précarité. Modérateur : Pr Pierre Lombrail, président de la Société Française de Santé Publique -
Tous inclus. Par le Pr Jean-Claude Ameisen , médecin, chercheur, professeur à l’Université Paris Diderot.
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Santé publique et politique sécuritaire : les paradoxes sanitaires. Par le Dr Olivier Bernard, président de l’association Médecins du Monde.
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La Loi de sécurité intérieure et l’accès aux droits, à la prévention et aux soins des personnes prostituées. Par Laurent Geffroy, rapporteur du Conseil National du Sida.
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Précarité, continuité des soins, continuité de la santé. Par le Pr Pierre-Henri Bréchat, praticien hospitalier à la Policlinique Baudelaire, AP-HP, professeur, chercheur au CAPPS de l’EHESP en partenariat avec la chaire Santé de Sciences Po. 13
ARTICLES
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BULLETIN DE LA SOCIETE DE PATHOLOGIE EXOTIQUE VOLUME 105, ISSUE 2, P. 123-129 MAI 2012 La réalité de l’accès aux soins des enfants de migrants à Mayotte. Par J. Baillot · B. Luminet · N. Drouot · J.F. Corty. Rédigé en février 2012. Lien : http://www.springerlink.com/content/a0851785w1368283/
Résumé La mise en place de la sécurité sociale à Mayotte en 2005 a entraîné la fin de la gratuité des soins pour tous les habitants non affiliés, en majorité comoriens, en l’absence d’aide médicale d’État (AME) sur ce territoire. Médecins du Monde (MDM) a ouvert un centre de consultations pédiatriques en décembre 2009. Des données médicosociales ont été recueillies au cours des 5 286 consultations en 2010. L’analyse de ces données permet de décrire les liens entre les problèmes d’accès aux soins des enfants et la situation administrative des parents. L’analyse porte sur les 2 350 patients rencontrés lors des consultations de MDM à Mayotte en 2010. Les données ont été saisies sur informatique et analysées par le logiciel Sphinx. Les résultats montrent qu’il existe de nombreux obstacles à l’accès aux soins induisant un renoncement. Cette situation est aggravée si un des deux parents se trouve en situation irrégulière, a fortiori si c’est le cas pour les deux parents. En revanche, l’affiliation à la sécurité sociale améliore cette situation. Les résultats montrent des retards d’accès aux soins, une mauvaise couverture vaccinale et des données inquiétantes sur la malnutrition aiguë et chronique. Le dispositif de santé spécifique à Mayotte ne respecte pas la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). L’affiliation directe à la sécurité sociale des enfants permettrait une diminution de la précarité sanitaire des enfants des personnes en situation irrégulière. Il faudrait aussi diminuer les facteurs qui induisent la peur de se déplacer, ce qui permettrait de faciliter l’accès physique aux consultations.
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REVUE SOINS PEDIATRIE / PUERICULTURE - NO 264, P35 JANVIER/FEVRIER 2012 La tuberculose infantile, actualités et perspectives. Dépistage et prévention de la tuberculose, une expérience à Marseille. Par Philippe Rodier, Alexis Armengaud, Rémi Laporte, El Hadi, Ben Abdelkader, Cendrine Labaume.
En application des recommandations du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF), l’association Médecins du monde et le Centre départemental de lutte antituberculeuse ont mené, en 2010-2011, deux campagnes de dépistage sur site, à Marseille (13), auprès des familles roms en situation précaire. Ces campagnes se sont heurtées à un ensemble de difficultés qui imposent une réflexion afin de les rendre plus efficaces.
