© Lam Duc Hien
8 MARS 2010
‘‘ MAQUILAS : BIENVENUE EN ZONE DE NON DROIT ’’ Enquête sur la santé des ouvrières des usines de textile et d’agroalimentaire du Guatemala
Dans les années 1990, les maquiladoras - usines de sous-traitance travaillant pour l’exportation - sont apparues massivement au Guatemala, comme dans toute l’Amérique centrale. Après 36 ans de guerre civile, le retour de la paix, la proximité géographique avec les Etats-Unis, les salaires inférieurs à ceux du Mexique et les @U@MS@FDR jRB@TW NMS QDMCT KD O@XR O@QSHBTKHĠQDLDMS @SSQ@BSHE ONTQ K@ RNTR SQ@HS@MBD de produits industriels et agroalimentaires. %HKH@KDR C DMSQDOQHRDR ġSQ@MFĠQDR NT TRHMDR jM@MBġDR O@Q CDR B@OHS@TW ġSQ@MFDQR les maquiladoras (usines de textile) et les usines agroalimentaires utilisent une main C TUQD LNHMR BGĠQD ODT PT@KHjġD DS RTQDWOKNHSġD ONTQ K@ BNMEDBSHNM CD SDWSHKDR NT KD BNMCHSHNMMDLDMS CD EQTHSR DS KġFTLDR DWONQSġR UDQR C @TSQDR O@XR OQHMBHO@KDLDMS vers le marché occidental (Etats-Unis et Europe). Aujourd’hui, 180 maquilas sont répertoriées au Guatemala et le secteur a créé le plus d’emplois au cours des dernières années. En 2002, la Commission de l’Industrie Vestimentaire et Textiles (VESTEX) estimait que 75 000 à 100 000 personnes travaillaient dans les maquilas, dont une grande majorité de femmes. Si ces usines sont considérées comme des moteurs de développement, les emplois restent précaires et mal rémunérés. Discrimination à l’emploi, conditions CD SQ@U@HK C@MFDQDTRDR ONTQ K@ R@MSġ G@QBĠKDLDMS ORXBGNKNFHPTD DS RDWTDK HMRTKSDR DS UHNKDMBDR OGXRHPTDR KHBDMBHDLDMSR @ATRHER GNQ@HQDR HMSDQLHM@AKDR MNM O@HDLDMS des heures supplémentaires sont monnaie courante.
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A cela s’ajoute les violations des droits des travailleurs et particulièrement du droit à la santé : entraves aux visites médicales, non déclaration à la sécurité sociale, absence quasi totale de services de santé adaptés au sein des usines... Pourtant les réglementations en matière de droit du travail existent. Les textes CD KNHR DS KDR BNMUDMSHNMR HMSDQM@SHNM@KDR Q@SHjġDR O@Q KD &T@SDL@K@ QDBNMM@HRsent la non-discrimination à l’embauche, la protection de la santé, l’obligation C @EjKHDQ KDR R@K@QHġR Đ K@ RġBTQHSġ RNBH@KD DS K@ LHRD Đ CHRONRHSHNM CD RDQUHBDR CD RNHMR ,@HR KDTQR CHRONRHSHNMR RNMS RXRSġL@SHPTDLDMS UHNKġDR DS HK M DWHRSD aucune volonté politique pour imposer leur application. Les travailleuses subissent donc de plein fouet l’exploitation et sont régulièrement menacées de licenciement si elles tentent de défendre leurs droits. Depuis 2005, Médecins du Monde intervient auprès des femmes travaillant dans les maquilas et les usines agroalimentaires de la région de Chimaltenango, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale, sur la route panaméricaine. L’équipe de MdM propose chaque dimanche des consultations gratuites aux ouvrières, organise des journées de consultations médicales au sein même des usines et forme certaines travailleuses à devenir promotrices de santé auprès de leurs collègues. Entre 2006 et 2009, Médecins du Monde a mené une enquête auprès des ouvrières de 16 usines des départements de Chimaltenango et Sacatepéquez pour mieux connaître leurs conditions de travail, leur état de santé et leurs CHEjBTKSġR C @BBĠR @T CQNHS Đ K@ R@MSġ "DSSD DMPTĢSD @ ġSġ LDMġD @TOQĠR de 589 femmes venues consulter à MdM : 530 femmes travaillant dans des usines (425 de l’industrie textile et 105 de l’agro-industrie) et 59 promotrices CD R@MSġ NTUQHĠQDR @X@MS RTHUH TMD ENQL@SHNM ,C,
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1/ L’EXPLOITATION « MADE IN MAQUILAS » Les femmes représentent 85 % des salariés des usines de textiles et des industries agroalimentaires. Parce qu’elles ont besoin de travailler, qu’elles sont vulnérables et qu’elles n’ont que peu de perspectives d’emploi, les femmes sont plus susceptibles d’accepter n’importe quelles conditions de travail.
