MÉDECINS E D N O M U De magazine des donateurs L
Focus /
Ouganda, un hôpital de campagne En images / Le prix des médicaments, le combat continue En bref / Colombie, soutenir les exilés vénézuéliens
SOIGNE AUSSI L'INJUSTICE
N° 136 AUTOMNE 2019 TRIMESTRIEL 0,60 € — 1FS
RENCONTRE
CÔTE D’IVOIRE
Florence
Coordinatrice terrain Florence Koni Kouadio supervise le projet « grossesses non désirées en milieu scolaire » que mène Médecins du Monde dans le district de Soubré en Côte d’Ivoire. Un programme de prévention, de sensibilisation et de soutien destiné aux jeunes filles mais également aux femmes. POURQUOI J’Y SUIS ? « Après avoir exercé le métier d’infirmière pendant dix ans, je me suis spécialisée dans le domaine de la santé publique et reproductive pour les femmes. L’engagement de Médecins du Monde en faveur de la santé et des droits des femmes m’a poussée à m’engager. Depuis 2017, je travaille avec l’association afin de permettre aux jeunes confrontées à une grossesse non désirée de poursuivre leurs études et de bénéficier d’un accompagnement socio-médical adapté. » CE QUE JE FAIS « Depuis quelques années, le sujet des grossesses précoces chez les adolescentes est au cœur des questions de santé en Côte d’Ivoire. L’accès à la contraception est extrêmement limité et l’avortement n’est pas autorisé. Face à cette problématique, Médecins du Monde agit sur plusieurs volets. Notamment la santé, en renforçant les capacités du personnel et des structures de soins, l’éducation, via des séances de sensibilisation des élèves en milieu scolaire, ou la prise en charge sociale, avec l’assistance administrative et juridique. Nous portons également un plaidoyer pour que soit mise en œuvre une politique favorable à la planification des grossesses. »
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www.medecinsdumonde.org
« Le sujet des grossesses précoces chez les adolescentes est au cœur des questions de santé en Côte d’Ivoire. » Florence, coordinatrice terrain
© Quentin Top
CE QUE JE RESSENS « Médecins du Monde participe à la résolution d’un problème de santé publique qui touche une population parmi les plus vulnérables de Côte d’Ivoire. Cependant il reste des obstacles majeurs. De nombreux préjugés en matière de contraception demeurent solidement ancrés dans la société, la législation est extrêmement restrictive, les inégalités de genre profondes et les barrières financières souvent insurmontables... Le travail que nous menons sera long, difficile, mais il est essentiel pour permettre à chaque jeune fille et chaque femme de disposer véritablement de son corps. »
OPINIONS
AUTOMNE 2019
, Editorial
Solidaires
Le prix des médicaments est un paramètre essentiel
J’ai participé au rassemblement à Paris en soutien à Carola Rackete et Pia Klemp. Cela me sidère de voir que des personnes peuvent être emprisonnées pour avoir aidé des êtres humains à survivre. Dans quel monde vit-on ?
pour que chacun d’entre nous puisse avoir accès aux soins, de manière juste et solidaire.
Luc, commerçant
Or le système de fixation de ces tarifs demeure opaque et échappe à tout contrôle, en particulier celui des usagers. Il repose sur un mécanisme dévoyé, celui de la propriété intellectuelle des brevets, devenu un instrument de spéculation au profit des laboratoires pharmaceutiques. Par conséquent, les traitements innovants, en particulier les anticancéreux, sont vendus à des prix exorbitants et exponentiels, résultant d’enjeux financiers qui ne traduisent en rien leur coût réel.
Surpris
J’ai visité le stand de Médecins du Monde aux Solidays et j’ai joué à « La bonne peine ». Ce qui m’a permis d’apprendre que le Portugal, qui a dépénalisé l’usage de toutes les drogues, n’a pas pour autant enregistré d’augmentation de la consommation. Un jeu très intéressant et un juge très drôle.