La population rom de Marseille (13) – estimée à environ 1 500 à 2 000 personnes dont 40 % d’enfants –, pauvre et stigmatisée, trouve refuge dans des habitats précaires de type friches industrielles, hangars, cabanes, caravanes, squats, parcs et “bouts de trottoirs” ; autant d’habitats éphémères dont ils sont régulièrement expulsés par la police. Ces installations sont insalubres du fait de leur exiguïté, de l’absence d’adduction d’eau ou d’électricité, de toilettes et d’évacuation des déchets et du défaut de chauffage. Au-delà de l’insalubrité, la promiscuité, l’insécurité et les expulsions répétées des lieux de vie alimentent une surprécarisation en détruisant irrémédiablement toutes les démarches d’intégration (école, santé, droits sociaux). Ces familles, dont l’accès au travail est soumis à la “clause transitoire”, donc de facto quasi impossible, disposent de ressources issues de la mendicité, du ferraillage ou du recyclage des déchets. Les conditions de vie de ces populations font que l’impératif de survie immédiate prime sur la santé et la prévention. Médecins du monde (MDM) intervient pour assurer une veille sanitaire, soigner et accompagner les patients vers les structures de droit commun médicales et sociales en assurant la médiation nécessaire. Enfin, dans le cadre d’opérations de dépistage et de prévention en partenariat avec les institutions, l’association a organisé, avec le Centre départemental de lutte antituberculeuse (Clat), deux campagnes de dépistage de la tuberculose en 2010-2011. Plan de l’article : UN CADRE RÉGLEMENTAIRE QUI INCITE AU DÉPISTAGE CAMPAGNES DE DÉPISTAGE 2010-2011 Résultats BILAN D’ACTION Difficultés générales liées aux campagnes de dépistage dans un bidonville Difficultés d’identification des contacts Difficultés des prises en charge thérapeutiques dans les bidonvilles INTÉRÊT D’UNE PRÉVENTION CIBLÉE EN MATERNITÉ CONCLUSION 16
« LE DROIT DES IMMIGRES » REVUE APRES-DEMAIN N°23 (NF), P.24-26 JUILLET 2012 Accès aux soins : le parcours du combattant des étrangers en situation précaire. Par Marielle Chappuis, en charge de l’Observatoire de l’accès aux soins à Médecins du Monde et Dr. JeanFrançois Corty, directeur des missions France de Médecins du Monde.
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BULLETIN ÉPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE NUMERO THEMATIQUE (P. 41-44) « SANTE ET RECOURS AUX SOINS DES MIGRANTS EN FRANCE » 17 JANVIER 2012 L’accès aux soins des migrants en situation précaire, à partir des données de l’Observatoire de médecins du Monde : constats en 2010 et tendances principales depuis 2000. Par Nadège Drouot, Anne Tomasino, Dr Marie-Dominique Pauti, Dr Jean-François Corty, Dr Béatrice Luminet, Georges Fahet, Dr Françoise Cayla. Lien : http://www.invs.sante.fr/content/download/27502/145753/version/15/file/beh_2_3_4_2012.pdf
Résumé Médecins du Monde (MdM) agit en France dans 30 villes et mène 103 programmes de promotion de la santé en centres fixes ou unités mobiles, auprès de populations fragiles en difficulté d’accès à la prévention et aux soins. Pour décrire le profil des publics reçus, témoigner des obstacles à l’accès aux soins et en mesurer les évolutions, MdM a mis en place, depuis 2000, un Observatoire de l’accès aux soins. Les centres fixes utilisent à cet effet un recueil de données commun renseigné pour chaque personne rencontrée. En 2010, les centres ont accueilli 28 160 personnes, et des données ont été recueillies pour 21 710 d’entre elles. Il y avait 92 % d’étrangers et 12 % de mineurs. Leur profil socioéconomique est marqué par l’absence ou la précarité du logement, la grande faiblesse des ressources et une situation administrative précaire. Les trois-quarts peuvent en théorie disposer d’une couverture maladie, dont la moitié de l’Aide médicale de l’État (AME) réservée aux étrangers en situation irrégulière. Parmi les obstacles à l’accès aux soins principalement repérés : une méconnaissance des droits, la barrière linguistique, des difficultés administratives, des difficultés financières mais aussi la peur des arrestations. L’analyse des données met en évidence les besoins de suivi médical, alors qu’il s’agit de personnes dépourvues de couverture maladie. Les mineurs et les femmes enceintes ne sont pas épargnés. La complexité des dispositifs administratifs limitent l’accès aux soins. Aussi, dans un objectif de simplification, une fusion de l’AME et la CMU (Couverture maladie universelle) en un seul dispositif pour toutes les personnes résidant sur le territoire et vivant sous le seuil de pauvreté, a été proposée. Mais certaines politiques de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine, par la peur des arrestations qu’elles engendrent, éloignent les personnes des structures de santé et entravent le travail de prévention, de réduction des risques et d’accès aux soins. Ces contradictions devraient être levées dans l’intérêt individuel des personnes et collectif de santé publique.