85 % des salariés sont des femmes.
Qui sont-elles ? Les femmes sont majoritairement jeunes : 34 % des ouvrières sont mineures dans l’agro-industrie et 56 % ont entre 18 et 40 ans. Dans l’industrie textile, 92 % ont moins de 40 ans et 4 % sont mineures. En raison de la précarité dans laquelle vivent souvent leurs familles, la majorité (76.2 %) d’entre elles a du commencer à travailler alors qu’elles étaient encore mineures et 35.1 % avant l’âge de 13 ans. « Ce sont presque des femmes-enfants qui ont grandi trop vite. Elles n’ont pas eu d’autre choix que de travailler dans ces usines pour survivre », témoigne Pilar Giraux, responsable de la mission MdM Guatemala.
77% ont moins de 30 ans.
Indigènes, pour la plupart : 56,2 % des femmes travaillant dans les usines agroalimentaires sont indigènes tout comme 41 % des ouvrières de l’industrie textile. Avec un faible niveau de scolarisation : seules 1/3 d’entre elles savent KHQD DS ġBQHQD NMS RTHUH KD BXBKD OQHL@HQD DS RDTKDR KD BXBKD basique (jusqu’à 15 ans). Mères célibataires : 70 % des femmes travaillant dans les usines agroalimentaires sont célibataires ainsi que plus de 50 % des femmes dans les maquilas. Beaucoup sont mères or le fait d’être mère célibataire accroit leur dépendance au travail.
LE PROFIL TYPE
Être jeune 77 % des femmes ont moins de 30 ans.
Pour entrer dans ces usines, les femmes doivent remplir CDR BQHSĠQDR CġjMHR CD L@MHĠQD @QAHSQ@HQD O@Q KDR DLOKNXDTQR
Ne pas être enceinte Les femmes doivent parfois prouver qu’elles ne sont pas enceintes en RD RNTLDSS@MS Đ CDR HMSDQQNF@SNHQDR DS CDR DW@LDMR @M@KXRD C TQHMD déclaration signée, palpation du ventre...- qui violent l’intimité et vont à l’encontre des réglementations internationales. Être célibataire Même si le Code de Travail du Guatemala interdit toute discrimination entre femmes célibataires et mariées, les usines privilégient les femLDR BġKHA@S@HQDR @jM CD KHLHSDQ KDR BNŖSR PTD QDOQġRDMSDMS K@ FQNRRDRRD (contrôles pré et post-natal) et la maternité (responsabilités familiales qui impliquent une moins grande disponibilité au travail).
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Des conditions de travail proches de l’exploitation M. travaille dans une maquila :  La seule chose qui leur importe c’est que nous atteignons les objectifs, que nous traitions les commandes. Alors ils nous pressent, nous punissent pour que nous le fassions plus rapidement, peu importe combien d’heures nous travaillons ou si nous sommes ÊpuisÊes‌ Si les horaires de travail ne VXIĺVHQW SDV LO IDXW IDLUH GHV heures supplÊmentaires. 
Un rythme de 11h par jour, 6 Ă 7 jours par semaine.
