N°54 AVRIL 2022
TÉMOINS MONDE du
La lettre des bienfaiteurs de Médecins du Monde
LE GRAND TÉMOIN
«
Bertrand Chatelain manifeste pour exiger un toit pour l’ensemble des exilés vivant dans des campements.
Médecin généraliste à la retraite, Bertrand Chatelain revient sur son engagement, depuis près de 25 ans, auprès des exclus des soins en France pour soigner et témoigner, conformément aux valeurs de l’association.
Ma première mission humanitaire… remonte à 1975. Je suis parti plus de trois mois dans un camp de réfugiés sahraouis, en Mauritanie. C’était les débuts de Médecins Sans Frontières, que j’avais intégré dès sa création en 1971. Je venais de m’installer comme médecin généraliste et mon associé s’était occupé de mes patients en mon absence. Mais je me suis rendu compte que de telles missions étaient difficilement compatibles avec un cabinet médical et une vie familiale, et je ne suis plus reparti en mission jusqu’à ma retraite. J’ai rejoint Médecins du Monde… dès ma retraite en 1998. Je souhaitais me mettre au service d’une action humanitaire médicale en France, et l’association menait déjà une mission de grande ampleur sur notre territoire. J’ai commencé par effectuer bénévolement des consultations au centre de soins de Paris, à raison de trois demi-journées par semaine.
© Médecins du Monde
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« Les valeurs de Médecins du Monde continuent à guider mon engagement, à la fois pour offrir un accès aux soins aux personnes qui en sont privées, et pour témoigner de leurs détresses cachées. »
© LouizArt
RENCONTRE AVEC BERTRAND CHATELAIN, BÉNÉVOLE À LA MISSION FRANCE DEPUIS 1998.
J’ai découvert le dénuement extrême de ces femmes et de ces hommes que je recevais en consultation, ainsi que leurs problèmes de santé aggravés par les retards de soins et les conditions de vie dans la rue.
J’ai accompagné depuis toutes les évolutions de la Mission France à Paris… J’effectue désormais chaque semaine des maraudes de nuit pour aller à la rencontre des sans-abri, leur proposer de premiers soins et les accompagner si nécessaire vers des structures adaptées. Je participe aussi à des veilles sanitaires en journée, où nous nous rendons, en camion médicalisé, aux abords des regroupements de migrants. Je veux continuer à m’engager tant que je tiendrai le coup… Même si je me sens parfois un peu un fossile par rapport à des bénévoles plus jeunes. Il y a tant à faire que je me refuse de baisser les bras ! Je me sens proche des valeurs de Médecins du Monde… depuis sa création en 1980. Soigner et témoigner : telle a toujours été la devise de l’association, dès les secours apportés aux Boat People en mer de Chine à bord du bateau Ile de Lumière… Et ces valeurs continuent à guider mon engagement, pour offrir un accès aux soins aux personnes qui en sont privées, et pour témoigner de leurs détresses cachées, comme celles des migrants mineurs livrés à eux-mêmes en France, auprès desquels nous menons actuellement une enquête »
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