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« LA SANTE POUR TOUS: INNOVER CONTRE LES INEGALITES DE SANTE » (P.4-5) SOUS LA DIRECTION DE : BRECHAT PH, LEBAS J. PRESSES DE L’EHESP, RENNES / 2012 Médecins du Monde, entre résistance et innovation: le rôle d’une ONG médicale dans le champ de la santé publique et de la précarité en France. Par Jean-François Corty et Olivier Bernard. Lien vers l’article : http://humanitaire.revues.org/index1119.html
En documentant les effets sur la santé de la précarité et de l’exclusion, MdM formule un état des lieux des besoins, fait le constat des limites, de l’inadaptation ou de l’absence de dispositifs de prise en charge, conteste l’application ou la non application de lois, leurs insuffisances, leurs effets collatéraux délétères sur l’accès aux soins (loi pour la Sécurité intérieure, lois sur l’immigration), participe à l’élaboration d’un dispositif législatif (loi de 1998 de lutte contre les exclusions) et met en exergue des urgences sanitaires qui génèrent le besoin impérieux d’innover. L’association va aussi alimenter des controverses en participant à la déconstruction de mythes ou de contre-vérités, par exemple les suspicions de fraude pour l’obtention de l’AME et du DASEM (Corty, 2011). Dans certaines situations d’exception, les attitudes de résistance qui visent à faire appliquer le droit s’appuient sur des démarches de judiciarisation. En effet, MdM s’est lancé en 2009 dans un processus d’actions juridiques à Mayotte, en complément de ses projets de terrain, pour permettre l’accès aux soins des enfants de personnes sans papiers ou des mineurs isolés non pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, qui n’ont pas de sécurité sociale, l’AME n’existant pas sur ce territoire. L’association a donc sollicité directement la Caisse de Sécurité sociale de Mayotte (CSSM) en demandant l’affiliation directe de plusieurs enfants sans Sécurité sociale soignés par l’association. En cas de refus de la Caisse, elle a décidé d’aider les familles à engager des procédures contentieuses afin de faire valoir leurs droits aux soins et donc à la Sécurité sociale. Ainsi, a été saisi le tribunal des affaires de sécurité sociale de Mamoudzou en mars 2010. Dans un jugement en date du 17 décembre 2010, celui-ci a jugé clairement que certaines dispositions de l’ordonnance modifiée du 20 décembre 1996 relative à l’amélioration de la santé publique à Mayotte sont contraires à la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) du 26 janvier 1990 et qu’en conséquence un enfant mineur de parents sans Sécurité sociale, car sans papiers, doit être affilié directement à la Sécurité sociale de Mayotte. C’est une décision historique car, d’une part c’est la première fois qu’un mineur est affilié directement à une caisse de Sécurité sociale en France et d’autre part elle conclue à la violation de la CIDE par le droit français. Des recours amiables en attendant d’éventuels recours contentieux ont aussi été engagés en Guyane pour l’ouverture de droits dont les délais normaux ne sont pas respectés (plus de deux mois) à la Couverture Médicale Universelle ou à la CMU complémentaire.