Des salaires parmi les plus bas du pays KNQR PTD BDR TRHMDR AĥMĥjBHDMS CD MNLAQDTRDR DWNMĥQ@SHNMR CDR CQNHSR de douane, des charges liÊes à l’importation et d’impôts pendant 10 ansles salaires des maquilas et des agro-industries sont les plus bas salaires touchÊs par les ouvriers au Guatemala. Le salaire minimum lÊgal est de 56 Quetzal (4,8 euros) par jour, il n’est pourtant que de 51,75 Q (4,4 euros) pour les maquilas et les agro-industries. T &T@SDL@K@ KD O@MHDQ LNXDM ODQLDSS@MS CD BNTUQHQ KDR ADRNHMR C TMD E@LHKKD s’Êlève à 3 600 Q (307 euros) par mois. Or, dans les usines de textiles, près de 65% des femmes perçoivent des salaires infÊrieurs à 1 500 Q (130 euros) et dans les industries agro alimentaires, 70.5% des femmes touchent moins de 1 000Q par mois (85 euros) dont près d’1/3 moins de 500Q (42 euros). Des contrats instables Même si la majoritÊ des contrats sont des contrats Êcrits, la plupart du temps, les travailleuses n’ont aucune copie de leurs contrats. 18 % n’ont qu’un contrat verbal. Des journÊes interminables Selon le Code du Travail du Guatemala (article 116), une journÊe de travail ne peut excÊder 8 heures soit 48 heures par semaine. Pourtant, dans les L@PTHK@R DS KDR @FQN HMCTRSQHDR KDR EDLLDR SQ@U@HKKDMS DM LNXDMMD G par jour, 6 jours par semaine voire, pour 12,4 % des ouvrières des agroindustries, 7j/7. Des conditions de travail dangereuses La pauvretÊ, les rares opportunitÊs de travail et les menaces constantes
UNE JOURNÉE TYPE *
Avant de commencer le travail Nous nous levons à l’aube : de 4 à 6h nous lavons la vaisselle, prÊparons le petit dÊjeuner et faisons le mÊnage, nous donnons le bain aux enfants avant qu’ils partent à l’Êcole, après nous faisons notre toilette et nous nous prÊparons pour aller à l’usine.
Pendant la journÊe de travail De 7h à 18h30, ou jusqu’à l’heure imposÊe, nos tâches sont: coudre, dÊcoudre, emballer, marquer, mettre des boutons et faire les boutonnières, inspecter la qualitÊ des vêtements... .
Après le travail * ÉlaborÊe à partir des groupes de travail de femmes salariÊes dans les maquilas
De 20h Ă 22h nous prĂŠparons le repas, nous aidons les enfants Ă faire leurs devoirs, nous repassons leurs uniformes, nous faisons le mĂŠnage et lavons la vaisselle.
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de licenciement poussent les femmes à accepter des conditions de travail pourtant nocives pour leur santÊ. Debout toute la journÊe, même enceintes, dans l’agro-industrie ; assises sur des chaises non adaptÊes dans les usines de textile : dans les deux cas, en position statique et rÊpÊtant pendant des heures le même mouvement.  Elles travaillent dans des chambres froides, pour l’empaquetage des fruits et lÊgumes destinÊs à l’exportation sans condition de sÊcuritÊ et sans OQNSDBSHNM u DWOKHPTD TQĥKHD +DQNXDQ BNNQCHM@SQHBD CT OQNFQ@LLD CD MÊdecins du Monde sur le terrain. Même constat dans les maquiladoras : les travailleuses, sans masques ni gants de protection, inhalent toute la journÊe les produits chimiques utilisÊs pour le traitement du textile.
Près de 90 % des femmes ont ÊtÊ maltraitÊes.
Des violences rĂŠcurrentes 2TQ KDR NTUQHÄ QDR @X@MS O@QSHBHOÄĄ Ä? K DMPTĢSD RDTKDR NMS CÄĄBK@QÄĄ M @UNHQ I@L@HR RTAH CD UHNKDMBDR UHNKDMBDR UDQA@KDR NT OGXRHPTDR LDM@ces de licenciement, sanctions ĂŠconomiques voire harcèlement sexuel qu’elles supportent par peur de perdre leur travail.