C’est pour ces raisons que nous avons souhaité que le prix des médicaments soit un combat politique, un axe de plaidoyer majeur de Médecins du Monde. Ce combat nous engage dans la défense de l’accès inconditionnel, universel et gratuit aux soins et aux traitements. Il en va de la protection de notre système de santé.
Clothilde, étudiante en philosophie
Touchés
Je suis touchée de voir que Médecins du Monde soutient le mouvement de grève du personnel des urgences. Ils sont épuisés et personne ne veut les entendre. Il faut se montrer solidaires ou bien nous n’aurons bientôt plus personne pour nous soigner ! Arlette, infirmière retraitée
Dr Philippe de Botton Président de Médecins du Monde
Vous aussi, réagissez ! donateurs@medecinsdumonde.net
Le traîtement cart-t contre le cancer, comment ça fonctionne ?
, Au sommaire du N° 136 / Automne 2019
Les lymphocytes T, du système immunitaire, sont prélevés chez la personne malade.
Les lymphocytes T sont génétiquement modifiés pour reconnaître les cellules cancéreuses.
Ouganda P. 6
Les lymphocytes T modifiés sont réinjectés à la personne malade.
Médicaments P. 8
Les lymphocytes T modifiés attaquent les cellules cancéreuses dans l’organisme.
Partenariats
Qui fait le journal ? Médecins du Monde — Journal trimestriel publié par Médecins du Monde France — 62, rue Marcadet, 75018 Paris – Tél. : 01 44 92 15 15 – Fax : 01 44 92 99 99 – www.medecinsdumonde.org – Service donateurs : 0800 014 014 (N° gratuit) – Directeur de la publication France : Dr Philippe de Botton – Rédacteur en chef : Thomas Flamerion – Maquettiste : Jonathan Stein-Richez – Comité éditorial : Thomas Flamerion, Jean-Baptiste Matray, Amélie Churlet, Bertrand Brequeville, Violaine Gagnet, Elise Joisel – Rédaction : Thomas Flamerion, Nathalie Piechowiak, Insaf Rezagui, Justine Roche – Ont collaboré à ce numéro : le comité des donateurs, les desks urgence, Afrique, Amérique latine, Asie, Europe de l'Est, Moyen-Orient, la direction des opérations France – Secrétariat de rédaction : Pauline De Smet – Crédit photo de couverture : Sébastien Duijndam – Création maquette : Citizen-Press – www.citizen-press.fr – Tél. : 01 77 45 86 86 – Copyright : toute reproduction doit faire l'objet d'une demande écrite préalable. Ce numéro est tiré à 342 200 exemplaires et envoyé aux donateurs de Médecins du Monde, GC (Grande Cause) – ISSN 2429-2370 – Commission paritaire N° 1023H84740 — Fabrication : Koryo – 43, rue Pierre Valette, 92240 Malakoff - La brochure L’Essentiel est jointe à ce numéro.
P. 10
le Prix du traîtement cart-t Kymriah® en Europe Coût de production selon les investisseurs
Coût de production selon des analystes
FACTURÉ 200 000$
20 000$
Fonctionnement de 2 centres de soins en Syrie pendant 1 an
Médecins du Monde N° 136 — 3
PANORAMA
L’image
EN BREF
France / À travers son jeu « La bonne peine », Médecins du Monde a souhaité interpeller le public du festival Solidays sur les conséquences dramatiques de la criminalisation des consommateurs de drogues. Peine de mort, emprisonnement à perpétuité, c’est parfois un destin tragique qui attend les joueurs à qui sont attribués au hasard des produits psychoactifs et un pays de résidence. Plus qu’un simple jeu, une manière ludique de faire passer notre message : la répression n’entraîne pas de diminution de la consommation, elle a en revanche des conséquences désastreuses sur la santé et la vie de ceux qu’elle marginalise.
Éthiopie / Renforcer l’offre de soins
Pakistan / Des soins obstétricaux de qualité
Médecins du Monde lance un programme d’amélioration des services sanitaires dans la région Somali, au sud-est de l’Éthiopie. Un territoire touché par un cercle vicieux de conflits, de déplacements forcés de populations, de sécheresses, d’insécurité alimentaire, de malnutrition et d’épidémies. Or le système sanitaire est défaillant, les zones non couvertes immenses et les transports en commun très rares. Les femmes sont particulièrement exposées car les grossesses, les accouchements et l’excision – encore souvent pratiquée bien qu’interdite – représentent des risques pour leur santé.