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LA REVUE HUMANITAIRE # 33 « MIGRATION : UNE CHANCE A SAISIR » 6 NOVEMBRE 2012 Médecine humanitaire, stéréotypes sanitaires et xénophobes : contributions de Médecins du Monde à la déstigmatisation des migrants. Par Jean-François Corty. Lien : http://www.medecinsdumonde.org/Publications/La-revue-Humanitaire/Revue-Humanitaire-n-33
Dans un contexte de crise économique majeure où chacun est suspecté de contribuer, à sa manière, au déséquilibre social global, et à celui d’un système de santé en particulier, les migrants paient un lourd tribut. Certains acteurs politiques au pouvoir, et ce quelle que soit l’alternance, n’hésitent pas à malmener des minorités, même lorsqu’elles sont issues de l’immigration européenne, pour réaffirmer la légitimité d’un état de droit en difficultés. Ainsi, les mesures restrictives en matière d’immigration, de sécurité et d’accès aux soins sont autant de déterminants politiques et sociaux qui aggravent les conditions d’existence de ce public. Elles révèlent de fait une tension forte entre enjeux de santé publique et politique sécuritaire qui illustre souvent l’incohérence de politiques gouvernementales. De plus, ces démarches entretiennent, voire induisent, l’expression de mythes et autres stéréotypes culturalistes péjoratifs : phénomène d’appel d’aide et fraudes en masse, refus du travail, désir de vivre dans des bidonvilles insalubres, rapport aux soins et à l’hygiène négligés... Dans la mesure où les inégalités sociales aggravent les inégalités de santé et de longévité, l’état de santé des migrants en France s’est fortement dégradé ces dernières années. Le « paradoxe de l’assimilation » montre ainsi que plus la durée de résidence dans le pays d’accueil s’allonge, plus la santé se dégrade. Médecins du Monde, association humanitaire médicale évoluant dans le champ la santé publique et de la précarité, intervient en France et à l’international. L’association allie logique de résistance et d’innovation sur ses projets domestiques. Elle contribue à l’élaboration et au respect du droit des populations à la marge ainsi qu’à l’amélioration de leur accès aux soins tout en répondant au besoin impérieux d’innover. Acteur de veille sanitaire et sociale, elle défend aussi un cadre interventionnel des ONG dans un contexte de pays riche et démocratique tel que celui de la France. Pour se faire, les opérations de terrain mettent les équipes au contact de besoins concrets. Des recueils de données médico-sociaux permettent une amélioration qualitative et quantitative des projets. Ils documentent aussi les difficultés rencontrées par les précaires, dont les migrants, dans leurs accès aux droits et aux soins, l’écart entre le droit théorique et l’application de celui-ci, enfin l’impact de dispositifs juridiques qui aggravent les conditions d’existence de ces personnes. Des enquêtes spécifiques ainsi que des témoignages complètent la panoplie d’outils qui permettent à l’association des prises de positions d’acteurs de santé publique rationnels et militants. De fait, MdM lutte avec d’autres acteurs contre des représentations au service d’agendas politiques irresponsables ou d’idéologies de nature xénophobe qui tendent à distinguer les patients légitimes de ceux qui ne le seraient pas tout en justifiant le non respect de leurs droits fondamentaux. Plan de l’article : Politique sécuritaire et santé publique, la précarité fabriquée - Hygiène et habitat : une insalubrité de circonstance. - Accès aux soins et malnutrition, une affaire de pauvreté. - Prostitution, droit et santé publique, les paradoxes de la bienveillance - L’aide au retour humanitaire : l’humanitaire galvaudé.
Les migrants face aux droits et aux soins : le besoin de médiation - Faciliter l’accès aux soins des migrants ne rime pas avec appel d’air et fraudes massives. - Dissociation des dispositifs AME/CMU et retard de recours aux soins : la santé séparée. - Lutte contre les stéréotypes médicaux : la médiation sanitaire. 22
THÈSE
UNIVERSITE DE STRASBOURG DIPLOME DE DOCTEUR EN MEDECINE – DIPLOME D’ÉTAT – MEDECINS GENERALE (2012) Les tests rapides d’orientation diagnostique du VIH en structure de soins associative. Mise en route et réalisation au Centre de Soins de Médecins du Monde à Strasbourg. Par Sophie Darius. Président de thèse : Professeur Yves HANSMANN. Directeur de thèse : Docteur JeanMaurice SALEN.