Violences rapportĂŠes par les femmes interrogĂŠes Pressions pour atteindre les objectifs
205
Violences verbales
112
Menaces de licenciement
102
Sanctions ĂŠconomiques
80
5HNKDMBDR OGXRHPTDR
18
Harcèlement sexuel par collègues
18
Harcèlement sexuel par les chefs
4
Total
539*
* Certaines femmes ont rapportĂŠ plusieurs cas de violences.
Des licenciements abusifs, des abus impunis De nombreux entrepreneurs poussent à la dÊmission ou licencient celles qui cherchent à dÊfendre leurs droits, allant même jusqu’à Êtablir des listes noires de femmes à ne pas embaucher. Faces à ces abus, les femmes n’ont que peu de recours et ces violations restent encore trop souvent impunies.  Les autoritÊs se prÊoccupent plus d’appliquer les lois qui servent les intÊrêts des maquillas, et ce aux dÊpens de nos droits  tÊmoigne M., ouvrière dans une maquila.
S., 23 ans :  Avant je travaillais dans une maquila, mais au bout de deux ans, ils m’ont obligÊe à dÊmissionner, tout comme d’autres travailleuses. Certaines, qui avaient plus de 5 ans d’anciennetÊ, n’ont pas acceptÊ. Ils les ont donc licenciÊes, leur ont payÊes leurs droits, mais les ont menacÊes en leur disant que ni ici ni dans aucune autre maquila, on ne leur donnerait du travail à l’avenir. Après avoir frappÊ à beaucoup de portes, j’ai rÊussi à obtenir un nouveau poste dans une maquila de la localitÊ .
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A., 42 ans, a été licenciée après 8 ans de travail et craint de ne jamais plus trouver de travail. « J’étais heureuse dans la maquila, c’était comme ma deuxième maison, mais un nouveau superviseur est arrivé. Il m’a rendue la vie impossible ainsi qu’à beaucoup d’autres … Un matin nous l’avons rencontré dans la maquila, et en me voyant il m’a dit de me préparer car il allait m’envoyer en vacances. Je lui ai répondu que c’était super car en 8 ans je n’avais jamais eu de repos. La semaine suivante j’étais en vacances. A mon retour, la direction a appelé tous ceux qui étaient partis comme moi en congés. Ils nous ont dit que nous étions licenciés sans motifs et nous ont donné un chèque à chacun. A la Banque, on nous a dit que les chèques étaient en blanc. Nous sommes retournés à l’usine et l’administrateur nous a dit qu’il nous paierait après, qu’il fallait patienter. Nous sommes revenus encore et encore mais il ne nous a pas payé. Je me suis rappelée qu’une fois j’avais participé à une formation sur nos droits et c’est ainsi que nous sommes allés à l’Inspection du Travail du Ministère du Travail. L’administrateur de la maquila était très fâché et a voulu à nouveau nous donner des chèques. J’ai alors dit à voix haute et forte, sans peur, que nous ne voulions pas de chèques mais du liquide, et après un petit moment, j’ai entendu mes collègues qui demandaient la même chose et je me suis sentie soutenue. Maintenant j’ai peur et je suis très stressée car ils ont dit qu’ils allaient envoyer un courrier à toutes les maquilas pour qu’ils ne nous donnent pas de travail. En plus, ils m’accusent d’avoir pris part à une manifestation contre l’entreprise à laquelle je n’ai jamais participée. Jamais je n’ai eu autant d’amertume qu’en ce moment. Maintenant, je veux seulement pouvoir récupérer les 300 Quetzal (25 euros) qui sont sur mon épargne de la maquila. L’administrateur dit « pour 300Q tant de raffut ! ». C’est vrai que pour lui c’est n’est rien mais pour moi si, cela me permet de faire manger mes enfants pendant quelques jours ».
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2/ UNE SANTÉ DÉTÉRIORÉE, DES DROITS AUX SOINS BAFOUÉS De dÊcembre 2006 à juillet 2009, 1 565 travailleuses sont venues consulter à MÊdecins du Monde : 1 314 des maquiladoras de textile et 251 des usines agroalimentaires.  Beaucoup sont fatiguÊes par les nombreuses heures supplÊmentaires, dÊprimÊes, stressÊes par le bruit des machines, par les mauvais traitements et les menaces constantes de licenciement, irritÊes par la poussière DS KDR RTARS@MBDR BGHLHPTDR u DWOKHPTD TQĥKHD +DQNXDQ BNNQCHM@SQHBD CT programme au Guatemala.