Depuis novembre 2017, Médecins du Monde mène dans le Khyber Pakhtunkhwa, une province pakistanaise fortement touchée par le conflit entre les autorités et les Talibans, un projet pilote d’urgence obstétricale de base et de soins néonataux. Des services prévus dans certains centres de santé mais souvent inactifs faute de moyens. Le succès rencontré par la première unité – avec un nombre de patientes supérieur aux estimations – a amené Médecins du Monde à développer son activité. Aujourd’hui ce sont quatre unités qui permettent aux femmes d’accoucher en toute sécurité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Des ambulances ont par ailleurs été fournies pour le transport des cas complexes vers les hôpitaux.
Médecins du Monde prévoit de soutenir deux centres et sept postes médicaux du district de Gerbo. L’objectif est principalement de renforcer l’offre de soins en matière de santé sexuelle et reproductive, d’urgences obstétricales ou de suivi des nouveau-nés, mais également la lutte contre les épidémies telles que le choléra ou la rougeole. En lien avec une association éthiopienne partenaire, Médecins du Monde prévoit également d’améliorer l’identification et la prise en charge de la malnutrition qui continue de faire des victimes en Éthiopie.
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Depuis un an et demi, plus de 10 000 personnes ont pu bénéficier de ces services de santé sexuelle et reproductive, y compris des consultations de planification familiale, et quelque 650 naissances ont été enregistrées. Conscientes que les accouchements ont pour l’essentiel lieu à domicile, les équipes de l’association sensibilisent également les accoucheuses traditionnelles aux bénéficies d’un suivi obstétrical, aux mesures de prévention des infections et à l’indentification des grossesses compliquées qui doivent impérativement être prises en charge dans une unité de soins spécialisée.
République démocratique du Congo / Soutenir le système de santé
© Lâm Duc Hiên
La province du Tanganyika, à l’est de la République démocratique du Congo, est à nouveau le théâtre de violences intercommunautaires. Fuyant les agressions, les exactions, les populations sont continuellement contraintes d’abandonner leurs lieux de vie pour rejoindre des territoires moins hostiles. Début 2019, ils étaient près de 500 000 déplacés dans la province. Cette situation de crise et de tensions prolongées entraîne une importante pression démographique. Elle met à rude épreuve un système de santé déjà précaire et des ressources limitées, affecte les conditions de vie des communautés hôtes et la cohabitation avec les déplacés.
Le saviez-vous ?
© Leslie Cohen
Chaque jour, 37 000 personnes dans le monde sont contraintes de fuir leur maison à cause de conflits ou de persécutions.
Une situation humanitaire très préoccupante à laquelle Médecins du Monde répond par un programme d’appui à six structures de soins autour de la localité de Nyemba, qui a récemment connu un fort afflux de population. L’association soutient également le centre de santé de référence d’Udungu afin d’améliorer la prise en charge des cas pédiatriques, des cas complexes de malnutrition et des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Source : H aut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 19 juin 2019.
Colombie / Accompagner les exilés vénézuéliens Depuis 2015, le Venezuela traverse une crise majeure. L’inflation est incontrôlable, la nourriture et les médicaments manquent cruellement. Une situation qui a contraint à l'exode plus de 4 millions de Vénézuéliens. Ils sont ainsi environ 5 000 à fuir chaque jour vers les pays limitrophes. 1,5 million d’entre eux auraient trouvé refuge en Colombie. Particulièrement vulnérables, ces personnes ne sont pas affiliées au système de santé, vivent souvent dans l’insalubrité et accèdent difficilement aux services de base. Si l’aide internationale se concentre sur la frontière entre les deux pays, la population vénézuélienne est aujourd’hui dispersée sur l’ensemble du territoire colombien. Le département du Nariño, au sud-ouest, accueille ainsi un grand nombre de migrants en situation irrégulière. Médecins du Monde, qui y est présent depuis 2010, a lancé un nouveau programme de défense des droits et d’amélioration des soins pour les exilés. Il vise notamment les femmes, particulièrement exposées à la violence et aux emplois illégaux qui les mettent en danger.