Près de 30 ans après l’émergence de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine, les avancées en matière de prévention et les nouvelles thérapeutiques ont permis de freiner considérablement l’extension de l’épidémie et de faire de cette infection une maladie chronique maîtrisable. Malgré des données encourageantes et des chiffres globaux à la baisse, 34 millions de personnes vivaient encore avec le VIH en 2010 et 1,8 millions de décès ont été attribués au SIDA cette année-là. De plus, près de 2,7 millions de nouvelles contaminations se font encore chaque année. Certains pays, jusque là de faible prévalence, voient leurs chiffres décoller, montrant les failles des moyens actuels de lutte contre le VIH et faisant de cette infection un sujet de santé publique toujours d’actualité. Face à ces constats, l’ONUSIDA a lancé en 2010 un plan mondial d’accès universel à la prévention et aux traitements avec le souhait d’impliquer, au plus proche des populations, les différents acteurs de la santé, professionnels et associatifs (1). De nombreuses études ont montré qu’un dépistage précoce suivi d’une prise en charge rapide et d’une adaptation des comportements à risque de contamination permettait de réduire tant la mortalité sur le plan individuel que la transmission du virus sur le plan collectif. Une des principales mesures qui en découle est donc « d’accroitre le nombre de personnes connaissant leur statut sérologique et ceci tout particulièrement pour les populations les plus exposées » (2). Bien qu’étant un pays de faible prévalence, la France constate également des faiblesses dans sa lutte contre la VIH avec une épidémie toujours active dans les milieux à risque, vecteurs du virus. Les dernières données de l’INVS estimaient à 6300 le nombre de nouvelles contaminations pour l’année 2010 et à environ 30 000 le nombre de séropositifs qui ignoraient leur statut sérologique (3). Comme dans d’autres pays de faible prévalence, les autorités françaises avaient privilégié jusqu’à présent, une démarche volontaire de dépistage du VIH basée sur la perception individuelle du risque. Ce mode de fonctionnement a cependant montré ses limites puisque près de la moitié des nouvelles contaminations sont découvertes à un stade avancé, c'est-à-dire à un taux de CD4 inférieurs à 350 par mm³. Cette carence de dépistage est encore plus marquée au sein de minorités en marge du système de soins et pourtant considérées à risque, comme c’est le cas par exemple des populations migrantes en situation de précarité sociale et administrative, issues de pays de forte endémie. Des études, comme l’enquête sur « Les populations africaines d’Ile-de-France face au VIH/Sida » et « L’enquête épidémiologique transversale » réalisée en 2004 auprès des consultants des Centres de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG), ont par ailleurs révélé une faible fréquentation par cette population, bien qu’aucune obligation de moyen financier ni d’identité n’y soit réclamée (4, 5). Les différents constats précédemment cités ont fait de l’incitation à un « dépistage régulier pour un diagnostic précoce » une des mesures fondamentales de la lutte contre le VIH. Dans cette optique, il 24
semblait indispensable d’élargir les offres de dépistage en France. C’est pour aller dans ce sens que le Ministère de la Santé a autorisé, fin 2010, l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) pour le VIH dans des structures associatives, avec une volonté d’impliquer des personnels médicaux et non médicaux, proches des populations à risque, dans ces actions concrètes de dépistage (6, 66). Précisons que ces tests rapides sont déjà largement utilisés aux Etats-Unis et dans plusieurs pays en voie de développement, et ce depuis plusieurs années. Depuis 2008, des actions de dépistage par tests rapides ont été mises en place en France dans différents types de structures, suivies par des études d’impact dans des services d’urgences, en CDAG et dans des structures associatives accueillant essentiellement des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Ces études princeps ont montré une excellente acceptabilité des tests rapides auprès de la population. A ce jour, à notre connaissance et bien que plusieurs actions soient en cours, aucune étude n’a été publiée dans notre pays sur l’impact de l’utilisation des tests rapides pour le VIH en structure de soins associative accueillant des populations migrantes en situation de grande précarité sociale et administrative. Nous avons donc décidé, dans notre étude, de nous intéresser à l’action de dépistage du VIH par tests rapides que réalise l’association Médecins du Monde à Strasbourg. L’association Médecins du Monde de Strasbourg accueille une population précaire ayant un accès aux soins restreint, voire inexistant, pour des raisons économiques et/ou sociales. Près de 95% des personnes consultant au CASO sont d’origine étrangère et, en 2010, au moment de la publication du Plan National de Lutte contre le VIH/SIDA