Des pathologies liĂŠes aux conditions de travail Dans l’agroalimentaire, les femmes viennent principalement consulter pour des infections respiratoires, des irritations de la peau et allergies, des maux de tĂŞte, douleurs lombaires, douleurs urinaires, troubles intestinaux, OQNAKÄ LDR LDMRSQTDKR DS FXMÄĄBNKNFHPTDR BNMSQĹƒKDR CD FQNRRDRRD B@QDMces en vitamines... mais aussi pour des pathologies liĂŠes au manque de sommeil, au stress et Ă la nervositĂŠ. Dans les maquilas, les consultations sont liĂŠes Ă des douleurs aux jambes et au dos, Ă des vertiges et nausĂŠes, Ă la nervositĂŠ et Ă des maux de tĂŞte, des maladies gastro-intestinales, infections vaginales, anĂŠmies, douleurs abdominales, contrĂ´les de grossesse, avortements, planning familial et pour rĂŠaliser des tests de dĂŠpistage du cancer de l’utĂŠrus.
Lupe, 15 ans :  J’ai ÊtÊ obligÊe de travailler dès mon plus jeune âge. Je voulais aider ma mère et mes frères, mon père nous ayant abandonnÊ et l’argent que gagnait ma mère QH VXIĺVDQW SDV 8Q MRXU MH PH suis coupÊe les doigts de la main droite avec un massicot dans l’usine oÚ je travaillais et ils m’ont envoyÊe à l’hôpital car je n’avais pas d’IGSS. J’ai perdu quatre doigts, puis mon patron m’a envoyÊe dans une structure de l’IGSS mais ne m’a pas versÊe d’indemnisation. En retournant travailler, ils m’ont assignÊe à des travaux de nettoyage, mais comme je ne pouvais pas le faire car ma main me faisait souffrir, j’ai du arrêter de travailler .
Ces pathologies peuvent ĂŞtre liĂŠes aux conditions de travail. Les femmes HCDMSHjDMS DKKDR LĢLDR KDR E@BSDTQR CD QHRPTDR KHÄĄDR Ä? KDTQR BNMCHSHNMR CD travail qui ont une incidence nĂŠgative sur leur santĂŠ :
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5LVTXHV LGHQWLƄÆV SDU OHV WUDYDLOOHXVHV GHV PDTXLODV
M., ouvrière dans une maquiladora : « Une fois je ne me sentais vraiment pas bien et dans la maquila ils ne m’ont pas donnée l’autorisation de me rendre à l’IGSS. Ils ne m’ont donnée le FHUWLĺFDW TXH TXDQG PD VLWXDWLRQ s’est aggravée. J’ai été opérée de la vésicule, en urgence, dans une clinique payée par l’IGSS ».
Positions inadéquates au travail
41.5 %
Pressions pour atteindre l’objectif de production
35.3 %
Manque de ventilation 26.8 % Pauses repas trop courtes
26.2 %
Bruits
22.6 %
Contacts avec des substances chimiques
20.0 %
Manque de temps de repos entre deux services
17.2 %
Journées trop longues
17.0 %
Ne pas pouvoir boire d’eau
4.0 %
Harcèlements / mauvais traitements / Menaces
3.6 %
Ne pas pouvoir aller aux toilettes
3.0 %
#@MR KDR @FQN HMCTRSQHDR KDR EDLLDR HCDMSHjDMS ġF@KDLDMS BNLLD QHRPTDR le fait d’être en contact avec des produits chimiques utilisés pour les légumes ou d’être soumises à des changements brusques de températures (chambres froides)...
Pas de sécurité sociale
50% des travailleuses QH EÆQÆƄFLHQW d’aucune protection sociale.