© Quentin Top
Médecins du Monde N° 136 — 5
FOCUS
OUGANDA
L’essentiel LA SITUATION DISTRICT DE YUMBE
KAMPALA
Médecins du Monde gère l’hôpital de Bolomoni, sur le site de Bidibidi, au nord-ouest de l'Ouganda. L’association contribue ainsi à la réduction de la mortalité parmi les réfugiés sud-soudanais et les communautés hôtes.
ENJEUX
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aintenir l’accès aux soins M de santé primaires, de santé mentale et de santé sexuelle et reproductive. utter efficacement contre les L violences sexuelles.
NOS ACTIONS
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onsultations médicales, C prise en charge de maladies infectieuses, urgences, soutien psychosocial. uivi prénatal, accouchements, S consultations postnatales, vaccination. rise en charge des victimes de P violences liées au genre, suivi médicalisé des interruptions de grossesse. Médiation et sensibilisation communautaire.
NOS MOYENS
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’équipe soignante et non-médicale L de Médecins du Monde à l’hôpital de Bolomoni est composée de plus de 120 personnes.
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OUGANDA
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Un hôpital de campagne Le district de Yumbe, au nord de l’Ouganda, abrite l’un des deux plus grands camps de réfugiés d’Afrique. 230 000 Sud-Soudanais fuyant la guerre civile et les conflits ethniques vivent à Bidibidi. Depuis un an, Médecins du Monde y tient un hôpital provisoire qui ne désemplit pas, Bolomoni.
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evant le gué qui traverse la rivière Ore, à quelques kilomètres de Bolomoni, les conducteurs de motos hésitent. En pleine saison des pluies, les eaux gonflées par les averses sont menaçantes. Même danger sur les pistes de terre ocre qui sillonnent la région. Détrempées, elles deviennent boueuses, glissantes. Les ornières se creusent. Et les accidents se multiplient. Dans la salle des urgences de l’hôpital géré par Médecins du Monde, les brancardiers déposent deux blessés. La chute a été violente. Les portes battent sans discontinuer. Armé d’analgésiques, de compresses, de bandages, de poches de perfusion, de tests sanguins rapides, le personnel soignant entre et sort. Il faut faire vite, les patients qui souffrent de traumatismes crâniens sont évacués en ambulance vers l’hôpital de référence d’Arua, à une heure et demie de route. UN CAMP EN EXPANSION L’offre de soins de l’hôpital de Bolomoni est telle que les patients affluent. Non seulement les quelque 65 000 personnes installées dans les cinq villages de la zone 4 qu’il dessert, mais beaucoup d’autres encore, venant de diverses zones de Bidibidi. Voire des camps limitrophes comme celui d’Imvepi, au sud, où se trouve l’un des principaux centres d’accueil du nord de l’Ouganda. Les Sud-Soudanais qui passent la frontière y sont hébergés en attendant la distribution de biens de base – bâche de protection, ustensiles de cuisine, savon – et l’attribution d’une parcelle de terrain sur laquelle ils pourront construire une maison, faire pousser quelques légumes. Assis sur des bancs à l’abri d’une immense tente, hommes, femmes et enfants attendent d’être enregistrés. « Le nombre d’arrivées quotidiennes dépend des flambées de violence au Sud-Soudan, explique un employé du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, parfois 500, parfois plus,
parfois moins quand ça se calme ou que les contrôles sont renforcés à cause d’Ebola. » L’une des deux ambulances de Médecins du Monde est stationnée chaque nuit à Imvepi, pour intervenir rapidement en cas d’urgence et transporter les patients vers les centres médicaux les plus proches, Bolomoni notamment. La journée, les couloirs de l’hôpital sont peuplés de femmes enceintes, de mères et d’enfants. L’hôpital propose des services de santé sexuelle et reproductive complets, des visites prénatales au suivi de croissance des bébés en passant par les accouchements, de la planification familiale à la prévention et au traitement des infections sexuellement transmissibles. Betty y emmène son petit-fils Isaac, 3 ans. Lorsqu’en 2016 elle fuit son village près de Djouba, la capitale sud-soudanaise, onze enfants l’accompagnent. Certains sont des membres de sa famille. Les autres, ceux de voisins absents lorsque les groupes armés sont arrivés, saccageant, pillant, tuant. Après leur arrivée, au fil des mois, la santé d’Isaac décline. Il y a un an Betty l’emmène à Bolomoni. Des examens révèlent qu’il est positif au VIH et à la tuberculose. Depuis un an, l’enfant est soigné par Médecins du Monde. « Il prend ses médicaments tous les jours. Il est encore faible mais ça va beaucoup mieux, assure Betty. Ce qui me stresse c’est de lui trouver une nourriture assez riche pour son traitement. »
Te, moignage
© Sébastien Duijndam
Omar Bin Alli, superviseur du service prévention et contrôle des infections.