par le Ministère de la santé, près d’un tiers de ces personnes étaient originaires d’Afrique subsaharienne. Cette information a son importance lorsque l’on sait qu’en Alsace 25 % des séropositivités concernent des personnes d’origine étrangère dont 88 % d’origine subsaharienne. Le Centre de Soins, d’Accueil et d’Orientation (CASO) de Médecins du Monde travaille en partenariat avec le Centre d’Information, de Dépistage et de Diagnostic des IST (CIDDIST) de Strasbourg pour le dépistage des IST et des hépatites. Malgré une orientation systématique de tous les nouveaux patients, nous avons constaté que le taux de fréquentation du CIDDIST par les consultants de MDM n’a été que de 7% pour l’année 2010. Face à cette réalité, la réalisation d’un dépistage pour le VIH sur place, directement auprès du patient semblait intéressante à initier au Centre de Soins. C’est ainsi que, dans le cadre d’une stratégie globale de prévention, d’orientation vers les autres dépistages (IST, hépatites) et d’accompagnement vers le système de droit commun, la demande d’habilitation auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour une utilisation au Centre de Soins des tests rapides d’orientation diagnostique de l’infection par le VIH à été formulée et acceptée. (7) Forte de cet accord, l’activité de dépistage de l’infection par le VIH par tests rapides a débuté le 7 novembre 2011 au CASO de Médecins du Monde à Strasbourg, avec la participation bénévole des médecins et des infirmières dans une démarche globale de prévention et de réduction des risques. Nous avons choisi, en accord avec le Docteur Jean-Maurice Salen, co-responsable du CASO, d’observer lors de notre étude la mise en route de l’activité de dépistage et d’y participer personnellement. Nous en avons évalué les premiers impacts au terme de sept mois de pratique. Les objectifs secondaires découlant de cette phase d’observation nous ont amené à étudier la faisabilité des tests dans les locaux du Centre de Soins ainsi que leur acceptabilité par des populations peu demandeuses et consultant pour un autre motif. Ces personnes ont, par ailleurs, d’autres priorités que la santé, des particularités culturelles et parfois une perception du risque sous estimée. Nous y avons adjoint l’étude de l’impact de ce dépistage en termes de prévention et de connaissances du VIH, des IST et des hépatites. 25
COMMUNICATIONS MÉDICALES
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XVIIIEME CONGRES DES OBSERVATOIRES REGIONAUX DE LA SANTE BORDEAUX, 4-5 AVRIL 2013 « Conditions de vie et état de santé des personnes en situation de précarité et/ou d'exclusion en France : l'observation dans les Centres de MdM, 2011 ». 1
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Auteurs : Chappuis M , Tomasino A , Laurence S , Fahet G², Cayla F², Corty JF 1 Médecins du Monde, Direction des Missions France 2 Observatoire Régional de la Santé Midi Pyrénées
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Contexte : L’état des connaissances sur les populations en situation de précarité et/ou d’exclusion en France est très parcellaire. Ces populations étant particulièrement ignorées des statistiques officielles françaises, il est, par conséquent, difficile d’avoir une vision d’ensemble sur leurs comportements et leur état de santé. Des études récentes s’accordent toutefois sur le fait que ces populations présentent un moins bon état de santé que la population générale et un moindre recours aux soins et à la prévention.
Objectif et méthode : MdM intervient en France depuis 1986 auprès des publics en situation d’exclusions et/ou de grande précarité. En 2011, l’association compte 101 programmes dans 29 villes dont 21 Centres d’Accueil de Soins et d’Orientations (CASO). Dès 2000, MdM a mis en place un observatoire de l’accès aux soins des Missions France afin : -
d’enrichir les connaissances sur les populations accueillies ; de mieux piloter les actions ; d’interpeler les acteurs institutionnels et les professionnels de santé au regard de données fiables et objectives.
Des outils de recueil standardisés ont été mis en place dans chacun des CASO. Les CASO de MdM : Pourquoi ? Pour qui ? Ces Centres d’Accueil de Soins et d’orientation (CASO) assurent un accueil médico-social à bas seuil d’exigence pour toute personne en difficulté. Ils proposent des consultations médicales et offrent aide et soutien à l’accès aux droits de chaque personne grâce à la présence des travailleurs sociaux. En plus des consultations de médecine générale proposées dans l’ensemble des CASO, certains centres proposent des consultations de spécialistes (gynécologie, dermatologie, ophtalmologie…), ainsi que des consultations paramédicales (kinésithérapie, soins infirmiers, …) et des entretiens avec des psychologues ou des psychiatres. Certains CASO proposent également des consultations dentaires et/ou réalisent des actions de prévention individuelles ou collectives, en particulier pour lutter contre le VIH, les hépatites et la tuberculose.