3NTS DLOKNXDTQ @ K NAKHF@SHNM KġF@KD C DMQDFHRSQDQ RDR R@K@QHġR @TOQĠR CD K@ sécurité sociale (IGSS). Pourtant beaucoup d’entre eux ne le font pas mais continuent de prélever une cotisation à leurs salariés : Ainsi, dans les maquiladoras, 86.4 % des femmes cotisent (sommes prélevées directement par KDR DLOKNXDTQR RTQ KDR R@K@HQDR L@HR RDTKDR NMS TM B@QMDS C @EjKH@SHNM PTH KDTQ ODQLDSSDMS CD QġDKKDLDMS AġMġjBHDQ CD K@ RġBTQHSġ RNBH@KD ,ĢLD situation dans les agro-industries, où près de la moitié (43.8 %) des femmes BNSHRDMS L@HR NŔ RDTKDR RNMS @EjKHġDR Đ K (&22 Cette pratique illégale est passible d’une amende voire de la fermeture de l’usine mais en pratique la majorité des usines ne font l’objet d’aucune sanction.
Des soins soumis au bon vouloir des employeurs ,ĢLD KNQRPTD KDR NTUQHĠQDR RNMS @EjKHġDR Đ K@ RġBTQHSġ RNBH@KD AD@TBNTO d’entre elles n’ont pas accès aux soins car pour pouvoir consulter dans une structure de soins prise en charge par l’IGSS, un salarié doit présenter SNTSD TMD RġQHD CD ITRSHjB@SHER B@QSD C HCDMSHSġ B@QMDS C @EjKH@SHNM Đ K (&22 DS BDQSHjB@S CD SQ@U@HK CġKHUQġ O@Q KDTQ O@SQNM DWBDOSġ DM B@R C TQFDMBD En pratique, chaque travailleuse doit donc demander à son patron l’autorisation de se rendre à une consultation médicale. Ce dernier l’accorde de E@ĝNM @QAHSQ@HQD QDETR@MS RNTUDMS CD ENTQMHQ BD BDQSHjB@S ONTQ ġUHSDQ PT DKKDR ne s’absentent pendant leurs heures de travail. Au total, seules 25 % des femmes ont été soignées dans des structures de soins de l’IGSS et ont reçu les médicaments prescrits.
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TÊmoignage de S:  Un jour, pour ne pas rater le dernier bus qui me ramènait chez moi, je suis sortie en courant et à l’entrÊe de la maquila une voiture m’a renversÊe. Le conducteur ne s’est pas arrêtÊ. Mes collègues ont appelÊ les pompiers qui m’ont emmenÊe à l’hôpital mais la prise en FKDUJH QpD SDV ÆWÆ VXIĺVDQWH FDU MpDYDLV EHVRLQ GpDXWUHV VRLQV 0HV SDUHQWV RQW DORUV HIIHFWXÆ OHV GÆPDUFKHV SRXU REWHQLU PRQ FHUWLĺFDW de travail et que je sois prise en charge par l’IGSS. Au dÊbut ils ne voulaient pas nous le donner, arguant du fait que je n’avais pas encore droit à l’IGSS, car je n’avais pas 3 mois d’anciennetÊ, mais DX ĺQDO LOV QRXV OpRQW GRQQÆ (QVXLWH LOV QH YRXODLHQW SDV UHPSOLU OH formulaire de l’IGSS permettant mon indemnisation pendant mon DUUÇW )LQDOHPHQW MpDL SX EÆQÆĺFLHU GH SK\VLRWKÆUDSLH ½ Op,*66 LOV m’ont donnÊe un bon traitement. Ils m’ont aussi donnÊe des conseils pour que je puisse continuer à me soigner après. Maintenant que j’ai repris le travail, ce qui me coÝte le plus c’est de rester assise longtemps et de faire beaucoup d’efforts quand je couds .
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3/ NOS DEMANDES Alors que des lois existent, le droit à la santé des travailleuses des maquilas de SDWSHKD DS CDR TRHMDR @FQN@KHLDMS@HQDR DRS RXRSġL@SHPTDLDMS A@ENTġ +@ KTSSD BNMSQD BDR UHNK@SHNMR DS BNMSQD K HLOTMHSġ CNMS AġMġjBHDMS KDR DMSQDOQDMDTQR demeure du ressort de l’Etat. C’est pourquoi Médecins du Monde demande aux autorités guatémaltèques :
& Que les entreprises ne violent plus les lois nationales et les normes internationales qui garantissent et protègent les droits des travailleurs.