Comme d’autres réfugiés, pour gagner un peu d’argent, Betty vend aux Ougandais de la région une partie de la nourriture qui lui est distribuée chaque mois. C’est également le cas de Joice qui doit prendre soin de Mary, sa fille de 16 ans. Mariée, enceinte, la jeune femme est revenue vivre chez sa mère près de Bolomoni, où son épilepsie a été diagnostiquée et traitée pour la première fois. Malgré les crises à répétition, malgré la chute dans un feu dont sa main et sa jambe droites atrophiées portent les séquelles, jamais un nom n’avait été posé sur sa maladie. DES SOINS SPÉCIALISÉS Pour répondre aux besoins des réfugiés, Bolomoni s’est adapté. Mosh Swamiya, sagefemme, reçoit des victimes de violences sexuelles, une soixantaine chaque mois. Elle se souvient d’une femme couverte d’ecchymoses, tout juste arrivée du Sud-Soudan, que sa famille réfugiée à Bidibidi avait conduite à l’hôpital. « Le médecin qui l’a examinée m’a appelée pour que je lui parle. Elle s’est effondrée et m’a raconté que cinq rebelles l’avaient violée. Elle n’avait rien dit, de peur que son mari la rejette. » Parmi celles qui consultent le service de violences liées au genre, beaucoup ont été abusées dans le camp. « La nuit il n’y a pas de lumières, les femmes qui vont chercher de l’eau ou du bois sont vulnérables », explique Norie Omamalin, la coordinatrice médicale du programme. Dans les 72 heures
« Le district de Yumbe se trouve près de la frontière avec la République démocratique du Congo où sévit Ebola. Depuis que des cas ont été déclarés en Ouganda, nous avons mis en place un système de prévention pour pouvoir faire face à une épidémie. Le lavage et la désinfection au chlore sont obligatoires à l’entrée et à la sortie de l’hôpital. De plus, une formation a été organisée avec le ministère de la Santé sur la transmission du virus, l’utilisation des équipements de protection, la désinfection, la manipulation des corps. Elle sera dispensée à tout le personnel de l’hôpital. Une chambre d’isolement est même déjà prête à accueillir les malades avant leur transfert vers les centres de traitement Ebola. »
qui suivent l’agression, une contraception d’urgence et un traitement post-exposition au VIH peuvent être prescrits. Pour Mosh Swamiya, « il faut savoir écouter ces femmes et leur redonner confiance en elles ». En juin, un tout autre service a vu le jour à l’hôpital. Car avec les pluies sont revenus les moustiques. Et avec les moustiques la malaria, véritable fléau. Lorsque l’épidémie a atteint un pic, les équipes de Médecins du Monde ont ouvert deux annexes pour accueillir près de 200 malades par jour. Un bâtiment est dédié aux consultations externes, l’autre à l’hospitalisation des cas les plus graves. « Les personnes positives à la malaria reçoivent leur traitement antipaludique pour trois jours, précise George Draza, clinicien. Si leur santé ne s’améliore pas, s’ils souffrent d’hypoglycémie, de déshydratation, ils sont perfusés. » Certains doivent également être transfusés. Surtout les bébés, en cas d’anémie sévère.