Résultat : En 2011, les 21 CASO ont reçu 29 466 personnes et effectués 40 627 consultations médicales. Les CASO reçoivent en grande majorité (93 %) des ressortissants étrangers. Ces personnes vivent dans 98,9 % des cas sous le seuil de pauvreté et 72 % sont dans des logements 27
précaires ou à la rue. Enfin, seuls 12,5 % des personnes accueillies disposent d’une couverture maladie lorsqu’ils sont reçus la 1ère fois au CASO. Plus de 10 % des patients souffrent d’une pathologie à potentiel de gravité, 11 % présentent une pathologie psychique ou psychiatrique. Dans plus de 4 consultations sur 10 le besoin de prise en charge médicale s’inscrit dans la durée. Plus d’un tiers des patients présente un retard de recours aux soins. La couverture vaccinale des adultes reçus dans les CASO apparaît globalement insuffisante avec seulement 26 à 41% des personnes à jour concernant les vaccins obligatoires et recommandés (Tétanos, DTP, BCG, hépatite). La situation des jeunes de moins de 18 ans apparait meilleure (avec des taux de couverture variant de 54 à 71 % selon les vaccins), mais reste est bien inférieure aux recommandations nationales en vigueur en France. Moins d’un tiers des patients connait son statut sérologique vis-à-vis du VIH et/ou des hépatites. Les prévalences du VIH et des hépatites B et C (recueillies dans 2 CASO franciliens) sont respectivement 11, 10 et 6 fois supérieures aux prévalences en population générale.
Conclusion : Les personnes en situation de précarité et/ou d’exclusion accueillies dans les CASO présentent d’importants besoins de soins et d’accès à la prévention alors même qu’elles sont très éloignées des dispositifs de droit commun et que leurs conditions de vie sont peu compatibles avec l’observance au traitement et/ou la continuité des soins. Il convient de faciliter l’accès aux droits et aux soins et de développer des projets et des outils innovants pour atteindre ces populations.
Pour en savoir plus : http://www.medecinsdumonde.org/En-France/Observatoire-de-l-acces-aux-soins#tab-02
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A PARAITRE en 2013
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ABSTRACTS INTERNATIONAL HARM REDUCTION ASSOCIATION’S CONFERENCE, “THE VALUES OF HARM REDUCTION” VILNIUS (LITHUANIA) / JUNE 9TH – 12TH 2013 Drug checking in France: Current situation and development of “Medecins du monde” project based on skills transfer to national harm reduction structures and network. By Olivier Andre, Audrey Kartner, Jean-François Corty, Grégory Pfau. Written in Dec. 2012.
The question of drug composition is one of the main focuses of drug users. The solution to this question contributes to risk reduction. Providing drug checking services can be a powerful harm reduction tool. It is an efficient and pragmatic prevention measure through individual consultation. Since 2000, the French NGO “Médecins du Monde” has offered a Global Drug Checking Service with TLC and other chromatographic techniques (GC/MS). The Drug Checking Service of “Médecins du Monde” is composed of four different teams: two in Paris and Marseille doing TLC in laboratories, and the others in Toulouse, Marseille and Bayonne performing TLC on-site (night party). Thanks to the official collaboration with the French Early Warning system (SINTES, directed by the French observatory of drugs and drug addiction), Médecins du Monde is able to analyse unknown or new substances. This harm reduction program is the only drug checking possibility in France. In 2011, 374 samples were collected and analyzed by Médecins du Monde harm reduction program and partners. For the past two years, we have been developing a useful tool to promote the emergence of drug checking services in a variety of harm reduction structures. This tool is composed of the following process. First, the consultation skills are transferred to a partner organization. Then, the partner sends samples to one of the drug checking laboratories to be analyzed. Lastly, MdM will transfer the analyzing skills to the structure partner, resulting in a fully competent autonomous drug checking service. Today we propose further development of harm reduction structures, courses for individual consultation development, questionnaires and a database to collect relevant information for evaluations and activity promotion. The objective for the next 3 years is to develop a national network of drug checking services based on the existing harm reduction structures.
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Study from an interactive educational pilot program aiming to reduce hepatitis C transmission among active injecting drug users through behavioural changes developed in Paris and Colombes in France since 2011. 1
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By Marie Debrus , Elisabeth Avril , Valère Rogissart , Niklas Luhmann , Marie-Dominique Pauti , Audrey 1 1 1 Kartner , Jean-François Corty , Olivier Maguet. 1 Médecins du Monde, Paris, France 2 Gaïa Paris, Paris, France 3 SIDA Paroles, Colombes, France Written in Dec. 2012.