& Que l’État exerce son droit de contrôle sur les entreprises pour que soit respecté le droit du travail, notamment à la santé, et que soient prises des mesures urgentes pour que les droits des travailleurs soient respectés.
& Que soient créés des groupes de suivis, intégrant des responsables travaillant RTQ BDSSD OQNAKġL@SHPTD @jM PT HKR UġQHjDMS K DEEDBSHUHSġ CDR DMF@FDLDMSR OQHR DM faveur de la santé des travailleuses.
& Que les entreprises européennes et américaines qui achètent ou se fournissent auprès des usines du Guatemala veillent au respect du droit du travail international et du droit à la santé chez leurs sous-traitants pour qu’elles arrêtent d’être complices de cette situation.
MÉDECINS DU MONDE AUPRÈS DES TRAVAILLEUSES DU GUATEMALA Troisième mission créée par Médecins du Monde en 1983, le Guatemala est un O@XR DLAKġL@SHPTD CD K GHRSNHQD CD K @RRNBH@SHNM Depuis 2005, MdM travaille en lien étroit avec des organisations locales pour défendre les droits des femmes travaillant dans les usines de textile et d’agro alimentaire de la région de Chimaltenango. L’association propose des consultations médicales gratuites, des formations de promoteurs de santé et des journées de consultations médicales au sein des usines. Depuis 2005, 5 000 consultations médicales gratuites ont été assurées ; 7 journées médicales ont été réalisées dans les usines et 150 promotrices de santé RDQNMS ENQLġDR C HBH jM RDOSDLAQD ,C, LDSSQ@ jM Đ RDR @BSHUHSġR DM RDOSDLAQD OQNBG@HM L@HR @ CġIĐ SQNTUġ TM O@QSDM@HQD ONTQ QDOQDMCQD KD k@LAD@T g + @RRNBH@SHNM KNB@KD ,$2 PTH SQ@U@HKKD auprès des travailleuses des usines de Guatemala-ciudad a accepté de venir s’installer au Chimaltenango pour continuer nos activités » explique Aurélie +DQNXDQ BNNQCHM@SQHBD CT OQNFQ@LLD ,C, L’objectif étant également d’inciter les responsables politiques à faire respecter les lois, le premier Colloque international sur le « Droit à la santé des travailleuses des maquilas et industries agro alimentaires » sera organisé en avril 2010, @jM CD QġTMHQ @TSNTQ CD BDSSD PTDRSHNM QDRONMR@AKDR ONKHSHPTDR .-& DS O@SQNMR d’usines.
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VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : UN PROGRAMME TRANSVERSAL DANS 29 PAYS Au-delà du programme mené au Guatemala, Médecins du Monde, soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD), s’engage dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Une convention programme de trois ans signée entre MdM et le ministère des Affaires étrangères et européennes, et aujourd’hui suivie O@Q K %# HMRSHSTD CDR @BSHNMR SQ@MRUDQR@KDR C@MR O@XR "DSSD @OOQNBGD @ ONTQ objectif de mutualiser les compétences pour promouvoir et renforcer la prise en charge globale et la prévention des violences faites aux femmes. La Convention Programme s’articule autour de trois axes : le renforcement des compétences locales, la sensibilisation des communautés et l’échange et la diffusion des savoir-faire. ,ġCDBHMR CT ,NMCD HMSDQUHDMS CD L@MHĠQD NOġQ@SHNMMDKKD C@MR O@XR DM KFġQHD DM $FXOSD @T &T@SDL@K@ DM %Q@MBD DM '@ijSH @T +HAġQH@ DM ,NKC@UHD au Nicaragua, au Niger, au Pakistan, au Pérou, en RDC et au Soudan.
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNES
&
CONTACT PRESSE Annabelle Quénet Florence Priolet Laure Antoine 01 44 92 14 31 / 14 32 / 15 23 06 09 17 35 59 infomdm@medecinsdumonde.net
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