« L’offre de soins de l’hôpital de Bolomoni est telle que les patients affluent. »
Ainsi, jour et nuit, les équipes de Médecins du Monde font tourner l’hôpital de Bolomoni. L’objectif de l’association est maintenant de pérenniser la structure. Pour que continuent à y être dispensés des soins essentiels à la population de Bidibidi. Thomas Flamerion
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FOCUS
EN IMAGES
Le traîtement cart-t contre le cancer, comment ça fonctionne ? Les lymphocytes T, du système immunitaire, sont prélevés chez la personne malade.
Les lymphocytes T sont génétiquement modifiés pour reconnaître les cellules cancéreuses.
Les lymphocytes T modifiés sont réinjectés à la personne malade.
le Prix du traîtement cart-t Kymriah® en Europe Coût de production selon les investisseurs
Coût de production selon des analystes
FACTURÉ 200 000$
20 000$
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PAR PATIENT-E
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320 000€ PAR
PATIENT-E
Les lymphocytes T modifiés attaquent les cellules cancéreuses dans l’organisme.
Prix des medicaments
Le combat continue Le Kymriah® est une thérapie génique contre certaines formes de cancers du sang, les leucémies et lymphomes. Il appartient à une nouvelle génération de traitements, les traitements CAR-T (Chimeric antigen receptor T cell) qui pourraient prendre de plus en plus de place dans les soins contre les cancers. Mais ces traitements sont chers, très chers. Le Kymriah® coûte 320 000 € par patient. Or 400 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués tous les ans en France. À l’heure actuelle déjà, les prix des médicaments anticancéreux, notamment les immunothérapies qui coûtent entre 40 000 et 90 0000 euros par an et par patient, pèsent lourdement sur le système de santé. Avec les traitements CAR-T, cette charge atteint un niveau critique. De tels prix vont contraindre l’État à organiser des critères de sélection et donc d’exclusion des personnes malades. Or les critères d’exclusion impactent en général de manière disproportionnée les personnes déjà confrontées à des inégalités de santé liées à leur origine, leur genre, leurs pratiques, leur situation sociale ou administrative... C’est la raison pour laquelle Médecins du Monde se mobilise et s’oppose au brevet de ce nouveau traitement contre le cancer, le Kymriah® de la firme Novartis. Cette opposition se fait devant l’Office européen des brevets à Munich, en Allemagne.
Fonctionnement de 2 centres de soins en Syrie pendant 1 an
Nous souhaitons ainsi dénoncer à nouveau les brevets qui créent des monopoles sur la base desquels les firmes peuvent exiger des prix exorbitants, interpeller l’opinion publique et pousser le gouvernement à négocier des prix plus bas. 1
Fonctionnement de 4 cliniques mobiles pendant 1 an en France
Lymphocyte T à récepteur antigénique chimérique
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DE VOUS À NOUS
EN BREF
Papiers Violaine Schwartz a recueilli la parole de plusieurs demandeurs d’asile. Des hommes et des femmes, jeunes et moins jeunes, tous réunis par le même destin : l’obligation de fuir, de quitter le pays natal, l’Afghanistan, la Mauritanie, le Kosovo, l’Éthiopie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan ou l’Irak. De Violaine Schwartz Éditions P.O.L
Putain de vies ! Pour recueillir ces parcours de vie, Muriel Douru s'est jointe aux maraudes des associations Médecins du Monde et Paloma dédiées aux travailleuses du sexe. Elle livre un témoignage pluriel et humain sur un sujet rarement traité en BD : la prostitution. De Muriel Douru
Éditions La Boîte à bulles
, A voir ! Unsung Heroes Elles brisent le silence Le projet photographique Unsung Heroes, coécrit par Médecins du Monde et Denis Rouvre, rassemble des dizaines de portraits et témoignages de femmes exposées à différentes formes de violences à travers le monde. Du 9 octobre au 2 novembre 2019 Galerie Joseph 7 rue Froissart 75003 Paris Du 9 au 27 novembre 2019 Espace Saint-Rémi 4 rue Jouannet 33000 Bordeaux
10 — www.medecinsdumonde.org
© Ludovic Combe
, A lire !