Issue Merely providing sterile injection materials, general information, education and communication strategies to intravenous drug users (IDUs) have shown a limited impact on several injection-related diseases: namely hepatitis C virus (HCV), and other viral and bacterial infections. Setting In Paris and Colombes (France), more than 60% of injecting drug users is infected by HCV. Most of them need additional support about their practices in order to strengthen their ability to reduce risks. Project Since 2010, Médecins du Monde-France, SIDA Paroles and Gaïa-Paris have implemented a pilot program based on an interactive, face-to-face educational approach regarding drug injection-related risk behaviours. It provides an opportunity to discuss and develop customized strategies for behavioural change with the client through proposing IDUs to perform their injection in front of two facilitators, one of whom is always a nurse. Outcomes In 2012, the group was comprised of 65 IDUs (12 women, 53 men, average age: 36,3 years [19-57]). The program carried out more than 400 educational sessions and recorded observational and declarative quantitative data (inclusion and follow-up). After more than 2 years of experimentation, our first results outline that participating injecting drug users showed considerable risk behaviours for transmission of HCV and bacterial infections. Observing the practices of the users not only underlines the risks already associated with sharing paraphernalia, but also identifies new risks, the danger of which is often underestimated by the IDUs. Data indicates considerable behavioural changes during follow-up after educational sessions. Those preliminary results provide the first evidence for relevancy and efficiency of this interactive educational approach. This strategy should be further investigated, researched and potentially scaled up within common harm reduction services, including safe consumption rooms.
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ARTICLES REVUE D’EPIDEMIOLOGIQUE ET DE SANTE PUBLIQUE VOLUME 61 – JUIN 2013 (P.199-203) Campagne de vaccination hors centre contre la rougeole des populations précaires en période de pic épidémique, Marseille 2011 1
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S. LAURENCE , M. CHAPPUIS , P. RODIER , C. LABAUME², JF. CORTY 12-
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Médecins du Monde, Direction des Missions France, Paris Médecins du Monde Marseille
RESUME Position du problème De 2008 à fin 2011, une épidémie de rougeole a sévi en Europe. Cette épidémie a particulièrement frappé la France, avec une nette prédominance pour les régions du Sud-Est. Il est reconnu que les populations vivant dans des conditions socio-économiques précaires sont plus exposées aux maladies infectieuses bénéficiant d’une prévention vaccinale. Interpellée par la situation sanitaire et au regard de la situation épidémique nationale et locale et de la vulnérabilité des populations dont elle s’occupe, l’association « Médecins du Monde-Marseille » a décidé de procéder à une campagne de vaccination au sein des populations Roms vivant sur des campements. Méthode La campagne a été prévue avec deux injections du vaccin trivalent rougeole/oreillons/rubéole à un mois d’intervalle pour tous les jeunes nés depuis 1980 et âgés de plus d’un an, quels que soient les antécédents vis-à-vis des trois maladies. Vingt-quatre terrains ont été sélectionnés. La population cible était estimée à 720 personnes. Chaque site a fait l’objet d’une visite de sensibilisation. Un courrier a été adressé à la préfecture pour l’informer et demander un moratoire sur les expulsions des lieux de vie identifiés. Résultats Entre le 15 mai et le 15 septembre 2011, 326 primo-immunisations ont été réalisées au cours de 34 maraudes, soit 45,3 % de la population cible. Sur la même période, la quasi-totalité des terrains ont été expulsés, obligeant les équipes à interrompre la campagne de vaccination. La deuxième injection n’a couvert que 37 personnes. Conclusion La campagne vaccinale engagée à Marseille auprès des populations Roms s’inscrit dans le contexte d’une épidémie en population générale. Bien que l’autorité ait été avertie de l’action, les expulsions des lieux de vie n’ont pas été interrompues, mettant en évidence les divergences entre enjeux de santé publique et politique sécuritaire. Dans un tel contexte épidémique et en présence de populations particulièrement vulnérables, des actions innovantes doivent être développées en partenariat avec les instances sanitaires. Il s’agit de trouver des modes opératoires qui puissent répondre à l’impératif de protection des populations à risque en cas de crise sanitaire, et de manière plus globale en prévention de routine.
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