Partenariats / Le clic solidaire avec Lilo Moteur de recherche solidaire qui redistribue la moitié de son chiffre d’affaire à des projets sociaux et environnementaux, Lilo est notre partenaire depuis son lancement en 2015. Il transforme chaque recherche des utilisateurs en gouttes d’eau qui représentent l’argent généré grâce à l’affichage des liens commerciaux. Les utilisateurs peuvent ensuite attribuer les gouttes qu’ils ont générées au projet de leur choix. Parmi ces projets l’Opération Sourire,
programme de chirurgie réparatrice lancé par Médecins du Monde en 1989. Depuis trente ans, ce sont 17 000 patients atteints de tumeurs, de brûlures ou des fentes labiales-palatines qui ont ainsi pu être opérés gratuitement par des équipes médicales bénévoles dans une vingtaine de pays à travers le monde. Si vous souhaitez choisir Lilo comme moteur de recherche, rendez-vous sur : www.lilo.org
Comité des donateurs / Avec les exilés de Grande-Synthe Le Comité Indépendant de l’association, le Comité des donateurs mène une réflexion critique et constructive sur la gestion, la collecte de fonds, la communication et les grandes orientations de Médecins du Monde. Il témoigne auprès des donateurs de la qualité des missions qu’il visite et il s’exprime au Conseil d’administration et à l’assemblée générale de l’association. En savoir plus sur : journeedonateursmdm.org
Le comité des donateurs s’est rendu dans les Hauts-de-France afin de suivre les équipes en charge du programme mené par Médecins du Monde auprès des exilés. Notamment à Grande-Synthe, où ils sont environ 200 à dormir à même le sol dans un gymnase de la ville, équipé de quelques sanitaires seulement, et près de 180 à se contenter de tentes à l’extérieur. La grande majorité de ces personnes sont dans une logique de transit et ne peuvent en conséquence prétendre à une couverture maladie. C’est pourquoi Médecins du Monde se rend sur la base de loisirs du Puythouck deux après-midis par semaine, pendant qu’y interviennent des associations de distribution alimentaire. À notre arrivée, une tente est montée, abritant un cabinet d’infirmière, et les consultations médicales se font dans le camion de l’association. Plus de vingt patients ont été vus ce jour-là, principalement pour des pathologies liées à leurs conditions de vie. Plusieurs d’entre eux ont été emmenés à la permanence d’accès aux soins de santé de Dunkerque pour des examens plus approfondis. Nous avons rencontré une équipe soudée, impressionnante d’efficacité, dont la grande expérience se transmet aux nouveaux bénévoles qui la rejoignent
Grande enquête donateurs 2019/ Les résultats Vous avez été près de 9 000 à avoir pris le temps de répondre à notre grande enquête donateurs. Son objectif, mieux vous connaître et améliorer encore la relation que nous entretenons avec vous. Toute l’équipe de Médecins du Monde souhaite vous remercier chaleureusement. Nous sommes ravis de vous présenter aujourd’hui les principaux résultats de cette enquête. Vous pouvez retrouver la totalité des résultats sur www.mdm.ong/enquete / Nos combats qui vous tiennent à cœur Notre combat pour un accès universel aux soins
91 % 90 %
Notre action à l'international
83 %
Nos programmes de longue durée
81 %
Notre indépendance politique et financière
80 %
Notre transparence dans la gestion de vos dons
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Le journal des donateurs
La documentation scientifique
Le site internet
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Le rapport moral et financier
Les conférences thématiques
Les courriers d'appel à don
Notre réponse aux situations d'urgence
89 %
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Vous appréciez nos outils de communication
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Nos interventions en France Notre militantisme
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Le saviez-vous ?
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Médecins du Monde N° 136 — 11
© Sinawi Medine
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